Perec Proust Travail Memoire

8/22/2019 Perec Proust Travail Memoire

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Mmoireet cultureActesdu colloque nternational eLimoges10-12dcembre 003

Sous la direclion deClaude FllrEAU

et Michel BpNnMrNo

CeRes t EHICCoLLECTtoN < RtNCopnoNIE>

ITf l im


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Perecet Proust : le travail de la mmoireDanielleCoxsrANTrN

Conseilde recherches n scienceshumainesdu CanarlaLiettx o,t 'a i dormi est un projet inabouti et inachevde GeorgesPerecpour lequelnous sontparvenuspresqueexclusivement es documentsappartenant la phaseprparatoire. insi, part quelquesmorceaux extuels,publis du vivant de Perec, e projet n'existe pour ainsi dire que dansI'archive de l'crivainr. Mme si demeur inaccornpli, ce travailautobiographiquest out de mmeconnupuisquePerecen a lui-mmeparl quelques eprisesdans sa coffespondance, ans des entretiens ublics demme que dans Espcesd'espaces,un essaiqu'il a publi en 1974; ladescription ue e feraidespicesd'archives 'appuiera onc sur cet pitexteauctorial2. 'ailleurs,un point sur lequel l a souven t nsistest e fait queLieux o 'ai dornti estun projetproustien, n aspect ur lequel 'insisteraimon tour afin de tenterune comparaison ntre e travail de la mmoire chezPerecautobiographe t le travail de la mmoire et la reprsentation e cetravail chezProust omancier.Mais tout d'abord,quelques rcisions u sujetde Lieux oir.j ai dormi.Dans la lettre que Georges Perec envoie en juillet 1969 son diteur,MauriceNadeau, l dcrit le projet en ces termes '9g0,p.61.


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Daniel leCoxsrANTtNqui tlort, clesprerniersparagraphes e la Rec'herche lu temp,s erclu>rt.Eneffet, cettepoque,Perec vaitdjpublien 196l le romanL/rthommequidort dont le titre cst une citation provenantdes premirespagesde LcrRec:her"che:< n Flommequi dort t ient tn cercleautourde lui le ft l desheures, 'ordre des annes t desmondes. rt Du reste, e texted'Lln hommequi rlort s'ouvre, tout comme celui de Proust, en mettant en scne unpersonnage aLlx prises avec des tats intenndiaires de rr'eil etd'endormissemeutj.I)ans Espcesd'esltaces plus prcisment ans la sous-section uchapitre (La chambre >.,ntitule, 993.Au sujetdes apports ntrePerecet Proust,voir Marie Miguet,


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Perecet Proust : le travail de la mmoiresensorielle r. L'affirmation jubilante d'une hypermnsiecorporelle peuttoutefoiss'expliquerpar e fait quePerec, ncoreune ois,situeLieux o 'aidarmi sous 'gidede Marcel Proust

C'est sansdouteparceque l'espace e la charnbreonctionne hez noicomme nentadeleineroustiennesous'invocationequi outceprojet stvidemtnentlac il nevoudrait tre iend'autre ue e strictdveloppementdesparagrapheset 7 duprernier hapitre e apremire artie Combrcty)upremier olume Du ctde chezSwann) e A lq recherche u remps erdu[)], que 'ai entrepris,epuis uelquesnnesj, e aire 'inventaireussiexhaustif tprcis uepossiblee ous esLieuxo l 'a i rJormi.2Cettephrase la syntaxebancale,accumulant es enchssementstdans aquelle coquille trsproustienne) ne parenthse st ouvertesanstre

