2
que pour la scle ´rose late ´rale amyotrophique, ces malades sont environ 1,5 fois plus fre ´quentes chez les hommes que chez les femmes, ce qui pourrait sugge ´rer le ro ˆle d’expositions professionnelles. La maladie d’Alzheimer est en revanche plus fre ´ quente chez les femmes que chez les hommes, en grande partie en raison de diffe ´rences dans le niveau d’e ´ducation. Parmi les facteurs de risque environnementaux, les facteurs de risque professionnels ont e ´te ´ souvent e ´tudie ´s et, parmi eux, les pesticides sont l’exposition pour laquelle le plus grand nombre d’e ´tudes sont disponibles et les re ´sultats plus solides. Une me ´ ta-analyse sur la relation entre la maladie de Parkinson et l’exposition aux pesticides publie ´e en 2012, a inclus 46 e ´tudes re ´alise ´es jusqu’en novembre 2010 [2]. La plupart des e ´tudes ont repose ´ sur une me ´thode sommaire d’e ´valuation de l’exposition et n’ont pas souvent conside ´re ´ les familles ou types de produits. Dans un peu plus de la moitie ´ des e ´tudes, l’exposition professionnelle et non professionnelle n’e ´taient pas distingue ´es, tandis que d’autres portaient exclusivement sur l’exposition professionnelle. Seules quelques e ´tudes ont utilise ´ des me ´thodes d’e ´valuation de l’exposition plus sophistique ´es comme des matrices emploi-exposition ou l’expertise individuelle des questionnaires d’exposition. D’apre ` s cette me ´ ta-analyse, le risque de maladie de Parkinson est environ 1,6 fois plus e ´leve ´ chez les personnes expose ´es aux pesticides au cours de leur vie. Il existait toutefois une he ´te ´roge ´ne ´ite ´ importante entre les e ´tudes explique ´es en partie par la me ´thode d’e ´valuation de l’exposition. L’association est plus particulie `rement pre ´sente pour les herbicides (odds ratio = 1,40) et les insec- ticides (odds ratio = 1,50). Deux autres me ´ta-analyses retrouvent des re ´sultats comparables [3,4]. Ces re ´sultats sont en faveur d’une association ge ´ne ´rique entre l’exposition aux pesticides et la maladie de Parkinson. De nombreuses questions demeurent quant a ` deux aspects importants de l’exposition. D’une part, bien qu’un petit nombre d’e ´tudes aient montre ´ une relation dose-effet, des donne ´es quantitatives plus de ´taille ´es sont ne ´cessaires pour mieux caracte ´riser cette relation. D’autre part, il semble que les me ´canismes physiopathologiques implique ´s dans la maladie de Parkinson de ´butent plusieurs anne ´es avant l’apparition des signes moteurs et il existe de nombreuses inconnues sur les fene ˆtres d’exposition pertinentes pour la maladie de Parkinson. Dix e ´tudes cas-te ´ moins et trois e ´ tudes de cohorte ont porte ´ sur la relation entre l’exposition aux pesticides et la scle ´rose late ´rale amyotrophique. Deux me ´ta- analyses re ´centes, ayant utilise ´ des me ´thodes diffe ´rentes, retrouvent une association entre l’exposition aux pesticides et la scle ´rose late ´rale amyotrophique ; l’une d’entre elles estimait un odds ratio de 1,8 tandis que l’autre rapportait un odds ratio de 1,88 chez les hommes et de 1,31 chez les femmes [5,6]. Toutefois, les re ´sultats individuels des e ´tudes restent souvent peu concordants et le petit nombre d’e ´tudes disponibles ne permet pas d’explorer correctement les sources d’he ´te ´roge ´ne ´ite ´ ou un biais de publication. Ainsi, des e ´tudes de plus grande taille et comportant une e ´valuation de l’exposition plus pre ´cise (type de produits, dure ´e d’exposition) sont ne ´cessaires afin de mieux caracte ´riser la relation entre l’exposition professionnelle aux pesticides et la scle ´rose late ´rale amyotrophique. Une dizaine d’e ´tudes ont explore ´ l’hypothe `se d’un lien entre pesticides et maladie d’Alzheimer. Une partie d’entre elles e ´ taient des e ´tudes cas-te ´moins qui comportent des difficulte ´ s importantes quant a ` l’e ´ valuation de l’exposition chez des patients de ´ments et reposent souvent sur l’interrogatoire des apparente ´s ou des mesures indirectes. Trois e ´tudes de cohorte ont permis de recueillir les informations sur l’exposition avant le de ´but des troubles de me ´moire et retrouvaient une association [7–9]. L’exposition aux