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4 Le Quotidien de la Réunion - Mercredi 22/03/2017 Élections 2017 PATRICK LEBRETON, PORTE-PAROLE DE BENOÎT HAMON « Macron est une imposture » Si les socialistes du Nord éprouvent quelques difficultés à choisir leurs candidats, dans le Sud le choix est on ne peut plus clair pour Patrick Lebreton. Emmanuel Macron est un « ultralibéral » à ses yeux, il se dit « à fond » pour Benoît Hamon et il appelle les socialistes à faire campagne pour la présidentielle avant de penser aux législatives. – Avez-vous regardé le débat de la présidentielle sur TF1 ? – J’en ai visionné des extraits. Nous n’avions pas l’impression que la campagne avait commencé jusqu’à aujourd’hui. Désormais, le débat porte sur le fond alors que le candidat Macron a pour l’instant surtout brillé sur la forme. Notre candidat Benoît Hamon peut enfin développer son projet social et in- novant. On a bien vu qu’il n’est pas le candidat des forces de l’argent. – Les affaires touchant Fran- çois Fillon et Marine Le Pen ont sans doute occulté le débat jusqu’à présent mais n’est-ce pas le signe que la moralisation de la vie politique est devenue une priorité ? – C’est vrai, mais M. Macron, qui semble tirer les bénéfices de ces affaires, fait-il lui-même l’effort de transparence nécessaire en disant comment il finance sa campagne ? Macron, fils spirituel de Jacques Attali, Alain Minc et Jean-Pierre Jouyet est le fruit de cette collision médiatico-sondagière du système qu’il prétend vouloir changer. Comme Marine Le Pen qui dit : « tous pourris » mais qui ne veut pas rendre de comptes à la justice. Oui, tous les candidats devraient s’engager dans une loi fondatrice sur les exigences nouvelles de la moralisation de la vie publique. À commencer par l’interdiction des emplois familiaux. – Si Manuel Valls avait rem- porté la primaire socialiste, auriez-vous hésité à le soutenir comme cela se voit aujourd’hui pour les socialistes qui partent vers Emmanuel Macron. - Si Valls l’avait emporté, je me serai employé pour donner une caution de gauche à son pro- gramme mais j’aurais respecté la parole donnée. Quand Martine Au- bry avait perdu au premier tour de la primaire en 2011, je n’avais pas hésité une seconde pour soutenir François Hollande. Cette union a permis sa victoire. De toute fa- çon, je ne voyais pas Valls gagner la primaire. On se trompe quand on nous qualifie de frondeurs car nous n’étions pas minoritaires. Ma- nuel Valls, lui, est un minoritaire en puissance qui n’a fait que 5 % à la primaire de 2011. C’était le plus faible score. Et il ne pouvait pas ga- gner cette année tout simplement parce que le parti socialiste est un parti de gauche et pas du centre- droit comme Emmanuel Macron veut le transformer. Pas « pour l’honneur » mais « avec honneur » – Les socialistes qui rechignent à soutenir Benoît Hamon lui re- prochent d’avoir manqué à la discipline gouvernementale pendant le quinquennat… – Quelle discipline ? Le pro- gramme de 2012 était clair. C’était: « mon ennemi c’est la finance ». La première partie du mandat de François Hollande a respecté le discours du Bourget. La deuxième lui a tourné le dos. Une minorité a imposé sa loi à coups de men- ton et provoqué les problèmes de cohésion de la majorité. La loi Macron, Valls, El Khomri, contre le travail, en a été le paroxysme. Sur le terrain, les militants se sont sentis trahis. J’avais dit à cette oc- casion que je sortais le 97.4 contre le 49.3, pour défendre les intérêts de mon pays et j’ai quitté le groupe socialiste, ce que je n’avais pas fait lorsque j’avais voté contre le ma- riage pour tous qui était légitime