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NUMÉRO 4 - Avril 2014 La question de la santé Le journal rédigé par et pour les personnes accompagnées dans les associations de la région Rhône-Alpes. de PAROLES

PAROLES - fnarsra.files.wordpress.com · tés élémentaires et de jouir de leurs droits fondamentaux. Ainsi, la précarité est le résultat d'un enchaî - ... de travailler le lien

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NUMÉRO 4 - Avril 2014

La question de la santé

Le journal rédigé p ar et pour les personnesaccomp agnées dans les associations de larégion Rhône-Alpes.

de

CITOYENS

PAROLES

MENTIONS LÉGALES

Rédaction et Coordination FNARS Rhône-Alpes

ImpressionVigny Musset ReproAvril 2014, Grenoble

Iconographie : Cled’12, Lola Perreaut, Le Grand Saint-Jean, Etape-Collectif 31

La FNARS Rhône-Alpes tient à remercier tous ceux

qui ont participé à l'élaboration de ce quatrième numéro,

Ainsi que les associations : Le Grand Saint-Jean (07),

Etape - collectif 31(07), Relais Ozanam - Service Totem (38),

Vers l'avenir (42), CEFR de Feyzin (69),

pour leur contribution.

Dans chaque numéro, vous pourrez découvrir les caricatures réalisées par Cled’12 àl’occasion des Journées du Travail Social - Valence - Novembre 2013

page 4Echo

Santé : précarité et inégalités

page 5/6Actu/Dossier

L’accueil et l’accompagnement despersonnes en situation de handicapphysique ou psychique

page 6/7/8Focus

La vie dans l’addiction. Quelsimpacts sur les femmes et sur leursproches ?

page 9Témoignage

Le travailleur pair et son rôle dans l’accompagnement santé et la réduction des risques

page 10Expression libre

Poèmes sur l’alcool et peintures

page 11Informations / A venir

Sommaire

EditoL'espérance de vie des personnes sans abri est de 45 ans enmoyenne et 31% d'entre elles présentent des troubles psychia-triques. Plus la précarité s’accentue, plus la santé des personnesles plus démunies se dégrade.

Mais au-delà des chiffres, la parole et les témoignages nourrissent la réflexion : la participation se convertit en instrumentprivilégié pour l'évaluation des politiques publiques en prenanten compte l'expérience vécue par les personnes. En effet, derriè-re chaque chiffre, il y a un nom, un visage.

La question de la santé des personnes en situation de précaritéest un enjeu fort pour la FNARS. Elle s'implique activementpour la prise en compte de la santé des plus démunis, notam-ment en s'appuyant sur ses référents qui la représentent au seindes instances des Agences Régionales de Santé (ARS). Il fautréfléchir à la méthodologie et à la mise en oeuvre de la représen-tation au sein des instances et les doter de moyens pour accom-pagner et former les personnes en situation de précarité.

A ce titre, et dans le cadre des débats actuellement en cours surles territoires, sur la santé des personnes en situation de préca-rité, il est important d'inviter des représentants de personnes ensituation de pauvreté, en sollicitant à cet égard le ConseilConsultatif Régional des Personnes Accompagnées (CCRPA).

Le renforcement de la prévention auprès des personnes en situa-tion de précarité passe par une action sur les déterminants desanté et la simplification de l'accès aux droits. Plusieurs axesdoivent être développés :

-Le travail en réseau, et notamment le développement desréseaux de santé, outils essentiels pour coordonner une diversi-té d'acteurs.-La mise en place d'un service territorial de santé.-Une coordination forte entre les ARS et les directions régionalesde la jeunesse des sports et de la cohésion sociale (DRJSCS)-Un redéploiement financier nécessaire sur le PRAPS(Programme Régional d’Accès à la Prévention et aux Soins), per-mettant la mise en œuvre effective des actions programmées.

Les membres du comité de rédaction ont souhaité traiter de cetteproblématique centrale de la santé, notamment en témoignantsur leur vécu et leur histoire de vie.

