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Université CLAUDE BERNARD LYON1 INSTITUT DES SCIENCES et TECHNIQUES DE READAPTATION 1601 MEMOIRE présenté pour l’obtention du CERTIFICAT DE CAPACITE D’ORTHOPHONISTE ELABORATION D’UN OUTIL D’EVALUATION DU LEXIQUE EN RECEPTION EN FRANÇAIS ECRIT ET EN LSF DE L’ADOLESCENT SOURD Etude préliminaire Par NOËL Julia MARTIN Benjamin Maîtres de Mémoire CHAPUT-PETIT Brigitte PERDRIX Renaud Membres du Jury COLIN Stéphanie LINA-GRANADE Geneviève OZIL Marie Date de Soutenance 30 juin 2011 © Université Claude Bernard Lyon1 - ISTR - Orthophonie. Tome 1

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Université CLAUDE BERNARD LYON1

INSTITUT DES SCIENCES et TECHNIQUES DE READAPTATION 1601

MEMOIRE présenté pour l’obtention du

CERTIFICAT DE CAPACITE D’ORTHOPHONISTE

ELABORATION D’UN OUTIL D’EVALUATION DU

LEXIQUE EN RECEPTION EN FRANÇAIS ECRIT ET

EN LSF DE L’ADOLESCENT SOURD

Etude préliminaire

Placer ici le sous titre du mémoire

Par

NOËL Julia

MARTIN Benjamin

Maîtres de Mémoire

CHAPUT-PETIT Brigitte

PERDRIX Renaud

Membres du Jury

COLIN Stéphanie

LINA-GRANADE Geneviève

OZIL Marie

Date de Soutenance

30 juin 2011

© Université Claude Bernard Lyon1 - ISTR - Orthophonie.

Tome 1

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ORGANIGRAMMES

1. Université Claude Bernard Lyon1

Président Pr. BONMARTIN Alain

Vice-président CA Pr. ANNAT Guy

Vice-président DEVU Pr. SIMON Daniel

Vice-président CS Pr. MORNEX Jean-François

Directeur Général des Services M. GAY Gilles

1.1 Secteur Santé :

U.F.R. de Médecine Lyon Est Directeur Pr. ETIENNE Jérôme

U.F.R de Médecine Lyon-Sud Charles Mérieux Directeur Pr. GILLY François Noël

Comité de Coordination des Etudes Médicales (C.C.E.M.) Pr. GILLY François Noël

U.F.R d’Odontologie Directeur Pr. BOURGEOIS Denis Institut des Sciences Pharmaceutiques et Biologiques Directeur Pr. LOCHER François Institut des Sciences et Techniques de Réadaptation Directeur Pr. MATILLON Yves Département de Formation et Centre de Recherche en Biologie Humaine Directeur Pr. FARGE Pierre

1.2 Secteur Sciences et Technologies :

U.F.R. de Sciences et Technologies Directeur Pr GIERES François U.F.R. de Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives (S.T.A.P.S.) Directeur Pr. COLLIGNON Claude Institut des Sciences Financières et d’Assurance (I.S.F.A.) Directeur Pr. AUGROS Jean-Claude Observatoire Astronomique de Lyon M. GUIDERDONI Bruno

IUFM Directeur M. BERNARD Régis Ecole Polytechnique Universitaire de Lyon (EPUL) Directeur M. FOURNIER Pascal Ecole Supérieure de Chimie Physique Electronique de Lyon (CPE) Directeur M. PIGNAULT Gérard IUT LYON 1 Directeurs M. COULET Christian et Pr. LAMARTINE Roger

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2. Institut Sciences et Techniques de Réadaptation FORMATION ORTHOPHONIE

Directeur ISTR

Pr. MATILLON Yves

Directeur des études

BO Agnès

Directeur de la formation

Pr. TRUY Eric

Directeur de la recherche

Dr. WITKO Agnès

Responsables de la formation clinique

THEROND Béatrice GUILLON Fanny

Chargée du concours d’entrée

PEILLON Anne

Secrétariat de direction et de scolarité

BADIOU Stéphanie CLERGET Corinne

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REMERCIEMENTS

Au terme de cette recherche, nous tenons à remercier les personnes qui nous ont aidés

tout au long de sa réalisation.

En premier lieu, nous souhaitons remercier chaleureusement nos maîtres de mémoire

Renaud Perdrix et Brigitte Chaput Petit pour le temps qu‟ils ont consacré à notre projet,

leurs conseils avisés, leurs relectures attentives, leur incroyable disponibilité et leurs

encouragements dans les moments difficiles.

Nous tenons également à remercier nos lecteurs, Stéphanie Colin, Marie Ozil et

Geneviève Lina-Granade pour l‟attention qu‟elles ont portée à notre travail et pour leurs

remarques pertinentes.

Nous voulons enfin remercier l‟équipe du SSEFIS Recteur Louis pour avoir mis à notre

disposition les ressources du SSEFIS, et grâce à qui notre recherche de population a été

grandement simplifiée,

Hervé Augros pour sa patience et l‟aide précieuse qu‟il nous a apportées lors de la

création de notre protocole en LSF,

Laurence Roseau-Bidon et Agnès Millet, pour le partage de leurs savoirs et les réponses

qu‟elles ont apportées à nos questionnements concernant la LSF,

Les adolescents sourds ayant participé à notre expérimentation, et aux orthophonistes les

prenant en charge pour leur participation, l‟intérêt dont ils ont fait preuve pour notre

travail et la confiance qu‟ils nous ont accordée,

Mme Zanettin et l‟ensemble des personnels, enseignants et élèves du collège du Tonkin,

qui ont rendu possible nos expérimentations,

Stéphane, Manon, Florence, Clément, Maud pour leur disponibilité, leur enthousiasme et

leur aide précieuse dans l‟élaboration de notre base de données photographique,

Nos familles, pour leurs relectures attentives et leur soutien,

Nichole, Mme Loule, et l‟ensemble de la promotion 2011 pour avoir su nous changer les

idées et nous soutenir dans les périodes charnières,

Et surtout une tendre pensée pour notre binôme de choc et les moments de détente et de

décompression qu‟il nous a offerts car, après tout, c‟est dans l‟adversité que se révèlent

les vrais binômes.

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SOMMAIRE

ORGANIGRAMMES ................................................................................................................................... 2

1. Université Claude Bernard Lyon1 ............................................................................................... 2 1.1 Secteur Santé : ......................................................................................................................... 2 1.2 Secteur Sciences et Technologies : .......................................................................................... 2 2. Institut Sciences et Techniques de Réadaptation FORMATION ORTHOPHONIE ........................... 3

REMERCIEMENTS..................................................................................................................................... 4

SOMMAIRE .................................................................................................................................................. 5

INTRODUCTION ......................................................................................................................................... 7

PARTIE THEORIQUE ................................................................................................................................ 9

I. LA SURDITE ..................................................................................................................................... 10 1. Généralités ................................................................................................................................. 10 2. Les aides à la réception et à la communication ......................................................................... 11 3. Communication et intégration sociale des personnes sourdes ................................................... 13

II. LE LANGAGE DE L‟ENFANT ENTENDANT .......................................................................................... 14 1. Développement du langage oral ................................................................................................ 14 2. Développement du langage écrit ................................................................................................ 16

III. LE LANGAGE DE L‟ENFANT SOURD .............................................................................................. 17 1. Développement du système phonologique .................................................................................. 17 2. Développement du lexique et du système sémantique ................................................................ 18 3. Développement du langage écrit ................................................................................................ 19 4. La langue des signes française : LSF ......................................................................................... 20 5. Les enjeux de l’évaluation du langage des enfants sourds ......................................................... 21

PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESES ................................................................................................. 23

I. PROBLEMATIQUE ............................................................................................................................. 24 II. HYPOTHESES ................................................................................................................................... 24

1. Hypothèses concernant la compréhension lexicale en français écrit ......................................... 24 2. Hypothèses concernant la compréhension lexicale en LSF ....................................................... 25 3. Hypothèse concernant le protocole élaboré ............................................................................... 25

PARTIE EXPERIMENTALE ................................................................................................................... 26

I. PRESENTATION DU PROTOCOLE ....................................................................................................... 27 1. Le choix des items cibles ............................................................................................................ 27 2. Le choix des distracteurs ............................................................................................................ 30 3. Construction de l'épreuve .......................................................................................................... 32 4. Modalités de passation ............................................................................................................... 34

II. PRESENTATION DES SUJETS EVALUES .............................................................................................. 37 1. Groupe test : des adolescents sourds en intégration scolaire .................................................... 37 2. Groupe contrôle : des adolescents entendants ........................................................................... 39

PRESENTATION DES RESULTATS ...................................................................................................... 40

I. RESULTATS CONCERNANT LE PROTOCOLE EN FRANÇAIS ECRIT........................................................ 41 1. Résultats de la population test ................................................................................................... 41 2. Résultats de la population témoin .............................................................................................. 45 3. Comparaison des performances des sourds et des entendants ................................................... 48

II. RESULTATS CONCERNANT LE PROTOCOLE EN LSF .......................................................................... 51 1. Résultats selon le niveau scolaire .............................................................................................. 51 2. Résultats selon le type d’items ................................................................................................... 52 3. Résultats selon le degré de surdité ............................................................................................. 53 4. Résultats selon le type d’aide auditive ....................................................................................... 53 5. Taux de réussite des items .......................................................................................................... 54

III. COMPARAISON DES RESULTATS DE LA POPULATION TEST DANS LES DEUX PROTOCOLES ............ 55 1. Récapitulatif des résultats des adolescents sourds ..................................................................... 55 2. Corrélations ............................................................................................................................... 56

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DISCUSSION DES RESULTATS ............................................................................................................. 57

I. INTERPRETATION DES RESULTATS ................................................................................................... 58 1. Lexique des adolescents en français écrit .................................................................................. 58 2. Le lexique des adolescents sourds en LSF ................................................................................. 63 3. Corrélations des résultats .......................................................................................................... 65

II. LIMITES DE NOTRE ETUDE ................................................................................................................ 67 1. Limites concernant la partie théorique ...................................................................................... 67 2. Limites concernant les protocoles .............................................................................................. 67 3. Limites concernant la passation des expérimentations .............................................................. 69 4. Limites concernant les populations ............................................................................................ 70

III. INTERETS ET PERSPECTIVES DE NOTRE ETUDE ............................................................................. 71 1. Points forts et intérêts de notre étude ......................................................................................... 71 2. Perspectives et ouvertures .......................................................................................................... 71

CONCLUSION ............................................................................................................................................ 73

BIBLIOGRAPHIE ...................................................................................................................................... 75

ANNEXES.................................................................................................................................................... 80

ANNEXE I : LISTE DES ITEMS RETENUS POUR LES PROTOCOLES ET CLASSES PAR CRITERES ....................... 81 1. Liste des items du protocole Français écrit ............................................................................... 81 2. Liste des items du protocole LSF ............................................................................................... 82

ANNEXE II : ETUDE PILOTE SUR L‟ICONICITE ............................................................................................ 83 ANNEXE III : LISTE DES ITEMS CIBLES DES DEUX PROTOCOLES ET DES DISTRACTEURS LEUR ETANT

ATTRIBUES ................................................................................................................................................ 85 ANNEXE IV : GRILLES REPONSES .............................................................................................................. 89

1. Grille réponse du protocole français écrit ................................................................................. 89 2. Grille réponse du protocole LSF ................................................................................................ 95

ANNEXE V : TOME II SOUS FORMAT CD-ROM ......................................................................................... 99

TABLE DES ILLUSTRATIONS ............................................................................................................. 100

1. Liste des tableaux ................................................................................................................... 100 2. Liste des figures ...................................................................................................................... 101

TABLE DES MATIERES ........................................................................................................................ 103

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INTRODUCTION

La surdité, selon son degré et son âge d‟apparition, peut avoir une influence dramatique

sur le développement du langage de l‟enfant. Comme le fait remarquer Sadek-Khalil en

1997, une des conséquences les plus graves d‟une surdité est l‟impossibilité pour l‟enfant

d‟accéder spontanément à la compréhension du langage auditivo-vocal.

L‟enfant, n‟ayant alors pas accès à un modèle linguistique fiable du fait de sa surdité, ne

bénéficie que de peu d‟expériences en termes de communication, en langue française tout

du moins. Cela explique en partie le fait que l‟enfant atteint de surdité dispose d‟un faible

bagage lexical lors de son entrée à l‟école (Marschark (1993), cité par Dubuisson et

Bastien (1998).

De plus, Sero-Guillaume, en 2009, fait remarquer à juste titre que lorsqu‟il entame sa

scolarité, le jeune sourd aborde l‟apprentissage de l‟écrit alors qu‟il est encore en phase

d‟apprentissage de la langue. Ce n‟est, en revanche, pas le cas des enfants entendants,

censés avoir développé leur langage oral avant de rentrer dans l‟écrit, ce qui leur permet

de transcoder phonologiquement la forme écrite du mot et d‟avoir ainsi accès à sa

signification (Dubuisson & Bastien, 1998). Seban-Lefebvre et Toffin, en 2008,

expliquent que pour les parents d‟enfants sourds, l‟école est supposée combler le retard de

langage grâce à une immersion quotidienne dans un bain linguistique. Il nous a donc

semblé intéressant d‟évaluer le lexique de jeunes sourds scolarisés en intégration

individuelle, tant en français écrit qu‟en langue des signes française (LSF), tout en

observant les différentes variables entrant en jeu.

Les rares essais de création d‟outils évaluant la LSF n‟ont pas abouti à des tests

facilement exploitables et, de plus, n‟explorent qu‟un nombre restreint de domaines. Un

de ces outils est le TELSF (test en LSF, Niederberger et al., 2001), pour les enfants âgés

de 8 à 15 ans. Bien qu‟elle n‟évalue pas avec précision le lexique, Niedeberger, en 2004,

constate un lien très important entre les capacités en français écrit et celles en LSF. Elle

relève également que cette relation se remarque d‟autant plus en compréhension qu‟en

production.

Etant tous deux intéressés par la surdité et ayant suivi des cours de LSF, nous avons très

vite orienté notre choix vers un sujet de recherche s‟intéressant à cette langue riche et

chargée d‟histoire mais dont les outils d‟évaluation restent rares. Au gré de nos lectures et

de nos rencontres, nous avons compris tous les enjeux de ce que signifiait souffrir d‟une

surdité, et les conséquences que cela entraîne sur l‟éducation, sur l‟intégration scolaire et

sociale.

Nous avons donc souhaité créer un outil adapté aux adolescents, évaluant spécifiquement

leur lexique en compréhension au regard de différentes variables. Cette évaluation a été

faite en compréhension, tant en français écrit qu‟en LSF afin de pouvoir comparer d‟un

côté les résultats des adolescents sourds à ceux d‟adolescents entendants, et d‟un autre

côté les différences de niveau lexical en français écrit et en LSF.

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Après avoir, dans une première partie, exposé les connaissances théoriques nécessaires à

la compréhension des objectifs et intérêts de notre étude, nous présenterons les

principales interrogations auxquelles nous tenterons de répondre.

Nous tâcherons ensuite d‟expliciter la procédure expérimentale que nous avons suivie lors

de la création de cet outil d‟évaluation. Enfin, nous exposerons les résultats que nous

avons obtenus et nous les discuterons au regard de la théorie mais aussi des limites de

notre étude. Nous proposerons également des perspectives pour d‟éventuels futurs

travaux.

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Chapitre I

PARTIE THEORIQUE

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I. La Surdité

1. Généralités

Selon l‟Organisation Mondiale de la Santé (OMS, 2011), la surdité est associée à la perte

complète ou partielle, unilatérale ou bilatérale de l‟audition. Elle peut résulter de

pathologies touchant les oreilles, le nerf auditif ou le cerveau.

Brin, Courrier, Lederlé et Masy (2004, p.246) définissent quant à eux la surdité comme

une « déficience auditive, quelle que soit son origine et quelle que soit son importance.

Elle peut être transitoire ou définitive, parfois même évolutive, et ses conséquences sont

multiples : trouble de la communication préverbale chez le nourrisson avec incidences

développementales, absence ou retard de langage, troubles de la parole et de la voix,

difficultés d’intégration scolaire et/ou sociale... Comme la surdité n’est pas toujours

curable médicalement ou chirurgicalement, elle implique la notion de handicap et la

notion de prise en charge pluridisciplinaire.»

1.1. Différents degrés de surdité

Le bureau international d‟audiophonologie (BIAP, 1997) a élaboré une classification

audiométrique permettant de définir différents degrés de surdité, en fonction de

l‟importance de la perte auditive en décibels (dB). La perte totale moyenne est calculée à

partir de la perte en dB aux fréquences 500 Hz, 1000 Hz, 2000 Hz et 4000 Hz. L‟audition

est normale ou sub-normale lorsque la perte tonale moyenne est inférieure à 20dB. Cette

perte n‟a pas d‟incidence sociale et n‟entraine pas de gène dans la perception de la parole.

Lorsque la déficience auditive est légère (perte auditive moyenne comprise entre 21dB et

40dB), la parole est perçue à voix normale, mais l‟est difficilement à voix basse ou

lointaine. Les bruits familiers sont généralement perçus. Lorsqu‟un sujet est atteint de

déficience auditive moyenne (41dB à 70dB de perte), il perçoit la parole à voix forte et

comprend mieux en s‟aidant de la lecture labiale. Cependant, même si quelques bruits

familiers sont encore perçus, un appareillage et un suivi orthophonique sont nécessaires.

Quand un sujet souffre de déficience auditive sévère (70dB à 90dB de perte), il ne perçoit

que les bruits forts et la parole émise près de l‟oreille à forte intensité. Le sujet peut

garder un certain contrôle sur sa voix grâce à ses restes auditifs mais l‟appareillage et le

soutien orthophonique sont indispensables. Si la déficience auditive est profonde (91dB à

119dB de perte), seuls des bruits très puissants sont perçus. La parole est peu ou pas

perçue, et les difficultés de réception et de production de la parole sont d‟autant plus

prononcées que le degré de surdité est élevé. La mise en place d‟aides auditives ainsi

qu‟une prise en charge orthophonique sont indispensables, une mutité secondaire pouvant

se développer. La déficience auditive totale ou cophose (perte de 120dB ou plus) est rare

et est définie par l‟absence de restes auditifs. L‟apport d‟informations auditives procuré

par les prothèses est faible, seul l‟implant cochléaire peut avoir une certaine efficacité.

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1.2. Différents types de surdité

1.2.1. Surdités unilatérales ou bilatérales

Outre le degré de l‟atteinte auditive, les surdités peuvent se différencier par la localisation

de l‟atteinte. Elles peuvent en effet être bilatérales (atteinte des deux oreilles) ou

unilatérales (atteinte d‟une seule oreille) de manière identique ou non.

1.2.2. Surdités pré-, péri- ou post-linguistiques

Une surdité peut en effet survenir à différents âges, et aura de ce fait une influence sur le

langage qui variera en fonction de l'âge d'apparition. La déficience auditive survenant

dans les périodes prénatales, périnatales ou avant l‟âge normal d‟apparition du langage est

appelée surdité pré-linguistique. Le risque d‟altération de la communication est alors

important, en fonction du degré de surdité. Si la surdité apparait entre 2 et 4 ans, elle est

dite péri-linguistique. Comme l‟explique Dumont en 2008, la déficience auditive survient

alors en pleine phase d‟acquisition du langage et doit être diagnostiquée au plus tôt afin

d‟engager des prises en charges, car elle fragilise les acquisitions linguistiques. Enfin,

quand la surdité est post-linguistique, c'est-à-dire qu‟elle survient lorsque l‟enfant a déjà

acquis naturellement les structures de base du langage, le retentissement est moindre. En

effet, l‟enfant a appris à comprendre par la voie auditive et il sait comment s‟y prendre

pour communiquer et utiliser le langage (Dumont, 2008).

1.2.3. Surdités de transmission, de perception ou mixtes

Les surdités de transmission peuvent affecter l‟oreille externe ou moyenne, et se

caractérisent par l‟altération de la conduction aérienne avec conservation de la conduction

osseuse. Ces atteintes sont généralement curables aux moyens de traitements

médicamenteux ou d‟opérations chirurgicales (Morruci, Coll & Vales, 1992). Les surdités

de perception sont provoquées par une atteinte de l‟oreille interne (cochlée, voies

auditives et centres auditifs). Cette surdité est généralement incurable et un appareillage

auditif (prothèse ou implant cochléaire) est donc nécessaire (Brin, Courrier, Lederlé &

Masy, 2004). La surdité mixte touche à la fois l‟oreille moyenne et l‟oreille interne, la

transmission et la perception.

2. Les aides à la réception et à la communication

En 1988, Veit et Bizaguet (cités par Vinter, 1996, p.29, chap.1) définissent la prothèse

auditive comme « un ensemble électronique, électro-acoustique et mécanique miniaturisé

qui capte, adapte et amplifie les signaux acoustiques ».

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2.1. Les prothèses auditives conventionnelles

Morucci, Coll et Vales (1992) expliquent que toute prothèse auditive est constituée d‟un

microphone, d‟un système d‟amplification et d‟un écouteur. Et, comme le souligne Vinter

(1996), le port de prothèse nécessite une éducation auditive et orale appropriée. Pour

Dumont (2008, p.126), les prothèses conventionnelles exploitent les capacités résiduelles

de l‟oreille interne, en amplifiant et traitant le signal, ce qui « n’est pas suffisant pour

permettre une bonne intelligibilité auditive de la parole dans le cas de surdités

importantes. ». Dans ce cas, un autre type d‟aide auditive peut être envisagé ; l‟implant

cochléaire.

2.2. L’implant cochléaire

L‟implant cochléaire agit directement sur l‟oreille interne, en stimulant le nerf cochléaire

(Dumont, 2008). Il est composé de deux parties. L‟une, externe, se compose d‟un contour

d‟oreille muni d‟un microphone, un processeur vocal (transformant les informations

auditives captées par le microphone en impulsions électriques) et d‟une antenne

émettrice. L‟autre partie, interne, est constituée d‟une antenne réceptrice, d‟un récepteur

stimulateur et d‟un porte-électrode, qui transmet les impulsions électriques au nerf

cochléaire. (Leybaert et al., 2007). Pour bénéficier d‟une implantation, un enfant doit

répondre à certains critères. Il doit être atteint d‟un surdité profonde bilatérale, avoir un

seuil prothétique supérieur ou égal à 60dB, et avoir une intelligibilité avec prothèses, en

liste ouverte de mots, inférieure à 50% (Loundon, 2009).

L‟implant étant le plus souvent unilatéral, certaines personnes conservent une prothèse

auditive sur l‟oreille controlatérale. En effet, « l’implant leur permet des discriminations

phonologiques (notamment des consonnes) et leur prothèse leur apporte des informations

dans la zone grave (rythme et mélodie) » (Dumont, 1996, p.24). La pose d‟implant doit

être accompagnée d‟un suivi pluridisciplinaire, notamment orthophonique, afin d‟« aider

le sujet implanté à tirer bénéfice des nouvelles informations auditives disponibles, à les

intégrer dans son système de relation à l’environnement et à les utiliser pour développer

son langage. » (Dumont, 1996, p.70).

Leybaert et al., en 2007, soulignent par ailleurs l‟importance d‟une implantation précoce,

favorisant de meilleures performances chez les enfants sourds en raison de la plasticité

cérébrale. Le choix de l‟implant cochléaire, qui s‟inscrit généralement dans un projet

essentiellement oraliste, a pour dessein de permettre à l‟enfant d‟acquérir une parole et un

langage de qualité suffisante, facilités par des représentations phonologiques plus solides

de la langue et par un meilleur accès à la polysémie, ce qui favorisera son entrée dans

l‟écrit. Toutefois, malgré l‟éducation oraliste privilégiée, nous verrons par la suite

comment la langue des signes peut accompagner et « illustrer » la parole (Sero-

Guillaume, 2009). Le choix des différentes aides proposées pour l‟enfant a un impact

direct sur son intégration sociale et les modes de communication qu‟il peut mettre en

place au cours de son développement.

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3. Communication et intégration sociale des personnes sourdes

3.1. Le rôle de la langue des signes

Le statut de la langue des signes a longtemps été sujet à de vives polémiques et continue

aujourd‟hui à faire débat. Après avoir été interdite lors du congrès de Milan en 1880 à des

fins d‟enseignement exclusivement oraliste, elle a progressivement été réhabilitée à partir

de la fin des années 70. Elle a finalement repris officiellement ses droits par le biais de la

loi « Fabius » de 1991 qui permet un libre choix entre une éducation strictement oraliste

et une éducation dite « bilingue » combinant l‟usage de la langue des signes au français

parlé et/ou écrit. En revanche, la loi de 2005 sur le handicap ne reconnait pas la Langue

des Signes Française (LSF) comme langue d‟enseignement, bien qu‟elle propose de

nombreuses aides aux diverses situations de handicap (Dumont, 2008). En revanche, cette

loi stipule que la LSF est une langue à part entière et qu‟elle peut être choisie comme

épreuve optionnelle aux examens et aux concours.

Par ailleurs, de nombreux auteurs s‟accordent à dire que la langue des signes constitue

l‟emblème de la communauté sourde, porteuse d‟une histoire et d‟une identité culturelle.

L‟appareillage, aussi efficace soit-il, ne permet pas pour autant aux sourds de se

considérer et d‟être considérés comme des entendants. Ainsi la langue des signes peut se

présenter comme une alternative à leurs perceptions auditives encore fragiles. En effet, ce

moyen de communication utilisant le canal perceptif visuel est davantage adapté aux

contraintes qu‟impose la surdité. De plus, la LSF donne une image positive du sourd

détenteur d‟un langage propre, vis-à-vis des autres et de lui-même. Il n‟est ainsi plus

perçu comme un individu souffrant d‟une déficience mais comme un individu capable de

s‟exprimer pleinement dans cette langue. Un accès, même tardif, à la langue des signes

permet un progrès en terme de communication et favorise l‟épanouissement de l‟enfant

sourd (Sero-Guillaume, 2009). Toutefois, certaines personnes pensent au contraire que la

LSF renvoie une image négative de la personne sourde, stigmatisée par l‟usage d‟une

langue mettant trop en évidence sa surdité.