puisque figurant dans le pro- gramme que François Hollande avait présenté en 2012. – Vous n’êtes cependant pas allé jusqu’à voter une motion de censure… – Non car je ne voulais pas être responsable de la chute du gouver- nement. – N’est-il pas malgré tout dom- mage que le bilan du quinquen- nat ne soit défendu par aucun candidat à l’élection présiden- tielle ? – François Hollande aurait-il pu être candidat à la primaire ? Pas simple… Il aurait fallu qu’il soit capable de reconnaître que le pays a besoin d’un vrai coup de barre à gauche sur le plan des re- lations sociales dans l’entreprise, de la nouvelle économie et de la nouvelle écologie. Mais c’est Ma- nuel Valls qui lui a interdit de se représenter. – N’avez-vous pas l’impres- sion que les Hamonistes et les Mélenchonistes mènent une campagne pour l’honneur quand les sondages ne donnent aucune chance à la gauche d’être au se- cond tour ? – Je n’ai jamais vu une cam- pagne comme ça. À la mi-mars, on a à peine commencé à parler du programme. Macron est une imposture. Macron, c’est la sup- pression de 120 000 postes de fonctionnaires, c’est la suppres- sion de l’impôt de solidarité sur la fortune. Les soi-disant socialistes qui partent derrière lui sont en dévoiement. Dans mes réunions, je n’ai pas de banquiers, je ne me fais pas applaudir par des gens fortunés ! Quand on est socialistes, on ne peut pas redonner 60 milliards d’économie à Emmanuel Macron après avoir subi la trahison de Valls et de Macron qui nous ont déjà imposé 50 milliards d’économie pour mettre en place le CICE (cré- dit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) qui n’a augmenté au- cun salaire et qui n’a créé aucun emploi. Je ne fais pas cette campagne pour l’honneur mais je la fais avec l’honneur qui est le mien de défendre un vrai programme de gauche. La seule proposition nou- velle qui fait bouger les lignes, c’est le revenu universel défendu par Benoît Hamon. – Vous n’y étiez pourtant pas favorable au départ… – J’étais réticent sur le reve- nu universel global qui n’était pas chiffré. Benoît Hamon a été responsable puisqu’il l’a rendu concrétisable en le limitant au 1 er janvier 2018 aux personnes dont les revenus sont inférieurs à 2 200 €. Soient 19 millions de Fran- çais. C’est un coup de 35 milliards qu’il ira chercher sur le CICE qu’on a donné aux patrons sans poser de questions. – Pourquoi, selon vous, Mélen- chon et Hamon n’ont pas réussi à s’unir ? – Jean-Luc Mélenchon n’a ja- mais donné la preuve qu’il voulait diriger la France. Nous sommes un parti de gestion, nous ne sommes pas dans l’éloquence. Il aurait fal- lu que Mélenchon en prenne sur son ego. Bayrou l’a fait hélas. Mé- lenchon est un homme qui a une haute idée de lui, c’est un tribun. Mais je ne veux pas le critiquer. « On ne doit pas aller derrière Hamon pour se cacher » – Ceux qui « font Macron » n’ont-ils plus leur place au sein du Parti socialiste ? – Ça, c’est ce que nous verrons après. – Admettez-vous que pour eux, le vote Macron soit la seule solu- tion pour faire barrage à Marine Le Pen ? – C’est un prétexte pour mas- quer leur lâcheté politique. Il vole en éclats. Sur la foi des sondages, Marine Le Pen sera battue quel que soit le candidat en face au second tour. – La fédération du PS mène-t- elle une bonne campagne pour Hamon ? – (Rires) Votre journal a évoqué la bourde du tract qui ne parlait même pas du candidat à la pré- sidentielle… Ne confondons pas le cap entre la législative et la présidentielle. On ne doit pas aller derrière Hamon pour se ca- cher. Il faut le soutenir. Moi, je le pousse, je multiplie les réunions sur le terrain pour que le meeting du 2 