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N’oublie pas que tu n’es pas seule Pauline Campos

Pauline Campos N’oublie pas que tu n’es pas seule

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N’oublie pas que tu n’es pas seule

Pauline Campos

14.74 640828

----------------------------INFORMATION----------------------------Couverture : Classique

[Roman (134x204)] NB Pages : 182 pages

- Tranche : 2 mm + (nb pages x 0,07 mm) = 14.74 ----------------------------------------------------------------------------

N’oublie pas que tu n’es pas seule

Pauline Campos

Paul

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Alyson regarda une dernière fois sa chambre. C’était bizarre de la voir vide ; sans ses jouets, sans ses peluches. Pourquoi ça existait les déménagements d’abord ? C’était bête, idiot et… débile ! En plus c’était à côté des copines. Non vraiment, Alyson ne comprenait pas.

– Avec Clara la maison sera bientôt trop petite, avait expliqué sa mère.

Tout ça pour un minuscule bébé de deux mois ! Pourquoi ils ne la mettaient pas dans le garage ? pensa Alyson. Il y aurait assez de place. Son père avait rigolé quand elle lui avait dit ça :

– Ça ne marche pas comme ça Alyson ! Pff ! Ce n’était pas juste ! Clara n’avait que deux

mois, ils pouvaient encore attendre. – Alyson ! appela sa mère. La fillette se retourna. – J’arrive ! Elle alla retrouver sa mère qui l’attendait en bas

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des escaliers. Puis elles montèrent dans la voiture où les attendait son père. Clara était déjà installée à l’arrière de la voiture. Alyson s’assit à côté d’elle.

– Papa tu as pris Boubou ? – Oui il est dans la valise. La fillette tourna la tête et regarda une dernière

fois sa maison. La voiture démarra et ils partirent.

Le voyage dura deux heures. C’avait été long. Surtout avec Clara qui n’avait pas arrêté de pleurer pendant une demi-heure. Et après la fillette n’avait même pas pu écouter la radio parce que cette fois-ci Clara dormait et qu’il ne fallait pas la réveiller. Résultat, Alyson s’était ennuyée pendant tout le voyage.

La voiture se gara devant leur nouvelle maison. Les parents sortirent en premier suivis d’Alyson. Celle-ci contempla la maison. Elle était effectivement plus grande que l’autre, son père avait raison. Elle était plus isolée que les autres maisons du quartier. On entendait à peine le chant des oiseaux. Les parents amenèrent les valises dans la maison.

Quand Alyson entra dans la maison, tout était vide. Dans le salon / salle à manger, il y avait de grandes fenêtres de la taille des murs qui éclairaient toute la grande pièce. Elle passa une grande partie de la matinée et de l’après-midi à regarder ses parents installer les meubles, aidés par des hommes, ceux du camion de déménagement. Mais elle finit par s’ennuyer et monta voir l’étage. Il y avait une sorte de

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mini-hall puis un long couloir qui menait à plusieurs pièces dont une qui était à l’autre bout. Intriguée, la fillette traversa le couloir et s’y rendit. Elle ouvrit la porte qui grinça légèrement. C’était une pièce bleu clair. Elle était vide. Alyson rentra. Tout était silencieux. Elle regarda par la fenêtre. Celle-ci donnait sur le jardin. Derrière il y avait des arbres puis la plage. Elle était belle. La mer était bleue et calme. Le bruit des vagues était apaisant. La fillette aperçut une vieille cabane près des arbres. Elle y remarqua quelque chose. Quelque chose de…

– Alyson ? Elle se retourna. – Qu’est-ce qu’il y a maman ? – Je te cherchais. Alors elle te plaît ta nouvelle

maison ? – J’aime bien la plage. Sa mère sourit. – Je t’avais dit qu’elle serait mieux. Tu vas voir, tu

vas l’adorer.

Les chambres et la cuisine avaient pu être aménagées avant le soir ainsi qu’une partie du salon. Alyson monta se coucher. Elle eu la mauvaise surprise de voir que Clara avait la chambre qu’elle voulait – celle qui était violette. C’était aussi la plus grande. La fillette alla trouver ses parents qui étaient dans leur chambre.

– Pourquoi est-ce que j’ai la chambre la plus petite ? dit-elle mécontente.

