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IBRAHIM SOUD
PARAMÈTRES DE RÉSISTANCE DE
L’INTERFACE GRAVIER-ENROBÉ
BITUMINEUX DU BARRAGE DE LA
ROMAINE-2
Mémoire présenté
à la Faculté des études supérieures et postdoctorales de l’Université Laval
dans le cadre du programme de Maîtrise en Génie Civil
pour l’obtention du grade de Maître ès Sciences (M.Sc)
DÉPARTEMENT DE GÉNIE CIVIL
FACULTÉ DES SCIENCES ET DE GÉNIE
UNIVERSITÉ LAVAL
QUÉBEC
2012
© Ibrahim Soud, 2012
2
Résumé
La résolution d'un problème d'interaction gravier-enrobé bitumineux dans les
barrages en remblai avec des noyaux bitumineux nécessite la connaissance du
comportement des interfaces entre ces deux matériaux. Ce travail constitue une
contribution dans ce sens.
Des échantillons ont été confectionnés dans le laboratoire en utilisant des pierres
concassées dont la granulométrie est médiane et un enrobé bitumineux caractéristique de
la Romaine 2. L’appareil de cisaillement direct a été utilisé pour réaliser les essais sur
ces échantillons sous une contrainte normale constante.
En plus de l’effet de la contrainte normale appliqué, les influences de différents
paramètres tels que la température, la vitesse de cisaillement et le pourcentage de bitume
de l’interface ont été explorés.
La conclusion majeure que l’on peut tirer de ces essais est que le comportement
de l’interface susmentionnée est dominé par l’enrobé bitumineux et que l’enveloppe de
rupture de cette interface, dans des conditions de vitesse de cisaillement très faible ou de
température très élevée, passerait par l’origine et ayant un angle de frottement égal à
38.7°.
Mots clés
Interface; gravier-enrobé bitumineux ; Cisaillement direct ; vitesse de cisaillement ;
température; enveloppe de rupture; barrage en remblai avec de noyau bitumineux.
3
Abstract
The resolution of the problem of interaction gravel-asphalt in embankment dams
with bituminous cores requires the knowledge of interfaces behavior between these two
materials. This work is a contribution in this direction.
Specimens were made in the laboratory using crushed stones owing a median
particle size distribution and a characteristic asphalt of the Romaine 2. The direct shear
device was used to perform the tests on these samples under a constant normal stress.
In addition to the effect of applied normal stress, the influences of various
parameters such as temperature, shear rate and the percentage of bitumen in
the interface were explored.
The major conclusion that can be drawn from these tests is that the behavior of
the aforementioned interface is dominated by the asphalt and the failure envelope of this
interface in conditions of very low shear rate or very high temperature, passes through
the origin with a friction angle equal to 38.7 °.
Keywords
Interface; gravel-asphalt; direct shear; shear rate; temperature; failure envelope;
ACRD.
4
Remerciements
Ce travail est l’aboutissement d’un projet ayant requis la participation de beaucoup de
personnes . Il est pratiquement impossible de faire une liste de tout ceux qui m’ont aidé et
ont cru en moi. Néanmoins, je me fais le devoir de citer quelques personnes dont les
actions ont été décisives :
Je tiens à remercier de fond de mon cœur Monsieur Jean-Marie Konrad, mon Directeur
de recherche, pour avoir dirigé mes travaux de Maîtrise. Ses bonnes directives m’ont
aidé à avancer dans l’accomplissement de mon travail de recherche et il a toujours pris
le temps de me faire profiter de son expérience et de ces connaissances. Je lui suis
profondément reconnaissant.
Je remercie sincèrement François Gilbert, professionnel de recherche de laboratoire de
géotechnique à l’Université Laval. L'aide qu'il m'a apportée, les conseils qu'il m'a
formulés et ses encouragements m'ont été précieux. Je le remercie vivement.
Un grand merci à Christian Juneau, technicien de laboratoire de géotechnique à
l’Université Laval. Malgré les sollicitations multiples auxquelles il fait face, il a toujours
dit oui au moment où j’avais besoin de son aide.
Je remercie aussi Marc Lebeau et Luc Boisvert qui m’ont soutenu et m’ont aidé
beaucoup pendant mon parcours scolaire à l’université Laval.
Monsieur Denis LeBoeuf et Monsieur Jean Côté m'ont fait l'honneur d'être les membres
du jury. Je tiens à leur témoigner de mes remerciements les plus sincères.
Les partenaires industriels et institutionnels ont largement contribué à soutenir ce projet
et à son financement. Je leur adresse mes reconnaissances et remerciements distingués.
Je n’oublie pas mon père, ma mère, mon frère et mes sœurs, mes amis qui m’ont apporté
d’une façon ou d’une autre leur soutien. Qu’ils s’assurent que je partagerai cette réussite
avec eux. Il serait ingrat d’oublier les professeurs, le personnel administratif et les
étudiants de l’Université Laval. Je leur dis merci.
5
Je dédie ce mémoire à mon père, ma mère,
mon frère et mes sœurs. Vous m’avez tout
donné par votre amour pendant les
périodes dures comme celles faciles. Que le
Seigneur vous bénisse.
6
Table des matières
Résumé ......................................................................................................................................2
Abstract .....................................................................................................................................3
Remerciements .........................................................................................................................4
Table des matières ....................................................................................................................6
Liste des tableaux ...................................................................................................................10
Liste des figures ......................................................................................................................12
Introduction .............................................................................................................................17
Mise en contexte .....................................................................................................................19
1 Revue de Littérature ...........................................................................................................30
1.1 Introduction...................................................................................................................30
1.2 Mérites générales du noyau bitumineux .....................................................................31
1.3 Procédure de la construction du noyau bitumineux. ..................................................32
1.4 Performance observée des barrages en enrochement avec des noyaux bitumineux 33
1.4.1 Le barrage de Storvatn ..........................................................................................33
1.4.1.1 Description générale .......................................................................................33
1.4.1.2 Mesures de fuite..............................................................................................35
1.4.1.3 Mesures de déformation .................................................................................36
1.4.1.4 Prédiction de la réponse sismique .................................................................38
1.5 Essais d’interfaces ........................................................................................................40
1.5.1 Essais de l’interface sol-structure .........................................................................40
1.5.1.1 Boîte de cisaillement direct...........................................................................41
1.5.1.2 Dispositifs de cisaillement simple direct ......................................................43
1.5.1.3 Autres dispositifs ............................................................................................44
1.5.1.4 Grande boîte de cisaillement direct ...............................................................45
1.5.1.5 Présentation de quelques conclusions antérieures sur le comportement de
l'interface sol-structure ...............................................................................................46
1.5.1.5.1 Travaux d’I.Shahrour et F.Rezaie (1997) ..............................................48
1.5.1.5.1.1 Dispositif expérimental ....................................................................48
1.5.1.5.1.2 Essais monotones ..............................................................................49
7
1.5.1.5.1.3 Essais cycliques ................................................................................52
1.5.1.5.2 Modélisation constitutive de l’interface sol-structure à travers le
concept d’état critique .............................................................................................59
1.5.2 Essais de l’interface entre deux couches d’enrobé bitumineux ..........................61
1.5.2.1 Introduction .....................................................................................................61
1.5.2.2 Travaux de Diakhaté (2007) ..........................................................................61
1.5.2.2.1 Essais monotones de double cisaillement et de torsion.........................62
1.5.2.2.2 Comparaison des résultats d’essais de cisaillement et de torsion .........65
1.5.2.2.2.1 Résistance au cisaillement de l’interface ........................................65
1.5.2.2.2.2 Raideur au cisaillement de l’interface ............................................67
1.5.2.3 Travaux de Canestrari (2005) ........................................................................68
1.5.2.3.1 Matériaux étudiés ....................................................................................69
1.5.2.3.2 Équipement utilisé ...................................................................................70
1.5.2.3.2.1 Appareil d’ASTRA ...........................................................................70
1.5.2.3.2.2 Appareil de LPDS .............................................................................71
1.5.2.3.3 Résultats ...................................................................................................72
1.5.2.3.3.1 Résultats d’ASTRA ..........................................................................72
1.5.2.3.3.2 Comparaison entre les valeurs de τpic pour l’appareil d’ASTRA et
celui de LPDS ......................................................................................................83
2 Méthodologie utilisée ..........................................................................................................84
2.1 Description de l'appareillage .......................................................................................85
2.2 Matériaux étudiés .........................................................................................................87
2.2.1 Caractéristiques et propriétés du gravier ..............................................................87
2.2.1.1 Nature de la roche mère: ................................................................................87
2.2.1.2 Granulométrie de granulats utilisés : .............................................................90
2.2.2 Caractéristiques et propriétés de l’enrobé bitumineux ......................................93
2.2.2.1 Constituants ....................................................................................................93
2.2.2.1.1 Granulats ..................................................................................................94
2.2.2.1.2 Bitume ......................................................................................................98
2.3 Mode opératoire............................................................................................................98
2.3.1 Préparation des échantillons .................................................................................99
8
2.3.1.1 Échantillon uniforme avec 0 % de bitume (type 1) ......................................99
2.3.1.2 Échantillon avec 1.75 % de bitume dans la couche de l’interface (type 2)
................................................................................................................................... 100
2.3.1.3 Échantillon avec 3.5 % de bitume dans la couche de l’interface (type 3) 102
2.3.1.4 Échantillon uniforme avec 3.5 % de bitume (type 4). .......................................... 104
2.3.1.5 Échantillon uniforme avec 7 % de bitume (type 5). .................................. 104
2.3.2 Phase de cisaillement ......................................................................................... 106
3 Présentation et analyse des résultats .............................................................................. 107
3.1 Influences du contenu en bitume de l’interface et de la contrainte normale. ........ 107
3.1.1 Essais réalisés sur des échantillons uniformes avec un pourcentage de bitume
de 0% ............................................................................................................................ 111
3.1.2 Essais réalisés sur des échantillons contenant un pourcentage de bitume de
1.75% dans la couche de l’interface ........................................................................... 113
3.1.3 Essais réalisés sur des échantillons contenant un pourcentage de bitume de
3.5% dans la couche de l’interface ............................................................................. 115
3.1.4 Essais réalisés sur des échantillons uniformes d’enrobé bitumineux (7% de
bitume) .......................................................................................................................... 117
3.1.5 Essais réalisés sur des échantillons uniformes contenant un pourcentage de
bitume de 3.5% ............................................................................................................ 118
3.1.6 Changements du volume : .................................................................................. 120
3.1.7 Enveloppes de ruptures ...................................................................................... 124
3.2 Influence de la température de cure ......................................................................... 126
3.2.1 Essais réalisés sur des échantillons contenant un pourcentage de bitume de
3.5% dans la couche de l’interface ............................................................................. 127
3.2.2 Enveloppe de rupture : ....................................................................................... 129
3.3 Influence de la vitesse de cisaillement ..................................................................... 133
Conclusion ........................................................................................................................... 137
Références Bibliographiques .............................................................................................. 140
Annexe A : Travaux de Liu et Song (2006) .................................................................. 151
A.1 Concepts de base................................................................................................... 151
A.2 Description du modèle......................................................................................... 153
A.3 Identification des paramètres du modèle ............................................................. 157
9
A.4 Évaluation du modèle : ......................................................................................... 161
A.5 Unification des comportements de l'interface avec des rugosités différentes... 167
Annexe B : Essais de Qualitas sur l’enrobé bitumineux caractéristique de la Romaine 2.
.......................................................................................................................................... 172
10
Liste des tableaux
Tableau 1 : Principales caractéristiques des aménagements dans le projet de la Romaine,
(tiré du site électronique d’Hydro-Québec). .........................................................................21
Tableau 2 : Zonage et compaction du barrage Némiscau 1 (Alicescu et al 2010). ............24
Tableau 1-1: Description des zones de remblai du barrage de Storvatn (tiré de Höeg
1993)........................................................................................................................................36
Tableau 1-2 : Travaux antérieurs sur les essais de cisaillement direct de l’interface sable -
béton et sable – acier. .............................................................................................................42
Tableau 1-3 : Angle de frottement de l'interface sol-structure (tiré de Shahrour et Rezaie
1997)........................................................................................................................................51
Tableau 1-4 : Caractéristiques des couches d’enrobés bitumineux (tiré de Diakhaté 2007).
.................................................................................................................................................63
Tableau 1-5 : Le programme expérimental (tiré de Canestrari 2005). ................................68
Tableau 1-6 : Caractéristiques des échantillons (tiré de Canestrari 2005)..........................69
Tableau 1-8 : Comparaison entre les valeurs de τpic pour l’appareil d’ASTRA et celui de
LPDS (tiré de Canestrari 2005). ............................................................................................83
Tableau 2-1 : Résultats des essais géomécaniques, physiques et chimiques du site de la
Romaine-2 (tiré de la note technique d’aménagement hydroélectrique de la Romaine-2,
2010)........................................................................................................................................89
Tableau 2-2 : l’analyse granulométrique de gravier utilisé dans les essais. .......................90
Tableau 2-3 : Distribution granulométrique des granulats de l’enrobé bitumineux de la
Romaine-2 (d’après le laboratoire de Qualitas). ...................................................................97
Tableau 3-1 : les paramètres utilisés dans les essais pour étudier l’influence du contenu en
bitume. .................................................................................................................................. 107
Tableau 3-2 : le programme expérimental utilisé. ............................................................. 108
Tableau 3-3 : Résultats des essais sur des échantillons uniformes avec 0% de bitume,
T=21, V=0.0017 mm/sec. ................................................................................................... 112
Tableau 3-4 : Résultats des essais sur des échantillons contenant un pourcentage de
bitume de 1.75% dans la couche de l’interface, T=21, V=0.0017 mm/sec. .................... 114
Tableau 3-5 : Résultats des essais sur des échantillons contenant un pourcentage de
bitume de 3.5% dans la couche de l’interface, T=21, V=0.0017 mm/sec. ...................... 116
Tableau 3-6 : Résultats des essais sur des échantillons uniformes d’enrobé bitumineux
(7% de bitume), T=21, V=0.0017 mm/sec. ....................................................................... 117
11
Tableau 3-7 : Résultats des essais sur des échantillons uniformes dont le pourcentage de
bitume est de 3.5%, T=21, V=0.0017 mm/sec. ................................................................. 119
Tableau 3-8 : Synthèse des résultats des essais. ................................................................ 120
Tableau 3-9 : Paramètres de résistance du gravier seul et ceux de l’interface dont le
pourcentage de bitume est de 3.5% à T= 21°C et V=0.0017 mm/sec.............................. 125
Tableau 3-10 : les paramètres utilisés dans les essais pour étudier l’influence de la
température de cure. ............................................................................................................ 127
Tableau 3-11 : Résultats des essais sur des échantillons contenant un pourcentage de
bitume de 3.5% dans la couche de l’interface, T=6, V=0.0017 mm/sec. ........................ 128
Tableau 3-12 : Paramètres de résistance de l’interface dont le pourcentage de bitume est
de 3.5% à T= 21 et 6°C. ...................................................................................................... 131
Tableau A-1: Paramètres du modèle original (tiré de Liu 2006)...................................... 161
Tableau A-2: Paramètres du modèle étendu (tiré de Liu 2006). ...................................... 170
Tableau B-1: Essai d’extraction (selon le laboratoire de Qualitas). ................................. 172
Tableau B-2: Essai de densité maximum (selon le laboratoire de Qualitas). .................. 172
Tableau B-3: Essai de densité Brute (selon le laboratoire de Qualitas). .......................... 172
Tableau B-4: Essai de stabilité de Marshall (selon le laboratoire de Qualitas). .............. 173
Tableau B-5: Essais Complémentaires (selon le laboratoire de Qualitas). ...................... 173
Tableau B-6 : Sommaire de différents résultats (selon le laboratoire de Qualitas). ........ 173
Tableau B-7: Essais de caractérisation de bitume (selon le laboratoire de Qualitas). .... 174
12
Liste des figures
Figure 1 : La carte régionale et le site du projet de la Romaine, (tirée du site électronique
d’Hydro-Québec). ...................................................................................................................20
Figure 2 : Profil de la rivière Romaine, (tirée du site électronique d’Hydro-Québec). .....21
Figure 3 : Travaux de la Romaine-2, (a) Décapage en rive droite, (b), Banc d'essai du
remblai au barrage (tirée du site électronique d’Hydro-Québec). .......................................22
Figure 4 : la construction de la plinthe à la base du barrage de Némiscau 1 (Alicescu et al
2010)........................................................................................................................................23
Figure 5 : Coupe transversale du barrage Némiscau 1 (Alicescu et al 2010). ....................23
Figure 6 : Construction du barrage pilote Némiscau-1 à l’été 2008 (tirée du site
électronique d’Hydro-Québec). .............................................................................................25
Figure 7 : banc essai Némiscau-1, été 2008, (tirée du site électronique d’Hydro-Québec).
.................................................................................................................................................25
Figure 8 : Schéma simplifié de processus de pénétration de bitume dans le gravier avec
les différents pourcentages utilisés de bitume. .....................................................................27
Figure 9 : la force de cisaillement agissant sur l’interface...................................................28
Figure 10: la forme générale de l’échantillon représentatif de l’interface dans l’appareil
de cisaillement direct ..............................................................................................................29
Figure 1-1: Photo du barrage de Storvatn (tirée de Höeg 1993). ........................................34
Figure 1-2: plan profile du barrage de Storvatn (tirée de Höeg 1993). ...............................34
Figure 1-3: Section principale du barrage de Storvatn (tirée de Höeg 1993). ....................35
Figure 1-4: Tassement au sommet du noyau en fonction du temps après la fin de la
construction (tirée de Höeg 1993). ........................................................................................37
Figure 1-5 Distorsion de la masse de sable pendant l'essai l'interface dans les boites de
cisaillement direct et de cisaillement simple (Kishida et Uesugi, 1987). ...........................44
Figure 1-6 : Granulométrie du sable de Hostun (tirée de Shahrour et Rezaie 1997). ........49
Figure 1-7 : Essai réalisé à des valeurs constantes de la contrainte normale, interface
rugueuse, sable dense (tirée de Shahrour et Rezaie 1997). ..................................................50
Figure 1-8 : Essai réalisé à des valeurs constantes de la contrainte normale, interface
rugueuse, sable lâche, (tirée de Shahrour et Rezaie 1997). .................................................50
Figure 1-9 : Essai réalisé à des valeurs constantes de la contrainte normale, interface lisse,
sable dense, (tirée de Shahrour et Rezaie 1997). ..................................................................51
Figure 1-10 : Essai réalisé à des valeurs constantes de la contrainte normale, interface
lisse, sable lâche, (tirée de Shahrour et Rezaie 1997). .........................................................52
Figure 1-11 : Essai cyclique alterné De l’interface à contrainte normale constante, surface
rugueuse, sable dense (tirée de Shahrour et Rezaie 1997). (a) Évolution de la contrainte
de cisaillement, (b) Évolution du déplacement normal, (c) et (d) La contrainte de
cisaillement et le déplacement normal aux cycles 1, 10 et 20. ............................................53
13
Figure 1-12 : Essais cycliques effectués avec des amplitudes différentes, surface
rugueuse, sable dense, (tirée de Shahrour et Rezaie 1997). ................................................54
Figure 1-13 : Essai cyclique effectué à contrainte normale constante, surface rugueuse,
sable lâche (tirée de Shahrour et Rezaie 1997). (a) Évolution de la contrainte de
cisaillement, (b) Évolution du déplacement normal, (c) et (d) La contrainte de
cisaillement et le déplacement normal aux cycles 1, 10 et 20. ............................................55
Figure 1-14 : Essai cyclique de l'interface réalisé à contrainte normale constante, surface
lisse, sable dense, (tirée de Shahrour et Rezaie 1997). ........................................................56
Figure 1-15 : Essai cyclique de l'interface réalisé à contrainte normale constante, surface
lisse, sable lâche (tirée de Shahrour et Rezaie 1997). ..........................................................56
Figure 1-16 : Essai cyclique de l'interface réalisé sous un déplacement normal nul,
surface rugueuse, sable dense (tirée de Shahrour et Rezaie 1997). .....................................57
Figure 1-17 : Essai cyclique de l'interface réalisé sous un déplacement normal nul,
surface rugueuse, sable lâche (tirée de Shahrour et Rezaie 1997). .....................................58
Figure 1-18 : Essai cyclique de l'interface réalisé sous un déplacement normal nul,
surface lisse, sable dense (tirée de Shahrour et Rezaie 1997). ............................................58
Figure 1-19 : Essai cyclique de l'interface réalisé sous un déplacement normal nul,
surface lisse, sable lâche, (tirée de Shahrour et Rezaie 1997). ............................................58
Figure 1-20 : Principes d’essais de cisaillement et de torsion, et types d’éprouvettes (tirée
de Diakhaté 2007). .................................................................................................................63
Figure 1-21 : Contrainte de cisaillement – déplacement relatif à l’interface (DC) (tirée de
Diakhaté 2007). ......................................................................................................................64
Figure 1-22 : Contrainte de cisaillement – déplacement relatif à l’interface (torsion)
(Diakhaté 2007). .....................................................................................................................65
Figure 1-23 : Résistance au cisaillement de l’interface – vitesse de sollicitation (tirée de
Diakhaté 2007). ......................................................................................................................66
Figure 1-24 : Raideur au cisaillement KSTG de l’interface – vitesse de sollicitation (tirée
de Diakhaté 2007). .................................................................................................................68
Figure 1-25 : Schéma de l’appareil d’ASTRA (tirée de Canestrari 2005). ........................70
Figure 1-26 : Schéma de l’appareil de LPDS (tirée de Canestrari 2005). ..........................71
Figure 1-27 : Contributions des contraintes de cisaillement (tirée de Canestrari 2005). ...73
Figure 1-28: Section d'essai sans émulsion, temps court de cure est: K fonction de la
température (tirée de Canestrari 2005). .................................................................................75
Figure 1-29: Section d'essai sans émulsion, temps court de cure est: τ pic fonction de la
température (tirée de Canestrari 2005) ..................................................................................75
Figure 1-30 : K en fonction de σn pour une section d’essai, à 20°C (tirée de Canestrari
2005)........................................................................................................................................78
Figure 1-31 : τpic en fonction de la température pour les éprouvettes de laboratoire, temps
court de cure, 0.4 MPa (tirée de Canestrari 2005)................................................................79
14
Figure 1-32 : Enveloppes de rupture de τpic pour l’émulsion conventionnelle, à 20°C,
(tirée de Canestrari 2005): (a) Section d'essai et (b) Échantillons de laboratoire. .............81
Figure 1-33: Enveloppes de rupture pour l’émulsion conventionnelle, temps court de
cure, (tirée de Canestrari 2005) : (a) T=20°C et (b) T=40°C. .............................................81
Figure 1-34 : Comparaison entre τpic (laboratoire) et τpic (section d’essai), (tirée de
Canestrari 2005) : (a) T=20°C et (b) T=40°C. .....................................................................82
Figure 2-1 : Dimensions de la boite de cisaillement (cm). ..................................................85
Figure 2-2 : Photos de l’appareil de cisaillement direct utilisé : (a) Cellule de charge et
LVDT horizontal, (b) Boîte de cisaillement et LVDTs verticaux. ......................................86
Figure 2-3 : Distributions granulométriques de masse volumique maximale et de l’enrobé
bitumineux utilisé. ..................................................................................................................97
Figure 2-4 : Échantillon uniforme avec 0 % de bitume (type1). ...................................... 100
Figure 2-5 : Type d’échantillon avec 1.75 % de bitume dans la couche de l’interface. 101
résistance de cisaillement. .................................................................................................. 101
Figure 2-6 : Photos d’échantillon avec 1.75 % de bitume dans la couche de l’interface.
.............................................................................................................................................. 102
Figure 2-7 : Type d’échantillon avec 3.5 % de bitume dans la couche de l’interface. .. 103
Figure 2-8 : Photos d’échantillon avec 3.5 % de bitume dans la couche de l’interface. 103
Figure 2-9 : Type d’échantillon uniforme avec 3.5 % de bitume. .................................... 104
Figure 2-10 : Type d’échantillon uniforme avec 7 % de bitume. ..................................... 105
Figure 2-11 : Photos d’échantillon uniforme avec 7 % de bitume. .................................. 105
Figure 3-1: Pression de la terre horizontale et verticale (tirée de Tschernutter 2010). ... 109
Figure 3-2 : Évolution de la contrainte de cisaillement en fonction du déplacement
tangentiel pour des échantillons uniformes avec 0% de bitume, T=21°C, V=0.0017
mm/sec. ................................................................................................................................ 113
Figure 3-3 : Évolution de la contrainte de cisaillement en fonction du déplacement
tangentiel pour des échantillons contenant un pourcentage de bitume de 1.75% dans la
couche de l’interface, T=21°C, V=0.0017 mm/sec. .......................................................... 114
Figure 3-4 : Évolution de la contrainte de cisaillement en fonction du déplacement
tangentiel pour des échantillons contenant un pourcentage de bitume de 3.5% dans la
couche de l’interface, T=21°C, V=0.0017 mm/sec. .......................................................... 116
Figure 3-5 : Évolution de la contrainte de cisaillement en fonction du déplacement
tangentiel pour des échantillons uniformes d’enrobé bitumineux (7% de bitume),
T=21°C, V=0.0017 mm/sec. ............................................................................................... 118
Figure 3-6 : Évolution de la contrainte de cisaillement en fonction du déplacement
tangentiel pour des échantillons uniformes dont le pourcentage de bitume est de 3.5%,
T=21°C, V=0.0017 mm/sec. ............................................................................................... 119
Figure 3-7 : Schéma explicatif de la forme générale des déplacements verticaux. ......... 121
15
Figure 3-8 : Évolution des déplacements verticaux en fonction du déplacement
horizontal, couche de l’interface contenant 1.75% de bitume, σni= 500 kPa. ................ 121
Figure 3-9 : Évolution des déplacements verticaux en fonction du déplacement
horizontal, couche de l’interface contenant 3.5% de bitume, σni= 500 kPa. .................. 122
Figure 3-10 : Évolution des déplacements verticaux en fonction du déplacement
horizontal, couche de l’interface contenant 3.5% de bitume, σni= 250kPa. ................... 122
Figure 3-11 : Influence de la teneur en bitume (bitume de pénétration B80) sur la
dilatance de l’enrobé bitumineux (Breth et Schwab 1979; tirée de Höeg 1993)............. 123
Figure 3-12 : Enveloppes de rupture des échantillons uniformes avec 0% de bitume (en
rouge) et des échantillons avec 3.5 % de bitume dans la couche de l’interface (en bleu),
T=21, V=0.0017 mm/sec. ................................................................................................... 125
Figure 3-13 : Évolution de la contrainte de cisaillement en fonction de du contenu en
bitume, T=21°C, V=0.0017 mm/sec. ................................................................................. 126
Figure 3-14 : Photos d’un échantillon contenant un pourcentage de bitume de 3.5% dans
la couche de l’interface. ...................................................................................................... 128
Figure 3-15: Évolution de la contrainte de cisaillement en fonction du déplacement
tangentiel pour des échantillons contenant un pourcentage de bitume de 3.5% dans la
couche de l’interface, T=6°C, V=0.0017 mm/sec. ............................................................ 129
Figure 3-16 : Enveloppes de rupture des échantillons dont le pourcentage de bitume est
de 3.5% à T=21 et 6°C. ....................................................................................................... 131
Figure 3-17 : Enveloppe de rupture de l’interface à très haute température ou à très basse
vitesse de cisaillement. ........................................................................................................ 132
Figure 3-18: Évolution de la contrainte de cisaillement de l’interface en fonction de la
température. ......................................................................................................................... 132
Figure 3-19 : Relation temps – température de l’enrobé bitumineux de Némsicau-1(tirée
de la note technique d’aménagement hydroélectrique de la Romaine-2, 2010). ............. 134
Figure 3-20 : Évolution de la contrainte de cisaillement de l’interface en fonction de la
vitesse de cisaillement- T=21°C. ........................................................................................ 135
Figure A-1 : Identification du paramètre de dilatance (tirée de Liu 2006). ............... 159
Figure A-2 : Comparaison entre les prédictions du modèle et des résultats expérimentaux:
essais d'interface à contrainte normale constante (tirée de Liu 2006, à partir des données
expérimentales de Shahrour et Rezaie, 1997). (a) avec de différents niveaux de contrainte
normale et (b) avec de différents indices de vide initial du sol. ....................................... 163
Figure A-3 : Comparaison entre les prédictions du modèle et des résultats expérimentaux:
essais d'interface à contrainte normale constante (tirée de Liu 2006, à partir des données
expérimentales de Gennaro et Frank, 2002). ..................................................................... 163
Figure A-4 : Comparaison entre les prédictions du modèle et les résultats expérimentaux:
essais d'interface à rigidité normale constante TiL30 (tirée de Liu 2066, à partir des
données expérimentales de Ghionna et Mortara, 2002). ................................................... 164
16
Figure A-5 : Comparaison entre les prédictions du modèle et les résultats expérimentaux:
essais d'interface à rigidité normale constante ToD60 (tirée de Liu 2006, à partir des
données expérimentales de Ghionna et Mortara, 2002). ................................................... 165
Figure A-6 : Comparaison entre les prédictions du modèle et les résultats expérimentaux:
essai de chemin de contrainte (tirée de Liu 2006, à partir des données expérimentales
d’Evgin et Fakharian, 1996). (a) essais à contrainte normale constante (b) essai à rigidité
normale constante (k = 800 kPa / mm) (c) avec de différentes rigidités normales. ........ 167
Figure A-7: Comparaison entre les prédictions du modèle et les résultats expérimentaux
(tirée de Liu 2006, à partir des données expérimentales de Zeghal et Edil, 2002). (a) essai
à contrainte normale constante (b) essai à volume constant. ............................................ 168
Figure A-8 : Comparaison entre les prédictions du modèle et des résultats expérimentaux:
avec des rugosités différentes (tirée de Liu 2006, à partir des données expérimentales de
Hu et Pu, 2004). ................................................................................................................... 171
17
Introduction
Le béton bitumineux a été utilisé pendant 50 ans comme un noyau intérieur
imperméable dans les ouvrages hydrauliques tels que les barrages en remblai. Les
propriétés techniques importantes du béton bitumineux utilisé dans les ouvrages
hydrauliques sont entre autres; la maniabilité lors de la coulée et le compactage.
