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REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE
MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
UNIVERSITE D’ORAN
FACULTE DES SCIENCESDEPARTEMENT DE CHIMIE
THESE DE DOCTORAT
Présentée par
Mr Ahmed Soufiane BENOSMAN
Pour obtenir le titre de
DOCTEUR EN SCIENCESOption : Chimie des Polymères
Intitulée
Performances Mécaniques et Durabilitédes Matériaux Cimentaires
Modifiés par Ajout de Polymère (PET)
Président : M. BELBACHIR Professeur ; Université d’Oran.
Directeur de thèse : H. TAIBI Professeur ; Université d’Oran.Co-Directeur de thèse: M. MOULI Maître de Conférences “A“ ; ENSET d’Oran.
Examinateurs : M. BELHADJI Professeur ; Université d’Oran.H. KHELAFI Professeur ; Université Mohamed Boudiaf
d’Oran.A. MAHI Maître de Conférences “A“ ; Université
Mohamed Boudiaf d’Oran.
Année Universitaire : 2010-2011
Je dédie cet humble travail à :
La mémoire de ma grande mère,Mes très chers parents qui m’ont soutenu et encouragédurant toute ma scolarité,Mon très cher grand père,Mes chers frères, cousins et cousines,Ma famille,Mes professeurs,
Ainsi que tous mes amis.
BENOSMAN AHMED SOUFIANE
Remerciements
Ce travail a été réalisé en collaboration entre deux laboratoires. Le laboratoire de
chimie des polymères LCP à l’Université d’Oran et le laboratoire de matériaux LABMAT du
département de génie civil de l’Ecole Normale Supérieure d’Enseignement Technique
ENSET.
Nous nous faisons un devoir d’exprimer notre profonde reconnaissance à Monsieur le
Professeur M. BELBACHIR, Directeur du Laboratoire de Chimie des Polymères LCP à
l’université D’Es-Sénia Oran, qui nous fait le grand honneur de présider le jury de notre thèse.
Nous adressons nos plus vifs remerciements à Monsieur le Professeur H. TAIBI, du
laboratoire de chimie des polymères (LCP) Université d’Es-Sénia Oran, de s’être occupé,
voire préoccuper, de moi, de l’avancement de mon travail, de mes présentations orales et
écrites. Je le remercie aussi de ses nombreux conseils, toujours avisés et fort utiles, qui ont
sans doute été indispensables au bon accomplissement de ce travail.
Que Monsieur M. MOULI, Maître de conférences à l’Ecole Normale Supérieure
d’Enseignement Technique au département de génie civil trouve ici l’expression de notre vive
reconnaissance pour la bienveillance avec laquelle il a dirigé notre recherche sans cesser de
nous prodiguer conseils et encouragements. Il a su m’orienter et me conseiller ce qui m’a
permis d’aller plus loin et de progresser tout au long de ce travail. Qu’il trouve ici
l’expression de toute ma gratitude pour sa grande disponibilité.
Mes remerciements vont également à Monsieur M. BELHADJI, Professeur au
département de physique, Monsieur H. KHELAFI, Professeur à l’USTMB d’Oran et
Monsieur A. MAHI, Maître de conférences à l’USTMB d’Oran qui ont bien voulu se donner
la peine d’analyser le document qui leurs était confié.
Je remercie vivement Monsieur le Professeur Yoshihiko OHAMA du département
d’architecture, Ecole de génie civil, Université de Nihon, Koriyama, Fukushima-ken, Japon,
qui m’a fourni en documentations spécialisées. Ce qui m’a aidé à relancer mon travail.
Mes remerciements vont aussi à tous les membres du laboratoire et techniciens, qui ont
participé indirectement ou directement au bon déroulement des différentes méthodes
d’analyse et de caractérisation de nos matériaux à savoir :
- Laboratoire de chimie des polymères LCP, Université d’Oran ;
- Laboratoire de matériaux LABMAT du département de génie civil, ENSET d’Oran ;
Remerciements
- Le Laboratoire Universitaire des Sciences Appliquées de Cherbourg, LUSAC EA 2607,
Cherbourg Octeville, Université de Caen Basse Normandie; France ;
- Laboratoire Matériaux et Durabilité des Constructions LMDC, INSA de Toulouse,
France ;
- Laboratoire de Chimie Organique Physique et Macromoléculaire, Université de Djillali
Liabes (Sidi Belabbes) ;
- Laboratoire de Chimie Organique, Université d’Es-Sénia, Oran ;
- Laboratoire de Chimie des Matériaux, IGMOran ;
- Laboratoire de Microscopie Electronique et des Sciences des Matériaux, Université
USTOran ;
- Laboratoire de l’Environnement et de Climatologie, Université d’Es-Sénia, Oran.
Je tiens à remercie aussi, Monsieur B. BELBACHIR, chargé de cours à l’université
d’Oran, laboratoire de chimie des polymères LCP et Monsieur L. LAOUFI chargé de cours à
l’université de Mascara.
Toute ma reconnaissance à Monsieur Y. SENHADJI, Enseignant à l’université de
Mascara et membre dans le laboratoire de Matériaux au département de génie civil (ENSET).
Je tiens spécialement à le remercier pour sa disponibilité, pour sa patience et pour sa
motivation. Je tiens à remercier Monsieur R. ZOUBIRI, Ingénieur d’état (ENSET), et
Monsieur B. HADJ HASSAN, Ingénieur d’état au laboratoire de Géomatériaux du
département de génie civil (U.S.T.O) de leurs précieuses aides.
Je tiens spécialement à remercier mes collègues A. AIT AMER et M. BENADDA
pour leurs gentillesses et leurs motivations. Un grand merci aussi pour mes amis : I.
BEHLOULI, A. ADDOU, SAKHRI, M. OMRANE, M. El’BAR, M. BERRAYAH, R.
CHIHAOUI et A. MOULAY-ALI.
Enfin, tous mes remerciements vont à ceux qui, de près ou de loin m’ont apporté leur
aide. Je pense bien évidemment à tous mes collègues de l’ENSET, et plus particulièrement
ceux qui se sont montrés disponibles jusqu’au dernier moment, à ce sujet merci à Mrs R.
ZOUBIRI, Boumediene, Madame Fatiha et Mr Meknaci. Et je ne peux oublier mes collègues
de promotion.
Sommaire i
SOMMAIRE
Liste des abréviations et symboles ………………………………………………….. ALes Normes des Essais ……………………………………………………………… BIntroduction générale ……………………………………………………………... 1
Chapitre IRappels bibliographiques sur les
matériaux cimentairesI.1. Historique ……………………………………………………………………... 5I.2. Les constituants ……………………………………………………………….. 6
I.2.1. Le ciment Portland artificiel …………………………………………… 6I.2.2. Différents ajouts cimentaires …………………………………………... 10I.2.3. Les granulats …………………………………………………………… 13I.2.4. L’eau ........................................................................................................ 14
I.3. Hydratation du ciment Portland artificiel …………………………………….... 15I.3.1. Les mécanismes élémentaires d’action de l’eau ……………………….. 16I.3.2. Réactions d’hydratation ……………………………………………….. 17I.3.3. Formation et microstructure des hydrates ……………………………… 20
I.4. Hydratation des ciments Pouzzolaniques ……………………………………... 27I.5. Origines de la résistance mécanique de la pâte de ciment durcie ……………... 29
I.5.1. Développement des propriétés mécaniques ……………………………. 31I.6. La notion de degré d’hydratation ……………………………………………... 32I.7. La cimenterie en Algérie ……………………………………………………… 32I.8. Recherche et développement dans la conception et l’application des
Composites de Béton-Polymère (Concrete-Polymer Composites « C-PC ») .... 33I.8.1. Généralités ……………………………………………………………... 33I.8.2. L’importance des polymères dans l’industrie de construction du
Bâtiment ……………………………………………………………….. 36I.8.3. Développement des composites ………………………………………. 37I.8.4. Mise en œuvre …………………………………………………………. 39I.8.5. Influence du polymère sur la microstructure (Cas des latex) ………….. 40
I.9. Durabilité des matériaux polyphasés : attaques chimiques par différentsmilieux agressifs ……………………………………………………………... 42I.9.1. Généralités ……………………………………………………………. 42I.9.2. Attaque chimique par différents milieux agressifs …………………… 43I.9.3. Attaque chimique des matériaux polyphasés par les solutions acides … 44I.9.3.1.L’application d’ouvrage durable en Composites de Béton-Polymère:
Moyens de prévention ………………………………………………….. 47I.9.4. Mécanisme d’attaque par les acides ………………………………….. 50
I.10. Pénétration des Chlorures – Corrosion des Armatures……………………….. 54
Sommaire ii
I.10.1. Introduction …………………………………………………………… 54I.10.2. Les Chlorures : Un Important Facteur De Risque…………………….. 55I.10.2.1 Environnement Favorable : Les Milieux Marins et Routiers………... 55I.10.2.2. Différents Types D'exposition à Considérer ………………………... 55I.10.3. Des Facteurs D'influence Nombreux et Variables…………………….. 56I.10.4. Comment Prédire Les Dégradations ?.................................................... 56I.10.5. Mécanisme de l’attaque par les chlorures……………………………... 57
I.10.5.1. Le type d’environnement …………………………………... 57I.10.5.2. les paramètres de formulation du béton ……………………. 58I.10.5.3. Interactions physiques ……………………………………... 58I.10.5.4. Interactions chimiques ……………………………………... 59
I.10.6. Influence de la nature du liant et additions minérales ou organiquessur le coefficient de diffusion des chlorures ………………………….. 60
I.11. Actions des Solutions Sulfatiques …………………………………………….. 66I-11.1. Attaque par les sulfates externes ……………………………………... 67I-11.2. Attaque par les sulfates internes ……………………………………… 73I-11.3. Autre forme d’Attaque par les sulfates ……………………………….. 73I.11.4. Influence des additions organiques sur l’attaque sulfatique ………….. 75
I. 12. Objectifs ……………………………………………………………………... 79Références bibliographiques (Chapitre I)……………………………………………. 81
Chapitre IIÉlaboration et caractérisation
Des composites Mortier-Polymère
II.1. Introduction …………………………………………………………………... 90II.2. Elaboration des matériaux cimentaires ………………………………………... 91
II.2.1. Analyse granulométrique …………………………………………….. 91II.2.2. Essais sur mortiers …………………………………………………… 92II.2.3. Caractérisation mécanique des mortiers ……………………………... 94II.2.4. Résultats des essais mécaniques de compression des différents
mortiers ………………………………………………………………. 96II.3. Elaboration et étude des comportements mécaniques des composites
Mortier-Polymère …………………………………………………………….. 98II.3.1. Caractéristiques physico-chimiques du polytéréphtalate
d’éthylène utilisé …………………………………………………….. 98II.3.2. Caractéristiques physico-chimiques du sable concassé utilisé ………. 98II.3.3. Elaboration et mise en œuvre des éprouvettes ……………………… 100
II.4. Résultats expérimentaux et analyse des essais mécaniques ………………….. 103II.4.1. Etude de la variation de la résistance mécanique entre 3 et 360 jours
des différents matériaux ……………………………………………... 104II.5. Caractérisation microstructurale des mortiers et/ou composites Mortier-
Polymère à l’état durci ………………………………………………………. 117II. 5.1. Préparations des échantillons (IRTF, DRX, ATG et ATD) …………. 117II.5.2. Spectrométrie infrarouge (IRTF) …………………………………….. 117II.5.3. Diffraction des rayons X (DRX) …………………………………….. 125II.5.4. La microscopie électronique à balayage (MEB) …………………….. 132II.5.5. La microscopie optique (MOP) ……………………………………… 137II.5.6. L’analyse thermique (ATG/ATD) …………………………………… 138
Sommaire iii
Chapitre IIIDurabilité des matériaux
Composites Mortier-Polymère(Les Attaques Acides et Basiques)
III.1. Introduction …………………………………………………………………. 144III.2. Essai de durabilité (les acides et la base) ……………………………………. 145
III.2.1. Attaques chimiques des mortiers et/ou composites mortier-polymère 145III.3. Résultats des essais de durabilité et discussion ……………………………… 147
III.3.1. Attaques des mortiers et/ou composites par différentes types desolution acides et basique ……………………………………………. 147
III.4. Caractérisation par diffraction des rayons X de l’attaque superficielle demortier et/ou composite mortier-polymère ………………………………….. 155III.4.1 Diffraction X de la matrice cimentaire par les attaques acides……….. 155III.4.2 L’analyse IRTF de la matrice cimentaire par les attaques acides…….. 158
III.5. L’influence de l’ajout polymère sur la résistivité des mortiers vis-à-vis d’unechimique d’acide chlorhydrique (HCl)………………………………………. 160III.5.1. Conditions Expérimentales ………………………………………….. 161III.5.2 Attaque des Mortiers et Composites par Différentes Concentrations
d’acide chlorhydrique HCl …………………………………………... 164III.5.3 Caractérisation mécanique des différents composites après attaque
par l’acide chlorhydrique …………………………………………….. 166III.5.4 L’examen visuel ……………………………………………………… 168
III.6. Caractérisation par diffraction des rayons X, IRTF, ATG/ATD et MEB del’attaque superficielle de mortier et/ou composite Mortier-Polymère ………. 169III.6.1. L’analyse par Diffraction X de la matrice cimentaire attaquée par
l’acide HCl à différentes concentrations …………………………….. 169III.6.2. L’analyse par IRTF de la matrice cimentaire attaquée par l’acide HCl
à différentes concentrations …………………………………………. 171III.6.3. Etude de la microstructure des mortiers par ATG/ATD …………….. 172III.6.4. Etude de la microstructure des mortiers par MEB …………………... 175
Références bibliographiques ( Chapitres II & III) …………………………………... 178
Chapitre IVDurabilité des matériaux
Composites Mortier-Polymère(Attaque par les chlorures)
IV.1. Introduction ………………………………………………………………… 183IV.2. Essai de durabilité (Ions chlorures) …………………………………............ 184
IV.2.1. Formulation des mortiers /ou composite Mortier- Polymère ………. 184IV.2.2. L’absorption ………………………………………………………... 186IV.2.3. Résultat de l’essai d’absorptivité …………………………………... 187
IV.3. Essai de pénétration rapide d’ions chlores (Rapid Chloride Penetration Test)(RCPT) ………………………………………………………………………. 188
IV.4. Essai d’immersion totale (Full Immersion Test) (FIT) ……………………… 192
Sommaire iv
IV.4.1. Test de pénétration d’ion chlorure ………………………………….. 192IV.4.2. Résultats et discussion ……………………………………………… 194
IV.5. Variation de la perte de masse en fonction du temps 199IV.5.1 Essai d’attaque par les chlores ……………………………………… 199IV.5.2. Suivi de l’évolution de masse (Chlorure de sodium NaCl)…………. 200
IV.6. Caractérisation par diffraction des rayons X et MEB/EDS de l’attaquesuperficielle de mortier et/ou composite mortier-polymère …………………. 202IV.6.1. Diffraction X de la matrice cimentaire par l’attaque d’ions
chlorure ……………………………………………………………... 202IV.6.2. Etude de la microstructure des mortiers par le MEB/EDS …………. 206
Chapitre VDurabilité des matériaux
Composites Mortier-Polymère(Attaque par les sulfates)
V.1. Introduction ………………………………………………………………….. 210V.2. Essai de durabilité (sulfates) ………………………………………………… 211
V.2.1. Formulation des mortiers /ou composite Mortier- Polymère ……….. 212V.2.2. L’absorption ………………………………………………………… 212
V.3. Attaque par les sulfates ……………………………………………………… 214V.4. L’action des solutions sulfatiques …………………………………………… 216
V.4.1. Suivi de l’évolution de masse ………………………………………. 216V.4.2 Evaluation de la résistance à la compression ……………………….. 222V.4.3. Les taux de variation « λ » et « K » ………………………………… 222V.4.4. L’examen visuel …………………………………………………….. 227
V.5. Caractérisation microstructurale de l’attaque superficielle de mortier et/oucomposite mortier-polymère par les sulfates ………………………………... 229V.5.1. Diffraction X de l’attaque sulfatique………………………………….. 229V.5.2. Etude de la microstructure des mortiers par le MEB/EDS …………… 232V.5.3. Etude de la microstructure des mortiers par IRTF …………………… 236V.5.4. Etude de la microstructure des mortiers par DSC ……………………. 239
Références bibliographiques ( Chapitres IV & V) …………………………………... 244Conclusion générale ………………………………………………………………... 249
Techniques D’analyses ……………………………………………………………… 252
Liste des abréviations et symboles A
ASTM
CPA
CPJ
C-S-H
HCl
H2SO4
CH3COOH
NaOH
NaCl
Na2SO4
MgSO4
C3S
C2S
C3A
C4AF
CaO
MgO
CaCO3
Ca(OH)2, (CH)
CaSO4.2H2O
DRX
IRTF
DTA
ATG
MEB
MOP
PET
NF EN
: American society for testing and materials
: Ciment Portland artificiel
: Ciment portland avec ajout minéral
: Silicates de calcium hydratés
: Acide chlorhydrique
: Acide sulfurique
: Acide acétique
: Hydroxyde de sodium
: Chlorure de sodium
: Sulfate de sodium
: Sulfate de magnésium
: Silicate tricalcique
: Silicate bicalcique
: Aluminate tricalcique
: Alumino-ferrite tétracalcique
: Chaux libre
: Oxyde de magnésium
: Calcite
: Hydroxyde de calcium (Portlandite)
: Gypse
: Diffraction des rayons X
: Spectrométrie infrarouge
: Analyse thermique différentielle
: Analyse thermogravimétrique
: Microscope à balayage électronique
: Microscopie Optique
: Polytéréphtalate d’éthylène
: Méthodes d’essais des ciments
Normes des essais B
Les Normes des Essais
NF EN 196-1. - Méthodes d'essais des ciments. - Détermination des résistances mécaniques(indice de classement: P15471) CEN, 1995.
NF EN 196-2. - Méthodes d'essais des ciments. - Analyse chimique des ciments (indice declassement:P15472).
NF EN 196-3. - Méthodes d'essais des ciments. - Détermination du temps de prise et destabilité (indice de classement: P15473), CEN, 1995.
NF P 15-403. - (juillet 1963). - Technique des essais. - Sable normal et mortier normal(homologuée le 31 juillet 1963).
NF P 15-413. - (août 1960). - Technique des essais. - Moules pour éprouvettes prismatiqueset accessoires (homologuée le 31 août 1960).
NF P 15-451. - (juillet 1963). - Technique des essais. - Essais mécaniques. - Flexion etcompression (homologuée le 31 juillet 1963).
NF P 15-411.- (août 1960). - Technique des essais. - Malaxeur (homologuée le 31 août 1960).
ASTM C 267-96. - Standard Test Methods for Chemical Resistance of Mortars, Grouts, andMonolithic Surfacing and Polymer Concretes, Annual Book of ASTM Standards, AmericanSociety for Testing and Structures, June 1996.
NA 442. - Norme Algérienne, Liants hydraulique- Ciments courants : Composition,spécifications et critère de conformité, IANOR, Alger, 30p, 2000.
UNI 7928. - Concrete-Determination of the Ion Chloride Penetration. Ente Nazionale ItalianoDi Unificazione - UNI, Milano, piazza A. Diaz, 2, (December 1978).
JIS A 1171 (E). - Test methods for Polymer-Modified Mortar.Japanese Industrial Standard(JIS) 2000.
ASTM C 1202-97. - Standard Test Methods for Electrical Indication of Concrete’s Ability toResist Chloride Ion Penetration, Annual Book of ASTM Standards, American Society forTesting and Structures, 1997. Vol. 04.02, pp. 646-51, 2001.
ASTM C1012-04. - Standard Test Method for Length Change of Hydraulic-Cement MortarsExposed to a Sulfate Solution. Annual Book of ASTM Standards, American Society forTesting and Structures, 2004.
Introduction Générale
1
INTRODUCTION GENERALE
Le développement des composites Mortier-Polymère a pour origine certains besoins
exprimés par les professionnels du bâtiment et des travaux publics. Ces matériaux sont utilisés
le plus souvent dans des travaux de second œuvre tels les enduits de façades, les colles
carrelages ou revêtements d’étanchéité ; ils sont aussi utilisés dans le domaine des travaux
publics comme produits de réparation d’ouvrages d’arts, et dans certaines applications
routières. En définitive on cherche un matériau de faible coût, de mise en œuvre simple, et
possédant une meilleure tenue en service par rapport à un mortier standard. Il doit posséder
par ailleurs de bonnes propriétés d’adhésion ainsi qu’une résistance accrue aux agressions de
l’environnement et en particulier une isolation des parois à l’humidité.
Cependant, alors que des nouvelles générations de polymère sont en cours de
développement, les mécanismes responsables de l’évolution du comportement mécanique de
ces matériaux en fonction de leur teneur en polymère sont assez mal connus. Le souci des
professionnels dans le domaine des matériaux de construction est d’améliorer les propriétés
induites par l’ajout de différents polymères et parfois de l’adapter à une application
particulière. Pour cela, la démarche adoptée consiste à identifier le rôle et les effets induits par
la présence de cette phase.
La durabilité des ouvrages en béton est une caractéristique très importante, car c’est la
garantie d’une sécurité et d’une durée de service accrues de ces ouvrages. Cette durabilité garantie
aussi une économie considérable sur le long terme, car de tels ouvrages nécessiteront peu ou pas
de réparations, d’où une économie de coûts induits par des réparations, qui peuvent être très
élevés, et peuvent même dépasser les coûts initiaux de construction. L’élaboration de tels
ouvrages doit passer obligatoirement par la maîtrise et la compréhension des facteurs affectant
leur durabilité. Cette connaissance permettra de situer les causes pour pouvoir proposer des
solutions de prévention adaptées lors de la conception. D’autre part, elle permettra en cas de
dégradations, de faire un diagnostic correct pour pouvoir réparerdurablement.
En vue d’appréhender l’influence du polymère sur le comportement mécanique des
matériaux cimentaires, une première étude expérimentale a été menée sur un mortier ordinaire
substitué de différents teneurs en polytéréphtalate d’éthylène (PET) dont nous avons effectuer
Introduction Générale
2
des essais mécaniques telles la résistance à la compression et la traction par flexion trois
points. Ces essais ont été définis dans le but d’appréhender leur caractère endommageable. La
détermination des caractéristiques mécaniques à long terme de ces mortiers et/ou composites
Mortier-Polymère semble confirmer les effets de la propriété du polytéréphtalate d’éthylène
(PET).
Afin d'arriver à des conclusions pratiquement exploitables, il a été nécessaire de
réaliser des analyses d'identification microstructurale telles que l’utilisation de la
spectrométrie IRTF, la diffraction aux rayons X, la microscopie électronique à balayage
(M.E.B), la microscopie optique (M.O.P), l’analyse thermique différentielle ATD ainsi que
l’analyse thermogravimétrique (ATG). Après avoir analysé le comportement mécanique de
nos matériaux, et en vue d’améliorer la durabilité de ces composites, on a évalué l’influence
de l’ajout du polymère (PET) sur les caractéristiques de ces derniers vis-à-vis des milieux
agressifs et on a essayé d’apporter une meilleure compréhension concernant les réactions
chimiques responsables du ralentissement de la dégradation.
Pour cela, on a réalisé un programme expérimental basé sur les mesures de l’évolution
des caractéristiques mécaniques instantanées de plusieurs compositions de mortier et/ou
composites Mortier-Polymère 1/3. Ces derniers sont conservés à la température de 20°C ±
2°C. La démarche suivie est décrite ci-dessous.
Nous présentons dans le premier chapitre de ce travail, des éléments de bibliographie
sur les matériaux cimentaires : composition (limités aux seuls constituants employés dans
cette étude), hydratation, structure à l’état durci, particularités des composites de Béton-
Polymère et durabilité des matériaux polyphasés : attaques chimiques par différents milieux
agressifs.
Le deuxième chapitre est consacré aux méthodes d’essais pour la mise en œuvre de
mortier et/ou des composites Mortier-Polymère, puis aux choix et à la description des modes
opératoires employés, ensuite à la présentation des résultats et discussion d’essais mécaniques
telles la résistance à la compression et à la traction par flexion trois points. Enfin, l’analyse
d'identification microstructurale des matériaux polyphasés par l’utilisation de la spectrométrie
IRTF, la diffraction aux rayons X, la microscopie électronique à balayage (M.E.B) la
microscopie optique (M.O.P), l’analyse thermique différentielle ATD et l’analyse
thermogravimétrique (ATG).
Le troisième chapitre de ce travail, présente l’étude du comportement des mortiers
et/ou des composites Mortier-Polymère vis-à-vis des différents milieux agressifs tels que les
Introduction Générale
3
acides forts, faibles et la solution basique pour une même concentration. Enfin, l’évolution
des résistances mécaniques des divers spécimens est suivie avant et après attaque chimique
par différentes concentrations d’acide chlorhydrique. L’identification microstructurale des
matériaux ayant subit une attaque chimique ont été suivi par diffraction aux rayons X, la
spectrométrie IRTF, l’analyse thermique simultanée, qui comprend une analyse
thermogravimétrique (ATG) et une analyse thermique différentielle (ATD) ainsi que la
microscopie électronique à balayage.
Le quatrième chapitre présente l’étude du comportement des mortiers et/ou des
composites Mortier-Polymère vis-à-vis de la pénétration des ions chlorures (Cl-) selon les
deux types d’essai suivants :
Essai d’immersion totale (FIT),
Essai de pénétration rapide d’ions chlores (RCPT).
L’identification microstructurale des matériaux ayant subit une altération chimique ont
été suivi par diffraction aux rayons X et par la microscopie électronique MEB avec
l’association de l’analyse dispersive EDS.
Quant au cinquième chapitre, il présente l’étude du comportement des mortiers et/ou
des composites Mortier-Polymère vis-à-vis des attaques sulfatiques Na2SO4 et MgSO4.
L’identification microstructurale des matériaux ayant subit une détérioration chimique ont été
suivi par la diffraction des rayons X, la spectroscopie infrarouge (IRTF), la microscopie
électronique MEB avec l’association de l’analyse dispersive EDS et la calorimétrie
différentielle à balayage DSC.
Enfin, nous clôturons ce travail par des conclusions générales, et nous y rappelons les
principaux résultats obtenus et la complémentarité entre les différents sujets abordés, en
ouvrant la perspective de nouvelles études.
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
4
Chapitre I
Rappels bibliographiques sur lesmatériaux cimentaires
L’objet de ce chapitre est de faire une synthèse des connaissances sur les matériaux à
base de ciment Portland hydraté qui soit suffisante à la compréhension des analyses
proposées dans cette étude. Peut-être que certaines généralités sur la chimie de l’hydratation
ou la structure du gel CSH vont un peu au delà de ce qui nous est nécessaire. Elles sont
cependant utiles à la compréhension de l’ensemble des phénomènes qui nous intéressent.
On présente dans la première partie certains constituants des matériaux cimentaires
que nous utilisons dans cette étude : ciment Portland artificiel, granulats, eau, pouzzolane. La
deuxième partie est consacrée à l’hydratation du ciment Portland. Il s’agit de présenter les
phénomènes qui accompagnent le durcissement progressif de la pâte de ciment, ses causes
(réactions et mécanismes de l’hydratation) et ses conséquences (prise, durcissement, etc.) On
s’intéresse ensuite à la microstructure du matériau obtenu : pâte de ciment hydraté, mortier ou
béton. Toute une partie est consacrée aux Recherches et développement dans la conception et
l’application des Composites de Béton-Polymère (Concrete-Polymer Composites « C-PC »).
Tout d’abord, leurs développements offrent une compréhension supplémentaire des matériaux
cimentaires et leurs principes ont été en partie appliqués à l’élaboration des matériaux pour
cette étude. Enfin, on présente des éléments de bibliographie sur la durabilité des matériaux
polyphasés, telle l’attaque chimique par différents milieux agressifs (acides, bases, chlorures
et sulfates).
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
5
I.1. Historique [1, 2]
Dans le domaine du génie civil, le matériau le plus utilisé dans le monde est le béton. Ce
matériau manufacturé est une association d’un squelette granulaire composé de sable et de
graviers, avec un liant hydraulique, le ciment hydraté.
Le ciment n’est pas une invention récente. Dès l’antiquité, les romains ont constaté qu’un
mélange de chaux avec des cendres volantes de Pouzzoles était capable, une fois hydraté, de
former un produit résistant et durable. Ce ciment dit pouzzolanique a servi à la construction
d’ouvrages qui, 2000 ans après, sont très bien conservés : le Panthéon à Rome, le Pont du
Gard ou le Colisée. Plus à l’ouest, les Mayas ont aussi l’idée d’utiliser un ciment à base de
chaux pour lier les pierres formant les fameux toits en fausse voûte (figure I.1).
Dès le dix-huitième siècle, des recherches ont été menées en France et en Angleterre pour
pouvoir fabriquer de la "pierre factice". John Smeaton, en 1759, conçoit, de manière
empirique, une méthode pour produire un mélange recuit d’argile et de chaux, qui a servi à la
construction du phare d’Eddystone (figure I.2). Cependant, le ciment artificiel, tel qu’on
l’utilise actuellement, a été défini par Louis Vicat en 1818. Il est issu de la cuisson d’un
mélange de 20% d’argile et de 80% de calcaire. Il prit en 1824 le nom de Ciment Portland
Artificiel après que John Apsdin eut constaté une grande ressemblance avec le calcaire de l’île
de Portland.
Le béton, et en conséquence le ciment, ont connu leur essor dès lors que le principe du
béton armé a été maîtrisé, à la fin du XIXe siècle, afin d’améliorer la résistance en traction du
matériau.
Les ciments ont un rôle essentiel dans le comportement des ouvrages en béton. Ils assurent
une fonction mécanique, car ils lient le squelette granulaire, mais ils sont aussi en grandes
parties responsables de la tenue à long terme du matériau béton, si la qualité du liant évolue
dans le temps.
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
6
Figure I.1– Voûte Maya à Uxmal, dans Figure I.2– Vue en coupe du phareLa presqu’île du Yucatan, au Mexique. d’Eddystone, conçu par John Smeatonle parement intérieur composant la en 1759, (illustration datée de 1791voûte est maintenu par les murs épais provenant de Linda Hall Library ofde pierres cimentées à la chaux. Science, Engineering & Technology).
I.2. Les constituants
I.2.1. Le ciment Portland artificiel
La base du ciment Portland [1, 2], le clinker, est fabriquée à partir d’un mélange de
calcaire et d’argile extraits de carrières, dans les proportions respectives d’environ 80/20 %.
Après extraction et concassage, ces deux roches sont mélangées, décarbonatées et
transformées lors d’une cuisson dans un four où la température atteint 1450°C. Le produit
formé, le clinker, est trempé à l’air. Les granules de clinker sont ensuite broyés finement. La
surface spécifique des grains, notée finesse, est de l’ordre de 3000 cm2 /g pour un ciment
courant et est un facteur important directement lié à la réactivité. Ce qui caractérise la
résistance du ciment hydraté.
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
7
Au clinker, base du ciment Portland, sont ajoutés du gypse (à hauteur de 3 à 5%), qui
agit comme régulateur de prise, et éventuellement d’autres constituants tels que la
pouzzolane, des fillers calcaires, de la fumée de silice, des laitiers de haut-fourneau ou des
cendres volantes, en fonction du ciment à composer. Le tableau I.2 rappelle les compositions
de ciment pour les différentes classes normalisées. En fonction des utilisations du ciment et
en particulier de l’environnement dans lequel ce ciment hydraté sera exposé, certaines classes
de ciment seront mieux adaptées. C’est le cas par exemple des ciments de type PM ES (pour
Prise Mer, Eaux Sulfatées) dans des environnements maritimes.
De par son origine (calcaire et argile), le ciment Portland est constitué de minéraux. Sa
cuisson et sa trempe conduisent à avoir quatre constituants de base, très solubles. Sa
composition minéralogique présente essentiellement des silicates de chaux et des aluminates
de chaux et de fer :
i. L’espèce majoritaire est l’alite, constituée de silicates tricalciques (3CaO.SiO2 ou
C3S), cristaux rhomboédriques de 10 à 50 m.
ii. La bélite est constituée de silicates bicalciques (2CaO.SiO2 ou C2S), cristaux arrondis
et striés un peu plus petits que C3S.
iii . Les aluminates forment une troisième phase, parfois appelée célite, placée en
interstitiel entre les silicates. Elle se compose d’aluminates tricalciques (C3A ou
3CaO.Al2O3) et d’alumino-ferrites tétracalciques (4CaO.Al2O3.Fe2O3 ou C4AF) plus
ou moins bien cristallisés.
La composition minéralogique peut être déterminée approximativement à partir de
l’analyse chimique et à l’aide des formules de Bogue (R. H.) [3]. Le tableau I.1 indique la
composition minéralogique moyenne d’un ciment Portland et les teneurs extrémales de
chacun de ses constituants.
Constituants C3S C2S C3A C4AFComposition moyenne (%) 55 23 10 12Teneurs extrémales (%) 50-75 7-30 0-18 4-20
Tableau I.1- Composition moyenne d’un ciment Portland artificiel et teneurs extrémales àchacun de ses constituants, d’après Vénuat (M.) [2].
N.B. En notation cimentière: C=Ca0, S= SiO2, H= H2O, A=Al2O3, F=Fe2O3 et S =SO3
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
8
Composition (pourcentage en masse) 1)
Constituants principaux
Cendres volantesPrincipauxTypes
Notation desproduits (types deciment courant) Clinker
K
Laitier dehaut
fourneau
S
Fumée desilice
D3)
PouzzolanesNaturelles
Z
Silicieuse
V
Calciques
W
Schistescalcinés
T
Calcaires
L
Constituantssecondaires 2)
CimentPortland CPA -CEM I 95 – 100 - - - - - - - 0-5
CPJ –CEM II/A 80 – 94CimentPortlandcomposé CPJ-CEM II/B 65-79
CHF-CEM III/A 35-64 36-655) - - - - - - 0-5
CHF-CEM III/B 20-34 66-805) - - - - - - 0-5Cimentde haut-fourneau
CLK-CEM III/C 5-19 81-95 - - - - - - 0-5
CPZ-CEM IV/A 65-90 - - - - 0-5Cimentpouzzo-lanique
CPZ-CEM IV/B 45-64 - - - - 0-5
CLC-CEM V/A 40-64 18-305) - - - - 0-5Cimentau laitier
etcendres
CLC-CEM V/B 20-39 31-505) - - - - 0-5
1).Les valeurs indiquées se réfèrent au noyau du ciment, à l’exclusion des sulfates decalcium et des additifs. à la somme des constituants principaux et secondaires.2).Les constituants secondaires peuvent être du filler ou bien un ou plus desconstituants principaux, sauf lorsque ceux-ci sont incorporés en tant que constituantsprincipaux du ciment.3). La proportion de fumées de silice est limitée à 10 % dans tous les ciments.4). La proportion de filler est limitée à 5 %.5).le fabricant est tenu à une déclaration de composition stipulant les constituantsutilisés et la proportion de chacun deux ; il s’engage à ne pas faire varier cesproportions au delà à une fourchette de 5 points. Le clinker étant aussi unconstituant. La forme et les modalités d’application de cette déclaration sont définiesdans l’annexe B de la norme NA 442 :2000.
Tableau 1.2– Classe des ciments selon la norme NA 442 : 2000 [4].
6-20 4) 5)
21-35 4) 5)
31-505)
10-355)
36-555)
18-305)
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
9
Les silicates, C3S et C2S, sont contenus dans les phases désignées respectivement par
alite et bélite. Ces phases contiennent aussi quelques impuretés sous forme d’alcalins, à
l’origine de la présence des ions Na+ et K+ dans la solution interstitielle, ou des traces de
métaux lourds. Ces derniers ont pour origine les combustibles utilisés dans le four. Quelques
études ont permis de comprendre les mécanismes de piégeage dans la matrice cimentaire ou
de relargage dans l’environnement extérieur de ces métaux lourds lors du comportement à
long terme de bétons, mortiers ou ciments, soumis à une lixiviation [5, 6]. Au clinker il est
ajouté du gypse (CaSO4 : 2H2O) et d’autres ajouts normalisés.
Le grain de ciment, obtenu par broyage du clinker, est en fait un matériau composite
constitué de silicates agglomérés et d’aluminates placés en interstitiels (figures I.3, I.4).
Le ciment Portland a des propriétés hydrauliques : il est capable de réagir avec l’eau
pour former un matériau cohésif : c’est le cas de la pâte de ciment hydraté. Cependant, Il
existe d’autres types de ciment qui différent du ciment Portland par leur composition et leurs
propriétés.
Le ciment est utilisé essentiellement comme liant de matériaux granulaires, dans le cas
de mortiers ou de bétons. On utilise le terme de liant hydraulique, lorsqu’on veut souligner
ses propriétés hydrauliques, ou liant cimentaire, pour pâte de ciment hydraté. De plus,
lorsqu’on considère un mortier ou un béton comme l’assemblage composite de granulats
noyés dans une matrice, on parle aussi de matrice cimentaire.
Figure I.3- On peut observer un grain de clinker au centre de cette micrographie, prise surune section polie de mortier au microscope optique (x500). On distingue nettement les grainsde silicates (CXS) et les aluminates (CX (A, F)) placés en interstitiels [1, 2].
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
10
Figure I.4- Section de 256µm 200µm du ciment 135 de finesse 394m2/ kg aprèsobservation au microscope électronique à balayage, analyse à la sonde EDS et retraitementinformatique. Les couleurs sont les suivantes : noir =porosité, rouge = C3S, bleu clair = C2S,vert = C3A, orange = C4AF, vert = sulfates de calcium, jaune = K2SO4 et blanc = CaO.(Image provenant du NIST Cement Images database) [7].
I.2.2. Différents ajouts cimentaires [4, 8]
a. Laitier granulé de haut fourneau (S)
Le laitier de haut fourneau est un matériau hydraulique latent, c’est-à-dire qui présente
des propriétés hydrauliques lorsqu’il a subi une activation convenable. Il est obtenu par
refroidissement rapide (trempe) de la scorie fondue provenant de la fusion du minerai de fer
dans un haut fourneau.
b. Pouzzolanes naturelles (Z)
Les pouzzolanes naturelles sont :
Des substances d’origine volcanique ou bien des roches sédimentaires ayant une
composition chimique et minéralogique appropriée;
Des argiles et des schistes activés thermiquement.
Les pouzzolanes doivent leur nom aux cendres volcaniques de la région de Pouzzoles, en
Italie, qui étaient utilisées par les Romains dans la préparation du ciment.
Les pouzzolanes naturelles ne durcissent pas par elles-mêmes lorsqu’elles sont
mélangées avec de l’eau, mais elles réagissent à température ambiante habituelle, en présence
d’eau, avec l’hydroxyde de calcium [Ca (OH)2] dissous, pour former des composés de silicate
de calcium et d’aluminate de calcium développant des résistances. Ces composés sont
semblables à ceux qui sont formés lors du durcissement des matières hydrauliques.
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
11
Si la proportion de pouzzolanes naturelles dans le ciment excède 5 % en masse
(constituant principal). Seules les pouzzolanes satisfaisant aux spécifications suivantes
doivent être utilisées.
Les pouzzolanes doivent être composées essentiellement de SiO2 réactif et de Al2O3.
La partie restante contient de l’oxyde de fer (Fe2O3) et d’autres oxydes. La proportion de CaO
réactif est négligeable. La teneur en SiO2 réactif doit être d’au moins 25 % en masse.
Les pouzzolanes naturelles doivent être convenablement préparées, c’est-à-dire
sélectionnées, homogénéisées, séchées et réduites en poudre, en fonction de leur état à la
production ou à la livraison.
Les constituants qui, par le même processus que les pouzzolanes, conduisent à la
formation d’hydrates stables, sont connus par des propriétés pouzzolaniques.
c. Cendres volantes
Si la proportion de cendres volantes dans le ciment excède 5 % en masse (constituant
principal), seules les cendres volantes satisfaisant aux spécifications suivantes doivent être
utilisées :
Les cendres volantes peuvent être de nature silico-alumineuse (Cendres volantes
siliceuses (V)) ou silico-calcaire (Cendres volantes calciques (W)). Les premières ont des
propriétés pouzzolaniques; les dernières peuvent avoir, en plus, des propriétés hydrauliques.
Les cendres volantes sont obtenues par dépoussiérage électrostatique ou mécanique de
particules pulvérulentes provenant du courant de gaz des chaudières, alimentées au charbon
pulvérisé. Les cendres obtenues par d’autres méthodes ne doivent pas être utilisées dans les
ciments conformes à la norme [4].
d. Schistes calcinés (T)
Les schistes calcinés, et en particulier les schistes bitumineux calcinés, sont produits
dans un four spécial à une température d’environ 800°C. Finement broyés, ils présentent de
fortes propriétés hydrauliques et aussi pouzzolaniques.
Du fait de la composition de la matière naturelle et du procédé de production, les
schistes calcinés contiennent des phases du clinker, principalement du silicate bicalcique et de
l’aluminate monocalcique, de même que de petites quantités de chaux libre CaO et de sulfate
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
12
de calcium, ainsi que des quantités plus importantes d’oxydes réagissant de façon
pouzzolaniques, particulièrement SiO2.
e. Calcaires (L)
Lorsqu’ils sont utilisés dans une proportion excédant 5%, en masse (consistant
principal), les calcaires doivent satisfaire aux spécifications suivantes :
teneur en calcaire CaCO3 75% en masse;
teneur en argile adsorption de bleu de méthylène 1,20 g/100g ;
teneur en matières organiques (TOC) 0,50% en masse.
f. Fumées de silice (D)
Les fumées de silice sont formées de particules sphériques très fines ayant une très
haute teneur en silice amorphe. Si la proportion de fumées de silice dans le ciment excède 3%
en masse, seules les fumées de silice satisfaisant aux spécifications suivantes doivent être
utilisées :
silice amorphe SiO2 85 % en masse. ;
perte au feu 4 % en masse ;
aire massique (BET) (non traitée) 15 m2/g.
En outre, le producteur de ciment doit être en mesure de communiquer, sur demande,
la teneur en silicium libre des fumées de silice utilisées, pour le cobroyage avec du clinker et
du gypse, la fumée de silice peut être dans état original, densifiée, ou granulée (avec de l’eau).
Les fumées de silice proviennent de la réduction de quartz de grande pureté par du
charbon dans des fours à arc électrique utilisés pour la production de silicium et d’alliages de
ferrosilicium.
g. Fillers (F)
Ce sont des constituants secondaires dans une proportion qui n’excède pas 5 % en
masse. Les fillers sont des matières minérales, naturelles ou artificielles spécialement
sélectionnées qui, après une préparation appropriée, en fonction de leur granulométrie,
améliorent les propriétés physiques des ciments (telle l’ouvrabilité ou le pouvoir de rétention
d’eau). Ils peuvent être inertes ou présenter des propriétés faiblement hydrauliques latentes ou
pouzzolaniques ; aucune exigence n’est toutefois requise à cet égard.
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
13
Les fillers doivent être préparés correctement, en fonction de leurs conditions de
production ou de livraison. Ils doivent être sélectionnés, homogénéisés, séchés et pulvérisés.
Ils ne doivent pas accroître sensiblement la demande en eau du ciment, ni diminuer en au
aucune manière la résistance du béton ou du mortier et la protection des armatures contre la
corrosion.
h. Sulfate de calcium
Le sulfate de calcium doit être ajouté en faible quantité, n’excède pas 5% en masse
aux autres constituants du ciment au cours de sa fabrication, en vue de réguler la prise.
Le sulfate de calcium peut être du gypse (sulfate de calcium dihydraté, CaSO4. 2H2O),
de l’hémihydrate (CaSO4. ½ H2O), de l’anhydrite (sulfate de calcium anhydre CaSO4), ou tout
mélange de ceux-ci. Le gypse et l’anhydrite se trouvent à l’état naturel. Le sulfate de calcium
est aussi obtenu comme sous produit de certains procédés industriels.
I.2.3. Les granulats
Ce sont les constituants « bon marché » des mortiers et des bétons. On distingue les
sable du gravier par la taille de ses grains : pour un sable, celle-ci ne dois pas excéder 6mm.
Les granulats sont de différentes natures minéralogiques : quartz, calcaires, etc. Selon qu’ils
soient plus ou moins anguleux, roulés ou concassés, ils induisent des concentrations de
contraintes plus ou moins importantes au sein du matériau.
Un sable ou un gravier utilisé en génie civil se caractérise notamment par sa courbe
granulométrique. Elle donne la distribution de la taille des granulats en pourcents de la masse
totale du tamisât. Elle est utile pour la composition de mélanges et permet de définir certains
paramètres caractéristiques de distribution : diamètre du plus petit grain (Dmin), du plus gros
(Dmax), etc. La figure I.5 présente à titre d’exemple la courbe granulométrique du sable
concassé. Il s’agit de la courbe de refus cumulés. Pour l’obtenir on fait passer le sable dans
des tamis de taille de maille de plus en plus petite. La proportion massique de sable ne passant
pas dans un tamis de taille donné (refus) donne un point de la courbe.
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
14
100 10 1 0,1 0,01 1E-3
0
20
40
60
80
100Sableconcassé
Poid
scu
mul
éen
%
Diamétre équivalent en mm
Figure I.5- Courbe granulométrique du sable concassé.
I.2.4. L’eau
Le rôle de l’eau est d’abord d’hydrater le ciment pour donner un matériau cohésif.
Elle sert aussi de lubrifiant lors de gâchage des constituants. Ainsi ajuste-t-on sa quantité afin
d’obtenir une pâte homogène et facilement « ouvrable » [2]. De par ce rôle de lubrifiant, l’eau
se trouve généralement en excès vis-à-vis de la réaction d’hydratation : On utilise
couramment des quantités d’eau de l’ordre de 0.5 en rapport massique (E/C), alors que
l’hydratation complète ne nécessiterait qu’un E/C d’environ 0.35 [9]. Ce rapport prend en
compte : les proportions stoechiométriques des réactions d’hydratations, qui indiquent que la
proportion massique d’eau liées aux hydrates correspond environ à 20% de la masse initial de
ciment, et la quantité d’eau nécessaire pour remplir l’espace interfeuillet des hydrates, soit
environ 15% d’eau libre, sans laquelle la réaction d’hydratation est incomplète.
Au cours du durcissement et à des degrés divers suivant les conditions
environnementales, l’espace occupé par cette eau non consommée fait place à de la porosité
qui pénalise la résistance mécanique. Pour améliorer cette dernière, il est donc nécessaire de
réduire la quantité d’eau introduite initialement dans la gâchée. C’est en suivant cette idée
qu’ont été développés les bétons à « hautes performances ». Mais il reste à assurer une
ouvrabilité suffisante, Pour cela, on fait recours à des adjuvants.
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
15
I.3. Hydratation du ciment Portland artificiel
L’hydratation du ciment Portland artificiel (CPA) est le résultat de l’hydratation de ses
différentes espèces minéralogiques. Ainsi, il n’existe pas de « réaction d’hydratation du
ciment Portland » à proprement parler. L’hydratation de chacune de ses espèces est déjà
quelque chose compliqué : elles comprennent toutes plusieurs réactions chimiques qui
conduisent à la formation de différentes hydrates, directement ou par recombinaison d’espèce
préalablement formées. Dans le cas du ciment, l’ensemble de ces réactions intervient
simultanément. Leur cinétique est différente et les interactions possibles entre celles-ci et les
nombreux constituants mis en jeu, font de l’hydratation du ciment un processus complexe
pouvant conduire à l’obtention d’un matériau dont la microstructure reste très complexe.
Une pâte de ciment fraîche se présente comme un système dispersé constitué d’un
réseau de particules dans une phase aqueuse, ces particules sont elles-mêmes des grains
polycristallins. A l’interface solide –liquide, les liaisons insaturées des atomes du cristal
engendrent une réactivité dont la cinétique peut être analysée. Ceci amène à dissocier
artificiellement des phénomènes divers, à savoir : l’adsorption, l’hydrolyse, la dissolution, la
solvatation et enfin la cristallisation.
Notre objectif n’est pas d’approfondir tous les aspects de ce processus mais de ne
considérer que les quatre espèces anhydres majoritaires du ciment : C2S, C3S, C3A, C4AF (cf.
I.2.1). Deux théories [9] datant de la fin du XIXme siècle permettent d’expliquer les
mécanismes physico chimiques conduisant à la réaction du ciment avec l’eau. La théorie de
Le Châtelier (1887) prône la cristallisation par des processus de dissolution/ précipitation.
Celle de Michaelis (1893) est pour une théorie d’hydratation par la science des colloïdes, les
hydrates proviennent alors d’un gel d’hydrosilicates s’enrichissant progressivement en chaux.
L’hydratation des espèces minéralogiques majoritaires du ciment est décrite à l’aide
d’équations bilan qui font la synthèse des réactions chimiques mises en jeu. Les constituants
du matériau sont ainsi clairement mis en évidence. On peut alors tenter d’aborder le
phénomène dans sa globalité, en étudiant la cinétique d’hydratation du ciment depuis le
gâchage jusqu’au durcissement. Ceci nous amène naturellement aux conséquences
macroscopiques de l’hydratation, phénomènes de prise et de retrait, établissement des
propriétés mécaniques. Enfin, on introduit la notion de degré d’hydratation, et on présente des
différentes techniques qui permettent de caractériser l’avancement de « la réaction
d’hydratation du ciment ».
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
16
I.3.1. Les mécanismes élémentaires d’action de l’eau
Ils sont divers : ce sont l’adsorption, l’hydrolyse, la dissolution, la solvatation et la
cristallisation [10].
a. L’adsorption
Phénomène physique ou chimique par fixation de l’eau sur les grains de ciment, il existe deux
types d’adsorption :
L’adsorption physique : elle résulte de l’association des forces de Van der Waals
présentant des faibles énergies. Elle ne modifie pas de façon importante l’état électronique de
la molécule absorbée. Elle est réversible et peut superposer une ou plusieurs couches de
molécules d’eau à la surface du solide.
L’adsorption chimique : elle implique un transfert ou une mise en commun
d’électrons. Les énergies peuvent être importantes et les liaisons ont un caractère plus
permanent que dans l’adsorption physique.
b. L’hydrolyse
On entend par hydrolyse, la réaction de transformation du solide et de décomposition
de l’eau. Il est à signaler que d’autres solvants peuvent être utilisés, Longuet et ses
collaborateurs [11] ont étudié la solvolyse du silicate tricalcique dans le glycol.
c. La dissolution
Ainsi nomme-t-on le processus de changement d’état du solide ionique (ciment) en
présence d’un solvant (eau). Dans les réseaux cristallins des solides ioniques, la position des
atomes dépend des résultantes des forces d’attraction ou de répulsion des ions avoisinants.
Ces ions empilés constituent un édifice cristallin très stable. La dissolution entraîne une
rupture des liaisons ioniques et la dispersion des ions dans le solvant.
d. la solvatation
Elle correspond à un enveloppement par des molécules d’eau des cristaux anhydres
dispersés après dissolution. Les solvates peuvent être constitués de particules colloïdales qui
forment une suspension ou «sol ». Lorsque la masse des particules du sol est suffisante, il en
résulte la formation spontanée d’un «gel».
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
17
e. La cristallisation
L’apparition et la croissance de germes conduisent à la cristallisation de phases
solides.
La germination représente le processus aléatoire qui aboutit à la formation d’amas
ordonnés. Les ions en solution forment des assemblages ou germes au hasard de leur
rencontre. Ces assemblages deviennent stables et donnent naissance à un embryon à partir
d’une taille critique.
Le germe devra grossir, sinon il perdra son individualité et retournera à l’état liquide.
Le germe ne se développera qu’avec un espace et une durée suffisante.
La croissance du germe à partir d’un embryon s’opère par accumulation d’atomes ou
de molécules en couches successives au niveau de l’interface liquide – cristal.
La vitesse de croissance du germe dépend de plusieurs facteurs : température, conductibilité
thermique, saturation de la solution, gradient de concentration, etc.….
I.3.2. Réactions d’hydratation
Les espèces minéralogies majoritaires du ciment peuvent être séparées en deux
familles : les silicates (C2S, C3S) et les aluminates (C3A, C4AF). L’hydratation de chacune de
ces familles conduit à la formation d’hydrates similaires ou identiques. C’est pourquoi nous
avons choisi de présenter les réactions d’hydratation du ciment en regroupant celles des
silicates et celles des aluminates.
a. Hydratation des silicates (C2S, C3S)
L’hydratation des silicates conduit à la formation de silicates de calcium hydratés ou CSH
(de l’anglais : « calcium silicate hydrate ») et de Portlandite [Ca (OH)2]. Les produits
d’hydratation étant qualitativement les mêmes, ou peut écrire de manière synthétique une
équation bilan (1.1) des espèces mis en jeu.
C2S+ H2O
exo. CSH + Ca (OH)2 (1.1)C3S
Les CSH forme une phase très désordonnée que l’on considère parfois comme
amorphe, d’où l’appellation de « gel de CSH » [12], constituée de l’agrégation de feuillets de
CSH [13]. La composition et la structure de ces feuillets font encore l’objet de nombreuses
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
18
recherches. Pour éviter toute confusion, on parlera de feuillet de CSH au sujet de l’hydrate de
silicate de calcium et de gel CSH pou le « matériau » CSH, c’est-à-dire l’assemblage de
silicate de calcium hydratés. La formation du gel CSH ne consomme qu’une partie du calcium
en solution, l’excès précipite sous forme de Portlandite.
La dissolution du C2S fournit une quantité moins importante d’ion calcium que celle
du C3S. Son hydratation produit donc mois de Portlandite, au bénéfice de la résistance
mécanique de la pâte de ciment [9]. La cinétique d’hydratation du C2S est environ dix fois
plus lente que celle du C3S [9,14].
Le C3S est le constituant majeur du ciment Portland artificiel et joue un rôle important
dans la formation des hydrates et la résistance mécanique. Le processus d’hydratation du C3S
reste compliqué et non totalement élucidé [15].
Les quatre étapes du mécanisme d’hydratation sont les suivantes [15,16]
Protonation des ions SiO4- à la surface de C3S
Formation d’ions solubles H2SiO42-ou H3SiO4
- selon la valeur du pH
Passage des ions calcium en solution
Passage des espèces protonées en solution.
La figure I.6 représente schématiquement ces quatre étapes.
Figure I.6- Hydroxylation superficielle de C3S [15].
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
19
Au microscope électronique à balayage Dent-Glasser [17] a observé une croissance en
forme d’oursins du CSH de type I (C/S 1). Simultanément les cristaux de Portlandite
apparaissent en fin de période dormante (figure I.7).
FigureI.7- Mécanisme d’hydratation de C3S [17].
b. Hydratation des aluminates C3A et C4AF
Les produits d’hydratation du C4AF se déduisent du ceux C3A par substitution de
l’alumine (Al2O3) par l’alumino-ferrite (Al2O3 .Fe2O3) dans les formules chimiques. On ne
présentera donc que l’hydratation du C3A.
Le C3A est très réactif avec l’eau ; afin de réguler son hydratation, on ajoute au ciment
quelques pourcents de gypse. Dans un premier temps, cela conduit à la formation de trisulfo-
aluminate de calcium hydraté ou Ettringite (Aft) (C6A. S 3.H32 avec S = SO3). Avec
l’épuisement progressif du gypse, l’Ettringite se combine avec le C3A résiduel pour du
monosulfo-aluminate de calcium hydraté (Afm) (C4A.S .H12) [14]. Après avoir consommé
une partie de l’Ettringite, il peut également se former de l’aluminate de calcium hydraté
(C4AH13) [9]. Ces différentes réactions sont résumées par l’équation bilan 1.2.
C3A.3CaSO4.32H2O
C3A + Gypse + H2Oexo. C3A.CaSO4.12H2O (1.2)
C4A.H13
Initialement, le C3A s’enrobe d’une couche protectrice d’Ettringite très finement
cristallisée. Elle se dissout ensuite pour recristalliser en aiguille prismatiques [9]. Comme la
Portlandite, sa présence fragilise le liant cimentaire [18].
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
20
Le monosulfo-aluminate de calcium (C4A.S .H12) et l’aluminate de calcium hydraté
(C4AH13) cristallisent sous forme de plaquettes hexagonales. Ce dernier se trouve, soit en
solution solide au sein du monosulfo-aluminate, soit sous forme de cristaux séparés [14].
La réactivité du C3A est très forte et s’accompagne d’un fort dégagement de chaleur dont
il faut tenir compte lors de sa mise en œuvre. Sa cinétique est plus rapide que celle du C4AF.
De nombreuses études ont montré que l’hydratation des phases C4AF ou C2(A, F) se
rapproche de celle de C3A lorsque les conditions d’hydratation sont identiques [12]. À la
température ambiante, la cinétique d’hydratation de C4AF est beaucoup plus lente que celle de
C3A.
I.3.3. Formation et microstructure des hydrates
a. formation des CSH
Les grains de ciment anhydre se caractérisent morphologiquement par leur petite taille
(quelques dizaines de micromètres en moyenne) et par leur état de surface désorganisé par le
broyage. Ce dernier en rompant les liaisons inter-atomiques de la matière, laisse apparaître sur
le pourtour des grains, des charges électriques qui restent en majorité non saturées [20].
Lorsque ces grains se retrouvent en milieu aqueux, il s’ensuit une dissolution rapide de
certains constituants. Il y a attraction entre les charges électriques des surfaces des grains et
des ions de signe opposé des molécules d’eau.
L’hydratation des silicates conduit à la formation de silicates de calcium hydratés ou
CSH et de cristaux de Portlantide Ca(OH)2 , équation bilan (1.1).
Le CSH (3CaO.2SiO2.3H2O) se structure sous forme d’une phase désordonnée que
l’on considère comme amorphe [21]. Sous observation microscopique, il se présente sous
forme de feuillets minces dont l’épaisseur est de 3 nm et dont l’écartement est d’environ 1.7
nm s’enroulant sur eux-mêmes en formant des tubes.
Parmi tous les modèles proposés pour décrire la microstructure des CSH, il y a le modèle
Feldman et Sereda [22] est considéré comme le plus conforme à la plupart des réponses du
matériau, et en particulier dans le cas du fluage et des phénomènes liés à la sorption
d’humidité. Selon ce modèle, la pâte de ciment est assimilée à un gel constitué principalement
de particules colloïdales de CSH possédant une importante surface spécifique (quelques m2
par gramme).