solvants a e ´te ´e ´galement e ´tudie ´e pour la maladie de Parkinson avec des re ´sultats e ´vocateurs mais ne ´anmoins moins cohe ´rents et forts [4,10]. Dans le cas de la scle ´rose late ´rale amyotrophique, plusieurs e ´ tudes ont montre ´ des concentrations plasmatiques plus e ´leve ´ es en plomb chez des cas que chez des te ´moins [11,12]. Les re ´sultats sont moins cohe ´rents ou ne ´gatifs pour d’autres expositions professionnelles comme la soudure [13], les champs e ´lectromagne ´tiques [14] ou l’activite ´ physique professionnelle [15]. En conclusion, les pesticides sont l’exposition professionnelle pour laquelle les re ´sultats sont les plus solides et concordants, mais des e ´tudes comple ´- mentaires sont encore ne ´cessaires afin de mieux connaı ˆtre les expositions implique ´es et leurs caracte ´ristiques. Pour les autres expositions, des e ´tudes comple ´mentaires sont e ´galement ne ´cessaires pour conforter certaines des pistes identifie ´ es ; les points cle ´ s sont l’e ´valuation de ´taille ´ e des expositions, la qualite ´ du design des e ´ tudes et la prise en compte des facteurs de confusion. Mots cle´s Epide ´miologie ; Maladies neuro-de ´ge ´ne ´ratives ; Expositions professionnelles De ´claration d’inte ´re ˆts Les auteurs de ´clarent ne pas avoir de conflits d’inte ´re ˆts en relation avec cet article. Re ´fe ´rences [1] Wirdefeldt K, Adami HO, Cole P, et al. Epidemiology and etiology of Parkinson’s disease: a review of the evidence. Eur J Epidemiol 2011;26(Suppl. 1):S1–58 [Epub 2011 May 28]. [2] Van der Mark M, Brouwer M, Kromhout H, et al. Is pesticide use related to Parkinson’s disease? Some clues to heterogeity in study results. Environ Health Perspect 2012;120:340–7. [3] Van Maele-Fabry G, Hoet P, Vilain F, et al. Occupational expo- sure to pesticides and Parkinson’s disease: a systematic review and meta-analysis of cohort studies. Environ Int 2012;46:30–43. Epub 2012 Jun 13. [4] Pezzoli G, Cereda E. Exposure to pesticides or solvents and risk of Parkinson disease. Neurology 2013;80:2035–41. [5] Kamel F, Umbach DM, Bedlack RS, et al. Pesticide exposure and amyotrophic lateral sclerosis. Neurotoxicology 2012. [6] Malek AM, Barchowsky A, Bowser R, et al. Pesticide exposure as a risk factor for amyotrophic lateral sclerosis: a meta-analysis of epidemiological studies: pesticide exposure as a risk factor for ALS. Environ Res 2012;117:112–9. http://dx.doi.org/10.1016/ j.envres.2012.06.007 [Epub Jul 20 2012]. [7] Tyas SL, Manfreda J, Strain LA, et al. Risk factors for Alzheimer’s disease: a population-based, longitudinal study in Manitoba, Canada. Int J Epidemiol 2001;30:590–7. [8] Baldi I, Lebailly P, MohammedBrahim B, et al. Neurodegenera- tive diseases and exposure to pesticides in the elderly. Am J Epidemiol 2003;157:409–14. [9] Hayden KM, Norton MC, Darcey D, et al. Occupational exposure to pesticides increases the risk of incident AD: the Cache County study. Neurology 2010;74:1524–30. [10] Lock EA, Zhang J, Checkoway H. Solvents and Parkinson disease: a systematic review of toxicological and epidemiological evi- dence. Toxicol Appl Pharmacol 2013;266:345–55. [11] Kamel F, Umbach DM, Munsat TL, et al. Lead exposure and amyotrophic lateral sclerosis. Epidemiology 2002;13:311–9. [12] Fang F, Kwee LC, Allen KD, et al. Association between blood lead and the risk of amyotrophic lateral sclerosis. Am J Epide- miol 2010;171:1126–33. [13] Mortimer JA, Borenstein AR, Nelson LM. Associations of weld- ing and manganese exposure with Parkinson disease: review and meta-analysis. Neurology 2012;79:1174–80. [14] Vergara X, Kheifets L, Greenland S, et al. Occupational exposure to extremely low-frequency magnetic fields and neurodegenerative disease: a meta-analysis. J Occup Environ Med 2013;55:135–46. [15] Huisman MH, Seelen M, de Jong SW, et al. Lifetime physical activity and the risk of amyotrophic lateral sclerosis. J Neurol Neurosurg Psychiatry 2013;84:976–81. http://dx.doi.org/10.1016/j.admp.2014.07.039 Pathologies neuro-de ´ge ´ne ´ratives: e ´valuation des capacite ´s et maintien dans l’emploi Assessment of capacities and fitness to work in neurodegenerative diseases Compte rendu de Congre `s 529