3.2. Le cas de l’intégration sociale et scolaire des enfants sourds

L‟école est un des premiers lieux de socialisation pour l‟enfant. Pour les parents d‟enfants

sourds, l‟école est supposée combler le retard de langage grâce à une immersion

quotidienne dans un bain linguistique. Malgré cet espoir souvent irréalisable, l‟intégration

scolaire est un premier pas vers l‟intégration socioprofessionnelle espérée par les parents

(Seban-Lefebvre & Toffin, 2008).

D‟un point de vue législatif, la loi d‟orientation du 30 juin 1975 a pour objectif prioritaire

l‟intégration des enfants et adolescents handicapés en milieu scolaire ordinaire et a

institué l‟obligation éducative pour cette population. La loi 2005 a donné un nouveau

souffle à la notion d‟intégration. On y parle de personnes en « situation de handicap », les

considérant ainsi comme désavantagés sur le plan de l‟insertion scolaire, sociale ou

professionnelle.

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L‟intégration des enfants sourds qui sont en capacité de suivre leur scolarité dans des

classes d‟entendants leur permet généralement d‟accéder à une meilleure insertion sociale

que s‟ils avaient fréquenté exclusivement l‟enseignement spécialisé. Il faut distinguer

deux types d‟intégration : l‟intégration individuelle, qui permet à un enfant sourd d‟être

scolarisé seul dans une classe d‟entendants, et l‟intégration collective, qui concerne les

enfants dont les capacités et le rythme d‟acquisition ne sont pas suffisants pour bénéficier

d‟une intégration individuelle. Dans ce deuxième cas, l‟enfant peut être scolarisé en CLIS

2 (Classe d‟Intégration Scolaire pour enfant atteint d‟un handicap auditif), dans les

établissements du primaire, ou en ULIS (Unités Localisées pour l‟Inclusion Scolaire)

dans les établissements secondaires (Mondain et Brun, 2009). Il est à noter que des CLIS

bilingues français-LSF existent (enseignement en français et en LSF) mais restent peu

nombreuses. L‟enfant en intégration scolaire individuelle bénéficie d‟un enseignement

essentiellement oral même si certains interprètes en LSF ou codeurs en Langage Parlé

Complété (LPC), lui permettant d‟augmenter ses capacités de compréhension, peuvent

intervenir (Lelièvre & Dubuisson, 1998).

Cet intégration scolaire peut être favorisée par les Services de Soutien à l'Education

Familiale et à l'Intégration Scolaire (SSEFIS) qui ont pour objectif d‟accompagner les

enfants et adolescents sourds dans la poursuite de leur scolarité, au maximum de leurs

possibilités, avec des soutiens adaptés (pédagogiques, orthophoniques, psychologiques,

éducatifs, médicaux), et de favoriser leur insertion sociale et professionnelle.

En revanche, Allen et Osborn en 1984 (cités par Lelièvre & Dubuisson, 1998) soulignent

l‟effet négatif de l‟intégration en présentant les difficultés de communication rencontrées

comme une entrave au bon déroulement des apprentissages scolaires. Cependant, Tagger,

en 1994, revendique l‟idée que l‟intégration des enfants sourds peut être réussie à

condition que bon nombre de paramètres soient réunis : classes fonctionnelles, effectifs

réduits, enseignants volontaires et fidélisés à ces classes, pédagogies adaptées…

Il ne faut pas oublier que certains enfants et adolescents sourds sont également scolarisés

dans des structures du médico-social tels que les INJS (Institut National de jeunes

sourds), les IJS (Instituts des jeunes sourds) ou encore, dans la région lyonnaise, l‟IJL

(Institut Jean Lonjaret).

II. Le langage de l’enfant entendant

1. Développement du langage oral

« On le sait, avant toute parole signifiante, l’enfant dispose de mimiques et de signaux

qui sont tout ensemble l’expression d’un état intérieur, l’issue d’une excitation, et le

début d’un échange véritable » (Brigaudiot & Danon-Boileau, 2002, p.55). On distingue,

entre autres, des signaux tels que l‟attention conjointe, le tour de rôle, les capacités

d‟imitation motrice, ou encore le pointage. En 1975, Bates et al. (cités par Brigaudiot &

Danon-Boileau, 2002) expliquent qu‟il y a traditionnellement deux pointages que l‟on

oppose. D‟un coté le pointage « proto-impératif » destiné à obtenir un service de la part

d‟un adulte proche, et de l‟autre le pointage « proto-déclaratif » qui désigne un objet à

l‟attention commune. En parallèle, les productions sonores de l‟enfant vont évoluer au

cours du développement.

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1.1. Développement du système phonologique

Colé et Fayol, en 2000, rapportent, d‟après les travaux de Boysson-Bardies (1996), que

l‟acquisition du langage parlé est tributaire de la maitrise du système phonologique.

Avant 6 mois, l‟enfant repère les phonèmes constituant sa langue, et modifie peu à peu

ses productions sonores en fonction de la langue qu‟on lui adresse (D‟Odorico & Franco,

1991, cités par Brigaudiot et Danon-Boileau, 2002). C‟est donc vers 6 mois que le

babillage de l‟enfant va apparaître. Oller (cité par Bertonici et Boysson-Bardies, 2003) en

1980, le définit comme la production de syllabes conformes à celles de langues naturelles.

On le qualifie de « babillage canonique » (production de syllabes simples, composées de

séquences consonnes-voyelles).

A partir de 10 mois, Stark (1980) et Elbers (1982), cités par Bertonici et Boysson-Bardies

en 2003, notent une diversification et une complexification du babillage. Les productions

de l‟enfant deviennent peu à peu porteuses de sens et commencent à être identifiées par

l‟adulte comme du langage (Johnson et al., 1997, cité par Brigaudiot et Danon-Boileau,

2002).

Stoel-Gammon et Cooper (également cités par Brigaudiot et Danon-Boileau, 2002) font

remarquer en 1984 que l‟enfant dispose aux environs de 10 mois d‟un pattern

phonologique de la syllabe, mais qu‟il le simplifie pour le restituer plus facilement. Cette

simplification se fait au moyen de manipulations phonologiques, comme des

suppressions, des substitutions, des inversions, des assimilations de phonèmes. Vers 12

mois, l‟enfant fait correspondre les sons qu‟il entend à des objets ou des personnes de son

environnement (Kail & Fayol, 2003). Les séquences sonores expérimentées lors du

babillage vont aboutir progressivement à l‟apparition des premiers mots (Rondal, 1999).

1.2. Développement du lexique et du système sémantique

Avant même de produire ses premiers mots, l‟enfant se constitue un lexique réceptif

construit au fil des routines de la vie quotidienne. On relève que les filles produisent en

général des mots plus tôt que les garçons mais que le niveau de compréhension est

relativement semblable tout au long du développement (Karmiloff & Karmiloff-Smith,

2003).

Les premiers mots apparaissent vers 12 mois, lorsque les groupes de phonèmes produits

par l‟enfant sont identifiables comme des mots de la langue de son environnement. Dans

un premier temps, le stock lexical de l‟enfant se développe lentement, entre 15 et 18 mois,

il est constitué d‟une cinquantaine de mots, essentiellement des substantifs (Bassano,

2003).

Ensuite, son développement se fait plus rapidement. De nombreux auteurs tels que Bloom

(2003) ; Nelson (1973) ; Dromi (1987, 1993) ; Golfield et Reznick (1990) ; Bassano,

Maillochon et Eme (1998), cités par Bassano en 2003, décrivent un brusque

accroissement du stock lexical, survenant entre 18 et 20 mois, et souvent désigné sous le

terme « d‟explosion du vocabulaire » ou « explosion lexicale ». Quatre à dix nouveaux

mots sont acquis par jour, pour constituer vers 24 mois un stock de 200 mots environ.

Goptnik et Meltzoff ( cités par Bassano, 2003) ont mis en relation en 1987 cette explosion

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lexicale avec un progrès dans la capacité de catégorisation, l‟enfant comprenant petit à

petit que toute chose appartient à une catégorie et par extension que toute chose peut être

nommée.

L‟enfant commence à prendre conscience peu à peu de l‟existence d‟une relation générale

entre les mots accumulés un à un dans son stock lexical et de la correspondance entre

vocable et référent (Bassano, 2003). Un mot peut alors symboliser ou renvoyer à un objet,

à une action, à un événement, à une personne ou à une pensée abstraite (Karmiloff &

Karmiloff-Smith, 2003, p.67). Le système lexical de l‟enfant va ainsi se développer et

s‟enrichir tout au long de sa vie et de sa scolarité. Florin, Lieury et al. (cités par Dumont,

2008) ont estimé que 2500 nouveaux mots apparaissaient en 6ème, et jusqu‟à 17000 mots

en 3ème. Il est par ailleurs admis que les mots sont construits sur un mode arbitraire et

conventionnel mais lors de son apprentissage, l‟enfant doit comprendre qu‟un même mot

ne se réfère pas à un seul et même signifié figé mais qu‟il peut prendre différentes formes

(Karmiloff & Karmiloff-Smith, 2003). Ainsi « sucre » peut se présenter en poudre ou en

morceaux, roux ou blanc, etc. De plus, Dumont (2008) précise que le lexique mental ne

se réduit pas à une simple liste de mots mais se caractérise davantage par un ensemble

organisé de connaissances sémantiques, phonologiques, morphologiques et syntaxiques.

« le modèle le plus souvent avancé (Bates et al., 1988, 1994 ; Caselli et al., 1995)

propose un processus en quatre stades, qui reflètent des univers cognitifs et sociaux : au

stade des éléments socio-pragmatiques et ludiques, qui est celui des tout premiers mots,

succède le stade de la référence, qui commence avec l’explosion des 50 mots et se

caractérise par l’usage prédominant des noms communs, puis le stade de la prédication,

durant lequel se développent, après le seuil des 100 mots, les verbes et adjectifs qui

servent à encoder des significations relationnelles, et enfin le stade de la grammaire,

caractérisé par la brusque expansion des mots de fonction à partir du seuil des 400

mots.» (Bassano, 2003, p.146). Ainsi, les noms sont pour la plupart considérés par

O‟Grady en 1987 (cité par Bassano en 2003) comme des éléments « primaires », ayant

une autonomie de sens et de fonction, alors que les verbes sont des éléments «

secondaires » qui dépendent d‟au moins une relation avec un élément primaire. Enfin, il

considère les mots de fonction comme des éléments « tertiaires », qui dépendent d‟au

moins une relation avec un secondaire. Ces hiérarchies relationnelles organiseraient

l‟ordre et le rythme d‟acquisition des différentes catégories de mots, ce qui explique que

l‟acquisition d‟un certain stock de noms est nécessaire pour que les mots de fonction

puissent se développer.

A l‟adolescence, on relève des modifications sémantiques quant à l‟usage de certains

mots qui, par leurs récurrences et leur utilisation répandue, peuvent amener à de nouvelles

significations. De fait, des termes ayant un sens initial connoté négatif pourront alors être

transformés positivement (Karmiloff & Karmiloff-Smith, 2003). Ainsi, dans le langage

adolescent, « cette veste est démente » aura un sens positif. La langue n‟est donc pas

statique et son évolution peut amener à perturber certaines représentations initiales.

2. Développement du langage écrit

« Pour s’approprier le principe fondamental d’une écriture alphabétique, l’enfant doit

d’abord comprendre qu’un mot parlé est constitué d’unités élémentaires que les

linguistes appellent phonèmes, auxquelles correspondent des unités minimales de la

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langue écrite dénommées graphèmes. » (Colé & Fayol, 2000, p.152). Les compétences

lexicales ont également une influence majeure sur les capacités en lecture. Ainsi, la

compréhension d‟un texte et l‟identification du mot écrit sont étroitement liées (Alégria,

Leybaert & Mousty, 1994). L‟identification d‟un mot écrit consiste à mettre en lien une

forme écrite et une unité associée au sein du lexique interne.

Coltheart, en 1978, a défini un modèle de lecture à double voie comprenant la voie

d‟assemblage, également appelée voie phonologique, et la voie d‟adressage, considérée

comme la voie experte, aussi appelée voie lexicale. Lors de la lecture, le sujet peut d‟une

part utiliser la voie d‟adressage, employée généralement dans la reconnaissance des mots

fréquents et permettant ainsi un accès direct au lexique interne. D‟autre part, il peut

procéder par voie phonologique en assemblant chaque phonème (Alégria, Leybaert &

Mousty, 1994). Ce dernier procédé est particulièrement utilisé lors de l‟apprentissage de

la lecture ou en présence d‟un mot encore jamais vu, et peut s‟avérer plus ou moins

efficace selon la longueur du mot lu (Atzeni & Juphard, 2007). Toutefois, l‟usage de la

voie phonologique ne permet pas une prononciation correcte des mots irréguliers et peut

ainsi amener à des confusions lexicales (Atzeni & Juphard, 2007). Une étude de

Backman, Bruck, Hebert et Seidenberg de 1984, citée par Lecocq (1992), a montré qu‟au

début de l‟apprentissage de la lecture, les enfants avaient des performances plus faibles

pour les mots irréguliers que pour les mots réguliers.

Selon Colé et Fayol (2000), la conscience phonologique, qui est la capacité à segmenter

les mots, s‟avère nécessaire pour que l‟apprenti lecteur découvre les correspondances

systématiques entre les éléments des systèmes écrit (les graphèmes) et oral (les

phonèmes). Ainsi le décodage phonologique joue un rôle essentiel dans l‟acquisition des

connaissances lexicales (Pacton, Fayol & Lété, 2008) et, par extension, dans l‟accès aux

informations sémantiques par transfert d‟attention (Golder & Gaonac‟h, 1998).

III. Le langage de l’enfant sourd

1. Développement du système phonologique

Les travaux de Oller et coll. (1974) montrent que le développement phonologique chez

les enfants sourds, du fait du déficit sensoriel, pourrait être retardé par rapport aux

entendants. En effet, les indices phonémiques qui leur sont fournis par le langage oral

sont souvent déformés ou confondus (Leybaert, 1993). Les résultats d‟une étude de Dodd

menée en 1976 (citée par Lepot-Froment, 1996) montrent que le répertoire des unités

phonologiques utilisées par les enfants sourds est souvent incomplet, mais que les

phonèmes non produits correspondent aux phonèmes acquis plus tardivement chez les

enfants entendants. Cependant, toujours selon l‟étude de Dodd (1976), la lecture labiale

fournit des informations importantes pour la constitution d‟un système de règles

phonologiques. Toutefois, comme l‟expliquent Dupont et Lejeune en 2010, lire sur les

lèvres sans entendre est très difficile car certains phonèmes ont la même image labiale, ou

des images très proches, comme [p,b,m]. D‟autres, comme le [l] sont plus ou moins

visibles selon leur entourage phonémique. En effet, dans [la] le phonème [l] se distingue

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nettement au niveau labial, alors qu‟il est beaucoup plus difficile à observer dans [li].

Enfin, certains phonèmes, tels que [k, g, R] sont invisibles au niveau labial.

Les enfants sourds, en particulier ceux ayant reçu une éducation oraliste, bénéficient d‟un

certain accès à des représentations phonologiques mis en place grâce aux aides ou aux

restes auditifs qu‟ils peuvent avoir (Alégria & Leybaert, 1992). Les expériences indirectes

dérivées de l‟audition, telles que la lecture labiale, l‟articulation vont également

contribuer à ce travail de discrimination (Paire-Ficout, 1997). Des méthodes telles que la

dynamique naturelle de la parole (DNP) créée par Dunoyer de Segonzac en 1975, qui

consiste à voir et ressentir les caractéristiques mécaniques des mouvements articulatoires

grâce à plusieurs outils (massages, mouvements, peinture…), facilitent le développement

de la phonologie chez les enfants sourds. De même, le code LPC aide à l‟élaboration du

système phonologique chez les enfants sourds. Une bonne acquisition du système

phonologique aura une influence sur le développement du lexique et du système

sémantique.

2. Développement du lexique et du système sémantique

« La conséquence la plus redoutable d’une surdité profonde tôt acquise ou congénitale

est l’impossibilité d’accéder spontanément à la compréhension du langage. Des enfants

sourds peuvent articuler, lire et écrire sans rien comprendre à ce qu’ils énoncent ou en le

comprenant très imparfaitement. » (Sadek-Khalil, 1997, p.26). Les parents entendants

d‟enfants sourds ne présentent généralement pas un modèle linguistique entièrement

accessible à leur enfant. Le peu d‟expériences qui en résulte en terme de communication

explique en partie le faible bagage lexical des enfants sourds lors de l‟entrée à l‟école

(Marschark (1993), cité par Dubuisson et Bastien, 1998). En effet, selon Meadow (1980),

le développement lexical des enfants sourds de 4 et 5ans serait comparable à celui

d‟entendants de 2 ans et 6 mois.

De plus, les enfants sourds présentent la plupart du temps un déficit en ce qui concerne le

vocabulaire abstrait, leurs connaissances portant davantage sur les noms concrets et sur

les verbes d‟action (King & Quigley, 1985). Malgré un lexique spécifié pouvant se

révéler étendu, leurs difficultés portent le plus souvent sur des termes faisant référence à

des notions plus abstraites (Dumont, 2008). Dans une de ses études, Wells (1942), cité par

Lepot Froment et Clerebaut en 1996, a démontré qu‟à chaque niveau scolaire, les

entendants surpassent les sourds dans l‟utilisation de ce que l‟auteur considère comme des

mots « abstraits », car ceux-ci ne renvoient pas à un objet précis. Toutefois, un certain

progrès continu est également observé chez les jeunes sourds en fonction de l‟âge.

Le gain auditif que peut apporter l‟implant cochléaire a des répercussions sur le langage

oral et contribue au développement des compétences lexicales. En effet, Colleau (2002) a

montré qu‟après 3 ans d‟implantation, les sujets concernés affichent un meilleur niveau

lexical que ceux bénéficiant d‟un autre type d‟appareillage.

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3. Développement du langage écrit

L‟acquisition de la lecture est très affectée chez les enfants sourds sévères et profonds du

fait de leur accès limité au langage oral (Niederberger, 2007). En 1967, Weiner et Cromer

(cités par Dubuisson et Bastien en 1998) évoquent le « modèle du déficit » comme

pouvant expliquer les difficultés de lecture des enfants sourds. Ce modèle postule que les

malentendants n‟ont pas accès à certains éléments indispensables à l‟entrée dans la

lecture, en particulier, comme nous l‟avons vu précédemment, à l‟information

phonologique. En effet, certaines études citées par Dubuisson et Bastien (1998) telles que

celles de Marschark (1993), Lillo-Martin et al. (1991), King et Quigley (1985) ont statué

que la transcription grapho-phonologique jouait un rôle primordial dans l‟accès au sens

du mot. Or celle-ci semble défaillante chez l‟enfant sourd du fait de ses perceptions

auditives et sa maîtrise du français oral altérées. Néanmoins, des recherches plus récentes

présentées par Marschark (1993), King et Quigley (1985) et Rossi (1985) attestent que

l‟accès au sens du mot ne requiert pas nécessairement sa représentation phonologique et

qu‟une simple représentation visuelle (l‟apparence graphique) de celui-ci peut suffire à sa

compréhension (Dubuisson & Bastien, 1998). Toutefois, certains travaux ont démontré

que les compétences phonologiques étaient liées aux performances en lecture. Ainsi, les

travaux de Conrad (1979) cités par Alegria (1999) ont prouvé qu‟il existait même une

relation entre le niveau de lecture et le degré de surdité (Prélaz, 2000).

Lorsqu‟il entame sa scolarité, le jeune sourd aborde l‟apprentissage de l‟écrit alors qu‟il

est en phase d‟apprentissage de la langue (Sero-guillaume, 2009). Ce n‟est pas le cas des

enfants entendants qui sont censés avoir développé leur langage oral avant de rentrer dans

l‟écrit, ce qui leur permet de transcoder phonologiquement la forme écrite du mot et

d‟avoir ainsi accès à sa signification (Dubuisson et Bastien, 1998). Toutefois, Paire-

Ficout, en 1997, a révélé qu‟à niveau de langage écrit équivalent, les sourds plus âgés

bénéficiaient d‟un lexique orthographique plus riche que les entendants. Ceci peut

s‟expliquer par le fait qu‟au cours de leurs lectures, les personnes sourdes, grâce à des

capacités d‟analyse performantes (Paire-Ficout, 1997), ont probablement stocké plus

efficacement des formes orthographiques. Leur lecture devient alors plus « superficielle »,

ce qui leur permet d‟identifier plus rapidement dans les textes les mots déjà présents dans

leur stock (Alegria, 2006). Toutefois, certaines théories élaborées par Allen (1986) et

Conrad (1979), contestées par Dubuisson et Daigle en 1998, ont avancé l‟idée que, passé

un certain niveau, il existait une forme de « plafonnement » des performances chez les

lecteurs sourds.

Néanmoins, les représentations phonologiques étant fortement perturbées chez les jeunes

sourds, l‟apport du langage parlé complété (LPC) peut ainsi jouer un rôle primordial dans

l‟entrée dans le langage écrit. Cette méthode gestuelle mise au point par le docteur

Cornett (1967) vient soutenir la lecture labiale et permet un meilleur accès au message

oral en rendant visibles tous les contrastes phonologiques de la langue (Colin, 2004). Ce

système se compose d‟une série de configurations manuelles qui se combinent aux

mouvements labiaux favorisant ainsi l‟identification des phonèmes. De ce fait, le LPC

permet de supprimer les sosies labiaux susceptibles de perturber la compréhension du

message chez les sujets sourds (Lepot-Froment et Clerebaut, 1996) et augmentent ainsi

les compétences phonologiques. Or, Colé et Fayol (2000) mettent en avant l‟importance

des habiletés phonologiques pour l‟entrée dans le langage écrit. L‟usage précoce du LPC

permet ainsi une meilleure acquisition des représentations phonologiques et, par

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conséquent, un décodage phonologique plus efficace à l‟écrit favorisant l‟apprentissage

de la lecture (Colin, 2004).

Certaines études ont mis en évidence que l‟usage précoce des signes auprès des enfants

sourds tendaient à favoriser leur entrée dans la langue écrite (Stuckless & Birch, 1966 ;

Meadow, 1968 cités par Daigle, 1998). Une autre étude menée par Prinz et Strong (1997,

1998, cités par Prélaz, 2000) a montré que chez les enfants sourds, l‟apprentissage de

l‟écrit pouvait être facilité par de bonnes bases linguistiques en LSF. Cet enseignement

bilingue LSF/français écrit donne ainsi la possibilité aux enfants sourds d‟avoir accès aux

apprentissages scolaires essentiels, à l‟instar des entendants du même âge (Cuxac, 1998).

4. La langue des signes française : LSF

4.1. Caractéristiques de la langue des signes

Au même titre que pour les langues orales, des « traits phonologiques » ont été

déterminés comme traits caractéristiques aux langues des signes. Ces quatre classes

« phonologiques » sont la configuration, l‟emplacement, le mouvement et l‟orientation de

la main. Les signes constituent ainsi une structure séquentielle formée de ces quatre

paramètres qui s‟organisent entre eux (Charlier, 2006). Certains auteurs, comme Cuxac

(2000a et b) ou Bonnal-Vergès (2006a et b), cités par Bonnal-Vergès et Risler 2007

distinguent un cinquième paramètre constitutif de la LSF, l‟expression du visage. Il est à

noter en revanche que pour ces auteurs, les paramètres des signes de la LSF ne sont pas

considérés comme des « traits phonologiques » mais plutôt comme des morphèmes, dont

beaucoup ont une valeur sémantique.

Par ailleurs, la langue des signes est souvent caractérisée par son iconicité. Pour Huvelle

cité par Goasmat en 2008, l‟iconicité est « la relation de ressemblance entre une forme et

son contenu ou son référent ». Plus simplement, Daigle (1998) présente l‟iconicité

comme un principe selon lequel la configuration manuelle « ressemble » à la forme du

référent, que le mouvement du signe « ressemble » à celui du référent, etc. Toutefois,

bien que la langue des signes soit considérée comme iconique, la plupart des signes sont

aussi compliqués à comprendre pour un individu « extérieur » que pourraient l‟être les

mots d‟une langue étrangère (Goasmat, 2008). Cuxac (1996), cité par Demey, Van

Herreweghe et Vermeerbergen en 2008 suggère que la plupart des signes lexicaux

constituant les langues signées sont issues de structures iconiques. Lors de leur étude sur

l‟effet de l‟iconicité sur le vocabulaire, Courtin, Dubois, Hervé, Lawrin et Tzourio-

Mazoyer, en 2004, ont déterminé trois types de signes. Les signes iconiques

formationnels qui renvoient à la forme du référent, les signes iconiques fonctionnels qui

renvoient à une fonction du référent et les signes « abstraits » qui ne renvoient ni à la

forme ni à la fonction du référent.

Selon Bouvet (1997), citée par Siran en 2004, les signes relatifs aux objets concrets sont

généralement construits de deux façons différentes : par synecdoque, qui consiste à signer

la partie pour signifier le tout, ou le tout pour signifier la partie, et par métonymie qui

consiste à remplacer le terme propre par un autre qui lui est proche ou qui en représente

une qualité. En revanche, les signes relatifs aux notions abstraites sont davantage

construits par métaphore. Ainsi l‟acquisition des signes, et leur compréhension, dépend de

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leur construction et du référé auquel ils renvoient. Courtin, en 1997, a démontré l‟effet de

l‟iconicité du vocabulaire en LSF sur le développement cognitif de l‟enfant sourd.