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
21
Le processus de formation des hydrates (CSH et Ca(OH)2) dans la pâte de ciment est
assez complexe. A cette échelle, les phénomènes physiques sont difficiles à appréhender. Il
faut souvent se contenter de modèles plus ou moins confirmés par l’expérience. Notons que
dans la chimie des ciments, le grain hydratant est défini comme étant le grain anhydre entouré
par ses hydrates (figure I.8). Le processus d’hydratation conduit à la formation de plusieurs
couches d’hydrates. On distingue alors le produit intérieur et le produit extérieur. Autrement
dit, un volume de ciment anhydre produit d’abord une première couche d’hydrates en
détruisant le ciment anhydre. La réaction se poursuivant, de nouvelles couches se forment en
précipitant à l’extérieur du grain.
FigureI.8- Processus de développement des hydrates autourd’un grain de ciment anhydre [23].
Les produits d’hydratation et en particulier le gel CSH (figure I-7) remplissent
progressivement les espaces entre les grains anhydres occupés originellement par les
molécules d’eau. Les grains hydratants finissent par se connecter et former ainsi une phase
continue comportant des discontinuités à différentes échelles. Cette période d’hydratation se
manifeste par une augmentation de la cohésion de la pâte et un durcissement du matériau.
Cela se traduit par un développement considérable de la résistance mécanique [24, 25].
Les « cristaux de silicates de calcium hydratés » s’assemblent pour former une structure
amorphe que certains nomment de fait : gel CSH. La morphologie de cette structure évolue au
cours de l’hydratation. Diamond (S.) [26] propose une classification des différents « type de
CSH ».
Type I : CSH fibreux que l’on observe aux jeunes ages ou dans des pâtes fortement
diluées sur les grains de C3S ;
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
22
Type II : CSH en réseaux réticulé ;
Type III : CSH en grains ou en lattes de quelques centaines de micromètres ;
Type IV : les produits internes ou « inner-products », dont la formation débute aux
tous premiers stades de l’hydratation du C3S.
Ils semblerait en définitive que ces différentes « morphologies » correspondent à des
conditions particulières de gâchage (CSH fibreux favorisés par un E/C important) ou à divers
degrés de maturité de la pâte, le gel se structurant de façon à être de plus en plus dense au
cours de l’hydratation. La figure I.9 illustre les deux premiers types de CSH.
(a) (b)
Figure I.9- CSH fibreux avec Cristal de Portlandite (X) entre des CSH (#),La porosité est repérée par (O), (a) [27] et les CSH forment un réseau réticulé (b) [9].
Il semblerait en particulier que la résistance en compression est tributaire du
développement de ces hydrates et de leur degré de connexion dans l’espace qui leur est
imparti. Un point important dans la cinétique d’hydratation d’un ciment est le passage du
comportement ’fluide’ au comportement ’solide’ de la pâte, cet instant est nommé la prise.
Elle correspond au moment où il y a une percolation mécanique de phases solides. Cette
percolation mécanique est apportée par les hydrates, et en particulier par les CSH, mais aussi
localement, par la Portlandite qui peut jouer le rôle de ponts d’hydrates (figures I.9 et I.10).
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
23
Figure I.10– Formation et croissance des hydrates au cours de l’hydratation d’une pâte deciment, d’après F.W. Locher [28].
Etats de l’eau dans la pâte de ciment durcie
Certains modèles traitant de la structure de la pâte de ciment durcie [20, 22, 29, 30]
décrivent l’état de l’eau dans la structure du CSH sous trois formes (figure I-11) qui sont (par
ordre décroissant d’énergie de liaison avec le solide) :
- l’eau hydroxylique : ce sont les hydroxyles –OH liés soit à des atomes Si soit à des
atomes Ca.
- l’eau interfeuillets : elle est fixée avec les hydroxyles par des ponts hydrogènes
- l’eau adsorbée interlamellaire : c’est l’eau située entre les lamelles. Elle est soumise
au champ des forces émanant des lamelles.
- l’eau libre : cette eau échappe aux forces superficielles de la phase solide. En excès
par rapport à l’eau nécessaire à l’hydratation, elle occupe les pores capillaires et les
macropores (de l’ordre de quelques millimètres). Elle est la première à migrer lorsque les
échanges hygrométriques sont possibles avec le milieu ambiant.
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
24
Figure I.11- Microstructure et configuration de l’eau dans le CSH, (Sur l’image de gauched’après Feldman et Sereda [22] et Sur l’image de droite d’après R. Sierra [31]).
La porosité, conséquence structurelle de l’hydratation
La structuration progressive de la pâte de ciment au cours de l’hydratation s’accompagne de
la formation d’une porosité à différentes échelles et dont le volume dépend principalement du
rapport eau-ciment (E/C). La courbe de distribution
Figure I.12- Distribution de la taille des pores dans la pâte de ciment. [13]
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
25
des pores de la pâte de ciment (figure I.12) [13] laisse apparaître l’existence de deux pics
correspondant à des dimensions de pores bien distinctes et dont la position peut varier avec le
rapport E/C :
Les pores capillaires : Le second pic de la figure I.10 est relatif aux pores capillaires
(dont la dimension des diamètres est de l’ordre de quelques centaines de nanomètres). Ces
pores sont le reliquat des espaces intergranulaires et qui sont progressivement remplis par les
hydrates. Ces pores peuvent être complètement ou partiellement remplis de molécules d’eau
appartenant à la catégorie de l’eau libre. Cette eau peut migrer si l’équilibre hydrique est
perturbé ou bien lors de l’application d’un chargement mécanique extérieur.
Figure I.13- Echelles des pores et des constituants de la pâte de ciment [32].
Les pores des hydrates : ou nanopores sont associés au premier pic. Ce sont les
espaces interfeuillets dans le CSH. Leur diamètre a une dimension de l’ordre de quelques
nanomètres (environ 1.7 nm) (figure I.13). Ces espaces contiennent des molécules d’eau
adsorbées.
b. Formation de la Portlandite (Ca (OH)2 CH)
La Portlandite est composée de feuillets d’octaèdres de calcium reliés entre eux par des
arêtes. La maille est hexagonale avec a =3.593*10-9m, c = 4.909*10-9m [19]. Les forces
agissant entre les feuillets sont minimales. D’autres forces interviennent mais sont
négligeables, nommées «ponts hydrogène ».
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
26
Les adjuvants affectent beaucoup la morphologie de CH spécialement le rapport c/ a (rapport
de maille). La figure I.14 illustre une seule couche de CH où les petites cordes représentent
les atomes de Ca, les grandes cordes vides et pleines représentent les atomes d’oxygène. Les
atomes d’hydrogène ne sont pas représentés [33].
La Portlandite se développe dans l’espace libre entre les grains de ciment, et
préférentiellement autour des granulats dans le cas de mortiers ou de bétons [13]. Le
développement des autres hydrates finit par enrober la Portlandite qui se trouve finalement
confinée dans le gel CSH. Inclusion fragile au sein du liant, sa croissance en milieu confiné
développe des contraintes internes qui pénalisent la résistance mécanique du matériau.
Figure I.14- Présentation schématique en plan et élévation d’une seule couchede la Portlandite [33].
c. Formation de l’Ettringite
Les réactions chimiques de la formation de l’ettringite sont décrites dans la section
(I.3.2b) hydratation de C3A. L’ettringite cristallise sous forme d’aiguilles (à base hexagonale)
(cf. figure I.15-a), souvent rayonnant autour des grains de ciment anhydre (non expansive). La
forme et la taille de l’ettringite dépendent directement de la nature des ions dans la phase
interstitielle, de la concentration de Ca(OH)2 et de la température ambiante. Dans certains cas,
la formation d’ettringite peut s’accompagner de gonflement.
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
27
Cinq explications existent concernant le gonflement de l’ettringite (LI, 34) :
i. Expansion par croissance cristalline,
ii. Gonflement lié à l’absorption d’eau par les particules d’ettringite [35],
iii . Gonflement lié à la pression de cristallisation de l’ettringite,
iv. Expansion par pression osmotique sur une membrane semi-perméable entre la phase
interstitielle et la surface des grains anhydres,
v. Gonflement par formation de monosulfoaluminate de calcium hydraté [36].
La Photo I.15-b présente une ettringite expansive.
(a) (b)
Figure I.15- Microscopie Electronique à Balayage, ettringite aciculaire (aiguille) dans unbéton (a), et ettringite massive (expansive) dans un béton (b) [7].
I.4. Hydratation des ciments Pouzzolaniques [37-41]
Les réactions d’hydratation du ciment et de la pouzzolane peuvent être considérées
séparément, bien que dans une mesure elles se produisent en même temps. En fait la réaction
pouzzolanique, qui est plus lente que la réaction d’hydratation du ciment, peut avoir lieu
seulement après l’hydrolyse de C3S et de C2S qui forment l’hydroxyde de calcium [37]. Il est
à noter que la première est une réaction de consommation de chaux, tandis que la dernière est
une réaction de production de chaux, figure I.16 38.
Les produits issus des réactions entre les pouzzolanes et la chaux sont en général
des minéraux mal cristallisés. Les espèces et les compositions des hydrates produits
dépendent en général de la structure cristalline des constituants de la pouzzolane ainsi que des
conditions de l'hydratation (température, teneur en eau, …). Ces hydrates sont pratiquement
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
28
les mêmes que ceux observés lors de l'hydratation d'un ciment Portland ou d'un ciment de
laitier par exemple.
Figure I.16- Changement de la quantité de chaux d’un cimentPouzzolanique Hydraté 38.
De nombreuses études sur la nature des phases produites par la réaction
pouzzolanique ont abouti aux composés définis de la manière suivante [39-41] :
i. Le silicate de calcium hydraté CSH, qui se présente sous la forme d'un gel de
faible cristallinité,
ii. L'aluminate tétracalcique hydraté C4AH13 hexagonal,
Dans certaines conditions, il est possible de trouver aussi :
i. La gehlénite hydraté C2ASH8 ,
ii. L'éttringite 3CaO, Al2O3, 3SO4Ca, 32H2O et le monosulfo-aluminate
3CaO, Al2O3, CaSO4, 12H2O,
La formation de ces composés a été confirmée par Massazza (1974) au 6ème
Congrès international de la chimie du ciment [41].
J.Ambroise (1984) a montré que l'hydrate responsable des propriétés mécaniques
des liants chaux – métakaolin était le CSH (I) de la classification de Taylor.
Les silico-aluminates de calcium hydratés sont essentiellement représentés par la
gehlénite hydratée C2ASH8. Les conditions de sa formation ont été envisagées par R. Dron
(1978). Ce composé est d'après son analyse, instable en présence d'une solution saturée en
chaux, il donne alors le CSH et l'aluminate C4AH13.
C2ASH8+ 3CH + 3H CSH + C4AH13
Les trois principaux composés hydratés issus de la réaction pouzzolanique (CSH,
C4AH13, C2ASH8) ne peuvent coexister que lorsque la solution est sous-saturée en chaux.
0
0,5
1
1,5
2
2,5
1 10 100
Age (jours)
Qu
an
tité
de
chau
x(%
)
CPA
C POUZZOL
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
29
I.5. Origines de la résistance mécanique de la pâte de ciment durcie
On vient de voir que la cohésion du matériau est due en grande partie à la nature du
CSH. Cette cohésion peut s’expliquer par une approche à plusieurs niveaux. Le premier
niveau est d’ordre morphologique et est relatif à la porosité intrinsèque au matériau et aux
microfissures dans la structure du matériau induites par divers phénomènes lors de la prise.
Nous observons expérimentalement que la résistance en compression d’une pâte de ciment
dépend essentiellement du degré avec lequel les hydrates remplissent l’espace disponible,
c’est à dire la porosité capillaire. Cette résistance est donc directement liée à la porosité du
matériau.
Van Damme [42] confirme bien que la prise des liants résulte de la croissance des
cristaux d’hydrates. Pour expliquer ce phénomène il propose trois hypothèses :
la tenue mécanique des liants durcis résulte de la continuité du réseau cristallin
(l’auteur désigne par réseau cristallin ou cristallite les feuillets de CSH présents dans
un grain hydratant) dans tout le système avec des «joints de grains » qui peuvent
constituer des zones faibles,
ces cristaux adhèrent entre eux par des forces de surface à courte portée.
des forces de frottement entre les cristaux viennent conforter ce système rendant
l’enchevêtrement des cristallites indéformable.
On peut donner d’autres explications des différents types de cohésion possibles
comme suit [43]:
Par enchevêtrement de cristaux : la résistance résulte de cet enchevêtrement et de
frottements entre cristaux (faible résistance à la traction) [44].
Par ponts de matière :
- ponts solides : les particules sont soudées par la même matière ou une matière différente,
- ponts liquides : des ménisques ou films liquides assurent la liaison.
Par forces superficielles : il s’agit essentiellement des forces de Van der Waals, qui ne
peuvent à elles seules être responsables de la cohésion des hydrates, ou des liaisons par
pont hydrogène [43]. Ces forces sont très inférieures aux forces de liaison chimique.
L’ordre de grandeur de l’énergie de liaison est le suivant :
10-19 Joules pour la liaison chimique de valence,
10-20 Joules pour la liaison par pont hydrogène,
10-21 Joules pour la liaison par forces de Van der Waals.
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
30
Les paramètres susceptibles de modifier la force de cohésion entre les feuillets d’hydrates
sont : la nature de liquide confiné présent dans les espaces interfeuillets, la nature des cations
interfoliaires et la plus importante est la densité de charge des feuillets [43].
Les argiles présentent une microstructure ayant les mêmes propriétés ; néanmoins le
comportement de ce matériau est très différent de celui des liants cimentaires. L’explication
réside selon cet auteur, au niveau moléculaire, dans la nature des liaisons qui se trouvent
d’une part dans l’argile calcique de type montmorillonite et d’autre part dans un silicate
hydraté d’un ciment Portland. Le premier développe des interactions répulsives (le matériau
gonfle) alors que le second développe des interactions attractives en présence de molécules
d’eau.
Dans le cas des argiles, la surface des feuillets est peu polarisée. Les couches d’ions
sont diffuses. Le milieu, constitué d’ions monovalents en solution aqueuse, forme une couche
ionique diffuse à la surface des feuillets. Lorsque deux feuillets se rapprochent,
l’interpénétration de ces couches engendre une force répulsive de nature entropique à
l’origine du gonflement.
Dans le cas des CSH, leur surface est plus fortement chargée et les ions di- ou
trivalents de la solution se condensent à leur surface. Localement, ces couches d’ions
provoquent une polarisation qui engendre des liaisons électrostatiques qui sont à l’origine de
forces d’attraction très importantes (figure I.17). L’écartement ou le rapprochement des deux
surfaces n’introduit plus aucun effet de dilution ou de concentration et aucune force de
gonflement n’est possible. Au contraire, le rapprochement des surfaces renforcera l’attraction
électrostatique et conduira à une force de type ionique entre les deux surfaces.
Figure I.17- Origine de la cohésion de la pâte de ciment au niveau moléculaired’après Van Damme [42].
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
31
I.5.1. Développement des propriétés mécaniques
Après la prise, on peut considérer le matériau solidifié. Néanmoins, ses propriétés
mécaniques, notamment sa résistance, sont encore faibles. L’hydratation se poursuit et
développe des hydrates qui remplissent progressivement la porosité capillaire. Cette
diminution de la porosité est mécanisme prépondérant de l’amélioration des propriétés
mécaniques du matériau au cour du durcissement [45].
Figure I.18- Influence des conditions de cure sur l’évolution de la résistancemécanique en compression d’un béton ordinaire (E/C = 0,5). D’après Laplante (P.) [46].
La résistance mécanique d’une pâte de ciment conservée en cure humide à 20°C
évolue approximativement comme le logarithme du temps sur 28 jours. Un exemple
d’évolution à plus long terme de la résistance est donné à la figure I.18. Sur cette même
figure, on note l’influence des conditions de cure sur l’évolution de la résistance en
compression, notamment la diminution de celle-ci après le passage en cure sèche [46]. De la
même manière, on constate une augmentation de la rigidité des matériaux au cours du
durcissement.
La cinétique du durcissement et les résistances mécaniques atteintes dépendent de
nombreux paramètres, comme la composition initiale du ciment, la finesse de sa mouture, le
volume d’eau de gâchage, la charge minérale présente dans les mortiers ou les bétons,
l’utilisation d’additifs, les conditions de mise en œuvre et de cure, etc. [2].
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
32
I.6. La notion de degré d’hydratation
Pour quantifier la maturité d’un matériau cimentaire, il paraît commode de vouloir
définir un paramètre caractérisant l’avancement de l’hydratation du ciment : le degré
d’hydratation. Néanmoins, celle-ci mettant en jeu plusieurs espèces minéralogiques [47] dont
les proportions peuvent varier selon les ciments et dont les cinétiques d’hydratation sont
différentes. Il est en réalité difficile de définir un critère objectif pour parler de l’avancement
de « la réaction d’hydratation ».
En pratique, on s’attache généralement à quantifier certaines phases dont le
développement ou la disparition est pertinente vis-à-vis du processus d’hydratation (par
exemple le C2S, le C3S, la Portlandite, etc). Ces mesures dépendent donc de la composition
initiale du ciment. De plus, la quantification d’une même phase suivant des techniques
différentes conduit généralement à des résultats différents (voir Older (Y.) [14], page 254, au
sujet de la quantification de la Portlandite). En définitive, ces mesures n’ont de valeur que
pour comparer des résultats obtenus par une même technique, sur des matériaux réalisés avec
le même le ciment.
On présente deux techniques de « mesure » du degré d’hydratation : la diffraction des
rayons X (DRX) et l’analyse d’image en microscopie électronique à balayage. Ces techniques
n’ont pas toutes été utilisés de manière quantitative dans notre étude. On présente un cadre
plus général de leur utilisation.
I.7. La cimenterie en Algérie
L’industrie cimentière est d’importance primordiale pour l’Algérie comme tous les
pays en voie de développement. Le nombre de cimenteries en Algérie est de douze avec une
capacité de production théorique de 12 Mt et une capacité pratique de 8 Mt. La demande est
estimée à plus de 12 Mt et par conséquent on a recours à l’importation. Cependant, parmi les
moyens efficaces qui existent pour augmenter la production du ciment est celui d’utiliser des
ajouts qui sont très peu coûteux et disponibles en grandes quantités en Algérie, comme le
laitier d’EL-Hadjar, le calcaire, et la pouzzolane naturelle.
L’unité de Zahana [48] est constituée d’une ligne à voie humide d’une capacité
annuelle de 200.000 tonnes de ciment, d’une ligne voie sèche d’une capacité annuelle de
1.000.000 tonnes et deux ateliers de broyage ciment traitant 960.000 tonnes de clinker par an.
Le tableau I.3 donne une idée sur l’évolution des résultats de la production.
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
33
ANNEE CLINKER CIMENT EXPEDITIONS
1997 437.935 543.190 535.685
1998 540.070 629.999 625.085
1999 552.070 648.229 631.096
Tableau I.3- Evolution des résultats de la production [48].
I.8. Recherche et développement dans la conception et l’application desComposites de Béton-Polymère (Concrete-Polymer Composites « C-PC »)
I.8.1. Généralités
Dans le monde industrialisé, les années soixante et les années soixante dix du siècle
passé ont été caractérisées par de nouveaux matériaux et de techniques modernes [49].
L’utilisation des polymères a été considérée comme un signe de progrès et d’attitude moderne
dans la construction [50]. Des panneaux de polyester renforcés par des fibres de verre, la
résine de polyester, et mortier polyester sont connus en tant que plastiques peu coûteux. Les
colles d’époxy ont été employées en tant qu’adhésifs très performants. Elles sont présentes
dans les applications de préfabriqués en béton. Ces résines d’époxy ont été employées comme
des produits de liaison dans les enduits chimiquement résistants [51].
La recherche a été faite sans interruption et elle a visé le développement et
l’amélioration des nouveaux polymères [52]. L’utilisation des polymères s’est graduellement
développée en mortiers de réparation pour béton, fondation, consolidation de la maçonnerie
et réparation des structures en bois de construction. Avant cet essor, la science des matériaux
de construction était peu développé. Ainsi, l’utilisation prolongée des polymères purs a mené
au produit inhérent chimique et au problème d’incompatibilité physique (défaut de
fonctionnement mécaniques et les problèmes de durabilité).
Ces dernières années, les innovations techniques dans l'industrie du bâtiment ont
progressé considérablement, car la recherche et le développement des matériaux de
construction à rendement élevé et multifonctionnels ont étés activement poursuivi pour faire
face aux problèmes posés par les industriels du bâtiment [53,54]. En particulier, cette
tendance est marquée par de nouvelles frontières dans l'industrie du bâtiment, où la réalisation
de grands ouvrages tels que les grands gratte-ciel, les tunnels sous la mer, et les
développements bas lunaires dans les pays avancés. Ceci est dû grâce au développement
courant des matériaux de construction de faible coût, écologique et d’économiser de l’énergie.
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
34
Il s’agit donc des composites de Béton-Polymère, plusieurs équipes de recherche en
matériaux de construction sont orientées [53, 55-57].
L’utilisation des polymères est devenue un domaine de recherche des matériaux de
construction durable. Les polymères sont utilisés dans ces domaines, la où leurs propriétés
spécifiques sont nécessaires. Leurs combinassions avec les matériaux de construction
classiques, a donné un effet synergique. Ainsi, les mélanges du béton et du polymère
s’appellent des Composites de Béton-Polymère ou C-PC « Concrete-Polymer Composites »
[53]. Cette évolution a mené à de nouvelles applications des mortiers de réparation modifiés
par polymère pour le béton, la fondation et la maçonnerie. Une meilleure connaissance du
comportement des matériaux, particulièrement dans le domaine des mélanges; et une
meilleure compréhension des processus d’hydratation du ciment, et leurs comportement
physico-chimique et mécaniques; ont permis le développement du béton, mortier et coulis.
Les CPC-sciences sont devenues des éléments incontournables dans le développement des
matériaux de construction de hautes valeurs ajoutées.
Les composites de Béton-Polymère sont des matériaux issus par le remplacement
d’une partie ou toute la matrice d'hydrate de ciment de mortier ou de béton conventionnel
avec du polymère. Celle-ci se trouve donc renforcée grâce aux polymères [58-60]. Les
composites de Béton-Polymère sont généralement classés selon les principes de leurs
transformations technologiques. Trois types de matériaux sont regroupés comme suit [53]:
1- Mortier Polymère-Modifié (ou Ciment) (PMM ou PCM) et béton (Concrete) (PMC
ou PCC).
2- Mortier Polymère (PM) et béton Polymère (PC).
3- Mortier Imbibé par Polymère (PIM) et béton (PIC).
L’organisation des congrès internationaux est un critère pour le développement de la
connaissance au sujet des composites de Béton-Polymère [57]. Une liste des plus importants
congrès internationaux, colloques, et ateliers est regroupée dans le tableau I.4.
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
35
Année Pays Nom du congrès ou colloque
1967 Paris, F RILEM Symposium, Synthetic Resins in Building construction
1975 London, UK 1st International Congress on Polymers in Concrete
1978 Austin, USA 2nd International Congress on Polymers in Concrete
1981 Kôriyama, J 3rd International Congress on Polymers in Concrete
1984 Darmstadt,West-Germany
4th International Congress on Polymers in Concrete
1986 Aix-en-Provence, F RILEM International Symposium, Adhesion Between Polymersand Concrete, ISAP’86
1987 Brighton, UK 5th International Congress on Polymers in Concrete
1990 Shanghai, China 6th International Congress on Polymers in Concrete
1992 Moscow, URSS 7th International Congress on Polymers in Concrete
1994 Seoul, K 1st EASPIC Symposium on Polymers in Concrete
1995 Ostend, B 8th International Congress on Polymers in Concrete
1997 Kôriyama, J 2nd EASPIC Symposium on Polymers in Concrete
1998 Bologna 9th International Congress on Polymers in Concrete
1999 Dresden, G RILEM 2nd International Symposium, Adhesion Between Polymersand Concrete, ISAP’99
2000 Shanghai, China 3rd Asia Symposium on Polymers in Concrete
2001 Honolulu, USA 10th International Congress on Polymers in Concrete
2002 Poitiers, F Orgagec’02 Organic Materials: a future in a field of civilengineering? Environmental Uncertainties?
2003 Chuncheon, Korea 4th ASPIC Symposium on Polymers in Concrete
2004 Berlin, Germany 11th Congress on Polymers in Concrete - June 2-4
Tableau I.4- Evolution des principaux événements internationauxdes Polymères en Béton [57].
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
36
I.8.2. L’importance des polymères dans l’industrie de construction dubâtiment
Pendant le colloque européen Orgagec’02, qui a été organisé par le laboratoire central
des Ponts et Chaussés à Poitiers, France en Mars 2002, M. de Longchamp [50] a présenté des
figures de la consommation des polymères dans l’union européen en 2000. La consommation
de 6 850 000 tonnes /an représente environ 20% de tout le marché des polymères (plastiques)
de 34 250 000 tonnes/an dans l’union européen. Cependant, si la consommation des
polymères est comparés à la consommation d’autres matériaux de construction, sa part
relative est seulement d’environ 1%, mais dans le chiffre d’affaires financier les polymères
représentent plus de 10% dans l’industrie de construction du bâtiment. On s’attend à ce que
dans les 10 à 15 années prochaines, les polymères prennent une place importante dans la
construction [50].
La quantité des polymères, utilisée dans les composites de Béton-Polymère, est seulement une
partie mineure pour la modification du béton, qui incluent également les agents réducteurs de
l’eau (121 500 tonnes de super plastifiant en Europe en 1998) [50].
Les plastiques font partie de notre vie [61], ils sont utilisés pour remplacer d’autres
matériaux tels que le bois, les métaux et le verre. Par leurs fonctions, ils sont devenus
indispensables pour l’homme. Mais quand il s’agit de nuisances pour l’environnement, ce
sont les premiers matériaux qu’on montre du doigt. En effet, les plastiques ne sont pas
biodégradables, ils polluent la nature qui se dégrade de manière continue et à un rythme
accéléré, vu la croissance considérable de leur emploi dans divers domaine de notre quotidien.
L’incinération des plastiques fait partie des méthodes couramment utilisées pour leur
traitement. Elle présente l’avantage de réduire d’éventuels polluants, de diminuer la masse et
le volume des décharges publiques à gérer et de fournir une source d’énergie. Cependant, elle
a de graves conséquences sur la santé de l’homme et sur l’environnement. Ainsi, il est devenu
nécessaire et urgent de trouver des méthodes adéquates pour gérer les déchets plastiques sans
nuire ni à l’homme ni à la nature et ce, à travers les modes de valorisation qui permettent à la
fois de préserver les ressources naturelles et de soustraire de l’énergie [63].
Actuellement, le poly (éthylène téréphtalate) (PET) fait partie des matériaux les plus
utilisés dans le domaine du flaconnage alimentaire. En 1996, 2,4 mi de tonnes de granulés de
PET [64] ont été utilisés pour la fabrication d’emballages dans le monde. En Europe, cela
représente 890 000 tonnes. Introduites pour la première fois sur le marché suisse en 1984, les
bouteilles en PET ont connu depuis un vif succès. La consommation est passée de 4 175
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
37
tonnes [64] en 1991 à plus de 31 500 tonnes en 2001. Actuellement, on produit environ 120
milliards de bouteilles de boissons de PET dans le monde [64].
Au terme de leur utilisation dans les divers et nombreuses applications pour lesquelles
ils ont été conçus, les articles usés de PET ont des caractéristiques qui ne sont pas trop
affectées par les conditions dans lesquelles ils ont été utilisés. Ceci fait que le recyclage soit la
solution la plus adaptée pour leur remise sur le marché.
Récemment, certains travaux [65-68] ont utilisés des résines du polyester unsaturés
(UP) produites à partir du poly (éthylène téréphtalate), PET, recyclé qui est principalement
récupéré des bouteilles de boisson, pour la production des composites de Béton-Polymère
(PC). Des résultats importants au niveau du comportement mécaniques et de durabilité ont été
obtenus. La réutilisation du PET recyclé dans les composites de Béton-Polymère, aiderait à
atténuer le phénomène de pollution de l’environnement et à économiser de l'énergie.
D’autres chercheurs [69-70] ont étudiés les effets d’ajout des bouteilles du PET
récupérés, réutilisées en tant qu'agrégats légers dans le béton. Des résultats positifs sont
prévus concernant les propriétés du béton léger conçu aux structures spéciales des grands
ouvrages : gratte-ciel. C’est une solution en plus contre le problème des déchets solides à base
plastiques.
L’utilisation des polymères dans l’industrie du bâtiment se développe solidement.
Cette action synergique des polymères, sur le mortier et béton offre de grandes occasions à
l’amélioration des différents propriétés et un large éventail de nouvelles applications
innovatrices. La société et l’environnement exigent des modalités de correction sans
interruption.
Les polymères ne sont plus des matériaux de construction spéciaux qui remplacent le
minerai classique ou les matériaux de construction organiques. Ils sont devenus un essentiel
dans la production soutenable des matériaux composites de construction [57]. Ils permettront
d’aller plus loin dans le développement de nouvelles et durables constructions, et des
techniques de restauration adéquates.
I.8.3. Développement des composites
Les composites sont obtenus par l’addition d’un polymère à la gâchée du mortier. Les
polymères les plus utilisés sont les latex [56], solutions aqueuses de monomères ou de
polymères en suspension. Ce sont des élastomères : gomme naturelle, styrène-butadiene, ou
des polymères thermoplastiques : PAE, VAE, etc. Mis sous forme de poudre, ils peuvent être
préalablement mélangés au ciment et au sable. Ce type de mise en œuvre a été développé pour
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
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proposer des produits prêts à l’emploi. Dans le cas d’utilisation de latex, les teneurs varient de
0 à 20 % [71-73], rapport massique extrait sec de latex sur ciment. On peut également utiliser
des résines, monomères ou polymères sous forme liquide [51,56]. Ce sont des polymères
thermodurcissables. Ils nécessitent généralement l’emploi d’un catalyseur qui peut être ajouté
avant ou pendant le gâchage. Les plus utilisées sont les résines époxy [56].
Lors du développement des bétons modifiés à base de polymères, on a constaté que
ces matériaux présentent, en dehors d’une résistance à la traction améliorée, et d’une bonne
capacité de déformation, d’autres avantages comme par exemple : une bonne adhérence à
divers substrats, une bonne cohésion du mélange, une absorption d’eau restreinte, une
perméabilité très basse, ainsi qu’une résistance chimique améliorée. Parmi d’autres polymères
couramment additionnés aux bétons sous forme de dispersion, citons les méthylméthacrylates
(MMA), les esthers d’acide acryliques (AE), et les amines époxydiques (EP),....
Le LRCCP [74] a réalisé une étude qui visait à réaliser un double réseau minéral et
organique lors de la mise en œuvre des pâtes de ciments, mortiers et bétons. La fragilité des
ciments et des bétons ne permet pas aujourd’hui la réalisation de structures à parois très
minces, attendues pour d’importantes applications industrielles dans les secteurs du bâtiment
ou de forages pétroliers.
Dans l’industrie de transformation du plastique et des caoutchoucs, les praticiens
savent améliorer la résistance au choc des polymères rigides ou les propriétés mécaniques des
élastomères. On incorpore, par exemple, des particules d’élastomère (cas du polystyrène
choc) d’une part, et on crée une adhésion entre un polymère et une charge minérale par
l’intermédiaire d’agent de couplage, d’autre part (cas des élastomères chargés de silice). Ces
démarches sont transposées aux cas des ciments, mortiers et bétons. Différents polymères ou
compositions réactives sont introduits sous forme de particules organiques, au sein d’un
réseau minéral, auquel ces particules devraient adhérer parfaitement par l’intermédiaire ou
non d’un agent de couplage. Par ailleurs, il est nécessaire de tenir compte des exigences du
génie civil et de l’industrie pétrolière, en matière de viscosité, de température et d’humidité.
La durabilité est également envisagée.
Deux types de polymères ont été testés :
- les polymères favorisant une interaction physique,
- les polymères susceptibles de présenter une interaction chimique.
Les mortiers et ciments ainsi modifiés ont été, respectivement, caractérisés en flexion
et en compression. Dans un premier temps, les polymères présentant une interaction de type
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physique, ont été introduits dans les ciments et dans les mortiers. Certains de ces polymères,
additionnés à des taux de 2.5 %, permettent une amélioration de l’ordre de 20 % de la
résistance à la flexion des mortiers. En revanche, la résistance à la compression se trouve
diminuée. Une étude préliminaire menée au LRCCP [74] a, par la suite, permis de
sélectionner les polymères en émulsion aqueuse favorisant une interaction de type chimique.
Les époxy silanes aliphatiques et aromatiques retenus présentaient une triple fonctionnalité :
auto-émulsifiant, agent de greffage, agent d’auto-polymérisation. Une étude plus approfondie
de ces produits a été effectuée sur des mortiers au CERIB (Centre d’étude et de recherche de
l’industrie du béton) et sur des pâtes de ciment à l’IFP (Institut français du pétrole) [74].
Il est, par ailleurs, difficile d’aboutir à une formulation améliorant, à la fois, la
résistance à la rupture en flexion pour les applications des mortiers et le module élastique en
compression pour les applications des ciments.
Les composites sont utilisés comme matériaux de second œuvre dans l’industrie du
bâtiment : colles à carrelage, enduits de façades ou revêtements d’étanchéité,…. Ils sont aussi
utilisés dans le domaine des travaux publics comme produits de réparation d’ouvrages d’art
[51,56]. L’une des applications les plus répandues des bétons modifiés à base de polymères,
et sans doute celle de la réparation des bétons. Signalons également le recouvrement de
routes et de ponts, les sols industriels, le béton très ouvert, etc.
Les polymères ont été introduits dans les mortiers parce qu’ils améliorent leurs propriétés
d’adhésion au substrat sur lequel on les applique [54, 58,75-78]. Ils offriraient également une
bonne protection contre les agressions du milieu extérieur [54, 75].
Les résultats de la littérature sur ces matériaux, peuvent parfois paraître
contradictoires. Ces contradictions proviennent essentiellement de la manière dont on formule
le composite.
I.8.4. Mise en œuvre :
Comme on l’a vu, les composites mortier-polymère sont obtenus en ajoutant
directement du polymère à la gâchée. Il modifie donc la rhéologie de la pâte à laquelle on
l’incorpore. La « formulation » des composites doit tenir compte de ces effets. Dans le cadre
des applications industrielles, le premier paramètre d’emploi à ajuster est la viscosité de la
pâte à l’état frais. Ainsi, la plupart des études comparatives sur ces matériaux mettent en jeu
un mortier de référence (témoin) et des composites dont la quantité d’eau de gâchage est
ajustée pour obtenir la même viscosité que le mortier témoin [54, 75-77, 79-83]. Ce type de
formulation est qualifiée de d’« iso-rhéologie ». Dans ce cas, l’effet fluidifiant par exemple
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
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du latex conduit à diminuer le E/C du composite vis-à-vis de celui du mortier. Si l’on veut
évaluer le latex en tant que produit d’emploi, cette démarche est tout à fait cohérente. Mais si
l’on veut analyser l’effet du latex lui-même, c’est-à-dire celui de l’introduction d’une phase
polymère au sein du mortier, il est alors difficile de faire la part des chose entre son effet
direct et ces effet secondaires : diminution du E/C, etc. Dans le but de mieux cerner l’effet
du latex certaines études font le choix d’un même E/C pour tous les matériaux [58, 78,84-86].
On parle alors de formulation « iso- E/C ».
Quoi qu’il soit, les résultats de la littérature restent difficiles à comparer, les matériaux
étant significativement différents dans chacune des études. Les raisons pour cela sont
nombreuses : les constituants (polymère, sable, ciment, additifs) ne sont pas forcément les
mêmes (notamment le ciment et le sable qui sont toujours issus de productions locales) ; leurs
proportions respectives (charge minérale, E/C, teneur en polymère), les paramètres de
fabrication (malaxeur, temps de malaxage, conditions de cure) et les protocoles
expérimentaux varient en fonction des normes et des habitudes de chaque pays, des
applications visées, etc.
I.8.5. Influence du polymère sur la microstructure (Cas des latex)
La caractéristique essentielle des composites réalisés avec des latex est la formation
d’une comatrice polymère [51, 78, 85]. Justens et coll. [85] l’ont clairement mise en évidence
par une attaque du minéral à l’acide chlorhydrique (1M), comme on peut le voir sur les
micrographies figure I.19. Pour la formulation retenue, la percolation d’une comatrice
polymère continue au sein du matériau a lieu pour une teneur située entre 5 et 10 %, rapport
massique extrait sec de latex sur ciment (P/C). Un modèle simple de formation de la
comatrice a été proposé par Ohama [51] (figure I.20).
Figure I.19- Surfaces de rupture d’un composite mortier-polymère (P/C = 15%) attaqué àl’acide chlorhydrique (1M). Sur la photo a), on peut voir le polymère réticulé pontant les
grains de sable (x 100). Photo b), détails de la comatrice polymère (x 400) [85].
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
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a) Après le malaxage, tous les constituants
solides du matériau sont dispersés dans la
solution aqueuse.
b) Les particules de polymère précipitent à
la surface des grains de ciment anhydres ou
partiellement hydratés
c) Avec la consommation de l’eau par
l’hydratation et le développement de la
matrice minérale, les particules se
retrouvent progressivement confinées dans
la porosité capillaire elle finissent par
floculer en une couche dense à la surface
du réseau poreux et autour des grains de
ciment.
d) Les particules coalescent pour former
des films de polymères continus au sein du
minéral déjà solidifié.
Figure I.20- Modèle simplifié de formation de la comatrice polymère au sein descomposites. D’après Justens et coll. [85] à partir des travaux de Ohama [51].
La microstructure du liant cimentaire est modifiée par l’addition de latex. À
formulation « iso-rhéologie », celle-ci apparaît plus homogène que dans le mortier témoin
[81]. C’est certainement une conséquence de l’effet fluidifiant du latex qui permet une
meilleure défloculation et une meilleure dispersion des grains de ciment. De la même
manière, les bétons–polymères réalisés ainsi présenteraient une auréole de transition moins
marquée [51, 79,81].
Sur le plan de la porosité, les composites réalisé à formulation « iso-rhéologie »
bénéficient de la diminution de E/C par rapport au mortier et un volume de poreux moins
importants [54, 79, 80]. À « iso-E/C », le volume poreux des matériaux semble rester constant
quelle que soit la teneur en latex. Dans tous les cas, il semblerait que le latex remplit les pores
capillaires, le seuil de percolation du réseau poreux déterminé par porosimétrie au mercure se
décalant vers les petits pores [79, 80, 86].
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
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I.9. Durabilité des matériaux polyphasés : attaques chimiques par différentsmilieux agressifs
I.9.1. Généralités :Le fort développement du béton a conduit à l’essor d’ouvrages en béton dès la
première moitié du vingtième siècle dans le monde. Ces structures ont été conçues
prioritairement pour satisfaire à des impératifs dimensionnels et mécaniques.
Conventionnellement et par méconnaissance du comportement à long terme du matériau
béton dans son environnement, la durée de vie d’un ouvrage d’art courant était fixée à 50 ans,
par exemple pour un pont. Certains ouvrages ont atteint cet âge limite sans pour autant donner
signe de défaillance. D’autres par contre, comme des barrages hydroélectriques, ont été
victimes de gonflements du béton, une dizaine d’années seulement après leur mise en service.
Aujourd’hui, l’un des principaux enjeux du Génie Civil consiste à pouvoir garantir une
stabilité, ou du moins une maîtrise, dans le temps des propriétés mécaniques d’un ouvrage
dans son environnement. Cet enjeu, le développement durable, concerne les structures futures
ou en cours de conception, mais aussi les réalisations actuelles. Il implique à la fois une prise
en compte du comportement durable des matériaux constituant la structure et un suivi de
l’ouvrage au cours de son exploitation. Le but est de pouvoir prédire et garantir une durée de
vie d’un ouvrage autrement que par des critères conventionnels [87].
Il est essentiel que chaque structure en béton puisse conserver sa résistance et
continuer de remplir sa fonction tout au long de sa durée de vie utile. Il en résulte que le béton
doit être en mesure de résister aux mécanismes de détérioration auxquels il peut être exposé.
On dit d'un tel béton qu'il a une bonne durabilité.
Il est utile d'ajouter que le concept de durabilité ne signifie pas une durée de vie infinie, pas
plus qu'il ne signifie que le béton doit résister à n'importe quelle agression. De plus, on
constate maintenant, ce qui n'était pas toujours le cas auparavant, que, dans des cas, un
entretien régulier du béton est nécessaire [88].
La durabilité des ouvrages en béton, qui peut être définie comme étant leur capacité
d’assurer la tenue en service prévue [89], est une caractéristique très importante, surtout pour
les ouvrages importants de génie civil (ponts, silos, réservoirs, barrages, enceintes
nucléaires…), car en cas de dégradations de tels ouvrages, les conséquences seront multiples et
graves, surcoûts de réparation, limitation de la durée de vie de l’ouvrage, et dans des cas
extrêmes la ruine partielle ou totale de l’ouvrage. Donc, la prise en compte préventive des
facteurs qui peuvent affecter la durabilité des ouvrages, donc leur économie et leur sécurité, est
impérative lors de la conception et de l’élaboration de ces ouvrages.
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
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a. L’action des solutions agressives
Une large bibliographie concerne la durabilité des bétons en ciment portland exposés à
différentes agressions chimiques. Les principales investigations actuelles concernent :
la nature des produits d'hydratation des phases responsables de l'attaque, et des
mécanismes de l'expansion.
l'action des différentes solutions agressives et la résistance du ciment à la corrosion, les
rôles des additions actives qui favorisent la formation des fines textures qui abaissent le
taux de diffusion des ions.
L'établissement des conditions qui accroissent la durabilité du matériau.
La figure I.21 schématise les différents types d'agression chimiques et physico-chimiques
que peuvent subir les ouvrages en bétons, et les conséquences qui en découlent.
Figure I.21- Processus de détérioration du béton [90].
I.9.2. Attaque chimique par différents milieux agressifs
Les ouvrages en béton peuvent se trouver dans des milieux, industriels ou naturels,
agressifs pour le béton et/ou l’acier des armatures. En raison des interactions du béton avec
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
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des influences externes, la durabilité du béton peut être menacée et perdue. Parmi les facteurs
menaçants on site, le cycle gel/dégel, l'abrasion, corrosion d'acier, l’attaque chimique qui
peuvent détériorer le béton. ACI Committee 201 a classé les attaques chimiques comme suit :
i) attaque acide; ii) attaque alcaline ; iii) carbonatation; iv) attaque par les chlorures; v)
lixiviation et vi) attaque par les sulfates [91]. L’étude de la durabilité est l’un sujet pour les
documents de Comite of Euro-Intrenational du béton [92,93].
Le béton doit présenter une résistance chimique, lorsqu'il est exposé à des attaques
chimiques [94]. La norme EN 206 [95] définit trois classes correspondant aux degrés
d'attaques chimiques - faible (XA1), modérée (XA2) et forte (XA3). Le tableau I.5 regroupe
les sept caractéristiques chimiques, lorsque l'attaque chimique s'effectue par des sols naturels,
les eaux de surface ou l'eau de mer. Lors d'une attaque par les produits chimiques ou en cas de
vitesse d'écoulement élevée des solutions agressives, une expertise spécifique peut s'avérer
nécessaire, pour déterminer les exigences que le béton doit satisfaire.
Elément en béton XA1 XA2 XA3SO4
2- mg/l dans l'eau > 200 et < 600 > 600 et < 3000 > 3000 et < 6000SO4
2- mg/kg dans lesol en général
> 2000 et < 3000 > 3000 et < 12000 > 12000 et < 24000
pH de l'eau < 6.5 et > 5.5 < 5.5 et > 4.5 < 4.5 et > 4.0Degré d'acidité dusol
> 20 °C Baumann-Gully
CO2 mg/l dissolutionde calcaire dans l'eau
> 15 et < 40 > 40 et < 100 > 100
NH4+ mg/l dans l'eau > 15 et < 30 > 30 et < 60 > 60 et < 100
Mg2+ mg/l dans l'eau > 300 et < 1000 > 1000 et < 3000 > 3000
Tableau I.5- Valeurs limites pour les classes d'exposition en cas d'attaque chimique [95](XA1: attaque faible, XA2: attaque modérée, XA3: attaque forte).
I.9.3. Attaque chimique des matériaux polyphasés par les solutions acides
Les effluents des fours utilisant des combustibles riches en soufre et effluents des
industries chimiques peuvent contenir de l’acide sulfurique. La décomposition des matières
organiques dans les égouts, les silos ou dans les réservoirs d’entreposage peut conduire à la
formation de H2S (gaz) qui peut être transformé en acide sulfurique par l’activité bactérienne
[96].
Généralement, le béton résiste bien aux attaques chimiques, à condition que sa
composition soit appropriée et que le béton soit correctement consolidé. Il y a cependant
quelques exceptions. Tout d’abord, les bétons contenant du ciment Portland, hautement alcalin,
ne résistent pas aux attaques acides forts ou des composés qui peuvent se transformer en acide.
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
45
Par conséquent, à moins qu’il ne soit protégé, le béton ne devrait pas être utilisé lorsque ce type
d’attaque peut se produire.
De façon générale, l’attaque chimique du béton prend la forme d’une décomposition des
produits de l’hydratation et de la formation de nouveaux composés qui, s’ils sont solubles
peuvent être lessivés et qui, s’ils sont insolubles, peuvent être préjudiciables in situ. Les
substances agressives doivent être en solution. Le Ca(OH)2 est l’hydrate le plus vulnérable,
mais les CSH peuvent aussi être attaqués. Les granulats calcaires sont généralement
vulnérables.
Le tableau I.6 donne une liste limitée de certaines substances agressives. En outre, les
indications spécifiques de quelques autres substances agressives sont données ci-dessous :
AcidesInorganiques Organiques
CarboniqueChlorhydriqueFluorhydriqueNitriquePhosphoriqueSulfurique
AcétiqueCitriqueFormiqueHumiqueLactiqueTannique
Autres substancesChlorure d’aluminiumSels d’ammoniumHydrogène sulfuré
Graisses végétales et animalesHuiles végétalesSulfates
Tableau I.6- Liste de quelques substances pouvant provoquer de graves attaques chimiques aubéton [97].
Le béton peut être attaqué par des liquides dont le pH est inférieur à 6.5 [98], mais cette
attaque ne devient grave que pour des pH inférieures à 5.5 ; en dessous de 4.5, l’attaque de vient
très sévère. Une concentration de CO2 comprise entre 30 et 60 ppm entraîne une attaque sévère
et si elle est supérieure à 60 ppm l’attaque sera très sévère.
L’attaque progresse à une vitesse approximativement proportionnelle à la racine carré du
temps du fait que la substance agressive doit traverser la couche résiduelle des produits de
réaction de faible solubilité, qui subsistent après que le Ca(OH)2 a été dissous. Ainsi ce n’est pas
seulement la valeur du pH, mais aussi la capacité des ions agressifs à se mouvoir qui influence
la progression de l’attaque [98]. De plus, la vitesse de l’attaque diminue lorsque le granulat est
atteint, car la surface vulnérable est plus faible et le milieu agressif doit contourner les granulats
[98].
Le béton et aussi attaqué par l’eau contenant du CO2 libre, telles les eaux minérales, qui
peuvent aussi contenir du sulfure d’hydrogène. Tout le CO2 n’est pas agressif par ce qu’une
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
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partie de ce CO2 est nécessaire pour former et stabiliser le bicarbonate de calcium dans la
solution.
Les pluies acides, qui contiennent principalement de l’acide sulfurique et de l’acide
nitrique, ayant un pH entre 4.0 et 4.5, peuvent provoquer de la dégradation de la surface
exposée de béton [99]. Quoique les eaux usées domestiques elles-mêmes soient alcalines et
n’attaquent pas le béton, on a observé dans plusieurs cas d’importants désordres dans des
égouts, en particulier à des températures assez élevées [100], lorsque des composés
contenants du soufre sont transformés en H2S par des bactéries anaérobies. Ce composé n’est
pas en lui-même un agent destructeur, mais il est dissout par le mince film d’humidité
recouvrant la surface du béton et subit une oxydation par les bactéries aérobiques, ce qui
produit finalement de l’acide sulfurique. L’attaque apparaît donc au dessus de l’eau à
l’intérieur de la canalisation. La pâte de ciment durci est dissoute graduellement provoquant
une détérioration progressive du béton [101]. Une forme d’attaque assez similaire peut
survenir sur les réservoirs de stockage pétrolier en haute mer [102].
L'acide sulfurique est un acide très agressif qui réagit avec la chaux libre Ca(OH)2 dans
le béton et forme du gypse (Ca SO4.2H2O). Cette réaction est associée à une augmentation du
volume du béton par un facteur de 2.2 [103-104]. Une action bien plus destructive est la
réaction entre l'aluminate de calcium et les cristaux formés de gypse. Ces deux produits
forment l'ettringite (3CaO.Al2O3.3CaSO4.32H2O) moins soluble de produit de réaction. Ces
composés très expansifs causent la pression interne dans le béton, qui mène à la formation aux
fissures [105]. La surface corrodée devient molle et blanche. Quand la corrosion continue, la
structure en béton corrodé perd sa propriété mécanique. La diminution du dosage du ciment
dans le béton peut être bénéfique [106], à condition, bien sur, que la masse volumique du
béton reste intacte.
Différents essais physiques et chimiques ont été mis au point [107] pour évaluer la
résistance du béton aux acides, mais il n’existe aucune méthode normalisée. Il est essentiel
que ces essais soient effectués dans des conditions réalistes, car, lorsque de l’acide concentré
est utilisé, tous les ciments se dissolvent et l’évaluation de leur qualité relative devient
impossible. Pour cette raison, la prudence est de mise lors de l’interprétation de résultats
d’essais accélérés.
L’utilisation de ciments composés qui comportent du laitier de haut fourneau, des
pouzzolanes et, en particulier, de la fumé de silice, est bénéfique dans la mesure où ces
ciments rendent plus difficile la pénétration des substances agressives. L’action
pouzzolanique contribue aussi à fixer le Ca(OH)2 qui, de tous les produits de l’hydratation, est
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
47
celui qui est le plus sensible aux attaques à l’acide. Malgré tout, la performance du béton
dépend plus de sa qualité que du type de ciment utilisé. La résistance du béton aux attaques
chimiques est améliorée lorsque, après une période de mûrissement appropriée, il peut sécher
avant d’être exposé. Une fine couche de carbonate de calcium (due à la réaction du CO2 avec
la chaux) se forme, bouchant les pores et réduisant la perméabilité de la zone superficielle. Il
s’ensuit que le béton préfabriqué est habituellement moins vulnérable aux acides que le béton
coulé sur place. On peut obtenir une bonne protection du béton à l’égard des attaques acides
en plaçant le béton préfabriqué sous vide en présence de tétrafluoride de silicium gazeux
[108]. Ce gaz réagit avec la chaux :
2 Ca(OH)2 + SiF4 2CaF2 + Si(OH)4
Le Ca(OH)2 peut aussi être fixer par un traitement avec du silicate de sodium dilué.
Des silicates de calcium sont alors formés et remplissent les pores. Un traitement au
fluorosilicate de magnésium est aussi possible. Les pores se remplissent et la résistance du
béton aux acides est également légèrement augmentée, probablement à cause de la formation
d’un gel silicofluorique colloïdal. Il existe plusieurs méthodes de traitement de surface [109].
I.9.3.1. L’application d’ouvrage durable en Composites de Béton-Polymère(Concrete-Polymer Composites « C-PC ») : Moyens de prévention
Le béton polymère-modifié (PMC) a été un matériau de construction populaire dû à
ses excellentes propriétés en comparaison avec le béton ordinaire. Il est produit en utilisant le
polymère afin d'améliorer son ouvrabilité, propriété mécanique et durabilité [110-112]. Les
articles d’Ohama [55] et de Fowler [113] passe en revue les développements et les utilisations
du béton polymère-modifié. Cependant, il y a quelques études au sujet de l'utilisation du
polymère pour le béton léger (lightweight aggregate concrete « LWAC »).
Les effets de la modification du latex de styrène-butadiène (SBR) sur la durabilité du
béton léger ont été étudiés par des chercheurs [114]. La résistance à la corrosion, la résistance
chimique et l'absorption de l'eau de LWAC SBR-modifié ont été analysées et comparées au
LWAC non modifié. Les résultats de cette étude démontrent que la performance de LWAC
SBR-modifié exposé aux environnements agressifs chimiques était meilleure que la non
modifiée.
Ainsi la perte de poids des échantillons de LWAC SBR-modifié immergés dans des
solutions acides telles que H2SO4, CH3COOH et HCl est significativement inférieure que celle
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
48
observé pour le LWAC non modifié. Dans les solutions de NaOH et NaClO la perte de poids
des échantillons modifiés et non modifiés était jusqu’à 84 jours inférieur de 1% [114].
D’autres études montrent que le béton polymère–modifié présente une résistance plus
élevée contre les liquides agressifs tels que l’acide lactique, acétique et sulfurique, comparé au
béton ordinaire [105, 115-117].
Les applications larges du béton modifié par latex (Latex Modified
Concrete « LMC ») [79, 118] invite des chercheurs à mener à bien les travaux étendus afin
d'établir une bonne base pour ce développement. D'autre part, la comparaison des résultats
d'essai obtenus par différentes équipes de recherche reste difficile. Ceci pourrait être attribué
aux différences dans les matières premières utilisées (ciment, agrégats, et latex), les
proportions de mélange, mode de cure, la préparation des spécimens et des méthodes d'essai.
La durabilité des structures en béton renforcées représente un souci important à
beaucoup d'investigateurs. L'utilisation du béton modifié par latex (LMC) dans la construction
a permis de passer en revue et étudier ses différentes propriétés [79].
- Le LMC assure une meilleure protection au renfort en acier, contre la corrosion induite par
les chlorures sur les structures exposées à l'environnement de concentration élevé du chlore
tel que les recouvrements de pont.
- La résistance de LMC à l'érosion, et la solution de sulfate se sont avérées considérablement
importante comparée à ceux du béton conventionnel.
- Le LMC offre beaucoup d’avantage pour des structures où la durabilité est le souci principal
[79].
La réduction de la tenue en service d’une construction en béton renforcée est un souci
permanent rencontré dans l'industrie du bâtiment de par le monde. La détérioration du béton
due à la corrosion d'armature liée aux conditions climatiques douces, tandis que dans les
régions chaudes et arides, ce problème est causé par une combinaison des conditions
environnementales, des agrégats marginaux et des méthodes inadéquates de construction.
La réparation et le rétablissement des structures en béton détériorées sont essentiels
non seulement pour les mettre en service mais aussi, pour assurer une sûreté et une utilité des
composants associés. Une bonne réparation améliore la fonction et l'exécution de la structure.
Elle reconstitue et augmente sa force et rigidité, elle améliore l'aspect de la surface du béton et
empêche l'entrée de l'espèce agressive à l'interface du béton/acier. Ce qui améliore sa
durabilité.
Plusieurs matériaux de réparation sont lancés sur le marché pour la réparation des
structures en béton détériorées. Parmi les ces matériaux utilisés, on trouve le ciment, résines
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
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époxydes, résines de polyester, polymère latex et le polyvinyl acétate. Les matériaux à bases
de ciment et les résines de polymère / époxy sont les plus utilisés comme matériaux de
réparation [119-122]. Ces matériaux se composent, pour la plupart du temps, d'un mortier
conventionnel de ciment incorporant souvent des mélanges spéciaux et imbibés d'un ou
plusieurs additifs, tels que le polymère, la fumé de silice et les cendres volantes ou d'autres
sous-produits industriels.
Les matériaux ciment polymère-modifié de réparation sont employés pour surmonter
les problèmes liés aux matériaux à base de ciment (cement-based) de réparation de longue
durée. Au cours de ces dernières années, différents polymères ont été employés dans la
réparation et l'entretien des bâtiments et d'autres structures. De tels mortiers où le polymère
est présent en leur sein, assurent la même protection alcaline de passivation à l'acier de
renforcement, de même ordre que les matériaux conventionnels de ciment [123-124]. Les
polymères sont habituellement employés dans les mélanges ; ils sont fournis en tant que
particules blanches et laiteuses jouant le rôle dispersif dans l'eau. Á cause de leur état, ces
polymères sont employés dans l'ensemble comme remplaçant partiel de l'eau de mélange. Ils
peuvent jouer un rôle de plastifiant pour produire un mortier, avec une bonne ouvrabilité.
Les acétates polyvinyliques, le latex du styrène-butadiène et le dichlorure
polyvinylique sont les plus utilisés dans les mortiers de ciment. Dans le développement
récent, les polymères utilisés sous forme de poudres séchées, sont mélangées dans l’usine
avec du sable évalué, ciment, et d'autres additifs pour produire des mortiers de liaison.
La recherche fondamentale concernant la construction du bâtiment, vise la
microstructure du béton de polymère-ciment (PCC) en fonction des propriétés du polymère,
des propriétés de ciment et des conditions de cure. Une étude [125] a proposée un modèle
intégré qui explique le mélange des phases pendant le durcissement simultané du polymère et
l’hydratation de ciment d’un PCC-mortier ou d'un PCC-béton. Le modèle aide dans
l’explication du comportement des composites de béton-polymère sous l'attaque chimique,
comme c’est le cas de l'acide sulfurique, l’observation des photos obtenus par MEB (figures
I.22 et I.23).
La figure I.22 montre l'attaque par l'acide sulfurique dans un pore de béton, modifié
avec le polymère SAE. Au fond du pore, les cristaux fins de CaSO4 sont mis en évidence.
Aux bords du pore, le mélange des hydrates de ciment et le film de polymère apparaissent de
façon nette sur les photos. Comme on peut voir sur la figure I.23, les cristaux de CaSO4 se
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
50
développent par couche dans le composite. Probablement, la quantité de polymère était trop
petite pour former un film continu interdisant de fait la croissance des cristaux [125-126].
Figure I.22- PCC, SAE, 50x. [125] Figure I.23- PCC, SAE, 150x. [125]
I.9.4. Mécanisme d’attaque par les acides
Le béton et très alcalin en nature, il est extrêmement susceptible à l’attaque de l’acide.
Le mécanisme pour ce processus est très simple. De façon générale, les réactions chimiques
et/ou l'élimination physique n'endommage qu'un ou deux composants de la pâte de ciment. Le
tableau I.7 mentionne les composants du béton menacés par la corrosion.
