5
Ecole et patrimoine Lettre n°2 / automne 2007

Patrimoine brestois n°2 - Automne 2007€¦ · des Bibliothèques), cofinancé par le Ministère de la Culture (Direction Régionale des Affaires Culturelles) et le Conseil régional

  • Upload
    others

  • View
    1

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Patrimoine brestois n°2 - Automne 2007€¦ · des Bibliothèques), cofinancé par le Ministère de la Culture (Direction Régionale des Affaires Culturelles) et le Conseil régional

Ecoleet patrimoine

Les actualités

AcquisitionsDocuments acquis avec l'aide du F.R.A.P.B.(Fonds Régional d’Action pour le Patrimoinedes Bibliothèques), cofinancé par le Ministèrede la Culture (Direction Régionale des AffairesCulturelles) et le Conseil régional.

• Capitaine Castex, Journal de bordmanuscrit d’un corsaire croisant auxCaraïbes, 1805Trajets, péripéties à bord, poursuites en mer etprises effectuées en pleine “guerre des cour-ses” dans les Antilles. A l'heure où la Francedéfend ses eaux territoriales, les Autorités s'ap-puient sur des légions de corsaires munis delettres de marque. Castex est de ceux-là. Cetype de document est rare car les journaux debord de corsaires constituaient des pièces àconviction contre leurs détenteurs, si bien qu'ilsétaient souvent détruits.

• Traité pratique de navigation, pourreconnoître la côte de Bretagne, dansle continant, depuis les Saints jusqu’àMorbian, 1777

Manuscrit consacré à la reconnaissance descôtes sud-finistériennes et morbihannaises. Ilest illustré de dessins à la plume et au lavis etcomporte de nombreux relevés géographiquespermettant aux marins d’éviter les écueils,hauts-fonds et récifs fort nombreux en cettepartie du littoral.

Traitement des collections• Traitement des plaques de verre du fondsMarcel Bories : environ 1000 photographiesde faits divers brestois, de vues du Finistère etdes alentours de 1900 à 1935.

• ContactBibliothèque municipale de BrestLes collections patrimoniales sont conservéesà la Bibliothèque d'Etude, 22, rue Traverse.02 98 00 87 60 - www.mairie-brest.fr/biblio

Acquisitions• AquarelleLes archives ont acquis, avec l’aide de laDirection des Archives de France, une aquarel-le de la prestation de serment devant le châ-teau de la municipalité Malmanche en 1790.

Traitement des collections• La base de données des archives seraaccessible sur Internet à partir du 1er novem-bre prochain. Elle permettra aux lecteurs deconsulter un certain nombre de documentsnumérisés et de préparer leur venue auxarchives par la consultation des notices. Uneversion sera disponible pour les services enIntranet afin d’effectuer leurs recherches etleurs versements.

Le service a accueilli au mois de juin une sta-giaire qui a classé un versement sur les Zonesd’Aménagement Concerté (ZAC) de laCommunauté Urbaine.

Bibliothèque d’Etudede Brest

Muséedes Beaux-Artsde Brest

Archives municipaleset communautairesde Brest

Lettre n°2 / automne 2007

Expositions au Musée• Jean-Claude Silbermann“Le pointillé clandestin, peintures…”

Du 12 juillet au 14 octobre 2007.Conférence de Jean-Claude Silbermannsur la poésie le jeudi 11 octobre à 18 H. Entrée libre (auditorium du musée).

• “Ciel et courbe”Peintures de Marielle PaulDu 15 novembre 2007 au 27 janvier 2008.

• François Dilasser - Février à juin 2008.

Expositions à l’Artothèque• Sylvain Le Stum, Gwenaëlle Magadur“La ville en mutation”

Du 14 septembre au 26 octobre 2007.

• Malik SibidéDu 2 novembre au 2 décembre 2007.

• Un parcours photographiquedans la villeNovembre - décembre 2007.

• Photographies, récentes acquisitionsHervé Le Nost, Yves Trémorin,Samir Mougas, Philippe PetremantDu 12 décembre 2007 au 17 février 2008.

• ContactMusée des Beaux-Arts de Brest24, rue Traverse - 29200 [email protected] mardi au samedi de 10h à 12het de 14h à 18h et le dimanche de 14h à 18h.Gratuit le 1er dimanche de chaque mois.Tarif : 4 euros.Tarif réduit : 2,50 euros(groupes, étudiants non brestois).Gratuit : bénéficiaires d’allocations sociales,enfants, étudiants brestois, étudiants en Art.

