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PLONGÉE LIBRE EXEMPLES DE PARCOURS PAR P. DELAPILLE, C. TOURNY La plongée libre, encore appelée apnée est le premier contact avec le monde sous-marin. Elle permet de se familiariser avec l'équipement de base (masque, tuba, palmes) afin d'obtenir une aisance dans l'eau indispensable à la pratique ultérieure de la plongée avec bouteilles, voire aussi d'autres activités aquatiques. La plongée libre actuellement peu utilisée par les enseignants d'EPS. peut être appréhendée comme un carrefour entre les activités aqua- tiques institutionnalisées et les activités phy- siques de pleine nature. A la différence de la plongée sous-marine, elle se définit comme l'ex- ploration du milieu sous-marin de manière auto- nome, la respiration n'étant facilitée que par l'aide d'un tuba. Complémentairement à la nature même de l'acti- vité, le traitement didactique et pédagogique de la plongée libre en milieu scolaire élargit son impact à l'apprentissage de la sécurité et de la coopération. L E S C O N D I T I O N S D E PRATIQUE Le matériel Chaque élève est muni d'un masque, d'un tuba et de palmes. Le milieu L'aménagement est réalisé avec du matériel pédagogique « classique ». habituellement uti- lise pour le jardin aquatique des jeunes enfants (cerceaux lestés, balles et objets lourds, tapis flottants. etc.). Les conditions de sécurité Dès l'initiation à l'apnée, il est indispensable de déterminer quelques règles élémentaires de sécu- rité. Les codes gestuels de communication (dessin 1) ; la communication est un critère pour apprécier l'assurance de l'élève dans la gestion de son apnée. • Le tour d'horizon (dessin 2) lors de la remontée en surface pour s'assurer qu'aucun obstacle (hommes ou objets) ne se trouvent au-dessus du plongeur et faire le signe « ОК » si tout va bien ; travail par binôme. • Chaque nouvelle situation est réalisée à petite profondeur (l'élève doit avoir pied). Dans les profondeurs supérieures à 2 m. des dou- leurs tympanales en raison de la déformation des tympans et des maux de tête dues à des douleurs de sinus (frontaux ou maxillaires) peuvent se révéler. Il est donc nécessaire de faire corriger les différences de pressions absolues entre l'oreille externe et la cavité de l'oreille moyenne et entre la cavité buccale et les sinus (dessin 3). La méthode de Valsalva consiste à créer une sur- pression dans les cavités buccale et nasale afin Méthode de Valsalva (dessin 3). En se pinçant le nez, souffler bouche fermée par les narines, sans forcer, jusqu'au moment où l'on sent un soulagement au niveau de l'oreille. 48 Revue EP.S n°266 Juillet-Août 1997 c. Editions EPS. Tous droits de reproduction réservé

EXEMPLES - CERIMES

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Page 1: EXEMPLES - CERIMES

PLONGÉE LIBRE

EXEMPLES DE PARCOURS

PAR P. DELAPILLE, C. TOURNY

La plongée libre, encore appelée apnée est le premier contact avec le monde sous-marin. Elle permet de se familiariser avec l'équipement de base (masque, tuba, palmes) afin d'obtenir une aisance dans l'eau indispensable à la pratique ultérieure de la plongée avec bouteilles, voire aussi d'autres activités aquatiques.

La plongée libre actuellement peu utilisée par les enseignants d'EPS. peut être appréhendée comme un carrefour entre les activités aqua­tiques institutionnalisées et les activités phy­siques de pleine nature. A la différence de la plongée sous-marine, elle se définit comme l'ex­ploration du milieu sous-marin de manière auto­nome, la respiration n'étant facilitée que par l'aide d'un tuba. Complémentairement à la nature même de l'acti­vité, le traitement didactique et pédagogique de la plongée libre en milieu scolaire élargit son impact à l'apprentissage de la sécurité et de la coopération.

L E S C O N D I T I O N S D E P R A T I Q U E Le matériel Chaque élève est muni d'un masque, d'un tuba et de palmes.

Le milieu L'aménagement est réalisé avec du matériel pédagogique « classique ». habituellement uti­lise pour le jardin aquatique des jeunes enfants (cerceaux lestés, balles et objets lourds, tapis flottants. etc.).