Composants du béton Désignation Formule chimiquePâte de ciment Hydroxyde de calcium
(CH) Silicate de calciumhydraté (CSH)Aluminate de calciumhydratéAluminate de calciumferrique hydraté
Ca(OH)23CaO·2SiO2·3H2O
3CaO·Al2O3·6H2O
6CaO·Al2O3·Fe2O3·12H2O
Granulats Calcaire (Carbonate decalcium)DolomiteGrès amorphe
CaCO3
CaMg(CO3)2
SiO2·xH2OTableau I.7- Composants du béton menacés par la corrosion [127].
On distingue deux types de détérioration:
i- L'agression résolvante
ii- Le gonflement
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
51
i- Agression résolvante
Lorsqu'il y a suffisamment d'eau en qualité de fluide de transport, les composants de la
pâte de ciment sont détachés de la surface par l'eau douce ou les substances chimiques
nuisibles qu'elle contient. Les granulats non-solubles et des parties de la pâte de ciment durcie
sont alors mis à nu, ils se forment une surface en forme de "béton lavé" et la porosité
augmente [127].
L’attaque par l’acide est provoquée par la réaction d’un acide et la partie d’hydroxyde
de calcium (Ca (OH) 2) de la pâte de ciment qui produite un sous-produit de sel de calcium
fortement soluble. Ces sels de calcium solubles sont facilement enlevés de la pâte de ciment
affaiblissant de ce fait la structure de la pâte dans l’ensemble. Cette réaction de base est
montrée ci-dessous.
Acide X + CH CX + H
Acide + Hydroxyde de calcium Sel de calcium + eau.
Des acides plus agressifs tels que les acides chlorhydriques, acétiques, nitriques, et
sulfuriques produisent les sels de calcium qui sont très solubles. Les acides moins agressifs
tels que les acides phosphoriques et humiques produisent des sels de calcium avec une faible
solubilité. Ces sels de basse solubilité peuvent agir en tant qu’inhibiteur partiel au processus
global en bloquant les pores dans la pâte de ciment par lesquels l’eau passe. Ceci réduit la
quantité de sels de calcium qui entrent dans la solution et retardent le processus global.
Un cas plus agressif et plus destructif d’attaque par l’acide se produit lorsque le béton
est exposé à l’acide sulfurique. Le sel de calcium produit par la réaction de l’acide sulfurique
et de l’hydroxyde de calcium est un sulfate de calcium qui cause alternativement une
dégradation accrue due à l’attaque de sulfate. Ce processus est illustré ci-dessous.
H2SO4 + Ca(OH) 2 Ca (SO4) + 2H2O
Acide sulfurique + hydroxyde de calcium sulfate de calcium + eau.
(Le produit de sulfate de calcium contribue à l’attaque de sulfate).
La dissolution de l’hydroxyde de calcium provoquée par l’attaque acide procède en
deux phases. La première phase étant la réaction acide-hydroxyde de calcium dans la pâte de
ciment. La deuxième phase étant la réaction acide-silicate de calcium hydraté, cette phase ne
commencera pas jusqu’à ce que tout l’hydroxyde de calcium soit consommé. La dissolution
de silicate de calcium hydraté, dans les cas les plus avancés de l’attaque par l’acide, peut
endommager considérablement le béton.
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
52
Les attaques acides sont, dans leur principe, similaires au phénomène de lixiviation.
En effet, l'acide réagit avec la portlandite qui est dissoute, puis avec les autres hydrates qui
sont décalcifiés. On mettra de côté ici l'action des acides forts comme l'acide chlorhydrique ou
l'acide nitrique, qui dissolvent entièrement le béton, conduisent à un recul de l'interface
matériau-acide, et pour lesquels une protection de surface du béton est absolument nécessaire.
La nocivité de l'attaque acide dépend essentiellement de la solubilité du sel formé par
réaction avec la portlandite. Par exemple, pour l'acide oxalique on a:
(COOH) 2 + Ca (OH) 2 Ca (COO) 2 + 2H2O
Le sel formé (oxalate de calcium) est insoluble dans l'eau et donc le béton n'est pas
endommagé. C'est aussi le cas avec les acides phosphorique et tartrique.
Dans d'autres cas, comme celui de l'acide acétique, on a:
2 CH3COOH + Ca (OH) 2 Ca (CH3COO) 2 + 2 H2O
Le sel formé (acétate de calcium) est très soluble dans l'eau. Comme dans le cas de la
lixiviation, la porosité augmente alors et on observe une altération des propriétés du béton.
Parmi les acides fonctionnant sur ce modèle, on citera également les acides lactique et
formique, issus par exemple de l'industrie agro-alimentaire.
Le cas de l'acide carbonique (solution aqueuse de CO2) est un peu particulier. En effet,
comme dans le cas du CO2 sous forme gazeuse, l'acide carbonique réagit avec la portlandite
pour former de la calcite. Mais, s'il y a du CO2 en excès et si l'eau est douce, la calcite va
réagir avec l'acide carbonique pour donner du bicarbonate de calcium très soluble dans l'eau
(165g/l). Il y a alors lixiviation. L'agressivité d'une eau contenant du gaz carbonique dépend
donc de la quantité de gaz dissous et de la dureté de l'eau.
H2CO3 + Ca(OH)2 CaCO3 + 2H2ODioxyde de carbone Calcite
H2CO3 + CaCO3 CaH2 (CO3)2
Bicarbonate de calcium
Le tableau I.8 résume quelques solubilités des sels de calcium formés à partir
différentes attaques acides :
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
53
Sel de calcium d’acide correspondant Solubilité dans l’eau (wt. %)Sulfate de calciumChlorure de calciumNitrate de calciumFluorure de calciumFormiate de calciumAcétate de calciumPropionate de calciumOxalate de calciumLactate de calciumHydroxyde de Calcium
0.246.0856.000.0235.252.044.06.7 x 10-4
1.050.19
Tableau I.8- solubilité de sels de calcium de quelques acides [128].
Les graisses et huiles d'origine végétale et animale réagissent avec l'hydroxyde de
calcium pour former des sels d'acides gras. L'effet de dégradation sur le béton dépend
principalement de la solubilité dans l'eau des produits de réaction formés.
La pâte de ciment fortement alcaline (valeur pH env. 12.5) offre une excellente
résistance aux bases. Seules des bases très fortes (hydroxyde de sodium ou potasse caustique,
> 20 %) attaquent l'alumine de la pâte de ciment et les granulats amorphes.
ii- Effet d'éclatement lié au gonflement
Les attaques sous la forme de gonflement sont provoquées par les réactions des
matières transportées dans la structure susceptibles de donner naissance à des formations
nouvelles très volumineuses. A l'état plastique, les pressions de cristallisation et d'hydratation
sont neutres étant donné qu'il y a des possibilités de déformation. Ce n'est qu'après un état de
durcissement minimal que les réactions de gonflement peuvent causer des dommages. (C'est
pourquoi une eau contenant des sulfates peut tout à fait être appropriée en qualité d'eau de
gâchage, bien qu'elle causerait des dommages ultérieurement au béton durci.)
Gonflement dû aux sulfates [129]
Les sulfates dissous dans l'eau ont une capacité de mouillage élevée et pénètrent
rapidement et en profondeur dans le béton.
3 CaSO4 + 3CaO·Al2O3·6H2O + 26H2O Al2O3 ·3CaSO4·32H2O
Sulfate de calcium Aluminate tétracalcique hydraté Ettringite
Ils réagissent ici avec l'aluminate de calcium hydraté et l'eau pour former le très
volumineux sulfate tricalcique d'aluminate, appelé également trisulfate ou Ettringite.
Les sulfates solubles dans l'eau peuvent également endommager la structure du béton sous
forme de cristaux de gypse [CaSO4·2H2O] qui occasionnent le gonflement. Il peut y avoir
d’autres gonflements dus aux calcaires, magnésium et alcalins.
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
54
I.10. Pénétration des Chlorures – Corrosion des Armatures
I.10.1. Introduction
Les environnements maritimes sont parmi les milieux naturels les plus agressifs vis-à-
vis des matériaux à matrice cimentaire. En terme de composition chimique, par exemple, la
présence d’ions étrangers à la solution interstitielle, tels que les ions chlore ou magnésium
peut conduire à la formation de précipités, la dissolution ou la modification de la structure de
certaines phases, au sein de la matrice cimentaire. A l’échelle de structures en béton armé, des
risques de corrosion des armatures sont à considérer, à la suite de la pénétration d’ions chlore
ou d’un abaissement du pH de la solution interstitielle.
A ces agressions d’origines chimiques, l’eau de mer est source, pour un matériau
cimentaire, d’agressions physiques et mécaniques. La houle et les vagues sont des
sollicitations mécaniques qui peuvent abraser la surface de la structure en béton. L’alternance
des marées provoque, dans la zone de marnage, des cycles de mouillage/séchage. Des
organismes tels que les algues peuvent se fixer et altérer la surface du matériau.
Dans la zone immergée, le matériau béton est constamment saturé. L’agression
chimique due à l’eau de mer y est prépondérante. Cette zone se caractérise par une évolution
importante de la microstructure de la pâte de ciment. En particulier, il se forme à la surface du
matériau des couches de carbonates de calcium (calcite et aragonite) et d’hydroxyde de
magnésium, qui ont tendance à imperméabiliser la paroi. Plus en profondeur, sur une
épaisseur plus ou moins importante le matériau subit une attaque sulfatique.
Dans la zone de marnage, puisque le matériau est partiellement soumis à l’eau de mer,
les couches protectrices de carbonate de calcium et d’hydroxyde de magnésium ont une
épaisseur plus faible. Le matériau est soumis à une agression mécanique provoquée par les
vagues, et par des cycles de mouillage/séchage, ce qui se traduit par l’apparition de fissures et
par une abrasion de la surface.
Lorsque les ions chlore atteignent les armatures de béton armé, il y a un risque de
corrosion de ces armatures et par conséquent de fissuration du béton. En partie totalement
émergée, le matériau est soumis aux embruns et par conséquent à une alternance de cycles de
séchage/humidification, initiant la corrosion des armatures en béton armé qui induisent une
fissuration du matériau.
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
55
I.10.2. LES CHLORURES : UN IMPORTANT FACTEUR DE RISQUE
Les ions chlorures Cl- pénètrent dans le béton et provoquent, à partir d’une certaine
concentration dans la solution des pores, au niveau des armatures, la destruction locale du
film de passivation et l'initiation d’une corrosion localisée.
Ce phénomène peut se produire très rapidement. La pénétration des chlorures
représente le premier processus de détérioration par corrosion en terme de coûts.
I.10.2.1 ENVIRONNEMENT FAVORABLE : LES MILIEUX MARINS ET ROUTIERS
La présence des ions chlorures dans le béton peut être d’origine interne (cas
d’utilisation d’adjuvants chlorés, de gâchage à l’eau de mer, granulats contaminés) ou externe
(cas des ouvrages soumis à un environnement marin ou des sels de déverglaçage [Figures
I.24-25]).
Figure I.24- Quai en bord de mer [130] Figure I.25- Pont routier enneigé [130]
I.10.2.2. DIFFERENTS TYPES D'EXPOSITION À CONSIDERER
Les conditions d'exposition de la structure à l'environnement sont un facteur clef pour
la modélisation des ouvrages soumis à la corrosion par les chlorures. Suivant le type
d'exposition, on considère différents mécanismes de transport des ions chlorures (Figures
I.26-27).
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
56
Figure I.26- Environnement marin [131]. Figure I.27- Environnement routier [132].
I.10.3. DES FACTEURS D'INFLUENCE NOMBREUX ET VARIABLES
Les facteurs qui influencent la pénétration des chlorures sont les propriétés des
matériaux (composition du ciment, porosité du béton, pH, …), la réalisation de la construction
(temps de cure,…) et les actions de l’environnement (concentration en chlorures, température,
humidité relative…).
Les caractéristiques du réseau poreux (porosité, distribution des tailles de pores,…)
déterminent les propriétés de transfert et sont donc un paramètre de premier ordre dans
l'évaluation et la prévision de la durabilité des structures en béton. Ces propriétés de transport
du béton vont évoluer dans le temps, du fait par exemple de la fissuration ou de la
carbonatation, qui modifient le réseau poreux.
La cinétique de corrosion doit être réévaluée de façon continue en fonction des
modifications du matériau et de l'environnement.
I.10.4. COMMENT PREDIRE LES DEGRADATIONS ?
On s’intéresse à la phase d’incubation, pendant laquelle les ions chlorures pénètrent
dans le béton. On étudie la concentration en ions chlorures au niveau des armatures et on la
compare avec la valeur seuil ou concentration critique, définie comme la quantité minimum
de chlorures au niveau de l'armature pouvant provoquer une corrosion de celle-ci. Cette valeur
est influencée par de nombreux paramètres, tels la microstructure au contact des armatures,
l'alcalinité du béton, l'état de surface de l'acier…
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
57
Figure I.28- Concentration en chlorures au niveau d'une armature [130].
La pénétration des chlorures faits partie d'une problématique impliquant le transport
ionique et les interactions avec la matrice. Deux phénomènes principaux sont donc étudiés :
Le processus de transport des chlorures dans le béton, dont les modes principaux
sont : la diffusion (mouvement ionique sous un gradient de concentration), la
convection (mouvement ionique avec un flux de fluide) et la migration
(mouvement ionique sous un champ électrique naturel ou imposé) ;
la liaison des ions chlorures dans la pâte de ciment, influencée par la composition
du béton et le degré de carbonatation.
Certains modèles plus complets considèrent le transport couplé des principales espèces
ioniques présentes dans la solution interstitielle (chlorure, sodium, potassium, hydroxyde).
Il existe ainsi deux types de modélisations, aux objectifs différents mais
complémentaires :
- des modélisations théoriques affinées, destinées à la recherche scientifique ;
- des modélisations simplifiées, destinées à une utilisation de type ingénieur et permettant le
couplage avec des bases de données et des méthodes probabilistes.
I.10.5. Mécanisme de l’attaque par les chlorures
La pénétration des ions chlore est un mécanisme très complexe qui fait intervenir un
très grand nombre de paramètres. Ces paramètres sont : [133]
1. Le type d’environnement
- Le type de chlorures
- La concentration en chlorures
- La température
- L’humidité relative
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
58
2. les paramètres de formulation du béton
- le type de liant
- le dosage en liant
- le rapport Eau / liant
Les chlorures peuvent pénétrer la surface du béton par deux types de mécanismes de
transport :
Sorptivité capillaire
Les chlorures en solution sont d’abord « entraînés » dans les pores en même temps que
l’eau absorbée (lors des cycles de mouillage séchage par exemple).
Diffusion en phase liquide
Au –delà de la zone d’absorption la pénétration des chlorures s’effectue par diffusion.
Une partie des ions peut être « piégée » dans la pâte de ciment. IL existe deux mécanismes
de captage des ions :
Adsorption sur les surfaces internes des hydrates ou des pores.
Interactions chimiques avec les aluminates pour former des chloroaluminates de
calcium (sel de Friedel- C3A.CaCl2.10H2O) qui sont relativement peu
dommageables.
- Les facteurs d’impact [134]
Les chlorures se présentent dans les matériaux cimentaires sous deux formes : en
solution interstitielle (chlorures libres) et liée (chlorures fixés). Les chlorures se fixent dans le
béton de deux façons : physiquement, adsorbés sur les parois solides dans les pores, ou
chimiquement par réaction avec certains composés du ciment.
3. Interactions physiques
- Surface offerte par les pores et nature de ces surfaces :
Les interactions physiques sont caractérisées par deux paramètres principaux : surface
offerte par les pores et nature des hydrates : forme, composition, … Les hydrates formés vont
donc conditionner la surface de contact offerte aux chlorures.
Les CSH (produits de l’hydratation de C3S, C2S et des réactions pouzzolaniques), les
CAH et CAFH (produits de l’hydratation de C3A, C4AF et des réactions pouzzolaniques)
ayant une grande surface spécifique, contribuent à la fixation physique des chlorures par
adsorption.
- Rapport CaO/SiO2 :
La capacité de fixation physique de chlorures dans le béton dépend du rapport
CaO/SiO2. Un faible rapport CaO/SiO2 conduit à une faible fixation des chlorures car la
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
59
charge positive à la surface des pores est petite, ce qui réduit l’adsorption des ions négatifs
[135].
4. Interactions chimiques
La fixation chimique des chlorures a lieu sur les aluminates de calcium et les
aluminoferrites de calcium en formant des monochloro-aluminates de calcium hydratés (sel de
Friedel) C3A.CaCl2.10H2O ou monochloro-ferrites de calcium hydratés
3CaO.Fe2O3.CaCl2.10H2O [136-138].
C3A + CaCl2 + 10H2O → C3A.CaCl2.10H2O (Eq. I.1)
(Sel de Friedel)
C4AF + CaCl2 + 10H2O→ C3F.CaCl2 .10H2O (Eq. I.2)
- Teneur du ciment en C3A et C4AF :
D’après certains chercheurs [139-141], la fixation chimique des ions chlore dépend
des caractéristiques du ciment utilisé, principalement de la proportion d’aluminate C3A et
d’alumino-ferrite C4AF présents dans le clinker.
Le pourcentage de C3A et C4AF peut être un facteur important qui influe sur la
fixation chimique des chlorures : le C3A réagit avec les chlorures pour produire en général le
sel de Friedel (Eq. I.1) ; le C4AF réagit avec les chlorures en donnant un chloro-ferrite,
analogue au sel de Friedel (Eq. I.2).
Cette hypothèse est claire dans le cas où les ions chlore sont présents dans les
matériaux au moment du coulage (chlorures internes) du fait qu’ils peuvent réagir rapidement
avec le C3A et le C4AF [139-141]…Cependant, dans le cas où les ions chlore pénètrent
ultérieurement à l’intérieur du béton (chlorures externes), il existe des contradictions [142-
144] dans la littérature.
Le pourcentage de C3A et C4AF dans les matériaux CEM V étant plus grand que celui
dans les matériaux CEM I, ce paramètre conduit à une fixation plus grande dans les matériaux
CEM V dans le cas de chlorures internes.
- Cation associé à Cl- :
Des résultats de recherches présentent différentes capacités de transport et de fixation
des chlorures selon le cation associé à Cl-. C. ARYA [139] a constaté que la fixation et la
pénétration de chlore dans le béton augmentent suivant l’ordre NaCl, CaCl2, MgCl2.
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
60
I.10.6. Influence de la nature du liant et additions minérales ou organiques surle coefficient de diffusion des chlorures
La détérioration des structures en béton armé due à la corrosion induite par les
chlorures cause des pertes substantielles pour l'industrie de la construction chaque année. Les
réparations sont nécessaires et chers à cause de la corrosion des armatures qui affecte la
sécurité et le fonctionnement des structures. Par conséquent, il est nécessaire de déterminer le
taux de pénétration des chlorures dans les structures en béton. Différentes méthodes d'essai
sont disponibles pour évaluer la résistance des bétons vis-à-vis de la pénétration des chlorures
et proposent soit un coefficient de diffusion des ions chlorure ou un indice de la résistance du
béton à la pénétration d'ions chlorure.
Comme les tests de diffusion de base demandent plusieurs mois pour déterminer le
coefficient de diffusion, les chercheurs ont mis au point des méthodes de test rapides. Le
transport des ions chlorure est accéléré à l’aide d'un champ électrique [1-5] et fait partie des
tests de migration dont les résultats ont montré une bonne corrélation avec ceux de la
diffusion de base.
Une étude faite par Ohama et al. [145] touchant les bétons-modifiés par polymère
(PMC), a montré que le changement de poids et la pénétration des ions chlorure des PMC
après immersion dans l’eau d’océan substitué (NaCl à 2.4%) et la solution saturé de NaCl à
26.4% pendant 28 et 91 jours, diminuent significativement que ceux des bétons non modifiés,
et tendent de décroître avec l’augmentation du rapport ciment-polymère (%). Ils ont expliqué
que cela par la réduction de nombre de pores existant et par une meilleure résistance à
l'absorption de solutions de NaCl avec une augmentation du rapport de ciment-polymère.
Ohama et al. [146] ont montré aussi que la diffusion des ions chlorure dans les
mortiers et bétons modifiés par polymères diminue significativement. Les résultats obtenus
donnent une idée sur les cœfficients apparents de diffusion (Da) des ions chlorures des
mortiers et bétons modifiés par les latex suivants : styrène-butadiène (SBR), éthylène-acétate
de vinyle (EVA) et le polyacrylique ester (PAE) à 10% et 20%, dans un milieu d’eau d’océan
substitué par 2.4% NaCl. La résistance à la pénétration des ions Cl- des mortiers et bétons
modifiés par les latex, accroît avec l’augmentation des pourcentages de substitution dans le
rapport de ciment-polymère.
Ohama et al. [147] ont étudié aussi l’effet de substitution des latex SBR, EVA et PAE
à 10% et 20%, sur la résistance chimique aux chlorures des mortiers-modifiés par polymères.
Pour simuler les conditions d’environnement chimiques, ces auteurs ont utilisés les solutions
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
61
de NaCl à différentes concentrations suivantes: 0.5, 1.0, 2.5, 5.0, 10.0 et 26.4% (saturée)
pendant 14, 28 et 91 jours d’immersion. Selon la norme UNI 7928 [148], ils ont pu déterminer
la pénétration d’ions chlorures par l’ajout d’une solution d’AgNO3 à 0.1N. Ainsi, en
appliquant la 2ème loi de Fick [149], ils trouvés qu’indépendamment des types de polymère et
des concentrations des solutions de NaCl, les mesures de poids, la profondeur de pénétration
des ions Cl- et les cœfficients apparents de diffusion (Da) des ions chlorures des PMM sont
nettement plus inférieure que celle du mortier non modifié, et tendent généralement à
décroître avec l’augmentation du rapport de polymère-ciment.
Ohama et al. [150] ont étudiés l’effet de pénétration d’ion chlorure sur les propriétés
des mortiers-modifiés par polymères (PMM) tels que SBR, EVA et PAE, avec les adjuvants
chimique sous attaque de 2.5% NaCl pendant 7 jours. Ils ont utilisés le polyalkyl aryl
sulfonate (WRA) (réducteur d’eau) et le monométhyl diéthanolamine (AM) comme adjuvants
aux PMM. Ils ont trouvés que la résistance des spécimens contenant WRA améliore à peine
leurs résistance à la pénétration d’ions chlores et la carbonatation, alors que l’ajout de
l’adjuvant AM aux spécimens améliore significativement la résistante à la pénétration d’ion
Cl- et la carbonatation à cause de l’adsorption des ions Cl - et le dioxyde de carbone CO2 par le
AM. Ils suggèrent aussi, que la combinaison des adjuvants polymérique tels que les
dispersions des polymères et AM donne des améliorations notables vis-à-vis de la pénétration
des ions Cl- et la carbonatation.
Pour une détermination rapide de la pénétration d'ions chlorure, une méthode de test
rapide a été développé par Whiting [151], et elle a été largement utilisé dans les USA et
Canada. Selon cette méthode, la perméabilité aux ions chlorure des bétons-modifiés par les
latex est vérifiée par la charge totale passée à travers les échantillons, et évalués par les
notations de perméabilité des ions chlorure. Cette méthode d'essai a été publiée et connu sous
le nom de la norme ASTM C 1202 [152]. L’étude de Welters [153] présente la perméabilité
aux ions chlore de cinq types de mortiers modifiés par les latex avec un rapport ciment-
polymère de 15%, selon la norme ASTM C1202. Il a conclu que seul, le mortier modifié par
le poly(acétate de vinyle) PVAC, donne de bons résultats alors que les quatre autres types de
mortiers modifiés par les latex fournissent des valeurs de perméabilité aux ions chlorure dans
les gammes de modérée à faible. Le mortier modifié par PVAC donne une valeur élevé de la
perméabilité aux chlorure, en raison de l'hydrolyse des du poly(acétate de vinyle).
Les travaux de Kuhlmann [154] ont indiqué que la perméabilité aux ions chlorure des
bétons modifiés par SBR placé en superpositions, dont les échantillons ont été prélevés dans
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
62
plusieurs localités à travers les Etats-Unis, a été très faible quel que soit les lieux
d'échantillonnage, et a diminué significativement avec l'âge.
Marusin [155] a déterminé la teneur de la pénétration des ions Cl- des bétons modifiés
par les acryliques et SBR, par la méthode de titrage potentiométrique des ions chlorure
existant dans la poudre broyé des spécimens, et a montré que les bétons à la fois modifiés au
latex ont des performances similaires à pouvoir réduire au minimum la pénétration des ions
chlorure.
Dans ce domaine précis, les articles d’Ohama [55] et de Fowler [113] passent en revue
les développements et les utilisations du béton polymère-modifié.
Les effets de la modification du latex de styrène-butadiène (SBR) sur la durabilité du
béton léger ont été étudiés par Joao et al. [114]. La résistance à la corrosion, la résistance
chimique et l'absorption de l'eau de LWAC SBR-modifié (Lightweight Aggregate Concrete
« LWAC ») ont été analysées et comparées au LWAC non modifié. Les résultats de cette
étude ont montré que la performance de LWAC SBR-modifié exposé aux environnements
agressifs chimiques était meilleure que celle du béton non modifié. Ainsi la perte de poids des
échantillons de LWAC SBR-modifié immergés dans des solutions telles que NaClO et NaCl,
était jusqu’à 84 jours inférieur de 1% [114].
Omrane et al. [156-158] ont étudié la résistance des composites mortier-polymère
(PET-ciment (%) 2, 4 et 6), qui sont souvent employés en tant que matériaux prometteurs peu
coûteux pour empêcher ou réparer les divers structures en béton renforcées, contre la
pénétration d’ions chlorure (NaCl à 3 %) par trois type d’essais tels que :
-Essai de pénétration rapide d’ions chlore (Rapid Chloride Penetration Test) (RCPT) ;
-Essai d’immersion totale (Full Immersion Test) (FIT) ;
-Essai d’immersion partielle (Partial Immersion Test) (PIT).
Le comportement de diffusion d'ions chlorure des essais FIT et PIT a été discuté en
appliquant la deuxième loi de Fick.
Ils ont trouvé que la profondeur de pénétration et le coefficient de diffusion apparent
Da d'ions chlorure du mortier-polymère (PET) sont nettement inférieure que ceux du mortier
non modifié. Ainsi, la perméabilité aux ions chlorure des mortiers-PET (PET6) a été
inférieure d’environ 30-40% à celle des mortiers de contrôle.
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
63
0
2 0 00
4 0 00
6 0 00
8 0 00
1 0 0 00
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N o m b re d e J o u rs
1 2 0 jo u rs9 0 jo u rs2 8 jo u rs
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) C P JP E T 2P E T 4P E T 6
Figure I.29- Les résultats des essais réalisés a l’age 28, 90 et 120 jours.
Le travail de Kou et al. [159] vise à étudier les propriétés des bétons légers frais et
durci à base d’agrégat légers, qui sont préparés avec l'utilisation des déchets de plastique
recyclé provenant des tuyaux en PVC déchiqueté pour remplacer le sable de rivière comme
granulats fins. Un certain nombre de composition de béton en laboratoire a été testé, dont le
sable de rivière a été partiellement remplacé par des granulas des déchets plastiques de PVC
en pourcentage de 0%, 5%, 15%, 30% et 45% en volume. Deux conclusions majeures ont été
identifiées. Le côté positif montre que le béton préparé avec un remplacement partiel par des
PVC était plus léger (densité plus faible), plus ductile (la réduction du module d'élasticité), et
un plus faible retrait de séchage et une plus grande résistance à la pénétration d'ions chlorure.
Le côté négatif révèle que la maniabilité, résistance à la compression et la résistance à la
traction du fractionnement des bétons ont été réduits.
Figure I.30- Quantité de charge en coulombs des différentes compositions de bétons légers.
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Les pourcentages de substitution
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
64
La figure I.30 présente les résultats de la pénétrabilité des ions chlorure dans les
mélanges à 28 et 91 jours. Les résultats indiquent que la résistance de la pénétrabilité d’ions
chlorure du béton a été augmenté avec une augmentation de la teneur en PVC. A 28 jours, la
quantité de charge totale en coulombs de P5, P15, P30 et P45 ont été réduits de 11,9%, 19,0%,
26,9% et 36,2%, respectivement, par rapport à celle de P0. L’augmentation de la résistance à
la pénétration d'ions chlorures du béton est attribuée à l'imperméabilité des granulas en PVC
qui bloquent le passage des ions chlore dans les matériaux légers.
Ould Kaci S. [160] a fait l’élaboration d’un béton léger à partir d’agrégat en PVC, où
il a étudié son comportement mécanique et durabilité envers les ions chlorures. L’élaboration
de ce béton a été faite par substitution de deux types de granulat qui entrent dans la
composition d’un béton ordinaire et qui sont le sable et le gravier 3/8. Ces granulats naturels
ont été remplacés par leurs équivalents granulaires en déchets de tuyaux en PVC, le but étant
de réduire la masse volumique du béton.
Trois compositions ont été élaborées en plus de celle du béton témoin en changeant à
chaque fois le pourcentage de substitution (0%, 30%, 50%, 70% en volume) pour voir
l’influence sur les caractéristiques étudiées pour différents âges.
B .T B .3 0 % B .5 0 % B .7 0 %2 7 0 0
2 8 0 0
2 9 0 0
3 0 0 0
3 1 0 0
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3 3 0 0
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L e s d iffé re n te s c o m p o s it io n s d e s b é to n s u til is é s
Q u a n t it é d e c h a rg e (C b ) d e s d if fé re n tsty p e s d e b é to n
Figure I.31- Les résultas de l’essai de pénétration d’ions chlores pourles différentes compositions de béton à 28 jours.
Le graphe I.31 illustre la quantité de charge en Coulombs qui caractérise le degré de
pénétration des ions chlores dans les différentes compositions étudiées. Les résultats montrent
qu’il y’à un optimum de résistance à la pénétration aux ions chlores à 30% de substitution, ce
qui s’est traduit par une baisse de la quantité de charge, qui reprend son ascension dès qu’on
dépasse 30% de substitution.
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
65
Après avoir analysé les résultats des différents bétons élaborés à partir des granulats en
PVC, il a pu conclure que chaque composition de béton élaboré selon ses caractéristiques
convient à un besoin précis.
Les bétons à 50% et 70% de substitution peuvent êtres utilisés comme des bétons de
remplissage.
Le béton à 30% de substitution quant à lui peut très bien être utilisé comme un béton de
structure dans des constructions de petites importances et qui peuvent êtres exposés aux
agressions chimiques tel que les chlorures.
P. Chindaprasirt et al. [161] ont étudié l’influence des cendres volantes sur la
pénétration des ions chlore, dans le béton. Ils ont utilisé trois types de mélanges du béton
(PC1, PC2 et PC3), chaque mélange doit être comparés avec un mélange qui contient : 100 %
de cendre volante (FA1), 45 % de cendre volante (FA2) et 10 % de cendre volante (FA3).
Ils ont effectué des essais de perméabilité d’ions chlore test rapide (RCPT) ASTM
C1202 et des essais d’immersion totale et partielle.
Les résultats obtenus sont :
Essai (RCPT) : La charge de Colomb des bétons PC1, PC2 et PC3 est très élevée en
comparant avec les bétons qui contiennent la cendre volante. Ainsi, les bétons contenants
la cendre volante résistent mieux que les bétons de contrôles.
Essais d’immersions (totale et partielle) il a observé les mêmes tendances remarquées
pour les bétons dans l’essai (RCPT), c à d les bétons contenant de cendre volante
100FA1, 45FA2 et 10FA3 résistent mieux que les bétons contrôles (PC1, PC2 et PC3).
Dans une autre étude faite aussi par P. Chindaprasirt et al. [162], sur l’effet d’oxyde de
carbone sur la pénétration des ions chlore dans les mortiers de ciment portland. Ils ont trouvé
que l’utilisation des ajouts (carburant de cendre de huile de palme (POA), cendre de cosse du
riz (RHA) et cendre volante (FA) dans les mortiers a un effet bénéfique au performance du
mortier sur la résistance au pénétration d’ions chlore, et ils ont remarqué que (RHA) est le
plus efficace que (POA) et (FA).
Une étude réalisée par P. Chindaprasirt et al. [163] sur la résistance à la pénétration
du chlorure des mortiers contenant, 20% et 40% de : Carburant de cendre d’huile de palme
(POA) ; Cendre de cosse du riz (RHA) et Cendre volante (FA). Cette étude a été faite suivant
trois tests : RCPT, l’immersion dans une solution de 3% NaCl pendant 30 jours et par le test
de migration rapide (RMT). Ils ont trouvé pour l’essai de (RCPT) que la charge de Colomb a
été diminuée en comparant avec celle de (OPC) de 59% et 74% pour le mortier de 20% et 40
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
66
% de cendre volante (FA) respectivement, et de 74% et 86% pour le mortier de 20% et 40%
de carburant de cendre d’huile de palme (POA), et finalement de 90% et 97% de diminution
pour le mortier de 20% et 40% de cendre de cosse du riz (RHA), respectivement. Pour l’essai
d’immersion, ils ont trouvé des résultats avec les mêmes tendances que celles de l’essai de
(RCPT), et que les résultats du deuxième essai viennent de confirmer les résultats de l’essai
de (RCPT). Ainsi, les résultats par RMT sont similaires que celles de RCPT.
M. Mouli et al. [164] ont étudié l’influence de la pouzzolane sur la durabilité des
mortiers pouzzolanique, ils ont suivi l’évolution de la profondeur de pénétration des ions
chlorures à 7; 28 et 90 jours. Pour les d’essais de pénétration d’ions chlores ils ont utilisé des
éprouvettes cubiques (100x100x100) cm3. Après la cure, les échantillons sont introduits dans
une solution de NaCl concentré à 5%. Les résultats obtenus permettent de mettre en évidence
l’effet bénéfique de l’ajout de la pouzzolane sur la résistance à la pénétration d’ions chlores.
De cette étude on retient que les mortiers pouzzolaniques développent une meilleure
résistance au pénétration aux ions chlorures. Par conséquent ces mortiers peuvent être
recommandés comme matériaux effectives pour la prévention de la corrosion des armatures
dans les différentes structures. Le coefficient apparent de diffusion d’ion chlorure, déterminé
selon la 2éme loi de Fick, décroît avec le pourcentage de la pouzzolane, on note les valeurs
respectives suivantes : 1.5 10-8cm2/s pour le mortier témoin, 1.1 10-8cm2/s pour le mortier
avec 15% de pouzzolane et 0.75 10-8cm2/s pour le mortier avec 30%.
I.11. Actions des Solutions Sulfatiques
La résistance du béton aux attaques des sulfates est l’un des facteurs les plus
importants pour sa durabilité. Le problème est aussi ancien que le béton et on a commencé à
l’étudier il y a déjà prés de 100 ans [165, 166].
L’attaque sulfatique est accompagnée d’une précipitation de produits sulfatés dits
«secondaires» dont la formation est postérieure à l’hydratation du ciment, d’une expansion
importante et de détériorations chimico-mécaniques (modification des propriétés de transport
et de la porosité, fissures, pertes de résistance et de cohésion). Ceci conduit à la ruine du
matériau cimentaire, à plus ou moins long terme en fonction de l’attaque (nature, teneur et
concentration des sulfates au contact) et du ciment utilisé [167].
On distingue deux types d’attaques : les attaques par les sulfates externes présents dans
l’environnement du béton et les attaques sulfatiques internes pour lesquelles les sulfates
proviennent des composants du béton lui-même [167].
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
67
Les cause de dégradations de plusieurs ouvrages (barrages, ponts,..) sont généralement
dues à des réactions pathologiques principalement à des réactions sulfatiques. Les sulfates
sont présents naturellement dans les sols, surtout dans les régions qui contiennent du gypse
CaSO4.2H2O telles que le sud et l’ouest de l’Algérie. Les eaux souterraines et les eaux
d’infiltration peuvent contenir des sulfates par le contact direct avec des sols sulfatés ou par la
pollution des environnements industriels.
Généralement, les conséquences d’une réaction sulfatique sont d’ordre
macroscopiques en particulier d’ordre mécaniques telles que la chute de résistance, la
fissuration et l’expansion. Ce type de dégradation qui est à long terme fonction de l’attaque
(teneur ou concentration des sulfates en contact) et du type de ciment utilisé.
La norme ACI (1997) [168] apprécie le degré d’agression des sulfates en fonction de
leurs concentrations dans les eaux souterraines et dans le sol. Elle estime que l’agression est
d’autant plus sévère que le taux de concentration dépasse les 10000 ppm dans les eaux
souterraines et 2% dans les sols (tableau I.9).
Concentration en sulfate SO4Catégorie de l’agressionDans les eaux souterraines (en ppm) Dans le sol (en %)
NNéégglliiggeeaabblleeMMooddéérrééSSéévvèèrree
TTrrèèss sséévvèèrree
<<115500115500 –– 11550000
11550000 –– 1100000000>> 1100000000
<<00..1100..1100 –– 00..220000..2200 --22..0000
>> 22..0000Tableau I.9- Classification du type d’agression par les sulfates.
I.11.1. Attaque par les sulfates externes
Cela fait plus de 70 ans que de nombreuses attaques par les sulfates, présents
naturellement dans le sous-sol, ont été constatées sur les fondations d’ouvrages en béton,
partout dans le monde recensé en particulier par Mehta qui parle de « corrosion par les
sulfates » [169]. Ainsi la désintégration du béton en milieu marin est attribuée en partie à la
réaction des sulfates avec les hydrates de la matrice cimentaire [167].
L’attaque externe se produit lorsqu’un matériau cimentaire se trouve en contact direct
avec une source de sulfate, comme dans les sols, les eaux souterraines, les eaux d’infiltration,
les pluies acides (acide sulfurique) liées à la pollution industrielle atmosphérique. Elle peut
être décrite selon trois processus permettant d’évaluer l’agression [167]:
• Le transfert dans le milieu poreux des ions sulfates qui est contrôlé par la
perméabilité et la diffusivité du matériau,
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
68
• Les réactions chimiques entre les composants de la pâte de ciment, qui dépendent du
ciment utilisé, et les ions SO42-,
• Le phénomène d’expansion, résultant de l’apparition de nouvelles phases cristallines,
conséquence des deux premiers processus.
L’intensité du mécanisme d’expansion sulfatique va dépendre de la qualité du béton
(structure et type de ciment, mode de fabrication, cure, son état d’endommagement avant
l’attaque), de l’exposition sur le site (concentration en SO42- et sa distribution dans le sol,
humidité, opportunités de transport), des conditions environnementales et atmosphériques
(changement d’humidité, fréquence des intempéries, température, surface exposée) [170].
Mécanismes de base :
Les dégradations dues aux milieux sulfatiques se font selon des mécanismes de base
simultanés et interactifs [171]:
Dissolution des composés calciques du liant hydraté : silicate de calcium hydraté (C-S-H)
et surtout la portlandite (CH).
précipitation de produits sulfatés dits «secondaires» dont la formation est postérieure à
l’hydratation du ciment.
Dans le cas du sulfate de sodium les réactions chimiques se présentent comme suit [172] :
i) Formation du gypse secondaire :
Ca(OH)2 + Na2SO4 + 2H2O CaSO4.2H2O + 2NaOH
NaOH : Alcalinité élevée -> stabilisation des C-S-H.
CaSO4.2H2O : Produit expansif mais qui se forme uniquement dans les espaces
internes de la pâte de ciment hydraté. Dans la majorité des cas, pas ou peu
d'expansion. Cependant, son dispositif agit pour diminuer la résistance et l'adhérence
de la pâte de ciment due à la décalcification de la portlandite CH et le gel C-S-H qui
est responsable des propriétés liantes de la pâte de ciment [173].
ii) Formation d’ettringite secondaire :
a) À partir du C3A anhydre résiduel:
C3A + 3CaSO4.2H2O + 26H2O C3A.3CaSO4.32H2O
b) À partir des aluminates hydratés:
C3A.CaSO4.18H2O + 2Ca(OH)2 + 2SO4 + 12H2O C3A.3CaSO4.32H2O
(Gypse)
(Ettringite secondaire)
(Ettringite secondaire)
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
69
C3A.Ca(OH)2.xH2O + 2Ca(OH)2 + 3SO4 + 11H2O C3A.3CaSO4.32H2O
La précipitation de l'ettringite secondaire conduit à la formation de cristaux très fins (ettringite
non fibreuse de nature colloïdale) dont le volume molaire est de 3 à 8 fois supérieur au
volume du solide initial (Figures I.32-34).
Figure I.32- Observations au microscopeélectronique à balayage d’ettringite massive malcristallisée [89].
Figure I-33- Ettringite secondaire.Recristallisation à partir d’une zone fissurée dueà la formation d’ettringite expansive [171].
Figure I.34- Veines d’ettringite remplissant unefissure dans un béton ayant subi une attaquesulfatique. Développement des cristauxperpendiculairement aux lèvres de la fissure[171].
Figure I.35- Ettringite massive mal cristallisée,expansive de formation secondaire [171].
L’emploi conjointement du MEB et de la DRX apporte une information capitale
concernant l’état de fissuration, sa localisation et les phases minérales concernées. La
superposition des profils minéralogiques issus de l’analyse en DRX et une photographie de
MEB (Figure I-36) montrant plusieurs zones [167] :
(Ettringite secondaire)
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
70
Figure I.36- Superposition de zonation minéralogique obtenue par DRX et photographieMEB, d’une pâte CEM I (e/c = 0,4) à 12 semaines d’immersion dans une solution de
(Na2SO4) de concentration 15 mmol/l [167].
Une zone en surface très poreuse, la plus proche de la solution d’attaque (en 1), qui
correspond à la zone la plus décalcifiée du matériau dégradé chimiquement ;
Une zone centrale moins poreuse correspondant à la zone de précipitation de
l’ettringite (en 2) ;
Une zone présentant une fissuration parallèle au front d’attaque situé au niveau du pic
de gypse (en 3), mais où co-existent aussi ettringite et portlandite. Dans cette zone
l’ettringite, même si elle est peu détectée par DRX, est tout à fait présente et peut, en
raison de la présence de portlandite, être expansive (AFt massive). Elle favorise ainsi
la fissuration dans cette zone ;
enfin le coeur sain chimiquement est le siège de fissures perpendiculaires au front
d’attaque (en 4).
Les mécanismes de dégradation sont dépendant également de la nature de cation (Ca2+,
K+, Mg2+…etc.) qui est associée aux ions sulfates dans la solution d'eau externe ou dans la
pâte de ciment. Le sulfate de magnésium est très agressif par rapport au sulfate de sodium
[174]. Le sulfate de magnésium réagit par double action :
i) En présence de magnésium la portlandite réagit pour former de la brucite, le gypse
et l’ettringite :
Ca(OH)2 + MgSO4 CaSO4 + Mg(OH)2
Mg(OH)2 : Brucite (Faible solubilité, alcalinité faible, pH faible)
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
71
C3A + 3CaSO4.2H2O + 26H2O C3A.3CaSO4.32H2O(Ettringite secondaire)
ii) Substitution des ions Ca++ par les ions Mg++ dans les C-S-H :
C-S-H + MgSO4 CaSO4.2H2O + (C,Mg)-S-H
(C, Mg)-S-H: gel faiblement cohésive.
Les eaux souterraines ou l’eau de mer sont souvent riches en sulfates de magnésium
(MgSO4). Dans ce cas, les deux ions, cations et anions, participent à la réaction. Les ions
SO42- réagissent avec les aluminates (ou la portlandite) pour former de l’ettringite (ou du
gypse), tandis que les ions Mg2+ peuvent réagir avec les ions OH- et former de la brucite
(Mg(OH)2) ou causer un remplacement partiel du calcium par du magnésium dans les C-S-H.
Le silicate de magnésium hydraté (M-S-H) ainsi formé n’a pas de propriétés liantes, et par
conséquent, la pâte hydratée devient molle et incohérente [175].
Un échantillon d’un béton ayant subi une attaque par le magnésium, ainsi qu’un
micrographe montrant les C(Mg)-S-H sont présentés dans les figures I-37-38, à titre
d’exemple [175].
Figure I.37- Échantillon d’un béton exposé à unenvironnement très agressif [175].
Figure I.38- Micrographe d’une pâte dégradéepar la réaction avec le magnésium [175].
L'attaque par le sulfate de calcium (CaSO4.2H2O ou CaSO4 dans les sols) est plus lente
en raison de sa faible solubilité. Elle conduit à la formation d'ettringite expansive. L'attaque
par le sulfate de sodium (très soluble) (Na2SO4) entraîne la formation d'ettringite secondaire
expansive. Le sulfate de potassium (K2SO4) peut aussi être agressif, le rythme d'attaque est
similaire à celui du sulfate de sodium. La plupart des sulfates métalliques solubles (FeSO4,...)
peuvent être agressifs [172].
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
72
Dans des cas spécifiques, le plus souvent dans les tuyaux d’égouts, certaines bactéries
anaérobies libèrent du HB2BS lorsqu’elles décomposent les matières organiques,. Au contact
avec l’air, le H B2BS s’oxyde et se transforme en acide sulfurique (HB2BSO B4B) qui, à son tour,
attaque les hydrates, particulièrement la portlandite (Ca(OH) B2B), selon les formules suivantes :
H B2BS + HB2BO + 2O2 → H2SO4 + HB2BO
HB2BSO B4 B + Ca(OH) B2B + HB2BO → CaSO B4B. 2H B2BO + H B2BO
Figure I.38- Ettringite secondaire massive. Figure I.39- Cristaux de gypse dans unbéton de 100 ans [176].
Le gypse formé occupe un volume plus grand que la portlandite, sa formation causant
ainsi le gonflement et la fissuration de la pâte. Lorsque la concentration en sulfates est assez
élevée, le gypse restera stable et de nouveau cristaux de gypse continueront à se former.
Cependant, lorsque l’apport des sulfates est faible, le gypse sera dissous en libérant des ions
SO4P
2-Pqui, en réagissant avec des aluminates, formeront de l’ettringite. L’ettringite aussi
occupe plus de place que les composants solides à partir desquels elle se forme, causant ainsi
de l’expansion [177]. Lors d’une attaque du béton par des sulfates externes, sa dégradation se
produit par la formation d’ettringite (Figure I.38) ou de gypse (Figure I.39) et par la pression
et la fissuration conséquentes (Figures I.40-41).
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
73
Figure I.40- Schéma des couches du gypse etde l’ettringite causées par une attaque par lessulfates [176].
Figure I.41- Micrographe de la solutionsolide de l’ettringite dans une pâte dégradée.
I.11.2. Attaque par les sulfates internes
Une autre forme d’attaque par les sulfates [171] se manifeste lorsque la source des
sulfates se trouve dans le béton lui-même. Une quantité limitée de sulfates est toujours
présente dans le béton car les sulfates font partie du ciment Portland. D’abord, ils sont
présents dans le clinker et par la suite une quantité de sulfates de calcium est ajoutée au
clinker lors de son broyage afin de régulariser la prise du C3A.
I.11.3. Autre forme d’Attaque par les sulfates
Formation de la thaumasite:
La thaumasite peut être rencontrée dans les cas d’attaque par les sulfates internes ou
externes [171]. La thaumasite a été observée et est considérée comme l’une des principales
causes de dégradation dans le béton de tuyaux de haute pression d’un aqueduc en Alberta
(Canada) enterrés dans des champs agricoles où l’utilisation d’engrais contenant de
l’ammonium est fréquente. L’ammonium est un catalyseur puissant pour la formation de la
thaumasite. Les figures I.42 et I.43, montrent un diffractogramme des rayons X et un
micrographe de la thaumasite détectée dans ce béton [178] :
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
74
Figure I.42- Diffractogramme des rayons X dela thaumasite dans un béton.
Figure I.43- Micrographe de la solutionsolide de l’ettringite et de la thaumasite dansune pâte dégradée.
Certains carbonates présents dans le béton comme les granulats ou les fillers calcaires
peuvent également réagir, sous des conditions particulières, avec les sulfates pour former de la
thaumasite (Ca.SiO3.CaSO4.CaCO3.15H2O), (Figure I.44).
Figure I.44- Photo MEB de la thaumasite et analyse au spectrométrie à dispersion d’énergiede ces cristaux: signale intense en carbone, silicium, soufre et calcium. Signal en aluminiumtrès faible ou absent [171].
La formation de la thaumasite est favorisée lorsque la température ambiante se situe
entre 5 et 10 °C. Cependant, dans un système cimentaire, la thaumasite n’est détectée qu’en
solution solide avec l’ettringite. Sa formation cause une dégradation du béton qui se manifeste
par une expansion et une fissuration, dans un premier temps, et par une destruction des C-S-H
par la suite. La formation de la thaumasite est encore plus destructive que celle de l’ettringite,
car d’abord la quantité de thaumasite qui peut se former est beaucoup plus grande que celle de
l’ettringite à cause des constituants qui rentrent dans sa composition (silicates, carbonates,
sulfates, chaux et eau) et ensuite, la formation de la thaumasite peut causer la consommation
des silicates et du calcium des C-S-H [178].
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
75
I.11.4. Influence des additions organiques sur l’attaque sulfatique
Les applications larges du béton modifié par latex (Latex Modified
Concrete « LMC ») [79, 118] invite des chercheurs à mener à bien les travaux étendus afin
d'établir une bonne base pour ce développement.
La durabilité des structures en béton renforcées représente un souci important à
beaucoup d'investigateurs. L'utilisation du béton modifié par latex (LMC) a été étudiée par
F.A. Shaker et al. [79] dans la construction et a permis de passer en revue et étudier ses
différentes propriétés. Ils ont trouvé que le LMC a montré une faible diminution de la
résistance à la compression après différentes périodes d'immersion dans la solution de sulfate
de sodium (Na2SO4) à 5% par rapport au béton ordinaire. Cela indique que LMC a une
meilleure résistance aux sulfates que celle du béton classique. Le tableau I.10 montre la
résistance à la compression de LMC et béton ordinaire après immersion dans une solution de
sulfate de différentes périodes d'immersion par rapport aux spécimens témoin du même âge.
La figure I.45 montre le pourcentage de diminution de la résistance de compression après
différentes périodes d'immersion pour le LMC et le béton ordinaire. Ils concluent que:
- Le LMC assure une meilleure protection au renfort en acier, contre la corrosion induite par
les chlorures sur les structures exposées à l'environnement de concentration élevé du chlore
tel que les recouvrements de pont.
- La résistance de LMC à l'érosion, et la solution de sulfate se sont avérées considérablement
importante comparée à ceux du béton conventionnel.
- Le LMC offre beaucoup d’avantage pour des structures où la durabilité est le souci principal
[79].
LMC Béton OrdinairePérioded’immersion
(mois) témoin Immergé % témoin Immergé %
1 38.0 37.2 2.1 40.0 39.0 2.5
2 39.0 37.8 3.1 40.5 38.8 4.2
3 40.4 39.0 3.5 41.2 39.0 5.3
6 41.0 36.5 11.0 42.5 34.2 19.5
9 41.8 33.7 19.4 44.4 29.2 34.2
12 42.6 32.8 23.0 45.6 22.3 51.1
Tableau I.10- Résistance à la compression (MPa) des LMC et de bétons ordinairesaprès différentes périodes d'immersion dans une solution de sulfate de sodium, et leursdiminution de la résistance en compression (%) [79].
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
76
0 2 4 6 8 10 120
10
20
30
40
50
60
Le
pou
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utio
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ance
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com
pre
ssio
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)
Période d'immersion (mois)
LMCBéton ordinaire
Figure I.45- Le pourcentage de diminution de la résistance à la compression (%) des LMC etdu béton ordinaire après une période d’immersion dans 5% de Na2SO4 .
La résistance chimique des mortiers et bétons modifié par les latex [57] dépend de la
nature des polymères ajouté, le rapport du ciment-polymère et les natures des produits
chimiques. La plupart des mortiers et bétons modifié par les latex sont attaqué par les acides
minéraux ou organiques et des sulfates, car ils contiennent du ciment hydraté qui est non
résistant à ces agents chimiques, mais résistent aux alcalis et des sels divers à l'exception des
sulfates. Leur résistance chimique est généralement considérée comme bonne pour les
graisses et les huiles, mais pauvres aux solvants organiques.
Les tableaux I.11 [179] et I.12 [180] montrent la résistance chimique des mortiers
utilisant des latex élastomères et thermoplastiques, respectivement ave un rapport de ciment-
polymère de 20%. En particulier, le mortier modifié par le copolymère acrylonitrile-butadiène
NBR montre une excellente résistance aux solvants organiques et des huiles, mais le mortier
modifié par le polyisoprène naturel (Caoutchouc naturel) NR ne résiste pas à ces agents. Bien
que de mortier de ciment ordinaire complètement ne parvient pas au contact de l'huile de
colza, la plupart des mortiers modifié par les latex élastomères et thermoplastiques sont guère
attaqués. En général, le mortier modifié par le polychlorure de vinylydène PVAC résiste
guère aux acides et alcalins, mais il est stable dans une large mesure vers les solvants
organiques tels que les huiles minérales [181].
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
77
Changement de poids (%) Changement du volume (%)
Type de Mortier Type de MortierType deproduits C.
(%) Nonmodifié
SBRmodifié
EVAmodifié
PAEmodifié
PVDCmodifié
Nonmodifié
SBRmodifié
EVAmodifié
PAEmodifié
PVDCmodifié
Acidesulfurique
1 -8.8 -6.1 -2.2 -19.1 3.5 -17.0 -9.9 -6.6 -23.8 -2.1
Acidechlorhydrique
1 -50.0 -50.9 -48.4 -46.4 -47.9 -54.2 -52.5 -48.0 -48.2 -50.9
Acideacétique
1 -21.1 -20.4 -21.6 -20.3 -22.7 -28.4 -23.5 -24.7 -24.1 -27.4
Hydroxydede sodium
45 6.2 -5.0 -4.7 -10.7 -1.1 -6.3 -5.5 -6.7 -9.4 -5.0
Chlorure desodium
Sat. 10.2 -0.4 2.4 3.4 6.1 -0.5 -4.1 -1.2 -0.9 -0.9
Sulfate desodium
Sat. 12.1 4.5 3.7 4.6 7.7 -0.2 0.7 0.4 -0.3 0.1
Xylène 100 5.3 2.3 5.5 3.1 9.8 -1.7 -2.8 -1.2 -0.5 -0.2
Huile decolza
- -100.0 2.7 6.1 5.3 7.4 -100.0 -1.2 1.0 -0.1 -0.3
Pétrolelourd
- 8.3 2.5 4.9 4.5 8.4 -2.1 -2.0 -1.4 -1.0 -0.9
Eau douce - 6.9 5.1 7.4 7.8 7.1 -1.6 -0.5 -0.1 -0.3 0.1
C. Concentration ;Sat. Saturée.Tableau I.11- Résistance chimique des mortiers modifiés par des latex thermoplastiques avec
un rapport de ciment- polymère de 20% [179].
Changement de poids (%) Changement du volume (%)
Type de Mortier Type de MortierType deproduits C.
(%) Nonmodifié
SBRmodifié
CRmodifié
NBRmodifié
NRmodifié
Nonmodifié
SBRmodifié
CRmodifié
NBRmodifié
NRmodifié
Acidesulfurique
5 -38.8 -44.4 -80.9 -62.6 -86.1 -43.8 -46.9 -70.3 -64.1 -87.3Acide
chlorhydrique5 -87.7 -77.8 -87.9 -76.7 -82.9 -89.1 -78.1 -89.1 -76.6 -84.4
Acideacétique
5 -66.7 -42.1 -56.1 - -44.3 -56.6 -43.8 -54.7 - -43.8
Hydroxydede sodium
45 -13.0 - 0.0 0.0 -32.0 -21.8 - 0.0 0.0 -34.4
Chlorure desodium
Sat. 11.9 1.6 3.2 0.8 5.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0
Sulfate desodium
10 10.9 - 2.4 1.6 6.9 0.0 - 0.0 0.0 0.0
Sulfate demagnésium
Sat. 7.5 - 3.3 1.6 2.8 0.0 - 0.0 0.0 0.0
Benzène 100 7.4 - 0.8 2.4 48.5 0.0 - 0.0 0.0 68.8
Huile decolza
- -100.0 0.0 0.0 0.8 3.9 -100.0 1.6 0.0 0.0 0.0
Pétrolelourd
- 7.3 - 0.8 1.6 1.9 0.0 - 0.0 0.0 0.0
CR : Polychloroprène , Néoprène.
Tableau I.12- Résistance chimique des mortiers modifiés par des latex élastomères avec unrapport de ciment- polymère de 20% [180].
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
78
Une autre étude faite par Ohama et al. [182] a traité la résistance chimique du béton de
polyméthacrylate de méthyle par des réactifs typiques à usage industriel. Le béton de
polyméthacrylate de méthyle est préparé avec une combinaison des proportions et testé pour
sa résistance chimique sur onze réactifs, tels que les acides, alcalins, sels, huiles, solvants et
l'eau du robinet, selon les normes JIS (norme industrielle japonaise) qui concerne la méthode
de teste pour la résistance chimique du béton aux solutions agressives. Les conclusions
obtenues sont résumées comme suit :
Le béton de polyméthacrylate de méthyle est fortement attaqué par l'acétone et le toluène
et légèrement attaqué par l'acide chlorhydrique, sulfurique et acétique; mais il montre une
bonne résistance à l'hydroxyde de sodium, le sulfate de sodium Na2SO4, le chlorure de
sodium, le kérosène, l'huile de colza et de l'eau du robinet (Figures I-46-47).
Figure I.46- La résistance à la compression du Béton de polyméthacrylate après 28 joursd’immersion dans les solutions agressives [182].
Le béton en polyméthacrylate de méthyle est à peine attaqué par l'eau du robinet, la
solution saturée par Na2SO4, saturée par NaCl, le kérosène et l'huile de colza (Figures I.46-
47). Sauf, un certains gain de poids a été observée au cours des 28 jours d'immersion. Le peu
de différence dans le gain de poids entre l'eau du robinet, la solution saturée par Na2SO4 et
saturée par NaCl est considéré comme due à une différence dans la pression osmotique
développée par différentes concentrations de ces solutions [183]. Selon Oono et Matsunaga
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
79
[183], lorsque les matières organiques sont avec une substance soluble dans l'eau et qui sont
immergés dans des solutions aqueuses neutres, la pression osmotique survient généralement
entre les matières organiques et les solutions en raison d'une différence de concentration entre
les solutés dans les solutions aqueuses formés dans les matières organiques et les solutions.
Ainsi, la pression osmotique tend à diminuer avec l'augmentation de la concentration des
solutions.
Figure I.47- La résistance relative à la compression du Béton de polyméthacrylate après28 jours d'immersion dans les solutions agressives [182].
