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Participation des Citoyens a la reforme du secteur de la securite: defis et opporunties

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C'est le rapport finale pour le program de Partners for Democratic Change sur l'engagement des citoyens a la réforme du secteur de la sécurité dans la région du fleuve Mano.

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REMERCIEMENTSNotre organisation, Partners for Democratic

Change, tient à exprimer ses sincères remercie-ments à Mike Bittrick et Susan McCarty du Bureau Afrique du Département d’Etat américain, à Mad-ame Saran Daraba Kaba, Secrétaire générale de la Union du Fleuve Manoet oratrice principale lors du symposium, au Colonel Sue Ann Sandusky, à Todd Coker, Lina Kray et Nancy Estes des missions diplomatiques et de développement des Etats-Unis dans la région du Fleuve Mano, à Ely Dieng pour son intervention sur la participation des citoyens à la réforme de la sécurité, ainsi qu’à Fatoumata Di-allo, Mathurin Houngnikpo, Emile Ouédraogo, et Oury Traoré, animateurs du symposium de Mon-rovia, pour leur soutien au projet Engagement des citoyens dans la réforme du secteur de la sécurité. Elle tient également à remercier le Général Lamine Cisséet le Colonel Birame Diop, respectivement Président du Conseil d’administration et Directeur

exécutif de Partners Sénégal et le Centre d’études stratégiques de l’Afrique (ACSS) qui a bien voulu autoriser le Dr Houngnikpo à participer, avec nous, à cet événement et pour son engagement continu en faveur de la réforme du secteur de la sécurité dans la région.

A Maguette Diaw et son équipe nous disons merci pour leurs services impeccables de traduc-tion simultanée sans lesquels les discussions entre les participants n’auraient pas été possibles lors du symposium. Nous tenons à remercier tout particu-lièrement Seanan Denizot et son équipe de Man-grove Management pour l’appui logistique fourni lors du symposium. Enfin, Partners for Demo-cratic Change remercie tous les participants qui ont donné de leur temps et de leur expertise pour la réussite de l’événement. Sans ce groupe engagé d’experts, il aurait été impossible d’organiser ce symposium.

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Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Buts et objectifs de l’initiative . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

1) Approches utilisées au niveau régional en matière de sécurité: défis et opportunités . . . . .

Contexte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Résultats tirés des présentations et des discussions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

2) Participation des citoyens à l’amélioration de la sécurité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Contexte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Résultats tirés des présentations et des discussions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

3) La décentralisation comme moyen d’améliorer la sécurité nationale . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Contexte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Résultats tirés des présentations et des discussions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

4) Mobilisation des ressources pour la réforme et la gestion de la sécurité . . . . . . . . . . . . . . . .

Contexte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Résultats tirés des présentations et des discussions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Principales conclusions et recommandations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

A propos de la participation des citoyens dans le projet de réforme du secteur de la sécurité . . .

Annexe A- Liste des participants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Annexe B- Programme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

TABLE DES MATIÈRES 4

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INTRODUCTIONLe présent rapport présente le résumé d’une sé-

rie de questions importantes liées à la participation des citoyens à la réforme du secteur de la sécurité (RSS) en Afrique de l’Ouest. Il met à contribution la documentation disponible sur ces questions ainsi que les résultats d’un projet régional ayant abouti à la tenue d’un symposium à Monrovia, au Libéria en septembre 2012. Le projet Engage-ment des citoyens dans la réforme du secteur de la sécurité dans la région du Fleuve Mano (CERSS) était axé sur les principaux défis d’ordre sécuritaire auxquels la région est confrontée et a exploré les possibilités de réaliser des progrès encore plus im-portants sur la réforme du secteur de la sécurité et d’améliorer la sécurité des citoyens dans la région du Fleuve Mano. Le présent rapport s’appuie sur les leçons apprises au cours de la mise en œuvre du projet ainsi que sur les travaux des principaux ex-perts contemporains de la RSS pour proposer des analyses sur les thèmes suivants:

THEMES¬ 1 Approches régionales en matière de sécurité:

défis et opportunités

¬ 2 Participation des citoyens à l’amélioration de la sécurité

¬ 3 La décentralisation comme moyen d’améliorer la sécurité

wwwnationale

¬ 4 Mobilisation des resources pour la réforme et la gestion de la

wwwsécurité

Après des décennies de conflit, les pays de la ré-gion du Fleuve Mano - Côte d’Ivoire, Guinée, Libé-ria et Sierra Leone –vivent dans une atmosphère de paix fragile. Ces pays cherchant à consolider les acquis d’une certaine stabilité retrouvée, la réforme de leurs secteurs de sécurité respectifs est indis-pensable pour assurer une bonne transition dé-mocratique. Compte tenu de la nature sociale com-plexe d’une telle transformation, les programmes de réforme doivent, pour être couronnés de succès, bénéficier de la contribution d’un groupe diversi-fié d’intervenants. Ce besoin, par ailleurs recon-nu depuis longtemps, n’a pas toujours été conve-nablement satisfait. Souvent, les réformes ont été menées en se basant sur l’approche descendante par laquelle les élites politiques et les décideurs en matièrede sécurité opèrent les réformes struc-turelles nécessaires, mais négligent souvent de faire participer les citoyens. Les efforts conjugués de l’ensemble des services gouvernementaux, de la so-ciété civile et du secteur de la sécurité sont néces-saires pour améliorer la gouvernance du secteur de la sécurité, l’application des lois, et la sécurité. Une telle démarche aura un impact positif sur les citoy-ens bien au-delà du secteur de la sécurité grâce au renforcement des moyens de subsistance et de la

Le rapport est divisé en six sections. Les deux premières sections décrivent le contexte de la ré-forme du secteur de la sécurité dans la région du Fleuve Mano ainsi que les buts et objectifs du pro-jet CERSS, tandis que la dernière partie porte sur chacun des quatre thèmes énoncés ci-dessus. Ces sections décrivent brièvement le contexte avant d’exposer les leçons apprises au cours des évalua-tions réalisées avant la conférence, des présentations

PARTICIPATION DES CITOYENS À LA RÉFORME ET À LA GESTION DU SEC-TEUR DE LA SÉCURITÉ — CONTEXTE DE LA RÉGION DU FLEUVE MANO EN AFRIQUE DE L’OUEST

faites au cours de la conférence et des discussions de groupe. La dernière section du rapport présente un résumé de ses principales conclusions et for-mule des recommandations pour un futur engage-ment des citoyens en faveur de la réforme du sect-eur de la sécurité.

5Partners for Democratic Change

sécurité alimentaire, à l’amélioration de l’accès aux biens et services, et à l’affranchissement de la peur. En bref, une meilleure gouvernance dans le sect-eur de la sécurité et l’implication des citoyens dans le processus de gestion à long terme de la sécurité conduiront à des améliorations réelles et mesura-bles de la sécurité humaine.

Les puissances coloniales ont laissé en héritage à leurs anciennes colonies des institutions de sécu-rité qui avaient compris que leur fonction première était d’être des forces de protection des intérêts des régimes en place. Dans la région du Fleuve Mano, la préservation des institutions de sécurité héri-tées de l’ère coloniale et de leur monopole sur la force s’est souvent faite au détriment des intérêts de la population et ont entraîné de la répression politique, des violations des droits de l’homme et, dans certains cas, le parrainage par l’Etat de forces rebelles dans les pays voisins. En d’autres périodes, les forces de sécurité se sont davantage attachés à satisfaire leurs propresintérêts. De toutes les sous-régions du continent, l’Afrique de l’Ouest est celle qui a le plus souffert des coups d’Etat militaires. Selon Patrick McGowan: «Si les coups d’Etat sont contagieux en Afrique subsaharienne, ils semblent l’être davantage en Afrique de l’Ouest» qui a été le théâtre de 45% de tous les coups d’Etat qui ont lieu en Afrique entre 1956 et 2001, même si seulement 1/3 des pays du continent y sont situés.1 De toute évidence, le problème n’a pas été résolu, puisque 24 complots ou tentatives de coup d’Etat ont été enregistrés dans la région au cours des 12 années quise sont écoulées depuis 2001. Les pays du Fleuve Mano eux-mêmes ne font pas exception à la règle,

puisqu’ils ont été le théâtre de 52 complots ou ten-tatives de coup d’Etat depuis 196, soit un complot/une tentative de coup d’Etat par an.2

Ayant fait part de leur volonté politiqued eré former leur secteur de sécurité, les dirigeants des pays de la région du Fleuve Manose rendent compte que les structures de sécurité spécifiques héritées des puissances coloniales constituent une composante fondamentale que toute réforme devra prendre en considération. Par exemple, la Côte d’Ivoire et la Guinée ont des structures de sécurité très centralisées qui rappellent le style préféré de leurs anciens colonisateurs français. Ayant consulté les évaluations et planifications effectuées au niveau de la région, Partners for Democratic Change a constaté que cette situation conduit souvent à un manque de sécurité dans les zones rurales éloignées des capitales. D’autre part, la Sierra Leone et le Libéria ont des approches plus décentralisées de la sécurité, ce qui reflète le vécu historique différent de ces deux pays (la Sierra Leone est une ancienne colonie britannique tandis que l’Etat Libérien moderne a été fondé par des esclaves américains affranchis).

En plus de l’héritage laissé par le colonialisme, le contexte historique unique récentd’où chacun des pays du Fleuve Mano est en train d’émerger joue un rôle important dans la forme et le rythme de leurs efforts de réforme. Au Libéria et en Sierra Leone les réformes sont en cours depuis près de dix ans, avec le rétablissement de la paix après les guerres civiles qui ont ravagé ces pays. En Côte d’Ivoire le besoin de réforme est une entreprise plus récente. L’ancien président Laurent Gbagbo avait refusé

1 McGowan, Patrick. (2003). “African military coups d’état, 1956-2001: frequency, trends, and distribution.” Journal of Modern African Studies, 41(3).2 Marshall, Monty G. and Donna Ramsey Marshall. (2012). “Coups d’État, 1946-2011.” Center for Systemic Peace.Figures taken from http://www.systemicpeace.org/inscr/CSPCoupsCodebook2011.pdf and spreadsheet http://www.systemicpeace.org/inscr/CSPCoupsList2011.xls.

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d’accepter les résultats de l’élection présidentielle de Décembre 2010, même si l’ONU et de l’UA soutenaient qu’il avait été vaincu. Il préféra, malgré tout, utiliser les forces de sécurité de l’Etat pour continuer à occuper la résidence présidentielle, entraînant ainsi une guerre civile de 5 mois et des dégâts considérables pour le pays et ses habitants.