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– Ça s’est trouvé comme ça, répondit sa mère. – C’est pas vrai ! Je t’avais dit que je voulais la

chambre violette et c’est Clara qui l’a eue ! – C’est plus pratique pour nous, justifia son père. – Mais j’ai celle qui est en bleu et j’aime pas le

bleu ! protesta Alyson. – Oh tu vas t’en remettre, s’agaça sa mère. On la

repeindra après si tu veux. – Aller va te coucher, dit son père, il est tard. La fillette obéit en boudant. Elle entra dans sa

nouvelle chambre. Toutes ses affaires étaient là, rangées ; tous ses jouets ; toutes ses peluches. Elle fouilla dans sa commode et sortit un pyjama. Elle l’enfila, se coucha et éteignit la lumière. Génial la première journée…

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Alyson fut réveillée vers huit heures et demie à cause de son père et sa mère qui continuaient de vider les cartons. Elle se leva et ouvrit ses volets. Elle fut légèrement éblouie par le soleil. Il ne faisait pas froid et le ciel était bleu. Elle s’habilla, fit son lit et descendit prendre son petit déjeuner.

– Bonjour ma chérie, fit sa mère. – Bonjour maman. – Ton petit déjeuner est prêt, il y a juste à chauffer

le lait. La fillette hocha la tête en souriant et se dirigea

dans la cuisine. Quand elle eut fini de manger, elle regarda sa mère vider les cartons.

– Elle dort toujours Clara ? questionna-t-elle. – Oui. – Il est où papa ? – Dans la salle de bain. Il est en train de tout

installer et ranger. – Vous avez bientôt fini ?

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– Oh il manque encore. Tiens prends ça, ce sont tes livres.

Alyson saisit le carton. Il était un peu lourd mais elle réussit à le monter dans sa chambre sans trop de difficultés. Elle attendit qu’on lui installe ses étagères puis les rangea. En fin d’après-midi elle rangea toutes ses affaires scolaires. Elle mit une photo des ses copines dans sa trousse. Car non seulement elle changeait de maison, mais en plus elle changeait d’école ! Alyson était triste de quitter ses amies. Elle ne voulait pas aller dans cette nouvelle école. Elle ne connaissait personne. A coup sûr elle allait se retrouver toute seule à la récré et la cantine. Et puis elle ne voulait pas se faire de nouvelles amies ; Elle voulait garder celles qu’elle avait déjà. C’était les meilleures amies du monde. Pourquoi changer ? Les filles d’ici ne sont pas aussi bien que mes amies, pensa-t-elle.

Elle regarda longuement la photo ; elle regarda longuement ses copines qui souriaient et passa un doigt sur chacun de leurs visages. Puis elle la remit dans sa trousse en soupirant. Plus rien ne serait comme avant, pensa la fillette.

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Son réveil la tira de son sommeil. Elle l’éteignit d’un geste automatique. Ce jour-là était celui où elle allait découvrir sa nouvelle école. La fillette se leva et fit son lit. Puis elle se lava et s’habilla avant de prendre son petit déjeuner. Sa mère l’emmena ensuite en voiture.

– Maman ? fit Alyson sur le chemin. – Quoi ? – J’ai pas envie d’y aller. – Mais tout va très bien se passer, rassura sa mère. – Je ne connais personne. – C’est normal. Mais tu vas vite te faire plein de

nouvelles copines. – Je veux être avec mes copines. – Tu vas les revoir. Alyson baissa la tête. Quand elle arriva à l’école,

elle avait la boule au ventre. Et elle sentait qu’elle devenait de plus en plus grosse quand elle rentra à l’intérieur. Sa mère l’accompagna jusqu’au rang,

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discuta cinq minutes avec la maîtresse puis partit en embrassant sa fille. Alyson se retrouva seule. Seule au milieu de tous ces inconnus. Isabelle, sa maîtresse, la présenta devant toute la classe. Tout le monde la regardait et elle ne savait plus où se mettre.

– Les enfants, dit la maîtresse, je vous présente votre nouvelle camarade, Alyson. J’espère que vous serez tous très gentils avec elle et que vous l’aiderez à bien s’intégrer dans l’école.

Elle désigna à Alyson une place où elle alla s’installer. Mais un garçon lui fit un croche-pied. Elle manqua de tomber. Certains rigolèrent.

– Thomas ! gronda Isabelle. Le garçon regarda la fillette d’un air moqueur.