L’imperméabilité, la flexibilité et la ductilité pour éviter la fissuration induite des
conditions défavorables de contraintes et de déformations.
Dans les régions froides et pluvieuses, la construction de ce type de barrages est
plus facile et plus économique que des barrages à noyau en terre. Comme il a été
démontré dans le projet de Svartisen qui se trouve dans le nord de la Norvège (1995-
1997), les constructions des barrages avec des noyaux bitumineux ne sont pas affectées
par des conditions humides quand des équipements appropriés sont utilisés et les mesures
nécessaires sont prises. La surveillance de ces barrages a signalé leur bon comportement
lors de la construction et l’exploitation pendant de nombreuses années.
Le concept de barrage avec un noyau en béton bitumineux comme élément
d’étanchéité a été développé en Allemagne au début des années soixante. Par la suite,
plus de 100 barrages ont été construits ou sont actuellement au stade de la conception, en
construction ou en exploitation à travers le monde.
Malgré la haute prévalence et l’importance économique et énergétique de ce type
de barrage, peu d'informations existent dans la littérature sur le comportement de
l’interface entre le noyau bitumineux des barrages et les matériaux de gravier sous les
sollicitations de service, ce qui nécessite plus d'attention et d'exploration sur les différents
aspects qui contrôlent ce comportement et cela constitue l’axe principal de ce travail.
Le mémoire contient trois chapitres dont voici les résumés:
- Le chapitre 1 traite de l’état de connaissance par rapport aux essais utilisés
pour étudier le comportement de différentes interfaces et met en lumière les
travaux réalisés par quelques chercheurs, notamment ceux qui ont l’objectif de
18
caractériser le comportement de l’interface sol-structure et l’interface entre
deux couches d’enrobé bitumineux.
- quant au chapitre 2, il présente une description de l’appareillage de laboratoire
et aborde la méthodologie suivie pour confectionner les échantillons des essais
tout en montrant les principales caractéristiques des matériaux utilisés.
- enfin, le chapitre 3 illustre les résultats des essais avec quelques commentaires
et présente les analyses de ces résultats.
19
Mise en contexte
Dans le contexte énergétique québécois et canadien, où les ressources sont
limitées et la qualité de l'environnement est un enjeu important, il s’avère donc crucial de
tout mettre en œuvre afin d'optimiser la durée de vie des barrages en remblai. Le projet
d’aménagement de la rivière Romaine est un complexe hydroélectrique de 1550 MW
composé de quatre centrales alimentées par des réservoirs. Il est situé au nord de la
municipalité de Havre-St-Pierre sur la Côte-Nord (figure 1). Dans le cadre de ce projet,
les travaux de la chaire CRSNG-Hydro Québec sur l'optimisation du cycle de vie des
barrages en remblai ont débuté sous la direction du professeur Jean-Marie Konrad. Le
barrage en remblai de Romaine-2 aura une hauteur de 109 mètres et en raison du manque
de matériaux naturels adéquats pour la réalisation du noyau imperméable, Hydro Québec
a retenu une solution en utilisant un noyau (ou paroi) imperméable en enrobé bitumineux.
Le tableau 1 montre les principales caractéristiques des aménagements et la figure 2
illustre le profil de la rivière. En excluant le barrage pilote Némiscau-1 d’une hauteur de
13 mètres, le barrage de Romaine-2 sera un première en Amérique du Nord puisqu’aucun
autre barrage de ce type n’y a été construit auparavant (figure 3).
L’objectif principal du travail présenté dans ce mémoire qui fait une partie des
travaux de recherche de la chaire susmentionnée est d’étudier le comportement de
l’interface gravier-enrobé bitumineux dans les barrages en remblai avec des noyaux
bitumineux et de mettre en évidence les différents paramètres qui influencent ce
comportement sous les conditions de sollicitations.
20
Figure 1 : La carte régionale et le site du projet de la Romaine, (tirée du site électronique d’Hydro-Québec).
21
Tableau 1 : Principales caractéristiques des aménagements dans le projet de la Romaine, (tiré du site électronique d’Hydro-Québec).
Figure 2 : Profil de la rivière Romaine, (tirée du site électronique d’Hydro-Québec).
22
(a) (b)
Figure 3 : Travaux de la Romaine-2, (a) Décapage en rive droite, (b), Banc d'essai du remblai au barrage (tirée du site
électronique d’Hydro-Québec).
Par la conception et la construction du barrage de Némiscau-1, Hydro-Québec a
voulu acquérir l'expérience avec la construction de noyau bitumineux avant de procéder à
la conception finale et la construction des barrages ou des digues beaucoup plus grandes
pour le Complexe de la Romaine.
Pendant les premières étapes de la construction du barrage de Némiscau-1, une
plinthe est réalisée à la base du barrage. Le but principal de cette plinthe est de servir
comme un bonnet de jointoiement pour assurer une haute qualité de coulis à la base et
comme une surface horizontale pour placer la première couche du noyau bitumineux et
des zones de transition (voir la figure 4). Par la suite, un mastic bitumineux est appliqué
pour garantir un bon collage à l’interface entre la plinthe et la première couche du noyau
bitumineux.
La pratique conventionnelle établie en Allemagne, en Norvège et ailleurs a été de
placer et de compacter, en moyenne, 2-3 couche de béton bitumineux par jour.
L’épaisseur de chaque couche est de 200 mm. Dans le barrage Némiscau-1, les couches
ont une épaisseur de 225 mm après le compactage et de 2 à 3 couches doivent être
placées chaque jour. Le noyau bitumineux et les zones de transition soutenants doivent
23
être construits simultanément en couches horizontales. Le zonage final et la méthode de
compactage des matériaux sont présentés dans la figure 5 et le tableau 2.
Figure 4 : la construction de la plinthe à la base du barrage de Némiscau 1 (Alicescu et al 2010).
Figure 5 : Coupe transversale du barrage Némiscau 1 (Alicescu et al 2010).
24
Tableau 2 : Zonage et compaction du barrage Némiscau 1 (Alicescu et al 2010).
Les machines et les équipements supplémentaires pour placer le noyau
bitumineux (zone 9) et les zones de transition (2B) ont été spécialement conçus et
construits pour répondre aux spécifications de conception pour cette partie du barrage. La
machine de pavage est capable de placer en même temps le noyau et les zones de
transitions en couches dont l’hauteur est de 225 mm (après compactage). La largeur du
noyau doit être de 400 mm et la largeur des zones de transitions 2B doit être 1550 mm
dans chaque côté (voir la figure 6).
En effet, dans le site et lors de la mise en œuvre des matériaux construisant le
noyau et les zones de transition, un phénomène de pénétration du bitume dans les
graviers (zone 2B) est particulièrement remarqué pendant le compactage. Ce phénomène
est induit par les forces de compactage appliquées sur la surface des matériaux et par la
chaleur de l’enrobé bitumineux. Le bitume plus fluide a par conséquent plus de facilité à
pénétrer dans les matériaux granulaires adjacents (zone 2B). La figure (7) montre la
forme générale et la texture de cette interface.
25
Figure 6 : Construction du barrage pilote Némiscau-1 à l’été 2008 (tirée du site électronique d’Hydro-Québec).
Figure 7 : banc essai Némiscau-1, été 2008, (tirée du site électronique d’Hydro-Québec).
Le noyau bitumineux
(Zone 9)
(
Les zones de transition
(2B)
L’interface enrobé bitumineux-gravier
26
L’un des objectifs de ce travail est d’étudier l’influence du phénomène de pénétration
susmentionné sur le comportement de l’interface gravier-enrobé bitumineux tout en
considérant les autres paramètres ayant une influence majeure sur le comportement de
l’interface filtre-noyau. À cette fin, quatre pourcentages du bitume dans la couche de
l’interface ont été pris en compte pendant les essais réalisés dans le cadre de ce travail. Le
pourcentage de bitume dans l’interface commence par 7% (l’enrobé bitumineux du
noyau) et diminue avec la distance de noyau jusqu’à 0% (le gravier seul). La figure 8
présente une simplification du processus de pénétration avec les différents pourcentages
utilisés de bitume. Dans cette figure la contrainte normale σn représente la contrainte
induite par la pression latérale du gravier sur la paroi bitumineuse. Les contraintes
normales utilisées pendant les essais, varient entre 150 kPa et 500 kPa et couvrent une
gamme assez large des contraintes rencontrées dans la structure réelle. Cette pression du
gravier agit horizontalement mais, elle est normale sur l’interface.
Le tassement relatif de la masse de sol (zone 2B) par rapport au noyau
bitumineux induit des forces de cisaillement agissant sur l’interface. Ce tassement se
produit essentiellement dans les phases de la construction et de la mise en eau comme on
le voit ultérieurement. La figure 9 montre les forces de cisaillement susmentionnées.
27
Figure 8 : Schéma simplifié de processus de pénétration de bitume dans le gravier avec les différents pourcentages
utilisés de bitume.
28
Figure 9 : la force de cisaillement agissant sur l’interface
L’appareil de cisaillement direct est l’un des appareils les plus connus pour
étudier le comportement de l’interface sol-structure. Cet appareil a été choisi, comme l’on
va voir dans les chapitres suivants, pour étudier le comportement de l’interface gravier-
enrobé bitumineux. Ce choix a été basé sur le fait que l’appareil de cisaillement direct
nous fournit la possibilité de bien modéliser l’interface étudiée ainsi qu’il nous permet de
contrôler les différents paramètres d’influence qu’ils sont explorés. Malgré ses défauts
qu’on va discuter dans le chapitre suivant, l’appareil de cisaillement direct reste
l’équipement le plus simple et le plus efficace pour cette étude.
Dans cet appareil, les échantillons fabriqués pour étudier le comportement de
l’interface ont la même forme que celle de la vignette présentée dans la figure 8 sauf
qu’ils ont été tournés 90 degrés pour pouvoir les placer dans la boîte de l’appareil (voir la
figure 10). La contrainte normale σn a été appliquée par une force verticale constante sur
la surface de l’échantillon tandis que la force de cisaillement engendrée du mouvement
horizontal de demi - boîte inférieure a été mesurée par une cellule de charge fixée à la
demi - boîte supérieure qui reste fixe pendant l’essai.
29
Figure 10: la forme générale de l’échantillon représentatif de l’interface dans l’appareil de cisaillement direct
30
1 Revue de Littérature
1.1 Introduction Les noyaux bitumineux dans les barrages en remblai peuvent être construits par
des procédures différentes de construction. Une procédure de construction qui a été
appliquée avec succès en Norvège sur plusieurs barrages est la méthode de pierre et de
bitume. Le noyau se compose des pierres concassées dont la granulométrie est uniforme.
La tôle de coffrage est utilisée le long des côtés du noyau qui est construit en couches
horizontales consécutives dont l’épaisseur est de 0,2 à 0,3 m. La forme de la couche est
d'abord remplie par des matériaux de pierre propres et secs qui doivent être nivelés avec
précision sur toute la longueur de la couche avant que le bitume chaud soit pompé à partir
d'un réservoir chauffé. Pour éviter d'emprisonner de l'eau ou de l'air, le remplissage de
bitume commence à partir de l'une des extrémités. Le bitume chaud s'écoule vers l'avant
comme une pente avancée et l'embout du tuyau est déplacé par des petites étapes pour
s'assurer que les vides sont remplis jusqu'à la saturation.
Avec un noyau (pierre-bitume), les zones des filtres adjacentes deviennent d'une
importance particulière car ils doivent être imperméables au bitume. Le filtre doit être
d'une finesse et une compacité uniforme de sorte que le bitume ne peut pas sortir à
n'importe quel point par la pression de l'eau (Hass, 1983).
La procédure inverse est à vibrer le gravier dans un mastic bitumineux rempli
entre les volets le long des côtés de la paroi bitumineuse. Cette méthode est considérée
moins fiable et elle n'a pas été beaucoup pratiquée.
Le premier barrage en remblai avec un noyau en béton bitumineux dense
(compactée par une machine) a été construit en Allemagne en 1962. Depuis 1970,
presque uniquement tels noyaux, compactés en couches minces, ont été utilisés dans les
grands barrages. La procédure ne nécessite pas l'utilisation des volets. Cette méthode
avec une teneur en bitume de l’ordre de 7% en poids, est utilisée dans le barrage de la
Romaine 2.
31
Une variation des méthodes mentionnées ci-dessus est représentée par une
technique différente qui a été utilisée en Russie pour quelques barrages en remblai dont la
taille est grande (Moiseev et al, 1988). Ces barrages reposent sur des dépôts profonds,
compressibles et alluviaux, ce qui peut causer de grands tassements différentiels et des
distorsions dans le corps du barrage. Le mélange du béton bitumineux avec une teneur en
bitume de 10 -12%, est versé dans des volets en acier dont la hauteur est de 1 m. Ces
volets sont positionnés au-dessus de la couche précédente et ils sont enlevés dès que le
béton bitumineux refroidit à environ 45°C, puis les graviers filtrants (zones de transition)
sont placés. Le béton bitumineux, qui est sursaturé par le bitume (béton fluide), ne peut
pas être efficacement compacté. Les principales raisons pour utiliser cette technique sont
le climat extrêmement froid et la ductilité supplémentaire demandée du noyau, ce qui est
nécessaire à ces sites. De plus, la technique ne nécessite aucun équipement de
compactage spécialisé pour la construction du noyau.
1.2 Mérites générales du noyau bitumineux Il a été trouvé que le noyau bitumineux dans les barrages est une option très
attrayante et dans les quelques décennies passées, cette méthode est devenue de plus en
plus pratiquée avec d'excellents résultats. Contrairement aux matériaux de terre, le béton
bitumineux est fabriqué de sort que ses propriétés contrôlées peuvent être adaptées pour
satisfaire les exigences spécifiques de la conception.
Depuis le début de l'utilisation de la méthode du béton bitumineux compacté par
la machine, les techniques des équipements, placement et compactage pour le noyau et
les zones de transition ont été grandement améliorées. Les coûts unitaires ont également
diminué de façon constante, ce qui rend cette méthode une alternative compétitive même
lorsque le matériau moraine est disponible localement. De plus, par l’utilisation de cette
méthode, les cicatrices potentielles dans le paysage de la terre à grand emprunt sont
évitées
En comparaison à un noyau de terre, le placement et le compactage du béton
bitumineux sont beaucoup moins sensibles aux conditions météorologiques défavorables.
Cela permet à l'entrepreneur de prolonger la saison de travail et d'effectuer une opération
32
quasi continue tout en gardant la construction dans les délais prévus. Alors que le temps
des pluies provoque rarement des difficultés pour la construction du noyau bitumineux.
Le béton bitumineux est virtuellement imperméable, flexible, résistant à l'érosion
et le vieillissement, viable et compactable, et offre une construction du noyau bitumineux
continu (sans joints). Lorsque le mélange de bétons bitumineux est bien conçu, ses
viscoélastiques propriétés et sa ductilité fournissent une capacité d'auto-guérison. Les
noyaux bitumineux sont donc très bien adaptés pour les barrages dans les régions des
tremblements de terre.
Le noyau bitumineux doit suivre et s'adapter aux mouvements et des déformations
imposées par la digue dans son ensemble. Ces déformations doivent être résistées par le
béton bitumineux sans des fissurations ou une dilatation importante de cisaillement
(expansion du volume) qui peut conduire à une augmentation de la perméabilité. Pour
réduire la probabilité de la fissuration du noyau due aux déformations excessives
statiques ou dynamiques et distorsions, les remblais doivent être bien compactés.
1.3 Procédure de la construction du noyau bitumineux Comme il est déjà indiqué dans la mise en contexte, le béton bitumineux est
compacté à une température d'environ 135°C, en fonction du type de bitume utilisé tout
en lui fournissant un support latéral immédiat par les zones adjacentes de transition dans
le remblai. Le placement de la paroi bitumineuse et les zones de transition précèdent
simultanément avec la même épaisseur (généralement de l’ordre de 0,2 m) et le
compactage est réalisé par des rouleaux vibrants qui suivent l'unité de mise en place.
Comme il est déjà mentionné, cette procédure de la construction du noyau bitumineux
mène à la pénétration du bitume dans les zones adjacentes de transition. Conséquemment,
l’interface enrobé bitumineux-gravier va contenir un pourcentage de bitume infiltrant et
ce pourcentage diminue avec la distance de la paroi bitumineuse. Donc, l’influence de
cette variation de pourcentage de bitume dans la couche de l’interface sur la résistance de
cette interface dans la boîte de l’appareil de cisaillement direct constitue l’un des
principaux objectifs de ce travail. Les effets des autres paramètres (la température et la
33
vitesse de cisaillement), en tant que des paramètres essentiels pour le comportement d’un
matériau viscoélastique comme l’enrobé bitumineux, sont explorés aussi.
1.4 Performance observée des barrages en enrochement avec des
noyaux bitumineux On a déjà mentionné que le noyau bitumineux est un choix très avantageux
comme un élément imperméable dans les barrages en enrochement. Dans les chapitres
suivants, la performance d’un exemple de ce genre de barrages (Barrage de Storvatn) sera
abordée afin de savoir les principales caractéristiques du comportement de ce barrage
pendant la construction, la mise en eau et la période de service.
1.4.1 Le barrage de Storvatn
1.4.1.1 Description générale
Le barrage de Storvatn et 3 autres grands et 9 petits barrages de différents types
forment le réservoir Blåsjø qui fait une partie du projet Ulla-Avant. Le lieu du barrage de
Storvatn est dans le sud-ouest de la Norvège, à environ 60 km à l'est de la ville de
Stavanger. Le réservoir Blåsjø, dont la capacité est de 3,1 × 109 m³, est situé sur un
plateau d’une montagne et le niveau maximum de stockage est de 1055 m (au-dessus du
niveau de la mer). Le barrage Storvatn qui est présenté ci-dessous a été complété en 1987
avec une hauteur maximale de 90 m et une longueur de crête égale à 1472 m (voir la
figure 1-1).
Généralement, l'axe du barrage doit être situé de telle sorte que le volume du
barrage est minimum. Sur le site de Storvatn, l'axe qui donne le volume minimal est
droite en partie, concave dans une autre partie et convexe vers le réservoir dans la
dernière partie (voir les figures 1-1 et 1-2).
34
Figure 1-1: Photo du barrage de Storvatn (tirée de Höeg 1993).
Figure 1-2: profile plan du barrage de Storvatn (tirée de Höeg 1993).
La section transversale du barrage a été conçue et construite dans le but de
minimiser les déplacements et les déformations d’enrochement autant que possible. Le
35
zonage final et la méthode de compactage des matériaux sont présentés dans la figure 1-3
et le tableau 1-1.
Le noyau bitumineux mince est incliné ce qui produit un transfert favorable de la
charge de l'eau à l’enrochement et à la fondation en aval. De plus, la partie supérieure de
la paroi bitumineuse est située en amont de la ligne centrale du barrage tout en laissant
une partie importante de l'enrochement comme un support pour la charge d'eaux.
Figure 1-3: Section principale du barrage de Storvatn (tirée de Höeg 1993).
1.4.1.2 Mesures de fuite
La fuite totale mesurée est très faible si l’on considère la hauteur et la longueur du
barrage. La fuite totale maximum est égale à 10,2 l / s. Toutefois, une partie de la fuite
d'eau enregistrée ne provient pas du réservoir. Un flux transversal (à travers la vallée) des
eaux souterraines a été observé avant d'augmenter le niveau d'eau.
La fuite très faible enregistrée du barrage de Storvatn est compatible avec la
mesure de la fuite correspondante, par exemple, au barrage de Finstertal (Autriche) et le
barrage de Megget (Écosse) quand la superficie de la projection verticale des noyaux
correspondants est considérée. On peut conclure qu’un noyau en béton bitumineux qui est
convenablement conçu et construit est pratiquement imperméable.
36
Tableau 1-1: Description des zones de remblai du barrage de Storvatn (tiré de Höeg 1993).
1.4.1.3 Mesures de déformation
Le déplacement maximal dans le noyau a eu lieu à environ mi-hauteur et il était
de l’ordre de 0,18 m verticalement et de 0,12 m horizontalement en octobre 1986. À cette
date-là, le remblai a été pratiquement complété (2 m de la crête) et le niveau d'eau était de
17 m sous le niveau du réservoir plein. À ce moment-là, le tassement vertical maximal
dans le remblai était de 0,35 m à un point situé à environ mi-hauteur et 40 m en aval de
l'axe du barrage. Le déplacement horizontal maximum a été mesuré à proximité du même
endroit et 10 m en aval de l’axe du barrage et il était égal à 0,14 m.
Le réservoir était plein pour la première fois en septembre 1989. À cette époque,
les déplacements maximaux verticaux et horizontaux à l'intérieur du remblai en aval
étaient de 0,50 m et de 0,20 m respectivement aux mêmes endroits tels que décrits ci-
dessus.
37
Le tassement enregistré en fonction du temps à partir de la fin de la construction
pour le point de mesure au-dessus du noyau bitumineux est représenté sur la figure 1-4.
Le tassement est principalement causé par le fluage, mais il y a aussi une certaine
contribution de l'augmentation du niveau de réservoir de 17 m entre 1986 et 1989, et les
cycles de charge causés par la descente et la montée légère du niveau du réservoir entre
1989 et 1992.
Donc, on peut conclure qu'en raison de la compaction lourde des matériaux et la
bonne qualité de l’enrochement, les déplacements sont relativement petits.
Figure 1-4: Tassement au sommet du noyau en fonction du temps après la fin de la construction (tirée de Höeg 1993).
38
1.4.1.4 Prédiction de la réponse sismique
Le barrage de Storvatn est situé dans une zone d'activité sismique modérée et par
conséquent, une étude a été menée pour évaluer l'intégrité du barrage sous des charges
sismiques. Les analyses ont été également réalisées pour un tremblement de terre
significativement plus sévère (sismicité forte) qu’il ne pourra jamais s'attendre à ce site.
Cela a été fait pour étudier la résistance ultime aux séismes de ce type de barrage et pour
estimer les déformations permanentes (résiduelles) qui pourraient être induites lors des
tremblements graves.
Deux types d'analyses ont été effectués pour prédire la réponse sismique et pour
estimer les déformations permanentes qui pourraient être induites par un tremblement de
terre. Le premier est l'analyse de la stabilité pseudo-statique et le second est l'analyse
dynamique (Valstad et al, 1991).
Ces analyses démontrent que le barrage de Storvatn a une marge de sécurité
suffisante pour les tremblements de terre dans la région. La conception du barrage
permettrait de fonctionner de façon adéquate même dans une zone de sismicité élevée si
l'inclinaison des pentes externes est diminuée de 1:1,5 à 1:1,85 (V: H) en amont et de
1:1,4 à 1:1,5 en aval. Le même assemblage de noyau (le noyau et le filtre / zones de
transition) pourrait être utilisé.
Pendant un tremblement extrême de terre, les déformations permanentes induites
de cisaillement dans un barrage en remblai peuvent devenir si grandes de sorte qu’un
noyau étroit est cisaillé et un fossé se creuse. Puis, c’est la profondeur du fossé en
dessous du niveau de l'eau et la perméabilité des zones de filtrage / transition qui
gouverneront l'importance du taux de fuite jusqu'à ce que le réservoir soit abaissé. Pour
une telle éventualité, il serait souhaitable d'avoir un matériau relativement fin après le
noyau bitumineux.
Les raisons principales pour lesquelles le comportement sismique d’un barrage en
enrochement avec un noyau en béton bitumineux est favorable, sont comme suit:
39
Le barrage est construit avec des matériaux du noyau et du remblai qui
n’expérimentent aucune réduction significative de la résistance pendant le
chargement cyclique. La perméabilité de l’enrochement dense qui constitue
l'essentiel du barrage est si grande telle que l'excès de la pression interstitielle
générée pendant le chargement cyclique dissipe rapidement et aucune
accumulation significative de la pression interstitielle n’est générée pendant le
tremblement de terre.
Le barrage peut tolérer de grandes déformations permanentes de cisaillement sans
éprouver une libération incontrôlée de l'eau du réservoir. Ce type de
comportement est de nature à empêcher la rupture même dans le cas d'un séisme
extrême.
Donc, on a jeté un coup d'œil, dans les paragraphes précédents, sur l'histoire de
développement des méthodes de la construction des barrages en remblai avec des noyaux
bitumineux tout en montrant les mérites de l'utilisation des noyaux bitumineux dans ce
type de barrages. De plus, un exemple expliquant le comportement rencontré de ce type
de barrage a été présenté. On a vu aussi comment la méthode moderne (compactée) de la
construction du noyau bitumineux entraîne un phénomène de pénétration du bitume dans
le gravier adjacent (zones de transition) en raison du compactage de l’enrobé bitumineux
chaud et des zones de transition simultanément.
Dans ce travail, on va étudier l’influence possible de cette pénétration du bitume sur
le comportement de l’interface gravier enrobé bitumineux. De plus, les effets des autres
paramètres (la température et la vitesse de cisaillement) sont explorés.
Dans les paragraphes suivants, une revue de littérature des recherches réalisées pour
étudier le comportement de différents types des interfaces est présentée pour souligner les
principales caractéristiques des interfaces étudiées, les paramètres considérés d’influence
et les méthodologies suivies dans les recherches.
40
1.5 Essais d’interfaces Dans la littérature, les recherches concernant le comportement de l’interface sol -
structure sont nombreuses. Normalement, les essais d'interface ont été réalisés pour
déterminer l’angle de frottement pour la conception des ouvrages géotechniques, tels que
les murs de soutènement, ponceaux enterrés, pieux, etc., et, dans certains cas, pour la
détermination des paramètres nécessaires pour modéliser le comportement de l'interface.
Plusieurs essais ont été effectués sur de nombreux types de l’interface ; sol-
structure, sol- roche, roche-roche et l’interface d’accrochage entre deux couches d’enrobé
bitumineux. Dans cette section, des études antérieures de l’interface sol-structure et des
interfaces entre deux couches d’enrobé bitumineux sont soulignées. Les résultats des
essais effectués sur les deux types d’interface susmentionnés fournissent de précieuses
indications des aspects fondamentaux de ses comportements.
1.5.1 Essais de l’interface sol-structure
Le mode de comportement de l'interface entre deux matériaux similaires ou non
similaires joue un rôle important dans l'étude des systèmes «sol-structure» soumis à des
conditions compliquées de chargement cyclique et monotone.
Différents types de dispositifs ont été utilisés pour étudier les principaux
paramètres qui contrôlent le comportement de l’interface sol-structure. Il est nécessaire
lors de chaque essai de mesurer le déplacement relatif entre le sol et les matériaux
structuraux tout en séparant le glissement de l’interface et le déplacement engendré de la
distorsion de la masse de sol. Dans un cas idéal, un appareil de laboratoire devrait avoir la
possibilité d’imposer toutes les conditions des extrémités avec n’importe quel chemin de
contrainte requis. Dans les paragraphes suivants, une évaluation rapide sur quelques
dispositifs utilisés pour étudier le comportement de l’interface met en lumière leurs
caractéristiques essentielles et leurs avantages et inconvénients.