Enfin, en Guinée le mouvement de réforme a démarré plus lentement que dans les pays voisins, à un moment où ce pays, même s’il n’a pas connu une véritable guerre civile, est en train de sortir d’une période de plusieurs décennies d’instabilité politique et sécuritaire. Si les événements du 28 septembre 2010 théâtre du massacre, par les forc-es de sécurité, de centaines de manifestants pro-démocratie ont attiré l’attention horrifiée de la communauté internationale, l’absence d’un conflit plus généralisé peut effectivement constituer un défi pour les réformateurs. Même si un conflit à grande échelle entraine évidemment de graves con-séquences à long terme pour un pays et son peuple, il apparait également qu’une crise de cette nature peut servir de tremplin à des réformes politiques, économiques ou sécuritaires indispensables qui pourraient autrement être difficiles à accomplir.3

En raison de ces différences d’ordre structurel et historique, tout effort de réforme doit reposer sur des approches soigneusement adaptées aux condi-tions et besoins locaux. En outre, pour transform-er effectivement les institutions de sécurité de la région qui protègent les intérêts des régimes en place en des organisations travaillant au service des populations, il faut bien plus qu’une révision des lignes directrices juridiques relatives au secteur de la sécurité basée sur une approche descendante.

Les efforts de réforme doivent plutôt refléter cette nouvelle compréhension de la prééminence de la sécurité des citoyens et de la nécessité de les im-pliquer dans le processus.4

Pour ce faire, les gouvernements doivent es-sayer de savoir comment ils peuvent effectivement impliquer les citoyens ordinaires, les dirigeants communautaires et les organisations de la société civile dans le processus de transformation actuel-lement en cours afin que le secteur de la sécurité soit comptable de ses actions et réponde vraiment aux besoins de sécurité des citoyens. Dans cette op-tique, Partners for Democratic Change (Partners), ainsi que l’organisation qui lui est affiliée, Partners Sénégal, ont lancé un programme visant à renforc-er la capacité des organisations de la société civile (OSC) à participer à la réforme et à encourager le dialogue entre ces OSC, les gouvernements, et les hommes en uniforme. Le programme a débuté par une série de missions d’évaluation dans les pays du Fleuve Mano, en s’appuyant sur les vastes réseaux de Partners créé suite à des travaux dans la région ainsi que l’assistance de l’USAID et des missions diplo-matiques américaines dans chacun de ces pays. Ces évaluations ont aidé Partners à identifier les acteurs les plus pertinents au niveau des organisations de la société civile, des gouvernements et des secteurs de la sécurité de la région.

Ces personnes choisies de manière stratégique s’étaient réunies les 19 et 20 septembre 2012 dans le cadre d’un symposium sur la Participation des cit-oyens à la réforme du secteur de la sécurité dans la région du Fleuve Mano à Monrovia, au Libéria. Cette rencontre régionale avait un double objectif. Tout d’abord, alors que les programmes de RSS

3 For the security argument, see Bryden, Alan, BoubacarN’Diaye and ‘FunniOlanisakin. “Challenges of Security Sector Governance in West Africa.” (2008). Geneva Centre for the Democratic Control of Armed Forces (DCAF).4 Schnabel, Albrecht and Hans Born. (2011). “Security Sector Reform: Narrowing the Gap Between Theory and Practice.” Geneva Centre for the Democratic Control of Armed Forces (DCAF).

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doivent être soigneusement conçus pour s’adapter à un contexte donné, le renforcement des relations entre des acteurs dévoués et bien placés dans la ré-gion peut les aider à se soutenir mutuellement pour faire progresser la réforme dans chacun de leurs pays. Deuxièmement, la RSS ne consiste pas seule-ment à réorienter le secteur de la sécurité et de le subordonner à un contrôle démocratique. La RSS consiste également à améliorer la capacité du sect

Partners for Democratic Change

eur de la sécurité à fournir des services de sécurité adéquats à la population. Puisque bon nombre des problèmes de sécurité auxquels font face les pop-ulations de la région du Fleuve Mano sont de na-ture régionale, il est nécessaire de développer des mécanismes visant à faciliter la coopération entre les agences de sécurité au niveau régional pour les aider à relever ces défis.

8Partners for Democratic Change

BUTS ET OBJECTIFS DE L’INITIATIVELa rencontre de CERSS avait pour principal aaaa-objectif de:

“faciliter le dialogue entre les participants en vue d’une plus grande participation des citoyens à la réforme et à la gestion du secteur de la sécurité ”

OBJECTIVES

¬ 1 Créer un forum de discussion explicite sur les défis les

LLLiplus urgents rencontrés en matière de sécurité humaine dans la

LLLirégion

¬ 2 Analyser l’état d’avancement de la réforme de la sécurité dans

LLLichaque pays et les méthodes utilisées à cet effet

¬ 3 Renforcer les relations stratégiques entre les personnes

LLLichoisies au niveau du gouvernement, de la société civile, et du

LLLisecteur de la sécurité dans toute la région

PARTICIPANTS

Société civile Gouvernement / Personnes en uniforme

Cote d’Ivoire

Sierra Leone

Guinea

Liberia

6 6

4 3

6 6

11 6

En outre, ces organisations ont besoin de dévelop-per une meilleure compréhension des besoins de leurs communautés en matière de sécurité ainsi que des stratégies leur permettant de travailler plus efficacement avec les personne sen uniforme pour s’assurer que ces besoins sont satisfaits. Le ren-forcement de cette relation entre la société civile et le secteur de la sécurité est déterminant pour amé-liorer la capacité du secteur de la sécurité à fournir des services de sécurité adéquats à la population. Le travail accompli précédemment par Partners et Partners Sénégal, notamment en Guinée, montre clairement que malgré leurs bonnes intentions, bon nombre des responsables de la sécurité n’ont pas souvent une prise de conscience adéquate de la spécificité des problèmes de sécurité rencontrés par les populations qu’ils sont censés servir.

La participation des citoyens est une composante essentielle de la transformation des secteurs de la sécurité dans la région du Fleuve Mano pour faire en sorte que les forces de sécurité ne soient plus au service des intérêts étroits des régimes politiques, mais deviennent plutôt davantage comptables de leurs actions devant les populations. Chacun des objectifs du projet était destiné à soutenir cet en-gagement citoyen soit en leur fournissant les in-formations nécessaires, soit en établissant des rela-tions clés.

Une étape importante pour améliorer l’engage-ment des citoyens en RSS est pour la société civ-ile d’acquérir l’expertise nécessaire de formuler et évaluer les réformes et assurer la surveillance de la performance de l’secteur de la sécurité.

A cette fin plusieurs objectifs ont été fixés :

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APPROCHES UTILISÉES AU NIVEAU RÉGIONAL EN MATIÈRE DE SÉCURITÉ DÉFIS ET OPPORTUNITÉS 1

Les pays du Fleuve Mano sont parmi les plus pauvres et les plus sous-développés au monde. La Guinée, le Libéria et la Sierra Leone figurent tous les trois sur la liste des pays occupant les dix derni-ers places du classement des pays suivant l’Indice de développement humain, suivis d’assez près par la Côte d’Ivoire classée 18e. Cet état de sous-dével-oppement met une forte pression sur la sécurité des populations de la région. Par exemple, malgré une pluviométrie et des terres arables en quantité suf-fisante dans la majeure partie des pays de la région, la sécurité alimentaire reste un défi encore trop familier. Nombreuses sont également les personnes n’ayant pas un accès adéquat aux services de santé, soit parce qu’elles n’en ont pas les moyens, soit parce que les services nécessaires sont inaccessibles dans leur région. Les taux élevés de chômage alimentent les tensions sociales et l’instabilité puisque les hab-itants, en particulier les jeunes dont le nombre ne cesse de croître, ont du mal à joindre les deux bouts.

En plus des contraintes liées au sous-développe-ment, bon nombre de défis d’ordre sécuritaire aux-quels la région est confrontée sont de plus en plus liés à la criminalité transfrontalière. L’incapacité

des secteurs de la sécurité à surveiller adéquatement les milliers de kilomètres de frontières partagés par ces quatre pays explique en partie pourquoi le trafic de la drogue, des personnes et des armes légères est devenu un problème majeur. En outre, les flux de réfugiés traversant ces frontières affectent sérieuse-ment la stabilité au niveau de la région car les com-munautés d’accueil déjà mises à rude épreuve re-jettent les nouvelles personnes qui arrivent sur leur territoire.

En raison du caractère régional de ces défis, une approche régionale est de mise. Au niveau élargi de la sous-région ouest africaine, la CEDEAO a déjà ac-compli des progrès en vue de la définition d’une ap-proche commune, avec le développement d’un cadre de coopération régionale pour faire face aux menac-es à la sécurité. Dans la région du Fleuve Mano, plus précisément, le besoin d’appuyer la définition d’une approche régionale a été manifesté pour la première fois en 2000 avec la signature du 15e protocole du Secrétariat de l’Union du Fleuve Mano (MRU), un organisme sous régional créé en 1973 pour faciliter la coopération entre les quatre pays sur les questions d’ordre politique, fiscal et sécuritaire. Cependant, les progrès réalisés dans la poursuite des idéaux du pro-tocole sont lents à un moment ou la région est en proie à une situation de conflits et d’instabilité.

CONTEXTE 1

10Partners for Democratic Change

RÉSULTATS TIRÉS DES PRÉSENTATIONS ET DES DISCUSSIONS

Reconnaissant la nécessité d’une plus grande coopération régionale sur ces questions, Partners a inscrit cette question sur la liste des thèmes prior-itaires devant être abordés au cours de l’événement et a soutenu la poursuite du renforcement de l’Union du Fleuve Mano comme organe ayant pour rôle de faciliter cette coopération à l’avenir. Le Dr Saran Daraba Kaba, Secrétaire générale de l’Union du Fleuve Mano avait, dans la présentation d’ouverture du symposium, émis des commentaires et les discussions qui s’en ont suivi ont mis en exer-gue les défis supplémentaires suivants:

PAUVRETÉ

La pauvreté est un facteur majeur d’aggravation de l’instabilité dans la région. Elle constitue une men- ace à la sécurité et est l’un des défis majeurs auxquels la région est confrontée d’un point de vue sécuritaire.

5 Look, Anne. (2012). “Rising Youth Unemployment Endangers Regional Stability”Voice of America.11 July. http://www.voanews.com/content/rising-youth-unempolyment-endangers-africas-stability/1382573.html

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Ce problème est aggravé par la «poussée dé-mographique des jeunes» dans la région. Les jeunes d’aujourd’hui sont plus instruits que ceux qui sont devenus majeurs pendant les guerres civiles des années 1990 et 2000 et ont, en conséquence, des aspirations plus élevées. Cependant, en l’absence d’activités productives et parce que la grande ma-jorité des jeunes sont sous-employés, on assiste à une recrudescence des tensions qui menacent la stabilité dans la région. Ceci est une perspective dangereuse. Selon la Banque mondiale, un jeune sur deux rejoignant les mouvements rebelles cite le chômage comme principale motivation. En Af-rique de l’Ouest, le chômage alimente la violence politique et le recrutement au niveau des groupes armés, y compris les mouvements extrémistes is-lamistes au Sahel.5

Dr Saran Daraba Kaba prononcer le discours d’ouverture - le partage des principaux défis de la région du fleuve Mano et opportunités clés pour y faire face

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PRINCIPAUX DÉFIS D’ORDRE LOGISTIQUE

Les mauvaises infrastructures, notamment les routes mal entretenues, entravent la communica-tion au niveau régional. Il en est de même de la con-nectivité limitée à l’Internet et de l’absence totale d’opérateurs de téléphonie cellulaire au niveau de la région pour faciliter la communication entre les quatre pays.