Serge G LaurensAdministrateur FNARS Rhône-Alpes

Echo

Santé: précarité et inégalités

“Nous sommes tous égaux devant l'inégalitéqui régit notre planète.”Jacques Sternberg [écrivain et journaliste].

La France a connu une importante améliora-tion de l'état de santé de sa population,comme en attestent des indicateurs de santépublique : allongement de l'espérance de vie,net recul de la mortalité infantile...Pourtant,les progrès accomplis ne profitent pas à tousde la même manière.

Par exemple, de nos jours, à 35 ans, unouvrier a une espérance de vie réduite desept ans par rapport à celle d'un cadre oud'un professionnel libéral. Cet écart est detrois ans pour les femmes.

Les inégalités sociales de santé suivent unedistribution socialement stratifiée au sein dela population. Chaque catégorie sociale pré-sente un niveau de mortalité, de morbiditéplus élevé que la classe immédiatementsupérieure.

La précarité se définit comme un état d'instabilité sociale caractérisé par la perted'une ou plusieurs des sécurités permettantaux personnes d'assumer leurs responsabili-tés élémentaires et de jouir de leurs droitsfondamentaux.

Ainsi, la précarité est le résultat d'un enchaî-nement d'expériences et de ruptures quiconduisent à des situations de fragilisationéconomiques, sociales et familiales.Les comportements individuels à risque, parexemple, l'alcool ou le tabac, ne sont pas lesfacteurs qui prédominent pour expliquer lesinégalités.

Les déterminants sociaux de la santé sontmultiples et semblent agir en interactioncomplexe et avoir un lien avec la répartitionobservée des comportements défavorables àla santé.

Le Haut Comité de la Santé Publique, dansun rapport de 2002, prenait la mesure durôle des inégalités sociales de santé qui cons-tituent l'une des facettes et une des consé-quence des inégalités sociales.

Les inégalités sociales influent sur la strati-fication sociale et économique. Elles se retro-uvent dans tous les domaines, la politique, lemonde du travail, la culture, les valeurs de lasociété, les revenus, l’éducation, les loisirs...

Les facteurs psychosociaux renvoient austress des conditions de vie et de travail, auxrelations et au soutien social. Les comporte-ments concernent la nutrition, l'activité phy-sique, la consommation de tabac et d'alcool.Ces comportements ne sont pas les mêmesselon les groupes sociaux.

Il existe un consensus pour dire que tous cesdéterminants interviennent, "la manièredont les inégalités sont produites par lessociétés s'expriment dans les corps, l'aspectsocial se transcrit dans le biologique."1

Serge G LAURENS

1Fassin D, Grandjean H, Kaminski M, Lang T, LeclercA, Les inégalités sociales de santé, Inserm-La décou-verte, coll. Recherches, 2000, 448p

page 4

Actu / dossierpage 5

L’accueil et l’accompagnement des

personnes en situation de handicap

physique ou psychique

Le Centre d’Hébergement et de RéinsertionSociale (CHRS) Foyer Vers l'Avenir a été crééen 1963 pour l'accueil et l'orientation des per-sonnes sortant de prison. A partir de 1968, lesmissions d'accueil et d'orientation se sontajoutées à la mission d’hébergement.

Les personnes sont accueillies à partir de 18ans en chambre individuelle. Certaines pré-sentent des problèmes psychiques qui produi-sent des conduites particulières. Quelquespersonnes se rendent quotidiennement à l'hô-pital de jour pour leurs soins. Elles sont trèsdiscrètes au sujet de leur maladie. D'autrespersonnes ont une souffrance qui semble nepas être encore soignée, donnant lieu à desmanifestations parfois dérangeantes et intri-gantes. C'est l'échange entre les hébergés etles professionnels sur ces situations qui per-met d'apaiser à la fois la personne et ceux quivivent autour d'elle. Le point commun de tou-tes les personnes présentes au foyer, c'est“une souffrance”, un manque de confiance, dûà des parcours de vie difficile.

