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Terminale SES – Documents de cours – LGF – P. Savoye Page 1 PARTIE 2 : SOCIOLOGIE THEME 1 : Classes, stratification et mobilité sociales Section 1 : Comment analyser la structure sociale ? Notions Term. : Inégalités économiques, inégalités sociales, classes sociales, groupes de statut, catégories socioprofessionnelles. Rappel de 1 ère : salaire, revenu, profit, revenus de transfert, groupe social. On mettra en évidence le caractère multiforme des inégalités économiques et sociales ainsi que leur aspect parfois cumulatif. On procédera à des comparaisons en utilisant les principaux indicateurs et outils statistiques appropriés. On présentera les théories des classes et de la stratification sociale dans la tradition sociologique (Marx, Weber) ainsi que leurs prolongements contemporains et on s'interrogera sur leur pertinence pour rendre compte de la dynamique de la structuration sociale. On mettra en évidence la multiplicité des critères de différenciation sociale dans les sociétés post-industrielles (statut professionnel, âge, sexe, style de vie). Sensibilisation : Vidéo Génération sacrifiée ? : https://www.youtube.com/watch?v=9-3pGyJWRbw Q1 Quelles sont les inégalités évoquées dans la vidéo ? Connaissez-vous d’autres inégalités ? Q2 Quelles conséquences pourraient-elles avoir sur la formation de groupes dans une société ? Comment peut-on appeler ces groupes ? Pourquoi ? Formulation d’hypothèses : D’après vous qu’est-ce qu’une inégalité ? Doit-on lutter contre les inégalités ? D’après vous existe-t-il encore des classes sociales aujourd’hui en France ? ……………………………………………………………………………..………………………………………… ……………………………………………………………………...…………………………………………………………….. ……………………………………………………………………………..…………………………………………………….. ……………………………………………………………………...…………………………………………………………….. A. Des inégalités économiques et sociales multiformes et cumulatives 1- Inégalité et différence Toute différence devient inégalité à partir du moment où elle est traduite en termes d'avantages et de désavantages par rapport à une échelle d'appréciation. Deux idiomes (1) cessent d'être simplement différents quand l'un est celui d'une minorité devant passer par le second pour faire connaître ses idées, défendre ses intérêts, participer à la vie politique et économique de la nation. Deux chevaux de course cessent de n'être que différents par la couleur, l'allure, etc. et deviennent inégaux si l'un se classe régulièrement mieux que l'autre. [ ... ] C'est à cette division de sociétés en couches ou classes inégalement favorisées que s'applique le plus couramment la notion de stratification : répartition inégale des droits, des pouvoirs, des richesses et de tous les autres avantages et désavantages entre les diverses fractions d'une population. R. Girod, Les inégalités sociales, collection Que sais-je ?, PUF, 1984 1. L'idiome : langue propre à une nation, à une province Q1 Distinguez la notion « d’inégalité » de celle de « différence ». Illustrez par des exemples. Q2 Définissez la notion de « stratification sociale ». 1) Les inégalités économiques et sociales a) Les inégalités de revenu, de niveau de vie et de patrimoine - Revenu et niveau de vie → Document 4 p.309 Répondre aux questions proposées. 2- Utilisation de l’écart inter-décile pour décrire des inégalités Pour mesurer l’inégalité des revenus, par exemple, on peut ranger les ménages par groupe de 10%, en commençant par les 10% percevant les plus faibles revenus (ce groupe s’appelle le premier décile) et en allant jusqu’au 10 ème décile, c’est-à-dire les 10% des ménages percevant les plus hauts revenus. Un décile est séparé du décile supérieur et du décile inférieur par un montant de revenu que l’on appelle « limite de décile ». Chaque décile est donc borné par une limite inférieure de décile, qui est le montant du revenu au-dessus duquel se situent les ménages du décile, et une limite supérieure, qui est le montant du revenu au-dessous duquel se situent les ménages du décile. La répartition du revenu par décile permet de calculer l’écart inter-décile, en général D9/D1 : on fait le rapport entre le montant de revenu séparant le décile 9 du décile 10 et celui séparant le décile 1 du décile 2. On ne prend pas le 10 ème décile car, pour ce décile, on n’a pas de borne supérieure (le montant d’un revenu ou d’un patrimoine connaît une borne inférieure, c’est 0, mais pas de borne supérieure). → Documents 5, 6 (travail maison) et 9 p.309-311 Répondre aux questions proposées.

