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infectiologie | actualités 7 OptionBio | lundi 9 mars 2009 | n° 414 D ans les pays industrialisés, les infections invasives à pneumocoques ont un taux de mortalité variant de 2,6 à 6 % et un taux de séquelles supérieur à 13 % en cas de méningite. Un risque surtout lié à trois sérotypes Les risques d’infection sévère sont liés au terrain, au site de l’infection et aux sérotypes. Les sérotypes 1, 5 et 7F sont fréquemment cités comme responsa- bles d’infections sévères, mais l’évaluation du risque doit être ajustée en fonction des autres facteurs. Par ailleurs, l’im- pact de la vacci- nation doit être jugé en tenant compte des valences couver- tes par le vaccin heptavalent. Une évaluation des risques selon les séroty- pes a été faite à partir de souches isolées en Allemagne, après prise en compte des différents facteurs confondants. Des infections invasives provoquant d’importantes séquelles L’enquête a été menée grâce à un réseau grou- pant services de pédiatrie et laboratoires. Au total, 1 474 cas d’infections invasives ont été notifiés entre janvier 1997 et juin 2003 chez les enfants de moins de 16 ans ; 262 (17,8 %) ont eu une évolu- tion sévère : décès (72 cas, 4,9 %) ou séquelles, telles que surdité, hydrocéphalie, convulsions, fibrose pleurale ou autres. Au cours des méningites, le taux de décès a été de 8,5 % contre 2,4 % en l’absence de méningite. Le sérotype 7F lié aux évolutions sévères Les séquelles ont été presque exclusivement le fait des méningites. Pour 494 enfants, le résultat de l’analyse des sérotypes a pu être confronté à l’évolution : 26 sont décédés (5,3 %), les séroty- pes le plus souvent impliqués étant dans l’ordre 7F, 23F et 3. Le sérotype 7F a donc eu le taux le plus élevé de décès (14,8 %) suivi du 23F (8,3 %) et 3 (8,3 %). Le pourcentage total des évolutions sévères avec le 7F a été de 40,7 %. En analyse multivariée, le sérotype 7F comporte un risque relatif de décès de 4,3 et de séquelles de 4 après ajustement pour la méningite, le sexe, l’âge de moins de 1 an et les déficits immunitaires. Parmi les sérotypes non représentés dans le vaccin antipneumococique conjugué, le 7F est la cause la plus fréquente d’infections invasives. L’incidence de ce sérotype est en augmentation en Angleterre, France et Allemagne où il représente 8,6 % des infections invasives contre 5 % dans la période 1997-98. Les futurs vaccins à 10 et 13 valences vont inclure ce sérotype important. | JEAN-JACQUES BAUDON © www.jim.fr Parmi les pneumocoques, certains sérotypes sont responsables des infections invasives Source Rückinger S et al. Association of serotype of streptococcus pneumo- niae with risk of severe and fatal outcome. Ped Infect Dis J. 2009 ; 28 : 118-22. L e 7 janvier 2009, le ministère de la Santé chinois rapportait un nouveau cas d’infection humaine par le virus H5N1, chez une jeune femme de 19 ans vivant à Pékin et décédée deux jours plus tôt. Ce cas, survenant après plus de deux mois d’accalmie qui ont fait espérer à certains que le pire était derrière eux, ravive des peurs (pas si) anciennes... N’était-ce pas le calme qui précède la tempête ? L’occasion, quoi qu’il en soit, de faire un nouveau bilan de la grippe aviaire chez l’homme grâce à la compilation par l’OMS de tous les cas survenus entre novembre 2003 et mai 2008. Caractéristiques des cas de grippe aviaire Fin mai 2008, 383 cas avaient été notifiés à l’OMS par 15 pays (un chiffre par nature inférieur à la réalité). Cinq pays rendaient compte de 90 % d’en- tre eux, ce sont l’Indonésie (133 cas), le Viet-nam (106), l’Égypte (50), la Chine (50) et la Thaïlande (30). Cha- que année, on assiste à un pic entre décembre et mars et à un creux au troisième trimestre. L’infection concerne les deux sexes, pour un âge moyen de 21,7 ans et médian de 20 ans mais avec des extrêmes de moins d’un an et plus de 80 ; 28 % des cas ont été relevés entre 0 et 9 ans, avec des variations régio- nales. On a parfois évoqué une surre- présentation féminine, qui ne traduit sans doute que des comportements sociaux et/ou des pratiques culturelles ou religieuses spécifiques. Un taux de létalité important et en augmentation Le taux de létalité globale pour les cas confirmés est de 63 %, variant de 44 % en Égypte à 80 % en Indo- nésie ; il est globalement plus élevé, à 78 %, dans la tranche 10-19 ans. Dans l’ensemble, les femmes ont moins de chance de survivre que les hommes (dix fois moins en Égypte). Le taux de létalité augmente avec la durée écoulée entre le début de la maladie et l’hospitalisation, passant de 12 % pour 0 jour à 47 % pour 1 jour, 55 % pour 2 et plus de 70 % pour 4 à 6 jours. Dans l’hémisphère nord Si épidémie de virus aviaire huma- nisé il doit y avoir, ce pourrait être pour bientôt : on a observé une aug- mentation des cas dans l’hémis- phère nord en hiver et les flambées de H5N1 animales coïncident dans le temps avec celles de la grippe sai- sonnière chez l’homme. Les mois d’hiver sont aussi une forte saison d’activité des oiseaux migrateurs, qui pourraient donc disperser le virus un peu partout. Pour l’OMS, tout est dit en quelques lignes : le danger est loin d’être écarté, il est aujourd’hui équivalent à ce qu’il était hier et le risque d’ex- position humaine et d’émergence d’une souche grippale pandémique reste une préoccupation majeure. | La grippe aviaire à l’heure des bilans Source OMS. Le point sur la grippe aviaire A (H5N1) chez l’homme : cas confirmés par l’OMS, novembre 2003-mai 2008. Weekly Epidemiological record. 2008 ; 83 : 415-20. JACK BREUIL © www.jim.fr © Fotolia.com/Dana Heinemann © Fotolia.com/Jorge Gonzalez