Certaines personnes ont décidé de témoigner.

"Depuis la séparation de mes parents, j'étaistoute petite, je bégaie, je n'aime pas du toutça, j'ai peur que les gens se moquent de moi,et ça me gêne. "

"J'étais au fond du gouffre, je ne savais plusvers qui me tourner. Le foyer m'a accueillisuite à une séparation amoureuse douloureu-se. Je vivais chez mes parents avec un conflitancien et énorme avec mon père. Je devaisquitter le milieu familial avant de faire uneconnerie. Le foyer m'a aidé à me remonter, àsurmonter des difficultés qui seront toujourslà, mais moins importantes. Cela m'a permisde travailler le lien avec mon fils, ainsi qu'avec sa mère. Le CHRS a été pour moi unespace où j'ai pu me poser, être écouté, j'ai purenforcer des liens sociaux, en particulierfamiliaux, qui m'ont permis de me battre etde commencer à m'en sortir. "

"Pour moi qui vais régulièrement à l'hôpitalde jour, la prise de médicaments c'est ce quiest le plus dur, car on se sent endormi. Enmême temps, c'est l'angoisse le plus dur àvivre, alors on est pris entre les deux, prend-re ou ne pas prendre les médicaments? "

"Pour moi aussi le traitement est compliqué,mais l'angoisse est encore plus dure à suppor-ter. Pour moi, la prise de produits illicites estune aide, mais pas sur le fond du problème,car l'angoisse se trouve toujours là. Je suis auCHRS depuis un an, la rencontre avec unéducateur m'a aidé, il m'a tendu plusieursfois la main et n'a pas lâché l'affaire, alorsque j'étais au fond du gouffre. "

"Avant d'arriver au CHRS je vivais avec mamère, je ne sortais pas beaucoup, je n'avaispas de copains, pas de copines ! J'arrive auCHRS avec ma mère, cela me fait du bien, j'aimoins d'angoisse. L'angoisse, ça me fait crierou pleurer et même me mordre, mais cela apassé. Cela est lié à la famille, je leur en veux,parfois, mais pas toujours. Je ne le pardonnepas.

Aujourd'hui, j'ai plus envie de vivre, certainséducateurs me remontent le moral et, enfin,m'écoutent et me croient ! Aujourd'hui on medit que je vais être orientée sur un lieu dejour, de vie, mais pour le moment j'ai peur, çam'énerve. "

Le point commun à tous nos témoignagesc'est l'angoisse, cette angoisse qui démarre àtout âge suivant la vie de chacun.

Pour certains qui ont connu beaucoup delieux différents, ont été baladés entre lesfamilles d'accueil et la rue, le CHRS est unlieu structuré, idéal pour se poser, c'est l'échange qui aide, le faire ensemble.

Témoignages des personnes accompagnées par l’association Vers l’avenir à Riorges (42)

La vie dans l'addiction.

Quels impacts sur les femmes et sur

leurs proches?

Le CHRS Le Grand Saint-Jean en Ardècheaccueille des femmes alcoolodépendantes, enphase de désocialisation, désireuses de rompre définitivement avec l'alcool et motivéespour s'engager dans la reconstruction de leurvie quotidienne. La spécificité de l'établisse-ment est d'accueillir des mères accompa-gnées de leurs enfants.

Le CHRS du Grand Saint-Jean à Saint Péray (07)

Les femmes ont pris le temps d’écrire pourtémoigner de leur vie dans l’addiction.

"Tout au long de ma vie, j'ai toujours étédépendante d'un produit. J'ai commencé parl'héroïne, les médicaments, l'alcool, le canna-bis. Devenant vite dépendante du produit, jetombais bas, me laissant totalement aller parle produit.

A cause de l'héroïne, j'ai volé, ce qui m'aenvoyé en prison. Pareil, pour les médica-ments, je travaillais dans un hôpital où jevolais, j’ai été renvoyée. Pour ce qui est del'alcool, je me suis retrouvée à la rue.