referme ient du pastiche.Perecs'approprie,non sans ronie, certains raitsstylistiquesde Proustpour expliquerque sonpropre projet veut tre rien demoins que le e la clbre veriedes chambresmise en scnedans es premires agesde La Recherche. e siximeet leseptime aragraphesu texte de Proustprsentent n effet le hrosnarrateurqui ne saitplus o il se trouvedans es momentsprcdant on rveil et dontle corpsse souvientde certaines hambres e sonpassMon corps trop engourdi pour remuer, cherchait, d'aprs la forrne de safatigue, reprer a positionde sesmembrespour en induire a directiondulnur, la placedesmeubles,pour reconstruire t pour nommer a demeureo ilse trouvait. Sa rnmoire, a mmoire de ses ctes, de ses genoux, de sespaules, ui prsentait uccessivementlusieursdes chambresou il avaitdormi, tandisqu'autourde lui les murs nvisibles, hangeant e placeselon afbrme de la pice magine, ourbillonnaient ans es nbres. t avant mmeque ma pense, ui hsitaitau seuil des tempset des formes,et identifi lelogis en rapprochantes circonstances,ui , - rnon corps se rappelaitpourchacun e genre du lit, la place des portes, a prise de jour des fentres,I'existence 'un couloir,avec a pense ue 'avais en rn'y endormant t queje retrouvais u rveil.3La remmoration la fois corporelle et topographique de la chambrede Combray et de celle chez Mme de Saint-l-oup se poursuit jusqu' la prisede conscience du dormeur maintenant bien r veill et se souvenant de toutesles chambres de son pass :Ces vocations ournoyanteset confusesne duraient amais que quelquessecondes...]. Mais 'avais revu tantt 'une, tantt 'autredes chambres ue

' Ltrm littrait"e stlr "W ou le souvenir d'enJance" cle Georges Perec', PUF, coll.Major >>, 997,p. 38 .Espces 'espaces, p. cit., p.34.Op. cit., p. 6.((21J

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Daniel le CoNSTANT'INj'avais habiteslansnla vie,et e finissais ar ne es rappeleroutes lanseslongues veries ui suivaient non rveil.r

Lc rsultatde cetteanamnse st dvoildans a suite de cettephrase, aprenrire rs longuephrasedu ronlan, a plus longuede lht ct de chezSw'ann, t dont Julia Kristevaa fait une analyse ramntaticale, yntzxiqueetnonciative,montrantqlle c'est prcisment ans la dmesureet dans laprolitrationangagire u'adl' ient a reprsentationu travailde la rnermoireen (( produisant runtnrulir:ulemevtt'uvresrylisrique e la mtaphore ,t

charrrbrcsl'hivs-r quand n estcouch, n se blottit a ttedansun nidqu'on ressevec eschosesesplusdisparates,ncoincl'oreiller,e haut escouvertrtres,n bout de chle, e bord du lit, et LlnnunlroclesDbut,so.\e,\,qu'ott t init par cimenterensernble clon la tcchniquedes oiseauxen s'yappuyantndflniment;o, par un tempsglacial, e plaisirqu'on gotcestdese sentirspar u dehors cornrne'hirondelle e mer qui a son nid au lbndd'un souterrain ans a chaleurde la terre)et oir le fer"r tantentretenuoute anr"rit ans a chernine, n dort clans n grandnranteau 'air chaudet fumeux,travers es Iueursdes isonsqui se rallument, ofted'impalpablealcve,dec,haudeaverne reuse u sein de la chambrenrrne, olteardente t mobileen sescontours hermiques, re e soufTesqu i nousralrachissenta ligureet vieunentdesanules, csparties oisinesde la fbntre u loignes lu bycr,et qu i sont refioidies - chambres 't o I'on airnetreuni la nr-ritide,o le clairde uneappuy ux voletsentr'ouverts. jctteusqu'aupie.d u l i t sonchelle enchante,, on dort presqueen plc:in air, comn-re a nrsangebalance ar a brise la pointed'un rayon - parlb is a chambre ouis XVl. ,si gaie que nrme e prerniersoir e n' y avaispastct rop rnalheureux, t oirles colonnettes ui soutenaientgrcmente plafbnds'cartaient vec ant degrcepour mttntreret rscrver a placedu l it ; - parfbisau contraire elle,petiteet si leve c plalond, reuse n brmede pyrarnide ans a hauteur edeux tageset partiellement evtued'acajou,ou , de\s a premiresecontle,1'avais t ntoxiqu noralement ar I'odeur nconnuedu vtivier,convaincude I 'hosti l i tcles ideauxvioletset de l ' insolente ndifTrencee la pendulequi jacassait out haut comnresi je n'eussepas t l ; o une trangeetirnpitoyablcglace quadrangulaire,arrantobliquementun des anglesde lapice, se creusait vif darts a douce plnitudede lnoll champ visuclaccoutuln tt ernplacenrentluin'taitpaspr\,u;oir ma pense, 'elTorantpertdantdes heuresde se disloquer,de s'tirer en hauteurpour prendreexactetnenta fbrme de la chanrbreet arril 'er remplir usqu'eu haut songigantesque ntonnoir,avait scluflbrtbien de dures nuits, tandisque 'taistendu artsmon it, les ,eLrxeveis,'oreil leanxieuse.a narine tive, e cLlrbattant,r-rsc1u'e que I'habitude rt harrga couleur les ideaux, ait tairela pendule, nscigu a pit i la glaceobliqueet cruelle,dissiurul. inon

