La Route du Rock

Vendredi 14 Août 009

Le magazine du festival

Laetitia Shériff sort son billetLes plus grands stylistes pourraient

proclamer la tongue must de l’été. Rin-n’a Foot ! La tongue cette année est mon

ennemie. Dans ma valise : mes Creepers TUK ©, mes t-shirts tête de mort préférés, mon eye liner,

mes chaussures de « pute en léopard » comme s’amu-se à dire une « amie ». Mes tatouages Malabar ©.« It’s a cliché or what ? », comme dirait The Queen. Non ! Mais non ! Dans ma tête, en shuffle, des titres de Love-less de My Bloody Valentine, tnt de Tortoise ; je ne les ai jamais vus en concert. Et également Deerhunter et A Place to Bury Strangers que je connais moins, mais qui devraient me faire tout autant d’effet dans mon petit cœur. Inespéré ! Ils sont là aujourd’hui.La 19e édition de la Route du Rock me donne... Rô !

De la joie ! Oui ! C’est ça.Ce soir ? Des cadeaux ! Demain ? Des cadeaux ! Après-demain ? Des cadeaux ! On en reparlera en temps venu. Rédactrice en chef invitée de Paplar aujourd’hui (yeeaa-hhh !), musicienne programmée sur l’édition d’hiver 2009 (ouaaahhh !), plombière bénévole hier (glouglou). J’ai monté en grade. Jean-Michel serait fier de moi. Vous pouvez lui dire merci les garçons : les douches mixtes, c’était lui. Il m’a conviée en 2002 à La Route du Rock. Quelques mois après, je faisais les Bars en Trans grâce à lui avec La Marmite. C’était un viking, un gros branleur, « Monsieur Plan B ». Mon ami. Il est parti le jour de mon anniversaire et j’ai bien l’intention de fêter ça parmi vous. Parmi eux. Avec lui.Bring the noise !

Alors voilà. Ça fait des années qu’on essaie de te faire venir à La Route du Rock. C’est un chouette de festival, tu sais. Pourtant, toujours tu as décliné nos invitations. Certes, à chaque fois très poliment. Une fois, c’était ta mémé qui était malade, tu ne voulais pas la laisser seule à l’hôpital, on a très bien compris rassure-toi. Une autre, c’était parce que tu travaillais sur un nouvel album, alors là sache bien que nous en étions les premiers ravis. Fans inconditionnels, on aime bien quand tu te mets au boulot. Mais franchement, Morrissey, tu déconnes. Tu ne sais pas ce que tu rates. S’il y a un festival d’été où tu devrais venir traîner tes mocassins, c’est bien la Route du Rock. Toi qui aimes les animaux, tu jouerais sur la grande scène du Fort de Saint-Père, avec les moutons en ligne de mire. Je ne parle pas du public, qui vient chaque année en nombre, mais des laineux qui trônent au-dessus de la foule, en haut des remparts. On sait que tu es végétarien, et bien on te servirait de la soupe au catering. On prépare les meilleurs potages de la région, notamment un avec de la menthe et des lentilles qui n’est pas piqué des hannetons, même que la chanteuse de Ting Tings, elle en a repris deux fois l’an dernier. Avec tes collègues musiciens qu’on inviterait pour faire ta première partie, tu jouerais au baby-foot, un vrai baby de bar qu’on a piqué au Café des Sports de Saint-Malo. Dans ta loge, on t’installerait un grand miroir exprès pour toi, juste pour que tu remettes de la gomina sur ta houppette. Tu vois, on ferait les choses bien. Et puis, l’après-midi, tu pourrais aller te promener dans Saint-Malo intra-muros, c’est joli Saint-Malo intra-muros. Tu croiserais plein de touristes japonais qui sont tous fans de toi. Tu irais te promener sur la plage où nous organisons des « siestes musicales », avec dj’s et tout le tralala. Tu aurais ainsi l’op-portunité d’exposer tous ces nouveaux biceps qu’on entre-