Bibliothèque d’EtudeMusée

• LA VILLE EN MUTATIONpar Sylvain Le Stum et Gwenaëlle Magadurdu 14 septembre au 26 octobre 2007.

Exposition présentée à l’Artothèque et dansla salle d’exposition de la Bibliothèqued’Etude.Les deux artistes projettent leur définitionde la ville en mouvement à l’Artothèque et àla Bibliothèque d’Etude à l’issue d’une rési-dence durant laquelle ils ont croisé leurregard sur Brest ; le regard d’une plasti-cienne abordant le dessin de la ville dans salogique déambulatoire, celui d’un architectesur l’épaisseur des lieux.

Ont participé à ce numéro, les services de la Ville de Brest et de Brest métropole océane : Christine Berthou-Ballot et Hugues Courant, Archives, FrançoiseDaniel, Sandra Mellot et Sophie Parmentier, Musée des Beaux-arts, Nicolas Tocquer, Patricia Mevel, Bibliothèque d’Etude, Monique Férec, journaliste - Illustrationset fonds documentaire, Archives municipales et communautaires et Musée des Beaux-arts de Brest métropole océane, Bibliothèque d’Etude de la Ville de Brest- Conception, Direction Communication de Brest métropole océane - Maquette, Amure - Crédits photographiques : Nicolas Mellot - Impression, CERID Brest.

Patrimoines brestois N°2 11/10/07 18:31 Page 1

Page 2: Patrimoine brestois n°2 - Automne 2007€¦ · des Bibliothèques), cofinancé par le Ministère de la Culture (Direction Régionale des Affaires Culturelles) et le Conseil régional

“Quiconque pénètre sur le territoire de l’école doit laisser le breton à la porte”. Tel est le Credo professé en1920 par Louis Flatrès, instituteur, dans un opuscule visant à améliorer L’enseignement du français dansles écoles rurales bretonnes (FB XB1629). L’auteur s’inscrit ce faisant dans une tradition répressive à l’é-gard de la langue bretonne, dont les origines remontent à la Révolution française. Les instituteurs, hussardsnoirs de la République, pouvaient certes à l’occasion traduire en langue vernaculaire quelques actes officielsafin de faciliter leur appropriation par la population ; mais à l’école, malheur à celui qui prononcerait un motde breton. Au XXème siècle, Anatole Le Braz et Pierre-Jakez Hélias nous ont laissé des témoignages dou-loureux de l’humiliation que représentait le “symbole”, mesure vexatoire destinée aux enfants surpris à par-ler breton dans la cour de l’école. Le “mouvement” (emsav) visant à défendre les intérêts bretons s’est sansconteste nourri de ce sentiment de honte vécu par nombre d’élèves bretonnants. Parmi les nombreusespersonnalités ayant milité pour réhabiliter la langue bretonne figure Yann Sohier, “Breiz Atao” de la premiè-re heure qui, ayant pris ses distances par rapport à l’esprit fascisant de l’époque, fonda en 1933 l’asso-ciation et la revue Ar Falz (PB B41), elle-même à l’origine de la revue Skol vreizh (PB B91). Aux côtés decette mouvance laïque s’est développé un militantisme clérical incarné par l’abbé Perrot, personnalité ambi-guë et controversée, fondateur de l’association et de la revue Bleun Brug (1905), devenue par la suite Feizha Breiz (PB B43) puis Kroaz Breiz (PB C15). Après les concessions faites à l’emsav par le Gouvernementde Vichy (l’enseignement du breton fut autorisé dans les écoles à raison d’1h30 par semaine), la franchecollaboration avec l’occupant de la part de certains activistes et le total discrédit qui s’ensuivit après-guer-re, il fallut attendre 1947 et la formation de l’Union des Défenseurs du breton regroupant plusieurs asso-ciations pour que la langue bretonne soit reconnue officiellement par l’Etat et fasse l’objet d’une loi, diteDeixonne, votée en 1951 et instaurant dans les établissements scolaires l’enseignement facultatif des “lan-gues et dialectes locaux”. ■