avril soit une réussite avec quelques milliers de personnes. La Réunion a beaucoup contribué au résultat de François Hollande en 2012. Nous devons apporter un soutien similaire à Benoît Hamon en 2017 même si la configuration est différente. J’ai vu en Martinique et en Guadeloupe, des salles qui n’étaient pas remplies parce que des gens étaient là pour se cacher et non pour le soutenir. Quand on veut gagner la finale, il faut gagner la demi-finale. Il faut en finir avec les petites aventures individuelles et le gros cœur des Vallsistes. – Ce qui n’interdit pas de pen- ser aux législatives de juin… - Je continue à observer la si- tuation qui évolue. Ceux qui ont commencé la campagne des lé- gislatives avant la présidentielle se trompent. Ça ne leur rendra pas service. Pour paraphraser Ke- nedy je leur dis: « Ne demandons pas à Hamon ce qu’il peut faire pour nous mais demandons-nous ce que l’on peut faire pour Benoît Hamon et pour faire gagner le so- cialisme ». Ce n’est pas le PS qui réglera les comptes de ceux qui pensent à eux avant de penser à nos valeurs socialistes, ce sont les électeurs… – Avez-vous toujours l’objectif de reprendre le PS en main au ni- veau local ? – Nous avons fait un bon travail au sein du Progrès. Il y a des forces vives pour refondre la gauche à La Réunion, il faudra sortir des lo- giques d’appareil. Mais attendons les résultats de la présidentielle. – Le Progrès a quand même connu des trahisons aux régio- nales. Jean-Jacques Vlody, Jean- Claude Fruteau, Michel Vergoz, ont pris leurs distances… – Je ne sais pas si les gens que vous citez ont un avenir. Notre travail au Progrès n’est pas sym- bolique. Ici, on bosse bien. Le sujet de la refondation viendra en temps voulu autour de pistes program- matiques et non pas sur des posi- tionnements personnels. – Un vent de dégagisme souffle avec la mise hors-jeu de Nicolas Sarkozy, François Hollande et Manuel Valls… Que doit faire un homme politique pour échap- per à ce ras-le-bol de plus en plus bruyant ? –Il faut prendre des décisions importantes à la hauteur de celles qui ont été prises à la Libération et en 1958 quand notre pays était au fond du trou. Au lieu d’apporter de grandes idées, nous sommes trop souvent dans le rejet de l’autre. Il faut sor- tir du zapping du moment pour refonder une classe politique com- plète, régénérer nos organisations politiques sans renier les clivages de droite et de gauche. Entretien: Franck CELLIER « Il faut en finir avec les petites aventures individuelles et le gros cœur des Vallsistes ». Entre Patrick Lebreton et Benoît Hamon, c’est déjà une longue his- toire. Depuis le début des années 2000, le maire de Saint-Joseph faisait partie du courant du NPS (Nouveau parti socialiste) avec Ar- naud Montebourg, Vincent Peillon et Benoît Hamon. Ce dernier était venu soutenir la liste socialiste lors des élections régionale de 2004. « Peut-être que Michel Vergoz, qui était tête de liste en 2004, l’a oublié », fait-il remar- quer. « Un ralliement très propre et très clair » Ce NPS s’affranchissait alors de la ligne de François Hollande, pre- mier secrétaire du parti. Le rappro- chement d’Arnaud Montebourg et de Benoît Hamon entre les deux tours de la primaire était donc na- turel et Patrick Lebreton qui avait soutenu l’ancien ministre de l’éco- nomie au premier tour qualifie ce ralliement de « très propre et très clair ». Hamon, Lebreton, les amis de vingt ans. Le candidat naturel Fidèle à ses habitudes, Patrick Lebreton multiplie les réunions sur le terrain afin de mobiliser des milliers de personnes pour le meeting de Benoît Hamon le 2 avril à Saint-Joseph. (Photo Raymond Wae Tion)

