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La Route du Rock Samedi 15 Août 009 Le magazine du festival

Paplar , Route du rock été 2009, Samedi

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Paplar , Route du rock été 2009, Samedi

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La Route du Rock

Samedi 15 Août 009

Le magazine du festival

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Laetitia Shériff sort son billet

Le festival a commencé. L’équipe de Paplar n’a pas beaucoup dormi. Bouclage.

Pas que... Perdus à Lillemer... On ne sait pas encore où se trouve le gîte. Et là... Poussières

d’étoiles, incantations magiques, danser nus sous la lune, fricotter avec Râ, dieu du soleil qui roupille en-core : « Dieu de feu, Toi, le roi des dieux, Seigneur du soleil, maître de tout ce qui est libre et sauvage, père de la femme et de l’homme, tu voudrais pas nous dire où c’est Saint-Guinoux... » On a fini par profiter des bon-nes choses, simples et rares en même temps, comme la confiture au petit-déjeuner de Madame Bardolet du gîte de Langas. Le dieu du soleil a été clément hier sur le festival ; on espère qu’il le sera également aujourd’hui. Encore des sourires, des belles robes, même de ma-

mies, des serre-têtes, des bermudas pour garçons, des lunettes en tout genre, des coups de soleils. La botte en caoutchouc, on la nique cette année. J’ai fait ma première interview hier, une partouze médiatique avec Grand Crew et Canal B. On a mis en commun notre en-vie d’en connaître davantage sur A place to bury stran-gers. Fantastique. Tremblante et gauche, je me rends compte de l’importance de préparer des questions pas trop cons pour éviter de se croiser, de se louper. Je les connaissais par Tracks, Youtube, Myspace... Résultat, je n’ai vu que les dernières secondes du concert, trop occupée que j’étais à retranscrire l’interview du trio de Brooklyn. Bon, pour aujourd’hui, je tâcherais de ne pas interviewer St Vincent. J’ai quand même envie de la dé-couvrir sur scène.

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A place to bury strangers

Brooklyn est une scène active dans le monde de la musique. Comment l’expliquez-vous ?New York City est une des plus grandes villes aux états-Unis. Il se passe tellement de choses à Brooklyn que tous les gens créa-tifs migrent de Manhattan vers là-bas. C’est pour cela que tout se développe ainsi.

Oliver Ackermann, tu as créé un rack « sound module » qu’uti-lise Nine Inch Nails. Est-ce une commande ou un cadeau ?C’est une chose que j’avais déjà développée. Ce n’est pas la première fois que je collabore avec eux (ndlr, APTBS a fait plusieurs fois leurs ouvertures). Et c’est cool !

Vous utilisez des pédales d’effets et vous vous êtes autopro-clamés « loudest band in NYC ». À quand un unplugged ?Unplugged ? NO WAY !

Internet influe-t-il sur votre musique ?S’il n’y avait pas eu Internet, nous ne serions peut-être pas ici aujourd’hui. Nous serions encore en train de jouer à NYC. On n’aurait pas trouvé l’argent pour enregistrer nos albums. C’est une bonne chose pour la musique. De toute façon, si tu fais de la mauvaise musique, les internautes te le font savoir. ça pousse à travailler dur.

À quoi ressemblait votre premier groupe ?Avant APTBS, nous avons eu un groupe de mofo. En concert, les gens voulaient nous tuer tellement nous jouions fort. Les bouteilles volaient.

Rencontre express avec le trio de Brooklyn.

« Unplugged ? No way ! »

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Madeleine de Proust

– Dinosaur Senior –

Sur un festival, les bénévoles ont rarement le droit de se taper une bonne petite grasse matinée, ce n’est pas nouveau. En revanche, se faire réveiller par une déflagration sonore à faire s’envoler une tente Quechua, c’est tout bonnement dégueulasse. C’est pourtant ce qui s’est passé hier, à 9h15 du matin, quand les techniciens de My Bloody Valentine se sont emparés de la console-son du fort de Saint-Père pour la balance. Alors on les a vus, un à un les bénévoles, descendre de la butte où sont montées leurs tentes, les yeux cerclés, les doigts enfoncés dans les oreilles. Vivement dimanche, qu’on retrouve notre bon vieux Dominique A, a-t-on entendu chez certains. « My Bloody», ça fait des semaines qu’ils bataillent avec la direction du festival pour disposer de tel ou tel matos permettant de jouer le plus fort possible. En début de semaine, ils se sont vu répondre que bon là maintenant ça suffisait les conneries et qu’ils devraient se contenter de ce qu’il y aurait. Un Plan B pour les concerts du lendemain avait même été prévu au cas où ils exploseraient tout. Le soir, même déflagration, même punition. Mais là, contrai-rement au matin, on n’entendait pas les paroles des morceaux. «Une expérience sensorielle et auditive», pouvait-on lire dans l’interview d’Alban Coutoux le matin dans Ouest-France. C’est plutôt sur l’expérience temporelle qu’on pourrait insister. My Bloody, une véritable machine à remonter dans le temps. Dès le début du set, on se replonge dans sa chambre de lycéen, on revoit le poster des La’s fièrement accroché au mur, on repense à cette peau de vache de Virginie qui s’était refusé à nous en classe de Première C. Et on le voit là, en face de nous, lui, le Kevin Shields de notre adolescence, s’égosiller sur la scène de Saint-Malo. Lui, il fait toujours la même chose, nous on a évolué. Moins de cheveux, plus de bide. Il nous reste au moins les tympans.