4.2. Acquisition de la LSF

Il est bon tout d‟abord de distinguer les enfants sourds de parents sourds (seulement 10%

des sourds) et ceux de parents entendants (90%). En effet, l‟apprentissage de la langue

des signes va se faire de façon significativement différente dans ces deux groupes

(Karmiloff & Karmiloff-Smith, 2003). Pour le deuxième groupe évoqué, le diagnostic

souvent tardif et la situation familiale font que l‟apprentissage de la LSF se trouve retardé

ainsi que les processus d‟acquisition scolaire, du fait de l‟absence de mise en place d‟un

moyen de communication précoce (Prélaz, 2000). En ce qui concerne le premier,

l‟apprentissage et les stades d‟acquisition de la langue des signes vont être semblables à

ceux observés pour le langage de leurs pairs entendants. On relève ainsi des formes de

babil gestuel, l‟apparition de premiers mots isolés et une phase d‟ « explosion » du

vocabulaire. Dans une de leurs études, Bonvillian, Orlansky et Novak (1983) ont relevé

que, chronologiquement, l‟apparition des premiers signes chez les sourds se faisait avant

les premiers mots chez les entendants. On relève également très tôt, et de façon

comparable aux entendants, des limites dans les relations sémantiques lexicales.

Certaines recherches ont montré que peu de parents entendants d‟enfants sourds

utilisaient des gestes pour communiquer avec leur enfant. On peut ainsi considérer que

ceci pénalise ces enfants du fait de l‟absence de modèle langagier accessible par la voie

visuelle et d‟une incapacité à traiter le signal auditif. Ainsi l‟acquisition du langage s‟en

retrouve perturbée par la suite. Toutefois Goldin-Meadow et Feldman, en 1977, ont

démontré que, malgré l‟absence de modèle linguistique signé, ces enfants ont une

tendance naturelle à utiliser spontanément des signes inventés pour faciliter leur

communication (Karmiloff & Karmiloff-Smith, 2003). Ceci alimente l‟idée que tout

enfant sourd, malgré l‟accès à la langue orale dont il peut bénéficier, a une tendance

naturelle à utiliser les gestes pour renforcer sa compréhension.

5. Les enjeux de l’évaluation du langage des enfants sourds

Le contexte sociologique (90% des enfants sourds ont leurs parents entendants) et la mise

au ban encore importante de la LSF dans l‟enseignement font que l‟acquisition de la

langue des signes est très inégale au sein de la communauté sourde. Les variations

interindividuelles en terme de compétences linguistiques rendent essentielle et à la fois

complexe l‟évaluation des compétences langagières en langue des signes (Charlier, 2006).

Il n‟existe encore aucun outil standardisé permettant de tester les compétences

linguistiques en LSF des enfants et adolescents sourds. Or, il est nécessaire pour les

intervenants auprès de ces populations de connaître les composantes en lien avec la LSF

pouvant poser problème à l‟enfant (Courtin, Limousin & Morgenstern, 2010).

Toutefois, les rares essais de création d‟outils n‟ont pas abouti à des tests facilement

exploitables et, de plus, n‟explorent qu‟un nombre restreint de domaines. Le TELSF (test

en LSF, Niederberger et al., 2001) qui s‟adresse à des enfants âgés de 8 à 15 ans, évalue

les capacités de compréhension et d‟expression de classificateurs, la compréhension de

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marques spatiales et temporelles, et la compréhension et production de narration.

Cependant, ce test assez long à faire passer et à analyser, nécessite du matériel

d‟enregistrement vidéo pour les productions de l‟enfant et s‟avère réservé davantage à la

recherche scientifique (Courtin, Limousin & Morgenstern, 2010). Bien que le lexique ne

soit pas précisément évalué dans ce test, Niedeberger, en 2004, constate un lien très

important entre les capacités en français écrit et celles en LSF. Elle relève également que

cette relation se remarque d‟autant plus en compréhension qu‟en production.

Le Test of British Sign Language, receptive skills (Herman et al., 1999) est un test de

compréhension de courtes séquences en BSL (langue des signes britanique) pour lequel la

tentative d‟adaptation à la LSF, réalisée par Courtin, Limousin et Morgenstern en 2010,

ne s‟est finalement pas révélée valide.

L‟évaluation lexicale peut se faire en dénomination ou en désignation. Les épreuves

lexicales de désignation font appel chez l‟enfant à des capacités d‟attention, d‟inférence et

de déduction nécessaires pour sélectionner l‟item cible se mêlant à des distracteurs

d‟ordres sémantique, phonologique ou autre (Dumont, 2008).

Ainsi, le langage de l‟enfant sourd en LSF est un vaste domaine encore peu exploré.

Cependant, au même titre que pour les entendants, il est utile de connaître et d‟étudier les

différents mécanismes lexicaux pouvant influencer l‟acquisition et la maîtrise du langage

chez ces enfants.

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Chapitre II

PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESES

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I. Problématique

Dans le chapitre précédent, nous avons vu que la plupart des enfants sourds présentent un

retard par rapport aux entendants, tant dans les acquisitions lexicales et sémantiques que

dans celles du langage écrit. Il a en effet été montré qu‟ils présentent à la fois un déficit

en ce qui concerne le vocabulaire abstrait (Wells, 1942, cité par Lepot Froment, 1996) ;

King & Quigley, 1985) et des difficultés pour entrer dans la lecture, du fait, en particulier,

de leur accès déficitaire à la phonologie (Dodd, 1976, cité par Lepot Froment, 1996),

Weiner & Cromer, 1967).

Comme le fait remarquer Charlier en 2006, il existe de grandes variations

interindividuelles en termes de compétences linguistiques, qui rendent essentielle et à la

fois complexe l‟évaluation des compétences langagières en langue des signes française

(LSF). C‟est pourquoi il nous a semblé intéressant d‟étudier de plus près le lexique en

compréhension des sourds, à la fois en français écrit et en LSF, en particulier sur une

population d‟adolescents en intégration scolaire supposés avoir déjà une certaine maîtrise

du langage écrit. Nous avons ainsi créé un outil d‟évaluation testant différents critères du

lexique en compréhension des adolescents sourds, en LSF et en français écrit.

La question que nous nous posons donc est de savoir de quelle nature sont les différences

entre le vocabulaire des adolescents sourds et celui des adolescents entendants. En

parallèle, le but de notre étude est de savoir s‟il existe chez les adolescents sourds une

corrélation entre les performances en compréhension lexicale en français écrit et celles en

LSF.

Nous sommes donc amenés à formuler plusieurs hypothèses en lien avec les modalités

que teste le protocole.

II. Hypothèses

1. Hypothèses concernant la compréhension lexicale en français écrit

• Nous supposons que le niveau de performance global des adolescents sourds est

inférieur à celui des adolescents entendants.

• La distribution des erreurs, relatives au choix d‟un distracteur sémantique,

phonologique, visuel, gestuel ou neutre à la place de la réponse correcte, est différente

chez les adolescents sourds et chez les adolescents entendants.

• Il existe un effet du type d'item (fréquent ou non, long ou court, abstrait ou concret,

régulier ou irrégulier) sur les performances des adolescents sourds, et sur celles des

adolescents entendants. Ainsi, on s‟attend à observer sur les résultats des adolescents

sourds des effets de fréquence et de concrétude du mot, et de moindres effets de régularité

et de longueur.

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• Chez les adolescents entendants comme chez les adolescents sourds, on s'attend à

observer un effet de la classe sur les performances de compréhension lexicale écrite.

• Chez les adolescents sourds, on s‟attend à ce que les performances en français écrit

varient en fonction du degré de surdité et du type d‟aide auditive dont ils bénéficient.

2. Hypothèses concernant la compréhension lexicale en LSF

• Il existe un effet du type d'item (fréquent ou non, abstrait ou concret, iconique ou

non iconique) sur les performances des adolescents sourds en LSF.

• Les performances de compréhension lexicale en LSF des adolescents sourds varient

en fonction de la classe fréquentée.

• Les performances de compréhension lexicale en LSF des adolescents sourds varient

également en fonction de leur degré de surdité et du type d‟aide auditive dont ils

bénéficient.

3. Hypothèse concernant le protocole élaboré

Il existe une corrélation entre les performances de compréhension lexicale des adolescents

sourds dans la modalité « français écrit » et dans la modalité « LSF ».

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Chapitre III

PARTIE EXPERIMENTALE

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I. Présentation du protocole

Il a été proposé à des adolescents sourds en milieu intégré deux protocoles d'évaluation de

leur compréhension lexicale, l'un en modalité écrite, l'autre en LSF. Ces protocoles se

présentaient sous forme de diaporamas informatisés, et sollicitaient le choix d'une réponse

correcte (RC) parmi 4 distracteurs, en français écrit, ou 5 distracteurs, en langue des

signes française (LSF). Les distracteurs en question étaient contrôlés : distracteurs

sémantiques (DS), distracteurs phonologiques (DP), distracteurs visuels (DV),

distracteurs neutres, et – uniquement pour le protocole en LSF – distracteurs gestuels

(DG). Tous les items des deux formes du protocole (écrit et LSF) étaient définis selon

différentes variables, telles que leur longueur, concrétude, régularité orthographique,

fréquence. Une variable supplémentaire était prise en considération pour ce qui est des

items présentés en LSF : l‟iconicité.

En parallèle, le protocole en français écrit a été soumis à des collégiens entendants suivant

une scolarité ordinaire, afin que leurs résultats soient comparés à ceux des adolescents

sourds.

L'idée étant de réaliser des comparaisons entre la compréhension lexicale en français écrit

et en LSF, il a fallu sélectionner des items communs aux deux modalités. Toutefois, le

recouvrement des deux séries d'items n'est pas parfait, certains n'ayant pu être proposés

dans les deux modalités.

1. Le choix des items cibles

Les items cibles ont été sélectionnés à partir de la base lexicale informatisée Novlex

(Lambert & Chesnet, 2001), qui a pu fournir certains indices ayant servi aux choix

effectués. Plusieurs variables ont été prises en compte pour sélectionner les items de la

base de données, et il s‟agira d‟observer, lors de l‟analyse des résultats, si celles-ci ont

une influence sur les performances.

1.1. Variables retenues

Les mots retenus devaient répondre à chacune des variables suivantes, selon la modalité

(LSF ou écrit), ce qui restreignait fortement nos possibilités de choix d‟items. En effet,

cela nous a parfois empêché de trouver suffisamment de mots répondant à un ensemble de

variables. En particulier, pour les items écrits, il nous a été impossible de répertorier

suffisamment de mots répondants aux variables cumulées suivantes : « fréquent »,

« concret », « long » et « irrégulier ».

1.1.1. Variable fréquence

Le critère de fréquence a constitué le socle de nos recherches lexicales menant à

l‟élaboration de notre base de données. Nous nous sommes référés à une base de données

informatisée, Novlex (Lambert & Chesnet, 2001), établie à partir d‟ouvrages scolaires de

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CE2 et comprenant 417000 mots dont la fréquence d‟occurrence totale est rapportée à 100

millions. Après avoir parcouru en détail la base, nous avons fait le choix de fixer le seuil

de fréquence d‟occurrence à 5000 et de considérer, donc, comme « peu fréquents » les

mots dont la fréquence était inférieure à cette valeur et « fréquents » ceux excédant cette

valeur.

1.1.2. Variable longueur

Il est établi que l‟utilisation de la voie lexicale chez les lecteurs non experts reste fragile

du fait d‟un stock orthographique, voire lexical, encore faible. Ainsi certains mots

requièrent chez ces lecteurs l‟utilisation de la voie indirecte pour pouvoir l‟identifier.

Dans ce cas précis, la longueur du mot peut avoir une influence sur son identification.

Nous avons décidé d‟établir la longueur du mot selon le nombre de lettres le composant,

et non le nombre de syllabes, ni de phonèmes. Nous avons déterminé pour cette variable

deux modalités : « Court » et « Long ». Ainsi, les mots sont considérés comme « courts »

quand ils comportent 6 lettres ou moins , et « longs » lorsqu‟ils sont strictement

supérieurs à 6 lettres.

Cette variable n‟a pas été retenue pour les items de la passation LSF, considérant que la

reconnaissance du signe n‟implique pas une représentation de la forme orthographique du

signifié. Selon ce raisonnement, la longueur du mot n‟intervient pas dans la

reconnaissance du signe et donc dans l‟accès au sens.

1.1.3. Variable régularité orthographique

Alegria (2006) a étudié le fait que les enfants sourds bénéficiaient d‟un stock

orthographique plus important que leurs pairs entendants au même âge. De plus, les

enfants sourds, du fait d‟un accès réduit au langage oral, ont tendance à moins passer par

un transcodage phonologique lors de la lecture d‟un mot. Ainsi, l‟efficacité réduite de la

conversion graphème-phonème pourrait avoir une moindre influence sur la

compréhension chez les sujets sourds.

La variable est partagée en deux modalités : « Régulier » et « Irrégulier ». Lecocq, en

1992, définit comme « réguliers » les mots dont la prononciation correcte peut être

dérivée de l‟orthographe, sur la base d‟une connaissance des correspondances graphème-

phonème. A l‟inverse, les mots « irréguliers » sont ceux dont la prononciation correcte ne

peut être obtenue de cette manière. Pour les mêmes raisons que celles invoquées pour la

variable longueur, celle de la régularité orthographique n‟a pas fait l‟objet d‟un critère de

sélection des items de la passation LSF.

1.1.4. Variable concrétude

Deux modalités sont opposées pour ce critère : « Concret » et « Abstrait ». Les mots

concrets correspondent à des mots tangibles, qui ont une matérialité, et les mots abstraits

comme non tangibles, qui n'ont pas de matérialité. A partir de ces définitions, nous avons

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ainsi réparti chaque item selon que nous les considérions comme « concrets » ou «

abstraits ».

1.1.5. Variable iconicité

Cette variable est sujette à de nombreuses discussions, car il est difficile de définir

précisément, de manière tranchée, les signes étant « iconiques » et « non iconiques ». Elle

présente plusieurs dimensions qualitatives, nous parlerons donc de signes « plus

iconiques» et « moins iconiques ».

Afin d‟objectiver autant que possible ce critère, nous avons réalisé une étude pilote lors

de laquelle nous avons présenté les signes en LSF de notre base de données à 15 adultes

entendants. Nous leur avons ensuite demandé d‟attribuer une note à chaque vidéo. Ainsi,

le classement des items a été établi selon un barème allant de 1 à 4. 1 pour les signes étant

considérés comme « transparents » c'est-à-dire dont la configuration manuelle «

ressemble » à la forme du référent, que le mouvement du signe « ressemble » à celui du

référent, et 4 étant les signes considérés comme « opaques », dont la configuration

manuelle et/ou le mouvement ne laissent en rien deviner le référent. Nous avons ensuite

regroupé les items 1 et 2 et les avons définis comme « plus iconiques » et les items 3 et 4

ont été définis comme « moins iconiques ». Les résultats de cette étude pilote figurent

dans l‟annexe II (p. 82).

Cette variable nous a semblé utile à prendre en compte seulement dans la passation LSF.

1.2. Spécificités en fonction de la modalité de passation

Certaines variables étaient intéressantes à préserver et analyser d‟une modalité à l‟autre

(écrit / LSF), d‟autres se sont avérées superflues et n‟ont pas été retenues selon la

modalité. Ceci était nécessaire à la cohérence de notre évaluation et de nos analyses.

1.2.1. Spécificités du protocole en français écrit

Les variables qu‟il nous a semblé pertinent de retenir pour la modalité français écrit sont

la fréquence, la longueur, la régularité orthographique et la concrétude.

Toutefois, il est à signaler que pour cette modalité les variables ne sont pas tout à fait

également représentées du fait de l‟impossibilité de trouver suffisamment d‟items

regroupant certaines variables. En effet, il a été impossible, par exemple, de trouver

suffisamment de mots regroupant les variables « fréquent », « concret », « long » et «

irrégulier ».

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Tableau 1 : variables étudiées dans le protocole en français écrit

Variables Quantité Exemples

fréquent / peu fréquent 46 / 47 allumette / août

long / court 46 / 47 allumette / août

régulier / irrégulier 48 / 45 allumette/ août

concret / abstrait 48 / 45 allumette / août

1.2.2. Spécificités du protocole en LSF

Concernant les items en LSF, nous n‟avons retenu que les variables de fréquence, de

concrétude et d‟iconicité. Il n‟existe pas à ce jour de base de données établissant la

fréquence d‟occurrence des signes de la LSF et à laquelle nous aurions souhaité pouvoir

nous référer. Nous avons donc décidé de conserver Novlex comme base de référence en

supposant que la fréquence d‟occurrence à l‟écrit établie à partir de manuels scolaires et

celle de signes issus de la LSF devaient être sensiblement comparables pour un même

mot.

De plus, lors de la sélection des items pour cette modalité, nous avons exclu toute

variable liée à des traitements d‟ordre orthographique ou phonologique. En effet,

l‟important traitement visuel impliqué dans la reconnaissance du signe ne semble pas

sensible à la forme écrite du signifié ni à une proximité phonologique du mot concerné.

Dans certaines études, King et Quigley (1985) ; Wells (1942), cités par Lepot Froment en

1996, ont constaté que les sourds avaient des difficultés dans le traitement des notions

abstraites. Cette variable sera ainsi intéressante à étudier d‟une population à l‟autre, et en

comparaison aux autres variables. L‟iconicité est la variable la plus spécifique à la LSF, et

ne pouvait bien sûr être étudiée que dans cette modalité.

Tableau 2 : variables étudiées dans le protocole en LSF

Variables Quantité Exemples

fréquent / peu fréquent 34 / 34 aiguille / mépris

concret / abstrait 34 / 34 aiguille / mépris

iconique / moins iconique 34 / 34 aiguille / mépris

2. Le choix des distracteurs

Différents distracteurs ont été retenus pour être présentés au choix des adolescents testés.

Ceux-ci ont été sélectionnés en fonction de la nature de leur lien avec les items cibles :

une proximité de nature sémantique, phonologique, visuelle, gestuelle ou neutre. Ils ont

pour objectif de perturber le choix du sujet afin de pouvoir établir la précision de ses

connaissances lexicales. De plus, le type de distracteur éventuellement sélectionné par

l‟adolescent sourd ou entendant soumis à l‟évaluation pourra fournir des indices quant à

la construction du lexique de ce sujet. Cela permettra également de donner une tendance

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du genre d‟erreurs produites chez certains types de sujets si celles-ci se constatent à

maintes reprises.

Les différents distracteurs et l‟item cible sont disposés aléatoirement sur l‟écran,

selon un ordre défini par une table de randomisation obtenue sur le site internet

(www.randomizer.org).

2.1. Distracteurs sémantiques

Ce distracteur partage un lien sémantique le plus proche possible avec le mot cible. Il a

été constaté que les sujets sourds bénéficiaient d‟un faible bagage lexical (Marschark cité

par Dubuisson et Bastien, 1998) ainsi la distinction entre certains termes sémantiquement

proches peut parfois s‟avérer difficile. De ce fait, un même mot sera susceptible d‟être

assimilé à un certains nombre de mots ayant une proximité sémantique forte. appartenant

au même champ sémantique, surtout pour des signifiés particulièrement proches..

Certains de ces distracteurs ont également été sélectionnés de façon à partager une

proximité visuelle avec la photo cible susceptible de renforcer la confusion sémantique

(par exemple, le distracteur sémantique associé à « aigle » est « oiseau »).

2.2. Distracteurs phonologiques

Du fait de leur perception auditive perturbée, la construction des représentations

phonologiques chez les jeunes sourds s‟en retrouve affaiblie. Toutefois, ils ont pour la

plupart su développer un système phonologique généré par des restes ou des gains

auditifs, ou encore par des supports visuels tels que la lecture labiale ou une exposition à

la langue parlée complétée (LPC). Ces supports visuels leur permettent un accès, même

restreint, au langage oral. Cependant, il est évident que ce système reste fragile chez ces

sujets.

Aussi le distracteur phonologique a-t-il été choisi de façon à ce que le mot correspondant

à la photographie partage le plus de traits phonémiques possible avec le mot de l‟item

cible, et, dans l‟absolu, que celui-ci soit le plus facilement évocable à partir de la photo le

représentant. De fait, pour certains items, et en particulier ceux dont le mot répond au

critère de longueur (plus de 6 lettres), il était plus difficile de déterminer des mots ayant

un certains nombres de phonèmes communs au mot cible (exemple : « gomme » pour «

chewing-gum »).

2.3. Distracteurs visuels

Le distracteur visuel a pour but d‟établir la solidité des représentations mentales et par

extension lexicales du sujet. Le mot correspondant à l‟image de ce distracteur ne partage

aucun lien sémantique ni phonémique avec le mot cible mais la simple proximité des

indices visuels peut constituer un motif de confusion dans le cas où les représentations

mentales liées au mot cible ne seraient pas suffisamment solides.

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2.4. Distracteurs neutres

Ce distracteur a été sélectionné de façon à ce qu‟il ne partage ni lien sémantique, ni

phonologique, ni visuel, ni gestuel avec l‟item cible. Il représente une valeur contrôle car,

du fait qu‟il ne partage aucun lien avec l‟item cible, il devrait ainsi être moins sélectionné

par le sujet et permettre de mettre en avant la pertinence du choix des autres images.

2.5. Distracteurs gestuels

Ce distracteur a été retenu et pris en compte uniquement pour la passation LSF. A l‟image

des traits phonémiques communs privilégiés dans le cas du distracteur phonologique, le

distracteur gestuel a été sélectionné selon le nombre de paramètres communs liés au

signe correspondant à l‟item cible. Ainsi le signe « distracteur » devait partager au moins

deux caractéristiques communes avec le signe du mot cible parmi les suivantes : la

configuration, l‟emplacement, le mouvement et l‟orientation de la main.

Tableau 3 : Exemple d‟un item cible et de ses différents distracteurs

Item cible DG DS DP DN DV

Beurre glisser Huile Heure canard savonnette

Figure 1 : photographies de l‟item cible et de ses différents distracteurs

3. Construction de l'épreuve

3.1. Généralités

Les protocoles devant consister en un choix d'un item cible parmi les distracteurs

présentés ci-dessus, il a fallu construire une base de photographies à même d'imager tous

les items cibles et tous les distracteurs. En outre, le protocole en LSF a imposé que soit

filmé un adulte sourd signant expert, exécutant les signes correspondant aux items cibles.

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L‟utilisation de photographies nous a semblé le choix le plus judicieux. En effet, cela

nous a permis un gain de temps précieux car nous avions la possibilité de faire ces photos

nous-mêmes et ne dépendions pas d‟un intervenant extérieur à notre mémoire. Nous

avons donc pu les obtenir rapidement et, grâce à la participation d‟amis et de membres de

notre famille volontaires, nous n‟avons pas eu de problèmes de soumission à des droits

d‟auteur et droit à l‟image. De plus, certains photo-montages ont été réalisés afin de coller

au plus près à l‟item que nous voulions représenter. Enfin, ce type de support nous

semblait suffisamment attractif pour maintenir l‟attention des sujets pendant toute la

durée de notre protocole, sans être pour autant trop infantilisant.

En revanche, la possibilité de produire ou trouver des photos correspondant aux items

cibles et aux distracteurs s'est avérée être une contrainte supplémentaire dans le choix des

items. Par exemple, nous avons été contraints d‟abandonner les items « sagesse » et

« insolent », faute de pouvoir mettre en scène une situation permettant de les représenter.

Le matériel créé est réuni sur CD (Tome II), ce support étant incontournable du fait de la

dimension séquentielle et simultanée des gestes. La liste complète des items retenus et de

leurs distracteurs respectifs figurent en annexe page 84.

3.2. Spécificités du protocole en LSF

Pour l‟évaluation du lexique en LSF, nous nous sommes en premier lieu interrogés sur

les modalités de présentation de la consigne et des signes correspondant aux items cibles.

Pour les élaborer, trois options s‟offraient en effet à nous.

Nous avons tout d‟abord envisagé de signer nous-mêmes les signes à l‟adolescent mais

pour des raisons de standardisation des gestes proposés, cette éventualité a été écartée.

Nous ne pratiquions en effet ni l‟un ni l‟autre suffisamment bien la LSF pour pouvoir

signer nous même les items de notre protocole lors de chaque expérimentation, sans

risque de déformation ou de biais. Puis, l‟idée de signes dessinés, tels qu‟on peut les

trouver dans les dictionnaires de traduction, s‟est vite révélée inenvisageable au vu de la

forme peu écologique et parfois difficilement représentable de ces gestes.

L‟utilisation d‟un support vidéo nous a donc semblé un choix judicieux. Nous ne

pouvions en revanche pas utiliser les vidéos présentes sur internet dans les dictionnaires

en ligne car elles sont soumises à des droits à l‟image et à des droits d‟auteurs. On note

également en LSF, comme dans les langues orales, des disparités régionales. Certaines

idées, mots, concepts seront signés différemment à Paris, Lyon ou Marseille. Il nous

fallait donc utiliser une LSF « lyonnaise » afin de rendre compte au mieux des

connaissances lexicales des adolescents que nous avons rencontrions. Pour réaliser ces

signes, nous avons donc bénéficié de l‟aide précieuse d‟Hervé Augros, professeur sourd

signant de la région lyonnaise intervenant au SSEFIS Recteur Louis. Chaque mot lui était

présenté à l‟écrit et, en concertation avec notre maître de mémoire, Brigitte Chaput-Petit,

pratiquant également la LSF, un signe était attribué à chaque mot écrit, puis filmé. Notons

que certains signes étaient accompagnés d‟une labialisation inhérente à leur réalisation

(exemple : « chaud », « envie »). Leur aide a également été précieuse lors de la recherche

des distracteurs gestuels des items entrant en compte dans le protocole en LSF.

