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Aponi, la fille et du chaman Sophie-Luce Morin Illustrations de Julie Besançon

Petaluda et la fille du chaman

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J’ai attrapé la piqûre des voyages! Et Shaka, mon ami papillon, ne demande pas mieux que de me faire vivre une nouvelle expérience inoubliable. Cette fois, nous mettons le cap sur un village amérindien, où je rencontre Aponi, la fille du chaman, qui est un peu comme ma sœur jumelle. Toutes les deux, nous partons au cœur de la forêt à la recherche d’une plante sauvage qui pourrait sauver la vie de Nayati, un jeune garçon atteint d’une très grave maladie. C’est toute une mission que celle que nous a confiée le chaman, car chaque minute compte. Allons-nous réussir? Plonge dans ce livre pour le savoir! On t’attend. XXX

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Aponi, la filleetdu chaman

Sophie-Luce MorinIllustrations de Julie Besançon

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À Alain Stanké, pour son amitié et sa bonne humeur contagieuse

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Mon nom de famille est Papillon, comme des  milliers

de Québécois et de Français. Mes parents

auraient pu me prénommer Petra, Pétronille

ou Pétula. Mais ils ont choisi Petaluda,

qui veut dire « papillon », en grec. Autre­

ment dit, je m’appelle Papillon Papillon.

Avec un nom pareil, pas étonnant

que j’adore les papillons ! D’ailleurs, si ce

n’était que de moi, des papillons, il y en

aurait partout. Je trouve qu’il n’y a rien

de plus beau au monde, de plus gracieux

qu’un papillon.

Mon père me faisait remarquer que

le mot papillon est beau en lui­même

et pas seulement en français. En anglais,

on dit butterfly ; pas mal. En allemand :

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schmetterling, wow ! Et en russe, babochka,

presque comme babouchka, qui veut dire

grand­mère et qui est un des seuls mots

russes que je connaisse.

Est­ce ma passion pour les papillons

qui m’a amenée à faire la rencontre d’un

monarque bien spécial ? Je ne saurais le

dire. Mais grâce à lui, je parcours le monde.

Je rencontre des gens formidables d’autres

cultures et d’autres époques, et j’apprends

à parler d’autres langues.

Je t’invite à me suivre dans mes aven­

tures, et à partager avec moi ces grands

moments de bonheur.

Petaluda Papillon

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Chapitre premier

Surprise !

Loïc Bégin retourna à son pupitre pen­

dant que toute la classe l’applaudissait.

— Merci, Loïc, de nous avoir si bien

renseignés sur les avions, dit madame

Thomas.

D’un geste machinal, l’enseignante

repoussa ses lunettes du bout de son

index, puis annonça :

— C’est maintenant au tour de Petaluda de venir nous parler

des papillons.

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Petaluda se leva de sa chaise et

s’avança dans l’allée jusque devant la classe.

Son cœur battait la chamade comme si elle avait couru très, très vite et

qu’elle s’était arrêtée net.

Les exposés oraux la rendaient tou­

jours anxieuse.

— As­tu déjà raté un examen oral ? lui

avait demandé sa mère, au déjeuner.

— Non, avait répondu Petaluda.

— Alors, selon toutes probabi-

lités, tu devrais réussir celui-là aussi. D’autant que tu connais ton

texte sur le bout des doigts pour l’avoir

répété devant nous au moins dix fois.

Ne t’en fais pas, l’avait encore rassurée

sa mère en lui caressant les cheveux.

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— Tu veux que je te donne un petit

truc pour réduire ton trac ? avait ren­

chéri son père.

Petaluda avait acquiescé de la tête

en avalant sa bouchée de pain tartiné de

chocolat.

— Tu fixes un point, n’importe

quoi, droit devant toi. Ensuite, tu com­

mences à parler. Tu ne lâches pas ton point tant que ton trac n’a pas disparu. Essaie. Tu vas voir : ça

marche !