Parmi les pneumocoques, certains sérotypes sont responsables des infections invasives

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infectiologie | actualités

7OptionBio | lundi 9 mars 2009 | n° 414

Dans les pays industrialisés, les infections invasives à pneumocoques ont un taux de mortalité variant de 2,6 à 6 % et un taux de

séquelles supérieur à 13 % en cas de méningite.

Un risque surtout lié à trois sérotypesLes risques d’infection sévère sont liés au terrain, au site de l’infection et aux sérotypes. Les sérotypes 1, 5 et 7F sont fréquemment cités comme responsa-bles d’infections sévères, mais l’évaluation du risque doit être ajustée en fonction des autres facteurs.

Par ailleurs, l’im-pact de la vacci-nation doit être jugé en tenant comp te des valences couver-tes par le vaccin heptavalent.Une évaluation des r i sques selon les séroty-pes a été faite à

partir de souches isolées en Allemagne, après prise en compte des différents facteurs confondants.

Des infections invasives provoquant d’importantes séquellesL’enquête a été menée grâce à un réseau grou-pant services de pédiatrie et laboratoires. Au total, 1 474 cas d’infections invasives ont été notifiés entre janvier 1997 et juin 2003 chez les enfants de moins de 16 ans ; 262 (17,8 %) ont eu une évolu-tion sévère : décès (72 cas, 4,9 %) ou séquelles, telles que surdité, hydrocéphalie, convulsions, fibrose pleurale ou autres.Au cours des méningites, le taux de décès a été de 8,5 % contre 2,4 % en l’absence de méningite.