DES STRUCTURES ADMINISTRATIVES DIFFÉRENTES

Chaque pays a mis en place des dispositions dif-férentes pour gérer son propre secteur de la sécu-rité. Il existe un fossé entre les pays francophones et les pays anglophones, notamment des codes ju-ridiques, des structures gouvernementales et sécu-ritaires et des codes de pratique différents. Chaque pays a également mis l’accent sur différents aspects de la réforme du secteur de la sécurité.

OPPORTUNITÉS PRÉSENTES AU NIVEAU RÉGIONAL

¬ Tous les quatre pays sont en train de s’acquitter de leurs coti-

xxxsations au niveau de l’Union du Fleuve Mano pour la première

xxxfois

¬ Tous les quatre pays vivent dans la paix pour la première fois

xxxdepuis plusieurs années

¬ Volonté politique forte d’opérer des changements

des pays de l’Union du Fleuve Mano, exigeant d’eux qu’ils ouvrent leurs portes et écoutent la voix des populations. En effet, elle a indiqué que la partici-pation des citoyens doit inclure les femmes, car elles offrent une vision unique et critique par rap-port aux questions de sécurité et aussi parce qu’elles sont plus sévèrement touchées par certains types de menaces à la sécurité humaine comme le trafic des personnes et la violence sexuelle et sexiste (VSS). La nécessité d’intégrer la dimension genre dans le secteur de la sécurité est un thème qui a résonné tout au long de la conférence.

Malgré tous les des défis auxquels la région fait face, il existe également des opportunités d’une ré-forme significative visant l’amélioration de la sécu-rité des citoyens. Pour la première fois depuis de nombreuses années, les quatre pays vivent dans la paix et sont en train de travailler à la consolidation de leurs démocraties fragiles. Le besoin de change-ment est évident pour ces pays qui sortent de plus-ieurs années marquées par la guerre civile, les coups d’Etat militaires et des violations extrêmes des droits humains par les forces de sécurité de l’Etat. Comme indiqué tout au long de l’événement, ce constant a récemment renforcé la volonté politique de mettre en œuvrela RSS. Cette tendance doit se maintenir sur le long terme pour que des améliorations dura-bles puissent être réalisées.

En plus des programmes officiels de réforme en cours dans la région, cette volonté politique se reflète dans le récent engagement des quatre gou-vernements en faveur de la coopération régionale. Pour la première fois de leur histoire récente, ces quatre pays versent des cotisations régulières à l’Union du Fleuve Mano. Ils ont également organisé des réunions de haut niveau sur la sécurité et par-ticipent aux rencontres de la Commission de la paix et de la sécurité que l’Union du Fleuve Mano organ-ise régulièrement. Cet engagement démontre une prise de conscience de l’interdépendance de l’avenir de ces pays, et constitue une évolution importante et encourageante dans la région.

ACCÈS AUX DIRIGEANTS POLITIQUESPour obtenir la participation des citoyens à la

réforme du secteur de la sécurité, il est nécessaire que les citoyens, et les dirigeants communautaires et de la société civile aient accès aux autorités gou-vernementales et politiques. Cela peut être difficile dans la pratique. Cependant, le rôle que les femmes ont joué dans ce domaine montre ce qu’il est possi-ble de réaliser. Lors de la conférence, le Dr Daraba a décrit comment le Réseau des femmes du Fleuve Mano pour la Paix (REFMAP) a courageusement fait face à Charles Taylor et à d’autres dirigeants

12Partners for Democratic Change

Pour suite de la vulgarisation du concept de sécurité humaine

Le changement dans la perception de la sécurité comme relevant de l’autorité centrale de l’Etat à une perception par laquelle l’amélioration de la sé-curité humaine constitue la priorité, n’est pas tou-jours bien comprise par les forces de sécurité ou par la société en général. Il est important de ren-forcer la prise de conscience de cette notion en vue de soutenir une nouvelle orientation du secteur de la sécurité dans la région.

Mettre en place un mécanisme régional de concertation entre la société civile et le secteur de la sécurité

Promouvoir l’accès des citoyens à l’information sur la RSSIl est souvent difficile, pour les personnes n’appartenant pas aux niveaux les plus élevés de décision en matière de politique ou de sécurité, d’avoir des informations appropriées sur les pro-grammes de RSS en cours. Les participants ont souligné la nécessité d’une plus grande diffusion des travaux en cours dans ce domaine afin que la société en général puisse jouer un rôle plus efficace dans le processus de réforme.

L’un des principaux défis identifiés lors de l’événement a été l’absence d’un langage commun sur les questions relatives à la RSS et à la sécurité des personnes entre des personnes de nationalités différentes ou simplement de secteurs différents. Il y a un besoin identifié par les participants de met-tre au point un outil pour fournir une plate-forme commune pour le dialogue entre la société civile et le secteur de la sécurité tant au niveau régional que national.

Lors cette rencontre de deux jours, la reconnais-sance de l’importance de travailler en étroite col-laboration avec une organisation régionale telle que l’Union du Fleuve Mano était un point con-stamment soulevé par les participants dont beau-coup ne comprenaient pas parfaitement le rôle potentiel que cette organisation pouvait jouer. En plus de cela, les participants ont proposé un certain nombre d’autres recommandations pour renforcer les opportunités de coopération régionale en mat-ière de sécurité:

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Améliorer la surveillance par la société civileBien que la surveillance et le contrôle, par la so-ciété civile, des forces de sécurité a longtemps été la pierre angulaire principale des programmes de RSS, les forces de sécurité continuent d’être perçues par beaucoup comme des entités semi-autonomes dans leurs opérations. Même si des autorités civ-iles contrôlent le secteur de la sécurité, certains affirment que ceci n’est pas suffisant et expliquent qu’une participation plus directe de la socié-té civile dans la planification de la sécurité est nécessaire pour empêcher le secteur de la sécurité de redevenir un outil politique.

Renforcement des réseaux de la société civileLe Réseau des femmes du Fleuve Mano pour la Paix (REFMAP) était un atout inestimable pour le processus de consolidation de la paix au cours des conflits qui ont frappé le Libéria et la Sierra Leone. L’appui à la création de réseaux interna-tionaux similaires, ainsi que le renforcement des réseaux existants est un outil potentiel important pour consolider les acquis récents dans la région et empêcher un retour à la guerre.

Réforme du secteur de la justice dans le cadre de la RSSL’importance de la réforme du secteur de la justice est souvent négligée dans les programmes de RSS. L’existence d’un Etat de droit fort est indispensa-ble pour l’amélioration de la sécurité de l’ensemble d’une nation et beaucoup de participants ont insis-té pour que la réforme du secteur de la justice soit inscrite dans un programme plus complet de RSS.

Communications sont essentielles: Les stations de radio de la région fournissent un accès essentiel pour les citoyens, y compris des informations sur la sécurité. Rivercess service de radiodiffusion dans la ville Cestos au Libéria.

RECOMMANDATIONS

¬ Promouvoir l’accès des citoyens à l’information SSR

¬ Vulgarisation continue du concept de sécurité humaine

¬ Développer un mécanisme régional de concertation du secteur de

la sécurité civile

¬ Améliorer la surveillance civile

¬ Renforcement des réseaux de la société civile

¬ Réforme du secteur de la justice dans le cadre de la RSS

14Partners for Democratic Change

PARTICIPATION DES CITOYENS À L’AMÉLIORATION DE LA SÉCURITÉCONTEXTE

plaçait les êtres humains au centre du paradigme sécuritaire. Au cours des années 90, les famines survenues en Afrique étaient médiatisées. Il en était de même des violations des droits de l’homme par les forces de l’ordre et les groupes rebelles à travers le monde. Alors qu’on assistait à une baisse des menaces sécuritaires inter-Etats, de nouvelles menaces à la sécurité semblaient se substituer à la guerre, conduisant ainsi bon nombre de person-nes à préconiser la nécessité d’établir une nouvelle définition du concept de sécurité.

La réforme du secteur de la sécurité commença à se développer comme domaine d’étude et de pra-tique au cours des premières années du débat sur la

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Le concept de sécurité humaine a été rendu pop-ulaire peu après la chute de l’Union Soviétique, à un moment que plusieurs ont décrit comme une transition charnière dans la perception du para-digme de la sécurité. Depuis le début de l’ère de l’Etat moderne, les Etats sont en compétition qua-si-constante. Cette situation a créé un environne-ment qui a souvent déclenché des conflits intere-tats. Cependant, alors que la période de la Guerre Froide tirait à sa fin, les dirigeants, les intellectuels ainsi que les organisations internationales com-mencèrent à parler d’une transition dans la percep-tion de la sécurité, partant d’une perception prin-cipalement état-centrique vers une perception qui

Sur les deux jours de l’événement, les participants se divisent en petits groupes pour discuter des idées présentées par les orateurs.

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sécurité humaine.6 Les premiers documents sur la RSS portaient essentiellement sur la définition du concept et de ses objectifs et l’on s’accorda très vite que le renforcement de la sécurité humaine devait être l’objectif fondamental des programmes de réforme. Les universitaires, de même que les praticiens, commencèrent à comprendre que la sécurité individuelle et communautaire est une composante de base de la sécurité nationale et internationale et qu’elles n’étaient pas deux ques-tions concurrentes. En poutre, ayant reconnu que le sous-développement dans plusieurs parties du monde était l’un des obstacles majeurs à la sécu-rité dans le monde, ils expliquèrent toute crois-sance économique durable était subordonnée à l’amélioration de la sécurité.

OBSTACLES À UN ENGAGEMENT CIVIQUE PLUS IMPORTANT

¬ Une société civile politisée comme conséquence des conflits

¬ Des divisions au sein de la société civile

¬ Le Gouvernement perçoit la société civile comme rivale et vice

--versa

¬ Les OSC sont souvent dépendantes des donateurs étrangers ou

--leurs actions sont dictées par ces derniers

¬ Les OSC peuvent être confrontées à un manquée d’expertise et de

--ressources humaines

¬ Le soutien des donateurs à la RSS est souvent dirigé vers les

--institutions étatiques. Par conséquent, les gouvernements sont

--donc peu enclins à rechercher une plus grande inclusion

les forces de sécurité occidentales travaillaient avec leurs homologues dans certains pays en développe-ment les formant aux aptitudes tactiques dont ils avaient besoin pour mieux faire face aux défis d’ordre sécuritaire. Dans certains cas, il s’agissait de leur fournir des armes et des équipements à cet effet. Cependant, alors que le 20ème siècle tirait à sa fin, la corruption, ainsi que les abus manifes-tés par bon nombre de ces mêmes forces de sécu-rit démontrent clairement que, bien que ce type de formation soit important, il est presque impossible d’améliorer la sécurité des citoyens sans assurer au préalable un contrôle et une surveillance démocra-tique du secteur de la sécurité.