Les conditions de sécurité

Dès l'initiation à l'apnée, il est indispensable de déterminer quelques règles élémentaires de sécu­rité. • Les codes gestuels de communication (dessin 1) ; la communication est un critère pour apprécier l'assurance de l'élève dans la gestion de son apnée. • Le tour d'horizon (dessin 2) lors de la remontée en surface pour s'assurer qu'aucun obstacle (hommes ou objets) ne se trouvent au-dessus du plongeur et faire le signe « ОК » si tout va bien ;

travail par binôme. • Chaque nouvelle situation est réalisée à petite profondeur (l'élève doit avoir pied). Dans les profondeurs supérieures à 2 m. des dou­leurs tympanales en raison de la déformation des tympans et des maux de tête dues à des douleurs de sinus (frontaux ou maxillaires) peuvent se révéler. Il est donc nécessaire de faire corriger les différences de pressions absolues entre l'oreille externe et la cavité de l'oreille moyenne et entre la cavité buccale et les sinus (dessin 3). La méthode de Valsalva consiste à créer une sur­pression dans les cavités buccale et nasale afin

Méthode de Valsalva (dessin 3). En se pinçant le nez, souffler bouche fermée par les narines, sans forcer, jusqu'au moment où l'on sent un soulagement au niveau de l'oreille.

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d'équilibrer les pressions entre les cavités du crâne et le milieu ambiant.

Les pré-requis

Le savoir minimal exigé concerne les capacités suivantes : - assurer les échanges respiratoires, c'est-à-dire contrôler sa respiration en inspirant et expirant régulièrement ; - maîtriser son comportement en fonction des différents équilibres aquatiques (sur le ventre, le dos, le côté ou verticalement) : - assurer seul un déplacement sur et sous l'eau par une efficience gestuelle permettant une éco­nomie respiratoire et physique. Ceci permet de s'assurer de l'autonomie aquatique de l'élève.

A P P R E N T I S S A G E E T N I V E A U X D E C O M P É T E N C E S

La nature des exercices à réaliser correspond à trois niveaux définis de la manière suivante. Niveau 1

- initiation au palmage. sustentation dorsale et ventrale ; - vidage du tuba ; - apnée statique.

Niveau 2

- vidage du masque : - immersion canard : - mise à l'eau par saut droit.

Niveau 3 - apnée dynamique ; - immersion phoque : - mise à l'eau en bascule arrière.

A P P R E N T I S S A G E S S P E C I F I Q U E S Pour toutes les situations proposées, il est demandé aux élèves de faire un tour d'horizon et un geste (« tout va bien » ou « ça ne vu pas ») à l'issue de chaque remontée en surface (communication).

Techniques de déplacement (dessin 4)

• Le palmage de sustentation (4a) : position sta­tique permettant de se maintenir à la surface. Situation : rester sur place en effectuant une amplitude de palmage très grande et lente. Critère de réussite : éviter les montées et des­centes du buste par rapport à la surface de l'eau. • Le palmage dorsal (4b) : déplacement vers l'arrière permettant une prise d'informations visuelles hors de l'eau. Situation - s'allonger sur le dos. bras le long du corps. - regarder vers le plafond. - faire partir les battements de la hanche. Critère de réussite : les genoux ne sortent pas de l'eau. • Le palmage ventral (4c) : déplacement vers l'avant avec une prise d'informations visuelles sous-marine.

Situation - s'allonger sur le ventre bras le long du corps ou en tenant une planche, les bras reposant sur celle-ci, - éviter la rotation de la hanche. Critère de réussite : les palmes ne sortent pas de l'eau.

Techniques de mise à l'eau (dessin 5)

• Le saut droit (5a) : il permet d'entrer dans l'eau rapidement et sans danger. Situation - entrer dans l'eau par les pieds (sauter), corps droit comme un « I ». - tenir son masque et regarder devant soi. Critères de réussite - gainer le bassin et garder les jambes serrées. - rentrer dans l'eau verticalement. • La bascule arrière (5b) : elle est utilisée lorsque le lieu de départ est instable, comme une petite embarcation par exemple. Situation - s 'asseoir au bord du bassin dos à l 'eau. - impulser sur les jambes pour déclencher la rou­lade arrière. - tenir son masque.

Critères de réussite - remonter en biais « vers le large » (il ne faut pas faire surface à l'endroit où l'on est entré dans l'eau) : - effectuer un tour d'horizon et le siene OK.

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Techniques d'immersion (dessin 6)

• Le canard : celte technique s'effectue au cours d'un palmage ventral. Situation - fixer un point au fond du bassin, - casser le buste à 90° . - tendre les bras vers le fond et lancer conjointe­ment les jambes serrées verticalement en l'air. Critère de réussite : descendre jambes tendues et serrées sans vriller, • Le phoque : il s'effectue à partir d'un palmage de sustentation, position verticale statique et bras le long du corps. Situation - inspirer en levant les bras dans le prolongement du corps, - expirer fortement en cessant de palmer. - effectuer une rotation du corps pour le faire bas­culer en position verticale, tète dirigée vers le fond. - s'enfoncer par un plongeon oblique. Critère de réussite : s'immerger complètement et descendre au fond.

Techniques d'apnée

L'apnée statique : elle associe une technique respiratoire inhabituelle, sans air et une tech­nique de déplacement dite statique consistant à stabiliser une position.

