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Partant d’Herta Müller… des auteurs roumains et hongrois dans la tourmente de l’Histoire Mars 2011

Partant d’Herta Müller… des auteurs roumains et hongrois · comme représentant allemand de l'Oulipo. Ce sont ses souvenirs de déportation qu’Herta Müller a recueilli et

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Partant d’Herta Müller…

des auteurs

roumains et hongrois dans la tourmente de l’Histoire

Mars 2011

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La force poétique d’Herta Müller Herta Müller est née en Roumanie en 1953. Elle y a étudié les littératures allemande et roumaine entre 1973 et 1976, avant de travailler en tant que traductrice dans une usine de machines industrielles. Refusant de collaborer avec les services secrets roumains, elle est mise sur écoute et menacée à de nombreuses reprises. Entrée très tôt en conflit avec la politique autoritaire du régime de Nicolae Ceausescu, l'écrivain doit attendre quatre ans avant que ne soit édité son premier roman, amputé par la censure. La version originale qui paraît finalement en Allemagne vaut à Herta Müller une reconnaissance immédiate mais scelle la fin de sa carrière littéraire dans son pays d'origine. C'est à Berlin, où elle s'installe en 1987, qu'elle rédige ses romans suivants, qui évoquent le destin douloureux des minorités allemandes dans la Roumanie de l'après-guerre. En 2009 elle reçoit le prix Nobel de littérature pour l'ensemble de son œuvre « qui, avec la concentration de la poésie et l'objectivité de la prose, dépeint les paysages de l'abandon. »

L'Homme est un grand faisan sur terre. Gallimard, 1990 Der Mensch ist ein Grossser Fasan auf der Welt. Fischer, 2009

La vie d'une petite communauté allemande en Roumanie, dont les membres cherchent à émigrer et dont l'identité est menacée.

Le renard était déjà le chasseur. Seuil, 1997 Der Fuchs war damals schon der Jäger. Fischer Taschenbuch Vlg., 2009

Aux abords d'une grande ville roumaine, où les habitants vivent en symbiose avec leur environnement naturel malgré la dictature et le modernisme des technocrates du parti, des personnages entremêlent leur vie au fil des événements qui font et défont

La convocation. Métailié, 2001 Heute wär ich mir lieber nicht begegnet. Rowohlt Verlag, 1999

La narratrice, ouvrière dans une usine qui travaille pour l'Italie, a été convoquée par la Securitate. Elle est dans le tramway et lutte pour ne pas se laisser entraîner par

son angoisse et le sentiment d'humiliation. Pendant le trajet, elle voit en flash-back les principaux épisodes de sa vie, elle regarde aussi les passagers autour d'elle et décide de ne pas se rendre à la convocation.

La bascule du souffle. Gallimard, 2010 Atemschaukel. Carl Hanser Verlag, 2009

En Roumanie, en janvier 1945, certains germanophones de Transylvanie et de Banat sont déportés en Russie, soupçonnés d'avoir soutenu l'Allemagne nazie durant la guerre. Leopold prépare sa valise sans savoir qu'il s'apprête à passer cinq ans dans

un camp de travail soviétique. Il raconte le froid, la faim, le découragement, des conditions de vie qui tueront plus de trois cents déportés.

21 poèmes-anagrammes d'après Hebel / Oskar Pastior Théâtre typographique, 2008

Oskar Pastior, roumain de la minorité germanophone, est surtout connu en France comme représentant allemand de l'Oulipo. Ce sont ses souvenirs de déportation

qu’Herta Müller a recueilli et dont elle s’est inspirée pour créer Léopold Auberg, personnage principal et narrateur de son roman La bascule du souffle. Les 21 poèmes qui composent ce recueil sont présentés comme des grilles de mots-croisés, accompagnées de leur définition, résolues sous forme d'anagrammes.

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L’œuvre d’Herta Muller porte la marque de ses origi nes, faites de superpositions. Aires linguistiques, minorités ethniques, découpages poli tiques… après une longue tradition de coexistence multiculturelle, la Roumanie et la H ongrie ont cruellement vécu les coupes sombres des frontières en Europe : de la gue rre froide jusqu’aux années 1990, le roman témoigne. Face au totalitarisme, comment cons erver son identité, sa langue, sa culture ?