I. 12. Objectifs
Notre synthèse bibliographique concerne le ciment et son hydratation, les composites
de Béton-Polymère (C-PC) et la durabilité de ces matériaux cimentaires.
Le mortier et le béton fait avec le ciment Portland ont été des matériaux de
construction populaires dans le monde depuis des décennies. Cependant, le mortier de ciment
ou de béton a certains inconvénients tels le durcissement retardé, la basse résistance à la
traction, le grand rétrécissement de séchage et la basse résistance chimique. Pour réduire ces
inconvénients, des polymères servent d’additifs.
Rappels bibliographiques sur les matériaux cimentaires Chapitre I
80
Les matériaux composites font aujourd’hui l’objet de recherche tant théorique
qu’expérimentale, car un regain d’intérêt se manifeste dans le monde pour l’utilisation des
composites mortier- polymère dans l’industrie du bâtiment comme matériau de second œuvre:
colle à carrelage ou enduit de façade et autres applications.
On a commencé par une étude des résistances mécaniques des mortiers à long terme
avec et sans ajout de polymère PET. Pour expliquer ces déformations microstructurales on se
base sur la spectrométrie IRTF, la diffraction aux rayons X, la microscopie électronique à
balayage, la microscopie optique, l’analyse thermique différentielle ATD et l’analyse
thermogravimétrique (ATG). Les trois derniers chapitres sont consacrés à l’étude de la
durabilité des matériaux polyphasés en environnements agressifs.
On décrit préalablement les processus opératoires et on donne toutes les compositions
soumises à l'expérimentation.
Les principaux axes de l'étude de composites Mortier-Polymère sont les suivants:
Etude de l'évolution de la résistance à la compression.
Etude de l'évolution de la résistance à la traction par flexion.
Etude de la variation du pourcentage du polymère.
Application de la spectrométrie IRTF.
Diffractométrie aux rayons X (D.R.X).
Vue au microscope électronique à balayage (M.E.B).
Vue au microscope optique (M.O.P).
Analyse thermique différentielle ATD et l’analyse thermogravimétrique (ATG).
Etude du comportement des composites mortier-polymère vis-à-vis des différents
milieux agressifs tels que les acides, la base, la pénétration des ions chlorure et les
sulfates.
Etude de la microstructure des mortiers ou composites après attaque chimique des
solutions agressives par DRX, IRTF, la microscope électronique à balayage avec
l’association de l’analyse dispersive EDS, l’analyse thermique simultanée qui
comprend une analyse thermogravimétrique (ATG) et une analyse thermique
différentielle (ATD) et l’analyse calorimétrique différentielle à balayage (DSC).
Index bibliographique - Chapitre I
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89
Chapitre II
Élaboration et CaractérisationDes composites Mortier-Polymère
Ce travail a fait l’objet d’une publication dans un journal international : Physical &Chemical News (PCN) - (2005).
Élaboration et caractérisation des composites Mortier-Polymère Chapitre II
90
Chapitre IIÉlaboration et caractérisation
Des composites mortier-polymère
II.1 Introduction
Dans le but de mettre en évidence l’influence de la présence d’ajouts polytéréphtalate
d’éthylène (PET) sur les propriétés physico-chimiques et mécaniques des mortiers, on a
effectué une série d’essais, chimiques, physiques et mécaniques dans les Laboratoires
suivants :
Laboratoire de matériaux LABMAT du département de génie civil de
l’ENSET d’Oran.
Laboratoire de chimie des polymères LCP d’Es-Sénia, Oran.
Laboratoire de matériaux, Sol et Thermique de l’IGCMOran.
La conception des composites mortier-polymère passe par une étude préliminaire et il
est nécessaire de choisir les matériaux tels le type de sable, le rapport E/C, etc. et les modes
opératoires employées. On s’est intéressé alors à une étude des mortiers de référence pour en
déduire les propriétés mécaniques de compression.
Ensuite, l’incorporation du polymère PET a été réalisée par substitution d’une partie
du ciment d’un mortier de référence.
La comparaison des plusieurs compositions nécessite qu’elles aient au moins un point
commun.
La mise en évidence des caractéristiques mécaniques des différentes compositions de
mortier et/ou composite Mortier-Polymère, en fonction de l’ajout du PET, nécessite des essais
expérimentaux mécaniques. On a tenu à garder le quantité d’eau (E/C=0.5) et du sable
(S/C=3) constante, et ce pour toutes les compositions des matériaux.
Pour la série d’essais et résultats, On s’est intéressé à l’évolution des résistances
mécaniques (compression et traction par flexion trois points) de ces mortiers en fonction de la
variation des paramètres essentiels (pourcentage de l’ajout du PET, âge des éprouvettes, etc.).
Élaboration et caractérisation des composites Mortier-Polymère Chapitre II
91
Afin d'arriver à des conclusions pratiquement exploitables, il a été nécessaire dans la
seconde série de réaliser des essais d'identification microstructurale. Dans ce but, on a fait
appelle à la spectrométrie IRTF, les diffractions aux rayons X, la microscopie électronique à
balayage (M.E.B), la microscopie optique et les analyses thermiques ATD et ATG.
II.2. Elaboration des matériaux cimentaires
Dans le but de déterminer le meilleur type de vibration, le sable utilisé et le rapport
E/C, on a réalisé, une série, d’essais expérimentaux sur des éprouvettes de mortier 1/3. Il
s’agit de briser trois éprouvettes de mortier à chaque échéance 3 et 7 jours à l’aide d’une
presse hydraulique, pour en déduire les résistances à la compression.
2. 1. Analyse granulométrique
L’analyse granulométrique permet de déterminer la grosseur et les pourcentages
pondéraux respectifs des différentes familles de grains constituants nos divers échantillons de
sable (Sable de mer 1, 2, 3, et Sable concassé).
L’essai consiste à classer les différents grains constituant l’échantillon en utilisant une
série de tamis, emboîtés les uns sur les autres, dont les dimensions des ouvertures sont
décroissantes du haut vers le bas. Le sable étudié est placé dans la partie supérieure des tamis
et le classement des grains s’obtient par vibration de la colonne de tamis. On a pu obtenir les
résultas illustrés par la figure II.1.
100 10 1 0,1 0,01 1E-3-10
0
1020
3040
5060
7080
90100
110120
Sable demer 1Sable demer 2Sable demer 3Sable concassé
Poi
dscu
mul
éen
%
Diamétre équivalent enmm
Figure II.1- Analyse granulométrique des différents sables utilisés.
Élaboration et caractérisation des composites Mortier-Polymère Chapitre II
92
2. 2. Essais sur mortiers
i. Confection des mortiers
Le travail consiste à préparer un mortier pour la fabrication des éprouvettes 4x4x16 (cm3).
Pour que les résultats soient comparables, on passe, d’un mortier à l’autre, et on prend
comme seule variable la composition du sable. Un mortier comprenant ciment, sable et eau,
où peuvent varier la nature et quantité, et où sont fixées :
les quantités de chaque constituant.
une ouvrabilité constante.
La quantité nécessaire pour un moule (3 éprouvettes) est indiquée dans les dosages
présentés dans le tableau II.1. Les mélanges du mortier sont obtenus à partir de différents
sables utilisés (Sable de mer 1, 2, 3, et Sable concassé).
ii. Mise en place des mortiers
Cette opération influe d’une façon notable sur le produit final. La préparation du
mortier a été effectuée selon les étapes suivantes [1] :
Le sable et le ciment à tester sont gâchés avec l’eau dans les proportions : 450 ± 2g de
ciment, 1350 ± 5g d’un sable et un pourcentage d’eau. Les rapports E/C d’un tel mortier sont
compris entre 0.50 et en 0.47.
Avant d’être utilisé pour les différents essais de compression et flexion, ce mortier est
malaxé pendant 3 minute conformément aux prescriptions de la norme :
Introduire le sable en premier dans la cuve du malaxeur (type Hobart normalisé), y
versé ensuite le ciment, après ça mettre le malaxeur en marche à vitesse lente.
Après 30 s de malaxage introduire régulièrement l’eau pendant les 30 s suivantes.
Mettre alors le malaxeur à sa vitesse rapide et continuer le malaxage pendant 60 s
supplémentaires.
Arrêter le malaxeur pendant les 15 premières secondes enlever au moyen d’une
raclette en caoutchouc tout le mortier adhérent aux parois et au fond du récipient
en le repoussant vers le milieu de celui-ci.
Reprendre ensuite le malaxage à grande vitesse pendant 60 s.
Le ciment utilisé dans cette étude :
Il s’agit d’un ciment Portland composé type CPJ-CEM II/A provenant de l’usine de
Zahana (située au Nord-Ouest de l’Algérie). Ce ciment a une finesse de 2987 cm2/g, de
densité absolue 3.09 et d’une résistance à la compression à 28 jours de 36 MPa. Les
caractéristiques chimiques et minéralogiques de ciment sont données par le tableau II.1.
Élaboration et caractérisation des composites Mortier-Polymère Chapitre II
93
Eléments SiO2 Al2O3 Fe2O3 CaO MgO SO3 PAF CaO librePourcentage 21.82 6.57 4.01 63.43 0.21 1.86 2.09 0.24
Constituant C3S C2S C3A C4AFPourcentage 40.20 32.25 10.64 12.19
Tableau II.1- Composition chimique et minéralogique du ciment (CPJ-CEM II/A).
Ces opérations de malaxage sont récapitulées dans le tableau II.2 ci-dessous,
Tableau II.2- Conduite des opérations de malaxage [1] .
iii. Mode de conservation
L’ensemble est détaillé par la norme EN 196-1 [2] comme suit :
Une salle maintenue à une température de 20°C ± 2°C et à une humidité relative
supérieure ou égale à 50%.
Une chambre ou une armoire humide maintenue à une température de 20°C ± 1°C et à
une humidité relative supérieure à 90%.
Des moules normalisés (figure II.2) permettant de réaliser 3 éprouvettes prismatiques
de section carrée 4 cm x 4 cm et longueur 16 cm (ces éprouvettes sont appelées « éprouvettes
4 x 4 x 16 cm3»).
Un appareil à chocs permet d’appliquer 60 chocs aux moules en les faisant chuter
d’une hauteur de 15 mm ± 0.3 mm à la fréquence d’une chute par seconde pendant 60 s, et un
autre appareil à chocs nommé « table à choc ».
opérations Introduire
du sable
Introduire
du ciment
Introduction
de l’eau
Raclage
du
la cuve
Durée 30 s 30 s 60 s 15 s 60 s
Etat de
malaxeur Arrêt Vitesse lente
Vitesse
rapide
Arrêt Vitesse
rapide
Élaboration et caractérisation des composites Mortier-Polymère Chapitre II
94
Figure II.2- Moule à alvéoles pour mortier (NF P 15-413), [1].
2. 3. Caractérisation mécanique des mortiers
La résistance mécanique du mortier après durcissement dépend du rapport eau/ciment.
Cette résistance mécanique est caractérisée par sa classe de résistance à la rupture par
compression et traction par flexion.
Il s’agit de briser trois éprouvettes de mortier à chaque échéance (3j, 7j) à l’aide d’une
presse hydraulique, pour en déduire des résistances à la traction par flexion et à la
compression.
a. Mesure des résistances mécaniques
Essai de traction par flexion [1,3]
Cet essai est réalisé sur l’appareil de type IBERTEST pourvu d’un dispositif de flexion
par trois points (figure II.3), en plaçant l’éprouvette symétriquement entre deux mâchoires.
Ces dernières servent d’appuis et une troisième est destinée à appliquer un moment
fléchissant. Après rupture de l’éprouvette la valeur de la force de flexion est directement lue
en MPa. Effectivement, les contraintes de traction dans cette section sont données par la
formule classique suivante :
VIM
f (Eq. II.1)
I : étant le moment d’inertie de la section, et V la distance du point considéré à l’axe.
33 2
3
6
4
b
LF
bVI
LFM
(Eq. II.2)
Les essais sont effectués conformément à la norme NF P15-451.
Élaboration et caractérisation des composites Mortier-Polymère Chapitre II
95
Mesure des résistances à la compression [1,3]
Les deux demi morceaux obtenus après rupture sont testés en compression.
L’essai à la compression est réalisé sur une presse hydraulique de marque type
IBERTEST (figure II.4). L’éprouvette est placée au milieu du plateau de la presse. La surface
de contact entre l’éprouvette et le plateau de compression est de 16 cm2 : (4x4 cm2).
L’augmentation de la charge se fait automatiquement et la force de rupture est
indiquée en MPa. La résistance à la compression est la moyenne arithmétique des valeurs
déterminées par six essais; cette résistance est donnée par la relation :
SP
c (Eq. II.3)
Où c : résistance à la compression;
P : charge de rupture;
S : section de l’éprouvette;
Pour cet essai plusieurs conditions doivent être remplies :
Les faces de l’éprouvette qui sont au contact de la presse doivent être bien planes, et
perpendiculaires à l’axe de l’éprouvette.
La ligne d’application de la force doit coïncider avec l’axe de l’éprouvette.
La vitesse de la force d’application doit croître régulièrement, ni trop vite ni trop
lentement afin d’éliminer les effets de chocs et de fluage.
Figure II.3- Dispositif pour l’essai derésistance à la flexion (Appareil IBERTEST)
Figure II.4- La presse hydraulique decompression pour Mortier (IBERTEST).
Élaboration et caractérisation des composites Mortier-Polymère Chapitre II
96
2. 4. Résultats des essais mécaniques de compression des différentsmortiers
La résistance mécanique est exprimée par le pouvoir de mortier à résister à la
destruction sous l’action des contraintes dues aux différentes charges de compression [1].
Chaque valeur de la résistance à la compression est égale à la moyenne des mesures
sur trois éprouvettes.
- Etude de la variation de la résistance à la compression des mortiers
Les résultas des essais effectuées sur des éprouvettes (4x4x16) cm3 des mortiers, sont
détaillés dans le tableau II.3 et II.4, pour le rapport E/C=0.5 et E/C= 0.47 respectivement ci-
dessous :
Rapport E/C = 0.5
Tableau II.3 : Résistance en compression (MPa) des différents mortiers en fonction dutemps (E/C=0.50)
Composition (%) Type de vibration : 3 jours : 7 jours :
S.M. 100 M 5.5 7.8
S.M. 100 E 4.9 10.8
S.C. 100 M 14.5 22.6
S.C. 100 E 17.2 22.08
S.M. 30 / S.C 70 M 9.9 19.4
S.M. 30 / S.C 70 E 13.7 20.5
S.M. 70 / S.C 30 M 12.9 15.4
S.M. 70 / S.C 30 E 12.4 13.08
S.M. 50 / S.C 50 M 13.54 18.27
S.M. 50 / S.C 50 E 10.9 20.6
Compression (MPA) :
Élaboration et caractérisation des composites Mortier-Polymère Chapitre II
97
Rapport E/C =0.47
Tableau II.4- Résistance en compression (MPa) des différents mortiers en fonction dutemps (E/C=0.47)
Notation spécifique :
S.M : Sable de Mer
S.C : Sable de Carrière
E : Electrique
M : Manuel.
Notre objectif étant d’analyser l’évolution de la résistance mécanique à l’échéance 3
et 7 jours pour les différents mortiers obtenus, (cf. tableau II.3 et II.4). Les résultats nous
permettent de conclure que pour le mortier dont la composition de 100% de Sable de Carrière,
subissant la vibration électrique pour sa mise en œuvre, et dont le rapport eau sur ciment E/C
est égale à 0.50; donne des meilleures valeurs (tableau II.3) de résistance à la compression,
comparées avec celles des autres mortiers.
Pour la suite de notre étude, nous avons choisi d’utiliser comme matériaux de test le
Sable de Carrière subissant la vibration électrique, pour la mise en œuvre des éprouvettes des
mortiers et/ou composite mortier-polymère.
Composition (%) Type de vibration : 3 jours : 7 jours :
S.M. 100 M 4.1 6.7
S.M. 100 E 6.4 9.3
S.C. 100 M 10.1 20.9
S.C. 100 E 12.1 20.5
S.M. 30 / S.C 70 M 11.0 17.4
S.M. 30 / S.C 70 E 10.1 16.2
S.M. 70 / S.C 30 M 7.4 11.6
S.M. 70 / S.C 30 E 6.1 19.0
S.M. 50 / S.C 50 M 7.6 13.8
S.M. 50 / S.C 50 E 9.7 17.9
Compression (MPA) :
Élaboration et caractérisation des composites Mortier-Polymère Chapitre II
98
II.3. Elaboration et étude des comportements mécaniques des compositesMortier-Polymère
Les matériaux composites [4-7] font aujourd’hui l’objet de recherche tant théorique
qu’expérimentale, car depuis quelques années, un regain d’intérêt se manifeste dans le monde
entier pour l’utilisation des composites mortier- polymère [8,9] dans l’industrie du bâtiment
comme matériau de second œuvre : colle a carrelage ou enduit de façade .
En vue d’appréhender l’influence du polymère sur le comportement mécanique du
matériau [10], une première étude expérimentale a été menée sur un mortier normalisé
substitué de différents teneurs en polytéréphtalate d’éthylène (PET) [11] dont nous avons
effectué des essais mécaniques, telles la résistance à la compression et la résistance à traction
par flexion, c’est à dire le pouvoir du mortier à résister à la destruction sous l’action des
contraintes dues aux différentes charges de compression ou de traction par flexion [1].
3. 1. Caractéristiques physico-chimiques du polytéréphtalate d’éthylène utilisé
Le polymère utilisé dans cette étude, est le polytéréphtalate d’éthylène connus sous le
nom commerciale PET; provenant de l’usine Tramaplaste de la région ouest : Tlemcen (Sidi
Daoudi). Il a une température de fusion au environ de 248 °C. Le PET est obtenu par le
broyage très fin des bouteilles de boisson. En vue de leur utilisation dans la confection des
composites Mortier-Polymère, le polytéréphtalate d’éthylène broyé doit être soumis à des
essais de laboratoire, à savoir l’analyse granulométrique.
La courbe granulométrique est représentée dans la figure II.5. Après plusieurs essais
préliminaires, on a décidé d’utiliser dans cette étude les particules du polymère inférieur à 1
mm.
3. 2. Caractéristiques physico-chimiques du sable concassé utilisé
C’est un sable concassé obtenu de la carrière de Kristel (Oran, Ouest Algérien), ses
principales caractéristiques physiques et chimiques sont regroupées dans le tableau II.5 et II.6
respectivement. Le sable est initialement préparé pour être classé suivant les normes
françaises NF P 15-403 [2], sa courbe granulométrique est représentée dans la figure II.5.
Élaboration et caractérisation des composites Mortier-Polymère Chapitre II
99
Masse volumique absolue (g/cm3) 2.53Masse volumique apparente (g/cm3) 1.51Equivalent du sable (%) 84Module de finesse 2.55Nature CalcaireCoefficient d’absorption (%) 0.5Coefficient de courbure : Cc 1.25Coefficient d’uniformité : Cu 5Valeur au bleu 0.16
Tableau II.5- Paramètres physiques du sable utilisé
Eléments SiO2 Al2O3 Fe2O3 CaO MgO SO3 PAF Chlorures
Pourcentage 0.77 0.11 0.36 54.71 0.21 Nul 43.83 Nul
Tableau II.6- Composition chimique du sable concassé.
L’élément essentiel du sable concassage est le carbonate de calcium CaCO3 avec un
pourcentage qui atteint 98,18%. Il contient de très faibles pourcentages de matériaux siliceux
et alumineux (SiO2 = 0,77 % et Al2O3= 0,11 %). Il s’agit d’un sable de nature calcaire.
La magnésie MgO est faiblement présente (0,21 %), les oxydes sont surtout des oxydes
de fer (0,36 %) sous la forme de Fe2O3. Par ailleurs, aussi bien les chlorures (Cl) que les
sulfates solubles et les matières organiques ont des pourcentages très faibles. Le sable de
concassage est donc un bon sable du point de vue chimique [12].
100 10 1 0,1 0,01 1E-30
20
40
60
80
100
PE T broyéSa ble concassé
Poid
scum
ulé
en(%
)
D iamètre équiva lent en (m m)
Figure II.5- Les courbes granulométriques du polytéréphtalate d’éthylène broyé et du sableconcassé [13].
L’équivalent de sable est de l’ordre de 84%. Ce pourcentage lui attribue la qualité d’un
sable propre, contenant une faible quantité de fines. Donc, un sable contenant moins
Élaboration et caractérisation des composites Mortier-Polymère Chapitre II
100
d’éléments fins conduira à une valeur de E/C importante pour donner des résistances
considérables de mortier [1].
3. 3. Elaboration et mise en œuvre des éprouvettes
- Préparation des constituants
Le travail consiste à préparer un mortier et des composites Mortier-Polymère (1/3),
pour la fabrication, des éprouvettes (4x4x16) cm3.
Pour que les résultas soient comparables, on passe d’un mortier à un autre, et on prend
comme seule variable la composition du liant (pourcentages de ciment et polymère
respectifs). Les éprouvettes comprenant ciment, polymère, sable et eau où peuvent varier la
nature et quantité déjà fixées :
la quantité de chaque constituant;
la nature précise du sable;
le diamètre du polymère utilisé;
- Compositions retenues
La quantité nécessaire pour un moule (3 éprouvettes) est indiquée dans les dosages
présentés dans le tableau II.7, qui présentent la composition des matériaux en fonction de la
teneur en polymère. Les quantités y sont exprimées en pourcentage massique de ciment.
Les proportions massiques en sable sont les suivantes :
Sable sur ciment : S/C = 3.
Polymère 0 1.5 2.5 3.5 5.0 7.5
Sable 300 300 300 300 300 300
Eau 50 50 50 50 50 50
Tableau II.7- Composition des mortiers et des composites Mortier-Polymère (quantité enpourcentage massique de ciment).
- Détermination du rapport E/C et du diamètre du polymère
La détermination du rapport E/C est réalisée en tenant compte des phénomènes dus à
l’exercice du polymère sur la pâte. A contrario de ce qui avait été envisagé, la détermination
de E/C se fait en ajustant l’ouvrabilité du mortier ou des composites. En définitive, E/C retenu
est de 0.5.
Élaboration et caractérisation des composites Mortier-Polymère Chapitre II
101
D’après l’analyse granulométrique du polymère utilisé (PET broyé), illustré par la
figure II.5, on a fait passer le polymère obtenu par broyage dans un tamis de 1 mm.
L’échantillon ainsi obtenu, fera l’objet pour la préparation et la mise en œuvre des composites
Mortier-Polymère.
- Mise en place des composites
Cette opération influe d’une façon notable sur le produit final. La préparation du
mortier et /ou composite Mortier-Polymère a été effectuée selon les étapes suivantes [1] :
Le ciment, le polymère et le sable à tester sont gâchés avec l’eau dans les proportions :
X %m de ciment, Y %m du polymère, 1350 ± 5g d’un sable et 225 ± 1g d’eau. Le rapport E/C
d’un tel mortier ou composite est donc 0.50.
Avant d’être utilisé pour les différents essais de compression et traction par flexion, ce
mortier et/ou composite est malaxé pendant 3 minutes conformément aux
prescriptions de la norme :
Introduire le sable en premier dans la cuve du malaxeur, y versé ensuite le ciment +
polymère, après ça mettre le malaxeur en marche à vitesse lente.
Après 30 s de ce malaxage, introduire régulièrement l’eau pendant les 30 s suivantes.
Mettre alors le malaxeur à sa vitesse rapide et continuer le malaxage pendant 60 s
supplémentaires.
Arrêter le malaxeur pendant les 15 premières secondes enlever au moyen d’une
raclette en caoutchouc tout le mortier adhérent aux parois et au fond du récipient en le
repoussant vers le milieu de celui-ci.
Reprendre ensuite le malaxage à grande vitesse pendant 60 s.
Ces opérations de malaxage sont récapitulées dans le tableau II.8 ci-dessous.
opérations Introduire
du sable
Introduction
du ciment +
polymère
Introduction
de l’eau
Raclage
du
la cuve
Durée 30 s 30 s 60 s 15 s 60 s
Etat de
malaxeur Arrêt Vitesse lente
Vitesse
rapide
Arrêt Vitesse
rapide
Tableau II.8- Conduite des opérations de malaxage [1].
Élaboration et caractérisation des composites Mortier-Polymère Chapitre II
102
Des moules normalisés permettent de réaliser 3 éprouvettes prismatiques de section
carrée 4 x4 x16cm3 (figure II.2).
Un appareil à chocs permet d’appliquer 60 chocs aux moules en les faisant chuter
d’une hauteur de 15 mm ± 0.3 mm à la fréquence d’une chute par seconde pendant 60 s.
- Règles de désignation des éprouvettes
Les éprouvettes seront notées PET YZj :
Y = partie entière de la teneur en PET (polytéréphtalate d’éthylène) ;
Y {1,5 ; 2,5 ; 3,5 ; 5 ; 7,5} %m
Z = âge du matériau.
Z {3 ; 7 ; 14 ; 28} U {28 ; 56 ; 90 ; 180 ; 360} en jours ;
Le mortier (P/C = 0%m ) a une notation particulière CPJ.
Ainsi on a par exemple :
mortier âgé 7 jours : CPJ7j.
composite de rapport P/C= 5 %m, mortier âgé de 28 jours : PET 528j.
composite de rapport P/C= 7.5 %m, mortier âgé de 56 jours : PET 7.556j.
composite de rapport P/C= 2.5 %m, mortier âgé de 360 jours : PET 2.5360j.
Lorsqu’il il n’y a pas d’ambiguïté, on peut omettre l’âge du matériau. On parle ainsi du CPJ
(mortier), du PET 5 (composite de teneur P/C =5 %m), etc.
- Mode de conservation
L’ensemble est détaillé par la norme EN 196-1 comme suit :
Une salle maintenue à une température de 20°C ± 2°C et à une humidité relative
supérieure ou égale à 50%.
Une chambre ou une armoire humide maintenue à une température de 20°C ± 1°C et à
une humidité relative supérieure à 90%.
- Mesure des résistances mécaniques
La résistance mécanique du mortier et/ou composite après durcissement dépend du
rapport Polymère/Ciment P/C. Cette résistance mécanique est caractérisée par sa classe de
résistance à la rupture par compression et traction par flexion.
On réalise des essais de flexion trois points et de compression simple sur tous nos
matériaux à chaque échéance 3j, 7j, 14j, 28j, 56j, 90j, 180j et 360 jours à l’aide d’une presse
hydraulique (cf. figure II.3 et II.4), Le chargement est piloté en force. Pour évaluer la
dispersion sur l’effort à rupture, on triple systématiquement les essais. Ils ne sont mis en
Élaboration et caractérisation des composites Mortier-Polymère Chapitre II
103
œuvre que pour suivre, de façons comparative, l’évolution de la résistance des matériaux au
cours de l’hydratation.
Les conditions de l’essai de flexion trois points sont les suivantes :
- éprouvettes 4x4x16 cm3 ;
- distance entre appuis : 100 mm ;
- mesure de la charge à rupture.
Les demi- éprouvettes issues de l’essai de flexion sont alors sollicités en compression simple.
Les essais de compression simple consistent à comprimer les faces latérales du barreau
4x4x16 entre deux prismes de section carrée 40 mm de coté, que l’on désignera par « blocs de
compression ». Un schéma du montage de ces essais de compression est présenté à la figure
II.6.
Figure II.6- Schéma du montage de compression simple [5].
II.4. Résultats expérimentaux et analyse des essais mécaniques
Dans le but d’étudier l’influence du polytéréphtalate d’éthylène sur le comportement
mécanique d’un mortier, on a montré la pertinence d’une démarche comparative entre un
mortier de référence et des composites Mortier- Polymère de différentes teneurs en polymère.
La difficulté d’une telle démarche réside dans la comparaison que l’on peut faire des
matériaux réalisés: les effets secondaires qu’engendrent l’introduction du PET dans la gâchée
d’un mortier modifient significativement la matrice minérale des composites obtenus. Il est
alors difficile de faire la part des choses entre l’influence du PET et celle de ces effets
secondaires sur l’évolution des propriétés mécaniques des composites en fonction de la teneur
en polymère. Notre objectif étant d’analysé l’évolution de la résistance mécanique de
matériaux entre 3 et 360 jours, nous étudions les principales caractéristiques mécaniques
obtenues lors des chargements de courte durée d’application: résistances mécaniques en
traction et en compression.
Élaboration et caractérisation des composites Mortier-Polymère Chapitre II
104
La résistance mécanique est exprimée par le pouvoir du mortier à résister à la
destruction sous l’action des contraintes dues aux différentes charges de compression ou de
traction par flexion [1].
Chaque valeur de la résistance à la traction ou à la compression est égale à la moyenne
des mesures sur trois éprouvettes.
4. 1. Etude de la variation de la résistance mécanique entre 3 et 360jours des différents matériaux
4.1.1. Evolution de la résistance à la compression des mortiers et /ou descomposites Mortier-Polymère
Les résultats des essais effectués sur des éprouvettes 4x4x16 cm3, des mortiers et /ou des
composites Mortier-Polymère sont détaillés dans le tableau II.9 et illustrés par les courbes de
l’effort à rupture des matériaux à la figure II.7.
On constate que les résistances de tous les mortiers augmentent régulièrement avec l’âge
de conservation des éprouvettes et ne présente aucune chute de résistance.
La résistance à la compression diminue avec l’augmentation du pourcentage du polymère
(PET) dans les composites tels que :
- à 3 jours, elle passe de 14.5 à 12.08 MPa pour les composites PET2.5 et PET7.5
respectivement.
- à 7 jours, elle passe de 25.63 à 22.66 MPa pour les composites PET2.5 et
PET7.5 respectivement.
- à 14 jours, elle passe de 29.7 à 26 MPa pour les composites PET1.5 et PET7.5
respectivement.
Á 28 jours, le PET1.5 rejoint le mortier de contrôle avec une résistance de 36 MPa, tandis
que les autres composites, la résistance varie entre 31.66, 31.25 et 28.91 MPa pour PET2.5,
PET5, et PET7.5 respectivement.
Pour une durée de 90 jours, la résistance du PET2.5 rejoint le mortier CPJ avec une
résistance à la compression de 42 MPa.
Á 360 jours, le composite PET7.5 reste légèrement inférieur avec une résistance de 43
MPa, en comparaison avec le mortier de contrôle CPJ qui avoisine les 46 MPa en résistance.
Élaboration et caractérisation des composites Mortier-Polymère Chapitre II
105
Tableau II.9- Résistance en compression (MPa) des différents mortiers et/ou descomposites Mortier-Polymère en fonction du temps.
Les composites contenant du polymère PET développe une résistance comparable à
celle du mortier contrôle à long terme (360 jours) comme le montre la figure II.7.
0 50 100 150 200 250 300 350 4000
5
10
15
20
25
30
35
40
45
50
Rés
ista
nce
àla
com
pres
sion
(MPa
)
Age (jours)
CPJPET1.5PET2.5PET3.5PET5.0PET7.5
Figure II.7- Influence de la teneur en polymère sur la résistance en compression desdifférents mortiers et/ou des composites Mortier-Polymère en fonction de temps.
Pour ce qui concerne le tableau II.10, dont les courbes sont rapportées par la figure
II.8, les résultats viennent de confirmer les observations illustrées par les essais de
compression rapportés dans le tableau II.9. En général, on observe une augmentation
significative de résistance en fonction du temps de 3 à 360 jours et du pourcentage de
polymère utilisé dans les composites.
Age (jours) CPJ PET 1.5 PET 2.5 PET 3.5 PET 5 PET 7.53 15.7 14.45 14.5 12.88 13.33 12.087 25.91 23.83 25.63 22.33 24.79 22.6614 30.33 29.7 25.88 27.75 26.41 26.028 36.25 36.04 31.66 31.25 30.83 28.9156 39.2 37.87 36.77 35.6 35.4 33.590 42.5 42.29 41.34 40.93 41.25 39.5180 45.43 45.06 44.88 44.91 44.73 42.37360 45.87 45.42 44.99 45.02 44.93 42.78
Élaboration et caractérisation des composites Mortier-Polymère Chapitre II
106
Pour mieux visualiser toutes les variations de la vitesse d’évolution des résistances en
compression, on étudie les différents rapports tels que :
i /28 : ( i = 3 - 360 jours) ;
polymère /témoin.
La résistance à la compression en (MPa)
P/C(%) 3 jours 7 jours 14jours 28jours 56jours 90jours 180jours 360jours0 15.7 25.91 30.33 36.25 39.2 42.5 45.43 45.87
1.5 14.45 23.83 29.7 36.04 37.87 42.29 45.06 45.422.5 14.5 25.63 25.88 31.66 36.77 41.34 44.88 44.993.5 12.88 22.33 27.75 31.25 35.6 40.93 44.91 45.025.0 13.33 24.79 26.41 30.83 35.4 41.25 44.73 44.937.5 12.08 22.66 26.0 28.91 33.5 39.5 42.37 42.78
Tableau II.10- Evolution de la résistance à la compression du pourcentage P/C (%) duPET en fonction du temps.
0 1 2 3 4 5 6 70
5
10
15
20
25
30
35
40
45
Rési
stan
ceà
laco
mpr
essi
on(M
Pa)
P/C (%)
PET à 3jPET à 7jPET à 14jPET à 28jPET à 56jPET à 90jPET à 180jPET à 360j
Figure II.8- Evolution de la résistance à la compression du pourcentage P/C (%) duPET en fonction du temps.
Du point de vue résistance à la compression, l’évolution pour 3; 7; 14 jours par rapport
à 28 jours (i /28) est la même pour tous (voir tableau II.11 et figure II.9).
Élaboration et caractérisation des composites Mortier-Polymère Chapitre II
107
Pour des durées de 3 jours, 7 jours et 14 jours, on observe une évolution comprise
entre 40 et 45%, entre 66 et 81% et entre 81 et 90% respectivement. Après 28 jours,
l’évolution dépend des pourcentages des polymères, car plus le pourcentage augmente, le gain
de la résistance augmente.
Á 56 jours, une augmentation de l’ordre de 8 % est obtenue pour le mortier CPJ et le
composite PET 1.5, tandis que les composites mortier-polymère (PET) dont les pourcentages
sont (3.5; 5.0; 7.5 %m) ont une augmentation de l’ordre de 14%.
Á 90 jours, la différence est plus significatif car pour le mortier CPJ et le composite
PET1.5 on a une augmentation de 17%, tandis que pour les composites PET2.5, PET3.5, et
PET5 elle va jusqu’au l’ordre de 31%, et pour le composite PET7.5 elle dépasse les 36% en
résistance.
Le polymère (PET) améliore les résistances en compression à long terme 180 et 360
jours de l’ordre de 45% (figure II.9). Pour le PET7.5 il atteint les 47% en résistances, sauf
pour le PET 1.5 où on a une augmentation de 26% semblable au mortier de contrôle CPJ ceci
est dû au faible pourcentage du polymère ajouté.
i /28
Age(jours)
CPJ PET1.5 PET2.5 PET3.5 PET5.0 PET7.5
3 0.43 0.4 0.45 0.41 0.43 0.417 0.71 0.66 0.81 0.71 0.8 0.7814 0.83 0.82 0.81 0.88 0.85 0.928 1.00 1.00 1.00 1.00 1.00 1.0056 1.08 1.05 1.16 1.14 1.15 1.1590 1.17 1.17 1.3 1.31 1.33 1.36180 1.25 1.25 1.41 1.44 1.45 1.46360 1.26 1.26 1.42 1.44 1.45 1.47
Tableau II.11- Evolution du rapport de la résistance à la compression par celle mesuréeà 28 jours en fonction du temps.
Élaboration et caractérisation des composites Mortier-Polymère Chapitre II
108
3 jo urs 7 jo urs 14 jo urs 28 jo urs 56 jo urs 90 jo urs 180 jo urs 360 jo urs0 ,0
0 ,2
0 ,4
0 ,6
0 ,8
1 ,0
1 ,2
1 ,4
i/
28
A ge (jour s)
i/
28C P J
i/
28P E T 1.5
i/
28P E T 2.5
i/
28P E T 3.5
i/
28P E T 5.0
i/
28P E T 7.5
i vari e de (3 à 360)
Figure II.9- Evolution du rapport de la résistance à la compression par celle mesuréeà 28 jours en fonction du temps (i varie de 3 à 360j).
L’étude du rapport PET / témoin en fonction de l’âge du matériau révèle une
diminution de perte de résistance avec l’augmentation de la durée de conservation. (Voir
tableau II.12 et la figure II.10).
- Á 3 jours, la perte de résistance varie de 8% pour le composite PET2.5 et 23% pour
le composite PET7.5.
- Á 14 jours, la perte de résistance varie de 3% et 15% pour les PET1.5 et PET2.5
respectivement.
- Pour une durée de 28 jours, la perte de résistance passe de 13% à 21% pour les
composites PET2.5 et PET7.5 respectivement.
- De 90 jours à 360 jours, la perte de résistance diminue et varie de 1% pour le
composite PET1.5 et 7% pour le composite PET7.5, et elle est de 2% pour les composites 2.5,
5.0 et 3.5.
Les composites contenant du polymère PET développe une résistance comparable à
celle du mortier contrôle à long terme (360 jours) (figures II.7 et II.10).
Élaboration et caractérisation des composites Mortier-Polymère Chapitre II
109
Age(jours)
PET1.5/CPJ PET2.5/CPJ PET3.5/CPJ PET5.0/CPJ PET7.5/CPJ
3 0.92 0.92 0.82 0.85 0.777 0.92 0.98 0.86 0.95 0.8714 0.97 0.85 0.91 0.87 0.8528 0.99 0.87 0.86 0.85 0.7956 0.96 0.93 0.9 0.9 0.8590 0.99 0.97 0.96 0.97 0.93180 0.99 0.98 0.98 0.98 0.93360 0.99 0.98 0.98 0.98 0.93
Tableau II.12- Evolution du rapport de la résistance à la compression du polymère sur larésistance à la compression du mortier témoin en fonction du temps.
0 5 0 1 00 15 0 20 0 2 50 30 0 3 50 40 00 ,0
0 ,2
0 ,4
0 ,6
0 ,8
1 ,0
P
ET/
CPJ
A ge (jo urs)
PE T 1.5
/C PJ
PE T 2.5
/C PJ
PE T 3.5
/C PJ
PE T 5.0
/C PJ
PE T 7.5
/C PJ
Figure II.10- Evolution du rapport de la résistance à la compression du polymère sur larésistance à la compression du mortier témoin en fonction du temps.
4.1.2. Evolution de la résistance à la traction par flexion trois points desmortiers et /ou des composites Mortier-Polymère
Les résultats des essais effectués sur des éprouvettes 4x4x16 cm3, des mortiers et /ou
des composites Mortier-Polymère sont détaillés dans le tableau II.13 et illustrés par les
courbes de l’effort à rupture des matériaux à la figure II.11.
Élaboration et caractérisation des composites Mortier-Polymère Chapitre II
110
Si l’on s’intéresse aux résultats de flexion trois points (Figure II.11), on remarque que
l’évolution de la résistance à la traction est différente selon le matériau, et qu’il est difficile de
corréler avec la teneur P/C en polymère, car la maturation des matériaux est d’une
interprétation plus délicate.
Le tableau II.13 montre l’influence de l’incorporation du polymère PET sur la
résistance à la flexion des mortiers et/ou composites mortier-polymère à l’age de 3 jours
jusqu’à 360 jours en résistance. On remarque aussi, comme dans la résistance à la
compression une augmentation des résistances à la flexion de tous les matériaux avec l’âge de
conservation des éprouvettes (tableau II.13).
La résistance à la flexion diminue avec l’augmentation du pourcentage du polymère (PET)
dans les composites tels que :
- à 3 jours, elle passe de 4.2 à 3.75 MPa pour les composites PET1.5 et PET7.5
respectivement.
- à 7 jours, elle passe de 5.85 à 4.95 MPa pour les composites PET2.5 et PET7.5
respectivement.
- à 14 jours, elle est de 7.18, 6.3 et 6.25 MPa pour les composites PET1.5, PET3.5
et PET7.5 respectivement.
Pour une durée de 28 jours, le composite PET1.5 rejoint le mortier de contrôle avec une
résistance de 8 MPa, tandis que les autres composites ces résistances varient entre 7.55 et 7.25
MPa pour PET2.5 et PET7.5 respectivement.
Á 90 jours, la résistance du PET2.5 est supérieure au mortier de contrôle CPJ avec une
résistance à la flexion de 9.2 MPa.
Á 360 jours, le composite PET7.5 rejoint le mortier CPJ avec une résistance de 10.5 MPa.
Pour les autres composites (1.5, 2.5, 3.5 et 5) donne des valeurs légèrement supérieure en
comparaison avec le mortier de contrôle CPJ qui avoisine les 10.48 MPa en résistance.
Élaboration et caractérisation des composites Mortier-Polymère Chapitre II
111
Age (jours) CPJ PET 1.5 PET 2.5 PET 3.5 PET 5 PET 7.53 4.36 4.2 3.85 3.8 3.5 3.757 6.43 5.7 5.85 5.85 5.45 4.9514 6.9 7.18 7.25 6.3 5.63 6.2528 8.0 8.6 7.55 7.1 7.9 7.2556 8.25 8.7 9.13 7.83 8.33 7.9590 8,5 8.88 9.2 8.75 8.75 8.83180 9.0 9.3 9.6 9.15 9.1 9.1360 10.48 10.74 10.98 10.60 10.58 10.50
Tableau II.13- Evolution de la résistance à la traction par flexion (MPa) des différentsmortiers et/ou des composites Mortier-Polymère en fonction du temps.
0 50 100 150 200 250 300 350 4000
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
Rés
ista
nce
àla
flex
ion
(MPa
)
Age (jour s)
CPJPET1.5PET2.5PET3.5PET5.0PET7.5
Figure II.11- Influence de la teneur en polymère sur la résistance en traction par flexiondes différents mortiers et/ou des composites Mortier-Polymère en fonction du temps.
Pour ce qui concerne le tableau II.14, dont les courbes sont rapportées par la figure
II.12, les résultats viennent de confirmer les observations illustrées par les essais de flexion
rapportés dans le tableau II.13. En général, on observe une augmentation significative de
résistance en fonction du temps de 3 à 360 jours et du pourcentage de polymère utilisé pour
les composites.
Pour mieux visualiser toutes les variations de la vitesse d’évolution des résistances en
flexion trois points, on étudie les différents rapports tels que :
i /28 : ( i = 3 - 360 jours) ;
polymère /témoin.
Élaboration et caractérisation des composites Mortier-Polymère Chapitre II
112
La résistance à la flexion en (MPa)
P/C(%) 3jours 7jours 14jours 28jours 56jours 90jours 180jours 360jours0 4.36 6.43 6.9 8.0 8.25 8.5 9.0 10.48
1.5 4.2 5.7 7.18 8.6 8.7 8.88 9.3 10.742.5 3.85 5.85 7.25 7.55 9.13 9.2 9.6 10.983.5 3.8 5.85 6.3 7.1 7.83 8.75 9.15 10.605.0 3.5 5.45 5.63 7.9 8.33 8.75 9.1 10.587.5 3.75 4.95 6.25 7.25 7.95 8.83 9.1 10.50
Tableau II.14- Evolution de la résistance à la flexion du pourcentage P/C (%) du PET enfonction du temps.
0 1 2 3 4 5 6 70
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
Rés
ista
nce
àla
flex
ion
(MPa
)
P/C (%)
PET à 3jPET à 7jPET à 14jPET à 28jPET à 56jPET à 90jPET à 180jPET à 360j
Figure II.12- Evolution de la résistance à la flexion du pourcentage P/C (%) du PET enfonction du temps.
Du point de vue résistance à la flexion trois points, l’évolution pour 3; 7; 14 jours par
rapport à 28 jours (i /28) est la même pour tous, comme le montrent le tableau II.15 et la
figure II.13.
Pour des durées de 3 jours, 7 jours et 14 jours, on observe une évolution comprise
entre 40 et 85%, entre 66 et 88% et entre 83 et 96% respectivement. Après 28 jours,
l’évolution dépend des pourcentages des polymères, car plus le pourcentage augmente, le gain
de la résistance augmente.
Élaboration et caractérisation des composites Mortier-Polymère Chapitre II
113
Á 56 jours, une augmentation de l’ordre de 3 % à 5% est obtenue pour le mortier CPJ,
PET1.5 et PET5. Pour les autres composites PET3.5 et PET7.5 elle varie de 9 à 10%. Tandis
que le composite PET2.5 on a une augmentation de l’ordre de 21%.
Á 90 jours, la différence est plus significatif car pour les composites PET2.5, PET3.5
et PET7.5 on a une augmentation de 23%, tandis que pour le composite PET5 elle va jusqu’au
l’ordre de 10%.
Pour une durée de 180 jours, le composite PET5 a une augmentation de 15%, tandis
que pour le mortier CPJ et le composite PET1.5 elle reste inférieure aux autres composites.
Le polymère PET améliore les résistances en flexion à long terme 360 jours de l’ordre
de 48% (figure II.13). Pour le PET7.5 il atteint les 44% en résistances. Les composites
PET2.5 et PET3.5 dépassent les 45% en résistance.
Sauf pour le PET 1.5 où on a une augmentation de 24%, inférieur au mortier de
contrôle CPJ ceci est dû au faible pourcentage du polymère ajouté.
i /28
Age(jours)
CPJ PET1.5 PET2.5 PET3.5 PET5.0 PET7.5
3 0.54 0.84 0.51 0.54 0.44 0.527 0.88 0.66 0.77 0.82 0.69 0.6814 0.86 0.83 0.96 0.88 0.71 0.8628 1.00 1.00 1.00 1.00 1.00 1.0056 1.03 1.01 1.21 1.1 1.05 1.0990 1.06 1.03 1.22 1.23 1.1 1.22180 1.13 1.08 1.27 1.28 1.15 1.26360 1.31 1.24 1.45 1.49 1.34 1.44
Tableau II.15- Evolution du rapport de la résistance à la flexion par celle mesuréeà 28 jours en fonction du temps.
Élaboration et caractérisation des composites Mortier-Polymère Chapitre II
114
3 jours 7 jours 14 jours 28 jours 56 jours 90 jours 180 jours 360 jours0,0
0,2
0,4
0,6
0,8
1,0
1,2
1,4
1,6 i
/28
Ag e (jo urs)
i/28CPJ
i/
28PET1.5
i/
28PET2.5
i/
28PET3.5
i/
28PET5.0
i/
28PET7.5
i varie de (3 à 360)
Figure II.13- Evolution du rapport de la résistance à la flexion par celle mesuréeà 28 jours en fonction du temps (i varie de 3 à 360j).
L’étude du rapport PET / témoin en fonction de l’âge du matériau révèle une
diminution de perte de résistance avec l’augmentation de la durée de conservation. (Voir
tableau II.16 et figure II.13).
Les rapports P /témoin indiquent qu’à 3 jours, la résistance diminue avec
l’augmentation du pourcentage du PET.
- Après 7 jours de conservation, la perte de résistance varie de 12% et 9% pour les
composites PET1.5 et PET2.5 respectivement.
- Pour une durée de 14 jours, on a une augmentation de 5% pour les composites PET
1.5 et PET 2.5. Les autres pourcentages donnent une diminution de l’ordre de 10%.
- Á 90 jours, on remarque une augmentation de la résistance pour les différentes
compositions des composites mortier-polymère. Le rapport de la résistance (PET /témoin)
varie de 3% pour les PET3.5, PET5 et jusqu’à 8% pour le PET2.5.
- Á 360 jours, Les composites contenant du polymère PET développe une
augmentation de résistance comparable variant de 1% jusqu’à 4% (figures II.11 et II.13).
Élaboration et caractérisation des composites Mortier-Polymère Chapitre II
115
D’après la figure II.14 qui représente l’influence de la teneur en polymère PET sur le
rapport de la résistance à la flexion (PET/CPJ) à l’âge de 14, 56, 90, 180 et 360 jours, et
puisque le polytéréphtalate d’éthylène (PET) favorise une interaction physique lors de son
ajout dans les matériaux cimentaires polyphasés, on attribue la valeur optimale observée au
composite PET2.5.
En général, les composites contenant du polymère PET développe une résistance
analogue sinon meilleures en comparaison avec celles d’un mortier contrôle à long terme 360
jours comme le montrent les figures II.7 et II.11. D’où des avantages économique et
écologique appréciables.
D'autre part, la comparaison des résultats d'essai avec celles obtenus par d’autres
équipes de recherche reste difficile (voir chapitre bibliographie I.8.3). Ceci est dû aux
différences dans les matières premières utilisées (ciment, agrégats, et polymère), les
proportions de mélange, mode de cure, la préparation des éprouvettes et les méthodes d'essai.
Age(jours)
PET1.5/CPJ PET2.5/CPJ PET3.5/CPJ PET5.0/CPJ PET7.5/CPJ
3 0.96 0.88 0.87 0.8 0.867 0.88 0.91 0.91 0.84 0.7614 1.04 1.05 0.91 0.81 0.928 1.08 0.94 0.89 0.98 0.9156 1.05 1.1 0.95 1.0 0.9690 1.04 1.08 1.03 1.03 1.04180 1.03 1.06 1.02 1.01 1.01360 1.02 1.04 1.01 1.01 1.00
Tableau II.16- Evolution du rapport de la résistance à la flexion du polymère sur larésistance à la flexion du mortier témoin en fonction du temps.
Élaboration et caractérisation des composites Mortier-Polymère Chapitre II
116
0 5 0 100 150 200 250 300 350 4000 ,0
0 ,2
0 ,4
0 ,6
0 ,8
1 ,0
PE
T/
CP
J
A g e (jo u rs)
P E T 1 .5 /C P J
P E T 2 .5 /C P J
P E T 3 .5 /C P J
P E T 5 .0 /C P J
P E T 7 .5 /C P J
Figure II.13- Evolution du rapport de la résistance à la flexion du polymère sur larésistance à la flexion du mortier témoin en fonction du temps.
1 2 3 4 5 6 7 8
0,80
0,85
0,90
0,95
1,00
1,05
1,10
PET
/CP
J
P/C (%)
à 14jà 56jà 90jà 180jà 360j
Figure II.14- Influence de la teneur en polymère sur le rapport de la résistanceà la flexion (PET/CPJ).
Afin d'arriver à des conclusions pratiquement exploitables, il a été nécessaire de
réaliser des essais d'identification microstructurale. Dans ce but, on a fait appelle à la
spectrométrie IRTF, les diffractions aux rayons X, la microscopie électronique à balayage
(M.E.B), la microscopie optique et l’analyse thermique ATG/ATD.
Élaboration et caractérisation des composites Mortier-Polymère Chapitre II
117
II.5. Caractérisation microstructurale des mortiers et/ou compositesMortier-Polymère à l’état durci
L’introduction du polymère PET à la gâchée d’un mortier modifie les propriétés
mécanique, chimique et physique du ciment. On peut craindre, à terme, que la phase
cimentaire des composites soit différente de celle du mortier (la différence sur la nature des
hydrates formées, l’agencement de la phase polymère dans la matrice, etc.). En définitive,
notre objectif est d’essayer d’analyser qualitativement la matrice cimentaire de ciment hydraté
de nos matériaux.
Pour cela, on réalise des analyses de spectrométrie infrarouge, de diffraction des
rayons X (DRX), de microscopie électronique à balayage (M.E.B), de microscopie optique et
d’analyse thermique. La spectrométrie infrarouge et la DRX offrent une appréciation
qualitative de la nature des phases qui les constituent. La spectrométrie infrarouge est
complémentaire de la DRX, qui est limitée aux seules espèces cristallisées. La microscopie
électronique à balayage et optique permettent de découvrir l’agencement du polymère au sein
des différents composites.
5.1. Préparations des échantillons (IRTF, DRX, ATG et ATD)
Les échantillons sont prélevés sur une chute de barreau 4x4x16 (cm3) rompu en
flexion, au cœur de l’éprouvette. Pour cela, on fait « éclater » la chute à l’aide d’un marteau et
d’un burin. Sur un éclat qui est situé au centre de cette chute on découpe un échantillon
d’environ 1 cm3 à l’aide d’une tenaille. Ces échantillons sont réduits à l’état de poudre par
concassage, d’abord avec un marteau, puis à l’aide d’un mortier et d’un pilon. Cette poudre
est ensuite broyée à l’aide d’un broyeur de type Retsch (S100) avec une vitesse de 325
tours/mn pendant 5mn. On ne récupère essentiellement qu’une poudre fine du liant des
mortiers, matrice cimentaire dans le cas du CPJ, et le mélange de cette matrice avec du
polytéréphtalate d’éthylène dans le cas des composites. Le ciment anhydre CPJ-CEM II/A est
broyé à une granulométrie de 315 m.
5.2. Spectrométrie infrarouge (IRTF) [13]
La technique de spectroscopie IR est souvent utilisée comme outil de base pour la
caractérisation physico-chimique des matériaux organiques. Mais dès qu’il s’agit d’élucider la
structure d’une espèce minérale, nous avons peu de spectres de référence à notre disposition.
C’est pour cela, que d’autres techniques (analyse thermique, diffractométrie des rayons X,
Élaboration et caractérisation des composites Mortier-Polymère Chapitre II
118
etc.) viennent en aide pour donner davantage d’informations. Néanmoins, quelques études
portant sur les identifications des minéraux [14-17] et l’étude de leur structure [18,19] ont été
menées. Certains travaux de recherche décrivent l’utilisation de l’IRTF en mode transmission
(mode traditionnel de l’analyse infrarouge) appliquée à l’analyse des ciments [14,16] et seul
un travail assez complet, réalisé en mode réflexion diffuse dans le moyen infrarouge a pu
analyser qualitativement et quantitativement les ciments [20].
Les radiations infrarouges [21] facilitent les transitions entre niveau d’énergie de
vibration des liaisons atomiques. Ces transitions s’accompagnent de l’absorption d’une partie
du rayonnement. Les fréquences de résonance des liaisons dépendent des atomes mis en jeu et
de l’édifice atomique auquel ils appartiennent. Actuellement, l’analyse par IRTF semble être
utilisée pour suivre le comportement des ciments dans des conditions particulières [22-25].
En spectroscopie infrarouge, l’analyse des échantillons est effectuée sur pastille KBr à
une concentration de 1% par un spectromètre infrarouge FTIR-8300 Shimadzu, disponible à
l’Université de Djillali Liabes (Sidi Belabbes), Laboratoire de chimie organique physique et
macromoléculaire. Les spectres IRTF ont été obtenus par l’exécution rapide de la technique et
du prélèvement en quelques minutes du matériau.
5.2.1. Résultats et discussion
a) Interprétation du spectre IRTF de ciment anhydre
L’interprétation du spectre IRTF du ciment CPJ-CEM II/A (figure II.15), permet
d’obtenir les informations suivantes :
i) Détection du clinker : une large bande d’absorption vers 923.3cm-1 (Si-O), accompagnée
d’une bande vers 523.5 cm-1 (Si-O-Si), qui correspondent respectivement aux modes de
vibrations de valence et de déformation de la liaison Si-O des phases siliceuses C2S et C3S,
ainsi que des harmoniques vers 2970.3 cm-1, 2875.7 cm-1 significatives de la présence du
clinker. De plus, la forte intensité de la bande vers 923.3 cm-1 révèle un taux bien défini de
clinker.
On peut lire un triplet vers 1429.2 cm-1, 875.6 cm-1, et 713.6 cm-1, caractéristique des
modes de vibrations d’élongation des liaisons C-O du groupement carbonate, ainsi que des
harmoniques vers 2513.1 cm-1, 1797.5 cm-1. Ces bandes d’absorption sont révélatrices de la
présence de carbonate de calcium (CaCO3).
Élaboration et caractérisation des composites Mortier-Polymère Chapitre II
119
Par contre, les phases aluminates n’apparaissent pas sur les spectres infrarouges. En
effet, comme les phases silicates représentent 80% du clinker et les phases aluminates
seulement 20%, la bande d’absorption de la liaison Si-O des silicates se détache nettement.
De plus, cette bande d’absorption, large et intense, tend à masquer l’absorption de toutes les
autres liaisons inter- atomiques.
ii) Détection du gypse (CaSO4) : un examen de ce spectre met en évidence d’une part, deux
doublets à 1140.2 cm-1 – 1120.1 cm-1 et 660.2cm-1 – 603.1 cm-1 qui correspondent aux
élongations de la liaison S-O des sulfates (SO42-), caractéristiques de la présence du gypse. Et
d’autre part, les bandes caractéristiques de l’eau constitutive qui apparaissent au-dessus de
3000 cm-1 (vers 3420 cm-1 O-H) qui correspondent à des modes de vibrations de valence de
la liaison O-H.
iii) Détection du pouzzolane : du fait que la pouzzolane est présente en faible quantité dans le
ciment analysé et qu’elle est caractérisée par la vibration de la liaison Si-O de la silice à 1030
cm-1 (large et intense), ce constituant est totalement masqué par le clinker ; Dans ce cas, nous
pouvons affirmer que pour les ciments de type CPA-CEM I et CPJ-CEM II, où le clinker est
majoritaire (de 65 à 100% ), qu’il est impossible de mettre en évidence la présence de
pouzzolane par IRTF [26]. Á l’inverse, dans le cas des ciments de haut-fourneau et des
ciments pouzzolaniques où les proportions sont inversées, la détection du clinker peut devenir
difficile.
Figure II.15- Spectre IRTF du CPJ-CEM II/A en pastille KBr 1%.