Une variété d’outils furent développés pour as-surer ce contrôle : formation des membres du par-lement à la gestion efficace d’un budget de défense, sensibilisation des hommes de troupe et des offi-ciers sur le droit international ainsi que les nor-mes des droits de l’homme et réduction des effec-tifs militaires pour renforcer les forces de police et de gendarmerie. Par ailleurs, à la fin des années 90 beaucoup commencèrent à comprendre que pour obtenir une véritable transformation du secteur de la sécurité, les programmes de RSS devraient faire l’objet d’une plus grande «appropriation au niveau local», en mettant l’accent sur le développement de stratégies de sécurité nationale qui incluraient une participation élargie de toutes les couches de la so-ciété, du secteur de la sécurité au Gouvernemental, en passant par la société civile.7

Au cours des premières années du 21ème siècle, la participation locale à la RSS s’est améliorée, au fur et à mesure que les organisations de la société civile, et non les militaires, ont progressivement

6 Ball, Nicole. (2010). “The Evolution of the SSR Agenda.” Taken from “The Future of Security Sector Reform,” Mark Sedra (ed.). Center for International Governance Innovation.7 Voir par exemple: Donais, Timothy (ed.). (2008). “Local Ownership and Security Sector Reform. Geneva Centre for the Democratic Control of Armed Forces (DCAF).

L’objectif central de la SSR commençant à se préciser, le défi suivant était de savoir comment l’atteindre. Tout au long des années 90, les pro-grammes de RSS étaient essentiellement caractérisés par des initiatives militaro-militaires par lesquelles

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pris en charge la direction des programmes de RSS. Cependant, nombre d’universitaires continuent de soutenir que la participation inadéquate des popu-lations locales ou des organisations constitue une faiblesse dans la majorité des programmes de RSS. Comme l’expliquent Wilson et Martin, «plusieurs praticiens de la RSS travaillent avec les membres de l’élite locale pour mettre en œuvre leurs plans, ce qui peut produire des résultats parfaitement en harmonie avec les préférences libérales des dona-teurs, sans que l’on puisse dire qu’ils soient vérita-blement représentatifs des structures locales ou qu’ils y trouvent leur fondement.8 S’ils ne sont pas

8 Martin, Alex and Peter Wilson. (2008). “Security Sector Evolution: Which Locals? Ownership of What?” From “Local Ownership and SSR,” Timothy Donais (ed.). Geneva Cantre for the Democratic Control of Armed Forces (DCAF).

impliqués dans les programmes de RSS et les pro-cessus en cours, de gestion de la sécurité, les popu-lations ne seront pas en mesure de développer une compréhension approfondie de la gestion de la sé-curité et de la RSS qui leur permettra d’exiger des comptes de la part de leurs dirigeants. Ainsi, en s’appuyant sur ses nombreuses années d’expérience en matière de renforcement des capacités des or-ganisations de la société civile à mener des plaid-oyers, Partners essaya de combler le vide en faisant de la participation des populations la pierre angu-laire du Projet du Fleuve Mano.

17Partners for Democratic Change

RÉSULTATS TIRÉS DES PRÉSENTATIONS ET DES DISCUSSIONS

Ely Dieng, Responsable de la Division de la RSS à l’ONUCI (Operations des Nations Unies en Côte d’Ivoire) aborda, au cours de la deuxième session plénière, le thème de la Participation des citoyens en vue d’améliorer la sécurité. Citant une revue du Bureau de soutien de l’ONU pour la consolida-tion de la paix en Guinée, au Sierra Leone, et au Libéria,9 Dieng montra que 72% des ressources financières dépensées pour la RSS dans les pays de la région ont été directement consacrés à la transformation complète des secteurs de la sécu-rité, tandis que 7% seulement ont été dépensés sur des aspects plus “légers” de la réforme telle que la participation civile. Pour cette raison, les forces de sécurité seraient donc de mieux en mieux formées et équipées mais n’apprennent pas à mettre leurs nouvelles compétences à la disposition des popula-tions qu’elles sont censées servir.

9 Fitz-Gerald, Ann M. (2012). “Thematic Review of Security Sector Reform (SSR) and Peacebuilding.” United Nations Peacebuilding Support Office.

2

Le premier jour, Ely Dieng, le chef de la Division SSR à l’ONUCI, a parlé de l’engagement des citoyens dans la RSS.

M. Dieng partageait l’avis de certains universi-taires contemporains selon lequel la RSS devrait avoir pour objectif la promotion et l’amélioration de la sécurité humaine. S’inspirant de la défini-tion de la sécurité humaine donnée par l’ONU, M. Dieng la décrivit dans son acception la plus large d’«indépendance vis-à-vis de la peur et du besoin» avant d’expliquer que pour réaliser cet objectif il faut aller au-delà de l’adaptation ou de la restruc-turation des cadres juridiques, une approche qui a historiquement caractérisé la majorité des pro-grammes de RSS.

Il faudrait, plutôt, entreprendre une transforma-tion holistique impliquant tous les secteurs de la société, en mettant l’accent sur l’intégration des femmes et des jeunes dans le processus.

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L’une des raisons principales pour lesquelles l’on a tendance à exclure la société civile des pro-grammes de RSS est liée en général à la mauvaise compréhension du rôle qu’elle pourrait jouer. Con-cernant les responsables de la sécurité, les ministres ou les députés, les changements qu’ils doivent effec-tuer, ainsi que leurs responsabilités dans le proces-sus de réforme sont relativement clairs. Le rôle de la société civile est beaucoup plus ambigu. Selon M. Dieng, l’on a besoin de la société civile pour assurer le suivi de l’élaboration et de la mise en œuvre des politiques de RSS. Ceci suppose la collaboration avec les responsables de la sécurité ainsi que les dé-cideurs pour s’assurer qu’ils sont bien informés par rapport aux besoins des différentes composantes que les groupes de la société civile représentent. Au fur et à mesure que leur capacité à travailler sur des questions techniques relatives à la RSS s’améliore, ces organisations pourront former les députés ainsi que d’autres parties prenantes et leur communiquer leur expertise.

RÔLE POTENTIEL DE LA SOCIÉTÉ CIVILE DANS LA RSS

¬ Informer les décideurs sur les questions clés d’ordre sécuritaire

xxauxquelles les citoyens sont confrontés

¬ Surveiller le processus de réforme, assurer le suivi et la mise en

xxœuvre des politiques

¬ Se faire le porte-parole des populations sous-représentées

xx(femmes, enfants et minorités)

¬ Participation aux activités de police communautaire

Gouvernement, le secteur de la sécurité et la so-ciété civile, comme on le constate dans la région du Fleuve Mano.

Les discussions qui ont eu lieu lors de cet évènement ont été une opportunité unique pour les représentants de la société civile, des Gou-vernements et des forces de sécurité de faire part de leurs point de vue sur le rôle que pourrait jouer la société civile dans les réformes menées dans la ré-gion du Fleuve de Mano. Bien que les participants issus de la société civile aient déjà identifié le rôle qu’elle pourrait jouer dans le domaine de la sécu-rité, les autorités gouvernementales et les respon-sables de la sécurité n’avaient qu’une connaissance limitée du concept et avaient des idées divergentes sur ce que ce rôle devrait être. Ainsi, cette séance de discussion était centrée sur les meilleures pra-tiques mises en œuvre jusqu’à présent dans chaque pays du Fleuve Mano, suivies de recommandations collectives pour l’avenir.

Les discussions sur les meilleures pratiques ont révélé la diversité des expériences que les diffé-rents pays ont vécues par rapport à la participa-tion des citoyens. Au Libéria, la société civile est, depuis 2006, impliquée dans une certaine mesure dans le groupe de travail national sur la RSS. Au Sierra Leone, les OSC participent à l’effort mené par le pays pour la décentralisation de la gestion sécuritaire. A travers les pays, la sous-information de la population par rapport à la RSS a constitué un point de vulnérabilité particulier ainsi qu’un point d’accès pour la société civile. Les OSC participent à des programmes de sensibilisation, des émissions radiodiffusées, et autres stratégies en vue d’une meilleure dissémination de l’information sur les mesures prises par les autorités civiles et celles en uniforme.

Bien que la participation de la population ait, pendant longtemps, été le thème principal de la documentation sur la RSS, sa mise en pratique est

Bien entendu, pour obtenir une plus grande par-ticipation de la société civile il faudra aller au-delà d’une simple description des différents rôles qu’elle pourrait jouer. Dans plusieurs cas, le manque de volonté manifeste des personnes contrôlant le processus de collaboration avec la société civile constitue également un défi réel. C’est en particu-lier le cas dans des pays où les conflits ont pro-duit une méfiance profonde entre les membres du

19Partners for Democratic Change

RECCOMANDATIONS

¬ Créer ou appuyer les mécanismes régionaux afin de faciliter le

dialogue entre la société civile et le secteur de la sécurité sur la

RSS et les questions relatives à la sécurité humaine.

¬ Renforcer le degré de sensibilisation du public sur les

réformes par des programmes radio diffusés, des rencontres

communautaires, des films, et l’usage de forums existants tels

que les associations de travailleurs.

¬ Développer un baromètre que les membres de la société civile

peuvent aisément utiliser pour mesurer le progrès de la RSS ainsi

que l’obligation des forces de sécurité de rendre compte de leurs

actions.

Les discussions sur l’amélioration de la partici-pation des citoyens ont donné lieu à plusieurs recommandations:

Les participants ont présenté leurs travaux lors d’une soirée au cours du Colloque de Monrovia.

souvent une réalité nouvelle sujette à controverse. Les questions de sécurité ont, pendant longtemps, été considérées comme la chasse gardée de l’Etat. Pour cette raison, l’enthousiasme manifeste des participants de chacun des secteurs par rapport au concept était très encourageant. Lors des discus-sions de groupes les participants n’ont cessé de rap-peler que les efforts de RSS avaient été entre les mains des autorités de haut niveau pendant trop longtemps. En raison de son manque de participa-tion au processus, la population se trouve mal in-formée tandis que ses intérêts sont mal représentés. L’exclusion des femmes ainsi que des organisations féminines de la réforme et de la gestion de la sécu-rité a été particulièrement troublante. La majorité des secteurs de la sécurité dans les Etats membres de l’Union du Fleuve Manosont dominés par des hommes et les femmes sont souvent les principales victimes des abus perpétrés dans ces pays, ce qui fait que les programmes de RSS doivent tout mettre en œuvre pour assurer une plus grande inclusion des femmes dans le processus de réforme.

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LA DÉCENTRALISATION COMME MOYEN D’AMÉLIORER LA SÉCURITÉ NATIONALE 3

VUE D’ENSEMBLE

¬ 1 Le fait que les décideurs soient plus proches des communautés

affectées par leurs décisions est susceptible de les obliger à se

comporter de manière plus responsable.

