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L e PH a RM a CI e N DE FRANCE DÉCRYPTAGE P. 24 ENQUÊTE P. 30 À la santé des candidats Gare au conditionnement INVESTISSEMENT P. 40 Vidéosurveiller, ça vaut le coup ? N o 1238 MARS 2012 www.lepharmacien.fr L’INTERVIEW « On en a pour dix ans de low cost » Jacques Séguéla BAISSE DES PRESCRIPTIONS, MONTÉE DU « NS », RÉTICENCE DES PATIENTS, COMPLEXITÉ DES NOUVELLES MOLÉCULES… POUR LA PREMIÈRE FOIS EN 2011, LE MARCHÉ DES GÉNÉRIQUES A RECULÉ. POURTANT, LES RAISONS DE SE RÉJOUIR NE MANQUENT PAS. LE GÉNÉRIQUE RESTE UN ATOUT

Pharmacien de France mars 1238

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Le mensuel de référence des pharmaciens d'officine

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Page 1: Pharmacien de France mars 1238

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DÉCRYPTAGE P. 24 ENQUÊTE P. 30

À la santé des candidats

Gare au conditionnement

INVESTISSEMENT P. 40

Vidéosurveiller, ça vaut le coup ?

N o 1 2 3 8 M A R S 2 0 1 2

w w w. l e p h a r m a c i e n . f r

L’INTERVIEW« On en a pour dix ans de low cost »

Jacques Séguéla

BAISSE DES PRESCRIPTIONS, MONTÉE DU « NS », RÉTICENCE DES PATIENTS, COMPLEXITÉ DES NOUVELLES MOLÉCULES… POUR LA PREMIÈRE FOIS EN 2011, LE MARCHÉ DES GÉNÉRIQUES A RECULÉ. POURTANT, LES RAISONS DE SE RÉJOUIR NE MANQUENT PAS.

LE GÉNÉRIQUE RESTE UN ATOUT

Page 2: Pharmacien de France mars 1238

LePHaRMaCIeNDEFRANCELePHaRMaCIeNDEFRANCE

Mars 2012 I No 1238 I 3

mars 2012 Sommaire L’Éditorial

No 1238 I 54e année I 06/03/12 ISSN 0031-6938 I CPPAP : 0212 T 81323 www.lepharmacien.fr

LE PHARMACIEN DE FRANCE13, rue Ballu, 75311 Paris Cedex 09Tél. : 01 42 81 15 96Télécopie : 01 42 81 96 61

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Éric GarnierDIRECTEUR DE LA RÉDACTION : Jocelyne Wittevrongel

RÉDACTEUR EN CHEF :Laurent Simon ([email protected])RÉDACTRICE EN CHEF ADJOINTE :Anne-Laure Mercier ([email protected])RÉDACTRICE : Pauline Michel ([email protected]) SECRÉTAIRE DE RÉDACTION :Joséphine Volat ([email protected])ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO : Jacqueline Machu I Claire GrevotRÉALISATION : Rampazzo & Associéswww.rampazzo.com - blog.rampazzo.comCORRECTION : Francys GrametIMPRESSION : Lescure Théol 27120 DouainsILLUSTRATIONS : Photos : Miguel Medina, Sebastian ScheffelDessins : Martin Vidberg

DIRECTEUR COMMERCIAL ET RESPONSABLE DE LA PUBLICITÉ : Christophe Bentz ([email protected]). Tél. : 01 42 81 56 85 Fax. : 01 42 81 96 61

ABONNEMENTS : Tél. : 01 42 81 15 96 L’abonnement d’un an France-Corse : 90 € TTC I Guyane : 89,08 € TTCGuadeloupe, Martinique, Réunion : 89,08 €

Étranger : 154 € I Achat au numéro : 12 € TTC I Certificat d’inscription à la Commission paritaire de la presse : no 0212 T 81323

ORGANE D’INFORMATIONS SCIENTIFIQUES ET PROFESSIONNELLES PHARMACEUTIQUESLe Pharmacien de France est édité par la SARL « Le Pharmacien de France ». Siège : 13, rue Ballu, 75311 Paris Cedex 09. Durée 99 ans à compter de 1977Capital : 93 000 euros I Cogérants : Éric Garnier I Jocelyne Wittevrongel I Date du contrôle OJD : 28/11/2011.

Qu’attend-on d’une n é g o c i a t i o n quand elle com-m e n c e ? U n objectif clair, une méthode

éprouvée… et des résultats satisfaisants. S’il est bien trop tôt pour se congratuler ou s’indi-gner des résultats de la discussion engagée avec l’Assurance maladie et son directeur Fré-déric Van Roekeghem, j’ai des inquiétudes sur les objectifs et la méthode. Je m’explique.La FSPF a depuis des années souhaité une modification franche et déterminante de la rémunération des officines, faute de quoi la décroissance maintenant structurelle du marché des médicaments démolira la cohésion du réseau. Le principe est acté dans la loi, tout accord a minima portant sur un micropourcen-tage de forfait ne ferait que retar-der l’inéluctable. Le problème est sous nos yeux et la solution est entre nos mains. Nous n’en démor-drons pas : 10 à 13 % de forfait dès 2013 et une augmentation progressive les années suivantes est à notre sens la seule manière de sortir la profession des écueils sur lesquels on est en train de la jeter. Voilà pour l’objectif. Pour la méthode, mon regard se tourne vers l’Assurance maladie. Les pharmaciens ont pris leurs responsabilités en s’asseyant à la table des négociations, au tour de nos interlocuteurs de prendre les leurs. Le ministère doit donner des consignes claires, faute de quoi la discus-

sion s’enlisera. La simple égalité de traitement avec les autres professionnels de santé est le strict minimum : la donne ne peut pas être changée en cours de route. Notre marge glo-bale doit être calculée sur la base de l’année 2011 et non être amputée de 255 millions d’euros de baisse de prix… le contraire serait incompréhensible.Je ne terminerai pas cet éditorial sans évoquer les génériques, actuellement en pleine tempête. Le problème n’est malheureusement pas neuf : les campagnes médiatiques de dénigrement se suivent et se ressemblent… et ont malheureu-sement fini par instiller le doute dans l’esprit des patients. Il faut maintenant que le gouver-nement, l’Agence du médicament et l’Assurance maladie fassent un pas en avant à chaque fois que la qualité des génériques est mise en doute. Les pharmaciens ne doivent plus être laissés

seuls avec des ordonnances bar-rées de « NS », des patients rendus sus-picieux par des reportages orientés ou des médecins réticents… Si cer-tains médicaments à marge thérapeu-tique étroite doivent

être retirés du Répertoire, qu’ils le soient, mais que la polémique cesse. Continuer obstinément à prescrire des médicaments princeps mènera à de nouvelles coupes budgétaires dans la santé, voire à des déremboursements, dont les patients seraient les premières victimes.

Au milieu du gué

“ Le ministère de la Santé doit donner des consignes claires, faute de quoi, la discussion s’enlisera. ”

© M

IGUE

L M

EDIN

APhilippe

Gaertner

Président de la Fédération

des syndicats pharmaceutiques

de France

4 L’INTERVIEW Jacques Séguéla :

« On en a encore pour dix ans de low-cost »

10 L’ACTU EN BREF16 LE KIOSQUE

18 ENJEUX Le générique reste un atout

22 LES DOSSIERS DE LA FÉDÉ

30 ENQUÊTE Gare au conditionnement

33 PANORAMA34 CONSEIL

Alerte aux laits végétaux !35 FICHE CONSEIL Bien nourrir bébé38 INTERNATIONAL Recherché

40 INVESTISSEMENT Vidéosurveiller, ça vaut le coup ?

44 SUBSTITUONS !45 EN BREF47 ÉCO&VOUS48 PRODUITS50 BANC D’ESSAI Hydrater les pieds secs52 APERÇU Les livres et sites du mois

54 CULTURE56 HUMOUR

4018 30

ABONNEZ-VOUS maintenant au Pharmacien de France. Rendez-vous sur www.lepharmacien.fr

Actualité Santé Officine

La santé sera-t-elle à l’honneur en 2012 ? Habituellement oublié dans les programmes pour l’élection présidentielle derrière les problématiques de sécurité ou d’emploi, le thème tente pourtant

une percée cette année. Le Pharmacien de France est allé fouiner dans les propositions des principaux partis présents : installation des médecins, circuit du médicament, rôle et rémunération des pharmaciens…

DÉCRYPTAGEÀ la santé des candidats 24

Ce numéro comporte un encart jeté « Les médicaments, ne les prenez pas n’importe comment ».