Joska Atyin n'aura personne pour le lui rendre / Béla Osztojkan Fayard, 2008

Inspiré de faits réels qui touchèrent dans les années 1950 la communauté tsigane d’un village de Hongrie, le récit s’ouvre sur les prémonitions d'une centenaire sur la proche fin du monde, tournées en ridicule par les habitants. A la fois roman historique,

fable, comédie humaine, cette épopée nous introduit auprès d’hommes et de femmes en marge de la société qui, faute de comprendre ce qui leur arrive, réinventent un monde. Ecrivain hongrois tzigane, Béla Osztojkan a été très marqué par ses origines, près de la frontière roumaine, et situe tous ses récits dans cette région pauvre.

Départ et retour / György Konrád Mille et une nuits, 2002

Sur les quelque mille Juifs de Berettyóújfalu dans l’est de la Hongrie, la famille Konrád était la seule dont tous les membres aient survécu à la déportation. Le père de György a repris son commerce, il a pris chez lui les cousins et une cousine de Konrád,

devenus orphelins. En 1950, le magasin de son père et leur maison ont été nationalisés, les parents ont rejoint leurs enfants scolarisés à Budapest. Ce roman autobiographique retrace la lutte du jeune Konrád pour assurer sa survie. Ecrit dans un style "pointilliste", une succession d'instantanés, il offre un tableau intéressant du bouleversement subi par la Hongrie avec l'invasion des Russes.

Paysans du Danube / Marin Sorescu J. Chambon, 2006 (Métro)

Scènes vives, ironiques et tendres qui font revivre, à travers la vie des habitants d'un village, l'esprit de cette Roumanie que le gouvernement a tenté de faire disparaître. Marin Sorescu s’est montré fidèle à ses origines paysannes : il a « gardé la langue »

comme l’ont gardée et transmise les paysans roumains au cours des âges et il a mis la sienne, celle d’un grand écrivain, au service de ceux dont il est issu.

La visite de l'archevêque / Ádám Bodor R. Laffont, 2001 (Pavillons. Domaines de l'Est)

Dans une ville aux odeurs pestilentielles, où la moitié des habitants vit dans un camp "d'indésirables" tandis que l'autre est essentiellement composée d'étranges ecclésiastiques, un jeune homme vient chercher la dépouille de son père. Mais, les

semaines durent des mois, les formalités sont sans cesse reportées... Un conte à la cruauté surréaliste et à l’ironie burlesque. Cet écrivain né en Transylvanie en 1936 et réfugié en Hongrie au début des années 1980 a su laisser courir son imagination pour s’édifier un monde littéraire très personnel.

L'orchestre le plus triste du monde / László Darvasi Actes Sud, 1999

L'univers de Laszlo Darvasi foisonne d’histoires incongrues et de personnages comme sortis d’une légende. On y retrouve l’ambiance rurale et décalée si chère aux écrivains et cinéastes est-européens. Un monde apparemment réaliste qui s'ouvre sur l'onirisme

et le surréalisme. Malgré une intemporalité apparente, chacune de ces nouvelles évoque à sa manière la situation des pays de l’est lors de ces dernières décennies : communautés défaites, individus brisés, langue amputée, nature détournée…

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La symphonie du loup / Marius Daniel Popescu J. Corti, 2007

Récit autobiographique, brassant plusieurs cultures et des expériences de plusieurs générations dans la Roumanie de la dictature. L'auteur y évoque des scènes capitales de son adolescence, l'annonce de la mort accidentelle de son père et le

souvenir de son grand-père paternel, figure tutélaire, faisant pendant à celle du père disparu.

Un Sosie en cavale / Oana Orlea Seuil, 1986

Au cœur même du système totalitaire, un monde où la dissimulation et le rôle qu'on doit tenir sont la seule façon de survivre. Une intrigue policière d'une efficacité redoutable. Alliance du grotesque et de l'horrible, du terrifiant et du burlesque.

Épépé / Ferenc Karinthy Denoël, 2005 (Et d'ailleurs)

Un linguiste hongrois nommé Budaï se rend à Helsinki pour un congrès. Mystérieusement, son avion atterrit dans une ville immense et inconnue dont il ne connaît et ne comprend nullement la langue. Tandis qu'il cherche désespérément à

retrouver sa route, le mur d'incompréhension se resserre chaque jour sur lui. Publié en 1970, ce texte ne va pas sans rappeler la société de l'époque… à moins qu'il ne s'agisse de la vision anticipée des métropoles du XXIe siècle... L'écriture, efficace et saisissante, confère à ce récit cauchemardesque une dimension lamentablement comique qui ne fait qu'accroître l'intensité du texte.