t Ibi,J.,p. 7' Lo Tentps e'n.sible.rou,sl t1994, . 354. foute la sectionintermittencesr St orrsacrI 'erpriett( 'e l i t tt 'uit 'c,Gall inrard. coll. ((NRF essais>>,


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Perec et Proust : le travail cle la mntoirechass ompltement,'odeur du vtivier,et notablernent iminu a hauteurapparente u plafond.rPerec emetsespas dansceux de Proustpour s'approprier, u profit

de sonprojetautobiographique,'exprience roustienne 'une remmorationtotalisante es lieux de sommeil de son pass.Or Perecn'crit pas et netravaillepasde la mme aonque Proustcomlne en tmoignent es dossiersgntiques es deux projets.En fait, si I'on acceptea gnralisation ue esgnticiensittraires doptentpour dcrire es deux grandsmodesdans esmthodes 'criture,Proustet Perecse distinguentgrandement, 'opposentmme.Almuth Grsillon, la suite de Louis Huy, utilise pour dsigner esdeux modalitsscripturales,es termes espectifs ' td'>', lors que Pierre-Marcde Biasi prfere aire ladistinctionentreune t une ((programmationscnarique >,servant ne acception lus argeau terme processus '. Au-delde cesvarianceserminologiques,a difference emeure ranche t desplus opratoires our unecomparaison esmthodes e travail de Perecet deProust. Dans l'criture processusou structurationrdactionnelle, outs'accomplit dans le travail de rdaction puisqu'il n'y a pas d'tapeprparatoire. insi, dans e cas particulierde l'pisodede la rveriedeschambres e La Recherche,e travail mmorielmis en scne st,dsses ouspremiersbalbutiements,mis en texte sansqu'il n'y ait eu de plans ou descnarios pralables. Dans l'criture programme ou programmationscnarique,a rdactioncomme telle du texte se raliseen relation avec unprogrammepr-tabli.C'est la manireperecquienne our Lieux oit j'aidormi, puisque un travail mrnoriel prcis et dtaill, de mme qu'uneplanification scnarique rcdent,organisentet anticipent le travail detextualisation.Du ct de chez Proust, es chercheurs ui ont analys a gensedel'pisodede la rveriedes chambresont dvoil de nombreuses crituresds es cahiersde Contre-Sainte-Beuveesquelssont devenus es cahiersdeLa Recherchea.e 1908 1913, es multiples ersions e l'pisode e sontsuccdes, e modifiant peu peu dans un mouvementnon linaire, outd'aborddansunephased'expansion, 'inflation et de dissociation t, ensuite,t MarcelProust0p. ci t . ,p.7-8.' Eln tnts cJe 'ritiquegntique.Lire les manu.scrits xtderne,v,PLJF', gg4, p. 102.Les termesavaientdj t proposs ar Louis Hay dans son article< La troisimedimension e a l i t trature >, exte, o'5-6, 1986-1987,. 313-328.t Lo Gntique Jesextes,Nathan niversit, oll. (( 128>>,2000,.32-33.4 Voir Bernard Brun, < Le dormeur veill, gensed'un roman de la mmoire>,Cahier Msrcel Proust t t. mdet proustiennesV, Gallimard, l98l , p.241-316 etJeanMilly, u tudesgntiques e la rveriedeschambres ans "'Ouverture" de laRecherche>, Bulletins d'informationsproustiennes,n" 10, L979, p. 9-22 et n" I l,1980,p.9-29. Pour une analyse esvariations nonciatives ansces critures, oirAlmuth Grsillon, Jean-LouisLebrave et CatherineViollet, Proust lu leftre. Lesintermittences e l'crilure, Tusson,Du Lrot , 1990.

