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N° spécial • novembre 2005 Vivre en France au temps du VIH/sida Vivre en France au temps du VIH/sida PARLONS-EN ! Changer l’image du sida en soutenant les personnes touchées Deux grandes personnalités témoignent MENTALITÉS Le sujet qui fâche Assiatou Bah Diallo, rédactrice en chef du journal Amina évoque la difficulté d’en parler PORTRAITS DE MILITANTS Afficher sa séropositivité Martine Somda (REVS+ au Burkina Faso) et Noël Ahebla (APA en France) nous font partager leur détermination AVEC LE MÉDECIN Le plus important, c’est la confiance Interview du docteur David Zucman, spécialiste de l’infection par le VIH/sida AGIR ENSEMBLE En France aussi, les associations africaines s’organisent SANTÉ ET FAMILLE Des médecins parlent, des personnes témoignent PRÉVENTION Se protéger, se faire dépister PARCOURS Connaître la loi française pour faire valoir ses droits Didier Drogba Georges Weah

PARLONS-EN ! AGIR ENSEMBLE Changer l’image du sidas1.e-monsite.com/2009/09/15/94082790vivreenfrance-pdf.pdfremaides spécial migrants et VIH - Photos : Grégoire Bernardi Quand on

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N° spécial • novembre 2005

Vivre en France au temps du VIH/sidaVivre en France au temps du VIH/sida

PARLONS-EN !

Changer l’image du sida

en soutenant les personnes touchéesDeux grandes personnalités témoignent

MENTALITÉSLe sujet qui fâcheAssiatou BahDiallo, rédactriceen chef du journalAmina évoque la difficulté d’en parler

PORTRAITS DE MILITANTSAfficher sa séropositivitéMartine Somda (REVS+ au Burkina Faso) etNoël Ahebla (APA enFrance) nous font partager leur détermination

AVEC LE MÉDECINLe plus important, c’est la confianceInterview du docteur DavidZucman, spécialiste de l’infectionpar le VIH/sida

AGIR ENSEMBLEEn France aussi, lesassociations africainess’organisent

SANTÉ ET FAMILLEDes médecins parlent, des personnes témoignent

PRÉVENTIONSe protéger, se faire dépister

PARCOURS Connaître la loi française pour fairevaloir ses droits

Didier Drogba

Georges Weah

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N° spécial • novembre 2005

Vivre en France au temps du VIH/sidaVivre en France au temps du VIH/sida

>>> Solidarité4 > Changer l’image du sida

Georges Weah et Didier Drogba font passer le message

>>> Risques et test7 > Les modes de transmission8 > Risqué, pas risqué, comment évaluer ses pratiques ?9 > Le test de dépistage, le seul moyen de savoir

10 > Mohamed : “Il m'est arrivé de prendre vraiment des risques.”

11 > VIH/sida, comment se protéger ?12 > Se protéger tout le temps, ça n'est facile pour personne

>>> Santé et VIH/sida14 > Avec le médecin, le plus important, c'est la confiance

Entretien avec le Dr David Zucman16 > Manger équilibré, c'est bon pour la santé17 > Victor : “Dire la vérité m'a sauvé”18 > Les médecines complémentaires, un espace de liberté

Entretien avec Stéphane Korsia-Meffre19 > Mieux vivre avec son traitement anti-VIH20 > Les hépatites virales, des maladies sournoises

Entretien avec le Dr Marc Bourlière21 > Emile : “Se soigner et militer dans une association”

>>> VIH/sida et famille22 > Le VIH/sida et la vie de famille23 > Jean : “Je veux vraiment un autre enfant”24 > Marie-Ambre :“Mes enfants sont loin”

>>> Des droits pour se soigner26 > Etranger et séropositif : la loi française donne des droits

>>> Le dire & l'entendre30 > Le VIH/sida, un sujet qui fâche

Entretien avec Assiatou Bah Diallo31 > A.P.A : le sida est ici, en France, parmi nous32 > La médecine ne peut suffire pour faire face au VIH/sida

Entretien avec Isabelle Heard, gynécologue33 > Africain et homosexuel : rester invisible dans sa

communauté ? Entretien avec Ariel Djessimea-Taba34 > Alphonsine : “Pendant longtemps,

je n'ai parlé de ma maladie à personne”

>>> Agir !36 > CAAP Santé : agir contre le VIH/sida en Midi-Pyrénées37 > ASFCF : les Comoriens de Marseille agissent

pour les droits et la santéAfrique Avenir : une approche originale à Paris

38 > Avec le VIH, j’ai perdu l’insouciance, mais j’ai rempli ma vie !Rencontre avec Martine Somda-Dakuyo

39 > Bienvenue à AIDES !

Sommaire 2 remaides spécial migrants et VIH

Certains textes de cette revue sont signés d'un prénom d'emprunt. En réalisant cetravail, nous avons vu combien il reste difficile, aujourd'hui encore, de montrerson visage lorsqu'on parle du VIH/sida. Certains peuvent le faire, d'autres le ferontsans doute un jour. Continuons ensemble à aller dans le sens de la visibilité etpour le faire, dans le sens de la solidarité.

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Édito

Les épidémies sont loin d’être aveugles ! Cette leçon s’est maintes fois vérifiée.

Confrontées à des conditions de vie ou de séjour très difficiles, les personnes

d'origine étrangère qui vivent en France en paient le prix. Elles sont plus

touchées que d’autres groupes. Il nous faut, ensemble, redoubler d’efforts. C’est

un devoir. Cela fait partie de ce que nous devons faire avec les personnes issues

de la migration et qui rejoignent notre communauté nationale.

Rien n’est tabou dans ce numéro spécial de Remaides. Nous avons choisi de le

consacrer aux besoins et aux attentes des personnes issues de la migration, et

d'origine africaine, face aux risques de la contamination à VIH/sida. Il n’y a ici

aucune volonté de provocation. Simplement, comme nous le faisons avec les

associations africaines dans les pays du Sud, à la demande de nos partenaires,

la volonté d’apporter au devant des personnes concernées le meilleur de notre

expérience sur l’épidémie acquise dans le combat quotidien.

Ce ne sont pas des savoirs scientifiques présentés par des scientifiques, mais

des savoirs construits collectivement, dans la vie quotidienne, par ceux qui se

sont rassemblés à AIDES et autour de AIDES.

Avec toute l’équipe de AIDES, nous espérons que ce numéro spécial, comme ceux

qui l’ont précédé permettra à chacun de lever les tabous, de pouvoir entendre, de

pouvoir dire sa séropositivité, d'arriver à se protéger, à gérer ses inquiétudes

face aux traitements et à la vie avec le sida, et de venir à AIDES partager avec

d’autres.

Il n’y a rien d’inéluctable dans une épidémie

quand on a décidé que la connaissance et la

solidarité sont les meilleures armes. C’est

l’objectif de ce numéro spécial de

Remaides. Partageons donc nos savoirs

et nos interrogations. Mêlons nos

actions, et regroupons nos forces pour

combattre.

Christian Saout, Président de AIDES

remaides spécial migrants et VIH - Photo : Dominique Thiéry 3N° spécial de la revue Remaides.

Directeur de la publication : Christian

Saout • Comité de rédaction : Jalila

Bouzid, Alain Legrand, Nordine Frizi,

Jean-Marie Le Gall, Célestin Karera,

Mach-Houd Kouton, Anne-Lyse Motte

et Thierry Prestel • Coordination : Anne-

Lyse Motte • Photos (avec nos

remerciements) : Jalila Bouzid, Stéphane

Blot, Grégoire Bernardi, Véronique

Cazaly, Suzanne Hetzel, Jean-Marie Le

Gall, Laurent Marsault, Anne-Lyse

Motte, Dominique Thiéry et Laurent

Vincent-Bardin • Création et Illustrations

et maquette : Stéphane Blot.

Tous nos remerciements : • Aux

personnes qui se sont investies pour

que ce numéro existe. Elles ont donné

de leur temps, témoigné, donné leur

avis, prêté leur image • Au groupe

national d'action avec les personnes

migrantes de AIDES • A Yannick Delord,

Jean-Philippe Koch, Sébastien Mériau,

Bénédicte Promeyrat (pour leurs

conseils), Véronique Marchand et

Albane Puget (pour la relecture) • Aux

personnes reçues à AIDES, qui ont

accepté d'ouvrir la porte de leur

logement à la photographe Suzanne

Hetzel pour la série de photos “un

morceau de nous, chez nous”.

Numéro réalisé avec le soutien de La

DGS (direction générale de la santé) et

de La Fondation Levis'.

Impression : Corlet Roto, 53300 •

Tirage : 46 000 ex. • CPPAP 1207 H

82735

Remaides sur internet : www.aides.org

(rubrique VIH / Infos)

Les articles d’information publiés dansRemaides peuvent être reproduits, sous réser-ve de mention de la source. La reproductiondes photos et des illustrations est interdite,sauf accord de l'artiste. L’utilisation des témoi-gnages doit donner lieu à une autorisation.

“Regroupons nos forces

pour combattre”

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La lutte contre le sida ne doit pas selimiter à la prévention dans le cadre desrelations sexuelles. Il faut aussi parleravec les gouvernements, parce que tantque la pauvreté existera, on n'arrêterapas le sida. Il faut se battre pour obtenirde meilleures conditions de vie, unebonne éducation et mettre en place desconditions qui favorisent l’accès à laprévention, puis on peut parler desquestions sexuelles et de la prévention.Il faut se protéger tout le temps. On nepeut jamais savoir qui vit avec le sida etqui n'a pas le sida. C'est vrai pour lesautres, et c'est vrai aussi pour soi-

même. Il faut savoir qu'on peut être enbonne santé et porter le virus du sida. Se protéger, c'est aussi le moyen defaire passer un message. Si à travers ta vie et ta façon d'être, tu transmetsun bon message à une personne, elle pourra le communiquer à un autre.C'est comme ça qu'on transmettra moins le virus.

Les gens qui ne connaissent pas le sida pensent que la vie des personnestouchées est finie. Ils ne veulent pas discuter avec toi, ils ne veulent pasmarcher avec toi... Pourtant, c'est là où il faut des gens à côté des gens,parce que quand tu apprends que tu as la maladie, là, tu as besoin dequelqu'un pour te soutenir, pour te dire qu'il y a une vie après ça.

Mais si on n'aide pas les gens, si on ne se soutient pas, beaucoup depersonnes qui ont le virus du sida vont le cacher. C'est logique, parce ques'ils le disent, ils savent que ça ne leur apportera que des soucis en plus.Alors, ils se taisent. Ce n'est pas bon pour eux, et ce n'est pas bon pourstopper l'épidémie.Il faut se soutenir pour faire changer l'image de cette maladie…Pour vivre, encore.

Georges Weah

Né le 1/10/66 au Libéria • Ballon d’or international 1995, il a joué à Monaco, au PSG, au Milan ACet à l'OM • Personnalité phare du Libéria, il pourrait en être le prochain président à l’issue desélections de novembre 2005.

Deux très grands messieurs ont reçu l'équipe du journal. Ils ont tenu à faire passer leur message de solidarité.

Solidarité 4 remaides spécial migrants et VIH - Photos : Grégoire Bernardi

Quand on parle du sida, il ne faut pas oublierque c'est un problème qui ne touche pas que lesjeunes.Le message le plus important, et qui s'adresse àtous, c'est que pour éviter d'être dans le doute,de se poser beaucoup de questions, la solution,c'est de se protéger ; comme ça, après, on amoins de tracas.

Je dirais aussi : attention ! Le sida, c'est sûr, netouche pas seulement l'Afrique. C'est aussiquelque chose qu'on vit au quotidien en Europe.Vraiment, il ne faut pas se le cacher. Et c'estdéjà tellement difficile de vivre en Europe pourles étrangers, les Africains entre autres ;tellement difficile de s'adapter, d'avoir unesituation correcte, des conditions de vieacceptables. Si, en plus de ça, on vient serajouter d'autres soucis avec la maladie, c'estencore plus dur. En bref, le meilleur moyen destopper ce fléau, c'est d'abord de se protéger etdeuxièmement, d'en parler aux autres pour fairepasser le message, parce que je pense que pluson en parle, moins ce sera tabou, et plus ça serafacile de stopper ça.

Didier Drogba

Né le 11/03/78 en Côte d'Ivoire • Finaliste de la Coupe del’UEFA avec l’OM en 2004 • Vainqueur de la Coupe de laLeague avec Chelsea en 2005 • Avant-centre à Chelsea, il ajoué à Levallois, Le Mans, Guingamp et Marseille.

"Se protéger et en parler...pas seulement en Afrique"

"Se soutenir pour changer

l'image du sida"

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VIH/sida : Risques et test

.......COMPRENDRE LES RISQUES...

...............SAVOIR Où ON EN EST...

.................LIMITER LES RISQUES...

"Je n'étais pas informée, je n'avais pas conscience de prendre des risques."

"J'ai découvert ma maladie en faisant un check-up à cause d'un abcès."

"Le médecin m'a dit : ce virus fait partie de vous, vous allez apprendre à vivre avec."

"Pendant des années, je ne voulais pas savoir si je m'étais contaminé. J'avais peur."

"Même si on est informé, on ne croit pas à la maladie jusqu'à ce qu'on l'attrape."

"Quand j'ai su que j'y avais échappé, ça m'a fait réagir, ça a changé ma vie."

5remaides spécial migrants et VIH - Photo : Suzanne Hetzel

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Comment le virus du sida peut rentrer dans le corps ?Pour qu’il y ait transmission du VIH/sida d'une personne à uneautre, autrement dit, pour qu'il y ait contamination, il faut uncontact entre un liquide contaminant (qui contient du virus) etune porte d’entrée :

• il y a trois liquides contaminants : le sang, le lait maternel et lesliquides sexuels : le sperme et les sécrétions vaginales ;

• les portes d’entrée pour le virus sont : le vagin, le gland, l’anus,l’intérieur de la bouche, l’œil (les muqueuses en général). Ça peut aussi être une blessure ou une plaie.

La transmission de la mère à l'enfantLa grossesse, l'accouchement et l'allaitement comportent unrisque de transmission du virus à l’enfant lorsque la maman estatteinte par le VIH/sida.En France, lorsqu’une femme est enceinte, le médecin doittoujours lui proposer de faire un test de dépistage du VIH/sida.Si le test montre que la mère est séropositive, le médecin luiproposera un traitement contre le VIH/sida. Avec ce traitement,le risque que le bébé soit atteint par le virus devient très faible.Sans ce traitement il y a un risque plus important decontamination de l’enfant.Cela veut dire qu’aujourd’hui, une femme séropositive qui veutavoir un bébé aura très peu de risques de transmettre le virus, sisa grossesse est suivie par un médecin spécialiste du VIH/sida.

L’allaitementSi la mère est séropositive, il y a du virus du sida dans le laitmaternel. Donner le sein présente un risque de transmettre levirus au bébé. Il est fortement recommandé de nourrir le bébéau biberon avec du lait en poudre pour bébés.

Si la mère est séronégative, il n’y a aucun risque à donner lesein à son bébé. Néanmoins, si la mère se contamine pendantla période d’allaitement, elle pourra transmettre le virus à sonbébé, même si elle était séronégative pendant la grossesse.

Le sexe et le sangLe virus du sida peut se transmettre :

• par une relation sexuelle sans préservatif ;

• par l'entrée dans son propre sang de sang contaminé (injection,blessure, transfusion sanguine dans les pays où le don desang n'est pas contrôlé).