Pathologies neuro-dégénératives: évaluation des capacités et maintien dans l’emploi

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Page 1: Pathologies neuro-dégénératives: évaluation des capacités et maintien dans l’emploi

que pour la sclerose laterale amyotrophique, ces malades sont environ 1,5 fois

plus frequentes chez les hommes que chez les femmes, ce qui pourrait

suggerer le role d’expositions professionnelles. La maladie d’Alzheimer est

en revanche plus frequente chez les femmes que chez les hommes, en grande

partie en raison de differences dans le niveau d’education.

Parmi les facteurs de risque environnementaux, les facteurs de risque

professionnels ont ete souvent etudies et, parmi eux, les pesticides sont

l’exposition pour laquelle le plus grand nombre d’etudes sont disponibles et

les resultats plus solides.

Une meta-analyse sur la relation entre la maladie de Parkinson et l’exposition

aux pesticides publiee en 2012, a inclus 46 etudes realisees jusqu’en

novembre 2010 [2]. La plupart des etudes ont repose sur une methode

sommaire d’evaluation de l’exposition et n’ont pas souvent considere les

familles ou types de produits. Dans un peu plus de la moitie des etudes,

l’exposition professionnelle et non professionnelle n’etaient pas distinguees,

tandis que d’autres portaient exclusivement sur l’exposition professionnelle.

Seules quelques etudes ont utilise des methodes d’evaluation de l’exposition

plus sophistiquees comme des matrices emploi-exposition ou l’expertise

individuelle des questionnaires d’exposition.

D’apres cette meta-analyse, le risque de maladie de Parkinson est environ 1,6

fois plus eleve chez les personnes exposees aux pesticides au cours de leur vie.

Il existait toutefois une heterogeneite importante entre les etudes expliquees en

partie par la methode d’evaluation de l’exposition. L’association est plus

particulierement presente pour les herbicides (odds ratio = 1,40) et les insec-

ticides (odds ratio = 1,50). Deux autres meta-analyses retrouvent des resultats

comparables [3,4]. Ces resultats sont en faveur d’une association generique

entre l’exposition aux pesticides et la maladie de Parkinson. De nombreuses

questions demeurent quant a deux aspects importants de l’exposition. D’une

part, bien qu’un petit nombre d’etudes aient montre une relation dose-effet, des

donnees quantitatives plus detaillees sont necessaires pour mieux caracteriser

cette relation. D’autre part, il semble que les mecanismes physiopathologiques

impliques dans la maladie de Parkinson debutent plusieurs annees avant

l’apparition des signes moteurs et il existe de nombreuses inconnues sur les

fenetres d’exposition pertinentes pour la maladie de Parkinson.

Dix etudes cas-temoins et trois etudes de cohorte ont porte sur la relation entre

l’exposition aux pesticides et la sclerose laterale amyotrophique. Deux meta-

analyses recentes, ayant utilise des methodes differentes, retrouvent une

association entre l’exposition aux pesticides et la sclerose laterale

amyotrophique ; l’une d’entre elles estimait un odds ratio de 1,8 tandis

que l’autre rapportait un odds ratio de 1,88 chez les hommes et de 1,31 chez

les femmes [5,6]. Toutefois, les resultats individuels des etudes restent

souvent peu concordants et le petit nombre d’etudes disponibles ne permet

pas d’explorer correctement les sources d’heterogeneite ou un biais de

publication. Ainsi, des etudes de plus grande taille et comportant une

evaluation de l’exposition plus precise (type de produits, duree d’exposition)

sont necessaires afin de mieux caracteriser la relation entre l’exposition

professionnelle aux pesticides et la sclerose laterale amyotrophique.