Élaboration et caractérisation des composites Mortier-Polymère Chapitre II
120
b) Interprétation des spectres IRTF de l’hydratation de la matrice cimentaire
- Analyse des constituants des ciments hydratés
Au contact de l’eau, les liants hydrauliques forment une pâte qui acquiert une certaine
stabilité et une certaine résistance même sous l’eau [27]. Le mécanisme d’hydratation des
ciments est un phénomène extrêmement complexe qui agit principalement sur les quatre
composés du clinker pour former de nouveaux produits stables. Les réactions chimiques
simplifiées, exprimées avec l’aide de la notation cimentière, sont les suivantes :
- L’hydratation des deux phases silicates qui conduit à la formation de silicates de calcium
hydratés (C-S-H) et de portlandite (Ca(OH)2) ; (II.1)
C3S et C2S + H2O C-S-H + Ca(OH)2 ……(Eq. II.3)Clinker Silicate de portlandite
calcium hydraté
- L’hydratation des deux phases aluminates qui réagissent avec le gypse (régulateur de prise)
pour former de l’ettringite, du monosulfoaluminate tricalcique hydraté et de l’aluminate
tétracalcique hydraté : (II.2)
C3A + CaSO4 , 2 H2O + H2O C3A, 3 CaSO4 ,H32 + C3A,CaSO4 ,H12 + C4AH13 (Eq. II.4)Clinker Gypse Ettringite Monosulfo- Aluminate
aluminate tétracalciquetricalcique hydratéhydraté
- Identification
On a suivi l’hydratation d’un ciment industriel CPJ-CEM II/A par comparaison des
spectres IRTF avant et après gâchage de l’eau. En général, d’après le paragraphe (5.2.1.a) le
spectre IRTF d’un ciment portland à la pouzzolane (cf. figure II.15) se distingue par la
présence des bandes caractéristiques des phases silicates (923.3 cm-1 et 523.5 cm-1) et du
gypse (doublets 1140.2 cm-1 – 1120.1 cm-1 et 660.2 cm-1 – 603.1 cm-1 ). Après hydratation le
spectre d’un tel ciment hydraté (figures II.16, II.17 et II.18) présente les évolutions suivantes :
i) augmentation significative de la bande de l’eau vers 3420 cm-1 liée à la présence de
produits hydratés,
ii) présence d’un pic vers 3640 cm-1- 3637 cm-1 caractéristique de la formation de portlandite,
iii) disparition des doublets du gypse avec apparition d’une bande prés de 1100 cm-1 attribué à
de l’ettringite,
iv) déplacement de la bande de 923.3 cm-1 vers 1000 cm-1 lié au changement d’environnement
de la liaison chimique Si-O (C3S en C-S-H),
v) apparition du triplet caractéristique de la calcite (1425.2 cm-1, 873.7 cm-1, 713.6 cm-1)
Élaboration et caractérisation des composites Mortier-Polymère Chapitre II
121
attribuées à la carbonatation naturelle du liant.
Malgré, la carbonatation de la pâte de ciment durcie qui perturbe légèrement le
dépouillement du spectre IRTF, il y a réarrangement de la structure cristalline qui a lieu lors
de l’hydratation du ciment, car les bandes d’absorption caractéristiques du clinker anhydre
sont remplacées par celles des produits d’hydratation, en accord avec les réactions chimiques
décrites ci-dessus (paragraphe 5.2.1.b). Ces observations offrent donc de nouvelles
opportunités d’application de l’analyse IRTF sur les ciments, par exemple :
- Contrôle de qualité sur des sacs de ciment suspects.
- Identification de la nature du liant entre du clinker ou de la chaux.
Concernant ce type de ciment CPJ-CEM II/A où le clinker est majoritaire (de 65 à
100%), les constituants masqués par le clinker anhydre « pouzzolane » restent invisibles sur
les spectres IR des liants hydratés. Par contre, nous constatons que le triplet de la calcite
apparaît systématiquement sur les spectres IRTF des liants anhydres comme des liants
hydratés. Ce phénomène s’explique par la carbonatation rapide de la pâte de ciment durci.
Ainsi, sans information préalable, il est difficile de savoir si la calcite est un constituant du
ciment ou si elle résulte de la carbonatation du liant.
L’ensemble des spectres obtenus pour les mortiers CPJ3j, CPJ7j, et CPJ28j, présentent
les mêmes raies, mais de manière plus ou moins intense selon l’age de conservation des
matériaux (figures II.16-18).
Figure II.16- Spectre du rayonnement infrarouge transmis du CPJ3j
Élaboration et caractérisation des composites Mortier-Polymère Chapitre II
122
Figure II.17- Spectre du rayonnement infrarouge transmis du CPJ7j.
Figure II.18- Spectre du rayonnement infrarouge transmis du CPJ28j.
c) Interprétation des spectres IRTF de l’hydratation des composites mortier-
polymère
La figure II.19 présente les spectres de transmission infrarouge d’échantillons de CPJ
et de PET7.5. Ces deux spectres se distinguent par la présence de raies particulières pour le
PET7.5 vers 870.5 cm-1 déformations alternée du cycle hors du plan (para-disubstitué), prés de
Élaboration et caractérisation des composites Mortier-Polymère Chapitre II
123
1097.4 cm-1 dû au vibrations –CO- , à 1577.7 cm-1 et 1616.2 cm-1 en raison des modes de
vibrations du cycle benzénique (valence du cycle), on a prés de 1716.5 cm-1 la bande dû au
–COO-, vers 2860.1 cm-1 et 2967.8 cm-1 caractéristique de –CH2-, et prés de 3026.2 cm-1 due
aux vibrations de valence CH du cycle benzénique. On ne constate que le les raies
caractéristiques du polytéréphtalate d’éthylène broyé [28] correspondent à celles observées
sur le composite PET7.5.
Figure II.19- Comparaison des spectres du rayonnement infrarouge transmis d’échantillonsde CPJ (courbe du dessus) et de PET7.5 (courbe du dessous) à 28 jours.
Ainsi, la seule différence notable entre les spectres infrarouge d’un mortier et d’un
composite est l’apparition des raies caractéristiques du polytéréphtalate d’éthylène broyé
(figures II.20-22).
L’ensemble des spectres obtenus pour les composites présentent les mêmes raies, mais
de manière plus ou moins intense selon la teneur en polymère (figures II.20, II.21 et II.22). Au
vue de l’abondance des résultats, on a été contraint de réduire le nombre de spectres relatif à
l’échantillon PET5. Pour les composites, il n’apparaît pas, en spectroscopie infrarouge,
d’autres phases que le PET broyé et celles présentes dans le mortier (paragraphe 5.2.1.b).
Élaboration et caractérisation des composites Mortier-Polymère Chapitre II
124
Figure II.20- Spectre du rayonnement infrarouge transmis du PET7.53j.
Figure II.21- Spectre du rayonnement infrarouge transmis du PET7.57j.
Figure II.22- Spectre du rayonnement infrarouge transmis du PET7.528j.
Élaboration et caractérisation des composites Mortier-Polymère Chapitre II
125
5.3. Diffraction des rayons X (DRX)
On peut dire que les rayons X [29-31] diffractent avec les structures cristallines selon
les angles caractéristiques de cette structure. En balayant à différents angles, on obtient un
spectre angulaire de diffraction. Sur un spectre de diffraction d’une poudre obtenu,
correspondent les espèces cristallines de l’échantillon. Dans le cas d’une poudre de ciment
hydraté, cette technique permet donc de déterminer les cristaux présents dans l’échantillon
ainsi que les espèces anhydres et les hydrates.
Les analyses par diffraction X portent uniquement sur les phases cristallines des
matériaux des mortiers et/ou composite mortier-polymère soumis à différent age de
conservation.
Les échantillons sont analysés par un diffractomètre Philips PW 1710, utilisant une
anticathode de cuivre (Cu-K) de longueur d’onde = 1,5406 A°, disponible à l’Université
d’Oran IGMO, Laboratoire de chimie des matériaux.
5.3.1. Résultats et discussion
a) Interprétation du spectre DRX de ciment anhydre [32]
Le spectre DRX de l’échantillon du ciment anhydre CPJ-CEM II/A (figure II.23),
présente des pics aigus et donnent des valeurs d’angles de diffraction pour les différentes
phases du clinker proches à celles des phases pures (C3S, C2S, C3A, C4AF). Ce qui permet de
dire que les principaux minéraux classiques [33,34] du clinker notamment le silicate
tricalcique, le silicate bicalcique (,), l’aluminate tricalcique et le ferro-aluminate
tétracalcique (avec leurs distances inter-rétuculaire correspondantes) sont présents et
cristallisés et qui confirme que le ciment CPJ-CEM II/A est adéquat.
Élaboration et caractérisation des composites Mortier-Polymère Chapitre II
126
Figure II.23- Spectre de DRX du CPJ-CEM II/A anhydre.
Les analyses DRX sont faites sur des échantillons de matériau à 7 et 28 jours, pour les
teneurs principales : P/C = 0 ; 7.5 %m.
b) Interprétation des spectres DRX de l’hydratation de la matrice desmortiers
L’analyse de la pâte de ciment hydraté par DRX n’est pas une chose simple, car le
produit majeur d’hydratation est le CSH qui se présente sous forme d’un gel plus ou moins
bien cristallisé difficilement identifiable sur un spectre DRX. En fait, le CSH est caractérisé
sur un spectre DRX par une large bosse située entre 28 et 35° 2Ө, là même où se situent la
plupart des pics de silicates anhydres (C2S et C3S). Ainsi la pâte de ciment est souvent
caractérisée par ses hydrates mieux cristallisés que sont l’ettringite et la portlandite.
Tous les spectres (figures II.24-25) obtenus révèlent la présence des mêmes espèces à
savoir :
- Portlandite Ca(OH2) ;
- L’ettringite Ca6Al2 (SO4)3(OH)12. 26H2O ;
- Gypse CaSO4. 2H2O ;
- Calcite CaCO3.
Élaboration et caractérisation des composites Mortier-Polymère Chapitre II
127
On a suivi l’hydratation d’un ciment industriel CPJ-CEM II/A par comparaison des
spectres DRX avant et après gâchage de l’eau. En général, d’après le paragraphe (5.3.1.a) le
spectre DRX d’un ciment portland à la pouzzolane (cf. figure III.23) se distingue par la
présence des bandes caractéristiques des phases silicates. Après hydratation le spectre d’un tel
ciment hydraté présente les évolutions suivantes :
Les figures II.24 et II.25, présentent les spectres DRX du mortier contrôle CPJ mûri
sous l’eau douce pendant 7 jours et 28 jours et il est intéressant d’observer que ces spectres
montrent une hydratation très avancée.
L’ettringite Ca6Al2 (SO4)3(OH)12. 26H2O a son pic majeur au environ de 9° 2Ө, et la
portlandite Ca(OH)2 à 34.09° 2Ө, 18.09° 2Өet à 47.12° 2Ө. On trouve aussi de la calcite
CaCO3 avec son pics majeur à 29.41° 2Ө, c’est le pic le plus intense. Ce qui caractérise
l’incorporation du sable de carrière. On attribut le pic vers 55.9° 2Өau formation du gypse
CaSO4. 2H2O.
Donc, il y a un réarrangement de la structure cristalline qui a lieu lors de l’hydratation
du ciment, car les bandes d’absorption caractéristiques du clinker anhydre sont remplacées par
celles des produits d’hydratation, en accord avec les réactions chimiques décrites ci-dessus
(paragraphe 5.2.1.b). Par contre, On constate que la calcite apparaît systématiquement sur tous
les spectres DRX des liants hydratés. Ce phénomène s’explique par la carbonatation rapide de
la pâte de ciment durci. Ainsi, sans information préalable, il est difficile de savoir si la calcite
est un constituant du ciment ou si elle résulte de la carbonatation du liant.
L’ensemble des spectres obtenus pour les mortiers CPJ7j et CPJ28j, présentent les
mêmes raies, mais de manière plus ou moins intense selon l’age de conservation des
matériaux (figures II.24-25).
Élaboration et caractérisation des composites Mortier-Polymère Chapitre II
128
Figure II.24- Spectre DRX d’un échantillon de CPJ à 7 jours.
Figure II.25- Spectre DRX d’un échantillon de CPJ à 28 jours.
Élaboration et caractérisation des composites Mortier-Polymère Chapitre II
129
c) Interprétation des spectres DRX de l’hydratation de la matrice descomposites mortier-polymère
L’analyse comparative des spectres DRX obtenus pour les mortiers et/ou composites
mortier-polymère aux mêmes échéances n’indique pas qu’il y ait des différences significatives
sur la nature des espèces cristallines qui composent le liant des matériaux : on trouve,
systématiquement, presque les mêmes pics de diffractions, à toutes les teneurs. Pour illustrer
ce résultat, on reporte à la figure II.26 la superposition du spectre du mortier contrôle CPJ28j,
et celui du composite PET7.528j.
Tous les spectres (figure II.26) obtenus révèlent la présence des mêmes espèces à
savoir :
- Portlandite Ca(OH2) ;
- L’ettringite Ca6Al2 (SO4)3(OH)12. 26H2O ;
- Calcite CaCO3.
- Gypse CaSO4 .
L’ettringite Ca6Al2 (SO4)3(OH)12. 26H2O a son pic majeur au environ de 9° 2Ө, et la
portlandite Ca(OH)2 à 34.09° 2Ө, 18.09° 2Ө et à 47.12° 2Ө. On trouve aussi de la calcite
CaCO3 avec son pics majeur à 29.41° 2Ө, c’est le pic le plus intense. Ce qui caractérise
l’incorporation du sable de carrière. On attribut le pic vers 55.9° 2Ө au formation du gypse
CaSO4. 2H2O.
Des études faites par ailleurs [35,36], ont constatées que l’espèce cristalline portlandite
Ca(OH)2 est caractérisée par son pic à 2 Ө = 18 et 18.1°. En ce qui nous concerne, on
remarque que le pic du spectre PET7.528j apparaît à 18.1° 2Ө(figure II.26) avec une intensité
légèrement supérieure à celui du mortier CPJ28j malgré que le rapport du polymère-ciment est
de l’ordre de 7.5%m. Ce qui cause une diminution progressive de la quantité de portlandite
Ca(OH)2 dans les composites par rapport au mortier de contrôle.
En comparant nos résultats avec ceux obtenus par l’équipe de M.U.K Afridi [37,38],
les cristaux de portlandite Ca(OH)2 peuvent probablement produire une réflexion dans le plan
de diffraction plus importante en présence du polymère PET dû à un changement d'orientation
des cristaux. Cette réflexion importante résulte de l'effet gagné par la quantité abaissée de
Ca(OH)2, et ainsi l'intensité maximale à un rapport de polymère-ciment de 7.5%m apparaît à
un niveau accru comparé à celui du mortier non modifié CPJ28j.
Élaboration et caractérisation des composites Mortier-Polymère Chapitre II
130
Figure II.26- Comparaison des Spectres DRX d’échantillons de CPJ28j et de PET7.528j.
L’analyse quantitative d’une même masse de poudre à partir de ces spectres semble
très délicate, car la présence en quantité variable de polymère PET modifie la fraction
massique des espèces cristallines dans chacun des échantillons. De plus, le tamisage modifie
également les proportions entre les constituants, et d’une façon qu’il semble impossible à
chiffrer a posteriori.
L’ensemble des spectres DRX obtenus pour les composites PET7j et PET28j, présentent
les mêmes raies, mais de manière plus ou moins intense selon l’age de conservation des
matériaux (figures II.27-28).
Au vue de l’abondance des résultats, on a été contraint de réduire le nombre de
spectres relatif à l’échantillon PET5. Pour les composites, il n’apparaît pas, en diffraction de
rayons X, d’autres phases que celles présentes dans le mortier de contrôle (paragraphe
5.3.1.b).
Élaboration et caractérisation des composites Mortier-Polymère Chapitre II
131
Figure II.27- Spectre DRX d’un échantillon de PET7.5 à 7 jours.
Figure II.28- Spectre DRX d’un échantillon de PET7.5 à 28 jours.
Élaboration et caractérisation des composites Mortier-Polymère Chapitre II
132
5.4. La microscopie électronique à balayage (MEB)
Le principe de base du M.E.B consiste à utiliser les électrons émis par la surface d'un
solide lorsqu'elle est bombardée par un faisceau d'électrons dont l'énergie est de l'ordre de
quelque Kev. Un dispositif intermédiaire permet au faisceau de balayer la surface à examiner.
Au point d'impact, plusieurs rayonnements sont émis, mais seuls les électrons secondaires et
rétrodiffusés contribuent à la formation de l'image de la topographie de l'échantillon [27] .
Chaque type d'interaction électrons-matière fournit un signal propre qui apporte des
informations sur l'objet examiné. A chaque type de signal peut correspondre un mode de
fonctionnement du MEB avec formation d'une image.
- Préparations des échantillons (MEB)
Les échantillons destinés à l’examen au microscope électronique à balayage
consistent en des fragments fournis par les essais mécaniques.
Le mortier et/ou le composite étant un matériau non-conducteur, les échantillons à
analyser nécessitent une métallisation pour permettre l’évacuation des charges négatives qu’il
reçoit au cours de l’observation. Cette métallisation consiste à recouvrir la surface à étudier
d’un mince film métallique 100 à 200 A° d’épaisseur par évaporisation sous vide.
Les échantillons à métalliser sont des fractions, de très faibles dimensions. Chaque
échantillon est ensuite fixé sur un porte-objet avec une colle conductrice (d’argent).
Les échantillons sont analysés par un microscope électronique à balayage, type
HITACHI S2500 C, disponible à l’Université d’USTOran, Laboratoire de Microscopie
Electronique et des Sciences des Matériaux.
5.4.1. Examen de la microstructure des mortiers et/ou composites
Des images microscopiques ont été prises pour des échantillons de mortier contenant
ou pas de polymère PET (P/C = 0, 3.5, 5.0 et 7.5%m) et ceci aux échéances de 7 jours, 28
jours et 90 jours.
Le microscope électronique à balayage est efficace pour l'observation de la
microstructure de surface avec électron retour diffracté et électron secondaire engendré par
l'échantillon.
L'examen au microscope électronique à balayage avec différents grossissements a
permis d'une part l'identification de la structure microstructurale des mortiers ne contenant de
Élaboration et caractérisation des composites Mortier-Polymère Chapitre II
133
polymère et d'autre part celles des composites contenant 3.5%m, 5%m et 7.5%m de polymère
PET.
L'introduction d'un ajout dans un ciment influe sur plusieurs caractéristiques de la pâte
fraîche [39] et, notamment sur :
La structure de la pâte au contact des granulats,
La vitesse de prise,
La nature et la cinétique des réactions d'hydratation.
L’objectif de cette analyse est de visualiser les détails de la microstructure, tels que la
morphologie des phases hydratées (silicates de calcium hydratés CSH, portlandite, ettringite,
etc.). Ensuite, de découvrir comment s’organise le polymère PET au sein des matériaux
composites étudiés (Figures II.29-37).
Il est à noter que l’observation est pratiquée sous un vide poussé. Cela peut expliquer
la présence de microfissures sur les micrographies (figures II.31, II.36). Les hydrates présents
dans la microstructure sont essentiellement des silicates de calcium CSH. Ils se présentent
sous forme d’amas granuleux, voire fibreux dans le composite PET57j (figure II.29).
Au cours du processus de l’hydratation, d’autres CSH se forment également en
quantité importante et remplissent les vides intergranulaires (figure II.30).
Après trois mois, il y a formation progressive des cristaux de CSH qui comble le vide
de ces interfaces. On a des assemblages des différents constituants de la matrice qui
présentent une organisation et une compaction relative aux grains (voir figures II.33 et II.34).
L’ettringite cristallise sous forme d’aiguilles à base hexagonale (figure II.32). La
portlandite est un composé défini qui cristallise sous forme de plaquettes hexagonales [40-42]
qui peuvent atteindre une taille de quelques micromètres (figure II.32). La portlandite se
développe dans l’espace libre entre les grains de ciment, plus préférentiellement autour des
granulats dans le cas des mortiers ou de bétons [43]. Le développement des autres hydrates
finit d’enrober la portlandite qui se trouve finalement confinée dans le gel CSH.
La croissance des cristaux de portlandite dépend des propriétés rhéologiques de la
pâte. Si sa rigidité est précoce ou si le temps de prise est bref, les possibilités de
développement des cristaux sont faibles, l’orientation est peu importante. Au contraire, si le
temps de prise est long, les cristaux de portlandite peuvent se développer à plat sur le granulat
dont la surface est libre [44]. L’orientation est alors importante.
Élaboration et caractérisation des composites Mortier-Polymère Chapitre II
134
Au fur et à mesure de l’avancement des réactions d’hydratation, les cristaux
d’ettringite et de portlandite croissent, il y a une compétition entre les deux. Les derniers se
développent en particulier en augmentant leur surface de contact avec le granulat. Au cours ce
cette étape la cristallisation des hydrates évolue (voir la figure II.37).
Les photos MEB présentées par les figures II.35, II.36 et II.37, montrent l’agencement
de la phase polymère, polytéréphtalate d’éthylène (PET), au sein du liant cimentaire des
composites mortier-polymère ainsi que la présence des hydrates du silicate de calcium C-S-H
et d’autres phases d’hydratation. On constate que le polymère remplie les pores de la matrice
cimentaire. Les photos MEB présentés par les figures II.38. a. et b, montrent l’aspect du
polytéréphtalate d’éthylène utilisé dans la formulation des composites [11].
Figure II.29- Observation au MEB du PET57j Figure II.30- Observation au MEB du PET7.57j
(1300x) (2000x)- 1= Portlandite ; 2 = Ettringite ; 3 = CSH. - 1= Portlandite ; - Gel de CSH.
15 m20 m
Élaboration et caractérisation des composites Mortier-Polymère Chapitre II
135
Figure II.31- Observation au MEB du CPJ28j Figure II.32- Observation au MEB du PET3.528j
(1000x) (250x)- 1= CSH ; Microfissuration au milieu 1- Portlandite (plaquettes hexagonales) ;
de la matrice. 2- Ettringite (aiguilles à base hexagonale) ;3- Gel de CSH.
Figure II.33- Observation au MEB du PET3.590j Figure II.34- Observation au MEB du CPJ90j
(80x) (400x)- 1 = Matrice; 2 = Granulat (sable). - Matrice (densification de l’ensemble des
Constituants).
120 m30 m
150 m 75 m
Élaboration et caractérisation des composites Mortier-Polymère Chapitre II
136
Figure II.35- Observation au MEB du PET590j Figure II.36- Observation au MEB du PET590j
(1000x) (800x)- Présence du polymère PET au sein d’un pore. - Présence du polymère PET au sein d’un- Pore (en noire) pore ;
- 1 = Gel de CSH ;- 2 = Microfissuration.
Figure II.37- Observation au MEB du PET7.590j
(480x)- Présence du polymère PET au sein d’un Pore ;
- 1 = Portlandite ; 2 = PET ; 3 = Gel de CSH ;- 4 = Compétition entre les cristaux d’ettringite et de portlandite.
30 m 30 m
75 m
Élaboration et caractérisation des composites Mortier-Polymère Chapitre II
137
a. - Grossissement 840x b. - Grossissement 1000x
Figure II.38- Images obtenues au MEB par électrons secondaires sur la fracture deséchantillons du polytéréphtalate d’éthylène utilisé.
5.5. La microscopie optique (MOP)
Les échantillons sont analysés par un microscope optique, type Keyence VH-5911
commandé par un logiciel Microvision, disponible au Laboratoire Matériaux et durabilité des
constructions LMDC, INSA de Toulouse, France.
La microscopie optique est une technique de mesure optique qui permet d’obtenir une
image agrandie d’objets, matériaux cimentaires, et de voir des détails invisibles à l’œil nu.
Figure II.39- Images obtenues au microscope optique MOP sur la fracture des échantillonsd’un mortier modifié par du polytéréphtalate d’éthylène (25X) ; P - PET, Gr – granulat,
MC – matrice cimentaire.
Le microscope optique utilise des lentilles convergentes pour obtenir une image
agrandie de l’échantillon à observer. L’image a été prise pour des échantillons de mortier
contenant du polytéréphtalate d’éthylène PET à 360 jours (Figure II.39).
30 m 30 m
GrP
P
P MC
MC
Élaboration et caractérisation des composites Mortier-Polymère Chapitre II
138
La figure II.39 exhibe la micrographie optique du composite Mortier-Polymère
contenant des particules en PET. En terme d’adhérence, la surface rugueuse des particules
favorise un plus grand contact entre le PET et la matrice du ciment. Les particules semblent
bien recouvertes par la matrice cimentaire.
L’introduction de l’ajout du PET broyé, conduit à une densification de la matrice
cimentaire. La mouture des particules de PET, permet à ses grains de s’intercaler dans les
macropores entre les granulats et les produits d’hydratation (Figure II.39). Ce qui développe
l’adhérence particule/matrice et par conséquent augmente la résistivité du mortier modifié par
PET vis-à-vis des attaques des milieux fortement agressifs (chapitres 3-5).
5.6. L’analyse thermique (ATG/ATD)
La caractérisation de nos matériaux conservés sous cure d’eau douce est basée sur les
différentes techniques d’analyses telles que l’analyse thermique par ATG et ATD disponibles
dans les laboratoires suivants :
- Laboratoire de chimie des polymères LCP, Université d’Es-Sénia Oran, (il s'agit d’un
analyseur Thermogravimétrique (ATG) simple d'utilisation (ambiante à 1600°C) -
Labsys TGA par SETARAM, rampe de température : montée 10°C/mn jusqu’à 1000-
1100 °C sous flux He).
- Le Laboratoire des Matériaux LABMAT d’ENSET Oran; (un appareil ATD, type
Linseis marque DTA L62, porte échantillon en alumine, rampe de température :
montée 10°C/mn jusqu’à 1000-1100 °C).
Pour le diagnostique des mortiers et afin de suivre l’évolution des phases solides
caractéristiques de ces derniers dans l’eau douce. Une autre technique complémentaire a été
utilisée dans cette étude c’est l’analyse thermique, qui comprend une analyse
thermogravimétrique (ATG) et une analyse thermique différentielle (ATD).
L'analyse thermogravimétrique (ATG) mesure les variations de poids dans un matériau
en fonction de la température (ou du temps) en atmosphère contrôlée. Ses utilisations
principales comprennent la mesure de stabilité thermique et la composition d'un matériau.
Certains travaux de recherche [45-47] ont rapporté l’identification par analyse
thermique telles que DSC, ATD et ATG des produits d’hydratation comme le gel CSH, la
portlandite, l’ettringite, le gypse et la calcite. Ainsi que, Silva et al. [48] ont pu monter les
différents changements liés à l’effet de l’ajout du copolymère vinyle acétate d’éthylène
(EVA) dans les matériaux composites par l’analyse ATD.
Élaboration et caractérisation des composites Mortier-Polymère Chapitre II
139
Une prise d’essai du mortier et composite a été analysée suivant un chauffage linéaire
depuis la température ambiante jusqu’à 1000-1100 °C avec une montée de 10 °C/min.
Les courbes ATD (Figures II.40-41) obtenues pour tous les tests sont typiques de pâtes
de ciment hydraté contenant des phases de carbonate de calcium (CaCO3). Trois grandes
réactions endothermiques eu lieu pendant le chauffage des échantillons telles que :
L’évaporation d’une partie de l'eau adsorbée (CSH et ettringite) au environ de 110-
130 °C;
La déshydratation de la portlandite Ca(OH)2, entre 450 et 510 °C;
Décomposition des phases de carbonate de calcium (calcite) à 850-900 °C.
Figure II.40- Analyse par ATD du mortier non modifier CPJ conservédans l’eau douce.
Élaboration et caractérisation des composites Mortier-Polymère Chapitre II
140
Figure II.41- Analyse par ATD du composite PET5 conservé dans l’eau douce.
L’effet de l’ajout de polymère PET dans les matériaux polyphasés, influe fortement
sur la courbe ATD montrée par la figure II.41, entraînant ainsi ;
Un élargissement de l'épaule exothermique à 200-420 °C,
Une diminution de l'intensité du pic endothermique et la perte de poids sur la
déshydratation de l'hydroxyde de calcium (516 °C),
Forte changements dans la courbe à des températures supérieures à 510 °C (dans la
plupart des cas, un pic endothermique à 580 °C et trois épaules exothermique à
540 °C, 620-660 °C et 820-840 °C ont été détectés),
L'élargissement de l'intensité du pic endothermique à 620-780 °C, la diminution de
la température maximale (de 937 à 926 °C) et diminution de la perte de poids
dans la gamme de température de cette dernière.
Les figures II. 42-45 montre les courbes ATG du mortier et des composites mûri sous
l’eau douce pendant 90 jours, il est intéressant d’observer que ces courbes montrent une
hydratation très avancée et sur laquelle, on peut identifier les phases ayant provoqué des pics
généralement endothermiques, par la température maximale de ces pics par exemple :
L’évaporation d’une partie de l'eau adsorbée (CSH et ettringite) au environ de 110-
130 °C;
Élaboration et caractérisation des composites Mortier-Polymère Chapitre II
141
La déshydratation de la portlandite Ca(OH)2, entre 450 et 510 °C;
Décomposition des phases de carbonate de calcium (calcite) à 850-900 °C.
Temperature/ °C50 100 150 200 250 300 350 400 450 500 550 600 650 700 750 800
TG/ %
-35
-30
-25
-20
-15
-10
-5
0
DTG/ %/min
-2.75
-2.50
-2.25
-2.00
-1.75
-1.50
-1.25
-1.00
-0.75
-0.50
-0.25
0.00
Temperature/ °C100 200 300 400 500 600 700 800 900
TG/ %
-35
-30
-25
-20
-15
-10
-5
0
DTG/ %/min
-3.0
-2.5
-2.0
-1.5
-1.0
-0.5
0.0
Figure II.42- Analyse par ATG du mortier CPJ-PET0 conservé dans l’eau douce.
Figure III.43- Analyse par ATG du composite PET2.5conservé dans l’eau douce.
Temperature/ °C0 100 200 300 400 500 600 700 800 900
TG/ %
-35
-30
-25
-20
-15
-10
-5
0
DTG/ %/min
-2.50
-2.25
-2.00
-1.75
-1.50
-1.25
-1.00
-0.75
-0.50
-0.25
0.00
Temperature/ °C50 100 150 200 250 300 350 400 450 500 550 600 650 700 750 800
TG/ %
-40
-35
-30
-25
-20
-15
-10
-5
0
DTG/ %/min
-3.5
-3.0
-2.5
-2.0
-1.5
-1.0
-0.5
0.0
Figure II.44- Analyse par ATG du composite PET5conservé dans l’eau douce.
Figure II.45- Analyse par ATG du composite PET7.5conservé dans l’eau douce.
Toutes les données de perte de masse sont exprimés en fonction du poids calciné de
l'échantillon, comme suggéré par Taylor [49].
La teneur en hydroxyde de calcium a été déterminée à partir de l'équation suivante:
H
CHCH MW
MWWLCH (%)(%) (Eq. II.4)
Élaboration et caractérisation des composites Mortier-Polymère Chapitre II
142
Où CH (%) est la teneur en pourcentage de Ca(OH)2 (en poids de base), WLCH (%) est la
perte de masse qui s'est produite lors de la déshydratation d'hydroxyde de calcium (en poids
de base), MWCH est la masse molaire d'hydroxyde de calcium et MWH est la masse molaire
d'eau. Puisque la stoechiométrie exacte de la décomposition des réactions des phases de
carbonate de calcium n’est pas connue, les résultats sont exprimés en fonction du poids du gaz
CO2 libéré lors de la décomposition, et non pas sous forme du taux en pourcentages des
phases de carbonate CaCO3.
PET 0 PET 2.5 PET 5.01,7
1,8
1,9
2,0
2,1
2,2
2,3
La
tene
uren
hydr
oxyd
ede
calc
ium
Ca(
OH
) 2(%
)
Taux d'ajoutdu PET(%)
(a)
PET 0 PET 2.5 PET 5.0 PET 7.5509
510
511
512
513
514
515
516
517
518
Tem
péra
ture
dedé
shyd
rata
tion
deC
a(O
H) 2
TC
H(°
C)
Taux d'ajout du PET (%)
(b)
Figure II.46- L’effet d’ajout du polymère PET sur la teneur en hydroxyde de calciumCa(OH)2 et leur température de déshydratation (TCH).
PET 0 PET 2.5 PET 5.0 PET 7.517
18
19
20
21
22
23
24
25
26
Perte
dem
asse
des
phas
esde
Car
bona
tede
calc
ium
(CaC
O3)(
%)
Taux d'ajout du PET (%)
Figure II.47- L’effet d’ajout du polymère PET sur la perte de masse due à la décompositiondes phases de carbonate de calcium CaCO3.
Élaboration et caractérisation des composites Mortier-Polymère Chapitre II
143
On constate d’après la figure II.46, que la teneur en hydroxyde de calcium (Ca(OH)2)
diminue avec le taux de substitution de ciment par le polytéréphtalate d’éthylène PET et on a
une augmentation de la température de déshydratation (TCH).
Car plus le taux de substitution du PET augmente, on a moins de formation de
portlandite Ca(OH)2 , qui est principalement le résultat de la réaction suivante :
C3S et C2S + H2O C-S-H + Ca(OH)2
portlandite
La figure II.47 montre que la substitution du ciment par PET diminue la perte de
masse des phases de carbonate de calcium CaCO3 dans les composites, mesurées par ATG.
Ceci est intéressant pour la suite des résultats concernant la durabilité des matériaux
polyphasés dans les chapitres qui suits.
Conclusion
Cette étude a permis de mieux comprendre les comportements mécaniques des
matériaux composites mortier-polymère. On remarque que les performances mécaniques en
particulier les résistances à la flexion, de nos mortiers dans lesquels le polytéréphtalate
d’éthylène a été incorporé sont jugés analogues sinon meilleures en comparaison avec celles
d’un mortier témoin, d’où des avantages économique et écologique appréciables.
Les méthodes d’analyse tels l’IRTF, les DRX, MEB, MOP et ATG/ATD ont révélé
que la composition des matériaux est qualitativement identique et qu’aucune interaction
chimique entre les espèces minérales et le polymère n’a pu conduire à la formation de
nouveaux composés.
Dans le chapitre qui suit, on essaie de mettre en évidence l’influence de la présence
d’ajouts polytéréphtalate d’éthylène (PET) sur le comportement des mortiers et/ou composites
mortier-polymère en milieux agressifs tels que les acides et les bases.
Chapitre III
Durabilité des MatériauxComposites Mortier-Polymère
(Attaques Acides et Basiques)
Ce travail a fait l’objet d’une publication dans le Proceeding du : 1st InternationalConference on Sustainable Built Environement Infrastructures in Developing Countries-SBEIDCO – (2009), sous code N° ISSN 2170-0095.
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaques Acides et Basiques) Chapitre III
144
Chapitre IIIDurabilité des matériaux
Composites mortier-polymère(Attaques Acides et Basiques)
III.1 Introduction
La durabilité est tout aussi importante que les caractéristiques mécaniques pour le
matériau composite. Cette propriété est définie (dans un cadre très général) par la capacité du
matériau à maintenir ses caractéristiques physiques et performances mécaniques dans des
conditions de sécurité satisfaisantes pendant la durée de vie prévue pour l’ouvrage, compte
tenu des conditions de services existantes et de l’environnement dans lequel il évolue. Le
paramètre régissant la durabilité est bien entendu la perméabilité [50]. Plus cette dernière est
réduite et mieux sa durabilité en sera augmenté.
Le matériau composite est constitué d’un squelette granulaire et d’un liant, la pâte de
ciment hydratée. Cette pâte est un matériau poreux particulièrement ou complètement saturé
en phase liquide, la solution interstitielle [51]. Cette dernière est une solution aqueuse en
équilibre avec les phases solides, fortement basique (pH environ 13) due à la présence d’ions
OH- et alcalins, issu de C3S et C2S mais aussi des sulfates comme K2SO4.
Les altérations chimiques du béton se traduisent essentiellement :
Par une dissolution de la chaux d’hydratation Ca(OH)2, avec une augmentation
progressive de la porosité et une accélération du mécanisme de dégradation ;
Et ensuite par la formation de composés expansifs (en particulier avec le C3A du liant
hydraulique) détruisant peu à, peu le béton [52].
Dans le but de mettre en évidence l’influence de la présence d’ajouts polytéréphtalate
d’éthylène (PET) sur le comportement des mortiers et/ou composites mortier-polymère en
milieux agressifs, on a effectué une série d’essais, chimiques et physiques.
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaques Acides et Basiques) Chapitre III
145
Les essais ont été réalisés sur des mortiers élaborés à base de ciment CPJ-CEM II/A
commercialisé à l’Ouest Algérien (CPJ Zahana) ainsi que des composites de différents teneurs
en polymère PET et par conséquent mettre en évidence l’influence du polymère sur la
durabilité de ces mortiers et essayer d’apporter une meilleures compréhension concernant les
réactions chimiques responsables du ralentissement de la dégradation.
Pour l’étude de la résistance de ces mortiers et/ou composites mortier-polymère vis-à-
vis de différents milieux agressifs (acides et base), on a tenu à garder le même rapport
eau/ciment pour toutes les compositions des matériaux (E/C = 0.5).
Afin d'arriver à des conclusions pratiquement exploitables, il a été nécessaire dans la
seconde série de réaliser des essais d'analyse microstructurale. Dans ce but, l’identification
des phases cristallines formées dans les matériaux ayant subi une attaque chimique a été
suivie par diffraction des rayons X et infrarouge IRTF.
III.2. Essai de durabilité (les acides et la base)
Le développement des composites mortier-polymère a pour origine certains besoins
exprimés par les professionnels du bâtiment et des travaux publics. En vue d’améliorer la
durabilité de ces composites, on a évalué l’influence de l’ajout du polymère PET sur les
caractéristiques de ces derniers vis-à-vis des milieux agressifs [53] tels que les acides et la
base.
2.1. Attaques chimiques des mortiers et/ou composites mortier-polymère
Les matières premières utilisées sont le ciment, le sable et le polymère. Les
proportions de mélange, mode de cure et les méthodes d'essai restent les mêmes, et figurent
dans la partie élaboration et caractérisation des composites mortier-polymère (cf. chapitre2).
On décide de réaliser des composites avec des teneurs en polymère différentes telles
que P/C {0, 2.5, 5, 7.5} %m, avec P : polymère (polytéréphtalate d’éthylène broyé) et C :
ciment Portland composé type CPJ-CEM II/A provenant de l’usine de Zahana.
Le mortier et/ou composite utilisé dans notre étude, se compose en proportion de
masse suivante: 1 ciment, 3 sable et un rapport eau sur ciment E/C = 0.5 constant pour tous
les mortiers.
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaques Acides et Basiques) Chapitre III
146
Les mortiers et/ou composites ont été coulés dans des moules prismatiques 5x5x5 cm3
et compactées mécaniquement à l’aide d’une table à choc (NF EN 196.1). Les moules
contenant les spécimens ont été couverts de film plastiques et stockés dans l’environnement
du laboratoire. Après 24 heures, les échantillons ont été démoulés et conservés jusqu’à l’âge
de l’essai dans l’environnement suivant :
Eau : (T= 20 ± 2 °C, R.H = 100%).
Après 28 jours de cure sous l’eau (figure III.1), les éprouvettes sont pesées pour
déterminer M1 (figure III.2), puis elles sont immergées dans les différentes solutions
suivantes :
5% d’acide chlorhydrique (HCl) acide fort ;
5% d’acide sulfurique (H2SO
4) acide fort ;
5% d’acide acétique (CH3COOH) acide faible ;
5% hydroxyde de sodium (NaOH) solution basique ;
(cf. figure III.3).
La résistance due aux agressions chimiques des échantillons immergés dans ces
solutions est évaluée selon la norme ASTM C 267-96 [54], les éprouvettes sont nettoyées 3
fois avec de l’eau douce pour éliminer le mortier et/ou composite altéré et puis on les laisse
sécher pendant une ½ heure. Ensuite on procède à la pesée de ces dernières d’où la masse M2.
Cette opération est effectuée après 1, 7, 14, 21, 28, et 56 jours après l’immersion. La solution
d’attaque est renouvelée chaque 7 jours (selon la valeur du pH).
Figure III.1- Cure des éprouvettes sous Figure III.2- Préparation des éprouvettesl’eau pour la pesé.
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaques Acides et Basiques) Chapitre III
147
Enfin la résistante chimique est évaluée par la mesure de la perte de masse de
l’éprouvette:
L’attaque est évaluée par la formule (III.1) :
Perte de masse (%) = [(M1-M2) / M1] x 100 … (Eq. III.1)
Avec M1, M
2les masses des éprouvettes avant et après immersion, respectivement.
- Règles de désignation des échantillons :
Les échantillons seront notés PET Y :
Y = partie entière de la teneur en PET (polytéréphtalate d’éthylène broyé) ;
Y {2.5, 5, 7.5}%m ;
Le mortier (P/C=0%m ) a une notation particulière : CPJ.
5% HCl 5% H2SO4 5% CH3COOHFigure III.3- Mortiers et/ou composites immergés dans les solutions acides.
III.3. Résultats des essais de durabilité et discussion [55]
3.1. Attaques des mortiers et/ou composites par différentes types de solutionacides et basique :
Les phases solides et les ions impliqués dans les équilibres chimiques au sein de la
microstructure de la pâte de ciment durcie et qui peuvent être menacé par les attaques
chimiques de l’environnement sont résumés dans le tableau III.1 :
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaques Acides et Basiques) Chapitre III
148
Nom Formule chimique Ions principauxPortlandite Ca(OH)2 Ca2+, OH-
Gypse CaSO4.2H2O Ca2+, SO42-
C-S-H xCaO.SiO2.(x/0.8) H2O Ca2+, H2SiO42-, OH-
Monosulfoaluminate 4CaO.Al2O3.SO3.12 H2O Ca2+,Al(OH)4-, OH-
Ettringite 6CaO.Al2O3.3SO3.32 H2O Ca2+,Al(OH)4-, OH-
Anhydres: C3SC2SC3A
C4AF
3CaO.SiO2;
2CaO.SiO2;
3CaO.AL2O3;4CaO.AL2O3.Fe2O3.
Ca2+,H2SiO42-,
Al(OH)4-, OH-,
Fe(OH)4-.
Tableau III.1- Les phases solides et les ions de la pâte de ciment durcie [56].
x : est le rapport CaO/SiO2.
L’acide sulfurique (H2SO4) et l’acide chlorhydrique (HCl) sont des acides
inorganiques, et l’acide acétique (CH3COOH) est un acide organique [57]. Les acides
inorganiques sont plus nuisibles pour les bétons et mortiers que les acides organiques.
Les acides inorganiques forment avec le Ca(OH)2 (hydroxyde de calcium) contenu
dans la pâte de ciment durcie des composés facilement solubles dans l’eau. Concernant les
acides inorganiques utilisés dans notre étude, on a :
Ca (OH)2 + 2HCl → CaCl2 + 2H2O
Hydroxyde de calcium + acide chlorhydrique → chlorure de calcium
Ca (OH)2 + H2SO4 → CaSO4 + 2H2O
Hydroxyde de calcium + acide sulfurique → sulfate de calcium
Donc on peut établir qu’un acide est autant plus nuisible que les sels de calcium
formés sont plus facilement solubles. D’après le tableau I.8 (cf. bibliographie), qui donne la
solubilité dans l’eau des sels calciques, l’acide sulfurique devrait être relativement inoffensif,
mais les ions de sulfates jouent en l’occurrence un rôle nuisible pour le béton (gonflement dû
aux sulfates).
Les acides inorganiques forts ne réagissent pas uniquement avec l’hydroxyde de
calcium, ils attaquent également les autres composants de la pâte de ciment durcie, en formant
des sels calciques, aluminiques ou ferriques, ainsi que des acides siliciques colloïdaux (gels de
silice) [57].
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaques Acides et Basiques) Chapitre III
149
Les acides organiques attaquent également le béton, en transformant le Ca(OH)2 en
sels facilement solubles en suivant la réaction ci-dessous :
Ca (OH)2 + HO2CCH3 → Ca(O2CCH3)2 + 2H2OHydroxyde de calcium + acide acétique acétate de calcium
L’acide acétique forme des sels calciques facilement solubles dans l’eau et nuisent
donc au béton [58,59].
- Effet de l’ajout du polymère PET dans les mortiers et/ou composites [55]
Les figures III.4, III.5 et III.6 montrent la variation de perte de masse des éprouvettes
en fonction de la période d’immersion dans les solutions de 5 % HCl, 5% H2SO4 et 5%
CH3COOH respectivement. On constate une perte de masses permanentes concernant les
mortiers et/ou composites immergés dans la solution de 5 % d’acide chlorhydrique HCl.
Avant 7 jours d’immersions dans 5% de HCl, aucun effet du dosage en PET des
mortiers n’est observé. Après cette période d’immersion, les matériaux polyphasés qui
contiennent différents pourcentages du polymère (PET 2.5, PET5, PET7.5), augmentent leurs
aptitudes à résister aux acides.
1jour 7 jours 14 jours 21 jours 28 jours0
10
20
30
40
50
Pert
ede
poid
s(%
)
Période d'immersion dans 5%HCl (jours)
CPJPET2.5PET5.0PET7.5
Figure III.4 - Variation de la masse en fonction de la période d’immersiondans 5% de HCl.
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaques Acides et Basiques) Chapitre III
150
1 jour 7 jours 14 jours 21 jours 28 jours0
5
10
15
20
25
30
35
Pert
ede
poid
s(%
)
Période d'immersion dans 5% H2SO
4(jours)
CPJPET2.5PET5.0PET7.5
Figure III.5 - Variation de la masse en fonction de la période d’immersiondans 5% de H2SO4.
Après 28 jours d’immersion, la perte de la masse pour le mortier (CPJ) sans ajout est
de l’ordre de 47.35% dans la solution de 5% HCl, 34.69% dans la solution de 5% d’acide
sulfurique H2SO4 et de 12.09% dans la solution de 5% CH3COOH.
L’incorporation de 7.5%m du polytéréphtalate d’éthylène (PET7.5) réduit les pertes de
masse, par rapport au mortier contrôle, de 17.8% dans la solution de 5% HCl, ce qui n’est pas
le cas concernant les résultats pour le composite PET7.5 dans la solution de 5% H2SO4. Dans
l’acide H2SO4 les pertes de la masse des composites contenant le PET sont presque identiques
au mortier CPJ, sauf pour le PET5 où on a une réduction de perte de 1.9%.
La réduction de la perte en poids, après 28 jours d’attaque, est de 11.8% pour le
composite PET2.5, de 11.0 % pour le composite PET5.0 et de 17.8% pour PET7.5 par rapport
au mortier de contrôle CPJ dans la solution d’acide chlorhydrique HCl (figure III.4).
Avant 7 jours d’immersions dans 5% d’acide acétique CH3COOH, aucun effet du
dosage en PET des mortiers n’est observé. Après cette période d’immersion, les matériaux
polyphasés qui contiennent différents pourcentages du polymère (PET 2.5, PET5, PET7.5),
augmentent leurs aptitudes à résister au acide (figure III.6).
La réduction de la perte en poids, après 56 jours d’attaque, est de 21.9% pour le
composite PET2.5, de 22 % pour le composite PET5.0 et de 6% pour PET7.5 par rapport au
mortier de contrôle CPJ dans la solution d’acide acétique CH3COOH (figure III.6).
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaques Acides et Basiques) Chapitre III
151
1 jour 7 jours 14 jours 21 jours 28 jours 56 jours0
5
10
15
20
25
30
Pert
ede
poid
s(%
)
Période d'immersion dans 5%CH3COOH(jours)
CPJPET2.5PET5.0PET7.5
Figure III.6 - Variation de la masse en fonction de la période d’immersiondans 5% de CH3COOH.
On distingue les pertes de la masse 12.09% pour CPJ et 11.9% pour PET7.5 par
l’attaque chimique de l’acide acétique 5% CH3COOH des mortier et/ ou composites qui sont
nettement inférieures par rapport aux résultats des deux autres types d’acides 5 % HCl et 5%
H2SO4 après 28 jours d’attaque (figure III.7). Cette constatation est due au faite au classement
chimique de l’acide acétique à la famille des acides faibles (une solution de faible acidité) et
de l’acide chlorhydrique et sulfurique aux acides forts.
La figure III.7, montre l’effet de l’attaque acide sur les différents mortiers et/ou
composites mortier-polymère. Après 28 jours d’immersion, on remarque pour l’ensemble des
spécimens, que les pertes en masse dues à l’acide chlorhydrique sont légèrement supérieures à
celles dues à l’acide sulfurique.
L’exemple du mortier de contrôle CPJ, montre que la perte de poids due à la solution
de 5% H2SO4 est inférieure de 26.7% par rapport à l’attaque due à la solution de 5% HCl.
Dans le cas du composite PET2.5 est égale à 16%. La perte de poids du mortier de contrôle
CPJ, due à la solution de 5% CH3COOH est inférieure de 74.4% par rapport à l’attaque due à
la solution de 5% HCl.
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaques Acides et Basiques) Chapitre III
152
5%HCl 5% H2SO4 5% CH3COOH0
10
20
30
40
50
Per
tede
poid
sap
rès
28jo
urs
d'im
mer
sion
(%)
Les solutions acides
CPJPET2.5PET5.0PET7.5
Figure III.7- Variation de la perte en masse après 28 jours d’immersiondans les différentes solutions d’acides des mortiers et/ou composites mortier-polymère [55].
Si on compare les résultats des pertes en masses des mortiers et/ou composites
immergés en solution d’acide acétique 5% CH3COOH, par rapport aux autres résultats, on
constate que la perte de masse due à l’acide acétique est égale à environ un tiers de la perte en
masse due à la solution de l’acide sulfurique ou l’acide chlorhydrique, pour la même
concentration de 5 % (figureIII.7).
Les solutions sulfatiques conduisent à une formation de gypse en surface et d'ettringite
au contact de la matrice cimentaire. Avec l'acide acétique, il y a formation d’acétate de
calcium (hydrate) sous forme spongieuse tandis qu’avec l'acide chlorhydrique, la surface du
mortier est recouverte de chlorure de calcium (dihydrate) et d'hydroxyde de fer [60]. Les
résistances mécaniques sont plus ou moins affectées par la concentration mais aussi et surtout
par la nature des acides avec dans l'ordre le plus agressif (attaques des matériaux) d’après
notre étude (figure III.7) l’acide HCl puis l’acide H2SO4 et enfin l’acide acétique CH3COOH
(figureIII.10). On propose pour cela la séquence suivante : HCl > H2SO4 > CH3COOH.
L’examen visuel :
La figure III.8 montre l’état des échantillons de mortier et/ ou composites mortier-
polymère avant leur immersion dans la solution agressive, et la figure III.9 montre le
changement du volume des échantillons de mortiers et/ou composites soumissent aux
différents types d’attaques : 1ere photo solution HCl, 2ème photo solution H2SO4 et 3ème photo
solution CH3COOH. La figure III.10 montre la comparaison de l’effet de l’attaque acide et
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaques Acides et Basiques) Chapitre III
153
basique et l’état des éprouvettes après immersion de 28 jours dans 5% NaOH, 5 % HCl, 5%
H2SO4 et 5% de CH3COOH (de gauche à droite).
Figure III.8- Etat des éprouvettes avant immersion dans les différentes solutions.
5% HCl 5% H2SO4 5% CH3COOHFigure III.9- Les Mortiers et/ou composites immergés après 28 jours
dans les solutions acides.
Figure III.10- Etat des éprouvettes après immersion de 28 jours dans 5% NaOH,5 % HCl, 5% H2SO4 et 5% de CH3COOH (de gauche à droite).
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaques Acides et Basiques) Chapitre III
154
Donc, cette réduction des poids est due à la dissolution des hydrates produits qui
mènent à des mortiers poreux. Cependant, l’incorporation des additions organiques
(polymères) augmente la résistance chimique des composites (cas des solutions HCl 5% et
CH3COOH 5%) dans les milieux agressifs, comme il a été mis en évidence par plusieurs
équipes de recherche [61,62]. La perte de masse est due au fait que le ciment Portland, après
hydratation, libère une partie considérable d’hydroxyde de calcium libre (CH) qui peut être
lixiviée à l’intérieur quand elle est soumise à l’acide. Pour le mortier en contact avec l’acide
sulfurique (H2SO4), l’hydroxyde de calcium réagit avec l’acide sulfurique pour former le
sulfate de calcium, qui est déposé comme gypse.
Pendant que l’attaque se poursuit, tous les composants du ciment sont par la suite
décomposés et lixiviés. En outre, le sulfate de calcium constitué par la première réaction va
réagir avec la phase d’aluminate de calcium dans le ciment pour former le sulfoaluminate de
calcium hydraté (ettringite) qui, après cristallisation, peut causer l’expansion du mortier. Ces
réactions forment aussi une couche blanchâtre épaisse sur la surface du mortier. La couche du
gypse précipitée est facilement lixiviée dont le résultat est une perte de masse considérable
[63-65].
Dans les mortiers avec ajouts de polymères, la quantité du PET remplie les pores [66-
67]. Cette diminution de porosité (les pores sont réduits), diminue l’absorption de la solution
acide d’où une réduction de la perte de masse.
Pour la solution de 5% d’hydroxyde de sodium NaOH (solution basique), les pertes de
masses concernant le mortier contrôle CPJ et les matériaux polyphasés composites mortier-
polymère (PM) à 28 jours sont inférieures à 1% (figure III.10). En comparant nos résultats à
ceux obtenus par l’équipe de J.-A. Rossignolo [61].
Cette étude montre que le polymère à un effet supplémentaire sur le comportement des
matériaux composites. En général, les composites contenant du polymère PET développe une
résistance différente à celle du mortier contrôle contre les divers attaques chimiques comme le
montrent les figures III.4-7.
D'autre part, la comparaison des résultats d'essai avec celles obtenus par d’autres
équipes de recherche reste difficile (voir chapitre I.9.3). Ceci est dû aux différences dans les
matières premières utilisées (ciment, agrégats, et polymère), les proportions de mélange,
mode de cure, la préparation des éprouvettes, les concentration des solutions d’attaques
chimiques et les méthodes d'essai.
Afin d'arriver à des conclusions pratiquement exploitables, il a été nécessaire de
réaliser des essais d'analyse microstructurale. Dans ce but, l’identification des phases
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaques Acides et Basiques) Chapitre III
155
cristallines formées dans les matériaux ayant subit une attaque chimique ont été suivi par
diffraction des rayons X et spectrométrie IRTF.
III.4. Caractérisation microstructurelle par DRX et IRTF de l’attaquesuperficielle de mortier et/ou composite mortier-polymère par les solutionsacides
Les échantillons sont analysés par un diffractomètre Philips PW 1710, utilisant une
anticathode de cuivre (Cu-K) de longueur d’onde = 1,5406 A°.
Les analyses par diffraction X des surfaces des mortiers et/ou composites mortier-
polymère soumises à une attaque acide ont permis d’identifier et de positionner les différentes
phases cristallines rencontrées sur l’épaisseur du matériau altéré. La couche des cristaux
formés sur la surface de l’échantillon est analysée, après avoir subit un grattage sur une
épaisseur de quelques dixièmes de millimètres et un broyage pour obtenir une fine poudre du
liant des mortiers.
L’analyse de la pâte de ciment hydraté par DRX [68] n’est pas une chose simple, car
le produit majeur d’hydratation est le CSH qui se présente sous forme d’un gel plus ou moins
bien cristallisé difficilement identifiable sur un spectre DRX. En fait, le CSH est caractérisé
sur un spectre DRX par une large bosse située entre 28 et 35° 2Ө, là même où se situent la
plupart des pics de silicates anhydres (C2S et C3S). Ainsi la pâte de ciment est souvent
caractérisée par ses hydrates mieux cristallisés que sont l’ettringite et la portlandite.
4.1 Diffraction X de la matrice cimentaire par les attaques acides
La figure III.11 présente le spectre DRX du mortier contrôle CPJ mûri sous l’eau
douce pendant 28 jours, il est intéressant d’observer que ce spectre montre une hydratation
très avancée. L’ettringite Ca6Al2 (SO4)3(OH)12. 26H2O a son pic majeur au environ de 9° 2Ө,
et la portlandite Ca(OH)2 à 34.09° 2Ө, 18.09° 2Өet à 47.12° 2Ө.
On trouve aussi de la calcite CaCO3 avec son pics majeur à 29.41° 2Ө, c’est le pic le
plus intense. Ce qui caractérise l’incorporation du sable de carrière.
L’analyse comparative des spectres DRX obtenus pour les mortiers et/ou composites
mortier-polymère aux mêmes échéances n’indique pas qu’il y ait des différences significatives
sur la nature des espèces cristallines qui composent le liant des matériaux : on trouve,
systématiquement, presque les mêmes pics de diffractions, à toutes les teneurs. Pour illustrer
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaques Acides et Basiques) Chapitre III
156
ce résultat, on reporte à la figure II.19 (chapitre 2) la superposition du spectre du mortier
contrôle CPJ28j, et celui du composite PET7.528j.
Donc, on s’intéresse pour la suite des analyses DRX au mortier de contrôle CPJ28j
contre les différentes attaques acides.
Figure III.11- Spectre DRX du mortier de contrôle CPJ28j conservé sousl’eau douce à l’âge de 28 jours.
La figure III.12 présentent les analyses DRX réalisées sur des mortiers contrôle CPJ
avant et après conservation pendant 28 jours dans des solutions acides, respectivement 5%
d’acide chlorhydrique HCl, 5% d’acide sulfurique H2SO4 et 5% d’acide acétique CH3COOH.
La superposition des 4 spectres DRX, montre l’effet des attaques acides sur le mortier
de contrôle CPJ. D’après la figure III.12, on constate la disparition et l’apparition de nouveau
phases cristallines hydratées tels que :
- Ca(OH)2 : La consommation de la portlandite d’où des pics avec intensités moins
importantes (le cas des acides);
- CaCl2.4H2O : Formation du chlorure de calcium hydraté (CaCl).
- CaSO4. 2H2O : Formation du gypse (G) (les pics du gypse sont plus importantes à des
fentes de 11.59°, 20.72° et 29.11° 2Ө) Prédominance de gypse dans le cas de l’acide
sulfurique;
- Ca6Al2(SO4)3(OH)12 .26H2O : L’ettringite secondaire (E);
- Ca(CH3COO)2.H2O : Formation de l’acétate de calcium hydraté (AC.).
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaques Acides et Basiques) Chapitre III
157
Par exemple aux fentes 11.59°, 20.72° et 29.11° 2Ө, on constate la présence du gypse
dans le cas du spectre de l’attaque par la solution de 5% H2SO4 . Ceci confirme bien les
résultats obtenus dans la partie discussion de ce chapitre.
Les spectres de la figure III.12 montrent une diminution de l’intensité des pics de la
portlandite des mortiers contrôle CPJ immergés dans les solutions acides, d’où une
consommation de cette phase cristalline par rapport au mortier conservé dans l’eau douce.
Cette diminution apparaît aux angles suivantes 34.09°, 18.09° et 47.12° 2Ө.
Figure III.12- Les spectres DRX du mortier de contrôle CPJ conservé dans lesdifférents milieux acides; P - Ca(OH)2 , G – gypse, C – calcite, E – ettringite,
CaCl2.4H2O – CaCl, Ca(CH3COO)2.H2O - AC.
1. Conservation dans l’eau douce;2. Conservation dans 5% HCl ;3. Conservation dans 5% H2SO4 ;4. Conservation dans 5% CH3COOH.