Transfusion sanguine et actes médicauxLes transfusions ne sont pas sécurisées dans tous les pays.• En France, toutes les transfusions faites après décembre

1985 sont sans risque, mais les transfusions faitesauparavant ont pu contaminer les personnes transfusées.Aujourd'hui, tous ceux qui souhaitent donner leur sangremplissent un questionnaire et rencontrent un médecin.C'est lui qui décide si la personne peut donner son sang.Ensuite, le test de dépistage du VIH/sida est fait sur toutes lespoches de sang.

• Dans les pays en voie de développement, la situation varie,certains se sont mis à contrôler le sang transfusé, d’autresnon. Il peut, dans ce cas, y avoir des risques decontamination.

Dans certains pays, les soins médicaux avec une utilisation dematériel mal stérilisé (injection, opération…) peuvent comporterdes risques de contamination par le VIH/sida.

C’est important d’être informé sur les questions de santé. Cela permet de savoircomment faire pour rester en bonne santé, et que faire quand on est malade. Cela permet aussi de conseiller et d’offrir un soutien à d’autres personnes, en tant que frère, sœur, père, mère, proche ou simplement ami(e).Pour le VIH/sida : savoir comment il se transmet permet de bien comprendre les risques, de savoir si on en prend, ou si on en a pris. Chacun peut ainsi trouver des solutions pour supprimer ou diminuer les risques.

VIH/sida,les modes de

VIH/sida : Risques et testremaides spécial migrants et VIH - Illustration : Stéphane Blot 7

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Très risqué ou un peu seulement ?

Dans la vie de tous les jours, zéro risque • On ne prend aucun risque de transmission du VIH/sida

dans les gestes de la vie de tous les jours, quand oncôtoie une personne séropositive : en partageant unrepas, la vaisselle, le verre ou le linge, en utilisant lesmêmes toilettes, la même salle de bains.

• Aucune contamination n'a lieu par la salive, les larmes oula sueur.

• On ne peut pas être contaminé en embrassant unepersonne séropositive.

• On ne peut pas être contaminé par une piqûre demoustique.

Avoir plusieurs “bureaux” Ce n’est pas le fait d’avoir plusieurs partenaires sexuelsqui est risqué, c’est le fait d’avoir des rapports non protégés(sans préservatif). Et, dans ce cas, plus on a departenaires, plus on a de risques de rencontrer le virus. Onsupprime ces risques si on utilise un préservatif à chaquerapport sexuel.

Pratiquer la pénétration anale, sodomie (mettre le sexe de l'homme dans les fesses)Sans préservatif, c’est la pratique sexuelle la plus risquée, enraison de la fragilité du corps à cet endroit. Il peut y avoirdes irritations, des saignements qui favorisent latransmission du VIH/sida. On peut utiliser un gel lubrifiantnon gras, à base d'eau (voir p.11) en plus du préservatifpour éviter les risques de rupture du préservatif et pourplus de confort.

Consommer des produits (drogues, alcool)La consommation de drogue en elle-même ne transmetpas le VIH/sida, c’est le shoot (la préparation et l'injectionavec une seringue) avec du matériel déjà utilisé parquelqu'un d'autre qui fait prendre des risques decontamination par le VIH/sida et les hépatites. Cependant, consommer des drogues ou de l’alcool changenotre comportement et peut rendre moins attentif auxrisques que l’on prend dans un rapport sexuel.

VIH/sida : risques et test 8 remaides spécial migrants et VIH

Les risques sexuels

Lors de rapports sexuels avec pénétration sans préservatif, la contamination est possible, mais pas systématique.Ce n’est pas à chaque fois que le virus passe mais une seule foispeut suffire !

• Les baisers, les caresses et les caresses sexuelles ne comportentaucun risque.

• Les rapports bouche-sexe comportent un risque faible mais nonnul.

• Les relations sexuelles avec pénétration (vaginale ou anale)comportent, elles, un risque fort de contamination. Ce risque existeaussi (même s'il est un peu moins fort pour la femme) lorsqu'il n'ya pas éjaculation. Le risque augmente pour la femme si elle est“sèche” car le rapport entraîne des irritations qui facilitent lepassage du virus du sida.

Le traitement d’urgence

Si on pense avoir pris un risque, il existe, en France, un traitementqui permet de diminuer beaucoup les risques d'infection par leVIH/sida. Il s'appelle le traitement d'urgence. Pour en bénéficier, ilfaut aller le plus vite possible à l'hôpital au service des urgences. Le traitement doit être commencé dans les heures qui suivent laprise de risque (idéalement avant 4 heures, pas plus de deux joursaprès). Plus on commence vite, plus le traitement a de chancesd’être efficace. En fonction du risque, le médecin décidera s'il fautsuivre ou non le traitement. Ce sont des médicaments contre leVIH/sida à prendre pendant un mois. Ils sont délivrés par lapharmacie de l'hôpital. IIs sont totalement gratuits.Pour s'informer : Sida Info Service, 24h/24, anonyme et gratuit : 0800 840 800.

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Où peut-on se faire dépister ?Dans un centre de dépistage anonyme et gratuit (CDAG). Il enexiste dans la plupart des villes, grandes et moyennes. On peutaussi consulter son médecin qui fera une ordonnance poureffectuer un test dans un laboratoire d'analyses médicales.Dans un CDAG :• C’est gratuit.• Le test est anonyme : on ne donne pas son nom.• Aucun papier n'est demandé.• On y va sans rendez-vous (se renseigner sur les heures

d’ouverture).• On est reçu et aidé par une équipe de professionnels.• Si on ne parle pas bien français, on peut accéder à un service

d'interprétariat (ISM Interprétariat) par téléphone au : 01 53 26 52 62 (24h/24, 7 jours/7). Renseignements : www.ism-interpretariat.com

Quand faire un test de dépistage du VIH/sida ?• Si on pense avoir pris un risque en ayant eu un rapport sexuel

non protégé (sans préservatif).• Si on souhaite faire un bilan dans un couple avant d'arrêter

d'utiliser les préservatifs.• En cas d'inquiétude suite à un contact avec du sang.• Le test de dépistage est systématiquement proposé aux

femmes enceintes (mais elles peuvent accepter ou refuser).• Ou tout simplement lorsqu'on se sent prêt… parce qu'on

voudrait être sûr… parce qu'on ne sait pas trop si on a pris unrisque ou pas dans le passé… à l'occasion d'un bilan desanté.

Avant de faire un test de dépistage, il peut être utile d’en parlersoit avec un médecin, soit avec un proche (un parent, un(e)ami(e)), soit dans une association comme AIDES. Cela permetde penser à ce qu’on fera une fois qu’on aura le résultat : ceque cela peut changer dans ma vie, avec qui en parler…

Le test, c’est l’occasion de faire le point • Si on n'a pas le virus du sida (on est séronégatif) : on est

soulagé, on peut se poser, réfléchir sur ses prises de risque, ettrouver des solutions pour l'avenir ; pour prendre le moins derisques possible et rester séronégatif.

• Si on a le virus du sida (on est séropositif) : on pourra avoir unsuivi médical gratuit. Le médecin surveillera l’évolution duvirus avec de nouvelles analyses et, si cela est nécessaire,proposera un traitement (également gratuit) contre leVIH/sida. Il est très important de savoir qu'on peut rester enbonne santé pendant de très nombreuses années.

• Le test, c'est aussi un moment où l'on peut poser toutes lesquestions sur sa santé sexuelle et les infections sexuellementtransmissibles, les IST (ce sont toutes les maladies que l'onpeut attraper lors des relations sexuelles).

Comment se passe le test ?Il est réalisé à partir d'une simple prise de sang. Il n'est pasnécessaire d'avoir l'estomac vide (d'être à jeun). Les résultatssont prêts quelques jours après la prise de sang.

Pour savoir, une seule chose à faire : un test dedépistage du VIH/Sida. Faire le test permet de serassurer ou, si l'on découvre qu'on est atteint par le VIH/sida, d'avoir un suivi médical au plus vite et gratuitement.

on est infecté par le virus VIH/sida ?

VIH/sida : Risques et testremaides spécial migrants et VIH - Visuel : INPES 9

Le dépistage est volontaire

En France, il est interdit d'obliger quelqu'un à faire un test dedépistage du VIH/sida ou de le faire sans son accord. Le résultatdu test ne doit être communiqué qu'à la personne elle-même.

Pour avoir les adresses des centres de dépistage, pour posertoutes les questions sur le VIH/sida, on peut téléphoner à SidaInfo Service au : 0 800 840 800 (appel anonyme et gratuit,24h/24) ou consulter le site : www.sida-info-service.org

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dedans, ce sont les résultats qui sont là”. Et ça, ça m’a encoretroublé. C'était la dernière phase de ma prise de conscience ; dece que j’allais faire si j’étais séropositif… J’y ai pensé pendantune semaine et puis j’ai ouvert la lettre.

C’était la peur qui me poursuivait. J’ai mis une semaine pour la surmonter. Et là, j’ai su que j’étaisséronégatif. Ça a été un vrai soulagement pour moi. Ça a changé ma manière

de vivre. Jamais plus de rapport sexuel non protégé !Quand j'avais plusieurs partenaires, j’avais

toujours le préservatif à côté de moi, et çame permet de pouvoir dire

aujourd’hui : “Je suis séronégatif…Jusque-là”.

Ça fait plus de 14 ansmaintenant.Il y a deux ans, je me suismarié. Avec ma femme, on a

fait un test de dépistage, et delà, on est parti pour se mettre en

foyer. Maintenant, on vit dans laconfiance. On a parlé du VIH. Il a

été nécessaire pour nous deux de savoiravec qui on partait et comment. J’essaierai

de respecter mon engagement et de respecter ma vieet la vie de ma femme qui est aussi en jeu.

Aujourd'hui, je milite dans une association, ici en France. Le sida existe aux Comores. Il existe en France aussi et il est trèsmarqué chez les migrants. Le problème qui se pose est qu’il n’y aaucune action spécifique qui a été destinée à cette communautépourtant très présente en France (Selon l'ASFCF, mon association,la communauté serait forte de 70 000 comoriens à Marseille et350 000 dans toute la France). Je me suis dit qu’il était tempsqu’un comorien puisse porter une démarche de ce genre, pourmettre en place une prévention adaptée en France.

Mohamed SOUDJAY

J’ai été étudiant boursier de l’OMS dans un pays où le VIH estvraiment présent, au Togo, à Lomé exactement. Avant de partirpour Lomé, je suis passé au bureau de l’OMS aux Comores. Là, lereprésentant résident de l’OMS en me donnant l’attestation debourse et les documents nécessaires pour mon voyage, m’avaitremis un petit paquet en me disant : “C’est ton cadeau”. Je nel’ai pas ouvert tout de suite. C’est en arrivant au Togo que j’aiouvert le paquet : c’était des préservatifs. Il y avait une vingtained’étudiants comoriens, on a sympathisé. Tous les cadeaux qu’onm’avait donné, je les ai partagés et je me suis retrouvésans préservatifs. C’est là que j’ai pris desrisques. J’ai eu des rapports sexuels nonprotégés avec des filles.Ce n'est qu'à mon retour, un anaprès, quand j’ai fini mesétudes et que je suis rentréchez moi, aux Comores, quel’idée du VIH m’est revenue. Alors que je lui remettaismon rapport de stage, lemême représentant de l’OMS,(celui qui m'avait donné lespréservatifs), m’a dit : “Est-ceque vous avez vraiment utilisé lecadeau qu’on vous a donné ?”. Et là,j’ai eu “le mal de tout” : j'ai fait unedépression. J’ai passé des mois sans dormir, je meposais beaucoup de questions sur ma situation et mon statutsérologique vis-à-vis du VIH. et je me suis dit : “Il faut faire letest” . Je me suis remis en cause parce que je pensais avoir lesida alors que quelqu'un avait voulu que je me protège.

J'ai tourné ça dans ma tête pendant trois mois avant d'aller faire le test.Et puis finalement je suis allé vers un centre de dépistage, et j’aifait le test. J’avais donné une enveloppe timbrée aux servicespour qu’ils puissent m’adresser par la Poste mes résultats. Vousvoyez que cela remonte à loin. Ça ne se passe plus comme çaaujourd'hui. Quand j’ai reçu une semaine après les résultats parcourrier, je me suis dit : “C’est l’enveloppe que j’avais remise, et

Il m’est arrivé de

prendre des risques !

VIH/sida : risques et test remaides spécial migrants et VIH - Photo : Anne-Lyse Motte10

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Aujourd'hui, on a le choix ! Il existe deux sortes de préservatifs : masculin ou féminin. On peututiliser l’un ou l’autre, mais pas les deux en même temps. Danstous les cas un préservatif neuf pour chaque rapport sexuel.

Le préservatif masculinIl vaut mieux essayer plusieurs marques de préservatifs pourtrouver celle qui nous convient. Il y a différentes tailles. Pour ceux qui sont allergiques au latex, il existe des préservatifshypoallergéniques et des préservatifs en polyuréthane. Les préservatifs pour personnes allergiques au latex sontgénéralement vendus en pharmacie (plus rarement dans lesgrandes surfaces).On utilise un seul préservatif à la fois. Si l’on en met plusieurs, lepréservatif peut craquer à cause des frottements.Il faut vérifier que le préservatif est de bonne qualité (insigne CEet NF sur l’emballage), que l'emballage n'est pas abîmé, et nepas l'utiliser après la date de péremption, marquée sur la boîte.Il est important de garder le préservatif dans un endroit sec et àl’abri de la chaleur pour qu'il ne s'abîme pas (pas sur unradiateur, derrière une vitre ou en plein soleil). Il faut attendrel'érection avant de mettre le préservatif. C'est plus facile pourl'enfiler convenablement. Sur la notice, dans la boîte, on trouvedes conseils.

Le préservatif fémininL'avantage, c'est qu'on peut le mettre bien avant le rapport sexuel.On n'est pas "coupé dans son élan !". Il est très fin et dans unematière, le polyuréthane, qui ne donne pas d'allergie. Pour lesfemmes qui utilisent les tampons périodiques, la pose de cepréservatif ne sera pas difficile. C'est pratiquement la mêmechose. Mais il est recommandé de faire un essai avant del'utiliser lors d'un rapport sexuel, pour s'habituer.Le préservatif féminin (Femidom) est distribuégratuitement par des associations commeAIDES, le Planning familial, etc. On peutaussi l'acheter en pharmacie (mais il coûtesouvent plus d'un euro l'unité et certainespharmacies ne l'ont pas en stock : il faut alorsle commander).

Le lubrifiant ou gel intimeC'est une sorte de crème non grasse. Son utilisation permet defaciliter la pénétration et d'éviter les irritations, avec ou sanspréservatif. Le gel diminue ainsi les risques que le préservatif sedéchire. De plus, certaines personnes trouvent que c'est plusagréable. On en trouve très facilement dans les pharmacies,parapharmacies et supermarchés ou gratuitement en dosettesdans les associations comme AIDES. Attention à ne pas utiliser comme lubrifiant des matières grassescomme la crème solaire, les crèmes pour la peau, la vaseline,l'huile ou le beurre. Le gras abîme le préservatif et réduit sonefficacité.

Où puis-je avoir des préservatifs gratuits ?On peut trouver gratuitement des préservatifs masculins etféminins dans les associations de lutte contre le sida, auPlanning familial et dans les CDAG (centre de dépistageanonyme et gratuit).Pour contacter la délégation AIDES la plus proche, tél. : 0 820160 120 (ou www.aides.org ; rubrique AIDES).

Aujourd’hui, le préservatif est le seulmoyen totalement efficace pour luttercontre le VIH/sida, lorsqu'il est bien utilisé. Il nous protège aussi de la plupart desinfections sexuellement transmissibles.

VIH/sida, comment

VIH/sida : risques et testremaides spécial migrants et VIH 11

Attention : la pilule ne protège pas !