Situation : après une immersion, rester immobile au fond pendant 10 secondes (ou 15 ou 20). Critère de réus­site : rester le temps annoncé.

• L'apnée dyna­mique : elle asso­cie la même tech­nique respiratoire que précédem­ment mais avec un déplacement de palmage ven­tral, la prise de repères visuels est située vers le fond.

Situation : après une immersion, effectuer un déplacement en profondeur en palmage ventral, les bras le long du corps. Critère de réussite : se déplacer sans se précipi­ter.

Technique de vidage du tuba (dessin 7)

Elle fait suite à une immersion. Situation - descendre par l'échelle jusqu'à ce que la tète soit sous l'eau, y compris le tuba tout entier (7b). - remonter et souffler en prononçant la syllabe « TU » pour vider l'eau retenue dans le tuba. Critères de réussite - expirer quand le tuba est hors de l'eau, - garder le tuba dans la bouche en arrivant à la surface.

Technique de vidage du masque (dessin 8)

Elle consiste à vider l'eau qui s'est infiltrée dans le masque, sans remonter à la surface. Situation - remplir le masque d'eau en décollant le haut de celui-ci, - appuyer sur le haut du masque en soufflant par le nez et en regardant la surface (remplacer le volume d'eau contenu dans le masque par le même volume d'air).

Critères de réussite - les yeux restent ouverts, - le masque n'a plus d'eau. Techniques de sauvetage

Elles sont abordées lors des parcours : - remonter un objet du fond de l'eau, - porter secours à un blessé, - remorquer un objet ou un individu.

PARCOURS A M É N A G É S

L'objectif est de mettre en œuvre les uns à la suite des autres les différents apprentissages pré­cédemment énoncés. Pour chaque parcours, l'élève doit franchir et enchaîner successivement les obstacles proposés.

Parcours 1 (dessin 9)

Matériel : 1 cerceau en surface. 2 cerceaux les­tés, 1 filet. Équipement : masque, tuba, palmes. Techniques à enchaîner - saut droit dans un cerceau, - remontée et vidage du tuba (tour d'horizon et signe que tout va bien), - immersion en canard, - apnée dynamique en passant dans 2 cerceaux séparés de 5 m. - remontée à la surface (vidage du tuba, tour d'horizon, OK), - immersion en phoque, - vidage de masque, - remontée à la surface, - immersion en canard, - déplacement en vrille avec passage sous un filet : se mettre en déplacement dorsal afin d'évi­ter l'accrochage (regarder le filet), - remontée à la surface (vidage du tuba, tour d'horizon, OK), - immersion en canard, - apnée statique au fond du bassin pendant 15 secondes. - remontée à la surface (vidage du tuba, tour d'horizon, OK), - sortie de l'eau par le bord du bassin. Parcours 2 (dessin 10) Matériel : 1 cerceau en surface, 2 cerceaux lestés, I croix ou un mannequin de sauvetage. 1 balle lestée. Équipement : masque, tuba, palmes. Techniques à enchaîner - bascule arrière pour entrer dans l'eau.

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- remontée dans un cerceau (vidage du tuba, tour d'horizon et signe que tout va bien). - déplacement en surface en ventral, - immersion en canard. - apnée dynamique en passant dans 2 cerceaux séparés de 10 m, - remontée à la surface (vidage du tuba, tour d'horizon, OK), - immersion en phoque jusqu'au fond du bassin. - remonter le croisillon à la surface et effectuer le signe de détresse, - déplacement en palmage dorsal sur 15 m avec le croisillon. - palmage en sustentation 30 secondes en gar­dant l'objet à la surface.

- dépôt du croisillon sur le bord du bassin, - immersion en canard, - descente au fond du bassin pour récupérer un objet. - remontée à la surface (vidage du tuba, tour d'horizon, OK), - dépôt de l'objet sur le bord, - sortie de l'eau par le bord du bassin.

CONCLUSION L'enseignement des exercices présentés permet une sécurité individuelle et collective avec les activités de type APPN. et plus particulièrement celles en milieu aquatique naturel (plongée, kayak, voile, planche à voile, surf, ski nautique.

canyoning, etc.). Il s'agit avant tout d'accéder à une autonomie et des compétences telles que : franchir un obstacle, récupérer un objet (ou une personne), s'immerger, nager longtemps avec un certain confort respiratoire. La réussite de ces parcours permet d'éviter tout accident lors de la pratique d'activités en milieu aquatique.

Pascal Delapille Brevet d'État 2e degré plongée sous-marine.

Étudiant D.E.A sciences de la vie et de la santé - STAPS.

Claire Tourny Maître de conférences en STAPS.

Université de Rouen.

EPS N° 2 6 6 - J U I L L E T - A O U T 1997 51 Revue EP.S n°266 Juillet-Août 1997 c. Editions EPS. Tous droits de reproduction réservé