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N° 22 - Mai 2014 Rendez-vous aux Jardins Rendez-vous aux Jardins

Patrimoine brestois N°22

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Rendez-vous aux jardins - Mai 2014

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N° 22 - Mai 2014

Rendez-vousaux Jardins

Rendez-vousaux Jardins

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Le dossier

EditorialOrganisée au printemps depuis 12 ans

par le Ministère de la Culture, la manifestation“Rendez-vous aux jardins”, si elle est l’occasion

de découvrir ou de regarder différemment partouten France plusieurs milliers de parcs et jardins,

est aussi une belle occasion de réfléchirsur notre rapport à la nature, sur la nature en ville,

sur la manière dont a évolué ce rapport :des jardins botaniques nés des grandes expéditions

maritimes à nos préoccupations de loisirset environnementales, sur les liens entre nature

et création artistique, sur les liens entre pédagogie,apprentissage et nature… Autant de sujets

à réflexion que nous avons voulu, par ce nouveaunuméro de “Patrimoine Brestois”, effleurer et ouvrir

au travers des collections publiques brestoises.Nous avons voulu cette revue pour, numéro aprèsnuméro, montrer combien patrimoines, devenir de

notre ville et notre vie au quotidien à Brest sont liés.Combien il est nécessaire, pour mieux appréhender

les enjeux à venir, de comprendre, préserver,conserver, partager avec le regard d’aujourd’hui,

la mémoire et les traces de l’histoire de Brest,de l’histoire des Brestoises et des Brestois. •

Gaëlle Abily,Adjointe au Maire de Brest en charge de la culture

Notre familiarité actuelle avec la littératureenfantine nous fait souvent oublier sa relative jeu-nesse. Souvent considérés comme de jeunesadultes à éduquer, les enfants n’ont véritable-ment connu une littérature qui leur était destinéequ’après la Seconde Guerre mondiale. L’apparition d’une édition pour la jeunesse, enrupture avec la visée seulement éducative d’an-tan, est à remettre dans un contexte de sociétéoù le développement de l’enfant devient un sujetincontournable et qui aboutira à la pensée de1968. C'est également l'époque où les sectionsJeunesse des bibliothèques se développentL’apparition des documentaires est symptoma-tique de ce vivier de réflexions et un parfait exem-ple de l’évolution de la place des jeunes dans l’é-dition.Cette demande éditoriale nouvelle est encoura-gée par les enseignants, toujours à la recherched'informations précises, illustrées et adaptéesaux thèmes exploités en classe. Ainsi, les années1960 verront apparaître les premières encyclo-pédies pour les enfants, grand succès de l’é-poque.Les premiers thèmes déclinés portent sur les

La découvertedu jardindans l’éditionde Jeunesse

sciences et la connaissance du monde. Le jardin,qui permet une observation des saisons, de lanature et encourage les enfants à une relativeautonomie, est très tôt présent. Une maison d’édition comme Casterman va déve-lopper pour les plus petits des albums documen-taires. Elle débute en 1963 la collection Cadet-rama avec la série d’Achille et Bergamote, écriteet illustrée par Alain Grée, qui développera dix ansplus tard la série des Farfeluches, toujours sur lemême principe. La collection Farandole, toujourschez Casterman, et qui donnera naissance à lacélèbre Martine, a pour mot d’ordre “Savoir etconnaître” et propose une vulgarisation scienti-fique sous forme de petites histoires où lesenfants sont les héros.Si les premières collections font la part belle àl’illustration, la photographie va peu à peu s’impo-ser. Dans cette recherche du vrai et de l’informa-tion fiable, la photographie paraît le garant decette authenticité et apporte, aujourd’hui, une tou-che définitivement rétro à nos yeux •

Anaïs Kerléo,Responsable de la Bibliothèque d'étude

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ville s’étend et artificialise son environne-ment, jeux d’enfants ou d’adolescents… Leréaménagement récent du jardin deKérinou, celui en cours du jardin Saint-Exupéry s’inscrivent dans cette logique decombinaison paysagère, ludique et de socia-bilité. Et puis, tout au long des siècles il y ales projets, ces jardins imaginés et jamaisréalisés, fantasmés, comme des rêves…des rêves d’enfant peut-être… et ça tombebien, c’est le thème de la journée des jardins2014 ! •