En envoyant des cohortes d’instituteurs à l’assaut des campagnes françaises, la IIIème République entendaits’imposer dans les esprits et dans les mœurs, dans une visée progressiste de diffusion des Lumières etd’éducation des masses. Il s’agissait aussi d’éveiller les milieux ruraux au sentiment patriotique en propa-geant l’idée d’unité nationale. A cet égard, Le Tour de la France par deux enfants (sous-titré : “Devoir etPatrie”) par G. Bruno, dont la Bibliothèque municipale possède une édition de 1894 (RES XIXe D348), ajoué un rôle majeur auprès du jeune public : le livre, publié en 1877, a subi de multiples rééditions tantfut intensive son utilisation par le corps enseignant. L’auteur y exalte la France, ses coutumes, ses habi-tants et prône clairement la valeur par l’exemple. Emblématiques également, les livres de prix distribuésdans les écoles aux élèves méritants. Cette pratique, qui apparut au XVIIème siècle, ne s’est généraliséeque vers 1840. Les reliures d’éditeurs, en percaline rouge, étaient généralement frappées d’une cou-ronne de lauriers où l’institution scolaire pouvait graver son nom en lettres dorées. Il s’agissait en l’espè-ce d’insuffler aux jeunes générations la culture, profondément républicaine, du mérite.

L’écoleen Bretagne

1850-1950

La républicanisation

des esprits

Sans doute cette indigence scolaire s’explique-t-elle d’abord par l’enclavement des campagnes, l’habitatdispersé et le caractère rural de la région. En effet, pour rejoindre l’école, les enfants devaient bien sou-vent parcourir six à huit kilomètres à pied sur des chemins peu praticables. Les travaux des champs exi-geaient par ailleurs que tous - enfants y compris - fussent mis à contribution. Aussi, il était impossible pourde nombreuses familles de se priver des forces de travail importantes que représentait la main-d’œuvreinfantile. La République dut par conséquent pénétrer dans les esprits campagnards en développant unappareil législatif approprié. Si, dès 1833, la loi Guizot fit obligation aux communes d’entretenir une école,le véritable coup d’envoi de la révolution scolaire bretonne fut l’adoption en 1881 et en 1882 des lois Ferrysur la laïcité, la gratuité et le caractère obligatoire de l’enseignement. La conséquence en fut la créationde centaines d’écoles et l’augmentation sensible du taux de scolarisation des petits Bretons.

Les Bretons, derniers

de la classe

Languede ploucs

Les Bretons ne se familiarisèrent que tardivementavec l’institution scolaire. Manque d’écoles et d’instituteurs,faible taux de scolarisation, analphabétisation massive :la Bretagne du XIXème siècle accusait d’importants retardsen matière éducative.

* Couverture : Palmarès de l’école de garçonsde la rue de la Communauté. 1872

* Porte-plume, encrier, cahier d'écolier, vers 1880.

* Photographie de classe, vers 1930.

* Ar Falz, n°1, janvier 1933

Le dossierL’éditoA l’occasion de la rentrée scolaire 2007-2008,

la Ville de Brest a fait figurer de manière visibleau fronton de chacune des écoles publiques de la Ville,

la devise de notre République, Liberté, Égalité, Fraternité.

L’école a, tout au long du 19ème siècle et du 20ème siècle,été au cœur des enjeux républicains.

Il s’agissait de rompre avec une école de classespour qu’enfin l’école devienne l’école de tous.

Cette histoire est lourde de sens et son cheminementtrouve encore aujourd’hui une place importante

dans nos débats. Sommes-nous en effet si loin aujourd’huide ces engagements en faveur de l’école publique

que l’on lit si fort dans les choix des municipalités qui,au début du 20ème siècle, ont conduit la destinée

des communes qui forment aujourd’hui notre ville, lorsquenous écrivons dans le préambule du Projet Éducatif Local

vouloir donner aux jeunes Brestoises et Brestoisles moyens de devenir pleinement citoyens ?

Mais également lorsque nous investissons pour la qualitédes repas servis dans les restaurants scolaires municipaux

et que nous nous mobilisons pour faire du temps 12h - 14hun véritable temps éducatif pour les enfants ?

Aborder la question des écoles et de l’éducationdans cette revue Patrimoine Brestois c’est une forme

d’invitation aux chercheurs à nous aider à mieux connaîtrel’histoire éducative de la métropole occidentale

de la Bretagne pour en mieux percevoir les enjeux à venir.C’est aussi une manière d’inviter toutes celles et ceux

qui forment les acteurs du monde éducatif brestoisà regarder les apports de l’Histoire

pour consolider le travail aujourd’hui engagé avec le PEL. ■

Allain JouisAdjoint au Maire

chargé de l’enfance, de l’éducationet du temps libre de l’enfant.