C'est là que j'ai réagi. Aujourd'hui, je ne veuxplus dépendre d'aucun produit. Surtout quej'ai des buts, des objectifs, et les produits n'enfont pas partie. Je suis maintenant conscien-te que les produits sont dangereux pour moi.

Le temps est long, mais la guérison se tra-vaille au quotidien, tous les jours afin que leproduit ne reprenne pas pied, dans ma viepleine d'avenir."

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"J' ai 40 ans et depuis l'âge de 12 ans jeconsomme des produits. J'ai vite été prisedans la spirale de l'addiction. Je n'en ai pastoujours été consciente, la dépendance quelque soit le produit a eu de fortes répercussions sur ma vie, scolaire, professionnelle,familiale, émotionnelle, amoureuse…

C'est l'arrivée de ma fille qui m'a donné laforce de vouloir rompre cette spirale dévasta-trice. Après avoir vécu des situations précai-res, la violence, évité deux fois la prison, étédans la crainte qu'on m'enlève ma fille, jedécide aujourd'hui que tout cela doit stopper.J'ai fait du mal autour de moi, je m'en suisfait aussi, maintenant je réapprend la viesans produit.

Même si ce n'est vraiment pas facile, le challenge en vaut la peine, j'en suis sure.Même si les histoires d'amour avec les pro-duits sont toujours idylliques au début, moije vous le dis, ça finit toujours mal."

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"Je suis devenue malade alcoolique progressivement. Jeune adulte, la consomma-tion était festive, puis ça a été tous les weekend, les vendredi. La dépendance s'est instal-lée. Je consommais tous les soirs, en essayantde gérer la quantité, cela a duré un moment. Les arrêts maladies sont devenus de plus enplus fréquents. Je me suis séparée de monconjoint, cela a été dur : il y avait mes enfantsqui m'ont vu alcoolisée.

page 6Focus

page 7

Le week-end, je dormais, m'isolais pour qu'ilsne me voient pas dans cet état. Je gardais cemal être pour moi, j'ignorais que c'était unemaladie. Je pensais être faible, incapable dem'arrêter, menteuse, honteuse.

Le temps a passé, les enfants sont partisvivre leur vie, je me suis retrouvée seule, faceà moi-même. Ça a été la dégringolade com-plète, à ne plus pouvoir aller travailler. J'aicommencé à faire des cures, suivies de rechu-tes.

Là, j'ai appris que c'était une maladie donton ne pouvait guérir seule. J'ai appris que lesevrage physique est rapide, mais le sevragepsychique est long.

Au bout de trois ans de rythme infernal oùil n'y avait plus que l'alcool qui comptait,j'ai eu la chance d'arriver dans un CHRSspécialisé en addiction, où enfin, j'ai pu tra-vailler sur moi-même. Je sais que ma guéri-son va prendre du temps mais je reprendsdoucement goût à la vie."

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"Mon addiction a commencé à l'adolescence,à ce moment là je ne pensais pas être addicte. J'ai commencé à boire, fumer, pren-dre des drogues douces puis dures, pourenlever ma timidité, mes angoisses, mescomplexes et pour aller vers les autres, mesentir aimée.

Mais plus les années passaient et plus jeconsommais, je ne pouvais plus me passerde tous ces produits alors que je sentais queca me détruisait.

Mes parents m'ont envoyée en cure. Je les aidétestés, car au fond de moi, je n'étais pasprête à arrêter. Dans cette cure, j'ai rencon-tré un homme, on est resté six ans ensem-ble, on a eu un enfant et 6 mois après l'accouchement tout a basculé, avec moncompagnon ça n'allait plus, je me sentaistrès mal.

Un soir je suis sortie, et là j'ai pris de l'al-cool, des cachets, de la drogue. Je me suisretrouvée dans le coma deux jours, à l'hôpi-tal.