41
1.5.1.1 Boîte de cisaillement direct
Les premiers efforts systématiques pour obtenir des données sur le comportement
des interfaces sol-structure ont été réalisés, entre autres, par Potyondy (1961), Clough et
Duncan (1971), et Peterson et coll. (1976). Leurs essais ont été effectués en utilisant une
boîte de cisaillement direct légèrement modifiée, dans laquelle une éprouvette de béton
occupe l'une des deux moitiés de la boîte de cisaillement. Dans la plupart des cas,
l'échantillon de sol a été préparé contre une éprouvette de béton située au fond. Les essais
ont été généralement effectués, d’abord, par l’augmentation de la pression normale à une
valeur souhaitée, puis par le cisaillement de l’interface sous une contrainte normale
constante pour atteindre un déplacement maximal d'environ 12,5 mm (0,5
po).
L'essai de cisaillement direct présente deux avantages importants: une grande
disponibilité avec une configuration relativement non compliquée et de simples
procédures de préparation des échantillons. Par conséquent, il a été le choix commun
pour l'essai de l'interface dans la recherche et la pratique. Certaines études pertinentes qui
ont été réalisées en utilisant des dispositifs de cisaillement direct sont résumées dans le
Tableau 1-2. Des dispositifs commerciaux ont été développés pour des zones d'interface
ayant plus de 305 par 305 mm (12 par 12 po) de dimensions, et ils peuvent être utilisés
pour l'analyse de l’interface sol-béton.
Les dispositifs de cisaillement direct présentent plusieurs limites. Le déplacement
maximal qui peut être atteint dans un dispositif classique de cisaillement direct est limité,
et la détermination de la résistance à grandes déformations de l’interface devient difficile.
En outre, les effets des extrémités, induites par la présence des parois rigides du
conteneur du sol, peuvent introduire des erreurs dans les résultats de l’essai.
Kishida et Uesugi (1987), Fakharian et Evgin (1995), et Evgin et Fakharian
(1996) ont souligné que le Δréel (le déplacement réel) entre les particules du sol et le béton
ne peut pas être mesuré directement dans la boîte de cisaillement direct, comme l'illustre
la figure 1-5a. Le déplacement mesuré Δmesuré entre la boîte de sol et l'éprouvette de béton
42 comprend le déplacement de glissement à l’interface, ainsi que Δdis (le déplacement de
distorsion) de la masse de sable en raison de la distorsion induite par les contraintes de
cisaillement appliquées.
Tableau 1-2 : Travaux antérieurs sur les essais de cisaillement direct de l’interface sable - béton et sable – acier.
Source Type d'interface
et dimensions
Type de
contrainte
Constatations et observations
Potyondy (1961) Sable –béton
Sable - acier
Cisaillement
monotone sous
contrainte normale
constante
Développement d'une base de données
des valeurs de paramètre de frottement
d'interface entre le sable et le béton avec une rugosité variable
Clough et Duncan
(1971)
Sable –béton Cisaillement
monotone sous
contrainte normale
constante
Développement d'une formulation
hyperbolique pour modéliser la réponse
d'interface
Peterson et coll.
(1976) et Kulhawy
et Peterson (1979)
Sable –béton
102mm x 120mm
Cisaillement
monotone et
inversion de
cisaillement sous contrainte
normale
constante
Analyse du rapport entre la réponse
d'interface et la rugosité d'interface, le
type de sol, et la densité et la gradation
de sol. – Ajout des Contributions importantes
supplémentaires à la base de données
des paramètres pour le Clough et
Duncan (1971) formulations Hyperboliques
Acar,Durgunoglu
et Tumay (1982)
Sable –béton
Sable - acier Cisaillement
monotone sous
contrainte
normale constante
- Étude du rapport entre l'indice de vide
du sable et l'angle de frottement
d'interface.
-Présentation d'un rapport entre l'indice de vide et les valeurs de paramètre
hyperboliques pour Clough et Duncan
(1971), formulation pour les matériaux a
employé dans leurs essais.
Desai, Drumm, et
Zaman (1985)
Sable –béton
305mm x 305mm
Cisaillement
cyclique sous contrainte normale
constante
- Développement d'un dispositif
cyclique de degré de libertés multiples pour l'essai d'interface.
- Étude de l'influence sur la réponse
d'interface des facteurs suivants :
amplitude de déplacement et d'effort de cisaillement, nombre de cycles de
chargement, et densité d'initiale du sable
Plytas (1985) Sable - acier Cisaillement
monotone sous
contrainte normale constante et à
déformation
normale constante
- Développement d'une base de données
des valeurs de paramètre de frottement
pour des interfaces entre le sable et une plaque rugueuse d'acier.
- Identification d'une loi d'interface
incrémentale à dépendance
directionnelle.
Bosscher et Ortiz
(1987)
Sable –béton
Sable - roche
Cisaillement
cyclique sous contrainte normale
constante
- Étude du rapport entre la rugosité
d'interface et l'angle de frottement d'interface
- Évaluation de l'effet de la rugosité sur
la constante d'amortissement de l'interface
43
Lee et coll. (1989) Sable –béton
100mm x 100mm
Cisaillement
monotone sous contrainte normale
constante
- Développement d'un ensemble de
valeurs de paramètre hyperboliques pour la réponse des interfaces utilisées dans
leurs essais
Hryciw et
Irsyam(1993)
Sable à l'acier
des nervures 267
mm 76mmm
Cisaillement
monotone et
cyclique sous contrainte normale
constante
- Étude du mécanisme de la formation
de bande de dilatation et de cisaillement
à l'interface - Étude de l'influence de la géométrie
et de l'espacement de nervure, et la
densité de sol sur la réponse d'interface
Rezaie (1994) Sable - acier Cisaillement
monotone et
cyclique sous contrainte normale
constante et
déformation
normale constante.
- Analyse de l'influence des principaux
paramètres sur le comportement
cyclique d'interface à savoir: la densité initiale du sable, la rugosité de l'interface
et la forme des cycles de chargement.
- Validation la version cyclique du
modèle Modjoin.
1.5.1.2 Dispositifs de cisaillement simple direct
Les dispositifs de cisaillement simple direct ont été intensivement utilisés pour
étudier le comportement de l’interface au cours des deux dernières décennies. Ces essais
ont été réalisés principalement pour étudier les interfaces sable-acier et argile-acier. Les
résultats des essais de l’interface sable-acier ont donné des résultats intéressants en
termes de comportement général des interfaces. La plupart de ces résultats sont
applicables pour une interface sable-béton.
Un des principaux avantages des dispositifs de cisaillement simple direct est la
capacité de mesurer séparément les déplacements totaux d’interfaces Δmesuré et la
distorsion de la masse de sol Δdis comme il est illustré à la figure 1-5b. Selon Uesugi et
Kishida (1986b), la déformation horizontale due à la distorsion de la masse de sable est
une composante importante du déplacement totale mesurée dans le dispositif de
cisaillement simple direct.
Les dispositifs de cisaillement simple direct ont des limitations importantes :
1) La répartition des contraintes à l'interface est non uniforme (Kishida et Uesugi 1987),
2) La préparation de l'échantillon est compliquée, et
44
3) Le déplacement total maximal est limité, il ne dépasse pas 25,4 mm (1 po).
Figure 1-5 Distorsion de la masse de sable pendant l'essai l'interface dans les boites de cisaillement direct et de
cisaillement simple (Kishida et Uesugi, 1987).
1.5.1.3 Autres dispositifs
Afin de surmonter les limitations des appareils classiques de l'essai d'interface,
plusieurs chercheurs ont mis au point des dispositifs spéciaux. Brummund et Leonards
(1973) ont mis au point un dispositif annulaire dans lequel une éprouvette cylindrique du
matériau de structure est intégrée dans le sable. Au cours de l’essai, l'échantillon de
matériau de construction est tiré le long de son axe jusqu’à la rupture sous une pression
de confinement appliquée sur la limite de l'échantillon de sable. Cet appareil a été
créé dans le but de modéliser le comportement d'un pieu. La préparation de l’échantillon
de ce type des essais est compliquée, et les contraintes normales à l’interface sont
difficiles à contrôler et dépendent de la rigidité relative entre le spécimen structurel et le
sable (Kishida et Uesugi 1987).
Les dispositifs de cisaillement annulaire ont été utilisés par Huck et Saxena (1981)
et Yoshimi et Kishida (1981) pour tester les interfaces sable – béton et sable – acier.
45
Selon Stark, Williamson, et Eid (1996), les dispositifs de cisaillement annulaire ont
les avantages suivants :
1) Le déplacement de l’interface est illimité ce qui offre la possibilité de déterminer
la résistance de cisaillement à grandes déformations,
2) Le cisaillement lors de l’essai est effectué tout au long de la même interface, et
3) Il n’y aucune charge excentrique pendant le cisaillement.
Les principaux inconvénients de l'appareil de cisaillement annulaire sont comme suit :
1) La complexité des procédures de préparation des échantillons, en particulier pour
l’interface sable-béton (Kishida et Uesugi, 1987),
2) Les échantillons de sol relativement étroits, ce qui peut induire des effets d'échelle
dans certains essais de l'interface,
3) La distribution radiale des contraintes de cisaillement est non uniforme (Stark,
Williamson et Eid, 1996),
4) Le glissement réel de l’interface est inconnu dans le cas de dispositif de
cisaillement annulaire rigide.
1.5.1.4 Grande boîte de cisaillement direct
Shallenberger et Filz (1996) ont élaboré une grande boîte de cisaillement
spécialement conçue pour tester l’interface. Cet appareil est essentiellement un dispositif
de cisaillement direct ayant la capacité de tester des interfaces plus grandes que 711 par
406 mm (28 x 16 po). Le dispositif est capable d'atteindre des déplacements de l’interface
aussi grands que 305 mm (12 po). Il a été largement utilisé pour tester l’interface entre les
sols argileux et la géomembrane en polyéthylène à densité élevée. L'échantillon de sol est
préparé dans une boîte de sol et appuyé sur un ensemble supérieur mobile contenant les
matériaux de structure. Une section isolée, dans l'ensemble supérieur, dont les dimensions
sont de 305 par 305 mm (12 par 12 Po) et qui est située au centre de l'interface, permet de
mesurer les contraintes normales et de cisaillement à partir des bords.
46
Shallenberger et Filz (1996) ont souligné les avantages de cet appareil par rapport au
dispositif classique:
1) Les effets de bord sont négligeables,
2) Le déplacement maximal est de 305 mm (12 po), ce qui permet de déterminer la
résistance résiduelle au cisaillement de l’interface, et
3) Il n’y a aucune charge excentrique normale générée lors de cisaillement.
Le principal inconvénient de ce dispositif est que la préparation des échantillons
est un processus de longue haleine en raison de la grande taille de l'interface. En outre, les
déformations de distorsion de l'échantillon de sol ne peuvent pas être mesurées et par
conséquent, les déplacements réels de l’interface ne sont pas connus.
1.5.1.5 Présentation de quelques conclusions antérieures sur le
comportement de l'interface sol-structure
Du point de vue physique, la couche d’interface est responsable de transmettre le
chargement de la structure vers le sol. Pour déterminer les caractéristiques de cette
couche mince, plusieurs types d’expérimentations ont été réalisés. On peut classer les
essais d’interface en essais à contrainte normale constante "CNC" (Wernick 1978 ;
Al-Douri et Poulos 1991 ; Tabucanon et Airey 1992 ; De Gennaro 1999 ; Frih 2005 ;
Dumitrescu 2005), à volume constant "VC" (Schlosser et Guilloux 1981 ; Lerat
1996) ou à rigidité normale constante "RNC" (Johnston et coll. 1987 ; Hoteit 1990 ;
Evgin et Fakharian 1996 ; Ghionna et Mortara 2002). Dans l’essai de cisaillement à
rigidité normale constante, une condition de rigidité normale constante est obtenue par
une régulation arrière de la contrainte normale appliquée (σn) pendant la phase de
cisaillement afin de satisfaire la relation suivante:
47
Avec :
∆σn : l’incrément (positif ou négatif) de la contrainte normale effective σn,
∆u : l’incrément (positif ou négatif) du déplacement vertical (u) de la partie supérieure de
l'échantillon, et
K : la rigidité normale constante (positive).
D’après les propos de Schlosser et Guilloux (1981), on pourrait déduire que
l’essaile plus représentatif de la réalité est celui à volume constant. Les premiers efforts
consacrés à étudier le comportement de l’interface sol-structure appartiennent à Potyondy
(1961) qui a réalisé pour la première fois une série complète d'essais à cisaillement direct
de type d'interface pour déterminer le frottement entre différents types de l’interaction
sol-structure. Cependant, il reste quelques incertitudes au sujet de l'influence de la densité
relative du sable et la valeur de la contrainte sur le comportement d'interface.
Yoshimi et Kishida (1981) ont trouvé que la rugosité extérieure du matériau de la
structure est le facteur le plus influençant sur le coefficient de frottement.
Uesugi et Kishida (1986a) ont conclu, en basant sur les résultats expérimentaux,
que l'influence du type de sable et de la rugosité extérieure de l’acier sur le coefficient de
frottement est significative, alors que les effets de la contrainte normale et de la taille de
grain moyenne sont d'importance faible. Plus tard, Uesugi et Kishida (1986b) ont conclu
que la taille de grain moyenne (D50) a également une influence significative sur le
coefficient de frottement.
En revanche, Acar et coll. (1982) réalisent des essais de cisaillement direct sur des
interfaces entre le sable et les matériaux structuraux tels que l'acier, le bois et le
béton, ils ont trouvé que la densité relative du sable et l'effort normal ont essentiellement
influencé l'angle du frottement. L'influence de la densité relative du sable et la valeur de
la contrainte sur le comportement d'interface ont été également indiquées par d'autres, tels
que Desai et coll. (1984) et Fakharian et Evgin (1996).
48
La relation contrainte-déformation d'interface dépend des conditions normales de
frontière. Sous des conditions normales de frontière, les essais sur les échantillons de
densités relatives différentes n'auront pas la même déformation. La plupart des résultats
d'essai existants ont été obtenus dans l'état de contrainte normale constante. On note que
peu de travaux sur le comportement des interfaces sol-structure à volume constant et
rigidité normale constante ont été réalisés.
Plytas (1985) et Boulon et Nova (1990) ont réalisé des essais de cisaillement
direct sur l’interface entre le sable dense d'Hostun et une plaque métallique rugueuse,
dans la condition de volume constant, ils ont conclu qu'il existe une différence importante
entre les résultats des essais à contrainte normale constante et les essais à volume
constant.
Dans les paragraphes suivants, quelques conclusions et résultats des essais réalisés par
différents chercheurs seront abordés en détail.
1.5.1.5.1 Travaux d’I.Shahrour et F.Rezaie (1997)
Shahrour et Rezaie ont réalisé une série d’essais de cisaillement monotones et
cycliques en utilisant l’appareil de cisaillement direct modifié avec des surfaces lisses et
rugueuses sur le sable de silice lâche et dense sous une valeur constante de la contrainte
normale ou un déplacement normal nul. Ces essais ont été ensuite utilisés pour
l'élaboration d'une relation constitutive élastoplastique basée sur la surface de l’état limite
avec deux familles de surfaces. La relation constitutive est vérifiée au cours des essais
cycliques réalisés avec l'interface rugueuse sur le sable à la fois lâche et dense.
1.5.1.5.1.1 Dispositif expérimental
Les essais expérimentaux ont été réalisés en utilisant une boîte de cisaillement
directe modifiée. La partie inférieure de la boîte de cisaillement a été remplacée par un
bloc représentant le matériau de la structure. Des essais ont été effectués en utilisant un
bloc d'acier poli (interface lisse) et un bloc d'acier avec des grains de sable collés à sa
surface (interface rugueuse). Ces essais ont été réalisés avec un sable de silice (sable
Hostun). La distribution granulométrique est illustrée dans la figure 1-6. Son
49
angle de frottement mesuré à partir des essais triaxiaux varie de 38° à 41° pour le sable
dense, et de 33° à 35° pour le sable lâche.
Figure 1-6 : Granulométrie du sable de Hostun (tirée de Shahrour et Rezaie 1997).
1.5.1.5.1.2 Essais monotones
Afin de déterminer les principales propriétés de l'interface sol-structure utilisée
dans cette étude, une série des essais monotones à des valeurs constantes des contraintes
normales a été effectuée tout en explorant l'influence de la densité du sable et la rugosité
de surface sur le comportement de l'interface.
Les résultats obtenus avec une surface rugueuse et sable dense (ID = 90%) sont illustrés
dans la figure 1-7, dans laquelle SIGMA T est la contrainte de cisaillement, EPS T est le
déplacement relatif de cisaillement et EPS N est le déplacement normal. On peut observer
que la contrainte de cisaillement augmente avec le déplacement relatif de cisaillement
jusqu'à ce qu'elle atteigne un pic, puis elle diminue à une contrainte de cisaillement
limite.
50
Figure 1-7 : Essai réalisé à des valeurs constantes de la contrainte normale, interface rugueuse, sable dense (tirée de
Shahrour et Rezaie 1997).
En ce qui concerne le déplacement normal, l'évolution de ce déplacement
comporte trois phases: (i) une contraction au début du chargement (ii) une dilatation
jusqu'à un déplacement relatif allant de 2 à 4 mm se produit et, enfin (iii) une contraction
jusqu'à la fin d’essai.
Les résultats obtenus avec un sable lâche (ID = 15%) sont donnés dans la figure 1-
8. Il est constaté que les contraintes de cisaillement ne comprennent pas un
ramollissement et le déplacement normal est contractant tout au long de l'essai.
Figure 1-8 : Essai réalisé à des valeurs constantes de la contrainte normale, interface rugueuse, sable lâche, (tirée de
Shahrour et Rezaie 1997).
Les résultats des essais avec une interface lisse sont donnés dans les figures 1-9 et
1-10 Il peut être observé que pour le sable dense, la contrainte de cisaillement augmente
fortement au début du chargement, puis il diminue légèrement avant la stabilisation. Dans
51
l'évolution de déplacement normal, on observe une contraction au début du chargement
suivie par une dilatation jusqu'à un déplacement allant de 2 à 4 mm et après, on note une
stabilisation.
Figure 1-9 : Essai réalisé à des valeurs constantes de la contrainte normale, interface lisse, sable dense, (tirée de Shahrour et Rezaie 1997).
Pour le sable lâche, on note un comportement qui est qualitativement semblable à
celui observé avec la surface rugueuse, mais avec des valeurs inférieures de la résistance
d'interface et de déplacement normal. Les valeurs des angles de frottement et de dilatance
ont été déterminées à partir de ces essais et sont montrées dans le tableau 1-2. Il est
observé que l'angle de frottement dépend à la fois de la densité du sable et de la rugosité
de l'interface. L'angle de frottement de l'interface rugueuse est proche de celle du sable,
tandis que pour l’interface lisse, l'angle de frottement est d'environ 75% de celle mesurée
avec l'interface rugueuse.
Tableau 1-3 : Angle de frottement de l'interface sol-structure (tiré de Shahrour et Rezaie 1997).
L'angle de dilatance (pente de la partie dilatant dans le plan déplacement normal
EN-déplacement tangentiel ET) dépend de la rugosité de surface. Pour la surface lisse, il
varie de 1° à 2° tandis que pour la surface rugueuse il varie de 4° à 5°.
52
Figure 1-10 : Essai réalisé à des valeurs constantes de la contrainte normale, interface lisse, sable lâche, (tirée de
Shahrour et Rezaie 1997).
1.5.1.5.1.3 Essais cycliques
Le programme expérimental comprend des essais avec des surfaces lisses et
rugueuses sur des sables à la fois lâches et denses sous une contrainte constante ou un
déplacement normal nul. Tous les essais ont été effectués avec une contrainte normale
initiale égale à100 kPa.
Essais à une contrainte normale constante
La figure 1-11 montre les résultats d’un essai cyclique avec un déplacement de
cisaillement contrôlé (- 1 mm< ET <1 mm) réalisé avec une surface rugueuse sur un sable
dense. Il est observé que le chargement induit un ramollissement cyclique (diminution de
la contrainte de cisaillement maximale) en particulier pendant les premiers cycles. En ce
qui concerne l'évolution du déplacement normal (EN), on note un comportement
contractant à chaque renversement de contrainte suivi d'une dilatation. Le comportement
global est contractant et le déplacement normal accumulé par cycle diminue pendant le
chargement.
Le comportement contractant de l'interface à chaque renversement de contrainte
est différent de celui observé sur le sable qui présente une dilatance pendant le
déchargement de contrainte lors des essais triaxiaux. Cette différence, selon Shahrour et
Rezaie, peut être attribuée à l'influence de la contrainte moyenne qui est constante au
53
cours de l’essai de cisaillement d'interface, mais elle diminue rapidement avec le
déchargement de contrainte lors de l'essai triaxial. Afin de confirmer ce phénomène, trois
essais cycliques ont été réalisés avec une amplitude croissante (0,4 mm, 0,5 mm, 0,75
mm). Les résultats de ces essais sont illustrés dans la figure 1-12. Ils confirment le
comportement contractant de l'interface à chaque renversement de contrainte.
Figure 1-11 : Essai cyclique alterné De l’interface à contrainte normale constante, surface rugueuse, sable dense (tirée
de Shahrour et Rezaie 1997). (a) Évolution de la contrainte de cisaillement, (b) Évolution du déplacement normal, (c) et
(d) La contrainte de cisaillement et le déplacement normal aux cycles 1, 10 et 20.
54
Figure 1-12 : Essais cycliques effectués avec des amplitudes différentes, surface rugueuse, sable dense, (tirée de
Shahrour et Rezaie 1997).
Influence de la densité
La figure 1-13 montre les résultats d'un essai cyclique alterné (-1 mm ≤ Et ≤ 1
mm) réalisé avec une surface rugueuse sur un sable lâche. On peut observer que le
chargement cyclique induit une augmentation de la contrainte maximale de cisaillement
(durcissement cyclique). En ce qui concerne le déplacement normal, on observe un
comportement contractant à chaque renversement de contrainte suivi d'une dilatance qui
est moins importante que celle obtenue avec le sable dense. Le comportement global est
contractant et le déplacement normal accumulé par cycle diminue pendant le chargement.
55
Après 20 cycles, le déplacement normal accumulé est d'environ 1,7 mm alors qu'il est
égal à 1,2 mm avec le sable dense.
Figure 1-13 : Essai cyclique effectué à contrainte normale constante, surface rugueuse, sable lâche (tirée de Shahrour et
Rezaie 1997). (a) Évolution de la contrainte de cisaillement, (b) Évolution du déplacement normal, (c) et (d) La contrainte de cisaillement et le déplacement normal aux cycles 1, 10 et 20.
Influence de la rugosité de l'interface
Les figures 1-14 et 1-15 montrent les résultats des deux essais effectués avec une
interface lisse sur des sables et denses lâches respectivement. Il est observé que le
cisaillement induit un durcissement cyclique qui dépend de la densité du sable. Pour le
sable dense, il y a un ramollissement, tandis qu’il est noté que pour le sable lâche, il y a
un durcissement. En ce qui concerne l'évolution du déplacement normal, l'interface avec
le sable lâche présente un comportement contractant, tandis que le sable dense montre un
comportement contractant à chaque renversement de contrainte suivi d'une phase de
quasi-stabilisation du déplacement normal. Le comportement global est contractant,
notamment pour le sable lâche. Après 20 cycles, le déplacement normal cumulatif est
égal à 0,35 mm (1 mm) pour un sable dense (lâche), tandis qu'avec l'interface rugueuse, il
est égal à 1,2 mm (1,7 mm) pour un sable dense (lâche).
56
Figure 1-14 : Essai cyclique de l'interface réalisé à contrainte normale constante, surface lisse, sable dense, (tirée de
Shahrour et Rezaie 1997).
Figure 1-15 : Essai cyclique de l'interface réalisé à contrainte normale constante, surface lisse, sable lâche (tirée de Shahrour et Rezaie 1997).
57
Essais à déplacement normal égal à zéro (EPS N= 0)
La figure 1-16 montre les résultats d'un essai cyclique alterné (- 1mm ≤ Et ≤ 1
mm) effectué sous un déplacement normal nul et avec une surface rugueuse et un sable
dense. Il est observé que le chargement cyclique induit une importante variation de la
contrainte normale. À chaque renversement de contrainte, le comportement contractant
de l'interface engendre une diminution de la contrainte normale (σn). Cette phase est
suivie d'une augmentation de (σn), en raison de la dilatance. Le comportement
contractant global de l'interface induit une diminution importante de la contrainte
normale et par conséquent une réduction importante de cisaillement mobilisé à la limite,
en particulier pendant les premiers cycles. Comme le premier chargement induit une
diminution importante de (σn), l'hystérésis résiduelle ne présente pas de symétrie autour
de l'axe de (EPST). Avec un sable lâche, il est noté également qu’il y a une diminution de
la contrainte normale à un taux qui est supérieur à celui observé avec le sable dense
(figures 1-116 et 1-17).
Figure 1-16 : Essai cyclique de l'interface réalisé sous un déplacement normal nul, surface rugueuse, sable dense (tirée
de Shahrour et Rezaie 1997).
58
Figure 1-17 : Essai cyclique de l'interface réalisé sous un déplacement normal nul, surface rugueuse, sable lâche (tirée
de Shahrour et Rezaie 1997).
Avec l'interface lisse, on observe également une réduction de la contrainte
normale et une chute de la contrainte de cisaillement mobilisée pendant le chargement
cyclique à un taux qui décroît avec la densité du sable (figures 1-18 et 1-19).
Figure 1-18 : Essai cyclique de l'interface réalisé sous un déplacement normal nul, surface lisse, sable dense (tirée de
Shahrour et Rezaie 1997).
Figure 1-19 : Essai cyclique de l'interface réalisé sous un déplacement normal nul, surface lisse, sable lâche, (tirée de
Shahrour et Rezaie 1997).
59
1.5.1.5.2 Modélisation constitutive de l’interface sol-structure à travers le
concept d’état critique
Le fonctionnement des systèmes sol-structure, comme les fondations
superficielles, les tunnels et les murs de soutènement, dépend largement du
comportement des interfaces sol-structure. Les propriétés mécaniques de l'interface sol-
structure ont donc attiré beaucoup d'attention et de nombreuses expériences ont été
menées afin de gagner un aperçu des phénomènes complexes agissant dans l'interface.
Différentes méthodes expérimentales, y compris l’essai de cisaillement direct, l’essai de
cisaillement simple, et l’essai de cisaillement par torsion (par exemple, Yoshimi et
Kishida, 1981; Desai et coll, 1985; Kishida et Uesugi, 1987; Boulon, 1989; Evgin et
Fakharian, 1996), ont été employées. Ces études ont révélé que les principaux facteurs
influençant le comportement d'interface comprennent la rugosité du corps de contact, les
caractéristiques minéralogiques et granulométriques de sol, la densité du sol, et la
contrainte normale. Parmi les paramètres précédents, il est trouvé que la rugosité du corps
de contact est le paramètre le plus critique. Il a également été constaté qu'une très mince
couche de sol adjacente au corps de contact contribue avec la rugosité de l'interface au
comportement de cisaillement de l'interface. Cette mince couche de sol a été nommée
comme l'épaisseur de l'interface et a été retrouvée égale à environ 5-10 fois le diamètre
moyen du sol D50 (Kishida et Uesugi, 1987).
L'analogie entre les comportements de sable et de l'interface rugueuse entre le sol
sablonneux et des structures a été discutée par Boulon et Nova (1990). Il a été démontré
que d’une façon associée à l’effet de l'interface rugueuse, les effets de la dilatance
normale, l’écrouissage et le ramollissement de déformation pour une interface dense
peuvent être remarqués pendant le cisaillement. La densité du sol et la contrainte normale
affectent la résistance et la déformation de l'interface. À partir des résultats
expérimentaux disponibles entre le sol sablonneux et divers corps de contact rugueux, il
est observé que l'interface atteint un état ultime à une déformation importante de
cisaillement, à laquelle le rapport de contraintes reste constant et la déformation de
cisaillement continue sans dilatation ou contraction. En outre, la dilatation normale à
60
l’état ultime dépend du niveau de contrainte normal et de l'indice de vide initial, mais
l’indice de vide ultime de sable adjacent à l'interface ne dépend que du niveau de
contrainte normale aussi longtemps que la rugosité du corps de contact est
la même (Hu et Pu 2004). Ces caractéristiques sont similaires à celles de sable.