Le sérotype 7F lié aux évolutions sévèresLes séquelles ont été presque exclusivement le fait des méningites. Pour 494 enfants, le résultat de l’analyse des sérotypes a pu être confronté à l’évolution : 26 sont décédés (5,3 %), les séroty-

pes le plus souvent impliqués étant dans l’ordre 7F, 23F et 3. Le sérotype 7F a donc eu le taux le plus élevé de décès (14,8 %) suivi du 23F (8,3 %) et 3 (8,3 %). Le pourcentage total des évolutions sévères avec le 7F a été de 40,7 %. En analyse multivariée, le sérotype 7F comporte un risque relatif de décès de 4,3 et de séquelles de 4 après ajustement pour la méningite, le sexe, l’âge de moins de 1 an et les déficits immunitaires.Parmi les sérotypes non représentés dans le vaccin antipneumococique conjugué, le 7F est la cause la plus fréquente d’infections invasives. L’incidence de ce sérotype est en augmentation en Angleterre, France et Allemagne où il représente 8,6 % des infections invasives contre 5 % dans la période 1997-98. Les futurs vaccins à 10 et 13 valences vont inclure ce sérotype important. |

JEAN-JACQUES BAUDON

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Parmi les pneumocoques, certains sérotypes sont responsables des infections invasives

SourceRückinger S et al. Association of serotype of streptococcus pneumo-niae with risk of severe and fatal outcome. Ped Infect Dis J. 2009 ; 28 : 118-22.

Le 7 janvier 2009, le ministère de la Santé chinois rapportait un nouveau cas d’infection

humaine par le virus H5N1, chez une jeune femme de 19 ans vivant à Pékin et décédée deux jours plus tôt. Ce cas, survenant après plus de deux mois d’accalmie qui ont fait espérer à certains que le pire était derrière eux, ravive des peurs (pas si) anciennes... N’était-ce pas le calme qui précède la tempête ? L’occasion, quoi qu’il en soit, de faire un nouveau bilan de la grippe aviaire chez l’homme grâce à la compilation par l’OMS de tous les cas survenus entre novembre 2003 et mai 2008.

Caractéristiques des cas de grippe aviaireFin mai 2008, 383 cas avaient été notifiés à l’OMS par 15 pays (un chiffre par nature inférieur à la réalité). Cinq pays rendaient compte de 90 % d’en-

tre eux, ce sont l’Indonésie (133 cas), le Viet-nam (106), l’Égypte (50), la Chine (50) et la Thaïlande (30). Cha-que année, on assiste à un pic entre décembre et mars et à un creux au troisième trimestre.L’infection concerne les deux sexes, pour un âge moyen de 21,7 ans et médian de 20 ans mais avec des extrêmes de moins d’un an et plus de 80 ; 28 % des cas ont été relevés entre 0 et 9 ans, avec des variations régio-nales. On a parfois évoqué une surre-présentation féminine, qui ne traduit sans doute que des comportements sociaux et/ou des pratiques culturelles ou religieuses spécifiques.

Un taux de létalité important et en augmentationLe taux de létalité globale pour les cas confirmés est de 63 %, variant de 44 % en Égypte à 80 % en Indo-nésie ; il est globalement plus élevé,

à 78 %, dans la tranche 10-19 ans. Dans l’ensemble, les femmes ont moins de chance de survivre que les hommes (dix fois moins en Égypte).Le taux de létalité augmente avec la durée écoulée entre le début de la maladie et l’hospitalisation, passant de 12 % pour 0 jour à 47 % pour 1 jour, 55 % pour 2 et plus de 70 % pour 4 à 6 jours.

Dans l’hémisphère nordSi épidémie de virus aviaire huma-nisé il doit y avoir, ce pourrait être pour bientôt : on a observé une aug-mentation des cas dans l’hémis-phère nord en hiver et les flambées de H5N1 animales coïncident dans le temps avec celles de la grippe sai-sonnière chez l’homme. Les mois d’hiver sont aussi une forte saison d’activité des oiseaux migrateurs, qui pourraient donc disperser le virus un peu partout.

Pour l’OMS, tout est dit en quelques lignes : le danger est loin d’être écarté, il est aujourd’hui équivalent à ce qu’il était hier et le risque d’ex-position humaine et d’émergence d’une souche grippale pandémique reste une préoccupation majeure. |

La grippe aviaire à l’heure des bilans

SourceOMS. Le point sur la grippe aviaire A (H5N1) chez l’homme : cas confirmés par l’OMS, novembre 2003-mai 2008. Weekly Epidemiological record. 2008 ; 83 : 415-20.

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