Une dizaine d’etudes ont explore l’hypothese d’un lien entre pesticides et

maladie d’Alzheimer. Une partie d’entre elles etaient des etudes cas-temoins

qui comportent des difficultes importantes quant a l’evaluation de l’exposition

chez des patients dements et reposent souvent sur l’interrogatoire des

apparentes ou des mesures indirectes. Trois etudes de cohorte ont permis

de recueillir les informations sur l’exposition avant le debut des troubles de

memoire et retrouvaient une association [7–9].

L’exposition aux solvants a ete egalement etudiee pour la maladie de Parkinson

avec des resultats evocateurs mais neanmoins moins coherents et forts [4,10].

Dans le cas de la sclerose laterale amyotrophique, plusieurs etudes ont montre

des concentrations plasmatiques plus elevees en plomb chez des cas que chez

des temoins [11,12].

Les resultats sont moins coherents ou negatifs pour d’autres expositions

professionnelles comme la soudure [13], les champs electromagnetiques [14]

ou l’activite physique professionnelle [15].

En conclusion, les pesticides sont l’exposition professionnelle pour laquelle

les resultats sont les plus solides et concordants, mais des etudes comple-

mentaires sont encore necessaires afin de mieux connaıtre les expositions

impliquees et leurs caracteristiques. Pour les autres expositions, des etudes

complementaires sont egalement necessaires pour conforter certaines des

pistes identifiees ; les points cles sont l’evaluation detaillee des expositions, la

qualite du design des etudes et la prise en compte des facteurs de confusion.

Mots cles Epidemiologie ; Maladies neuro-degeneratives ; Expositions

professionnelles

Declaration d’interets Les auteurs declarent ne pas avoir de conflitsd’interets en relation avec cet article.References

[1] Wirdefeldt K, Adami HO, Cole P, et al. Epidemiology andetiology of Parkinson’s disease: a review of the evidence. EurJ Epidemiol 2011;26(Suppl. 1):S1–58 [Epub 2011 May 28].

[2] Van der Mark M, Brouwer M, Kromhout H, et al. Is pesticide userelated to Parkinson’s disease? Some clues to heterogeity instudy results. Environ Health Perspect 2012;120:340–7.

[3] Van Maele-Fabry G, Hoet P, Vilain F, et al. Occupational expo-sure to pesticides and Parkinson’s disease: a systematic reviewand meta-analysis of cohort studies. Environ Int 2012;46:30–43.Epub 2012 Jun 13.

[4] Pezzoli G, Cereda E. Exposure to pesticides or solvents and riskof Parkinson disease. Neurology 2013;80:2035–41.

[5] Kamel F, Umbach DM, Bedlack RS, et al. Pesticide exposure andamyotrophic lateral sclerosis. Neurotoxicology 2012.

[6] Malek AM, Barchowsky A, Bowser R, et al. Pesticide exposure asa risk factor for amyotrophic lateral sclerosis: a meta-analysisof epidemiological studies: pesticide exposure as a risk factorfor ALS. Environ Res 2012;117:112–9. http://dx.doi.org/10.1016/j.envres.2012.06.007 [Epub Jul 20 2012].

[7] Tyas SL, Manfreda J, Strain LA, et al. Risk factors for Alzheimer’sdisease: a population-based, longitudinal study in Manitoba,Canada. Int J Epidemiol 2001;30:590–7.

[8] Baldi I, Lebailly P, MohammedBrahim B, et al. Neurodegenera-tive diseases and exposure to pesticides in the elderly. Am JEpidemiol 2003;157:409–14.

[9] Hayden KM, Norton MC, Darcey D, et al. Occupational exposureto pesticides increases the risk of incident AD: the CacheCounty study. Neurology 2010;74:1524–30.

[10] Lock EA, Zhang J, Checkoway H. Solvents and Parkinson disease:a systematic review of toxicological and epidemiological evi-dence. Toxicol Appl Pharmacol 2013;266:345–55.

[11] Kamel F, Umbach DM, Munsat TL, et al. Lead exposure andamyotrophic lateral sclerosis. Epidemiology 2002;13:311–9.

[12] Fang F, Kwee LC, Allen KD, et al. Association between bloodlead and the risk of amyotrophic lateral sclerosis. Am J Epide-miol 2010;171:1126–33.

[13] Mortimer JA, Borenstein AR, Nelson LM. Associations of weld-ing and manganese exposure with Parkinson disease: reviewand meta-analysis. Neurology 2012;79:1174–80.

[14] Vergara X, Kheifets L, Greenland S, et al. Occupational exposure toextremely low-frequency magnetic fields and neurodegenerativedisease: a meta-analysis. J Occup Environ Med 2013;55:135–46.