Revu et corrigé / Péter Esterházy Gallimard, 2005 (Du monde entier)

Retrace la détresse d'un fils trahi par le père adulé. Ce texte révèle que Matyas Esterhazy a été un agent de la police secrète du régime communiste pendant plus de 20 ans. En livrant de larges extraits du dossier de son père, l'auteur livre un

témoignage sur une sombre période de l'histoire de la Hongrie et exprime la détresse d'un fils dévasté par le mensonge de son père.

Des poissons sur le sable / Radu Anton Noir sur blanc, 1997

" Qu'est-ce qu'il a donc, notre Delta, pour attirer autant de fous ? " Une jungle bouillonnant de vie en pleine Europe centrale, un monde sauvage, primitif, dangereux et spectaculaire bouillonnant de mort, les destinées d'un village de pêcheurs, mi-

cosaques mi-roumains, oppressés par une nature agressive et par le communisme absurde des années Ceausescu, fait de pauvreté, de corruption, d'arbitraire et de lutte pour la survie : voilà ce qui attire les "fous", qu'ils soient de passage ou installés à demeure, dans ce roman étrange et envoûtant.

L'aile tatouée / Mircea Cartarescu Denoël, 2009 (Et d'ailleurs)

Après les ravages de la seconde guerre mondiale dans Orbitor, après les années 1950-60 dans L’Oeil en feu, nous voici en 1989 ; la fin du régime communiste roumain sert de toile de fond à L’Aile tatouée, et la réalité de tremplin à la peinture de

grands tableaux oniriques. Ces quatre chroniques explorent la généalogie familiale dans le contexte historique et politique de la Roumanie de l’époque, jusqu’à l’effondrement de la République socialiste de Roumanie. Ce tableau est traité avec un certain humour, l’humour de ceux qui subissent la présence de l’autorité à tous les instants de la vie.

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La langue perdue / Giorgio Pressburger Actes Sud, 2008

Vers la fin des années 1950, un petit pays de l'Est est envahi par une puissance étrangère. Andreas, un étudiant qui vit dans la capitale, doit s'exiler ; il trouve refuge en Italie, après un voyage riche en péripéties. Pour ce jeune homme devenu orphelin de sa langue maternelle, c'est le début d'une véritable métamorphose. Giorgio Pressburger a lui-même quitté la

Roumanie pour l’Italie en 1956 et a écrit toute son œuvre en italien.

Un train pour Trieste / Domnica Radulescu Belfond, 2010

A travers l'odyssée d'une adolescente de Bucarest jusqu'à la lointaine Amérique, ce roman brosse un bouleversant portrait de femme en quête d'identité et de liberté. Roumanie, 1977. Mona, impulsive gamine de dix-sept ans, aime Mihai. Mais, autour d'eux, le monde sombre et

l'étau de la dictature devient chaque jour plus insupportable. Alors, pressée par ses parents, Mona va devoir fuir. Elle réussit à prendre le fameux " train pour Trieste ". Seule, terrifiée, sans avoir pu dire au revoir à Mihai. Des années plus tard, installée aux Etats-Unis, Mona comprend qu'elle doit retourner dans ce petit village des Carpates où elle avait rencontré Mihai, pour découvrir la vérité sur son premier amour... Née en Roumanie, Domnica Radulesca s'est installée aux Etats-Unis en 1983, elle a écrit ce premier roman directement en anglais.

Le roi blanc : roman / György Dragomán Gallimard, 2009

En Roumanie, au milieu des années 1980, le narrateur, 10 ans, cueille des tulipes pour sa mère, afin de remplacer le bouquet que son père lui offrait traditionnellement. Son père est officiellement en mission, mais le jeune garçon comprend qu'il a été déporté, car c'est un

opposant au régime. Au bout de quelques mois, sa mère se résout à demander l'aide d'un dirigeant du Parti communiste. Les parents de György Dragomán, roumains de langue hongroise, quittent la Roumanie en 1988 et émigrent en Hongrie.

Promenade / Attila Bartis Actes Sud, 2009 (Lettres hongroises)

L'histoire d'une jeunesse au temps des révolutions et contre-révolutions dans un pays communiste. Entre 9 et 18 ans, le personnage principal est le témoin d'une série d'atrocités subies par ses proches, mais aussi de la cruauté naissant dans son propre cœur. Né dans une famille roumaine de langue hongroise, Attila Bartis

déménage avec ses parents à Budapest en 1984, où son père, journaliste, espère se libérer des fortes pressions qu'il subit.

