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Percée de Sedan

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Page 1: Percée de Sedan

Percée de Sedan

La percée de Sedan est une offensive majeure et décisivependant la Seconde Guerre mondiale, lancée le 10 mai1940 par la Wehrmacht depuis l'Allemagne en traversantle Luxembourg et la Belgique (Province de Luxembourg)en direction de Sedan ; les troupes allemandes traversentle massif des Ardennes, jugé par l’État-major français dif-ficilement franchissable à condition d'effectuer les des-tructions nécessaires[réf. nécessaire]. Du côté belge, nombrede destructions ont été effectuées, du côté français, ellesont été suspendues sur ordre du gouvernement français.Les blindés pourront ainsi éviter les secteurs les mieuxfortifiés de la ligne Maginot pour se faufiler à l'ouest del'ouvrage de cette ligne le plus proche (l'ouvrage de LaFerté) qui se situe à environ 20 km de Sedan près deCarignan [8],[9].

1 Stratégie d'ensemble

Depuis la déclaration de la guerre le 3 septembre 1939 parla France et le Royaume-Uni en réaction à l'invasion de laPologne par les Allemands, aucune action d'envergure n'aété tentée par les belligérants. À part la timide offensivede la Sarre du 7 au 21 septembre 1939, les Français sontrestés à l'abri sur leur frontière (Drôle de guerre), les Al-lemands se regroupent à l'ouest après leur expéditive vic-toire à l'est en Pologne[8].

2 Le dispositif franco-anglais

Du côté français et allié sous l'autorité du généralGamelin, commandant en chef de la défense nationale, etdu général Georges, commandant en chef du front Nordet Est, les forces sont réparties en trois groupes d'armées(GA) : au nord, le n°1 du général Billotte, au nord-est der-rière la ligne Maginot, le n°2 du général Prételat et le n°3du général Besson au sud de l'Alsace face à la Suisse. Entout 130 divisions y compris les 9 divisions du corps ex-péditionnaire britannique du général Lord Gort intégréesau GA no 1. On peut ajouter à l'ensemble franco-anglais,le potentiel des forces belges et hollandaises qui sont surpied de guerre[8], armées de pays neutres qui ne bascu-leront du côté des alliés qu'au moment de l'invasion alle-mande de leur territoire.

3 Le dispositif belge

Cette section ne cite pas suffisamment ses sources.Pour l'améliorer, ajoutez des références vérifiables[Comment faire ?] ou le modèle {{Référence néces-saire}} sur les passages nécessitant une source.Article détaillé : armée belge en 1940.

Du côté belge, 650 000 hommes, plus des miliciens(conscrits) des classes 1940 et 1941 et une gendarmeriesur pied de guerre sont mobilisés depuis septembre 1939et attendent l'attaque allemande, même si l'Allemagne n'apas, jusque là, déclaré la guerre à la Belgique. Doit s’yajouter le potentiel de 89 000 sursitaires et ajournés déjàincorporés en 1936-39 et 230 000 futurs incorporés desclasses 41 à 44 pour lesquels une mobilisation généraleest prévue en cas d'urgence. Cet effort de mobilisation estconsidérable, représentant 17 % de la population mascu-line adulte, ce qui est supérieur aux chiffres des mobili-sations française et anglaise. Le 10 mai 1940, 700 000hommes sur pied de guerre depuis septembre 1939 fontface à l'attaque allemande, en comptant les services et lesmiliciens (conscrits en cours de formation). Cette masses’étire suivant un arc de cercle de près de 500 kilomètresallant d'Anvers à l'Ardenne avec le renfort que repré-sentent les fortifications du canal Albert et les ouvragesfortifiés, des blockaus à l'usage de l'infanterie qui par-sèment l'Ardenne. En plus, au centre du pays, une ligneanti-chars constituée de barrières Cointet est en coursd'installation.Le commandant en chef de l'armée belge est le roiLéopold III.

4 Le dispositif allemand

Du côté allemand, le Generaloberst von Brauchitsch estle commandant en chef de l'armée de terre (OKH) et sonchef d'état-major est le général Halder. Ils disposent de136 divisions en 3 groupes d'armées (GA) : le GA B aunord, le GA A au centre, et le GA C au sud. Ces forcessont massées principalement dans la Ruhr, dans l'Eifel,face à l'Ardenne belge et au Grand-Duché de Luxem-bourg et, secondairement, face à la Lorraine et l'Alsaceoù des effectifs moins nombreux s’abritent derrière laligne Siegfried -notamment en Sarre- face à la ligne Ma-ginot. Cette ligne de fortifications est occupée par destroupes françaises de forteresse dont les stratèges alle-

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2 5 L'ATTAQUE

mands considèrent que, par destination, elles n'ont pas devaleur offensive[8].

5 L'attaque

Le 10 mai 1940, à l'aube, la Wehrmacht déclenche uneoffensive avec le GA B du général Fedor von Bock enenvahissant au nord les États neutres de Hollande et deBelgique. La violation de la neutralité belgo-hollandaisepar ces deux armées allemandes constituant ce GA B (gé-néraux Walter von Reichenau et von Klüchler respecti-vement 6e et 18e armées et fortes de 28 divisions donttrois Panzerdivisionen), provoque la manœuvre dite Dyle-Breda de la part des Alliés. Cette manœuvre va enga-ger une grande partie des forces du GA no 1 du géné-ral Billotte à la rencontre des forces allemandes car, encroyant à la réédition du plan Schlieffen d'août 1914, lechef d'état-major (EM) français, le général Gamelin en-gage aussi dès le premier jour de la bataille son arméede réserve, la 7e du général Giraud qui doit se position-ner à la frontière belgo-hollandaise près de la Dyle. La1re armée du général Blanchard ainsi qu'une partie ducorps expéditionnaire anglais vont soutenir les arméesbelges. Une partie de la 9e armée du général Corap prendposition du saillant des Ardennes jusqu'à la trouée deGembloux. La manœuvre Dyle-Breda engage toutes lesmeilleures unités d'active, constituées de divisions mo-dernes, mobiles et bien équipées (3 divisions légères mé-caniques, une division cuirassée et 5 divisions d'infanterie(DI) motorisée)[8],[9].Le reste du dispositif français au sud de la région de Givetjusque Longuyon est protégé par des éléments fixes d'unepartie de la 9e armée et la 2e armée du général Huntzigerconstituée de divisions de série A ou B couvertes pardes divisions mixtes à cheval et motorisées. Ce disposi-tif protège la jonction entre la ligne Maginot et la fron-tière belge[8]. C'est le Xe corps d'armée (CA) du généralGrandsard qui se trouve sur le secteur de Sedan au petitouvrage de la Ferté[10].L'attaque au nord faisant croire au plan Schlieffen est unleurre car les stratèges allemands ont modifié leur plan audébut de 1940 et vont faire porter sur le secteur ardennaisd'environ 150 km l'assaut principal au groupe d'armée ducentre, le GA A du général Gerd von Rundstedt (la 4e devon Kluge, la 12e du général List, la 16e du général Buschet le groupement blindé von Kleist du général von Kleist)fort de 44 divisions dont 7 panzerdivisions[8].Du côté belge, les forces principales étaient massées entrel'Escaut et le nord de la province du Luxembourg belge.Au sud, le secteur de l'Ardenne belge était défendu par undouble dispositif fondé sur les Chasseurs ardennais équi-pés de moyens motorisés et postés dans des points choi-sis complétés par des obstacles passifs qu'étaient les pontssautés, fossés, barricades et les obstacles actifs, les fortinsde la “ligne Devèze”[11]. Dans cette zone forestière et ac-

cidentée, les ressources du terrain aux routes étroites etsinueuses avaient donc été mises à profit pour compen-ser l'infériorité numérique belge. Le but était de retar-der l'offensive des chars allemands afin de permettre auxtroupes françaises de l'Ardenne de se préparer au chocennemi en entrant en Belgique pour se positionner surla Meuse à la droite de l'armée belge. C'était le plan dugrand état-major français et du général Gamelin selon le-quel l'Ardenne était peu favorable à des mouvements ra-pides de forces blindées[12]. Ce procédé fut déjoué parl'ennemi qui procédait par pointes offensives sans se sou-cier de réduire d'abord tous les points de résistance, pré-férant les dépasser pour s’enfoncer dans les lignes alliéesdans le but de les désarticuler en surprenant leurs arrières.Il reste que les Chasseurs Ardennais jouèrent un rôle in-déniable à Bodange, Martelange et Chabrehez, mais ceteffort fut limité à des actions de retardement puisque lesAllemands s’extirpèrent de l'Ardenne belge le deuxièmejour de leur offensive alors que le grand état-major del'OKW prévoyait seulement une journée pour la traver-sée. Or, pour éviter tout risque de retard, le maréchal Gö-ring avait convaincu les généraux d'improviser, dès le pre-mier jour, une opération aéroportée non par parachutagesou par des planeurs, mais en faisant déposer 200 hommespar avions légers dans la région de Nîmes et Witry, sur lesarrières des Chasseurs. Mais l'opération connaît un échecpartiel du fait de la dispersion des Allemands due à ladésorientation de certains pilotes sous des feux venus dusol et aussi à des pertes en hommes entraînées par le capo-tage de quelques appareils atterrissant sur un sol difficile.Néanmoins, les rescapés parviennent à couper des lignestéléphoniques avant d'être dispersés par des chars légersbelges, puis de se heurter à des chars de la cavalerie fran-çaise venant occuper Neufchâteau, puis de rallier finale-ment l'offensive allemande au sud du Luxembourg belge.D'autre part, le dédale ardennais parsemé d'obstacles parle génie de l'armée belge joua un rôle passif complémen-taire contre les Allemands. Ainsi que le relate un témoinallemand :les Belges reculent lentement en combattant sanstrêve et les destructions sont faites de main de maître, aussibien pour les routes que pour les ponts[13] Le plan belge estde se replier le 11 dans un mouvement prévu de longuedate avec le haut commandement français [14]. Aussi, lesAllemands ne se trouvèrent-ils au contact des positionsfrançaises que le 12 mai, entamant d'emblée la traverséede la Meuse, en avance sur le délai prévu par le com-mandement franco-belge. Celui-ci avait estimé que, dansle cas d'une percée en Ardenne, les Allemands auraientà s’organiser pendant deux jours supplémentaires avantd'être en mesure de vouloir franchir la Meuse.Plus au sud, les Allemands avaient d'ailleurs rencontrédans le sud du Luxembourg belge, les blindés légers fran-çais du groupe d'armée no 1 qui y perdirent une moitiéde leur effectif avant de retraiter sur leur base de départdans la région de Sedan. En fait, les Allemands ne purentcommencer l'assaut des positions françaises à l'ouest deSedan que le 13. C'est là qu'eut lieu la percée décisivede la Wehrmacht venant en plus des opérations de percée

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plus au nord de la Meuse[15]. C'était avec un jour d'avancesur la prévision de l'état-major français qui s’était donnéquatre jours pour être prêt à affronter les Allemands lors-qu'ils tenteraient de passer la Meuse.La traversée de l'Ardenne belge en deux jours plus untroisième pour aborder la Meuse aurait été une surprisetotale pour l'état-major français, dit-on[Qui ?]. Pourtant,dans ses mémoires parues à Paris en 1946, le général enchef Gamelin reconnaît qu'il avait été averti que le plande l'offensive allemande passait par l'Ardenne grâce à sesliaisons secrètes avec le roi des Belges Léopold III [16]

qui centralisait les renseignements des services secretsbelges. Et ceux-ci étaient corroborés par l'attaché mili-taire français en Suisse. D'ailleurs, à partir de l'automne,le général belge Raoul Van Overstraeten, conseiller mili-taire du roi, était en rapport avec l'attaché militaire fran-çais à Bruxelles, surtout pour lui communiquer, en janvier1940, la teneur de documents tactiques révélateurs saisisdans un avion allemand égaré au-dessus de la Belgique quiavait fait un atterrissage forcé à Mechelen-sur-Meuse[17].