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4. Modalités de passation

Les deux versions du protocole (écrit et LSF) ont été proposées aux adolescents sourds en

passation individuelle, en deux sessions distinctes, la première dévolue à la passation du

protocole en français écrit, la seconde consacrée à la passation du protocole en LSF. Le

délai entre les passations était d‟au moins deux semaines pour limiter tout effet

d‟apprentissage. Le protocole en français écrit a par ailleurs été proposé à des groupes

témoins d'adolescents entendants suivant une scolarité ordinaire, cette fois ci en passation

collective (par classe entière), afin que leurs résultats soient comparés à ceux des

adolescents sourds.

Nous avons dans un premier temps proposé le protocole en français à notre population

témoin, à la fin du mois de janvier 2011. Pour cela, nous nous sommes rendus deux

mardis de suite dans un collège de l‟agglomération lyonnaise afin d‟y rencontrer une

classe de chaque niveau scolaire. Nous avons en parallèle débuté le 31 janvier 2011 la

passation du protocole en français écrit auprès de notre population test, en nous rendant

auprès de chaque adolescent sourd, dans son collège, lors de sa séance d‟orthophonie.

Quinze jours ayant été nécessaires pour évaluer l‟ensemble de notre population sur ce

protocole, nous avons ensuite débuté la passation du protocole en LSF le 14 février. Là

encore, les rencontres avec les jeunes sourds avaient lieu durant leur séance

d‟orthophonie, et se sont réparties sur quinze jours.

4.1. Passation du protocole en français écrit

Notre protocole a donc été présenté aux sujets sous forme de diaporama informatisé.

La consigne a en premier lieu été donnée pour chaque sujet en français oral, en veillant à

prononcer l‟énoncé de façon claire. Au besoin, nous avons parfois présenté cette consigne

en français écrit et en LSF, sous forme de vidéo, aux adolescents sourds, afin de ne pas

biaiser les résultats du fait d‟une mauvaise compréhension de la consigne. Cette consigne

était accompagnée de la présentation d‟un item d‟exemple préalable à la passation.

Après avoir répondu aux éventuelles questions du sujet concernant la passation, le

diaporama était lancé. L‟adolescent voyait donc défiler les items de la façon suivante :

dans un premier temps, un mot s‟affichait à l‟écran (l‟item cible), puis il disparaissait et

laissait place à 5 photos. Le sujet devait alors choisir celle qui représentait le mot venant

de s‟afficher, et cocher dans une grille-réponses (cf. annexe IV) le numéro correspondant

à cette photo. Une seule réponse était possible par item. L‟adolescent était autorisé à

rester autant de temps que nécessaire sur chaque « slide », et pouvait revenir sur un item

s‟il avait besoin de plus de temps, que ce soit pour la lecture du mot ou pour le choix de la

photo. Ces pauses et ces retours en arrière n‟étaient en revanche pas encouragés mais ont

été notés.

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item cible

choix de l‟item

réponse

Figure 2 : Procédure de notre procotole en français écrit

En outre, le protocole a été proposé en passation collective aux sujets entendants selon

les modalités particulières suivantes. Le diaporama était présenté à la classe entière sur

grand écran au moyen d‟un vidéoprojecteur, le temps de présentation de chaque item était

limité. L‟item cible s‟affichait à l‟écran durant 4 secondes, puis il disparaissait et laissait

place aux photos durant 10 secondes. Ensuite, un nouvel item apparaissait. Les retours en

arrière n‟étaient pas autorisés, du fait de la passation collective.

4.2. Passation du protocole en LSF

La passation du protocole en LSF a suivi le même processus. La consigne était donnée en

français oral - toujours en veillant à prononcer l‟énoncé de façon claire - et si besoin en

français écrit et en LSF pour éviter toute confusion. Il n‟y avait, en revanche, pas d‟item

d‟exemple, les sujets connaissant déjà le déroulement de notre protocole.

Après avoir répondu aux différentes questions du sujet concernant la passation, le

diaporama était donc lancé. L‟adolescent voyait défiler les items de la même façon. Dans

un premier temps, la vidéo d‟un signe en LSF s‟affichait à l‟écran (l‟item cible), puis

disparaissait et laissait place à 6 photos. Le sujet devait alors choisir celle qui représentait

le signe venant de s‟afficher, et cocher dans la grille-réponses (cf. annexe IV) le numéro

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correspondant à cette photo. Une seule réponse était possible par item. Pour cette

passation, l‟adolescent faisait défiler lui-même les « slides » du diaporama et était

autorisé à rester autant de temps que nécessaire sur chaque « slide ». Il pouvait revenir

sur un item s‟il avait besoin de visionner de nouveau un signe, ou pour le choix de la

photo. Les longues pauses et les retours en arrière ont été là encore notés.

Ce protocole était naturellement réservé aux adolescents sourds et n‟a pas été proposé à

notre population contrôle.

Signe en LSF

Choix de l‟item

Réponse

Figure 3 : Procédure de notre protocole en LSF

La notation des résultats s‟est faite de deux façons : à la fois d‟une manière quantitative

et qualitative. En effet, les réponses des deux modalités ont été recueillies dans des

grilles, ce qui nous a permis de calculer un taux de réussite pour chaque adolescent,

chaque classe et chaque item, ainsi qu‟un taux de sélection de chaque distracteur pour

chaque item, mot ou signe. Tous ces résultats ont ensuite été entrés dans un tableau

informatique en vue d‟une analyse statistique.

Nous avons également noté, pour notre population test, tous les retours en arrière, les

questions, les remarques, le temps de latence et les oralisations éventuels de chaque

adolescent.

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II. Présentation des sujets évalués

Deux groupes distincts d'individus ont été soumis aux protocoles présentés ci-dessus : des

adolescents sourds, et des adolescents entendants au titre d'un groupe témoin.

1. Groupe test : des adolescents sourds en intégration scolaire

Afin de tester notre protocole, nous avons choisi de le soumettre à 29 adolescents sourds

accompagnés par le Service de Soutien à l'Education Familiale et à l'Intégration Scolaire

(SSEFIS) Recteur Louis, intervenant sur l‟agglomération lyonnaise ainsi qu‟à

Villefranche. Ce service a pour objectif d‟accompagner les adolescents sourds dans la

poursuite de leur scolarité, au maximum de leurs possibilités, avec des soutiens adaptés

(pédagogiques, orthophoniques, psychologiques, éducatifs, médicaux), et de favoriser

leur insertion sociale et professionnelle. Nous avons choisi d‟évaluer les jeunes suivis

dans le cadre du SSEFIS pour leur bilinguisme français écrit-LSF supposé.

Ces adolescents, âgés de 12 ans 8 mois à 17 ans 9 mois ont été choisis en fonction de leur

degré de surdité, de l‟aide auditive dont ils bénéficient et de leur scolarisation. Nous

avons pu vérifier ces critères grâce aux données du SSEFIS Recteur Louis et aux

questions posées aux adolescents et aux orthophonistes les prenant en charge. Ainsi, pour

être inclus dans notre étude, ces adolescents devaient être atteints d‟une surdité moyenne

à profonde et bénéficier d‟une aide auditive ; c'est-à-dire être porteur d‟un implant

cochléaire et d‟une prothèse controlatérale, d‟un implant seul, ou de prothèses auditives.

Les derniers tests auditifs concernant ces adolescents remontent tous à moins d‟un an et

demi. De plus, ces adolescents sont tous scolarisés en intégration dans des classes

d‟entendants, dans différents collèges de l‟agglomération lyonnaise.

Nous avons, en revanche, exclu de l‟étude les adolescents sourds accompagnés

présentant des troubles associés avérés de la personnalité, de la cognition, ou porteurs de

syndromes poly-malformatifs. Certains des sujets testés avaient des troubles associés

suspectés mais non diagnostiqués, nous avons choisi de les évaluer quand même, et

finalement d‟inclure leurs résultats à notre étude car ils ne différaient pas de ceux des

autres adolescents sourds. Nous nous sommes également renseignés sur la surdité des

parents et des frères et sœurs, la place et le degré d‟utilisation de la LSF dans la famille, le

nombre d‟heures de cours de LSF dont ont bénéficié certains des adolescents depuis leur

naissance afin de procéder à une analyse qualitative. De même, nous avons relevé les

informations concernant le sexe, le type d‟aide auditive et le degré de surdité.

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38

Tableau 4 : Caractéristiques de l‟échantillon de population test

Sujet âge lors de l’évaluation

Sexe classe Degré de surdité* Implant cochléaire

C. 12 ans 4 mois M 6ème M NON

S. 12 ans 9 mois F 6ème P OUI

P. 13 ans 2 mois F 5ème P OUI

M. 13 ans 3 mois M 5ème S NON

N. 13 ans 6 mois F 5ème P NON

C. 13 ans 11 mois F 5ème M NON

N. 14 ans F 5ème S NON

E. 13 ans 8 mois M 4ème M NON

R. 13 ans 11 mois M 4ème P NON

M. 13 ans 11 mois F 4ème M NON

M. 14 ans 2 mois M 4ème M NON

K. 14 ans 6 mois M 4ème M NON

L. 14 ans 7 mois F 4ème P OUI

J. 14 ans 9 mois M 4ème P OUI

V. 14 ans 9 mois M 4ème M NON

J. 15 ans M 4ème P OUI

B. 14 ans 6 mois F 3ème P OUI

P. 14 ans 6 mois F 3ème S NON

A. 15 ans 2 mois M 3ème M NON

J. 15 ans 2 mois F 3ème M NON

L. 15 ans 4 mois M 3ème P OUI

I. 15 ans 5 mois M 3ème P OUI

M. 15 ans 6 mois M 3ème P NON

M. 15 ans 7 mois F 3ème P NON

A. 15 ans 10 mois F 3ème P OUI

A. 15 ans 11 mois F 3ème P NON

D. 16 ans 1 mois M 3ème P OUI

A. 16 ans 3 mois M 3ème S NON

C. 17 ans 3 mois F 3ème P NON

* M = surdité moyenne, S = surdité sévère, P = surdité profonde.

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39

2. Groupe contrôle : des adolescents entendants

Afin de pouvoir comparer les résultats des adolescents sourds obtenus, nous avons choisi

d‟évaluer des adolescents entendants, appariés en classes. Nous avons donc pour cela fait

passer notre protocole en français écrit à quatre classes d‟un collège de la proche banlieue

lyonnaise, une classe de 6ème, une classe de 5ème, une classe de 4ème et une classe de

3ème.

Pour être inclus dans notre population contrôle, les adolescents testés ne devaient

présenter aucun trouble de l‟audition, et ne pas avoir suivi une scolarité atypique.

Tableau 5 : caractéristiques de l‟échantillon de population témoin

Classe de 6ème

Classe de 5ème

Classe de 4ème

Classe de 3ème

Effectif 23 20 20 20

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40

Chapitre IV

PRESENTATION DES RESULTATS

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I. Résultats concernant le protocole en français écrit

Pour chacun des items, un choix entre différentes réponses possibles s‟offrait aux

adolescents testés. Si la photographie choisie ne correspondait pas à la réponse correcte

(Rc), elle correspondait alors à un distracteur sémantique (DS), phonologique (DP), visuel

(DV) ou neutre (DN). L‟adolescent pouvait également choisir de s‟abstenir de répondre,

ce que nous cotions en « Ne Se Prononce pas » (NSP).

1. Résultats de la population test

Nous avons conçu notre protocole en français écrit de façon à pouvoir observer finement

les compétences lexicales des adolescents sourds en lecture. Les items ont été choisis

selon des critères précis pouvant avoir une influence dans la reconnaissance du mot écrit,

autant chez les sujets sourds que chez les entendants. Les résultats obtenus par chacune

des populations permettront d‟observer si l‟effet de ces critères est confirmé, et en quelle

mesure. Nous avons, de plus, tenu à distinguer les résultats des sujets selon leur niveau

scolaire afin d‟analyser un éventuel effet de la classe dans les performances et les choix

de distracteurs.

Notre échantillon de sujets sourds (N=29) a, pour cette analyse, été scindé en 2 groupes

comprenant les élèves de 6ème

et 5ème

pour l‟un (N=7), 4ème

et 3ème

pour l‟autre (N=22).

L‟échantillon de sujets témoins, plus important (N=83), a pu être regroupé par niveaux

scolaires isolés ; 6ème

(N=23), 5ème

(N=20), 4ème

(N=20) et 3ème

(N=20).

1.1. Résultats selon le niveau scolaire

Afin d‟observer un éventuel effet de la classe sur les réponses, nous avons étudié les

résultats en fonction du niveau scolaire des adolescents.

Tableau 6 : taux de sélection des réponses possibles selon le niveau scolaire

– moyenne, (écart type)

%RC %DS %DP %DV %DN %NSP

6ème

-5ème

N=7

89,86

(4,68)

6,91

(2,77)

0,61

(0,85)

2,30

(2,19)

0,15

(0,41)

0,15

(0,41)

4ème

-3ème

N=22

88,08

(8,67)

5,33

(2,75)

1,66

(3,60)

2,30

(2,11)

0,68

(1,43)

1,96

(3,98)

On remarque une moyenne de résultats légèrement supérieure chez les élèves de 6ème

/5ème

,

ce qui peut s‟avérer surprenant, même si la différence n‟est pas statistiquement

significative. Par ailleurs, on remarque que la répartition des réponses correctes des

4ème

/3ème

est moins homogène (écart type de 8,67) que celle des 6ème

/5ème

(écart type de

4,68).

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1.2. Résultats selon le type d’items

Nous nous sommes alors intéressés aux résultats, au regard des différentes variables

caractérisant les items.

Tableau 7 : taux de réussite selon le type d‟item – moyenne, (écart type)

Fréquence Régularité Longueur Concrétude

Fréquents

N=46

Non

Fréquents N = 47

Réguliers

N=48

Irréguliers

N=45

Longs

N=46

Courts

N=47

Concrets

N=48

Abstrait

N=45

Sourds N=29

93, 33%

(8,33)

83,86%

(18,28)

87,64%

(16,36)

89,5%

(13,41)

87,18%

(13,54)

89,88%

(16,26)

89, 12%

(16,16)

88,0%

(13,88)

On relève une nette différence des performances des adolescents sourds selon la

fréquence de l‟item. En effet, les items fréquents sont mieux réussis (93,33% de réussite)

que les non fréquents (83,86%). Grâce au test de Student mené sur ces résultats, on

observe chez les adolescents sourds un effet de fréquence significatif, tant sur le taux de

réponses correctes, avec p<0,002 que sur le choix du distracteur sémantique (p<0,03) ou

sur les non-réponses (p<0,0004). Autrement dit, plus un item est fréquent, plus le taux de

réussite est élevé. En revanche, moins l‟item est fréquent, plus le taux de sélection des

distracteurs sémantiques et l‟absence de réponses sont élevés.

Un effet de longueur significatif est également remarqué sur les distracteurs

phonologiques avec p<0,009. Ce qui signifie que le choix des distracteurs phonologiques

est influencé par la longueur du mot.

On ne constate, en revanche, aucun effet significatif de concrétude ou de régularité sur les

performances.

1.3. Résultats selon le degré de surdité

Afin de constater ou non une éventuelle influence du degré de surdité sur les

performances, nous avons choisi de séparer notre population témoin en deux groupes

distincts. Pour bénéficier d‟une cohorte suffisamment conséquente, nous avons regroupé

les sourds moyens et sévères, et comparé leurs résultats à ceux des sourds profonds.

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Tableau 8 : taux de sélection des réponses possibles selon le degré de surdité

(« M-S »=surdité moyenne à sévère, « P »=surdité profonde) – moyenne, (écart type)

%RC %DS %DP %DV %DN %NSP

M-S N=13

91,98

(5,7)

4,72

(2,43)

0,17

(0,4)

1,90

(2,07)

0,17

(0,4)

1,08

(3,26)

P N=16

85,69

(8,37)

6,52

(2,87)

2,42

(4,03)

2,62

(2,11)

0,87

(1,63)

1,88

(3,82)

La performance des adolescents atteints de surdité profonde est inférieure à celle

constatée chez des sujets atteints de surdités moyenne et sévère. Cette différence est

statistiquement significative, avec p<0,03.

Par ailleurs, on remarque que le taux de sélection de distracteurs phonologiques est

nettement plus élevé chez les sujets atteints de surdité profonde, ce qui est significatif,

avec p<0,05.

De plus, on remarque des résultats plus hétérogènes chez les adolescents souffrant de

surdité profonde (écart type = 8,37).

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

Rc DS DP DV DN NSP

Réponses

Tau

x d

e s

éle

cti

on

M-S

P

0

10

20

30

40

50

60

70

DS DP DV DN NSP

Erreurs

Tau

x d

e sélectio

n

M-S

P

Figure 4 : taux de sélection des réponses possibles en français Figure 5 : distribution des erreurs en français écrit selon le degré

écrit selon le degré de surdité de surdité (« M-S »=surdité moyenne à sévère,

(« M-S »=surdité moyenne à sévère, « P »=surdité profonde) « P »=surdité profonde)

NB : Les résultats chiffrés de la figure 5 n‟apparaissent pas dans les tableaux. Ils ont

été obtenus par un calcul du pourcentage de sélection de chaque distracteur par rapport

au nombre total d‟erreurs commises.

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1.4. Résultats selon le type d’aide auditive

Nous avons ensuite séparé les sujets selon le type d‟aide auditive dont ils bénéficient, afin

d‟en observer une éventuelle influence sur les résultats.

Tableau 9 : taux de sélection des réponses possibles

selon le type d‟aide auditive – moyenne, (écart type)

%RC %DS %DP %DV %DN %NSP

Implant cochléaire N=10

90,43

(4,23)

5,27

(2,66)

1,08

(1,01)

1,51

(1,84)

0,43

(1,04)

1,29

(3,35)

Prothèse auditive classique N=19

87,49

(9,15)

5,94

(2,9)

1,58

(3,88)

2,72

(2,13)

0,62

(1,4)

1,64

(3,71)

Bien qu‟on note un écart entre le taux de réussite des adolescents ayant pour aide auditive

un implant cochléaire et celui des adolescents ayant une prothèse auditive classique, cette

différence n‟est pas significative. Toutefois, on remarque des performances plus

hétérogènes chez les adolescents bénéficiant d‟une prothèse auditive classique.

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

Rc DS DP DV DN NSP

Réponses

Tau

x d

e sélectio

n

Ic

PA

0

10

20

30

40

50

60

DS DP DV DN NSP

Erreurs

Tau

x d

e sélectio

n

Ic

PA

Figure 6 : taux de sélection des réponses possibles en français Figure 7 : distribution des erreurs en français écrit selon le type

écrit selon le type d‟aide auditive d‟aide auditive (« Ic »=Implant cochléaire,

(« Ic »=Implant cochléaire, PA = Prothèse auditive classique) « PA »=Prothèse auditive classique)

1.5. Taux de réussite des items

Sur l‟ensemble de l‟échantillon des adolescents sourds, les items du protocole en français

écrit on été réussis en moyenne à 88,54%.

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Tableau 10 : Taux de sélection des réponses possibles pour les items du protocole

en français écrit – moyenne (écart type)

%RC %DS %DP %DV %DN %NSP

Items Fr. écrit N=93

88,54

(14,95)

5,71

(11,6)

1,41

(2,75)

2,3

(4,89)

0,52

(1,68)

1,52

(3,27)

Nous constatons que 24 des 93 items ont été réussis à 100%. Ce sont en majorité des

items fréquents, concrets, longs et réguliers. Il s‟agit de : balai, lait, nez, sang, araignée,

cuisine, dentiste, monsieur, fête, triste, chaud, cher, hiver, tranquille, four, clou, lacet,

beurre, parfum, oignon, carotte, mayonnaise, câlin, et nature.

A l‟inverse, 3 items sont réussis à moins de 50%. On remarque à chaque fois que le

distracteur sémantique est majoritairement sélectionné pour ces items. Il s‟agit de canoë

(ayant pour distracteur sémantique « kayak »), club (terrain de golf) et miracle

(magicien).

Tableau 11 : taux de sélection des réponses possibles pour les items les plus échoués

en français écrit – moyenne

%RC %DS %DP %DV %DN %NSP

canoë 24,1 69 0 3,45 0 3,45

club 34,48 58,62 3,45 0 0 3,45

miracle 44,83 44,83 3,45 0 0 6,9

2. Résultats de la population témoin

Les résultats de la population témoin d‟adolescents entendants ont été analysés comme

suit :

2.1. Résultats selon le niveau scolaire

Nous avons tout d‟abord distingué et évalué les compétences des adolescents de 6ème

,

5ème

, 4ème

et 3ème

.

Tableau 12 : taux de sélection des réponses possibles selon le niveau scolaire

– moyenne,(écart type)

%RC %DS %DP %DV %DN %NSP

6ème

N=23

88,50

(14,16)

6,31

(10,58)

0,56

(1,95)

2,66

(5,13)

0,56

(1,60)

1,40

(3,40)

5ème

N=20

89,14

(12,31)

5,59

(10,21)

1,02

(2,81)

2,58

(4,92)

0,86

(2,04)

0,81

(2,88)

4ème

N=20

91,29

(12,04)

5,59

(10,4)

0,75

(2,55)

1,56

(4,36)

0,16

(0,89)

0,65

(2,58)

3ème

N=20

95,97

(7,88)

1,94

(5,76)

0

(0)

1,45

(4,34)

0,22

(1,26)

0,43

(1,59)

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On observe chez les adolescents entendants un effet significatif de la classe sur les

réponses correctes, avec p<0.05 au test de Friedman. Ce qui signifie que plus le niveau

scolaire est élevé meilleures sont les performances.

84

86

88

90

92

94

96

98

Taux de réussite

6ème

5ème

4ème

3ème

0

10

20

30

40

50

60

70

DS DP DV DN NSP

ErreursT

au

x d

e sélectio

n

6ème

5ème

4ème

3ème

Figure 8 : taux de réussite des adolescents entendants Figure 9 : distribution des erreurs chez les adolescents

en fonction de la classe entendants en fonction de la classe

2.2. Résultats selon le type d’items

Une analyse statistique a été conduite avec le test de Student, afin de mettre en évidence

d‟éventuels effets significatifs de fréquence, de longueur, de concrétude et de régularité

orthographique sur les performances.

2.2.1. Fréquence

Tableau 13 : taux de réussite selon la fréquence – moyenne, (écart type)

Item fréquent Item non fréquent

6ème

N=23

93,26

(8,37)

84,06

(17,03)

5ème

N=20

92,17

(8,8)

85,85

(14,65)

4ème

N=20

93,7

(8,78)

88,94

(14,25)

3ème

N=20

96,96

(7,19)

95

(8,47)

On note un effet significatif de fréquence sur le taux de réponses correctes sélectionnées

en 6ème

, avec p< 0,002 et en 5ème

, avec p<0,02. De plus, on observe un effet significatif de

fréquence sur le taux de distracteurs sémantiques sélectionnés en 6ème

avec p<0,003, en

5ème

avec p<0,05, et en 4ème

avec p<0,02. En effet, les mots non fréquents amènent

davantage de confusions d‟ordre sémantique que les fréquents.

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2.2.2. Longueur

Tableau 14 : taux de réussite selon la longueur – moyenne, (écart type)

Item court Item long

6ème

N=23

87,38

(15,05)

89,9

(13,24)

5ème

N=20

88,4

(13,87)

89,47

(10,85)

4ème

N=20

91,38

(12,41)

91,2

(11,79)

3ème

N=20

95,96

(8,25)

95,98

(7,92)

Aucune différence significative n‟est notée, il n‟y a donc pas d‟effet de longueur sur les

réponses des adolescents entendants.

2.2.3. Concrétude

Tableau 15 : taux de réussite selon la concrétude – moyenne, (écart type)

Item concret Item abstrait

6ème

N=23

92,20

(12,90)

85,39

(14,59)

5ème

N=20

90,34

(13,22)

87,76

(11,73)

4ème

N=20

93,30

(11,1)

89,49

(12,68)

3ème

N=20

95,91

(9,66)

96,02

(5,95)

On observe un effet de concrétude significatif en 6ème

, à la fois sur les réponses correctes

avec p<0,02, et sur l‟absence de réponse (NSP) avec p<0,03. En 5ème

également, il y a un

effet de concrétude significatif sur l‟absence de réponse, avec p<0,05. En 4ème

, l‟effet de

concrétude est significatif pour le choix du distracteur phonologique (p<0,03). On ne note

en revanche pas d‟effet de concrétude en 3ème

.

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2.2.4. Régularité

Tableau 16 : taux de réussite selon la régularité orthographique – moyenne, (écart type)

Item régulier Item irrégulier

Moyenne

(E.T.)

Moyenne

(E.T.)

6ème

N=23

88,77

(14,99)

88,44

(13,40)

5ème

N=20

87,5

(14,88)

90,56

(9,12)

4ème

N=20

90,10

(13,31)

92,56

(10,53)

3ème

N=20

94,17

(9,53)

97,89

(5,06)

Un effet de régularité significatif apparait en 4ème

sur le choix du distracteur

phonologique, avec p<0,04. En 3ème

, on remarque également un effet de régularité

significatif sur les réponses correctes.

2.2.5. Résultats globaux selon le type d’items

Pour résumer les performances des adolescents entendants, nous avons regroupé leurs

résultats et les présentons en fonction du type d‟item.