Le dompteur de loups / Bujor Nedelcovici Actes sud, 1994 (Lettres roumaines)

La trace de Vlad, journaliste roumain émigré des années auparavant, a été perdue. Dans la ferme suisse où sa femme, Ana, finit par le débusquer, Vlad élève des chiens-loups. Il a changé : l'intellectuel d'hier vit en osmose avec la terre et semble étranger à

ses proches. Des événements troublants viennent souligner un sentiment de profond malaise et le dompteur de loups, pourtant profondément ancré dans la réalité, commence à apparaitre comme un être quasi surnaturel. Bujor Nedelcovici, né en Roumanie en 1936, vit à Paris et écrit en français. La malédiction de l'exil est ici élevée au rang d'épreuve initiatique.

La preuve / Agota Kristof Seuil, 1991

Après Le grand cahier qui dépeint les horreurs de la guerre, nous retrouvons dans La preuve les deux héros jumeaux, séparés : l'un est en exil, l'autre est resté dans son pays pacifié mais dominé par un régime autoritaire. Avec Le troisième mensonge, le

temps serait-il venu d'ouvrir les yeux sur la vérité ? À l'âge de 21 ans, Agota Kristof quitte son pays, la Hongrie, alors que la révolution des Conseils ouvriers de 1956 est écrasée par l'armée soviétique. Elle, son mari et leur fille âgée de 4 mois s'enfuient vers Neuchâtel en Suisse où elle vit depuis 1956. Son œuvre est marquée par cette migration forcée.

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L'exil d'Alexandra / Anca Visdei Actes Sud, 2008 (Un Endroit où aller)

Alexandra, jeune dramaturge de talent, fuit la Roumanie en 1974 et s'exile en Suisse. Confrontée à la solitude et aux privations, elle puise du courage dans la correspondance qu'elle entretient avec sa jeune sœur Ioana, restée au pays. Une

correspondance qui offre un regard dédoublé sur la Roumanie au temps de la guerre froide.

Le retour du hooligan : une vie / Norman Manea Seuil, 2006

Le livre commence en 1997 à New York, où l'auteur est établi depuis dix ans. Il hésite à accepter l'invitation de son directeur de l'accompagner pour un voyage en Roumanie. Finalement, il part dix jours dans ce pays qu'il a fui en 1986. Entre-temps, sa mère est morte, le communisme s'est

effondré (du moins en apparence). Norman Manea évoque sa vie, entre réalité et hallucination, dans un décloisonnement des temps et des époques. Né en Bucovine en 1936, il a été déporté en Transnistrie, comme tous les juifs de la région, en 1941. A son retour, en 1945, il découvre le malaise, l'hypocrisie. Bientôt, il participe à l'aventure communiste, dont il découvre vite la face tragicomique qui culmine avec Ceausescu. Mais lorsqu'il choisit l'exil, l'auteur sait aussi ce qu'il perd : sa langue, seul et dernier ancrage.

Depuis la chute du Mur de Berlin, il s’agit de se r econstruire et de s’intégrer à un nouvel ensemble européen. Partir reste d’actualité : à cô té de la question des minorités ou des frontières politiques, une nouvelle ligne de partag e est à présent économique. Partir, rester, mais aussi revenir ? Quels sont les nouveau x repères d’une société qui a changé ?

Le matin d'un miracle : roman / Bujor Nedelcovici Actes sud, 1992 (Lettres roumaines)

A Bucarest, où elle est revenue depuis trois ans, après avoir quitté Paris et l'homme qu'elle aime, Maria ne parvient pas à retrouver ses repères. Un cheminement initiatique dans une Roumanie appréhendée dans sa réalité quotidienne et

contemporaine.

Requiem pour salauds et fous / Augustin Buzura Noir sur blanc, 2001

Une ville des régions minières de Roumanie, dans les années 90. Parce qu'il est depuis peu harcelé de lettres anonymes et de coups de téléphone menaçants, le directeur d'un important journal d'opinion, Matei Popa, se voit contraint de fouiller

dans son passé afin d'y découvrir les ennemis qui pourraient sévir encore aujourd’hui. La puissance occulte de la Securitate serait-elle toujours aussi forte après la révolution ? Un tableau vivant – et parfois cruel – d’une petite ville roumaine aux prises avec les difficultés de l’après-totalitarisme.

Étrange matière : nouvelles / Terézia Mora L'Esprit des péninsules, 2002 (Europe et un)

Des hommes et des femmes vivant dans de petits villages hongrois à la frontière de l'Autriche, à la recherche de la liberté, de la fuite : passer la frontière ou se noyer dans l'alcool ou la folie. Le caractère archaïque des personnages, la présence des

quatre éléments confèrent à ces nouvelles des allures de contes magiques. Terézia Mora est née en Hongrie en 1971, près de la frontière autrichienne, elle a fait de sa région d’origine le décor de ces dix nouvelles, pétries de l’étrange matière autobiographique du souvenir.