6 Prémices de la percée

Le 10 mai, alors que toute l'attention de l'état-majorfrançais est monopolisée par la grande bataille qu'ilprévoit en Belgique centrale et ordonne la manœuvreDyle-Bréda, d'importantes divisions blindées (DB) alle-mandes accompagnées de troupes d'élite motorisées tra-versent le Luxembourg et le sud de la Belgique orien-tale alors qu'aucune déclaration de guerre n'a été faite,ni par un message radio ni par un ambassadeur ou unplénipotentaire[18]. Les Allemands faufilent leurs divi-sions blindées entre les défenseurs et les obstacles anti-chars en fonçant vers le secteur français de Sedan. Maisles stratèges français ne croient pas à un danger dans cesecteur à bref délai (même si leur opinion avait évoluédepuis la révélation faite par le GQG belge des plans al-lemands saisis en janvier dans un avion de l'état-major al-lemand forcé d'atterrir en Belgique après s’être égaré). Detoute façon, les plans étaient faits et on ne pouvait chan-ger ceux-ci à bref délai en réorientant à temps la lourdemachine de guerre française. D'ailleurs, les effectifs man-quaient pour cela. Aussi la charnière entre la ligne Magi-not et la frontière belge est-elle fort mal défendue par destroupes ayant une valeur combattive inférieure à celle desarmées françaises qui sont parties se déployer en Belgiqueau nord-ouest du futur théâtre principal des opérations, lesecteur de Sedan. Les troupes de ce secteur sont compo-sées de réservistes au moins trentenaires mal entraînés etsous équipés en matériels modernes, notamment en DCAet canons antichars.La stratégie française est guidée par une doctrine erro-née de l'état-major français qui considérait, de longuedate, que le massif ardennais était infranchissable par desblindés. Bien que l'état-major belge se soit rallié à cetteconception, une crainte était née que l'armée allemande

tente malgré tout d'attaquer par l'Ardenne, cela sur lafoi des renseignements fournis par l'espionnage. Confir-mant cela, les panzers allemands attaquent en effet parl'Ardenne, mais ils n'en sortent que le deuxième jour deleur offensive grâce à la résistance des troupes d'élite del'armée belge, les Chasseurs ardennais. En même tempséchouait une tentative allemande d'attaque à revers dufront belge de l'Ardenne exécutée par des troupes dé-posées par des avions légers tout terrain Fieseler Storch,opération dénommée Niwy du nom des localités de Nîmeet de Witry qui avaient été choisies par l'état-major alle-mand. Mais l'affaire se ramena à des coupures de lignestéléphoniques devant une contre-attaque de chars légersbelges, puis de l'arrivée de chars français qui obligea lesaéroportés à se replier vers le sud-est, laissant le champlibre au repli belge venant de la frontière est.Quand l'attaque allemande sur Sedan commence, le 12mai, les troupes de second rang de ce secteur ne sontpas prêtes à résister efficacement, alors que leur com-mandant, le général Huntziger, a eu deux jours pourorganiser sa défense et que des renseignements belgestransmis au grand état major français depuis plusieursmois annonçaient une stratégie allemande axée vers lesud de l'Ardenne[19]. Ces informations étaient d'ailleursconfirmées par les attachés militaires français en poste àl'étranger.Pour le général Delmas, dans son article « les trois pre-mières semaines de guerre, 10 mai-3 juin 1940 », c'est laconséquence d'une doctrine que résume cette phrase dumaréchal Pétain dans les années 1930, « si des arméesimportantes s’aventurent dans le massif ardennais, on lespincera à la sortie[8],[9] ». Cette prophétie ne se réaliserapas, excepté localement avec l'échec de l'opération Niwydéployée en arrière des régiments belges dans le sud de laprovince du Luxembourg. Ces fantassins allemands, dé-posés par des avions légers tout terrain, sont forcés dese replier vers le sud-est, se heurtant à des blindés de lacavalerie française près de Neufchâteau avant de refluervers le sud-est afin de rejoindre le gros de l'offensive de laWehrmacht. Ainsi que l'explique dans ses mémoires Ver-lorene Siege, p. 123, le général Von Manstein, pour lesAllemands l'opération Niwy est un échec local, si ce n'estqu'elle a entraîné des coupures de lignes téléphoniqueset une perturbation certaine des arrières de l'armée belgedans le Luxembourg belge. Cet échec démontre que lesAllemands auraient pu connaître de sérieuses difficultéssi l'on avait voulu leur opposer une occupation plus densedu Luxembourg belge afin de pouvoir s’opposer à leursoffensives pointues mais vulnérables. Pour l'armée belge,c'est le début d'une campagne, la Campagne des 18 joursavec sa fin inéluctable devant la puissance allemande, toutcomme pour les alliés franco-anglais rapidement surclas-sés par la tactique allemande de percées étroites et pro-fondes qui désarticulent leur dispositif.Dès l'aube du 10 mai 1940, au commencement del'attaque en Ardenne, le général Huntziger utilise ce qu'ilpossède de plus puissant, le Xe CA est mis en alerte et la

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4 7 LES FORCES FRANÇAISES ET ALLEMANDES EN PRÉSENCE

3e brigade de spahis, la 5e DLC et la 1re brigade de ca-valerie représentant une quarantaine de chars légers sontlancés en Belgique. Mais, après avoir mis plus d'une jour-née pour venir à bout du « rideau » belge, les blindés alle-mands repoussent les blindés légers français qui résistentméthodiquement en perdant la majorité de leurs chars.Et le 11 mai, la 1re Panzerdivision (PzD) atteint la rivièreSemois, affluent de la Meuse. Les chars français survi-vants se positionnent derrière la rivière, mais le lende-main 12 mai, quarante-huit heures après avoir déclenchél'offensive, les Allemands passent à l'attaque sur tous lesfronts depuis le nord de la Belgique jusqu'à Sedan.Mais les troupes françaises de Sedan ne sont manifeste-ment pas prêtes à résister à la Wehrmacht et elles vontcombattre en ordre décousu. Et dès le 12 mai, les alle-mands de la 10e PzD traversent la rivière Semois dans lesecteur de Cugnon/Herbeumont et joignent la Meuse, ausud de Sedan, dans la soirée. La 1re PzD établit une têtede pont dans la nuit du 11 au 12 à Mouzaive en suivant lerepli de la 3e brigade de Spahis et traverse la Semois à 6h du matin, prenant de flanc la 5e DLC qui ignore le re-trait des Spahis. Les forces aériennes françaises attaquentle pont de Bouillon dans la matinée sans parvenir à ledétruire[20]. L'artillerie lourde située sur le secteur de Se-dan intervient aussi pour essayer de stopper la progressiondes troupes allemandes et protéger la retraite des troupesfrançaises intervenues dans le sud du Luxembourg belge.Ces dernières repassent la Meuse le 12 mai sous le pi-lonnage incessant de l'aviation allemande. Les Allemandspoursuivent leur avancée. LeKampfgruppeKrüger, formédes Panzer-Regiment (PzR) 1, I/SR 1, III/SR 1 et II/AR73 traverse la Semois à Bouillon. Il sera attaqué, sans suc-cès, à plusieurs reprises et parviendra finalement à main-tenir ses positions à la maison fortifiée « La Hatrelle » LeKampfgruppe (KG) Keltsch, formé des II/PzR 2, II/SR1, I/AR 73 et Kradschtz btl 1 rencontre des fortificationsfrançaises (maisons fortes) au nord de Saint-Menges quise rendent après un rapide combat. À 14 h 30 Saint-Menges est pris et les premiers éléments du KG Keltschfondent sur Sedan via Floing. Lorsque les premiers élé-ments rejoignent la Meuse, l’artillerie lourde françaiseouvre le feu et les ponts sur la Meuse sont détruits. En finde soirée, tous les éléments de la division se trouvent à Se-dan. Fleigneux est sécurisé avant la nuit. Pendant la nuit,les forces allemandes préparent la traversée de la Meuse.La 2e PzD traverse la Semois à Vresse-sur-Semois maisprend du retard et n’arrivera à Sedan qu’après les deuxautres divisions[20].Près de 300 chars, 3 000 véhicules et 10 000 hommes sedirigent droit sur Sedan. Ils sont suivis de forces bien plusimportantes encore et destinées à déferler sur la France,une fois la percée accomplie[21].Toute la population civile du secteur de Sedan reçoitl'ordre d'évacuer dans les villes de repli en dessous de laLoire selon les plans d'évacuation prévus[22].Le 12 mai, le haut commandement français comprend

que l'attaque principale est dirigée sur Sedan et non versla Belgique du nord comme en août 1914 avec le planSchlieffen. Déjà prévenu de cette possibilité en janvier,le généralissime et l'état-major gardent leur calme, esti-mant qu'il faudra encore deux jours aux Allemands pourconcentrer les troupes et surtout l'artillerie nécessaireavant de vouloir commencer à forcer le passage de la tran-chée de la Meuse selon les méthodes traditionnelles de laguerre précédente. Ce délai paraît suffisant pour rappe-ler une partie des forces lancées en Belgique afin de lesdisposer avec les Belges le long de la Meuse considéréecomme un excellent fossé anti-chars. Mais les Allemandsappliquent le plan jaune dit Fall Gelb.Le plan jaune est le résultat d'une réflexion du général vonManstein soumise à Hitler en février 1940. Ce dernier,qui avait envisagé une stratégie similaire, adopte l'idée etla fait mettre en œuvre par son état-major. Ce plan vise àleurrer l'état-major français en simulant l'attaque princi-pale contre les Pays-Bas et la Belgique afin d'y attirer lesmeilleures unités françaises et britanniques à la rescoussedes armées belge et hollandaise. Ce plan très audacieuxest fondé sur la rapidité. Il vise à éliminer d'emblée lesfaibles Pays-Bas pour percer les Belges par des moyens in-attendus (troupes aéroportées, nouveau type d'explosif),tout en attirant les meilleures armées françaises pour lessurprendre de flanc en plein mouvement afin de pouvoirles morceler, ainsi que les Belges. En y ajoutant les An-glais avant que ceux-ci se soient renforcés. Le but : désar-ticuler les forces alliées en Belgique afin de les empê-cher d'intervenir au sud où se déroule la véritable of-fensive, celle qui fonce vers la mer afin de couper lesforces Franco-belgo-anglaises du nord des forces fran-çaises restées en France et qui sont les plus faibles. Celles-ci, confrontées à une attaque à Sedan, devaient, selon lesprévisions allemandes, succomber rapidement. C'est cequi arrivera et c'est l'origine d'un des plus grands désastresmilitaires de la France[8],[9].

7 Les forces françaises et alle-mandes en présence

La région de Sedan se trouve pratiquement à la charnièrede deux secteurs de la ligne Maginot, le secteur fortifié deMontmédy à l'est et le secteur défensif des Ardennes aunord-ouest[9].En 1933 lors de l'avènement au pouvoir d'Hitler, lesforces allemandes sont quasi inexistantes. Dans les an-nées suivantes, elles ont grandi trop vite et, malgrél'équipement moderne des unités d'élite, le gros destroupes est à l'unisson des armées françaises. Cependant,les stratèges allemands vont utiliser le défaut de la cui-rasse française, les forces attaquant le 10 et le 13 mai1940 agissent dans une tactique d'ensemble et sont bienéquipées et soutenues par une forte concentration aé-rienne. Face à eux à Sedan, les Français vont leur opposer

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des troupes à la combativité incertaine. Certaines montre-ront beaucoup de valeur, d'autres se débanderont presquesans combattre[8].Côté français, la région est défendue par la 2e Armée(secteur de Longuyon jusqu'aux environs de Donchery)commandée par le général Huntziger et la 9e armée (sec-teur de Donchery jusqu'à Dinant en Belgique) du géné-ral André Georges Corap. La vallée de la Bar, un petitaffluent de la Meuse, matérialise la limite des deux sec-teurs, l'attaque allemande va se concentrer quasiment à lajonction de ces deux armées composées essentiellementd'unités d'infanterie de faible valeur militaire. En arrière,dans la région de Chalons-sur-Marne la 3e division cui-rassée (équipée principalement de chars B1) est disposéeen réserve[9].Le secteur de Sedan (Dom-le-Mesnil, Remilly-Aillicourt) en suivant le cours de la Meuse rivegauche est défendu par la 55e DI du général Lafontaine,formée essentiellement de troupes d'infanterie de 2e

réserve dont beaucoup de soldats sont originaires de larégion[23]. La 55e DI est composée de réservistes declasses anciennes, très mal instruits, et de 4 % d'officiersd'active. Leur armement est incomplet, il n'y a pas decanon de 25 dans les régiments d'infanterie (RI), ondéplore aussi des déficits en matériel de topographie etd'observation, en habillement et les approvisionnementssont incomplets. Malgré quelques efforts pour améliorerl'instruction (envoi des régiments dans la zone arrièredu CA), celle-ci reste rudimentaire. Au 10 mai 1940,les unités sont à 80 ou 85 % de leur effectif théorique(nombreux permissionnaires). La dotation en mines anti-chars n'est pas réalisée. L'armement en canons anticharsde 25 mm est incomplet au 147e régiment d'infanteriede forteresse (RIF) et au 11e BM et inexistant dans lesrégiments organiques de la division[20].La trouée de Sedan, terre d'invasion traditionnelle notam-ment en 1870 et 1914, n'est donc que trop négligée. Pourles Allemands, Sedan est une ville symbole de victoire. Enoutre, beaucoup de stratèges allemands comme Guderianont séjourné à Sedan pendant la Première Guerre mon-diale, c'était une zone d'instruction allemande derrière lefront, ils connaissent bien cette contrée et Guderian plusparticulièrement encore[21].Le secteur de Sedan est divisé en trois sous-secteurs :Villers-sur-Bar, Frénois et Angecourt. Le 10 mai, desunités françaises accomplissent un ordre du général Hunt-ziger qui modifie le dispositif de défense en place, cequi engendre de nombreux bouleversements et des mou-vements de troupes et de leur matériel. En effet, la 71e