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PARTIE 2 : SOCIOLOGIE THEME 1 : Classes, stratification et mobilité sociales

Section 1 : Comment analyser la structure sociale ?

Notions Term. :

Inégalités économiques, inégalités sociales, classes sociales, groupes de statut, catégories socioprofessionnelles.

Rappel de 1ère :

salaire, revenu, profit, revenus de transfert, groupe social.

On mettra en évidence le caractère multiforme des inégalités économiques et sociales ainsi que leur aspect parfois cumulatif. On procédera à des comparaisons en utilisant les principaux indicateurs et outils statistiques appropriés. On présentera les théories des classes et de la stratification sociale dans la tradition sociologique (Marx, Weber) ainsi que leurs prolongements contemporains et on s'interrogera sur leur pertinence pour rendre compte de la dynamique de la structuration sociale. On mettra en évidence la multiplicité des critères de différenciation sociale dans les sociétés post-industrielles (statut professionnel, âge, sexe, style de vie).

Sensibilisation : → Vidéo – Génération sacrifiée ? : https://www.youtube.com/watch?v=9-3pGyJWRbw

Q1 Quelles sont les inégalités évoquées dans la vidéo ? Connaissez-vous d’autres inégalités ? Q2 Quelles conséquences pourraient-elles avoir sur la formation de groupes dans une société ? Comment peut-on appeler ces groupes ? Pourquoi ?

Formulation d’hypothèses : D’après vous qu’est-ce qu’une inégalité ? Doit-on lutter contre les inégalités ? D’après vous existe-t-il encore des classes sociales aujourd’hui en France ?

……………………………………………………………………………..………………………………………… ……………………………………………………………………...…………………………………………………………….. ……………………………………………………………………………..…………………………………………………….. ……………………………………………………………………...……………………………………………………………..

A. Des inégalités économiques et sociales multiformes et cumulatives 1- Inégalité et différence Toute différence devient inégalité à partir du moment où elle est traduite en termes d'avantages et de désavantages par rapport à une échelle d'appréciation. Deux idiomes (1) cessent d'être simplement différents quand l'un est celui d'une minorité devant passer par le second pour faire connaître ses idées, défendre ses intérêts, participer à la vie politique et économique de la nation. Deux chevaux de course cessent de n'être que différents par la couleur, l'allure, etc. et deviennent inégaux si l'un se classe régulièrement mieux que l'autre. [ ... ] C'est à cette division de sociétés en couches ou classes inégalement favorisées que s'applique le plus couramment la notion de stratification : répartition inégale des droits, des pouvoirs, des richesses et de tous les autres avantages et désavantages entre les diverses fractions d'une population.

R. Girod, Les inégalités sociales, collection Que sais-je ?, PUF, 1984 1. L'idiome : langue propre à une nation, à une province

Q1 Distinguez la notion « d’inégalité » de celle de « différence ». Illustrez par des exemples. Q2 Définissez la notion de « stratification sociale ».

1) Les inégalités économiques et sociales a) Les inégalités de revenu, de niveau de vie et de patrimoine

- Revenu et niveau de vie → Document 4 p.309 Répondre aux questions proposées. 2- Utilisation de l’écart inter-décile pour décrire des inégalités Pour mesurer l’inégalité des revenus, par exemple, on peut ranger les ménages par groupe de 10%, en commençant par les 10% percevant les plus faibles revenus (ce groupe s’appelle le premier décile) et en allant jusqu’au 10ème décile, c’est-à-dire les 10% des ménages percevant les plus hauts revenus. Un décile est séparé du décile supérieur et du décile inférieur par un montant de revenu que l’on appelle « limite de décile ». Chaque décile est donc borné par une limite inférieure de décile, qui est le montant du revenu au-dessus duquel se situent les ménages du décile, et une limite supérieure, qui est le montant du revenu au-dessous duquel se situent les ménages du décile. La répartition du revenu par décile permet de calculer l’écart inter-décile, en général D9/D1 : on fait le rapport entre le

montant de revenu séparant le décile 9 du décile 10 et celui séparant le décile 1 du décile 2. On ne prend pas le 10ème décile car, pour ce décile, on n’a pas de borne supérieure (le montant d’un revenu ou d’un patrimoine connaît une borne inférieure, c’est 0, mais pas de borne supérieure).