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Mars 2012 I No 1238 I 3

mars 2012 Sommaire L’Éditorial

No 1238 I 54e année I 06/03/12 ISSN 0031-6938 I CPPAP : 0212 T 81323 www.lepharmacien.fr

LE PHARMACIEN DE FRANCE13, rue Ballu, 75311 Paris Cedex 09Tél. : 01 42 81 15 96Télécopie : 01 42 81 96 61

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Éric GarnierDIRECTEUR DE LA RÉDACTION : Jocelyne Wittevrongel

RÉDACTEUR EN CHEF :Laurent Simon ([email protected])RÉDACTRICE EN CHEF ADJOINTE :Anne-Laure Mercier ([email protected])RÉDACTRICE : Pauline Michel ([email protected]) SECRÉTAIRE DE RÉDACTION :Joséphine Volat ([email protected])ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO : Jacqueline Machu I Claire GrevotRÉALISATION : Rampazzo & Associéswww.rampazzo.com - blog.rampazzo.comCORRECTION : Francys GrametIMPRESSION : Lescure Théol 27120 DouainsILLUSTRATIONS : Photos : Miguel Medina, Sebastian ScheffelDessins : Martin Vidberg

DIRECTEUR COMMERCIAL ET RESPONSABLE DE LA PUBLICITÉ : Christophe Bentz ([email protected]). Tél. : 01 42 81 56 85 Fax. : 01 42 81 96 61

ABONNEMENTS : Tél. : 01 42 81 15 96 L’abonnement d’un an France-Corse : 90 € TTC I Guyane : 89,08 € TTCGuadeloupe, Martinique, Réunion : 89,08 €

Étranger : 154 € I Achat au numéro : 12 € TTC I Certificat d’inscription à la Commission paritaire de la presse : no 0212 T 81323

ORGANE D’INFORMATIONS SCIENTIFIQUES ET PROFESSIONNELLES PHARMACEUTIQUESLe Pharmacien de France est édité par la SARL « Le Pharmacien de France ». Siège : 13, rue Ballu, 75311 Paris Cedex 09. Durée 99 ans à compter de 1977Capital : 93 000 euros I Cogérants : Éric Garnier I Jocelyne Wittevrongel I Date du contrôle OJD : 28/11/2011.

Qu’attend-on d’une n é g o c i a t i o n quand elle com-m e n c e ? U n objectif clair, une méthode

éprouvée… et des résultats satisfaisants. S’il est bien trop tôt pour se congratuler ou s’indi-gner des résultats de la discussion engagée avec l’Assurance maladie et son directeur Fré-déric Van Roekeghem, j’ai des inquiétudes sur les objectifs et la méthode. Je m’explique.La FSPF a depuis des années souhaité une modification franche et déterminante de la rémunération des officines, faute de quoi la décroissance maintenant structurelle du marché des médicaments démolira la cohésion du réseau. Le principe est acté dans la loi, tout accord a minima portant sur un micropourcen-tage de forfait ne ferait que retar-der l’inéluctable. Le problème est sous nos yeux et la solution est entre nos mains. Nous n’en démor-drons pas : 10 à 13 % de forfait dès 2013 et une augmentation progressive les années suivantes est à notre sens la seule manière de sortir la profession des écueils sur lesquels on est en train de la jeter. Voilà pour l’objectif. Pour la méthode, mon regard se tourne vers l’Assurance maladie. Les pharmaciens ont pris leurs responsabilités en s’asseyant à la table des négociations, au tour de nos interlocuteurs de prendre les leurs. Le ministère doit donner des consignes claires, faute de quoi la discus-

sion s’enlisera. La simple égalité de traitement avec les autres professionnels de santé est le strict minimum : la donne ne peut pas être changée en cours de route. Notre marge glo-bale doit être calculée sur la base de l’année 2011 et non être amputée de 255 millions d’euros de baisse de prix… le contraire serait incompréhensible.Je ne terminerai pas cet éditorial sans évoquer les génériques, actuellement en pleine tempête. Le problème n’est malheureusement pas neuf : les campagnes médiatiques de dénigrement se suivent et se ressemblent… et ont malheureu-sement fini par instiller le doute dans l’esprit des patients. Il faut maintenant que le gouver-nement, l’Agence du médicament et l’Assurance maladie fassent un pas en avant à chaque fois que la qualité des génériques est mise en doute. Les pharmaciens ne doivent plus être laissés

seuls avec des ordonnances bar-rées de « NS », des patients rendus sus-picieux par des reportages orientés ou des médecins réticents… Si cer-tains médicaments à marge thérapeu-tique étroite doivent

être retirés du Répertoire, qu’ils le soient, mais que la polémique cesse. Continuer obstinément à prescrire des médicaments princeps mènera à de nouvelles coupes budgétaires dans la santé, voire à des déremboursements, dont les patients seraient les premières victimes.

Au milieu du gué

“ Le ministère de la Santé doit donner des consignes claires, faute de quoi, la discussion s’enlisera. ”

© M

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Philippe Gaertner

Président de la Fédération

des syndicats pharmaceutiques

de France

4 L’INTERVIEW Jacques Séguéla :

« On en a encore pour dix ans de low-cost »

10 L’ACTU EN BREF16 LE KIOSQUE

18 ENJEUX Le générique reste un atout

22 LES DOSSIERS DE LA FÉDÉ

30 ENQUÊTE Gare au conditionnement

33 PANORAMA34 CONSEIL

Alerte aux laits végétaux !35 FICHE CONSEIL Bien nourrir bébé38 INTERNATIONAL Recherché

40 INVESTISSEMENT Vidéosurveiller, ça vaut le coup ?

44 SUBSTITUONS !45 EN BREF47 ÉCO&VOUS48 PRODUITS50 BANC D’ESSAI Hydrater les pieds secs52 APERÇU Les livres et sites du mois

54 CULTURE56 HUMOUR

4018 30

ABONNEZ-VOUS maintenant au Pharmacien de France. Rendez-vous sur www.lepharmacien.fr

Actualité Santé Officine

La santé sera-t-elle à l’honneur en 2012 ? Habituellement oublié dans les programmes pour l’élection présidentielle derrière les problématiques de sécurité ou d’emploi, le thème tente pourtant

une percée cette année. Le Pharmacien de France est allé fouiner dans les propositions des principaux partis présents : installation des médecins, circuit du médicament, rôle et rémunération des pharmaciens…

DÉCRYPTAGEÀ la santé des candidats 24

Ce numéro comporte un encart jeté « Les médicaments, ne les prenez pas n’importe comment ».