DI auparavant postée en réserve vient s’intercaler entrela 55e DI et la 3e division d'infanterie nord-africaine(DINA)[24] dans le secteur Noyers-Pont-Maugis, au Nordde Mouzon, rive gauche de la Meuse et de son affluent laChiers. La 3e DINA se repositionne sur le secteur restantjusqu'à l'ouvrage de La Ferté[21].Beaucoup d'unités changent de position et de cantonne-

ment, elles doivent aussi remettre en place les postes detir et aussi se réadapter au nouveau terrain. La 71e DI enparticulier, qui vient s’intercaler entre la 55e DI et La 3e

DINA, doit s’accoutumer au terrain et aux positions. Lemouvement des troupes se termine le 12 mai mais en-combre les routes et s’effectue dans la confusion suscitéepar l'évacuation des populations civiles belges, puis seda-naises. Cela ne facilite pas une mise en place rapide desrégiments. En outre, l'attaque allemande se passe en finde semaine pendant le week-end de Pentecôte et il y a denombreux permissionnaires, en particulier dans la 71e DI,qui n'ont pas tous rallié leurs unités. Les militaires qui re-joignent leurs compagnies doivent souvent rechercher oùelles se trouvent[9].Le poste de commandement (PC) principal du généralLafontaine se trouve dans la commune de Raucourt-et-Flaba située à environ 10 km au sud de Sedan et le PCde combat est installé au lieu-dit Fond Dagot à côté duvillage de Bulson[9]. Le PC de la IIe Armée se trouve àSenuc, un village près de la ville de VouziersLe long du cours de la Meuse, des ouvrages fortifiés, ca-semates et fortins en béton armé ont été construits dès1938 et surtout lors de la drôle de guerre[25]. Ces ouvragessont, en quelque sorte, un prolongement du secteur forti-fié de Montmédy, là où s’arrête matériellement la ligneMaginot. Mais ces ouvrages fortifiés sont construits parde la main-d'œuvre militaire fournie par la troupe en gar-nison à Sedan et sont mal conçus : il n'a pas été prévude disposer les postes de tir pour qu'ils puissent se cou-vrir mutuellement et leur face arrière n'a pas de meur-trière pour une défense en cas d'encerclement. En tout,62 ouvrages ont été construits entre Donchery et Noyers-Pont-Maugis sur la rive gauche de la Meuse mais si legros-œuvre est achevé, beaucoup ne sont pas totalementterminés. La construction de nombreuses casemates enbéton armé a été entreprise dès la déclaration de guerremais l'hiver rude de 1939-1940 a retardé les travaux. Le13 mai, certaines sont tout juste décoffrées et encore rem-plies de gravats[21]. L'équipement et les finitions sont aussidisparates : peu d'ouvrages sont équipés correctement etils n'ont pas leur livrée de camouflage, le béton est d'uneclarté étincelante et aisément repérable sur les coteauxet les vertes prairies. Certains n'ont même pas de portesblindées, aucun bloc ne possède d'armement adapté, ceuxen place en mai 1940 sont fournis par les unités affectéesaux blocs[21].Les lignes de défense manquent de profondeur et de co-hérence, des fossés anti-chars aménagés par les troupesse sont pratiquement rebouchés lors des intempéries au-tomnales, les berges de Meuse ne sont pas protégées pardes fils barbelés, les tranchées ne sont pas reliées entreelles. Mais la plus grande lacune réside sans doute dansl'absence de tout champ de mines. Les troupes ne dis-posent que de peu de mines, mais même ce peu ne se-ra pas utilisé. Les fantassins sont cependant soutenus parune importante artillerie (canons de 75, 105 et 155 mm)soit un peu plus de 200 pièces qui se trouvent sur un

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secteur au sud de Sedan entre les villages de Frénois etBulson dans la forêt de la Marfée[26], et sur Cheveuges,Chéhéry et Chémery-sur-Bar. Toutes les transmissionsse font par lignes téléphoniques enterrées et non parradio[21].Malgré de nombreuses interrogations du rapporteur dela commission de la défense nationale à la chambre desdéputés, Pierre Taittinger, sur la défense de ce secteur,les autorités militaires ont négligé cet endroit stratégique.Dès le 10 mai 1940, les observations aériennes des Al-liés indiquent que de nombreux blindés et des troupes al-lemandes s’acheminent en direction du massif ardennaismais l'état-major français ne renforce pas le secteur deSedan[23]. Or, dès le 14 janvier, était venu de Belgiqueun avertissement en provenance du conseiller militaire duroi Léopold, le général Raoul Van Overstraeten. Celui-cirévélait à l'attaché militaire français à Bruxelles que desplans saisis dans un avion allemand de liaison de l'OKW[27], égaré et tombé en Belgique le 10 janvier, contenaientdes renseignements sur des attaques de troupes de chocsur les ponts de la Meuse et, surtout, une offensive parBastogne, en pleine Ardenne[28]. Ainsi, si cet objectif se-ra reporté plus au sud par l'État-major allemand, la di-rection générale du plan d'attaque allemand n'en est pasmoins connue. Et le 8 mars, c'est le roi en personne -qui a des contacts secrets avec le général en chef françaisGamelin, comme celui-ci le révèlera dans ses mémoires- [29],[30] qui prévient celui-ci que l'attaque viendra parl'Ardenne[31], comme le confirmeront les avertissementsdes attachés militaires en Allemagne et aussi de l'attachémilitaire français en Suisse.Les Allemands ont compris l'importance stratégique dusecteur sud des Ardennes : des troupes d'élite de hautevaleur militaire, très aguerries et entrainées, vont seconcentrer pour attaquer le sous-secteur de Frénois entreDonchery et Wadelincourt. En fer de lance suivies detroupes d'assaut, les 1re, 2e et 10e PzD du général Gu-derian se dirigent vers Sedan[32]. Le plan d'attaque va sefocaliser sur une zone de 5 km à vol d'oiseau (10 kmen suivant le cours de la Meuse) entre les villages deDonchery et de Wadelincourt situés de part et d'autrede la ville de Sedan. Sur les sept DB du GA A, troissont concentrées sur le secteur de Sedan, la 1re DB, ren-forcée du régiment Grossdeutschland, passera à l'ouestde Sedan, là où le gouvernement français avait ordonnéde surseoir à toute destruction préventive de ponts, entreGlaire et Torcy, la 2e à Donchery, et la 10e passeront parWadelincourt[23],[9].

8 La percée de Sedan

La percée de Sedan commence le 12 mai. Après être ve-nues à bout de la résistance belge dans le Luxembourgbelge, les avant-gardes allemandes sont tout près de lafrontière belgo/française (à environ 15 km de Sedan)quand tous les ponts du secteur de Sedan sont enfin dé-

Des éléments du 1er régiment de Panzer du 1re Panzerdivisionet des prisonniers de guerre sur un pont flottant sur la Meuse àFloing le 14 mai 1940.

truits en fin d'après-midi. L'armée française repliée attendl'assaut allemand sur la rive gauche de la Meuse[33].Le lundi 13 mai à l'aube, les observateurs français voientde nombreuses colonnes allemandes apparaître à la lisièredes forêts au nord de Sedan. L'artillerie française inter-vient et tire efficacement, gênant un instant la progressiondes troupes allemandes[9].La riposte allemande ne vient pas d'un duel d'artilleriecomme lors de la Première Guerre mondiale mais d'unbombardement aérien nettement plus massif que les joursprécédents. Plus de 1 500 avions du Ier et IIe Fliegerkorpsvont supporter cet assaut durant la journée. On compte-ra 600 bombardiers (He 111, Do 17, Ju 88), 250 Ju 87Stukas, 500 chasseurs Me 109 et 120 chasseurs Me 110,réalisant 1 215 sorties d’attaque au sol.À 7 h, des Dornier 17 préparent l’attaque allemande pourtraverser la Meuse à Sedan. La préparation par bombar-dement va durer plusieurs heures, causant une nette dimi-nution des tirs d’artillerie français. Les hommes doiventse mettre à l’abri, le fracas des explosions continues estterrible, les hurlements des sirènes des Stukas mettentles nerfs à rude épreuve. Le pilonnage va avoir une partprépondérante dans la réussite du franchissement de laMeuse.Des Dornier, Heinkel et Junkers envahissent le cielet s’acharnent méthodiquement sur tous les disposi-tifs de défense français, les bombardiers sont proté-gés de la chasse aérienne française et anglaise par desMesserschmitt Bf 109. L'aviation alliée, engagée sur tousles autres secteurs, semble absente du ciel selon des té-moignages oculaires mais, en réalité, le peu de chasseursqui ont échappé aux Allemands se sacrifie sans résultatpositif[9].Par vagues de 40 à 50, les Heinkel et Dornier bom-bardent pendant des heures la ville de Sedan puis lesabords des casemates, fortins situés sur les coteaux deMeuse. De Dom-le-Mesnil à Frénois jusque Noyers-Pont-Maugis, toutes les fortifications et lignes de défensesont attaquées par des groupes de 9 bombardiers gui-

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dés par des avions de reconnaissance Fieseler Fi 156.Les points les plus visés sont Wadelincourt, Frénois etle lieu-dit Bellevue ainsi que les 4e et 6e batteries avan-cées du 99e régiment d'artillerie (RA) du village de Fré-nois, du mont de la Croix-Piot, de Cheveuges, les bat-teries d'artillerie lourde de la Marfée et celles situées enarrière du front. Les pièces de 75 mm situées à Frénois etsur le mont Piot sont détruites dès les premières minutesdu bombardement[9],[23].Aussitôt délestés de leurs bombes, les bombardiers re-partent et sont remplacés par d'autres. Les pilonnages sontexécutés méthodiquement par tranche de terrain sur tousles ouvrages de défense, points d'appui, observatoires,postes de combat et batteries d'artillerie avancées. Lelieutenant-colonel Laffont, commandant le sous-secteurde Villers-sur-Bar reçoit selon son témoignage plusieurscentaines de bombes à proximité de son PC de Moulin-Mauru[9].De courts répits entre les vagues ne permettent pas auxFrançais de se réorganiser ni de réagir efficacement. Caraussi s’alternent par vagues quelque 200 bombardiers enpiqué Stukas Ju 87 qui ajoutent avec leurs sirènes hur-lantes un effet démoralisateur et angoissant pour les dé-fenseurs. Dès qu'un objectif est repéré par les avionsde reconnaissance, il est systématiquement attaqué parles Stukas de plus en plus nombreux. Selon de nom-breux témoignages, chaque combattant avait l'impressiond'être visé personnellement par l'avion qui piquait sursa position[34]. L'artillerie anti-aérienne française tented'intervenir mais la dotation en petites quantités sur cesecteur et surtout inadaptée à tirer sur les bombardiers enpiqué ne réussit pas à libérer le ciel. En outre, les batte-ries de DCA françaises sont tout de suite attaquées par desnuées de Stukas dès qu'elles sont repérées par les avionsde reconnaissance.La maîtrise des airs permet aux chars et canons auto-tractés allemands d'arriver pratiquement sans pertes enbordure de la Meuse. Malgré l’ampleur des bombarde-ments, aucune casemate n'est complètement détruite eton ne déplore que peu de victimes. Cependant, beaucoupd'ouvrages bétonnés sont recouverts de terre, les créneauxsont obstrués, les armes faussées, de nombreux abris defantassins sont touchés, parfois pulvérisés, les batteries de75 sont soit détruites soit bouleversées[9].L'effet moral du pilonnage sur les troupes se terrant estconsidérable. Le système défensif est désorganisé, leslignes téléphoniques enterrées sont arrachées, les installa-tions radio détruites. Durant l'attaque des avions, les blin-dés allemands sur la rive droite de la Meuse commencentà harceler les embrasures des casemates par des tirs di-rects qui aveuglent les défenseurs ; toutefois, la plupart decelles-ci résistent bien sous les bombardements aériens etterrestres[9],[21].Les objectifs arrière sont aussi visés : les batteriesd'artillerie lourde afin d’éviter qu'elles n’immobilisent lesassauts par leurs tirs. Ni le PC de CA du général Grand-