→ Documents 5, 6 (travail maison) et 9 p.309-311 Répondre aux questions proposées.

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- Les inégalités de patrimoine 3- Courbe de Lorenz des revenus et du patrimoine

Q1 Quelle est la part des revenus disponibles que se partage les 20% de la population la plus riches ? 50% de la population la plus riche? Même question pour le patrimoine. Q2 Quels liens établir entre inégalités de revenus et de patrimoine ? → Document 10 p.311 Répondre aux questions proposées.

Récapitulatifs :

Question de cours : Qu’est-ce qu’une inégalité de revenus ? Synthèse : Vous présenterez les inégalités économiques.

b) Les inégalités sociales et culturelles 4- Les disparités des modes de consommation Les disparités de revenus nourrissent des disparités importantes dans les modes de consommation. Dans les biens d'équipement ou d'habillement, la consommation de produits de marques fait souvent la différence entre catégories sociales. Comme cela a toujours été le cas, les innovations technologiques bénéficient d'abord aux ménages privilégiés, avant de connaître une diffusion plus large. Il en est ainsi de l'Internet ou de la téléphonie mobile, même si ces deux exemples indiquent également que la démocratisation s'effectue aujourd'hui plus rapidement que par le passé. Les inégalités de consommation ne sont pas toutes liées à des disparités de revenus. Les livres ne sont pas spécialement coûteux, mais ils sont nettement plus présents chez les ménages des couches sociales supérieures. Les modes de consommation sont tributaires d'un capital culturel. Ils reflètent aussi des codes de comportement qui différencient les individus : porter des vrais vêtements Nike pour aller faire son footing ou bien des imitations pour aller travailler n'a pas la même signification. Au-delà de la généralisation de la possession de certains objets, liée à la chute du prix relatif des produits manufacturés, les inégalités s'expriment de plus en plus nettement à travers la consommation des services, qu'ils soient collectifs ou marchands.

«Les inégalités de consommation persistent», La Vie économique, 11 juillet 2008.

Q1 Commentez le graphique en vous demandant s'il existe une «fracture numérique». Q2 Expliquez la phrase soulignée. Q3 Quels types de consommation révèlent particulièrernent aujourd'hui les inégalités ?

→ Documents 3, 1, 4 et 5 (travail maison) p.312 Répondre aux questions proposées.

Récapitulatifs : Question de cours : Les inégalités sont-elles seulement économiques ? Synthèse : Montrez les liens que les inégalités culturelles et de consommation

entretiennent avec la distinction. Question de cours : Montrez le caractère multiforme des inégalités. Question de cours : Pourquoi les inégalités de patrimoine sont-elles plus élevées

que les inégalités de revenus ?

2) La dynamique des inégalités a) Des inégalités cumulatives

→ Documents 1, 4, 3 et 6 p.314-315 Répondre aux questions proposées.

→ Vidéo - Des riches de plus en plus riches : http://www.dailymotion.com/video/x4fd92_des-riches-de-plus-en-plus-riches_news

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Récapitulatifs : Synthèse : Expliquez comment inégalités de revenus et inégalités de patrimoine

s’entretiennent. Synthèse : Expliquez comment les inégalités économiques et sociales peuvent-

elles se cumuler. *

b) Des sociétés de plus en plus inégalitaires ? - Le rôle de l’emploi

→ Documents 1, 3 et 4 p.316-317 Répondre aux questions proposées. → Document 4 p.319 Répondre aux questions proposées.

- De nouvelles inégalités → Documents 1, 3 et 5 p.320-321 Répondre aux questions proposées.

Récapitulatifs : Question de cours : Quelles sont les principales transformations des inégalités

depuis les années 1980 ? Synthèse : Montrez l’impact du chômage et de la précarité sur les inégalités de

revenus. Synthèse : Montrez que les inégalités intra-catégorielles ont surtout des causes

économiques.

B. Les diverses analyses théoriques de la structure sociale dans la tradition sociologique 1) Décrire la société à travers la théorie des classes et de la stratification

sociale a) L’analyse de K. Marx et celle de M. Weber

→ Document 2 p.206 Répondre aux questions proposées.