voit sur la pochette de ton dernier album, Years of refusal. Finie l’image de chanteur malingre, tu leur en boucherais tous un coin. Aux filles comme aux garçons. Ensuite, tu irais écouter des conférences au Palais du Grand-Large, des conférences sur la musique. « L’électro », « le folk », ça ne te ferait pas de mal de revoir les fondamentaux. Et puis tu assisterais à quelques concerts dans le Palais, au bar ou dans le petit auditorium. Au bar notamment, tu as vue sur la mer, c’est toujours agréable. Comme ça, si le groupe ne te plaisait pas, tu aurais toujours le loisir de contempler les mouettes. On en a plein des mouettes. Pas sûr que tu en voies si souvent que ça, là où tu vis aujourd’hui. Si l’envie t’en prenait, tu pourrais également faire un tour au casino qui jouxte le Palais du Grand-Large, histoire de dé-penser le gros cachet qu’on te verserait pour ta prestation du soir. Tu pourrais aussi, si ça te chante, taper dans le ballon. À chaque début de festival, on organise un tournoi de football sur la plage, avec un panier garni à gagner. Enfin voilà quoi, Morrissey, c’est un joli programme qu’on te propose, non ? L’an prochain, tu ne peux pas refuser. Bon alors bien sûr y a la pluie… Je sais, ça peut en rebuter plus d’un. C’est systématique, dès l’ouverture du festival, il faut toujours qu’il se mette à flotter. Des trombes d’eau parfois, un crachin doux et régulier souvent. Mais on n’y peut rien, nous. Je pense même que le public exigerait le remboursement des billets si la pluie n’était pas au rendez-vous chaque année. C’est comme les bibs et les galettes-saucisses aux Vieilles Charrues, ça va de pair. Tu ne peux pas faire autrement. On t’achètera un parapluie pour te mener des loges à la scène sans que tu te mouilles. Tu sais, même Billy Corgan des Smashing Pumkins, ça nous a coûté cher, mais il est venu…Bon alors, Morrissey, c’est oui ?

Depuis sa création en 1991, La Route du Rock a accueilli les plus grands artistes du rock indé. De Sonic Youth à Franz Ferdinand, en passant par The Cure et PJ Harvey, la liste est longue. Un seul manque à l’appel : Morrissey. Le 25 mars dernier, Moz a une nouvelle fois décliné l’invitation lancée par la direction du festival. Pour remédier à cette lacune, voici une missive que François Floret, le directeur du festival malouin, ferait bien d’envoyer à l’ancien chanteur des Smiths.

Moz Death

Cher Morrissey,

Lettre à Morrissey

The Delano Orchestra

Récemment, Clermont-Ferrand a battu Bordeaux lors du concours FNAC Indétendances face à Magnetix, Kid Bombardos et Adam Kesher. Heureux d’être devenu la capitale du rock ?On n’aime pas trop l’idée de compétition. On avait peur qu’il s’agisse d’une blague. Mais on a quand même monté un grou-pe «Kütu Folk» pour l’occasion. On est sorti victorieux de notre match. En rentrant à Clermont-Ferrand, on pensait être accueillis comme des rois, mais personne ne nous attendait... On a gagné une guitare Gibson qu’on doit se partager avec toute la ville de Clermont-Ferrand.

Alexandre, tu as commencé tout seul. Pourquoi ce besoin de monter un groupe ?Cette période solitaire n’a pas duré très longtemps. Très vite, j’ai fait appel à des musiciens pour la scène. Mais je continue de composer et d’enregistrer tout seul. Sur le premier album, per-sonne n’est intervenu dans la composition des morceaux. Sur le deuxième, un peu plus, car des ajouts sont venus du live.

Trompette, chœurs, bouzouki, banjo, orgue, violoncelle, guitares.

Vous faites de la folk pour riches ?

Personnellement, je ne joue de rien presque. Je joue mal de la guita-

re, même si c’est mon instrument. Mais c’est agréable de mettre les

moyens. On se fait plaisir. Plutôt que de la folk pour riches, je dirais qu’on

fait de la folk bling bling pour pauvres.

Il paraît que c’est ta mère qui coud les pochettes de vos

albums...Oui, au début, on s’y est mis tous les deux. D’abord, 20, puis 100, puis

500. C’est devenu lourd. Sur les 6 000 qu’on a fait avec Kütu Folk, elle en

a fait au moins 2 000. Elle dit souvent qu’elle veut arrêter, mais elle ne peut

pas s’en empêcher ; on parle d’elle dans les journaux !