sard à La Berliére, ni ceux de l'artillerie de CA à Flabaprès de Raucourt et de la 55e division à Font-Dagot prèsde Bulson ne sont épargnés. Pas plus que les quartiers gé-néraux (QG) de la 55e division à Raucourt, de la 71e àBeaumont. Tous les PC régimentaires sont aussi attaquéspar des Stukas ainsi que l'arrière immédiat du front, em-pêchant la progression de troupes de soutien[20]. Seul lePC de la IIe armée à Senuc est épargné.De Flize à Bazeilles en suivant la Meuse soit sur environ15 km et sur une profondeur de 30 km, les appareils al-lemands ont bombardé méthodiquement le dispositif dedéfense.L'artillerie allemande vient renforcer l'attaque en tirantdes collines du versant droit de la Meuse. Pendant le bom-bardement, onze bataillons d'assaut arrivent et s’amassentsur la rive droite de la Meuse et se préparent à passer àl'offensive[9],[23].Depuis plusieurs heures, à l'orée de la Marfée sur les hau-teurs du village de Frénois, le PC de combat du 147e RIFoù se trouve le lieutenant Michard est soumis à un impor-tant pilonnage et est complètement isolé, plus de lignestéléphoniques pour pouvoir coordonner la riposte des ca-semates ni de possibilité d'envoyer des liaisons à pied. Peuà peu, les explosions s’espacent et les avions disparaissent.Selon Michard, il a l'impression de sortir d'un rêve, souf-frant d'acouphène et, malgré le soleil de mai, il ne voitplus rien car les fumées noirâtres et denses couvrent toutle sous-secteur de Frénois. Une nouvelle phase de la ba-taille commence.Pendant l'attaque aérienne, une concentration immensede véhicules allemands de toute sorte s’est réalisée dansSedan, Donchery, Saint-Menges, Floing. Des camionschargés d'hommes et de matériel se regroupent et se pré-parent à l'assaut.Vers 16 heures (heure allemande), sous le couvertd'obus fumigènes et des fumées d'incendies, les fantassinsd'assaut allemands par groupe de quatre à six hommes tra-versent le fleuve à bord de radeaux, de bateaux gonflablesdans les trois secteurs prédéfinis (Bellevue, Floing, Wa-delincourt).La tâche de traverser la Meuse est allouée aux trois PzDet leurs fantassins et plus particulièrement au régimentd'éliteGrossdeutschland ainsi qu’au Schtz Rgt 1 et Sturm-pionier Btl 43 (de la 10e PzD).Les troupes d'assaut de la Ire PzD sur le secteur de Floingse préparent à traverser le fleuve mais, malgré les bom-bardements massifs, quasiment toutes les casemates fran-çaises sont toujours opérationnelles et empêchent la pre-mière vague d’assaut de traverser la Meuse. Des canonsde 88 sont installés afin de faire taire les blockhaus fran-çais (le 211 sera détruit). Les Sturmpioniers tentent unenouvelle fois la traversée mais échouent. La mort du LtGraf von Medem permet d’identifier la position d’une mi-trailleuse, de l’éliminer et d'enfin pouvoir effectuer la tra-versée. La 7e Cie du II/GD, suivie de la 6e Cie va ain-

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si pouvoir attaquer les positions Pont-Neuf et Cimetièrede Torcy. Les unités suivent la direction Sedan-Doncheryoù elles sont à nouveau arrêtées par l'artillerie française.Mais beaucoup de batteries de soutien sont soit détruites,soit désorganisées et nécessitent leur redéploiement. C'estsur ce secteur de Glaire que le dispositif français craque.Entre deux casemates, la 305 de Glaire et la 211 de Tor-cy soit environ un vide de 1 800 m, une réponse plusénergique de l'artillerie aurait été nécessaire par les Fran-çais ; or les groupes d'assaut allemands du 2e bataillonGrossdeutschland progressent rapidement[20]. Sans ordre,le IIIe Bn (Olt Korthals) attaque les blockhaus sur l’axeSedan-Donchery et se déplace dans la zone d’attaque dela 2e PzD. Korthals décide alors de prendre à revers les ca-semates françaises afin de faciliter la traversée des troupesde la 2e PzD puis pousse vers Donchery.Dans l’après-midi, la IIe PzD parvient à Donchery mais,lorsque les premiers chars s’approchent de la Meuse, l’ar-tillerie lourde française les arrête[35]. Des tirs de contre-batterie sont impossibles car l’artillerie divisionnaire estaffectée à la 1re PzD et les 24 obusiers arrivant vers 16h sont à court de munitions. Cependant vers 16 h 30,quelques volontaires traversent à la nage la Meuse maissont repoussés par les bunkers français situés à Frénoissur les coteaux de Meuse qui contiennent les assaillantsallemands de la IIe PzD sur le secteur de Donchery-Bellevue. Assez rapidement, ces unités allemandes ayanttraversé la Meuse entre Glaire et Torcy neutralisent les ca-semates en les prenant à revers. À 19 h, les bunkers 104et 7 bis sont pris, ce qui permet à la 2e PzD de traverserla Meuse. Avec la 8e Cie, les Allemands attaquent la col-line 247 et la prennent vers 20 h. Épuisées, les troupes duII/GD ne peuvent poursuivre vers le Bois de la Marfée,pendant que le III/GD est empêtré dans des combats derue à Torcy, au sud de Sedan.La 10e PzD est divisée en deux KG. Le KG 1 avec leSchtz Rgt 86 sur la droite attaque du sud de Sedan jus-qu'à Balan. Le KG 2 avec le Schtz Rgt 69 attaque de Ba-zeilles à Pont-Maugis, ce régiment est arrêté dans sa ten-tative par l’artillerie française coulant une cinquantainede canots. Cependant, un petit groupe de sapeurs du 49e

Bn (Fw. Rubarth, 2e Cie) parvient à traverser la Meuse.Sous un feu très nourri, la première ligne de bunkersest prise. Une contre-attaque française cause de lourdespertes à ce groupe. Un deuxième groupe d’assaut (Lt.Hanbauer) vient renforcer le premier. Rubarth parvientainsi à conquérir la seule tête de pont sur la rive ouestde la Meuse entre Wadelincourt et Pont-Maugis. Han-bauer prend la casemate 220 de Wadelincourt et tente deprendre le plateau de la Prayelle[20].Les Allemands ont subi quelques pertes sous la ripostefrançaise mais, après avoir subi les bombardements, leslignes de défense françaises sont complètement désorga-nisées et ne réagissent pas toutes avec suffisamment devigueur. Les groupes d'assaut allemands atteignent ra-pidement les fortins, les casemates, et tranchées qu'ilscontournent si ceux-ci résistent trop. Beaucoup de défen-

seurs français sont hagards et abasourdis, des casemateset points d'appui sont vite mis hors d'état de nuire, d'autresse défendent héroïquement mais manquent souvent desoutien. Les demandes de tirs de barrage de certainessont vaines car beaucoup de liaisons téléphoniques sontcoupées et, quand ce n'est pas le cas, les tirs d'artilleriesde couverture, à défaut de renseignements précis, sontpeu efficaces. Pour pallier la destruction des lignes télé-phoniques, les fusées éclairantes demandant du soutiend'artillerie sont mal interprétées ou passent inaperçues.La confusion est quasi générale du côté français, lestranchées reliant les casemates sont détruites, beau-coup de fantassins sont tués et blessés, les survivantstentent de combattre mais de nombreuses unités en ar-rière du front se sont débandées et de nombreux soldatssont fait prisonniers pendant que d'autres se défendenthéroïquement[9],[23],[21].Le 13 mai, un mouvement de panique engendré par suiteau rapport du capitaine Daumont a affecté, peu après 18heures (heure française), une batterie du 404e RA DCAdont les véhicules passent à toute allure devant le PCde la 55e DI (Casemate de Font-Dagot). « Des grappesd’hommes accrochées aux véhicules, ces gens affolés,hurlent que l’ennemi, avec des chars, vient d’atteindreBulson ». Il semblerait que le mouvement de paniqueait pris son origine au 169e RAP. Le capitaine Fouques,observant des explosions d’obus à quelques centaines demètres au nord de la position des 7e et 8e batteries durégiment (Plateau de la Renardière) supposa qu’il s’agis-sait d’impacts de projectiles de chars. Cette informationqu’il transmit par radio se répandit bien vite comme unetraînée de poudre mais sous une forme tronquée. Les im-pacts d’obus devinrent des éclairs sortant des canons dechars allemands qui semblaient venir du plateau de la Re-nardière pour attaquer Bulson, en passant par Chaumont.Puis partout couraient des rumeurs : « les chars sont à Bul-son », « les chars sont là », « tout le monde se replie »,« les Boches arrivent ». Ces rumeurs engendrées par lesunités débandées ont aussi affecté les troupes françaisesplacées en retrait de la ligne de front qui ne se sont pasrepliées en ordre, à tel point que deux PC de division etdeux PC d'artillerie lourde sont abandonnés. Des batte-ries d'artillerie n'ayant pas eu à subir de gros dégâts sontdétruites et abandonnées par leurs servants qui s’enfuient.Peu se replient en bon ordre et quand elles le font, ellessont gênées par les unités débandées, ce qui ajoute à laconfusion,[21],[23].En quelques heures de combat, tous les ouvrages de dé-fense entre Donchery et Wadelincourt sont tombés. Dès16 h 30, des camions de pionniers allemands ont com-mencé à débarquer leur matériel dans la cour d'une usinesituée à Floing. Des pontons sont assemblés et, à minuit,un premier pont flottant est construit à l'ouest de Sedan,près du village de Floing au bord de la Meuse, au lieu-ditGaulier. Il peut permettre le passage de véhicules légers etde l'artillerie sur l’autre rive. Les panzers se rassemblentdans la cour de l'usine de l'Espérance[9],[21].

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À 20 h 10, le Schtz Rgt 1 a sécurisé le Frénois et, après desévères combats jusqu'à 22 h 40 environ, la colline 301est prise au sud du Frénois avec des troupes exténuées.Durant la soirée, la 1re PzD va établir une forte tête depont avec 6 bataillons sur une large part des hauteurs dela Marfée. À minuit, des unités d'assaut allemandes sontdéjà au col de la Boulette à 3 km au sud de Sedan, unepoche s’est créée. Quelques troupes françaises résistentdans la Marfée mais il n'y a plus de cohésion dans leslignes de défense qui sont réduites peu à peu.Les Allemands ont établi une solide tête de pont sur la rivegauche de la Meuse en moins d'une journée. Toutefois le13 mai au soir, aucun char allemand n'a encore traverséla Meuse mais le sous-secteur de Frénois est enfoncé[9].