On a la formation des sels du chlorure de calcium hydraté et de l’acétate de calcium
hydraté dans la matrice cimentaire qui est attaquée par l’acide chlorhydrique et l’acide
acétique respectivement. Dans le cas de l’attaque par 5% H2SO4, il y a un dépôt de gypse
(figure III.10).
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaques Acides et Basiques) Chapitre III
158
4.2 L’analyse IRTF de la matrice cimentaire par les attaques acides
Les spectres infrarouges des mortiers non modifiés par le polymère PET, avant et
après immersion dans les solutions acides HCl, H2SO4 et CH3COOH à 5% pendant 28 jours
sont exhibés par la figure III.13 et le Tableau III.2. Les spectres IR ont quelques
dissemblances claires, indiquant cela qu’il y a des différences dans la composition des
échantillons.
Figure III.13- Les spectres IRTF du mortier de contrôle CPJ avant et après conservationdans les différents milieux acides à 28 jours. E0 : Conservation dans l’eau douce; E1 :Conservation dans 5% HCl ; E2 : Conservation dans 5% H2SO4 ; E3 : Conservation dans 5%CH3COOH.
L’observation qui est principale pour l’attaque sulfurique c’est les bandes vers 1142-
1119 cm-1 et 601-649 cm-1 qui sont évident pour les mortiers attaqués, mais non pas avéré
pour les matériaux en eau douce (Figures III.13, Tableau III.2). Ces bandes sont associées à la
vibration d’élongation et de déformation S-O des sulfates d’où la présence du gypse qui peut
causer la détérioration du matériau exposé à l’acide sulfurique.
De la même façon que pour les spectres DRX (Figure III.12), on constate par IRTF la
formation des sels du chlorure de calcium hydraté et de l’acétate de calcium hydraté dans la
matrice cimentaire qui est attaquée par l’acide chlorhydrique et l’acide acétique
respectivement (Figures III.13, Tableau III.2).
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaques Acides et Basiques) Chapitre III
159
Dans le cas de l’attaque acétique, il y’a diminution de l’intensité des bandes
d’absorption vers 1424 cm-1 et 872 cm-1 qui caractérisent la consommation de la calcite.
Ainsi, après attaque aux acides on observé une disparition de la bande d’absorption vers
3641 cm-1 qui caractérise la consommation de la portlandite (Tableau III.2).
Positiondu pic(cm-1)
Groupementchimique Composé associé
MilieuEau
douce
MilieuHCl
MilieuH2SO4
MilieuCH3COOH
3640.9H2O, OH,
liaisonshydrogènes
Gypse, CSH +++ + + +
3641(Fine)
H2O, OH,liaisons
hydrogènes
hydrate héxagonalportlandite +++ --- --- ---
3435-3446 H2O, OH AFm, AFt ++ + + +
1621-1638 H2O, O-H + + + +
1424-1431 C-O CaCO3 (Calcite) + + + + (f)
872-876 C-O CaCO3 (Calcite) + + + + (f)710-713 C-O CaCO3 (Calcite) + + + ---970-1037 Si-O Vibrations des
CSH + + + (f) +
1142-1119
S-O(Doublet) Gypse 0 0 +++ 0
601-649
S-O(Doublet)
Gypse 0 0 +++ 0
3542-3405 O-H Eau (Gypse) 0 0 +++ 0
Attaques
Acides
-Sulfuriques
1683-1620 O-H Eau (Gypse) 0 0 +++ 0
-Acétiques 1545-1568
-COO-
Anioncarboxylate
Ca(CH3COO)2.H2OAcétate de calcium 0 0 0 +++
Chlorhydrique 523.29-470.06 Ca-Cl
CaCl2.4H2OChlorure de
calcium0 +++ 0 0
2922 C-O CaCO3 (Calcite) + + + +2850-2853 C-O CaCO3 (Calcite) + + + +
2513-2514 C-O CaCO3 (Calcite) + + + ---
Bandesd’harmoniques
1798 C-O CaCO3 (Calcite) + + + ---Tableau III.2- Attribution des bandes infrarouges d’un
Mortier ou composite avant et après attaque par les solutionsAcides HCl, H2SO4 et CH3COOH (âge : 28 jours).
AFt: C(A,F).3CaSO4.32H2O;AFm: C3A.3CaSO4.12H2O ;+ : Présence d’élément.--- : Consommation élevée d’élément ;0 : Absence d’élément ; f : Bande de faible intensité.
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaques Acides et Basiques) Chapitre III
160
III.5. L’influence de l’ajout polymère sur la résistivité des mortiers vis-à-visd’une chimique d’acide chlorhydrique (HCl) [69]
La durabilité des ouvrages en béton est une caractéristique très importante, car c’est la
garantie d’une sécurité et d’une durée de service accrues de ces ouvrages [70]. Cette durabilité
garantie aussi une économie considérable sur le long terme, car de tels ouvrages nécessitera
peu ou pas de réparations, d’où une économie de coûts induits par des réparations, qui
peuvent être très élevés, et peuvent même dépasser les coûts initiaux de construction [71].
L’élaboration de tels ouvrages doit passer obligatoirement par la maîtrise et la compréhension
des facteurs affectant leur durabilité [72].
Les pluies acides (pH souvent compris entre 4 et 4,5) peuvent légèrement attaquer les
surfaces de béton, ordinairement sans effet sur le comportement des structures de béton
exposées. Des précautions spéciales doivent d’être prises en compte lors de la réalisation des
constructions dans des lieux submergés [73]. Le renouvellement continuel d’acide à pH<4 est
considéré très agressif pour le béton enterré, comme les tuyaux. Le béton continuellement
exposé à un liquide dont le pH<3 doit être protégé de la même manière que le béton exposé à
des solutions acides diluées [74].
Le développement des composites Mortier-Polymère a pour origine certains besoins
exprimés par les professionnels du bâtiment et des travaux publics [4]. Ces matériaux [8,9]
sont utilisés le plus souvent dans des travaux de second œuvre tels les colles carrelages ou
revêtements d’étanchéité; ils sont aussi utilisés dans le domaine des travaux publics comme
produits de réparation d’ouvrages d’arts, et dans certaines applications routières.
En vue d’appréhender l’influence du polymère sur le comportement des matériaux
cimentaires, une première étude expérimentale a été menée sur un mortier témoin substitué de
différents teneurs en polytéréphtalate d’éthylène (déchets de bouteilles en PET broyés). Après
une durée d’attaque chimique d’une solution d’acide chlorhydrique HCl de différente
concentrations (0.5%, 1% et 1.5%), on a effectué des essais mécaniques telles la résistance à
la compression ainsi que des mesures de perte en poids. La détermination des caractéristiques
mécaniques à long terme et la résistance chimique des composites Mortier-Polymère semble
confirmer les effets des propriétés du polytéréphtalate d’éthylène (PET) sur la durabilité.
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaques Acides et Basiques) Chapitre III
161
5.1. Conditions Expérimentales
On décide de réaliser des composites avec des teneurs en polymère différentes telles
P/C {0, 2.5, 5, 7.5} %m, avec P : polymère (polytéréphtalate d’éthylène) et C : ciment. Le
mortier utilisé dans notre étude, se compose de la proportion en masse suivante: (1 ciment, 3
sable et un rapport eau sur ciment E/C = 0.5 constant pour tous les mortiers).
Le polymère utilisé est le polytéréphtalate d’éthylène (PET) dont le diamètre est
inférieur à 1 mm, son analyse thermique ATD faite au laboratoire LUSAC EA montre une
température de fusion au environ de 250 °C (Figure III.16). Les courbes granulométriques du
PET broyé et du sable concassé sont représentées par la figure III.17.
N.B. L’analyse du polymère PET utilisé a été faite en utilisant un appareil ATG/ATD 92 de
Setaram, rampe de température : montée 10K/mn jusqu’à 350 °C.
Les mortiers et/ou composites ont été coulés dans des moules prismatiques (4x4x16
cm3) et compactées mécaniquement à l’aide d’une table à choc (NF EN 196.1 [75]). Les
moules contenant les spécimens ont été couverts de film plastiques et stockés dans
l’environnement du laboratoire. Après 24 heures, les échantillons ont été démoulés et
conservés jusqu’à l’age de l’essai dans l’environnement suivant : Eau saturée en chaux : (T=
20 ± 2 °C, R.H = 100%).
Après 56 jours de cure sous l’eau, les spécimens de mortiers et/ou composites Mortier-
Polymère CPJ, PET2.5, PET5 et PET7.5 sont immergés dans la solution d’acide
chlorhydrique à différente concentrations: 0.5%, 1% et 1.5%. La variation du poids des
éprouvettes est examinée après 7, 14, 21, 28, 42 et 56 jours. L’évaluation des performances
mécaniques telles les résistances à la compression est examinée après l’age de 7, 28 et 56
jours. Les solutions chimiques sont renouvelées tous les 7 jours. Après attaque, les parties
altérées du mortier et/ou composites sont nettoyées avec de l’eau, puis sont séchées pendant
une demi-heure selon la norme ASTM C 267-96 [54], et enfin la résistante chimique est
évaluée par la mesure de la perte de masse des éprouvettes.
Ainsi, la caractérisation mécanique des mortiers et composite se fait selon l’ASTM
C267-96 après l’attaque chimique par l’acide chlorhydrique.
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaques Acides et Basiques) Chapitre III
162
0 5 0 1 0 0 1 5 0 2 0 0 2 5 0 3 0 0 3 5 0 4 0 0
-0,3 0
-0,2 5
-0,2 0
-0,1 5
-0,1 0
-0,0 5
0,0 0
HF
(mV
/mg)
T em pératu re (°C )
P E T b roy é
Figure III.16- Courbe d’analyse thermique ATD du polytéréphtalate d’éthylène PET broyé.
100 10 1 0,1 0,01 1E-30
20
40
60
80
100
Poid
scum
ulé
en(%
)
D iamètre équivalent en (m m)
PET BroyéSable con cassé
Figure III.17- Les courbes granulométriques du polytéréphtalate d’éthylène broyéet du sable concassé.
Les essais physiques pour les différents mortiers testés montrent des résultats
acceptables vis-à-vis des normes [76] et cela pour ce qui est, de la consistance normale et de
temps de début et de fin de prise. Dans le tableau III.3, on présente les différents mortiers
modifiés ou pas par le polymère PET avec leurs caractéristiques physiques :
Temps de prise (min)désignation/
Ciment: Sable(en poids)
Polymère-Ciment(% en poids) Consistance (%)
Début FinPET0 (CPJ) 1 : 3 0 24.5 120 200
PET 2.5 1 : 3 2.5 25 125 205PET 5.0 1 : 3 5.0 25.5 130 210PET 7.5 1 : 3 7.5 26 145 225
Tableau III.3- Caractéristiques physiques des composites utilisés [69]
A partir des essais préliminaires effectués sur les mortiers et composites utilisés, on
constate que l’incorporation des ajouts organiques (polytéréphtalate d’éthylène PET) dans les
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaques Acides et Basiques) Chapitre III
163
mélanges modifie en premier lieu leurs besoins en eau (essai de consistance selon la norme
EN 196-3 [77]). Elle peut aussi modifier le processus d’hydratation du ciment, ce qui explique
le changement du temps de prise (Tableau III .3).
On constate d’après le tableau III.3 que l’addition de l’ajout de 2.5% à 7.5% de
polymère PET nécessite une augmentation du pourcentage d’eau de 25% à 26%
respectivement. On note aussi que le temps de prise augmente avec l’augmentation du
pourcentage d’ajout du PET. Ainsi, le composite contenant 7.5% de polymère présente une
augmentation de 20.8% et 12.5% pour le début et la fin de prise respectivement par rapport au
mortier contrôle.
Les résultats obtenus corroborent ceux de l’étude de S. Pascal [5] où il a constaté aussi
une augmentation de temps de prise avec l’augmentation d’ajout. D’où un remplacement de
10% de ciment portland par le polymère augmente le temps de prise de l’ordre de 50% par
rapport au mortier contrôle.
On peut alors supposer que l’augmentation de la consistance et ce retard est d’origine
physico-chimique ; due à la structure et la morphologie du polytéréphtalate d’éthylène. De ce
fait, la même constatation a été faite par d’autres équipes de recherche dans le cas des
élastomères [5, 8, 9,78].
PET 0 PET 2.5 PET 5.0 PET 7.52,20
2,21
2,22
2,23
2,24
2,25
2,26
2,27
2,28
2,29
Den
sité
(g/c
m3 )
Le rapport de replacement du PET (% en poids)
Densité (g/cm3 )
Figure III.18- La densité des différents composites en fonction du rapport dereplacement du PET
Ainsi, Il est évident de remarquer que l’allure du graphe III.18 est décroissante, cela
est intuitivement compréhensible lorsqu’on sait que l’ajout de substitution est en polymère
PET, un matériau qui dispose d’une densité de 1.37 g.cm-3. Celle-ci est largement inférieure à
celle du ciment, d = 3.09 g.cm-3, qui compose le mortier témoin ou composite PET.
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaques Acides et Basiques) Chapitre III
164
5.2 Attaque des Mortiers et Composites par Différentes Concentrations d’acidechlorhydrique HCl [69]
D’après la représentation graphique des échantillons de mortier non modifié CPJ ou
composites mortier-polymère PET2.5, PET5 et PET7.5 (Figures III.19-22), on remarque
l’effet de l’incorporation de l’ajout du polymère (PET) qui à pour rôle de densifier la matrice
cimentaire en réduisant la porosité de la pâte durcie. La réduction de la porosité du matériau
polyphasé à base du polytéréphtalate d’éthylène empêche la solution acide (HCl) de pénétrer à
l’intérieur de l’échantillon du composite.
On constate donc une perte de masse permanente concernant le mortier et /ou
composites immergés dans la solution chlorhydrique. Pendant 7 jours d’immersion dans 1%
et 1.5% de HCl, aucun effet du dosage en PET des mortiers n’a été observé (Figures III.19-
20).
Après cette période d’immersion, les matériaux polyphasés qui contiennent différents
pourcentages du polymère (PET2.5, PET5 et PET7.5) augmente leurs aptitudes à résister à
l’acide.
La réduction de la perte en poids, due à l’attaque par la solution de l’acide
chlorhydrique à 0.5% est de 3% pour le composite PET2.5 et PET5 et de 1.6% pour le
composite PET7.5 par rapport au mortier de contrôle de ciment CPJ à 56 jours.
La perte en poids due à l’attaque par la solution d’acide chlorhydrique à 1% est de
4.9% pour PET2.5, 4.5% pour PET7.5 et de 5.3% pour le mortier de ciment CPJ a 56 jours.
On constate les même résultats lors de l’immersion des mortiers et/ou composite dans la
solution d’acide HCl à 1.5% à 56 jours.
Si on compare les résultats des pertes en masse des mortiers et/ou composites
immergés en solution d’acide HCl à 0.5%, par rapport aux deux autres concentrations, on
constate que la perte de masse due à l’acide HCl à 0.5% est égale à environ un tiers de la perte
en masse due à la solution de l’acide chlorhydrique à 1% et 1.5% (Figure III.22).
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaques Acides et Basiques) Chapitre III
165
7jours 14 jours 21 jours 28 jours 42 jours 56 jours0,0
0,5
1,0
1,5
2,0
2,5
perte
depo
ids
(%)
période d'immersion dans 0.5%HCl (jours)
CPJPET 2.5PET 5PET 7.5
7jours 14 jours 21 jours 28 jours 42 jours 56 jours0
1
2
3
4
5
6
perte
depo
ids
(%)
période d'immersion dans 1%HCl (jours)
CPJPET 2.5PET 5PET 7.5
Figure III.19- Variation de la perte en masse enfonction de la période d’immersion dans 0.5%HCl.
Figure III.20- Variation de la perte en masse enfonction de la période d’immersion dans 01% HCl.
7jours 14 jours 21 jours 28 jours 42 jours 56 jours0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
perte
dep
oids
(%)
période d'immersion dans 1.5%HCl (jours)
CPJPET 2.5PET 5PET 7.5
0,5 % 1 % 1,5 %0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
Per
tede
poid
sap
rès
56jo
urs
d'im
mer
sio
n(%
)
Les concentrations de la solution d'acide chlorydrique (%)
CPJPET2.5PET5.0PET7.5
Figure III.21- Variation de la perte en masse enfonction de la période d’immersion dans 1.5%HCl.
Figure III.22- Variation de la perte en masseaprès 56 jours d’immersion dans les différentesconcentrations d’acide HCl des mortiers et/oucomposites mortier-polymère.
La réduction des poids est due à la dissolution des hydrates formés qui mènent à des
mortiers poreux. Cependant, l’incorporation des ajouts organiques (polymères) augmente la
résistance chimique des composites dans les milieux agressifs (la solution HCl avec
différentes concentrations). Ceci a été confirmé par d’autres équipes de recherches [61, 62].
La perte de masse est due au fait que le ciment Portland, après hydratation, libère une partie
considérable d’hydroxyde de calcium libre (Ca(OH)2) qui peut être lixiviée de l’intérieur
quand elle est soumise à l’acide. Pour le mortier en contact avec l’acide chlorhydrique (HCl),
l’hydroxyde de calcium réagit avec l’acide chlorhydrique pour former le chlorure de calcium
CaCl2.4H2O de grande solubilité 46.08 g/100ml dans H2O selon la réaction suivante :
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaques Acides et Basiques) Chapitre III
166
2 HCl + Ca(OH)2 CaCl2.4H2O (Chlorure de calcium hydraté)
La diminution de la porosité due à l’incorporation du PET dans les mortiers modifiés a
pour rôle d’atténuer l’absorption de la solution acide accompagnée d’une réduction de la perte
de masse. Ces résultats sont en accord avec ceux trouvés par Omrane et al. [79].
Cette étude montre que le polymère à un effet supplémentaire sur le comportement des
matériaux composites. En général, les composites contenant du polymère PET développe une
résistance différente à celle du mortier contrôle contre les divers attaques chimiques illustrées
par les figures III.19-22.
5.3 Caractérisation mécanique des différents composites après attaque par l’acidechlorhydrique [69]
Dans le but d’une analyse comparative des propriétés mécaniques des différents
mortiers modifiés par le polymère PET vis-à-vis à l’attaque d’acide chlorhydrique de
différentes concentrations, on a déterminé la chute de la résistance à la compression des
différents mortiers (Figures III.23-26).
D’après les figures III.23, 24 et 25 qui exposent la variation de la résistance à la
compression des mortiers et /ou composites mortier-polymère en fonction de la période
d’immersion dans les différentes concentrations de la solution HCl : 0.5%, 1% et 1.5% :
On remarque que la résistance à la compression évolue positivement jusqu’à 7 jours
pour le mortier non modifié CPJ et les composites PET2.5, 5 et 7.5. Au delà de cet âge on
constate une chute de résistance à la compression.
Cette chute de résistance à la compression pour une attaque de 0.5% de HCl est
estimée à l’âge de 56 jours à 7.07 MPa pour le mortier CPJ, 6.6 MPa pour PET5 et 1.86 MPa
pour le composite PET7.5.
La chute de résistance à la compression pour une attaque de 01% de HCl est estimée à
l’âge de 56 jours à 9.65 MPa pour le mortier CPJ et 2.7 MPa pour le composite PET7.5.
Pour une attaque d'acide de 1.5% HCl il y a une chute de résistance à la compression
qui estimée à l'age de 56 jours à 8.72 MPa pour le mortier CPJ, 8.58 MPa pour le composite
PET7.5.
Généralement, l’attaque du mortier non modifié CPJ et les différents composites
PET2.5, PET5 et PET7.5 par la solution d’acide HCl augmentent avec la période
d'immersion. Indépendamment des types de rapports de polymère-ciment, l’attaque par
l’acide chlorhydrique des composites mortier-polymère est plus inférieure que celle du
mortier non modifié. Ainsi, nos résultats sont en accord avec ceux rapportés par Rossignolo &
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaques Acides et Basiques) Chapitre III
167
Agnesini [61]. En outre, Ceci peut être expliqué par le fait que le polytéréphtalate d’éthylène
(PET) rend la matrice cimentaire plus dense et réduit la porosité de la pâte durcie [80, 81].
0 jours 7 jours 28 jours 56 jours0
10
20
30
40
50
60
Rés
ista
nce
àla
com
pre
ssio
n(M
Pa)
période d'immersion en 0.5% HCl (jours)
CPJPET 2.5PET 5PET 7.5
0 jours 7 jours 28 jours 56 jours0
10
20
30
40
50
60
Rés
ista
nce
àla
com
pres
sion
(MP
a)
période d'immersion en 01% HCl (jours)
CPJPET 2.5PET 5PET 7.5
Figure III.23- L’évolution de la résistance à lacompression en fonction de la périoded’immersion en 0.5% HCl.
Figure III.24- L’évolution de la résistance à lacompression en fonction de la période d’immersionen 01% HCl.
0 jours 7 jours 28 jours 56 jours0
10
20
30
40
50
60
CPJPET 2.5PET 5PET 7.5
Ré
sis
tanc
eà
laco
mpr
essi
on(M
Pa
)
période d'immersion en 1.5% HCl (jours)
0.5 % 1 % 1.5 %
0
5
10
15
20
25
30
35
40
45
50
Laré
sista
nceà
laco
mpre
ssio
nap
rès
56jo
ursd
'imm
ersio
n(M
Pa)
Les concentrations de la solution d'acide chlorydrique (%)
CPJPET2.5PET5.0PET7.5
Figure III.25- L’évolution de la résistance à lacompression en fonction de la périoded’immersion en 1.5% HCl.Req : (0 jours : avant immersion dans l’acide HCl)
Figure III.26- La résistance à la compressionaprès 56 jours d’immersion dans les différentesconcentrations d’acide HCl des mortiers et/oucomposites mortier-polymère.
Les solutions sulfatiques conduisent à une formation de gypse CaSO4 (sel peu soluble)
en surface et d'ettringite au contact de la matrice cimentaire. Avec l'acide acétique, il y a
formation d’acétate de calcium Ca(CH3COO)2 (sel très soluble) sous forme spongieuse tandis
qu’avec l'acide chlorhydrique, la surface du mortier est recouverte de chlorure de calcium
CaCl2 (sel très soluble) et d'hydroxyde de fer [60]. Les résistances mécaniques sont plus ou
moins affectées par la concentration et par la nature des acides avec dans l'ordre le plus
agressif : l’acide chlorhydrique HCl 1.5%, l’acide chlorhydrique HCl 1% et l’acide
chlorhydrique HCl 0.5% (Figure III.25).
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaques Acides et Basiques) Chapitre III
168
On propose pour cela la séquence suivante :
1.5% HCl > 1% HCl > 0.5% HCl.
Ces résultats sont confirmés par les états des éprouvettes avant et après immersion
dans la solution agressive illustrés par les figures III.27 et 28. Visuellement, les solutions
acides ont causé la plus grande détérioration de la surface des spécimens.
5.4 L’examen visuel
L'examen visuel des mortiers ou composites en contact avec la solution d’acide
chlorhydrique, est un moyen pour évaluer la détérioration des propriétés et les dégradations de
l'aspect extérieur des éprouvettes. Les solutions acides décapent les surfaces, les gros grains
de sable se trouvent déchaussés et la formation des sels calciques est en placage entre les
grains.
Ces résultats sont confirmés par les états des éprouvettes avant et après immersion à 56
jours dans la solution agressive HCl de différentes concentrations illustrées par les figures
III.27-28. Visuellement, les solutions acides HCl ont causé la plus grande détérioration de la
surface des éprouvettes dans l’ordre suivant 1.5%, 1% et 0.5%.
Figure III.27- Etat des éprouvettes aprèsimmersion de 28 jours dans les solutions :
Témoin, 0.5% HCl, 01% HCl et de 1.5%HCl .(De droite à gauche).
Figure III.28- Etat des éprouvettes aprèsimmersion de 56 jours dans les solutions :
Témoin, 0.5% HCl, 01% HCl et de 1.5% HCl .(De gauche à droite).
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaques Acides et Basiques) Chapitre III
169
III.6. Caractérisation par diffraction des rayons X, IRTF, ATG/ATD etMEB de l’attaque superficielle de mortier et/ou composite Mortier-Polymère
La caractérisation de nos matériaux ayant subit une attaque chimique par l’acide
chlorhydrique à différentes concentrations est basée sur les différentes techniques d’analyses
telles que la diffraction des rayons X, la spectrométrie IRTF, l’analyse thermique par
ATG/ATD et la microscopie électronique MEB.
6.1. L’analyse par Diffraction X de la matrice cimentaire attaquée par l’acideHCl à différentes concentrations
Les analyses par diffraction X des surfaces des mortiers et/ou composites mortier-
polymère soumises à une attaque acide ont permis d’identifier et de positionner les différentes
phases cristallines rencontrées sur l’épaisseur du matériau altéré. La couche des cristaux
formés sur la surface de l’échantillon est analysée, après avoir subit un grattage sur une
épaisseur de quelques dixièmes de millimètres et un broyage pour obtenir une fine poudre du
liant des mortiers.
La figure III.29 présente les spectres DRX des mortiers et/ou composites mûri sous
l’eau douce pendant 56 jours, il est intéressant d’observer que ces spectres (C1, C5) montrent
une hydratation très avancée. La portlandite Ca(OH)2 a son pic majeur au environ de 18.09°
2Өet le gypse à 43.34°, 23.40° et 47.84° 2Ө.
On trouve aussi de la calcite CaCO3 avec son pics majeur à 29.41° 2Ө, c’est le pic le
plus intense. Ce qui caractérise l’incorporation du sable de carrière.
L’analyse comparative des spectres DRX obtenus pour les mortiers et/ou composites
mortier-polymère aux mêmes échéances n’indique pas qu’il y ait des différences significatives
sur la nature des espèces cristallines qui composent le liant des matériaux : on trouve,
systématiquement, presque les mêmes pics de diffractions, à toutes les teneurs.
La figure III.29 présentent aussi, les analyses DRX réalisées sur des mortiers contrôle
et composites avant et après conservation pendant 56 jours dans la solution d’acide
chlorhydrique à différentes concentrations 0.5% (C2, C6), 1% (C3, C7) et 1.5% (C4, C8).
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaques Acides et Basiques) Chapitre III
170
La superposition des 6 spectres DRX, montre l’effet des attaques acides (0.5%, 1% et
1.5%) sur les mortiers non modifiés et modifiés par PET. D’après la figure III. 29, on constate
la disparition et l’apparition de nouveau phases cristallines hydratées tels que :
- Ca(OH)2 : La consommation de la portlandite d’où des pics moins importants en même
temps qu’une diminution d’intensité;
- CaCl2.4H2O : Formation du chlorure de calcium hydraté (CaCl) selon la réaction suivante :
2 HCl + Ca(OH)2 CaCl2.4H2O.
- CaSO4. 2H2O : Formation du gypse (G) (les pics du gypse sont plus importantes à des
fentes de 43.34°, 23.40° et 47.84° 2Ө) ;
Ces spectres exhibent aussi une diminution d’intensité des pics (voir disparition) de la
portlandite des mortiers et composites immergés dans les solutions acides, d’où une
consommation de cette phase cristalline par rapport aux matériaux conservés dans l’eau
douce. Cette diminution apparaît à l’angle de18.09° 2Ө. Ceci confirme bien les résultats
obtenus dans la partie discussion de ce chapitre.
Lin
(Cou
nts)
0
100
200
300
400
500
600
700
2-Theta - Scale
10 20 30 40 50 60 70
Figure III.29- Les spectres DRX des mortiers CPJ et composites PET7.5 conservés dans lesdifférentes concentrations d’acide HCl à 56 jours; P - Ca(OH)2 , G – gypse, C – calcite,
CaCl2.4H2O – CaCl.
C1. Conservation du mortier dans l’eau douce ; C5. Conservation du composite dans l’eau douce;C2. Conservation du mortier dans 0.5% HCl ; C6. Conservation du composite dans 0.5% HCl ;C3. Conservation du mortier dans 1% HCl ; C7. Conservation du composite dans 1% HCl ;C4. Conservation du mortier dans 1.5% HCl ; C8. Conservation du composite dans 1.5% HCl.
C1
C2
C3
C4
C5
C6
C7
C8
C
PG C CGG
CaC
l
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaques Acides et Basiques) Chapitre III
171
6.2. L’analyse par IRTF de la matrice cimentaire attaquée par l’acide HCl àdifférentes concentrations
Les spectres infrarouges des mortiers modifiés par le polymère PET, avant et après
immersion dans les solutions acides HCl à 0.5%, 1% et 1.5% pendant 56 jours sont exhibés
par la figure III.30 et le tableau III.4. Les spectres IR ont quelques dissemblances claires,
indiquant cela qu’il y a des différences dans la composition des échantillons.
3635
.37
3484
.85
295
8.19
2868
.99
2512
.71
1876
.12
1795
.22
142
5.53
120
0.09
1016
.88
870.
03
781
.32
708.
33
523.
4846
5.24
425
.71
C6
3450
.49
2976
.89
2871
.39
2516
.99
1801
.49
142
5.99
1023
.80
873.
90
762.
4070
9.90
528
.50
473.
00
C7
363
2.4
8
3481
.29
2870
.63
2512
.42
2109
.17
1795
.79
161
4.32
1425
.14
1212
.72
1015
.44
870.
32
780.
64
734
.46
709
.00
524.
0646
5.14 42
4.7
4
C8
3456
.99
2867
.39
2517
.19
180
6.09
1431
.69
1017
.10 86
9.90
787.
80
709.
40
535
.50
470.
30
500100015002000250030003500
C5
Wavenumbers
%
Transmittance
Figure III.30- Les spectres IRTF des mortiers / composites PET7.5 avant et aprèsconservation dans les différentes concentrations d’acide HCl à 56 jours.
C5. Conservation du composite dans l’eau douce;C6. Conservation du composite dans 0.5% HCl ;C7. Conservation du composite dans 1% HCl ;C8. Conservation du composite dans 1.5% HCl.
L’observation principale due à l’attaque chlorhydrique est la présence des bandes vers
524-536.3 cm-1 qui sont évidentes pour les mortiers attaqués, mais non avérées pour les
matériaux en eau douce (Figures III.30, Tableau III.4). Ces bandes sont associées à la
vibration d’élongation Ca-Cl des chlorures d’où la présence du sel de chlorure de calcium qui
est la conséquence du matériau exposé à l’acide chlorhydrique (0.5%, 1% et 1.5%).
C5
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaques Acides et Basiques) Chapitre III
172
Ainsi, due aux attaques des différentes concentrations d’acide chlorhydrique il y’a
disparition de la bande d’absorption vers 3640 cm-1 qui caractérise la consommation de la
portlandite (Tableau III.4). On a aussi les mêmes constatations pour les spectres IRTF des
mortiers non modifiés CPJ.
Positiondu pic(cm-1)
Groupementchimique Composé associé Milieu
Eaudouce
Milieu HCl(0.5%, 1% et 1.5%)
3000-3700
H2O, OH,liaisons
hydrogènesGypse, CSH +++ +
3636(Fine)
H2O, OH,liaisons
hydrogènes
hydrate héxagonalportlandite +++ ---
3450-3485 H2O, OH AFm, AFt ++ +
1614-1621 H2O, O-H + +
1425-1433 C-O CaCO3 (Calcite) + +
869-874 C-O CaCO3 (Calcite) + +705-710.6 C-O CaCO3 (Calcite) + +
1015-1029 Si-O Vibrations des
CSH + +
Attaqued’acide
Chlorhydrique
524/535-470 Ca-Cl
CaCl2.4H2OChlorure de
calcium0 +++
2970 C-O CaCO3(Calcite) + +2865-2871 C-O CaCO3 (Calcite) + +
2512-2518 C-O CaCO3 (Calcite) + +
Bandesd’harmoniques
1799 C-O CaCO3 (Calcite) + +Tableau III.4- Attribution des bandes infrarouges d’un
Mortier ou composite avant et après attaque par les solutionsAcides HCl à 0.5%, 1% et 1.5% (âge : 56 jours).
AFt: C(A,F).3CaSO4.32H2O;AFm: C3A.3CaSO4.12H2O ;+ : Présence d’élément ;--- : Consommation d’élément ;0 : Absence d’élément.
6.3. Etude de la microstructure des mortiers par ATG/ATD
Pour suivre l’évolution des phases solides caractéristiques de ces derniers avant et
après immersion dans les solutions corrosives d’acide chlorhydrique à 0.5%, 1% et 1.5%, une
autre technique complémentaire a été utilisée. Celle-ci est basée sur l’analyse thermique
simultanée, qui comprend une analyse thermogravimétrique (ATG) et une analyse thermique
différentielle (ATD).
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaques Acides et Basiques) Chapitre III
173
L'analyse thermogravimétrique (ATG) mesure les variations de poids dans un matériau
en fonction de la température (ou du temps) en atmosphère contrôlée. Ses utilisations
principales comprennent la mesure de stabilité thermique et la composition d'un matériau.
Certains travaux de recherche [45-47] ont rapporté l’identification des produits
d’hydratation tels que le gel CSH, la portlandite, l’ettringite, le gypse et la calcite par les
méthodes d’analyses thermiques comme la DSC, ATD et ATG.
Une prise d’essai du mortier a été analysée suivant un chauffage linéaire depuis la
température ambiante jusqu’à 1200°C avec une montée de 20 K/min sous flux N2.
La figure III. 31 montre les courbes ATG/ATD du mortier mûri sous l’eau douce
pendant 56 jours. Il est intéressant d’observer que cette courbe montre une hydratation très
avancée et sur laquelle on peut identifier les phases ayant provoqué des pics généralement
endothermiques, par la température maximale de ces pics par exemple :
Milieu Témoin, eau douce (Figure III.31):
- 100-200 °C : différentes étapes de déshydratation des C-S-H + ettringite,
- 225-230 °C : Aluminate de calcium hydraté,
- 450-550 °C : la Portlandite Ca(OH)2,
- 700-850 °C: Calcite (CaCO3).
-40
-35
-30
-25
-20
-15
-10
-5
0
5
0 200 400 600 800 1000 1200
Temperature (°C)
TG
(%)
-3,5
-3
-2,5
-2
-1,5
-1
-0,5
0
0,5
1
HF
ouD
TG
TG (%)HF (mV/mg)DTG
-40
-35
-30
-25
-20
-15
-10
-5
0
5
0 200 400 600 800 1000 1200
Temperature (°C)
TG
(%)
-3
-2,5
-2
-1,5
-1
-0,5
0
0,5
1
HF
ouD
TG
TG (%)HF (mV/mg)DTG
Figure III.31- Analyse par ATG/ATD du mortierconservé dans l’eau douce (C1).
Figure III.32- Analyse par ATG/ATD du mortierconservé dans 0.5% HCl (C2).
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaques Acides et Basiques) Chapitre III
174
-40
-35
-30
-25
-20
-15
-10
-5
0
0 200 400 600 800 1000 1200
Temperature (°C)
TG
(%)
-3
-2,5
-2
-1,5
-1
-0,5
0
0,5
1
HF
ouD
TG
TG (%)HF (mV/mg)DTG
-40
-35
-30
-25
-20
-15
-10
-5
0
5
0 200 400 600 800 1000 1200
Temperature (°C)
TG
(%)
-2,5
-2
-1,5
-1
-0,5
0
0,5
HF
ouD
TG
TG (%)HF (mV/mg)DTG
Figure III.33- Analyse par ATG/ATD du mortierconservé dans 1% HCl (C3).
Figure III.34- Analyse par ATG/ATD du mortierconservé dans 1.5% HCl (C4).
Le résultat d’analyse ATG/ATD du mortier après attaque par une solution d’acide
chlorhydriqueà 0.5%,1% et 1.5%, montré par les figures III.32-34, confirme une présence de
produits d’hydratations tels que le CSH, l’ettringite et la portlandite. D’après ces mêmes
figures, on remarque la consommation d’une partie de la portlandite par rapport au mortier
conservé à l’eau douce (Figure III.31) Le signal de la portlandite est moins important vers
450-550°C. On peut identifier les phases ayant provoqué des pics généralement
endothermiques correspondant au phénomène de fusion:
Milieu d’Acide chlorhydrique (Figures III.32-34):
- 100-200 °C : différentes étapes de déshydratation des C-S-H + ettringite,
- 225-230 °C : Aluminate de calcium hydraté,
- 450-550 °C : Diminution de l’intensité du pic correspond à la Portlandite Ca(OH)2,
d’où son consommation par l’attaque d’acide HCl.
- 700-850 °C: Calcite (CaCO3).
Toutes les données de perte de masse sont exprimés en fonction du poids calciné de
l'échantillon, comme suggéré par Taylor [49].
La teneur en hydroxyde de calcium a été déterminée à partir de l'équation suivante:
H
CHCH MW
MWWLCH (%)(%) (Eq. III.3)
Où CH (%) est le taux de décomposition (consommation) de Ca(OH)2 (en poids de base),
WLCH (%) est la perte de masse qui s'est produite lors de la déshydratation d'hydroxyde de
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaques Acides et Basiques) Chapitre III
175
calcium (en poids de base), MWCH est la masse molaire d'hydroxyde de calcium et MWH est
la masse molaire d'eau.
On constate d’après la figure III.35, que le pourcentage de consommation de la
portlandite diminue avec l’attaque du mortier non modifié par l’acide chlorhydrique à 0.5%,
1% et 1.5% selon la réaction chimique suivante :
2 HCl + Ca(OH)2 CaCl2.4H2O
Ceci confirme les résultats obtenus précédemment concernant la perte de poids des
différents mortiers en milieux agressifs tel que l’acide chlorhydrique (0.5%, 1% et 1.5%).
C1 C2 C3 C40
1
2
3
4
5
6
7C1. Conservation du mortier dans l'eau douce;C2. Conservation du mortier dans 0.5% HCl;C3. Conservation du mortier dans 1% HCl;C4. Conservation du mortier dans 1.5% HCl.
Taux
dedé
com
posit
ion
(con
som
mat
ion)
duCa
(OH
) 2(%)
Les milieux de conservation du mortier
Figure III.35- Taux de décomposition et consommation du Ca(OH)2 en fonction des milieuxde conservation du mortier non modifié.
6.4. Etude de la microstructure des mortiers par MEB
L'examen au microscope électronique à balayage avec différents grossissements a
permis d'une part l'identification de la structure microstructurale des mortiers non modifiés
attaqués par l’acide chlorhydrique à 1%.
Les formations superficielles sur les échantillons sont observées au MEB, les plus
représentatives sont reportées sur les figures III.36 et 37. Elles sont grattées et réduite en
poudre pour être analysées par diffraction X, IRTF et ATG/ATD (paragraphes précédents).
La solution d’acide chlorhydrique HCl conduit à la formation de cristaux globuleux
d’un sel dénommé chlorure de calcium (CaCl2.4H2O), sous forme de troncature de cubes.
Mais ce dernier est très soluble, les raies de diffraction X (Figure III.29) qui lui sont attribués,
sont peu intenses. La surface de cet échantillon est très friable ; ce phénomène est à relier au
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaques Acides et Basiques) Chapitre III
176
passage en solution du calcium lors de ce type d’attaque. En plus, il y a apparition des fissures
et par conséquent une altération du matériau (Figures III.36-37).
Il est aussi à noter que dans ce cas, il y a formation d’une légère coloration rouille
difficilement observable en diffraction X et peu marqué au MEB qui est, semble t-il, due aux
hydroxyles de fer (mal cristallisés ou quasi amorphe). Leur présence est à relier au caractère
oxydant de cet acide (HCl). Nos résultats corroborent avec ceux obtenus par Achoura et al.
[60].
Figure III.36- Observation au MEB de lamorphologie et des fissures du mortierdégradé par la réaction avec l’acide HCl à1% (PET0); (600X).
Figure III.37- Observation au MEB de laforme friable du mortier non modifiéimmergé dans une solution de 1% HCl(PET0); (2000X).
Conclusions
L’exploitation des résultats de ce chapitre a permis d’aboutir aux conclusions
suivantes :
- Les conséquences de l’attaque par les acides peuvent être très importants. D’abord, la
formation de produits expansifs entraîne bien souvent des problèmes de fissuration et
d’altération du béton. Par la suite, la dissolution de ces produits conduit à une diminution de
la capacité de pâte de ciment durci. L’ensemble de ces effets peut réduire significativement la
durée de vie des ouvrages en béton.
- La perte en poids des composites Mortier-Polymère immergés dans HCl 5% et
CH3COOH 5% est inférieure à ceux du mortier non modifié, ce qui indique que l’ajout du
polymère offre une meilleure protection contre l’attaque des mortiers par ces acides.
- Les résistances chimiques des matériaux polyphasés sont plus ou moins affectées par
la concentration et par la nature des acides suivant l’ordre de la séquence :
HCl > H2SO4 > CH3COOH.
10 m70 m
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaques Acides et Basiques) Chapitre III
177
- Les milieux basiques ne constituent aucun danger pour les matériaux polyphasés.
- La perte en poids des mortiers non modifiés immergés dans la solution d’acide HCl
de concentration 0.5%, 1% et 1.5% est supérieure à ceux des composites Mortier-polymère.
La réduction des poids est due à la dissolution des hydrates formés qui mènent à des mortiers
poreux.
- La substitution de 2.5% à 7.5% de polymère PET dans un ciment Portland reflète une
consistance normale qui augmente proportionnellement avec le pourcentage d’ajout. D'autre
part, une augmentation du temps de prise est observée pour des raisons d’origine physico-
chimique. Par contre, une diminution de la densité est remarquée à cause de la faible densité
du polytéréphtalate d’éthylène.
- L’utilisation du polytéréphtalate d’éthylène améliore la résistance chimique des
mortiers vis-à-vis de l’attaque par les différentes concentrations d’acide HCl. On peut
constater en général que la substitution de cet ajout entraîne une amélioration des
performances mécaniques par une attaque chimique de 0.5%, 1% et 1.5% d’HCl. Les
résistances mécaniques sont plus ou moins affectées par la concentration et par la nature des
acides avec dans l'ordre le plus agressif : l’acide chlorhydrique HCl 1.5%, l’acide
chlorhydrique HCl 1% et l’acide chlorhydrique HCl 0.5%.
On propose pour cela la séquence suivante :
1.5% HCl > 1% HCl > 0.5% HCl.
- Il est intéressant de prolonger la durée d’immersion des spécimens en milieu d’acide
chlorhydrique pouvant aller jusqu’à 90 jours et 180 jours pour mieux saisir le comportement
de ces matériaux.
- L’apport du polytéréphtalate d’éthylène (PET) comme substituant au ciment se
manifeste par une diminution de la porosité de la pâte de ciment durci empêchant la
pénétration des agents agressifs.
- Les mesures d'analyse thermique, diffraction des rayons X, spectrométrie IRTF et
microscopie électronique à balayage MEB ont permis de caractériser la composition de la
microstructure des phases cristallines formées et disparues dans les matériaux ayant subit une
attaque chimique par les diverses solutions d’acides, tels que les produits d’hydratations et les
différents sels calcique.
Dans le chapitre qui suit, on essaie de mettre en évidence l’influence de la présence
d’ajout polytéréphtalate d’éthylène (PET) sur le comportement des mortiers et/ou composites
mortier-polymère en milieux agressifs tel que la solution du chlorure de sodium NaCl.
Index bibliographique – Chapitres II & III
Références Bibliographiques
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182
Chapitre IV
Durabilité des MatériauxComposites Mortier-Polymère
(Attaque par les Chlorures)
Ce travail a fait l’objet d’une publication dans un journal international : Journal ofApplied Polymer Science, Wiley Company – (2008).
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Chlorures) Chapitre IV
183
Chapitre IVDurabilité des matériaux
Composites mortier-polymère(Attaque par les Chlorures)
IV.1 Introduction
La résistance à la pénétration d’ions chlorure dans le mortier et le béton est l'une des
questions les plus importantes au sujet de la durabilité des structures en béton. Quand la
concentration en chlorure du mortier ou du béton dépasse une certaine valeur limite, la
dépassivation de l'acier se produit et il y a un début de corrosion pour l’acier renforcé [1, 2].
Par conséquent, le développement des matériaux de protection avec une résistance à la
pénétration de chlorure est exigé pour les structures en béton.
Les bouteilles du polytéréphtalate d’éthylène (PET) ont remplacé les bouteilles en
verre en tant que stockage de la boisson dû à son poids léger et sa facilité de manipulation. À
mesure que la consommation de boissons augmente rigoureusement, la production des
bouteilles en PET accrues exponentiellement pendant qu'on signalait que des bouteilles du
PET ont été produites au environ de 87.000 tonnes à la fin de 2002 en Corée [3]. Si les
déchets des bouteilles en PET étaient réutilisées en tant qu'agrégats légers pour le béton, des
effets positifs sont prévus concernant le recyclage des déchets plastiques et la protection de
l’environnement [4, 5].
On rejette de plus en plus de bouteilles PVC et PET. La consommation des bouteilles
d'eau en PVC et PET est en train de connaître des hausses spectaculaires. Il faut signaler que
pour la seule marque d'eau Ifri plus de 20 millions de bouteilles par an sont consommées. La
consommation augmente continuellement. En Algérie, la consommation annuelle des eaux
minérales est estimée à plus de 550 millions de litres. Le citoyen algérien consomme jusqu’à
16 litres chaque année. Tous les ans, une croissance de la consommation de plus de 22% de
l’eau minérale est enregistrée.
Ce chapitre traite la résistance des composites mortier-polymère contre la pénétration
d’ions chlorure qui sont souvent employés en tant que matériaux prometteurs peu coûteux
pour empêcher ou réparer de diverses structures en béton renforcées. Leur comportement de
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Chlorures) Chapitre IV
184
diffusion d'ions chlorure a été discuté par l’essai de pénétration rapide d’ions chlores (RCPT)
et en appliquant la deuxième loi de Fick.
Pour mettre en évidence l’influence de l’ajout du polytéréphtalate d’éthylène (PET)
sur le comportement des mortiers et/ou composites mortier-polymère en milieux agressifs, on
a effectué une série d’essais chimiques et physiques dans les laboratoires suivants :
- Laboratoire de matériaux LABMAT du département de Génie Civil de l’ENSET
d’Oran.
- Laboratoire de chimie des polymères LCP d’Es-Sénia, Oran.
Les essais ont été réalisés sur des mortiers élaborés à base de ciment CPJ-CEM II/A
commercialisé à l’Ouest Algérien (CPJ Zahana) ainsi que des composites de différents teneurs
en polymère PET et par conséquent mettre en évidence l’influence du polymère sur la
durabilité de ces mortiers et essayer d’apporter une meilleure compréhension concernant les
réactions chimiques responsables du ralentissement de la dégradation.
Pour l’étude de la résistance de ces mortiers et/ou composites mortier-polymère vis-à-
vis des différents milieux agressifs (chlorures), on a tenu à garder le même rapport eau/ciment
pour toutes les compositions des matériaux (E/C = 0.5).
Afin d'arriver à des conclusions pratiquement exploitables, il a été nécessaire dans la
seconde série de réaliser des essais d'analyse microstructurale. Ce qui nous a permis
d’identifier les phases cristallines formées dans les matériaux ayant subit une attaque
chimique par diffraction des rayons X et microscopie électronique MEB avec l’association de
l’analyse dispersive EDS.
IV.2. Essai de durabilité (Ions chlorures)
Le développement des composites mortier-polymère a pour origine certains besoins
exprimés par les professionnels du bâtiment et des travaux publics. En vue d’améliorer la
durabilité de ces composites, on a évalué l’influence de l’ajout du polymère PET sur les
caractéristiques de ces derniers vis-à-vis des milieux agressifs tels que les chlorures [6,7].
2.1. Formulation des mortiers /ou composite Mortier- Polymère
Les matières premières utilisées sont le ciment, le sable et le polymère. Les
proportions de mélange, mode de cure et les méthodes d'essai restent les mêmes, et figurent
dans la partie élaboration et caractérisation des composites Mortier-Polymère (cf. chapitre2).
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Chlorures) Chapitre IV
185
On décide de réaliser des composites avec des teneurs en polymère différentes telles
que P/C {0, 2.5, 5, 7.5} %m, avec P : polymère (polytéréphtalate d’éthylène broyé < à 1
mm) et C : ciment Portland composé type CPJ-CEM II/A provenant de l’usine de Zahana.
Les courbes granulométriques du polytéréphtalate d’éthylène broyé et du sable
concassé sont représentées par la figure IV.1.
100 10 1 0,1 0,01 1E-30
20
40
60
80
100
PET broyéSable concassé
Poid
scum
ulé
en(%
)
Diamètre équ iva len t en (mm)
Figure IV.1- Les courbes granulométriques du polytéréphtalate d’éthylène broyé etdu sable concassé.
Le mortier et/ou composite utilisé dans notre étude, se compose en proportion de
masse suivante: 1 ciment, 3 sable et un rapport eau sur ciment E/C = 0.5 constant pour tous
les mortiers.
Nous utiliserons des mortiers et/ou composites, selon la norme (NFP 15-403), la
composition est la suivante :
1260g de liant, les ajouts étant toujours introduits en substitution du ciment ;
3780g de sable de carrière de Kristel.
Ceci correspond donc à un rapport sable/ciment égal à 3.
Le taux de l’eau de gâchage à été maintenu constant pour l’ensemble des gâchées :
E/C=0.5.
Le mortier normal décrit précédemment est réalisé à l’aide d’un malaxeur HOBART,
dans une cuve de cinq litres répandant aux caractéristiques de la norme NFP 15-411.
Cette cuve nous permet de réaliser la quantité de mortier nécessaire à l’élaboration
des séries d’éprouvettes suivantes : 110 Ø x 220 mm3 destinées pour les essais de pénétration
d’ions chlorures et d’absorption capillaire.
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Chlorures) Chapitre IV
186
La procédure de malaxage est celle préconisée dans la norme (NFP 15-403).
2.2. L’absorption
Cet essai mesure le taux d’absorption de l’eau par succions capillaires des éprouvettes
de mortier à l’age de 28 et 91 jours, non saturées, mises en contact avec de l’eau sans pression
hydraulique.
Avant les mesures de la sorptivité, les spécimens seront pré-conditionnés dans l’étuve
à environ 105 °C jusqu’à une masse constante. L’essai d’absorptivité détermine le taux ou
vitesse d’absorption par remontée capillaire d’une éprouvette cylindrique de dimensions
110mm de Ø et 50mm de hauteur placée sur de petits supports dans un bac contenant de l’eau
suivant le schéma indiqué dans la figure IV.2 de sorte que l’eau ne touche l’éprouvette que
d’une hauteur de 5 mm de la profondeur du bac, le reste de l’éprouvette est préalablement
imperméabilisé par une résine époxydique sur toutes les autres faces. On mesure alors
l’augmentation de la masse de l’éprouvette en fonction du temps à 1, 4, 9, 16, 25, 36, 49, 64
minutes.
Figure IV.2- Schéma + photo du dispositif del’essai d’absorptivité.
Les résultats de l’essai d’absorptivité des différents mortiers, sont présentés en traçant
toutes les droites lissées sur les segments d’augmentation des masses des éprouvettes en
fonction de la racine carrée du temps. L’équation de ces droites a la forme :
tSAQ (Eq. IV.1).
Q : La quantité d’eau absorbée en (cm3) ;
A : la surface du spécimen en contact avec l’eau (cm2) ;
t : le temps (s) ;
S : le coefficient de sorptivité du spécimen (cm/s1/2).
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Chlorures) Chapitre IV
187
Pour déterminer le cœfficient de sorptivité, Q/A a été tracé en fonction de la racine carré du
temps √t, puis S a été calculé à partir de la pente de la relation linéaire entre Q/A et√t.
La mesure de la sorptivité est un moyen simple et facile qui permet de caractériser la
cinétique d’absorption des matériaux. Plus la sorptivité est élevée, plus le matériau est
susceptible à être rapidement envahi par le liquide en contact. C’est aussi une propriété qui
caractérise la disposition des pores du matériau qui absorbent et transmettent l’eau par
capillarité.
PET0 PET2.5 PET5 PET7.50
1
2
3
4
Coé
ffici
entd
eSo
rptiv
ité(c
m/se
c0.5 )1
0-3
Rapport de Ciment-Polymère (%)
à 28 joursà 91 jours
Figure IV.3- L’absorption capillaire des mortiers et /ou compositesMortier-Polymère après 28 et 91 jours.
2.3. Résultat de l’essai d’absorptivité
Le terme absorptivité est utilisé pour décrire le mouvement de l’eau du à l’action des
capillaires. La mesure de l’absorptivité est un moyen simple et facile qui permet de
caractériser la cinétique d’absorption des matériaux. Plus l’absorptivité est élevée, plus le
matériau est susceptible à être rapidement envahi par le liquide en contact. C’est aussi une
propriété qui caractérise la disposition des pores du matériau qui absorbent et transmettent
l’eau par capillarité.
La figure IV.3 montre l’influence de l’addition du polymère (PET) sur l’absorptivité
des spécimens de mortier et des composites Mortier-Polymère. L’absorptivité diminue
proportionnellement avec l’augmentation du taux des additions du PET, le taux de diminution
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Chlorures) Chapitre IV
188
de l’absorption est de 11 % pour le composite PET7.5 par rapport au mortier contrôle PET0 à
28 jours et de 27 % à 91 jours.
On note aussi une diminution supérieure de 29% pour le composite PET7.5 tandis
qu’on a une diminution seulement de 13% pour le mortier non modifié PET0 de 28 à 91 jours
(figure IV.3).
A partir de ces résultats, on peut conclure que l’incorporation des additifs organiques
réduit les macropores par le remplissage de ces derniers par des particules en PET, d’où une
densification de la matrice cimentaire par l’ajout du polytéréphtalate d’éthylène.
En outre, ceci peut être expliqué par la capacité du PET à repousser l'eau (nature non
sorptive), d’où un remplissage des pores vides qui ne sont pas abordables ainsi par l'eau. Ce
phénomène sert à réduire le volume accessible à l'eau et par conséquent à la porosité
capillaire. La diminution de l'absorption de l'eau est également attribuée à une réduction dans
la porosité près de la zone interfaciale de particule/matrice, en raison de la liaison élevée entre
l'additif en PET et la pâte de ciment (cf. chapitre II.5). Ainsi, La diminution de la valeur de
sorptivité est favorable à la durabilité des structures en béton renforcé. Ces résultats sont en
accord avec ceux obtenu par Benazzouk et al. [8].
IV.3. Essai de pénétration rapide d’ions chlores (Rapid Chloride Penetration
Test) (RCPT)
L’appareil de l’essai de la perméabilité aux ions chlore utilisé selon la norme ASTM
C1202-97 [9] est montré par les Figures IV.4 et IV.5. Les spécimens sont de forme
cylindrique de 110mm de Ø et de 50mm de hauteur (Figure IV.6).
Figure IV.4- photo d’appareillage de l’essai de perméabilité aux ions chlore.
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Chlorures) Chapitre IV
189
Figure IV.6- Photo d’un échantillon de mortier
La perméabilité aux ions chlore a été déterminée selon la norme ASTM C-1202-97
[9]. L’essai consiste à mesurer l’intensité du courant engendré par une différence de potentiel
égale à 60 volts maintenue constante pendant 6 heures au moyen d’électrodes en acier
inoxydable entre les deux cellules à deux compartiments. L’une des faces de l’éprouvette est
110 mm
50 mm
Enduit de résine
Échantillon
110 mm NaCl3 %
50 mm
NaOH0.3 N
60 volts
Anode + _ Cathode
Appareil deMesure (charge Colomb)
Figure IV.5- Schéma du principe de fonctionnement de l’essai de perméabilité auxions chlore.
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Chlorures) Chapitre IV
190
au contact d’une solution de NaCl 30g/l (compartiment amont : anode), l’autre face est au
contact d’une solution de NaOH 0.3N (compartiment aval : cathode). Figures IV.4 et IV.5.
Figure IV.7- Ecran de l’appareil.
La surface cylindrique de l’éprouvette est rendue étanche par revêtement d’une couche
de résine époxydique. Les électrodes immergées dans chaque réservoir sont constituées par un
grillage métalliques Figure IV.8. Les essais ont été réalisés à l’âge de 91 jours.
Figure IV .8- Emplacement d’échantillon Dans les cellules
Après 6h, on mesure l’intensité du courant registré dans l’écran de l’appareil figure
IV.7. La figure IV.9 représente les résultats des essais réalisés à l’age de 91 jours.
D’après les études effectuées sur l’évolution des caractéristiques mécaniques de
mortier modifié par PET à long terme, il a été constaté que les caractéristiques de composites
développent des résistances sans une réduction sensible par rapport à celle du mortier contrôle
(cf. chapitre 2).
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Chlorures) Chapitre IV
191
Cette amélioration dans les qualités des composites est due surtout à l’incorporation du
polymère PET, qui réduit les macropores par le remplissage des pores de la matrice
cimentaire c'est-à-dire qu’il conduit à une densification de cette dernière. En plus, le polymère
PET à une structure plus souple que le mortier.
A partir de ces caractéristiques, nous avons opté pour une évaluation de la résistance à
la pénétration aux ions chlore pour des échantillons de 91 jours. Ceci pour mieux montrer
l’effet de l’évolution de la microstructure du composite sur sa résistivité vis-à-vis de
l’agressivité aux ions chlore.
PET0 PET2.5 PET5 PET7.50
2000
4000
6000
8000
10000
12000
14000
Qua
ntité
dech
arge
en(c
oulo
mb)
Rapport polymère-ciment (%)
Quantité de charge (Cb) des différents typesde composites à 91 jours
Figure IV.9- Quantité de charge en coulombs des différentstypes de mortiers et/ou composites PET.
L’ajout de 7.5%m du polymère polytéréphtalate d’éthylène comme substituant au
ciment CPJ-CEMII/A, à montrer un résultat bénéfique pour les différents composites à savoir
le PET7.5. On a pu enregistrer une réduction de la quantité de charge (Cb) de l’ordre de 17%
et 55.5% pour le mortier modifié contenant 5% et 7.5% du polytéréphtalate d’éthylène
respectivement par rapport au mortier control (PET0). D’où une réduction de la pénétration
des ions chlorures.
Ce ci peut être expliqué par l’effet de l’incorporation de l’ajout du polymère (PET) qui
à pour rôle de densifier la matrice cimentaire en réduisant la porosité de la pâte durcie et par
son imperméabilité qui bloque le passage des ions chlores. La réduction de la porosité du
matériau polyphasé à base du polytéréphtalate d’éthylène empêche la solution saline (NaCl),
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Chlorures) Chapitre IV
192
ions chlores, de pénétrer à l’intérieur de l’échantillon du composite. Nos résultats sont
confirmés avec ceux obtenus par Omrane [10] et Kou et al. [11].