Prendre la pilule (ou mettre un implant contraceptif) n'empêche pas d'êtrecontaminée par le VIH/sida. Cela permet uniquement de contrôler son désir d'enfant.

Pour en savoir plus surle préservatif féminin etpour le faire connaître,on peut se procurercette bande dessinéegratuitement sur :www.inpes.sante.fr

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Prévoir • “Quand je sors et je fais la fête, je sais que je vais boire et

m'amuser. Alors, j'ai toujours des préservatifs dans ma poche,c'est plus facile pour y penser au bon moment.”

• “Avec mon copain, on s'est promis que si on trompe l'autre,on met le préservatif.”

• “Moi quand je voyage, j'ai souvent des relations sexuelles.Comme il n'y a pas partout des préservatifs, j'en amènetoujours plein.”

Ne pas augmenter les risques• “Quand je fais une fellation sans préservatif, je demande à mon

partenaire de se retenir pour ne pas éjaculer dans ma bouche.” Pas de sperme à l’intérieur de la bouche = moins de risques,mais il n’est pas nul.• “Nous, on se protège, mais parfois on en a marre et on n'y

arrive plus. Mon ami est séropositif, mais il est bien soigné. Ily a très peu de virus dans son sang grâce au traitement, doncil y a moins de risques. Alors je l'aide le plus possible à bienprendre son traitement.”

Un traitement contre le VIH/sida, efficace et pris sans aucuneinterruption, peut faire diminuer la quantité de virus dans lessécrétions sexuelles et peut ainsi diminuer les risques lors derapports sexuels non protégés. Attention, le risque n’est pas nul.• La lubrification du vagin ou de l’anus diminue les risques de

transmission du VIH/sida et les risques de rupture despréservatifs. Certaines pratiques qui recherchent l’effetinverse peuvent au contraire les augmenter (voir encadré).

SavoirAprès une prise de risque, volontaire ou non, seul un test dedépistage du VIH/sida permet de savoir si on est toujoursséronégatif.• “Je sais que mon mari me trompe, mais je ne peux pas

utiliser le préservatif. Il ne comprendrait pas. Alors, je fais trèssouvent le test, comme ça, au pire, je le saurai le plus vitepossible.”

• “Je suis sortie avec un séronégatif qui savait que j’étaisséropositive. On est restés ensemble pendant sept ans etpendant deux ans, on a baisé sans capotes. Il me disait “jet’aime, je m’en fous de ça”. Après j’ai culpabilisé.”

Ne pas rajouter de risques quand on est séropositif(ve)Si on est séropositif(ve) et que l'on a des rapports sexuels sanspréservatif, on prend des risques :• “Moi,je suis séropositif. J’essaie de trouver des filles

séropositives, même si c’est compliqué, pour ne pas mettrede capotes.”

On peut être contaminé par une infection sexuellementtransmissible (IST), comme la syphilis ou l'hépatite B (si onn'est pas vacciné). Chez les personnes séropositives, cesmaladies sont souvent plus graves et difficiles à soigner. Ilexiste aussi un risque de contamination par un autre VIH,différent du sien. Cela s'appelle la surcontamination. Ce risqueest plus élevé si on ne prend pas de traitement pour son VIH.

Plus d'info : Sexualité et séropositivité, une BD pour en parler.(Supp. au N°57 de Remaides, sept 2005).

Même bien informées, de nombreuses personnes témoignent de leurs difficultés à se protéger du VIH. Réfléchir à l'avance aux risques qu'on pourrait prendre peut permettre de les diminuer.

VIH/sida : risques et test 12 remaides spécial migrants et VIH

Se protéger tout le temps,

L’assèchement vaginal

En utilisant différentes méthodes, certaines femmes ont l'habitude de s'assécher l'intérieur du vagin. Cela fragilise les parois du vagin etdu col de l’utérus en supprimant les sécrétions sexuelles qui sont indispensables pour protéger le corps. Cela augmente donc le risqued’être contaminée par le virus du sida. Astuce : Les femmes peuvent apprendre à mieux contrôler les muscles qui entourent le vagin. Grâce à une plus grande maîtrise de lacontraction-décontraction, on peut alors imaginer que les femmes n’aient plus besoin d’assécher leur vagin pour donner aux hommesl’impression que celui-ci est ferme et étroit.

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Santé et VIH/sida

...SE SOIGNER SANS ÊTRE MALADE...

...................RESTER EN FORME...

...VIVRE AVEC SON TRAITEMENT...

"Pour moi la santé, c’est bien manger et avoir un logement décent."

"Pour moi la santé, c’est la vie."

"Pour moi la santé, c’est un état de bien être général."

"Pour moi la santé, c’est faire attention au jour le jour."

"Pour moi la santé, c’est aller chez le médecin régulièrement."

"Pour moi la santé, c’est ne pas être fatigué."

13remaides spécial migrants et VIH - Photo : Suzanne Hetzel

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Remaides : Qu'est-ce que le sida ? Et la séropositivité ?Dr David Zucman : Lorsqu'une personne a été contaminée par leVIH, il restera présent dans son corps. On dit que cettepersonne est séropositive. Le VIH s'attaque à l'immunité (lesystème immunitaire, les défenses du corps). Mais, malgré leVIH, pendant des années, l'immunité continue à fonctionner. Lapersonne n'a généralement pas de signe, pas de symptôme. Ellese sent bien, en bonne santé. Elle ne sait pas qu'elle estporteuse du VIH et qu'elle peut le transmettre en ayant desrapports sexuels sans préservatif.Pourtant, le virus se multiplie et détruit l’immunité petit à petit.C'est seulement quand l'immunité est largement détruite quel'on entre dans la maladie qu’on appelle le sida. C'est unemaladie grave. Elle peut être mortelle, elle entraîne en tout casdes souffrances et impose souvent une hospitalisation. Le seul moyen de savoir si l'on est ou pas porteur du VIH, c'estd'effectuer un test de dépistage (voir p.9). Il est important de lefaire sans attendre. Si le test est positif, on pourra se fairesuivre par un médecin spécialiste.

Si l'on est séropositif, mais qu'on se sent en bonnesanté, pourquoi se faire suivre par un médecin ?C'est essentiel. Avec une prise de sang, on peut faire desexamens très précis et savoir où en sont la maladie, le virus, lesdéfenses du corps. Cela permet de savoir quand il fautcommencer un traitement pour éviter le sida et rester en bonnesanté. Mais de nombreuses personnes séropositives vont bien,n'ont pas besoin de traitement : le médecin doit juste surveillerla maladie avec un examen sanguin, trois ou quatre fois par an.

Comment fonctionnent les traitements contre le VIH ?Ils bloquent le virus, l'empêchent de se multiplier. Ainsi,l’immunité est améliorée et la personne reste en bonne santé.On a maintenant des traitements très efficaces. Même chez lespersonnes malades du sida, (la phase la plus avancée de lamaladie), ils apportent une grande amélioration.Malheureusement, le VIH demeure à l'intérieur du corps , il nedisparaît pas. Il faut donc continuer le traitement pour bloquerle virus. Les médicaments doivent être pris de manière assidue,sans sauter de prise. Si on ne suit pas régulièrement son

Etre à la fois malade et se sentir en bonne santé, ce n'est pas évident ! C'est pourtant la situation de beaucoup de personnes séropositives (porteuses du VIH). Explications par le Dr David Zucman de l'hôpital Foch, à Suresnes (92),spécialiste de l'infection par le VIH et du sida depuis plus de quinze ans.

Santé et VIH/sida 14 remaides spécial migrants et VIH

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Santé et VIH/sidaremaides spécial migrants et VIH - Photo : Laurent Vincent-Bardin

traitement, quelques virus pourraient se multiplier, subirdes mutations, des transformations et devenir résistantsau traitement qui perdra son efficacité.

Une fois qu'on a commencé un traitement contre le VIH, on ne peut donc plus l'arrêter ?Les médecins pensent actuellement qu'il vaut mieux nepas arrêter le traitement. Cependant, des circonstancesparticulières peuvent se produire : une personne se renden Afrique et risque, sur place, de ne pas pouvoir prendreses médicaments. Nous en parlons ensemble et, selon sasituation, on peut envisager un traitement plus simple(discret, facile à prendre, supportant mieux la chaleur) ouun arrêt de traitement pendant la durée du voyage. Celane peut se décider qu'au cas par cas, après unediscussion entre la personne et le médecin. La situation des femmes séropositives qui sont enceintesest différente. Si la future mère va bien, si son immunitéest élevée, on ne lui propose pas un traitement pour sasanté à elle, mais uniquement pour protéger l'enfantcontre le VIH. En fonction des examens sanguins, onpourra dans certains cas arrêter le traitement après lanaissance. Mais il sera important de continuer à se fairesuivre par le médecin pour surveiller la maladie.

Quels sont les conseils que vous donneriez à une personne séropositive ?Garder l'espoir : la médecine a fait de très grands progrèsdepuis le début de l'épidémie. En consultantrégulièrement un médecin spécialiste, en surveillant bienla maladie, en prenant un traitement si c'est nécessaire,on peut rester en bonne santé vraiment très longtemps. Il est essentiel d'avoir confiance en son médecin et que lemédecin ait confiance en vous. Pour les personnes ensituation irrégulière, il est important de le dire aumédecin dès la première consultation et de lui donnerson nom et pas une fausse identité. Cela permettra defaire les démarches pour le séjour et la prise en chargedes soins. Le médecin est là pour soigner. On peut parler avec luides problèmes que l'on rencontre avec la maladie, letraitement, la sexualité, le fait de dire ou de ne pas diresa séropositivité à ses proches. L'assistante sociale, le oula psychologue, les associations ont aussi un rôleimportant pour aider les personnes séropositives.

Vous avez dit VIH/sida ?

• VIH : Virus de l'Immunodéficience Humaine (en anglais : HIV). • Virus : un organisme extrêmement petit qui, pour vivre et se

reproduire, a besoin de rentrer dans les cellules (le corpshumain est composé de millions de cellules : cellules de lapeau, des organes, du sang, etc.).

• Immunodéficience : l'affaiblissement de l'immunité (ou systèmeimmunitaire), les défenses du corps contre les maladies. Laparticularité du VIH, c'est qu'il infecte et détruit les défenses ducorps (alors que, par exemple, le virus de la grippe s'attaque auxpoumons, celui de la gastro-entérite - responsable de diarrhées -à l'intestin, etc.).

• sida : syndrome (maladie) d'immunodéficience (affaiblissementde l'immunité) acquise (due au VIH et non, par exemple, à uneanomalie génétique).

Les T4 (ou CD4) : qu'est-ce que c'est ?

Les lymphocytes T4 (ou CD4) sont la principale cible du VIH quiles infecte et les détruit. Ce sont des globules blancs, des cellulesprésentes dans le sang et les ganglions (il existe des ganglions àde multiples endroits du corps), qui ont un rôle très important dansle fonctionnement de l'immunité (les défenses du corps). On mesure le nombre de T4 à partir d'une prise de sang.Une personne qui n'est pas porteuse du VIH a généralement entre500 et 1 000 T4/mm3 (par millimètre cube de sang). Pour lespersonnes séropositives (porteuses du VIH), en général, tant qu'ona plus de 350 T4/mm3, tout va bien (même si certaines personnesse sentent fatiguées ou ont une santé plus fragile). Entre 350 et200 T4/mm3, le médecin doit surveiller la situation de très près caril est temps de commencer un traitement. En dessous de 200T4/mm3, il y a un risque très important de maladie, de sida.

Où consulter un médecin spécialiste ?

Lorsqu'on effectue un test de dépistage, le résultat doit être rendupar un médecin. On peut lui demander les coordonnées d'unspécialiste du VIH. On peut aussi s'adresser à son médecingénéraliste, téléphoner à Sida Info Service (tél. : 0 800 840 800,appel anonyme et gratuit à partir d'un poste fixe, 24 heures/24) ouà la délégation AIDES la plus proche (pour la connaître : tél. : 0 820 160 120). La plupart des spécialistes du VIH exercent dansdes hôpitaux. On a le droit de choisir son hôpital et son médecin,s'il y en a plusieurs dans la ville où l'on va consulter, et d'enchanger si on le souhaite.

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Se nourrir, c’est une nécessité et un plaisir. Mais ce que nousmangeons a aussi des effets sur notre santé. Unealimentation variée et équilibrée diminue les risquesde cancer, de maladie cardio-vasculaire (du cœuret des artères), d'ostéoporose (fragilité des os),de diabète… Lorsqu'on est atteint d'unemaladie comme l'infection par le VIH, unealimentation équilibrée aide le corps àlutter contre le virus et à se maintenir dansune santé aussi bonne que possible.

Maintenir un poids stablePour tout le monde, mais plusparticulièrement pour les personnes atteintespar le VIH, il est préférable d'avoir un poidsrelativement stable. Pour le contrôler, il suffit dese peser une fois par mois, toujours au mêmemoment de la journée. Une baisse de poids importante(plusieurs kilos) ou modérée, mais qui se poursuit, représenteune raison pour consulter son médecin : un problème de santépeut en être la cause.Pour les personnes séropositives, contrairement à ce qu'ondisait il y a plusieurs années, il n'est pas souhaitable de grossir :un poids excessif par rapport à la "normale" augmente le risquede diabète et de maladies cardio-vasculaires. C'est seulement si l'on a beaucoup maigri à cause de la maladiequ'il peut être utile de reprendre du poids.Les conseils de bonne alimentation, valables pour tout lemonde, le sont aussi (et plus encore !) pour les personnesatteintes de maladies comme l'infection par le VIH ou leshépatites virales.

Qu'est-ce qu'une alimentation équilibrée ?Les spécialistes de la nutrition conseillent de consommer :• Des légumes et des fruits (cuits ou crus) : au moins 5 par jour ;• Des féculents (pomme de terre, igname, patate douce, riz,

semoule, pain, pâtes, manioc, mil, blé, légumes secs commeles lentilles, les haricots rouges, etc.) : à chaque repas etselon l'appétit ;

• Des laitages (lait, lait fermenté, yaourts, fromage blanc,fromages, etc.) : au moins 3 par jour ;

• Des protéines (poisson, viande, volaille, œuf, jambon, etc.) :tous les jours. Les protéines sont utiles à l'immunité, aux

défenses du corps ;• Limiter le sucre (boissons sucrées, gâteaux, etc.),

l'alcool (vin, bière, apéritif, etc.), et les matièresgrasses, surtout saturées (beurre, crème, huile

de palme). Préférer les huiles insaturées,meilleures pour le cœur et les artères : huilede colza, d'olive, de tournesol, etc. C'estparticulièrement important si les taux degraisses (cholestérol, triglycérides) ou desucre (glucose) dans le sang ontaugmenté, ce qui peut se produire lors dutraitement contre le VIH/sida.

Pour en savoir plus sur la nutrition et laséropositivité : www.aides.org ou : 0820 160 120

(demander la revue Remaides n° 48) ; sur la nutritionen général : www.inpes.fr (rubrique nutrition).

Que l'on soit ou non atteint d'unemaladie, les principes d'une bonnealimentation sont les mêmes : mangersuffisamment (mais sans excès) et demanière équilibrée (assez variée pourque le corps reçoive les différentséléments dont il a besoin).

Santé et VIH/sida 16 remaides spécial migrants et VIH - Photo : Peter Lipmann

Manger équilibré :c’est bon pour la santé

"Mon mari me trouve très belle…mon médecin dit que je suis trop grosse !"