9 Tentative de contre-attaque

Au Grand Quartier Général de Vincennes, les combatsde Sedan sont analysés comme un incident local, lamanœuvre Dyle-Breda occupe toujours toute l'attention.Le PC du général Gamelin apprend avec plusieurs heuresde retard les événements dans le secteur de Sedan.Lorsque le généralissime se rend vers 10 h à La Fertéau PC du général Georges, il ignore que les Allemandsfont subir au secteur de Sedan un bombardement aérienmassif et méthodique. Même le PC de la 2e armée du gé-néral Huntzinger ne l'apprendra que dans le courant del'après-midi, alors que les premiers fusiliers allemandsfranchissent la Meuse et réduisent les casemates fran-çaises au silence. Ce n'est que vers 21 heures que la GQGfrançais apprend qu'il y a « un pépin assez sérieux » au sudde Sedan. De Chalons, la 3e DCR est appelée en renfortcar le commandement français vient de se rendre comptede l'importance de « l'incident local » : si le front est per-cé dans le secteur de Sedan, la manœuvre Dyle-Bredadevient un piège[9]. Gamelin va s’apercevoir de l'erreurstratégique qu'il a commise avec son état-major durant ladrôle de guerre en s’obstinant dans son plan d'interventionvers le nord. La manœuvre de rencontre dans le secteur deSedan avec les meilleures unités combattantes allemandesest en cours lorsque, enfin, le général en chef françaiscomprend qu'il est tombé dans le piège de ce que d'aucunsnomment la muleta du toréro : les Allemands ont agité unchiffon rouge au nord en attaquant dans la région de Liègepour dissimuler que le danger allait venir du sud arden-nais.À Sedan, la situation devient vite gravissime. Les réservessont quasi inexistantes, des officiers essaient de réorga-niser des unités en reprenant les fuyards en main, tan-dis que, à 21 heures, les nouvelles du front sont confuses.Ainsi, au PC de la 2e armée les bruits les plus affolantssont colportés, certains voient déjà les chars sur la rivegauche alors qu'il ne passeront la Meuse qu'à six heuresdu matin. Une contre-attaque est décidée à l'aube du 14mai, mais pendant ce temps les blindés de Guderian com-mencent à passer sur la rive gauche de la Meuse. S'y

implantant solidement, ils disloquent vite le dispositiffrançais à la jonction des armées Corap et Huntziger etl'enfoncent de plusieurs kilomètres[9]. Le général Huntzi-ger va alors prendre une décision surprenante ; en effet,en plein combat dans la nuit du 13 au 14 mai, il va démé-nager son PC. de Senuc au fort de Landrecourt au sud deVerdun.À part quelques résistances éparses et héroïques, la 55e

division n'a plus de cohésion, ayant subi beaucoup depertes humaines tant au combat que par défection. La71e division n'est guère en meilleur état et les unitésd'infanterie, démoralisées, refluent dans un désordre quine permet pas de reformer des unités sur une secondeligne de résistance solide. Seules quelques sections voiredes compagnies reprises en main par des chefs valeureuxs’apprêtent à résister, mais le combat face aux unités al-lemandes aguerries est une mission de sacrifice[21],[9].Toute l'aviation de bombardement française est, dès ledébut de la matinée du 14, mobilisée pour détruire lesponts de bateaux établis dans la nuit par l'ennemi sur laMeuse de Sedan : à Gaulier où passent déjà depuis l'aubeles chars de la 1re Panzer, à Donchery et Wadelincourtoù s’achèvent les ponts de bateaux où passeront la 2e etla 10e Panzer. Neuf Breguet d'assaut du II/54 partent à9 h 30 bombarder le « quadrilatère Bazeilles, Sedan et lavoie ferrée au sud de la Meuse »[36]. Puis vers 12 h 30cinq Léo 45 des GB I/12 et II/12 effectuent la missionet perdent un appareil[37]. Au même moment les quatregroupes de bombardement de nuit I/34, II/34, I/38 etII/38, équipé des vieux Amiot 143 peint en marron fon-cé, font partir dix-huit équipages, non pas pour bombar-der les ponts de bateaux comme prévu le matin, mais « lazone Sedan, Givonne, Bazeilles » par suite d'une infor-mation affirmant que ce bombardement est devenu inutilepuisque « les ponts de bateaux étaient démolis », informa-tion fausse[38]. Seuls les huit Amiot des GB I/34 et II/34effectueront complètement la mission ; l'appareil du com-mandant de Laubier[39], chef du GB II/34, sera abattu parla Flak postée aux abords du pont de Gaulier[40]. Cette« mission de sacrifice » ne servira à rien par suite de cemalencontreux changement de l'objectif à atteindre et ducomportement non conforme aux ordres donnés dans laplupart des unités. Le total des pertes d'aviateurs françaisce jour-là est de trois officiers et de deux sous-officiers[41].Enfin, à la nuit tombée, six Farman des GB I/15 et II/15lâchent leur bombes au-dessus de Sedan[42].Les Français tentent de se regrouper aux abords du villagede Chéhéry dans la vallée de la Bar. À 7 h, une reconnais-sance aérienne allemande identifie des chars français ausud de Chéhéry qui monte en ligne, traversant la valléede la Bar, via les hauteurs de Bulson, vers le bois de laMarfée. Immédiatement, Guderian envoie la seule for-mation de chars disponible (4/PzRgt 2, Olt. Krajewski)reçoit l’ordre d’attaquer en direction de Bulson, et repous-ser les chars français. La contre-attaque est menée par unbataillon de chars de reconnaissance français, en majoritédes FCM 36. À 8 h 45, la compagnie de chars allemande

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parvient aux hauteurs de Bulson, opposée à une faible ré-sistance. Lorsque les Français aperçoivent les chars alle-mands, ils se retirent de Bulson. Krajewski traverse Bul-son et, lorsqu’il parvient aux hauteurs au sud-ouest, seschars sont pris à partie par des canons antichars français.La 4/pzRgt 2 rencontre en fait deux compagnies de charsfrançaises et de l’infanterie équipée de canons antichar.Les chars allemands se positionnent entre les collines 320et 322 et commencent à ouvrir le feu sur les FCM 36 fran-çais. Mais l’artillerie française ouvre le feu et détruit tousles chars allemands sauf un. Vers 9 h 15, la 2/PzRgt 2(V.Grolman) arrive et stoppe la contre-attaque française.À 13 h, une troisième compagnie de chars et des élé-ments de la Grossdeutschland arrivent et débutent unecontre-attaque dans le bois Rond-Caillau, appuyés par deséléments du Pz.Jg.Abt 37. Au même moment, le KpfgrBeck-Broichsitter avance en direction de Chéhéry et entreen contact avec les troupes françaises 3 km avant Chéhé-ry. 13 chars français et de l’infanterie sont identifiés. Unebarrière de six canons antichars de 37 mm est formée etparvient à stopper, au début, les Français. Mais les canonsallemands de 37 mm sont assez peu efficaces face auxchars FCM 36 et ces derniers tentent de déborder leurspositions. Certains chars entrent dans Connage pendantque de l’infanterie attaque du sud-est. À 9 h 15, deux com-pagnies du Sturmpionnier Btl 43 arrivent et s’opposent àl’infanterie française. Enfin, à 9 h 45, la 8e compagnie dupzRgt 2 (Olt. von Kleist) arrive et repousse les chars fran-çais pendant que les sturmpioniers font reculer l’infante-rie française vers Chéhéry, dans la forêt de Naumont. Lesrenforts arrivent unité après unité. Les canons anticharsallemands s’installent sur les hauteurs de Bulson avec descanons de 88 et ouvrent le feu sur les cibles françaises.Vers 12 h, 30 chars français sont détruits et Chéhéry estprise.À 12 h 30, des éléments du PzRgt 2 se tournent versl’ouest et rejoignent le canal des Ardennes à Malmy. À14 h 30 le GD arrive à la bordure sud du bois et avanceen direction de Maisoncelle-et-Villers. Le régiment s’ins-talle en fin de journée au sud et à l’ouest d’Artaise. Il doitrejeter une éventuelle autre attaque blindée française. LePzRgt 1 traverse la Meuse vers 10 h et va sur Vendresse(ouest de Malmy). Il sera stoppé par de l’artillerie anti-char française de 25 mm. Plusieurs contre-attaques avecchars sont rejetées[20].La tête de pont allemande prend désormais forme, desunités de reconnaissance allemandes trouvent deux pontsintacts sur le canal des Ardennes, près d'Omicourt et deMalmy. Guderian envoie immédiatement des chars et desunités motorisées qui filent plein ouest vers la mer duNord.La progression allemande n'est pas stoppée. Les troupesfrançaises reculent, la contre-attaque est avortée[20]. Lefront se perce à la limite des 2e et 9e armée.La percée de Sedan va totalement déstabiliser le front ; eneffet, le général Corap n'ayant plus de liaison vers Sedan,

débordé au nord et menacé au centre, ordonne un repliprécipité sur la frontière française. l'ordre de repli va dé-garnir la 1re armée qui résiste en Belgique et oblige celle-ci à abandonner ses positions sur la trouée de Gembloux le15 mai pour se replier sur la rive gauche de l'Escaut[8],[20].À partir de ce moment, la percée du secteur de Sedan estpatente, le front du GA no 1 se disloque[9],[8].Dans des sursauts d'agonie, quelques unités vont essayerde stopper l'avance des troupes allemandes à La Horgne etBouvellemont. Le 15 mai, au sud de Sedan dans le secteurde Stonne, Tannay, Sy des chars lourds B1 montent enligne ainsi que des fantassins français, dont beaucoup detroupes coloniales. Au cours de ces combats, la 3e DIM,Général Bertin-Boussu, et le 6e GRDI, Lieutenant Colo-nel Alfred Dufour, s’illustreront tout particulièrement. Lebut est de reprendre Stonne et de là entamer une contre-attaque vers le nord sur le flanc gauche des unités alle-mandes. Stonne changera dix-sept fois de main mais lavéritable contre-attaque ne sera jamais réellement lancée.Les blindés de la 3e DCr affrontent d'abord la 10e Pan-zer et le régiment Grossdeutschland mais ne parviennentpas à repousser les Allemands sur la Meuse et la trouéereste ouverte. Les troupes françaises réussissent cepen-dant à stabiliser la partie sud du front pendant 10 joursau prix de furieux combats. Engagée par petits paquets,la 3e D.C.r perd graduellement toute valeur stratégiquemalgré le courage de ses soldats.

10 La débâcle

Du 10 au 14 mai, en 4 jours de combats après avoir com-biné les actions aéroportées, blindées et de bombarde-ment, le GA de von Bock contraint les forces hollandaisesà déposer les armes. La 7e armée de Giraud n'a même paspu leur porter secours et se retrouve engagée à la frontièrehollandaise. Dans le même temps l'armée belge subit lescombats le long du canal Albert et de la Meuse et le fortd'Ében-Émael est pris par des commandos aéroportés aubout de 24 heures de combats grâce à l'utilisation d'un ex-plosif inconnu des alliés, les charges creuses auxquellesles blindages et le béton armé ne résistent pas. Dans lemême temps aussi, les corps blindés du général ErichHoepner (2e Panzerdivision) s’emparent de Maastricht etdes rives de la Meuse hollandaise. En moins de 24 heuresla situation est compromise alors que les unités françaiseset anglaises ne sont pas encore installées solidement. LesBelges sont tournés sur leur gauche par la défection del'armée hollandaise qui, avant de se rendre, a fait retraiteprécipitamment vers son réduit national de Zélande. Aus-si, le roi des Belges, qui a placé son armée sous les ordresdu commandant en chef Gamelin, sacré généralissime al-lié, fait-il reculer son armée sur la Meuse, pour s’alignersur les franco-anglais. C'est d'autant plus nécessaire queceux-ci sont percés sur ce fleuve.Dès le 11 mai les corps de cavalerie du général RenéPrioux 2e et 3e DLM sont déjà au contact des Allemands