La modélisation du comportement des interfaces sol-structure a également été l'un des
foyers de recherche dans le domaine d’interactions sols-structures en raison du
développement rapide de l'application des éléments finis pour l'analyse du sol-structure.
Outre la modélisation constitutive, des éléments spéciaux d'interface et des algorithmes
de contact ont également été proposés pour la modélisation de l'interface sol-structure
(par exemple, Goodman et coll, 1968; Katona, 1983; Kaliakin et Li, 1995; Villard, 1996).
Cependant, la modélisation de la dilatance normale est difficile à l'aide de telles
méthodes. Avec la proposition d’élément isoparamétrique de la couche mince par
Zienkiewicz et coll. (1970) et Desai et coll. (1984), l'utilisation de certains modèles
constitutifs pour simuler le comportement d'interface sol-structure est devenue possible et
différents modèles ont été proposés. Desai et coll. (1985) ont utilisé l’élasticité non
linéaire pour modéliser le comportement de l'interface, qui peut simuler le comportement
de cisaillement de l'interface, mais n'a pas été en mesure de dupliquer sa dilatance
normale. Aubry et coll. (1990), Shahrour et Rezaie (1997), Ghionna et Mortara (2002),
Fakharian et Evgin (2000), Edil Zeghal (2002), Gennaro et Frank (2002), Mortara et coll.
(2002) et d'autres ont développé des modèles constitutifs pour les interfaces sol-structure
dans le cadre d’élastoplasticité classique. Desai et Ma (1992) ont proposé un modèle basé
sur le concept de l’état perturbé, et Hu et Pu (2004) ont utilisé la mécanique de
dommages pour modéliser l’interface sol-structure. La plupart de ces modèles sont
capables de reproduire le comportement saillant de l'interface sol-structure, y compris la
dilatance normale. Toutefois, l'analogie entre l'interface rugueuse et le sol n'a pas été
pleinement reconnue. Liu et coll. (2006) ont fait une étude dont les objectifs sont (1)
Étudier la similitude entre le comportement du sable et de l'interface et d'explorer l'état
critique de l'interface (2) Élaborer un modèle 2D constitutif dans le cadre de plasticité
généralisée en utilisant le concept d’état critique dans la mécanique de sols, et (3) Unifier
la modélisation de l’interface sol-structure avec de différentes rugosités dans le cadre du
61
concept d’état critique dans la mécanique de sols. Le modèle constitutif proposé a été
validé avec les résultats expérimentaux publiés. Les détails de cette étude de Liu et Song
sont présentés dans l’Annexe A.
1.5.2 Essais de l’interface entre deux couches d’enrobé bitumineux
1.5.2.1 Introduction Depuis ces vingt dernières années, une attention toute particulière est portée à
l’étude du comportement mécanique des interfaces dans les structures de chaussées
(Uzan et coll., 1978, Mohammad et coll., 2002, Diakhaté et coll., 2004, Canestrari et
coll.,2005). Dans ces structures de chaussée, et selon les règles de dimensionnement en
vigueur, les couches en matériaux traités aux liants hydrauliques sont considérées comme
parfaitement collées entre elles pendant toute la durée de vie de la chaussée. Ce collage
est réalisé, sur chantier, par la mise en œuvre de couches d’accrochage à base de bitume
pur ou modifié. En l’absence d’un niveau de collage suffisant aux interfaces, ces couches
de chaussée présentent des taux de travail plus élevés, et des phénomènes de dégradation
peuvent alors apparaître rapidement à la surface de la chaussée, réduisant sa durée de vie.
Il est, par exemple, observé sur certaines structures à couche de roulement très mince
(épaisseur 25 mm) voire ultra mince (épaisseur 15 mm), sur des zones fortement
sollicitées en cisaillement (virages, accélération-freinage, etc.), des phénomènes de
décollement en plaque de la couche de roulement, et ce malgré la mise en œuvre d’une
couche d’accrochage à l’interface. Dans les paragraphes suivants, des travaux réalisés par
différents chercheurs pour étudier le comportement de l’interface entre deux couches
d’enrobé bitumineux seront présentés.
1.5.2.2 Travaux de Diakhaté (2007)
Diakhaté a étudié le comportement d’un complexe enrobé/couche
d’accrochage/enrobé tout en considérant les différents niveaux de sollicitation mécanique
et thermique. Dans cette étude, l’effet de ces paramètres sur le comportement en
cisaillement d’une couche d’accrochage est analysé à travers deux essais monotones de
laboratoire : l’essai de double cisaillement et l’essai de torsion.
62
1.5.2.2.1 Essais monotones de double cisaillement et de torsion
Afin de symétriser l’essai de cisaillement (géométrie et sollicitation), le
laboratoire 3MsGC de l’Université de Limoges a adopté l’essai de double cisaillement
(DC), initialement développé pour évaluer l’endommagement par cisaillement des
enrobés, et adaptable pour l’étude du comportement en cisaillement des interfaces.
L’essai DC est réalisé sur une éprouvette composée de trois couches, deux à deux collées
par une couche d’accrochage. Le comportement en cisaillement d’une interface peut
également être appréhendé à travers des essais monotones de torsion. Ceux-ci ont
l’avantage de pouvoir être réalisés sur des carottes directement prélevées sur chaussée
après construction ou fabriquées en laboratoire.
Matériaux et éprouvettes
La couche d’accrochage testée dans cette étude est une émulsion bitumineuse
classique à rupture rapide de type C65B4 selon la norme prEN 13808:204(F). Elle est
dosée à 65% de bitume pur de grade 35/50 et uniformément répandue à raison de 300
g/m² de bitume résiduel. La couche d’accrochage est mise en œuvre à l’interface de deux
couches d’enrobés formulés différemment mais avec un bitume identique à celui de
l’émulsion. Quelques caractéristiques des bétons bitumineux semi grenu (BBSG) et très
mince (BBTM) sont présentées dans le Tableau 1-3. Suivant le type d’essai, les
éprouvettes de forme prismatique ou cylindrique sont prélevées sur une plaque fabriquée
en laboratoire au moyen d’un compacteur de plaque (NF EN 12697-33) dans un moule de
dimensions en plan 400 mm x 600 mm et d’épaisseur 150 mm. Les matériaux (granulats
et bitume) nécessaires à la fabrication du BBSG sont mélangés dans un malaxeur à 160°C
puis compactés dans le moule pour obtenir une épaisseur de 50 mm. Après deux heures
de repos (température à la surface de l’enrobé:45°C), l’émulsion bitumineuse est
uniformément répandue à la surface de la couche de BBSG. Un temps d’attente de deux
heures est observé afin d’atteindre la rupture de l’émulsion et l’évaporation de sa phase
aqueuse. Puis la couche de BBTM est mise en œuvre pour obtenir une épaisseur de 30
mm après compactage. Par plaque bicouche, un plan de carottage (respectivement de
sciage) permet d’extraire 11 éprouvettes de diamètre 100 mm et de hauteur 80 mm
(respectivement 12 éprouvettes de dimensions 70 mm x 105 mm x 50 mm). Les
63
éprouvettes sont par la suite collées sur les casques métalliques pour assurer la
transmission des efforts.
Le programme expérimental consiste à réaliser, à 2 températures (10 et 20°C) et à vitesse
de chargement imposée, 22 essais de double cisaillement (DC) et 22 essais de torsion.
Les vitesses de sollicitation adoptées varient de 0,002 à 4,8 MPa/s.
Figure 1-20 : Principes d’essais de cisaillement et de torsion, et types d’éprouvettes (tirée de Diakhaté 2007).
Tableau 1-4 : Caractéristiques des couches d’enrobés bitumineux (tiré de Diakhaté 2007).
Analyse des résultats d’essais
Pour chaque essai DC, les valeurs de force et de déplacement sont mesurées
pendant l’essai par le capteur de force (capacité ±100 kN) et le capteur LVDT (capacité
±75 mm) de la machine d’essai. La valeur nominale (ingénieur) de la contrainte de
cisaillement τ appliquée à l’interface est le rapport de la force mesurée à la section
cisaillée aux 2 interfaces. La valeur maximale prise par τ pendant l’essai représente la
résistance au cisaillement de l’interface τmax et définie la rupture de l’interface. La Figure
1-21 montre, pour différentes valeurs de sollicitation, l’évolution de τ en fonction du
déplacement relatif à l’interface.
64
Figure 1-21 : Contrainte de cisaillement – déplacement relatif à l’interface (DC) (tirée de Diakhaté 2007).
Pour chaque essai de torsion, les valeurs de force et de déplacement vertical sont
mesurées pendant l’essai dans les mêmes conditions que pour l’essai DC. En se basant
sur la théorie de l’élasticité linéaire appliquée à un cylindre plein, la contrainte maximale
de cisaillement τR à l’interface est définie comme suit :
Avec :
F : effort appliqué pour générer la sollicitation de torsion ;
D : diamètre du disque de transmission de l’effort (120 mm) ;
R : rayon de l’éprouvette (50 mm).
La Figure 1-22 montre, pour différents niveaux de sollicitation, l’évolution de τR en
fonction du déplacement relatif sur la circonférence de l’interface. La valeur maximale
atteinte par τR pendant l’essai représente la résistance au cisaillement τRmax de l’interface.
65
Figure 1-22 : Contrainte de cisaillement – déplacement relatif à l’interface (torsion) (Diakhaté 2007).
Les graphes des figures 1-21 et 1-22 montrent que pour des vitesses de
sollicitation supérieures à 0,015 MPa/s, la résistance au cisaillement de l’interface est
nettement mise en évidence, alors que dans les autres cas, on observe plutôt un palier. Le
comportement de l’interface est clairement viscoélastique. La rupture des éprouvettes est
toujours localisée au niveau de(s) l’interface(s).
1.5.2.2.2 Comparaison des résultats d’essais de cisaillement et de torsion
1.5.2.2.2.1 Résistance au cisaillement de l’interface
Comme il est illustré dans la figure 1-23, pour les 2 types d’essais, cisaillement (DC)
et torsion (T), les résultats d’essais montrent clairement que, dans un repère bi
logarithmique, la résistance au cisaillement de l’interface augmente linéairement avec la
vitesse de sollicitation mais décroît lorsque la température d’essai croît. Pour les essais
DC, en première approximation à 10 et 20°C, des ajustements par une loi puissance
donnent de bonnes corrélations entre la résistance au cisaillement et la vitesse de
sollicitation, et les coefficients obtenus sont presque identiques. De ce fait, pour la
66
combinaison de matériaux étudiée, et pour une température entre 10 et 20°C, la résistance
au cisaillement peut être prédite à partir de la vitesse de sollicitation.
Pour les essais de torsion, le même type d’ajustement donne également de bonnes
corrélations, à 10 et 20°C, entre la résistance au cisaillement et la vitesse de sollicitation,
mais les coefficients des fonctions puissances ne sont pas identiques. Par comparaison à
l’essai DC, il est possible que la distribution non uniforme du champ de contrainte de
cisaillement à l’interface crée la différence.
Lorsqu’on s’intéresse à la corrélation entre les résultats d’essais de cisaillement et de
torsion, la Figure 1-23 permet de constater qu’à 10°C, les valeurs de résistance au
cisaillement sont identiques quelque soit le type d’essai. Cependant, à 20°C, pour des
vitesses de sollicitation inférieures à 1 MPa/s, un coefficient correcteur doit être pris en
compte. Ces observations soulignent le caractère viscoélastique des produits testés,
caractère qui est plus prononcé pour des températures d’essais élevées et de faibles
vitesses de chargement.
Figure 1-23 : Résistance au cisaillement de l’interface – vitesse de sollicitation (tirée de Diakhaté 2007).
67
1.5.2.2.2.2 Raideur au cisaillement de l’interface
La raideur au cisaillement de l’interface est un paramètre pertinent lorsqu’on
souhaite modéliser le comportement mécanique de l’interface. Ce paramètre lie la
contrainte de cisaillement au déplacement relatif à l’interface, et peut être défini de
deux manières : raideur tangente (KSTG) ou raideur sécante (KSEC). Dans cette étude,
les résultats de la raideur tangente de l’interface obtenus lors des essais DC sont
présentés. Pour les essais de torsion, la notion de raideur au cisaillement n’est pas
abordée, le déplacement vertical mesuré est influencé par la déformation des couches
d’enrobés. La valeur tangente de la raideur au cisaillement est calculée sur une
portion pseudo-linéaire du graphe contrainte de cisaillement – déplacement relatif à
l’interface (Figure 1-21). Cette valeur de KSTG traduit le comportement en
cisaillement monotone de l’interface avant rupture et pour de petits déplacements
relatifs.
Avec:
τ max: résistance au cisaillement de l’interface ;
un : déplacement relatif correspondant à τ max/n.
La Figure 1-24 montre, qu’à 10 et 20°C, les valeurs de KSTG peuvent être corrélées
avec la vitesse de sollicitation en utilisant des modèles de type lois puissances.
68
Figure 1-24 : Raideur au cisaillement KSTG de l’interface – vitesse de sollicitation (tirée de Diakhaté 2007).
1.5.2.3 Travaux de Canestrari (2005)
Dans cette étude, le comportement de l'interface des systèmes bitumineux
multicouches est étudié en considérant les différents paramètres d'influence, comme il est
indiqué dans le Tableau 1-4.
Tableau 1-5 : Le programme expérimental (tiré de Canestrari 2005).
69
1.5.2.3.1 Matériaux étudiés
Des spécimens de double couche qui sont échantillonnés d'une section d'essai
expérimentale et de dalles de laboratoire ont été testés pour évaluer la résistance de
cisaillement entre les deux couches.
Tous les échantillons ont été produits à partir de deux types de mélanges, un pour
chaque couche (AC16 et AC11). Les deux mélanges contenaient le même liant
traditionnel et les mêmes agrégats et sont conformes aux normes techniques italiennes
(tableau 1-5).
Tableau 1-6 : Caractéristiques des échantillons (tiré de Canestrari 2005).
La section d'essai a été divisée en trois zones différentes (2,00 ×3,00 m2 chacune),
une pour chaque traitement de l'interface. Les méthodes de construction typiques ont été
utilisées comme suit : la couche supérieure (AC11) a été placée un mois plus tard,
que la couche inférieure, et 5 h après l'application attentive des émulsions au taux
d'étalement désiré.
Les dalles de laboratoire ont été préparées avec un compacteur qui est conforme
à la norme européenne CEN 13108/12697-33 PrEN. C'est un rouleau sans vibration.
Chaque dalle de 305 × 305 mm2 consiste en deux couches qui ont été placées et
compactées avec un décalage dans le temps de 12 h. l'émulsion a été appliquée une heure
avant que la couche supérieure ait été placée pour permettre sa rupture. Les épaisseurs
moyennes et de la teneur moyenne en vides d'air dans la section d'essai et les dalles sont
résumées dans le tableau 1-5.
70
1.5.2.3.2 Équipement utilisé
1.5.2.3.2.1 Appareil d’ASTRA
L'appareil ASTRA, conçu à l'Università Politecnica delle Marches, est une boîte
de cisaillement direct, similaire au dispositif habituellement utilisé en mécanique des
sols, mais substantiellement différente de celui développé par Uzan et coll. (1).
Il permet l'évaluation de la performance des systèmes bitumineux multicouches
dans de différentes conditions de laboratoire, et pour des échantillons à la fois
prismatiques (section carrée maximale de 100 × 100 mm2) et cylindriques (diamètres de
94 à 100 mm).
Le schéma de l’appareil est montré dans la figure 1-25. L'échantillon est installé en deux
demi-boîtes séparées par une zone de cisaillement non confinée entre les deux couches.
Ceci est fait pour s'assurer que la force de cisaillement est appliquée dans le plan
horizontal le plus faible, où la plupart des déplacements de cisaillement se produira, et
afin d’éviter l’influence possible des granulats de deux mélanges sur la résistance de
cisaillement.
Figure 1-25 : Schéma de l’appareil d’ASTRA (tirée de Canestrari 2005).
Une charge verticale perpendiculaire au plan de l'interface est appliquée avec
un levier et un système de poids. Un moteur d'entraînement permit à la table mobile
de déplacer horizontalement à un taux constant (2,5 mm / min dans cette étude), et
une cellule de charge fixée au cadre supérieur mesure la force de cisaillement. Dans le
même temps, deux transducteurs (LVDT) mesurent le déplacement horizontal et vertical
71
de l'échantillon. Tout l'appareil est situé dans une chambre climatique avec un contrôle de
la température et l’humidité relative.
1.5.2.3.2.2 Appareil de LPDS
Le dispositif de cisaillement direct de couche-parallèle « Layer-parallel direct
shear » (LPDS) est une version modifiée de l’appareil de Leutner développé en
Allemagne en 1979. Cette modification a été faite par les laboratoires fédéraux de Suisse
et cet essai est réalisé sans l’application d’une contrainte normale de confinement. Cet
appareil permet d’effectuer des essais purs de cisaillement direct sur des échantillons
cylindriques d'un diamètre d'environ 150 mm ou des éprouvettes prismatiques (largeur =
150 mm, hauteur = 130 mm). Le schéma de travail pour les échantillons cylindriques est
montré dans la figure 1-26. Idéalement, le plan de cisaillement à tester divise l'échantillon
en deux parties: une partie est posée sur un portant circulaire (portant-U) et tenue par une
pince pneumatique dont la forme est de demi-cercle, l'autre partie reste en suspension. Le
joug de cisaillement qui est demi-circulaire déplace avec un taux de déformation
constante (50,8 mm / min, dans cette étude), appliquant ainsi une charge de cisaillement à
la tête de l'échantillon et produisant une fracture dans le plan prédéfini. La largeur de la
zone de cisaillement est de 5 mm.
Figure 1-26 : Schéma de l’appareil de LPDS (tirée de Canestrari 2005).
72
1.5.2.3.3 Résultats
1.5.2.3.3.1 Résultats d’ASTRA
Dans les paragraphes suivants, quelques résultats des essais à configurations
typiques, sont montrés tout en tenant compte que tous les autres résultats pour différentes
conditions ont été jugés qualitativement analogues.
Enveloppes de τpic et τres
Pour chaque valeur de contrainte normale (σn), le pic de contrainte de cisaillement
obtenu (τpic) peut être idéalisé comme superposition linéaire des différentes contributions
de contrainte de cisaillement:
τpic = τres+ τd+ τic+ τa
τres : le frottement résiduel
τd : dilatance
τic : cohésion interne des matériaux
τa : l'adhésion donnée par la couche d'accrochage.
Les contributions des contraintes de cisaillement définies ci-dessus sont mises en
évidence dans la Figure 1-27 pour une valeur donnée σn. Dans la même figure la
dilatance et la cohésion interne sont rapportées comme un terme général noté τc:
τc= τd+ τic
73
Figure 1-27 : Contributions des contraintes de cisaillement (tirée de Canestrari 2005).
Les coefficients de corrélation de régression linéaire R2 et C0, tanΦp et tanΦres
sont présentés dans le tableau 1-6, pour toutes les configurations d’essai. Les
changements dans les paramètres de l’influence ne semblent pas avoir un impact
substantiel sur les valeurs de tanΦres, qui peuvent varier dans une gamme de 0,74 à 0,82.
Cela est vrai, sauf pour les éprouvettes de la section d’essai qui sont sans émulsion à
20°C et pour un court temps de cure. Dans ce genre d’éprouvettes, des erreurs
accidentelles pendant les essais pourraient avoir lieu. Ce résultat indique que le
frottement résiduel pourrait être une propriété intrinsèque des deux couches d'asphalte en
contact, ce qui ne dépend que de leurs caractéristiques propres. Après avoir atteint le pic,
les deux surfaces en contact montrent un comportement de cisaillement de l’interface
principalement lié aux caractéristiques individuelles de ces deux couches parce que le
liant de la couche d'accrochage est dispersé dans la zone de l’interface.
Bien sûr, la contribution de frottement résiduel (τres) devient plus importante
quand une contrainte normale est appliquée tout en notant que ce n'est vrai que pour les
matériaux utilisés dans cette étude.
Dans chaque condition, tanΦres est supérieure à tanΦp, montrant une convergence
substantielle des deux lignes lorsque la contrainte normale est élevée, comme cela a été
prévu de se produire (figure 1-27). Cela signifie que la contribution de la cohésion et la
74
dilatance à la résistance au cisaillement de l’interface semble diminuer avec
l'augmentation de la charge normale.
Effets de la température sur le τpic et K
Pour représenter le comportement mécanique de l'interface, la loi constitutive de
Goodman peut être utilisée:
τ = K × ξ
τ : la résistance de cisaillement de l’interface (MPa),
ξ : le déplacement relatif entre les deux couches à l’interface (mm) et
K : le module tangentiel de l’interface (MPa/mm).
Les résultats d’ASTRA peuvent être utilisés pour évaluer le module de réaction
tangentielle intercalaire (K) de la pente initiale de la courbe contrainte-déplacement (τ -
ξ) en utilisant une analyse de régression linéaire. Il est à noter que K n'est pas un module
dans le sens classique comme il peut être facilement vu de ses unités (MPa / mm).
La figure 1-28 montre que K diminue avec l'augmentation de la température pour
une valeur donnée de contrainte normale appliquée. La même figure montre également
comment K augmente avec la contrainte normale pour les deux températures. Un résultat
similaire est obtenu pour τpic tracée en fonction de la température (Figure 1-29).
Par ailleurs, les trois lignes parallèles liées aux différentes valeurs de contrainte normale
observées sans émulsion à l'interface (figure 1-29) montrent que le changement de τpic
avec la température est indépendant de la contrainte normale appliquée (σn). Cela suggère
que la composante dépendant de la température (τic) est la cause de ce phénomène.
75
Figure 1-28: Section d'essai sans émulsion, temps court de cure est: K fonction de la température (tirée de Canestrari
2005).
Figure 1-29: Section d'essai sans émulsion, temps court de cure est: τ pic fonction de la température (tirée de Canestrari
2005)
Tableau 1-7 : Résultats d’ASTRA (tiré de Canestrari 2005).
77
Tableau 1-7 (suite) : Résultats d’ASTRA (tiré de Canestrari 2005).
Le tableau 1-6 montre tous les résultats des essais qui concernent τpic moyenne et
K moyenne avec les écarts standards correspondants, Sτ et SK. Considérant les résultats
des essais et les données rapportées dans le tableau 1-6, chaque mesure de τpic et K se
situe dans une gamme correspondante à une probabilité au moins de 85%.
Influence de contrainte normale sur τpic et K
La contrainte normale influence la résistance de cisaillement (figure 1-27). Le
graphique qui trace k en fonction de σn (figure 1-30) montre une forte proportionnalité qui
est presque indépendante de traitement d'interface et confirme les conclusions d'Uzan et
coll (1978). Cela signifie que la courbe τ - ξ a approximativement la même pente
K quel que soit le traitement d'interface à une contrainte normale donnée pour les
le pourcentage choisi d'émulsion appliquée. Cela pourrait être expliqué par le fait que K
est mesuré pour des petits déplacements dans une gamme de déformation dans laquelle le
verrouillage mécanique initial est toujours dominant. Cela suggère que la valeur mesurée
de K peut dépendre principalement des caractéristiques des matériaux et dans une
moindre mesure des propriétés de l'émulsion.
Figure 1-30 : K en fonction de σn pour une section d’essai, à 20°C (tirée de Canestrari 2005).
79 Influence des couches d'accrochage sur τpic
Comme il est indiqué dans le tableau 1-6, généralement à 20°C les émulsions
modifiées produisent une résistance de cisaillement de l’interface qui est plus grande que
celle des autres traitements d'interface pour chaque configuration d’essais. Cependant, le
traçage de τpic en fonction de la température (figure 1-31) montre que, à
40°C, l'émulsion modifiée fournit approximativement la même résistance de cisaillement
que celle des deux autres traitements de l'interface. Cela est probablement dû à la
réduction de la viscosité du bitume qui entraîne une augmentation de la déformabilité et
une diminution de la résistance de cisaillement de l’interface pour des températures
élevées. Ce résultat pourrait signifier que la τpic à des températures élevées
(environ 40°C) est indépendante de la présence ou du type d’émulsion, mais elle est
probablement plus liée aux caractéristiques du mélange de deux couches.
Le tableau 1-6 montre que τpic pour des échantillons sans couche d'accrochage est
plus grande que celle avec émulsion conventionnelle, pour presque toutes les
configurations d’essais. En fait, ce comportement pourrait être dû à une quantité
généralement trop élevée de l’émulsion appliquée. Un excédent de liant dans l'émulsion
pourrait causer une couche d'accrochage plus épaisse et plus déformable, ce qui produit
une diminution de la résistance de cisaillement de cette couche.
Figure 1-31 : τpic en fonction de la température pour les éprouvettes de laboratoire, temps court de cure, 0.4 MPa (tirée
de Canestrari 2005).
80
Effets de temps de cure sur τpic :
Les figures 1-32 (a) et 1-32 (b) montrent une nette augmentation de la
performance de collage de l'émulsion conventionnelle avec le temps de cure pour chaque
contrainte normale appliquée. Il a été noté que tanΦres(voire la figure 1-27) ne dépend pas
des paramètres d'influence explorées tels que le temps de cure. Par conséquent, τres (voire
la figure 1-27) n'augmente pas avec le temps de cure. Aussi, la dilatance τd (voire la
figure 1-27) est une propriété géométrique, donc il n'est pas possible que cela dépende du
temps de cure pour une valeur donnée de la contrainte normale et de la température. En
même temps, la cohésion interne τic (voire la figure 1-27) des matériaux des couches est
à peu près constante dans le court et moyen terme. Dans ces conditions, l'augmentation
des propriétés de cisaillement est probablement due en totalité à la contribution de
l'adhésion donnée par la couche d'accrochage (τa). D’un autre côté, il est observé que les
deux enveloppes, qui concernent les échantillons de laboratoire, sont approximativement
parallèles. Cela signifie que l’augmentation de la résistance qui est induite par
l’augmentation du temps de cure est indépendante de la contrainte normale appliquée.
Alors que pour les échantillons dans le terrain (la section d’essai), il est observé que
l’augmentation de la résistance diminue avec la contrainte normale appliquée.
Effets de deux différentes méthodes de compactage
Les figures 1-33 (a) et 1-33 (b) montrent que les échantillons de laboratoire
fournissent une résistance de cisaillement plus grande que celle des échantillons en situ.
D'ailleurs, les deux lignes sont raisonnablement parallèles, ce qui signifie que la
différence absolue entre les deux conditions reste constante quand la contrainte normale
augmente. En outre, cette différence diminue fortement à 40°C par rapport à 20°C. Ce
comportement confirme que quand la température augmente l'effet des paramètres
d’influence (méthodes de compactage) diminue, mais l'influence des matériaux de la
couche sur les propriétés de rupture augmente.
81
(a) (b)
Figure 1-32 : Enveloppes de rupture de τpic pour l’émulsion conventionnelle, à 20°C, (tirée de Canestrari 2005): (a)
Section d'essai et (b) Échantillons de laboratoire.
(a) (b)
Figure 1-33: Enveloppes de rupture pour l’émulsion conventionnelle, temps court de cure, (tirée de Canestrari 2005) :
(a) T=20°C et (b) T=40°C.
82
Les figures 1-34 (a) et 1-34 (b) montrent la résistance de pic pour les éprouvettes
de la section d'essai tracée en fonction de la résistance de cisaillement de pic pour les
éprouvettes de laboratoire. Les valeurs obtenues confirment la tendance que les
spécimens de laboratoire donnent une plus grande résistance de cisaillement par rapport à
celle donnée par les éprouvettes de la section d’essai. Un tel résultat est probablement lié
aux différences de teneur en vides d'air des échantillons provenant de deux méthodes de
compactage. Le tableau 1-5 montre que le taux de vide d'air des échantillons de
laboratoire est inférieure que celui des éprouvettes de la section d'essai. Ainsi, les
échantillons de laboratoire ont une plus grande cohésion interne et, en même temps, une
τpic plus élevée. Ce résultat semble confirmer l'hypothèse initiale selon laquelle la
résistance de cisaillement dépend aussi de la teneur en vides d'air du mélange.