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LePHaRMaCIeNDEFRANCE

LePHaRMaCIeNDEFRANCEActualité En bref

ILS L’ONT DIT REPÈRES

+w

ordonnance

Erreurs médicalesLe nouveau questionnaire d’intervention pharmaceutique éla-boré par la Société française de pharmacie clinique va entrer en test. « Calqué sur celui des pharmaciens hospitaliers, il permettra à l’officinal de chiffrer ses interventions sur une ordonnance, pré-cise Philippe Denry, président de la commission Relations sociales à la FSPF. Une étude anglo-saxonne démontre que lorsqu’il télé-phone au médecin pour signaler une erreur de posologie, un sur-dosage ou une interaction médicamenteuse, le risque de récidive pour la même erreur diminue. » Un argument de plus pour justi-fier du rôle incontournable du pharmacien. ❙

téléconsultation

Les Suisses se lancentLa téléconsultation fait son entrée dans quelque 200 officines suisses. Désormais, les patients pourront consulter un médecin dans une pharmacie équipée par le biais de la vidéoconférence. Ce projet, baptisé NetCare, est élaboré par Pharmasuisse en partenariat avec un centre de télémédecine, un assureur santé et deux prestataires télécom. L’expérience devrait durer deux ans et même si le pharmacien est rémunéré à hauteur de 12,40 euros par patient, l’expérience a un coût selon Les Annales pharmaceutiques suisses : 8 300 euros par an pour la mise en place du module de vidéoconférence et les mises à jour. ❙

3 milliardsd’eurosC’est l’excédent de la caisse allemande d’Assurance maladie pour l’année 2011. Un chiffre qui fait rêver vu de France où le déficit de la branche maladie s’est monté à… 10 milliards d’euros.

+ 6,1 %C’est l’augmentation des tarifs des complémentaires santé entre janvier 2011 et janvier 2012 selon l’indice des prix de l’assurance des particuliers.

+ 9,3 %Telle est la croissance annuelle du marché mondial des génériques d’ici à 2018 selon une étude du cabinet Frost & Sullivan.

2 milliardsd’eurosC’est la valeur du marché de l’automédication en France en 2011 avec un taux de croissance de 1,9 %.

MACRO / ÉCO

LePHaRMaCIeNDEFRANCE En bref Actualité

12 I No 1238 I Mars 2012 Mars 2012 I No 1238 I 13

2005 2010 2010/2009 EN %

Soins de ville 37,4 44,0 + 1,8

Médecins 16,5 18,4 – 0,7

Dentistes 8,7 9,9 + 2,4

Médicaments 30,7 34,4 + 1,1

Prothèses, orthèses, véhicules pour handicapés physiques

1,6 2,1 + 6,2

Petits matériels et pansements 3,0 4,3 + 7,9

ordreAdjoints : non à la cotisation !Un petit groupe d’adjoints conteste le montant des cotisations ordi-nales et semble bien décidé à se faire entendre. Ils ont même mon-té une page Facebook, qui ren-contre pour l’instant un succès limité. Tous les moyens sont bons pour protester contre la cotisation, qualifiée même de « racket », au regard du rôle et des actions, selon eux limitées, du Conseil de l’Ordre. Affaire à suivre. ❙

hôpitalCanicule d’hiverLes présidents des commissions médicales des établissements de centres hospitalo-universitaires ont alerté les pouvoirs publics sur l’état de saturation des services d’ur-gences et des unités d’hospitali-sation. Entre l’épidémie de gastro-entérite de fin janvier et le contrecoup de la vague de froid, les personnes âgées fragilisées sont plus exposées aux complications de la grippe. Conséquence, les urgences ont été prises d’assaut et ont dû faire face à une affluence inhabituelle de malades. Certains CHU, tel celui de Grenoble, ont même été obligés de déclencher le plan « Hôpital sous tension » : les opérations programmées ont été reportées, des lits ont été rou-verts et le personnel en congés a été rappelé. ❙

L’Irdes a constaté de grands écarts de prix entre médicaments pourtant similaires, posant la question de l’innovation.

L a prolifération sur le marché de médica-ments similaires a amené l’Institut de recherche et documentation en économie

de la santé (Irdes) à se pencher sur l’écart de prix entre la première présentation arrivée sur le marché et les similaires qui l’ont suivie. Sur 259 médicaments, cet écart s’élève en moyenne

à 59 %. Un chiffre loin d’être anodin : « Comment expliquer que ces médicaments, quasiment iden-tiques à tous points de vue, sur le plan chimique, des indications, etc., puissent malgré tout béné-ficier de niveaux d’ASMR importants ou que le cumul d’innovations minimes puisse aboutir à de tels écarts de prix au sein d’une classe ? », s’inter-roge l’Irdes. De la même façon, ce constat ques-tionne « sur l’une des finalités de la régulation qui devrait être d’encourager la véritable innovation et donc de décourager l’imitation ». L’Irdes sug-gère ainsi la mise en place d’un schéma de convergence des prix des me-too et des géné-riques dans une même classe. ❙

similaires

Des écarts de prix injustifiés

PUI

Le médico-social corrézien se regroupeUn nouveau groupement médico-social se monte en Corrèze. Quel impact sur les officines ?Cela avait été dit en 2010, lors de la création du premier grou-pement de coopération sociale et médico-sociale (GCSMS) en Corrèze : « L’Agence régionale de santé du Limousin souhaite fortement encourager la création de GCSMS au sein de toute la région. » Elle devrait être satis-faite : un deuxième GCSMS, dont la convention est en cours de signature, pourrait bientôt voir le jour en Corrèze. Initié par

l’établissement public dépar-temental autonome Le Glan-dier, qui accueille à Beyssac des adultes handicapés, ce grou-pement rassemblera sept autres établissements, dont cinq Ehpad et le centre hospi-talier gériatrique d’Uzerche. La loi HPST ayant élargi les mis-

sions des GCSMS aux activités de pharmacie à usage interne pour le compte de leurs membres, ce nouveau groupe-ment envisage de mettre à dis-position une PUI. Sachant que l’adhésion serait ouverte à tout établissement nécessitant une prestation, les officines alen-tours pourraient s’inquiéter. Mais le directeur de l’EPDA Le Glandier, M. Amadou, rassure : « La PUI ne peut concerner que des établissements dont la déci-sion n’entraînera pas d’enjeu majeur d’économie locale. Nous y serons en tout cas vigilants. »

« Les droits des malades sont avant tout une question d’attitude : empathie et sollicitude d’abord puis effets de manche ! »Christian Saout, président du Ciss, sur la nouvelle loi pour le droit des patients.

« Je recommande aux personnes les plus vulnérables d’éviter de sortir. »Nora Berra, secrétaire d’État à la santé, dans un billet de son blog sur la vague de froid à destination notamment des nourrissons, des personnes âgées, des personnes ayant une maladie chronique et… des SDF.

« Nous avons demandé à cinq laboratoires s’ils seraient d’accord pour vendre leurs contraceptifs à prix coûtant. Ils ont répondu oui tout de suite. »Israël Nisand, gynécologue-obstétricien, auteur d’un rapport prônant la gratuité de la contraception chez les mineures.