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au sud de la Belgique et il en fait part au général Billotte.Malgré cela la manœuvre continue. Les Anglais se posi-tionnent sur la Dyle où les Belges vont les rejoindre, tan-dis que la 1re armée française se positionne à Gembloux.Les Français stoppent provisoirement les panzers, dansdeux batailles, l'une commandée par le général Bruneauà Flavion, au sud de Namur, l'autre par le général Prioux àHannut, au sud-est de Bruxelles. En même temps, l'ordreest donné aux Belges d'aligner leurs positions sur cellesdes alliés franco-anglais en vue de mener, sur la Dyle, ceque l'on espère être une bataille d'arrêt décisive. Mais lapercée du front, le 15 mai, qui se révèle irréversible dansle secteur de Sedan, va faire éclater tout le dispositif allié.La lenteur dans la coordination fait place aux initiativesisolées. Ainsi, le Gal Corap décroche de son secteur, en-traînant l'abandon de Namur par les Belges surpris de seretrouver isolés, puis l'abandon de Gembloux par le gé-néral Blanchard qui laisse ouverte la route de Bruxelles.Cette ville est un nœud routier important pour les alliés etses ponts et carrefours sont bombardés par la Luftwaffe.Pendant ce temps, le groupement d'armée no 1, et notam-ment toutes ses meilleures unités, est engagé au nord, enBelgique, et la percée de Sedan va le prendre au piègeavec les armées franco-anglo-belges. Le plus grave c'estqu'il n'y a pas vraiment d'armée de réserve car Gamelinl'a engagée dès le 10 mai dans la manœuvre Dyle avec sonprolongement vers la Hollande. Déjà, elle se trouve prèsde la frontière hollandaise quand la percée de Sedan estpatente. Elle reçoit l'ordre de Gamelin de se replier surla Somme, mais cette manœuvre précipitée va mêler lesdivisions françaises en retraite aux forces alliées de Bel-gique, provoquant des cisaillements dans leur dispositifce qui entraîne une confusion qui compromet les chancesfranco-anglo-belges.Pendant ce temps une partie des unités blindées alle-mandes qui ont percé le front à Sedan se dirigent versl'estuaire de la Somme dans une progression foudroyantequi effraie même l'état-major allemand qui s’attend à descontre-attaques sur le flanc gauche, car un long couloirlarge de 100 km à 40 km s’étend de Sedan en direction del'estuaire de la Somme. Mais Guderian profite de la sur-prise et de la confusion créées par sa tactique et ne s’arrêtepas. Le 17 mai, une contre-attaque limitée à Montcornetsera lancée par la 4e division cuirassée de réserve com-mandée par le colonel Charles de Gaulle. Toutefois cesuccès localisé, répété ensuite à proximité d'Abbeville,n'est pas suffisant pour contrarier les plans allemands quiveulent isoler les armées alliées du nord.Entre temps, les Belges ont dû abandonner la Dyle aprèstrois jours de combats. Pour l'armée belge comme pourl'armée anglaise qui n'ont pas la capacité manœuvrière del'armée allemande, il s’agit d'essayer de se reprendre plusà l'ouest en espérant encore pouvoir s’aligner sur l'arméefrançaise. Celle-ci, en plein recul après avoir été percéesur la Meuse, a laissé, se créer la trouée de Gembloux quientraîne une nouvelle percée dans le front nord des al-liés condamnés à un recul précipité qui a livré Bruxelles

aux Allemands dès le 15 mai. Mais, pour les Belges,l'épuisement des stocks de munitions menace, notammentpour l'artillerie que l'on s’accorde à considérer commeexcellente, mais qui commence à voir venir la pénuriede munitions après la débauche de tirs de barrage qu'illui a fallu dépenser en face d'une armée allemande su-périeure sur tous les plans. C'est alors que, le 19 mai, legénéralissime français Gamelin sort de sa torpeur et dé-cide une manœuvre en tenaille dont l'attaque principaledoit être assurée par les Français depuis Arras avec leconcours des Anglais. Mais Gamelin est limogé le soirmême avant que sa décision ne soit effective et il estremplacé par le général Weygand. Celui-ci doit prendreconnaissance de la situation et chercher à prévenir de lamanœuvre les Belges et les Anglais qui sont isolés par rap-port au front sud. À la dislocation du front va s’ajouterla lenteur et l'incertitude des chefs sur le terrain quantà la tactique à utiliser, à un moment où les Alliés nepeuvent se permettre la confusion. Les Allemands eux netergiversent pas, le 20 mai les avant-gardes allemandesatteignent Abbeville et l'embouchure de la Somme, lesmeilleures unités alliées, coupées de leur état-major, sontdésormais prises au piège dans une énorme poche. Le 21mai Weygand reprend finalement le plan Gamelin ordon-nant au G.A no 1 de descendre au sud et à la 7e arméereconstituée sur la Somme de remonter au nord. Cepen-dant avant d'agir, il veut rencontrer les Alliés belges etanglais avec le général français Billotte. Mais ce change-ment de commandant en chef et la nécessité de consul-ter les alliés retardent la mise au point de la manœuvre.Une conférence a lieu entre Weygand, le roi des Belges etle général français Billotte qui commande au nord. MaisLord Gort est introuvable et le général Billotte se tue dansun accident de voiture au retour de la rencontre. Dès lors,la contre-attaque en tenaille décidée avec les Français ausud et les Franco-Belges au nord est gravement compro-mise. Les Allemands du G.A/A poursuivent leur progres-sion, renforcent leurs positions et commencent à remontervers le nord pour réduire la zone alliée. Les chances, pourles alliés, de s’échapper de celle-ci se réduisent et, le 25mai, Lord Gort décide de manière unilatérale le repli deson corps expéditionnaire sur Dunkerque, abandonnantla droite de l'armée belge sur ordre de Londres, comme ils’en est justifié plus tard. À ce sujet, l'attaché militaireanglais auprès du roi des Belges sir Roger Keyes rap-porte une parole de Gort qui peut être considérée commeune phrase historique : "« Les Belges nous prennent-ilspour de vrais salauds ? »[43]. Mais les Anglais préparentleur rembarquement depuis plusieurs jours sans prévenir.Même l'amiral français Abrial, commandant la place deDunkerque ignore encore le plan anglais de rembarque-ment.Les Belges, après avoir étendu leur front sur leur droitepour remplacer les Anglais, résistent cinq jours à labataille de la Lys pendant laquelle des troupes allemandesse livrent à des représailles sur la population (massacrede Vinkt). C'est la seule vraie bataille d'arrêt de grandeenvergure de toute la campagne des armées alliées du

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12 11 LES CONSÉQUENCES DE LA PERCÉE DE SEDAN

nord. Mais le 28 mai, le roi des Belges Léopold III or-donne la reddition de son armée abandonnée par les An-glais et à bout de force et de munitions. Elle aura résistéà des forces supérieures après une campagne de 18 jours.Deux jours plus tôt, le roi en a prévenu le général fran-çais Blanchard, remplaçant Billotte, par un message captépar les services d'écoute de l'armée française du colonelThierry[44]. Sans doute, dans la confusion, ce message nesera-t-il pas transmis en haut lieu, d'où la légende d'unedéfection belge impromptue répandue par les milieux po-litiques, et notamment par le premier ministre françaisPaul Reynaud, légende toujours vivace longtemps après.D'autre part, l'attaché militaire anglais, sir Roger Keyes,a témoigné que le roi Léopold avait aussi prévenu le roid'Angleterre en personne par un message que Keyes lui-même a fait transmettre par porteur dès le 25. Or, le 27mai, à Cassel, s’est tenue une conférence franco-anglaisedont les belges ont été exclus et c'est au cours de celle-ci que l'amiral français Abrial, commandant la place deDunkerque, apprend pour la première fois que le rembar-quement anglais est en cours d'organisation depuis plu-sieurs jours. Les Français sont priés de défendre la zonede Dunkerque avec promesse de sauver le plus possiblede leurs troupes en même temps que les troupes anglaises.Rien n'est prévu pour les Belges qui se battent sur la Lyset comprennent qu'ils sont abandonnés et vont être tour-nés par leur droite sans retraite possible[45]. Rien n'étantprévu pour eux, la situation aboutit à la reddition belge,quand le roi doit bien constater l'effondrement progres-sif de son armée menacée par la pénurie de munitions etalors que, dans la zone même des combats, 2 millions deréfugiés subissent les bombardements de l'aviation alle-mande et qu'un massacre a été commis sur des villageoisà Vinkt.En conséquence de la décision anglaise d'abandonner lalutte sur le continent, il ne reste à Weygand, placé de-vant le fait accompli, qu'à se résoudre à ordonner au G.A.no 1 de se replier aussi sur Dunkerque et à participer àl'opération Dynamo abandonnant le matériel de 18 divi-sions franco-britanniques et 1 million de prisonniers fran-çais et anglais, en plus de tout ce qui reste de l'arméebelge, près de 500 000 hommes. En à peine plus de deuxsemaines de combat, les Alliés ont un genou à terre et sontau bord du KO.Un miracle comme celui de la bataille de la Marne en1914 n'aura pas lieu, c'est plutôt l'esprit de la bataille deSedan en 1870 qui a prévalu durant ces trois semaines debatailles. Ensuite, exécutant le planFall Rot les Allemandsvont déferler sur la France bousculant la ligne de défensemis en place par Weygand qui va de l'embouchure dela Somme jusqu’à Vouziers dans les Ardennes. Le malétait patent depuis la percée de Sedan car aucune contre-attaque d'envergure n'avait été tentée depuis le percementdu front à Sedan. Les Alliés n'ont réagi que sporadique-ment et dans de nombreuses situations les combattantsont combattu vaillamment en stoppant parfois les Alle-mands, mais la débâcle avait déjà fait son œuvre. Tout va

s’effondrer non seulement militairement mais aussi pourles autorités administratives et sociales qui précèdent par-fois leurs administrés dans leur fuite[8]. Pour la France,la guerre va encore continuer quelques semaines, maisle pays est complètement désorganisé. Quasiment 8 mil-lions de réfugiés errent sur les routes venant de sud dela Hollande, de Belgique - où le souvenir des atrocitésallemandes de 1914 est encore vivace- et du nord de laFrance. Ces masses en panique encombrent les routes etles gares, prenant d'assaut les rares trains. Cela retardel'avance des divisions constituées. Elles vont d'ailleursêtre balayées par la Wehrmacht. C'est non seulement unedéfaite mais le délitement de la nation française, car il n'ya bientôt plus d'autorité civile au nord de la Loire.

11 Les conséquences de la percéede Sedan

La percée allemande, dite “percée de Sedan”, s’est ef-fectuée en fait sur un front qui va de Sedan au sud àDinant au nord, avec notamment comme points de pas-sage principaux sur la Meuse de Dinant et Monthermé.Toutefois c'est sur le secteur de Sedan (bois de la Marfée)que les Allemands ont concentré leurs forces de pénétra-tion. Cette opération n'était que l'élément essentiel d'unplan d'ensemble qui a remarquablement fonctionné et,surtout a créé une confusion et un manque de réaction ra-pide des Alliés. Cette défaite s’explique aussi par la fautestratégique de l'état-major français (généraux Gamelin etGeorges), d'avancer les meilleures troupes en Belgique,vers les Pays-Bas, à la rencontre de l'aile nord de la Wehr-macht sans avoir voulu admettre que les régiments alle-mands les plus offensifs vont attaquer au sud. L'essentielde l'offensive allemande se concentre donc sur le pointle plus faible du dispositif français, dans le secteur desArdennes tenu par de faibles troupes d'infanterie à la va-leur combative incertaine. Elles sont très mal équipées etinstallées dans des fortifications de campagne inachevées,alors qu'elles vont devoir faire face aux meilleures unitésallemandes. Des reconnaissances aériennes alliées avaientpourtant repéré les importants mouvements des unités al-lemandes à travers l'Eifel et le Luxembourg dès le 10 maiau petit matin, ce qui confirmaient les avertissements ve-nus de Belgique dès janvier et les renseignements des at-tachés militaires en Allemagne et de l'attaché militairefrançais en Suisse.La surprise de la percée de Sedan surgissant de l'Ardennebelge n'aurait donc pas dû en être une, surtout aprèsla courageuse offensive de retardement des chars légersfrançais du général Huntziger face aux lourds blindés al-lemands et aussi après les trois jours de résistance belgedes Chasseurs ardennais en application du plan françaisqui prévoyait d'aligner les armées française et belge sur laMeuse le troisième jour de l'attaque allemande, ce quifut fait. Mais l'usage dispersé des divisions cuirasséesfrançaises mal soutenues par l'aviation lors des contre-