IV.4. Essai d’immersion totale (Full Immersion Test) (FIT)
L’attaque par les chlorures se distingue par le fait qu’elle entraîne la corrosion des
armatures et qu’ensuite, comme conséquence de ce phénomène, le béton environnant est
dégradé. La corrosion des armatures est l’une des causes principales de la détérioration des
structures en béton armé partout à travers le monde. Le sujet de la corrosion de l’acier noyé
dans le béton dépasse toutefois le cadre du présent mémoire et on limitera à l’étude à
l’examen des propriétés du béton influençant la corrosion, en mettant l’accent sur le transfert
des chlorures.
4.1. Test de pénétration d’ion chlorure
Dans cette partie on traite la résistance à la pénétration d’ions chlores des composites
Mortier-Polymère en appliquant la deuxième loi de Fick.
Pour les échantillons d’essais on a utilisé des éprouvettes cubiques (100x100x100)
mm3 préparées au laboratoire du département de génie civil de l’ENSET d’Oran. Les mortiers
ont été confectionnés conformément aux prescriptions de la norme EN 196-1 [12] :
A la fin du malaxage, le mortier ou composite préparé est versé dans le moule. Le
serrage du mortier dans ce moule est obtenu en introduisant le mortier en deux fois et en
appliquant au moule 60 chocs à chaque fois; après quoi le moule est arasé. Le démoulage a
lieu 24h après le coulage; par la suite les éprouvettes sont mis directement dans l’eau saturée
en chaux jusqu’au jour de l’age de 28 jours.
Après la cure, les faces latérales des échantillons sont recouvertes par de la résine
époxy pour rendre les facettes imperméables. Ainsi, la pénétration des ions chlorure ne se fait
que dans un seul sens selon les deux faces (du dessus et du dessous) figures IV.10, IV.11,
ensuite les échantillons sont introduit dans une solution de NaCl concentré à 5% (figure
IV.10).
Après 28 jours de cure sous l’eau, la résistance à la pénétration des ions chlorures a été
déterminée selon les normes UNI 7928 [13] et JIS A 1171 [14]. Les éprouvettes traitées ont
été immergées dans des solutions d'essai à 20°C pendant 7, 28 et 91 jours pour la pénétration
des ions chlorures. La solution d'essai utilisée était 5% de chlorure de sodium NaCl et elle a
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Chlorures) Chapitre IV
193
été changée tous les 7 jours jusqu'à une période d'immersion de 28 jours, et puis tous les 28
jours.
A chaque essai (7, 28 et 91 jours) l’éprouvette sera coupée en deux le long des deux
faces perméables c'est-à-dire suivant le flux de la diffusion des chlores (figure IV.12), puis on
verse sur chaque section coupée une solution de nitrate d’argent AgNO3 selon la norme UNI
7928. Le bord de chaque section change de couleur, on obtient une couleur blanche qui
représente la profondeur de pénétration des ions chlorures. Cette profondeur est mesurée à
l’aide d’un pied à coulisse sur plusieurs positions (figure IV.13). La profondeur de pénétration
(X) est la moyenne de toutes les lectures.
(FIT)
Figure IV.10- Immersion totale des échantillons dans une solution de 5% NaCl.
Figure IV.11- Echantillon avant immersiondans la solution NaCl à 5%.
Figure IV.12- Coupe de l’éprouvette en deuxle jour de l’essai.
Résine d’époxy
5% NaCl
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Chlorures) Chapitre IV
194
Coupe schématique de l’échantillon (unité en mm)
Figure IV.13- Section transversale d’éprouvette après avoir employé 0.1 Nde l'essai d'indicateur de nitrate d'argent.
4.2. Résultats et discussion
- Attaque des mortiers et/ou composites par la solution de sodium de chlorureNaCl :
La figure IV.14 illustre la profondeur de pénétration des ions chlorures (Cl-) des
mortiers non modifiés et/ou des composites Mortier-Polymère immergés dans 5 % de solution
de NaCl pendant 7, 28 et 91 jours.
PET0 PET2,5 PET5 PET7,50
2
4
6
8
10
12
Prof
onde
urde
péné
tratio
n,x
(mm
)
Rapport du Polymer-Ciment (% )
7 jours28 jours91 jours
Figure IV.14- Rapport du Polymère-Ciment en fonction de la pénétration des ions Cl – descomposites mortier-polymère après immersion dans 5% en NaCl.
Généralement la profondeur de pénétration des ions Cl- du mortier non modifié PET0
et les différents composites PET2.5, PET5 et PET7.5 augmente avec la période d'immersion.
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Chlorures) Chapitre IV
195
Indépendamment des types de rapports de polymère-ciment, la profondeur de pénétration des
ions Cl- des composites mortier-polymère est nettement plus inférieure que celle du mortier
non modifié, et elle est réduite avec l’augmentation du rapport de polymère-ciment. Nos
résultats sont en conformité avec ceux obtenus par Y. Ohama et al. [15].
On considère généralement dans le béton ordinaire de ciment que le Cl- imprègne
facilement les pores de rayons au-dessous de 20 A°. Étant donné que les surfaces des pores
sont électriquement positives due à l'adsorption de l'ion de calcium (Ca2+) [16]. En revanche,
la pénétration des ions Cl– des composites mortier-polymère semble être empêchée par
l'incorporation du polymère PET [17]. L’ajout du PET rend la matrice cimentaire plus dense
et réduit ainsi la porosité de la pâte durcie.
Application de la deuxième loi de Fick de la diffusion des ions chlorures
Les coefficients de diffusion et les teneurs en chlorure de surface des spécimens
mortier ou béton ont été déterminées par l'ajustement de la courbe non linéaire des ions
chlorures de la deuxième loi de Fick de la diffusion selon l'expression suivante :
2
2
xC
DtC
c
(Eq. IV.2)
La profondeur de pénétration d’ion chlorure suit la deuxième loi de Fick [18] sous les
conditions du régime non stationnaire de diffusion. La solution selon cette loi est donnée par
l’équation suivante :
tD
xerfCtxCc2
1, 0 (Eq. IV.3)
Où
x est la distance de pénétration sur la surface des mortiers ou bétons (m),
t est le temps (s),
Dc est le coefficient de la diffusion (m2 / s),
Co est la concentration en chlorure sur la surface du mortier ou béton,
C(x, t) est la concentration en chlorure à la profondeur de x au temps t,
erf est la fonction d’erreur.
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Chlorures) Chapitre IV
196
Une approximation de la formule (IV.3) est donnée par l’expression suivante [19] :
x = 4 Dt (Eq. IV.4)
Les exemples des rapports entre la période d'immersion et la profondeur de pénétration
des ions chlorures des composites mortier-polymère sont illustrés dans les figures IV.15-
IV.16. Généralement la profondeur de pénétration des ions chlorures des matériaux
polyphasés augmente avec la période d'immersion, et elle est réduite avec l’augmentation du
rapport de polymère-ciment.
Dans les figures IV.15-IV16, les graphes tx ont des interceptions négatives sur
l'axe t suivant les types des composites mortier-polymère et du rapport de polymère-
ciment. Ceci signifie que les graphes tx ne suivent pas la deuxième loi de Fick’s en
raison de la réaction des ions chlorures avec certains hydrates de ciment. Les ions chlorures
peuvent être trouvé par la réaction dans les différents états suivants: chlorure liés,
chimiquement combiné avec C-A-H sous la forme, par exemple, du C3A.CaCl2 .10 H2O;
chlorure liés, adsorbé sur le gel C-S-H ou ions chlorure libres (externes) [20]. Goto et al. [21-
22] ont rapporté que la diffusion des ions chlorures dans la matrice cimentaire durci est
également accompagné d'une réaction chimique. En outre, nos résultats sont en accord avec
ceux rapportés par Ohama et al. [15] et Omrane et al. [23, 24]. Par conséquent, l'équation
suivante peut être recommandée pour l'évaluation du coefficient apparent de la diffusion des
ions chlorures [25] :
ktDx a 4 (Eq. IV.5)
Da est le coefficient apparent de la diffusion des ions chlorures, calculé à partir des pentes des
graphes tx et k est la constante empirique. Les équations empiriques basées sur
l'équation (IV.5) sont montrées dans la figure IV.16.
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Chlorures) Chapitre IV
197
0 500 1000 1500 2000 2500 3000
0,2
0,4
0,6
0,8
1,0
1,2
1,4
7.55.02.5
0
Rapport duPolymère-Ciment (%)
Prof
onde
urde
péné
trat
ion
des
ions
Chl
orur
esCl
- ,x(c
m)
Période d'immersion , t1/2 (s)
X = 5.0 x 10-4
t1/2
+ 0.19X = 4.48 x 10-4 t 1/2 + 0.19X = 4.39 x 10-4 t 1/2 + 0.21X = 4.22 x 10-4 t 1/2 + 0.20
Figure IV.15- Période d'immersion en fonction de la profondeur de pénétration des ionschlorures des composites mortier-polymère pendant l'immersion dans 5% en NaCl.
0 500 1000 1500 2000 2500 30000,0
0,2
0,4
0,6
0,8
1,0
1,2
1,4
x =5.0x 10
-4 t1/2 + 0.1
9
Prof
onde
urde
péné
tratio
nd'
ions
Cl-
(cm
)
Période d'immersion, t1/2 (s)
PET0Linear Fit of Data_PET0
0 500 1000 1500 2000 2500 30000,0
0,2
0,4
0,6
0,8
1,0
1,2
x = 4.48 x 10
-4 t1/2 +
0.19
Prof
onde
urde
péné
trat
ion
d'io
nsCl
-(c
m)
Période d'immersion, t1/2 (s)
PET2.5Linear Fit of Data_PET2.5
(a) (b)
0 500 1000 1500 2000 2500 30000,0
0,2
0,4
0,6
0,8
1,0
1,2
x= 4.39 x10-4 t
1 /2 + 0.21
Prof
onde
urd
epé
nétr
atio
nd'
ions
Cl-
(cm
)
Période d'immersion , t1/2 (s)
PET5Linear Fit of Data_PET5
0 500 1000 1500 2000 2500 30000,0
0,2
0,4
0,6
0,8
1,0
x =4.22 x 10
-4 t1/2 + 0.2
0
Pro
fond
eur
dep
énét
rati
ond'
ion
sC
l-(c
m)
Période d'immersion, t1/2 (s)
PET7.5Linear Fit of Data_PET7.5
(c) (d)
Figure IV.16 (a, b, c, d)- La période d’immersion en fonction de la profondeur de pénétrationd’ions Cl- des composites mortier-polymère dans 5% NaCl.
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Chlorures) Chapitre IV
198
La figure IV.17 représente les rapports du polymère-ciment en fonction des
coefficients apparents de la diffusion des ions chlorures des composites mortier-polymère. Le
coefficient apparent a été obtenu à partir des pentes des graphes tx , (figure IV.15). On
constate que les coefficients apparents de la diffusion des ions chlorures des matériaux
polyphasés PET2.5, PET5 et PET7.5 sont inférieurs que celui du mortier non modifié PET0
suivant la concentration de 5% en NaCl.
L’ordre de grandeur de pénétration des ions chlorures dans les pâtes du ciment
Portland et des composites mortier-polymère est de 10-8 cm2/s à 25 °C, et cette valeur est
d’environ mille fois plus petites que du même ion dans l’eau [26] (2.03x10-5 cm2/s).
L'interaction entre les surfaces de pore du ciment hydraté et les ions chlorures peuvent être
responsables de la diminution du taux de diffusion. Ces résultats confirment l'ordre des
coefficients de diffusion pour l'ion de Cl- dans les pâtes ciment qui est de 10-8 cm2/s, une
valeur plus petite que D pour la diffusion d'ion de Cl- dans l'eau par un facteur de 103 obtenus
par Collepardi et al. [19, 27].
Néanmoins, il y a la possibilité que la différence entre les coefficients de diffusion
pourrait être dû à une mobilité différente des molécules d'eau à l'intérieur des pores. En
conclusion, on ne peut pas exclure que le coefficient de diffusion de l'ion de chlorure dépend
également du type de cation (K+ ou Ca2+) du sel.
En général, le coefficient de diffusion apparent tend à diminuer avec l'augmentation du
rapport de polymère-ciment. Il reste évident au vue des données obtenues que la résistance à
la pénétration des ions chlorures des composites mortier-polymère est généralement
supérieure au mortier non modifié.
PET 0 PET2.5 PE T 5 PET7.5
1 ,1
1 ,2
1 ,3
1 ,4
1 ,5
1 ,6
Coe
ffic
ient
App
aren
tde
ladi
ffus
ion
des
ions
Chl
orur
es(x
10-8
cm2 /s)
Rap port du Polymère-Cim en t (% )
Im m ersion dan s 5% en N aC l
Figure IV.17- Les rapports de polymère-ciment en fonction des coefficients apparents de ladiffusion des ions chlorures des composites mortier-polymère.
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Chlorures) Chapitre IV
199
De cette étude, on retient que les composites Mortier-Polymère développent une
meilleure résistance au pénétration aux ions chlorures. Par conséquent ces composites
Mortier-Polymère peuvent être recommandés comme matériaux effectifs pour la prévention
de la corrosion des armatures dans les différentes structures. Le coefficient apparent de
diffusion d’ion chlorure décroît avec le pourcentage du polymère. Dans notre étude, on note
une diminution du cœfficient Da de 29% du composite PET7.5 par rapport au mortier non
modifié PET0.
IV.5. Variation de la perte de masse en fonction du temps
5.1. Essai d’attaque par les chlores
Attaque des mortiers et/composites par les ions chlorures
Les mortiers et/ou composites ont été coulés dans des moules prismatiques 5x5x5 cm3
et compactées mécaniquement à l’aide d’une table à choc (NF EN 196.1). Les moules
contenant les spécimens ont été couverts de film plastiques et stockés dans l’environnement
du laboratoire. Après 24 heures, les échantillons ont été démoulés et conservés jusqu’à l’âge
de l’essai dans l’environnement suivant :
Eau : (T= 20 ± 2 °C, R.H = 100%).
Après 40 jours de cure sous l’eau, les éprouvettes sont pesées pour déterminer M0,
puis elles sont immergées dans la solution suivante :
5% sel du Chlorure de sodium (NaCl) figure IV.18.
La résistance due aux agressions chimiques des échantillons immergés dans cette
solution est évaluée selon la norme ASTM C 267-96, les éprouvettes sont nettoyées 3 fois
avec de l’eau douce pour éliminer le mortier altéré et puis on les laisse sécher pendant ½
heure. Ensuite on procède à la pesée de ces derniers. Cette opération est effectuée après 1, 7,
14, 21, 28,… et 35 jours après l’immersion (M1).
Le degré de l’attaque est évalué par la formule (IV.5) :
Perte de masse (%)= (M0-M1/M0)100 ……… (IV.6)
Avec M0, M1 les masses des éprouvettes avant et après immersion, respectivement.
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Chlorures) Chapitre IV
200
Figure IV.18- Eprouvettes de mortiers et ou composites mortier-polymère immergéesdans la solution NaCl à 5%.
5.2. Suivi de l’évolution de masse (Chlorure de sodium NaCl)
D’après la figure IV.19 qui expose la variation de la masse des mortiers et /ou
composite mortier-polymère en fonction de la période d’immersion dans du chlroure de
sodium, on remarque qu’il y a une augmentation du gain en poids jusqu’à 35.
Dans le cas de l’attaque chimique par le chlorure de sodium, la principale forme de
liaison des ions chlore se fait par réaction chimiques avec le C3A pour former des
chloroaluminates de calcium, 3CaO. Al2O3. CaCl2. 10H2O, encore appelés sel de Friedel. Une
réaction similaire avec le C4AF donne le chloroferrite de calcium, 3CaO.Fe2O3.CaCl2. 10H2O.
On constate une augmentation permanente de la masse concernant les mortiers
immergés dans la solution saline NaCl 5%. A 28 jours, on remarque que l’augmentation de la
masse des composites mortier-polymère devient inférieure à celle du mortier témoin (ciment
sans ajout). Le gain en masse des composites avec 7.5 % du PET diminue de 0.3 % par
rapport aux mortiers sans ajouts. Concernant le PET5, on a une diminution de 0.4 % du gain
en poids par rapport au ciment témoin.
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Chlorures) Chapitre IV
201
0 7 14 21 28 35 42 4999,95
100,00
100,05
100,10
100,15
100,20
100,25
100,30
100,35
100,40
100,45
Gai
nen
poid
s(%
)
Age ( jours )
PET0PET2.5PET5PET7.5
Figure IV. 19- Variation de la masse en fonction de la périoded’immersion en 5% NaCl.
D’après la figure IV.20 qui expose la variation de la masse des mortiers et /ou
composite mortier-polymère immergés dans la solution du chlroure de sodium NaCl pour 7,
14, 28 et 35 jours, on constate que la variation de la masse des mortiers augmente avec le
temps additionnel d’immersion et que le changement du poids des composites diminue avec
l’augmentation du rapport du polymère-ciment (%). Ceci peut être expliqué par l’effet de
l’incorporation de l’ajout du PET qui à pour rôle de densifier la matrice cimentaire en
réduisant la porosité de la pâte durcie et par son imperméabilité qui bloque le passage des ions
Cl-. La réduction de la porosité du matériau polyphasé à base du polytéréphtalate d’éthylène
empêche la solution saline (NaCl), ions chlores, de pénétrer à l’intérieur de l’échantillon du
composite.
PET0 PET2.5 PET5 PET7.5100,00
100,05
100,10
100,15
100,20
100,25
100,30
100,35
100,40
100,45
100,50
Gai
nen
poid
s(%
)
Rapport du polymère-ciment (%)
7 jours14 jours28 jours35 jours
Figure IV.20- Variation de la masse en fonction du rapport polymère-cimentdans la solution de 5% NaCl.
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Chlorures) Chapitre IV
202
Cette étude montre que le polymère à un effet supplémentaire sur le comportement des
matériaux composites. En général, les composites contenant du polymère PET développent
une résistance différente à celle du mortier contrôle contre l’attaque chimique par les
chlorures comme le montrent les différentes figures précédemment citées.
La caractérisation de nos matériaux ayant subit une attaque chimique est basée sur les
différentes techniques d’analyses telles que la diffraction des rayons X et la microscopie
électronique MEB avec l’association de l’analyse dispersive EDS (EDXA)
IV.6. Caractérisation par diffraction des rayons X et MEB/EDS del’attaque superficielle de mortier et/ou composite mortier-polymère
6.1. Diffraction X de la matrice cimentaire par l’attaque d’ions chlorure
Les analyses par diffraction X des surfaces des mortiers et/ou composites mortier-
polymère soumises à une attaque par les chlorures ont permis d’identifier et de positionner les
différentes phases cristallines rencontrées sur l’épaisseur du matériau altéré. La couche des
cristaux formés sur la surface de l’échantillon est analysée, après avoir subit un grattage sur
une épaisseur de quelques dixièmes de millimètres et un broyage pour obtenir une fine poudre
du liant des mortiers.
L’analyse de la pâte de ciment hydraté par DRX [17] n’est pas une chose simple, car
le produit majeur d’hydratation est le CSH qui se présente sous forme d’un gel plus ou moins
bien cristallisé difficilement identifiable sur un spectre DRX. En fait, le CSH présente un
spectre DRX avec une large bosse située entre 28 et 35° 2Ө, là même où se situent la plupart
des pics de silicates anhydres (C2S et C3S). Ainsi la pâte de ciment est souvent caractérisée
par ses hydrates mieux cristallisés que sont l’ettringite et la portlandite.
Les figures IV.21-25 représentent les analyses DRX réalisées sur mortier non modifié
PET0 et composite PET7.5 après conservation pendant 28 jours dans une solution de 5%
NaCl.
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Chlorures) Chapitre IV
203
Figure IV.21- Spectre DRX du composite PET7.5 conservédans 5% NaCl, à l’âge de 28 jours.
Les spectres DRX des figures IV.21 et 22 montrent la présence des espèces cristallines
suivantes : - Ca(OH)2 : La portlandite ; - Ca4Al2O6Cl2. 10H2O: Sel de Friedel, Apparition de
son pic majeur à 2 Ө11.2-12 ° ; - CaCO3 : Calcite; - Ettringite.
Figure IV.22- Superposition des spectres DRX du composite PET7.5 conservé dans l’eaudouce ( ) et dans 5% NaCl ( ), à l’âge de 28 jours.
SF : Sel de Friedel (Ca4Al2O6Cl2. 10H2O)C: Calcite CaCO3
P: PortlanditeE: Ettringite
PET7.5 en milieu eau doucePET7.5 en milieu 5% NaCl
Apparition du picmajeur du sel de
FriedelSF
C
PP P
E
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Chlorures) Chapitre IV
204
2Theta10.0 20.0 30.0 40.0 50.0 60.00.0
40.0
80.0
120.0
160.0
200.0
240.0
280.0
320.0
360.0
Ab
solu
teIn
tens
ity
EXTZ3 (Range 1)
Figure IV.23- Spectre DRX du mortier de contrôle PET0 conservédans 5% NaCl, à l’âge de 28 jours.
2Theta10.0 20.0 30.0 40.0 50.0 60.00.0
40.0
80.0
120.0
160.0
200.0
240.0
Abs
olut
eIn
tens
ity
EXTZ4 (Range 1)
Figure IV.24- Spectre DRX du composite PET7.5 conservédans 5% NaCl, à l’âge de 28 jours.
PPP
C
PP
C
P : Portlandite Ca(OH)2
SF : Sel de Friedel (Ca4Al2O6Cl2. 10H2O)C : Calcite CaCO3
E : Etringite Ca6Al2(SO4)3(OH)12.26H2OG: Gypse (CaSO4 2H2O)
E SFP P
G PGG
C
C
P : Portlandite Ca(OH)2SF : Sel de Friedel (Ca4Al2O6Cl2. 10H2O)C : Calcite CaCO3
E : Etringite Ca6Al2(SO4)3(OH)12.26H2OG: Gypse (CaSO4 2H2O)
E SF
PP
G
P
GG
C
C
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Chlorures) Chapitre IV
205
Les spectres DRX des figures IV.22 et III.23 montrent la présence des espèces
cristallines suivantes :
- Ca(OH)2 : La portlandite ;
- Ca4Al2O6Cl2. 10H2O: Sel de Friedel;
- CaCO3 : Calcite ;
- CaSO4.2H2O : Le gypse ;
- Ca6Al2(SO4)3(OH)12 .26H2O : L’ettringite .
L’ettringite Ca6Al2 (SO4)3(OH)12 . 26H2O a son pic majeur au environ de 9° 2Ө, et la
portlandite Ca(OH)2 à 34.09° 2Ө, 18.09° 2Ө et à 47.12° 2Ө. On trouve aussi de la calcite
CaCO3 avec son pics majeur à 29.41° 2Ө, c’est le pic le plus intense. Ce qui caractérise
l’incorporation du sable de carrière. On attribut les pics vers 23.40° 2Ө et 43.34° 2Ө au
formation du gypse CaSO4. 2H2O. La formation du sel de Friedel Ca4Al2O6Cl2. 10H2O est
observée au pic vers 11.2° 2Ө.
Des études faites par ailleurs [28,29], ont constatées que l’espèce cristalline portlandite
Ca(OH)2 est caractérisée par son pic à 2 Ө = 18° - 18.1°. En ce qui nous concerne, on
remarque que le pic du spectre PET7.5 apparaît à 18.1° 2Ө(figure IV.25) avec une intensité
légèrement supérieure à celui du mortier PET0 malgré que le rapport du polymère-ciment est
de l’ordre de 7.5%m. Ce qui cause une diminution progressive de la quantité de portlandite
Ca(OH)2 dans les composites par rapport au mortier de contrôle.
En comparant nos résultats avec ceux obtenus par M.U.K Afridi [30,31], les cristaux
de portlandite Ca(OH)2 peuvent probablement produire une réflexion dans le plan de
diffraction plus importante en présence du polymère PET dû à un changement d'orientation
des cristaux. Cette réflexion importante résulte de l'effet gagné par la quantité abaissée de
Ca(OH)2, et ainsi l'intensité maximale à un rapport de polymère-ciment de 7.5%m apparaît à
un niveau accru comparé à celui du mortier non modifié PET0 ( figure IV.25).
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Chlorures) Chapitre IV
206
2Theta10.0 20.0 30.0 40.0 50.0 60.00.0
40.0
80.0
120.0
160.0
200.0
240.0
280.0
320.0
360.0
Abs
olut
eIn
tens
ity
EXTZ3 (Range 1)EXTZ4 (Range 1)
Figure IV.25- Superposition des spectres DRX du mortier de contrôle PET0 et du compositePET7.5 conservé dans 5% NaCl, à l’âge de 28 jours.
L’analyse quantitative d’une même masse de poudre à partir de ces spectres semble
très délicate, car la présence en quantité variable de polymère PET modifie la fraction
massique des espèces cristallines dans chacun des échantillons. De plus, le tamisage modifie
également les proportions entre les constituants, et par conséquent, il est impossible de les
chiffrer à posteriori.
6.2. Etude de la microstructure des mortiers par le MEB/EDSL’association du microscope électronique à balayage avec l’analyse aux rayons X par
dispersion d’énergie (EDS ou EDXA) est efficace pour l'observation de la microstructure de
surface du mortier non modifié par PET et conservé dans un milieu de 5% NaCl.
L'introduction d'un ajout dans un ciment influe sur plusieurs caractéristiques de la pâte
fraîche [32] et, notamment sur:
La structure de la pâte au contact des granulats,
La vitesse de prise,
La nature et la cinétique des réactions d'hydratation.
Les échantillons ont été analysés par un microscope électronique à balayage MEB,
c’est un dispositif JEOL de type JSM-6380, disponible à l’Université de Toulouse,
Laboratoire LMDC (France).
P : Portlandite Ca(OH)2
SF : Sel de Friedel (Ca4Al2O6Cl2. 10H2O)C : Calcite CaCO3
E : Etringite Ca6Al2(SO4)3(OH) 12.26H2OG: Gypse (CaSO4 2H2O)
Spectre du PET0 ( )Spectre du PET7.5 ( )
GE SFP P
PG
G
C
CC
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Chlorures) Chapitre IV
207
L’objectif de cette analyse est de visualiser les détails de la microstructure, tels que la
morphologie des phases hydratées (silicates de calcium hydratés CSH, portlandite, sel de
Friedel, etc.). Il est à noter que l’observation est pratiquée sous un vide poussé. Cela peut
expliquer la présence de microfissures sur la micrographie de la figure IV.26. Les hydrates
présents dans la microstructure sont essentiellement des silicates de calcium CSH. Ils se
présentent sous forme d’amas granuleux dans le mortier (figure IV.26).
Au cours du processus de l’hydratation, d’autres CSH se forment également en
quantité importante et remplissent les vides intergranulaires (figures IV. 26-27). L'examen au
microscope électronique à balayage MEB avec l'association de l’analyse dispersive en énergie
(EDS) ont permis l'identification des cristaux du sel de Friedel (Ca4Al2O6Cl2.10H2O) pour la
structure microstructurale des mortiers ne contenant pas d’ajout polymère PET (figure IV.27-
a, b). De même T.S. Nguyen [33] a pu constater la fixation des chlorures ainsi que leurs
quantités, à l’équilibre, dans un matériau cimentaire.
Figure IV. 26- Observation et analyse des cristaux existant dans le matériau au MEB.Mortier non modifié immergé dans 5% NaCl à 28 jours (PET0). Grossissement 1500X.
Figure IV. 27-a. Observation et analyse des cristaux existant dans le matériau au MEB avecl'association de l’analyse dispersive en énergie (EDS). Mortier non modifié immergé dans 5%NaCl à 28 jours (PET0). Grossissement 1400X.
CSH
SF
CSH
P
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Chlorures) Chapitre IV
208
Figure IV. 27-b. Observation et analyse des cristaux existant dans le matériau au MEB avecl'association de l’analyse dispersive en énergie (EDS). Mortier non modifié immergé dans 5%NaCl à 28 jours (PET0).
Conclusion
- L’étude de la durabilité a permis de montrer que le polymère à un effet
supplémentaire sur le comportement des matériaux composites. En général, les composites
contenant du polymère PET développe une résistance différente à celle du mortier nom
modifié contre l’absorption à l’eau et l’attaque chimique par les ions chlorures (Cl-).
- L'étude du comportement hydraulique a révélé que l’ajout de particules de PET
réduit la sensibilité du composite à l'eau. La sorptivité diminue avec l'augmentation de
particules de PET en masse. Ces additifs en PET ont tendance à limiter la propagation de l'eau
et à réduire son absorption. Cette résistance d'absorption d'eau offre une meilleure protection à
l’armature d'acier contre la corrosion et en particulier à la pénétration des ions chlorures, ce
qui suggère l'utilisation de particules de PET dans les matériaux de construction exposés à des
environnement agressif.
- La quantité totale de charge en coulomb, la profondeur de pénétration des ions
chlorures (Cl-) et le coefficient apparent de la diffusion des ions chlores des composites
Mortier-Polymère sont inférieurs que ceux du mortier non modifié, et tendent généralement à
diminuer avec l’augmentation du rapport de polymère-ciment.
- L’augmentation de la résistance des composites à la pénétration des ions chlores est
attribuée à la densification de la matrice cimentaire par le remplissage des macropores par
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Chlorures) Chapitre IV
209
l’ajout du PET et par l’imperméabilité des granulats de PET qui bloque le passage de l’ion
chlorure. Ainsi, la réduction de la pénétration des ions Cl- dans les composites réduit le
potentiel de corrosion des structures renforcées, ce qui est de grande importance pratique.
- Les méthodes d’analyse tels DRX, MEB et EDS ont révélé la composition de la
microstructure des phases cristallines formées dans les matériaux ayant subit une attaque
chimique par les chlorures, tels que les différents sels calcique et le sel de Friedel.
Dans le chapitre qui suit, on essaie de mettre en évidence l’influence de la présence
d’ajout polytéréphtalate d’éthylène (PET) sur le comportement des mortiers et/ou composites
mortier-polymère en milieux agressifs tels que les solutions sulfatiques Na2SO4 et MgSO4.
Chapitre V
Durabilité des MatériauxComposites Mortier-Polymère
(Attaque par les Sulfates)
Ce travail a fait l’objet d’une publication dans le Proceeding du : 1st InternationalConference on Sustainable Built Environement Infrastructures in Developing Countries-SBEIDCO – (2009), sous code N° ISSN 2170-0095.
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Sulfates) Chapitre V
Chapitre V Durabilité des matériaux
Composites mortier-polymère (Attaque par les Sulfates)
V.1 Introduction
Le béton est un matériau durable [34] qui offre une résistance remarquable aux
agressions lorsqu’il est correctement dosé et correctement mis en œuvre. Néanmoins, ses
constituants qu’il s’agisse du ciment, du sable ou des granulats, peuvent subir des agressions à
plus ou mois brève échéance.
Les matériaux composites [35] sont aujourd’hui l’objet de recherche tant théorique
qu’expérimentale, car un regain d’intérêt se manifeste dans le monde pour l’utilisation des
composites mortier- polymère [36-37] dans l’industrie du bâtiment pour différentes
applications.
Les agressions chimiques externes sont dues essentiellement aux acides, aux bases,
aux sulfates et aux solutions salines qui dissolvent la chaux du ciment et en formant des
composés nouveaux, entraînant l’érosion, le gonflement et l’éclatement des ouvrages en
béton, ce qui peut mettre en péril la stabilité de ces derniers. Généralement, les conséquences
d’une réaction sulfatique sont d’ordre macroscopique en particulier d’ordre mécanique tel que
chute de résistance, fissuration et expansion. Ce type de dégradation qui, à plus ou moins long
terme, est fonction de l’attaque (teneur ou concentration des sulfates en contact) et du type de
ciment utilisé [34, 38].
Les réactions générales impliquées dans l'attaque des sulfates externes ont été décrites
par les travaux de Cohen et Bentur [39]. L’attaque des sulfates sur les mortiers ou bétons
conduit à la modification des produits d'hydratation du ciment pour l’ettringite, gypse, et
d'autres phases, et aussi à la déstabilisation de gel du silicate de calcium hydraté (CSH). La
formation d'ettringite et du gypse est visible dans les systèmes cimentaires exposés à la
plupart des types de solutions de sulfate. L'expansion résultant de l'attaque par les sulfates est
généralement attribuée à la formation de ces deux composés, bien qu'il y ait une certaine
210
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Sulfates) Chapitre V
controverse entourant l’exactitude des mécanismes qui provoque l’expansion [40-42].
Lorsque la solution agressive contienne de l’ion magnésium, comme dans le cas du sulfate de
magnésium (MgSO ), on a la formation d’hydroxyde de magnésium (brucite) et la 4
transformation des CSH en silicate de magnésium hydraté (MSH) [43].
L'altération de la microstructure des bétons endommagés par les sulfates est décrite en
détail par Diamond et Lee [44]. Plusieurs autres études ont également utilisé la microscopie
électronique à balayage (MEB) pour décrire l'apparition de nouvelles phases et l'altération des
phases actuelles du ciment hydratée due à l'action des sulfates [45, 46].
Ce chapitre présente les résultas d’une étude expérimentale portant sur la durabilité
des composites qui contiennent du polytéréphtalate d’éthylène (déchet de bouteilles en PET)
broyé comme substituant au ciment vis-à-vis d’agressions chimiques sulfatiques (Na2SO4,
MgSO4) pendant une certaine durée de conservation. Un complément d’information sur la
microstructure a été fait par différentes méthodes d’analyses telles que la diffraction des
rayons X, IRTF, MEB/EDS et DSC.
Dans le but de mettre en évidence l’influence de l’ajout du polytéréphtalate
d’éthylène (PET) sur le comportement des mortiers et/ou composites mortier-polymère en
milieux agressifs, on a effectué une série d’essais chimiques et physiques.
V.2. Essai de durabilité (sulfates) Les essais ont été réalisés sur des mortiers élaborés à base de ciment CPJ-CEM II/A
commercialisé à l’Ouest Algérien (CPJ Zahana) ainsi que des composites de différents teneurs
en polymère PET et par conséquent mettre en évidence l’influence du polymère sur la
durabilité de ces mortiers et essayer d’apporter une meilleures compréhension concernant les
réactions chimiques responsables du ralentissement de la dégradation.
Pour l’étude de la résistance de ces mortiers et/ou composites Mortier-Polymère vis-à-
vis de différents milieux agressifs sulfatiques Na2SO4 et MgSO4 à 5%, on a tenu à garder le
même rapport eau/ciment pour toutes les compositions des matériaux (E/C = 0.5).
Afin d'arriver à des conclusions pratiquement exploitables, il a été nécessaire dans la
seconde série de réaliser des essais d'identification microstructurale. Dans ce but, on a fait
appelle à la spectrométrie IRTF, microscopie électronique à balayage (MEB/EDS), les
diffractions aux rayons X et l’analyse calorimétrique différentielle à balayage (DSC).
211
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Sulfates) Chapitre V
2.1. Formulation des mortiers /ou composite Mortier- Polymère
Les matières premières utilisées sont le ciment, le sable et le polymère. Les
proportions de mélange, mode de cure et les méthodes d'essai restent les mêmes, et figurent
dans la partie élaboration et caractérisation des composites mortier-polymère (cf. chapitre2).
On décide de réaliser des composites avec des teneurs en polymère différentes telles
que P/C ∈ {0, 2.5, 5, 7.5} %m, avec P : polymère (polytéréphtalate d’éthylène broyé) et C :
ciment Portland composé type CPJ-CEM II/A provenant de l’usine de Zahana.
Les courbes granulométriques du polytéréphtalate d’éthylène broyé et du sable
concassé sont représentées par la figure II.5.
Le mortier et/ou composite utilisé dans notre étude, se compose en proportion de
masse suivante: 1 ciment, 3 sable et un rapport eau sur ciment E/C = 0.5 constant pour tous
les mortiers.
2.2. L’absorption
Cet essai mesure le taux d’absorption de l’eau par succions capillaires des éprouvettes
de mortier à l’age de 28 et 91 jours, non saturées, mises en contact avec de l’eau sans pression
hydraulique.
Avant les mesures de la sorptivité, les spécimens seront pré-conditionnés dans l’étuve
à environ 105 °C jusqu’à une masse constante. L’essai d’absorptivité détermine le taux ou
vitesse d’absorption par remontée capillaire d’une éprouvette cylindrique de dimensions
110mm de Ø et 50mm de hauteur placée sur de petits supports dans un bac contenant de l’eau
suivant le schéma indiqué dans la figure V.1 de sorte que l’eau ne touche l’éprouvette que
d’une hauteur de 5 mm de la profondeur du bac, le reste de l’éprouvette est préalablement
imperméabilisé par une résine époxydique sur toutes les autres faces. On mesure alors
l’augmentation de la masse de l’éprouvette en fonction du temps à 1, 4, 9, 16, 25, 36, 49, 64
minutes.
212
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Sulfates) Chapitre V
Figure V.1- Schéma + photo du dispositif de
l’essai d’absorptivité.
Les résultats de l’essai d’absorptivité des différents mortiers, sont présentés en traçant
toutes les droites lissées sur les segments d’augmentation des masses des éprouvettes en
fonction de la racine carrée du temps. L’équation de ces droites a la forme :
tSAQ = (Eq. V.1).
Q : La quantité d’eau absorbée en (cm3) ;
A : la surface du spécimen en contact avec l’eau (cm2) ;
t : le temps (s) ;
S : le coefficient de sorptivité du spécimen (cm/s1/2).
Pour déterminer le cœfficient de sorptivité, Q/A a été tracé en fonction de la racine carré du
temps t , puis S a été calculé à partir de la pente de la relation linéaire entre Q/A et t .
La mesure de la sorptivité est un moyen simple et facile qui permet de caractériser la
cinétique d’absorption des matériaux. Plus la sorptivité est élevée, plus le matériau est
susceptible à être rapidement envahi par le liquide en contact. C’est aussi une propriété qui
caractérise la disposition des pores du matériau qui absorbent et transmettent l’eau par
capillarité.
Les résultats de l’essai de sorptivité des différents mortiers ou composites mortier-
polymère sont représentés dans le chapitre IV.2. 2-3. Ainsi, à partir de ces résultats, on peut
conclure que l’ajout des additions de particule en PET comme substituant au ciment réduit
l’absorption, en diminuant la porosité de la pâte de ciment durcie et la porosité près de la zone
interfaciale de particule/matrice, en raison de la liaison élevée entre l'additif en PET et la pâte
de ciment. En outre, nos résultats sont en accord avec ceux rapportés par Benazzouk et al.
[8].
213
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Sulfates) Chapitre V
V.3. Attaque par les sulfates
Pour évaluer la durabilité des mortiers et/ou composites vis-à-vis de l’attaque des
sulfates et mettre en relief l’effet de l’ajout du polymère PET sur la résistivité aux attaques
sulfatiques, on a suivi l’évolution de :
1. La résistance à la compression après 28, 56, 90 et 180 jours d’attaque de sulfates ;
2. La résistance à la flexion après 28, 56, 90 et 180 jours d’attaque de sulfates ;
3. Le gain ou la perte en poids suite à l’attaque par les sulfates après 28, 56, 90 et 180
jours.
Pour les échantillons d’essais on a utilisé des éprouvettes prismatiques (4x4x16) cm3
préparées au laboratoire LABMAT sous une température de 20 ± 2 °C et une humidité
relative d’environ 55 ± 5%. Les mortiers ont été confectionnés conformément aux
prescriptions de la norme EN 196-1 [12] :
A la fin du malaxage, le mortier et le composite préparé est versé dans un moule à 3
alvéoles de dimensions 4 x 4 x 16cm3. Le serrage du mortier dans ce moule est obtenu en
introduisant le mortier en deux fois et en appliquant au moule 60 chocs à chaque fois; après
quoi le moule est arasé. Le démoulage a lieu 24h après le coulage; par la suite les éprouvettes
sont mis directement dans l’eau saturée en chaux jusqu’au jour de l’essai.
Après la cure des échantillons dans une solution saturée en chaux, destinés pour
l’étude de la durabilité vis-à-vis des sulfates, ces derniers sont mis dans trois milieux
différents afin de suivre l’effet de la conservation des éprouvettes dans ces différents milieux.
Les milieux de conservation sont :
5% Na2SO4 sulfate de sodium ;
5% MgSO4 sulfate de magnésium ;
L’eau douce.
Selon les recommandations des normes ASTM C1012 [47] concernant l’attaque des
sulfates, on doit maintenir le pH de la solution sulfatique entre 6 et 8 par le renouvelant de la
solution d’attaque lorsque le pH > 8. La vérification du pH se fait par le pH mètre.
On a constaté le changement du pH de la solution le lendemain de l’immersion des
échantillons du mortier et composite dans les solutions sulfatiques, le changement quotidien
de la solution d’attaques nécessite des quantités considérables de sulfates de sodium et de
magnésium ainsi que l’eau distillée.
214
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Sulfates) Chapitre V
Pour palier à ce problème, on a fait recours à une méthode qui a été utilisée par
plusieurs chercheurs [48-50], qui consiste à corriger la solution elle-même par l’ajout de
faibles quantités de solution de 0.1N de l’acide sulfurique (H2SO4), jusqu’à l’obtention d’un
pH égal à 6 (Figure V.4). Cette opération est effectuée quotidiennement surtout lors des
premiers jours d’immersion.
Le schéma de la méthode chimique utilisée par Fahriye [48] est illustré dans la figure
V.2. Le dispositif contient un pH mètre pour contrôler le pH de la solution avant et après la
correction et un agitateur pour le mélange de la solution.
Figure V.2- Le dispositif pour maintenir le pH constant [48].
D’après la figure V.2, du modèle utilisé par le turc Fahriye Mazlum Kilinçkale [48], la
correction de la solution sulfatique est automatisée à l’aide d’un doseur électrique relié à un
pH mètre. Dans ce travail, on a utilisé le papier-pH pour la mesure du pH de la solution à
cause de l’indisponibilité du doseur électrique.
Pour évaluer la durabilité des mortiers vis-à-vis de l’attaque aux sulfates on a été
amené à faire les essais de mesure de la résistance à la traction et à la compression selon la
Norme EN 196-1, permettant de définir les résistances des différents mortiers modifiés et non
modifiés, par PET, utilisés. Les essais sont effectués sur des éprouvettes (4x4x16 mm3),
rompues en flexion puis en compression et on a pris la moyenne des résultats de l’écrasement
de 3 éprouvettes en flexion et des 6 demi-éprouvettes résultantes en compression à chaque
jour prévu (0, 28, 56, 90, 180 jours après immersion).
N.B- 0 jour : avant immersion dans les solutions sulfatiques.
215
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Sulfates) Chapitre V
V.4. L’action des solutions sulfatiques [51]
Afin d’évaluer la résistivité des différents mortiers envers l’attaque aux sulfates. Les
éprouvettes sujettes de ces essais ont été conservées dans des bacs en plastique contenants
séparément, de l’eau douce, et une solution de 5 % Na2SO4 et une solution de 5 % MgSO4
(Figure V.3) [51].
Cette opération est effectuée après 28 jours de cure dans une eau saturée en chaux,
dans le but d’atteindre une résistance à la compression supérieure à 20 MPa comme c’est
mentionné dans la norme ASTM C1012.
Figure V.3- Immersion des éprouvettes dans
la solution sulfatique.
Figure V.4- La correction de la solution sulfatique par l’ajout de faibles quantités de
solution de 0.1N de l’acide sulfurique (H2SO4), jusqu’à l’obtention d’un pH égal à 6.
Trois types de tests sont effectués sur les spécimens de mortiers conservés dans les
différents milieux, ces tests sont :
1. Suivi de l’évolution de masse des éprouvettes ;
2. Evaluation de la résistance à la compression ;
3. Evaluation de la résistance à la flexion.
Ces tests de contrôle sont effectués à l’âge de 28, 56, 90 et 180 jours après leur
immersion totale dans les trois modes de conservation (milieu témoin, 5% Na2SO4 et 5 %
MgSO4), tout en corrigeant continuellement la concentration des milieux sulfatique.
4.1. Suivi de l’évolution de masse
La figure V .5 montre la variation de la masse des éprouvettes confectionnées à base
de différents pourcentages en PET en fonction du temps d’immersion dans l’eau douce.
216
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Sulfates) Chapitre V
0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 2000
1
2
3
4
5
6
Gai
n en
poi
ds (g
)
Période d'immersion en eau douce (jours)
PET0 PET2.5 PET5 PET7.5
Figure V.5- Variation de la masse en fonction de la période
d’immersion en eau douce.
On constate une augmentation permanente de la masse concernant les mortiers et
composites immergés dans l’eau douce. Avant 28 jours d’immersion dans l’eau douce aucun
effet d’ajout n’est observé. Après cette période et jusqu’à 180 jours, on remarque que
l’augmentation de la masse des mortiers modifiés avec 2.5, 5, et 7.5%w de polymère PET
devient supérieure à celle du mortier non modifié. Après 180 jours d’immersion, le gain en
masse des composites avec 7.5 % de PET augmente de 45.7 % par rapport aux mortiers sans
ajouts. Concernant l’ajout du 2.5%, on a une augmentation de 15% du gain en poids par
rapport au mortier témoin PET0.
La variation de la masse des mortiers peut être expliquée par le développement du
phénomène d'hydratation du ciment dans les mortiers en fonction du temps en présence
d'humidité suffisante et par les processus de transport, perméabilité et diffusion, au sein de la
matrice cimentaire. Ces propriétés de transport sont considérées comme «des indicateurs de
durabilité». Ils dépendent fortement du réseau poreux, de sa connectivité et de la teneur en
solution interstitielle du matériau.
La variation en poids des mortiers et composites conservés dans 5 % Na2SO4 et 5 %
MgSO4 est présentée dans les deux figures V.6 et V.7.
217
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Sulfates) Chapitre V
0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 2000
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
Gai
n en
poi
ds (g
)
Période d'immersion en 5% Na2SO
4(jours)
PET0 PET2.5 PET5 PET7.5
Figure V.6- Variation de la masse en fonction de la période
d’immersion en 5 % Na2SO4.
D’après ces figures, on constate une augmentation régulière de poids des mortiers avec
le temps jusqu’à 180 jours, ce qui peut expliquer le phénomène du gonflement.
On constate que la variation en poids des différents mortiers augmente et se joint à
l’âge de 180 jours dans les différentes solutions sulfatiques, sauf pour le PET5 dans le cas de
Na2SO4 et le PET 2.5 pour le cas de MgSO4 à 5%.
A partir de 90 jours l’augmentation de la masse des mortiers modifiés par 2.5 et 5% de
PET devient inférieure à celle des mortiers de contrôle. A l’âge de 180 jours elle est de l’ordre
de 15 % pour le cas de la solution de 5 % de Na2SO4 (PET5) et 2 % pour la solution de 5 %
MgSO4 (figure V.6-7). Concernant le PET 2.5 on a une diminution de 7,5% par rapport au
mortier non modifié dans la solution de 5% MgSO4 (figure V. 7).
L’augmentation de la masse des échantillons immergés dans les solutions agressives
sulfatiques est importante par rapport à celle des échantillons conservés en eau douce. Le gain
en masse suite aux attaques sulfatiques est 2.8 supérieur au gain en masse enregistré dans le
cas des mortiers conservés en eau douce. Nos résultats sont en accord avec ceux rapportés par
Senhadji [52].
218
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Sulfates) Chapitre V
0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 2000
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
Gai
n en
poi
ds (g
)
Période d'immersion en 5% MgSO4(jours)
PET0 PET2.5 PET5 PET7.5
Figure V.7- Variation de la masse en fonction de la période d’immersion en 5% MgSO4.
L’augmentation de la masse des mortiers immergés en solutions sulfatiques peut être
expliquée par la formation des produits volumineux. L’attaque du mortier par les sulfates
résulte d’une réaction chimique qui se produit en présence d’eau entre les ions sulfates et
l’aluminate de calcium hydraté (C3A), et /ou les éléments constitutifs de l’hydrate de calcium
de la pâte de ciment durcie. Les produits qui résultent de ces réactions sont l’hydrate
sulfoaluminate de calcium communément appelé « Ettringite » [53] et l’hydrate de calcium
mieux connu sous le nom de « gypse ». La formation d’ettringite est liée à une augmentation
de huit fois le volume initial. Dès que les cristaux en aiguilles n’ont plus de place pour croître
dans les pores, une pression de cristallisation se produit, qui entraîne l’expansion et,
finalement, l’éclatement de la surface du béton.
Récemment, la formation de la thaumasite [54,55] a été reconnue comme mécanisme
entraînant des dégâts. La thaumasite est également un produit expansif [38], qui est dû à la
réaction de la pâte de ciment durcie avec les ions de sulfate. Sa formule chimique est de la
forme :
CaO.SiO2.CaSO4CaCO3.14H2O (thaumasite)
La figure V.8 illustre l’augmentation de masse après 180 jours d’immersion des
différents mortiers dans les trois milieux de conservations : l’eau douce, la solution de 5 %
Na2SO4 et la solution de 5 % MgSO4.
219
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Sulfates) Chapitre V
CPJ PET2.5 PET5 PET7.50,0
1,1
2,2
3,3
4,4
5,5
6,6
7,7
8,8
9,9
11,0
Gai
n en
poi
ds (g
)
Rapport du Polymère-Ciment (%)
Immersion en eau douce Immersion en 5% Na
2SO
4 Immersion en 5% MgSO4
Figure V.8- Le gain en masse des échantillons de mortier et composite
pendant 180 jours.
On remarque pour l’ensemble des éprouvettes de mortier ou composite que le gain en
masse dans le cas de l’immersion en eau douce est inférieur au gain mesuré sur les
éprouvettes immergées en solutions sulfatique. En comparant les résultats de l’augmentation
de masse des échantillons immergés en solution de 5% Na2SO4 et la solution de 5% MgSO4,
on constate que l’augmentation en masse de la solution du sulfate de magnésium est plus
élevée par rapport a celle du sulfate de sodium, elle est supérieure de 21.6 % et de 18.6 %
respectivement pour le mortier PET0 et le composite PET7.5 respectivement.
Les mécanismes de l’attaque par les sulfates diffèrent d’un sulfate à l’autre. L’action
des sulfates prend une forme d’expansion du béton ou du mortier suite à la formation de
produits expansifs [56]. Dans cette étude les produits résultants de l’action des deux solutions
sulfatique sont :
1er cas : l’action du Na2SO4
a) Substitution ionique entre la portlandite et les sulfates selon la formule suivante :
Ca (OH) 2+ Na2SO4 → CaSO4.2H2O + 2 NaOH
NaOH : Alcalinité élevée ce qui assure la stabilité des C-S-H.
CaSO4.2H2O: produit expansif mais qui se forme uniquement dans les espaces internes de la
pâte de ciment hydraté, dans la majorité des cas, pas ou peu d’expansion.
b) Formation de l’ettringite secondaire, à partir du C3A anhydre résiduel selon la formule
chimique suivante :
C3A + 3CaSO4.2H2O + 26 H2O → C3A.3CaSO4.32H2O (expansive)
220
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Sulfates) Chapitre V
A partir des aluminates hydrates selon la formule chimique :
C3A. CaSO4.18H2O + 2 Ca (OH) 2 → C3A.3CaSO4.32H2O (expansive)
2ème cas : l’action du MgSO4
Le sulfate de magnésium est très agressif par rapport au sulfate de sodium, ceci est du à sa
double action qui se traduit par :
a) Formation de la brucite :
Ca (OH) 2+ MgSO4 → CaSO4 + Mg (OH) 2
Mg (OH) 2 : la brucite est caractérisée par une faible solubilité et un pH faible.
b) Formation de l’ettringite secondaire à partir du C3A anhydre résiduel :
C3A + 3CaSO4.2H2O + 26 H2O → C3A.3CaSO4.32H2O (expansive)
c) Substitution des ions Ca++ par les ions Mg++ dans les C-S-H :
C-S-H + MgSO4 → CaSO4.2H2O + (C, M)-S-H (le gel M-S-H est faiblement cohésif).
L’augmentation de la masse dans le cas de l’attaque du MgSO4 par rapport à l’attaque
du Na2SO4, peut être expliqué par la formation de la brucite (Mg(OH) 2), qui est un produit
très peu soluble. Ce produit n’est pas présent dans le cas des attaques par le sulfate de sodium,
les analyses DRX effectuées sur des échantillons de mortiers attaqués par le sulfate de
magnésium, figures V.16-17, montrent la présence de la brucite sur la surface des mortiers
conservé en solution de sulfate de magnésium. Ainsi, l’attaque des mortiers ou composites par
la solution du sulfate de magnésium est deux fois plus agressive que celle par la solution du
sulfate de sodium.
Ceci est en accord avec les résultats de recherches de Yeginobali et Dilek [57] qui ont
évalué la résistance aux sulfates de deux types de fumées de silice des fours du ferrosilicium
(FeSi) et de silicoferrochromium (SiFeCr) en utilisant deux méthodes d’essai ASTM C 452
(mesure de l’expansion des barres de mortiers) et ASTM C1012 (mesure de changement de
longueur des barres de mortier). Ils ont utilisé des spécimens de mortiers qui ont été immergés
séparément dans des solutions de 10 % de Na2SO4 et 8.4 % de MgSO4. Après avoir été
soumis aux changements de masse périodiques, ces spécimens ont été testés à la compression
à l’âge de 60 semaines pour évaluer leur détérioration relative vis-à-vis des spécimens gardés
dans l’eau. Ils ont trouvé que les spécimens contenant la fumée de silice ont eu un plus petit
changement de masse. Dans les spécimens immergés dans la solution MgSO4 la perte de
masse s’est produite presque au début. L’addition de la fumée de silice a augmenté les pertes
de masses.
221
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Sulfates) Chapitre V
4.2 Evaluation de la résistance à la compression
La figure V.9 schématise l’effet de l’ajout des additions organique (polymère PET) sur
la résistance à la compression des mortiers et composites immergés dans la solution de 5%
Na2SO4 et MgSO4.
Les résultats de l’essai de la résistance à la compression à l’âge de 180 jours sont
schématisés par l’histogramme de la figure V.9, on remarque que les spécimens conservés
dans la solution de sulfate de sodium ont des résistances supérieures à celles des spécimens
immergés dans la solution sulfatique MgSO4.
PET2.5 PET5 PET7.50
10
20
30
40
50
Résis
tanc
e à
la c
ompr
essio
n ap
rès
1
80 jo
urs (
MPa
)
Rapport du Polymère-Ciment (%)
Immersion en 5% Na2SO4 Immersion en 5% MgSO
4
Figure V.9- La résistance à la compression des échantillons après 180 jours.
La diminution de résistance à la compression de l’ensemble des mortiers ou
composites attaqués par le sulfate de magnésium par rapport au sulfate de sodium peut être
expliquer par la formation de la brucite (Mg(OH)2) en plus du gypse et l’ettringite et la
substitution ionique des ions Ca++ par les ions Mg++ dans les C-S-H. Ces M-S-H sont des gels
faiblement cohésifs ce qui affecte considérablement la solidité des pâtes de ciment durci, la
figure V.9 montre que les résistances à la compression des mortiers immergés dans la solution
MgSO4 sont inférieures à celles immergés en solution Na2SO4. Les chutes de résistance à la
compression engendrées suite à l’attaque du sulfate de magnésium par rapport au sulfate de
sodium sont de l’ordre de 13% pour le cas du composite PET7.5.
4.3. Les taux de variation « λ » et « K »: [51]
Dans le but d’une analyse comparative des propriétés mécaniques des différents
mortiers modifiés par le polymère PET vis-à-vis aux attaques sulfates, on a déterminé le taux
de variation « λ » de chute de la résistance à la compression et la résistance à la flexion des
différents mortiers. Ce taux est exprimé en pourcentage et il est donné par la relation suivante:
222
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Sulfates) Chapitre V
− Taux de variation de chute de la résistance à la compression « λc » est donné par la
formule :
λc = (Rcopt – Rc180) / Rcopt [%] (V.2)
Rcopt : la résistance optimale à la compression du mortier conservé dans la solution sulfatique;
Rc180 : la résistance à la compression du mortier exposé au sulfate aprés 180 jours.
− Taux de variation de chute de la résistance à la flexion « λf » est donné par la formule :
λf = (Rfopt – Rf180) / Rfopt [%] (V.3)
Rfopt : la résistance optimale à la flexion du mortier conservé dans la solution sulfatique;
Rf180 : la résistance à la flexion du mortier exposé au sulfate aprés 180 jours.
Les figures V.10-13, représentent les résultats du taux de variation de la résistance à la
compression « λc » et du taux de variation de la résistance à la flexion « λf », correspondant à
l’âge de 180 jours; respectivement pour la résistance à la compression et la résistance à la
flexion.
La représentation graphique des résultats du taux de variation, des performances
mécaniques des mortiers modifiés par le polymère, est donnée par les histogrammes des
figures V.10-13. On constate clairement l’effet de l’ajout du polytéréphtalate d’éthylène
(PET) bénéfique sur l’amélioration de la résistivité des composites vis-à-vis des attaques par
les sulfates. On distingue pour le PET0 non modifié et PET2.5 un taux de variation en
compression (λc) de l’ordre de 12% et 5% dans la solution de Na2SO4 respectivement (Figure
V.10). Ce rapport pour les mêmes composites est de l’ordre de 7% et 1.5% dans la solution de
MgSO4 respectivement (Figure V.11).
On remarque aussi que le taux de chute des performances mécaniques des différents
mortiers ou composites immergés en milieux agressifs sulfatiques, dépend de la nature du
sulfate (MgSO4 est plus agressif que le Na2SO4) et du pourcentage de l’ajout du polymère
PET.
On constate que le taux de variation λc des éprouvettes immergées dans la solution de
Na2SO4 est plus important que dans la solution du sulfate de magnésium (Figures V.10 et 11),
il est de l’ordre de 12% et 7% pour PET0 respectivement. Dans le cas du composite PET5 on
a un λc égal à 7.5% dans la solution de N2SO4 et de l’ordre de 4% dans la solution de MgSO4.
On a les mêmes observations dans le cas de la chute de résistance à la flexion, car le
taux de variation λf des composites immergés dans la solution de Na2SO4 est plus important
que dans la solution du sulfate de magnésium (Figures V.12 et 13), il est de l’ordre de 28% et
223
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Sulfates) Chapitre V
15.6% pour PET0 respectivement. Dans le cas du composite PET5 on a un λf égal à 15% dans
la solution de N2SO4 et de l’ordre de 11.6% dans la solution de MgSO4.
