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Paul Valéry se promène sur le pont de Londres. Il s’arrête pour contempler l’eau. Il oublie tous les êtres. Et là, complètement absorbé par le spectacle, il dit : « Je fus arrêté par les yeux. Je m’accoudais, contraint comme par un vice, la volupté de voir me tenait de toute la force d’une soif, fixée à la lumière délicieusement composée dont je ne pouvais épuiser les richesses, mais je sentais derrière moi trotter et s’écouler sans fin tout un peuple invisible d’aveugles, éternellement entraîné à l’objet immédiat de leur vie. »

PaulValéry

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Paul Valéry se promène sur le pont de Londres. Il s’arrête pour contempler l’eau. Il oublie tous les êtres. Etlà, complètement absorbé par le spectacle, il dit :« Je fus arrêté par les yeux. Je m’accoudais, contraint comme par un vice, la volupté de voir me tenait de toute la force d’une soif, fixée à la lumière délicieusement composée dont je ne pouvais épuiser les richesses, mais je sentais derrière moi trotter et s’écouler sans fin tout un peuple invisible d’aveugles, éternellement entraîné à l’objet immédiat de leur vie. »