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Sous Chirac, on lui aurait demandé une conférence sur le bruit et l’odeur. À la Route du Rock, le thème est axé sur «le bruit et la mélodie». Le volubile et talentueux Christophe Brault s’y essaie aujourd’hui au Palais Sony Ericsson.

Christophe Brault

Il n’en revient toujours pas. Dans le bureau de Pierre Templé, le chargé de production de la Route du Rock, Christophe Brault jette un œil distrait sur le concert de Crystal Stilts qui passe sur le moniteur, mais c’est sur-tout sur la couverture de la brochure du festival qu’il s’arrête. «Tu te rends compte : mon nom figure sur la même affiche que My Bloody Valentine ! Celle-là, je vais la garder ! En plus, c’est comme pour le Tour de France, tu ne regardes que les noms du premier et du dernier. My Bloody est premier ; je suis dernier ! » Invité par le festival pour donner une conférence sur le thème du bruit et de la mélodie, l’ancien disquaire de Rennes Musique, aujourd’hui chargé de cours à l’Université de Rennes 2 en musicologie, n’en est pourtant pas à son coup d’essai. « J’ai dix-sept ans de radio derrière moi. Raconter des histoires à l’antenne ou en public, c’est la même chose. Il faut la même concision, le même rythme. » Sa première conférence : «la petite histoire du rock», en 1985, pour le compte de Jean-Michel Lu-cas qui travaillait à l’époque pour les TransMusicales. « Lui a arrêté, moi j’ai continué ! » Pour chacune de ses prestations, Christophe Brault potasse durant une bonne dizaine de soirées. Il déniche les morceaux qui illustrent au mieux son propos, agence l’ordre des ap-paritions, sélectionne les photos. « Pour la conférence

d’aujourd’hui, je passerai trente-sept extraits et j’ai retenu une centaine de photos. Par contre, mon tra-vail est très manuel. Pas de power-point ! Je ne veux pas être statique derrière un ordinateur. Je refuse de bosser comme ça. En plus, ça me permet de laisser une bonne part d’improvisation, de glisser quelques anecdotes, des choses vécues. Bref, un maximum de petites histoires qui vont étonner les gens.» Vu lors de la dernière édition de la Collection Hiver, le bonhomme aux petites lunettes a effectivement le chic pour tenir en haleine son auditoire. Son secret ? « Je dévore cha-que mois une vingtaine de magazines musicaux, en Français ou en Anglais. Je lis également la presse ré-gionale ou des journaux comme Libération ou Téléra-ma. Il faut se la jouer modeste : tout est bon pour s’en-richir. J’essaie de garder en permanence mes yeux et mes oreilles ouverts. » Pour le thème du bruit et de la mélodie, le conférencier a été approché en avril-mai. Il est parti de zéro, est remonté cinquante ans en arrière, a exclu les musiques « extrêmes » (metal, électro). « Je tourne plutôt autour du rock, du grunge, de la noise. Un seul exclu : The Horrors. «J’avais prévu de terminer par eux. Quand ils ont annulé pour des motifs limites, j’ai décidé de les virer ! » ça leur fera les pieds.À 14 h au Palais Sony Ericsson.

Quand t’aimes Brault...

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Mi-août correspond au Mercato des différentes ligues profession-nelles de football et de sport en général. Là, on s’échange tel joueur argentin pour 15 millions d’euros, ici c’est le cador italien pour 30 millions d’euros. Mi-août, c’est aussi le désormais célèbre tournoi de football de la Route du Rock. Hier, le championnat était en deuil. Régis, l’organisateur historique du tournoi, était blessé : lui et son équipe n’ont pas joué. Une bonne occasion du coup pour laisser à d’autres le trophée qu’ils mobilisaient depuis de nombreuses an-nées. Ainsi, c’est le Factory Club de Foot qui s’est illustré devant les Cahiers du Campus. Pour la première année, le festival accueillait aussi un tournoi de Rugby. Les déménageurs bretons étaient bien présents et l’on ne dénombre que 64 arcades ouvertes, 16 ruptures de tibias et 4 langues avalées. Pour Adrien (aka Tonton), l’un des organisateurs, c’était « tout simplement fou ». «C’était du rugby de télé  cet  après-midi. On  est  des  fous  et  ce  petit  tournoi  ouvert  à tout le monde était vraiment une manière de participer à un festi-val qui se passe dans le village où l’on vit toute l’année. » Ce sont les Chicken de Saint-Père qui se sont illustrés. Rendez-vous est donné pour l’année prochaine avec un trophée en forme de « patte de poulet posée sur une note de rock’n’roll en granit rose ».