PATRICK LEBRETON, PORTE-PAROLE DE BENOÎT …...2017/03/22  · 4 Élections 2017 Le Quotidien de la Réunion - Mercredi 22/03/2017 PATRICK LEBRETON, PORTE-PAROLE DE BENOÎT HAMON

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Page 1: PATRICK LEBRETON, PORTE-PAROLE DE BENOÎT …...2017/03/22  · 4 Élections 2017 Le Quotidien de la Réunion - Mercredi 22/03/2017 PATRICK LEBRETON, PORTE-PAROLE DE BENOÎT HAMON

4 Le Quotidien de la Réunion - Mercredi 22/03/2017Élections 2017

PATRICK LEBRETON, PORTE-PAROLE DE BENOÎT HAMON

« Macron est une imposture »Si les socialistes du Nord éprouvent quelques difficultés à choisir leurs candidats, dans le Sud le choix est on ne peut plus clair pour Patrick Lebreton. Emmanuel Macron est un « ultralibéral » à ses yeux, il se dit « à fond » pour Benoît Hamon et il appelle les socialistes à faire campagne pour la présidentielle avant de penser aux législatives.

– Avez-vous regardé le débat de la présidentielle sur TF1 ?

– J’en ai visionné des extraits. Nous n’avions pas l’impression que la campagne avait commencé jusqu’à aujourd’hui. Désormais, le débat porte sur le fond alors que le candidat Macron a pour l’instant surtout brillé sur la forme. Notre candidat Benoît Hamon peut enfin développer son projet social et in-novant. On a bien vu qu’il n’est pas le candidat des forces de l’argent.

– Les affaires touchant Fran-çois Fillon et Marine Le Pen ont sans doute occulté le débat jusqu’à présent mais n’est-ce pas le signe que la moralisation de la vie politique est devenue une priorité ?

– C’est vrai, mais M. Macron, qui semble tirer les bénéfices de ces affaires, fait-il lui-même l’effort de transparence nécessaire en disant comment il finance sa campagne ? Macron, fils spirituel de Jacques Attali, Alain Minc et Jean-Pierre Jouyet est le fruit de cette collision médiatico-sondagière du système qu’il prétend vouloir changer. Comme Marine Le Pen qui dit : « tous pourris » mais qui ne veut pas rendre de comptes à la justice. Oui, tous les candidats devraient s’engager dans une loi fondatrice sur les exigences nouvelles de la moralisation de la vie publique. À commencer par l’interdiction des emplois familiaux.

– Si Manuel Valls avait rem-porté la primaire socialiste, auriez-vous hésité à le soutenir comme cela se voit aujourd’hui pour les socialistes qui partent vers Emmanuel Macron.

- Si Valls l’avait emporté, je me serai employé pour donner une caution de gauche à son pro-gramme mais j’aurais respecté la parole donnée. Quand Martine Au-bry avait perdu au premier tour de la primaire en 2011, je n’avais pas hésité une seconde pour soutenir François Hollande. Cette union a permis sa victoire. De toute fa-çon, je ne voyais pas Valls gagner la primaire. On se trompe quand on nous qualifie de frondeurs car nous n’étions pas minoritaires. Ma-nuel Valls, lui, est un minoritaire en puissance qui n’a fait que 5 % à la primaire de 2011. C’était le plus

faible score. Et il ne pouvait pas ga-gner cette année tout simplement parce que le parti socialiste est un parti de gauche et pas du centre-droit comme Emmanuel Macron veut le transformer.

Pas « pour l’honneur » mais « avec honneur »

– Les socialistes qui rechignent à soutenir Benoît Hamon lui re-prochent d’avoir manqué à la discipline gouvernementale pendant le quinquennat…

– Quelle discipline ? Le pro-gramme de 2012 était clair. C’était : « mon ennemi c’est la finance ». La première partie du mandat de François Hollande a respecté le discours du Bourget. La deuxième lui a tourné le dos. Une minorité a imposé sa loi à coups de men-ton et provoqué les problèmes de cohésion de la majorité. La loi Macron, Valls, El Khomri, contre le travail, en a été le paroxysme. Sur le terrain, les militants se sont sentis trahis. J’avais dit à cette oc-casion que je sortais le 97.4 contre le 49.3, pour défendre les intérêts de mon pays et j’ai quitté le groupe socialiste, ce que je n’avais pas fait lorsque j’avais voté contre le ma-riage pour tous qui était légitime puisque figurant dans le pro-gramme que François Hollande avait présenté en 2012.