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Alors que la politique de santé de la dernière décennie est à la réduction des dépenses, le taux de croissance de la consom-mation de soins et de bien médicaux diminue bien, mais les dépenses, elles, ne cessent d’augmenter ! Nuance. En 2010, les Français ont consommé plus de médicaments, ont reçu plus de soins dentaires et ont eu plus souvent recours aux soins de ville qu’en 2005, mais ils ont été de moins en moins nombreux à se rendre chez le médecin. (Données pharmaciens non dis-ponibles)

Dépenses de santé : la croissance malgré tout

Taux de croissance de la consommation de soins et biens médicaux

Coûts des prestations en matière de santé (en milliards d’euros)

Source : Drees, comptes nationaux de la santé – base 2005

en %5

4

3

2

1

02006 2007 2008 2009 2010

PrixVolume

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LePHaRMaCIeNDEFRANCE

LePHaRMaCIeNDEFRANCEActualité En bref

ILS L’ONT DIT REPÈRES

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ordonnance

Erreurs médicalesLe nouveau questionnaire d’intervention pharmaceutique éla-boré par la Société française de pharmacie clinique va entrer en test. « Calqué sur celui des pharmaciens hospitaliers, il permettra à l’officinal de chiffrer ses interventions sur une ordonnance, pré-cise Philippe Denry, président de la commission Relations sociales à la FSPF. Une étude anglo-saxonne démontre que lorsqu’il télé-phone au médecin pour signaler une erreur de posologie, un sur-dosage ou une interaction médicamenteuse, le risque de récidive pour la même erreur diminue. » Un argument de plus pour justi-fier du rôle incontournable du pharmacien. ❙

téléconsultation

Les Suisses se lancentLa téléconsultation fait son entrée dans quelque 200 officines suisses. Désormais, les patients pourront consulter un médecin dans une pharmacie équipée par le biais de la vidéoconférence. Ce projet, baptisé NetCare, est élaboré par Pharmasuisse en partenariat avec un centre de télémédecine, un assureur santé et deux prestataires télécom. L’expérience devrait durer deux ans et même si le pharmacien est rémunéré à hauteur de 12,40 euros par patient, l’expérience a un coût selon Les Annales pharmaceutiques suisses : 8 300 euros par an pour la mise en place du module de vidéoconférence et les mises à jour. ❙

3 milliardsd’eurosC’est l’excédent de la caisse allemande d’Assurance maladie pour l’année 2011. Un chiffre qui fait rêver vu de France où le déficit de la branche maladie s’est monté à… 10 milliards d’euros.

+ 6,1 %C’est l’augmentation des tarifs des complémentaires santé entre janvier 2011 et janvier 2012 selon l’indice des prix de l’assurance des particuliers.

+ 9,3 %Telle est la croissance annuelle du marché mondial des génériques d’ici à 2018 selon une étude du cabinet Frost & Sullivan.

2 milliardsd’eurosC’est la valeur du marché de l’automédication en France en 2011 avec un taux de croissance de 1,9 %.

MACRO / ÉCO

LePHaRMaCIeNDEFRANCE En bref Actualité

12 I No 1238 I Mars 2012 Mars 2012 I No 1238 I 13

2005 2010 2010/2009 EN %

Soins de ville 37,4 44,0 + 1,8

Médecins 16,5 18,4 – 0,7

Dentistes 8,7 9,9 + 2,4

Médicaments 30,7 34,4 + 1,1

Prothèses, orthèses, véhicules pour handicapés physiques

1,6 2,1 + 6,2

Petits matériels et pansements 3,0 4,3 + 7,9

ordreAdjoints : non à la cotisation !Un petit groupe d’adjoints conteste le montant des cotisations ordi-nales et semble bien décidé à se faire entendre. Ils ont même mon-té une page Facebook, qui ren-contre pour l’instant un succès limité. Tous les moyens sont bons pour protester contre la cotisation, qualifiée même de « racket », au regard du rôle et des actions, selon eux limitées, du Conseil de l’Ordre. Affaire à suivre. ❙

hôpitalCanicule d’hiverLes présidents des commissions médicales des établissements de centres hospitalo-universitaires ont alerté les pouvoirs publics sur l’état de saturation des services d’ur-gences et des unités d’hospitali-sation. Entre l’épidémie de gastro-entérite de fin janvier et le contrecoup de la vague de froid, les personnes âgées fragilisées sont plus exposées aux complications de la grippe. Conséquence, les urgences ont été prises d’assaut et ont dû faire face à une affluence inhabituelle de malades. Certains CHU, tel celui de Grenoble, ont même été obligés de déclencher le plan « Hôpital sous tension » : les opérations programmées ont été reportées, des lits ont été rou-verts et le personnel en congés a été rappelé. ❙

L’Irdes a constaté de grands écarts de prix entre médicaments pourtant similaires, posant la question de l’innovation.

L a prolifération sur le marché de médica-ments similaires a amené l’Institut de recherche et documentation en économie

de la santé (Irdes) à se pencher sur l’écart de prix entre la première présentation arrivée sur le marché et les similaires qui l’ont suivie. Sur 259 médicaments, cet écart s’élève en moyenne

à 59 %. Un chiffre loin d’être anodin : « Comment expliquer que ces médicaments, quasiment iden-tiques à tous points de vue, sur le plan chimique, des indications, etc., puissent malgré tout béné-ficier de niveaux d’ASMR importants ou que le cumul d’innovations minimes puisse aboutir à de tels écarts de prix au sein d’une classe ? », s’inter-roge l’Irdes. De la même façon, ce constat ques-tionne « sur l’une des finalités de la régulation qui devrait être d’encourager la véritable innovation et donc de décourager l’imitation ». L’Irdes sug-gère ainsi la mise en place d’un schéma de convergence des prix des me-too et des géné-riques dans une même classe. ❙

similaires

Des écarts de prix injustifiés

PUI

Le médico-social corrézien se regroupeUn nouveau groupement médico-social se monte en Corrèze. Quel impact sur les officines ?Cela avait été dit en 2010, lors de la création du premier grou-pement de coopération sociale et médico-sociale (GCSMS) en Corrèze : « L’Agence régionale de santé du Limousin souhaite fortement encourager la création de GCSMS au sein de toute la région. » Elle devrait être satis-faite : un deuxième GCSMS, dont la convention est en cours de signature, pourrait bientôt voir le jour en Corrèze. Initié par

l’établissement public dépar-temental autonome Le Glan-dier, qui accueille à Beyssac des adultes handicapés, ce grou-pement rassemblera sept autres établissements, dont cinq Ehpad et le centre hospi-talier gériatrique d’Uzerche. La loi HPST ayant élargi les mis-

sions des GCSMS aux activités de pharmacie à usage interne pour le compte de leurs membres, ce nouveau groupe-ment envisage de mettre à dis-position une PUI. Sachant que l’adhésion serait ouverte à tout établissement nécessitant une prestation, les officines alen-tours pourraient s’inquiéter. Mais le directeur de l’EPDA Le Glandier, M. Amadou, rassure : « La PUI ne peut concerner que des établissements dont la déci-sion n’entraînera pas d’enjeu majeur d’économie locale. Nous y serons en tout cas vigilants. »

« Les droits des malades sont avant tout une question d’attitude : empathie et sollicitude d’abord puis effets de manche ! »Christian Saout, président du Ciss, sur la nouvelle loi pour le droit des patients.

« Je recommande aux personnes les plus vulnérables d’éviter de sortir. »Nora Berra, secrétaire d’État à la santé, dans un billet de son blog sur la vague de froid à destination notamment des nourrissons, des personnes âgées, des personnes ayant une maladie chronique et… des SDF.

« Nous avons demandé à cinq laboratoires s’ils seraient d’accord pour vendre leurs contraceptifs à prix coûtant. Ils ont répondu oui tout de suite. »Israël Nisand, gynécologue-obstétricien, auteur d’un rapport prônant la gratuité de la contraception chez les mineures.