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attaques, expliquent que les effets de cette faute straté-gique initiale n'aient pas pu être corrigés et la brèche« colmatée », d'autant que les meilleurs régiments fran-çais étaient lancés vers la Hollande dans un mouvementsud-nord qui laissait le front de la Meuse mal pourvuen troupes d'infanterie française. La doctrine de l'état-major français était fondée sur la défensive et aucune le-çon n'avait été tirée du début du conflit en Pologne enseptembre 1939. Pendant plusieurs mois, les belligérantss’étaient regardés, l'arme au pied, ce qui avait permisaux Allemands de reconstituer leurs stocks d'armementsaprès les pertes de la campagne de Pologne. Toutefoisles Français ont eux aussi profité de cette période pourcompléter leur armement et constituer quelques divi-sions blindées. Il en est de même pour les Belges qui,depuis septembre 1939, n'ont pas été en guerre contrel'Allemagne, mais mobilisés sur pied de guerre tout lelong de près de 500 km de frontières depuis les Pays-Bas jusqu'à la France. Ce qui leur a donné le tempsd'améliorer leurs défenses, tandis que les Anglais, quin'avaient débarqué qu'une division en septembre 1939,n'ont cessé depuis de renforcer leurs effectifs. Mais toutcela ne fera pas évoluer la conception stratégique desétats majors. Aussi, la tactique utilisée par les Allemands,dite Blitzkrieg va-t-elle surprendre les alliés et bouleverserleurs armées lorsque cette période, appelée la « drôle deguerre », va brutalement cesser le 10 mai 1940. La tac-tique du blitzkrieg utilisée par les allemands leur donne unavantage décisif : c'est l'utilisation combinée des chars decombat et de l'aviation comme fer de lance dans un sec-teur puis l'exploitation de la confusion et de la surpriseainsi créées qui permet de remporter la décision. Cettetactique était vitale pour les Allemands selon K.J Mül-ler car l'offensive en Pologne a largement entamé les ré-serves, et certains généraux allemands se méfient de laFrance qui est à l'époque une des premières puissancesmilitaires mondiales. Les équipements des divisions al-lemandes attaquant le 10 mai sont remarquables mais legros des troupes est à l'instar des divisions de série B fran-çaises, mal équipés et utilisant largement la traction hip-pomobile. La drôle de guerre a aussi permis aux divisionsde panzer de se réorganiser et de gommer les erreurs tac-tiques.Certains historiens pensent que la France avait seschances dans une guerre longue, les effectifs en hommesétant équilibrés et de valeur égale et la qualité des maté-riels étant de valeurs équivalentes. Mais, mal employéesface à des Allemands qui ont exploité à merveille la rusedu plan jaune, les armées françaises vont subir la plusgrande défaite de leur histoire et un effondrement sansprécédent. Les pertes humaines françaises sont considé-rables, car en un peu plus d'un mois de guerre effec-tive plus de 60 000 combattants seront tués, plus de 100000 prisonniers et plus de 200 000 blessés. Cela dé-montre que malgré la débâcle les Français se sont dé-fendus et battus avec acharnement. En effet, ces chiffresdépassent les pertes mensuelles les plus sanglantes pen-dant la Première guerre. Les Allemands perdront près

de 55 000 hommes[46]. Cependant, certains vont douterque l'armée française et l'État aient pu sombrer aussi fa-cilement. L'éminent historien Marc Bloch professeur à laSorbonne, mobilisé pendant ces heures sombres va mêmeparler de « l'étrange défaite » dans son ouvrage éponyme.À travers son expérience personnelle, il y dénonce la sclé-rose des élites militaires et civiles[47]. Il décrit de façonlucide, dès juillet 1940, dans un procès-verbal les raisonsde la défaite. Toutes les institutions de la nation y sontcritiquées et en particulier l'institution militaire.Toutefois, la France, bien qu'ayant été victorieuse lors dela Première Guerre mondiale, avait subi l'essentiel des dé-gâts de la guerre sur ses territoires du nord et de l'est. Lespertes humaines l'ont privé quasiment d'une générationd'hommes en perdant 1 800 000 combattants (tués ou dis-parus), soit 10 % de sa population active masculine[8]. Enoutre, Les bassins industriels, miniers du nord et de l'estont subi beaucoup de destructions. Pendant l'entre-deux-guerres, le pays est traumatisé et sort très affaibli de lagrande guerre, l'opinion générale se dit plus jamais ce-la, le sentiment pacifiste est quasi-général. Les politiquescomme Aristide Briand suivent l'opinion, les militaires sesouviennent aussi des pertes humaines et adoptent plu-tôt une doctrine défensive et la tactique militaire n'évoluepas assez, bien que l'industrie lui fournisse des armementsmodernes. En résumé la France est entrée en guerre avecdes outils de la 2e guerre mais avec la tactique de la 1re

guerre. Par contre l'Allemagne n'a pas accepté la défaiteet surtout les conséquences du traité de Versailles quiva engendrer un sentiment de revanche. Les Allemandsn'ont subi aucun dégât sur leur sol et n'ont pas été en-vahis, les troupes rentrent avec leur armement, la défaiteest surtout due aux remous politiques internes et aussi àl'affaiblissement économique qui entraînèrent la demanded'armistice militaire. L'après-guerre en Allemagne seraincertain politiquement et économiquement, cela va en-gendrer un régime politique totalitaire.La France ne mettra pas à profit sa victoire partagée avecles Alliés ; affaiblie, la IIIe République n'a pas su préparerle pays à un bouleversement annoncé avec la montée desdictatures allemande, soviétique, italienne et espagnole.Max Gallo la qualifie de modèle illustrant « l'incapacitéde toute une classe politique à saisir la nouvelle donnequi change le jeu du monde ». Il pense que Briand (né en1862), comme Pétain (né en 1856), étaient des hommes,nés sous le Second Empire, qui n'ont pas eu à « passerle témoin à des hommes » plus jeunes — morts dans lestranchées de 14-18 — et ils « tenaient encore la barre »dans les années 1930 et 1940. Finalement de « trop vieuxcapitaines pour une mer déchaînée. Elle les a engloutis. »Près de 70 ans plus tôt, Sedan avait été le théâtred'opérations militaires décisives pour les Allemands. Lorsde la bataille de Sedan du 31 août au 1er septembre 1870,une coalition des États allemands avait mis en déroutel'armée française précipitant la chute du Second Empireet l'avènement de la Troisième République. Ce 13 mai1940, bien que le front fut plus étendu, l'effort principal de

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14 12 NOTES ET RÉFÉRENCES

l'armée allemande s’est concentré sur le secteur de Sedan.Cette bataille fut aussi décisive et est restée dans l'histoirecomme la percée de Sedan. Le seul nom de la ville va êtresynonyme de défaite et de honte pour beaucoup de fran-çais de cette époque. Une nouvelle fois, la ville de Sedanva être à l'origine de l'agonie d'un régime politique quisera aboli de fait le 10 juillet 1940 par l'Assemblée natio-nale (Chambre des députés et Sénat réunis) qui donna lespleins pouvoirs au maréchal Pétain. Ce dernier demandeun armistice qui est signé le 22 juin 1940 dans la clairièrede Rethondes et donne naissance au régime de Vichy.La France est le seul des pays vaincus dont le gouverne-ment a traité avec l'ennemi. Car si les armées des Belgeset des Hollandais ont été également vaincues, leurs gou-vernements se sont réfugiés à Londres pour continuer laguerre avec ce qui leur restaient de force, notamment lesaviateurs pendant la bataille d'Angleterre au-dessus deLondres, et aussi dans les colonies. Il a fallu la foi d'unepoignée de Français libres, d'abord au-dessus de Londres,malgré les condamnations du gouvernement de Vichy,groupés derrière le général de Gaulle pour réinstaller laFrance parmi les alliés, surtout après les ralliements del'Empire et les débuts de la résistance.

12 Notes et références[1] Frieser (2005), p. 158

[2] Frieser (2005), p. 179

[3] Healy (2007), p. 56

[4] Frieser (2005), p. 157

[5] Healy (2007), p. 44

[6] Frieser (2005), p. 196

[7] Frieser (2005), p.210

[8] Historia Spécial no 5 mai-juin 1990, « Le printemps de ladéfaite, 10 mai-25 juin 1940 »

[9] Claude Gounelle, Sedan Mai 40, Presse de la Cité, 1980.

[10] Composée de la 55e DI, la 71e DI, la 3e divisiond'infanterie nord-africaine, 5e division légère de cavale-rie (DLC), de deux bataillons de chars de combat (4e et7e), du 12e groupe de reconnaissance de CA, de régimentsd'artillerie, de compagnies de génie et toutes les unitésd'intendance)

[11] La “ligne Devèze”, du nom d'un ministre de la DéfenseNationale qui l'avait conçue sous la forme d'une série defortins construits - dans une zone allant de la province deLiège jusqu'au sud de la province du Luxembourg belge -dans le but d'offrir des points d'appui aux fantassins belgesen des endroits choisis selon un plan tactique fondé surl'idée d'enrayer une attaque ennemie en la retardant endivers endroits de façon à l'empêcher de se déployer defaçon homogène dans un terrain censé défavorable auxchars.

[12] La Défaite française, un désastre évitable, lieutenant-colonel Jacques Belle, page 13, éd. Economica, Paris2007.

[13] La Deuxième Guerre mondiale, page 85, éd. Le Sphynx,Bruxelles 1947.

[14] La Défaite française, un désastre évitable, lieutenant-colonel Jacques Belle, p. 231, éd. Economica, Paris 2007.

[15] La Défaite française, un désastre évitable, lieutenant-colonel Jacques Belle, pages 54 à 60 : l'apocalypse à Se-dan, éd. Economica Paris 2007.

[16] General Gamelin, Servir, Ed. Plon Paris 1946.

[17] Les Relations militaires franco-belges, CNRS Paris 19658.

[18] La déclaration de guerre sera présentée par l'ambassadeurd'Allemagne à Bruxelles deux heures après les premièrespénétrations allemandes en Ardenne.

[19] Les Relations militaires franco-belges 1936-1940, CNRS,Paris 1968.

[20] Daniel Laurent et Alain Adam, « Mai 1940 : La déban-dade ? »

[21] Gérald Dardart, Glaire, Villette et Iges sur le boulevard desinvasions, ville de Glaire éditeur.

[22] Frénois Animation et son groupe Racines, Guerres et Mi-sères, « Il était une fois Frénois », juin 1991, Service re-prographique de la ville de Sedan : « La proximité de lafrontière avait nécessité ces plans d'évacuation si des com-bats devaient s’y dérouler. Pratiquement toute la popu-lation ardennaise part en exode, les habitants ne veulentsubir la dure occupation subie 25 ans plus tôt et quiest encore dans la mémoire collective. En effet, lors dela Première Guerre mondiale, le département était de-venu un vaste camp de travail obligatoire. Dans chaquecommune, les habitants étaient obligés de travailler pourl'occupant. Par contre, dans d'autres régions françaisesaucun plan d'évacuation n'avait été prévu. À part pourquelques populations des zones frontalières du nord et del'est, l'exode s’est effectué dans la plus totale désorganisa-tion et parfois de façon irrationnelle. »

[23] Frénois Animation et son groupe “Racines”, Guerres etMisères, « Il était une fois Frénois », juin 1991, Servicereprographique de la ville de Sedan.

[24] C'est une division d'active. Référence : situation destroupes du 21 août 1939 au 5 juin 1940, service historiquedes armées.

[25] De nos jours beaucoup sont encore visibles des routes quisuivent le cours de la Meuse.

[26] Lieu historique car il y eut la bataille de la Marfée en1641 ; Le 1er septembre 1870, le futur Kaiser GuillaumeIer et son état-major observèrent non loin de cette forêt ledéroulement de la bataille de Sedan ; de furieux combatss’y déroulèrent lors de la bataille des Frontières entre le 26et le 29 août 1914.

[27] OKW : Grand état-majot allemand.

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[28] Le général Van Overstraeten, pages 101 et 102, Ed. J-MCollet, Braine l'Alleud, 1990.

[29] Servir, mémoires du Général Gamelin, Paris

[30] Les relations militaires franco-belges, 1936-1940, Ed.Centre National de la Recherche Scientifique, Paris 1968.

[31] 20th Century Journey, William L. Shirer, Ed. Time Life1984, Les années du cauchemar, page 331, Ed. Plon, Paris1985.

[32] Selon le professeur Klaus Jurgen Müller de l'université deHambourg dans un article de la revueHistoria no 5, il étaitnécessaire que la Wehrmacht utilise une tactique offensivedestinée à bousculer rapidement les défenses françaises

[33] Voir lien animation sur site externe

[34] Témoignage du lieutenant Henri Michard du 147e RIF :« ... Les bombes sont de tous les calibres. Les petites sontlâchées par paquets. Les grosses ne sifflent pas : en tom-bant, elles imitent à s’y méprendre le grondement d'untrain qui s’approche. Par deux fois, j'ai de véritables hal-lucinations auditives : je suis dans une gare, un train ar-rive ; le fracas de l'explosion secoue ma torpeur et meramène brutalement à la réalité... Le fracas des explo-sions maintenant domine tout... Bruit hallucinant de la tor-pille dont le sifflement grossit, s’approche, se prolonge ; onse sent personnellement visé ; on attend les muscles rai-dis ; l'éclatement est une délivrance. Mais un autre, deuxautres, dix autres... Les sifflements s’entrecroisent en unlacis sans déchirure ; les explosions se fondent en un bruitde tonnerre. Lorsqu'un instant son intensité diminue, onentend les respirations haletantes... Les Stukas se joignentaux bombardiers lourds. Le bruit de sirène de l'avion quipique vrille l'oreille et met les nerfs à nu. Il vous prendenvie de hurler... »

[35] pratiquement toute l’artillerie lourde française encore opé-rationnelle fera feu sur la 2e PzD

[36] Journal de marche du II/54 aux Archives de Vincennes.