Patrimoines brestois N°2 11/10/07 18:31 Page 3

Page 3: Patrimoine brestois n°2 - Automne 2007€¦ · des Bibliothèques), cofinancé par le Ministère de la Culture (Direction Régionale des Affaires Culturelles) et le Conseil régional

Les écolesà Brest,une histoire

encore méconnue

La loi de 1882 institue une caisse des écoles enfaveur des élèves des écoles communales. Sesobjectifs principaux : récompenser les élèves lesplus méritants par des prix ou des livrets de cais-se d'épargne, aider les plus indigents en leur pro-curant livres et fournitures dont ils auraientbesoin, vêtements et chaussures en hiver. Lacommune lui attribue des subventions.A Brest les statuts de la caisse des écoles sontrédigés en 1888. La présidence revient auMaire de l'époque Delobeau. Sa première déci-sion : statuer sur le legs du lieutenant de vais-seau Guérin qui souhaitait donner aux élèvesbrestois cent livrets.En 1906, la municipalité Aubert essaie de redé-marrer cette structure en y adjoignant la gestiondes cantines scolaires, des colonies de vacanceset des écoles de plein air que la Ville a créées.En 1927, les archives possèdent un rapport surle fonctionnement des cantines scolaires. Voicice qu'en dit Jean Le Gall, alors en charge de cesecteur : “Il est superflu d'insister sur l'excellencede cette organisation qui a si heureuse consé-quence sur la santé générale des enfants et laprophilaxie antituberculeuse, d'autre part sur larégularité de la fréquentation scolaire. Avant denous adresser à l'intelligence de l'enfant, adres-sons nous à son ventre et quand nous auronssatisfait son besoin de manger, nous satisferonsson besoin d'apprendre. Nous donnons ainsichaque jour 150 repas gratuits”. ■

L'Ancien Régimeet la Révolution.

A Brest, comme dans toute laFrance d'Ancien Régime, l'ins-truction est transmise par l'Égli-se. Brest dispose également degénéreux donateurs, issus de laMarine, qui financent l'installationd'écoles, tels le capitaine de vais-seau Claude de Kerleau, cheva-lier de l'Isle, pour les écoles com-munales de Kerleau installéesderrière l'église Saint-Louis, et lelieutenant de vaisseau Jean-Louisde Hennot qui consacre une par-tie de sa fortune à la créationd'une école pour l'instruction desenfants du peuple, rue deCharonnière. L’école ouvre sesportes en 1746 avec, à sa tête,les Frères de la Doctrine Chré-tienne et vingt-deux enfants.C'est le premier exemple d'écolegratuite. Cependant la Villemanque gravement de moyenspour établir d'autres établisse-ments : M. Martret, Maire deBrest de 1757 à 1759, termineson mandat sans avoir pu établird'autres écoles.Dans son ouvrage, Levot indiquequ'en 1774 “la Ville est dépour-vue de moyens d'instruction :l'exiguïté des ressources paralyseles bonnes intentions”. Une nou-velle tentative échoue sous lemandat d'Antoine Raby en 1785.La période révolutionnaire n'estguère plus favorable à l'instruc-tion à Brest malgré les lois de1793 qui imposent une école parcommune et la fourniture d'unlogement et d'un traitement auxinstituteurs. On relève seulementla construction, en 1791, de l'é-cole de la rue Monge, dirigée pardes instituteurs nommés par lamunicipalité brestoise.

Du Consulatà la IIIème République.