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Alors que la politique de santé de la dernière décennie est à la réduction des dépenses, le taux de croissance de la consom-mation de soins et de bien médicaux diminue bien, mais les dépenses, elles, ne cessent d’augmenter ! Nuance. En 2010, les Français ont consommé plus de médicaments, ont reçu plus de soins dentaires et ont eu plus souvent recours aux soins de ville qu’en 2005, mais ils ont été de moins en moins nombreux à se rendre chez le médecin. (Données pharmaciens non dis-ponibles)

Dépenses de santé : la croissance malgré tout

Taux de croissance de la consommation de soins et biens médicaux

Coûts des prestations en matière de santé (en milliards d’euros)

Source : Drees, comptes nationaux de la santé – base 2005

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PrixVolume

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LePHaRMaCIeNDEFRANCE

LePHaRMaCIeNDEFRANCE

18 I No 1238 I Mars 2012 Mars 2012 I No 1238 I 19

Actualité Enjeux

III

LE GÉNÉRIQUE RESTE UN ATOUT

Baisse des prescriptions, montée du « NS », réticence des patients, complexité des nouvelles molécules… Pour la première fois en 2011, le marché des génériques a reculé. Pourtant, les raisons de se réjouir ne manquent pas. par Anne-Laure Mercier

Un frisson a parcouru le marché du générique au début du mois de février. Il n’était pas dû à la température extérieure, certes glaciale : il s’agissait des chiffres actualisés du Gemme, l’association représentant les fabricants de génériques sur le marché français. En 2011, le nombre de boîtes vendues a diminué de 3 %, une première depuis la naissance de la substi-tution en 1999. En presque quatorze années, les temps ont bien changé. La consommation globale de médicaments a amorcé un repli his-torique en 2010, les déremboursements se succèdent et les médecins sont incités financiè-rement à prescrire moins et mieux. Le marché commence donc à subir quelques sérieux revers et pas seulement sur le terrain économique : le générique ne pouvait échapper à la méfiance généralisée. Si quelques études de-ci de-là avaient déjà tenté de déstabiliser ces « copies

de médicaments », l’Aca-démie de médecine a enfoncé le c lou le 14 février. Son rapport sur « la place des génériques dans la prescription » a en effet provoqué une série d’articles dans les médias

grand public, ne pouvant qu’instiller le doute chez les patients : « Faites-vous encore confiance aux médicaments génériques ? », interroge le site du magazine Marie Claire, « Les génériques, copies pas si conformes », pointe Le Monde… Il faut dire que l’Académie a su souffler le froid : « La bioéquivalence entre produit référent et générique ne signifie pas qu’il y a automatique-ment une équivalence thérapeutique, en particu-lier lors de la substitution d’un générique par un autre, assène-t-elle. En pratique clinique, il a été

observé pour les antibiotiques, avec certains génériques, une moindre efficacité et un délai d’action plus long. Cette donnée d’observation se trouve confirmée pour les formes injectables, par un certain nombre de travaux expérimentaux récents », portant sur certains génériques de la vancomycine en comparaison avec le princeps et « malgré une équivalence pharmaceutique parfaite ». Les génériques du Plavix en prennent aussi pour leur grade, le changement de la nature du sel utilisé « augmentant la fluctuation de biodisponibilité ».

Torts partagésL’Académie s’attaque ensuite à la fabrication des génériques, qualifiant ses process de « bonnes pratiques à haut risque […], certains fabricants n’hésitant pas à les contourner ». Elle cite, pour exemple, l’inspection d’une usine en Inde qui entraîna le retrait des lots de clopidogrel fabri-qués sur place. « Le coût croissant de la recherche pour les produits innovants et la pression sur les coûts de fabrication ont eu pour conséquence des délocalisations d’autant plus nombreuses qu’il s’agissait de génériques. […] La qualité des pro-duits devient plus difficile à assurer. » Son rapport conclut à la nécessité de « rapprocher le plus possible la présentation du générique de celle du princeps, aussi bien pour l’aspect extérieur que par la mise à disposition des différents dosages utilisés, en évitant les excipients à effet notoire. En outre, il est souhaitable que, dans le cas des trai-tements chroniques et des associations thérapeu-tiques, les patients puissent se procurer toujours la même marque de générique et donc que les pharmaciens disposent de l’ensemble des géné-riques sur le marché. Enfin, les génériques à marge thérapeutique étroite demandent à être utilisés

avec prudence ». Délocalisation, dangerosité, déloyauté… rien que cela ! Ajoutez une montée en charge de la mention « non substituable » sur les ordonnances depuis l’an dernier et vous obtenez un taux de substitution passé en 2011 sous la barre des 70 %, après avoir atteint plus de 80 % en 2009.

Érosion lenteC’est un fait incontesté, le taux de pénétration des génériques dans le Répertoire, l’ensemble des molécules substituables, s’érode depuis trois ans et pas seulement pour les raisons précitées. Les nouvelles molécules mises sur le marché sont plus techniques et leur substitution plus complexe : qui dit traitements pour une greffe ou un cancer dit traitements plus chers, pour moins de patients, et résistance des médecins comme des pharmaciens. Après plus d’un an et demi de commercialisation, le taux de pénétra-tion des génériques du Cellcept (DCI : mycophé-nolate mofétil) atteint faiblement 8 %. Parce que les génériqueurs n’ont peut-être pas suffisam-ment informé les médecins spécialistes,

« La bioéquivalence ne signifie pas automatiquement équivalence thérapeutique. »Académie nationale de médecine

« Les échéances brevetaires représenteront 1,5 milliard d’euros en 2012. »Catherine Bourrienne-Bautista, déléguée générale du Gemme

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Erick Roche, président de Teva

Des laboratoires de princeps s’étaient fait épingler pour avoir essayé de contrer l’arrivée des génériques. Sans succès…À la ville, non. Ils ont pu la retarder mais jamais l’empêcher. La suspicion a cepen-dant été introduite à l’encontre des géné-riques.

Feront-ils pareil pour les biosimilaires ?On peut l’imaginer, mais les leviers sont différents, plus compliqués : leur déve-loppement nécessite une taille critique, il est plus long, le prix d’entrée très élevé. Les biosimilaires, par définition non subs-tituables, requièrent une prescription médicale. Si les prescripteurs y sont de plus en plus ouverts, les autorités restent très prudentes. Nous avons peu de recul sur les princeps issus des biotechs. C’est

donc aussi une question de maturité : comme pour les génériques, les choses changeront mais plus lentement.

Ce n’est donc que le début pour les biosimilaires. Et pour les génériques ?Si vous parlez de la France, la pénétration du Répertoire n’est qu’à 65 % et le Réper-toire ne représente que 30 % des volumes du marché pharmaceutique remboursé. Non seulement vous avez encore de la place pour les génériques dans le Réper-toire, mais il y a encore tous les princeps qui n’ont pas perdu leur brevet. Ce serait donc une erreur de dire que le marché français est arrivé à maturité. Dans le reste du monde non plus, où la plus grande partie des besoins en génériques ne seraient pas couverts.

3QUESTIONSÀ...

LePHaRMaCIeN

DEFRANCE

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DÉCRYPTAGE P. 24 ENQUÊTE P. 30

À la santé des candidats

Gare au conditionnement

INVESTISSEMENT P. 40

Vidéosurveiller, ça vaut le coup ?

N o 1 2 3 8 M A R S 2 0 1 2

w w w. l e p h a r m a c i e n . f r

L’INTERVIEW« On en a pour dix ans de low cost »

Jacques Séguéla

BAISSE DES PRESCRIPTIONS, MONTÉE DU « NS », RÉTICENCE DES PATIENTS, COMPLEXITÉ DES NOUVELLES MOLÉCULES… POUR LA PREMIÈRE FOIS EN 2011, LE MARCHÉ DES GÉNÉRIQUES A RECULÉ. POURTANT, LES RAISONS DE SE RÉJOUIR NE MANQUENT PAS.