Les bonnes recettes d'Ikambéré

Ikambéré ("La maison accueillante") est une association desoutien aux femmes touchées par le VIH/sida. Parmi sesnombreuses activités, Ikambéré a réalisé un dépliant et un livre,intitulés Alimentation et santé. Conçu avec les femmesfréquentant l'association et l'aide d'une diététicienne, ce livrepropose des recettes africaines et françaises, ainsi que desconseils pour un bon équilibre alimentaire.Ikambéré, 39, boulevard Anatole France, 93200 Saint-Denis,tél. : 01 48 20 82 60, www.ikambere.com (dépliant : gratuit. Livre : 15 euros).

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Victor Nibigirwe a connu le sida, les longs mois d'hospitalisation. Grâce aux traitements et au soutien de ses proches, il s'est rétabli. Désormais, il témoigne à visagedécouvert, en France et en Afrique : on peut vivre, et même bien vivre,lorsqu'on est atteint par le VIH.

Santé et VIH/sida

Je crois en la vieJe suis venu en France en 2001. Je suis maintenant militant del'association AIDES. Je participe à l'accueil, à des permanences à

l'hôpital, et je collecte des médicaments pour le Burundi.Je retourne au pays chaque fois que je peux et

je remplis ma part du contrat vis-à-visdes gens qui m'ont soutenu : je

fais de la prévention et jetémoigne, je dis que j'ai le

VIH et que je vais bien. J'airéalisé une cassette vidéosur l'espoir et lasolidarité. Elle a étédiffusée par plusieurstélévisions africaines.

Grâce aux formationsorganisées par AIDES, je

connais mieux l'infection parle VIH, les médicaments, leurs

noms, leurs modes d'action. Celam'est très utile. Ça me motive aussi pour

bien prendre mes traitements. C’est vrai que les traitements sont lourds. Mais maintenant,

je sais que si je m'étais fait dépister à temps et que j'avaiscommencé à me traiter plus tôt, je ne serais pas tombé aussi bas.Après plusieurs années, j'ai pu enfin avoir une combinaison demédicaments adaptée à ma situation. Une très bonne observance(l'observance, c'est la prise régulière du traitement, commeindiqué sur l'ordonnance) m’a permis de me sentir de nouveau enforme, de récupérer le poids que j'avais avant ma maladie.Maintenant, je vais bien. Je mène une vie utile. J'ai beaucoupd’amis et je suis très bien entouré. Voici quelques mois, je mesuis marié avec Valérienne et nous allons avoir un enfant*. Jecrois en Dieu, je prie tous les jours. Et je crois en la vie.

Victor

* désir d'enfants et séropositivité : voir aussi pages 22 à 24.

Je suis du Burundi. Dans mon pays, souvent, les gensapprennent qu'ils ont le sida lorsqu'ils sont déjà très malades.Avant, on préfère ne pas savoir, même si la plupart desfamilles sont touchées. Ou bien on dit que c'est une autremaladie, la tuberculose, l'hépatite, le diabète…

J'ai appris ma séropositivité en 1999.Cette période reste floue dans monesprit. C'est comme un trounoir. J'allais mal, j'ai dû êtrehospitalisé pendant desmois, dans plusieurshôpitaux différents. Aprèsquelques difficultés, j'aipu obtenir un traitement,une trithérapie, et peu àpeu j'ai récupéré.

SolidaritéJ'ai tout de suite dit à mafamille, à mes amis, que j'avais leVIH. Ils se sont mobilisés et ils ontdonné de l'argent pour que je puissecommencer à prendre mon traitement. C'était très cher, 150à 200 euros par mois. C'est la solidarité de ma famille, de mes proches qui m'a permisde rester en vie. Au Burundi, je suis devenu militant de l'ANSS(association nationale de soutien aux séropositifs et sidéens) quifait de la prévention, aide les personnes touchées, distribue destraitements. Mais, malheureusement, ils n'ont pas assez demédicaments. Aujourd'hui, même si en Afrique il y a plus depossibilités qu'avant d'avoir des traitements contre le VIH, celareste très insuffisant. Si une personne gagne 30 ou 40 euros parmois, ce qui est déjà un bon salaire, et qu'elle a quatre ou cinqenfants, les nourrir est sa priorité : elle ne pourra pas payer lestraitements contre le VIH. Parmi les gens que je connais, il y a euau moins 20 ou 30 enterrements de morts du sida…

remaides spécial migrants et VIH - Photo : Véronique Cazaly

Dire

la vérité m’a sauvé

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Remaides : Depuis 1996, la médecine classiquepropose des traitements efficaces contre le VIH/sida.Pourquoi s’intéresser à d'autres médecines ?S. Korsia-Meffre : Les personnes qui s’intéressent aux médecinescomplémentaires disent souvent que la médecine classique nes’occupe que du corps et ne propose rien pour les autresdimensions de la personne : son esprit, voire son âme. D’autrescultures sont plus attentives au côté spirituel de la santé. Dansune maladie comme le VIH/sida, la médecine classique impose,pour des années, un traitement contraignant pour lequel nousn’avons pas d’autre choix que de respecter ce qui est ordonné.En explorant les autres médecines en complément, on vachercher un peu de liberté en matière de soins.

Marabouts, guérisseurs, médecine chinoise,tradipraticiens, phytothérapie, homéopathie… Comment s’y retrouver ? L’important est de faire un choix en fonction du plaisir qu’on ytrouve et des effets ressentis, mais aussi de sa culture d’origineou de ses convictions. Il est également utile d'avoir quelquesrepères pour identifier les personnes malhonnêtes qui essayentde profiter du désarroi des personnes face à la maladie. Trois critères peuvent nous guider :• Éviter un thérapeute qui nous éloigne ou nous coupe des

traitements actuellement disponibles à l’hôpital.• Se garder d’investir dans des traitements qui mettent en

danger sa santé financière : “Plus c’est cher, meilleurc’est !” n’a jamais été un bon critère, dans aucunemédecine.

• Être attentif aux compétences affichées : en France,certaines personnes se revendiquent tradipraticiens alorsqu’elles n’ont aucune reconnaissance dans leur paysd’origine.

Il est également très important d’informer son médecin pour leVIH/sida des traitements que l’on prend par ailleurs. Certainesplantes, par exemple, peuvent modifier l’efficacité ou la toxicité

des traitements pour leVIH/sida. Ainsi, on amontré que le millepertuis,approuvé en France dans le traitement des formes légères dedépression, diminuait la quantité de médicaments contre leVIH/sida dans le sang, ce qui pourrait favoriser l’apparition deformes résistantes du VIH.

Que pensez-vous du jeûne pour “purifier le corps” des personnes malades ?Je rencontre des gens qui pratiquent le jeûne, une journée parsemaine. Lorsque cela est compatible avec leurs traitements(qui doivent parfois se prendre avec un repas), si elles boiventsuffisamment, et si leur état de santé le permet, pourquoi pas ?Plus longtemps, c’est dangereux car cela affaiblit le corps, faitfondre les muscles et diminue la capacité à lutter contre levirus. Dans cette démarche, il convient aussi de se demanderce que l’on recherche vraiment. Même si l’infection par le VIHs’accompagne souvent d’un sentiment de faute, le jeûne n’estpas une réponse adaptée pour lutter contre le fait que l’on sesente coupable.

On entend ou on lit parfois que les tradipraticiensafricains ou la médecine chinoise auraient trouvé destraitements aussi efficaces que les trithérapies. Comment savoir si c’est vrai ?Actuellement, aucun traitement ne remplace les trithérapies.Mais, rechercher d’autres moyens de rester en bonne santé ouse poser des questions sur la meilleure manière de se soignerest normal ; d’autant qu’on peut avoir eu une mauvaiseexpérience avec le système de santé. Il est souhaitable de nepas rester seul avec ses questions. Participer à un grouped’entraide sur les traitements peut servir à cela, mais aussi àapprendre comment en parler avec son médecin. Choisir d’avoirrecours aux médecines complémentaires peut faire de nous despatients plus à même de profiter des bénéfices de la trithérapie.

Santé et VIH/sida 18 remaides spécial migrants et VIH - Photo : Dominique Thiéry

Rencontre avec Stéphane Korsia-Meffre, volontaire à AIDESdepuis de nombreuses années, dans les actions de santé età la revue Remaides. Il dirige l’édition d’un Larousse desmédecines douces (à paraître en février 2006).

Les médecines complémentaires,

un

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Les traitements contre le VIH/sida ont beaucoup amélioré l'espérance et la qualitéde vie des personnes séropositives. Mais ils imposent des contraintes (la régularitéde prise) et peuvent entraîner des effets indésirables. Voici quelques conseils pratiques pour y faire face.

avec son traitement anti-VIH

Santé et VIH/sidaremaides spécial migrants et VIH

Bouger : c'est bon pour le corps !

De nombreux pays, dont la France, connaissent uneaugmentation des problèmes cardiovasculaires (du cœur etdes artères : infarctus, accident vasculaire cérébral, etc.).Les raisons en sont bien connues : alimentationdéséquilibrée, tabac, absence d'activité physique. Les personnes séropositives (atteintes par le VIH/sida) quiprennent un traitement ont plus de risquescardiovasculaires que les gens qui n'ont pas de problèmede santé. Pratiquer régulièrement une activité physiquediminue ces risques. Cela aide aussi à se sentir mieux dansson corps et à en améliorer l'allure.Tous les types d'exercice conviennent, à condition de lespratiquer au moins deux ou trois fois par semaine : marcherapide, vélo, jogging, natation, danse, gymnastique, sportscollectifs, etc. Avant de commencer, si vous n’avez pas faitde sport depuis longtemps, parlez-en avec votre médecin.Et, dans tous les cas, débutez doucement etprogressivement. Le but, c'est de se faire du bien !

Prise du traitement : vive la régularité !

Pour que le traitement anti-VIH (la trithérapie) reste efficace, il estnécessaire de le prendre très régulièrement, en respectant bienl'ordonnance. Sinon, si, par exemple, on saute une ou deux prises parsemaine, il n'y a plus assez de médicaments dans le corps : le VIHpeut recommencer à se multiplier et devenir résistant au traitement.Mieux vaut ne pas prendre de traitement, ou arrêter complètementson traitement, que de le prendre de manière irrégulière. Aussi, iln'est pas conseillé d'envoyer des médicaments à une personne vivanten Afrique : est-on sûr que c'est le bon traitement pour elle ? Nerisque-t-elle pas de le recevoir irrégulièrement ? Il est préférable quela personne soit suivie par un médecin et tente de se procurer sesmédicaments dans le pays où elle vit. Si l'on prend soi-même un traitement anti-VIH et que l'on part envoyage, il est important d'en parler à l'avance avec son médecin.Avec lui, on verra comment faire, en fonction du contexte de cevoyage (lire l'entretien avec le Dr Zucman, p.14). Si on a besoind'obtenir plus d'un mois de traitement, il faut aussi demander l'accordde la Sécurité sociale.

S'entraider

A AIDES, on peut s'informer etrencontrer d'autres personnesséropositives prenant un traitement. Pour connaître ladélégation la plus proche, tél. : 0 820 160 120 ouwww.aides.org

Effets indésirables : parlons-en !

• Avant de commencer un traitement, il est conseillé de s'informer auprès de son médecin deseffets indésirables les plus fréquents et de l'attitude à adopter s'ils surviennent.

• En cours de traitement, si l'on a des symptômes qui ressemblent à une maladie (par exemple :fièvre, grande fatigue ou douleur importante), il faut téléphoner rapidement à son médecin, afind'avoir son avis.

• Pendant les consultations, il est important de dire à son médecin les difficultés ou lesinterrogations que l'on a vis-à-vis de son traitement. Si on le lui parle pas, il ne pourra pas devinerce que l'on vit. Et, s'il semble pressé ou peu attentif, on a le droit d'insister pour être entendu.

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Remaides : Qu'est-ce qu'une hépatite virale ?Dr Marc Bourlière : C'est une infection du foie par un virus.Lorsque ce virus n'est pas éliminé par l'organisme, il reste dansle foie et continue à s'y multiplier. On dit alors que la personnea une hépatite chronique. Les cellules du foie sont peu à peuremplacées par un tissu cicatriciel : la fibrose, qui s'étendprogressivement, jusqu'à devenir cirrhose et gêner lefonctionnement du foie. Les hépatites virales chroniques B et Ccomportent également un risque de cancer du foie.

Les hépatites virales sont des maladies du foie. Elles sont dues à des virus qui peuvent se transmettre, principalement lors desrapports sexuels ou de contact avec le sang.L'Afrique est le continent le plus touché, maisces maladies sont aussi assez fréquentes enFrance. Explications par le Dr Marc Bourlière*.

Santé et VIH/sida 20 remaides spécial migrants et VIH

Les hépatitesvirales :

des maladies sournoises

A, B, C, E

• Les hépatites virales A et E se transmettent généralement parl'alimentation ou par l'eau, dans les pays où sa qualité n'estpas assurée. Elles ne deviennent pas chroniques. Il existe unvaccin contre l'hépatite A (non remboursé par la Sécuritésociale).

• L'hépatite B se transmet lors des relations sexuelles, ou parcontact avec du sang (utilisation du même matériel pourplusieurs personnes : lors de soins, de tatouage ouscarification, d'injection de drogue, etc.). L'hépatite B peutaussi, plus rarement, être transmise aux proches(probablement par le partage d'objets quotidiens porteurs desalive ou, surtout, de sang : rasoir, brosse à dents, etc.). Pourse protéger, il existe un vaccin efficace, remboursé par laSécurité sociale.

• L'hépatite C se transmet essentiellement par contact avec lesang. Il n'existe pas encore de vaccin. Le traitement estcontraignant, mais peut permettre une guérison.

(*) Le Dr Bourlière est chef du service d'hépato-gastro-entérologie (maladies du foie, de l'estomac, de l'intestin) à l'hôpital Saint-Joseph de Marseille. Il est égalementprésident d'un groupe de travail de l'Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales (ANRS).

Pour s'informerHépatite Info Service, tél. : 0 800 845 800.

Ces maladies sont-elles fréquentes ?Sur le continent africain, plus d'une personne sur douze estatteinte d'hépatite B chronique, et plus d'une personne survingt, d'hépatite C chronique. En France, ces maladiesconcernent respectivement 300 000 et 500 000 à 600 000personnes dont seulement la moitié savent qu'elles ont unehépatite. Les autres l'ignorent et, de ce fait, ne bénéficient pasd'un suivi médical et, si besoin, d'un traitement.

Comment savoir si l'on est atteint ?Pendant des années, voire des dizaines d'années, une hépatitevirale chronique peut ne donner aucun signe, sauféventuellement une fatigue modérée. Dans la majorité des cas,les symptômes graves se manifesteront seulement lorsque lefoie sera très largement lésé, à un stade avancé de cirrhose. Leseul moyen de savoir si l'on est porteur d'une hépatitechronique est d'effectuer un examen sanguin. On peut ledemander à son médecin ou se rendre dans un centre dedépistage anonyme et gratuit.

Que faire si l'on est porteur d'une hépatite virale ?Le médecin peut orienter vers un spécialiste (hépatologue,gastro-entérologue). Celui-ci évaluera l'état du foie grâce àdifférents examens. En fonction des résultats, on déciderad'une simple surveillance, avec, par exemple, une consultationdu spécialiste tous les ans, ou bien l'on envisagera untraitement. Selon le type d'hépatite, il peut s'agir d'untraitement de durée limitée (six mois à un an), maiscontraignant, ou d'un traitement de longue durée (maisgénéralement très bien supporté).

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Emile Djouma Mcattalo , 47 ans, est actuellement soutenu par l’associationAIDES. Il a accepté de témoigner de son histoire de santé, marquée par le VIH/sida depuis plusieurs années.