L'enseignement est à la charge descommunes depuis le Consulat. En

1802 le Maire, Tourot, accepted'ailleurs de concourir à la créationd'une école communale et à l'achatde prix pour récompenser les élè-ves méritants. La restaurationouvre aussi à Brest une parenthè-se sur l'enseignement mutuelbasée sur l'organisation de grou-pes d'élèves homogènes passantd'un niveau à l'autre. Une école dece type est ouverte en 1817 àBrest ainsi qu'à Lambézellec où l'é-cole accueille près de quatre-vingtdix élèves. Mais c'est la loi Guizot de1833 qui confirme l'entretien d'uneécole, le salariat et le logement d'uninstituteur qualifié. Chaque munici-palité a dès lors la lourde charge deconstruire autant d'écoles quenécessaire pour accueillir les gar-çons, dans un premier temps, puisles filles ensuite, du cours prépara-toire aux écoles primaires supérieu-res et aux écoles professionnelles.Brest ouvre dès 1834 une écoleprimaire supérieure. Concurren-cée, comme ailleurs, par le collège,plus prestigieux, elle ferme ses por-tes en 1867.En 1860, la Ville achète un terrainà Kéroriou pour y établir une salled'asile. Transformée en école com-munale six ans plus tard puis en1894 en école pratique d'industrie,le premier jalon de l'implantation del'enseignement technique est poséà Brest. Une école professionnelleet ménagère ouvre plus tard, en1908, à Saint-Martin, aujourd'huisituée rue Proud'hon.Les lois sur l'enseignement entraî-nèrent aussi dans les communespériphériques des constructionsd'écoles. A Saint-Pierre, le DocteurGestin, alors Maire, décide, en1882, de la construction d'uneécole de filles, aujourd'hui l'écolePaul Eluard et en 1884 d'un grou-pe scolaire aux Quatre-Moulins.L'école des filles est aujourd'hui lamédiathèque du quartier. L'écoledes garçons accueille, quant à elle,des activités de la Maison PourTous.

A Lambézellec, à l'école mutuellesuccède en 1839 l'école Ferdi-nand Buisson. Avant elle, avait étéconstruite, l'année même de lapublication de la Loi Guizot, l'écolede Keralloche.Enfin à Saint-Marc, l'école com-munale des garçons fut commetout le bourg transférée en 1865pour laisser place aux lignes dechemin de fer. Elle patagera seslocaux avec la Mairie jusqu'en1938, date à laquelle on cons-truisit une nouvelle école.

La Seconde Guerre Mondiale.

Le second conflit mondial vabien sûr ébranler la vie quoti-dienne des écoliers brestois. Enjuin 1940, certaines écolessont occupées par les troupesqui se replient et certainsenfants sont envoyés à la cam-pagne dans les familles. À la findu mois, la plupart des écolesréouvrent et les examens sedéroulent, malgré des perturba-tions dans le calendrier. La ren-trée scolaire d'octobre 1940s'effectue malgré de nombreu-ses difficultés. L'année 1941est beaucoup plus bouleversée.Les vacances de Pâques met-tent un terme à cette annéescolaire, à la suite d'un terriblebombardement. Les écoles del'agglomération brestoise neréouvrent pas. Des solutions deremplacement sont alors trou-vées à Daoulas et à Lander-neau. Des départs sont organi-sés vers les départements de laSarthe et du Loir-et-Cher, qui sepoursuivent jusqu'en 1943.Certains élèves restent pour-tant à Brest. Les journées d'é-cole sont tronquées par les aler-tes. En mars 1943, les cartesd'alimentation sont suppriméespour les enfants et personnesen formation scolaire. Cet ulti-matum entraîne un nouvel etdernier exode de la populationscolaire.

Ecole professionnelle de filles,rue Proudhon,

préparation du trousseau. 1928

La caissedes écoles

Ecole primaire supérieure(Collège moderne)

Atelier de travaux pratiques. 1928

Cantine scolaire municipale de la rue Danton. 1928

Inspection médicaled’enfants d’une école. 1928

Palmarès de l’école de garçonsde la rue de la Communauté. 1891

Patrimoines brestois N°2 11/10/07 18:32 Page 5

Page 4: Patrimoine brestois n°2 - Automne 2007€¦ · des Bibliothèques), cofinancé par le Ministère de la Culture (Direction Régionale des Affaires Culturelles) et le Conseil régional

De l’école au muséeou du musée à l’école

quels liens le musée des beaux-artsentretient-il avec l’école ?

Gilbert Elleouet,conseiller pédagogiqueà l’Inspection académique

Quand la ville se litcomme un livre illustré !

Cette année encore,des ateliers patrimoine

sont proposés et animéspar l’Inspection Académique

en direction des scolaires.Vauban, dont on fête en 2007

le Tricentenaire de la mort,est à l’honneur.

Entretien avec Gilbert Elleouet,conseiller pédagogique.