Elle alla s’asseoir, honteuse. Elle s’en doutait. Cette école n’allait pas du tout lui plaire. A l’heure de la récréation, elle s’assit seule sur un banc de la cour. Des filles vinrent la voir.

– Salut ! Moi c’est Jessica, se présenta l’une d’entre elles.

– Moi c’est Louise. – Moi c’est Manon. – Et moi Sophie. – Salut ! répondit Alyson en souriant. Elles s’assirent à côté d’elle. – Tu viens d’où ? questionna Jessica. – Du sud du pays. – Et tu as déménagé quand ? s’enquit Manon. – Je suis arrivée ici samedi matin.

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– Elle était comment ton ancienne école ? demanda Louise.

– Elle était trop bien. On avait un gymnase rien que pour nous.

– Oh la chance, fit Sophie. Tu avais beaucoup de copines ?

– Oui. – Elles doivent te manquer, dit Jessica. – Oui beaucoup, répondit Alyson. – Tu veux bien être notre amie ? demanda Sophie. – Ce serait cool ! s’exclama la fillette. Oui je veux

bien. Elles sourirent. – Et ne fait pas attention à Thomas, précisa

Louise. C’est un gros débile. – D’accord, fit Alyson amusée. Le reste de la journée se passa bien. Alyson

s’amusa avec ses nouvelles amies. Elle était rassurée de ne pas s’être retrouvée toute seule. Jessica, Louise, Manon et Sophie étaient vraiment sympas.

Sa mère vint la chercher en voiture. – Comment s’est passée ta journée ? interrogea-t-

elle. – C’était trop bien ! s’écria Alyson. Je me suis fait

quatre copines. – Ben tu vois ! J’avais raison. – Oui. Elles sont trop gentilles. – C’est bien. Tu me raconteras tout ça à la

maison.

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– D’accord. Alyson était impatiente de raconter sa journée à

ses parents. Quand elle rentra, son père était déjà là. – Coucou papa ! – Coucou Alyson. Tu as passé une bonne

journée ? – Oui, je me suis fait… Soudain on entendit Clara pleurer depuis sa

chambre. Son père monta. Alyson ne put finir de lui raconter sa journée. Elle alla alors la raconter à sa mère.

– Désolée ma chérie mais je dois m’occuper de Clara.

– Mais papa s’en occupe déjà, répliqua Alyson. – Tu me raconteras demain, fit sa mère qui ignora

sa remarque et qui monta. – Tu m’as dit que je te raconterai en rentrant ! Il n’y eut aucune réponse. A la place les rires de

son père qui devait avoir Clara dans les bras. Alyson se retrouva seule dans le salon. Elle se vexa et s’enferma dans sa chambre tandis que toute l’attention était portée sur Clara, comme toujours.

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Il y eut un mercredi une dictée surprise. Par chance, Alyson avait révisé. Tandis que la maîtresse dictait les mots, Jessica qui était sa voisine lui demanda plusieurs fois les réponses.

– Tu pouvais pas apprendre ta leçon ? finit par lui dire Alyson.

– Mais je n’ai pas eu le temps de bien apprendre. – Pourquoi ? – Parce que je suis allée voir ma grand-mère à

l’hôpital. Et mon père m’a dit que si j’avais une mauvaise note je serais punie.

Alyson réfléchit. – Et d’habitude c’est toi qui me demande pour les

dictées, ajouta son amie. – Bon d’accord. – Merci. Alyson laissa Jessica regarder sa copie. Son amie avait

raison, d’habitude c’était toujours elle qui lui demandait. Pour une fois, on pouvait bien changer les rôles.

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La journée de vendredi ne fut pas la meilleure que connut la fillette. Thomas jeta son dévolu sur elle. L’après-midi fut horrible. Il la harcelait sans arrêt.

– Ça doit être dur pour toi, lui dit-il. – Pourquoi ? questionna Alyson sur un ton

méfiant. – Bah tu as vu comment tu es moche ? Ma pauvre

je te plains. Ses copains éclatèrent de rire. La fillette se sentit

humiliée. – Laisse-moi tranquille ! Je t’ai rien fait ! – Arrête de crier, on dirait une sorcière ! ricana

Thomas. – Laisse-moi tranquille ! répéta la fillette. Il la poussa. – Pauvre nulle ! Puis il partit suivi de ses copains. Alyson le

regardait, en colère et vexée. Pourquoi est-ce qu’il s’acharnait sur elle ? Ce n’était pas juste. Elle ne lui avait rien fait.