Devant la classe, Petaluda avait les

jambes toutes molles. Elle prit une grande

respiration et fixa le mur devant elle. Son

regard se réfugia dans l’œil globuleux du

cyclope que Scott Ferguson, un autre

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élève de la classe, avait dessiné au der­

nier cours d’art plastique. Sans attendre

plus longtemps, Petaluda se lança :

— Depuis que je suis toute petite,

je m’intéresse aux papillons.

Voilà pourquoi, quand madame Thomas

nous a demandé de préparer un exposé

sur un sujet qui nous passionnait, je n’ai

pas hésité une seconde.

Elle prit de nouveau une bonne bouf­

fée d’air avant de poursuivre :

— Mon objectif, cet après­midi, sera donc

de partager avec vous mes connaissances sur

les lépidoptères — c’est ainsi que l’on

nomme les papillons en zoologie.

Son père avait bien raison. Plus Petaluda

parlait, plus elle sentait son trac s’estomper.

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Si bien que quand elle fut plus sûre d’elle,

elle émergea de l’œil du monstre. C’est à

ce moment précis qu’elle vit s’introduire

dans la classe, par la fenêtre entrouverte,

celui qu’elle espérait depuis très long­

temps : Shaka !Gracieusement, le monarque vola

vers elle, devant vingt­sept bouches

béantes d’étonnement.

Les élèves, renversés, peinaient à res­

ter assis sur leur chaise. Les « oh ! », les

« ah ! », les « wow ! » et les question­

nements fusaient de partout dans la pièce :

— C’est ton papillon, Petaluda ?

demanda Nelly.

— Tu l’as apprivoisé ? renché­

rit Boris.

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— Tu crois qu’il pourrait venir se

poser sur ma main ? l’interrogea Orlando.

— Où est­ce que tu l’as acheté ? s’in­

forma Chloé.

Petaluda, qui était aussi étonnée que

tous les autres élèves de la visite imprévue

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de Shaka, ne savait plus trop quoi dire. Voilà

que le trac commençait à la reprendre.

— Peut­être pourrais­tu nous présenter

ton invité­surprise ? proposa l’enseignante,

qui avait remarqué la nervosité de son élève.

— Oui… Bien sûr… Je vous pré­

sente mon ami Shaka, balbutia la fillette.

D’un coup sec, le magnifique papillon

déploya ses ailes et virevolta pendant

quelques minutes à travers la classe. Il

alla ensuite se poser sur le pupitre de

madame Thomas, qui eut un léger mou­

vement de recul.

Petaluda poursuivit timidement :

— Comme tous les monarques, Shaka

fait partie de la famille des nympha-lidés. Il est cependant d’une espèce

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différente et très rare : celle des colossus

violaceus.

De fil en aiguille, la fillette en vint à

raconter aux élèves comment elle avait

fait la connaissance de Shaka. Elle leur

parla ensuite du livre sur les civilisations

anciennes du Mexique. De la tablette. De

l’application Grandir/Rapetisser. De leur voyage à Toltenoc. De la prin­

cesse Itzel et de son cousin Aramz. Des

petits dieux en chocolat. De la bague...

Elle leur confia également que toute

cette aventure avait été rendue pos­

sible grâce à un règlement en vigueur dans sa famille. Un règlement

établi par ses parents et qui interdisait à

Petaluda de passer plus de trente

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minutes par jour devant l’écran de

l’ordinateur.

— « Va jouer dehors ! Va jouer dehors ! C’est bien meilleur pour la

santé ! » Voilà ce que me répètent tout

le temps mes parents ! avoua Petaluda.

— Ah, wow ! Ce que tu peux être

chanceuse ! s’exclamèrent les élèves, qui

mouraient d’envie de vivre, eux aussi, des

aventures aussi passionnantes que celles

de Petaluda.

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Chapitre deuxième

Une invitation pour un voyage à Apopewak

— Grâce à votre visite­surprise, mon­

sieur Shaka, j’ai décroché une note parfaite pour l’originalité de ma pré­

sentation ! déclara fièrement Petaluda,

qui marchait maintenant en direction de

sa maison.

— On les a bien impression-nés, hein ? Ça va peut­être leur don­

ner l’idée d’aller jouer dehors ! blagua

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le papillon qui virevoltait autour de la

fillette.