Hugues Courant, archiviste

Il n’y a pas de service constitué des parcs etjardins et c’est au détour d’opérations de voi-rie que l’on voit progressivement se dessinerla “fonction” espaces verts au cours du XIXe

siècle et de la première moitié du XXe. A par-tir de 1946 l’organisation des services rendcompte d’une fonction désormais clairementidentifiée. L’histoire de chaque jardin néces-siterait et mériterait un développement,mais on devine à travers l’évolution de l’or-ganigramme des services l’évolution des jar-dins eux-mêmes : de simple promenades,on tend progressivement à des parcs amé-nagés pour des usages de plus en plus nom-breux : promenades, retour vers une “na-ture” aménagée au fur et à mesure que la

Les jardins racontentl’histoire de Brest

Si aujourd’hui parcs et jardins publics occu-pent une place importante de l’activité desEspaces Verts et si cette fonction est essen-tielle pour toute administration municipale, telne fut pas toujours le cas. Parcs et jardinssont sortis des propriétés privées des châ-teaux au cours des XVIIe et XVIIIe siècle. Laplupart des places ne font alors pas encore lapart belle à la verdure. Pour Brest c’est l’a-ménagement du Cours Dajot, en 1769, quipropose le premier “parc” public. Encore est-il conçu comme une promenade publique, unmail, sans aménagement susceptible d’enfaire un véritable jardin public. L’idée est éga-lement de combler les carrières qui donnentalors au lieu un aspect lunaire.

Plan d’aménagement d’une promenade publique (futur Cours Dajot), - 1769

La Tour d’Auvergne :projet de transformationde l’ancienne placedu Pont-de-Terre(La Tour d’Auvergne)en square, 1842

Jardin public des rampes du port de commerce au début du XXe siècle

Projet d’aménagementde la place Wilson :quatre jardins (japonais,méditerranéen, Rocheuses,irlandais) séparéspar un kiosqueet un “jardin des stèles”.Détail de maquette,années 1990.

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• Qu'est-ce qu'un aménagement pay-sager ?

Le terme paysage apparaît à laRenaissance. Il définit un point de vue esthé-tisant sur l'espace qui nous entoure, qui doitêtre digne d'être représenté. Je n'aime pastrop l'expression “aménagement paysager”qui, utilisée à tout propos, se déprécie. Deplus, il est souvent perçu comme un amé-nagement vert à dominante végétale, alorsque la plupart de ceux que l'on réalise,notamment en situation urbaine, ne sontque partiellement végétalisés, voire pas dutout. Généralement, un projet s’inspire desdimensions symboliques et physiques dusite, de l’imagination propre au paysagisteet bien entendu de la commande.

• Dans quelle mesure la notion d'aména-gement paysager a-t-elle évolué ces der-nières années ?

L'idée de paysage, la relation esthétiqued'une société avec son environnement évo-lue. Ces dernières années, les préoccupa-tions environnementales ont pris de l'impor-tance, ce qui se répercute sur les choixd'espèces et les conduites. On est passéd'espaces classiques comme le jardinKennedy, très élaboré, très entretenu, àdes aménagements à l'entretien plus exten-sif comme la prairie du Crann à Gouesnouaux allures d'espace naturel, mais sophisti-qué dans sa mise en œuvre. Je suis en cemoment associée à l'élaboration d'un nou-

veau quartier de 350 logements destinés àenviron 1000 personnes dans le secteur dePenhoat à Gouesnou, où les notions dedéveloppement durable et de préservationdes espaces sont essentielles.

• Qu'est-ce qui différencie un aména-gement paysager d'un jardin ?

Le jardin est une catégorie d’aménagementpaysager au sens large. C'est un espace exté-rieur parfois clos, généralement petit et àdominante végétale. C'est la relation à la gran-de échelle qui définit la notion de paysage.

• Quels aménagements paysagers bres-tois vous semblent les plus remarqua-bles ?