¬ 2 La flexibilité rendue possible par les formes décentralisées

des gouvernements leur permet de se spécialiser davantage

pour faire face aux défis auxquels une communauté donnée est

confrontée.

la sécurité des citoyens en formantles autorités gouvernementales locales ainsi que formant les dirigeants de la société civile sur les concepts de sécurité humaine et de RSS. Dans trois des qua-tre régions géographiques distinctes de la Gui-née, Partners Sénégal, soutenus par Partners, a conduit des séances de formation et organisé des discussions afin d’aider ces autorités à identifier et à prioriser les principales préoccupations en matière sécuritaire auxquelles leurs communautés étaient confrontées. Les listes des défis rencontrés dressées dans chaque région soulignaient la na-ture changeante de la sécurité en Guinée. Dans la zone forestière par exemple, les habitants étaient très soucieux des questions environnementales qui pourraient menacer le bien-être de la forêt de laquelle ils étaient si dépendants. En Basse Guinée, cependant, les menaces à la sécurité des personnes résultant de l’urbanisation causaient une grande in-quiétude. La Haute Guinée est souvent confrontée à l’insécurité alimentaire. Une décentralisation de la gestion sécuritaire aiderait les forces de sécurité à avoir la souplesse nécessaire pour répondre à une telle diversité des défis.

Chef du Zanzan Karwor du Libéria a pris la parole lors de deux cérémonies d’ouverture et de clôture, au cours de laquelle il a souligné la nécessité d’une approche centrée sur le citoyen à la sécurité, en particulier dans les régions rurales.

Au cours des dernières années, les programmes visant une réforme de la gouvernance ont été de plus en plus centrés sur le développement de structures décentralisées en vue de promouvoir des Gouvernements plus stables qui se focalisent moins sur les centres urbains et qui ne négligent pas les zones rurales. L’argument en faveur d’une plus grande décentralisation repose souvent sur deux principes généraux:

CONTEXTE 3

Au cours d’un programme financé par la Fon-dation Nationale pour la Démocratie (NED) qui débuta en 2011, Partners et Partners Sénégal ont pu se rendre compte de l’importance, amplement démontrée, de la décentralisation en matière de sécurité, surtout par rapport à ce deuxième argu-ment. Le programme appelé Projet de sécurité des citoyens en Guinée (GCSP) cherchait à améliorer

21Partners for Democratic Change

RÉSULTATS TIRÉS DES PRÉSENTATIONS ET DES DISCUSSIONS

Si la participation des citoyens peut être conçue comme “un approfondissement” de la gestion de la sécurité, alors la décentralisation peut être con-çue comme étant un “élargissement.” Comme l’a expliqué le Dr. Mathurin Houngnikpo du Centre d’études stratégiques de l’Afrique (ACSS), les défis en matière de sécurité diffèrent entre la capitale et les régions. Par conséquent leur gestion devrait être également différente. Cependant, le symposi-um a été marqué par des débats rigoureux au sein de plusieurs groupes de discussion qui ont exposé les différences historiques entre les payset remis en question la viabilité de telles politiques.

Le fait que la Sierra Leone se soit focalisée sur la décentralisation comme composante fondamen-tale de son programme de RSS au cours de la dern-ière décennie est une approche que les participants

Libériens étaient désireux de comparer à leur pro-pres expériences et initiatives récentes. Les partici-pants venant de Côte d’Ivoire et de Guinée étaient, cependant, plus sceptiques. Ceci est peut-être lié aux structures sécuritaires existant dans ces pays où la puissance coloniale française a laissé derrière elle des mécanismes hautement centralisés de gou-vernance et de sécurité semblables à ceux que la France elle-même préfère.

Ainsi, plusieurs parmi les participants guinée-ns et ivoiriens exprimèrent leur inquiétude que la décentralisation de la sécurité pourrait conduire à une perte de contrôle par l’Etat au fur et à mesure que se développent des factions au sein des forces de sécurité. Cependant, les délégués de la Sierra Leone semblaient rallier plusieurs participants à leur position, expliquant que des mesures de

3

La deuxième journée a débuté par une discus-sion sur la décentralisation de la sécurité avec Mathurin Houngnikpo à partir du Centre africain d’études stratégiques

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protection doivent être mises en place afin d’empêcher qu’une telle situation ne se développe et que le fait de continuer d’ignorer le besoin de décentralisation ne ferait que renforcer d’autres menaces sécuritaires tout aussi importantes.

Au fur et à mesure que les discussions se pour-suivaient, les participants guinéens et ivoiriens étaient particulièrement impressionnés par le modèle décentralisé des unités de consolidation de la confiance de l’Union du Fleuve Mano (CBU). Les CBU œuvrent pour améliorer la sécurité dans les régions frontalières partagées par quatre pays en les dotant d’un forum au sein duquel les au-torités du Gouvernement, des forces de sécurité, et de la société civile, de chaque côté de la fron-tière, peuvent se rencontrer pour aborder des questions spécifiques, minimisant ainsi les pos-sibilités de malentendus susceptibles d’attiser des tensions transfrontalières. De plus, ces CBU aident les communautés des deux côtés à développer des stratégies communes d’amélioration de la sécurité dans la région. Plusieurs participants n’étaient pas au courant de ces initiatives avant la conférence et auraient souhaité que des informations por-tant sur de telles initiatives fussent rendues plus accessibles. Une plus grande connaissance de ces initiatives augmenterait les probabilités de leur re-production ainsi que les chances de collaborations transfrontalières. A la fin, les participants guinéens exprimèrent le désir de voir les CBU devenir opé-rationnelles dans un plus grand nombre de villages et virent en eux un moyen de gestion potentielle-ment plus efficace de l’information sur les ques-tions relatives à la sécurité sur les frontières. Cette reconnaissance au sein de la délégation guinéenne illustre un changement important dans sa vision de la décentralisation.

Le point culminant des débats était le constat que les gouvernements centraux dans cette région n’ont tout simplement pas la capacité de bien as-surer la sécurité sur l’ensemble de leur territoire,

même si tel est leur souhait. Même si les Etats ont convenu de faire de l’amélioration de la sécurité des personnes leur objectif, il est évident qu’une plus grande délégation de pouvoirs et une plus grande participation des populations à leur propre sécurité sont nécessaires. M. Zanzan Karwor, chef du Con-seil traditionnel de direction du Libéria a abordé cette question au cours de deux des interventions qu’il a faites au cours de l’événement. S’exprimant dans la salle des plénières aussi bien lors de la cé-rémonie d’ouverture que pendant la cérémonie de clôture, il a souligné la nécessité de voir les acteurs gouvernementaux et de la sécurité travailler direct-ement avec les communautés et leurs chefs tradi-tionnels pour répondre efficacement aux défis aux-quels les populations sont confrontées. Les chefs traditionnels, les groupes et autres acteurs non étatiques doivent être activement engagés dans le processus de réforme de la sécurité.

D’autres recommandations formulées au cours de cette session ont porté sur la nécessité d’améliorer les méthodes de communication. Etant donné que la gestion de la sécurité devient de plus en plus dispersée et qu’un nombre de plus en plus impor-tant d’acteurs, y compris d’acteurs non étatiques, y sont de plus en plus impliqués, une communica-tion efficace devient encore plus nécessaire. Amé-lioration des moyens de communication:

RECCOMANDATIONS

¬ Améliorer la diffusion de l’information sur les efforts relatifs à la

¬ Un plus grand nombre de groupes de discussion intra-étatiques

et internationaux tels que ceux entrepris par l’Union du Fleuve

Mano.

¬ Amélioration des infrastructures de communication de base Le

réforme, tels que les réunions des CBU, les réunions de

Commission de la paix et de la sécurité de l’Union du Fleuve

Mano, ou les modèles de décentralisation de la sécurité.

manque de services de téléphone et d’Internet adéquats et

l’absence de routes bien entretenues, hors des capitales

régionales, rend la communication difficile.

23Partners for Democratic Change

MOBILISATION DES RESSOURCES POUR LA RÉFORME ET LA GESTION DE LA SÉCURITÉ 4CONTEXTE

10 Banque Mondiale.Données recueillies http://data.worldbank.org/indicator/NY.GNP.PCAP.PP.CD.11 Malan, Mark. (2008). “Security Sector Reform in Liberia: Mixed Results from Humble Beginnings.” Strategic Studies Institute, United States Army War College. http://www.strategicstudiesinstitute.army.mil/pubs/summary.cfm?q=855. AND World Bank. Data from: http://data.worldbank.org/country/liberia. 15 Ball, Nicole and Piet Biesheuvel, Tom Hamilton- Baillie and ‘FunmiOlanisakin. ( 2007). “Security and Justice Sector Reform Programming in Africa.” Department for International Development (DFID). Taken from: http://webarchive.nationalarchives.gov.uk/+/http://www.dfid.gov.uk/aboutdfid/performance/files/sjr.pdf

4

Les quatre pays de l’Union du Fleuve Mano fig-urent parmi les plus pauvres au monde. Le revenu national brut (RNB) par habitant dans la région varie de seulement $330 au Libéria, à $1090 en Côte d’Ivoire et le nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté dans ces deux payes représente 63,8% et 42,7% respectivement. Dans ce contexte de pauvreté, il devient évident que ces pays ne peuvent seuls prendre en charge le coût élevé des réformes du secteur de la sécurité. Au Libéria, par exemple, les Etats-Unis ont investi plus de 200 millions de dollars dans la reconstruc-tion de l’armée nationale seulement, un chiffre qui représente près de 13% du PIB du pays. Si l’on ajoute le coût de la réforme de la police, de la ré-forme judiciaire, de la formation législative, et de toutes les autres activités prévues dans le cadre de la RSS, ce nombre devient encore plus important. Et ces chiffres ne tiennent pas compte des coûts de fonctionnement normaux du secteur de la sécurité.

Ces pays sont alors confrontés à un terrible dilemme: pour réformer leurs secteurs de sécurité ils ont besoin de se développer davantage sur le plan économique. Cependant, une RSS complète et une amélioration de la sécurité sont une con-dition préalable d’un développement économ-ique soutenu. Bien entendu, pour résoudre ce dilemme, les Etats ont dû rechercher des sources de financement international. Comme indiqué ci-dessus, les Etats-Unis ont engagés des millions de dollars pour la réforme des services militaire au Libéria. En Sierra Leone, le DFID a apporté une contribution de près de 150 millions de dol-lars pour la réforme du secteur de la sécurité. La France, la Banque mondiale, l’Union européenne, les Nations Unies, entre autres, ont tous égale-ment promis des fonds pour la réforme des sect-eurs de sécurité de la région.

Bien que ces efforts internationaux de réforme aient joué un rôle crucial pour la stabilité dans la région, ils n’en sont pas moins accompagnés de difficultés l’une des principales critiques des pro-grammes de RSS mis en œuvre par des acteurs

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4non-nationaux porte sur le manque de durabilité des changements apportés après le retrait de la présence internationale. En particulier, la question de savoir si les pays bénéficiaires peuvent faire face à l’augmentation des coûts de leurs secteurs de sé-curité déjà réformés suscite beaucoup de préoccu-pations.