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Daniel leCoi lsrANTrNdansunephasede concentration t de syrrthtisationui a abouti la longr.rephrase iteplushaut.Du ct de chcz Perec, icn cle el purisquee travail dc la mmoires'estaflbrmi quelque enrtrrslansun travail prparatoire ystnratiquevantde s'engager atts eluide ltr rdaction.Malgr e dsordreelatil 'dansequelse rouvent es manuscrits u projet, unissant tl e cinquantaine e tbuillets,il est possible t mrneassez cilede les organiser elonune classifcationtypologiquequi russit inclure et dcrire ous les lments.Ainsi, ledossier nt ique omprend l) la l iste nventaire es icux de sommeil ;2)les plansde certaines hambres t 3) des dbutsde miseen textes c'est--dire des bauches t des esquisses). oyons rapidemcnt hacunede cescatgories.Dans Espcesd estr)uces,proposdes lieux ot) il avait dormi, Perecaffinne


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Perec et Proust : le travail de la mmoiretravail de remrnoration t le travail d'criture, entre ce qu'on peut appelerune mnmotechnie t une mnmographie'.Dans es plans, es lieux voqusse rduisent quelques ignes races apidement t accompagnese plussollventd'une simple gende.Or , lors de la phase dactionnelle,esplansse seraient ransforms n un outil et un supportpour produire es segmentsdescriptifs.Quand le travail de la mmoire devient travail d'inscription dusouvenirdans Llnmarquage artographique,ntervient du coup un processusde distanciation auquel auraient particip les processusd'criture dusouvenircnesthsiqueu corpsdans e lit, on est pass une vue arienneo le corpsdu scripteurn'estplus dans a chambremaishors de cel le-ci,eDtrainde la contempler e haut(( partird'un point situ peu prssur e toitde a pice suppos nlev ...]) ut.Comme e I'ai dj mentionn, ieux o 'ai dormi n'a pas ,c'est--direqu'il n'a pas rouv a structure ouvant aire 'ceuvreeten < faciliter>>'criture3.Sanspour autantabandonnere projet, Perecn'ajamais proprementparler dpass e stade du travail prparatoire t lesquelques extespublis de son vivant sont les seuls ayantrellementtmens termeu.Ne demeurent ans e dossierd'archiveque des bauches tdesesquisses e textualisation,oit : quelques ssais e miseen textesurdesfeuilles de format divers, de mme qu'un ensemble de dix esquissesrdactionnelles,yant outest rdiges ur despetitsbristolsquadrillsde12,5cm x 7,5 cm et datesde 1970 et de 1972.Un de ces bristols se litcommesuit sur sesdeux facess

TROPEA 65ItalieAot 1965C'est une maison ouepar les GetzleravecNous et Babette+ une de sesamies.Nous sommes5 adultes 6 avecGrardW qui reste8 ours) et 2 enfants.La plagees tassezoin, trsbelle, out en bas.La chambreestgrande.

t Laplupart de cesplansse rouventdansdeuxpetitscarnetsgrenats e l0 x 12,5 cm,mais l y ena aussiqu i fontpartiedesesquissesdactionnelles.2 Pietre Lusson,GeorgesPerecet JacquesRoubaud,Petit Trait nvitunt l'url subtil(u go, ChristianBourgois, 969,p. I 3.' Ces expressions ont de Barthes. l les utilise dans un article sur Proust, < aprend>>,Magazine ittruire, n" 144,1979,p.26-274 Il s'agit de la charnbrede Rock (Cornouailles)dcrite dans Espc:esl'espuces,op. c'it.,p.32-34, des chambres e Blvy, Nivilliers et Enghiendcrites ans< Troischambres etrouves>>, es lr{ouvellesittr'aires, no 2612, 24 novembre 1977, extequi a t repris dans Penser/Classer,Hachette,coll. ,p.25-29, et du dortoir d'un voyage?ux sportsd'hiver dans un texte ntitul < Unerdaction ),Le l,{ouvel bservqteur, - 737 23 au 29 dcembre1978,p. 60-6 .5Fonds rivGeorges erec ' 48, 6,2,14+roet fo 48,,6,2, 4+vo.Un fac-simil e cebristol est reproduitdans JacquesNeefs et Hans Hartje, GeorgesPerec. muges,LeSeuil,1993, . 66.