Santé et VIH/sida

Je pouvais rester légalement en France pour me soigner, mais jen’avais pas le droit de travailler ni celui d'avoir une aide pour unlogement. J’étais entièrement dépendant de mon cousin, puis del’association AIDES. C’est particulier quand on est père defamille, habitué à être autonome, de se retrouver dans cettesituation. J’étais sans ressource et dans l’incapacité d’aider mesenfants.Heureusement, je viens de recevoir une carte de séjourtemporaire d’un an avec une autorisation de travail. Cela fait unan, quasiment jour pour jour, que j’ai fait ma demande !

L’envie d’agir m’a aidé à m’intégrerJe vais pouvoir trouver du travail, mais je veux aussi continuer

mon engagement dans la lutte contre le sida. Pendant cesderniers mois, j’ai participé aux actions de prévention

comme sympathisant de AIDES et j’ai aidé àaccueillir d’autres personnes africaines qui

viennent pour la première fois à l’association.C’est plus facile pour moi de comprendre cequ’ils ne comprennent pas : C’est quoi uneassociation ? Qu’est ce qu’elle peut fairepour moi ? Souvent, les gens pensent que AIDES estlà pour donner de l’argent. Parfois, ilsn’osent pas poser les questions. Il fautexpliquer que ce n’est pas ça. Le rôle del'association, c’est l’information sur lestraitements, l’accompagnement social et

le soutien entre les personnes infectées.J’ai beaucoup appris sur le VIH/sida cette

année, notamment en participant à des week-ends d’action thérapeutique organisés par

AIDES. Le désir de m’informer et l’envie d’agirm’ont aidé à m’intégrer.

Maintenant, je voudrais faire ma formation pour devenirvolontaire à AIDES, et pour pouvoir faire profiter une associationen Centrafrique de l’expérience acquise. Là-bas, tout reste à faire.

Émile

6 années ont passé avant mon premier traitementJ’ai eu confirmation de mon infection par le VIH/sida en 1998, àBangui (République Centrafricaine), mais, dans ma tête, je lesavais depuis trois ans. Pendant la dernière grossesse de macompagne en 1995, le médecin nous avait dit qu’elle avait dessignes du sida. Elle en est morte en 1996, donc, pour moi, c’étaitclair.Pendant plusieurs années, rien de particulier ne s’est produit. J’aicontinué à travailler, je suis venu deux fois en France pour desstages. En 2003, lors d’un bilan de santé à Bangui, le médecinm’a conseillé de prendre des médicaments. C’était de laTriomune, (une trithérapie en un seul comprimé). Cela a fait uneffet pendant un certain temps, j’ai repris du poids, mais je n'aipas pu suivre mon traitement correctement car il y avait desruptures d’approvisionnement. Il aurait fallu acheterplusieurs mois de traitement d’un coup pour enavoir d’avance, mais, financièrement, ce n’étaitpas possible.En 2004, lors d’un stage professionnel enFrance, j’avais maigri, j’étais plus fatigué etje suis allé faire un bilan à l’hôpital. Jen’avais plus que 70 T4 (les T4 sont lesglobules blancs qui sont attaqués par leVIH. Voir p. 15). Le médecin françaism’a prescrit un nouveau traitement. J’aihésité, je pensais à mes cinq enfants quiétaient au loin. Mais mes parents et moncousin m’ont convaincu qu’il n’y avait pasd’autre solution pour le moment que derester en France pour me soigner. Rentrer,c’était faire le choix de mourir.

J’ai eu doublement de la chance Mon cousin, qui connaissait l'association AIDES, m’aaccueilli chez lui et m’a soutenu pendant huit mois. De plus,mon corps a bien réagi au traitement et mes T4 sont remontés.Ça veut dire que le traitement est efficace et j’ai très peu d’effetsindésirables. Pour les papiers, ça a été plus compliqué…Pendant un an, j’ai eu une autorisation provisoire de séjour.

remaides spécial migrants et VIH - Photo : Jean-Marie Le Gall

Se soigneret militer

dans une association

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Se découvrir infecté par le VIH/sida, être obligé de commencer un traitement pour ne paslaisser la maladie l’emporter, n’est pas seulement un événement médical dans la vie despersonnes migrantes confrontées au VIH/sida.

Savoir qu’on est séropositif(ve) pour le VIH/sida, c’est reconsidérer sa vie sous un nouveau jour.La première inquiétude est souvent pour les autres, notamment pour la santé de la famille :

- Est-ce que mes enfants sont aussi infectés ? - Mon mari ou ma femme resté(e) au pays sont-ils aussi séropositifs ?- Est-ce que je suis condamné à avoir ni famille, ni enfant ?

Voir sa survie dépendre de l’accès à un traitement uniquement disponible dans un pays d’accueil c’est “voir se refermer la porte de laprison dorée de l’exil thérapeutique”, comme le dit une personne accueillie à AIDES. Quelle que soit la raison pour laquelle on est arrivé enFrance, c’est tout le projet construit au pays qui est remis en cause.

- Si je suis malade, comment travailler pour faire parvenir l’argent promis à ma famille ?- Si je ne peux pas dire que je suis malade du VIH/sida, comment expliquer que je suis coincé en France ?- Que dire à mes enfants restés au pays, qui me réclament et se sentent abandonnés ?

Avoir Concevoir un enfant sans transmettre le VIH à son conjoint• Monsieur est séropositif, Madame est séronégative : les

techniques de “lavage de sperme” évitent le risque detransmission du VIH à la mère et à l'enfant. Ces techniquessont mises en œuvre dans les services d'assistance médicale àla procréation de certains hôpitaux.

• Madame est séropositive, Monsieur est séronégatif : pour éviterla transmission du VIH de Madame à Monsieur, différentesméthodes d'insémination, pratiquées par le couple ou par unmédecin, sont possibles.

• Madame et Monsieur sont séropositifs : le risque de setransmettre mutuellement des VIH est plus faible si la chargevirale (quantité de VIH dans le sang) est indétectable. Si l'onveut éviter tout risque et que l'on a toujours des rapportssexuels avec préservatif, on peut recourir à l'assistancemédicale à la procréation.

Être enceinte et séropositiveLorsqu'une femme séropositive est enceinte, il existe toujoursun risque de transmission du VIH à l'enfant. Ce risque est, enmoyenne, de 20 à 25 % lorsque la future mère ne prend pas detraitement (un enfant sur quatre naît contaminé par le VIH).Avec un bon suivi médical pendant toute la grossesse (par lemédecin spécialiste du VIH et par un gynécologue-obstétricien)

VIH/sida et famille 22 remaides spécial migrants et VIH - Photo : Suzanne Hetzel

le VIH/sida et la

et un traitement contre le VIH, le risque est, en moyenne, de 1 % (un enfant sur cent naît contaminé par le VIH). Voici quelques années, on pratiquait souvent une césarienne(opération de la mère pour faire sortir l'enfant), afin de réduirele risque de transmission du VIH lors de la naissance. Lacésarienne est beaucoup moins utilisée aujourd'hui car lestraitements contre le VIH sont bien plus efficacesqu'auparavant.

Pour s'informer, pour en parlerOn peut s'informer plus précisément auprès de son médecinVIH, de la délégation AIDES la plus proche et lire la revue Remaides, n °52 (AIDES, tél. : 0 820 160 120,www.aides.org).

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Jean est séropositif. Il vit en France,mais sa femme, qui est séronégative,est restée au pays. Il nous expliqueson espoir de la faire venir et d'avoirun deuxième enfant.

VIH/sida et famille

D'un autre côté, le fait d’avoirune seule enfant, etséronégative, ça m’a aidéfinancièrement. J’étais le seulmalade de la famille. Ça m’aaidé à moins dépenser pour lebudget médical. Lorsque vousavez deux ou trois personnesdans une famille à soignerrégulièrement, ça demande unbudget important. Ça m'a aussiaidé moralement. C’est grâce àça que j’ai pu tenir.Ici, c'est très difficile parcequ’il faut que je parvienne àvivre sans la famille. Je viensde passer plus d'une annéetout seul ! Nous sommes à deux, et puis ilnous faut deux personnes pour

la succession dans notre famille,pour nous remplacer. Je me sentirai à l’aise quand j’aurai deuxenfants, c’est-à-dire, si nous avons la chance d’avoir en plus de lafille que nous avons, un garçon peut-être...

J'ai quand même l'espoir, mais je pense à mes compatriotesrwandais qui sont séropos. Ils ne parviennent pas à se protéger etne sont pas accompagnés lorsqu’ils veulent faire des enfants. Il y a beaucoup de familles séropositives sans suivi médical.

Jean

La prière nous a aidéQuand j'ai su que j'étaisséropositif, c’était très difficile,notamment avec ma femme. Etpuis aussi, il y a eu lepréservatif… On s’y est habituépetit à petit, mais les sixpremiers mois ont été très durs.Nous avons pu surmonter cela,notamment grâce à la prière,mais aussi parce qu’on voyaitbeaucoup de familles autour denous, touchées par le VIH, quiétaient déjà au stade sida.Nous, nous avons quand mêmepu gérer ça d’une façon plusdouce. La prière nous a aidéspour essayer d’envisagerl’avenir, et pour garder le moral.Parce que, sans le moral, onpeut tout gâcher, même si onprend des traitements adaptés.

Je suis le seul malade de la familleEn 2004, je suis venu en France, et la situation socio-politiquedans mon pays m'a décidé à rester ici. J’ai voulu rester aussi pourfaire venir ma famille, d’une part pour les sauver de l’insécurité etd'autre part pour bénéficier d'un suivi médical adapté à un coupleséro-différent, où l'un des conjoints est séropositif et l'autreséronégatif. Ainsi, nous pourrions faire un autre enfant, car nousavons une seule fille, âgée de 15 ans.Dans une famille africaine, il faut qu'il y ait deux enfants auminimum sinon les gens disent que nous sommes un peu avares,qu’on veut jouir tout seul de nos biens. C’est très stigmatisantquand même. Nous, on veut montrer qu’on ne manque de riendans notre famille. Certaines personnes peuvent comprendre lasituation, mais je ne l’ai pas dit à tout le monde.

remaides spécial migrants et VIH - Photo : Suzanne Hetzel

je veux vraimentun autre enfant

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Pour s'informer sur la situation du Rwanda face au VIH/sida, Jean propose de visiter le site : www.tracrwanda.org.rw

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Me sentant malade, je suis allée àl’hôpital. On m'a fait des tests, et j’aicommencé un traitement. Ça n'a pasmarché tout de suite, mais aujourd’hui, le virus est indétectable ; il est contrôlé.

Comment on fait pour vivre ?Je voudrais bien obtenir le regroupement familial, mais il paraîtque c’est trop long. Je ne sais même pas comment on fait. Je n’aipas encore commencé. Je n'ai pas d’appartement, pas de travail.Je vis dans un foyer. C’est tout ça qui fait que je ne peux pasencore commencer. Je suis embêtée car même si mes fillesarrivaient ici, elles vivraient où ?

Un jour, elles seront là !Mais en tout cas, ces soucis nesont pas un frein pour moi, jereste observante, c'est-à-dire queje me soigne avec régularité. Leproblème, c'est pour ma vie defamille. Mes enfants sont loin,c’est ça qui m’embête beaucoup.Mais je me dis qu’un jour, ellesseront là. Et pour ça, il faut queje sois bien, avec l’espoir, qu’unjour tout cela va s'arranger.

Je ne me sens pas encoreprête à militer ouvertement.Ici, je m'investis à l'associationAIDES. Ça me plait, mais je neveux pas que cela se sache. Jeme protège un peu moi-même et

je protège aussi mes enfants. Magrande fille sait que je suis comme çà et cela ne lui pose aucunproblème. Mais si un jour, elles arrivent ici, elles serontscolarisées. Si leur maman milite ouvertement dans uneassociation de lutte contre le sida et qu’on la voit un peu departout, je ne sais pas comment les autres vont interpréter ça...J'aimerais y arriver, mais je ne suis pas prête pour le moment.Peut-être un jour...

Marie-Ambre

Je suis contente avec mes nouvelles molécules. J'ai toujours ététrès motivée pour prendre mon traitement, même si c'est difficile.

C’est grâce à mes enfants que je suis encore là.Dès que j’ai appris ma contamination, j’ai pris la décision de mebattre. Parce que mes enfants ont besoin de moi et moi aussi, j’aibesoin d’eux. En décembre dernier, j’ai eu 31 ans, ma premièrefille a 17 ans et ma seconde a 11 ans. Elles sont séronégatives,heureusement. Elles vivent auGabon. L’éloignement, c'est trèsdur parce qu'il y a des moments,comme hier par exemple, mapetite sœur m’a appelée pour medire que les enfants n’étaient pasbien parce que je n’étais plus là.Et qu’il fallait que je fassequelque chose pour aller leschercher. Je ne sais pas quoifaire. On vit mal cette situationparce que nous n’avons jamaisété séparées. C’est la premièrefois, c’est difficile.

Je voudrais bien obtenir le regroupement familial.Aujourd'hui, j’ai un titre de séjourd’un an avec autorisation detravailler. Mais, c'est difficile iciparce quand on arrive pour la première fois, on ne connaît pas.On n’est pas français, c’est normal. Ce qui est positif ici, ce sontles traitements et le suivi médical : tous les mois tu vas àl’hôpital, tu as un suivi, on te fait des tests pour savoir si letraitement marche, si tes T4 sont bons, pour savoir si la charge virale est basse. Mais, ce qui est négatif, c’estl’administration qui traîne lorsqu’on dépose un dossier pour un titre de séjour. Il faut attendre un an et plus, alors que quandon arrive ici, on n’a pas de ressources, on n’a rien.

Mes

enfantssont loin

VIH/sida et famille remaides spécial migrants et VIH - Photo : Suzanne Hetzel24

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Des droits pour se soigner

............CONNAîTRE SES DROITS...

..............DÉFENDRE SES DROITS...

.........ÊTRE AIDÉ, S’ENTRAIDER...

"Pour moi, le plus dur à vivre, ce n'est pas la maladie, ce sont les tracasseries administratives."

"En plein hiver, il faut s’aligner dans le rang à la préfecture dès 7h du matin. Quand on a de la fièvre, ce n’est pas facile."

"Se soigner en vivant dans la rue, ce n’est pas évident. Quand je mange régulièrement, je prends les médicaments régulièrement."

"J’ai fait presque 2 ans avant d’avoir la carte de séjour."

"A chaque démarche administrative que je faisais en France, j'obtenais un "NON". Je ne pouvais pas y croire. Je ne voulais pas me résigner. Ce sont les associations qui m'ont aidé."

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Le droit de rester en France pour être soigné,la régularisation pour soins

Amadou vient du Cameroun. Il est arrivé en France il y a deux anset a appris il y a dix mois sa séropositivité. Sa demande d’asilepolitique a été rejetée, il n’a à ce jour pas de papier. Peut-il êtrerégularisé ?

Amadou peut obtenir une carte de séjour temporaire (CST) pourraisons médicales. C'est une carte portant la mention “vieprivée et familiale” (aucune référence à la maladie ne figure surla carte).Pour cela, il doit répondre aux 5 critères suivants :

1 - Il ne doit pas constituer une menace à l’ordre public : le titre deséjour pour raison médicale peut lui être refusé s'il a commisun délit pour lequel il a été condamné en France.

2 - Il doit résider habituellement en France : il doit être en Francedepuis au moins un an. Une personne qui répondrait auxautres critères, mais pas celui-ci, pourrait bénéficierd’autorisations provisoires de séjour d'une durée de 3 à 6 mois.

3 - Il a besoin d'une prise en charge médicale : la prise en chargemédicale signifie la “surveillance médicale” et non pasobligatoirement suivre un traitement. Ainsi, même s'il n’est pas encore sous trithérapie, il doit être bien suivi. Il correspond donc à ce critère.