Tableau 17 : taux de réussite sur l‟ensemble de l‟échantillon des adolescents entendants selon le type d‟item

– moyenne, (écart type)

3. Comparaison des performances des sourds et des entendants

Après avoir étudié les performances de chacun des échantillons évalués, nous avons

rassemblé leurs résultats afin de pouvoir les comparer.

fréquence régularité longueur concrétude

fréquent

N=46

non fréquent

N=47

régulier

N=48

irrégulier

N=45

court

N=47

long

N=46

concret

N=48

abstrait

N=45

entendants

N=83

94,02

(8,43)

88,46

(14,46)

90,14

(13,49)

93,07

(11,78)

90,78

(12,99)

91,65

(11,29)

93,07

(11,78)

89,47

(12,30)

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49

3.1. Résultats globaux

Tableau 18 : taux de sélection des réponses possibles chez les adolescents sourds et entendants – moyenne,

(écart type)

%RC %DS %DP %DV %DN %NSP

Sourds N=29

88,51

(7,85)

5,71

(2,79)

1,41

(3,18)

2,30

(2,09)

0,56

(1,27)

1,52

(3,54)

Entendants N=83

91,21

(12,17)

4,86

(9,57)

0,58

(2,16)

2,06

(4,71)

0,45

(1,53)

0,86

(2,58)

On note que les sujets sourds sélectionnent significativement plus de distracteurs

phonologiques que les entendants, avec p<0.009.

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

Rc DS DP DV DN NSP

Réponses

Tau

x d

e sélectio

n

Sourds

Entendants

0

10

20

30

40

50

60

DS DP DV DN NSP

Erreurs

Tau

x d

e sélectio

n

Sourds

Entendants

Figure 10 : comparaison des résultats obtenus en français écrit Figure 11 : comparaison de la répartition des erreurs en

chez les adolescents sourds et entendants français écrit chez les adolescents sourds et entendants

3.2. Résultats selon le niveau scolaire

Tableau 19 : taux de sélection des réponses possibles chez les adolescents sourds (S) et entendants (E) selon

le niveau scolaire – moyenne,(écart type)

* en 6ème

/5ème

, Sourds : N=7, Entendants : N=43 ** en 4

ème/3

ème, Sourds : N=22, Entendants : N=40

%RC %DS %DP %DV %DN %NSP

S N=29

E N=83

S N=29

E N=83

S N=29

E N=83

S N=29

E N=83

S N=29

E N=83

S N=29

E N=83

*6ème

5ème

89,86

(4,68)

88,82

(13,23)

6,91

(2,77)

5,95

(10,38)

0,61

0,85

0,79

(2,42)

2,30

(2,19)

2,62

(5,01)

0,15

(0,41)

0,71

(1,83)

0,15

(0,41)

1,1

(3,16)

**4ème

3ème

88,07

(8,67)

93,63

(10,41

5,33

(2,75)

3,76

(8,57)

1,66

(3,60)

0,38

(1,84

2,30

(2,11)

1,51

(4,34)

0,68

(1,43)

0,19

(1,09)

1,96

(3,98)

0,54

(2,14)

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50

Nous ne relevons aucune différence significative entre les résultats des adolescents sourds

et ceux des entendants de 6ème

/5ème

.

En revanche, on note une différence significative en 4ème

/3ème

entre les sujets sourds et

entendants.

85

86

87

88

89

90

91

92

93

94

95

6ème/5ème 4ème/3ème

Tau

x d

e r

éu

ssit

e

Sourds

Entendants

Figure 12 : comparaison du taux de réussite chez les adolescents sourds et entendants

en fonction du niveau scolaire

3.3. Résultats selon le type d’items

Tableau 20 : taux de réussite chez les adolescents sourds et entendants selon le type d‟item – moyenne,

(écart type)

Fréquence Régularité Longueur Concrétude

Fréquents

N=46

Non

Fréquents N = 47

Réguliers

N=48

Irréguliers

N=45

Longs

N=46

Courts

N=47

Concrets

N=48

Abstrait

N=45

Sourds N=29

93, 33

(8,33)

83,86

(18,28)

87,64

(16, 36)

89,5

(13,41)

87,18

(13,54)

89,88

(16,26)

89, 12

(16,16)

88,0

(13,88)

Entendants N=83

94,02

(8,43)

88,46

(14,46)

90,14

(13,49)

92,36

(10,52)

91,66

(11,29)

90,78

(12,99)

93,07

(11,78)

89,47

(12,30)

On constate que les performances des adolescents sourds sont inférieures à celles des

adolescents entendants, quel que soit le type d‟item. Grâce au test de Student mené sur

ces résultats, on observe une différence significative entre les adolescents sourds et les

adolescents entendants sur la réussite aux items longs, avec p<0,05. Ce qui signifie que

les items longs sont statistiquement plus réussis par les adolescents entendants que par les

adolescents sourds.

On ne remarque, en revanche, aucun effet significatif de fréquence, de concrétude ou de

régularité.

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51

II. Résultats concernant le protocole en LSF

Nous avons conçu ce protocole de façon à pouvoir observer finement les performances

des adolescents sourds en LSF. Les items ont été choisis selon des critères précis pouvant

avoir une influence dans la reconnaissance du signe.

Les résultats obtenus permettront d‟observer si l‟effet de ces critères est confirmé, et en

quelle mesure.

Nous avons, de plus, tenu à distinguer les résultats des sujets selon leur niveau scolaire

afin d‟analyser un éventuel effet de la classe sur les performances et les éventuels choix

de distracteurs. Pour rappel, cette modalité a été proposée à l‟échantillon des adolescents sourds

uniquement.

Pour chacun des items, un choix entre différentes réponses possibles s‟offrait à eux : si la

photo choisie ne correspondait pas à la réponse correcte (RC), elle correspondait alors à

un distracteur sémantique (DS), phonologique (DP), visuel (DV), gestuel (DG) ou neutre

(DN). L‟adolescent pouvait également choisir de s‟abstenir de répondre (NSP).

1. Résultats selon le niveau scolaire

Notre échantillon de sujets sourds (N=29) a, pour cette analyse, été scindé en 2 groupes

comprenant les élèves de 6ème

et 5ème

pour l‟un (N=7), 4ème

et 3ème

pour l‟autre (N=22).

Tableau 21 : taux de sélection des réponses possibles selon le niveau scolaire

– moyenne,(écart type)

Malgré la moyenne supérieure des sujets sourds de 4ème

/3ème

, l‟écart constaté entre les

taux de sélection des réponses des 6ème

/5ème

et ceux des 4ème

/3ème

n‟est pas statistiquement

significatif.

% RC %DS %DP %DV %DG %DN %NSP

6ème

-5ème

N=7

61,38

(12,43)

8,93

(3,09)

0,89

(1,77)

3,13

(2,85)

12,95

(5,32)

1,79

(2,10)

10,94

(14,60)

4ème

-3ème

N=22

68,96

(14,32)

7,81

(3,86)

0,5

(1,01)

3,34

(2,82)

11,43

(4,81)

1,07

(1,70)

6,89

(10,82)

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52

0,00

10,00

20,00

30,00

40,00

50,00

60,00

70,00

80,00

Rc DS DP DV DG DN NSP

Réponses

Tau

x d

e sélectio

n

6ème-5ème

4ème-3ème

0

5

10

15

20

25

30

35

40

DS DP DV DG DN NSP

Erreurs

Tau

x d

e sélectio

n

6ème-5ème

4ème-3ème

Figure 13 : taux de sélection des réponses possibles Figure 14 : répartition des erreurs en LSF selon le niveau

en LSF selon le niveau scolaire scolaire

2. Résultats selon le type d’items

Tableau 22 : taux de réussite selon le type d‟item – moyenne, (écart type)

Fréquence Concrétude Iconicité

fréquents N=32

non

fréquents N=32

concrets N=32

abstraits N=32

plus

iconiques N=32

moins

iconiques N=32

adolescents

sourds

N=29

73,81

(22,24)

60,99

(29,55)

62,39

(27,28)

72,41

(25,63)

79,31

(21,65)

56,03

(26,78)

L‟analyse de ces résultats, au moyen du test de Student, nous montre que s‟il n‟y a

aucun effet significatif de fréquence ou de concrétude sur le taux de réussite et le type

d‟erreurs au protocole en LSF, on observe en revanche un effet hautement significatif

de l‟iconicité sur le taux de réponses correctes (p<0,0005) et sur les non-réponses

(p=0,0001). Ainsi, le taux de réponses correctes aux termes définis comme iconiques

est significativement plus important que pour les termes non-iconiques. Ce qui

signifie également que les termes non-iconiques provoquent considérablement plus

d‟absences de réponse que les termes iconiques.

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

Fréquent Concret Iconicité

Variables

Tau

x d

e s

éle

cti

on

Oui

Non

Figure 15 : taux de réussites en LSF selon le type d‟item

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53

3. Résultats selon le degré de surdité

Tableau 23 : taux de sélection des différentes réponses possibles selon le degré de surdité

(« M-S »=surdité moyenne à sévère, « P »=surdité profonde) - moyenne, (écart type)

%RC %DS %DP %DV %DG %DN %NSP

M-S N=13

60,94

(12,12)

9,01

(3,99)

0,72

(1,51)

3,73

(2,43)

13,34

(5,66)

1,80

(2,37)

10,46

(13,86)

P N=16

72,17

(13,84)

7,32

(3,31)

0,49

(0,94)

2,93

(3,07)

10,55

(3,89)

0,78

(0,99)

5,76

(9,53)

On remarque des performances lexicales en LSF significativement meilleures chez les

adolescents sourds profonds que chez les adolescents sourds moyens et sévères, avec

p<0,03.

0

5

10

15

20

25

30

35

40

DS DP DV DG DN NSP

Erreurs

Tau

x d

e s

éle

ctio

n

M-S

P

0

10

20

30

40

50

60

70

80

Rc DS DP DV DG DN NSP

Réponses

Tau

x d

e sélectio

n

M-S

P

Figure 16 : taux de sélection des réponses possibles Figure 17 : distribution des erreurs en LSF selon

en LSF selon le degré de surdité le degré de surdité

4. Résultats selon le type d’aide auditive

Tableau 24 : taux de sélection des réponses possibles selon le type d‟aide auditive - moyenne, (écart type)

Pour le protocole en LSF, tout comme pour le protocole en français écrit, on note un écart

entre le taux de réussite des adolescents ayant pour aide auditive un implant cochléaire et

celui des adolescents ayant une prothèse auditive classique. Cependant, là non plus, cette

différence n‟est pas significative.

%RC

%DS %DP %DV %DG %DN %NSP

Implant N=10

70,78

(14,92)

7,5

(3,95)

0,47

(1,05)

3,59

(3,69)

11,09

(4,45)

0,63

(0,81)

5,94

(9,85)

prothèse auditive classique N=19

65,21

(13,61)

8,39

(3,58)

0,66

(1,31)

3,13

(2,27)

12,17

(5,17)

1,56

(2,08)

8,88

(12,68)

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54

0

10

20

30

40

50

60

70

80

Rc DS DP DV DG DN NSP

Réponses

Ta

ux

de

lec

tio

n

Ic

PA

0

5

10

15

20

25

30

35

40

DS DP DV DG DN NSP

Erreurs

Tau

x d

e s

éle

ctio

n

Ic

PA

Figure 18 : taux de sélection des réponses possibles Figure 19 : distribution des erreurs en LSF selon

en LSF selon le type d‟aide auditive le type d‟aide auditive

5. Taux de réussite des items

Sur l‟ensemble de l‟échantillon des adolescents sourds, les items du protocole en LSF ont

été réussis en moyenne à 67,4%.

Tableau 25 : Taux de sélection des différentes réponses possibles pour les items du protocole en LSF

– moyenne (écart type)

%RC %DS %DP %DV %DG %DN %NSP

Items

LSF N=64

67,4

(26,74)

8,14

(15,13)

0,59

(1,31)

3,18

(5,57)

11,64

(17,81)

1,19

(3,65)

7,87

(8,87)

On relève que 8 items sur 64 sont réussis à plus de 95%. Ce sont des items de fréquence

variable, majoritairement abstraits et iconiques. Il s‟agit de « dentiste » et « dessous »

(réussis à 100%), dessus, faim, lacet, galop, peureux, acupuncteur (réussis à 96,55%).

A l‟inverse, 4 items sont réussis à moins de 15%. Il s‟agit de dragée, cacahuète, canoë, et

août. On remarque que les distracteurs sémantiques et gestuels sont sélectionnés

préférentiellement.

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55

Tableau 26 : taux de sélection réponses possibles aux items les plus échoués en LSF

%RC %DS %DP %DV %DG %DN %NSP

Dragée 0 65,52 0 0 24,14 0 10,34

cacahuète 6,89 20,69 3,45 0 27,59 3,45 37,93

Canoë 13,79 82,76 0 0 3,45 0 0

Août 13,79 0 0 0 68,97 3,45 13,79

Enfin, il est à noter que les items étant réussis à moins de 50% sont au nombre de 15, et

sont majoritairement des items non fréquents et non iconiques.

III. Comparaison des résultats de la population test dans les

deux protocoles

Afin de pouvoir relever d‟éventuelles relations entre les performances des adolescents

sourds en français écrit et celles en LSF, nous avons procédé à des calculs de corrélation

de Pearson.

1. Récapitulatif des résultats des adolescents sourds

Nous avons tout d‟abord regroupé les moyennes des résultats obtenus par les adolescents

sourds aux protocoles en français écrit et en LSF.

Tableau 27 : taux de sélection des réponses possibles aux protocoles

en Français écrit et en LSF chez les adolescents sourds - moyenne, (écart type)

%RC %DS %DP %DV %DN %NSP

Français écrit 88,51

(7,85)

5,71

(2,79)

1,41

(3,18)

2,30

(2,09)

0,56

(1,27)

1,52

(3,54)

LSF 67,13

(14,07)

8,08

(3,67)

0,59

(1,21)

3,29

(2,78)

1,24

(1,79)

7,87

(11,69)

0,00

10,00

20,00

30,00

40,00

50,00

60,00

70,00

80,00

90,00

100,00

Rc DS DP DV DN NSP

Réponses

Tau

x d

e s

éle

cti

on

Français écrit

LSF

Figure 20 : taux de sélection des réponses possibles aux protocoles en français écrit et en LSF

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56

2. Corrélations

Nous remarquons, grâce aux corrélations de Pearson (coefficient r), certains liens

significatifs particulièrement intéressants entre les différents types de réponses aux deux

protocoles.

On peut en effet observer dans le tableau 28 (cf. verso) une corrélation négative

hautement significative entre le taux de réponses correctes en français écrit et le taux de

réponses correctes au protocole en LSF. Ce qui signifie que les sujets ayant un fort taux

de réussite au protocole en français écrit ont de faibles résultats en LSF, et inversement.

Ensuite, on note des corrélations positives entre le taux de réponses correctes en LSF et le

taux de distracteurs phonologiques sélectionnés en français écrit d‟une part, et le taux de

distracteurs neutres également sélectionnés en français écrit d‟autre part. Autrement dit,

les sujets ayant un taux de réussite élevé en LSF ont sélectionné en français écrit plus de

distracteurs phonologiques ou neutres que ceux qui ont un moins bon niveau de LSF.

Il est également à noter qu‟il existe des corrélations positives significatives entre le taux

de sélection des distracteurs sémantiques et celui des distracteurs visuels, ainsi qu‟entre le

taux de sélection des distracteurs phonologiques et celui des distracteurs neutres, et ce en

français écrit comme en LSF.

De plus, on note une corrélation positive entre le taux de sélection des distracteurs

sémantiques en LSF et celui des distracteurs neutres en LSF.

Naturellement, on observe aussi une corrélation négative hautement significative en

français écrit entre le taux de réponses correctes et le taux de sélection des différents

distracteurs ou le taux d‟absence de réponse.

De même, en LSF, une corrélation négative apparait entre le taux de réussite d‟une part et

le taux de sélection des distracteurs sémantiques, neutres, ou l‟absence de réponse d‟autre

part.

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Tableau 28 : corrélations entre les résultats obtenus au protocole en français écrit et ceux obtenus au protocole en

LSF.

%

RC

%

DS

%

DP

%

DV

%

DN

%NSP %

RC

LSF

%

DS

LSF

%

DP

LSF

%

DV

LSF

%

DN

LSF

%

NSP

LSF %

RC

1 -0,547

**

-0,661

**

-0,664

**

-0,602

**

-0,587

**

-0,548

**

0,224 -0,067 0,248 0,324 -0,291

%

DS

-0,547

**

1 0,104 0,502

**

0,004 0,035 0,235 0,050 -0,203 -0,108 -0,182 -0,094

%

DP

-0,66

1**

0,104 1 0,235 0,627

**

0,122 0,414

*

-0,302 0,118 -0,217 -0,213 -0,282

%

DV

-0,664

**

0,502

**

0,235 1 0,341 0,153 0,282 -0,131 0,011 -0,201 -0,196 -0,050

%

DN

-0,60

2**

0,004 0,627

**

0,341 1 0,209 0,390

*

-0,239 -0,105 -0,060 -0,076 -0,288

%

NSP

-0,58

7**

0,035 0,122 0,153 0,209 1 0,351 -0,102 -0,064 -0,130 -0,242 -0,185

%RC

LSF

-0,548

**

0,235 0,414

*

0,282 0,390

*

0,351 1 -0,490

**

-0,039 -0,265 -0,454

*

-0,715

**

%DS

LSF

0,224 0,050 -0,302 -0,131 -0,239 -0,102 -0,490

**

1 0,139 0,509

**

0,638

**

-0,100

%DP

LSF

-0,067 -0,203 0,118 0,011 -0,105 -0,064 -0,039 0,139 1 -0,004 0,373

*

-0,286

%DV

LSF

0,248 -0,108 -0,217 -0,201 -0,060 -0,130 -0,265 0,509

**

-0,004 1 0,204 -0,091

%DN

LSF

0,324 -0,182 -0,213 -0,196 -0,076 -0,242 -0,454

*

0,638

**

0,373

*

0,204 1 -0,162

%

NSP

LSF

-0,291 -0,094 -0,282 -0,050 -0,288 -0,185 -0,715

**

-0,100 0,286 -0,091 -0,162 1

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57

Chapitre V

DISCUSSION DES RESULTATS

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Tableau 29 : Récapitulatif des effets significatifs observés

Effets significatifs SOURDS ENTENDANTS

Français écrit LSF Français écrit

Fré

qu

ence

Sur RC OUI NON OUI en 6°et 5° NON en 4° et 3°

Sur DS OUI NON OUI en 6°, 5° et 4°

NON en 3°

Sur DP NON NON NON

Sur DV NON NON NON

Sur DN NON NON NON

Sur DG NON NON -

sur NSP OUI NON NON

Con

crét

ud

e

Sur RC NON NON OUI en 6°

NON en 5°,4° et 3°

Sur DS NON NON OUI en 6°

NON en 5°, 4°, 3°

Sur DP NON NON OUI en 4°

NON en 6°,5° et 3°

Sur DV NON NON NON

Sur DN NON NON NON

Sur DG NON NON -

sur NSP NON NON OUI en 6° et 5°

Lon

gu

eur

Sur RC NON - NON

Sur DS NON - NON

Sur DP OUI - NON

Sur DV NON - NON

Sur DN NON - NON

sur NSP NON - NON

Rég

ula

rité

Sur RC NON - OUI en 3°

NON en 6°, 5°, 4°

Sur DS NON - NON

Sur DP NON - OUI en 4°

NON en 6°,5° et 3°

Sur DV NON - NON

Sur DN NON - NON

sur NSP NON - NON

Icon

icit

é

Sur RC - OUI -

Sur DS - NON -

Sur DP - NON -

Sur DV - NON -

Sur DN - NON -

Sur DG - NON -

sur NSP - OUI -

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I. Interprétation des résultats

Après avoir présenté nos résultats en détail, nous allons désormais procéder à leur analyse

afin d‟en dégager certains éléments permettant de valider ou non certaines des hypothèses

formulées précédemment.

1. Lexique des adolescents en français écrit

Dans cette partie, nous analyserons les résultats des adolescents sourds sous les différents

angles auxquels nous portons un intérêt particulier, et les comparerons, lorsque cela

s‟avèrera pertinent, à ceux de leurs pairs entendants.

1.1. Effets de la classe sur les performances

Nous avions initialement émis l‟hypothèse que les résultats des adolescents à notre

protocole témoigneraient d‟un effet de la classe sur les performances.

1.1.1. Effet de la classe chez les adolescents entendants

Les résultats obtenus à notre protocole par la population témoin sont en lien avec notre

hypothèse formulée. En effet, on constate des performances croissantes d‟un niveau

scolaire à l‟autre. Cette augmentation significative des taux de réussite selon la classe

suivent la logique développementale définie par Dumont (2008) concernant le lexique, et

mettent en avant une certaine fiabilité de notre outil d‟évaluation à cet égard. Cette

progression dans les résultats s‟explique par le bénéfice des acquisitions scolaires

capitalisées et une exposition croissante à la lecture permettant d‟enrichir

progressivement le stock orthographique et lexical.

1.1.2. Effet de la classe chez les adolescents sourds

En revanche, cette même hypothèse d‟effet de la classe appliquée à notre population

sourde n‟est pas validée statistiquement par les résultats obtenus. Pour bénéficier

d‟échantillons plus importants, nous avons distingué les adolescents sourds en deux

groupes : d‟une part les 6ème

/5ème

(N=7) et d‟autre part les 4ème

/3ème

(N=22, bien que la

répartition soit déséquilibrée. Nous avons ainsi constaté un taux de réussite aux items

supérieur chez le groupe plus jeune, ce qui nous a nécessairement interpellés. Il nous a

semblé que ces résultats étaient à nuancer car ceux-ci peuvent s‟expliquer par le faible

échantillon dont nous disposions, en particulier pour les 6ème

/5ème

. En effet, en analysant

en détail les résultats des deux groupes, nous constatons que quelques élèves de 6ème

/5ème

ont obtenu des scores très élevés, à l‟inverse de certains élèves de 4ème

/3ème

ayant eu des

scores plus échoués.

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1.1.3. Comparaison des effets de la classe

Le peu de différence constaté dans les résultats globaux des adolescents sourds et des

adolescents entendants témoigne d‟un niveau d‟identification du mot écrit relativement

semblable chez ces deux populations. Cette constatation peut être mise en lien avec la

scolarisation intégrée dont ont bénéficié les adolescents sourds depuis leur plus jeune âge.

Ainsi, les étayages et apprentissages scolaires dont ils ont bénéficié, en particulier ceux

liés à l‟apprentissage de la lecture, sont comparables à ceux de leurs pairs entendants, en

admettant que leur intégration se soit réalisée selon certains paramètres propices (Tagger,

1994). De plus, leur âge plutôt avancé permet de supposer qu‟ils ont bénéficié d‟une

imprégnation importante du langage écrit qui leur a permis de se constituer un stock

lexical conséquent, comparable à celui de leurs pairs entendants.

Toutefois, on relève des dissociations dans les performances selon le niveau de la classe.

En effet, le taux de réussite est sensiblement le même chez les adolescents sourds et

entendants de 6ème

/5ème

, tandis que celui des 4ème

/3ème

diffère de façon significative. En

nous référant aux théories d‟Allen (1986) et de Conrad (1998) citées par Dubuisson et

Daigle en 1998, ceci pourrait s‟expliquer par une forme de « plafonnement » des

capacités lexicales et de reconnaissance des mots écrits chez les sourds. Cela les

distinguerait ainsi des adolescents entendants dont, d‟après les études menées par Florin,

Lieury et al., les performances augmentent considérablement lors de cette période

(Dumont, 2008).

Cependant, ces observations sont à relativiser car on a observé que les résultats obtenus

par les élèves sourds de 6ème et de 5ème étaient particulièrement bons du fait de scores

très élevés chez certains sujets. A l‟inverse, les sujets sourds de 4ème et 3ème obtiennent,

eux, des résultats bien plus hétérogènes en lien avec quelques scores échoués, ce qui

fausse quelque peu la moyenne. De plus, ces résultats sont recueillis auprès d‟échantillons

réduits qui sont particulièrement sensibles aux valeurs extrêmes. Ainsi les résultats

regroupés par classe et comparés entre eux peuvent avoir une valeur indicative mais

mériteraient d‟être observés sur des cohortes plus importantes afin de pouvoir remarquer

des effets significatifs.

1.2. Effets du type de distracteurs

Concernant les distracteurs sélectionnés par les sourds, nous remarquons que seuls les

distracteurs phonologiques ont une influence significative. En effet, les sujets sourds

semblent davantage sensibles aux photographies associées à des mots phonologiquement

proches des items cibles. Ceci s‟explique par des représentations phonologiques

défaillantes, du fait du déficit sensoriel, pouvant perturber les transcriptions grapho-

phonémiques (Marschark, 1993 ; Lillo-Martin et al., 1991 ; King & Quigley, 1985).

Bien qu‟elle ne soit pas significative, on remarque une proportion de distracteurs

sémantiques plus importante chez les sujets sourds, qui peut s‟expliquer par le fait que la

construction et l‟organisation du stock lexical est plus fragile chez ces sujets.

Pour le reste des distracteurs (visuels et neutres), on remarque des taux de sélection

semblables pour les deux échantillons étudiés. Ceux-ci ne semblent pas, a priori, avoir

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d‟effet particulièrement observable chez notre échantillon et pourrait être à reconsidérer

en vue d‟une amélioration et d‟une adaptation plus fine de notre protocole.

1.3. Effets du type d’item

On remarque, dans les résultats de l‟épreuve de français écrit, un effet plus ou moins

important de certaines des variables privilégiées dans la construction de notre base de

données lexicale. Il est toutefois à noter que nous n‟avons étudié l‟effet des différentes

variables que sur le groupe total des adolescents sourds, et qu‟il est possible que des effets

soient éventuellement observables à certains niveaux scolaires, mais ne se remarquent pas

sur le groupe total. Par ailleurs, nous remarquons que pour chaque type d‟item, les

performances globales des adolescents entendants sont supérieurs à celles des adolescents

sourds. Ceci peut s‟expliquer par le « modèle du déficit » abordé par Weiner et Cromer en

1967 (cités par Dubuisson et Bastien en 1998), qui suggère que les enfants sourds, en

comparaison aux entendants, souffrent d‟un déficit d‟accès à certains éléments

indispensables à l‟entrée dans la lecture.