Hôtel Europa / Dumitru Tsepeneag POL, 1996

Après la chute du Mur de Berlin, nombreux sont les jeunes qui ont été attirés par l'Occident. Parmi eux, le jeune Ion s'est lancé dans l'aventure et devient une sorte de

Jacques le Fataliste des années 90. Un roman à rebondissements sur un fond de monde postcommuniste avec lequel l'Ouest rechigne à partager. Dumitru Tsepeneag fut dans les années 1960 et 1970, avec le poète Leonid Dimov, le chef de file de l’onirisme, le seul courant littéraire à s’opposer au réalisme socialiste officiel.

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Tout est loin / Sándor Tar Actes Sud, 1996

Quatre jeunes hommes se sont trouvés réunis par la force des choses : un même travail comme ouvriers du bâtiment ; une chambre partagée dans une maison, près d'une voie ferrée, quelque part en Hongrie ; les mêmes distractions... Un jour, le patron

leur propose d’aller faire de l’argent en Allemagne. Commence un voyage qui va les conduire vers un nouveau chantier. Totalement à rebours des antiques glorifications du monde du travail et sans concessions pour un recours aux valeurs profondes de l’humanisme, Sandor Tar donne une tonalité particulièrement sarcastique à cette fin de siècle industriel et urbain.

Le prix de l’honnêteté : véritable histoire d’une e nquête policière / Akos Kertesz L’Harmattan, 2002

Un flic tsigane aux prises avec le crime, la corruption, le détournement de fonds, le racisme, l'immoralité, et toutes ces sortes de choses, bref tout ce qui fait les joies de la Hongrie d'aujourd'hui. Le prix de l'honnêteté est fait d’insolence, de grincements de

dents, de trouvailles stylistiques, de brutalité. Akos Kertesz est né en Hongrie en 1932.

Le Masseur aveugle / Catalin Dorian Florescu Liana Levi, 2008

Portrait de la Roumanie d'aujourd'hui. Ayant fui le pays dans les années 1980, Teodor s'est installé en Suisse où il a fait carrière dans les affaires. Vingt ans après, il y retrouve un monde de superstition et de mensonge tandis que l'ouverture du pays à

l'Europe incite certains à tenter leur chance ailleurs. Dans une petite ville thermale, Ion, un masseur aveugle, changera le cours de sa vie. Cătălin Dorian Florescu s’est lui-même établi en Suisse en 1982.

Notre envoyé spécial / Florin Lazarescu Éd. des Syrtes, 2007

Antoine est journaliste à la page culturelle d'un grand quotidien. Pris dans le mécanisme abrutissant de la presse à scandale, il rêve de réaliser un quotidien indépendant sur l'essence même de l'univers. Une savoureuse satire de la Roumanie

postcommuniste. Florin Lazarescu s’impose comme le chef de file de la nouvelle génération d’écrivains roumains, affranchis de l’emprise du communisme. C’est une littérature inspirée par le spectacle du monde d’aujourd’hui qui évite les clichés, le manichéisme ou le caractère militant. Son écriture est empreinte d’une fantastique désinvolture et ses héros pittoresques se font aussi les porte-parole d’une nouvelle société roumaine à la recherche de nouveaux points de repères.

Comment oublier une femme / Dan Lungu J. Chambon, 2010

Andi doit se rendre à l'évidence, Marga ne reviendra plus. En bon journaliste qu'il est, il se lance alors dans une investigation minutieuse de leur passé commun. Parallèlement il enquête sur les juteuses affaires des potentats locaux comme sur les

pratiques intégristes d'une église néoprotestante. D'abord amusé par ces idéalistes qui eux, n'ont pas changé, rebuté par des pratiques frôlant le ridicule, il finit par trouver un certain réconfort auprès de ces dévots d'un autre âge qui, contre vents et marées, croient en la fraternité. Un portrait de la Roumanie convertie au capitalisme et les dérives qui en découlent.

La croisade des enfants : roman / Florina Ilis Éd. des Syrtes, 2009

En Roumanie, des enfants en partance vers une colonie de vacances, au bord de la mer Noire, voient leur train détourné par un groupe d'écoliers qui souhaitent la liquidation des orphelinats et autres maisons d'accueil. Ils organisent la résistance en

face des troupes spéciales venues de Bucarest pour les arrêter. Une fresque sur le chaos postcommuniste roumain confronté à ses propres dilemmes : progrès et adaptation, innocence et compromis…