En classe ça se passa bien parce que la maîtresse surveillait. Alyson put oublier Thomas grâce à Jessica et les autres. Cependant elles ne pourraient pas aller en récré parce qu’elles étaient en retard sur leur travail. Ce qui voulait dire qu’Alyson allait se retrouver seule dans la cour… Avec Thomas. Et quand la sonnerie retentit, elle avait la boule au ventre. Elle se fit discrète et sortit rapidement dans la cour pour que Thomas ne la voie pas. Elle s’assit sur

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un banc éloigné pour qu’on ne la remarque pas. Malheureusement, un copain de Thomas l’aperçut et la désigna du doigt aux autres. Thomas et ses amis vinrent la voir. La fillette se sentait de plus en plus mal.

– Alors t’as pas d’amis ? lança le garçon. – Si mais elles sont restées en classe parce qu’elles

n’ont pas fini leur travail, répondit Alyson. – Mais oui bien sûr ! – C’est vrai ! – N’importe quoi ! Elles ont fait exprès de rester

pour ne pas être avec toi ! – C’est toi qui dit n’importe quoi ! – Pff ! T’es une « sans-amis » ma pauvre !

Personne ne t’aime ! – Menteur ! J’ai plein d’amies ! – Ah oui, et elles sont où ? – Dans mon ancienne école ! Lui et ses copains ricanèrent. – Elles t’ont déjà oublié j’en suis sûr ! – Non ! – Si parce que personne ne t’aime, t’as pas

d’amis ! – Si ! – Espèce de nulle ! Ses amis répétèrent cette phrase jusqu’à ce que la

fillette ne puisse plus l’entendre et qu’elle parte en courant dans les toilettes des filles en pleurant. Elle ne dit rien à ses amies et ne prononça pas un mot jusqu’à

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ce que sa mère vienne la chercher en voiture. Elle remarqua qu’il y avait Clara à l’arrière.

– Pourquoi il y a Clara ? s’enquit Alyson. – On va faire des courses et papa est au travail. Ta

journée s’est bien passée ? – On a eu une dictée surprise. – Et alors ? – Je crois que je vais avoir une bonne note. – C’est bien. Il y eut un silence pendant cinq minutes où l’on

entendait seulement le moteur de la voiture qui ronronnait tandis qu’elles roulaient vers le supermarché. Puis sa mère demanda :

– Comment vont tes copines ? – Elles vont bien. La voiture arriva sur le parking du supermarché. – Maman ? – Oui Alyson ? – Thomas n’a pas arrêté de m’embêter avec ses

copains et… Soudain le bébé se mit à pleurer. Sa mère trouva

une place, gara la voiture et sortit pour prendre le bébé dans ses bras. Alyson sortit à son tour en soupirant.

– Maman ? – Quoi ? – Tu as écouté ce que j’ai t’ai dit ? Thomas

n’arrête pas de m’embêter ! – Attends je suis occupée avec Clara !

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La fillette poussa un soupir d’agacement. – Tu n’as qu’à en parler à la maîtresse, dit sa mère

en se dirigeant vers le supermarché. Alyson se renfrogna. Sa mère se moquait

totalement de ce qu’elle lui disait !

La fillette rentra chez elle en boudant et monta directement dans sa chambre pour faire ses devoirs. Elle ne descendit que pour dîner.

– Comment s’est passé ta journée ? demanda son père.

– Ben il y a… La fillette fut interrompue par les rires de son

père. – Je posais la question à ta mère, dit-il, amusé. Sa mère rigola à son tour. – Ah, répondit Alyson en baissant la tête. – Ça s’est très bien passé, fit sa mère à son père.

Surtout avec cette adorable petite puce. La fillette releva la tête mais sa mère parlait de

Clara, comme d’habitude. – Regarde-la, ajouta son père en souriant. Le bébé rigola, suivi de ses parents. Alyson restait

à l’écart. Quand elle eut fini de manger, elle remonta dans sa chambre puis s’assit sur son lit. Elle saisit sa peluche préférée, un ourson, et la serra contre elle.

– Heureusement que tu es là Boubou, soupira-t-elle.

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