LE GÉNÉRIQUE RESTE UN ATOUT

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Actualité Enjeux

III

LE GÉNÉRIQUE RESTE UN ATOUT

Baisse des prescriptions, montée du « NS », réticence des patients, complexité des nouvelles molécules… Pour la première fois en 2011, le marché des génériques a reculé. Pourtant, les raisons de se réjouir ne manquent pas. par Anne-Laure Mercier

Un frisson a parcouru le marché du générique au début du mois de février. Il n’était pas dû à la température extérieure, certes glaciale : il s’agissait des chiffres actualisés du Gemme, l’association représentant les fabricants de génériques sur le marché français. En 2011, le nombre de boîtes vendues a diminué de 3 %, une première depuis la naissance de la substi-tution en 1999. En presque quatorze années, les temps ont bien changé. La consommation globale de médicaments a amorcé un repli his-torique en 2010, les déremboursements se succèdent et les médecins sont incités financiè-rement à prescrire moins et mieux. Le marché commence donc à subir quelques sérieux revers et pas seulement sur le terrain économique : le générique ne pouvait échapper à la méfiance généralisée. Si quelques études de-ci de-là avaient déjà tenté de déstabiliser ces « copies

de médicaments », l’Aca-démie de médecine a enfoncé le c lou le 14 février. Son rapport sur « la place des génériques dans la prescription » a en effet provoqué une série d’articles dans les médias

grand public, ne pouvant qu’instiller le doute chez les patients : « Faites-vous encore confiance aux médicaments génériques ? », interroge le site du magazine Marie Claire, « Les génériques, copies pas si conformes », pointe Le Monde… Il faut dire que l’Académie a su souffler le froid : « La bioéquivalence entre produit référent et générique ne signifie pas qu’il y a automatique-ment une équivalence thérapeutique, en particu-lier lors de la substitution d’un générique par un autre, assène-t-elle. En pratique clinique, il a été

observé pour les antibiotiques, avec certains génériques, une moindre efficacité et un délai d’action plus long. Cette donnée d’observation se trouve confirmée pour les formes injectables, par un certain nombre de travaux expérimentaux récents », portant sur certains génériques de la vancomycine en comparaison avec le princeps et « malgré une équivalence pharmaceutique parfaite ». Les génériques du Plavix en prennent aussi pour leur grade, le changement de la nature du sel utilisé « augmentant la fluctuation de biodisponibilité ».

Torts partagésL’Académie s’attaque ensuite à la fabrication des génériques, qualifiant ses process de « bonnes pratiques à haut risque […], certains fabricants n’hésitant pas à les contourner ». Elle cite, pour exemple, l’inspection d’une usine en Inde qui entraîna le retrait des lots de clopidogrel fabri-qués sur place. « Le coût croissant de la recherche pour les produits innovants et la pression sur les coûts de fabrication ont eu pour conséquence des délocalisations d’autant plus nombreuses qu’il s’agissait de génériques. […] La qualité des pro-duits devient plus difficile à assurer. » Son rapport conclut à la nécessité de « rapprocher le plus possible la présentation du générique de celle du princeps, aussi bien pour l’aspect extérieur que par la mise à disposition des différents dosages utilisés, en évitant les excipients à effet notoire. En outre, il est souhaitable que, dans le cas des trai-tements chroniques et des associations thérapeu-tiques, les patients puissent se procurer toujours la même marque de générique et donc que les pharmaciens disposent de l’ensemble des géné-riques sur le marché. Enfin, les génériques à marge thérapeutique étroite demandent à être utilisés

avec prudence ». Délocalisation, dangerosité, déloyauté… rien que cela ! Ajoutez une montée en charge de la mention « non substituable » sur les ordonnances depuis l’an dernier et vous obtenez un taux de substitution passé en 2011 sous la barre des 70 %, après avoir atteint plus de 80 % en 2009.

Érosion lenteC’est un fait incontesté, le taux de pénétration des génériques dans le Répertoire, l’ensemble des molécules substituables, s’érode depuis trois ans et pas seulement pour les raisons précitées. Les nouvelles molécules mises sur le marché sont plus techniques et leur substitution plus complexe : qui dit traitements pour une greffe ou un cancer dit traitements plus chers, pour moins de patients, et résistance des médecins comme des pharmaciens. Après plus d’un an et demi de commercialisation, le taux de pénétra-tion des génériques du Cellcept (DCI : mycophé-nolate mofétil) atteint faiblement 8 %. Parce que les génériqueurs n’ont peut-être pas suffisam-ment informé les médecins spécialistes,

« La bioéquivalence ne signifie pas automatiquement équivalence thérapeutique. »Académie nationale de médecine

« Les échéances brevetaires représenteront 1,5 milliard d’euros en 2012. »Catherine Bourrienne-Bautista, déléguée générale du Gemme

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Erick Roche, président de Teva

Des laboratoires de princeps s’étaient fait épingler pour avoir essayé de contrer l’arrivée des génériques. Sans succès…À la ville, non. Ils ont pu la retarder mais jamais l’empêcher. La suspicion a cepen-dant été introduite à l’encontre des géné-riques.

Feront-ils pareil pour les biosimilaires ?On peut l’imaginer, mais les leviers sont différents, plus compliqués : leur déve-loppement nécessite une taille critique, il est plus long, le prix d’entrée très élevé. Les biosimilaires, par définition non subs-tituables, requièrent une prescription médicale. Si les prescripteurs y sont de plus en plus ouverts, les autorités restent très prudentes. Nous avons peu de recul sur les princeps issus des biotechs. C’est

donc aussi une question de maturité : comme pour les génériques, les choses changeront mais plus lentement.

Ce n’est donc que le début pour les biosimilaires. Et pour les génériques ?Si vous parlez de la France, la pénétration du Répertoire n’est qu’à 65 % et le Réper-toire ne représente que 30 % des volumes du marché pharmaceutique remboursé. Non seulement vous avez encore de la place pour les génériques dans le Réper-toire, mais il y a encore tous les princeps qui n’ont pas perdu leur brevet. Ce serait donc une erreur de dire que le marché français est arrivé à maturité. Dans le reste du monde non plus, où la plus grande partie des besoins en génériques ne seraient pas couverts.

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20 I No 1238 I Mars 2012

III

Pour vous abonner ou joindre la rédaction, une seule adresse : [email protected]

Testez la di� érence !

eTous les mois plus d’informations, plus d’analyses, plus de réactions

e L’HEBDO du Pharmacien de France Chaque semaine, un condensé de l’actualité par mail.

L’INTERVIEW Un entretien sans concession

ÉCO&VOUS Le panorama économique du mois

DÉCRYPTAGELe dossier du mois, où santé rime avec société

BANC D’ESSAIToutes les clés pour bien référencer

L’ACTU EN BREF Six pages d’infos à chaud

Toutes les clés pour bien référencer

PHAR8381_AUTOPROMO2011_23x29,7.indd 1 21/10/11 10:2552-APERCU [P].indd 53 21/12/11 14:14

du patient en assurant la continuité du cabinet médical à l’officine. « Des études sociologiques menées notamment par des chercheurs comme Sylvie Fainzang de l’Inserm ont démontré qu’il y a quelque chose de magique pour le patient dans la prescription : il doit sentir le désir du médecin dans le traitement, sous peine de moins adhérer, raconte Erick Roche, président de Teva. Avec le générique, nous avons peut-être tous sous-estimé cette magie qui se trouve en quelque sorte rompue au comptoir. C’est un effet que nous ne pouvons pas totalement nier et sur lequel il nous faut abso-lument travailler avec les pharmaciens. »