Généralement l’attaque du mortier non modifié PET0 et les différents composites
PET2.5, PET5 et PET7.5 par les sulfates augmentent avec la période d'immersion.
Indépendamment des types de rapports de polymère-ciment, l’attaque par les sulfates des
composites mortier-polymère est nettement plus inférieure que celle du mortier non modifié,
et elle est réduite avec l’augmentation du rapport de polymère-ciment. Ainsi, nos résultats
sont en accord avec ceux rapportés par F.A. Shaker et al. [58]. En outre, Ceci peut être
expliqué par le fait que le polytéréphtalate d’éthylène (PET) rend la matrice cimentaire plus
dense et réduit la porosité de la pâte durcie [6,17]. L’augmentation de la résistance à la
pénétration d'ions sulfates des composites est attribuée à l'imperméabilité des granulats en
PET qui bloque le passage des ions SO42- et Mg2+.
0
2
4
6
8
10
12
Le taux de variation de Rc (%)
PET0 PET2.5 PET5 PET7.5Rapport du Polymère-Ciment (%)
Milieu 5% Na2SO4
0
2
4
6
8
10
12
Le taux de variation de Rc (%)
PET0 PET2.5 PET5 PET7.5Rapport de Polymère-Ciment (%)
Milieu 5% MgSO4
Figure V.10- Taux de variation de chute de la résistance à la compression par rapport à l’optimum « λc » des différents mortiers / composites (milieu 5% Na2SO4).
Figure V.11- Taux de variation de chute de la résistance à la compression par rapport à l’optimum « λc » des différents mortiers / composites (milieu 5% MgSO4).
0
5
10
15
20
25
30
Le taux de variation de Rf (%)
PET0 PET2.5 PET5 PET7.5Rapport du Polymère-Ciment (%)
Milieu 5% Na2SO4
0
5
10
15
20
25
30
Le taux de variation de Rf (%)
PET0 PET2.5 PET5 PET7.5Rapport du Polymère-Ciment (%)
Mileu 5% MgSO4
Figure V.12- Taux de variation de chute de la résistance à la flexion par rapport à l’optimum « λf » des différents mortiers / composites (milieu 5% Na2SO4).
Figure V.13- Taux de variation de chute de la résistance à la flexion par rapport à l’optimum « λf » des différents mortiers / composites (milieu 5% MgSO4).
224
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Sulfates) Chapitre V
Pour une éventuelle comparaison de la résistance des mortiers et/ou composites
modifiés contre les différentes solutions corrosives de Na2SO4 et MgSO4 à 5%, le calcul du
cœfficient de résistance à la corrosion « K » selon Jiang et al. [59] est tel que :
K = fci / fcs (V.3)
fci : la résistance à la compression des mortiers conservés dans la solution corrosive sulfatique
Na2SO4 et MgSO4 après 90 et 180 jours;
fcs : la résistance à la compression des mortier exposés au milieu Témoin (eau) aprés 28 jours.
Les cœfficients de résistance à la corrosion sulfatique des mortiers ou composites sont
illustrés par les Tableaux V.1 et V.2.
Rapport polymère-ciment
90 jours
180 jours
PET0 0.940 0.937
PET2.5 1.094 1.046
PET5 0.948 0.942
PET7.5 1.080 1.067
Rapport polymère-ciment
90 jours
180 jours
PET0 0.943 0.929
PET2.5 1.057 1.042
PET5 0.931 0.917
PET7.5 1.064 1.035
Tableau V.1- Cœfficient de résistance à la corrosion des mortiers ou composites dans 5% NaSO4.
Tableau V.2- Cœfficient de résistance à la corrosion des mortiers ou composites dans 5% MgSO4.
On constate d’après les tableaux V.1-2, que pour les mortiers ou composites immergés
dans les solutions corrosives sulfatiques Na2SO4 et MgSO4, les cœfficients de résistance à la
corrosion diminuent avec l’augmentation de l’age de l’exposition. La résistance à la corrosion des
différents mortiers modifiés par PET est meilleure que celle du mortier de contrôle.
Plusieurs Travaux de recherche indiquent que l’augmentation de la résistance à la
compression avant sa chute à un certain âge est due à la formation de l’ettringite et le gypse
qui remplissent les micropores menant à une structure dense, au delà d’un certain âge la
formation de ces produits expansifs cause la destruction de la pâte de ciment durcie et sa
fissuration ce qui influe négativement sur les caractéristiques mécaniques des mortiers et
bétons [60,61]. L’agression chimique due aux solutions de sulfate de sodium et de sulfate de
magnésium, après leur pénétration dans la matrice cimentaire, se caractérise par leur réaction
avec les hydrates et le changement de leur structure.
Les réactions chimiques des sulfates avec la pâte de ciment donnent naissance à des
produits fortement expansifs, l’attaque du l’aluminate de calcium forme le sulfoaluminate de
calcium (3CaO.Al2O3.3CaSO4.32H2O) connu sous le nom d’ettringite et l’attaque de la
portlandite Ca(OH) 2 qui forme le gypse (CaSO4.2H2O).
225
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Sulfates) Chapitre V
Des recherches récentes ont montré une nouvelle forme d’attaque due à la formation
de la thaumasite (CaO.SiO2.CaSO4CaCO3.14H2O). La formation de ce produit expansif est le
résultat de l’attaque sulfatique à des températures de 0-15° C et en présence du calcaire. Selon
ces recherches [62-64] il y a deux mécanismes de formation de la thaumasite :
− l’évolution de la structure de l’ettringite Ca6Al2[(OH)4SO4]3.26H2O, en substitutant les
ions aluminates Al3+ par des ions Si4+ et le remplacement interstitiel de [(SO42-)3
(H2O)2] par [(SO42-)2 (CO3
2-)2], d’où la forme de la thaumasite suivante Ca6[Si(OH)6]2
(CO3)2 (SO4)2.24H2O.
− Deuxièmement, la thaumasite et le résultat de l’interaction entre les ions sulfates et
carbonates et le gel CSH.
CSH + gypse + calcite + eau → thaumasite + portlandite.
Ca3Si2O7 .3H2O + 2CaSO4 .2H2O + 2CaCO3 + 24H2O →
Ca6[Si(OH)6]2 (CO3)2 (SO4)2 .24H2O + Ca(OH)2.
Le gypse et l’ettringite, éventuellement de la thaumasite, formés occupent un volume
plus grand que celui des composants solides à partir desquels ils se forment, leur formation
causant ainsi le gonflement et la fissuration de la pâte. Les pressions exercées lors de la
formation des produits expansifs influent sur les caractéristiques mécaniques des bétons et
mortiers lorsqu’ils sont dans un environnement ou il existe une source de sulfate et c’est le cas
des mortiers ou composites étudiés, a un certain âge il y a une décroissance de la résistance à
la compression des mortiers immergés en milieux sulfatés et le même constat pour les
résistances à la flexion.
L’activité des ions SO42- de la solution de MgSO4 a causé la réduction de la résistance
liée principalement à l’intensification de la Ca(OH)2 résultant de l’augmentation du taux de
gypse formé suite à la réaction de substitution ionique entre la portlandite et les sulfates
[65,66].
Les ions SO42- retenus de l'infiltration des solutions Na2SO4 et MgSO4, donnent
naissance au gypse secondaires et à l'ettringite. La formation d'ettringite est plus abondante
quant MgSO4 est la solution infiltrante. Dans ce cas, l'hydroxyde de calcium forme un
précipité. Une relation a été établie entre la concentration des ions Mg2+ et Ca2+ à tel point que
lorsqu'un de ces ions décroît l'autres augmente. Les hydrosilicates de calcium sont
décomposés dans une large mesure par les solutions de MgSO4. Ainsi, on aura une
substitution ionique des ions Ca++ par les ions Mg++ dans les C-S-H. Ces M-S-H sont des gels
faiblement cohésifs ce qui affecte considérablement la solidité des pâtes de ciment durci.
226
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Sulfates) Chapitre V
A partir de ces résultats on constate que l’incorporation du polymère PET a un effet
bénéfique sur la résistivité des mortiers modifiés vis-à-vis de l’attaque par les sulfates. L’ajout
du PET a pour rôle :
L’intensification de la structure de la pâte de ciment durcie et le remplissage
des pores [51].
Le blocage du passage des ions SO42-, à cause de son impérialité aux solutions
agressives. 4.4. L’examen visuel
L'examen visuel des mortiers ou composites en contact avec les sulfates, est un moyen
pour évaluer la détérioration des propriétés et les dégradations de l'aspect extérieur des
éprouvettes. Les solutions acides décapent les surfaces, les gros grains de sable se trouvent
déchaussés et la formation des sels calciques est en placage entre les grains.
Les solutions sulfatiques laissent la surface d’aspect beaucoup moins dégradé. Les
cristaux du gypse sont déposés sous forme d'aiguille entrelacée (aciculaire) tout au long de la
morphologie de la microstructure. Les ettringites secondaires formées sont sous formes
d’aiguilles piquées sur la surface (Figure V.18).
L’inspection visuelle après 1 mois d’immersion des spécimens de mortier dans la
solution MgSO4 (Figure V.14), nous montre la formation d’une couche blanchâtre sur la
surface extérieure des échantillons (gypse), comparée à celle des spécimens conservés en
solution de Na2SO4 ou en eau douce (Figure V.14).
Après 180 jours d’immersion dans les solutions sulfatiques, on remarque des
dégradations au niveau des coins ainsi que des micros fissures sur les facettes des éprouvettes
surtout pour le PET0 non modifié.
(i) (ii) (iii) Figure V.14-: Etats de surfaces des éprouvettes de mortiers immergées dans différents
milieux : (i) Eau douce, (ii) MgSO4, (iii) Na2SO4
227
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Sulfates) Chapitre V
Une inspection visuelle a été réalisée après 8 mois, pour évaluer les signes visibles de
détérioration de surface tels que l’écaillage, la fissuration et le ramollissement des
échantillons de mortier ou composite exposés à la solution des sulfates.
La figure V.15 montre des exemples de détérioration de la surface externe des
spécimens prismatiques exposés en eau douce et en milieu sulfaté par Na2SO4 et MgSO4 à
5%.
Dans une solution de sulfate de sodium ou de magnésium, il est clairement observé
que le degré de détérioration de la surface est différent pour les échantillons conservés en
milieu neutre (eau douce) qui reste saine, comme s’est indiqué dans la figure V.15.
On peut constater l’effet des sulfates sur les différents types d’échantillons de mortiers
qui affichent de nombreuses fissures au niveau des coins, et des pertes en matériaux sur les
surfaces et les bords. Tandis que la partie des mortiers exposée au sulfate de magnésium
prend une couleur blanchâtre avec présence des fissures dans les coins et les arêtes et avec des
écaillages d’où des pertes en poids sur les surfaces des matériaux (Figure V.15).
i ii iii
i iii
Figure V.15- L’état des éprouvettes des mortiers PET0 après 8 mois d’immersion dans différents milieux.
(i) Na2SO4, (ii) Eau douce, (iii) MgSO4.
A partir de ces résultats, on constate l’effet bénéfique de l’ajout du polytéréphtalate
d’éthylène sur la résistivité à l’agressivité des composites immergés dans une solution de 5 %
de sulfate de sodium et de magnésium. Par conséquent, de tels mortiers modifiés peuvent être
recommandés comme des matériaux efficaces pour empêcher la dégradation par les sulfates et
de réparer les diverses structures en béton qui se trouvent dans des milieux d’eaux chargées
par des ions SO42-.
228
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Sulfates) Chapitre V
Afin d'arriver à des conclusions pratiquement exploitables, il a été nécessaire de
réaliser des essais d'analyse microstructurale. Dans ce but, l’identification des phases
cristallines formées dans les matériaux ayant subit une attaque chimique ont été suivi par
diffraction des rayons X, microscope MEB avec l’association de l’analyse dispersive EDS
(EDXA), la spectroscopie infrarouge (IRTF) et la calorimétrie différentielle à balayage DSC.
V.5. Caractérisation microstructurale de l’attaque superficielle de mortier et/ou composite mortier-polymère par les sulfates 5.1. Diffraction X de l’attaque sulfatique
Les analyses par diffraction X des surfaces des mortiers et/ou composites mortier-
polymère soumises à une attaque par les sulfates Na2SO4 et MgSO4 ont permis d’identifier et
de positionner les différentes phases cristallines rencontrées sur l’épaisseur du matériau altéré.
La couche des cristaux formés sur la surface de l’échantillon est analysée, après avoir subit un
grattage sur une épaisseur de quelques dixièmes de millimètres et un broyage pour obtenir une
fine poudre du liant des mortiers.
L’analyse de la pâte de ciment hydraté par DRX [17] n’est pas une chose simple, car
le produit majeur d’hydratation est le CSH qui se présente sous forme d’un gel plus ou moins
bien cristallisé difficilement identifiable sur un spectre DRX. En fait, le CSH est caractérisé
sur un spectre DRX par une large bosse située entre 28 et 35° 2Ө, là même où se situent la
plupart des pics de silicates anhydres (C2S et C3S). Ainsi la pâte de ciment est souvent
caractérisée par ses hydrates mieux cristallisés que sont l’ettringite et la portlandite.
L’analyse comparative des spectres DRX obtenus pour les mortiers et/ou composites
mortier-polymère aux mêmes échéances n’indique pas qu’il y ait des différences significatives
sur la nature des espèces cristallines qui composent le liant des matériaux : on trouve,
systématiquement, presque les mêmes pics de diffractions, à toutes les teneurs. Pour illustrer
ce résultat, on reporte à la figure II.19 (chapitre 2) la superposition du spectre du mortier
contrôle CPJ28j (PET0), et celui du composite PET7.528j.
Donc, on s’intéresse pour la suite des analyses DRX au mortier de contrôle PET0
contre les différentes attaques sulfatiques.
Les figures V.16-17 représentent les analyses DRX réalisées sur mortier non modifié
PET0 après conservation dans l’eau douce, une solution de 5% Na2SO4 et 5% de MgSO4.
229
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Sulfates) Chapitre V
2Theta4.0 8.0 12.0 16.0 20.0 24.0 28.0 32.0 36.0
100.0
200.0
300.0
400.0
500.0
Abs
olut
e In
tens
ityHASB1 (Range 1)HASB2 (Range 1)HASB3 (Range 1)
E: Etringite Ca6Al2(SO4)3(OH)12.26H2O T: Thaumasite Ca3SiO4CO3(OH)12.12H2O Br: Brucite (Mg (OH)2) G: Gypse (CaSO4 2H2O) P: Portlandite Ca(OH)2
C: Calcite CaCO3
C
C C G G GE Br E T
E/T
P
Figure IV.16- Superposition des spectres DRX du composite PET0 conservé dans l’eau douce ( ), 5% Na2SO4 ( ) et 5% MgSO4 ( ) à l’âge de 90 jours.
Le résultat de l’analyse DRX du mortier non modifié PET0 avant et après attaque par
une solution de 5% de sulfate de sodium à 90 jours, montré par la figure V.16, confirme la
présence de produits expansifs tels que gypse, l’ettringite secondaire et la thaumasite. Nos
résultats corroborent l’étude faite par Irassar et al. [67] qui prouve la formation de la
thaumasite à 20 ± 2°C, après la décomposition de la première forme d’ettringite, dans les
ciments à base de filler calcaire exposés à la solution de Na2SO4 à 5%. La formation de la
thaumasite n’est pas limitée seulement aux basses températures [67].
D’après cette même figure V.16, on remarque la consommation d’une partie de la
portlandite par rapport au mortier conservé à l’eau douce. Les raies de la portlandite sont
beaucoup moins importantes, à l’angle de 18.09° 2Ө.
Les figures V.16-17 présentent le spectre DRX du mortier PET0 ayant subi une
attaque de sulfate de magnésium. Ce spectre est identique au spectre de l’attaque par Na2SO4,
avec quelques changements au niveau de l’intensité des raies de phases hydratées, et
l’apparition de la brucite Mg(OH)2. Ce produit ne s’est pas formé dans le cas de l’attaque par
la solution de 5 % Na2SO4.
Les phases cristallines présentes en surfaces (Figures V.16-17) sont :
− Ca6Al2(SO4)3(OH)12.26H2O : Ettringite (le pic majeur à 9,73° 2Ө; 15.75°, 32.25°);
− Ca3SiO4CO3(OH)12.12H2O : Thaumasite (à 9.2°, 15.9°, 18.5°, 19.3°, 23.3°, 25.1°,
26.0° , 32.98 2Ө);
230
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Sulfates) Chapitre V
− Mg(OH)2 : Brucite (elle apparaît aux fentes : 38.02°, 18.59°, 50.86°, 58.64°, 62.08°,
68.26°, 72.03°, 81.26° 2Ө seulement dans le cas de l’attaque MgSO4).
− CaSO4. 2H2O : Formation du gypse (les pics du gypse sont plus importantes à des
fentes de 11.59°, 20.72°, 29.11°, 31.10°, 33.34°, 43.34°, 23.40° et 47.84° 2Ө);
− Ca(OH)2 : La consommation de la portlandite par les solutions agressives, d’où
disparition de son pic majeur à 2 Ө = 18° - 18.1° ;
− CaCO3 : Calcite (le pic majeur à 29,41° 2Ө).
2Theta10.0 20.0 30.0 40.0 50.0 60.00.0
50.0
100.0
150.0
200.0
250.0
300.0
350.0
400.0
Abs
olut
e In
tens
ity
EXTZ1 (Range 1)EXTS5 (Range 1)EXTS6 (Range 1)
E : Etringite Ca6Al2(SO4)3(OH)12.26H2O T: Thaumasite Ca3SiO4CO3(OH)12.12H2O Br: Brucite (Mg (OH)2) G: Gypse (CaSO4 2H2O) P: Portlandite Ca(OH)2
C: Calcite CaCO3
C
G
G G
G C G G GBr
CE/T ET Br
P P P
Figure IV.17- Superposition des spectres DRX du composite PET0 conservé dans l’eau
douce ( ), 5% Na2SO4 ( ) et 5% MgSO4 ( ) à l’âge de 8 mois.
La superposition des trois spectres DRX du mortier non modifié PET0 immergé dans
les solutions de 5% MgSO4, 5% Na2SO4 et l’eau douce pendant 8 mois (Figure V.17), montre
l’effet différent de chaque sulfate sur le mortier témoin. Les solutions sulfatiques modifient
les cristaux des mortiers en eau douce, par la disparition des uns et l’apparition de nouvelles
phases minérales avec, en plus, de forte présence des différents produits expansifs comparés
aux ceux présent à l’age de 90 jours (Figure V.16). On remarque aussi la consommation d’une
partie de la portlandite par rapport au mortier conservé à l’eau douce. Les raies de la
portlandite sont beaucoup moins importantes, aux angles de 18.09°, 34.09° et 47.12° 2Ө.
231
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Sulfates) Chapitre V
5.2. Etude de la microstructure des mortiers par le MEB/EDS
Le microscope électronique à balayage avec l'association de l’analyse aux rayons X
par dispersion d’énergie EDS (EDXA) est efficace pour l’identification de la microstructure
de surface de mortier ou composite attaqué par un milieu sulfatique Na2SO4 et MgSO4 à 5%.
L'introduction d'un ajout dans un ciment influe sur plusieurs caractéristiques de la pâte
fraîche [32] et, notamment sur:
• La structure de la pâte au contact des granulats,
• La vitesse de prise,
• La nature et la cinétique des réactions d'hydratation.
Les formations superficielles sur les échantillons sont observées au MEB, les plus
représentatives sont portées sur les figures V.18-26. Elles sont grattées et réduite en poudre
pour être analysées par diffraction X (paragraphe précédent).
L’objectif de cette analyse est de visualiser les détails de la microstructure, tels que la
morphologie des phases hydratées (silicates de calcium hydratés CSH, portlandite, ettringite,
thaumasite, brucite, gypse, etc.) après attaque par la solution sulfatique. Les hydrates présents
dans la microstructure sont des silicates de calcium CSH. Ils se présentent sous forme d’amas
granuleux dans le mortier (Figure V.19).
L’ettringite cristallise sous forme d’aiguilles à base hexagonale (Figures V.18-19). La
portlandite est un composé défini qui cristallise sous forme de plaquettes hexagonales qui
peuvent atteindre une taille de quelques micromètres. Dans notre cas, elle disparaît avec l’age
car elle sera attaquée par la solution sulfatique. La portlandite se développe dans l’espace libre
entre les grains de ciment, plus préférentiellement autour des granulats dans le cas des
mortiers ou de bétons. Le développement des autres hydrates finit d’enrober la portlandite qui
se trouve finalement confinée dans le gel CSH.
La croissance des cristaux de portlandite dépend des propriétés rhéologiques de la
pâte. Si sa rigidité est précoce ou si le temps de prise est bref, les possibilités de
développement des cristaux sont faibles, l’orientation est peu importante. Au contraire, si le
temps de prise est long, les cristaux de portlandite peuvent se développer à plat sur le granulat
dont la surface est libre. L’orientation est alors importante.
Au fur et à mesure de l’avancement des réactions d’hydratation, les cristaux
d’ettringite et de portlandite se croissent et il y a une compétition entre les deux (Figure
V.19). En effet, grâce à l’attaque sulfatique il y’a disparition de la portlandite, formation
232
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Sulfates) Chapitre V
d’avantage de l’ettringite secondaire et de la thaumasite (Figure V.20) avec le temps (Figure
V.21).
Dans les bains sulfatiques, les formations blanchâtres de cristaux en aiguilles de
sections hexagonales piquées sur la surface sont constitués, après examen au MEB/EDAX
(Figure V.22), de gypse (CaSO4,2H2O) ce constat peut être observé par DRX du mortier
considéré (figure V.17).
Des prélèvements au niveau de la zone proche du mortier mettent en évidence un front
exclusif d’ettringite (Ca6Al2[(OH)4SO4]3.26H2O) (Figure V.18). Ici, la quantité d’ettringite est
nettement plus importante qu’au cœur de l’éprouvette lieu où seule l’ettringite primaire est
présente. Ce front ettringitique est donc constitué de l’ettringite primaire formé lors de la prise
du ciment et de l’ettringite formée par sulfatation de la chaux et des silicates de chaux dans le
bain. Ceci est confirmé par DRX.
La formation de l’ettringite conduit au gonflement de l’éprouvette d’où apparition de
fissuration (Figure V.23) et par conséquent une altération. Un échantillon d’un mortier ayant
subi une attaque par le magnésium, montrant les C(Mg)-S-H qui sont présentés dans la figure
V.24.
Il est évident que la réaction entre les sulfates ou les ions magnésium et l’hydroxyde
de calcium (portlandite) conduit à la formation d’une double couche constituée par la brucite
et le gypse. Le spectre EDS au point ‘A’ de la figure V.25, présente les signaux du
magnésium (intense) et l’oxygène ainsi qu’en Calcium et du soufre d’où la présence de la
brucite (Mg(OH)2) et du gypse respectivement. Suivant la réaction suivante on a :
Ca (OH) 2+ MgSO4 + 2H2O → Mg (OH) 2 + CaSO4.2 H2O
On peut expliquer l’observation de l’ettringite massive, par sa formation au contact
d’un site réactif en milieu confiné fortement sursaturé. Pression de cristallisation élevée,
développement de contraintes localisées et par la suite on a la fissuration du matériau par
« effet de coin » (Figure V.26). Ces données sont en accord avec certains travaux de
recherches [53].
233
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Sulfates) Chapitre V
Figure V.18- Observation au MEB des cristaux d’ettringite secondaire. Mortier non modifié immergé dans 5% Na2SO4 (PET0). (5000X).
Figure V.19- Observation des cristaux d’ettringite au MEB. PET0 dans 5% Na2SO4. (5000X). E : ettringite secondaire; P : portlandite; Gel CSH.
Figure V.20- Formation de la thaumasite en baguettes trapues. PET7.5 en milieu sulfaté MgSO4 (3000X).
Figure V.21- Observation au MEB et analyse au spectrométrie à dispersion d’énergie (EDS) des cristaux déposés dans la pâte du mortier dégradé: Formation du gypse (G) ; la présence de Ca, S, Al, Si et O correspond à la solution solide de l’ettringite (E) et de la thaumasite (T).
Mortier non modifié immergé dans 5% Na2SO4 (PET0), (2000X).
E
P CSH5 µm 5 µm
10µm
G
G
E/T
234
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Sulfates) Chapitre V
Figure V.22- Les analyses MEB et EDS des cristaux de gypse: signale intense en calcium, oxygène et soufre. Mortier non modifié immergé dans 5% Na2SO4 (PET0), (3700X).
Figure V. 23- Observation au MEB de la microfissuration dans la pâte du mortier durcie due à l’attaque par 5% Na2SO4 (PET0), (4000X).
Figure V.24- Micrographe d’une pâte de mortier dégradée par la réaction avec le magnésium MgSO4 (1000X).
O
235
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Sulfates) Chapitre V
Figure V.25- Analyse au spectrométrie à dispersion d’énergie (EDS) et MEB des cristaux déposés dans la pâte du mortier dégradé: la présence des signaux du Mg (intense) et O ainsi qu’en Ca et du soufre correspond à la double couche formé par la brucite (Mg(OH)2) et le
gypse respectivement. Mortier non modifié immergé dans 5% MgSO4 (PET0). (1600X).
Figure V.26- Observation au MEB de la surface exposée au sulfate MgSO4 des échantillons PET0. Formation d’ettringite massive (expansive) « dite mal cristallisée » en milieu confiné
avec des fissures dans la pâte durcie. (1600X).
A
E
5.3. Etude de la microstructure des mortiers par IRTF
La technique de spectroscopie IR est souvent utilisée comme outil de base pour la
caractérisation physico-chimique des matériaux organiques. Mais dès qu’il s’agit d’élucider la
structure d’une espèce minérale, nous avons peu de spectres de référence à notre disposition.
C’est pour cela, que d’autres techniques (analyse thermique, diffractométrie des rayons X,
etc.) viennent en aide pour donner davantage d’informations. Néanmoins, quelques études
portant sur les identifications des minéraux [68-71] et l’étude de leur structure [72,73] ont été
menées. Certains travaux de recherche décrivent l’utilisation de l’IRTF en mode transmission
(mode traditionnel de l’analyse infrarouge) appliquée à l’analyse des ciments [68,70] et seul
un travail assez complet, réalisé en mode réflexion diffuse dans le moyen infrarouge a pu
analyser qualitativement et quantitativement les ciments [74].
236
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Sulfates) Chapitre V
Les radiations infrarouges [75] facilitent les transitions entre niveau d’énergie de
vibration des liaisons atomiques. Ces transitions s’accompagnent de l’absorption d’une partie
du rayonnement. Les fréquences de résonance des liaisons dépendent des atomes mis en jeu et
de l’édifice atomique auquel ils appartiennent. Actuellement, l’analyse par IRTF semble être
utilisée pour suivre le comportement des ciments dans des conditions particulières [76-80].
Position du pic (cm-1)
Groupement chimique
Composé associé
Milieu
Eau douce
Milieu Na2SO4
Milieu MgSO4
∼ 3640 H2O, OH, liaisons
hydrogènes Gypse, CSH ++ + +
∼ 3640 H2O, OH, liaisons
hydrogènes
hydrate héxagonal portlandite
++ --- ---
3424-3452 H2O, OH AFm, AFt + ++ ++
1640-1653 H2O, OH + + +
1424-1430 ν C-O CaCO3
(Calcite) + + +
872-875 ν C-O CaCO3
(Calcite) + + +
710-713 ν C-O CaCO3
(Calcite) + + +
∼ 970-1025 ν Si-O Vibrations des CSH
+ + +
∼1102-1118 δ S-O (sulfates)
Ettringite secondaire 0 +++ +++ Attaques
sulfatiques ∼ 602-610 δ S-O (sulfates)
Ettringite secondaire 0 +++ +++
2982 ν C-O CaCO3
(Calcite) + + +
2872 ν C-O CaCO3
(Calcite) + + +
∼ 2515 ν C-O CaCO3
(Calcite) + + +
Bandes
d’harmoniques
∼ 1798 ν C-O CaCO3
(Calcite) + + +
Tableau V.3- Attribution des bandes infrarouges d’un Mortier ou composite avant et après attaque par les solutions
sulfatiques Na2SO4 et MgSO4 (âge : 180 jours).
AFt: C(A,F).3CaSO4.32H2O; AFm: C3A.3CaSO4.12H2O ; + : présence d’élément ; --- : consommation élevée d’élément ; 0 : absence d’élément.
237
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Sulfates) Chapitre V
Les spectres infrarouges des mortiers modifiés ou pas par le polymère PET, avant et
après immersion dans les solutions sulfatiques Na2SO4 et MgSO4 à 5% pendant 6 mois sont
exhibés par la figure V.27. Les spectres IR ont quelques dissemblances claires indiquant qu’il
y a des différences dans la composition des échantillons.
L’observation principale due à l’attaque sulfatique ce sont les bandes vers ∼1102-1118
cm-1 et ∼ 602-610 cm-1 qui sont présentes pour les mortiers attaqués, mais qui ne sont pas
avéré pour les matériaux en eau douce (Figures V.27-28, Tableau V.3). Ces bandes sont
associées à la vibration de déformation δ S-O des sulfates d’où la présence de l’ettringite
secondaire qui peut causer l’expansion et par suite la détérioration du matériau exposé au
sulfate.
Á cause de, due à l’attaque sulfatique il y’a disparition de la bande d’absorption vers
∼3640 cm-1 qui caractérise la portlandite et on a formation d’avantage de l’ettringite
secondaire (Figure V.28, Tableau V.3).
Les autres bandes observées peuvent être attribué aux ions de carbonate et de silicate
ou à des molécules d'eau, comme c’est récapitulé dans le tableau V.3.
∼610
cm
-1
Figure V. 27- Spectres Infrarouges du composite PET0 après 180 jours d’immersion en Na2SO4 ( ) et MgSO4 ( ) à 5%.
238
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Sulfates) Chapitre V
Figure V. 28- Superposition des Spectres Infrarouges du composite PET0 conservé dans
l’eau douce ( ), 5% Na2SO4 ( ) et 5% MgSO4 ( ) à l’âge de 180 jours.
5.4. Etude de la microstructure des mortiers par DSC
Pour le diagnostique des mortiers on essaye de suivre l’évolution des phases solides
caractéristiques de ces derniers avant et après immersion dans les solutions corrosives
sulfatiques Na2SO4 et MgSO4. Une autre technique complémentaire a été utilisée dans cette
étude qui est l’analyse calorimétrique différentielle à balayage (DSC).
Des travaux de recherche [81-84] basés sur les méthodes d’analyses thermiques
comme la DSC, ATD et ATG ont pu identifier les produits expansifs tels que l’ettringite, le
gypse et la thaumasite.
Une prise d’essai du mortier a été analysée suivant un chauffage linéaire depuis la
température ambiante jusqu’à ∼550°C avec une vitesse de 10°C/min.
La figure V.29 montre la courbe DSC du mortier mûri sous l’eau douce pendant 180
jours, il est intéressant d’observer que cette courbe montre une hydratation très avancée et sur
laquelle, on peut identifier les phases ayant provoqué des pics généralement endothermiques,
par la température maximale de ces pics par exemple :
239
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Sulfates) Chapitre V
Milieu Témoin, eau douce (Figure V.29):
- 100-200 °C : différents stage de déshydratation des C-S-H,
- 225-230 °C : Aluminate de calcium hydraté,
- 450-550 °C : Décomposition de la Portlandite Ca(OH)2 .
0 100 200 300 400 500 600
-10
-8
-6
-4
-2
0
-10
-8
-6
-4
-2
0exo
Température /°C
DSC
/(uV
/mg)
Milieu Témoin (eau)
Figure V. 29- nservé dans La courbe DSC d’un composite co
l’eau douce à l’âge de 180 jours. Le résultat de l’analyse DSC du mortier avant et après attaque par une solution de 5%
de sulfate de sodium, (figure V.30), confirme une forte présence de produits expansifs tels
que le gypse, l’ettringite secondaire et la thaumasite. D’après cette même figure, on remarque
la consommation d’une partie de la portlandite par rapport au mortier conservé à l’eau douce.
Le signal de la portlandite est beaucoup moins important, (∼450-550°C). On peut identifier
les phases ayant provoqué des pics généralement endothermiques correspondant au
phénomène de fusion:
Milieu sulfaté, Na2SO4 à 5% (Figure V.30):
- 123.4 °C : Thaumasite Ca [Si(OH)6 2 2 4 2
- 138.1 °C : Ettringite Ca [Al(OH) ] (SO ) .26H O,
6] (CO3) (SO ) .24H2O,
6 6 2
-4 3 2
- C : diminution de l’intensité du pic de la portlandite due aux attaques par les
sulfates.
153.3 °C : Gypse (CaSO4. 2H2O),
- 207.1 °C : Monocarboaluminate de calcium hydraté,
450-550 °
240
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Sulfates) Chapitre V
0 100 200 300 400 500 600-32
-28
-24
-20
-16
-12
-8
-4
0
-32
-28
-24
-20
-16
-12
-8
-4
0
exo
Température /°C
DSC
/(uV
/mg)
Milieu Témoin (eau) Milieu Na2SO4
Figure é dans l’eau douce ( ) et 5% Na2 4 ( ) à l’âge de 180 jours.
oduit ne s’est pas formé dans le
cas de l’attaque par la solution de 5% Na2SO4. Ainsi, on a :
O4)2.24H2O,
2 (SO4)3.26H2O,
),
- 450-550 °C : Consommation de la portlandite due aux attaques par les sulfates.
V. 30- Superposition des courbes DSC d’un composite conservSO
La figure V.31 présente les courbes DSC du mortier en milieu témoin ayant subi une
attaque de sulfate de magnésium MgSO4. Le spectre DSC présente des pics endothermiques
des différentes phases qui sont identiques à celles formées lors de l’attaque chimique en
milieu Na2SO4 (figure V.30), avec quelques changements au niveau de l’intensité des raies de
phases hydratées, et apparition de la brucite Mg(OH)2. Ce pr
Milieu sulfaté, MgSO4 à 5% (Figure V.31):
- ∼118-120. °C : Thaumasite-Ca6[Si(OH)6]2 (CO3)2 (S
- 136.5 °C : Ettringite-Ca6[Al(OH)6]
- 155.3 °C : Gypse (CaSO4. 2H2O
- 426.2 °C : Brucite (Mg(OH)2),
241
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Sulfates) Chapitre V
0 100 200 300 400 500 600
-10
-8
-6
-4
-2
0
-10
-8
-6
-4
-2
0exo
DS
C /(
uV/m
g)
Température /°C
Milieu Témoin (eau) Milieu MgSO4
Figure V. 31- Superposition des courbes DSC d’un composite conservé dans l’eau douce ( ) et 5% MgSO4 ( ) à l’âge de 180 jours.
Nos résultats obtenus par l’analyse calorimétrique différentielle à balayage (DSC) des
différents échantillons avant et après attaque par les solutions corrosives, corroborent ceux
obtenus par Nehdi et al. [81] et Lee et al. [83].
Conclusion A la faveur de ce qui précède, on a pu tirer les conclusions suivantes :
− L’étude de la durabilité a permis de montrer l’effet bénéfique de l’ajout du
polytéréphtalate d’éthylène comme ajout dans la matrice cimentaire. En général, les
composites contenant du polymère PET développe une résistance différente à celle du
mortier nom modifié contre l’attaque chimique par les sulfates Na2SO4 et MgSO4.
Ainsi, la réduction de la pénétration des ions sulfates SO42- dans les composites réduits
le facteur de dégradation des diverses structures en béton, ce qui est de grande
importance pratique.
− D’après l’essai de sorptivité, on constate que l’ajout du polymère PET a une grande
influence sur l’absorption des mortiers modifiés. L’ajout des additions organiques
réduit l’absorption des macropores, en diminuant la porosité de la pâte de ciment
durcie et la porosité près de la zone interfaciale de particule/matrice, en raison de la
liaison élevée entre l'additif en PET et la pâte de ciment.
− L’introduction de l’ajout du PET broyé, conduit à une densification de la matrice
cimentaire. La mouture des particules de PET, permet à ses grains de s’intercaler dans
242
Durabilité des matériaux composites Mortier-Polymère (Attaque par les Sulfates) Chapitre V
les macropores entre les granulats et les produits d’hydratation. Ce qui développe
l’adhérence granulat-matrice et par conséquent augmente la résistivité du mortier
modifié par PET vis-à-vis des attaques des milieux fortement agressifs (sulfates).
− Les méthodes d’analyse tels DRX, MEB/EDS, IRTF et DSC ont mis en évidence la
composition de la microstructure des phases cristallines les plus importantes en
l’occurrence l’ettringite, le gypse et la thaumasite qui peuvent provoquer l’altération
du matériau en milieu sulfatique.
243
Index bibliographique – Chapitres IV & V
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248
Conclusion générale
249
CONCLUSION GÉNÉRALE
L’objectif principal de cette étude était d’apporter une contribution à l’analyse du
comportement d’un composite Mortier-Polymère obtenu par mélange de sable, de ciment, de
l’eau et d’un ajout de polymère obtenu d’un broyage fin des déchets plastiques en
polytéréphtalate d’éthylène (PET) afin d’en optimiser la composition. Pour cela, il paraissait
naturel de vouloir mettre en œuvre des composites Mortier-Polymère de différentes teneurs en
PET afin de comparer leurs propriétés mécaniques. L’élaboration de ces matériaux a été
conçue dans le but de faciliter cette comparaison. Ensuite, l’étude de la résistance de ces
mortiers et/ou composites modifiés par PET vis-à-vis de différents milieux agressifs (acides,
base, ions chlores et sulfates) a été réalisé pour mieux mettre en évidence l’influence du
polymère sur la durabilité de ces mortiers.
Ce travail a nécessité la mise en œuvre de nombreuses techniques expérimentales dont
les résultats ont permis de clarifier le cadre de nos comparaisons. On a par ailleurs entrepris
une étude microstructurale visant à préciser l’agencement de la phase polymère au sein du
liant minéral, par l’observation aux MEB et microscope optique d’échantillons de composites.
La connaissance de la microstructure de nos matériaux paraissait un préalable indispensable à
la cohérence de notre démarche; cela a apporté de nombreux résultats complémentaires,
ouvrant probablement la perspective à de nouveaux travaux.
L’exploitation de nos résultats a permis d’aboutir aux conclusions suivantes :
- Les composants minéraux et polymères dans le liant du mortier, influencent chacun
de manière spécifique les propriétés du matériau durci.
- L’incorporation du PET dans le ciment permet de valoriser ce polymère comme
déchets. Il améliore les propriétés mécaniques en flexion des composites et favorise une
interaction physique lors de son ajout dans les matériaux polyphasés, on attribue la valeur
optimale au composite PET2.5. Ce qui leur donne un intérêt à la fois économique et
écologique.
- Les analyses IRTF et DRX indiquent que la composition par phase du mortier et des
composites est identique ; il n’y a pas donc d’interaction chimique entre les espèces minérales
et le polymère.
Conclusion générale
250
- L’analyse par MEB a permis de visualiser la morphologie des phases hydratées tels
que les silicates de calcium hydratés CSH, la portlandite, l’ettringite, et l’agencement de la
phase polymère PET. De plus, la microscopie optique a montré qu’il y a une adhérence entre
particule en PET et matrice cimentaire. Ce qui permet d'améliorer la résistance du matériau et
sa durabilité.
- L’effet de l’ajout du PET influe fortement sur les courbes d’analyse thermique ATD
et ATG. La teneur en hydroxyde de calcium Ca(OH)2 diminue avec le taux de substitution de
ciment par le polytéréphtalate d’éthylène et on a une augmentation de la température de
déshydratation (TCH). La perte de masse des phases de carbonate de calcium CaCO3 diminue
dans les composites, mesurées par ATG.
- La perte en poids des composites Mortier-Polymère immergés dans les solutions HCl
à 0.5%, 1%, 1.5%, 5% et CH3COOH à 5% est inférieure à ceux du mortier non modifié, ce
qui indique que l’ajout du polymère offre une meilleure protection contre l’attaque des
mortiers par ces acides.
- Les résistances chimiques ou mécaniques des matériaux polyphasés sont plus ou
moins affectées par la concentration et par la nature des acides suivant l’ordre des séquences
suivantes :
HCl > H2SO4 > CH3COOH (5%)
HCl (1.5%) > (HCl 1%) > HCl (0.5%).
- Les milieux basiques (NaOH) ne constituent aucun danger pour les matériaux
polyphasés.
- La substitution de PET dans un ciment Portland composé reflète une consistance
normale qui augmente proportionnellement avec le pourcentage d’ajout et une augmentation
du temps de prise est observée pour des raisons d’origine physico-chimique. Par contre, une
diminution de la densité est remarquée à cause de la faible densité du PET.
- La valeur de sorptivité diminue avec l'augmentation du taux en masse des particules
en PET. Ces additifs tendent à limiter la propagation de l'eau et réduire son absorption, ce qui
offre une meilleure protection aux structures renforcées en acier contre la corrosion et
particulièrement à la pénétration des ions de chlorure.
- La quantité totale de charge en coulomb (RCPT), la profondeur de pénétration des
ions chlorures (Cl-) et le coefficient apparent de la diffusion en ions chlores (FIT) des
composites Mortier-Polymère sont inférieurs à ceux du mortier non modifié, et tendent
généralement à diminuer avec l’augmentation du rapport de Polymère-Ciment. Ainsi, la
Conclusion générale
251
réduction de la pénétration des ions Cl- dans les composites réduit le potentiel de corrosion
des structures renforcées.
- Les composites en PET développent une résistance différente à celle du mortier non
modifié contre l’attaque sulfatique. Ils améliorent la résistivité des matériaux cimentaires vis-
à-vis des agressions chimiques des sulfates.
- La réduction de la pénétration des ions sulfates SO42- dans les composites réduit le
facteur de dégradation de diverses structures en béton, ce qui est de grande importance
pratique.
- L’augmentation de la résistance chimique des composites est attribuée à l’apport du
PET comme substituant au ciment. Il se manifeste par une diminution de la porosité de la
pâte de ciment durci et une réduction de celle-ci près de la zone interfaciale de
particule/matrice, en raison de l’adhérence élevée entre l'additif en PET et la pâte de ciment
empêchant ainsi la pénétration des agents agressifs (acides, Cl-, SO42-, Mg2+). De plus, par
l’imperméabilité de ces granulats qui bloquent le passage ou la pénétration des différents ions
agressifs.
- Les méthodes d’analyse telles que DRX, IRTF, MEB/EDS, ATD, ATG et DSC ont
permis de caractériser la composition de la microstructure des phases cristallines formées et
disparues tels que les produits d’hydratations et les différents sels calcique : le chlorure de
calcium CaCl2.4H2O, le gypse CaSO4.2H2O, l’acétate de calcium Ca(CH3COO)2.H2O, sel de
Friedel 3CaO.Al2O3.CaCl2.10H2O, les produit expansifs sulfatiques à savoir l’ettringite
secondaire, la thaumasite et la brucite qui peuvent provoquer l’altération du matériau en
milieu agressif.
- Ces nouveaux composites semblent offrir un matériau à faible coût avec des
propriétés cohérentes, par ailleurs, ils aideraient à résoudre certains problèmes de déchets
solides créés par la production des plastiques et pourraient être un facteur d'économie
d'énergie.
- En perspectives, il est intéressant de continuer l’étude de la durabilité des composites
Mortier-Polymère par d’autres attaques telles que l’attaque alcaline, la carbonatation, la
corrosion ainsi que l’étude des caractéristiques thermiques. Voir aussi une autre étude portant
sur l’utilisation de granulats en PET comme agrégat de substitution au sable pour
l’élaboration des bétons léger.
Méthodes d’analyse et de Caractérisation
- en alumine, rampe de température :
jusqu’à 1000-1100 °C).
Chapitre III :
- 710,
- s-Sénia Oran, (Pour l'IR, il
-
− Techniques D’analyses :
La caractérisation de nos matériaux est basée sur les différentes techniques d’analyses
telles que la diffraction des rayons X, la spectrométrie IRTF, la microscopie électronique
MEB avec l’association de l’analyse dispersive EDS, la microscopie optique, les analyses
thermiques ATD, ATG et DSC disponibles dans les laboratoires suivants :
Chapitre II :
- Laboratoire de chimie des matériaux, IGMOran, (un diffractomètre Philips PW 1710,
utilisant une anticathode de cuivre (Cu-Kα) de longueur d’onde λ = 1,5406 A°).
- En spectroscopie infrarouge, l’analyse des échantillons est effectuée sur pastille KBr à
une concentration de 1% par un spectromètre infrarouge FTIR-8300 Shimadzu,
disponible à l’Université de Djillali Liabes (Sidi Belabbes), Laboratoire de Chimie
Organique Physique et Macromoléculaire.
- Laboratoire de Microscopie Electronique et des Sciences des Matériaux, Université
d’USTOran, un microscope électronique à balayage, type HITACHI S2500 C.
- Un microscope optique, type Keyence VH-5911 commandé par un logiciel
Microvision, disponible au Laboratoire Matériaux et durabilité des constructions
LMDC, INSA de Toulouse, France.
- Laboratoire de chimie des polymères LCP, Université d’Es-Sénia Oran, (il s'agit d’un
analyseur Thermogravimétrique (ATG) simple d'utilisation (ambiante à 1600°C) -
Labsys TGA par SETARAM, rampe de température : montée 10°C/mn jusqu’à 1000-
1100 °C sous flux He).
Le Laboratoire des Matériaux LABMAT d’ENSET Oran; (un appareil ATD, type
Linseis marque DTA L62, porte échantillon
montée 10°C/mn
Laboratoire de chimie des matériaux, IGMOran, (un diffractomètre Philips PW 1
utilisant une anticathode de cuivre (Cu-Kα) de longueur d’onde λ = 1,5406 A°).
Laboratoire de chimie des polymères LCP, Université d’E
s'agit d'un dispositif Mattson de type GENESIS II FTIR).
Le Laboratoire Universitaire des Sciences Appliquées de Cherbourg, LUSAC EA
2607, Cherbourg Octeville, Université de Caen Basse Normandie; France,
252
Méthodes d’analyse et de Caractérisation
antillon en alumine, rampe de
- versité
icroscope électronique à balayage, type HITACHI S2500 C.
- tec de type X Flash
- 710,
cathode de cuivre (Cu-Kα) de longueur d’onde λ = 1,5406 A°).
- 710,
- ètre
- LMDC, INSA de Toulouse,
500 C.
- aboratoire de l’Environnement et de Climatologie, Université d’Es-Sénia (Oran), (un
ppareil Calorimétrie différentielle programmée DSC type 200 TC).
(Diffractomètre à rayons X, type Siemens D5005 (Brűcker) [anticathode de cuivre
(Cu-Kα) de longueur d’onde λ = 1,54056 A°]), Analyse thermique simultanée : un
appareil ATG/ATD 92 de Setaram, porte éch
température : montée 20K/mn jusqu’à 1200 °C).
Laboratoire de Microscopie Electronique et des Sciences des Matériaux, Uni
d’USTOran, un m
Chapitre IV :
Laboratoire LMDC, Université de Toulouse, France, (DRX est un D5000 de Siemens
avec une lampe au Cobalt. Pour l'EDS, il s'agit d'un dispositif Ron
detector 1106 et le MEB d'un dispositif JEOL de type JSM-6380).
Laboratoire de chimie des matériaux, IGMOran, (un diffractomètre Philips PW 1
utilisant une anti
Chapitre V :
Laboratoire de chimie des matériaux, IGMOran, (un diffractomètre Philips PW 1
utilisant une anticathode de cuivre (Cu-Kα) de longueur d’onde λ = 1,5406 A°).
Laboratoire de Chimie Organique, Université d’Es-Sénia, Oran, (spectrom
Infrarouge FT/IR-4200 Type A, Photometric).
Laboratoire Matériaux et durabilité des constructions
France, (Pour l'EDS, il s'agit d'un dispositif Rontec de type X Flash detector 1106 et le
MEB d'un dispositif JEOL de type JSM-6380).
- Laboratoire de Microscopie Electronique et des Sciences des Matériaux, Université
USTOran, un microscope électronique à balayage, type HITACHI S2
L
a
253
Publications et Communications
i
• Publications et communications en rapport avec la thèse :
i- Publications internationales :
1- A.S. Benosman, H. Taibi, M. Mouli, M. Belbachir, « Application of Infrared Fourier Transform (IRTF) Spectrometry for Characterizing Anhydrous Cement and the Hydration of Polymer-Mortar Composites », Phys. Chem. News (PCN), 26, pp. 109-117, Nov. 2005. 2- A.S. Benosman, H. Taibi, M. Mouli, M. Belbachir, Y. Senhadji, «Diffusion of Chloride Ions in Polymer-Mortar Composites (PET) », Journal of Applied Polymer Science, Volume 110, Issue 3, Pages1600 – 1605, Copyright © 2008 Wiley Periodicals, Inc., A Wiley Company.
ii- Publications nationales : 1- A.S. Benosman, H. Taibi, M. Mouli, M. Belbachir, « Valorisation de la spectrométrie infrarouge (IRTF) pour l’analyse qualitative de composés des ciments, argiles et des mélanges ciment/argile », Revue technologique, scientifique et linguistique, Communication Science & Technologie COST, (ISSN 1112-5178), n°3, pp.37-47, Déc. 2004. 2- A.S. Benosman, H. Taibi, M. Mouli, M. Belbachir, « La diffraction des rayons X: une méthode intéressante pour la caractérisation de composés du ciment anhydre, argile naturelle et des mélanges ciment anhydre/argile naturelle », Revue technologique, scientifique et linguistique, Communication Science & Technologie COST, (ISSN 1112-5178), n°4, pp.23-30, Jan. 2006.
ii- Communications internationales :
1- A.S. Benosman, H. Taibi, M. Mouli, A. Ait Amer, M. Belbachir, « Etude des comportements mécaniques de composites mortier-polymère », In. IXéme Journées Maghrébines des Sciences des Matériaux, pp. 421-424, Oran, Es-Sénia, 8-10 Mai 2004. 2- A.S. Benosman, H. Taibi, M. Belbachir, « Analyse qualitative de composés modèles du ciment anhydre, argile naturelle et des mélanges ciment anhydre/argile naturelle par diffraction des rayons X », In. IXéme Journées Maghrébines des Sciences des Matériaux, pp. 353-356, Oran, Es-Sénia, 8-10 Mai 2004. 3- A.S. Benosman, H. Taibi, M. Mouli, M. Belbachir, « Elaboration et caractérisation de composites mortier-polymère », Congrès international Réhabilitation des Constructions et Développement Durable, T.2, pp.163-167, Alger, 3-4 mai 2005. 4- A.S. Benosman, H. Taibi, M. Mouli, M. Belbachir, Y. Senhadji, « Durabilité des matériaux polyphasés : attaques chimiques par différents milieux agressifs », Colloque Méditerranéen sur les Matériaux CMEDIMAT, 6-7 Déc. 2005. 5- A.S. Benosman, H. Taibi, M. Mouli, M. Belbachir, Y. Senhadji, « Les caractéristiques mécaniques et spectroscopiques des matériaux polyphasés : composites mortier-polymère », Colloque Méditerranéen sur les Matériaux CMEDIMAT, 6-7 Déc. 2005. 6- A.S. Benosman, H. Taibi, M. Mouli, M. Belbachir, Y. Senhadji, «Etude des matériaux polyphasés par différentes attaques chimiques», Xéme Journées Maghrébines des Sciences des Matériaux, Meknes (Maroc), 24-26 Novembre 2006. 7- A.S. Benosman, H. Taibi, M. Mouli, M. Belbachir, Y. Senhadji, «Etude des matériaux composites Mortier-Polymère en milieux sulfatiques», In. XIéme Journées Maghrébines des Sciences des Matériaux, p. 475, Mahdia (Tunis), 04-08 Novembre 2008. 8- A.S. Benosman, M. Mouli, H. Taibi, M. Belbachir, Y. Senhadji, I. Bahlouli, D. Houivet, « La Durabilité Des Matériaux Composites Mortier-Polymère En Milieux Agressifs », 1ST
Publications et Communications
ii
International Conference On Composite Materials And Structures CIMSC’09, Algeria-ORAN, November 08-10, 2009.
iii- Communications internationales :
- Avec article publié dans le Proceeding du 1st International Conference on Sustainable Built Environement Infrastructures in Developing Countries sous code N° ISSN 2170-0095 1- A.S. Benosman, M. Mouli, H. Taibi, M. Belbachir, Y. Senhadji, I. Bahlouli, D. Houivet, «Etude des Matériaux Composites Mortier-Polymère en Milieux Sulfatiques (Na2SO4, MgSO4) », SBEIDCO – 1st International Conference on Sustainable Built Environement Infrastructures in Developing Countries, Volume 1, pp.375-382, (ISSN 2170-0095), ENSET Oran (Algeria) - October 12-14, 2009. 2- A.S. Benosman, M. Mouli, H. Taibi, M. Belbachir, Y. Senhadji, I. Bahlouli, D. Houivet, «L’influence de l’ajout polymère sur la résistance des mortiers vis-à-vis d’une attaque chimique d’acide chlorhydrique », SBEIDCO – 1st International Conference on Sustainable Built Environement Infrastructures in Developing Countries, Volume 1, pp.383-390, (ISSN 2170-0095), ENSET Oran (Algeria) - October 12-14, 2009.
iv- Communications nationales : 1- A.S. Benosman, H. Taibi, M. Mouli, M. Belbachir, « Elaboration et caractérisation de composites mortier-polymère », Journées Nationales de Chimie (JNC), Oran, ENSET, 21-22 Nov. 2004. 2- A.S. Benosman, H. Taibi, M. Mouli, A. Ait Amer, M. Belbachir, « Etude du renforcement des mortiers par l’ajout des polymères (comportement mécanique) », Journées Scientifiques Nationales sur les matériaux (JSNM’04), Tizi-Ouzou, 29-30 Nov. 2004. 3- A.S. Benosman, H. Taibi, M. Mouli, M. Belbachir, « Le développement des matériaux polyphasés : étude des caractéristiques physico-chimiques et mécaniques des mortiers polymères », Premières Journées Nationales de Génie des Procédés, Oran, 3-4 Mai 2005. 4- A.S. Benosman, H. Taibi, M. Mouli, M. Belbachir, « Evaluation pratique de la compatibilité ciment-PET et étude de l’effet des polymères sur les propriétés des composites polyphasés », Workshop on Nanosciences & Nanotechnologies Nanotech’1, Oran, 13-14 Déc. 2005. 5- A.S. Benosman, H. Taibi, M. Mouli, M. Belbachir, Y. Senhadji, « Valorisation du PET dans l’élaboration des matériaux modifiés et leur étude en milieu acides », Séminaire National de la Gestion des Déchets SNGD 07, Oran, 29-30 Mai 2007. 6- A.S. Benosman, H. Taibi, M. Mouli, M. Belbachir, Y. Senhadji, « Résistance des composites Mortier-Polymère à la pénétration d’ions chlorure », Séminaire National de Génie Civil, Annaba, 20-21 Nov. 2007.
Nom de l’auteur : A. S. BENOSMAN
Titre : Performances Mécaniques et Durabilité des Matériaux Cimentaires Modifiéspar Ajout de Polymère (PET).
RésuméLe développement des composites Mortier-Polymère a pour origine certains besoins exprimés par lesprofessionnels du bâtiment et des travaux publics. Ces matériaux sont utilisés le plus souvent dansdes travaux de second œuvre tels les enduits de façades, les colles carrelages ou revêtementsd’étanchéité ; ils sont aussi utilisés dans le domaine des travaux publics comme produits de réparationd’ouvrages d’arts, et dans certaines applications routières. En définitive on cherche un matériau defaible coût, de mise en œuvre simple, et possédant une meilleure tenue en service par rapport à unmortier standard. Il doit posséder par ailleurs de bonnes propriétés d’adhésion ainsi qu’une résistanceaccrue aux agressions de l’environnement et en particulier une isolation des parois à l’humidité.
La durabilité des ouvrages en béton est une caractéristique très importante, car c’est la garantie d’unesécurité et d’une durée de service accrues de ces ouvrages. Cette durabilité garantie aussi une économieconsidérable sur le long terme, car de tels ouvrages nécessiteront peu ou pas de réparations, d’où uneéconomie de coûts induits par des réparations, qui peuvent être très élevés, et peuvent même dépasserles coûts initiaux de construction.
En vue d’appréhender l’influence du polymère sur le comportement mécanique des matériauxcimentaires, une première étude expérimentale a été menée sur un mortier normalisé substitué dedifférents teneurs en polytéréphtalate d’éthylène (PET) dont nous avons effectuer des essaismécaniques telles la résistance à la compression et la traction par flexion trois points. Ces essais ontété définis dans le but d’appréhender leur caractère endommageable. La détermination descaractéristiques mécaniques à long terme de ces mortiers et/ou composites Mortier-Polymère sembleconfirmer les effets de la propriété du PET.
Afin d'arriver à des conclusions pratiquement exploitables, il a été nécessaire de réaliser des analysesd'identification microstructurale telles que l’utilisation de la spectrométrie IRTF, la diffraction auxrayons X, la microscopie électronique à balayage (MEB/EDS), la microscopie optique (MOP),l’analyse thermique différentielle ATD ainsi que l’analyse thermogravimétrique (ATG). Après avoiranalysé le comportement mécanique de nos matériaux, et en vue d’améliorer la durabilité de cescomposites, on a évalué l’influence de l’ajout du polymère (PET) sur les caractéristiques de cesderniers vis-à-vis des milieux agressifs (acides, bases, ions chlorures et sulfates) et on a essayéd’apporter une meilleure compréhension concernant les réactions chimiques responsables duralentissement de la dégradation.
Ce travail offre une meilleure compréhension de l’influence du PET sur les propriétés mécaniques etdurabilité des composites Mortier-Polymère. De plus, les nombreuses analyses microstructuralesréalisés (DRX, IRTF, observations au MEB/EDS et MOP, ATD/ATG et DSC) apportent des résultatscomplémentaires sur l’influence de ces additifs sur : l’hydratation du ciment, l’agencement dupolymère au sein de la phase minérale, précisant le rapport P/C à partir duquel le polymère donne demeilleures résultats en flexion, et permettent de mettre en évidence l’effet bénéfique sur la durabilitéd’un tel ajout.
Mots–clés :
Mortier, Composite, Polytéréphtalate d’éthylène (PET), Performances Mécaniques, DRX, IRTF,MEB/EDS, MOP, ATG/ATD, DSC, Durabilité, Acide, Base, Ions Chlorures, Sulfates.