— J’étais si émue de vous revoir, tout

à l’heure. Depuis notre premier voyage

à Toltenoc, je n’ai pas cessé de rêver à

notre prochaine destination. D’ailleurs,

en parlant de Toltenoc, vous savez que

la princesse Itzel m’a envoyé une lettre que j’ai reçue pas plus tard

qu’hier et dans laquelle elle prend de

vos nouvelles et des miennes ? Vous ne

pouvez pas imaginer à quel point j’étais

excitée quand j’ai trouvé son enveloppe

dans la boîte aux lettres.

— Est­ce que la princesse nous donne

des nouvelles de sa mère ? demanda

Shaka.

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— La reine est complètement rétablie. Et le roi est finalement

rentré. Selon Itzel, le royaume n’a jamais

été aussi florissant. C’est comme si c’était

Pâques à longueur d’année avec ces dieux

en chocolat qui se vendent comme des

petits tamales chauds !

— Je constate que tu retiens bien les

mots que les Toltens t’ont appris ! Bravo !

Que dirais-tu, cette fois-ci, d’aller au pays des Amérindiens,

plus précisément à Apopewak ? proposa

Shaka. C’est là que vivent le chaman Tekoa et sa fille Aponi.

— Un chaman, est­ce que c’est un roi ?

— En quelque sorte, car il est le chef

de sa communauté. C’est à lui que sont

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confiées des fonctions capitales pour assu­

rer le bien­être de son peuple, comme celle

de négocier avec d’autres tribus ou celle de soigner les malades. C’est en ce sens que l’on peut dire que

le chaman est un roi. Mais c’est un roi

humble : il n’habite pas dans un château,

et n’a pas besoin de porter de couronne

ou quoi que ce soit d’autre qui l’élèverait

au­dessus de ses pairs.

— Mon père dit souvent que ce ne

sont pas ceux qui possèdent le plus d’ar­

gent ou de biens qui sont les plus riches.

Ce que vous me racontez à propos du

chaman ne revient­il pas à dire cela ?

— Tout à fait. Les plus riches, à mon avis, sont ceux

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qui possèdent la connais-sance de ce qui les entoure, comme

la nature, les animaux et les humains. En

cela, même si le chaman ne possède pas

d’argent et peu de biens, il est riche.

— Vous m’avez vraiment donné

la piqûre, monsieur Shaka. Quand

pourrions­nous partir ?

— J’ai pensé que nous pour-rions nous envoler demain après-midi, puisque demain, c’est

samedi et que tu n’as pas d’école. Si nous

nous donnions rendez­vous en face du

vieux chêne, comme la dernière fois ?

Une fébrilité gagnait peu à peu

Petaluda, qui se tenait sur un pied, puis

sur l’autre.

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— Après le dîner ? l’interrogea­t­elle.

— À treize heures tapantes, ce serait

parfait pour moi.

— Je n’oublie pas la tablette, bien

entendu !

— Tu as tout compris ! Et habille-toi chaudement parce qu’il com­

mence à faire un peu froid à cette période

de l’année dans ce coin de pays, conseilla

le papillon.

— Que voulez­vous dire par « un peu

froid » ? Est­ce que je prends mon man­

teau d’hiver ? Mes gants ? Ma tuque ? Mes

bottes ? demanda Petaluda, un peu confuse.

— Disons qu’un coupe­vent, un bon

chandail de laine, un pantalon, des bas et

de bonnes chaussures devraient suffire.

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Si jamais il se mettait à neiger, Aponi pourrait te procurer des vête-ments chauds, j’en suis certain. Elle a ton âge, tu sais, et à peu près la

même taille que toi…

— C’est noté. J’ai si hâte à demain, Shaka !

— Moi aussi ! À demain, Petaluda !

Shaka fila dans le ciel, peut-être en direction de Cianan, le royaume des papillons…

C’est sur cette pensée que Petaluda

décida de passer à la bibliothèque de son

quartier avant de rentrer chez elle. Elle

y emprunterait tout ce qu’elle trouverait

sur les Amérindiens, histoire de préparer

son voyage du lendemain.

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Pour en savoir plus sur le livre :

www.petaluda.com