«Il est ironique de constater que plus la commu-nauté internationale soutient la RSS dans les pays sortant d’un conflit, plus on met la pression sur les gouvernements de faire face à des coûts récur-rents, dont celui du carburant, de l’entretien et des salaires,» écrivent Rory Keane, conseiller en mat-ière de RSS pour la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL) et le Dr Mark Downes respon-sable de l’Equipe internationale de conseil pour le secteur de la sécurité (ISSAT). «Si ces coûts récur-rents ne peuvent pas être pris en charge, le pro-gramme de RSS vacille, puisque les agents nouvel-lement recrutés se retrouvent soudainement sans salaire (et, pour cette raison, finissent par pratiquer parfois pratiquer des activités criminelles), les land cruisers nouvellement acquis se grippent à cause du manque de carburant, les nouvelles casernes tombent en ruine faute de financement pour leur entretien.»13

Les contraintes budgétaires figurant donc parmi les défis les plus importants rencontrés par les pro-grammes de réforme et de gestion de la sécurité globale dans la région du Fleuve Mano. Que ces difficult éssoient dues à la faiblesse des économies

nationales, à la capacité limitée des gouvernements à augmenter leurs propres revenus, à la stabilité douteuse des réformes après le départ des parte-naires internationaux, ou à une réduction de l’aide internationale disponible en premier lieu en raison du ralentissement actuel de l’économie mondiale ou non, il est essentiel de résoudre le problème du financement des réformes. Pour y parvenir, des so-lutions novatrices doivent être trouvées. Pour les partenaires internationaux, Keane et Downes es-timent qu’une approche plus réaliste et plus pro-gressive pourrait être appropriée. Pour les autori-tés locales, l’augmentation des recettes fiscales, en partenariat avec le secteur privé, et en travaillant plus étroitement avec la société civile pourrait of-frir quelques solutions par rapport à ce défi.

OUTILS POUR LA MOBILISATION DES RESSOURCES

¬ Engagement de la société civile

¬ Investissements du secteur privé dans la RSS

¬ Approches régionales pour partager le fardeau des menaces

xxcommunes

¬ Meilleure utilisation des technologies de la communication

¬ Une politique nationale claire définissant les rôles, réduisant les

xxchevauchements

¬ Collaboration avec les groupes de la diaspora

¬ Bénévolat

¬ Amélioration du suivi et de l’évaluation des programmes de

xxréforme

13 Keane, Rory and Mark Downes, PhD. (2012). “Security Sector Reform Applied: Nine Ways to Move from Policy to Implementation.” International Peace Institute.

25Partners for Democratic Change

RÉSULTATS DES PRÉSENTATIONS ET DES DISCUSSIONS

Pour que la RSS soit couronnée de succès, des investissements sont nécessaires. Les réformes de grande envergure qui sont souvent nécessaires peuvent être coûteuses. Par conséquent leur mise en œuvre est un poids sur les budgets des pays en situation de post-conflit dans lesquels il existe gé-néralement un besoin plus important de procéder à ces réformes. En outre, les pays donateurs hésitent souvent à contribuer financièrement à des activités pouvant être considérées comme bénéficiant à des militaires étrangers, en particulier s’il est établi que ces militaires commis des abus ou se sont mal com-portés dans le passés. C’est pour cette raison et dans un contexte plus large de recherche sur l’économie de la défense que le la dernière présentation de l’événement faite par le colonel Birame Diop s’est focalisée sur la mobilisation des ressources pour la RSS et la gestion à long terme de la sécurité.

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Colonel Birame Diop, directeur des partenaires du Sénégal, présentés sur la nécessité de rechercher des solutions créatives pour SSR financement ainsi que la gestion de la sécurité à long terme

Les pays de la région du Fleuve Mano figurent parmi les plus pauvres au monde. Le sous-développement, la corruption et une communauté internationale parfois hésitante à soutenir les programmes de RSS créent un formidable défi à l’amélioration de la sécurité dans la région. Malgré ces défis, il est possible de trouver les moyens de financer la réforme. Il est nécessaire de trouver des solutions permettant de mobiliser, de manière créative, toutes les ressources disponibles dans un pays pour permettre de réaliser la SRR.

L’une de ces solutions consiste simplement à améliorer la rentabilité et l’efficacité des ressources actuellement disponibles. Pour y parvenir, les programmes de RSS peuvent par exemple collaboré avec les OSC ayant un accès direct à la population sur l’ensemble du pays pour les aider. Cela permet de faire en sorte que chaque changement ait la plus

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grande portée possible, amplifiant ainsi l’impact de chaque dollar dépensé. En outre, plus les citoyens sont informés sur la façon dont les dépenses de l’Etat améliorent leur vie, plus ils seront susceptibles de payer des taxes pour la mise en œuvre du programme. En plus de la sensibilisation, l’intégration de la société civile dans la réforme et la gestion de la sécurité améliore le partage d’informations et de renseignements. En outre, les programmes de police communautaire pourraient contribuer à réduire les menaces à la sécurité auxquelles un pays est confronté, ce qui permet de réduire quelque peu le fardeau de la réforme des institutions de sécurité.

Bien entendu, le recours à des solutions nova-trices et collaboratives ne permet pas de régler tous les problèmes et à un moment donné les pays ont simplement besoin d’engager les ressources finan-cières nécessaires pour mener à bien les réformes. Les pays ont besoin de devenir plus efficaces dans leur façon d’expliquer l’importance de la RSS aux secteurs privés nationaux et internationaux. «Les morts ne peuvent pas faire des achats» avait ex-pliqué le colonel Diop au cours de sa présentation lors du symposium. Les économies sont actuelle-ment confrontées à des problèmes pour se dével-opper. Par conséquent, tant que la sécurité de base n’est pas garantie, l’investissement, que ce soit par des citoyens ou des étrangers, a peu de chance de se développer si la sécurité de l’investissement ne peut pas être garantie. Pour convaincre le secteur privé qu’il a intérêt à soutenir des programmes de RSS, il est indispensable d’expliquer tout cela en termes monétaires. Selon Paul Collier, le fait de ne pas réformer, de façon adéquate, les institutions de sécurité d’une région, peut par exemple entraîner une réduction de 2,2% de la croissance globale d’un

14 Collier, Paul and AnkeHoeffler. (2004). “The Challenge of Reducing the Global Incidence of Civil War.” Copenhagen Consensus Challenge Paper.15 Collier, Paul, AnkeHoeffler and MånsSöderbom, (2008). Post-Conflict Risks, Journal of Peace Research 45:461-478

pays. «La guerre civile dure en moyenne sept ans (ensemble de données fournies par Collier et Ho-effler),» poursuit-il. «Ainsi, à la fin d’une guerre civile, l’économie se situe à environ 15% en dessous de son niveau contrefactuel.»14 L’histoire montre également que les pays qui connaissent la guerre civile sont très sensibles à d’autres conflits violents. Quarante pour cent des pays post-conflit retombent dans la guerre civile à l’intérieur d’une décennie.15 Une prise de conscience de ces coûts met en évi-dence la nécessité d’investir de façon proactive.

Les participants au symposium ont été très con-scients de ce fait et de nombreux observateurs ont noté qu’il semble y avoir beaucoup de «lassitude à l’égard des conflits» la région pour ces raisons et évidemment beaucoup d’autres. Toutefois, la rare-té des ressources financières est presque toujours un obstacle à la réforme. Compte tenu de la pau-vreté des pays du Fleuve Mano, il peut être sur-prenant que l’argument selon lequel des solutions novatrices nationales seront nécessaires à l’avenir, plutôt qu’une dépendance continue via à vis des bailleurs de fonds internationaux fasse l’objet de peu de résistance au sein des groupes de discus-sion. De nombreux participants ont convenu que l’appropriation financière de la gestion de la sécu-rité serait un fardeau sur le plan financier, mais ont fait valoir que cela favoriserait un plus grand senti-ment d’appropriation nationale et donc de surveil-lance par les pays. Les participants ont reconnu les opportunités présentées par le secteur privé. La sé-curité est une condition préalable pour réaliser des opérations commerciales. Par conséquent, il est dans l’intérêt du secteur privé d’investir dans des réformes visant à améliorer la gestion du secteur de la sécurité. En outre, les entreprises privées peu

27Partners for Democratic Change

RECOMMANDATIONS

¬ La coopération régionale est nécessaire pour mutualiser

les ressources existantes en vue de face aux défis sécuritaires

régionaux.

¬ La décentralisation peut aider à mieux gérer les défis, surtout si

vent en effet avoir des fonds à allouer à ces types d’initiatives et il est indispensable d’explorer cette possibilité. Il a également été reconnu que le gou-vernement et la société civile devront collaborer pour que l’engagement du secteur privé devienne réalité.

Bien entendu, la volonté de prendre en charge la responsabilité du financement de la RSS est une chose et le fait d’en avoir les moyens en est une au-tre. Les participants étaient conscients de cette ré-alité. Néanmoins, il est nécessaire de s’assurer que les ressources disponibles sont utilisées de façon plus efficace. Cela signifie, entre autres, sensibi-liser les députés qui sont chargés de surveiller ces budgets, mais comprennent assez peu les aspects techniques du financement des besoins de sécuri-té. En outre, de nombreux participants ont indiqué que plus les citoyens sont engagés dans le processus de réforme du secteur de la sécurité, plus ils seront susceptibles de contribuer aux impôts nécessaires pour maintenir les forces de sécurité.

Le général Lamine Cissé, président de la Commission des partenaires du Sénégal (Sénégal, devant à gauche) et le colonel Mamadou Aliou Sow (Guinée, au centre) lors d’une session plénière.

elle est mise en œuvre en collaboration avec les populations

rurales. Ceci peut contribuer à assurer davantage la stabilisation

dans les régions disposant d’immenses réserves de ressources

naturelles. Bien exécutée, la décentralisation peut avoir un impact

significatif sur la santé globale de l’économie, et ainsi contribuer

à renforcer les fonds disponibles pour la réforme et la gestion de

la sécurité.

¬ En faisant participer le secteur privé, on peut l’amener à soutenir

les réformes. Les investisseurs ont autant, voire plus d’intérêt,

à voir ces pays devenir des zones stables pour l’investissement.

En démontrant le lien direct entre la réforme de la sécurité et

la stabilisation on peut les amener à devenir des partenaires plus

solides dans la réforme et la gestion de la sécurité.

¬ Des solutions novatrices, y compris l’intégration des sociétés

privées de sécurité et d’autres acteurs non étatiques de la

sécurité dans le système de gestion de la sécurité nationale,

doivent être étudiées.