En comparant les deux droites de régression dans les figures 1-34 (a) et 1-34 (b) à
différentes températures, il est remarqué que la régression de 40°C est presque identique
à la ligne d’égalité (1 :1), tandis que la régression de 20°C montre clairement un écart de
la ligne d'égalité. Cela est lié à la diminution de la rigidité du liant à 40°C, ce qui réduit
l'influence de différentes teneurs en vides d'air.
(a) (b)
Figure 1-34 : Comparaison entre τpic (laboratoire) et τpic (section d’essai), (tirée de Canestrari 2005) : (a) T=20°C et (b)
T=40°C.
83
1.5.2.3.3.2 Comparaison entre les valeurs de τpic pour l’appareil d’ASTRA et celui de
LPDS
Les résultats des essais d'ASTRA obtenus à partir des carottes de la section
d'essai, conditionnées à 20°C après le temps de cure moyen et sans la contrainte normale
de confinement, ont été comparés avec les résultats des essais de LPDS (dans les mêmes
configurations d’essai) tout en considérant les trois types de traitements de l’interface.
Une comparaison a été faite entre τpic d’ASTRA et τpic de LPDS tout en
considérant la valeur moyenne de trois mesures d'ASTRA et de 10 mesures
pour LPDS. Ces résultats sont présentés dans le tableau 1-7, ainsi que les écarts-
types correspondantes (SASTRA et SLPDS).
Pour chaque traitement d'interface, τpic de LPDS est plus grand que τpic d’ASTRA. Cela
est dû à des taux de déplacement différents utilisés dans les deux cas, parce que le taux
de LPDS est 20 fois plus élevé que le taux d'ASTRA. Tableau 1-7 résume également le
rapport entre les résultats de LPDS et ceux d’ASTRA. Un rapport presque constant
d'environ 3 est obtenu à 20°C pour les valeurs de τpic (LPDS) et celles de τpic(ASTRA) à
partir des carottes de la section d'essai.
Tableau 1-8 : Comparaison entre les valeurs de τpic pour l’appareil d’ASTRA et celui de LPDS (tiré de Canestrari
2005).
84
2 Méthodologie utilisée
On a vu dans le chapitre précédent que l’appareil de cisaillement direct, malgré
ses défauts qui ont été déjà expliqués, est l’appareil le plus utilisé pour étudier le
comportement de l’interface. Dans ce travail, un appareil de cisaillement direct modifié
qui a une boîte de cisaillement dont les dimensions sont conçues pour accommoder les
tailles des granulats utilisés, est choisi pour étudier le comportement de l’interface
gravier-enrobé bitumineux. Bien que la grande taille de la boîte de cisaillement rende la
préparation des échantillons un processus relativement long, mais cet appareil est le seul
qui donne la possibilité de modéliser l’interface demandée par la fabrication des
échantillons constituants de trois couches dont l’intermédiaire est celle représentative de
l’interface et ensuite par la mobilisation du cisaillement à travers de cette couche
intermédiaire.
On a vu aussi que parmi les paramètres les plus influençant sur le comportement
de l’interface en général est la contrainte normale appliquée sur cette interface. Par
ailleurs, on a observé dans les essais effectués sur des interfaces entre deux couches de
l’enrobé bitumineux, que la vitesse de cisaillement et la température sont des paramètres
clés en ce qui concerne la résistance de cisaillement d’un matériau viscoélastique comme
l’enrobé bitumineux.
Ce chapitre est consacré à décrire la méthodologie utilisée dans ce travail afin de
modéliser le comportement de l’interface gravier-enrobé bitumineux lors du cisaillement.
Cette méthodologie comporte la description de l’appareillage, les caractéristiques des
matériaux étudiés et le mode opératoire. Par la suite, l’influence de la contra inte de
confinement a été étudiée en utilisant de différentes contraintes normales pendant les
essais. L’influence du phénomène de la pénétration du bitume dans le gravier, qui a été
expliqué antérieurement, est étudiée en utilisant de différents pourcentages de bitume
dans la couche représentative de l’interface. En tenant compte du comportement
viscoélastique de l’enrobé bitumineux, les effets de la température et de la vitesse de
cisaillement sont explorés par des essais réalisés en utilisant deux différentes
températures et en considérant deux différentes vitesses de cisaillement.
85
2.1 Description de l'appareillage L’appareil de cisaillement direct est utilisé dans cette étude pour déterminer les
caractéristiques mécaniques de l’interface entre l’enrobé bitumineux et le gravier.
Figure 2-1 : Dimensions de la boite de cisaillement (cm).
L’appareil consiste en deux demi-boîtes. La demi-boîte supérieure est formée de deux
parties: un cadre et un couvercle servant de piston pour l'application de l'effort normal.
Cette disposition permet de mesurer le déplacement normal grâce à quatre LVDTs, placés
entre le piston et un point fixe (voire la figure 2-2 b).
La boîte utilisée a une section carrée (25 cm de côté) et une profondeur de 16 cm (voir la
figure 2-1). On va voir ultérieurement que ces dimensions sont, dans une certaine mesure,
en accord avec la règle de la norme ASTM (D3080-98) stipulant que la taille maximale
des particules utilisées dans un essai de cisaillement ne doit pas être supérieure à un
dixième de la largeur de la boîte de cisaillement et à un sixième de la hauteur des
échantillons. La course de déplacement est de l'ordre de 5cm.
La partie inférieure est entraînée à vitesse constante. La force totale de cisaillement est
mesurée à l'aide d'une cellule de charge fixée à la demi-boîte supérieure (voir la figure 2-
2 a). Le déplacement horizontal est mesuré par un LVDT horizontal fixé à la demi-boîte
86
inférieure. Pendant les essais un effort de compression constant est appliqué à
l'échantillon à l'aide de poids.
(a)
(b)
Figure 2-2 : Photos de l’appareil de cisaillement direct utilisé : (a) Cellule de charge et LVDT horizontal, (b) Boîte de
cisaillement et LVDTs verticaux.
87
2.2 Matériaux étudiés Les essais ont été réalisés avec des pierres concassées et un enrobé bitumineux
caractéristique de La Romaine 2. Dans les paragraphes suivants, les caractéristiques
principales de ces matériaux sont abordées et les résultats de quelques essais effectués par
le laboratoire de Qualitas sont présentés à l’annexe B.
2.2.1 Caractéristiques et propriétés du gravier
2.2.1.1 Nature de la roche mère1:
Le roc au site de la Romaine-2 est formé très majoritairement de monzonite
quartzique ou de monzonite. Ces roches sont apparentées aux granites et souvent
regroupées sous le terme de granitoïde. Près de la zone échantillonnée pour les essais, la
roche est composée d’environ 5% à 20% de quartz, d’environ 70% à 85% de feldspaths et
d’environ 5% à 10% de minéraux ferromagnésiens.
Typiquement, la roche du site de la Romaine-2 est de couleur gris-rose à rose et à
grains grossiers ou grossiers à moyens. Le diamètre des grains est de l’ordre de 5 mm et
plus. Dans les forages TF-50-05, TF-100-08 et TF-102-08 des textures
porphyroblastiques ont été observées et correspondent à des cristaux de feldspaths de 1
cm à 4 cm de diamètre. Il est à noter que des passages de roche cataclasée2 de 3 à 4 m
d’épaisseur ont été décrits dans certains forages. Il s’agit d’horizons où les feldspaths
sont hématisés et parfois fracturés et où la biotite est chloritisée, donnant à la roche un
aspect schisteux.
La monzonite quartzique ou granite récupéré dans la zone immédiate du site
d’échantillonnage (TF-50-05) est d’excellente qualité, peu altérée à saine. Il n’y a pas de
zone cataclasée de notée mais la présence de cristaux de feldspaths allant jusqu’à 4 cm de
diamètre a été rapportée. Le roc renferme plusieurs joints ouverts.
1 D’après la note technique d’aménagement hydroélectrique de la Romaine-2, (2010). 2 Qualifie la structure des roches qui ont subi une cataclase. Ce qualificatif est surtout utilisé pour
les roches magmatiques et roches métamorphiques qui prennent d'abord une granulation mécanique par désolidarisation de leurs cristaux et prennent par la suite un aspect de plus en plus finement grenu et schisteux, les cristaux ayant été tordus, brisés, émiettés…
88
Il y a une tendance générale selon laquelle un matériau rocheux plus résistant est
également plus rigide. C'est-à-dire que les modules d’élasticité augmentent quand la
résistance en compression augmente.
Des essais géomécaniques, physiques et chimiques ont été effectués en 2008 sur
des échantillons provenant du site de la Romaine-2. Les résultats sont présentés au
tableau 2-1. On y remarque que la valeur de la résistance en compression simple de la
roche sèche varie entre 120 et 230 MPa. À titre comparatif, dans les années 1970 et 80,
la résistance à la compression mesurée sur le rocher à prédominance granitique du
complexe La Grande variait entre 60 et 100 MPa (SEBJ, 1987). Au complexe
hydroélectrique de Sainte Marguerite 3, les résistances en compression mesurées de plus
d’une cinquantaine de carottes d’anorthosite et de gabbro (De Courval, 1997) ont donné
des résistances moyennes de 161 et 205 MPa respectivement pour des échantillons
saturés et non saturés. La valeur maximale enregistrée était de 282 MPa.
89
Tableau 2-1 : Résultats des essais géomécaniques, physiques et chimiques du site de la Romaine-2 (tiré de la note technique d’aménagement hydroélectrique de la Romaine-2, 2010).
FORAGES AUX OUVRAGES SITES DE CARRIERE
TF-75-08 TF-77-08 TF-82-08 TF-79-08 TF-67-08 TF-103-08 TF-111-08 TF-65A-08 TF-71-08 TF-72-08
Evacuateur Dérivation Prise d'eau Galerie d'amenée Ch. Equ. Centrale CA-7 CA-6
Compression Co (éch. U1) Mpa 156,68 141,77 141,36 162,88 169,91 120,86 152 155,55 162,45 134,86 130,29 176,71
Compression Co (éch. U2) Mpa 137,36 145,13 139,45 154,94 229,71 128,46 157,08 147,69 145,54 141,85 109,89 172,12
Compression Co (éch. U3) Mpa 150,73* 130,81 220,14 134,52 132,94 158,07 190,07
Compression Co (éch. U4) Mpa 151,17 197,96
Compression Co (éch. U5) Mpa 138,19
Résistance en traction B1 MPa 8,686 7,152 8,53 9,074 10,836 6,2 8,528 9,611 8,541 7,346
Résistance en traction B2 MPa 7,987 10,795 9,937 10,898 11,35
Micro-Deval % 12,3 11,9 12,2 8,4 11,5 12,1 11,2 17,6 12,6
Los Angeles % 35,3 41,9 37,4 25,3 41,9 37 28 44,9 48,4
MD + LA % 47,6 53,8 49,6 33,7 53,4 49,1 39,2 62,5 61
Densité brute > 5 mm 2,644 2,702 2,661 2,695 2,661 2,704 2,688 2,671 2,59
Densité SSS > 5 mm 2,653 2,71 2,668 2,702 2,669 2,713 2,695 2,687 2,605
Densité app. > 5 mm 2,669 2,703 2,68 2,713 2,684 2,728 2,707 2,713 2,629
Absorption > 5 mm % 0,35 0,28 0,27 0,25 0,34 0,33 0,26 0,58 0,58
Enrobage résiduel % 60 60 50 <50 85 55 85
Gel-Dégel de granulats 2,3 1,3 1,1 1,3 1,1 1,4 1,5 1,9
Masse Vol. non tassée kg/m3 1325 1326 1311 1325 1324 1208 1339 1493 1424
Masse Vol. tas. Pilonné kg/m3 1545 1545 1529 1548 1540 1518 1543 1674 1612
Type de bitume PG 58-34 PG 58-34 PG 58-34 PG 58-34 PG 58-34 PG 58-34 PG 58-34
MgSO4 gros granulat % 6 0,8 0,3 1,1 0,8 0,9 3 2,1
Nombre pétrographique 100 100 100 100 100 100 100 100
Réactivité Alcali-Granulats %
Expansion à 14 jours 0,036 0,025 0,041 0,035 0,033 0,036 0,03 0,038
Expansion à 1 an % A venir A venir A venir A venir A venir A venir A venir A venir A venir A venir A venir
* : Déformation axiale mesurée par une seule jauge
90
2.2.1.2 Granulométrie de granulats utilisés :
Dans cette étude, la granulométrie médiane de gravier (MG-20) a été utilisée en
composant des matériaux du gravier ayant cinq gammes de diamètres avec des
pourcentages déterminés dans le tableau suivant :
Tableau 2-2 : l’analyse granulométrique de gravier utilisé dans les essais.
Tamis
(mm)
0-2.45 2.45-5.51 5.51-9.5 9.5-19 19-25.4
(%) 16 21 24 37 2
Il est à noter que la taille maximale du gravier utilisé pour les zones de transition
dans le site, est de l’ordre de 80 mm et donc elle est plus grande que la taille maximale du
gravier utilisé dans les essais. En effet, l’effet de la taille maximale des particules sur les
paramètres de résistance du gravier n’est pas étudié dans ce travail. Un coup d’œil est
fait, dans les paragraphes suivants, sur les conclusions de quelques recherches déjà
réalisées pour investiguer l’influence de la taille maximale des particules. Cela va nous
aider à prendre une idée sur l’effet possible de la taille maximale du gravier sur ses
paramètres de résistance.
L'effet de la taille des particules sur la résistance au cisaillement du sol a été
étudié par certains chercheurs tout en mettant l'accent sur le rôle du scalp sur le
comportement mécanique des matériaux dans les barrages en enrochement.
Hennes (1952) a étudié l'effet de la taille, la forme et la granulométrie des
particules sur l'angle de frottement d’un gravier sec et arrondi et des pierres concassées.
La boîte de cisaillement a des dimensions de 152,4 mm × 304,8 mm (6 pouces x 12
pouces). Il a conclu que quand la taille maximale de particules augmente, l’angle de
frottement augmente. La même conclusion a été faite après avoir réalisé quelques essais
complémentaires triaxiaux par cet auteur.
Vallerga et al. (1956) n'ont pas observé de changement dans l'angle de frottement
des matériaux granulaires en utilisant des essais triaxiaux dans la situation que le ratio du
diamètre de l'éprouvette à la taille maximale des particules était supérieur à 15.
91
Rathee (1981), dans son étude sur les sols granulaires, en utilisant une boîte de
cisaillement dont les dimensions sont de 30 cm x 30 cm et la contrainte normale
maximale appliquée était d'environ 300 kPa, a conclu que le rapport de la largeur de
spécimen à la taille maximale des particules qui n'affectera pas la résistance au
cisaillement est de l'ordre de 10 à 12 pour le mélange sable-gravier. Selon cet auteur,
l'angle de frottement du mélange sable-gravier augmente avec l'augmentation de la taille
maximale des particules. Tandis que pour une taille à peu près uniforme de gravier,
l'angle de frottement était presque constant avec l’augmentation de la taille maximale des
particules.
Cerato et Lutenegger (2006) ont étudié l'effet de l’échelle par des essais de
cisaillement direct sur les sables. Leur étude a montré que l'angle de frottement mesuré
par des essais de cisaillement direct peut dépendre de la taille de l’échantillon et que
l'influence de la taille de l'échantillon est également une fonction du type de sable et de la
densité relative. Ils ont conclu que pour le sable dense, l'angle de frottement mesuré par
des essais de cisaillement direct diminue quand la taille de la boîte augmente et que la
largeur de la boîte par rapport à la taille maximale des particules devrait être de l’ordre de
50 ou plus afin de minimiser l'effet de la taille sur l'angle de frottement du sable.
Tandis que les travaux de recherche précédents illustrent une augmentation de
l'angle de frottement avec l'augmentation de la taille maximale des particules ou avec le
rapport de la taille maximale des particules à la largeur de la boîte de cisaillement, il y a
eu des rapports qui suggèrent qu’il y a une réduction de l'angle de frottement avec
l'augmentation de la taille maximale des particules. Par exemple, Becker et al. (1972) ont
utilisé un appareil biaxial pour mesurer l'angle de frottement des matériaux d’un barrage
en enrochement dans un état de déformation plane. Ils ont conclu que, en général l'angle
de frottement diminue quand la taille maximale des particules augmente, mais la
différence de l'angle de frottement entre le matériau de petite taille et le matériau de
grande taille diminue lorsque la pression de confinement augmente.
Nieble et al. (1974) ont réalisé des essais de cisaillement direct sur basalte broyé
uniforme et ont montré que quand la taille maximale des particules augmente, l'angle de
92
frottement diminue. Leur étude a montré qu’une taille maximale des particules de moins
de 5% de la largeur de la boîte de cisaillement devrait être utilisée pour éviter l'effet de la
taille sur l'angle de frottement.
La revue de la littérature précédente indique qu'il y a une contradiction dans les
résultats concernant l'effet de la taille maximale des particules sur la résistance au
cisaillement du sol. Pour éliminer ou réduire l'effet de la taille des particules sur la
résistance au cisaillement, la norme ASTM (D3080-98) recommande que la taille
maximale des particules dans un essai de cisaillement ne doit pas être supérieure à un
dixième de la largeur de la boîte de cisaillement et un sixième de la hauteur des
spécimens.
En effet, la règle de la norme ASTM déjà mentionnée est la plus connue et la plus
adaptée et par conséquent, elle est prise en compte dans notre travail. Il est déjà indiqué
que la largeur de la boîte de cisaillement est de 25 cm et la hauteur des échantillons est de
l’ordre de 14 cm comme il va être décrit ultérieurement. La taille maximale des matériaux
utilisés est de l’ordre de 2.5 cm, ce qui est équivalent à un dixième de la largeur de la
boîte de cisaillement et légèrement supérieur à un sixième de la hauteur des échantillons
(2.33 cm).
93
2.2.2 Caractéristiques et propriétés de l’enrobé bitumineux 3 Le mince noyau en enrobé bitumineux doit s’ajuster aux déformations du remblai
et aux tassements différentiels de la fondation lors de la construction et subséquemment
la mise en eau et l’exploitation (fluage).
Le noyau doit en outre demeurer imperméable sans aucune augmentation significative de
la perméabilité due à la dilatation lors d’un cisaillement (expansion de volume) ou à la
fissuration induite par des déformations excessives (Höeg 1993).
En raison de la fonction du noyau, les propriétés les plus importantes de l’enrobé
bitumineux sont les suivantes (ICOLD 1992; Schönian 1999; Wang et Höeg 2002) :
Étanchéité sous la pression de l’eau de la retenue;
Résistance à la fissuration sous des conditions de contraintes et de
déformations défavorables et ce, grâce à une bonne flexibilité et ductilité;
Résistance intrinsèque contre l’érosion;
Une certaine résistance au cisaillement;
Ouvrabilité durant la mise en place et le compactage.
2.2.2.1 Constituants
L’enrobé bitumineux est un mélange en proportions bien définies de pierres
concassées, de sable et de filler avec un liant bitumineux et éventuellement des additifs.
Les caractéristiques mécaniques et fonctionnelles de l’enrobé bitumineux sont
déterminées par le squelette granulaire et la teneur en liant. La granulométrie du squelette
granulaire est ajustée de sorte que le pourcentage de vides dans le squelette puisse
permettre d’introduire suffisamment de bitume pour combler en partie les vides (Di
Benedetto et Corté, 2005).
3 D’après la note technique d’aménagement hydroélectrique de la Romaine-2, (2010).
94
2.2.2.1.1 Granulats
En effet, la gradation des granulats a un effet profond sur la performance des
matériaux, mais la meilleure gradation va varier en fonction du matériau lui-même, ses
caractéristiques désirées, le chargement appliqué, l'environnement et la structure. Il
pourrait être raisonnable de supposer que la meilleure gradation est celle qui produit la
masse volumique maximale. Ceci impliquerait un arrangement des particules, où les
petites particules sont emballées entre les grandes particules, ce qui réduit les vides
intergranulaires (VAM)4. Cela crée plus de contacts entre les particules, ce qui augmente
la stabilité et réduit les infiltrations d'eau dans le béton bitumineux. Toutefois, un montant
minimum de VAM est nécessaire pour fournir un volume adéquat pour le liant.
Par conséquent, même si la gradation de masse volumique maximale ne peut pas être
la meilleure granulométrie des granulats, mais elle peut fournir une référence commune.
Une équation largement utilisée pour décrire une gradation de masse volumique
maximale a été élaborée par Fuller et Thompson en 1907. Leur équation de base est la
suivante:
(
)
P : % plus fine que le tamis considéré,
d : la taille considérée des granulats,
D : la taille maximum des granulats et
n : le paramètre qui ajuste la courbe pour la finesse ou la grossièreté.
Au début des années 1960, la FHWA (Federal Highway Administration in USA) a
introduit le graphe de gradation, standard utilisé aujourd'hui dans l'industrie du béton
bitumineux. Ce graphe utilise une valeur de n = 0,45 et il est pratique pour la
détermination de la ligne de masse volumique maximale. Ce graphique est légèrement
différent d’autres graphiques de gradation parce qu'il utilise la taille du tamis élevé à la
4 VAM (Les vides intergranulaires) : Volume occupé par l’espace entre les granulats dans un enrobé
compacté, en incluant les vides interstitiels dans l’enrobé (Vi) et le volume de bitume effectif, exprimé en pourcentage par rapport au volume brut de l’enrobé compacté
95
nème
puissance (généralement 0,45) comme les unités de l'axe x. La ligne de masse
volumique maximale apparaît comme une ligne droite allant de zéro à la taille maximale
des granulats du mélange considéré.
La distribution granulométrique des granulats généralement utilisée pour les barrages
ACRD est celle qui correspond à la courbe de Fuller à laquelle un contenu en particules
fines (< 0,080 mm) doit être ajouté. De façon générale, la grosseur maximale des
particules est de 16 à 19 mm. Afin de faciliter la maniabilité de l’enrobé bitumineux lors
de la mise en place, on favorise l’inclusion d’une partie des granulats fins (0-5 mm) qui
provient de sable naturel arrondi. La proportion de filler5 est généralement élevée (10-
16%) dans le mélange afin d’obtenir le pourcentage de particules fines recherché pour
combler suffisamment les vides tout en maintenant un film de bitume effectif adéquat
pour enrober les granulats.
La position de la courbe granulométrique d’un enrobé bitumineux par rapport à la
courbe de masse volumique maximale déjà décrit peut donner des indices quant à ses
qualités et à sa performance à l’usage.
L’enrobé dont la courbe granulométrique se situe nettement sous la courbe de masse
volumique maximale a une texture ouverte (grenue), tandis qu’une courbe
granulométrique apparaissant au-dessus de la courbe de masse volumique maximale
conduit à une texture fermée. Lorsque la courbe granulométrique se trouve sur la courbe
de masse volumique maximale ou près de celle-ci, la texture est intermédiaire et l’enrobé
est qualifié de semi-grenu. D’un autre côté, les enrobés dont la granulométrie est sur cette
droite ou près de celle-ci ont donc des VAM plus faibles et conséquemment, des teneurs
en bitume plus basses. Au contraire, les enrobés dont les courbes granulométriques
se situent loin de la courbe de masse volumique maximale ont des VAM plus élevés, ce
qui laisse une place à l’introduction d’une plus grande quantité de bitume. Le tableau 2-3
montre l’analyse granulométrie des granulats de l’enrobé bitumineux utilisé et la figure 2-
3 montre la granulométrie de masse volumique maximale avec la granulométrie de
5 Les fillers sont des substances finement divisées. Elles sont insolubles dans le bitume et on les utilise
dans le mélange du béton bitumineux pour modifier sa consistance et ses propriétés mécaniques. Les fillers ont habituellement une taille de particule de moins de 75 microns (µm).
96
l’enrobé bitumineux utilisé. Dans la représentation graphique de ces deux courbes de
granulométrie, les pourcentages passants sont portés en ordonnée (axe vertical), tandis
que l’abscisse (axe horizontal) est à l’échelle arithmétique où les tamis en millimètres
sont élevés à la puissance de 0,45 comme il est déjà expliqué. Dans la figure 2-3, on
observe que la courbe granulométrique de l’enrobé bitumineux utilisé se trouve au-dessus
de la courbe de masse volumique maximale.
Il est déjà montré que le noyau bitumineux doit suivre et s'adapter aux mouvements
et aux déformations imposées par la digue dans son ensemble. Ces déformations doivent
être résistées par le béton bitumineux sans des fissurations ou une dilatation importante
de cisaillement (expansion du volume) qui peut conduire à une augmentation de la
perméabilité.
La résistance à la fissuration est fonction en partie de la teneur en bitume dans les
enrobés et de la teneur en vides interstitiels (Vi)6. Les enrobés les plus résistants à la
fissuration sont ceux dont la granulométrie contient le moins possible de granulat s
supérieurs à 5 mm, une teneur en mastic élevée (filler et bitume) et une teneur en vides
interstitiels (Vi) faible. Les enrobés les plus résistants à la fissuration sont donc ceux dont
la courbe granulométrique se trouve au-dessus de la courbe de masse volumique
maximale. Près de cette dernière, les vides interstitiels (Vi) dans l’enrobé sont faibles et
la teneur en bitume est faible également. Au-dessous de cette courbe, la teneur en bitume
peut être élevée, de même que les vides interstitiels (Vi).
Donc la position de la courbe granulométrique de l’enrobé bitumineux utilisé au -
dessus de la courbe de masse volumique maximale est appropriée pour construire un
noyau bitumineux étanche dans les barrages.
Parmi les caractéristiques importantes de granulats, il y a la distribution
granulométrique, l’adhésion du bitume aux granulats, leur résistance à l’impact (fragilité)
et leur friabilité (forme des particules). Un granulat friable requerra un mélange plus riche
en bitume. Les granulats peuvent être exposés à de fortes contraintes dans un barrage de
6 Vi (Les vides interstitiels dans l’enrobé) : Volume total occupé par l’air emprisonné entre les granulats
enrobés dans un enrobé compacté exprimé en pourcentage du volume brut de l’enrobé compacté.
97
grande envergure. Dans le cas d’un enrobé à forte teneur en bitume, soit avec un contenu
en bitume supérieur à 7 %, il y a moins de contact entre les grains. Par conséquent, la
qualité des granulats devient un aspect moins critique.
Figure 2-3 : Distributions granulométriques de masse volumique maximale et de l’enrobé bitumineux utilisé.
Tableau 2-3 : Distribution granulométrique des granulats de l’enrobé bitumineux de la Romaine-2 (d’après le
laboratoire de Qualitas).
Tamis # Passant %
40 100
28 100
20 100
14 95
10 82
5 61.7
2.5 48
1.25 40
630 33
315 27
160 19
80 11.9
0
20
40
60
80
100
120
0 2 4 6
Pas
san
t (%
)
Tamis (mm) élevés à la puissance de 0,45
courbe de massevolumiquemaximale
courbe utilisée
98
2.2.2.1.2 Bitume
Les principales caractéristiques des bitumes comme matériau d’ingénierie
sont; leur comportement rhéologique (relation contrainte – déformation), leur durabilité et
leur adhésion, particulièrement en présence d’eau (Monismith et Creegan 1997). Les
bitumes sont des matériaux viscoélastiques, par conséquent, leur comportement
rhéologique dépend de la température du matériau et de la vitesse de déformation (ou
taux de chargement). À basse température et à un taux de chargement rapide, le bitume a
un comportement s’apparentant à un solide élastique. À haute température et à faible taux
de chargement, le bitume devient comme un fluide newtonien. Le bitume confère ses
propriétés à l’enrobé bitumineux.
La viscosité du bitume est souvent caractérisée par un indice de pénétration
déterminé par l’essai de pénétration (ASTM D 946). L’essai de pénétration consiste à
mesurer, en dixième de millimètres, l’enfoncement d’une aiguille de 100 g en 5 secondes
dans un échantillon de bitume maintenu à une température de 25 ˚C. Cependant, il est
important de connaître la viscosité à d’autres températures, notamment pour le malaxage
et le compactage. Des bitumes de pénétration variant de 50 à 80 dmm ont été les plus
utilisés pour la construction de barrages ACRD.
Afin de couvrir et éclairer la majorité des caractéristiques de l’enrobé bitumineux
de la Romaine-2, les résultats de plusieurs essais effectués par le laboratoire de Qualitas
sont présentés dans l’annexe B.
2.3 Mode opératoire Le mode opératoire comporte les étapes suivantes:
1. Préparation des échantillons : dans cette étape, la méthode de préparation des
échantillons est expliquée tout en présentant la forme générale et la géométrie de ces
échantillons.