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Daniel le CoNs"rANTtNGd [grand] i t au rnil iuu. arrelage,olets ernrs eause e a chaleirrDessind'un plande a chanrbre.Nous noLls tttendorlsssez ien esuns csautres.. le is tte [toutel a Recherche. e 1is uea.VoyagealleravecG. sanss'arrter sauf- uelques euresa l ' ." nuit prsduMt Blanc e tunneltant nr la nuit).Retouren train.Pnible.Le levcr du our. Cat bon et chauddansdes petitestasses Pise.La rnrede P.estmalade"Les choses" ublicics t trouves u retour.J'ai peine ravaill"un peu Un Hornmeclui dort (dt fdont] le titrc es t audbutde Proust)23hDimancheRuede Seine 3 9.70Cotnme on voit, cette brve esquisse, compclse surtollt cle phrasesbrr'es et d'noncs noyaLrx, russit tout de mme montrer comnrent, part ir de l'vocation d'un l icu prcis, Perec met en branle Ltne mac'hincrtrttrtot"iali,snrant les scnarios de micro-rcits autobiographiques. Ainsi.quand Perec affirme dans Espcts d'es;socesque la charrrbre fonctionne chezlui (( comme une madeleine proustienne ), i l ne faut pas comprendre qu' i lpartage avec Proust la problrlat ique de la crit ique de I ' intell igence et unecroyance en I'hgmonie cle a mrnoire involontaire, mais bien plutt que lachambre perecquienne,comrne la tbrme en expansion de la coquil le Saint-Jacquesqui moule le petit gteau,ressuscitepar rntonymie tout le contexte

spatio-tc-ff lporel, l louant I 'ouvefture des rcits bien au-del des limites de lachambre remmore et perrnettant Perec de recueillir une suite de rnicro-souvellirs sur les choseset les gens de son pass.La lecture de I 'ensemble des escluisses t des bauchesde mme quedes cluelques cxtes publis nrettentcependantbien en vidence que ds lorsque se mettent en place les piges de l 'cri ture, la mmoire perecquienneperd son exaltation proustienne. Mrne si des vnement irnportants etessentiels sont parfois voqus, le rsultat du travail mmoriel accumulesurtout des bribes de souvenirs, des fragrnents du pass,des dtails anodins,fugaces,banalset, du coup. part icipe une pratiquc de l'criture du quotidienque Perec a nornrn r.Qui plus est, les souvenirs silntsouvent irnparfaits., ncornplets et leur exactitude est parfois remisc enquestion par des points d' interrogation;de mrne, e discours uti l is pour ellrenclre cornpte est fiquemment modalis pa r I'utilisation d'expressionscolnme (( sans doute >, >, il me semble >> , je crois >>, >.


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Perec et Proust : le travail de lq mmoiretre banalise a confidenceque c'est au cours de ce mme t qu'il < adcidde devenircrivain ) :

Les souvenirss'accrochent l'troitessede ce lit, l'troitessede cettecharnbre, l'cret enacede ce th trop fort et trop froid: cet t-l, 'ai budespinks,, asadesde gin agrmentes 'une goutte d'angustura, 'a i flirt,plutt infructueusement,avec la f lle d'un fllateur rcemment rentrd'Alexandrie,'ai dcidde devenircrivain,e me suisacharn ouer, surdesharntoniums e campagne,e seulai r que 'ai jamais russi apprendreles 54 premires otes la main droite, a gauche enonante plus souvent suivre d'un prludede Jean-Sbastienach...rSi, travers le travail de l'criture, les chambres de Proust seremplissentau point d'aboutir une reprsentation 'une mermoireexcessive,