Pour moi, le Jardin des Explorateurs est -dans la catégorie jardin - un espace remar-quable où la dimension culturelle est trèsprésente. Le Stang-Alar également. J’ai uneaffection toute particulière pour les jardinsbotaniques car je suis fille de botaniste et j'yai de merveilleux souvenirs d’enfance,notamment dans celui de Montpellier (leplus ancien de France) où je vivais. Dansl'appréciation d'un lieu, il y a toujours unepart de sa qualité et une dimension person-nelle. A Brest, la géographie même de laville est remarquable, une ville dans le pay-sage très singulier de la rade, c'est pourcela que j'ai choisi de m'y installer. •

André Hascoët

L’entretienLaure Planchais,Paysagiste DPLG,enseignante à l'Institut de géoarchitecture de Brest

“Un projet est à cheval entrela dimension symbolique et physiquedu site et bien entendu la commande.”

Diplomée de l'Ecole Nationale Supérieure de Versailles en 1994, LaurePlanchais travaille dans toute la France, mais surtout en Bretagne. Elle aobtenu le grand prix national du paysage 2012 pour son aménagement duparc du Grand Pré à Langueux dans les Côtes d'Armor.

Le Pommier fleuriou Le Balcon à Vernonnet

Faut-il que la peinture de la nature soit réaliste pourqu’elle émeuve ? A cette question le peintre Pierre Bonnard répondavec certitude que contrairement à son ami ClaudeMonet qui peint ce qu’il voit,lui dépasse et recompose ceque la nature lui donne à voir.Il transpose ses sensationsen touches colorées.

Le Pommier fleuri (huile surtoile), peint vers 1930 et quisuggère avant tout un senti-ment de jardin, illustre toutesles innovations de Bonnardconcernant la mise en page,la traduction de l’espace etde la lumière. Le cadrage quicoupe abruptement le balconn’en donne à voir qu’un angleet dégage une vue plongean-te. Le jeu des pans verticauxverts constitués par les ar-bres du bois de l’arrière-planinvite le regard à se concen-trer sur le premier plan danslequel les verts plus clairssont répartis en touchescourtes et claires. La couleur dominante, levert, est employée pure pourla haie et dégradée en denombreuses nuances. Ellejoue avec sa complémentaire,un rouge, les deux couleursse partageant finalement l’ensemble du jardin. Danscette nature, la couleur est indispensable pour iden-tifier les éléments de la composition, tandis que lesnombreux rehauts de blancs font vibrer la végétation.La silhouette qui se dégage de la masse des herbesfolles permet à l’œil de se repérer dans l’espace dela toile sans passer par les artifices illusionnistes de

la perspective traditionnelle. Seule sa présence per-met d’évaluer la distance.

Il ne faudrait pas croire que si l’allure traditionnelled’un jardin a disparu,Pierre Bonnard en faisaitun simple prétexte à pein-dre. Non ! Au contraire,c’est le centre de sesémotions et le sujet de lapeinture comme de sonattachement à cette petitemaison de Vernonnet(dans l’Eure) achetée en1912 après qu’il eût étéséduit par …son jardin quidévale vers la Seine (àpeine perceptible à droite).A son sujet, A. Vaillant ajustement écrit la passionde l’artiste pour cette mai-son nommée “MaRoulotte” : “De guingois,toute en longueur, laRoulotte avec ses colom-bages et son balcon debois, s’abrite de la collineet la terrasse domine unfouillis de plantes, petit jar-din touffu qui dévale jus-qu’au bras de la Seine oùune barque est amarrée”.C’est la couleur, les vibra-tions de la lumière printa-nière de ce lieu choisi qu’il

laisse le pénétrer avant de travailler dans l’atelier.Non à peindre “le modèle qu’on a sous les yeux”,mais “le modèle qu’on a dans la tête” (note du 3 juillet1935). •

Pascal AumassonConservateur du musée des beaux-arts

Pierre Bonnard (Fontenay-aux-Roses, 1867 - Le Cannet, 1947),Le Pommier fleuri (Le Balcon à Vernonnet), huile sur toile. Vers 1930,© Collection du musée des beaux-arts de Brest métropole océane

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Archives municipales et communautaires

Les actualitésPompeo Batoni,La mort de Marc-Antoine,1763, huile sur toile,76 x 100 cm© Collection musée des beaux-artsde Brest

AcquisitionsLes archives ont récemment acquis unimportant lot de photographies de laSeconde Guerre Mondiale, issues pourune part d’un membre de l’organisationTodt, lors de la construction de la basesous-marine. Elles seront bientôt numé-risées et disponibles. •