[15] Huisman MH, Seelen M, de Jong SW, et al. Lifetime physicalactivity and the risk of amyotrophic lateral sclerosis. J NeurolNeurosurg Psychiatry 2013;84:976–81.

http://dx.doi.org/10.1016/j.admp.2014.07.039

Pathologies neuro-degeneratives:evaluation des capacites et maintien dansl’emploiAssessment of capacities and fitness towork in neurodegenerative diseases

Compte rendu de Congres

529

Page 2: Pathologies neuro-dégénératives: évaluation des capacités et maintien dans l’emploi

W. DaveluyCHRU – Hopital Swynghedauw – Service reeducation et readaptationneurologique, 59037 Lille cedexAdresse e-mail : [email protected]

L’appreciation des capacites et de l’aptitude au travail dans le cadre d’une

pathologie neurodegenerative est une situation relativement peu frequente

dans le quotidien d’un professionnel de sante au travail.

Cette evaluation est rendue complexe, d’une part car elle concerne une

intrication de troubles moteurs, sensoriels, cognitifs, comportementaux et

psychologiques comme dans la sclerose en plaques (SEP) et la maladie de

Parkinson, et des troubles peu visibles et de mesure peu aisee pour le medecin

du travail comme dans la demence de type Alzheimer, avec des troubles

essentiellement cognitifs et comportementaux.

D’autre part, la problematique de l’adequation des capacites a l’activite

professionnelle se posera regulierement, au fil de l’evolution de la pathologie,

avec la necessite d’evaluations et de remises en question regulieres et de

frequence ajustable, afin de pouvoir definir les eventuelles restrictions,

apprehender les possibilites de maintien dans l’emploi et preconiser les

amenagements necessaires et adaptations des modalites du poste.

Les differentes composantes a explorer sont donc les capacites motrices,

cognitives, sensorielles, comportementales mais aussi les ressources psy-

chologiques. Il conviendra de juger de l’impact de la pathologie mais aussi

parfois de celui des traitements. L’appreciation des capacites fonctionnelles

s’inscrit dans la meme demarche que l’evaluation du handicap, c’est-a-dire

evaluer les capacites ou les limitations resultantes des deficits ou des

symptomes, et entraınant des restrictions aux activites professionnelles.

Les moyens disponibles pour preciser les capacites vont aller des elements de

la visite medicale d’aptitude: prise des informations et interpretation du suivi

medical specialise (neurologue en particulier) et examen clinique, jusqu’a

l’evaluation pluridisciplinaire d’equipe.

L’interrogatoire, logiquement, va apporter beaucoup d’informations pertinen-

tes. Ces elements de l’ordre de l’autoevaluation par le salarie de ses

difficultes, pourra etre aide de questionnaire standardise (exemple du ques-

tionnaire de difficultes professionnelles de la SEP [1]). Malheureusement, la

perception souvent trop faible de l’impact des troubles dans les activites, va

necessiter d’explorer souvent la sphere cognitive, meme en l’absence de

plainte. Il va etre fondamental aussi l’evaluation la fatigue qui peut etre un

element central.

Les scores specifiques de pathologie ou de fonction utilises dans la prise en

charge medicale tels que l’EDSS (Expanded Disability Status Scale) pour la

SEP, l’UPDRS (Unified Parkinson’s Disease Rating Scale) et le score Hoen &

Yahr pour la maladie de Parkinson, l’ADL et l’IADL (Instrumental Activities

of Daily Living), apportent un eclairage sur le degre d’atteinte fonctionnelle et

l’evolutivite. Bien que certains de ces scores puissent etre correles aux taux de

maintien dans l’emploi [2,4], avec une predictivite parfois importante tel le

MSFC (Multiple Sclerosis Functional Composite) [3,4], leur usage reste

cependant la plupart du temps inadequat pour la determination de l’aptitude

a l’echelon individuel.

Outre l’examen clinique classique neurologique, le medecin du travail va lui

aussi devoir s’attacher a ces mesures fonctionnelles, et pourra s’aider pour

cela lors de certains tests. Ceci concerne particulierement les capacites

motrices (ex: vitesse de marche, equilibre, dexterite. . .). Il faudra aussi

mesurer la severite et l’impact de troubles psychologiques. Au plan cognitif,

les scores repandus tels le MMS ou le MOCA (Montreal Cognitive Assess-

ment), ne permettront qu’une vision tres globale de l’atteinte et une etude

detaillee des differentes fonctions sera necessaire, pour apprehender au

mieux les domaines touches et envisager leur impact (ex. vitesse de traitement

de l’information, fonctions executives, memoire de travail. . .), meme si les

performances sont parfois discordantes entre le test papier-crayon en bureau

et celles en situation reelle.