5- Les classes sociales selon K. Marx

→ Document 4 p.207 Répondre aux questions proposées. 6- Approche nominaliste et approche réaliste Nous n'avons pas de définition universellement acceptée des classes sociales. Pour autant pour caricaturer les positions, deux courants traversent la sociologie. D'un côté, nous avons une tradition marxienne (1) selon laquelle les classes sociales sont des collectifs structurés par une position spécifique dans le système économique définie notamment au travers de la propriété des moyens de production, marqués par un conflit central (l'exploitation), animés éventuellement par la conscience collective de leur être, de leur intérêt. [ ... ] Cette tradition est parfois qualifiée de holiste parce qu'ici, la totalité est plus que la somme des individus qui la forment, la classe existant indépendamment et au-dessus de ses membres [ ... ]. Cette tradition est qualifiée aussi de réaliste, parce que les classes sont supposées former des entités véritables et tangibles, et non pas des constructions intellectuelles. D’un autre côté, la tradition wébérienne suppose que les classes sociales sont des groupes d’individus semblables partageant une dynamique probable similaire sans qu'ils en soient nécessairement conscients. La classe sociale n'est pas autre chose, a priori, que la somme des individus (individualisme contre holisme) que

Q1 Quelles sont les deux grandes classes sociales de la « société bourgeoise moderne » ? Q2 Qu'est-ce qui les différencie ?

Q3 Pour Marx, suffit-il, pour les individus d'un même groupe social, d'avoir les intérêts communs pour former une classe sociale ?

Q4 Pourquoi est-il possible chez Marx de distinguer "classe en soi" et "classe pour soi" ?

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le chercheur décide d'assembler selon ses critères propres ; ainsi, les classes sont des noms plus que des choses (nominalisme contre réalisme). Karl Marx attendait donc beaucoup de la classe sociale, alors que Max Weber y voyait un mode de découpage social parmi d'autres : les marxistes conçoivent difficilement que les classes sociales existent sans conscience de classe, sans être des « classes en soi » et « pour soi » (2). des groupes non seulement repérables, mais aussi en mesure, de par leur organisation, de construire leur histoire collective.

Louis Chauvel, Le retour des classes sociales ? , Revue de l'OFCE, n° 79, 2001.

(1) « Marxien» qualifie ici une tradition intellectuelle liée à Marx. (2) Une classe en soi est un ensemble d'individus qui partagent des conditions de vie similaires. Une classe pour soi est un ensemble d'individus qui ont conscience d'appartenir à la même classe sociale.

Exercice : Complétez le tableau suivant en récapitulant les différences entre l'approche

nominaliste et l'approche réaliste.

Approche réaliste Approche nominaliste

Auteurs emblématiques ……………………………………… ………………………………………

Tradition sociologique ……………………………………… ………………………………………

Type de hiérarchie ? ……………………………………… ………………………………………

Place de l’individu ? ……………………………………… ………………………………………

Conscience de classe ? ……………………………………… ………………………………………

Récapitulatifs : Question de cours : Quelle analyse Weber fait-il de la stratification sociale ? Synthèse : Montrez ce qui distingue les analyses de Marx et de Weber.

b) Les prolongements contemporains

7- L’analyse des classes sociales peut aller au-delà de l’économie Pierre Bourdieu ne limite pas, quant à lui, le capital à la sphère économique. Il envisage l'existence de capitaux de différentes natures (capital économique, capital culturel, capital social, capital symbolique, capital politique ... ) qui apparaissent comme autant de ressources sociales pour les agents. Conçue comme un stock au volume plus ou moins important, chaque espèce de capital est le fruit d'une accumulation en vue d'obtenir un profit ou rendement, matériel ou non. À la différence de Karl Marx, Pierre Bourdieu considère que la position d'un individu dans la société n'est pas uniquement déterminée par sa position dans les rapports de production. La dimension économique n'est donc pas le seul critère de positionnement dans l'espace social. Pierre Bourdieu introduit aussi « une rupture avec la représentation spontanée du monde social que résume la métaphore de l'échelle sociale » À l'instar de Max Weber, il propose une conception multidimensionnelle de l'espace social.

Anne Jourdain, Sidone Naulin, La Théorie de pierre Bourdieu et ses usages sociologiques, Armand Colin, 2011.

A savoir : Selon Pierre Bourdieu, il existe de nombreuses formes de capital. Le capital économique le plus évident, mesure la richesse. Les individus peuvent aussi disposer d'un capital culturel (des connaissances ou des façons d'être qu'ils pourront mobiliser dans certaines circonstances), social (un réseau de relations sur lequel on peut s'appuyer), ou encore symbolique (lié au prestige). De plus, tous les domaines (les « champs» dit Bourdieu) ne valorisent pas les mêmes formes de capital.