Numérisationet archives en ligneLes archives vont bientôt numériser unnouveau lot d’affiches, aussi bien admi-nistratives qu’illustrées.Les registres de convois funèbres auxcimetières de la ville, pour ceux conser-vées aux archives, sont numérisées eten ligne. Ce sont près de 5000 nouvel-les images disponibles sur le site. •

ExpositionsLe hall des archives accueillera uneexposition sur le port de commerce hieret aujourd’hui de la mi-mai à juin, puisune exposition sur les projets de jardinsbrestois durant l’été. •

Contribuez à la connaissancede Brest dans la littérature !Le site Wiki-Brest, en partenariat avecle réseau des bibliothèques de la Ville,vous invite à enrichir une bibliographied’ouvrages décrivant la cité du Ponant :fictions, documentaires, BD, carnets de

voyage… Pour chaque titre proposé,nous vous invitons à proposer un résu-mé, préciser les lieux cités, les endroitsdécrits, les personnalités évoquées outoute autre information que vous souhai-teriez apporter !

Le site Wiki-Brest est ouvert à tous enécriture.Si vous souhaitez un accompagnementdans son utilisation, n’hésitez pas àcontacter l’animateur au 02 98 00 84 38ou par courriel :[email protected]

MuséeLumière sur les collections du musée

Les maîtres italiensdu musée de BrestJusqu’au 4 janvier 2015L’Italie en Bretagne ? L’idée peut semblerétrange. C’est pourtant à un voyageoutremonts que le musée des beaux-arts vous invite en exposant les plusbeaux tableaux italiens du XVIIe au XVIIIe

siècle conservés à Brest. Quarante ansaprès sa première exposition au Louvre,cette exposition s’attachera à présenterde manière inédite le riche fonds de pein-tures italiennes du musée restaurées etdocumentées à partir de sources nou-velles. Au sein d'une grande variété desujets - natures mortes, paysages, por-traits, tableaux historiques et mytholo-giques - l’exposition présentera une tren-taine d’œuvres de grands maîtrescomme Pompeo Batoni, Jacopo Ami-goni, Giacinto Diano ou Canaletto.

ArtothèqueJulien GorgeartUne histoire vraie14 mai - 31 août 2014Soucieuse de prolonger sa mission desoutien à la jeune création, l’artothèquepropose une carte blanche à JulienGorgeart. Dans le cadre du partenariatinitié avec Base, projet mené parDocuments d'Artistes Bretagne etL’École Européenne Supérieure d'Art deBretagne, ce rendez-vous annuel propo-se de porter un regard sur les pratiquescontemporaines du dessin.À travers l’aquarelle ou l’huile sur toile,la démarche de Julien Gorgeart déclinele thème du vestige ou de l’accidentqu’il investit dans des scènes du quoti-dien.La profusion des détails, la précision dutrait, la maîtrise des couleurs confèrentune sensation d’hyper réalisme qui opèreun rapprochement troublant avec laphotographie.

À l’artothèque, l’artiste présente unensemble d’aquarelles inédites produitespour l’exposition. Il s’aventure même ausein de la collection permanente dumusée en livrant une interprétation toutepersonnelle d’œuvres classiques. Né en 1979, diplômé de l’École Supé-rieure d’art de Quimper en 2010, JulienGorgeart vit et travaille à Rennes.

Ont participé à ce numéro les services de la Ville de Brest et de Brest métropole océane : Pascal Aumasson, Vanessa Che, Mathilde Pigallet, Musée des beaux-arts ;Bénédicte Jarry, Anaïs Kerléo, Bibliothèque d’Etude ; Hugues Courant, Archives municipales et communautaires ; André Hascoët. Illustrations et fonds documentaire : Muséedes beaux-arts de Brest, Bibliothèque d’Etude de la Ville de Brest. Rédaction en chef : Paula Fourdeux, service Patrimoines. Maquette : Amure. Crédits photographiques :Archives, Bibliothèque d’Etude de Brest, Musée des beaux-arts, André Hascoët ; Impression, CERID Brest. ISSN : 1959-2426

Julien Gorgeart, Playtime,2014, aquarelle, 49,5 x 37,5 cm

www.musee.brest.fr

Musée des beaux-arts et artothèque

Bibliothèque d’Etude