Puis, mes parents m'ont faite hospitaliseren psychiatrie. Une semaine après, on m'adit que mon fils était placé et c'était le cau-chemar, j'avais perdu mon ange, j'étaisanéantie. Maintenant, je fais tout pour m'ensortir, mon fils est toujours placé, je me batspour le récupérer.

Trois ans après, je suis arrivée au GrandSaint-Jean, enceinte. J'ai accouché d'unepetite fille qui a maintenant un an. Je suisauprès d'elle, je la vois grandir et je suis denouveau enceinte.

Grâce au CHRS, à mes parents, à mes nou-velles amies, je m'en sors petit à petit, pourdonner à moi, à mes enfants un bel avenir."

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"Je me souviens très bien du jour où je suissortie du déni face à mon addiction à l'al-cool, c'était suite à une rupture amoureuse.J'ai pris conscience que j'avais un problèmed'alcool et qu'il était envahissant. Il mesabotait physiquement et psychologique-ment.

Je venais de perdre l'amour de ma vie, l'al-cool en était le responsable, l'alcool et moi-même ne faisions plus qu'un. Il passaitavant tout. Je ne parvenais pas à me déta-cher de lui, malgré les ravages qui commen-çaient à émerger : perte d'un être cher, dema capacité à être mère et femme, perte demon travail, perte de contrôle…

Malgré ma sortie du déni, je suis restéedans la consommation de nombreusesannées. Des cures ont suivi mais avec desrechutes. Jusqu'à ce jour où ma jumelle,aussi addicte à l'alcool, n'a pas survécu à cefléau.

page 8

Ce drame a failli me laisser la rejoindre,mais grâce à l'accompagnement du GrandSaint-Jean, avec beaucoup d'aide, de travailsur moi-même, je suis aujourd'hui abstinentedepuis 9 mois. Je vis avec cette addiction,mais je l'accepte. Je n'ai plus honte de moi, jene me sens plus coupable du décès de masœur. J'ai retrouvé l'estime de moi-même, legoût de vivre, une certaine confiance, et mesenfants, ma famille se sont rapprochés demoi et sont fiers de mon parcours.

Cette maladie fait partie de moi, mais monregard se tourne à présent vers un avenirriche, serein et sobre afin d'apporter à mesenfants et moi-même équilibre et joie."

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"Quand l'alcool devient la priorité, votre vieet celle de votre entourage en subissent lesconséquences. Je l'ai vécu cet enfer, je n'arri-vais plus à vivre sans ma bouteille, c'étaitmon diesel, ma survie. J'étais seule aumonde et pourtant mes parents faisaienttout pour m'aider. Je souffrais terriblement,mes parents aussi.

A la maison l'atmosphère qui régnait c’étaitl'angoisse, la peur, les pleurs. Les personnesque j'aime le plus ont vécu l'enfer à cause demoi. Je me sentais coupable de tout ça.L'alcool détruit tout à un moment ou unautre."

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"L'addiction m'a amené à vivre des chosesdifficiles : la peur du placement de ma fille,la perte de mon emploi qui a entraîné unmanque de confiance en moi. J'ai déçu monentourage, perdu leur totale confiance. J'aidouté sur l'éducation de ma fille en étantdans le produit, je ne l'ai pas vue grandir.

J'ai ma santé qui se dégrade, une défaillanceau niveau financier.

Je suis obligée de me soigner loin de mes pro-ches, afin de vivre normalement sans pro-duits. J’ai eu des moments de doutes, je mesuis sentie seule, j'ai vécu la perte d’amis.

Maintenant je dois reprendre confiance enmoi pour ensuite réintégrer une vie socialedans une page à tourner, pour créer de nou-veaux projets. Je dois travailler mon autori-té envers ma fille, son éducation, notre rela-tion. Je souhaite emménager avec mon com-pagnon et nos enfants respectifs. Je veuxprendre confiance en moi , retrouver une vieprofessionnelle stable, avoir une vie sociale."