dbordante, prolifrante, celles de Perec, par contraste, semblent tmoignerd'un chec de la rnmoire. J.-8. Pontalis (avec qlli Perec a fait unepsychanalyse de 197 1975) crit dans L'Amour des commencements ausujet de Pierre G. (pseudonyme qu i ne russit pas cacher le fait qu'il parlevidemment de Perec) :LeschambresePierre pluse lesvoyais e emplir 'objets, lusellesmeparaissaientides;plus a topographiee faisait rcise, luss'tendaitedsert;plusa carte epeuplaitenoms, luselletaitmuette.l n'y avai t quedes eliques,l n'y avaitpersonne....]La mrede Pierreavaitdisparu ansune chambre gaz.Sous outes eschambresidesqu'il n'en inissait asde remplir, l y avaitcette hambre-l.Sousous es oms,esans oln.Sousoutes es eliqLles,nemre erduesansaissera moindrerace.2 l'origine deschambres e Proust, l y a le souvenir e la prsencematernelle les premires ersionsde la rveriedes chambres voilentuntissu densede souvenirspersonnelset, dans un moment autobiographiquevite abandonn, roustse rappellecertaines hambresde son enfance,dontune chambreen Bretagneo, parce que souffrant,, 993, . 17.t tb d.

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f)an el c Coxs'rAN'rIdormi c1u'il e souvient eschanrbres e sonpass ( I 'exception e fcetleslde [sa] premire enfance ), c'est encore vers ce nranque bndateurqu'ilpointediscrtement.omme e suggreMarthcCoppel-Batsch

[Pour Proustcortme pour Perec,]a cration rouve a source ansce qui aexistet n'existeamaispluspoureux : un petitgaron vecsa mamanet toutcequi en rsulte.Cette sourcees t pour Proust rs sensuelle, lcine cl'odeurs t de couleurs.,inrprgne e touteunepalette 'rtrotions ui nousrnerveille ar sarichc-sse,sa subtilitet par I'ar1qui perrnet Proust lenous es airepartager.Pour Perec,c coursde I'histtlirea tpluscruelcar l I 'a rendutranger lui-tnme, au petit garon qu'il tait, le sparantdes originescharnellesdesmotiouset donuaut lece fait une placeprioritarre ux motset aux eux clc apense.rDans le mme ordre d'ide, galernent dans une perspective psycha-nalytique, Claude Burgelin crit :IPerec] resteraorphelin d'une mmoire nratriciellenidif iante,celle cluicontribue i crer ulle substance e I' int ime. donner aux sensations tmotionscouleurs t onrbres. e Perec onstructeur 'appartemeut e Lt t l/ienttxle d'entploi btit Lul lieu sunnarqude traces de nrmoiresocialise,nurnrables,ndexables.Une nrrnoiredu ct de ce qui fit ordre,classentent u loi. Alors que Proust dploie longuenrentune rnnroireenvelopllc e signesuraternels ui, par l mrne,devientsource nfinie derntaphores t de liaisons, out au bonheurd'arriver noncer 'innonablede la sensation, erec este iv une mnroire e cartographe sche, ira-t-on - ernplie I 'envi de cesnoncs u'a nrposse savoir ocialis t qui ltrntle fbnds des dictionnaires.Mais cettegographie ux reler,s rratiques,l latransfbrme ll espaceudique, etrouvant insi,dans es cux obsessionnelstchahuteursvec esouti lsde mrnoire, luelquehose l 'Ltne nfance.2En guise clecouclusion, e clirai que le travail pr-rdactionnelpour leprojet Lieux o i'cti clormi, avec ses outils aicle-rnmoire comme la listeinventaire et les plans topographiques, suggre la pratique d'une mrnoire

art if icie le, une


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Perecet Proust : le travail de la mmoiret...]. IL']orientationperecquiennenflchit donc sensiblementa pratiquetraditionnelle. >'Ainsi, il n'est pas exagrd'affirmer que Perecparticipeaux recherches ur les formes ittraires esnouveauxartsde la mmoire.AI'intrieurd'un projet autobiographiquee dessinant u f,il des annessurfond d'une absence nitiale de souvenirs,Perec reprend son compteI'expriencede la remmorationdes chambresdes premirespagesde LaRechercheafin. ustement,de se recrerune mmoireet de reconquriruneidentitpersonnelle ar et dans e travail de l'criture.

t, Rhtorique cJe la contrain te. Georges Perec'Editions InterUniversitaires/Eurdit, 1999, p. 242.

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L' Oul po , Saint-Pierre-du-Mont,

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