Sport is not dead

Croisés dans les travées du fort de Saint-Père : Erica du groupe Au Revoir Simone (qui décidé-ment ne peut plus se passer de la Bretagne puisqu’elle jouait à Astropolis le week-end dernier), Patrick Vidal, le cultissime chan-teur de Marie et les garçons (qui mixait à la discothèque L’escalier cette nuit), et Buni Lenski, le vio-lonniste de DAAU.  ///// François Floret tient à préciser que, du duo directorial de La Route du Rock, c’est davantage Alban Coutoux qui apprécie l’ancien chanteur des Smiths. «Moi,  Morrissey,  je  m’en fous  ! ».  ///// Les « shoegazers », littéralement, restent concentrés sur leurs pieds et leurs pédales

d’effets pendant leurs concerts. Comme l’a fait remarquer notre confrère Charles Mouloud, lors de la conférence de presse de Dee-rhunter, Bratford Cox, le chanteur-guitariste du combo américain, commet donc une grosse faute de goût : il porte des chaussettes sous ses mocassins.  ///// Jamie Hince, chanteur-guitariste de The Kills, a passé une partie de ses vacances à Saint-Tropez. On a vu la photo dans Voici. ///// Lauphi, le blondinet des Magnetic Friends, se marie dans quelques jours. Tu as besoin d’un Paplar de la soi-rée ? ///// Pour toutes les oreilles perdues hier soir, s’adresser aux objets trouvés.

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Day Two

– So Clichés –

Rédacteurs en chef / Sylvain Chantal et Jerome Taudon – Invitée / Laetitia Shériff – Graphisme / Gregg Bréhin – Journalistes / Jean-Paul Kevin, Bester Langs – Photos / DoTheAndyGibbon, Mathieu Jouen, Hans Kruger – Thanks / Alban, les Templé Brothers et toute l’équipe de La Route du Rock, Manu Valdes. – Imprimerie Microlynx – Mail / [email protected] magazine Paplar bénéficie du soutien du Conseil Régional des Pays-de-la-Loire et du Conseil Général de Loire-Atlantique.

J’aurais bien voulu parler de la mode coton cette année, chez les rockeurs, des t-shirts à couleurs unies qui donnaient un teint si pâle aux blanc-becs sur le front-stage. J’aurais bien voulu parler de la brune au troisième rang, celle avec un soutien-gorge apparent, celle qui sautait l’air de rien sur le krautrock neuronal de Tortoise et mes yeux qui balançaient de haut en bas pour suivre les courbes généreuses serrées dans l’armature. J’aurais bien voulu parler de A Place to Bury Strangers en interview, lorsque je leur demandais si leur rock noir allait bien avec leur teint bronzé et qu’ils bégayaient comme trois Dustin Hoffmann légèrement rayés. J’aurais même pu me fendre de quelques lignes de ZWIIIIIIMMMMMMMM et de BLAAAAAAAAAANNNNNNGGGG, « THANKS FOR BEING HERE », WROOOOOOOOONNNNNNNNNNNGGGGGGG (My Bloody Valentine, musique parfaite pour s’enfiler la tête dans un moteur d’Airbus avec un Themesta sous la langue). Pour tout vous dire, mon gros coup de cœur de la soirée, ce fut ce flic derrière les barrières, celui qui engueule avec une voix de bœuf écorché tous les spectateurs qui prennent des photos sauvages et vous gâchent un concert avec leur haute résolution à plusieurs millions de pixels. C’est vrai quoi, y’a rien de pire qu’un pho-tographe amateur, ça prend des photos floues, ça recommence à l’infini, encore et encore, jusqu’à vous hypnotiser. « Il va bien réussir à en prendre une correcte cet imbécile, ah non, merde, encore raté ». Rien que pour ça, rien que pour tous ces concerts fichus en l’air par les Cartier-Bresson du troisième rang, merci monsieur l’agent, d’avoir su faire régner l’ordre sans flash. Y’a pas photo, last night a vigile saved my life, entre le flic et Flickr j’ai fait mon choix.

BESTER L.

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