Désireux de faire découvrir ses collections à unlarge public, le musée des Beaux-arts de Brestdéveloppe de multiples actions éducatives. Si lemusée joue effectivement un rôle de formation, cen’est pas une école mais un espace libre d’ap-prentissage. Pour répondre à cette volonté, le ser-

vice culturel du musée est chargé de définir desmoyens de médiation des collections et d’établir unplan d’action culturelle qui s’inscrit dans le projetd’établissement. Ce service bénéficie de la colla-boration de conseillers pédagogiques de l’Educa-tion nationale.

En quoi consistent ces ateliers Patrimoine ?En septembre, à l’occasion des journées du patrimoine,des demi-journées ont été organisées autour de Vauban.Pour cela, les classes (une vingtaine concernée) ont été guidéesdans le Château de Brest et dans l’exposition Vauban(une initiative de la Ville de Brest) visible au Service historiquede la Marine. Il ne s’agit pas de visites ordinaires.La vocation de ces ateliers est pédagogique.Ils ont lieu sur le temps scolaire et concernent les élèves de cycle 3,du CE2 au CM2. Ils sont préparés en amont à partir de sourcesnombreuses et riches, avec le souci de respecter les instructionsofficielles, de construire de nouveaux savoirs, de familiariser l’enfantavec son environnement. Les professeurs des écoles sont invitésà préparer ces ateliers au préalable. Des prolongementssont ensuite déclinés en classe sous forme papier ou numérique.Et nous, conseillers qui animons ces ateliers veillons à proposeraux enfants un questionnaire interactif.

Pourquoi le patrimoineest-il un matériau pédagogique ?Tout d’abord, il faut savoir que l’étude du patrimoine local et régionalfigure au programme. A Brest, même si le centre ancien de la ville,limité par les Glacis a été rasé à 90 % lors de la deuxième guerre mondiale, l’héritage est important.Il reste relativement peu de traces, mais celles-ci racontentune longue histoire. Les premiers fondements du Château de Brestont dix-sept siècles d’existence. C’est un des rares bâtiments historiquesde Bretagne encore debout qui puisse témoigner d’autant de périodesde l’histoire. Remanié par Vauban, il n’est pas le seul élément patrimonialdigne d’intérêt. Du haut de ses remparts, nous montrons aux élèvesla configuration de la ville. C’est l’occasion d’apprendre que Mathon,architecte responsable de la Reconstruction, a respecté le plan dessinépar Vauban, et de redessiner mentalement la ville ancienne.L’étude du patrimoine permet de voir la ville différemment,de regarder des choses de près, avec leur taille réelle,dans leur environnement. Ce n’est pas du virtuel !Mettre les enfants en contact avec des métiers, des faits,des connaissances nouvelles et concrètes,peut aussi, nous l’espérons, contribuer à créer des vocations !

Quels sont vos partenaires dans ces actions ?Je salue l’important travail de partenariat sur tous ces ateliers.Avec les professeurs des écoles qui font un travail avec leurs élèvesavant, pendant et après. Pour organiser nos ateliers et rédigerles supports pédagogiques, nous travaillons en lien étroit et constructifavec d’autres acteurs : la Ville de Brest, les Archives municipaleset communautaires, le musée des Beaux-arts, le musée de la Marineet le Service historique de la Marine, la Bibliothèque d’Etude, Océanopolis,l’Abbaye de Daoulas… et bien sûr le centre de documentationpédagogique, notre voisin, concepteur du site “écoles et musées”qui dépend aussi de l’Education nationale. Il y a une dynamiqueintéressante, qui devrait encore s’amplifier. Les ateliers patrimoinesur Vauban ont été organisés à l’occasion des journées du patrimoine.Mais ils ne sont pas les seuls au programme. En 2007-2008,nous nous intéresserons aussi à la Révolution industrielle,et, en cette année polaire, à la conquête des pôles….Brest 2008 devrait également permettre la conception et l’écriturede nouveaux documents ainsi qu’une meilleure compréhensiondes enjeux maritimes de notre agglomération. ■

Deux autres conseillers pédagogiques animeront ces ateliers Patrimoine :Joëlle Thoulouzan et Walter Saunier.