Les recommandations formulées en vue d’améliorer la mobilisation des ressources ont ren-forcé les conclusions des discussions antérieures. Ces recommandations comprennent ce qui suit:

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PRINCIPALES CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS

Les défis à la sécurité et à la RSS dans la région du Fleuve Mano sont nombreux. Par conséquent, des solutions novatrices impliquant tous les niveaux et secteurs de la société sont nécessaires pour que les réformes continuent de progresser. L’un des prin-cipaux objectifs du symposium régional était de réunir les personnes les plus concernées, au niveau de la société civile, des gouvernements et des ser-vices de sécurité en uniforme pour leur permettre de s’exprimer sur les principaux défis auxquels ils sont confrontés et rechercher des solutions nova-trices.

Le présent rapport contient les esquisses de la plupart de ces solutions. Une idée récurrente exprimée lors de l’événement est que la RSS est un processus à long terme. Il est probable qu’un engagement et un soutien persistant du processus,

tant au niveau national qu’à l’étranger, sera néces-saire pendant des années, voire des décennies. Des investissements à long terme dans ces réformes sont essentiels pour la stabilité et le développement de la région du Fleuve Mano à l’avenir. Parmi les autres conclusions importantes faites par rapport à cet engagement on peut noter:

PRINCIPALES CONCLUSIONS

¬ Diversité des expériences acquises en matière de RSS: Les pays

de l’Union du Fleuve Mano sont en train de sortir divers contextes

historiques et ont souvent des priorités différentes en matière de

RSS. Par ailleurs, dans chaque pays, les populations de différents

secteurs ont également souvent des priorités différentes par

rapport à la réforme, voire une compréhension unique de ce que

les objectifs de la RSS devraient être.

Il était important d’avoir un groupe diversifié de participants pour un débat plus équilibré

29Partners for Democratic Change

¬ Nécessité d’une coopération régionale: En dépit des différences

rencontrées d’un pays à l’autre, il existe un besoin évident de

coopération au niveau régional, par rapport aussi bien à la

RSS qu’à la gestion de la sécurité en vue faire face aux nouvelles

menaces contre la sécurité dont beaucoup sont de nature

régionale

¬ Engagement insuffisante des citoyens pour la RSS: Pour que les

L’identification de ces défis à la RSS dans la région a contribué à orienter les discussions lors de l’événement. Elle a également conduit à la formulation de plusieurs recommandations clés:

RECOMMANDATIONS

¬ Nécessité d’un outil de diagnostic sur la RSS: En raison de

la diversité des priorités et des conceptions relatives à la

RSS, à laquelle s’ajoute la nature complexe de ces réformes, le

développement d’un outil de diagnostic de l’état d’avancement

de la mise en œuvre de la RSS dans un pays donné serait un

grand avantage pour les acteurs engagés dans le processus.

Un tel outil permettrait de se focaliser sur les mesures

spécifiques prises pour réformer le secteur de la sécurité ainsi

que sur l’impact perçu de ces mesures sur la sécurité humaine

globale sur l’ensemble du pays ou de la région.

¬ Renforcement continu de l’Union du Fleuve Mano: Alors que

les pays de la région du Fleuve Mano s’acquittent maintenant de

leurs cotisations au Secrétariat de l’Union du Fleuve Mano pour la

première fois dans leur histoire récente, l’organisation semble

fonctionner dans un nouvel environnement de volonté politique.

16 Africa Center for Strategic Studies. “ACSS Guinea Chapter Hold Symposium on Security Sector Reform, Anti-Corruption Efforts.” From: http://africacenter.org/2013/01/acss-guinea-chapter-holds-symposium-on-security-sector-reform-anti-corruption-efforts/

Compte tenu de la dimension régionale de la plupart des menaces

qui pèsent sur les pays du Fleuve Mano, le renforcement continu

de la capacité de l’Union du Fleuve Mano à faciliter la coopération

sécuritaire régionale peut avoir un impact significatif sur la

sécurité humaine.

¬ Large participation en vue d’une réforme global: Pour que

leur mise en œuvre soit couronnée de succès à long terme, les

réformes doivent être conçues pour répondre efficacement aux

besoins de toutes les couches de la société. Ceci signifie que les

principaux programmes nationaux de réforme doivent approfondir

leur engagement avec les citoyens en vue d’une meilleure

compréhension de leurs besoins en matière de sécurité, en

mettant en œuvre une approche décentralisée allant au-delà

des capitales, pour assurer la participation des habitants des

milieux ruraux et des régions frontalières en particulier. Il a été

prouvé qu’une plus grande attention est accordée à cet élément

du processus de réforme. Lors d’un événement organisé par

ACSS en Guinée Conakry en décembre 2012, le Dr Diéliman

Kouyaté, qui participe au programme de CERSS et préside la

commission technique sur la RSS avait déclaré que «la réforme

du secteur de la sécurité n’est pas seulement une réforme des

forces armées. Il ne s’agit pas seulement d’avoir une bonne

armée. Il s’agit d’avoir une approche multisectorielle de la

réforme intégrant la justice, la police, le parlement et la société

civile.»16

Parlementaire Affoussy Bamba représentés les élus lors du symposium et a partagé ses expériences de travail sur la RSS en Côte d’Ivoire

réformes soient complètes et durables, il est nécessaire de faire

participer toutes les sphères de la société. Cette participation a

longtemps été reconnue la solution idéale, mais l’implication des

citoyens a souvent été négligée puisque que l’accent a davantage

été mis sur les réformes d’ordre politique.

¬ Probable baisse des ressources financières destinées à la RSS:

Les ressources financières disponibles pour la RSS ont toujours

été insuffisantes. Ceci est dû en partie à la nature politique de

la RSS perçue par les donateurs. La récente crise financière

mondiale est susceptible d’aggraver cette situation.

30

¬ Création de groupes de travail pour la RSS au sein de la société

civile: L’un des premiers résultats encourageants réalisés au

début du projet a été la création, par la délégation guinéenne,

d’un groupe d’appui de suivi du processus de RSS appelé le

Forum des organisations de la société civile pour l’appui à la

réforme (FOCAR). Cette initiative a encouragé les pays à établir

d’autres groupes similaires avec le soutien des ressources et des

outils de l’Union du Fleuve Mano. Ces réseaux peuvent offrir aux

17 Pour une brève discussion sur les avantages et les inconvénients d’un tel système, visiter le site: http://africacenter.org/2012/10/ask-the-expert-africa-center%25e2%2580%2599s-dr-assis-malaquias-discusses-angola%25e2%2580%2599s-new-5-billion-oil-fund/

Cette liste de recommandations intervient à un moment important pour les efforts de réforme dans la région du Fleuve Mano. En raison de la lassitude à l’égard des conflits la région, nombreux sont ceux qui ont la volonté politique de voir ces réformes ré-ussir. En outre, les dirigeants reconnaissent main-tenant la nécessité de travailler ensemble à l’échelle régionale pour relever le défi politique, économ-ique et de sécurité, peut-être mieux qu’ils ne l’aient jamais fait auparavant. S’il est correctement mis à profit, cet environnement peut offrir une fenêtre d’opportunité décisive pour la réforme, le renforce-ment de la stabilité régionale et la consolidation de la démocratie. Ces recommandations, bien que non exhaustives, sont une contribution nécessaire à cet objectif.

OSC un canal officiel permettant l’interaction avec différents

comités de RSS et de leur proposer des recommandations.

¬ Des solutions novatrices pour le financement des réformes: Le

manque de ressources financières constituera probablement

un défi à la RSS dans la région dans un proche avenir. Cependant,

certaines opportunités, notamment un engagement plus efficace

avec le secteur privé, pourraient permettre d’atténuer ce déficit.

En outre, étant donné que les revenus miniers et autres revenus

provenant des industries extractives continuent de croître dans

la région, le fait d’exploiter cette croissance et de le réinvestir à

travers la mise en place d’un fonds souverain, pourrait entrainer

une réduction indispensable de la charge occasionnée du secteur

de la défense.17 De plus, le fait de puiser dans ces ressources

peut, dans certains cas, donner à la population locale une plus

grande autonomie par rapport à la communauté internationale

en ce qui concerne la RSS, entraînant ainsi une plus grande

appropriation des progrès des réformes.

31Partners for Democratic Change

A PROPOS DE LA PARTICIPATION DES CITOYENS DANS LE PROJET DE RÉFORME DU SECTEUR DE LA SÉCURITÉ

Le programme d’engagement des citoyens dans la réforme du secteur de la sécurité dans la région du fleuve Mano (CERSS) initié par Partners for Democratic Change était un programme de 9 mois visant à élargir la mobilisation des acteurs de la so-ciété civile engagés dans les processus de réforme du secteur de la sécurité dans la région du Fleuve Mano. Le programme a été mis en œuvre en col-laboration avec Partners Sénégal (PS), une organi-sation affiliée à Partners for Democratic Change en Afrique de l’Ouest, avec le soutien du Département d’Etat américain. L’équipe de Partners a travaillé en étroite collaboration avec des représentants de la société civile, des Gouvernements et du secteur de la sécurité dans chacun des quatre pays de la ré-gion du Fleuve Mano (Côte d’Ivoire, Guinée, Libé-ria et Sierra Leone) pour concevoir un programme pertinent et constructif.

L’initiative sur la participation des citoyens s’appuie sur les efforts investis par Partners et ses centres affiliés à travers le monde en vue d’améliorer la sécurité des citoyens en établissant des proces-sus permettant aux citoyens, aux membres du sec-teur de la sécurité et aux Gouvernements de se ré-unir pour partager leurs expériences et tisser des relations qui mèneront à des actions communes.

En 2011 Partners for Democratic Change et Part-ners Sénégal ont lancé un programme de deux ans appelé Projet de sécurité des citoyens en Guinée (GCSP) pour former la société civile à acquérir les compétences nécessaires pour participer plus ef-ficacement aux activités de réforme du secteur de la sécurité en Guinée. En Amérique latine, Part-ners/Mexique a conçu et animé un programme de travail avec une vaste coalition d’acteurs de la so-ciété civile et d’acteurs gouvernementaux en vue d’élaborer et de proposer des lois visant à améliorer la façon dont la sécurité est vécue au niveau local. En 2011 et 2012 au Belize, Partners a travaillé avec un partenaire local – RESTORE – dans le cadre d’un projet de construction de lignes de commu-nication plus efficaces entre les services chargés de l’application des lois et la communauté dans les quartiers Sud de la cité de Belize en proie à la criminalité. Pendant 24 ans, Partners s’est engagé à mettre en place des plateformes de dialogues mul-tipartites sur les questions de sécurité humaine. Cet engagement continuera d’être un élément cen-tral des programmes de Partners au fur et à mesure qu’elle s’investit dans l’amélioration de la sécurité des citoyens dans la région du fleuve Mano et dans le monde entier.