Quel est le groupe sur cette édition de La Route du Rock que tu

ne rateras pas ?

Forest Fire, je connais très peu, un seul morceau. Mais j’ai vraiment envie

de découvrir. En concert à 17h, Plage Bon-Secours

« De la folk bling-bling »

Rien à voir avec l’orchestre de la Mairie de Paris, Alexandre et son acolyte

Damien versent davantage dans la folk bling bling et les cascades.

Les membres de The Horrors auraient été frappés par une vi-laine bronchite. De retour du Japon, les petits chous doivent donc se ménager pour leurs trois concerts prévus à New York, la semaine prochaine, en première partie de Nine Inch Nails. Du coup, le groupe a zappé purement et simplement la Route du Rock ! « Ils sont coutumiers du fait, déplore François Floret, le directeur du festival malouin. On avait organisé une soirée promo à Londres. Ils n’ont pas fait leur DJ set arguant qu’il n’y avait pas assez de monde. On a quand même reçu la facture de leur manager qui ne savait même pas qu’ils n’avaient pas joué ! » Pour les remplacer au pied levé, Snowman, que nous avons contactés hier. « Ce fut une grande surprise d’avoir été invité à jouer à la place de The Horrors. Bien sûr, c’était quel-que chose que nous ne pouvions pas rater. Mon rêve de par-tager l’affiche avec My Bloody Valentine et Tortoise va bientôt devenir réalité ! En fait, chaque groupe qui joue ce vendredi est exceptionnel et je suis impatient de les rencontrer. Nous avons fait une petite tournée en France un peu plus tôt dans l’année et nous nous sommes bien amusés. Les gens nous ont  très bien accueillis même s’ils ne nous avaient jamais vus ni enten-dus. Et tous les shows ont été extraordinaires. »Rendez-vous à 2h40, sur la Grande Scène du Fort.

Grippe A

TÉLEXÉcouté chez Pierre, régisseur des lo-ges : « Comme c’est interdit de fumer dans les loges, on donne des clopes aux artistes. »  ///// Deerhunter, pro-grammé à 20h25 au fort de Saint-Pè-re, a monté un « super-group » avec Dan Deacon et No Age. Sous le nom de No Deachunter, ils écument les scènes des États-Unis, mélangent les morceaux de chacun et partagent les mêmes bières. À déguster sur Youtube ; on y retrouve notamment Cryptograms, Get Older & Cover Me. ///// France Inter n’est pas parte-naire du festival cette année. Comme le dit Ethel dans sa carte blanche en fin de magazine, aura-t-on l’heur de croiser Bernard Lenoir et sa fidèle Michelle Soulier ?

The Horrors

Oliver Ackermann, chanteur-guita-riste de A Place To Bury Strangers, est réputé pour façonner lui-même, et dans sa chambre, les pédales qu’il utilise sur scène. Notamment la bien nommée « Total Sonic Annihilation »...

GROSSES PÉDALES

#1. Arctic Monkey. #2. Le Herald Tribune, ça donne mal à la tête. #3. Ma Valentine Sanglante. #4. Plongés dans Lenoir ? #5. Mycose ? Non merci. #6. Spécialité espagnole servie chaude. Mmmm...