4 - S'il ne peut pas bénéficier d’une bonne prise en chargemédicale, les conséquences sur sa vie seront d’uneexceptionnelle gravité. En effet, à moyen terme, si Amadoun’est pas bien suivi et traité, il risque de mourir du sida.

5 - Il ne peut pas bénéficier d’un traitement approprié dans son paysd’origine. Avec l’arrivée des traitements en Afrique, il arrivequ’on considère que les médicaments sont disponibles

Le droit d'être soigné, l’accès aux soins

Jibril est malien. Il a appris qu’il avait le VIH/sida il y a deux mois,alors qu’il était hospitalisé pour une crise de paludisme. On luidemande de faire des examens médicaux et de prendre denombreux médicaments qu’il n’a pas les moyens de payer. Que peut-il faire ?

• Si Jibril est depuis “moins de 3 mois” en France :Il ne bénéficie effectivement pas de couverture médicale,mais en cas d’urgence il peut se faire soigner sans payer dansles hôpitaux via la permanence d’accès aux soins de santé(PASS) ou, s'il n'y a pas de PASS, par l'assistante sociale del'hôpital, qui fera un dossier d'aide médicale en urgence.

• Si Jibril est depuis “plus de 3 mois” en France mais en situationirrégulière :Il peut être couvert par l’aide médicale d’état (AME) enprouvant sa présence en France les trois derniers mois. Engénéral, la demande se fait à la caisse de Sécurité sociale dequartier, mais les assistantes sociales de l'hôpital peuventaussi l’aider à constituer son dossier.

• Si Jibril est en France depuis “plus de 3 mois” et a déposé sondossier de demande de titre de séjour pour raisons médicales :S'il a le récépissé de sa demande, il peut bénéficier, soit de laCouverture Maladie Universelle (CMU), soit du régime généralde la Sécurité sociale (s'il travaille), qui couvrent la plupartdes frais. Les frais non pris en charge par la CMU de basepeuvent l'être par la CMU complémentaire, qui est attribuéeselon les revenus.

Pour obtenir plus d'informations, on peut s'adresser à laSécurité sociale, à une assistante sociale ou une associationcompétente sur ces questions (voir contacts utiles p. 28).

Des lois relativement protectrices pour les personnes,mais des démarches parfois longues et compliquées.Les parcours de Jibril, Amadou, Karen, Alphonsine etMadi, retracent les principales situations auxquelles sont confrontées les personnes étrangères etséropositives en France.

Des droits pour se soigner remaides spécial migrants et VIH

Etranger et séropositif :

la loi française donne des droits !

L'accès au séjour des étrangersmalades est prévu par l'art. L.313-11, al.11 du Code de l'entrée et duséjour des étrangers et du droitd'asile (ex- art.12 bis 11 del'ordonnance de 1945).

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Des droits pour se soignerremaides spécial migrants et VIH

partout. Or, ils ne le sont que dans les grandes villes, en nombre insuffisant et à un coût très élevé par rapport aux revenus des personnes concernées. De plus,l'approvisionnement en médicaments n'est pas toujoursrégulier, ce qui ne permet pas de suivre le traitement dans ladurée. Amadou ne pourrait sans doute pas accéder à cesmédicaments s’il rentrait au pays.

Si comme Amadou vous êtes atteint par le virus du sida et vousrépondez aux critères cités, vous pouvez faire une demande detitre de séjour pour raisons médicales. C'est une démarchecomplexe. L'assistante sociale de l'hôpital et les associationsd'aide aux personnes migrantes ou aux malades sont là pourvous aider. Cette demande peut se faire même si on vous arefusé le statut de réfugié.

Les risques d’expulsion,si l'on est atteint d'une grave maladie, on ne peut pas être expulsé

Madi est ivoirien, il est sans papier et séropositif. Actuellement, il se sent malade mais n’ose pas aller à l’hôpital de peur d’êtredénoncé à la police et expulsé. Y-a-t-il un risque ?

Il n’y aucun risque que Madi se fasse dénoncer par l’hôpital.Les hôpitaux n'informeront pas la police de sa situation. Ils sontlà, au contraire, pour le soigner et l'aider. De plus, le séjour àl'hôpital est un moment privilégié où l'on peut se faire aider parl'assistante sociale pour faire son dossier de régularisation. Par ailleurs, puisqu’il est atteint d’une maladie grave, il lui estfortement conseillé de faire sa demande de régularisation poursoins. Ainsi, dès l’obtention du récépissé de sa demande, il seraen situation régulière et il aura la preuve qu'on ne peut pasl'expulser.

Le droit de se soigner et de travailler, la régularisation pour soins et droit au travail

Karen est togolaise et séropositive, elle a obtenu un titre de séjourpour raisons médicales. A-t-elle le droit de travailler ?

• Si elle a une autorisation provisoire de séjour (APS) ou unrécépissé de dépôt de dossier : les autorisations de travail sontrares, elles dépendent des préfectures et des directionsdépartementales du travail et de l’emploi (DDTE). Karen doitdonc vérifier sur le document qui lui a été remis par lapréfecture s’il est mentionné qu’elle peut travailler.

• Si elle a une carte de séjour temporaire (CST), en généralobtenue après un an de présence sur le territoire français, ellea le droit de travailler sans faire de demande particulière.

Les conditions de vie, une première année très difficile

Alphonsine est congolaise. En France depuis huit mois, elle estinfectée par le VIH/sida et l’hépatite B. Elle a obtenu uneautorisation provisoire de séjour (APS), mais sans le droit detravailler. Comment peut-elle vivre. A-t-elle droit à des aidessociales ?

Malheureusement non, seul le soutien des proches et decertaines associations permet de survivre.En effet, durant cette première année, on n'obtient que trèsrarement le droit de travailler. On ne peut pas avoir d’aidessociales. Pour obtenir le revenu minimum d’insertion (RMI), ilfaut être, au moins, au quatrième renouvellement d'un titre deséjour d'un an autorisant à travailler. Si les maladiesd’Alphonsine affectent ses capacités physiques, elle peut faireune demande d’allocation adulte handicapé (AAH) auprès de laCOTOREP (Maison du Handicap). Mais cette allocation ne luisera payée par la caisse d'allocations familiales (CAF) quelorsqu'elle aura obtenu un titre de séjour d'un an.Ainsi, les soins sont accessibles en France pour une personnegravement malade. En revanche, les conditions de vie sont trèsdifficiles, notamment dans les premiers mois. Certaines associations caritatives telles que les Restos du Cœur,le Secours Catholique, le Secours Populaire… peuvent accorderdes aides ponctuelles. Mais ce n’est pas systématique et leursmoyens sont limités. Pour avoir la liste complète de cesassociations, il faut s'adresser à une assistante sociale ou à lamairie.

Demande d’asile et régularisation pour soins

Lorsqu'on a fait une demande d’asile politique, selon la loi il estpossible de déposer en même temps une demande derégularisation pour soins. Mais dans la réalité, il nous estsouvent demandé de choisir entre l’une ou l’autre desprocédures. Si votre dossier de demande d’asile est solide, vouspouvez le mener jusqu’au bout et en cas d’échec, faire alors unedemande de régularisation pour soins.

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Où trouver de l'aide ?Vous pouvez vous faire aider par des associations. Elles sontlà pour faire valoir vos droits et faire les recours nécessairesen cas de refus injustifié. Il en existe de nombreuses quiaccompagnent les personnes étrangères sur les questionsjuridiques. Vous pourrez obtenir leur contact auprès deAIDES ou d'une assistante sociale.

Contacts utiles (liste non-exhaustive)Ces structures sont accessibles sur l'ensemble du territoirefrançais et peuvent vous aider ou vous orienter.

AIDES : Tél. : 0820 160 120 - www.aides.org

Act Up-Paris : Tél. : 01 48 06 13 89 - www.actupparis.org

CIMADE : Tél. : 01 44 18 60 50 - www.cimade.org

Comede : Tél. : 01 45 21 38 40 - www.comede.org

Comité des familles pour survivre au sida : www.survivreausida.net

FIDH - Fédération Internationale Ligue des Droits de L'Homme :Tél. : 01 43 55 25 18 - www.fidh.org

Gisti - Groupe d’information et de soutien des immigrés :Tél. permanence juridique : 01 43 14 60 66 Tél. : 01 43 14 84 84 - www.gisti.org

Ikambéré : www.ikambere.com

Médecins du Monde : Tél. : 01 44 92 15 15www.medecinsdumonde.org

Sida Info Droits : Tél. : 0810 636 636www.sida-info-service.org

D’autres coordonnées dans le guide du Comede.

Nous avons mieux compris comment nouspouvions contester des décisions injustes oufaire des recours. Rencontre avec desparticipants de l’atelier “droit des étrangersmalades, régularisation et regroupementfamilial”, à la délégation de AIDES.

Pourquoi avoir mis en place cet atelier ?Le projet est né des discussions entre personnes africaines quiviennent à l’accueil de AIDES. Les lois sur le droit de se soigneret sur le séjour en France pour les personnes infectées par leVIH/sida sont complexes. Il ne suffit pas de connaître ses droitspour les voir s’exercer. AIDES a constaté* que les préfectures etles tribunaux n’ont pas tous la même interprétation des textesde lois. Deux personnes dans la même situation de santépeuvent avoir des réponses différentes de la part del’administration !

Comment sont organisés ces ateliers ?Le groupe réunit quinze personnes originaires de sept paysd’Afrique. Pour certaines, qui n’étaient jamais venues à AIDES,c’est l’assistante sociale de l’hôpital qui leur a conseillé devenir. Nous avons tenu trois séances au printemps 2005.D'abord, les participants ont choisi les thèmes à aborder. Puis,chacun, a pu expliquer par exemple, ce qu’il avait fait pourobtenir un titre de séjour, parler de ce qui marche bien, maisaussi des choix qui aboutissent souvent à une impasse, commela demande d’asile. Un travailleur social connaissant très bienle droit des étrangers est venu bénévolement apporter desprécisions.

Les participants ont-ils été satisfaits ?Tout le monde était content de pouvoir exprimer et partager sessuccès et ses échecs. Il existe beaucoup de peur, on apprendpar les bruits de la communauté qu'untel a été expulsé ouqu'unetelle s’est vu refuser le regroupement familial. Ensemble,on a pu se soutenir. Certains ont échangé leurs numéros detéléphone ou ont proposé d’accompagner une personne à lapréfecture pour qu’elle ne soit pas toute seule.

Amadou, Arsène, Brigitte et Marguerite

* Voir l'enquête de AIDES sur le site www.aides.org (accès au séjour, aux soinset à l'hébergement des étrangers séropositifs au VIH en 2004).

Des droits pour se soigner 28 remaides spécial migrants et VIH

Très utile : le guide du Comede 2005

“Migrants/étrangers en situationprécaire • Prise en charge médico-psycho-sociale” Il est disponible sur le site :www.leguideducomede.org. On peut leconsulter dans toutes les délégationsde Aides. Les professionnels peuventaussi le commander gratuitement parcourrier à : INPES, 42 boulevard de laLibération, 93203 Saint Denis Cedex.

A Nantes, un atelier pour

défendre ses droits

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Le dire & l’entendre

.....POUVOIR LE DIRE ET LE FAIRE ENTENDRE...

.....ÊTRE SOLIDAIRE, SE SOUTENIR, RÉAGIR...

......................SORTIR DE L’ISOLEMENT...

"Quand on vit avec le VIH/sida, le plus dur au quotidien, c’est le regard et le rejet de ceux qui vous savent séropositif."

"C'est la solidarité de ma famille qui m'a permis de rester en vie."

"Elles ont marqué mes couverts et m’ont interdit de prendre des bains,elles avaient peur des microbes."

"Ce n’est pas la maladie qui vous rend malade mais les gens, avec ce qui sort de leur bouche."

"C'est de pouvoir le dire qui m'a sauvé ! "

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Remaides : Comment abordez-vous la question du sida dans la revue ?Assiatou Bah Diallo : On le fait dans la rubrique Santé, à traversdes conseils pratiques, des informations sur les thérapies... A Amina, nous écrivons pour la femme noire. Ce que noussouhaitons, c'est aborder tout ce qui peut lui servir pour s'ensortir dans la vie, mettre à sa disposition des infos et des outils.Le sujet du sida est particulier parce que la femme a beaucoupde difficultés à utiliser les moyens de prévention. Elle ne peutpas exiger de son mari le port du préservatif. C'est un sujet quifâche et qu'il ne comprendrait pas.Les femmes sont très démunies face à cela. Ce sont desquestions d'ordre tout à fait privé. Et, dans un journal, on nepeut pas rentrer dans l'intimité des gens. Là, c'est plutôt le rôledes associations. Et puis, il y a l'édito dans Amina. Je n'essaie pas de parlerdirectement du sida. Je ne me sens pas légitime. Je parlesimplement des difficultés existentielles de chacun. Ce sont lespersonnes qui rebondissent elles-mêmes, qui se reconnaissentdans les mots. Très souvent, des personnes séropositivesm'écrivent. Elles disent qu'elles vivaient la dépression, le malde vivre, les idées de suicide et que la lecture d'un sujet les asauvées. Pourtant, au moment où j'écris, je suis incapable dedire si ça va faire un déclic chez quelqu'un.

Quels sont les principaux sujets abordés par les personnes séropositives qui vous écrivent depuis des années ?Elles parlent surtout de leur isolement moral. Ce n'est pas lamaladie elle-même qui pose le plus de problèmes. Ellesécrivent : "Je ne peux en parler à personne", ou bien : "Je suisjeune et j'ai compris quand même que la séropositivité, ça netue pas tout de suite, alors comment vivre seule avec ça ?".

La plus grande douleur est de ne pas avoir d'amis, d'âme sœur. Pour nous, la clé, c'est la notion de honte. Si vous faites honte àquelqu'un, c'est très grave. La personne qui a le sida n'est pasun individu isolé, elle appartient à un clan, à une tribu, etfinalement à toute une société. Et sa propre honte rejaillit sur lereste de la famille. La cause de la maladie étant souvent liée ausexe, la principale réaction est : "C'est toi qui l'a cherché, c'esttoi qui va payer." Donc, la famille te rejette… Et la plus grandepunition pour un Africain, c'est l'isolement. Malheureusement,le jour où les personnes se décident à parler, tout le mondes'éloigne. C'est très risqué.

Est-ce que, malgré tout, vous rencontrez des femmes africaines qui parlent du sida au grand jour ? Oui, certaines arrivent à le faire. Elles deviennent alors un pilier,un rocher sur lequel les autres peuvent s'appuyer. Elles lesécoutent, les aident à avancer, à voir ce qu'il y a à faire. Ellesdisent qu'il faut démystifier la maladie, que ça peut arriver àn'importe qui.

Pour vous, est-ce qu'il y a un message particulier à faire passer aux Africains pour lutter contre le sida ?Et bien justement que le sida est une maladie comme lesautres, qu'on ne rejette pas une personne malade. On estfragilisé quand on est malade, on fait monter la mayonnaiseavec toutes les pensées, toutes les peurs qui nous assaillent.S'il faut, en même temps, se battre contre la maladie, contresoi-même, mais aussi contre l'extérieur, alors c'est trop pour uneseule personne. Il faudrait réagir comme on le fait avecquelqu'un qui a le cancer : on l'entoure, on s'occupe de lui...L'amour dont la personne est entourée, c'est le N°1 dans cegenre de maladie. Il permet à la personne de garder le moral etd'aller mieux.

Comment le sida est-il perçu dans lescommunautés africaines ? La presse peut-elle en parler, les journalistes, faire preuve de solidarité ?

Entretien avec Assiatou Bah Diallo, rédactrice en chef d'Amina International, le magazine de la femme africaine.