L’entretien

Le musée fait école

Le médiateur instaure un dialogueentre des œuvres et des publics,notamment le public scolaire. Afinque la visite découverte prônée parla démarche d’éveil ne se transfor-me pas en visite récréative qui seraitinexploitée par suite, le travail demédiation relève davantage de lasensibilisation, de l’accompagne-ment et de l’autonomisation que dela transmission ou du divertissementculturel. Le projet “Bible Culture”mené avec des classes de secondes’inscrit parfaitement dans cettedémarche, les objectifs sont multi-ples : découvrir l’influence de la cul-ture biblique dans l’art occidental,apprendre à lire une œuvre et porterun regard critique.Pour découvrir les collections du musée de manière ludique etattractive, le service culturel du musée a conçu des dossierspédagogiques sur différentes thématiques, tel le portrait, enlien direct avec les œuvres et les expositions temporaires.Destinés aux classes de 1èr et 2nd cycles et aux centres de loi-sirs, ils sont mis à disposition gratuitement. Sur rendez-vous, le médiateur propose une aide pour accom-pagner les enseignants dans la mise en œuvre de projets cul-turels et artistiques. Des visites préparatoires des expositionstemporaires sont également organisées pour faciliter la venueau musée.Par la parole, l’écriture, le dessin ou encore la peinture, il s’a-git d’offrir aux enfants l’occasion de s’éveiller aux différents cou-rants artistiques et de développer leurs propres sensibilités.Entre 5 et 14 ans, les enfants ont accès au musée à l’occasiond’ateliers pédagogiques pendant lesquels ils partent à la décou-verte du musée et des collections.

Un regardsur l’art contemporainavec l’artothèque

Avoir les clefs, comprendre lescodes…, l’art contemporain est enco-re largement estampillé du sceau del’élitisme, car nombreux sont ceux quiestiment réservé ce terrain culturel.Voilà pourquoi la figure du médiateurfait apparition dans les années 80 ets’accompagne de toute une réflexionpour réconcilier les publics avec lacréation actuelle. Le public scolaireapparaît dès lors comme un publicprivilégié. Initier les jeunes à l’art,c’est décomplexer toute une généra-tion qui n’hésitera plus à franchir leseuil d’une institution culturelle. L’artothèque est, par définition, “unestructure médiatrice” : elle met à

disposition sa collection de sept cents œuvres. Une deses missions premières est d’établir ce lien entre les élè-ves et l’art. Alors même que l’école dispense un ensei-gnement d’arts plastiques, quel rôle jouent le musée etson artothèque dans cette relation entre l’élève et la créa-tion contemporaine ? Il s’agit de mettre à disposition unecollection, un savoir, d’accompagner les enseignants dansleur réflexion quotidienne afin de privilégier un regard cri-tique sur l’art et le monde extérieur en s’inscrivant tou-jours dans un projet correspondant à nos missions d’ou-verture. Une rencontre personnalisée se crée entre uneclasse et la collection selon une problématique particuliè-re préparée avec l’enseignant. C’est ainsi que les œuvresde l’artothèque n’ont plus de secret pour ces historiensd’art en herbe qui mènent l’“Enquête à l’artothèque”. Pour chaque projet, les objectifs du musée et de l’arto-thèque sont de donner l’occasion d’observer, de susciterune sensibilité et l’envie de partager une émotion. ■

Les élèves de l’école de La Martyreen visite au Musée de Brest

Patrimoines brestois N°2 11/10/07 18:32 Page 7

Page 5: Patrimoine brestois n°2 - Automne 2007€¦ · des Bibliothèques), cofinancé par le Ministère de la Culture (Direction Régionale des Affaires Culturelles) et le Conseil régional

Ecoleet patrimoine

Les actualités

AcquisitionsDocuments acquis avec l'aide du F.R.A.P.B.(Fonds Régional d’Action pour le Patrimoinedes Bibliothèques), cofinancé par le Ministèrede la Culture (Direction Régionale des AffairesCulturelles) et le Conseil régional.

• Capitaine Castex, Journal de bordmanuscrit d’un corsaire croisant auxCaraïbes, 1805Trajets, péripéties à bord, poursuites en mer etprises effectuées en pleine “guerre des cour-ses” dans les Antilles. A l'heure où la Francedéfend ses eaux territoriales, les Autorités s'ap-puient sur des légions de corsaires munis delettres de marque. Castex est de ceux-là. Cetype de document est rare car les journaux debord de corsaires constituaient des pièces àconviction contre leurs détenteurs, si bien qu'ilsétaient souvent détruits.