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Day One

Sous les galets, du rock

Entre le sac de couchage, les piolets et deux tweets, l’info est tombée quand on s’y attendait finalement le moins : « Les défenestrés shoegaze de The Hor-rors annulent  leur prestation à  la Route du Rock ». Fuck ! Grippe A, flegme anglais, personne ne sait. On s’en ficherait presque finalement, tant l’édition 2009 de la Route du Rock aligne, sur le papier, la meilleure programmation de l’année : My Bloody Va-lentine, Tortoise, A Place to Bury Strangers, Crystal Stilts… Le premier jour s’annonce comme un Mon curé chez les puristes qui balaie la concurrence ; les bénis-oui-oui de l’anti-rock n’ont plus qu’à plier bagage, The Ting Tings jouent sûrement pas très loin de chez vous.Ce n’est pas vraiment qu’on ait été payé pour l’écrire (adresse postale dis-ponible sur demande si besoin, NDLR), mais cette année, La Route du Rock s’impose en leader sur le marché de la tongue à tête de mort. Ailleurs : du faux rock, du plasti-rock, du bricolo-rock ; on tire les mamelles jusqu’à l’extrê-mité avec des groupes plus très radicaux. Du divertissement pour les masses et beaucoup de gens devant de petits groupes. Tout est affaire de goût bien évidemment, toujours est-il que cet été il faudra bien choisir son camp : châ-teaux de sable ou fort de Saint-Père ? Si vous lisez ce billet, c’est que vous faites aussi partie d’un clan, d’une famille, ce que le rock, en définitive, n’a jamais cessé d’être. N’en déplaise aux marchands de bière. Entre nappes synthétiques et guitares magie noire, ce soir à Saint-Malo la musique se joue avec les tripes plutôt qu’en short. Un bon début, paraît qu’il fera frais demain soir dans l’enceinte.

BESTER L.

Rédacteurs en chef / Sylvain Chantal et Jerome Taudon – Invitée / Laetitia Shériff – Graphisme / Gregg Bréhin – Journalistes / Jean-Paul Kevin, Bester Langs – Photos / DoTheAndyGibbon, Mathieu Jouen – Thanks / Alban, les Templé Brothers et toute l’équipe de La Route du Rock, Stéphanie Gicquiaud. – Imprimerie Microlynx – Mail / sylvain@paplar.comLe magazine Paplar bénéficie du soutien du Conseil Régional des Pays-de-la-Loire et du Conseil Général de Loire-Atlantique.

Carte blanche à Ethel

Après 365 jours d’attente à la limite du supportable, le jour #1 de La Route du Rock est enfin arrivé. François Floret et Alban Coutoux nous offrent, une fois encore, une affiche alléchante. Je n’irai pas me faire une entorse de l’index gauche au tournoi de foot parce que j’en aurai bien besoin pour pousser mes vinyles en face de la pis-cine, les cheveux dans le vent, avec des hommes dan-sant nus sur la plage... ou pas. Il faudra ensuite courir au Palais du Grand Large pour pleurer de bonheur devant Mark Kozelek. Sur le chemin du fort de Saint-Père, le testament musical devra être soigneusement pensé parce qu’au fort ce soir, c’est un suicide collectif des oreilles qui nous attend avec My Bloody Valentine. Je serai armée des tortillons oranges que les assistants de Kevin Shields m’avaient offert à Manchester.Est-ce que le mur de son de You Made Me Realise (plus connu sous le nom de l’Holocauste) dépassera les 32 minutes et les 300 000 décibels ? Est-ce que les pou-les à 10 km du fort perdront elles aussi leur oreilles et sombreront dans une folie inégalée ? Est-ce que le fort

résistera ? Est-ce que l’unique obus non découvert dans les douves nous achèvera tous ? Est-ce que les pou-les ulcérées lanceront l’assaut ? Est-ce que A Place To Bury Strangers jouera encore plus fort que My Bloody Valentine ? Est-ce les Producteurs de Porc, groupe cher à Monsieur le Président, seront là pour nous surpren-dre ? Est-ce que Michelle Soulier et Bernard Lenoir vien-dront en civil ? Est-ce que Makeul Djaxon est bel et bien mort à Saint-Malo ? Est-ce que Ian Curtis va nous reve-nir tel le messie ? Est-ce que Pavement va se reformer ? Est-ce que Kate Moss sera là demain ? Est-ce que Gang Gang Dance aura encore une histoire inter-galactique à ajouter à son palmarès ? Est-ce que le fort sera mis sous quarantaine parce que la grippe A/H1N1 sera parmi nous ? Est-ce que la Route du Rock ne s’arrêtera jamais ? Est ce que.... Nous en saurons un peu plus aujourd’hui !

Ethel, tous les jours à la Plage Bon-Secours.Photo Copyright-Ethel - Route du Rock Eté 2008Monsieur le Président à propos de son groupe préféré.