Q1 Quels définition et exemples pourrait-on donner des différents capitaux que décrit Bourdieu ? Q2 En quoi la façon dont Pierre Bourdieu décrit les classes sociales s'inspire à la fois de Marx et de Weber ? Q3 Commentez la phrase soulignée.

8- Les influences des PCS Les CSP ont une qualité intéressante : elles permettent de parler de classes sociales sans jamais en prononcer le mot. Le but des CSP est de parvenir à résumer en un jeu réduit de catégories les principaux clivages sociaux résultants de trois critères : la hiérarchie, le statut (indépendant et salarié privé ou public) et le secteur (primaire, secondaire, tertiaire). Weberiennes sans l’avouer, les CSP assemblent des groupes professionnels connus pour avoir des caractéristiques semblables et des perspectives probables comparables. Elles sont aussi marxiennes, sans le dire, car le principe de regroupement retenu par ses concepteurs est le suivant : les groupes sont constitués en se fondant sur les conventions collectives qui permettent de mettre en évidence des équivalences entre professions (en cas de doute, l’avis des partenaires sociaux est mobilisé pour valider le choix du découpage). Autrement dit, les CSP prennent en compte la conscience collective portée par les groupes professionnels. On peut dire aussi qu’elles se fondent sur une démarche « constructiviste » dans la mesure où les CSP valident et interviennent en retour dans la validation de luttes sociales et de rapports sociaux-historiques. Autrement dit, il s’agit là d’un outil mixte, réalisant un arbitrage tempéré entre des logiques distinctes, dont la force résulte de sa capacité à s’adapter aux besoins des uns et des autres.

Louis Chauvel, « Le retour des classes sociales ? », Revue de l’OFCE, n° 79/octobre 2001.

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Q1 Quel est l’objectif général de la nomenclature des PCS ? Q2 Quels sont les différents critères permettant de classer les individus ? Q3 Dans quelle mesure peut-on dire que les PCS sont Wébérienne et marxienne ?

2) Vers une disparition des classes sociales dans la société post-industrielle ? a) Une moyennisation de la société française ?

→ Document 1 p.208 Répondre aux questions proposées. → Document 5 p.211 Répondre aux questions proposées. → Document 3 p.208 Répondre aux questions proposées. 9- Individualisme et affaiblissement de la conscience de classe La montée en puissance de l'individualisme et l’émergence concomitante de la demande d’autonomie, c'est-à-dire d'indépendance et l’émancipation par rapport aux autorités extérieures et supérieures à soi dans la vie privée comme publique, est depuis plus de dix ans au centre des interrogations. De fait, l'Église et les grandes organisations syndicales et politiques, notamment le PCF mais plus généralement l'État régulateur, étaient dans la société de l'après-Seconde Guerre mondiale les institutions et les instances centrales d'organisation. [ ... ] L’effritement de la "conscience sociale" et de la "conscience de classe", l’effondrement des grandes institutions d'encadrement de la population et la fragmentation des enjeux sociaux qui en est la conséquence, impliquent à leur tour une moindre régulation sociale des classes populaires par des collectifs porteurs de normes claires. [ ... ] La conscience ouvrière permettait de réguler les aspirations par une identité sociale conforme au niveau d'existence, alors que, pour les ouvriers dont le groupe de référence est maintenant celui des classes moyennes, une contradiction profonde entre les aspirations et les possibilités sociales de leur satisfaction se fait jour. Cette moindre régulation est particulièrement coûteuse pour les catégories les plus modestes, en impliquant leur déstabilisation profonde par la perte des repères et l'affaissement de la "solidarité ouvrière" que le "mouvement ouvrier" sous-tendait.

Louis Chauvel, « La déstabilisation du système des positions sociales », in Hugues Lagrange (dir.), L'épreuve des inégalités, PUF, 2006.

Q1 Qu'est-ce que l'individualisme ? Q2 Quels sont les effets de l'individualisme sur les « instances centrales d'organisation » ? Q3 Quelles sont les conséquences de l'effritement de la conscience de classe sur les individus des catégories populaires ? Q4 Quel rôle jouait la conscience ouvrière à l'époque où la classe ouvrière était plus structurée?