– Vous n’êtes cependant pas allé jusqu’à voter une motion de censure…

– Non car je ne voulais pas être responsable de la chute du gouver-nement.

– N’est-il pas malgré tout dom-mage que le bilan du quinquen-nat ne soit défendu par aucun candidat à l’élection présiden-tielle ?

– François Hollande aurait-il pu être candidat à la primaire ? Pas simple… Il aurait fallu qu’il soit capable de reconnaître que le pays a besoin d’un vrai coup de barre à gauche sur le plan des re-lations sociales dans l’entreprise, de la nouvelle économie et de la

nouvelle écologie. Mais c’est Ma-nuel Valls qui lui a interdit de se représenter.

– N’avez-vous pas l’impres-sion que les Hamonistes et les Mélenchonistes mènent une campagne pour l’honneur quand les sondages ne donnent aucune chance à la gauche d’être au se-cond tour ?

– Je n’ai jamais vu une cam-pagne comme ça. À la mi-mars, on a à peine commencé à parler du programme. Macron est une imposture. Macron, c’est la sup-pression de 120 000 postes de fonctionnaires, c’est la suppres-sion de l’impôt de solidarité sur la fortune. Les soi-disant socialistes qui partent derrière lui sont en dévoiement. Dans mes réunions, je n’ai pas de banquiers, je ne me fais pas applaudir par des gens fortunés !

Quand on est socialistes, on ne peut pas redonner 60 milliards d’économie à Emmanuel Macron après avoir subi la trahison de Valls et de Macron qui nous ont déjà imposé 50 milliards d’économie pour mettre en place le CICE (cré-dit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) qui n’a augmenté au-cun salaire et qui n’a créé aucun emploi.

Je ne fais pas cette campagne pour l’honneur mais je la fais avec l’honneur qui est le mien de défendre un vrai programme de gauche. La seule proposition nou-velle qui fait bouger les lignes, c’est le revenu universel défendu par Benoît Hamon.

– Vous n’y étiez pourtant pas favorable au départ…

– J’étais réticent sur le reve-nu universel global qui n’était pas chiffré. Benoît Hamon a été responsable puisqu’il l’a rendu concrétisable en le limitant au 1er janvier 2018 aux personnes dont les revenus sont inférieurs à 2 200 €. Soient 19 millions de Fran-çais. C’est un coup de 35 milliards qu’il ira chercher sur le CICE qu’on a donné aux patrons sans poser de questions.

– Pourquoi, selon vous, Mélen-chon et Hamon n’ont pas réussi à s’unir ?

– Jean-Luc Mélenchon n’a ja-mais donné la preuve qu’il voulait diriger la France. Nous sommes un parti de gestion, nous ne sommes pas dans l’éloquence. Il aurait fal-

lu que Mélenchon en prenne sur son ego. Bayrou l’a fait hélas. Mé-lenchon est un homme qui a une haute idée de lui, c’est un tribun. Mais je ne veux pas le critiquer.

« On ne doit pas aller derrière

Hamon pour se cacher »

– Ceux qui « font Macron » n’ont-ils plus leur place au sein du Parti socialiste ?

– Ça, c’est ce que nous verrons après.

– Admettez-vous que pour eux, le vote Macron soit la seule solu-tion pour faire barrage à Marine Le Pen ?

– C’est un prétexte pour mas-quer leur lâcheté politique. Il vole en éclats. Sur la foi des sondages, Marine Le Pen sera battue quel que soit le candidat en face au second tour.

– La fédération du PS mène-t-elle une bonne campagne pour Hamon ?