Le dire & l’entendre 30 remaides spécial migrants et VIH - Photo : Anne-Lyse Motte

Regard d'Amina sur le VIH/sida,

un sujet qui fâche

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D’où vient ce choix, unique parmi les associations des communautés africaines en France ?Dès la création de l'association, il y a cinq ans, nous avons faitun constat : les personnes sont malades du VIH/sida, mais lacommunauté est malade du rejet. C'est pourquoi, nousaffirmons dans nos statuts que nous sommes une associationde personnes infectées. A l’hôpital, nous demandons auxmédecins de le dire clairement quand ils parlent de nous à unepersonne pendant une consultation. Du coup, cette personneest rassurée pour la confidentialité, elle se dit que nous vivonsla même chose qu’elle.

Comment réagissent les personnes qui vous rencontrent ?Elles peuvent se rendre compte que c’est important de pouvoiréchanger librement avec d’autres personnes de sacommunauté, qu’on peut rire et manger ensemble comme dansles journées de convivialité organisées par A.P.A. C’estimportant d’avoir un lieu pour dire la vérité.Le témoignage des autres donne du courage et permet de luttercontre sa propre peur. On parle souvent de la discrimination etde la stigmatisation. Ces phénomènes existent et cassent lasolidarité dans les communautés. Mais il faut aussi se méfier del’auto-stigmatisation, celle qu’on crée soi-même en pensant à laplace de l’autre.Voila ce qui m’est arrivé : Quand j’ai su que j’étais séropositive,c’était très important pour moi de pouvoir le dire à ma mère.Mais je pensais : “si je le dis à ma mère, elle va se suicider !Donner cette nouvelle, c’est grave, ça fait mal”. Un jour j’ai eule courage de lui dire et elle m’a dit : “ah, c’est la vie”. Je nem’attendais pas à cela ! (éclat de rire).

Comment combattre le silence autour du VIH/sida ?C’est un fait, le sujet du VIH/sida est plus facilement abordédans certains pays d’Afrique que dans les communautésafricaines en France. Nous avons à combattre le déni,dédramatiser la maladie mais aussi faire entendre que lamaladie est ici, parmi nous, en France et pas seulement au

pays. Pour cela il nous faut la mobilisation de tous. Leproblème c’est que dans les associations, on ne voit pas “lesgrands”. Des personnes connues vivent avec le VIH/sida. Parfoiselles étaient des personnes militantes au pays, mais quand ellessont en France et que leur santé va mieux elles tentent de sefondre dans la vie et essayent d’oublier.

Quelles sont les conséquences de ce silence ?Cela nuit à l’information des communautés surtout qu’enFrance les gens ne vont pas chercher l’information. Leurspriorités c’est l’argent, le travail, un logement. Ils ne veulent pasperdre de temps. L’absence d’information favorise la peur et ladiscrimination. De plus, la faible sensibilisation fait qu’il nousest parfois difficile d’avoir l’autorisation d’intervenir dans lesassociations communautaires africaines.

Pour vous, qui sont les premières victimes de la discrimination ?Ce sont surtout les personnes en situation de précarité qui sontrejetées. La stigmatisation vient se rajouter à une situationd’infériorité. C'est comme en Afrique, si vous êtes malade, vautmieux être un “grand boss” qu'être pauvre et dépendant. Ici lerisque, c’est de se retrouver à la rue et de n’avoir d’autresrecours que l’aide des associations. Par contre quand ça vamieux, qu’on a un travail et un logement, les gens reviennentvous voir, c’est arrivé dans ma propre famille.

A.P.A. (African Positive Association) 207, rue du Faubourg Saint Antoine, 75011 Paris, Tél. : 01 43 72 63 13 / 06 73 08 01 83, Email : [email protected]

Les militants d'A.P.A, African Positive Association,affichent leur séropositivité au VIH/sida pour mieuxcombattre le refus de la maladie et la discriminationqui, trop souvent, frappe les personnes atteintes.

Rencontre avec : Sandrine Lamboni, Noel Ahebla et Patricia Outilama.

Le dire & l’entendreremaides spécial migrants et VIH - Photo : A.P.A 31

le sida est ici, en France, parmi nous

Noël Ahebla, coordinateur d’A.P.A.

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Remaides : L'épidémie a beaucoup changé depuis son apparition. Qu'est-ce cela implique pour vous en tant que médecin ?I. Heard : Aujourd'hui, mon métier m'amène à rencontrerbeaucoup de femmes d'origine africaine. Parfois, nous avons du mal à nous comprendre. Il faut dutemps. Nous, médecins, devons faire l'effort d'écouter trèsattentivement la femme qui nous parle, pour comprendre ce quiest important pour elle, ce qui va lui convenir, ce qu'elle pourrafaire pour préserver sa santé en fonction de ses conditions devie. Mais, il est très important aussi que la patiente accepte deparler avec nous, de nous expliquer où elle en est, commentelle vit. Pour qu'on puisse la conseiller le mieux possible.

Vous voulez dire que vous avez besoin d'aide pour soigner ces personnes ?Oui, l'aide de la personne elle-même, bien entendu, estindispensable. Mais nous avons aussi besoin qu'elle soitsoutenue par son entourage. Je prends un exemple : une femmevient d'arriver en France, elle habite chez une cousine. Elle nepeut pas dire qu'elle est séropositive, sinon, elle va être mise àla porte. Elle doit se cacher, cacher ses médicaments. Et enplus, si on la met dehors, elle perdra le soutien d'une personnede sa communauté, qui a plus d'expérience sur la vie enFrance, les démarches, la manière de s'organiser, de changer demode de vie. Il faut absolument que la solidarité familialecontinue. Même, et surtout quand une personne apprendqu'elle est séropositive. Sinon, on n'y arrivera pas. On n'arriverapas à lutter contre le sida, même si on a des médicaments quimarchent de mieux en mieux.

Le secret, le fait de ne pas pouvoir parler du VIH/sida,c'est mauvais pour la santé ?Evidemment. C'est très simple : si on ne peut pas en parler,c'est plus difficile de protéger son partenaire. Le virus setransmet à cause de ça. Et en plus, on ne peut pas se soigner,parce qu'on a peur que ça se voit !

En dehors des aspects purement médicaux, quelles sont les principales questions des femmes qui viennent vous voir ?Il y en a une seule : les enfants ! "Est-ce que je vais pouvoiravoir des enfants, être enceinte ?".

Alors, qu'est-ce que vous faites ?Là encore, on essaie de se comprendre. J'explique que oui, onpeut tout à fait avoir un enfant en étant séropositive avec unbon suivi médical. Mais comme les femmes que je rencontresont souvent dans une extrême précarité, je leur dis aussi que,l'idéal, c'est quand même de choisir le bon moment. Parexemple d'avoir pu régler toutes les tracasseries administratives,d'avoir un logement. Et puis aussi, je propose qu'on parle dessolutions pour protéger le papa. Pour que l'homme ne soit pascontaminé. Mais la femme peut se fâcher et croire que jem'occupe de sa vie. Ce sont quand même des questions trèspersonnelles et délicates. Mais ça fait aussi partie de la santé.

Vous faites un métier difficile. Vous arrivez à garder de l'optimisme ?Oui, heureusement ! Grâce au parcours de certaines femmesqui ont réussi à s'insérer dans la vie en France. Leur santés'améliore et leur moral aussi. Elles ont appris à vivre avec leurséropositivité. Ce n'est facile pour personne de s'accepter entant que personne séropositive. Et pourtant, avec le temps, jevois beaucoup de femmes qui y arrivent.

Lorsqu'on est rejeté par ses proches, c'estplus difficile de prendre soin de sa santé.Entretien avec Isabelle Heard, gynécologueobstétricienne à l'hôpital européenGeorges Pompidou, à Paris. Elle suit desfemmes séropositives depuis quinze ans.

Le dire & l’entendre 32 remaides spécial migrants et VIH - Photo : Laurent Vincent-Bardin

La médecine ne peut suffire pour

faire face au VIH/sida

Le suivi gynécologique est très important pour toutes lesfemmes. Il l'est particulièrement pour les femmes séropositives.Il est recommandé de consulter un gynécologue une fois par an,même s'il n'y a pas de problème particulier.

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Faites-le, mais ne le dites pas. Telle pourraitêtre la devise de certains hommes africainsrencontrés dans les lieux de vie homosexuelsde grandes villes de France. Comme pourbeaucoup d’homosexuels européens, le poidsde la honte et du secret pèse encore sur eux.

Entretien avec Ariel Djessimea-Taba, né au Gabon et qui travailleaujourd'hui à AIDES Île-de-France (dans l'Essonne).

Remaides : L’homosexualité existe-t-elle dans les communautés africaines ?A. Djessimea-Taba : Bien sûr, comme dans toutes les sociétés, etça existait déjà dans l’Afrique ancestrale. Seulement, beaucoupde personnes homosexuelles ne se considèrent pas commetelles. Elles diront qu’elles ont un “vice”, ou que parfois“quelque chose leur passe par la tête”, mais elles ne veulentpas être identifiées comme homosexuelles. Beaucoupd’hommes se disent hétérosexuels alors qu’ils couchent avecdes femmes, mais aussi avec des hommes.

Comment se vit l'homosexualité dans les communautés africaines en France ?Très discrètement. Etre homosexuel pour les Africains est trèsmal vu*. Il ne faut donc pas que cela se sache. L’informationcircule très vite et les nouvelles arrivent rapidement au pays.Alors, les personnes homosexuelles se cachent.Dans l’imaginaire africain, une personne homosexuelle doit êtreefféminée. Aussi, quelqu’un qui n’aura aucun signe extérieur,

qui se montrera viril, aura un enfant, ne sera pas considérécomme homosexuel. Au sein de nos communautés, il faut jouerun jeu et cacher la réalité : beaucoup d’homos sont mariés ouvivent une relation avec une copine en même temps que leursrelations avec des hommes. Ils présentent leur copain commeleur meilleur ami. Ces personnes ont une double vie ce qui estdifficile à vivre.

Et le VIH/sida ?Les personnes se cachent. Elles n'entrent donc pas en contactavec les programmes de prévention. Elles sont très peuinformées. Par ailleurs, elles ne se reconnaissent dans aucunecampagne de prévention. En effet, si je ne me considère pascomme homosexuel, je ne ferai pas attention aux campagnesqui s’adressent aux homosexuels.Par ailleurs, le secret qui lie les amants crée une relation deconfiance très forte entre eux. Du fait de cette confiance, ilsn’utilisent presque jamais le préservatif, alors que l’un et l’autrepeuvent avoir des relations ailleurs.La situation favorise le développement de l’épidémie deVIH/sida, puisque finalement les personnes ne se protègent pas.

Quel est le principal message à faire passer ?Souvent des personnes africaines viennent me voir pour meparler de leurs difficultés ; elles ne savent pas à qui s’adresseret ont peur d’être jugées. Pourtant, il n’y a pas de mal à êtreattiré par quelqu’un du même sexe, ce n’est ni une tare, ni unsort…Les communautés africaines doivent évoluer et mieux accepterl’homosexualité. Les papas et les mamans devraient soutenirleurs enfants pour que ceux-ci puissent s'accepter tels qu'ilssont, pour qu'ils aient une chance d'arriver à être heureux.

Africain et homosexuel :Rester invisible dans sacommunauté d’origine ?

Le dire & l’entendreremaides spécial migrants et VIH - Photo : Jalila Bouzid 33

* L’homosexualité reste un délit dans de nombreux pays africains.

Où en parler ?

• AIDES : Tél. : 0 820 160 120 - www.aides.org• Ligne Azur : Tél : 0 810 20 30 40 – www.ligneazur.org

(Ligne d'écoute anonyme, prix d’un appel local)• SOS Homophobie : association de lutte contre les

discriminations et violences homophobes. Ligne d’écouteanonyme : 0 810 108 135 (prix d’un appel local).

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“Tu ne vois pas comme il a maigri ?”.Cette simple phrase équivalait à unevéritable condamnation. Je l’ai appris en même temps que ma séropositivité. Je me suis retrouvée du côté despersonnes “à la minceur suspecte”.

Pouvoir enfin parler !De pouvoir parler sans être rejetée, c’était un peu montraitement.Quand je suis venue en France, je ne savais pas que “Exclusion”et “Stigmatisation” avaient pris l’avion avec moi.A mon arrivée, j’ai habité chez ma cousine. En fait, on ne peutpas dire qu’on habitait ensemble, vu que très vite, j’ai eu mesaffaires à part : mon linge était lavé séparément, j’avais monverre, mon assiette, etc. Il y avait des réflexions en permanencede la part de ma cousine. Un jour, elle m’a demandé de ne plus

mettre mon traitement dans leréfrigérateur, de crainte, disait-elle, que ses enfants n’enavalent un comprimé parmégarde ! Ma cousine !

C’est vrai que dans un trois-pièces, la cohabitation à quatre,de toutes façons n’est pas facile.Grâce à l’assistante sociale del’hôpital et à AIDES, je suispartie vivre dans unappartement-relais. Cela a été unnouveau départ dans tous lessens du terme. En effet,aujourd’hui, j’ai mon propreappartement dans lequelviennent régulièrement mesenfants, mes petits-enfants ainsique ma cousine. Je crois

qu’après mon départ, elle a beaucoup réfléchi et aujourd’huinous sommes très proches !

A présent, même si je ne suis toujours pas grosse (et je ne l’aijamais été), j’ai quand même repris du poids !

Alphonsine

Pendant longtemps, je n’ai parlé de ma maladie à personne, parpeur des réactions de rejet. D’autres s’en sont chargés à maplace. Ils distillaient des phrases commençant par : “Tu ne voispas que…”, ou alors : “Je ne t’ai rien dit, mais il paraît que…”.Ces phrases qui libèrent la rumeur et vous enferment en dehorsde la communauté.La discrimination et l’exclusion ont commencé sur mon lieu detravail. J’étais secrétaire dans une société d’assurances de laville. Nous partagions tout : nos pauses, nos soucis, nos joies. Dujour où “Dame Rumeur” s’est invitée sur mon passage, le climats’est dégradé.Au début, ce sont desconversations qui s’arrêtent àmon approche et qui repartentdès que j’ai le dos tourné, desregards qui se détournent. Trèsvite ces petits “riens” deviennentinvivables. Je n’étais plus labienvenue à table lors desdéjeuners. On m’évitaitvisiblement, au moment oùj’avais le plus besoin de mesentir entourée. Encoreaujourd’hui, des années après,c’est dur de repenser à tout cela.Je passais huit heures par jourau milieu de gens qui faisaientsemblant de ne pas me voir et dene pas me connaître. Tout çapourquoi ? Parce que j’avaisperdu quelques kilos ? Moi qui ne leur faisais courir aucundanger !Malgré tout, je garde le bon souvenir d’une amie, la seule qui mesoit restée, alors qu’autour de moi, la rumeur et l’ignorancefaisaient le vide. C’est la première personne de mon entourage àlaquelle j’ai parlé de ma maladie. Cela nous a rapprochéesencore plus.

Pendant longtemps,

je n’ai parlé de ma maladie à personne

Le dire & l’entendre remaides spécial migrants et VIH - Photo : Suzanne Hetzel34

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Agir !

...................AGIR ICI ET LÀ-BAS...

........................AGIR ENSEMBLE...

...............................S’ENGAGER...

"Il faut que les élites, les hommes d’église, les gens de poids, que tout le mondes’engage dans les communautés."

"On n'est pas des pestiférés, et même si on l’était, on est quand même des êtres humains aussi."

"Il faut donner un visage, des visages à l'épidémie, pour que chacun comprenne que personne n'est à l'abri."