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"Tout a commencé car mon copain me bat-tait, me détestait et m'a trompée. Par lasuite un mariage que je ne voulais pas avecun cousin proche, puis des problèmes fami-liaux, la dépression. Ensuite, avec une copi-ne qui partait acheter de la drogue dure surGenève, je me suis retrouvée dans la drogueen la goûtant une fois.

Puis c'est devenu une addiction. Jamais jen'aurai cru tomber dedans. J'ai commencé à25 ans, je me suis retrouvée dans une postcure. J'ai eu une fille avec un homme quej'aimais, en qui je croyais.

Ensuite beaucoup de galères, le placement dema fille. J'ai dormi dehors, vendu des pro-duits pour en racheter, volé, alors là on réflé-chit.

Cette troisième cure, je la fais pour moi etma fille. Aujourd'hui, je suis plus forte, je nepense plus aux produits, la force de ma fille,de mon entourage m'aident.

Je pense y arriver. Je commence seulementmais j'y crois, ma fille m'a fait réfléchir, pourne pas la perdre complètement. Je suis là etj'y resterai jusqu'à la fin."

Témoignages de Solenn, Ludivine, Christine, Christel,Florence, Elodie, Sherifa, Nadège, accueillies au CHRS Le

Grand Saint-Jean à Saint Péray (07)

Le travailleur pair et son rôle dans

l’ accompagnement santé et la ré

duction des risques

Lola Perreaut est travailleuse pair au serviceTotem de l’association “Le Relais Ozanam” enIsère. Elle témoigne de son métier.

Un travailleur pair, appelé aussi médiateur desanté ou pair-aidant est un salarié qui partageune ou des expériences communes avec la communauté de personnes vers qui est orien-té l'objet de l'association. Le travailleur pairpeut inculquer son savoir et le mettre au ser-vice des usagers et des professionnels de lastructure, il est un facilitateur du lien entreusagers et professionnels.

Ce métier représente une nouvelle façon devoir les rôles de chacun, usager comme profes-sionnel. Dans le cadre de la santé communau-taire, les différentes actions s'articulent essen-tiellement autour de la toxicomanie et de laprostitution. De nos jours, certaines initiati-ves prometteuses concernent les secteurs psy-chiatriques.

Le service Totem constitue l'un des premiersservices de santé communautaire dont les cri-tères d'admissions sont sociaux. J'ai intégré leservice Totem en 2011 comme animatrice deprévention santé et travailleuse pair. A monarrivée, j’ai mis en place un espace de docu-mentation sur la réduction des risques (RDR),sur l'usage de psychotropes, la substitutionaux opiacés, les modes de consommation et lemode de transmission des maladies sexuelle-ment transmissible.

Je fais également des entretiens d'écoute, deconseils et d'orientation, je mets à dispositionponctuellement du matériel de réduction desrisques. Je me suis par la suite occupée demettre en place des formations participativessur la RDR, auprès des professionnels et usa-gers du secteur sanitaire et social. Le soutienque j'apporte aux usagers concerne tout aussibien des conseils sur l'addictologie, la toxico-manie et l’alcoologie, que l'orientation, l'ac-compagnement lors de rendez-vous, ainsi quetoutes les activités de lien social pouvant aiderà l'implantation des personnes au sein de leurquartier.

J'ai créé en collaboration avec une infirmière,psychologue, addictologue et sexologue, ungroupe de parole et de soutien pour les personnes substituées aux opiacés. Il est ouvert àtoutes les personnes le souhaitant même si celles-ci ne sont pas intégrées au serviceTotem. Ce groupe s'adresse aux personnes quise déterminent elles mêmes en substitutionavec ou sans suivi et prescription médicale.On entend par substitution des produits telsque la Méthadone et le Subutex® mais aussile Néocodion, le Skénan, l'Actiskénan …

J’ai en projet d’intégrer les maraudes du 115pour y apporter l’approche du travail pair etde la RDR. En septembre 2013, un deuxièmetravailleur pair a intégré Totem. Nous tra-vaillons aujourd'hui pour définir clairementles rôles de chacun afin qu'ils se complètentpar leurs spécificités. Devenir une équipe nouspermet de travailler sur notre identité, dedévelopper et d’évaluer, avec l'observationd'un sociologue, ce métier où la question del'expérience est prépondérante.