D’ou l’importance de pouvoir s’appuyer sur les bilans pluridisciplinaires.

L’ensemble des evaluations realisees a ce niveau, dans le cadre du soin, en

particulier par les equipes des services de reeducation et readaptation,

ou dans le cadre de la readaptation professionnelle, sera precieux pour

approcher au plus pres le niveau des capacites. L’approche ecologique avec

evaluation de l’impact reel des troubles sur les taches de travail sera un

element souvent determinant. Les services et dispositifs d’appui au maintien

dans l’emploi, peuvent contribuer a cette evaluation des capacites en milieu

de travail.

L’evaluation des capacites, et donc des limitations identifiees, permettra la

mise en adequation des capacites sur le choix d’une activite professionnelle,

des amenagements du poste, particulierement en termes horaires et de

flexibilite. Elle ne pourra se concevoir que par l’appreciation globale de la

situation medico-psycho-sociale, d’autant plus lorsque la pathologie est a un

stade plus evolue.

Mots cles Neurodegeneratif ; Maintien dans l’emploi ; Evaluation

Declaration d’interets L’auteur declare ne pas avoir de conflitsd’interets en relation avec cet article.Reference non citee [5].References[1] Honan CA, et al. The multiple sclerosis work difficulties ques-

tionnaire. Mult Scler 2012;18:871–80.[2] Honarmand K, et al. Predicting loss of employment over three

years in multiple sclerosis: clinically meaningful cognitive de-cline. Clin Neuropsychol 2010;24:1131–45.

[3] Honarmand K, et al. Predicting employment status in multiplesclerosis patients: the utility of the MS functionalComposite. JNeurol 2011;258:244–9.

[4] Martikainen KK, Luukkaala TH, Marttila RJ. Parkinson’s diseaseand working capacity. Mov Disord 2006;21:2187–91.

[5] Messmer Uccelli M, et al. Factors that influence the employmentstatus of people with multiple sclerosis: a multinational study. JNeurol 2009;256:1989–96.

http://dx.doi.org/10.1016/j.admp.2014.07.040

Quels impacts dans le travail pour quelstroubles cognitifs ?Prediction of Vocational Functioningfrom Neuropsychological DataL. Chartaux-Danjou (Neuropsychologue)1,*,C. Moroni (MCF-HDR)2, H. Delecroix (Chef deservice)1

1 UEROS (Unite d’evaluation, de reentraınement et d’orientationsocioprofessionnelle), rue du Dr Charcot, 59000 Lille2 Equipe neuropsychologie et cognition auditive, LNFP-EA 4559, UFR depsychologie – BP 60 149 – Universite Charles de Gaulle, Lille 3 –Domaine Universitaire « Pont de Bois » – 59653 Villeneuve d’Ascq*Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (L. Chartaux-anjou)

Les pathologies neuro-degeneratives peuvent induire, parfois precocement,

des troubles cognitifs susceptibles de se repercuter sur l’activite profession-

nelle [1].

Etant donne le caractere souvent invisible de ces deficits lors d’un entretien

classique, l’evaluation neuropsychologique, par l’utilisation de tests normes et

aux passations standardisees, va objectiver et preciser les deficits cognitifs au

sein des differentes spheres cognitives (memoire, attention, fonctions exe-

cutives). Ce bilan va apprehender la personne egalement par rapport a son

comportement, sa cognition sociale et la connaissance de ses difficultes

(anosognosie et/ou deni).

L’experience de terrain (UEROS de Lille), ou les personnes victimes de

lesions cerebrales acquises beneficient d’un bilan cognitif et d’evaluations en

situations professionnelles reelles (stages en entreprise), permet d’identifier

l’impact des deficits cognitifs en situation de travail [2]. Ainsi, differents types

d’amenagements visant au maintien dans l’emploi peuvent etre suggeres.

Concernant les troubles mnesiques, un deficit de memoire de travail peut

induire une difficulte de retention des consignes et une inefficacite lors de

la realisation simultanee de plusieurs taches. Ainsi, la presentation des

Compte rendu de Congres Archives des Maladies Professionnelles et de l’Environnement 2014;75:511-542

530