• Traité pratique de navigation, pourreconnoître la côte de Bretagne, dansle continant, depuis les Saints jusqu’àMorbian, 1777

Manuscrit consacré à la reconnaissance descôtes sud-finistériennes et morbihannaises. Ilest illustré de dessins à la plume et au lavis etcomporte de nombreux relevés géographiquespermettant aux marins d’éviter les écueils,hauts-fonds et récifs fort nombreux en cettepartie du littoral.

Traitement des collections• Traitement des plaques de verre du fondsMarcel Bories : environ 1000 photographiesde faits divers brestois, de vues du Finistère etdes alentours de 1900 à 1935.

• ContactBibliothèque municipale de BrestLes collections patrimoniales sont conservéesà la Bibliothèque d'Etude, 22, rue Traverse.02 98 00 87 60 - www.mairie-brest.fr/biblio

Acquisitions• AquarelleLes archives ont acquis, avec l’aide de laDirection des Archives de France, une aquarel-le de la prestation de serment devant le châ-teau de la municipalité Malmanche en 1790.

Traitement des collections• La base de données des archives seraaccessible sur Internet à partir du 1er novem-bre prochain. Elle permettra aux lecteurs deconsulter un certain nombre de documentsnumérisés et de préparer leur venue auxarchives par la consultation des notices. Uneversion sera disponible pour les services enIntranet afin d’effectuer leurs recherches etleurs versements.

Le service a accueilli au mois de juin une sta-giaire qui a classé un versement sur les Zonesd’Aménagement Concerté (ZAC) de laCommunauté Urbaine.

Bibliothèque d’Etudede Brest

Muséedes Beaux-Artsde Brest

Archives municipaleset communautairesde Brest

Lettre n°2 / automne 2007

Expositions au Musée• Jean-Claude Silbermann“Le pointillé clandestin, peintures…”

Du 12 juillet au 14 octobre 2007.Conférence de Jean-Claude Silbermannsur la poésie le jeudi 11 octobre à 18 H. Entrée libre (auditorium du musée).

• “Ciel et courbe”Peintures de Marielle PaulDu 15 novembre 2007 au 27 janvier 2008.

• François Dilasser - Février à juin 2008.

Expositions à l’Artothèque• Sylvain Le Stum, Gwenaëlle Magadur“La ville en mutation”

Du 14 septembre au 26 octobre 2007.

• Malik SibidéDu 2 novembre au 2 décembre 2007.

• Un parcours photographiquedans la villeNovembre - décembre 2007.

• Photographies, récentes acquisitionsHervé Le Nost, Yves Trémorin,Samir Mougas, Philippe PetremantDu 12 décembre 2007 au 17 février 2008.

• ContactMusée des Beaux-Arts de Brest24, rue Traverse - 29200 [email protected] mardi au samedi de 10h à 12het de 14h à 18h et le dimanche de 14h à 18h.Gratuit le 1er dimanche de chaque mois.Tarif : 4 euros.Tarif réduit : 2,50 euros(groupes, étudiants non brestois).Gratuit : bénéficiaires d’allocations sociales,enfants, étudiants brestois, étudiants en Art.

Bibliothèque d’EtudeMusée

• LA VILLE EN MUTATIONpar Sylvain Le Stum et Gwenaëlle Magadurdu 14 septembre au 26 octobre 2007.

Exposition présentée à l’Artothèque et dansla salle d’exposition de la Bibliothèqued’Etude.Les deux artistes projettent leur définitionde la ville en mouvement à l’Artothèque et àla Bibliothèque d’Etude à l’issue d’une rési-dence durant laquelle ils ont croisé leurregard sur Brest ; le regard d’une plasti-cienne abordant le dessin de la ville dans salogique déambulatoire, celui d’un architectesur l’épaisseur des lieux.

Ont participé à ce numéro, les services de la Ville de Brest et de Brest métropole océane : Christine Berthou-Ballot et Hugues Courant, Archives, FrançoiseDaniel, Sandra Mellot et Sophie Parmentier, Musée des Beaux-arts, Nicolas Tocquer, Patricia Mevel, Bibliothèque d’Etude, Monique Férec, journaliste - Illustrationset fonds documentaire, Archives municipales et communautaires et Musée des Beaux-arts de Brest métropole océane, Bibliothèque d’Etude de la Ville de Brest- Conception, Direction Communication de Brest métropole océane - Maquette, Amure - Crédits photographiques : Nicolas Mellot - Impression, CERID Brest.

Patrimoines brestois N°2 11/10/07 18:31 Page 1