– (Rires) Votre journal a évoqué la bourde du tract qui ne parlait même pas du candidat à la pré-sidentielle… Ne confondons pas le cap entre la législative et la présidentielle. On ne doit pas aller derrière Hamon pour se ca-

cher. Il faut le soutenir. Moi, je le pousse, je multiplie les réunions sur le terrain pour que le meeting du 2 avril soit une réussite avec quelques milliers de personnes. La Réunion a beaucoup contribué au résultat de François Hollande en 2012. Nous devons apporter un soutien similaire à Benoît Hamon en 2017 même si la configuration est différente. J’ai vu en Martinique et en Guadeloupe, des salles qui n’étaient pas remplies parce que des gens étaient là pour se cacher et non pour le soutenir. Quand on veut gagner la finale, il faut gagner la demi-finale. Il faut en finir avec les petites aventures individuelles et le gros cœur des Vallsistes.

– Ce qui n’interdit pas de pen-ser aux législatives de juin…

- Je continue à observer la si-tuation qui évolue. Ceux qui ont commencé la campagne des lé-gislatives avant la présidentielle se trompent. Ça ne leur rendra pas service. Pour paraphraser Ke-nedy je leur dis : « Ne demandons pas à Hamon ce qu’il peut faire pour nous mais demandons-nous ce que l’on peut faire pour Benoît Hamon et pour faire gagner le so-cialisme ». Ce n’est pas le PS qui réglera les comptes de ceux qui pensent à eux avant de penser à nos valeurs socialistes, ce sont les électeurs…

– Avez-vous toujours l’objectif de reprendre le PS en main au ni-veau local ?

– Nous avons fait un bon travail au sein du Progrès. Il y a des forces vives pour refondre la gauche à La Réunion, il faudra sortir des lo-giques d’appareil. Mais attendons les résultats de la présidentielle.

– Le Progrès a quand même connu des trahisons aux régio-nales. Jean-Jacques Vlody, Jean-Claude Fruteau, Michel Vergoz, ont pris leurs distances…

– Je ne sais pas si les gens que vous citez ont un avenir. Notre travail au Progrès n’est pas sym-bolique. Ici, on bosse bien. Le sujet de la refondation viendra en temps voulu autour de pistes program-matiques et non pas sur des posi-tionnements personnels.

– Un vent de dégagisme souffle avec la mise hors-jeu de Nicolas Sarkozy, François Hollande et Manuel Valls… Que doit faire un homme politique pour échap-per à ce ras-le-bol de plus en plus bruyant ?

–Il faut prendre des décisions importantes à la hauteur de celles qui ont été prises à la Libération et en 1958 quand notre pays était au fond du trou.

Au lieu d’apporter de grandes idées, nous sommes trop souvent dans le rejet de l’autre. Il faut sor-tir du zapping du moment pour refonder une classe politique com-plète, régénérer nos organisations politiques sans renier les clivages de droite et de gauche.Entretien : Franck CELLIER

« Il faut en finir avec les petites aventures individuelles et le gros cœur des Vallsistes ».

Entre Patrick Lebreton et Benoît Hamon, c’est déjà une longue his-toire. Depuis le début des années 2000, le maire de Saint-Joseph

faisait partie du courant du NPS (Nouveau parti socialiste) avec Ar-naud Montebourg, Vincent Peillon et Benoît Hamon.

Ce dernier était venu soutenir la liste socialiste lors des élections régionale de 2004. « Peut-être que Michel Vergoz, qui était tête de liste en 2004, l’a oublié », fait-il remar-quer.

« Un ralliement très propre et très clair »

Ce NPS s’affranchissait alors de la ligne de François Hollande, pre-mier secrétaire du parti. Le rappro-chement d’Arnaud Montebourg et de Benoît Hamon entre les deux tours de la primaire était donc na-turel et Patrick Lebreton qui avait soutenu l’ancien ministre de l’éco-nomie au premier tour qualifie ce ralliement de « très propre et très clair ».Hamon, Lebreton, les amis de vingt ans.

Le candidat naturel

Fidèle à ses habitudes, Patrick Lebreton multiplie les réunions sur le terrain afin de mobiliser des milliers de personnes pour le meeting de Benoît Hamon le 2 avril à Saint-Joseph. (Photo Raymond Wae Tion)