2. Phase de cisaillement : dans cette étape, les différentes conditions imposées pendant
l’essai sont montrées tout en prenant en compte le changement de l’aire de contact
pendant le cisaillement, ce qui influence la valeur de la contrainte normale et celle de
cisaillement.
99
2.3.1 Préparation des échantillons
Afin d’étudier l’effet des différents pourcentages de bitume dans la couche de
l’interface, cinq types d’échantillon ont été utilisés:
1. Échantillon uniforme avec 0 % de bitume (type 1),
2. Échantillon avec 1.75 % de bitume dans la couche de l’interface (type 2),
3. Échantillon avec 3.5 % de bitume dans la couche de l’interface (type 3),
4. Échantillon uniforme avec 3.5 % de bitume (type 4) et
5. Échantillon uniforme avec 7 % de bitume (type 5).
Comme on a déjà dit qu’en raison du phénomène de la pénétration de bitume dans
le gravier adjacent pendant le compactage et dû à la forme dentelée de l’interface, le
contenu en bitume dans cette interface s’étend entre 0% et 7%. Par conséquent, les
valeurs choisies du contenu en bitume dans les cinq types d’échantillons représentent les
deux limites maximale et minimale qui peuvent être rencontrées au site et aussi, deux
autres pourcentages intermédiaires arbitraires qui se trouvent entre les deux limites déjà
mentionnées.
Dans les paragraphes suivants, une description détaillée de la méthode utilisée
pour fabriquer les échantillons est présentée.
2.3.1.1 Échantillon uniforme avec 0 % de bitume (type 1)
Un poids de l’ordre de 17 kg de gravier (MG-20), dont la granulométrie a été
auparavant illustrée dans le tableau 2-2, est séché dans un four dont la température est de
110 °C. Par la suite, le poids sec de l’échantillon est mesuré et un taux massique d’eau
égal à 3% du poids sec de gravier est ajouté pour humidifier l’échantillon. En effet, cette
valeur de la teneur en eau a été adoptée, après une séquence d’essais indiquant que cette
dernière nous donne des densités humides, dans le laboratoire, proches de celles
rencontrées normalement au site. Après avoir mesuré le poids humide, le gravier est versé
dans la boîte de l’appareil et compacté en trois couches en utilisant un compacteur
manuel pneumatique dont l’aire de compactage est de 19.6 cm2.
100
Après avoir terminé le compactage, les densités humide et sèche peuvent être calculées.
Les valeurs de ces densités et tous les calculs pertinents sont donnés dans le chapitre
suivant. La figure 2-4 montre la forme générale de ce type d’échantillons.
Ce type d’échantillon a été réalisé pour comparer l’enveloppe de rupture du gravier avec
Figure 2-4 : Échantillon uniforme avec 0 % de bitume (type1).
Dans le chapitre suivant, les résultats de l’essai de cisaillement de ce type
d’échantillon seront comparés avec ceux de la couche de l’interface contenant de
différents pourcentages de bitume (1.5% et 3.5%) et ceux de l’enrobé bitumineux (7% de
bitume).
2.3.1.2 Échantillon avec 1.75 % de bitume dans la couche de l’interface (type
2)
Il est visé dans ce type de fabriquer des échantillons composés de trois couches;
celle qui est au fond de la boîte de l’appareil est l’enrobé bitumineux, alors que la couche
intermédiaire est constituée d’un mélange gravier-bitume et finalement, la couche
supérieure est de gravier MG-20.
Pour préparer la couche d’enrobé bitumineux, une quantité donnée de celui-ci est mise
dans un four et réchauffée à une température de 135 °C. Après le réchauffement, l’enrobé
bitumineux est compacté dans une boîte en bois dont les dimensions sont égales à celles
de la boîte de l’appareil en utilisant le même compacteur auparavant mentionné et par la
suite sa densité est calculée (les calculs et les valeurs pertinentes sont montré dans le
101
chapitre suivant). Quant à la couche intermédiaire dont l’épaisseur est de 2 cm, un
mélange gravier-bitume dont le contenu en bitume est de 1.75% a été préparé. Ce
mélange est réchauffé de la même façon que celle pour l’enrobé bitumineux à une
température égale à 135°C et par la suite, il est compacté au dessus de la couche d’enrobé
dans la boîte en bois. Après le compactage, la densité du mélange et le taux de vides
remplis par le bitume sont calculés (les calculs et les valeurs pertinentes sont montré dans
le chapitre suivant). En effet l’épaisseur de 2 cm de cette couche du mélange a été choisie
comme une valeur minimum possible à réaliser en considérant que la taille maximum des
granulats est de l’ordre de 2 cm. Il est à noter qu’un essai sur un échantillon uniforme du
mélange (3.5% de bitume) compacté à plein hauteur, a été réalisé pour savoir si
l’épaisseur de la couche de l’interface a une influence sur la résistance de cisaillement de
cette interface comme on le verra ultérieurement. Pour la couche de gravier, les mêmes
procédures que celles suivies dans le cas des échantillons uniformes avec 0% de bitume
sont adoptées.
La figure 2-5 montre la forme générale de ce type d’échantillons avec les
épaisseurs correspondantes de chaque couche et la figure 2-6 illustre des photos de ces
échantillons avant la réalisation de l’essai de cisaillement direct.
Figure 2-5 : Type d’échantillon avec 1.75 % de bitume dans la couche de l’interface.
Il faut indiquer que la compaction dans les trois couches a été faite de sorte que la
densité obtenue après le compactage pour chacun des trois matériaux utilisés dans ces
couches (le gravier, le mélange et l’enrobé bitumineux), aie une valeur relativement
102
proche de celle de chacune des couches correspondantes dans tous les échantillons
notamment pour la couche intermédiaire de l’interface, dans laquelle le plan de
cisaillement existe. Cela va contribuer à éliminer ou, au moins, réduire l’effet de la
densité sur la résistance de cisaillement.
Figure 2-6 : Photos d’échantillon avec 1.75 % de bitume dans la couche de l’interface.
Dans la figure 2-6, on peut voir un cadre en plastique dont la fonction est de
retenir les matériaux de la couche de mélange après avoir démoulé la boîte en bois. En
effet, le contenu en bitume utilisé dans ce type d’échantillons pour faire le mélange
(1.75%) ne suffit pas pour que la couche de mélange puisse se tenir sans le cadre. Alors
que ce cadre devient inutile pour une couche de mélange dont le contenu en bitume est de
3.5% comme l’on va voir dans les paragraphes suivants.
2.3.1.3 Échantillon avec 3.5 % de bitume dans la couche de l’interface (type 3)
Dans ce type d’échantillons, les mêmes procédures que celle dans le type
précédent sont suivies sauf que le pourcentage de bitume dans la couche intermédiaire
représentatif de l’interface est de 3.5%.
La figure 2-7 montre la forme générale de ce type d’échantillons et la figure 2-8 illustre
des photos de ces échantillons avant la réalisation de l’essai.
103
Comme il est déjà mentionné, le cadre en plastique utilisé dans le type précédent
n’existe pas pour ce type d’échantillon grâce au contenu en bitume (3.5%) qui permet à la
couche de l’interface de se tenir sans le cadre.
Figure 2-7 : Type d’échantillon avec 3.5 % de bitume dans la couche de l’interface.
Figure 2-8 : Photos d’échantillon avec 3.5 % de bitume dans la couche de l’interface.
104
Les deux derniers types d’échantillon ont été réalisés dans le but de mettre en
lumière l’influence probable de différents pourcentages de bitume dans la couche de
l’interface sur la résistance de cette interface comme l’on verra dans le chapitre suivant.
2.3.1.4 Échantillon uniforme avec 3.5 % de bitume (type 4).
Dans ce type d’échantillons, les procédures suivies sont les mêmes que celles
adaptées pour réaliser la couche de mélange dans le type précédent, mais le mélange est
compacté à pleine hauteur.
La figure 2-9 montre la forme générale de ce type d’échantillons.
Figure 2-9 : Type d’échantillon uniforme avec 3.5 % de bitume.
Comme il est mentionné auparavant, le but de la réalisation de ce type
d’échantillon est de savoir l’influence probable de l’épaisseur de la couche de l’interface
sur la résistance de celle-ci. Une discussion des résultats qui concerne ce type-là est
présentée dans le chapitre suivant.
2.3.1.5 Échantillon uniforme avec 7 % de bitume (type 5).
Puisque le contenu en bitume dans l’enrobé bitumineux caractéristique de la
Romaine 2 est de 7%, celui-ci est utilisé dans ce type d’échantillons et il est compacté à
pleine hauteur. Par la suite, la densité de l’enrobé bitumineux est calculée (les calculs et
les valeurs pertinentes sont montré dans le chapitre suivant).
La figure 2-10 montre la forme générale de ce type d’échantillons et la figure 2-11 illustre
des photos de ces échantillons avant la réalisation de l’essai.
105
Figure 2-10 : Type d’échantillon uniforme avec 7 % de bitume.
Figure 2-11 : Photos d’échantillon uniforme avec 7 % de bitume.
L’objectif principal de la réalisation de ce type d’échantillon est de savoir la
résistance de cisaillement du noyau bitumineux (7% de bitume) et de comparer cette
résistance avec celle de l’interface qui contient un pourcentage de bitume moins que 7%
(par exemple 1.5% et 3.5%). Aussi, les résultats de ce type d’échantillon seront utilisés
pour faire la comparaison entre la résistance du noyau bitumineux et celle du gravier seul
(0% de bitume) et par conséquent l’effet du pourcentage de bitume sur les paramètres de
résistance pourrait être détecté comme l’on verra ultérieurement.
106
2.3.2 Phase de cisaillement Une contrainte normale constante, dont les valeurs s’étendent de 50 à 500 kPa
comme l’on verra dans le chapitre suivant, est appliquée et le cisaillement de l’interface
est effectué sous l’effet d’une vitesse de déplacement constante, dont les deux différentes
valeurs sont montrées dans le chapitre suivant, tout en mesurant l'évolution de la
contrainte de cisaillement, du déplacement relatif normal et du déplacement relatif
tangentiel. Il est à noter que pendant le cisaillement, l'aire de surface de contact entre les
deux parties de l'échantillon diminue quand le déplacement horizontal augmente. Par
conséquent, la contrainte normale et celle de cisaillement sont calculées comme suit :
Avec :
σn : La contrainte normale pendant l’essai,
ζ : La contrainte de cisaillement pendant l’essai,
Fn : La force normale (constante),
Ft : La force de cisaillement,
u : Le déplacement horizontal, et
b : La dimension de la boîte de cisaillement.
107
3 Présentation et analyse des résultats
Ce chapitre est consacré à la présentation des résultats d'une série d'essais de
cisaillement direct sur l’interface gravier- enrobé bitumineux représentée par une couche
de mélange (bitume-gravier) dont le pourcentage massique de bitume varie de 0%
(gravier seul) jusqu’à 7% (enrobé bitumineux seul).
Ces essais ont permis d’étudier l'effet des principaux paramètres sur le comportement de
l'interface (contrainte normale appliquée, température, vitesse de cisaillement et contenu
en bitume dans la couche de l’interface).
3.1 Influences du contenu en bitume de l’interface et de la
contrainte normale. Comme il est déjà expliqué que pendant la construction du noyau bitumineux, il y
a un phénomène de pénétration du bitume dans le gravier adjacent (les zones de
transition) qui se trouve en raison des forces appliquées simultanément par les rouleaux
sur le noyau bitumineux et les zones de transition adjacentes. Donc, on va obtenir une
interface (béton bitumineux-gravier), dans laquelle il y a un pourcentage de bitume
infiltrant qui varie d’une valeur maximale de 7% (juste à la surface du noyau bitumineux)
jusqu’une valeur minimale de 0% (le gravier sans bitume) comme il est déjà montré dans
la figure 8.
Donc, dans les paragraphes suivants, l’influence de différents pourcentages de
bitume sur le comportement de l’interface est étudiée tout en considérant l’effet de la
contrainte normale appliquée sur cette interface. Dans cette phase d’étude, les paramètres
utilisés dans les essais sont indiqués dans le tableau 3-1.
Tableau 3-1 : les paramètres utilisés dans les essais pour étudier l’influence du contenu en bitume.
Vitesse du
cisaillement
(mm/sec)
Température de
réchauffement de
l’enrobé et du
mélange
(C°)
Temps de cure
de l’enrobé et
du mélange
(semaines)
Température
de cure de
l’enrobé et
du mélange
(C°)
0.0017 135 2-3 21
108
En ce qui concerne la vitesse de cisaillement, une discussion qui explique la cause
pour laquelle une vitesse de 0.0017 mm/sec a été choisie est montrée ultérieurement dans
la section qui traite l’effet de la vitesse.
La température de réchauffement de l’enrobé et du mélange a été choisie égale à
135°C comme une valeur proche de celle rencontrée dans le site lors de la compaction.
Quant au temps de cure de l’enrobé bitumineux et du mélange, il est déjà
mentionné que les essais effectués par Canestrari (2005) ont montré qu’il y a une
augmentation de la résistance de cisaillement de l’émulsion conventionnelle avec le
temps de cure. Donc, pour éviter l’effet de ce paramètre sur les résultats des essais, un
temps de cure de 2 à 3 semaines a été adopté pour tous les échantillons.
À l'intérieur du remblai, le béton bitumineux est protégé de l'environnement et il
est soumis à une température quasi constante après la fin de la construction de barrages et
la mise en eau du réservoir. Donc, les intempéries sont peu préoccupantes. Certains essais
sont effectués à une température de 6°C qui correspond à la température principale
estimée dans le noyau. D’autres essais ont également été effectués à 20°C pour comparer
le comportement à des températures différentes.
Le programme expérimental utilisé pour étudier l’influence du contenu en bitume
et la contrainte normale est résumé dans le tableau 3-2.
Tableau 3-2 : le programme expérimental utilisé.
T = 21 °C
V= 0.0017
mm/sec
Pourcentage massique de bitume à l’interface (%)
Type 1 Type 2 Type 3 Type 4 Type 5
Co
ntr
ain
te
no
rmal
e (k
Pa)
50
100
150 150
250 250 250
500 500 500 500 500
109
La contrainte normale (σn) représente la contrainte induite par la pression latérale
du gravier sur la paroi bitumineuse. Les contraintes normales utilisées pendant les essais,
varient entre 150 kPa et 500 kPa et couvrent une gamme assez large des contraintes
rencontrées dans la structure réelle comme il est montré dans les paragraphes suivants.
Cette pression du gravier agit horizontalement mais, elle est normale sur l’interface.
Tschernutter (2010) a présenté des mesures des pressions verticales et
horizontales agissant sur le noyau bitumineux du barrage en remblai de Feistritzbach en
Autriche. Ces mesures ont été effectuées par des cellules de pression qui ont été placées à
côté du noyau bitumineux en aval. Le développement de la pression horizontale et
verticale de la terre aussi bien que le ratio de la pression horizontale à la pression
verticale de la terre (eh/ev) sont illustrés dans la figure 3-1.
Figure 3-1: Pression de la terre horizontale et verticale (tirée de Tschernutter 2010).
Il est constaté dans cette figure que l'influence du noyau bitumineux incliné dans
la partie supérieure du barrage est clairement exprimée par le ratio élevé de la pression
horizontale à la pression verticale de la terre. Le changement dépendant de temps de la
pression horizontale et verticale de la terre aussi bien que le ratio (eh/ev) montrent
clairement une augmentation de la pression verticale de la terre sur la hauteur entière du
barrage et seulement une augmentation légère des pressions horizontales de la terre au
tiers inférieur de la hauteur du barrage. Le ratio (eh/ev) a augmenté principalement dans la
zone inférieure du barrage et il a amélioré le support du noyau bitumineux.
110
On remarque aussi que la valeur maximale du ratio de la pression horizontale à
celle verticale (eh/ev) est de l’ordre de 0.5. Pour cette valeur, la profondeur couverte par la
contrainte maximale dans notre étude (500 kPa) est de 50 m si l’on considère une valeur
moyenne de la densité du gravier de l’ordre de 20 KN/m3. Cette valeur de la profondeur
(50 m), dans le barrage de la Romaine2, constitue approximativement 46% de la hauteur
entière du barrage, ce qui est équivalent à une profondeur de l’ordre de 35 m (élévation
de 42 m) dans le barrage de Feistritzbach. Par contre, il est noté que selon la figure 3-1,
une valeur du ratio (eh/ev) de 0.35 est valable pour une élévation qui varie de 27 m
jusqu’à la valeur de 42 déjà calculée. L’élévation de 27 m dans le barrage de
Feistritzbach est équivalente à une élévation de l’ordre de 38 m (profondeur de 71 m)
dans le barrage de la Romaine 2. En adoptant la profondeur de 71 m déjà calculée avec
une densité moyenne de 20 KN/m3
et un ratio (eh/ev) de 0.35 qui est valable à cette
profondeur, la pression horizontale calculée à cette profondeur sera : 71×20×0.35 = 479
kPa.
Donc on peut dire que la gamme de contraintes normales utilisée dans notre étude
couvre celles qui pourraient être rencontrées dans le barrage réel jusqu’à une profondeur
de l’ordre de 71 m.
111
3.1.1 Essais réalisés sur des échantillons uniformes avec un pourcentage
de bitume de 0%
À fin d'étudier l'influence de la contrainte normale initiale, des essais sont
effectués avec cinq valeurs de la contrainte normale initiale (σni=50, 100, 150, 250 et 500
kPa).
Les résultats obtenus sont illustrés dans la figure 3-2. Il est noté qu’il y a une
augmentation de la contrainte de cisaillement avec la contrainte normale initiale
appliquée. Le module initial d’élasticité et le module sécant augmentent avec la
contrainte normale initiale appliquée.
Pour la courbe avec une contrainte normale initiale de 50 kPa, la rupture a été
atteinte à une valeur du déplacement horizontal de l’ordre de 7mm et la contrainte de
cisaillement à la rupture a été de l’ordre de 84 kPa. Après le point de rupture, une
diminution légère de la valeur de la contrainte de cisaillement est observée
(ramollissement). On remarque la même forme générale pour les courbes avec des
contraintes normales initiales de 100, 150 et 250 kPa où les valeurs des déplacements
horizontaux et des contraintes de cisaillement à la rupture sont respectivement; 15 mm et
137 kPa pour σni= 100Kpa, 17 mm et 214 kPa pour σni= 150 kPa et 17 mm et 300 kPa
pour σni= 250 kPa. Aussi, on constate que pour ces trois courbes, il y a un
ramollissement léger après le point de rupture. Pour la courbe qui concerne la contrainte
normale de 500 kPa, il est observé que quoique la rupture n’ait pas été atteinte clairement,
la pente de la courbe approche le zéro ce qui indique qu’on est très proche de la rupture.
Pour estimer le point de rupture, une continuation supplémentaire de la courbe a été faite
approximativement (la ligne pointillée). Les valeurs du déplacement horizontal et de la
contrainte de cisaillement à la rupture pour cet essai sont respectivement; 25 mm et 598
kPa.
La contrainte normale et celle de cisaillement à la rupture sont montrées dans le
tableau 3-3. Les densités humides et sèches après le compactage pour tous les
échantillons de ce type –là sont calculées et illustrées dans le même tableau.
112
Tableau 3-3 : Résultats des essais sur des échantillons uniformes avec 0% de bitume, T=21, V=0.0017 mm/sec.
T=21°C
V=0.0017
mm/sec
Contrainte
normale
initiale
(kPa)
Contrainte
normale à
la rupture
(kPa)
Contrainte de
cisaillement
à la rupture
(kPa)
Densité
humide
de
gravier
(g/cm3)
Densité
sèche de
gravier
(g/cm3)
Contenu
en bitume
(%)
Éch1 50 51 84 2.051 1.991 0%
Éch2 100 105 137 2.06 2.003 0%
Éch3 150 161 214 2.050 1.990 0%
Éch4 250 268 300 2.056 1.997 0%
Éch5 500 548 598 2.086 2.025 0%
Il est à noter que la densité sèche du gravier a été calculée en utilisant la loi suivante :
Où :
: La densité sèche,
: La densité humide et
: La teneur en eau (le ratio de la masse de l’eau à celle du gravier sec).
113
Figure 3-2 : Évolution de la contrainte de cisaillement en fonction du déplacement tangentiel pour des échantillons
uniformes avec 0% de bitume, T=21°C, V=0.0017 mm/sec.
3.1.2 Essais réalisés sur des échantillons contenant un pourcentage de
bitume de 1.75% dans la couche de l’interface Afin d'étudier l'influence de la contrainte normale initiale et celle du contenu en
bitume dans la couche représentative de l’interface, deux échantillons sont confectionnés
en utilisant un pourcentage de bitume qui est égal à 1.75% dans la couche de l’interface.
Malheureusement, l’essai avec une contrainte normale égale à 250 kPa n’a pas été réalisé
à cause d’un bris de cet échantillon et par conséquent un seul essai a été fait avec une
contrainte normale de 500 kPa.
Les résultats obtenus sont illustrés dans la figure 3-3. Il est constaté que la
contrainte de cisaillement augmente au début du chargement pour atteindre un palier puis
elle se stabilise.
La contrainte normale et celle de cisaillement à la rupture sont montrées dans le
tableau 3-4. Les densités humides et sèches de gravier après le compactage et celles de
114
l’enrobé bitumineux et du mélange, ainsi que le pourcentage de vides remplis par le
bitume dans le mélange sont calculés et illustrés dans le même tableau.
Il est à noter que dans toutes les figures suivantes, la lettre b après chaque
pourcentage signifie le bitume et par conséquent ce pourcentage est celui de bitume
pour les essais considérés dans les figures.
Tableau 3-4 : Résultats des essais sur des échantillons contenant un pourcentage de bitume de 1.75% dans la couche de
l’interface, T=21, V=0.0017 mm/sec.
Figure 3-3 : Évolution de la contrainte de cisaillement en fonction du déplacement tangentiel pour des échantillons
contenant un pourcentage de bitume de 1.75% dans la couche de l’interface, T=21°C, V=0.0017 mm/sec.
T=21°C
V=0.0017
mm/sec
Contrainte
normale
initiale
(kPa)
Contrainte
normale à
la rupture
(kPa)
Contrainte
de
cisaillement
à la rupture
(kPa)
Densité
humide
de
gravier
(g/cm3)
Densité
sèche
de
gravier
(g/cm3)
Densité de
l’enrobé
bitumineux
(g/cm3)
Densité
de
mélange
(g/cm3)
Vides
remplis
par le
bitume
dans le
mélange
(%)
Contenu
en
bitume
dans le
mélange
(%)
Éch2 1.804 2.040 14 1.75%
Éch1 500 568 511 2.256 2.190 1.86 1.937 11.5 1.75%
115
3.1.3 Essais réalisés sur des échantillons contenant un pourcentage de
bitume de 3.5% dans la couche de l’interface
Pour ce type d’échantillons, trois essais sont effectués avec trois valeurs de la
contrainte normale initiale (σni=150, 250 et 500 kPa).
Les résultats obtenus sont illustrés dans la figure 3-4. Il est constaté que la
contrainte de cisaillement augmente au début du chargement pour atteindre un palier puis
elle se stabilise, il est à noter qu’il y a une augmentation de la contrainte de cisaillement
avec la contrainte normale initiale. Le module initial d’élasticité et le module sécant
augmentent avec la contrainte normale initiale appliquée.
La contrainte normale et celle de cisaillement à la rupture sont montrées dans le
tableau 3-5. Les densités humides et sèches de gravier après le compactage et celles de
l’enrobé bitumineux et du mélange, ainsi que le pourcentage de vides remplis par le
bitume dans le mélange sont calculés et illustrés dans le même tableau.
Il est à noter qu’à cause de la gamme courte du LVDT horizontal qui a été utilisé
pour ces essais, la rupture n’a pas été atteinte dans la courbe de cisaillement pour la
contrainte normale de 500 kPa comme il est clair dans la figure 3-4. Pour résoudre ce
problème, une courbe de régression de 4ème
degré a été utilisée pour détecter le point de
rupture. Cette courbe a simulé la courbe réelle de cisaillement de façon assez précise
dans la gamme achevée de déplacement horizontal et par conséquent la valeur de rupture
dérivée de cette courbe de régression a été adoptée et présentée dans le tableau 3-5.
116 Tableau 3-5 : Résultats des essais sur des échantillons contenant un pourcentage de bitume de 3.5% dans la couche de
l’interface, T=21, V=0.0017 mm/sec.
T=21°C
V=0.0017
mm/sec
Contrainte
normale
initiale
(kPa)
Contrainte
normale à
la rupture
(kPa)
Contrainte
de
cisaillement
à la rupture
(kPa)
Densité
humide
de
gravier
(g/cm3)
Densité
sèche
de
gravier
(g/cm3)
Densité de
l’enrobé
bitumineux
(g/cm3)
Densité
de
mélange
(g/cm3)
Vides remplis
par le bitume
dans le
mélange
(%)
Contenu en
bitume dans
le mélange
(%)
Éch1 150 158 185 1.999 1.941 2.091 2.004 24.9 3.5%
Éch2 250 269 263 1.933 1.877 2.040 2.043 26.7 3.5%
Éch3 500 558 500 1.910 1.854 1.996 2.209 37.4 3.5%
Figure 3-4 : Évolution de la contrainte de cisaillement en fonction du déplacement tangentiel pour des échantillons
contenant un pourcentage de bitume de 3.5% dans la couche de l’interface, T=21°C, V=0.0017 mm/sec.
117
3.1.4 Essais réalisés sur des échantillons uniformes d’enrobé
bitumineux (7% de bitume)
Pour ce type d’échantillons, deux essais sont effectués avec deux valeurs de la
contrainte normale initiale (σni=250 et 500 kPa) tout en utilisant l’enrobé bitumineux
caractéristique de la Romaine 2 dont le pourcentage de bitume est égal à 7%.
Les résultats obtenus sont illustrés dans la figure 3-5. Il est constaté que la
contrainte de cisaillement augmente au début du chargement pour atteindre un palier puis
elle se stabilise, on note une amplification de la contrainte de cisaillement avec la
contrainte normale initiale. Le module initial d’élasticité et le module sécant augmentent
avec la contrainte normale initiale appliquée.
La contrainte normale et celle de cisaillement à la rupture sont montrées dans le
tableau 3-6. La densité de l’enrobé bitumineux après le compactage est calculée et
donnée dans le même tableau.
Tableau 3-6 : Résultats des essais sur des échantillons uniformes d’enrobé bitumineux (7% de bitume), T=21,
V=0.0017 mm/sec.
T=21°C
V=0.0017
mm/sec
Contrainte
normale
initiale
(kPa)
Contrainte
normale à
la rupture
(kPa)
Contrainte de
cisaillement
à la rupture
(kPa)
Densité de
l’enrobé
bitumineux
(g/cm3)
Contenu en
bitume dans
l’enrobé
bitumineux
(%)
Échantillon1 250 271 278 2.010 7%
Échantillon2 500 550 472 2.133 7%
118
Figure 3-5 : Évolution de la contrainte de cisaillement en fonction du déplacement tangentiel pour des échantillons
uniformes d’enrobé bitumineux (7% de bitume), T=21°C, V=0.0017 mm/sec.
3.1.5 Essais réalisés sur des échantillons uniformes contenant un
pourcentage de bitume de 3.5% À fin d'étudier l’influence de la proportion de bitume et l’effet de l’épaisseur de la
couche représentative de l’interface, un essai est effectué avec une contrainte normale
initiale égale à 500 kPa tout en utilisant un mélange gravier-enrobé bitumineux à pleine
hauteur, sachant que le pourcentage massique de bitume dans le mélange est de 3.5%.
Les résultats obtenus sont illustrés dans la figure 3-6. Il est constaté que la
contrainte de cisaillement augmente au début du chargement pour atteindre un palier puis
elle se stabilise pour un déplacement tangentiel de l’ordre de 35 mm. La contrainte de
cisaillement maximale obtenue dans ce type d’échantillon est inférieure à celle de type
(3) dans lequel le mélange est compacté juste pour une couche de l’interface dont
l’épaisseur est de l’ordre de 2 cm. Cela peut être attribué à la densité faible du mélange
par rapport à celles de l’enrobé bitumineux et de gravier qui confinent la couche de
l’interface dans le type (3).
119
La contrainte normale et celle de cisaillement à la rupture sont montrées dans le
tableau 3-7. La densité de mélange et le taux de vides remplis par le bitume dans ce
mélange sont calculés et illustrés dans le même tableau.
Tableau 3-7 : Résultats des essais sur des échantillons uniformes dont le pourcentage de bitume est de 3.5%, T=21,
V=0.0017 mm/sec.