Nouveau modèleQue l’on se rassure : en attendant de redonner confiance dans le générique, ce qui prendra peut-être plusieurs années, la « falaise des bre-

vets » (patent cliff en VO) a commencé en 2010. Ce terme un peu barbare désigne la chute massive de brevets dans le domaine public des derniers blockbusters – médicaments les plus vendus dans le monde –, qui continuera à doper le mar-ché du générique au moins jusqu’en 2014. Le 8 mai pro-chain par exemple, les géné-

riques de l’atorvastatine arriveront en France. « Les échéances brevetaires représenteront 1,5 mil-liard d’euros en 2012 : ce sera la plus belle année », confirme Catherine Bourrienne-Bautista, délé-guée générale du Gemme.À court terme, les industriels restent donc posi-tifs. Mais à long terme ? Le générique a-t-il un avenir alors que l’on annonce une panne d’inno-vation et la fin des blockbusters ? Son développe-ment a à lui seul rebattu les cartes industrielles : les laboratoires de princeps, obligés de s’adapter pour maintenir leur rentabilité, ne pourront plus s’en tenir à produire quelques autogénériques et vanter des copies « issus des mêmes usines de fabrication », comme pour l’Atorvastatine Pfizer (voir encadré ci-contre). Certains l’ont déjà com-pris, comme Sanofi, qui a acheté Zentiva en 2009. Annoncée depuis des années, l’arrivée des bio-similaires, ces génériques high-tech issus de la biotechnologie, va aussi remodeler le marché sous peu. Certains génériqueurs sont déjà sur les rangs, se diversifient, intègrent des labora-toires de princeps ou signent même des accords de développement pour des molécules originales. À terme, les biosimilaires pourront, à leur tour, inonder le marché… et les officines. Mais c’est une histoire qui reste encore à écrire. ❙

les pharmaciens et les associations de patients. Aussi parce que les officinaux sont parfois timorés quand ils sentent que les patients n’adhèrent pas à la substitution. Beaucoup d’entre eux subissent le générique, imposé sur le mode quasi autoritaire du « tiers payant contre générique ». Une mesure qui a permis l’explosion des taux de substitution dans certains départe-ments mais entame la confiance des patients dans le geste de substitution. De surcroît, côté officine, le générique a petit à petit fini par rejoindre le circuit classique de commande par le grossiste, alors que le marché s’est développé sur les ventes directes. Aujourd’hui, près de 60 % des volumes achetés passent par le grossiste-répartiteur, contre 20 % il y a quelques années. Résultat : une pression des stocks moindre pour l’officinal… Un dirigeant de laboratoire évoque ainsi la fin du « modèle phar-macien » qui, se reposant sur un système financier plutôt avantageux, en aurait oublié de substituer activement. Pour-tant, c’est bien l’officine qui est et reste le levier principal du développement du marché en France, contrairement à tous les autres marchés mondiaux. Pour l’y aider, les solutions existent. Le développement de la prescription en DCI, encore marginale chez les médecins, en est une. Elle contribuerait à lever les réticences

Les génériques ?Pas de panique !

À court terme, les industriels restent positifs.

Le développement d’un générique coûte 2 millions d’euros et nécessite deux années de travail. Pour un biosimilaire, il faut compter sept années et 70 millions d’euros.

NOTABENE

DR

Le numéro 1 mondial du médicament, Pfizer, fait face à la rude tâche de rem-placer les quelque 100 milliards de dollars de chiffre d’affaires (CA) rap-portés par son médicament star Lipi-tor (Tahor en France) depuis sa création, en 1997. Les versions géné-riques se multiplieront au mois de mai en France, le brevet ayant expiré fin 2011. Le médicament le plus vendu au monde dans l’histoire de l’industrie pharmaceutique, qui représentait 15 % du CA de son fabricant, soit plus de

10 milliards de dollars par an, va faire la joie des génériqueurs. Les ventes du princeps se réduiront comme peau de chagrin : si l’on se fie à ses prédéces-seurs pravastatine et simvastatine déjà présents sur le marché français, les taux de substitution ont rapidement atteint des valeurs élevées, au-delà de 90 %. Le laboratoire a ainsi d’ores et déjà annoncé en France le lancement d’un autogénérique, Atorvastatine Pfizer. Pas sûr que cela suffise à pallier son manque à gagner.

Tahor, la molécule à 100 milliards

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20 I No 1238 I Mars 2012

III

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du patient en assurant la continuité du cabinet médical à l’officine. « Des études sociologiques menées notamment par des chercheurs comme Sylvie Fainzang de l’Inserm ont démontré qu’il y a quelque chose de magique pour le patient dans la prescription : il doit sentir le désir du médecin dans le traitement, sous peine de moins adhérer, raconte Erick Roche, président de Teva. Avec le générique, nous avons peut-être tous sous-estimé cette magie qui se trouve en quelque sorte rompue au comptoir. C’est un effet que nous ne pouvons pas totalement nier et sur lequel il nous faut abso-lument travailler avec les pharmaciens. »

Nouveau modèleQue l’on se rassure : en attendant de redonner confiance dans le générique, ce qui prendra peut-être plusieurs années, la « falaise des bre-

vets » (patent cliff en VO) a commencé en 2010. Ce terme un peu barbare désigne la chute massive de brevets dans le domaine public des derniers blockbusters – médicaments les plus vendus dans le monde –, qui continuera à doper le mar-ché du générique au moins jusqu’en 2014. Le 8 mai pro-chain par exemple, les géné-

riques de l’atorvastatine arriveront en France. « Les échéances brevetaires représenteront 1,5 mil-liard d’euros en 2012 : ce sera la plus belle année », confirme Catherine Bourrienne-Bautista, délé-guée générale du Gemme.À court terme, les industriels restent donc posi-tifs. Mais à long terme ? Le générique a-t-il un avenir alors que l’on annonce une panne d’inno-vation et la fin des blockbusters ? Son développe-ment a à lui seul rebattu les cartes industrielles : les laboratoires de princeps, obligés de s’adapter pour maintenir leur rentabilité, ne pourront plus s’en tenir à produire quelques autogénériques et vanter des copies « issus des mêmes usines de fabrication », comme pour l’Atorvastatine Pfizer (voir encadré ci-contre). Certains l’ont déjà com-pris, comme Sanofi, qui a acheté Zentiva en 2009. Annoncée depuis des années, l’arrivée des bio-similaires, ces génériques high-tech issus de la biotechnologie, va aussi remodeler le marché sous peu. Certains génériqueurs sont déjà sur les rangs, se diversifient, intègrent des labora-toires de princeps ou signent même des accords de développement pour des molécules originales. À terme, les biosimilaires pourront, à leur tour, inonder le marché… et les officines. Mais c’est une histoire qui reste encore à écrire. ❙

les pharmaciens et les associations de patients. Aussi parce que les officinaux sont parfois timorés quand ils sentent que les patients n’adhèrent pas à la substitution. Beaucoup d’entre eux subissent le générique, imposé sur le mode quasi autoritaire du « tiers payant contre générique ». Une mesure qui a permis l’explosion des taux de substitution dans certains départe-ments mais entame la confiance des patients dans le geste de substitution. De surcroît, côté officine, le générique a petit à petit fini par rejoindre le circuit classique de commande par le grossiste, alors que le marché s’est développé sur les ventes directes. Aujourd’hui, près de 60 % des volumes achetés passent par le grossiste-répartiteur, contre 20 % il y a quelques années. Résultat : une pression des stocks moindre pour l’officinal… Un dirigeant de laboratoire évoque ainsi la fin du « modèle phar-macien » qui, se reposant sur un système financier plutôt avantageux, en aurait oublié de substituer activement. Pour-tant, c’est bien l’officine qui est et reste le levier principal du développement du marché en France, contrairement à tous les autres marchés mondiaux. Pour l’y aider, les solutions existent. Le développement de la prescription en DCI, encore marginale chez les médecins, en est une. Elle contribuerait à lever les réticences

Les génériques ?Pas de panique !

À court terme, les industriels restent positifs.

Le développement d’un générique coûte 2 millions d’euros et nécessite deux années de travail. Pour un biosimilaire, il faut compter sept années et 70 millions d’euros.