[37] Journaux de marche du I/12 et II/12 aux Archives de Vin-cennes.

[38] Messages téléphonés à 9 h 45 et 10 h 45 par le généralcommandant la 1re division aérienne aux commandant desGB I/12, II/12, I/34, II/34, I/38 et II/38 (Archives de Vin-cennes).

[39] La Base aérienne 901 de Drachenbronn a choisi en 1991le nom de tradition « Commandant de Laubier ».

[40] Journaux de marche des GB I/12, II/12, I/34, II/34, I/38et II/38 (Archives de Vincennes).

[41] Commandant de Laubier, lieutenant Vauzelle, sergent-chef Occis du II/34, le sous-lieutenant Hugo et l'adjudant-chef Leroy du GB I/12.

[42] Revue Historique des Armées, « Le bombardement fran-çais sur la Meuse le 14 mai 1940 », 3/1985.

[43] Un règne brisé, l'amiral sir Roger Keyes, page 318, éd. Du-culot, Paris-Gembloux 1985, Outrageous fortune, MartinSercker & Warburg, Londres 1984.

[44] Le 18e jour par le colonel Remy, page 348-349, ÉditionsFrance Empire, Paris 1976.

[45] Le 18e jour par le Colonel Remy, page 345, ÉditionsFrance Empire, Paris 1976.

[46] Jean-Baptiste Duroselle, « Neuf jours pour deux armis-tices » in Historia spécial no 5 mai-juin 1990

[47] Citation de Marc Bloch qui écrit dans L'Étrange Défaite« ... Nos chefs ne sont pas seulement laissé battre. Ils ontestimé très tôt naturel d'être battus. En déposant, avantl'heure, les armes, ils ont assuré le succès d'une faction.D'autres cependant, dans le haut commandement, presquetous dans les rangs de l'armée, étaient loin de poursuivreconsciemment d'aussi égoïstes desseins. Ils n'ont acceptéle désastre que la rage au cœur. Ils l'ont cependant accep-té, trop tôt, parce qu'ils lui trouvaient ces atroces conso-lations : écraser, sous les ruines de la France, un régimehonni ; plier les genoux devant le châtiment que le destinavait envoyé à une nation coupable... »

13 Voir aussi

13.1 Sources et bibliographie

13.1.1 Ouvrages

• • Gérald Dardart, Glaire, Vilette et Iges sur leboulevard des invasions, ville de Glaire édi-teur.

• Frénois Animation et son groupe Racines,Guerres et Misères, « Il était une fois Frénois »,juin 1991, Service reprographique de la villede Sedan.

• Claude Gounelle, Sedan Mai 40, Presse de laCité, 1980.

• Paul Berben et Bernard Iselin, Les panzerspassent la Meuse, Laffont, 1967 et Éditions J'ailu Leur aventure N°A209.

• Alistair Horne, Comment perdre une bataille :France, mai-juin 1940, Éditions Tallandier, 2010, 477 p. (ISBN 978-2-84734-657-2).

13.1.2 Articles

• • général Delmas, « Les trois premières se-maines de guerre », Historia spécial n°5 mai-juin 1990.

• « Le Printemps de La défaite 10 mai-25 juin1940 », Historia spécial n°5 mai-juin 1990.

• Daniel Laurent et Alain Adam, « Mai 1940 :La débandade ? ».

• Henri de Wailly, « Abbeville mai 1940 : Com-ment de Gaulle perd une bataille malgré seschars », Historia (Historama), no 579, mars1995, p. 14-20

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16 13 VOIR AUSSI

• Éric Roussel, « La campagne de France -1940 : Une débâcle sans précédent. », Histo-ria (Historama), no 579, mars 1995, p. 6-120

• Philippe Masson, « Un allemand juge l’ar-mée française de 1940 : entretien avec Al-phonse Von Kageneck », Historia (Histora-ma), no 579, mars 1995, p. 24-25

13.1.3 Documents

• • Le 18e Jour, colonel Remy, pages 348-349, éd.France Empire, Paris 1976.

• Les Relations militaires franco-belges, 1936-1940, CNRS, Paris 1968.

• Situation des troupes du 21 août 1939 au 5 juin1940, Service historique des armées.

13.2 Articles connexes

• Armée française en 1940

• Bataille de France

• Bataille de Dinant (1940)

• Bataille de Monthermé

• Bataille de Givet

• Bataille de La Horgne

• Bataille de la Lys

• Exode

• Secteur défensif des Ardennes

• Secteur fortifié de Montmédy

13.3 Liens externes

• (fr) Site de l'association Ardennes 1940 à ceux quiont résisté, consacrée à la mémoire de la résistancede l'armée française en mai et juin 1940

• http://www.histoquiz-contemporain.com/Histoquiz/Lesdossiers/LaFrance19391945/bulson/Dossiers.htm

• L’avance allemande sur le front Ouest jusqu’à laSeine

• Plan de l'offensive allemande

• Situation sur le front de l'Ouest du 10 au 16 mai 1940

• Site en mémoire du commandant de Laubier, par-rain de la base aérienne 901

• Portail de l’histoire militaire

• Portail de la Seconde Guerre mondiale

• Portail de la Champagne-Ardenne

Page 17: Percée de Sedan

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14 Sources, contributeurs et licences du texte et de l’image

14.1 Texte• Percée de Sedan Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Perc%C3%A9e_de_Sedan?oldid=117741180 Contributeurs : Vargenau, Treanna,

Archeos, Fafnir, Phe-bot, Trusty, Romary, Jef-Infojef, Z653z, Bob08, Teofilo, L'amateur d'aéroplanes, Freddyz, Stéphane33, Gribeco,Romanc19s, David Berardan, Arnaud.Serander, Yelkrokoyade, Gzen92, Cæruleum, Ultrogothe, Naibed, Ash Crow, Poppy, Oxam Har-tog, Jerome66, Litlok, TCY, Vivarés, Glacier, Papydenis, Croquant, Roucas, Jrcourtois, Polmars, Pautard, Esprit Fugace, Jmax, Mwarf,Florival fr, JeanAmok, 307sw136, Martin', Christophe94, Rc1959, NicoV, Daniel*D, Jep, Jarfe, Philippe de Laubier, Darth Gaut, Se-bleouf, Gind2005, HariBot, Greteck, FrédéricLN, Gutenberg, Speculos, Rgimilio, Tépabot, Isaac Sanolnacov, Vincent Lextrait, Moa18e,BenjiBot, ZX81-bot, Skiff, William Jexpire, Alecs.bot, Vlaam, Dhatier, Jean-Jacques Georges, Konstantinos, Jlduriez, DeepBot, Ir4ubot,Breizh08, Ashritter, HerculeBot, WikiCleanerBot, ZetudBot, Ccmpg, Luckas-bot, Semoa, Micbot, Cdtdelaubier, Mabifixem, Papatt, DSi-syphBot, Cantons-de-l'Est, Amagnien2, LairepoNite, Lomita, Bobubu, Benjamin08, NicoScPo, K-taeb, Placebuploader, Addihockey10,Fabsss, MattMoissa, Melou 783, Kilith, Crochet.david.bot, Neun-x, Gérald Garitan, Renommé 20150211, Tazadeperla, Chevalier libre,Lvcvlvs, EdoBot, Cardabela48, Geobot, Madelgarius, MerlIwBot, OrlodrimBot, Francis08, Mathis B, HenriDavel, KLBot2, Loic rossi,Addbot et Anonyme : 113

14.2 Images• Fichier:10May-16May1940-Fall_Gelb.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/c/c2/10May-16May1940-Fall_

Gelb.svg Licence : Public domain Contributeurs : http://www.dean.usma.edu/history/web03/atlases/ww2%20europe/WWIIEuropeIndex.html Artiste d’origine : The History Dept at the United States Army Academy

• Fichier:406x481-Carte-08-Ardennes-R.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/a9/406x481-Carte-08-Ardennes-R.jpg Licence : CC BY-SA 1.0 Contributeurs : Travail personnel Artiste d’origine : Wikisoft* @@@-fr 16 :02, 7 October 2012 (UTC)

• Fichier:Bundesarchiv_Bild_146-1978-062-24,_Floing,_Pontonbrücke_über_die_Maas.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/9/96/Bundesarchiv_Bild_146-1978-062-24%2C_Floing%2C_Pontonbr%C3%BCcke_%C3%BCber_die_Maas.jpg Licence : CC BY-SA 3.0 de Contributeurs : Cette image a été donnée à Wikimedia Commons par les Archives fédéralesallemandes (Deutsches Bundesarchiv) dans le cadre d'un projet commun. Les Archives Fédérales allemandes garantissent l'authenticité dela photographie, grâce à l'utilisation exclusive d'originaux (positifs/négatifs) de leur Archives d'images numériques et leur numérisation.Artiste d’origine : Inconnu

• Fichier:Champagne-Ardenne_flag.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/f/f1/Flag_of_Champagne-Ardenne.svg Licence : CC0 Contributeurs : Travail personnel Artiste d’origine : Patricia.fidi

• Fichier:Champagne-Ardenne_region_relief_location_map.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/5/52/Champagne-Ardenne_region_relief_location_map.jpg Licence : CC BY-SA 3.0 Contributeurs : Travail personnel

• Sources of data :• Topography : NASA SRTM3 v.2 ;

• Bathymetry : NASA SWDB ;

• Administrative data : OpenStreetMap

Artiste d’origine : Ikonact• Fichier:Flag_of_France.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/c/c3/Flag_of_France.svg Licence : Pu-

blic domain Contributeurs : http://www.diplomatie.gouv.fr/de/frankreich_3/frankreich-entdecken_244/portrat-frankreichs_247/die-symbole-der-franzosischen-republik_260/trikolore-die-nationalfahne_114.html Artiste d’origine : This graphic was drawn by SKopp.

• Fichier:Flag_of_German_Reich_(1935–1945).svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/9/99/Flag_of_German_Reich_%281935%E2%80%931945%29.svg Licence : Public domain Contributeurs : Travail personnel Artiste d’origine : Fornax

• Fichier:France_relief_location_map.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/f/f7/France_relief_location_map.jpg Licence : GFDL Contributeurs : Travail personnel

• Bathymétrie : NGDC ETOPO2v2 (domaine public) ;

• Topographie : NASA Shuttle Radar Topography Mission (SRTM30 v.2) (domaine public) ;

• Littoral et données additionnelles : World Data Base II (domaine public).

Artiste d’origine : Eric Gaba (Sting - fr:Sting)• Fichier:Gtk-dialog-info.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/b4/Gtk-dialog-info.svg Licence : LGPLContributeurs : http://ftp.gnome.org/pub/GNOME/sources/gnome-themes-extras/0.9/gnome-themes-extras-0.9.0.tar.gz Artiste d’origine :David Vignoni

• Fichier:Military_symbol.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/5/5d/Military_symbol.svg Licence : CC-BY-SA-3.0 Contributeurs : Travail personnel Artiste d’origine : Ash Crow

Page 18: Percée de Sedan

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• Fichier:Nuvola_apps_important_square.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/1/1b/Nuvola_apps_important_square.svg Licence : LGPL Contributeurs : Cette image vectorielle contient des éléments, éventuellement modifiés, qui ont été ex-traits de : <a href='//commons.wikimedia.org/wiki/File:Nuvola_apps_important.svg' class='image'><img alt='Nuvola apps important.svg'src='https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/f7/Nuvola_apps_important.svg/24px-Nuvola_apps_important.svg.png'width='24' height='20' srcset='https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/f7/Nuvola_apps_important.svg/36px-Nuvola_apps_important.svg.png 1.5x, https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/f7/Nuvola_apps_important.svg/48px-Nuvola_apps_important.svg.png 2x' data-file-width='600' data-file-height='500' /></a> Nuvola apps important.svg. Artiste d’origine : Originallyuploaded to en.wikipedia on 04 :26, 21 March 2006 by User:Gmaxwell on English Wikipedia

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• Fichier:Red_pog.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/0/0c/Red_pog.svg Licence : Public domain Contribu-teurs : Travail personnel Artiste d’origine : Andux

14.3 Licence du contenu• Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0