Cependant, notre protocole a été élaboré de façon à repérer certains critères

orthographiques et lexicaux pouvant influencer les performances des adolescents sourds

en français écrit.

1.3.1. La fréquence

Tout d‟abord, l‟effet de fréquence significatif observé sur les résultats des adolescents

sourds atteste de l‟influence de cette variable sur l‟efficacité de la reconnaissance du mot

écrit. La fréquence d‟occurrence des mots est établie à partir de la base de données

informatisée Novlex (2001), constituée à partir d‟ouvrages scolaires de CE2. Cette

variable apparaît ainsi comme pertinente car elle peut expliquer des différences de

performances chez les adolescents sourds au protocole écrit. De même, on note également

un effet significatif de la fréquence des items sur le taux de sélection des items cibles chez

les entendants de 6ème

, 5ème

et 4ème

. L‟absence d‟effet de cette variable sur les résultats des

élèves de 3ème

s‟explique par la construction d‟un stock orthographique combiné à des

représentations lexicales plus solides chez ces sujets. De plus, chez les sourds comme

chez les entendants de 6ème

, 5ème

et 4ème

, on observe une tendance significative à désigner

davantage de distracteurs sémantiques en présence d‟items non-fréquents, ce qui

témoigne que leurs représentations sémantiques restent encore fragiles, en particulier pour

les mots rares.

1.3.2. La longueur

L‟effet significatif de longueur du mot écrit sur le distracteur phonologique, constaté chez

les adolescents sourds, paraît intéressant à analyser. En effet, il peut s‟expliquer par le fait

que certains adolescents sourds, ne maîtrisant encore que fragilement l‟identification

écrite du mot, sont sensibles à la longueur de l‟item (Atzeni & Juphard, 2007). Et ce en

particulier pour les mots nouveaux, ces lecteurs utilisent probablement la voie

phonologique de lecture, et assemblent ainsi les phonèmes entre eux afin d‟identifier le

mot (Alégria, Leybaert & Mousty, 1994). Or, nous avons déjà constaté que les

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transcriptions grapho-phonologiques pouvaient être fragilisées chez ces sujets. Ceci

explique donc le lien entre ces erreurs d‟ordre phonologique et la longueur du mot

proposé.

1.3.3. La concrétude

Les éléments théoriques dont nous disposions laissaient à penser que la concrétude des

items aurait un effet sur leur réussite. En effet, King et Quigley (1985) soutiennent que les

enfants sourds présentent un déficit lexical plus marqué pour les termes abstraits. Or,

notre hypothèse initiale n‟est pas validée car nous n‟observons pas d‟effet de cette

variable, même si le taux de sélection des items concrets est légèrement supérieur à celui

des items abstraits. Il faut cependant garder à l‟esprit que cet effet de concrétude,

éventuellement significatif pour certaines classes, peut être gommé par les résultats du

groupe des adolescents sourds dans leur totalité. Nous pouvons néanmoins supposer qu‟à

l‟adolescence, les sourds, en particulier ceux intégrés scolairement, sont amenés à utiliser

dans leurs rédactions davantage de termes abstraits et jouissent d‟une ouverture sur le

monde plus large. Ainsi, il est possible qu‟ils manipulent davantage de notions abstraites,

ce qui viendrait compenser des dissociations constatées chez les enfants plus jeunes. De

fait, cette variable, n‟ayant pas d‟effet significatif avéré, ne constituerait pas un élément

permettant de comparer et d‟expliquer les performances lexicales des adolescents sourds.

En revanche, on note un effet significatif de la concrétude chez les sujets entendants, mais

uniquement chez les 6ème

et 5ème

. Outre des représentations lexicales éventuellement

encore en voie de consolidation, ces résultats peuvent également s‟expliquer par les

photographies de notre protocole liées aux termes abstraits. En effet, celles-ci sont parfois

peu évocatrices, voire confusionnantes, du fait de notre conception subjective de ces

termes, d‟autant plus difficiles à mettre en scène.

1.3.4. La régularité orthographique

Les résultats des adolescents sourds ne révèlent pas d‟effet significatif de la régularité

orthographique des items sur leurs performances. Ce constat valide nos hypothèses

théoriques. En effet, chez les lecteurs débutants, le stock orthographique étant faible, la

lecture se fait par correspondances graphème-phonème pour avoir accès au sens du mot.

Toutefois, cette procédure ne permet pas d‟accéder à la forme phonologique correcte des

mots irréguliers et peut amener à des confusions lexicales (Atzeni & Juphard, 2007). Ce

qui explique que d‟après l‟étude de Backman, Bruck, Hebert et Seidenberg datant de

1984, citée par Lecocq (1992), les performances aux mots irréguliers chez les jeunes

lecteurs entendants sont plus faibles que pour les mots réguliers. Or, nous l‟avons déjà

évoqué, la conversion grapho-phonémique chez les jeunes sourds est perturbée, d‟après

les études de Marschark, en 1993, Lillo-Martin et al., en 1991 et King et Quigley en 1985

(citées par Dubuisson et Bastien en 1998). Par conséquent, les sujets sourds, pour

identifier un mot, s‟appuient davantage sur leur stock orthographique, plus riche que celui

des entendants à niveau de langage écrit équivalent d‟après Paire-Ficout en 1997. Ainsi,

les adolescents sourds procèdent davantage par reconnaissance visuelle globale du mot

pour avoir accès à son sens (Alegria, 2006) et sont, de ce fait, moins influencé par la

régularité orthographique.

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1.4. Effets du degré de surdité

Nous notons un effet très intéressant du degré de surdité sur les performances à l‟écrit qui

confirme nos hypothèses de départ. Nos résultats permettent en effet de mettre en exergue

un lien entre les performances en lecture des adolescents sourds de notre échantillon et

leur degré de surdité (Prélaz, 2000). Les résultats des adolescents souffrant de surdités

moyenne ou sévère sont significativement meilleurs que ceux des sujets sourds profonds.

Ceux-ci, du fait de leur perte auditive plus importante, vont avoir des difficultés de

réception qui auront des répercussions sur le développement du langage oral (Sadek-

Kahlil, 1997). En particulier, l‟enfant bénéficiera moins de stimulations auditives et

d‟étayage langagier lui permettant de constituer normalement son stock lexical. De plus,

les entrées auditives sont perturbées, ce qui entrave d‟autant plus le développement des

habiletés phonologiques. Or, nous avons vu que l‟acquisition du langage écrit nécessitait

un accès performant aux informations phonologiques. Ce qui, du fait de l‟important

déficit auditif, est d‟autant plus difficile à acquérir chez les sourds profonds.

De même, on constate un autre effet intéressant qui sans avoir été annoncé

particulièrement, découle quelque peu de nos hypothèses initiales et de notre analyse

précédente. On constate en effet que les sujets atteints de surdité profonde ont tendance à

sélectionner davantage de distracteurs phonologiques que ceux souffrant de surdité

moyenne ou sévère. Ceci va ainsi dans le sens du raisonnement qui veut que, du fait d‟une

entrée sensorielle perturbée, les représentations phonologiques s‟en retrouvent confuses

(Leybaert, 1993) et perturbent la transcription grapho-phonologique. Ainsi l‟identification

du mot écrit est davantage sensible aux proximités phonologiques dans le cas de surdités

plus importantes.

1.5. Effets du type d’aide auditive

Par ailleurs, au même titre que pour le degré de surdité, nous avons voulu étudier l‟effet

sur les résultats du type d‟aide auditive dont pouvait bénéficier le sujet sourd. Nous

voulions ainsi constater si ces aides, dévouées à améliorer la perception auditive,

pouvaient avoir un impact particulier sur les connaissances lexicales et l‟identification du

mot écrit. De ce fait, nous avons séparé notre échantillon de population test en deux

groupes ; d‟un coté les adolescents bénéficiant de prothèses auditives classiques et de

l‟autre, ceux porteurs d‟un implant cochléaire. Bien qu‟aucune différence significative de

résultats permettant de valider nos hypothèses n‟ait été observée, on remarque toutefois

des performances plus hétérogènes chez les sujets ayant une prothèse auditive. Ceci peut

s‟expliquer par le fait que les sujets atteints de surdité profonde ayant fait le choix de

l‟implant cochléaire ont des parcours plus ou moins similaires par rapport à l‟histoire de

leur surdité. Ils bénéficient d‟un gain prothétique sensiblement similaire, qui leur donne

un accès au message oral. Cela leur permet de développer des aptitudes lexicales à l‟oral

et à l‟écrit pouvant être comparables d‟un individu à l‟autre. De plus, l‟échantillon

d‟adolescents porteurs de prothèses auditives est composé de sujets atteints de surdité

moyenne, sévère, et profonde, ce qui peut expliquer la disparité dans les résultats.

En outre, d‟un point de vue qualitatif, nous avons observé que les adolescents portant des

prothèses auditives avaient tendance, pour certains, à ne pas les porter régulièrement.

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Dans le cadre de nos passations, cela n‟avait pas d‟importance mais on peut émettre l‟idée

que ce comportement peut avoir des conséquences sur le développement du langage.

2. Le lexique des adolescents sourds en LSF

2.1. Remarques qualitatives

Les sujets sourds que nous avons évalués bénéficient d‟une scolarité intégrée qui leur

permet de suivre, depuis tout jeunes, leurs études auprès d‟enfants entendants. Ajouté à

cela, ces jeunes sourds ont presque tous bénéficié précocément d‟aides auditives,

associées à des aides thérapeutiques dans le cadre du SSEFIS Recteur Louis. Ce qui

implique que la majorité d‟entre eux manient relativement bien le français oral. En effet

les stimulations auditives et langagières permanentes leur permettent d‟avoir un niveau

d‟expression orale presque comparable à leurs pairs entendants. Toutefois, nous avons

relevé au cours de nos rencontres que tous ces jeunes côtoyaient régulièrement des

personnes sourdes, que ce soit dans le cadre familial, à l‟école ou lors de regroupements

éducatifs. Ainsi, il nous a semblé essentiel, avant même d‟initier l‟évaluation, de

connaître leurs différents rapports à la LSF afin de pouvoir relever des éléments

qualitatifs. Certains avaient suivi ou continuaient à suivre des cours de LSF, d‟autres

pratiquaient régulièrement la langue des signes au collège avec leurs amis sourds,

d‟autres encore au sein de leur famille (parents, frères, sœurs). Quelques uns ont, plus

jeunes, été sensibilisés à la LSF mais ne la pratiquent plus, n‟ayant dans leur entourage

aucun interlocuteur susceptible d‟utiliser cette langue avec eux.

Plusieurs des adolescents rencontrés manifestaient une certaine réserve initiale à l‟idée

d‟être évalués sur leur niveau de LSF. De fait, certains se justifiaient d‟emblée en arguant

le fait qu‟il ne maîtrisait pas du tout cette langue. Nous avons alors tenu tout d‟abord à les

rassurer en leur rappelant que notre évaluation ne consistait pas à les piéger mais au

contraire à observer leurs comportements et même à analyser leurs erreurs, peu importe

leur quantité. Ainsi, nous nous sommes souvent aperçus que ces jeunes présentaient un

bien meilleur niveau lexical en LSF que leurs modestes prétentions de départ. Nous avons

également remarqué des comportements particulièrement intéressants de la part de ces

adolescents concernant les items. En effet, face à certains signes qu‟ils ne connaissaient a

priori pas, les adolescents procédaient souvent par analogie visuelle, en lien avec

l‟iconicité inhérente aux signes. Ainsi, certains adolescents justifiaient leurs choix après

certains items, et nous constations que leur réflexion résultait essentiellement d‟indices

visuels très fins. Ces indices faisaient à la fois appel à des représentations mentales

particulières en liens avec le signe et à des déductions faites à partir de signes déjà stockés

dans leur lexique. Ainsi, nous avons constaté de grandes disparités dans l‟interprétation

de certains items qui ont conduit à des résultats très hétérogènes chez ces adolescents.

Malgré cette hétérogénéité, nous avons décidé de ne pas distinguer les résultats de ces

enfants selon leur pratique régulière ou non de la LSF. Ainsi, les résultats que nous avons

recueillis sont à nuancer du fait d‟une exposition à la langue étudiée très variable d‟un

individu à l‟autre. Toutefois, ces résultats ont été analysés selon certaines variables

propres aux sujets (classe, degré de surdité, type d‟aide auditive) et d‟autres relatives au

protocole (types d‟items, types de distracteurs). Les observations faites nous ont ainsi

permis de dégager des éléments d‟analyse permettant de constater certains effets

intéressants à présenter, voire à approfondir par la suite.

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2.2. Effet de la classe

Karmiloff et Karmiloff-Smith, en 2003 ont décrit, dans les stades d‟acquisition de la

langue des signes, une phase d‟« explosion » lexicale comparable à celle observée chez

les jeunes entendants. Ainsi, nous avions formulé l‟hypothèse qu‟il pourrait exister un

effet de la classe sur les performances en vocabulaire en LSF chez les sujets sourds

étudiés. Nous avons ainsi, à l‟instar de la procédure suivie au protocole écrit, partagé

notre échantillon en deux groupes, 6ème

/5ème

et 4ème

/3ème

. Cependant notre hypothèse de

départ n‟est pas validée par les résultats obtenus par ces jeunes sourds. En effet même si

la moyenne des taux de réponses correctes est supérieure chez les adolescents de

4ème

/3ème

, nous ne relevons pas d‟effet significatif de la classe sur les réponses recueillies.

Ces données peuvent être mises en lien avec les observations que nous avions fait lors de

la passation du protocole écrit auprès de ces deux mêmes groupes. En effet, aucune

différence significative n‟avait non plus été constatée. Ainsi, les résultats obtenus à ces

deux épreuves distinctes feront par la suite l‟objet d‟une analyse des liens existant entre

les compétences lexicales en français écrit et en LSF chez les adolescents sourds étudiés.

2.3. Effet du degré de surdité

Les résultats obtenus par les adolescents sourds ont ensuite été regroupés selon leur degré

de surdité afin d‟en observer les effets éventuels. On constate ainsi une performance

significativement meilleure des adolescents sourds profonds. Ceci peut s‟expliquer par un

accès d‟autant plus restreint au langage oral chez ces sujets qui implique l‟utilisation plus

importante de signes pour faciliter leur communication (Karmiloff & Karmiloff-Smith,

2003). Ainsi leur maitrise de la langue des signes, du fait d‟une pratique régulière, serait

plus importante et expliquerait les performances supérieures à celles des sourds moyens

ou sévères bénéficiant d‟un meilleur accès au langage oral du fait d‟un déficit auditif

moindre. Toutefois, les différentes aides auditives dont bénéficient les sujets sourds sont

également à prendre en compte dans l‟analyse des résultats.

2.4. Effet du type d’aide auditive

En ce qui concerne l‟effet du type d‟aide auditive, le constat concernant les résultats en

LSF est le même que pour ceux obtenus au protocole en français écrit. On relève des

résultats sensiblement meilleurs chez les adolescents ayant des implants cochléaires sans

observer pour autant de différence significative. On suppose ainsi que l‟aide apportée par

la prothèse, quelle qu‟elle soit, est adaptée à la surdité et au déficit constaté chez l‟enfant.

Ainsi l‟apport prothétique associé à une prise en charge orthophonique permet un accès à

l‟oral plus ou moins comparable d‟un sujet sourd à l‟autre. Ce qui expliquerait que la

place donnée à la LSF, et sa maîtrise, ne dépende pas particulièrement du type d‟aide

auditive, mais davantage d‟un environnement propice au développement de cette langue.

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2.5. Effet du type d’item

2.5.1. La fréquence

A l‟inverse de la passation en français écrit, nous ne constatons pas d‟effet significatif de

la fréquence sur les performances lexicales en LSF. Ce constat peut volontiers être mis en

lien avec le fait que nous nous sommes appuyés sur la même base lexicale, Novlex,

établie à partir de mots écrits extraits d‟ouvrages scolaires. Ainsi, la fréquence

d‟occurrence établie concerne les mots écrits et n‟aurait aucun lien particulier avec une

fréquence d‟occurrence des signes en LSF. De ce fait, notre hypothèse de départ n‟est pas

validée car la base sur laquelle nous nous sommes reposés ne constitue pas un élément

pertinent pour déterminer la fréquence des signes. Par conséquent, nous pouvons affirmer

que la base Novlex constitue un outil permettant davantage d‟évaluer le lexique

orthographique que le lexique en LSF. Ainsi, dans la perspective d‟une éventuelle reprise

de notre outil, il serait nécessaire de déterminer une base de signes de LSF avec leur

fréquence d‟occurrence. Si cela se révélait toujours inexistant, la fréquence d‟occurrence

pourrait alors ne plus faire partie des variables de sélection des items.

2.5.2. La concrétude

Tout comme lors de l‟évaluation en français écrit, nous ne relevons pas d‟effet significatif

de la concrétude dans la reconnaissance lexicale des signes en LSF. Ainsi, cette

hypothèse est une nouvelle fois écartée, ce qui irait ainsi en faveur de l‟étude menée par

Wells (1942), cité par Lepot Froment et Clerebaut en 1996, qui atteste qu‟un progrès

continu relatif aux notions abstraites s‟observe chez les jeunes sourds.

2.5.3. L’iconicité

La variable ayant le plus d‟impact sur la reconnaissance des items est sans conteste

l‟iconicité. En effet, nous avons constaté que les items ayant été établis comme « plus

iconiques » sont significativement mieux réussis que les « moins iconiques ». Cet effet

peut s‟expliquer par la « ressemblance » dont fait état Daigle (1998) entre la forme et le

référent. Ainsi, certains signes, de par leur configuration ou leur construction par

synecdoque ou métonymie (Bouvet citée par Siran en 2004), sont très proches du signifié

et permettent ainsi une désignation lexicale plus aisée. Ceci explique donc les résultats

supérieurs des termes « plus iconiques » et valide en outre notre hypothèse de départ.

De plus, en lien avec cet effet d‟iconicité, on relève un taux de sélection des distracteurs

gestuels supérieurs aux autres distracteurs. Ceci peut s‟expliquer par l‟information

visuelle prédominante dans le choix des items, chez les jeunes sourds évalués.

3. Corrélations des résultats

Tout d‟abord, nous observons dans le tableau 28 (verso de la page 55) une corrélation

négative hautement significative entre le taux de réponses correctes en français écrit et le

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taux de réponses correctes au protocole en LSF. Autrement dit, les sujets ayant un fort

taux de réussite au protocole en français écrit ont de faibles résultats en LSF, et

inversement. Ce qui va à l‟encontre des études menées par Niedeberger en 2001, constate

un lien très important entre les capacités en français écrit et celles en LSF. Néanmoins,

nous venons de voir qu‟il existe un effet significatif du degré de surdité sur les résultats

en français écrit et en LSF. Ainsi, les sujets sourds moyens et sévères obtiennent de

meilleurs résultats à l‟épreuve de français écrit que les sujets atteints de surdité profonde.

A l‟inverse, les adolescents sourds profond ont obtenu de meilleurs résultats au protocole

LSF que les adolescents souffrant de surdité moyenne et sévère. Ce qui pourrait donc

expliquer que les sujets ayant de forts taux de réussite au protocole en français écrit aient

de moins bons résultats en LSF, et inversement. Bien que ce postulat aille à l‟encontre des

études menées par Niederberger (2007), il est nécessaire de garder à l‟esprit celles-ci

étaient réalisées sur de jeunes sourds ayant bénéficié d‟un bain de LSF conséquent, ce qui

est loin d‟être le cas de notre échantillon. En effet, les adolescents constituant notre

population test présentent des histoires personnelles très différentes les unes des autres.

Certains sont issus de familles sourdes et sont ainsi immergés au quotidien dans la LSF,

tandis que d‟autres bénéficient d‟un environnement et d‟une éducation entièrement

oralistes. Ainsi, une importante stimulation et exposition au langage oral facilite

l‟acquisition de son lexique et aura des répercussions positives sur l‟identification du mot

écrit (Alégria, Leybaert & Mousty, 1994). Les jeunes bénéficiant de cette imprégnation

orale auront donc de meilleures performances à l‟écrit mais leurs résultats en LSF seront

inférieurs du fait d‟une confrontation et d‟une pratique réduite de cette langue. A

l‟inverse, les sujets davantage immergés dans une communication en LSF auront un accès

moindre à l‟oral et donc de moins bonnes performances lexicales en passation écrite. Ceci

peut de ce fait expliquer les corrélations obtenues à partir de nos résultats.

On note ensuite une corrélation positive intéressante entre le taux de réponses correctes en

LSF et le taux de distracteurs phonologiques sélectionnés en français écrit. Ainsi, les

sujets ayant un taux de réussite élevé en LSF ont sélectionné en français écrit plus de

distracteurs phonologiques que ceux qui ont un moins bon niveau de LSF. Or nous

venons d‟observer un effet significatif du degré de surdité sur le niveau de LSF. Ainsi, les

adolescents atteints de surdité profonde ont de meilleurs résultats en LSF que les

adolescents atteints de surdités moins importantes. Nous savons également, grâce aux

travaux d‟Oller et coll. (1974) que plus la surdité du sujet est importante, plus son

développement phonologique est retardé, du fait du déficit sensoriel. En effet, les indices

phonémiques qui lui sont fournis par le langage oral sont souvent déformés ou confondus

(Leybaert, 1993). De plus, nous avons constaté que les sujets atteints de surdité profonde

ont tendance à sélectionner davantage de distracteurs phonologiques que ceux souffrant

de surdité moyenne ou sévère. Nous en déduisons donc que les sujets sourds ayant un

meilleur niveau de LSF sont également ceux dont les représentations phonologiques sont

les moins développées, ce qui nous permet d‟expliquer cette corrélation.

Enfin, les corrélations observées entre les taux de sélection des différents distracteurs au

sein de chaque protocole nous semblent difficilement interprétables au regard des

éléments théoriques dont nous disposons. Nous pouvons néanmoins supposer qu‟elles

sont provoquées par certaines faiblesses de nos protocoles que nous allons développer par

la suite, notamment en ce qui concerne la pertinence de certains distracteurs ou des

photos les représentant.

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II. Limites de notre étude

1. Limites concernant la partie théorique

En ce qui concerne la bibliographie et les références théoriques, nous nous sommes

heurtés, durant l‟élaboration de ce mémoire, à la difficulté de trouver un nombre suffisant

d‟ouvrages de référence et d‟études déjà menées sur le sujet, notamment en ce qui

concerne le langage de l‟adolescent sourd. C‟est pourquoi, au vu des références dont nous

disposions, nous avons choisi d‟axer le développement de notre partie théorique plus

particulièrement sur le développement du langage chez l‟enfant sourd.

2. Limites concernant les protocoles

Lors de la création et de la passation de nos protocoles, nous avons pris conscience de

certaines limites les concernant.

2.1. Le choix des items cibles

Durant la constitution de la base de données regroupant les différents items de nos

protocoles, plusieurs remarques se sont imposées à nous.

Nous avons tout d‟abord regretté de n‟avoir pu, par manque de temps, combiner

l‟utilisation de différentes bases de données lexicales informatisées telles que Manulex

(Ortéga, É., & Lété, B. (2010), plutôt que de ne s‟appuyer que sur une seule, Novlex.

Nous aurions ainsi pu disposer d‟un panel de mots plus large. De ce fait, notre base de

données aurait été plus riche, et les catégories pour lesquelles nous peinions à trouver un

nombre suffisant de mots répondant à chacun des critères (fréquence, longueur,

concrétude, régularité orthographique) auraient ainsi pu être complétées plus rapidement.

Nous aurions également pu trouver davantage de mots pour chaque catégorie.

Ensuite, nous nous sommes longtemps questionnés sur le critère d‟iconicité. Nous avons

eu quelques difficultés à en donner la définition, car il n‟existe actuellement pas de

consensus général dans la littérature à ce sujet. Nous avons finalement statué sur cette

question et nous avons effectué une étude pilote (cf. annexe II, p. 84) en interrogeant 15

adultes entendants afin qu‟ils définissent lesquels de nos items étaient les « plus

iconiques » et lesquels étaient « moins iconiques ». Il aurait pu être intéressant de mener

cette étude pilote sur une population d‟adultes entendants plus conséquente, ou sur une

population d‟adultes sourds signeurs experts en LSF, afin de préciser davantage ce critère.

Nous nous sommes également trouvés confrontés au choix de réutiliser ou non les items

de notre base dans les deux protocoles. D‟un côté nous pouvions choisir d‟utiliser des

items totalement différents dans nos deux protocoles (LSF et français écrit) pour éviter

tout effet d‟apprentissage ou toute réponse par déduction logique de la part des

adolescents testés. Nous pouvions au contraire intégrer dans les deux protocoles des items

strictement identiques afin d‟observer chez les sujets la connaissance précise de ces mots

dans les deux langues. Dans ce cas de figure il aurait néanmoins fallu allonger le délai

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entre la passation des deux protocoles, afin de diminuer au maximum l‟effet

d‟apprentissage des items.

Nous avons finalement opté pour une idée intermédiaire ; nous avons en effet choisi

d‟utiliser un certain nombre d‟items communs aux deux protocoles, en ayant ainsi une

base commune de distracteurs, ce qui nous épargnait également la nouvelle surcharge de

photographies à prendre. Aux items communs à ces deux protocoles ont ensuite été

rajoutés des items différents selon que l‟évaluation se faisait en français écrit ou en LSF.