T=21°C
V=0.0017 mm/sec
Contrainte
normale
initiale
(kPa)
Contrainte
normale à
la rupture
(kPa)
Contrainte
de
cisaillement
à la rupture
(kPa)
Densité
de
mélange
(g/cm3)
Vides remplis par
le bitume dans le
mélange
(%)
Contenu en
bitume dans
le mélange
(%)
Échantillon1 500 581 450 1.9 17.33 3.5%
Figure 3-6 : Évolution de la contrainte de cisaillement en fonction du déplacement tangentiel pour des échantillons uniformes dont le pourcentage de bitume est de 3.5%, T=21°C, V=0.0017 mm/sec.
120
Avant qu’on commence à discuter quelques résultats et à investiguer les effets
d’autres paramètres, on présente un sommaire des résultats obtenus précédemment dans
le tableau 3-8.
Tableau 3-8 : Synthèse des résultats des essais.
3.1.6 Changements du volume :
Comme il a été mentionné auparavant, dans les quatre coins de l’échantillon, il y a
quatre LVDT qui enregistrent les déplacements verticaux de l’échantillon. Pour tous les
essais, il est remarqué que les LVDT 2 et 4 indiquent des déplacements verticaux vers le
haut (positifs) qui varient de 0.5 jusqu’à 1.5 mm tandis que les LVDT 1 et 3 indiquent des
déplacements verticaux vers le bas (négatifs) qui varient de 6 à 12 mm comme il est
montré dans la figure 3-7.
Type
d’échantillons
Échantillons
composés
de trois
couches
Contrainte
normale
initiale
(kPa)
Contrainte
normale à
la rupture
(kPa)
Contrainte
de
cisaillement
à la rupture
(kPa)
Bitume(%)
Type 1 Non 500 548 598 0
Type 2 Oui 500 568 511 1.75
Type 3 Oui 500 558 500 3.5
Type 5 Non 500 550 472 7
Type 4 Non 500 581 450 3.5
Type 1 Non 250 268 300 0
Type 3 Oui 250 269 263 3.5
Type 5 Non 250 272 278 7
Type 1 Non 150 161 214 0
Type 3 Oui 150 158 185 3.5
Type 1 Non 100 105 137 0
Type 1 Non 50 51 84 0
121
Figure 3-7 : Schéma explicatif de la forme générale des déplacements verticaux.
La figure 3-8 donne un exemple de tels déplacements pour un essai réalisé sur un
échantillon dont le pourcentage de bitume dans la couche de l’interface est de 1.75%
sous l’effet d’une contrainte normale de 500 kPa et les figures 3-8 et 3-9 donnent un
exemple similaire, mais pour des échantillons ayant un pourcentage de bitume dans la
couche de l’interface égal à 3.5% et sous l’effet de deux contraintes normales (500 et
250 kPa respectivement).
Figure 3-8 : Évolution des déplacements verticaux en fonction du déplacement horizontal, couche de l’interface contenant 1.75% de bitume, σni= 500 kPa.
122
Figure 3-9 : Évolution des déplacements verticaux en fonction du déplacement horizontal, couche de l’interface
contenant 3.5% de bitume, σni= 500 kPa.
Figure 3-10 : Évolution des déplacements verticaux en fonction du déplacement horizontal, couche de l’interface
contenant 3.5% de bitume, σni= 250kPa.
Il est à noter que ces déplacements sont engendrés à cause du mouvement des
particules avec la direction du mouvement de la demi-boîte inférieure. Ces déplacements
ne reflètent pas le vrai changement de volume de l’interface parce qu’ils ne présentent
pas les déplacements qui concernent la couche de l’interface seulement, mais aussi
l’ensemble des trois couches composant l’échantillon. D’un autre côté, les extrémités
fixes de la boîte de cisaillement ne permettent pas à l’échantillon de se déformer
123
librement et d’une façon indépendante de la rotation des axes des contraintes et
déformations principales. Dans le but de souligner le changement possible de volume de
l’interface, les résultats de quelques chercheurs sont abordés dans les paragraphes
suivants.
Selon (Höeg 1993), sous de fortes contraintes de cisaillement, l’enrobé
bitumineux est susceptible de se dilater par le cisaillement. La dilatation survient lorsque
les grains enchevêtrés sont disloqués sous les contraintes et parviennent à glisser les uns
sur les autres provoquant un accroissement de volume dans le cas des matériaux denses.
Breth et Schwab (1979) ont mesuré les changements de volume lors d’essais
triaxiaux sur des éprouvettes d’enrobés bitumineux préparés à différentes teneurs en
bitume (5,5 à 8,0 %). Lorsque la teneur en bitume est entre 7,0 et 8,0 %, le matériau est
peu susceptible à la dilatation comme le montrent les résultats illustrés sur la figure 3-11.
À une teneur en bitume inférieure à 7,0 %, le matériau est beaucoup plus susceptible de
dilater significativement sous des déformations axiales importantes. L’accroissement de
la contrainte de confinement (σ3) réduit le degré de dilatance du matériau comme le
montre la figure 3-11.
Figure 3-11 : Influence de la teneur en bitume (bitume de pénétration B80) sur la dilatance de l’enrobé bitumineux
(Breth et Schwab 1979; tirée de Höeg 1993).
Donc, en se basant sur ces résultats, il est possible de conclure que le comportement
de l’interface dont la teneur de bitume varie de 0% à 7% est dilatant et le degré de cette
dilatance diminue avec la contrainte normale appliquée.
124
3.1.7 Enveloppes de ruptures La figure 3-12 montre les enveloppes de rupture correspondantes à des essais
réalisés dans une température de 21°C et avec une vitesse de cisaillement égale à 0.0017
mm/sec sur le type 1 d’échantillons (il est indiqué dans la figure 3-12 comme suit : "0%
b-échantillon uniforme") et le type 3 d’échantillons (il est indiqué dans la figure 3-12
comme suit : "couche 3.5% b"). Il est observé que l’enveloppe qui concerne le gravier
seul est plus haute que celle qui concerne la couche de l’interface dont le pourcentage de
bitume est de 3.5%. Par conséquent, la résistance du gravier seul est plus élevée que celle
de l’interface susmentionnée pour une gamme de contraintes normales qui varie de 150
jusqu’à 550 kPa et sous les conditions prédéterminées de température et de vitesse.
Il est remarqué que les résistances engendrées des types d’échantillons avec
d’autres pourcentages de bitume dans la couche de l’interface (le type 2 qui est indiqué
dans la figure 3-12 comme suit : "couche 1.75% b" et le type 5 qui est indiqué dans la
figure 3-12 comme suit: "EB 7% b-échantillon uniforme") sont très proches de
l’enveloppe de rupture concernant l’interface qui contient 3.5% de bitume. De ce fait, on
peut conclure que l’enrobé bitumineux contrôle le comportement de l’interface.
Le tableau 3-9 illustre les paramètres de résistances pour les deux enveloppes
susmentionnées. Il est observé que la cohésion de l’enveloppe de l’interface contenant
3.5% de bitume est plus élevée que celle de l’enveloppe du gravier seul, tandis que
l’angle de frottement interne diminue quand la teneur en bitume augmente ce qui
s’accorde avec les résultats obtenus par Elvira et Fernandez del Campo (1977) sur des
enrobés bitumineux routiers (teneur en liant de 4 à 6 % et teneur en vides de 3,7 à 9 %).
125
Figure 3-12 : Enveloppes de rupture des échantillons uniformes avec 0% de bitume (en rouge) et des échantillons avec
3.5 % de bitume dans la couche de l’interface (en bleu), T=21, V=0.0017 mm/sec.
Tableau 3-9 : Paramètres de résistance du gravier seul et ceux de l’interface dont le pourcentage de bitume est de 3.5%
à T= 21°C et V=0.0017 mm/sec.
La figure 3-13 présente la résistance de cisaillement tracée en fonction du contenu
en bitume sous de différentes contraintes normales appliquées. Dans la courbe concernant
une contrainte normale de 500 kPa, il est remarqué qu’il y a une différence relativement
grande entre la résistance de l’échantillon de gravier sans bitume et celle de l’interface
qui contient 3.5% de bitume. D’autre part, il est observé qu’il y a une faible différence
entre les résistances des interfaces avec de différents pourcentages de bitume (1.75%,
3.5% et 7%). Cela nous amène à la même conclusion stipulant que le comportement de
T= 21°C
V=0.0017
mm/sec
Couche 3.5% b
(Type 3)
Gravier 0%b-uniforme
(Type 1)
ɸ(deg) 38.7 45.8
C (kPa) 55.6 33.6
126
l’interface est dominé par l’enrobé bitumineux. Il est noté aussi, que la différence entre la
résistance du gravier sans bitume et celle du mélange (gravier-bitume) diminue quand la
contrainte normale diminue ce qui peut être attribué à la diminution des forces de
contacts (grain-grain) dans le gravier.
Figure 3-13 : Évolution de la contrainte de cisaillement en fonction de du contenu en bitume, T=21°C, V=0.0017
mm/sec.
3.2 Influence de la température de cure L’enrobé bitumineux est un matériau viscoélastique dont le comportement
rhéologique est très influencé par les changements de température. On a déjà vu dans la
littérature que la résistance de cisaillement entre deux couches d’enrobé bitumineux
augmente quand la température diminue pour une valeur donnée de la contrainte normale
(Canestrari, 2005 ; Diakhaté, 2007). Pour étudier l’effet de température de cure sur le
comportement de l’interface, une série des essais a été réalisée dans les conditions
suivantes:
127
Tableau 3-10 : les paramètres utilisés dans les essais pour étudier l’influence de la température de cure.
Il faut noter que dans tous les essais, la température de cure est égale à la
température d’essai. Pour les échantillons dont la température de cure est égale à 21°C,
l’appareil de cisaillement a été dans le laboratoire où la température est de 21°C. Mais
pour les échantillons dont la température de cure est de 6°C, l’appareil de cisaillement a
été déplacé à une chambre froide dont la température a été fixée à 6°C. Ça veut dire que
les échantillons dont la température de cure est de 21°C ont été cisaillés dans une
température de 21°C et ceux dont la température de cure est de 6°C, ont été cisaillés dans
une température de 6°C. Donc dans notre texte, les termes « température d’essai » et
« température de cure » sont toujours interchangeables pour tous les essais de
cisaillement effectués sur l’enrobé bitumineux et sur le mélange de la couche
intermédiaire de l’interface.
3.2.1 Essais réalisés sur des échantillons contenant un pourcentage de
bitume de 3.5% dans la couche de l’interface Trois essais sont réalisés avec trois valeurs de la contrainte normale initiale
(σni=150,250 et 500 kPa) tout en utilisant trois échantillons dont la couche de l’interface
contient un pourcentage de bitume égal à 3.5 % (figure 3-14).
Les résultats obtenus sont illustrés dans la figure 3-15. Il est constaté que la
contrainte de cisaillement augmente au début du chargement pour atteindre un palier puis
elle se stabilise, il est à noter qu’il y a une amplification de la contrainte de cisaillement
Vitesse du
cisaillement
(mm/sec)
Température de
réchauffement de
l’enrobé et du
mélange
(C°)
Temps de cure
de l’enrobé et
du mélange
(semaines)
Température
de cure de
l’enrobé et
du mélange
(C°)
0.0017 135 2-3 6
128
avec la contrainte normale initiale. Le module initial d’élasticité et le module sécant
augmentent avec la contrainte normale initiale appliquée.
La contrainte normale et celle de cisaillement à la rupture sont montrées dans le
tableau 3-11. Les densités humides et sèches de gravier après le compactage et celles de
l’enrobé bitumineux et du mélange, ainsi que le pourcentage de vides remplis par le
bitume dans le mélange sont calculés et illustrés dans le même tableau.
Figure 3-14 : Photos d’un échantillon contenant un pourcentage de bitume de 3.5% dans la couche de l’interface.
Tableau 3-11 : Résultats des essais sur des échantillons contenant un pourcentage de bitume de 3.5% dans la couche de
l’interface, T=6, V=0.0017 mm/sec.
T=6°C
V=0.0017
mm/sec
Contrainte
normale
initiale
(kPa)
Contrainte
normale à
la rupture
(kPa)
Contrainte de
cisaillement
à la rupture
(kPa)
Densité
humide
de
gravier
(g/cm3)
Densité
sèche de
gravier
(g/cm3)
Densité de
l’enrobé
bitumineux
(g/cm3)
Densité
de
mélange
(g/cm3)
Vides
remplis
par le
bitume
dans le
mélange
(%)
Contenu
en bitume
dans le
mélange
(%)
Éch1 150 161.276 207.685 1.977 1.919 1.811 2.045 26.812 3.5%
Éch2 250 275.139 301.032 2.009 1.950 1.900 2.082 28.765 3.5%
Éch3 500 551.927 521.123 2.024 1.965 1.887 1.993 24.381 3.5%
129
Figure 3-15: Évolution de la contrainte de cisaillement en fonction du déplacement tangentiel pour des échantillons
contenant un pourcentage de bitume de 3.5% dans la couche de l’interface, T=6°C, V=0.0017 mm/sec.
3.2.2 Enveloppe de rupture : La figure 3-16 montre les enveloppes de rupture correspondantes à des essais
réalisés sur des échantillons dont les températures de cure sont 6°C et 21°C et leur
contenu en bitume dans la couche de l’interface est de 3.5%. Il est observé que les deux
enveloppes susmentionnées sont à peu près parallèles et que l’enveloppe de rupture avec
une température de 6°C est plus élevée que celle pour une température de 21°C.
Il est constaté, selon ces deux enveloppes, qu’une diminution de température de
21 à 6°C entraîne une augmentation de la résistance de cisaillement de l’ordre de 30 kPa
pour la combinaison des matériaux étudiés et pour une vitesse de cisaillement de l’ordre
de 0.0017 mm/sec.
Le tableau 3-12 présente les paramètres de résistances dérivés de ces deux
enveloppes. Il est remarqué que l’angle de frottement interne est une propriété intrinsèque
des enrobés qui dépend peu de la température d’essai, et c’est pourquoi la valeur de
l’angle de frottement est de l’ordre de 38.7° pour les deux températures utilisées. Alors
que la cohésion dépend significativement de la température et prend des valeurs très
130
faibles à haute température. Ces observations sont tout à fait conformes à celles faites par
Elvira et Fernandez del Campo (1977).
En se basant sur ces observations, on peut prévoir, pour des fins de conception,
que dans le site et avec des conditions de très hautes températures ou des vitesses de
cisaillement très basses (comme on le voit dans la section prochaine), l’enveloppe de
rupture passerait par l’origine tout en formant un angle de frottement égal à 38.7 (la
figure 3-17).
En effet, étant donné que la variation des températures allant de +1 à +20°C est
suffisamment large et couvre les conditions de fonctionnement des barrages, même dans
une zone du pergélisol (le noyau bitumineux dans le barrage est protégé de
l’environnement extérieur comme il est déjà mentionné), la température supérieure
utilisée pendant les essais ne sera pas beaucoup dépassée dans le site et par conséquent, si
l’influence de la température est seulement considérée, l’enveloppe de rupture bougerait
dans la gamme limitée par les deux enveloppes de rupture susmentionnées
correspondantes aux températures 21 et 6°C.
Dans la figure 3-18, la contrainte de cisaillement est tracée en fonction de la
température. Selon cette figure et dans la gamme de températures évaluées, la contrainte
de cisaillement a une tendance à s’accroître quand la température diminue pour une
valeur donnée de la contrainte normale appliquée. La même figure montre également
comment la contrainte de cisaillement augmente avec la contrainte normale pour les deux
températures utilisées. Par ailleurs, les quatre lignes parallèles liées aux différentes
valeurs de contrainte normale (figure 3-18) montrent que le changement de la contrainte
de cisaillement avec la température est indépendant de la contrainte normale appliquée.
Cela s’accorde avec les résultats de Canestrari, 2005. De manière prévisible, à une
température très basse, à proximité de la température de gélation du liant, la résistance de
l’interface a tendance à diminuer en raison de la fragilité du matériau et du décollement
possible (Z. Leng, 2008).
131
Tableau 3-12 : Paramètres de résistance de l’interface dont le pourcentage de bitume est de 3.5% à T= 21 et 6°C.
Figure 3-16 : Enveloppes de rupture des échantillons dont le pourcentage de bitume est de 3.5% à T=21 et 6°C.
Couche 3.5% b
V=0.0017
mm/sec
T=21 T=6
ɸ(deg) 38.7 38.7
C (kPa) 55.6 79.4
132
Figure 3-17 : Enveloppe de rupture de l’interface à très haute température ou à très basse vitesse de cisaillement.
Figure 3-18: Évolution de la contrainte de cisaillement de l’interface en fonction de la température.
133
3.3 Influence de la vitesse de cisaillement L’enrobé bitumineux est un matériau viscoélastique dont le comportement
rhéologique est très influencé par les changements de vitesse de cisaillement. On a déjà
vu dans la revue de littérature que la résistance de cisaillement de l’interface entre deux
couches d’enrobé bitumineux augmente linéairement avec la vitesse de sollicitation dans
un repère bilogarithmique (Diakhaté, 2007). Pour étudier l’influence de la vitesse, on
devrait utiliser des différentes vitesses de cisaillement. Malheureusement, la capacité de
l’appareil ne permet pas d’augmenter la vitesse de cisaillement plus que 0.0017 mm/sec.
Par conséquent, le principe d’équivalence temps – température a été utilisé afin de
trouver la vitesse de cisaillement à 21°C, à laquelle les résultats des essais effectués à 6˚C
sont reproduits. À cette fin, la relation entre la température et le temps caractéristique
pour l’enrobé bitumineux de Némiscau1 a été utilisée (figure 3-19).
Selon cette relation, un essai effectué à 6˚C correspond à un E approximativement
égal à 6,988x10-3s alors que celui réalisé à 21˚C a une valeur de E plus faible égale à
7,172x10-5s. Le facteur d’équivalence temps – température donné par l’équation
suivante est de 97,44≈100.
44,9710172,7
10988,6a
5
3
refE
ET
134
Figure 3-19 : Relation temps – température de l’enrobé bitumineux de Némsicau-1(tirée de la note technique
d’aménagement hydroélectrique de la Romaine-2, 2010).
Donc, pour avoir la même résistance à 21°C que celle à 6°C, il faut augmenter la vitesse
de cisaillement de 100 fois.
Comme il est illustré dans la figure 3-20, pour chaque contrainte normale
appliquée, les résultats d’essais montrent clairement que, dans un repère bi logarithmique,
la résistance de cisaillement de l’interface augmente linéairement avec la vitesse de
sollicitation, ce qui s’accorde avec les résultats obtenus par Diakhaté, 2007 et Canestrari,
2005. De ce fait, pour la combinaison de matériaux étudiée, et pour une température de
cure de 21°C, la résistance de cisaillement peut être prédite à partir de la vitesse de
sollicitation.
Pour prédire la résistance de cisaillement pour une température de cure de 6°C et pour
une vitesse donnée de cisaillement, il suffit de multiplier cette vitesse de cisaillement par
100 et par la suite d’utiliser la figure 3-20.
135
Figure 3-20 : Évolution de la contrainte de cisaillement de l’interface en fonction de la vitesse de cisaillement- T=21°C.
Il est à noter que de façon générale et basée sur la littérature (Sowers et coll.,
1965, Won et Kim, 2008), il ressort que pour les 10 ans suivant la mise en eau, on peut
s’attendre à des taux de déformation variant entre 0,003 et 0,18 % H (la hauteur de
barrage) dû au phénomène de fluage. Ces taux sont très faibles en regard des taux de
déformation observés durant la mise en eau du réservoir de Romaine 2 qui dure environ
un mois. Des déformations de l’ordre du mètre, soit environ 1 % H7 sont alors
prévisibles, ce qui donne un taux de déformation annuel, aux fins de comparaison
seulement, de l’ordre de 12 %.
Donc, il est possible de conclure que dans le cas des barrages de type ACRD,
l’importance des déformations dues au fluage sont peu importantes comparativement aux
déformations provoquées durant la construction et durant la mise en eau. En se basant sur
cet effet, on peut conclure que la vitesse de cisaillement de l’interface peut atteindre des
valeurs très faibles et par conséquent, l’enveloppe de rupture de l’interface bouge vers le
7 Selon la note technique d’aménagement hydroélectrique de la Romaine-2, 2010
136
bas tout en approchant l’origine (C=0) comme il est mentionné auparavant dans la figure
3-17.
D’un autre côté, on peut trouver que le taux prévisible de tassement du barrage
de la Romaine 2 durant la mise en eau (1% H durant un mois) est égal à 0.000386
mm/sec. À partir de la figure 3-20 déjà décrite, on peut prédire la résistance de
cisaillement de l’interface gravier-enrobé bitumineux pour une température de 21°C
directement par l’utilisation de la vitesse de cisaillement pendant la mise en eau
(0.000386 mm/sec). Par exemple, la résistance de cisaillement de l’interface avec une
contrainte normale initiale σni = 500 kPa, est de l’ordre de 493 kPa. Pour trouver la
résistance de l’interface avec la même contrainte normale initiale (σni = 500 kPa) mais
pour une température de 6°C, on doit multiplier la vitesse de cisaillement durant la mise
en eau (0.000386 mm/sec) par 100, ce qui nous donne une vitesse de 0.0386 mm/sec. En
se référant à la figure 3-20, on peut trouver que la résistance de cisaillement
correspondante à une température de 6°C et une contrainte normale de 500 kPa durant la
phase de la mise en eau, est de l’ordre de 514 kPa.
137
Conclusion
Ce travail a été réalisé dans le but d'apporter une contribution à la caractérisation
du comportement de l'interface gravier-enrobé bitumineux qui conditionne d'une manière
sensible le comportement des ouvrages de barrages en remblai avec des noyaux
bitumineux.
La boîte de cisaillement direct reste, malgré ses défauts, l'outil le plus utilisé dans
l'étude des interfaces sol-structure. Cet appareillage a été utilisé dans ce travail pour la
réalisation d’une compagne d'essais de cisaillement direct à contrainte normale constante
sur l’interface entre l’enrobé bitumineux caractéristique de la Romaine-2 et le gravier
MG20 dont la granulométrie est illustrée auparavant dans le tableau 2-2.
Les résultats des essais réalisés ont permis l'analyse de l'effet de certains
paramètres tels que la contrainte normale initiale, le pourcentage de bitume dans la
couche de l’interface, la température et indirectement la vitesse de cisaillement.
À partir de ces résultats, les observations suivantes ont été faites, qui fournissent
une idée sur les facteurs influençant le comportement d'interface gravier-enrobé
bitumineux :
Le comportement de l’interface gravier –enrobé bitumineux est dominé par
l’enrobé bitumineux. Ca veut dire que l’enrobé bitumineux transfère son
comportement à l’interface.
La cohésion de l’interface est plus élevée que celle du gravier seul tandis que
l’angle de frottement interne diminue quand la teneur en bitume augmente.
La résistance du gravier sans bitume est plus élevée que celle de l’interface pour
une gamme de contraintes normales qui varie de 150 jusqu’à 550 kPa et sous les
mêmes conditions de température et de vitesse.
Le comportement viscoélastique de l’interface est influencé par la température et
la vitesse de cisaillement.
La résistance de cisaillement de l’interface augmente avec la diminution de la
température et l’augmentation de la vitesse de cisaillement.
L’angle de frottement interne est une propriété intrinsèque des enrobés qui dépend
peu de la température d’essai, et c’est pourquoi la valeur de l’angle de frottement
138
est de l’ordre de 38.7° pour les deux températures utilisées dans le cadre de ce
travail.
La cohésion dépend significativement de la température et prend des valeurs très
faibles à des températures élevées.
En utilisant le principe d’équivalence temps-température, il est noté que la
résistance de cisaillement à 6°C peut être reproduite à 21°C par l’augmentation de
la vitesse de cisaillement de 100 fois.
Une diminution de température de 21°C à 6°C ou une augmentation équivalente
de la vitesse de cisaillement induit une augmentation de la résistance de l’ordre de
30 kPa pour la combinaison des matériaux utilisés et pour une vitesse de
cisaillement de l’ordre de 0.0017 mm/sec.
Dans le site et avec des conditions de vitesses de cisaillement très basses,
l’enveloppe de rupture passerait par l’origine (C=0) tout en formant un angle de
frottement égal à 38.7°.
La résistance de cisaillement de l’interface augmente avec la contrainte normale
appliquée.
Dans le site, ces résultats nous aide à percevoir la variation de la résistance avec
les différentes conditions de températures (neige – gel) lors de la mise en place. Il est
observé que la résistance de cisaillement augmente quand la température diminue mais
par contre et selon Z. Leng (2008), pour une température proche de celle du gel du
bitume, il y a une diminution de la résistance.
D’autre part, ces résultats seraient utiles à utiliser quand il y a une variation de la
vitesse de cisaillement (taux de tassement de l’enrochement). Comme l’on a déjà vu, le
taux de tassement de l’enrochement varie beaucoup à partir de la phase de la construction
jusqu’à la phase de la post-construction et la mise en service (tassement du fluage à long
terme) tout en passant par la phase de la mise en eau. Il est trouvé que ces taux de
tassement prennent ses valeurs maximales pendant la construction et la mise en eau ce
qui induit des résistances élevées de cisaillement pendant ces phases. Par contre, le taux
de tassement du fluage est très faible en comparaison avec ceux engendrés pendant les
139
phases de la construction et la mise en eau, ce qui induit des résistances inférieures aux
celles engendrées pendant les deux phases susmentionnées.
De plus, la magnitude et le taux de tassement dans chaque phase sont dépendants
de plusieurs paramètres qui sont entre autres; la densité des matériaux après le
compactage, la granulométrie et la qualité des matériaux, l’humidité relative des
matériaux, la vitesse de remplissage de réservoir et la fluctuation de niveau de l’eau dans
le réservoir. Donc, lorsque la vitesse de cisaillement est estimée dans chaque phase et
sous des conditions données, la résistance correspondante de cisaillement peut être aussi
estimée.
Ces résultats peuvent être utilisés aussi lors de la modélisation numérique de
comportement des barrages avec des noyaux bitumineux car ils fournissent les paramètres
nécessaires pour modéliser le comportement de l’interface gravier-enrobé bitumineux.
Finalement, il faut noter que ce genre d’études numériques serait utile à réaliser pour
comparer ses résultats avec ceux de laboratoire et de terrain.
140
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151
Annexes
Annexe A : Travaux de Liu et Song (2006)
A.1 Concepts de base Le concept de l’état critique dans la mécanique de sol (CSSM) a été introduit par
le Groupe de mécanique de sol à l’université de Cambridge dans les années 1950 et 1960
(Wood, 1990). À l'origine, les modèles de comportement pour les argiles ont été
développés en utilisant le concept de (CSSM), les plus célèbres d'entre eux ont été les
modèles Cam-Clay originaux et modifiés (Roscoe et coll.1963; Burland, 1968). Avec le
paramètre d'état tel que proposé par Been et Jefferies (1985), le concept de (CSSM) a
également été employée avec succès pour décrire le comportement du sable (par exemple,
Manzari et Dafalias, 1997). Le cadre de concept de CSSM déclare qu'il existe un état
critique du sol à une déformation importante de cisaillement, et à l’état critique la
déformation de cisaillement se poursuit sans dilatance et sans changement du ratio de
contraintes. L’indice de vide à cet état est l'indice des vides critique (ec) et le rapport de
contraintes est égal à la valeur critique Mc (où q est la contrainte déviatorique
et p´ est la contrainte moyenne effective). L'indice des vides critique (ec) est affecté par la
contrainte de confinement de telle sorte qu'il diminue avec l'augmentation de la contrainte
de confinement. Le comportement du sol à tout état dépend donc de sa distance entre
l'état actuel et l'état critique, ce qui peut être défini par un paramètre d'état pour les sols
sablonneux.
En raison de l'analogie entre le comportement de sable et le comportement de
l'interface entre les sols sablonneux et les structures, le concept de CSSM peut être
employé pour le modèle de comportement d'interface. Toutefois, certaines modifications
doivent être apportées à la théorie originale. Tout d'abord, la contrainte de confinement p´
152
dans la théorie originale doit être remplacée par la contrainte normale de l’interface σn.