Je travaille sur la prise de contact avec d'autres travailleurs pairs afin d'harmonisernos approches. Nous travaillons à diffuser lesméthodes du travail pair et à faire évoluer lesmentalités pour que la reconnaissance denotre action soit effective, avec comme priori-té le rétablissement des usagers.

Lola Perreaut, travailleuse pair au Relais Ozanam -Service Totem (38)

page 9Témoignage

page 10

Expression libre

La bouteille

Je vis dans une bouteille, triste, vide et sans amourLes murs de ma demeure de verre sont noirs et lisses

Et seul en haut, tout en haut, un petit orificeMa laisse parfois voir la lumière d'un jour

Qui se termine trop vite et me plonge dans le noirPareil au scarabée dans son bocal de verre

Moi, dans ma petite bouteille, j'essaie comme luiEspoirs inutiles

Je retombe par terreEt mes chutes peu à peu meurtrissent mon dos fragile.

Mon espérance et mes crisD'espoir sont-ils vains ?

Y aura-t-il un jour un inconnu, quelqu'unQui de toute sa force lancera une pierre

Contre cette bouteille pour en briser le verre ?

Ces poèmes ont été rédigés par Philippe et Eugène et les tableaux réalisés dans le cadre de l’atelier peinture del’association Etape/Collectif 31 (07).

Rétrospective

Reculer pour mieux sauterReculer pour regarder cette vie passéeRegarder ces 46 années à moitié gâchéesRétrospective d'une vie d'addictionsQui me laisse l'impressionQue le temps est venu de faire attention.Mon corps réclame une trêveMon esprit attend impatientDe moment tant attenduSans malentenduQue cesse cette consommationDe ce produitQui me fait perdre la raison.

Bouteille

Bouteille à moitié videBouteille à moitié pleine

Il n'y a pas de juste milieuPas de bonheur dans ce liquide capricieux

Bouteille pleine te rend heureux ?Bouteille vide te rend malheureux !

Ouvres les yeux, si tu le peuxCar cette bouteille assassine

T'empêche de vivre des jours heureux.

page 11

Bulletin " Le 31 "

Le petit journal interne de l'associationEtape-Collectif 31 en Ardèche permet aux per-sonnes accueillies, aux salariés et aux bénévo-les de travailler ensemble à l'écriture d'arti-cles et de créer des espaces d'échanges et departage. Le journal est un aperçu de la vie ausein de l'association et permet de rendrecompte du ressenti et du vécu des personnesaccueillies.

Stratégie nationale de santé : pour une

vraie prise en compte de la santé des

publics précaires

Le 8 février dernier, Jean-Marc Ayrault char-geait Marisol Touraine, Ministre des Affairessociales et de la Santé, de piloter ce que doitêtre la nouvelle stratégie nationale de santé(SNS). Celle-ci a pour objet de refonder la poli-tique publique en matière de santé pournotamment réduire les inégalités de santé etrenforcer les parcours de santé sur les territoi-res.

Les trois grandes orientations de la stratégienationale de santé sont de prioriser la préven-tion sur le curatif et agir sur les déterminantsde santé, de mieux organiser les soins pour lespatients, en leur garantissant l'égalité d'accèset de miser sur la déconcentration et renforcerla démocratie sanitaire.

La FNARS Rhône-Alpes a rédigé une contri-bution qui a été envoyée à l'Agence Régionalede Santé. Vous pouvez télécharger de documents surnotre site internet www.fnars-ra.org, rubrique santé.