Il s‟agissait des items selon nous les plus facilement représentables en photos, et pour

lesquels nous avions trouvé facilement des distracteurs.

2.2. Le choix des distracteurs

Chaque distracteur a été choisi en fonction d‟une part de sa qualité en tant que distracteur,

c'est-à-dire sa capacité à faire douter les sujets n‟ayant pas une représentation du mot ou

du signe suffisamment stable, et d‟autre part en fonction de la facilité que nous avions à le

représenter en photographie.

Ainsi, au vu des réponses données à certains items par les sujets évalués, nous nous

sommes rendu compte que quelques distracteurs n‟étaient pas pertinents. En effet,

certains étaient trop proches de l‟item cible, ce qui faisait douter même les sujets ayant

des représentations stables du mot ou du signe évalué. Ce type de problème se constate

surtout sur les distracteurs sémantiques ; c‟est le cas notamment pour les items les plus

échoués de notre base. Par exemple, en français écrit, parmi les distracteurs de l‟item

« canoë » figure le distracteur sémantique « kayak ». Or ces deux mots sont

sémantiquement trop proches, car cet item est également très chuté chez les adolescents

entendants (46% de réussite seulement). On constate d‟ailleurs que certains adultes

entendants ayant un bon lexique font la confusion entre ces deux mots, ce qui explique le

fort taux d‟échec à cet item. L‟item « dragée », quant à lui, était signé « bonbon dur » en

LSF, or, le distracteur sémantique (sélectionné à plus de 65%) représentait lui aussi un

bonbon dur dans son papier d‟emballage. Néanmoins, ce papier d‟emballage n‟était pas

signé, ce qui n‟aurait pas dû créer de confusion.

D‟autres distracteurs présents dans nos protocoles étaient au contraire trop éloignés de

l‟item cible pour induire vraiment en erreur les personnes n‟ayant pas une représentation

très stable du mot ou du signe. Par exemple, le distracteur visuel de l‟item « aigle »

représente une personne enfilant un manteau, et dont la silhouette ressemble visuellement

à la forme de l‟aigle. De même, le distracteur visuel de « nez » était une pyramide, dont

la photographie, bien qu‟ayant visuellement quelques similitudes avec celle de l‟item

cible, en était malgré tout différente. Il nous avait d‟ailleurs été très difficile pour cet item

de trouver un distracteur visuel photographiable et n‟ayant aucun lien sémantique ou

phonologique avec celui-ci.

Ensuite, il a parfois été difficile de trouver des distracteurs gestuels pertinents pour les

signes « composés ». Il a par exemple été impossible de trouver un distracteur gestuel

adéquat pour l‟item « aquarium », signé en deux temps en LSF (le premier signe

représentant la forme de l‟aquarium, et le second, le poisson nageant à l‟intérieur) Dans

ces quelques cas, nous avons finalement choisi de retenir comme distracteur gestuel un

seul des deux gestes constituant le signe. De ce fait, pour l‟item « aquarium », nous avons

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conservé le premier geste « boite » du signe de l‟item cible. Il aurait en revanche été peut

être plus intéressant d‟abandonner ces items « composés » pour des items se signant en un

seul mouvement.

2.3. Les photographies

Nous nous sommes également rendu compte au gré des passations et des différentes

remarques des adolescents sourds de certains défauts de notre protocole liés aux

photographies elles-mêmes. Par exemple, le distracteur phonologique de l‟item « fumée »

est « fusée », et la photographie le représentant est celle d‟une fusée au décollage. Or un

peu de fumée est visible en bas à droite de cette image, ce qui a fait hésiter plusieurs

adolescents qui nous ont fait remarquer, à juste titre, que l‟on voyait de la fumée sur deux

des photographies.

Ensuite, certaines photographies d‟items cibles ne correspondent pas exactement au signe,

comme par exemple l‟item « canoë ». Le signe de LSF traduisant « canoë » mime

quelqu‟un en train de pagayer. Or, sur la photographie, on peut voir deux personnes au

repos dans un canoë, alors que la photo du distracteur sémantique « kayak » représente

une personne seule dans un kayak, en train de pagayer. Ce qui peut également expliquer

le fort taux de sélection de ce distracteur.

Enfin, si certaines des photographies de notre protocole nous ont semblé faciles à

représenter et à mettre en scène à partir du mot cible, il est en revanche souvent plus

difficile d‟évoquer ce même mot en s‟appuyant uniquement sur la photographie. Par

exemple, l‟item « août » avait pour distracteur gestuel « orange » dont le signe est proche.

Lors des passations, le distracteur gestuel a fréquemment été sélectionné car sa photo

évoquait très facilement la couleur « orange » alors, que la photo représentant l‟item cible

montrait une plage ensoleillée très fréquentée, et évoquait moins rapidement le mot

«août». De même avec l‟item « miracle » dont la photographie du distracteur sémantique

représentait un magicien, qui évoquait plus rapidement et plus facilement la notion de «

miracle » que la photo de l‟item cible en elle-même. En effet, l‟image d‟un homme

marchant sur l‟eau évoquait moins rapidement l‟idée de « miracle », peut être aussi parce

que ce terme fait appel à des connaissances culturelles, voire religieuses, auxquelles les

sujets que nous avons rencontrés sont peut être moins sensibilisés.

Enfin lors de la passation LSF, certains items considérés comme difficiles (car peu

fréquents, longs, irréguliers, non iconiques…) ont été bien réussis car très souvent ce sont

des termes dont les signes sont très proches de la photo cible. Par exemple , l‟item

acupuncteur n‟a pas été défini comme iconique car, hors contexte, le signe qui le

caractérise n‟est pas du tout évocateur. En revanche, le lien entre ce signe et la photo le

représentant est très rapidement faisable un fois que l‟on a la photographie sous les yeux.

3. Limites concernant la passation des expérimentations

Lors de la passation de chacun de nos protocoles et du recueil des réponses, certaines

observations nous amènent à émettre certaines critiques à l‟égard de notre outil créé.

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Le retour en arrière était autorisé aux adolescents sourds car le protocole leur était

proposé en passation individuelle. Il pourrait éventuellement être supprimé afin de

standardiser davantage la passation avec celle des entendants, Ainsi les deux populations

seraient testées de façon plus égale.

Nous pensons également qu‟imposer une réponse systématique, au lieu de laisser la

liberté de ne pas répondre aux adolescents pourrait être intéressant. En effet lors de la

passation nous avons remarqué que certains adolescents, lorsqu‟ils hésitaient,

s‟abstenaient de répondre par crainte de répondre faux. Nous cotions alors ces résultats en

« NSP » (Ne se prononce pas) à titre indicatif. L‟obligation de réponse que nous

suggérons permettrait peut être d‟observer plus précisément certains effets ou certains

types d‟erreurs.

4. Limites concernant les populations

Nous avons enfin été confrontés à certaines limites quant aux différentes populations que

nous avons testées.

4.1. Population test

En effet, vu les contraintes imposées par le calendrier, nous n‟avons fait passer nos

protocoles qu‟à 29 adolescents sourds. L‟hétérogénéité et le faible nombre de sujets

constituant notre échantillon étaient tels que nous avons choisi de nous concentrer sur

certaines variables (classe, degré de surdité et implant) et de ne pas observer tous les

paramètres susceptibles d‟expliquer les résultats. Une analyse d‟autres variables

individuelles (âge et sexe des sujets, âge de découverte de leur surdité, âge d‟appareillage

ou de la pose d‟implant cochléaire, durée de la prise en charge orthophonique, surdité ou

non des parents…) pourrait être intéressante à effectuer. De plus, certaines variables

étaient sous-représentées, notamment en ce qui concerne la classe : les adolescents

scolarisés en classes de 6ème

et 5ème

n‟étaient que 7, contre 22 en classes de 4ème

et 3ème

.

Il serait donc intéressant d‟observer les résultats d‟un échantillon plus large d‟adolescents

sourds en intégration scolaire individuelle. Il pourrait également être très intéressant de

comparer cet échantillon à un échantillon de jeunes sourds suivant leur scolarité en milieu

spécialisé, et qui sont supposés avoir un accès et une utilisation de la LSF plus

importants. Ceci permettrait d‟analyser les différences de niveau à la fois en LSF et en

français écrit.

Il aurait aussi pu être pertinent de fournir aux sujets de notre échantillon un questionnaire

à remettre à leurs parents, afin de recueillir des informations les concernant. Ces données

pourraient s‟avérer précieuses pour l‟analyse des résultats (informations sur la place de la

LSF dans la famille, sur un éventuel appui sur le LPC, la perspective dans laquelle se

place la famille (oraliste, bilingue...), le nombre d‟heures éventuel d‟enseignement de la

LSF, la surdité éventuelle d‟autres membres de la famille…).

De plus, il aurait pu être judicieux d‟évaluer les populations test et témoin au préalable au

moyen d‟un outil standardisé testant le lexique des adolescents, tel que l‟EVIP (Dunn et

al., 1993) pour avoir une idée de leur niveau de vocabulaire, et éventuellement exclure les

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sujets ayant des performances atypiques afin de ne pas fausser les résultats de notre étude.

De plus, cet outil pourrait également nous permettre de comparer les résultats à ceux

obtenus à notre protocole afin de définir une éventuelle tendance comparable.

4.2. Population témoin

Enfin, Pour évaluer notre population témoin, nous nous sommes rendus dans un collège

de l‟agglomération lyonnaise en partenariat avec le SSEFIS Recteur Louis. C‟était

cependant un collège classé en Zone d‟Education Prioritaire (ZEP) ayant des classes

décrites par leurs enseignants comme étant de niveau assez « faible », notamment celle de

4ème

. Les réponses obtenues dans cette classe en particulier, et pour l‟échantillon des

adolescents entendants en général ne sont donc pas forcément représentatives de celles de

la population des adolescents entendants.

III. Intérêts et perspectives de notre étude

1. Points forts et intérêts de notre étude

Un des atouts de notre étude a été la simplicité de passation de nos protocoles. Les

consignes étaient simples, et présentées en français oral, écrit ou en LSF pour en

optimiser la compréhension.

Ensuite, nos protocoles testant uniquement la compréhension, nous avons fait notre

possible pour éviter que les résultats ne soient biaisés par un éventuel trouble de la

mémoire de travail, ou un problème de rapidité en lecture. Nous avons choisi de ne pas

tester le lexique en expression car les adolescents sourds, selon leur éducation et leur

histoire ne sont pas tous égaux face à l‟oralisation, et les résultats obtenus n‟auraient pas

été représentatifs de leur réel niveau de lexique. De même, nous voulions comparer leurs

résultats à ceux d‟adolescents entendants du même niveau scolaire, et il semble évident

que ces deux populations n‟auraient pas été sur un pied d‟égalité face à cette évaluation.

Pour finir, nous avons reçu un très bon accueil lors des différentes passations de notre

protocole, tant de la part des adolescents testés que des orthophonistes les prenant en

charge. En effet, cet exercice était bien reçu chez les adolescents car il était suffisamment

ludique, sans pour autant être trop simple ou infantilisant. D‟un autre coté, certaines

orthophonistes se sont montré intéressées par les réponses de leurs patients, et ont vu

notre protocole comme un moyen de faire le point sur leur niveau de vocabulaire et ainsi

travailler par la suite avec eux les items échoués.

2. Perspectives et ouvertures

Tout d‟abord, une suggestion intéressante nous a été faite par plusieurs des orthophonistes

prenant en charge les adolescents de notre échantillon de population. Notre protocole

pourrait être amélioré en l‟informatisant davantage. En effet, on pourrait imaginer un

protocole informatisé où les adolescents, pour toute réponse, cliquent sur les photos

représentant les items cibles. Cela pourrait simplifier d‟une part la passation du protocole

en lui-même ( plus de sauts de lignes dans la grille-réponse, ou de confusions entre le

numéro de la photo et la case à cocher…), et d‟autre part le recueil des résultats. Le gain

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de temps peut en effet être considérable si le logiciel ainsi créé se charge de comptabiliser

automatiquement les réponses correctes ou le nombre de distracteurs sélectionnés.

On peut également imaginer, dans le cadre de ce logiciel, de mesurer le temps de

passation du protocole pour chaque sujet, ou le temps moyen de réponse à chaque item en

vue d‟une analyse plus approfondie.

Nous serions curieux de connaitre, dans le cadre d‟un nouveau mémoire d‟orthophonie

ou d‟une autre étude reprenant ce sujet, les résultats obtenus sur une population plus

jeune. Ceci, en observant par exemple les performances de sujets plus jeunes sur les items

de notre base réussis à 100% par les adolescents de notre échantillon.

De la même façon, il pourrait également être intéressant de se concentrer plus

particulièrement sur les critères qui ont montré avoir un effet significatif sur la réussite ou

l‟échec, en les affinant. Par exemple, en privilégiant davantage les critères de fréquence

en français écrit ou d‟iconicité au protocole LSF, il pourrait être intéressant d‟en étudier

pour chacun trois niveaux (items rares-moyennement fréquents-très fréquents, ou items

transparents-translucides-opaques pour l‟iconicité).

A l‟inverse, certains critères peu ou non significatifs pourraient être abandonnés.

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CONCLUSION

L‟outil que nous avons élaboré avait pour objectif d‟évaluer les connaissances lexicales

des adolescents sourds en français écrit et en LSF. Celui-ci nous a permis d‟analyser

quantitativement et qualitativement une partie de l‟étendue lexicale de cette population.

Afin de pouvoir comparer et objectiver ces résultats, nous avons également soumis le

protocole en français écrit à des adolescents entendants.

Les analyses statistiques effectuées sur les résultats obtenus nous ont permis de valider

certaines de nos hypothèses initiales et surtout d‟observer des comportements très

intéressants pouvant servir à une éventuelle analyse future.

Nous avons ainsi observé, au sein des résultats que nous avons présentés, un effet

significatif de certaines variables ayant déterminé la construction de notre base lexicale.

En effet, à l‟écrit et en conformité avec nos hypothèses, la fréquence d‟occurrence et la

longueur du mot ont eu une influence sur les résultats obtenus, ce qui n‟est pas le cas de

la régularité orthographique. Cependant, l‟effet de concrétude que nous attendions ne

s‟est pas vérifié, ceci étant probablement lié à l‟âge avancé de notre population test. Nous

avons par ailleurs relevé des performances sensiblement meilleures chez les sujets

entendants, sans que celles-ci ne se soient révélées significatives.

En ce qui concerne le protocole LSF proposé aux enfants sourds, la concrétude des items

n‟a pas non plus eu d‟effet significatif, ni la fréquence. En revanche, on a relevé un réel

effet de l‟iconicité sur les résultats. Cette variable se révèle être particulièrement

intéressante et nécessiterait une étude plus précise dans le cas d‟une éventuelle reprise du

protocole.

Enfin, les corrélations observées sur les résultats en français écrit et en LSF ont montré

qu‟un fort taux de réussite en LSF était souvent associé à des performances moins bonnes

en français écrit, et inversement. Ce qui pouvait être attendu de la part de nos sujets, étant

donné que ceux-ci bénéficient d‟une scolarité intégrée et d‟un accès important au langage

oral.

Notre étude nous a donc permis d‟aboutir à la création d‟un outil qui, nécessairement,

mériterait d‟être repris et amélioré dans le cas d‟une utilisation future. En l‟occurrence,

cette perspective est en passe de prendre forme dès cette année, des étudiantes de 3ème

année d‟orthophonie de l‟école de Lyon s‟étant déjà montrées vivement intéressées par

notre projet et l‟outil élaboré. Ainsi, cela permettrait une réutilisation immédiate de notre

outil et surtout l‟apport nécessaire d‟améliorations préliminaires. En effet, les résultats

obtenus, associés aux critiques constructives émises à l‟égard de notre protocole,

permettrait d‟affiner son utilisation.

De fait, celui-ci pourrait faire l‟objet d‟une étude menée auprès de sujets plus jeunes ou

encore faire l‟objet d‟un premier étalonnage permettant de standardiser les résultats. De

plus, il pourrait être intéressant de soumettre cet outil à des sujets sourds issus de milieux

scolaires spécialisés afin de pouvoir constater des effets encore différents et de pouvoir

confronter les résultats à ceux déjà recueillis. En bref, nous espérons avoir contribué à la

mise au point d‟un outil offrant de multiples perspectives d‟évaluation, et permettant

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d‟étudier et de comprendre un peu mieux les aptitudes lexicales et, à l‟avenir peut-être,

les aptitudes langagières des jeunes sourds.

Les recherches et les temps de réflexion qu‟a nécessités l‟élaboration de cet outil nous

ont réclamé un investissement conséquent, facilité par le réel intérêt que nous avons eu à

le constituer par nos propres moyens. Cette étude nous a permis de prendre conscience

des enjeux d‟un travail de recherche et d‟en apprendre davantage sur le milieu de la

surdité, en particulier sur la LSF qui nous passionne d‟autant plus aujourd‟hui. Nous

sommes convaincus que cette expérience et ces analyses nous serviront dans nos vies

personnelles et professionnelles à venir.

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ANNEXES

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Annexe I : Liste des items retenus pour les protocoles et classés

par critères

1. Liste des items du protocole Français écrit

FREQUENT

CONCRET ABSTRAIT

LONG COURT LONG COURT

REG IRREG REG IRREG REG IRREG REG IRREG

allumette

(5474) monsieur

(123298) Fumée

(10298) fer

(7378) courage

(9283) compter

(11901) fête

(12377) hiver

(17138)

araignée (9283)

aiguille

(13567) Balai

(6902) tronc

(8330) curieux

(12000) cueillir

(14995) triste

(23326) dessus

(47367)

cuisine

(19280) bonhomme

(14043) chaîne

(6426) poêle

(5712) bataille

(6902) dessous

(7378) chaud

(23802) cher

(20470)

fauteuil

(7854) village

(24278) corne

(8092) sang

(8092) contraire

(5474) automne

(5970) chant

(5236) faim

(29753)

dentiste

(5474) -

sucre

(5950) clown

(7140) chagrin

(6902) ressembler

(19994) rêve

(16423) fier

(10235)

terrain

(6188) -

lait

(19280) nez

(41416) surprise

(16185) tranquille

(16900) faute

(6902) gentil

(17138)

PEU FREQUENT

CONCRET ABSTRAIT

LONG COURT LONG COURT

REG IRREG REG IRREG REG IRREG REG IRREG

labyrinthe

(476) orchestre

(476) four

(2856) tabac

(714) hésitation

(714) équateur

(476) absent

(1190) écho

(4284)

carotte

(4760) cacahuète

(714) filtre

(238)

parfum

(4760) miracle

(3570) baptême

(238) nature

(2856) galop

(2856)

clarinette

(714)

chewing-

gum

(3808)

lacet

(952) toast

(476) paresse

(714) chorale

(238) câlin

(476) août

(1904)

marionnette

(952)

mayonnaise

(238)

beurre

(4750) oignon

(4522) partage

(1190) respect

(2142) trajet

(1190) examen

(1904)

laboratoire

(1904) barbecue

(238) canoë

(238) jean

(952) peureux

(238) accueil

(714) mépris

(1666) club

(1190)

cheville

(952) aquarium

(714) clou

(1666) -

gourmand

(4622) acupuncteur

(238) mortel

(1190) saoul

(238)

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2. Liste des items du protocole LSF

FREQUENT PEU FREQUENT

CONCRET ABSTRAIT CONCRET ABSTRAIT

IC+ IC- IC + IC- IC+ IC- IC+ IC-

fauteuil (7854)

coton (952)

fête (12377)

chaud

(23802) four

(2856) marionnette

(952) saoul

(238) miracle

(3570)

balai

(10298) lait

(19280) triste

(23326) rêve

(16423) lacet

(952) carotte

(4760) partage (1190)

câlin

(476)

chaîne

(6426) sucre (5950)

faute (6902)

envie

(24040) clou

(1666) chèque

(476) écho

(4284) mépris

(1666)

corne

(8092) aigle

(9521) automne

(5970) curieux

(12000) clarinette

(714) dragée

(238) club

(1190) absent

(1190)

allumette

(5474) cuisine (19280)

courage (9283)

surprise

(16185) canoë

(238) cacahuète

(714) peureux

(238) mortel

(1190)

araignée

(9283) fumée

(10298) chant (5236)

faim

(29753) beurre

(4750) filtre

(238) hésitation

(714) Acupuncteur

(238)

poêle

(5712) Terrain

(6188) dessus (47367)

chagrin

(6902) oignon

(4522) jean

(952) chorale (238)

Gourmand

(4622)

aiguille

(13567) dentiste (5474)

dessous

(7378) bataille

(6902) aquarium

(714) tabac

(714) galop (2856)

août

(1904)

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Annexe II : Etude pilote sur l’iconicité

Etude pilote menée sur les items signés afin de déterminer leur degré d‟iconicité. Pour

rappel, 1 et 2 désignent les items « plus iconiques », 3 et 4, les items « moins iconiques ».

items Réponses des sujets

Iconicité A B C D E F G H I J K L M N P

FUMEE 3 3 4 3 2 3 2 4 3 3 2 4 4 3 3 IC-

BALAI 1 1 1 1 1 1 1 2 1 1 1 2 1 1 1 IC+

CHAINE 1 1 1 3 1 1 1 2 1 1 1 3 2 1 1 IC+

CORNE 3 3 1 1 3 3 2 2 1 1 1 2 1 1 2 IC+

POELE 1 1 1 3 3 1 1 3 2 1 1 1 1 2 1 IC+

ALLUMETTE 1 2 1 2 2 2 1 2 1 1 2 1 1 1 1 IC+

ARAIGNEE 1 3 1 2 1 1 1 2 1 2 1 1 2 1 1 IC+

AIGUILLE 2 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 2 1 1 1 IC+

COTON 3 3 3 4 3 3 3 4 3 3 3 4 3 4 3 IC-

LAIT 3 3 4 4 4 4 3 4 4 4 3 4 3 4 4 IC-

SUCRE 4 3 4 4 4 4 4 3 4 4 4 3 4 4 4 IC-

AIGLE 3 3 3 2 2 2 3 4 3 3 2 3 4 4 3 IC-

CUISINE 3 2 1 3 4 3 4 4 2 3 4 3 4 3 4 IC-

FAUTEUIL 2 1 1 1 2 1 1 2 2 2 3 1 2 2 1 IC+

DENTISTE 3 2 1 3 2 3 3 4 3 3 3 2 3 3 3 IC-

TERRAIN 3 3 3 3 1 2 3 3 4 3 3 2 3 3 3 IC-

FÊTE 3 2 4 1 1 1 2 2 1 3 1 1 1 2 1 IC+

TRISTE 3 4 3 1 2 1 2 1 1 2 2 1 1 2 1 IC+

CHAUD 4 4 4 3 4 4 3 4 4 4 4 3 4 4 3 IC-

AUTOMNE 2 4 3 3 1 1 2 2 2 1 1 1 2 1 2 IC+

DESSUS 1 2 1 2 1 2 1 2 2 2 1 1 2 1 1 IC+

COURAGE 1 2 2 3 4 2 1 2 1 1 2 2 1 1 2 IC+

CURIEUX 3 4 3 2 4 4 3 3 2 4 3 4 3 2 3 IC-

DESSOUS 1 1 1 2 1 1 1 2 1 1 1 2 2 1 2 IC+

FAUTE 4 2 3 2 1 4 2 2 1 2 2 1 2 1 2 IC+

ENVIE 3 4 3 4 4 4 3 4 4 3 4 3 4 4 4 IC-

CHANT 3 2 1 1 3 1 1 2 1 1 1 2 2 1 1 IC+

RÊVE 3 3 3 3 4 3 3 4 3 3 3 3 4 3 3 IC-

FAIM 3 2 1 3 2 2 3 3 3 3 2 3 3 3 3 IC-

CHAGRIN 1 3 3 2 1 3 2 3 3 3 3 2 3 3 3 IC-

BATAILLE 1 3 3 2 3 2 3 4 3 2 3 2 3 3 3 IC-

SURPRISE 1 2 3 4 3 1 3 4 3 3 2 3 3 3 3 IC-

FOUR 2 1 2 3 3 2 1 3 2 2 1 2 2 2 2 IC+

CLOU 2 4 2 3 2 2 2 3 2 2 2 4 3 2 2 IC+

LACET 2 2 1 1 2 1 1 2 1 1 1 1 2 1 1 IC+

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CLARINETTE 1 1 1 1 1 1 1 2 1 1 1 2 1 1 1 IC+