Récapitulatifs :

Question de cours : Quelles sont les caractéristiques des classes moyennes ? Synthèse : Comment expliquer la moyennisation de la société depuis l’après 2Gm ?

b) Le retour des classes sociales ?

→ Documents 1 et 2 p.210 Répondre aux questions proposées.

10- Les classes sociales ont-elles vraiment disparues ? Les grandes soirées dansantes supposent une infrastructure musicale, la location d'un local, un buffet : les sommes engagées sont au moins de 8500 euros pour une centaine de jeunes, mais peuvent très largement dépasser les 40000 euros. Mais les enjeux sont à la hauteur de ces dépenses fastueuses : il s'agit de parfaire une éducation parfaite, de donner la dernière touche à une œuvre d'art fragile et précieuse, un héritier ou une héritière digne du destin exceptionnel qui se propose. Avec les apprentissages du bridge, de la danse, ce sont les techniques de la mondanité qui sont enseignées et formalisées. Ce sont toutes les finesses et les subtilités de la vie de salon qui sont progressivement inculquées à des enfants, pour qui ces savoirs ne sont évidemment par innés. La bourgeoisie se construit continûment. Les bourgeois travaillent sans cesse à conforter la classe bourgeoise. Par un travail toujours recommencé, la classe entretient les limites qui marquent ses frontières, instruit ses jeunes générations, se préserve de promiscuités gênantes ou menaçantes. Fondée sur la richesse matérielle, la bourgeoise atteint le statut de classe pleine et entière, selon les critères marxistes, par cet effort Constant pour se réaliser en tant que groupe social. La bourgeoisie existe ainsi en soi, par sa place dans les rapports de production, mais aussi pour soi, par la mobilisation qu'elle manifeste dans son existence quotidienne en vue de préserver et de transmettre cette position dominante.

Michel Pinçon, Monique Pinçon-Charlot, Sociologie de la bourgeoisie, La Découverte, 2005.

Q1 Quelle est la fonction des grandes soirées dansantes organisées par la bourgeoisie ? Q2 Montrez que la bourgeoisie correspond sous certains aspects à la définition que Marx donne des classes sociales. Q3 En quoi le fonctionnement de la bourgeoisie la protège-t-elle du risque de disparaître ou même de se transformer contre sa volonté ?

→ Document 4 p.211 Répondre aux questions proposées. → Document 5 p.217 Répondre aux questions proposées.

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Récapitulatifs : Synthèse : La notion de classe sociale est-elle encore pertinente pour analyser la

structure sociale.

3) De multiples critères de différenciation sociale a) Age et génération

11- Effet d’âge, effet de génération

Q1 Faites une phrase avec les données pour la tranche d’âge 15-19 ans (A) et la tranche d’âge 65 ans et plus (B).

Q2 Comment l’utilisation d’internet à des fins personnelles évolue-t-elle selon l’âge ?

Q3 Comment la durée moyenne d’écoute de la télévision évolue-t-elle selon l’âge ? Q4 En quoi l’âge est-il un critère de différenciation sociale ?

b) Style de vie Il s’agit de la manière de vivre propre à un groupe social. Cela englobe les comportements, la sociabilité et les valeurs du groupe. → Document 5 p.209 Répondre aux questions proposées.

Questions supplémentaires : Q1 A quoi correspond l’axe horizontal ? L’axe vertical ? Q2 Quel type de relation ce graphique met-il en évidence ? Donnez des exemples. Q3 Quel est le point commun des professions situées en haut à gauche du graphique et celles situées en haut à droite ? Quelle est la différence entre ces professions ? Q4 A partir de ce graphique, essayez de distinguer différentes classes sociales. Justifiez vos choix. Q5 Comment expliquer le fait que, selon les professions, le « style de vie » change ?

c) Sexe et genre Le sexe est le donné biologique, qui distingue l’homme de la femme. Le genre est le construit social qui sépare le masculin du féminin. Le sexe devient ainsi un nouveau critère de différenciation sociale, car les femmes n’occupent pas la même place professionnelle que les hommes. → Documents 2 et 6 p.212-213 Répondre aux questions proposées. 12- Vidéo - B. Lahire La fabrique sociale d’un individu : https://www.youtube.com/watch?v=O65oF9au7kU

Récapitulatifs : Montrez que la multiplicité des critères de différenciation sociale brouille les

frontières de classe.

Fiche MEMO-SOCIO 1 à compléter