Permanences d'accès aux soins de

santé : 3ème colloque national - 8ème

rencontre régionale

Vendredi 16 mai 2014 à l'Espace Malraux à Chambéry.

"Soignons ensemble, soyons ensemble", le

3ème colloque national des PASS(Permanence d’Accès aux Soins de Santé)aura pour fil rouge la place et la participationdes publics en situation de grande précaritésociale à l’élaboration des dispositifs qui lesaccompagnent.

Le colloque est co-organisé par le CentreHospitalier de Chambéry, l'APPASSRA(Association des Professionnels desPermanences d'Accès aux Soins de SantéRhône-Alpes) et l'association RESPECTS 73et avec le soutien du collectif PASS (www.col-lectifpass.org) et de l'Association Régionaledes Professionnels des PASS Midi Pyrénées(ARPPASS-MIPY).

Plus d'informations sur le site internet du centre hospi-talier de Chambéry.

La commission santé de la FNARS

Rhône-Alpes s'élargit à des nouveaux pro-fessionnels et aux personnes concernées parles questions de santé.

La commission santé est un espace d’échangeset de réflexion sur les questions de santé etd’accès aux soins des personnes en précarité.Si vous souhaitez participer aux prochainescommissions, contacter la FNARS Rhône-Alpes.

Le prochain CCRPA (Conseil ConsultatifRégional des Personnes Accueillies) aura lieule 17 avril à Annecy.

Pour plus d'infos sur le lieu de la réunion etl’ordre du jour, visitez notre site internet :www.fnars-ra.org

A venirInformations

Un des axes du projet fédéral de la FNARS est le développement de la

participation des personnes accueillies en tant que citoyens, aux

processus de consultation et de concertation concernant la vie locale et

l'élaboration des politiques publiques les concernant en premier lieu. En

Rhône-Alpes, la FNARS a déjà initié plusieurs actions impliquant une

participation active des personnes accueillies.

Avec le soutien de la Région Rhône-Alpes, de la DRJSCS et de la Ville

de Lyon et suite à une demande des représentants des

personnes accueillies et des présidents de Conseils de Vie Sociale, la

FNARS Rhône-Alpes a choisi d’élaborer, avec les personnes

accompagnées, un journal régional.

La FNARS Rhône-Alpes

- 100 associations adhérentes dans la région

- 150 établissements sociaux et médico sociaux, 90 CHRS (Centres d'Hébergement et de Réinsertion Sociale)

- Des CADA (Centres d'Accueil pour Demandeurs d'Asile) et des CPH (Centres Provisoires d'Hébergement)

- 6000 places en hébergement, 8 000 personnes accueillies et hébergées chaque année dans la région

- 580 salariés (assistantes sociales, éducateurs spécialisés…)

- le n° d'urgence 115 dans les départements

- 40 ACI (Ateliers et Chantiers d'Insertion) et 6000 salariés en insertion chaque année

FNARS Rhône-Alpes - 13 rue Raoul Servant - 69 007 Lyon

Tél : 04 37 70 19 19 / Fax : 04 72 71 43 92

www.fnars-ra.org / [email protected]

Appel à contribution

Le Journal “Paroles de Citoyens” est un journal participatif dont les articles sont conçus et rédi-gés par les personnes accompagnées des associations de la région Rhône-Alpes, avec les tra-vailleurs sociaux, qui participent au Conseil Consultatif Régional des Personnes Accueillies.

Les rédacteurs sont réunis au sein d'un comité de rédaction qui choisit et rédige les sujets des articles. La démarche participative de ce projet a pour vocation d'élargir le nombre de contributeurs, nous invitons les personnes accompagnées et les travailleurs sociaux à y participer.

La FNARS Rhône-Alpes lance un appel à contribution pour le numéro 5 du journal “Paroles deCitoyens“ à paraître en juillet 2014.

Si vous souhaitez participer à l'écriture d'un article dans le journal ou participer au comité derédaction, n'hésitez pas à nous le faire savoir en envoyant un mail à [email protected]