CANOË 1 2 1 2 1 1 2 1 1 2 1 2 2 2 1 IC+

TABAC 3 4 3 2 3 4 3 4 3 2 2 4 3 4 3 IC-

MARIONNETTE 3 3 4 4 4 4 3 4 4 3 4 3 3 3 4 IC-

CACAHUETE 3 4 4 4 4 4 4 4 4 3 4 4 4 4 3 IC-

BEURRE 1 2 1 3 1 1 1 2 1 1 1 2 1 1 2 IC+

CHEQUE 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 IC-

DRAGEE 4 4 4 4 3 3 4 4 4 3 4 4 4 3 4 IC-

CAROTTE 3 2 4 3 3 3 3 4 3 3 2 3 3 4 3 IC-

FILTRE 4 4 4 4 2 3 4 4 3 3 4 3 4 4 4 IC-

OIGNON 2 3 1 3 1 1 2 3 1 1 1 2 1 1 2 IC+

JEAN 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 IC-

AQUARIUM 1 3 1 3 2 1 1 3 1 2 2 1 2 2 1 IC+

ABSENT 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 IC-

ECHO 2 3 2 2 1 2 2 2 2 1 2 2 2 2 2 IC+

PARTAGE 3 2 3 4 2 2 2 3 2 2 2 3 2 2 2 IC+

GOURMAND 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 IC-

GALOP 1 4 1 3 2 2 1 3 1 1 2 1 2 2 1 IC+

PEUREUX 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 IC+

HESITATION 2 2 1 2 1 1 1 2 2 1 2 1 1 1 2 IC+

CHORALE 4 2 3 3 2 2 2 4 2 2 2 3 2 2 2 IC+

CÂLIN 3 3 3 2 3 2 3 4 2 3 3 3 3 3 3 IC-

MEPRIS 2 3 3 3 3 2 3 3 3 3 2 3 3 3 2 IC-

SAOÛL 1 1 1 3 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 IC+

MIRACLE 3 3 1 4 3 3 3 4 3 3 3 4 3 3 3 IC-

MORTEL 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 IC-

AOÛT 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 4 IC-

CLUB 1 3 1 3 2 2 1 3 2 2 2 2 1 2 2 IC+

ACUPUNCTEUR 3 2 3 3 3 3 3 4 2 3 3 3 3 2 3 IC-

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Annexe III : Liste des items cibles des deux protocoles et des

distracteurs leur étant attribués

ITEM CIBLE DV DS DG DP DN

FUMEE brouillard cigarette internet fusée aiguille

BALAI râteau à feuilles

plumeau canoë ballon tête

CHAINE guirlande Corde jeux

olympiques chaise cuisine

CORNE banane bois (de

cerf) casquette corde chat

COTON nuage Laine os cochon fauteuil

LAIT jus d'orange Vache carotte blé fusée

SUCRE savon gros sel gris élève (attentif) sacre règle

AIGLE bras levés Oiseau sorcière règle four

TRONC poteau arbre

souche - trou placard

POELE raquette de ping-pong

casserole peindre poule musique

MER étang sable - verre essieu

CLOWN personne maquillée

cirque - clou traire

NEZ pyramide bouche - nid idéogramme

FER serre-tête sabot - verre bonne femme

SANG peinture seringue - saint cirque

ALLUMETTE crayon briquet passer carte dans lecteur de banque

lunettes triste

ARAIGNEE chagassette

(outil de massage)

toile bouillir oreiller match

CUISINE chambre hélo four encre usine fil

FAUTEUIL coffre chaise canada feuille guirlande

DENTISTE chercheur dents + brosse

sucre dentelle coloriage

TERRAIN pré foot pays terrasse poêle

MONSIEUR mannequin femme - essieu oreiller

BONHOMME dessiné

idéogramme bonne femme

- bonnet nid

AIGUILLE cure-dent fil pays anguille fête

VILLAGE construction

enfant campagne - visage crayon

FÊTE manifestation champagne musique tête aigle

TRISTE flo neutre flo content flo masque christ lunettes

CHAUD rond bleu froid cri

(énervement) chat savon

FAUTE agite

mouchoir 20/20 train à vapeur fête cuisine

ENVIE cuisine2 dégout adolescent endive chaine

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86

ITEM CIBLE DV DS DG DP DN

CHANT énervement notes

musique s'évente avec

journal chat fumée

RÊVE lit seul cauchemar roi fève chat

DESSUS orange dessous tunnel déçu corde

GENTIL gentil visuel méchant - gencive feuille

CHER (bijou + prix)

valise+ étiquette

fauché - fer maitre

HIVER coton été - pic vert barrage

FIER scotch honteux - fer anguille

FAIM visuel assiette manger abbé de l'épée

pain bonnet

COURAGE visuel courage peur train ter

coloriage chaise

CURIEUX (ouvre la

porte) attentif écoute furieux terrasse

CHAGRIN (pleurer)

transpiration heureux

(content flo) policier châtain gencive

CONTRAIRE clément maud

maud ressembler - traire attentif

BATAILLE (chevaliers)

mêlée (rugby) boxe frites bétail fontaine

SURPRISE (devine qui

c'est)

tête ds les mains

anniversaire visage flou prise coton

COMPTER (sur doigts)

(aïe j'ai mal au doigt)

calculette - montée transpiration

CUEILLIR fleurs ramasse caillou

bouquet - bouillir fer

DESSOUS orange dessus four sous

(argent) vache

AUTOMNE paysage vert été (plage) sapin bretonne pain

TRANQUILLE au repos

tranquille visuel

effort - trinquer sert l'assiette

RESSEMBLER jumeaux

maud contraire - rassembler fève

FOUR télé frigo garage tour heureux

CANOË barquette kayak balai canard manger

CLOU aiguille marteau septembre (automne)

cou boxe

LACET spaghetti scratch cadeau bracelet calculette

BEURRE savon huile glisse heure canard

CHEQUE ticket de caisse

carte bleue banc chaise kayak

DRAGEE galet bonbon dentiste dragon cou

FILTRE mouchoir passoire transparent frite banane

TABAC terre cigarette écriture table marteau

PARFUM bouteille déodorant - parpaing spaghetti

TOAST éponge tartine - poste bracelet

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87

ITEM CIBLE DV DS DG DP DN

OIGNON balle poireau pomme de

terre moignon ticket de caisse

JEAN corbeille bleue short barbichette mine crayon chèque

LABYRINTHE plan perdu + panneau

- laboratoire calendrier

CLARINETTE longue vue saxophone sandwich marionnette parpaing

MARIONNETTE peluche petit théâtre huile clarinette galet

CHEVILLE hache genou - chenille marionnette

CAROTTE avec fanes

fougères radis se moquer capote saxophone

LABORATOIRE classe bio microscope - labyrinthe clarinette

ORCHESTRE assemblée instruments - orque/orchid

ée frite

CACAHUETE cailloux pistache os cacatoès passoire

CHEWING-GUM galet tic tac - gomme fougères

MAYONNAISE dentifrice moutarde - maillot de

foot classe bio

AQUARIUM terrarium poisson boite aquarelle carottes

BARBECUE saucisse four - barbe chenille

ABSENT dessin + flèche sur

absent

dessin abstrait Flèche sur

présent champagne abécédaire maillot de foot

TRAJET plan tracé

plan vierge route - dragée poisson

CÂLIN bagarre bisou barbe lapin microscope

MEPRIS neutre sympathie défilé

militaire mairie cacahuète

MORTEL flacon tombe pierre mortadelle orchestre

NATURE maquette

nature fleur - rature poupée

ECHO montagne

seule « chut »

crier (furieux)

étau bouquet de radis

GALOP enfant vélo

cheval assassinat gâteau barbe

AOÛT plage

en hiver automne

orange (couleur)

route chien qui court

EXAMEN médical

jeu 'barbichette’

docteur blouse

- sac à main gâteau

CLUB parapluie golf balai globe mortel

SAOÛL visage qui a

froid bouteille vin clown loup cheval

PARESSE mange salade besogneux - princesse four

PARTAGE discussion égoïste éplucher une

carotte garage globe

PEUREUX chien peureux courageux enfant pneu mortadelle

GOURMAND vaisselle goinfre Ardèche gourmette sac à main

HESITATION penser choix balance habitation gourmette

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88

ITEM CIBLE DV DS DG DP DN

MIRACLE marche sur

l'eau

plongeon magicien temps (carte

météo) matraque fleur

BAPTEME cuisinier mariage - batte lapin

CHORALE assemblée chant troupeau de

chèvres corail moutarde

EQUATEUR orange+ligne

médiane tropique - radiateur flacon

RESPECT tenir la porte

Visuel porte non respect - respirer corail

ACCUEIL arrêt de tram

vide salle

d'attente - cueillir pneu

ACUPUNCTEUR chercheur dentiste craie sur un

tableau apiculteur bouteille vin

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Annexe IV : Grilles réponses

1. Grille réponse du protocole français écrit

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2. Grille réponse du protocole LSF

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Annexe V : Tome II sous format CD-ROM

Dans ce tome II en CD figure l‟outil d‟évaluation que nous avons élaboré.

Vous pouvez donc, en cliquant sur « protocole français écrit » et « protocole LSF »

visionner nos deux protocoles, tels qu‟ils ont été présentés aux adolescents que nous

avons évalués.

Le troisième fichier (« Fichier Annexe - vidéos en LSF ») figurant sur le CD est

nécessaire au bon fonctionnement de notre protocole LSF, mais ne présente aucun intérêt.

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TABLE DES ILLUSTRATIONS

1. Liste des tableaux

Tableau 1 : variables étudiées dans le protocole en français écrit ……………………....30

Tableau 2 : variables étudiées dans le protocole en LSF……………………………….. 30

Tableau 3 : exemple d‟un item et de ses différents distracteurs………………………….32

Tableau 4 : caractéristiques de l‟échantillon de population test………………………….38

Tableau 5 : caractéristiques de l‟échantillon de population témoin……………………...39

Tableau 6 : taux de sélection des réponses possibles selon le niveau scolaire…………41

Tableau 7 : taux de réussite selon le type d‟item………………………………………...42

Tableau 8 : taux de sélection des réponses possibles selon le degré de surdité………….43

Tableau 9 : taux de sélection des réponses possibles selon le type d‟aide auditive……..44

Tableau 10 : taux de sélection des réponses possibles pour les items du protocole en

français écrit……………………………………………………………………………...45

Tableau 11 : taux de sélection des réponses possibles pour les items les plus échoués en

français écrit……………………………………………………………………………...45

Tableau 12 : taux de sélection des réponses possibles selon le niveau scolaire………….45

Tableau 13 : taux de réussite selon la fréquence…………………………………………46

Tableau 14 : taux de réussite selon la longueur…………………………………………..47

Tableau 15 : taux de réussite selon la concrétude………………………………………..47

Tableau 16 : taux de réussite selon la régularité…………………………………………48

Tableau 17 : taux de réussite sur l‟ensemble de l‟échantillon des adolescents entendants

selon le type d‟item………………………………………………………………………48

Tableau 18 : taux de sélection des réponses possibles chez les adolescents sourds et

entendants………………………………………………………………………………..49

Tableau 19 : : taux de sélection des réponses possibles chez les adolescents sourds et

entendants selon le niveau scolaire………………………………………………………49

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Tableau 20 : taux de réussite chez les adolescents sourds et entendants selon le type

d‟item……………………………………………………………………………………..50

Tableau 21 : taux de sélection des réponses possibles selon le niveau scolaire…………51

Tableau 22 : taux de réussite selon le type d‟item……………………………………….52

Tableau 23 : taux de sélection des réponses possibles selon le degré de surdité………...53

Tableau 24 : taux de sélection des réponses possibles selon le type d‟aide auditive……53

Tableau 25 : taux de sélection des réponses possibles pour les items du protocole

en LSF…………………………………………………………………………………...54

Tableau 26 : taux de sélection réponses possibles aux items les plus échoués en LSF…55

Tableau 27 : taux de sélection des réponses possibles aux protocoles en Français écrit et

en LSF chez les adolescents sourds……………………………………………………..55

Tableau 28 : corrélations entre les résultats obtenus au protocole en français écrit et ceux

obtenus au protocole en LSF…………………………………………..verso de la page 55

Tableau 29 : récapitulatif des effets significatifs observés…………….verso de la page 57

2. Liste des figures

Figure 1 : photographies de l‟item cible et de ses différents distracteurs………………..32

Figure 2 : procédure de notre procotole en français écrit………………………………...35

Figure 3 : procédure de notre protocole en LSF………………………………………….36

Figure 4 : taux de sélection des réponses possibles en français écrit selon le degré de

surdité……………………………………………………………………………………43

Figure 5: distribution des erreurs en français écrit selon le degré de surdité……………43

Figure 6 : taux de sélection des réponses possibles en français écrit selon le type d‟aide

auditive…………………………………………………………………………………...44

Figure 7 distribution des erreurs en français écrit selon le type d‟aide auditive………....44

Figure 8 : taux de réussite des adolescents entendants en fonction de la classe…………46

Figure 9 : distribution des erreurs chez les adolescents entendants en fonction de la

classe……………………………………………………………………………………..46

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Figure 10 comparaison des résultats obtenus en français chez les adolescents sourds et

entendants……………………………………………………………………………..…49

Figure 11 : comparaison de la répartition des erreurs en français écrit chez les adolescents

sourds et entendants…………………………………………………………………… .49

Figure 12 : comparaison du taux de réussite chez les adolescents sourds et entendants

en fonction du niveau scolaire.......……………………………………………………….50

Figure 13 : taux de sélection des réponses possibles en LSF selon le niveau

scolaire……………………………………………………………………………………52

Figure 14 : répartition des erreurs en LSF selon le niveau scolaire……………………...52

Figure 15 : taux de réussites en LSF selon le type d‟item………………………………..52

Figure 16 : taux de sélection des réponses possibles en LSF selon le degré de

surdité…………………………………………………………………………………….53

Figure 17 : distribution des erreurs en LSF selon le degré de surdité……………………53

Figure 18 : taux de sélection des réponses possibles en LSF selon le type d‟aide

auditive…………………………………………………………………………………...54

Figure 19 : distribution des erreurs en LSF selon le type d‟aide auditive………………..54

Figure 20 : taux de sélection des réponses possibles aux protocoles en français écrit et en

LSF……………………………………………………………………………………….55

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TABLE DES MATIERES

ORGANIGRAMMES ................................................................................................................................... 2

1. Université Claude Bernard Lyon1 ............................................................................................... 2 1.1 Secteur Santé : ......................................................................................................................... 2 1.2 Secteur Sciences et Technologies : .......................................................................................... 2 2. Institut Sciences et Techniques de Réadaptation FORMATION ORTHOPHONIE ........................... 3

REMERCIEMENTS..................................................................................................................................... 4

SOMMAIRE .................................................................................................................................................. 5

INTRODUCTION ......................................................................................................................................... 7

PARTIE THEORIQUE ................................................................................................................................ 9

I. LA SURDITE ..................................................................................................................................... 10 1. Généralités ................................................................................................................................. 10

1.1. Différents degrés de surdité ............................................................................................................. 10 1.2. Différents types de surdité ............................................................................................................... 11

1.2.1. Surdités unilatérales ou bilatérales .............................................................................................. 11 1.2.2. Surdités pré-, péri- ou post-linguistiques .................................................................................... 11 1.2.3. Surdités de transmission, de perception ou mixtes ..................................................................... 11

2. Les aides à la réception et à la communication ......................................................................... 11 2.1. Les prothèses auditives conventionnelles ......................................................................................... 12 2.2. L‟implant cochléaire ........................................................................................................................ 12

3. Communication et intégration sociale des personnes sourdes ................................................... 13 3.1. Le rôle de la langue des signes ......................................................................................................... 13 3.2. Le cas de l‟intégration sociale et scolaire des enfants sourds ........................................................... 13

II. LE LANGAGE DE L‟ENFANT ENTENDANT .......................................................................................... 14 1. Développement du langage oral ................................................................................................ 14

1.1. Développement du système phonologique ....................................................................................... 15 1.2. Développement du lexique et du système sémantique ..................................................................... 15

2. Développement du langage écrit ................................................................................................ 16 III. LE LANGAGE DE L‟ENFANT SOURD .............................................................................................. 17

1. Développement du système phonologique .................................................................................. 17 2. Développement du lexique et du système sémantique ................................................................ 18 3. Développement du langage écrit ................................................................................................ 19 4. La langue des signes française : LSF ......................................................................................... 20

4.1. Caractéristiques de la langue des signes .......................................................................................... 20 4.2. Acquisition de la LSF ...................................................................................................................... 21

5. Les enjeux de l’évaluation du langage des enfants sourds ......................................................... 21

PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESES ................................................................................................. 23

I. PROBLEMATIQUE ............................................................................................................................. 24 II. HYPOTHESES ................................................................................................................................... 24

1. Hypothèses concernant la compréhension lexicale en français écrit ......................................... 24 2. Hypothèses concernant la compréhension lexicale en LSF ....................................................... 25 3. Hypothèse concernant le protocole élaboré ............................................................................... 25

PARTIE EXPERIMENTALE ................................................................................................................... 26

I. PRESENTATION DU PROTOCOLE ....................................................................................................... 27 1. Le choix des items cibles ............................................................................................................ 27

1.1. Variables retenues ............................................................................................................................ 27 1.1.1. Variable fréquence ...................................................................................................................... 27 1.1.2. Variable longueur ....................................................................................................................... 28 1.1.3. Variable régularité orthographique ............................................................................................. 28 1.1.4. Variable concrétude .................................................................................................................... 28 1.1.5. Variable iconicité ........................................................................................................................ 29

1.2. Spécificités en fonction de la modalité de passation ........................................................................ 29 1.2.1. Spécificités du protocole en français écrit .................................................................................. 29 1.2.2. Spécificités du protocole en LSF ................................................................................................ 30

2. Le choix des distracteurs ............................................................................................................ 30

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2.1. Distracteurs sémantiques.................................................................................................................. 31 2.2. Distracteurs phonologiques .............................................................................................................. 31 2.3. Distracteurs visuels .......................................................................................................................... 31 2.4. Distracteurs neutres .......................................................................................................................... 32 2.5. Distracteurs gestuels ........................................................................................................................ 32

3. Construction de l'épreuve .......................................................................................................... 32 3.1. Généralités ....................................................................................................................................... 32 3.2. Spécificités du protocole en LSF ..................................................................................................... 33

4. Modalités de passation ............................................................................................................... 34 4.1. Passation du protocole en français écrit ........................................................................................... 34 4.2. Passation du protocole en LSF ......................................................................................................... 35

II. PRESENTATION DES SUJETS EVALUES .............................................................................................. 37 1. Groupe test : des adolescents sourds en intégration scolaire .................................................... 37 2. Groupe contrôle : des adolescents entendants ........................................................................... 39

PRESENTATION DES RESULTATS ...................................................................................................... 40

I. RESULTATS CONCERNANT LE PROTOCOLE EN FRANÇAIS ECRIT........................................................ 41 1. Résultats de la population test ................................................................................................... 41

1.1. Résultats selon le niveau scolaire ..................................................................................................... 41 1.2. Résultats selon le type d‟items ......................................................................................................... 42 1.3. Résultats selon le degré de surdité ................................................................................................... 42 1.4. Résultats selon le type d‟aide auditive ............................................................................................. 44 1.5. Taux de réussite des items ............................................................................................................... 44

2. Résultats de la population témoin .............................................................................................. 45 2.1. Résultats selon le niveau scolaire ..................................................................................................... 45 2.2. Résultats selon le type d‟items ......................................................................................................... 46

2.2.1. Fréquence ................................................................................................................................... 46 2.2.2. Longueur .................................................................................................................................... 47 2.2.3. Concrétude .................................................................................................................................. 47 2.2.4. Régularité ................................................................................................................................... 48 2.2.5. Résultats globaux selon le type d‟items ...................................................................................... 48

3. Comparaison des performances des sourds et des entendants ................................................... 48 3.1. Résultats globaux ............................................................................................................................. 49 3.2. Résultats selon le niveau scolaire ..................................................................................................... 49 3.3. Résultats selon le type d‟items ......................................................................................................... 50

II. RESULTATS CONCERNANT LE PROTOCOLE EN LSF .......................................................................... 51 1. Résultats selon le niveau scolaire .............................................................................................. 51 2. Résultats selon le type d’items ................................................................................................... 52 3. Résultats selon le degré de surdité ............................................................................................. 53 4. Résultats selon le type d’aide auditive ....................................................................................... 53 5. Taux de réussite des items .......................................................................................................... 54

III. COMPARAISON DES RESULTATS DE LA POPULATION TEST DANS LES DEUX PROTOCOLES ............ 55 1. Récapitulatif des résultats des adolescents sourds ..................................................................... 55 2. Corrélations ............................................................................................................................... 56

DISCUSSION DES RESULTATS ............................................................................................................. 57

I. INTERPRETATION DES RESULTATS ................................................................................................... 58 1. Lexique des adolescents en français écrit .................................................................................. 58

1.1. Effets de la classe sur les performances ........................................................................................... 58 1.1.1. Effet de la classe chez les adolescents entendants ...................................................................... 58 1.1.2. Effet de la classe chez les adolescents sourds ............................................................................. 58 1.1.3. Comparaison des effets de la classe ............................................................................................ 59

1.2. Effets du type de distracteurs ........................................................................................................... 59 1.3. Effets du type d‟item ........................................................................................................................ 60

1.3.1. La fréquence ............................................................................................................................... 60 1.3.2. La longueur ................................................................................................................................. 60 1.3.3. La concrétude ............................................................................................................................. 61 1.3.4. La régularité orthographique ...................................................................................................... 61

1.4. Effets du degré de surdité................................................................................................................. 62 1.5. Effets du type d‟aide auditive .......................................................................................................... 62

2. Le lexique des adolescents sourds en LSF ................................................................................. 63 2.1. Remarques qualitatives .................................................................................................................... 63 2.2. Effet de la classe .............................................................................................................................. 64 2.3. Effet du degré de surdité .................................................................................................................. 64

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2.4. Effet du type d‟aide auditive ............................................................................................................ 64 2.5. Effet du type d‟item ......................................................................................................................... 65

2.5.1. La fréquence ............................................................................................................................... 65 2.5.2. La concrétude ............................................................................................................................. 65 2.5.3. L‟iconicité................................................................................................................................... 65

3. Corrélations des résultats .......................................................................................................... 65 II. LIMITES DE NOTRE ETUDE ................................................................................................................ 67

1. Limites concernant la partie théorique ...................................................................................... 67 2. Limites concernant les protocoles .............................................................................................. 67

2.1. Le choix des items cibles ................................................................................................................. 67 2.2. Le choix des distracteurs .................................................................................................................. 68 2.3. Les photographies ............................................................................................................................ 69

3. Limites concernant la passation des expérimentations .............................................................. 69 4. Limites concernant les populations ............................................................................................ 70

4.1. Population test.................................................................................................................................. 70 4.2. Population témoin ............................................................................................................................ 71

III. INTERETS ET PERSPECTIVES DE NOTRE ETUDE ............................................................................. 71 1. Points forts et intérêts de notre étude ......................................................................................... 71 2. Perspectives et ouvertures .......................................................................................................... 71

CONCLUSION ............................................................................................................................................ 73

BIBLIOGRAPHIE ...................................................................................................................................... 75

ANNEXES.................................................................................................................................................... 80

ANNEXE I : LISTE DES ITEMS RETENUS POUR LES PROTOCOLES ET CLASSES PAR CRITERES ....................... 81 1. Liste des items du protocole Français écrit ............................................................................... 81 2. Liste des items du protocole LSF ............................................................................................... 82

ANNEXE II : ETUDE PILOTE SUR L‟ICONICITE ............................................................................................ 83 ANNEXE III : LISTE DES ITEMS CIBLES DES DEUX PROTOCOLES ET DES DISTRACTEURS LEUR ETANT

ATTRIBUES ................................................................................................................................................ 85 ANNEXE IV : GRILLES REPONSES .............................................................................................................. 89

1. Grille réponse du protocole français écrit ................................................................................. 89 2. Grille réponse du protocole LSF ................................................................................................ 95

ANNEXE V : TOME II SOUS FORMAT CD-ROM ......................................................................................... 99

TABLE DES ILLUSTRATIONS ............................................................................................................. 100

1. Liste des tableaux ................................................................................................................... 100 2. Liste des figures ...................................................................................................................... 101

TABLE DES MATIERES ........................................................................................................................ 103

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Julia NOËL

Benjamin MARTIN

ELABORATION D’UN OUTIL D’EVALUATION DU LEXIQUE EN RECEPTION EN FRANÇAIS ECRIT ET EN LSF DE L’ADOLESCENT SOURD

105 Pages

Tome1 : 105 Pages – Tome 2 : CD

Mémoire d'orthophonie -UCBL-ISTR- Lyon 2010

RESUME

Le déficit lié à la surdité entraîne des perturbations langagières qui ont des répercussions sur

les apprentissages des adolescents. Ainsi, à l‟entrée à l‟école, l‟enfant sourd présente

généralement un faible bagage lexical (Marschark, 1993). Seban-Lefebvre et Toffin, en 2008,

expliquent que l‟école est supposée combler le retard de langage des enfants sourds et faciliter

leur entrée dans le langage écrit. Les adolescents sourds en intégration scolaire présentent la

particularité d‟être à la fois soumis à un enseignement du français écrit similaire à celui

d‟entendants du même âge, et de côtoyer également des jeunes sourds, avec qui la

communication en langue des signes française (LSF) est parfois plus spontanée. C‟est

pourquoi nous avons décidé de mettre au point un outil permettant d‟évaluer leur lexique en

français écrit d‟une part, et en LSF d‟autre part, tout en observant les variables pouvant entrer

en jeu. La LSF, en effet, ne fait que peu l‟objet d‟évaluations spécifiques, ainsi il nous a

semblé intéressant d‟étudier les critères pouvant influencer les performances lexicales des

jeunes sourds dans cette langue. Nous avons ensuite comparé leurs résultats en français écrit à

ceux obtenus en LSF afin d‟observer si, comme l‟a constaté Niederberger (2007), notre

protocole permettait de révéler un lien important entre les deux modalités. Nos résultats ont

mis en évidence que les adolescents sourds dont les résultats étaient élevés dans une modalité

avaient dans l‟ensemble des performances plus faibles dans l‟autre. Par ailleurs, nous avons

remarqué des effets du degré de surdité, du type d‟aide auditive, des types d‟items sur les

performances, que ce soit en passation écrite ou en LSF, ce qui valide une partie de nos

hypothèses. Les résultats obtenus permettent ainsi de révéler et de mettre en avant certains

éléments pouvant influencer les performances lexicales des adolescents sourds.

MOTS-CLES

Surdité, lexique, lecture, Langue des Signes Française (LSF), évaluation, intégration scolaire

MEMBRES DU JURY

COLIN Stéphanie

LINA-GRANADE Geneviève

OZIL marie

MAITRE DE MEMOIRE

CHAPUT-PETIT Brigitte

PERDRIX Renaud

DATE DE SOUTENANCE

JUIN 2011