Deuxièmement, le rapport de contraintes est remplacé par , où est la
contrainte de cisaillement. Puisque seulement un problème de déformation plane est
considéré dans cette étude, il n'y a qu'une seule contrainte de cisaillement dans la
direction tangentielle. Le plus important est que l'indice des vides dans le cadre de CSSM
doit être défini différemment. Pour une interface, elle dépend à la fois de l'indice des
vides réels des sols sablonneux et de la rugosité du corps de contact. Pour des problèmes
de déformation plane, l'incrément de l'indice des vides peut être écrit comme suit:
où t est l'épaisseur de l'interface, qui est d'environ 5-10 fois le diamètre moyen D50 du
sable, et est l'incrément de la déformation normale à l'interface. Par conséquent,
l’indice des vides à l'état critique peut être déterminé à partir de la dilatation normale
ultime de l’interface .
La plasticité généralisée et son application en géomécanique ont d'abord été
introduites par Zienkiewicz et Mroz (1984) et plus tard prolongées par Pastor et coll.
(1990). Plusieurs autres modèles de sable ont été formulés sur la base de cette théorie
(par exemple, Sassa et Sekiguchi, 2001; Ling et Liu, 2003). Dans le cadre de la plasticité
généralisée, le vecteur de la direction de chargement {n} et le vecteur de la direction de
fluage plastique {ng} sont définis au lieu des surfaces de l’état limite et du potentiel
plastique. Le tenseur des contraintes incrémentales peut être exprimé comme suit:
[3]
tandis que la matrice élasto-plastique constitutive est donnée par:
où H est le module plastique et est la matrice élastique constitutive.
La plasticité généralisée a été utilisée comme le cadre du modèle constitutif
proposé. Pour le comportement d'interface avec une déformation plane, seulement les
153
déformations normales et tangentielles sont importantes, et donc, on obtient une matrice
(2x2) constitutive élastoplastique :
A.2 Description du modèle Dans le modèle proposé, la relation entre la contrainte incrémentale et le
déplacement de l'interface est décrit par:
dans laquelle et sont les contraintes incrémentales normales et de cisaillement,
tandis que et sont les déplacements incrémentaux normaux et tangentiels,
respectivement.
Avec l'épaisseur de l'interface t, nous pouvons définir les déformations
incrémentales comme suit :
Ainsi,
dans laquelle est définie comme la matrice élasto-plastique constitutive.
Il est supposé que les déformations sont composées des parties élastiques et
plastiques:
Il est supposé qu’aucune déformation purement élastique n’existe dans le modèle.
L’élasticité non linéaire est utilisée pour déterminer la déformation élastique. Les
modules d'élasticité dans les directions normale et tangentielle sont censés être découplés:
154
Où Dn et Dt sont les modules normal et tangentiel, respectivement, et le ratio entre les
deux R = Dn / Dt est supposé constant pendant le cisaillement.
Le module tangentiel est décrit en utilisant une formule de conservation de l'énergie
(Lade et Nelson, 1987) qui permet au modèle actuel d'être étendu pour capturer le
comportement cyclique de l'interface.
dans laquelle e est l'indice des vides actuels de l'interface, et p0 est la pression de
référence. P0 peut être considéré comme la pression atmosphérique. Dn0 et Dt0 sont les
paramètres du modèle. L’indice de vide de l'interface est utilisé ici pour désigner la
densité du sol dans la couche mince de sol à côté de la surface du matériau structural.
Cependant, comme on le verra dans la suite, sa valeur est également affectée par la
rugosité de l'interface.
La déformation plastique de l'interface est déterminée par la théorie de la plasticité
généralisée en utilisant le concept de l'état critique en mécanique des sols. Tout d'abord,
l’indice des vides de l'état critique est décrit en utilisant la simple expression suivante:
Où ec est l’indice des vides de l'état critique, λ est la pente de la ligne de l'état critique
dans le diagramme e ~ ln p, et e0 est l’indice des vides de l'état critique au niveau de la
pression de référence, qui est la pression atmosphérique.
Le paramètre d'état Ψ est défini dans l’équation : , où e est l’indice des
vides actuel. Le vecteur de direction de chargement est exprimé comme suit:
155
Notant que est le rapport de contraintes définissant la frontière des états possibles.
est le rapport de contraintes actuelles et est le paramètre du modèle.
dépend de l'état initial et il est censé être comme suit:
où les crochets de Macauley définissent l'opération si et si x <0,
tandis que Mc est le rapport entre les contraintes de l'état critique est le
paramètre d'état à l'état initial; k et sont les paramètres du modèle. Eq. (14) utilise
encore la similitude de comportement entre le sol et l'interface. Pastor et coll. (1990) ont
utilisé la même expression dans la définition du vecteur de direction de chargement pour
le sol. Il est utilisé ici pour les interfaces entre les sols sablonneux et les structures, mais
en tenant compte de l'influence de l'état initial. Le paramètre représente la différence
maximale possible dans l’indice de vide de l'interface.
La règle d'écoulement non associée est utilisée dans le modèle. Selon Ghionna et
Mortara (2002), la dilatance normale d'une interface n'est pas une ligne droite unique.
Pour les interfaces denses, il existe un rapport de contraintes d’une phase de
transformation Md qui est plus petit que le rapport de contraintes de l'état critique Mc,
auquel la dilatance est nulle. L'interface dense implique que le taux de porosité de la
couche mince de sol adjacent à la surface de la structure est petit, ou en d'autres termes,
sa densité relative est grande. Le comportement d'interface décrite est similaire à celle du
sable. En utilisant cette similitude, la dilatance de l'interface est censée être une fonction
du rapport de contraintes comme suit (Manzari et Dafalias, 1997):
156
Où de sont les déformations plastiques incrémentales dans les directions
normales et tangentielles, respectivement, et et km sont les paramètres du modèle. En
utilisant cette expression, associée à une interface dense, à un ratio de contraintes plus
petit que Mc, la dilatance dg = 0, puisque le paramètre d'état Ψ<0 et à l'état critique, Ψ= 0
et la dilatance reste à zéro comme
La direction d'écoulement plastique est maintenant déterminée à l'aide de l'équation
suivante:
Le module plastique est exprimé comme suit:
où est le rapport de contraintes virtuelles de pic (Manzari et
Dafalias, 1997). H0 est un paramètre du modèle.
De l’équation (19), nous pouvons voir que le module plastique est une fonction du
paramètre d'état Ψ, avec une petite valeur de Ψ conduisant à une réponse rigide de
l'interface. En outre, H=0 lorsque et H<0 lorsque . est le rapport de
contraintes virtuelles de pic, car il change avec Ψ et il n'est pas le rapport de contraintes
réelles de pic qui sera atteint par le rapport de contraintes actuelles quand
Ψ= 0, ce qui conduit à H=0 et de l'équation (17), dg=0. Ainsi, l'état critique de l'interface
est reproduit. Pour l'interface dense, un rapport de contraintes de pic sera
atteint par le rapport de contraintes actuelles et par la suite , donc le
ramollissement de déformation peut aussi être capturé.
Le comportement non linéaire normal telle que décrit par Desai et Nagaraj (1988)
peut également être reproduit par le module plastique dans l’équation (19). Pendant la
compression normale, l’équation (19) se réduit à:
157
Le module plastique augmente avec l'augmentation de la contrainte normale
et la diminution de l'indice des vides, comme le paramètre d'état Ψ décroît avec la
diminution de l'indice des vides. La formulation ci-dessus suppose que l'interface est
rugueuse. Le modèle peut également être étendu pour capturer le comportement des
interfaces avec des rugosités différentes, comme on le verra plus tard.
A.3 Identification des paramètres du modèle Le modèle proposé nécessite 11 paramètres, qui ont tous des significations
physiques très définitives et simples. Ces 11 paramètres sont:
et H0. L’identification des paramètres du modèle peut
être réalisée en menant deux essais de cisaillement bien contrôlés avec une contrainte
normale constante en utilisant le même corps de contact et le même sable, mais avec
différentes contraintes normales, ainsi que d'un essai de compression normale.
L'épaisseur de l’interface t a été implicitement incluse dans les paramètres et elle est
égale à 5 ~ 10 fois le diamètre moyen du sol D50. Dans l'analyse des éléments finis, elle
est égale à l'épaisseur de l'élément d'interface (Hu et Pu, 2004). Cependant, pour le
modèle proposé, la valeur exacte de l'épaisseur de l'interface n'était pas importante tant
qu'il est correctement pris en compte dans l’identification des paramètres du modèle. Les
identifications de l'ensemble des 11 paramètres sont discutées comme suit.
Paramètres élastiques: Dt0 et Dn0
Les paramètres élastiques Dt0 et Dn0 peuvent être obtenus en observant le
comportement initial de la relation contrainte-déplacement. En utilisant la pente initiale
de la relation contrainte-déplacement tangentiel de cisaillement, la rigidité initiale
tangentielle d'interface peut être obtenue. En utilisant la pente initiale de la relation
entre la contrainte normale et le déplacement normal la rigidité initiale normale
de l'interface peut également être obtenue. Les modules tangentiel et normal sont
obtenus en utilisant l'épaisseur de l’interface t:
158
Puisque les indices des vides de l'interface ainsi que la contrainte normale à
l'état correspondant sont déjà connus, en utilisant l'équation. (11), les paramètres
élastiques Dn0 et Dt0 peuvent être facilement identifiés.
Paramètres De l’état critique: Mc, λ, et e0
Les paramètres de l'état critique sont identifiés en utilisant la dilatation normale
finale (ou la contraction) des interfaces ainsi que l’indice de vide initial et l'épaisseur
de l'interface t. En supposant que deux essais de contraintes normales constantes (avec
différentes contraintes normales) sont réalisés avec le même indice de vide initial du sol,
le rapport de contraintes de l’état critique Mc peut être obtenu directement en utilisant le
ratio de contrainte ultime des essais. L'indice de vide initial de l'interface peut
être considéré semblable à celui du sol. Les indices des vides ultimes de l'interface sont
alors obtenus en utilisant l'équation suivante :
dans laquelle est le déplacement normal ultime, est l’indice de vide de l'état
critique. Les deux indices des vides critiques correspondant aux deux contraintes
normales sont ensuite utilisés pour identifier λ, et e0 dans l'équation. (13).
Paramètre de ratio de contrainte de pic : k
Le paramètre de ratio de contrainte de pic k est obtenu en identifiant le ratio de
contrainte de pic et le déplacement normal lorsque le ratio de contrainte de pic est
mobilisé. En utilisant l’équation (22), le ratio de vide au ratio de contrainte de pic peut
être obtenu. Comme l’indice de vide de l'état critique correspondant est connu, le
paramètre d'état est obtenu lorsque le rapport de contrainte de pic est
mobilisé en utilisant l'équation (1). Le paramètre k est alors identifié comme:
Paramètres de dilatance: et km
Les essais de contrainte normale constante sont utilisés pour obtenir les
paramètres avec les hypothèses que la déformation normale pendant le cisaillement est
159
purement plastique. La courbe de la contrainte de cisaillement vs le déplacement
plastique tangentiel peut être tracée avec la courbe de déformation normale vs le
déplacement plastique tangentiel, comme illustré dans la figure A-1. Le ratio de
contrainte de transformation de phase Md et le rapport de contraintes de l’état critique Mc
peuvent maintenant être directement lus à partir de la figure. Le paramètre d'état associé à
l’état de transformation de phase peut également être identifié en utilisant la
déformation normale. Le paramètre km peut maintenant être obtenu en utilisant
l'expression suivante:
Le paramètre est identifié à l'aide de la dilatance dg à tout état de contrainte.
Par exemple, la dilatance au ratio de contrainte de pic peut être utilisée comme
indiqué dans la figure A-1:
Figure A-1 : Identification du paramètre de dilatance (tirée de Liu 2006).
Paramètres de module plastique: β et H0
La signification physique du paramètre β est la différence maximale possible dans
l’indice de vide de l'interface. Habituellement, β peut être exprimé comme :
160 Où emax et emin sont l’indice de vide maximum et minimum du sable, respectivement. Bien
que l’indice de vide de l'interface dépend aussi de sa rugosité, selon l'expérience, une
valeur de β, comme indiqué dans l'équation (26) est une estimation initiale très bonne.
Le paramètre H0 est obtenu en traçant la courbe de contrainte normale en fonction
du déplacement normal. Cependant, il pourrait également être obtenu directement à partir
de l'équation (4) en utilisant l’essai de compression normal. Comme il n'est que 1D,
l'identification de H0 en utilisant cette méthode n'est pas très complexe. Il pourrait
également être calibré en assortissant la courbe de contrainte de cisaillement en fonction
du déplacement, aussi longtemps que les autres paramètres ont déjà été identifiés.
Paramètre de direction de chargement:
Le paramètre détermine la direction de chargement. Théoriquement, il
pourrait être obtenu en utilisant le contour de l'état de contrainte sur l'espace des
contraintes. Toutefois, une valeur généralement comprise entre 0,4 et 0,5 serait pertinente
pour le modèle proposé. Il est communément admis que la relation contrainte-
déplacement d'une interface sol-structure dépend des méthodes d'essai (par exemple,
Kishida et Uesugi, 1987).Cependant, du point de vue de la simulation, le modèle proposé
est capable de reproduire les résultats expérimentaux en utilisant des méthodes d'essai
différentes. Les différences sont manifestées dans les valeurs des paramètres du modèle.
Néanmoins, pour l'application pratique du modèle, la condition expérimentale de
l'interface d’essai doit reproduire autant que possible celle du vrai problème d'interaction
sol-structure de sorte que les paramètres calibrés sont raisonnables. L'identification des
paramètres du modèle suppose que la rugosité des corps de contact utilisés dans les essais
est la même que pour le problème sur le terrain, et aussi la densité du sol doit être bien
contrôlée. Aussi longtemps que ces deux conditions sont respectées, les paramètres du
modèle correspondant au sable spécifique et le corps de contact peuvent tous être obtenus
en utilisant les approches susmentionnées. Toutefois, en raison de la complexité de
comportement de l’interface ainsi que les hypothèses du modèle, l'application du modèle
pour prédire les résultats des essais d'interface peut contenir certaines divergences, mais
dans des limites acceptables. Le calibrage des paramètres du modèle de comportement
161
peut être fondé sur la régression et les approches d’optimisation expliquées par Mattsson
et coll. (2001) et Yang et Elgamal (2003).
A.4 Évaluation du modèle : Les résultats expérimentaux ont été utilisés pour calibrer le modèle proposé et
ensuite les résultats de simulation ont été comparés avec les résultats expérimentaux. Ces
résultats ont été obtenus à partir des dispositifs d'essai différents, y compris les dispositifs
de cisaillement simple et direct. Les conditions d'essai couvrent la contrainte normale
constante, la rigidité normale constante et le volume constant. Les paramètres pour les
différents essais sont présentés au tableau A-1.
Tableau A-1: Paramètres du modèle original (tiré de Liu 2006).
Essais de cisaillement direct (Shahrour et Rezaie, 1997)
Cet ensemble d'expériences a été réalisé dans des conditions de contraintes
normales constantes avec de différentes contraintes normales et de différents ratios de
vide initial. Les paramètres du modèle ont d'abord été calibrés en utilisant les deux essais
avec des contraintes normales de 100 kPa et 300 kPa, mais avec le même indice de vide
initial. L'épaisseur de l'interface a été prise égale à 4 mm. Comme aucune information
concernant le comportement normal élastique n’est disponible, Dn0 a été donnée une
valeur arbitraire de 500 kPa. Le même problème existait pour les simulations suivantes
des essais avec des contraintes normales constantes et le module normal correspondant a
été également attribué une valeur arbitraire.
162
Les résultats calibrés et prévus sont présentés sur la figure A-2 avec les résultats
expérimentaux. On peut voir que le modèle est capable de reproduire le comportement de
l'interface sol-structure avec de différentes contraintes normales et de différents ratios de
vide initial et avec un groupe de paramètres. Il doit être souligné que le modèle simule la
dilatance normale de façon très satisfaisante, ce qui est très important pour le problème de
l'interaction sol-structure si l'interface est restreinte dans la direction normale.
Essais de cisaillement direct (Gennaro et Frank, 2002)
Les essais avec une contrainte normale constante sur l'interface entre le sable
lâche de Fontainebleau (Dr = 46%) et des plaques métalliques rugueuses ont été simulés,
comme il est montré dans la figure A-3. L'épaisseur de l’interface t a été de 2 mm. Les
paramètres ont été calibrés en utilisant les essais avec des contraintes normales de 50 kPa
et 100 kPa, respectivement. L’essai avec une contrainte normale de 25 kPa a été prédit.
Le modèle est capable de capturer le comportement de l'interface sol-structure à une
contrainte normale relativement faible.
163
Figure A-2 : Comparaison entre les prédictions du modèle et des résultats expérimentaux: essais d'interface à contrainte
normale constante (tirée de Liu 2006, à partir des données expérimentales de Shahrour et Rezaie, 1997). (a) avec de différents niveaux de contrainte normale et (b) avec de différents indices de vide initial du sol.
Figure A-3 : Comparaison entre les prédictions du modèle et des résultats expérimentaux: essais d'interface à contrainte normale constante (tirée de Liu 2006, à partir des données expérimentales de Gennaro et Frank, 2002).
Essais de cisaillement direct (Ghionna et Mortara, 2002- I: TiL30)
Deux séries des résultats expérimentaux sur des interfaces différentes de Ghionna
et Mortara (2002) ont été simulées, à savoir TiL30 et ToD60. Les paramètres du modèle
pour l'interface TiL30 ont été calibrés en utilisant les résultats des essais à rigidité
normale constante. Les deux essais avec k = 0 et k = 100 kPa ont été utilisés pour
identifier les paramètres. Le module élastique normal a été obtenu en assortissant la
courbe de la contrainte normale en fonction du déplacement tangentiel pour les essais
avec une rigidité normale constante. L’épaisseur de l’interface t a été prise égale à 2 mm.
La figure A-4 montre les résultats de calibration ainsi que ceux de la prédiction.
L’agrément entre la prédiction et les résultats expérimentaux est très bon.
164
Figure A-4 : Comparaison entre les prédictions du modèle et les résultats expérimentaux: essais d'interface à rigidité normale constante TiL30 (tirée de Liu 2066, à partir des données expérimentales de Ghionna et Mortara, 2002).
Essais de cisaillement direct (Ghionna et Mortara, 2002- I: ToD60)
Les paramètres du modèle pour l'interface ToD60 ont été calibrés en utilisant les
essais à rigidité constante avec k = 1000 kPa et = 100 kPa et = 300 kPa (t = 1,5
mm). Les paramètres du modèle ont ensuite été utilisés pour prédire le comportement de
l'interface avec k = 1000 kPa et = 200 kPa ainsi que les essais à contrainte normale
constante. Comme les déformations normales des essais ne sont pas disponibles,
seulement la comparaison de la relation contrainte – déplacement tangentiel pour l’essai à
contrainte normale constante et les courbes de chemin de contrainte des essais à rigidité
constante sont présentés sur la figure A-5. On peut voir que les résultats prévus sont
satisfaisants.
165
Figure A-5 : Comparaison entre les prédictions du modèle et les résultats expérimentaux: essais d'interface à rigidité
normale constante ToD60 (tirée de Liu 2006, à partir des données expérimentales de Ghionna et Mortara, 2002).
Essais de cisaillement simple (Evgin et Fakharian, 1996)
Les essais de chemin de contrainte réalisés par Evgin et Fakharian (1996) sur
l’interface sable / acier ont été prédits. L’épaisseur de l’interface t a été de 3 mm. Les
paramètres du modèle ont d'abord été identifiés en utilisant les essais à contrainte
normale constante, dont les résultats sont présentés dans la figure A-6 (a). Les paramètres
du modèle ont ensuite été utilisés pour prédire les résultats à rigidité constante, comme il
est montré dans la figure A-6 (b) et (c). Le modèle reproduit de manière satisfaisante les
résultats expérimentaux.
166
167
Figure A-6 : Comparaison entre les prédictions du modèle et les résultats expérimentaux: essai de chemin de contrainte
(tirée de Liu 2006, à partir des données expérimentales d’Evgin et Fakharian, 1996). (a) essais à contrainte normale constante (b) essai à rigidité normale constante (k = 800 kPa / mm) (c) avec de différentes rigidités normales.
Essais de cisaillement direct (Zeghal et Edil, 2002)
La capacité du modèle à simuler un essai à volume constant a été vérifiée en
utilisant les essais de cisaillement direct de Zeghal et Edil (2002). La comparaison entre
les résultats expérimentaux et simulés est montrée dans la figure A-7. L’épaisseur de
l’interface t a été de 2 mm. Le modèle est capable de modéliser à la fois l’essai à
contrainte normale constante et l’essai à volume constant.
A.5 Unification des comportements de l'interface avec des rugosités
différentes Jusqu'à présent, le modèle proposé est capable de reproduire le comportement
saillant d'interfaces rugueuses sous différentes contraintes normales et avec différents
ratios de vide initial. Le modèle peut également être étendu pour décrire les différents
comportements des interfaces avec des rugosités différentes.
168
Figure A-7: Comparaison entre les prédictions du modèle et les résultats expérimentaux (tirée de Liu 2006, à partir des
données expérimentales de Zeghal et Edil, 2002). (a) essai à contrainte normale constante (b) essai à volume constant.
Comportements d’interface avec des rugosités différentes
Selon les résultats expérimentaux présentés par Uesugi et Kishida (1986), Kishida
et Uesugi (1987), et Hu et Pu (2004), les conclusions suivantes concernant les
comportements des interfaces avec des rugosités différentes peuvent être faites.
(1) La rugosité de l'interface peut être quantifiée à l'aide de la rugosité normalisée Rn
(Kishida et Uesugi, 1987):
169
Où Rmax (L = D 50) est la valeur de Rmax d'une surface du corps de contact avec une
longueur de jauge L = D50, D50 est le diamètre moyen des sols dans l'interface.
(2) Les interfaces sol-structure peuvent être différenciées comme des interfaces
rugueuses et lisses en utilisant une rugosité critique normalisée Rcr. Lorsque Rn ≥
Rcr, l'interface peut être considérée comme rugueuse. La rupture des interfaces
lisses est presque élastique parfaitement plastique et la dilatation normale peut
être négligée.
(3) La relation entre les ratios de contraintes à la rupture et la rugosité normalisée Rn
pour l'interface lisse est approximativement linéaire, tandis que les ratios de
contraintes critique des interfaces rugueuses sont presque les mêmes, le ratio de
contraintes au pic de l’interface rugueuse augmente avec l'augmentation de la
rugosité normalisée Rn.
(4) La dilatation normale à l'état critique pour des interfaces rugueuses augmente
avec l'augmentation de la rugosité normalisée Rn.
Extension du modèle proposé pour capturer les comportements d'interface avec de
différentes rugosités
En utilisant les données expérimentales susmentionnées, il est remarqué que le
cadre de CSSM est approprié pour décrire les comportements des interfaces avec des
rugosités différentes. La capacité du modèle proposé peut être étendue par les
modifications suivantes.
Le ratio de contraintes à l’état critique Mc est constant lorsque Rn ≥ Rcr. Lorsque
Rn < Rcr, il est exprimé comme une fonction de Rn:
L’indice de vide de l’état critique e0 de l’interface rugueuse associée à la pression
atmosphérique est censé être:
170
Si l'interface est lisse, e0 est censé être constant et la rugosité critique normalisée
Rcr est substituée dans l'équation (29) pour obtenir la valeur correspondante.
Le coefficient de dilatance doit aussi dépendre de la rugosité de l'interface.
Pour l'interface lisse (Rn < Rcr), = 0; à nouveau une fonction linéaire est utilisée
pour décrire la dépendance d’une façon associée à l'interface rugueuse:
Afin de modéliser la dépendance du ratio de contraintes de pic à la rugosité, le
paramètre k est également censé être une fonction linéaire de Rn où Rn ≥ Rcr:
Si
Avec ces modifications, le modèle est capable de capturer les comportements
différents d'interface avec des rugosités différentes. Pour la vérification, les résultats
expérimentaux de Hu et Pu (2004) ont été simulés à l'aide du modèle modifié. Les
paramètres sont indiqués dans le tableau A-2, dont le nombre est cinq de plus que celui de
modèle original. L'épaisseur de l'interface a été prise égale à 5 mm, ce qui est 5 fois plus
que D50 du sable utilisé dans les essais. La comparaison entre les résultats expérimentaux
et les prédictions est montrée dans la figure A-8. Le modèle reproduit les résultats
expérimentaux à un degré très acceptable. La procédure d'étalonnage de la rugosité de
l'interface peut être trouvée dans Kishida et Uesugi (1987), et utilisée dans la
simulation des résultats d’essai a été obtenue directement à partir de Hu et Pu (2004).
Tableau A-2: Paramètres du modèle étendu (tiré de Liu 2006).
171
Figure A-8 : Comparaison entre les prédictions du modèle et des résultats expérimentaux: avec des rugosités différentes
(tirée de Liu 2006, à partir des données expérimentales de Hu et Pu, 2004).
Finalement, il est trouvé que le modèle modifié unifie les comportements des
interfaces entre les sols sableux et la structure. Tant que les sables sont les mêmes et les
corps de contact sont faits du même matériau, les comportements complexes des
interfaces sol-structure peuvent être capturés à l'aide du modèle proposé avec un
ensemble unique des paramètres du modèle.
172
Annexe B : Essais de Qualitas sur l’enrobé bitumineux
caractéristique de la Romaine 2.
Dans cette annexe, les résultats de différents essais effectués par le laboratoire de Qualits
sont montrés afin de bien caractériser les matériaux utilisés dans le cadre de ce travail.
Indice des vides maximum = 0.8 (ASTM D4254)
Indice des vides minimum = 0.36 (ASTM D4253)
Masse volumique à la table vibrante = 1994 kg/m3 (BNQ 2501-062)
Tableau B-1: Essai d’extraction (selon le laboratoire de Qualitas).
Filtre Avant 19.5 B+bit+tric+fil 1829.3
Filtre Après 20.7 Ballon numéro/masse 752 287.1
Masse coupe 2281.6 Volume du Ballon 1082.7
mélange+coupe 3616 Température du TCE à l’essai 21
Mélange+coupe+filtre(av) 3635.5 Temp.et densité du TCE à la calibration 21.2 1.4584
Mélange+coupe+filtre(ap) 3536.1 Correction du TCE 0.0014
Tableau B-2: Essai de densité maximum (selon le laboratoire de Qualitas).
Contenant 835 831 3
Masse air mél+cont 2404.2 2428.8 0
Masse air cont 1181.3 1178.5 0
Masse eau mél+cont 1428.5 1441.3 0
Masse eau cont 708.6 707.3 0
Température eau 25 0 0
Densité max 2.431 2.422 0
Densité max moy 2.426
Tableau B-3: Essai de densité Brute (selon le laboratoire de Qualitas).
Briquette no 1 2 3
Masse air 1198.1 1224.7 0
Masse sss 1198.3 1225.1 0
Masse eau 699.3 714.4 0
Température eau 25 0 0
Densité brute 2.401 2.398 0
Densité brute moy 2.4
173
Tableau B-4: Essai de stabilité de Marshall (selon le laboratoire de Qualitas).
Essai no 1 2 3
Lecture 3278 2922 0
Fluage 3.4 3.4 0
Diamètre 100 100 100
Volume 499 510.7
Cor. Presse stab 3278 2922
Correction norme 1.06 1.01
Cor. presse fluage 4.2 4.25
Stabilité Marshall cor 3475 2951.22
Stab.Marsh.moyenne 3213
Fluage moy 4.2
Tableau B-5: Essais Complémentaires (selon le laboratoire de Qualitas).
Point d’éclair (C°) ASTM D92 278
Stabilité au stockage, (C°), LC 25-003 0.1
Recouvrance d’élasticité (%), à 10°C, LC25-005 n.a.
Teneur en cendres(%), LC25-008 0.26
Masse volumique (g/cm3) ,25°C, AASHTOO T228 1.020
Variation de masse au ROTFOT(%), ASTM D2872 -0.978
Viscosité Brookfield (Pa.s) ,135°C,AASHTO T316 0.172
Viscosité Brookfield (Pa.s) ,165°C,AASHTO T316 0.056
TBA moyenne (°C) 38.8
Tableau B-6 : Sommaire de différents résultats (selon le laboratoire de Qualitas).
Bitume % 6.98
Filler (g) 6.2
Vide % 1.1
Densité brute 2.4
Densité max 2.426
Stabilité (N) 3213
Fluage (mm) 4.225
T.G. 518
SST (m2/kg) 10.59
FBE (μm) 6.61
Dge 2.707
Pba % 0.38
Pbe % 6.64
compact 21.36
VMA % 16.7
VCB % 93.4
174
Tableau B-7: Essais de caractérisation de bitume (selon le laboratoire de Qualitas).