NOTABENE

DR

Le numéro 1 mondial du médicament, Pfizer, fait face à la rude tâche de rem-placer les quelque 100 milliards de dollars de chiffre d’affaires (CA) rap-portés par son médicament star Lipi-tor (Tahor en France) depuis sa création, en 1997. Les versions géné-riques se multiplieront au mois de mai en France, le brevet ayant expiré fin 2011. Le médicament le plus vendu au monde dans l’histoire de l’industrie pharmaceutique, qui représentait 15 % du CA de son fabricant, soit plus de

10 milliards de dollars par an, va faire la joie des génériqueurs. Les ventes du princeps se réduiront comme peau de chagrin : si l’on se fie à ses prédéces-seurs pravastatine et simvastatine déjà présents sur le marché français, les taux de substitution ont rapidement atteint des valeurs élevées, au-delà de 90 %. Le laboratoire a ainsi d’ores et déjà annoncé en France le lancement d’un autogénérique, Atorvastatine Pfizer. Pas sûr que cela suffise à pallier son manque à gagner.

Tahor, la molécule à 100 milliards

Page 10: Pharmacien de France mars 1238

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LePHaRMaCIeNDEFRANCEOfficine

Un générique aux rayons XSubstituons !

LA MOLÉCULE LE MARCHÉ

L’ANALYSE DU

44 I No 1238 I Mars 2012

PDM 4,6 %

AUTO-MOTOpar Christophe Bentz

56-AUTO MOTO [P].indd 3 21/12/11 14:09

PDM 29,9 %

PDM 7,1 %

PDM 5,1 %

PDM 6,2 %

PDM 28,9 %

DIFFICULTÉ À SUBSTITUERFAIBLE.Malgré un risque faible mais présent de « NS », la molécule ne présente aucun frein majeur à la substitution, grâce à une offre pléthorique.

DIFFICULTÉ LIÉE À L’OFFRETRÈS FAIBLE.Tous les principaux génériqueurs sur le marché proposent cette molécule.

REPORT DE PRESCRIPTIONTRÈS FAIBLE.Les autres inhibiteurs de recapture de la sérotonine sont déjà génériqués.

RISQUE DE « NS »MOYEN.Les médecins, notamment les spécialistes, ont parfois recours au « NS » en raison des indications de ce traitement.

ROTATION GLOBALE :45 boîtes par mois (princeps + génériques)

MARGE PAR OFFICINE :157 euros par mois (princeps + génériques)

CLASSE THÉRAPEUTIQUE : Inhibiteur de recapture sélectif de la sérotonine

MÊME CLASSE (génériqué/non génériqué) :Fluoxétine (Prozac).Sertraline (Zoloft)Citalopram (Seropram)Fluvoxamine (Floxyfral)

INDICATIONS :Épisode dépressif majeur,Troubles obsessionnels compulsifs,Trouble panique avec ou sans agoraphobie,Trouble anxiété sociale/phobie sociale,Trouble anxiété généralisée,État de stress post-traumatique.

ASSOCIATION : NON

CONDITIONNEMENT TRIMESTRIEL : NON

INSCRIPTION RÉPERTOIRE : OUI

MARCHÉ TOTAL : 90,1 millions d’euros (princeps + génériques)

MARGE TOTALE : 44,3 millions d’euros (princeps + génériques)

La paroxétine est une molécule bien substituée par les pharmaciens : le taux approche en effet les 90 %. Les données du panel Pharmastat montrent même qu’un nombre important d’officines (plus de 1 000 au niveau national) substituent à 100 % cette molécule : un carton plein ! Il faut dire que ce traitement au long cours – au moins six mois chez les patients dépressifs – ne présente pas de freins majeurs à la substitution malgré des indications variées dans le domaine de la psychiatrie (troubles obsessionnels, anxiété sociale, trouble panique…). À vous de jouer !

Données FSPF/Pharmastat

Paroxétine

CRISTERS(non représenté)

PDM 1,1 %

EVOLUGEN(non représenté)

PDM 0,8 %

PHR(non représenté)

PDM 0,8 %

RANBAXY(non représenté)

PDM 2,0 %

ZYDUS(non représenté)

PDM 2,4 %

ISOMED(non représenté)

PDM 2,8 %

RATIOPHARM(non représenté)

PDM 3,2 %

QUALIMED(non représenté)

PDM 0,8 %

EG(non représenté)

PDM 3,7 %

PDM : part de marché (génériques)

DCI : donépézil

PRINCEPS : Aricept

CLASSE THÉRAPEUTIQUE : anti-Alzheimer, inhibiteur de l’acétylcholinestérase

LA SORTIE DU MOIS

Page 11: Pharmacien de France mars 1238

LePHaRMaCIeNDEFRANCE

LePHaRMaCIeNDEFRANCEOfficine

Un générique aux rayons XSubstituons !

LA MOLÉCULE LE MARCHÉ

L’ANALYSE DU

44 I No 1238 I Mars 2012

PDM 4,6 %

AUTO-MOTOpar Christophe Bentz

56-AUTO MOTO [P].indd 3 21/12/11 14:09

PDM 29,9 %

PDM 7,1 %

PDM 5,1 %

PDM 6,2 %

PDM 28,9 %

DIFFICULTÉ À SUBSTITUERFAIBLE.Malgré un risque faible mais présent de « NS », la molécule ne présente aucun frein majeur à la substitution, grâce à une offre pléthorique.

DIFFICULTÉ LIÉE À L’OFFRETRÈS FAIBLE.Tous les principaux génériqueurs sur le marché proposent cette molécule.

REPORT DE PRESCRIPTIONTRÈS FAIBLE.Les autres inhibiteurs de recapture de la sérotonine sont déjà génériqués.

RISQUE DE « NS »MOYEN.Les médecins, notamment les spécialistes, ont parfois recours au « NS » en raison des indications de ce traitement.

ROTATION GLOBALE :45 boîtes par mois (princeps + génériques)

MARGE PAR OFFICINE :157 euros par mois (princeps + génériques)

CLASSE THÉRAPEUTIQUE : Inhibiteur de recapture sélectif de la sérotonine

MÊME CLASSE (génériqué/non génériqué) :Fluoxétine (Prozac).Sertraline (Zoloft)Citalopram (Seropram)Fluvoxamine (Floxyfral)

INDICATIONS :Épisode dépressif majeur,Troubles obsessionnels compulsifs,Trouble panique avec ou sans agoraphobie,Trouble anxiété sociale/phobie sociale,Trouble anxiété généralisée,État de stress post-traumatique.

ASSOCIATION : NON

CONDITIONNEMENT TRIMESTRIEL : NON

INSCRIPTION RÉPERTOIRE : OUI

MARCHÉ TOTAL : 90,1 millions d’euros (princeps + génériques)

MARGE TOTALE : 44,3 millions d’euros (princeps + génériques)

La paroxétine est une molécule bien substituée par les pharmaciens : le taux approche en effet les 90 %. Les données du panel Pharmastat montrent même qu’un nombre important d’officines (plus de 1 000 au niveau national) substituent à 100 % cette molécule : un carton plein ! Il faut dire que ce traitement au long cours – au moins six mois chez les patients dépressifs – ne présente pas de freins majeurs à la substitution malgré des indications variées dans le domaine de la psychiatrie (troubles obsessionnels, anxiété sociale, trouble panique…). À vous de jouer !

Données FSPF/Pharmastat

Paroxétine

CRISTERS(non représenté)

PDM 1,1 %

EVOLUGEN(non représenté)

PDM 0,8 %

PHR(non représenté)

PDM 0,8 %

RANBAXY(non représenté)

PDM 2,0 %

ZYDUS(non représenté)

PDM 2,4 %

ISOMED(non représenté)

PDM 2,8 %

RATIOPHARM(non représenté)

PDM 3,2 %

QUALIMED(non représenté)

PDM 0,8 %

EG(non représenté)

PDM 3,7 %

PDM : part de marché (génériques)

DCI : donépézil

PRINCEPS : Aricept

CLASSE THÉRAPEUTIQUE : anti-Alzheimer, inhibiteur de l’acétylcholinestérase

LA SORTIE DU MOIS