"Avec le VIH, j'ai perdu l'insouciance, mais j'ai rempli ma vie."

"Nous devons pouvoir nous mettre ensemble et porter des projets ensemble."

"Agir en direction des autres personnes vivant avec le VIH, démarrer une actioncommunautaire, c’était une manière de marquer mon passage et d’utiliser le tempsqui me restait à vivre pour être utile."

35remaides spécial migrants et VIH - Photo : Suzanne Hetzel

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Page 36: PARLONS-EN ! AGIR ENSEMBLE Changer l’image du sidas1.e-monsite.com/2009/09/15/94082790vivreenfrance-pdf.pdfremaides spécial migrants et VIH - Photos : Grégoire Bernardi Quand on

Entretien avec Michel M’bulu, secrétaire général du collectif des associations africaines de Toulouse Midi-Pyrénées.

Remaides : Comment est né le collectif ?Michel M’bulu : Il a été créé officiellement en 1997, parce quel'ensemble des associations africaines ont souhaité intégrer leVIH/sida dans leurs actions. Mais avant cela, il y avait déjà unedynamique d’aide aux étrangers en Midi-Pyrénées avec denombreuses associations et d’autres partenaires. L’objectifprincipal de notre collectif est de favoriser cette dynamique surla santé en général, et le VIH/sida en particulier.

Comment le collectif fonctionne-t-il ?Il est composé d’associations de différentes origines (Congolais,Béninois, etc.). Chacune a un membre au conseild’administration. Travailler ensemble permet de nous soutenirdans nos actions : certaines associations membres n’ont pasbeaucoup de bénévoles et peu de moyens pour mener leursactions. Grâce au collectif, elles arrivent à monter des actionsdans leur communauté ; des animateurs d’autres associationsmembres viennent les soutenir.

Quels genres d'actions mettez-vous en place ensemble ?Nous avons souhaité donner la priorité au VIH/sida, compte tenude la situation dans les communautés africaines et du nombretrop faible de personnes qui font le test de dépistage. Il n’y a pasde solution facile pour atteindre les Africains. Nous utilisonsdonc différents types d’actions (même si nous préférons biencibler nos actions plutôt que privilégier la quantité). On organisedes journées de sensibilisation et de formation sur le VIH/sida,trois fois par an. Elles se terminent par une soirée et laproduction d’une pièce de théâtre sur le VIH/sida.Nous avons également monté des actions spécifiquesde sensibilisation dans des lieux de vie africains(bars, stades, etc.).Nous avons aussi créé le journal Caap Santé, sur lasanté des communautés africaines de France. Cejournal, édité à 3 000 exemplaires, est distribuélargement dans les foyers en Midi-Pyrénées, mais aussidans le reste de la France. Après, dans les maisons, ça

se discute, une personne peut le lire pour les autres…Enfin, il y a aussi les actions de prévention organisées par unedes associations membres du collectif et que le reste ducollectif soutient.

La question du VIH/sida est-elle toujours taboue dans les communautés africaines ?Les gens nous disent : “Le sujet que vous abordez nous fait troppeur”, mais les peurs commencent à être dominées. Lespersonnes que nous rencontrons viennent peu à peu nous enparler. Elles nous posent des questions sur des sujetsd’actualité, comme la condamnation d’un Monsieur qui acontaminé ses partenaires. Mais lorsqu’on en parle, les genss'expriment rarement en leur nom propre. Il y a toujours desréticences liées aux discriminations vécues par les personnesqui révèlent leur séropositivité.

Est-ce que des personnes vous rejoignentpour militer avec vous ?En général, nous avons des difficultés à trouver de nouveauxmilitants. Les personnes appellent pour nous demander descapotes. Elles sont réceptives à nos actions, mais nes'investissent pas à nos côtés. Nous avons un problème sérieuxpour recruter des bénévoles. Je ne pense pas que ce soit deparler du sida qui freine. Les gens ne veulent tout simplementplus faire du bénévolat… Nous ne sommes que 23, alors pourfaire des choses nous avons besoin d’être bien organisés !

CAAP SantéCollectif des Associations Africaines de Toulouse Midi-Pyrénées pour la Promotion de la Santé et laPrévention du Sida. Permanence d’accueil : mercredi et vendredi de 15h00 à18h30. 2, rue Tellier 31100 Toulousee-mail : [email protected]

Agir ! 36 remaides spécial migrants et VIH - Photo : CAAP Santé

agir contre le VIH/sida en Midi-Pyrénées

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L'Action de Solidarité Franco-Comorienne en France (ASFCF) est uneassociation qui accompagne les personnes immigrées ou issues del'immigration pour une intégration administrative et sociale en France, etdéfend leurs droits. Dans son action, l'ASFCF remarque que beaucoup depersonnes s'épuisent dans les démarches administratives et ne peuventpas prendre de temps pour s'occuper de leur santé. C'est pourquoil'association a étendu son champ d'action à l'accès aux soins, avec unvolet prévention VIH/sida.

Travailler ensemble Depuis le mois de novembre 2004, l’ASFCF et AIDES agissentensemble sur le terrain de la prévention, en s'appuyant sur leurcomplémentarité. L’ASFCF accueille un nouveau public de jeunes demoins de 25 ans à la recherche d’informations et de matériel deprévention. “AIDES avec son équipe “Migrants” se fait une placedans des lieux qui, auparavant, refusaient même les affiches sur leVIH/sida”, explique Mohammed Soudjay, le coordinateur Santé etintégration de l'ASFCF.

Impliquer les responsables religieux et la communautéLa communauté comorienne est à 99 % musulmane. L'ASFCF arencontré les responsables religieux pour leur demander de soutenirle développement de leurs activités. Sur leurs conseils, ils ontégalement rencontré les notables. Ainsi, s’est constitué un comité quitransmet les informations sur l'association à toute la communauté. A partir de là, Action Solidarité a pu organiser un “madjilissi”. Ce motest un terme arabe qui désigne une “conférence” ou un“rassemblement”. La communauté comorienne organise ces réunionspour parler de la vie au quotidien avec les gens. L'ASFCF a ainsi puprésenter l'association dans sa communauté en France et, en mêmetemps, faire appel à toute la communauté comorienne pourcontribuer au développement de ses activités en apportant des dons.Ça a très bien marché ! Pour la première fois, les gens ont fait le“madjilissi” pour accomplir quelque chose en France, plutôt quepour un projet aux Comores.

ASFCF, 43, bd National, 13001 Marseille, France.Tél. : 04 91 50 75 48, E-mail : [email protected]

Pour prendre contact avec la délégation de AIDES la plus proche,appelez le : 0 820 160 120 (0,12 /min) ou consultez : www.aides.org

Communauté comorienne àMarseille : l’AASSFFCCFF agit pour les droits et la santé

“Il faut que les Africains se prennent en charge. Les intellectuels africains ont tendance à analyser lesproblèmes au lieu de trouver des solutions concrètes. Ilest temps de prendre nos responsabilités face auxproblèmes de la diaspora.”, affirme un responsablede l’association Afrique Avenir sur le site Afrik.com.L’association, créée en 1996, travaille sur différentsthèmes et notamment la lutte contre le VIH/sida ausein des communautés d’Afrique subsahariennevivant en Ile-de-France.

La force d’Afrique Avenir est dans son approche.Le dispositif DINA permet d'entrer en contact avecl'ensemble des communautés, créant des rencontresavec les personnes :

D : à leur Domicile, en faisant du porte-à-porte

I : dans les Institutions religieuses et les organismes (maisons de fret,ambassades, etc.)

N : dans les Nganda et lieux de convivialitéA : pour les Autres lieux, tels que les défilés

et manifestations

Susciter le dialogue au sein des communautésIl n’est pas toujours facile d’aborder la question duVIH/sida. Aussi, Afrique Avenir a détourné des objetsdu quotidien pour en faire des supportsd'information et de prévention : verres, calendriers,peignoirs de salon de coiffure... Des messages sur leVIH/sida y sont inscrits en différentes languesafricaines. La diffusion de ces objets en Ile-de-France permet de susciter le dialogue sur la questiondu sida dans les lieux de vies et, parfois, dans lesfamilles où ces objets sont apportés.

Afrique Avenir : 22, rue des Archives, 75004 Paris, tél. : 01 42 77 41 31 e-mail : [email protected] www.Afrik.com

A Paris, AfriqueAvenir, une

approche originale

Agir !remaides spécial migrants et VIH 37

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Remaides : Comment a démarré votre engagement militant ?M. Somda : Quand j’ai su que j’étais séropositive au VIH, j’aidécidé de rencontrer les personnes qui étaient infectées dans lecentre anti-tuberculeux où je travaillais. A ce moment-là, jepensais surtout à l’aide que je pouvais leur apporter. Je nepensais pas au soutien pour moi. Agir en direction des autrespersonnes vivant avec le VIH, démarrer une actioncommunautaire, c’était une manière de marquer mon passageet d’utiliser le temps qui me restait à vivre pour être utile.

Qu’est ce qui vous a amené à créer une association ?Le but était de regrouper nos forces pour obtenir plus. J’aiavancé dans cette idée grâce à l’appui d’autres personnes,notamment en regardant ce que faisaient d’autres associationscomme AIDES. Et surtout, la rencontre avec Jeanne Kouamé,de l’association Lumière Action en Côte-d’Ivoire m’a donnéraison et courage. Cela n’a pas été facile, et surtout ça a été trèslong. Une partie des médecins et du personnel médical s’estopposée à la création de REVS+. Ils disaient : “Vous vouscondamnez à mort en vous exposant, vous risquez de mourirplus vite à cause de la stigmatisation. Et en plus, vous n’avezrien à proposer aux personnes touchées”. Je pense qu’il y avaitaussi une troisième raison, mais non dite : ça fait peur de voir

qu’un groupe de personnes vivant avec le VIH s’organise. Ilallait falloir qu'ils négocient avec nous. La suite a montré quenous avions raison.

Comment avez-vous géré le fait de vous exposer publiquement ?Pendant longtemps c’était le secret à l’intérieur de ma famille.J’avais peur de le dire. Pourtant, en même temps, je témoignaisà l’extérieur. Mes enfants ont été informés d’abord et leurréaction m’a complètement surprise. Ils étaient contents desavoir, de comprendre ce que je vivais (mes soucis, ma fatigue,mon engagement) et aussi de pouvoir me soutenir. A partir dece moment, j’ai eu l’esprit vraiment libre.En dehors de mes proches, je ne crains pas trop le rejet.Chaque personne qui a peur du rejet de l’autre doit d’abordcommencer par s’accepter comme personne séropositive. Ainsi,les réactions négatives de l’autre sont atténuées. Le témoignagefait partie de notre action de militant. C'est la seule façon dechanger l'idée que les gens se font des personnes séropositives.Il faut donner un visage, des visages, à l’épidémie pour qu'ilss'aperçoivent que personne n'est à l'abri.

Au départ, vous vouliez aider les autres. Et vous dans tout ça ? Vous savez, la plus longue phase de ma vie s’est déroulée avantd’être infectée par le VIH et de m’engager, mais je n’ai rien à endire. Alors que maintenant je ne regrette pas, le VIH a été undéclic dans ma vie pour faire des choses que je n’imaginaismême pas pouvoir faire. Aux personnes qui hésitent à s’engagerdans la lutte contre le sida, je dirais qu’il faut toujours essayerde mesurer, avant, l’impact d’une action. Si c’est trop négatif, ilne faut pas le faire. Mais il faut aussi cesser de se poser commeune victime de cette infection, se dire : quelle est ma placed’acteur, qu’est ce que j’en attends ?

Rencontre avec Martine Somda-Dakuyo, militantevivant avec le VIH, présidente de l’association REVS+(Bobo Dioulasso - Burkina Faso)

Agir ! 38 remaides spécial migrants et VIH - Photo : Laurent Marsault

Avec le VIH, j’ai perdu l’insouciance, mais

L’association REVS+ fait partie du Réseau Afrique2000 qui regroupe, depuis 1997, 17 associationsde santé communautaire engagées dans la luttecontre le sida, originaires de huit pays d’Afrique del’Ouest. AIDES est membre de ce réseau(www.reseauafrique2000.org). Voir aussi l'ouvrageédité par Aides et le Réseau Afrique 2000.Disponible en écrivant à [email protected].

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Nous faisons partie deAIDES en tant quepersonnes accueillies,volontaires ou salariésconfrontés au VIH/sida.Membres de ce réseaude santé communau-taire, nous luttonsensemble pour faireévoluer l’image duVIH/sida dans nossociétés, ici et ailleurs,afin de réduire la

discrimination et lastigmatisation dont les personnes séropositivessont souvent victimes.

Favoriser une meilleure prise en compte de lasanté à travers l’amélioration des conditions devie. Faciliter l’accès à la prévention, au test dedépistage et aux soins font partie de nos combatsquotidiens. Notre démarche pour lutter contre leVIH/sida est l’expression des femmes et deshommes directement et personnellementconfrontés à l’épidémie.

Graciela Cattaneo, militante à Aides

Migrants, personnesd’origine étrangère,Femmes et hommesvenus d’ailleurs

Ne plus être seul(e) avec ses questions et ses difficultés À AIDES, individuellement ou en groupe, vous pouvezparticiper à des temps d’échange sur la vie quotidienne avecle VIH/sida, partager des informations sur les moyens de seprotéger, sur les aspects médicaux et les traitements ou surles droits des étrangers malades, et aussi, simplement,rompre la solitude en se retrouvant autour d’un café, àl'occasion d’un repas ou d’une sortie organisés en commun.

Agir ensemble dans nos communautésAvec toutes les personnes qui ont envie d'agir, AIDES mènedes actions : • de prévention dans les quartiers, sur les marchés, lors de

fêtes communautaires, en lien avec d'autres associations ;• d’information sur le VIH/sida dans des foyers, centres

d'hébergement et CADA (centre d’accueil etd’hébergement des demandeurs d’asile) ;

• de formation et de soutien aux associations créées par lescommunautés africaines en France et qui souhaitentmettre en place des actions de lutte contre le VIH/sida.

Nous rejoindre pour défendre la dignité et le droit à la santé des personnes migrantesNous considérons que les difficultés rencontrées par lespersonnes séropositives sont le plus souvent provoquées ouaggravées par les conditions de vie qui pèsent sur elles.C'est pourquoi, nous essayons d’agir sur la société pourrendre ces conditions de vie plus favorables à la santé.AIDES s’engage au quotidien pour faire entendre la paroledes personnes migrantes séropositives :• Comme membre de l'ODSE (Observatoire du droit à la

santé des étrangers), collectif d'associations quidénoncent les difficultés rencontrées par les étrangersdans les domaines de l’accès aux soins et du droit auséjour pour raison médicale (www.odse.eu.org).

• En organisant ou participant à des événements quipermettent aux personnes migrantes de prendre la paroleet de faire entendre leurs besoins (Etats généraux,enquêtes, colloques, etc.).

Prendre contact avec l’association Que l'on soit séropositif ou non, pour s'informer, pour enparler, témoigner de la solidarité, être soutenu ou orientédans ses démarches, participer, à sa manière, à la luttecontre le VIH/sida. L'association est présente dans toutes lesgrandes villes, et dans la plupart des départements. Tél. : 0 820 160 120 (0,12 v/mn) ; site : www.aides.org

Bienvenue à AIDES !remaides spécial migrants et VIH - Photo : Stéphane BLot 39

Des principes et des valeurs

Accueillir et soutenir toute personne sans jugement sur ses choixde vie.Respecter l’intimité des personnes et garantir la confidentialitédes informations partagées.Agir ensemble pour améliorer la santé de chacun.Développer l’autonomie et la recherche de réponses adaptées àchaque situation.

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