32

PARTNERS FOR DEMOCRATIC CHANGE

Partners for Democratic Change est une organi-sation mondiale qui s’est engagée à renforcer les institutions démocratiques et la société civile. Elle a plus de 20 années d’expérience dans le renforce-ment des capacités locales dans les compétences de base en matière de démocratie dans plus de 50 pays. En travaillant avec des centres nationaux in-dépendants, dont la gestion est entièrement assu-rée par des professionnels résidant dans les pays même où ces centres sont basés, Partners adapte et acculture ces méthodes au contexte de chaque pays. Grâce à notre réseau de 18 centres affiliés à travers le monde, Partners a contribué à la transi-tion vers la démocratie et l’économie de marché dans ces pays. Partners a formé de nouveaux spé-cialistes de la communication, des médiateurs, des négociateurs et des planificateurs qui permettent à la société civile, aux entreprises privées et aux gouvernements à tous les niveaux de travailler en-semble sur des questions d’intérêt commun. Part-ners mobilise des équipes de formation interna-tionales pour communiquer leurs compétences et leur savoir-faire à travers le monde.

PARTNERS SENEGAL

Partners Senegal - Centre pour la collaboration civique, regroupe des dirigeants d’organisations de la société civile (OSC), des acteurs gouvernemen-taux, des universitaires et des acteurs du secteur privé en vue de promouvoir le dialogue, la trans-parence, la bonne gouvernance et la participation des jeunes au processus de développement na-tional et local. En tant qu’organisation de la so-ciété civile au Sénégal, Partners Sénégal s’engage à être un chef de file dans le développement de la société civile et se veut un partenaire crédible dans la quête de la démocratie, du développement et de l’état de droit dans toute l’Afrique occidentale.

www.partners-senegal.org

www.partnersglobal.org

33Partners for Democratic Change

ANNEXE A LISTE DES PARTICIPANTS

COTE d’IVOIRE — Gouvernement

Affoussy Bamba LanineRSS Comité technique – Contrôle dé[email protected]+225 20 20 9600

Alain DonwahiChairRSS Comité technique+ 225 20 25 13 00

Gahodit Pierre OulattaPrésidentAssemblée nationale–Commission Défenseet Sécurité[email protected]

Outtara SeydouPréfetMinistère de l’Intérieur+ 225 03 43 43 06

Fidel YapiMinistère de l’Inté[email protected]

Narcisse Thomas Sepy-YessohSous-PréfetMinistère de l’Inté[email protected]

Zouza Roland Clovis Kalou2e ConseillerAmbassade de Côte d’Ivoire au [email protected]+231 880 599 380

COTE d’IVOIRE — OSC

Sindou [email protected]

Mata [email protected]

Doumbia [email protected]

Christophe [email protected]

Salimata [email protected]

Wodjo [email protected]

34

GUINEA — Gouvernement

Cece BalamouComité civilo - [email protected]

Mariama Barry DjeloAncien [email protected]+224 64 297672

Hawa DialloAssociation des Magistrats de Guiné[email protected]

Zézé DopavoguiPoliceMinistère de l’Intérieur+ 224 63413996

Dieliman KouyateConseiller politiqueMinistère de la Défense+ 224 63117207

Mamadou Aliou SowComité technique [email protected]

GUINEA — OSC

Djenabou Bah Association des Jeunes Guinéens pour la Promotion de l’Espace franco phonie [email protected]

Balla DopavoguiCentre d’études stratégiques de l’Afrique – Chapitre Guiné[email protected]

Nantenin KoneREFMAP/[email protected]

Moussa [email protected]

Hadja Sayon SamouraAssociation des Epouses de [email protected]

Hamidou [email protected]

35Partners for Democratic Change

LIBERIA — Gouvernement

Robert CooperSous-ministre adjoint chargé des OperationsMinistère de la Défense [email protected]

Frederick GbemieCoordinateur de la réforme du secteur de la sécuritéConseil de Sécurité [email protected]

Jerome LarbleeVice-MinistreMinistèrede la Défense [email protected]

Fredie TaylorVice-ministrede l’Administration territoriale Sécurité publiqueMinistère de la [email protected]+231 886 510 913

Abla WilliamsBureau de l’Immigration [email protected]

Jonathan WordsworthMinistère des Affaires Internes [email protected]+231 886 742632

Joseph YarsiahGroupe de travail pour la justice transitionnellerightsrice@googlemail

LIBERIA — OSC

Cyril AllenCoordinateur Résident - LiberiaUnion du Fleuve [email protected]+231 886 448 523

Ruth [email protected]

Roosevelt Gould IIDirecteurCommission Justice Catholique & [email protected]

Cecil [email protected]

Nyenti KaffeyCommunity Watch [email protected]

Chief KarworConseil national traditionnelC/O Carter [email protected]

Francis NagbeGestionnaire de programmesWANEP - [email protected]

Debey SayndeeDirectriceKofi Annan Institute for Conflict [email protected]+231- 886513677 / +231- 777513677

Jimmy SmithAssociation des Agents Privés de Sécurité [email protected]

36

SIERRA LEONE — Gouvernement

Ismail TarawaliOffice of National Security (Bureau de la sécurité nationale) [email protected]

Olayinka PhillipsMinistère de la [email protected]

Francis KeiliOffice of National Security (Bureau de la sécurité nationale) [email protected]

Memunatu [email protected]

SIERRA LEONE — OSC

Henry AllieuNGO de [email protected]

Angui AssouakonSecrétariat [email protected]

Hassan FeikaMouvement pour la Paix et la Réconciliation – [email protected]

Hannah GarrickMARWOPNET/[email protected]

Zuo TaylorYouth Crime [email protected]

Una [email protected]

Aaron WeahCommission [email protected]

LIBERIA — OSC (continued)

37Partners for Democratic Change

PERSONNES-RESSOURCES

Augustine AllieuPlan International – Sierra [email protected]

Gene BonventreUSAID/Africa [email protected]

Gregory BlamohPlan International – [email protected]

Todd CokerDépartement d’Etat américain – Côte d’[email protected]

Massa CraytonOSIWA [email protected]

Abdoul Rahamane DialloOSIWA Guiné[email protected]

Nancy EstesUSAID – Guinée/Sierra [email protected]

Abdulai JallohUSAID – Sierra [email protected]

Missak [email protected]

Megan [email protected]

Sue Ann SanduskyAmbassade des Etats-Unis – [email protected]

James RuffingAmbassade des Etats-Unis – Sierra [email protected]

François TraoreUSAID – Guiné[email protected]

Jason WrightAmbassade des Etats-Unis – [email protected]

ORATEURS

Lamine CissePrésident du ConseilPartners Séné[email protected]

Ely DiengResponsable RSSUNOCI [email protected]

Birame DiopDirecteurPartners Séné[email protected]

38

ANIMATEURS

Oury TraoreMali/[email protected]

Emile OuédraogoBurkina [email protected]

Mathurin HoungnikpoWashington, D.C. [email protected]

Fatoumata Sira DialloGuinée/[email protected]

PARTENAIARES POUR LE CHANGEMENT DEMOCRATIQUE

Teresa [email protected]

Nick OatleyDirecteur des [email protected]

Hugh O’[email protected]

39Partners for Democratic Change

ANNEXE B PROGRAMME

MARDI SEPTEMBRE 18th

19:00 - 21:00 Réception de Bienvenue au Golden Gate HotelNavette de Kendejaau Golden Gate — 8:45

07:30 - 08:30 Petit Déjeuner aux Hôtels RespectifsNavette de Kendejaau Golden Gate

MERCREDI SEPTEMBRE 19th

09:00 - 10:00 Mots de Bienvenue

Col. Birame Diop, Directeur— Partners SénégalTeresa Crawford, Directeur — Partners for Democratic Change General Lamine Cisse, Président du Conseil d’administration — Partners Sénégal Col. Sue Ann Sandusky, , Haut responsable du Département de la Défense — Etats UnisSt. Jerome Larbalee, Vice-ministre de la Défense — Gouvernement du Liberia

10:00 - 10:30 Pause-café Photo de groupe — endroit à déterminer

10:30 - 11:30 Sécurité dans la Région du Fleuve Mano — Défis et Opportunités

Dr. Saran Daraba, Secrétaire General — Union du Fleuve Mano

Modérateur —Col. Birame Diop, Directeur — Partners Sénégal

Orateur —

Orateurs —

40

16:00 - 16:30 Pause-café

16:30 - 18:00 Groupe de Discussion No.2 — Participation des Citoyens à la Sécurité

No.1Salle - MarylandAnimateur - Matt

No.2Salle - Grand BassaAnimateur - Emile

No.3Salle - BongAnimatrice - Oury

No.4Salle - Grand GedehAnimatrice - Fatoumata

18:00 - 19:30 Temps LibreNavette à Kendeja — 18:15/18:30Navette au Golden Gate — 19:15/19:30

19:30 - 21:00 Dîner en Tenue Traditionnelle Navette à Kendeja — 21:00/21:15

11:30 - 13:00 Groupe de Discussion No.1 — Menaces à la Région / Défis / Opportunités

No.1Salle - MarylandAnimateur - Matt

No.2Salle - Grand BassaAnimateur - Emile

No.3Salle - BongAnimatrice - Oury

No.4Salle - Grand GedehAnimatrice - Fatoumata

13:00 - 14:30 Déjeuner

14:30 - 16:00 Session Plénière — Participation des Citoyens à la Sécurité

Ely Dieng, Responsable RSS — UNOCI

Modérateur —Emile Ouedraogo

Orateur —

41Partners for Democratic Change

JEUDI SEPTEMBRE 20th

19:00 - 21:00 Petit Déjeuner aux Hôtels RespectifsNavette de Kendejaau Golden Gate — 8:15

10:30 - 11:30 Session plénière — La Décentralisation comme Pilier de la Sécurité Nationale

Dr. Mathurin Houngnikpo, Universitaire, Titulaire dechaire Relations civilo-militaires — Cen-tre d’études stratégiques de l’Afrique, National Defense University

Modératrice —Oury Traore

10:00 - 10:30 Pause-café

10:30 - 12:00 Groupe de Discussion No.3 — Decentralization as a Pillar of National Security

No.1Salle - MarylandAnimateur - Matt

No.2Salle - Grand BassaAnimateur - Emile

No.3Salle - BongAnimatrice - Oury

No.4Salle - Grand GedehAnimatrice - Fatoumata

12:00 - 13:30 Déjeuner

13:30 - 15:00 Session Pleniere — Mobilisation des Ressources pour les Réformes

Col. Birame Diop, Directeur — Partners Sénégal

Modératrice —Fatoumata Diallo

Orateur —

Orateur —

42

15:00 - 15:30 Pause-café

15:30 - 17:00 Groupe de Discussion No.4 — Mobilisation des Ressources

No.1Salle – MarylandAnimateur - Matt

No.2Salle – Grand BassaAnimateur – Emile

No.3Salle – BongAnimatrice – Oury

No.4Salle – Grand GedehAnimatrice - Fatoumata

17:00 - 18:00 Débat de Clôture et Mots de la Fin

Nancy Estes, Mission Directeur — Guinea/Sierra Leone — USAIDCol. Birame Diop, Directeur — Partners SénégalTeresa Crawford, Directeur— Partners for Democratic Change General Lamine Cisse, Président du Conseil — Partners Sénégal

Moderateur —Mathurin Houngnikpo

Orateurs —

18:30 - 20:30 Ceremonie de ClotureNavette au Golden Gate — 20:30/20:45