PHI1015 Histoire et Existence Hiver 2014

Professeur Marc Djaballah

PLAN DE COURS

Horaire : jeudi 18h-21h Salle : DS-M425 Professeur Marc Djaballah djaballah.marc@uqam.ca 514.987.3000, poste 4910 Bureau : W-5240 Description selon l’annuaire Le cours vise à fournir un panorama historique introductif des principaux courants philosophiques qui, depuis Kant, ont fait de l'histoire et de l'existence des catégories centrales de leur réflexion. En se fondant sur la lecture et l'analyse des grands textes de l'histoire de la philosophie des XIXe et XXe siècles, il entend initier les étudiants à ce pan de la philosophie qui a donné aux interrogations sur l'existence et les valeurs préséance sur les questionnements épistémologiques, et qui a conçu rationalité et expérience comme historiquement et culturellement déterminées. Le cours pourra aborder les différentes incarnations de l'idéalisme allemand (par exemple Fichte, Schelling ou Hegel), le matérialisme historique (par exemple Marx), l'historicisme, l'herméneutique philosophique (par exemple Schleiermacher ou Dilthey), la pensée de Nietzsche, le néokantisme (par exemple Windelband et Rickert), la philosophie de Bergson, la phénoménologie (par exemple Husserl ou Heidegger), l'existentialisme (par exemple Sartre), etc. Contenu du cours La catégorie de la philosophie continentale a longtemps été d’usage, particulièrement en Amérique du Nord et en Angleterre, pour désigner la mosaïque de figures et de courants philosophique français et allemands. Le terme est d’origine institutionnelle, introduit au milieu du XXe siècle dans des départements de philosophie anglo-américains pour se différentier de la philosophie de la tradition analytique (voir R. Kearney, « Introduction », Twentieth-Century Continental Philosophy, p. 1) ; il a été repris par des philosophes analytiques pour se dissocier justement des approches qui y étaient préconisées. Par défaut, la philosophie continentale en est venue ainsi à regrouper un ensemble disparate de figures et d’approches parmi lesquelles coexistent l’incommensurabilité et l’interaction, rassemblant par ex. Bergson, Deleuze et Blanchot, autant que Derrida, Bataille et Kristeva ; la phénoménologie, l’herméneutique et l’existentialisme, autant que le structuralisme, la théorie critique

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et la théorie postcoloniale. Tant bien que mal, la distinction analytique/continentale est néanmoins devenue largement la grille de classification de la philosophie occidentale contemporaine de façon générale. Or, on a souvent remarqué les limites de cette grille. Pour ne prendre qu’un exemple saillant, elle contraste un principe de classification méthodologique avec une différence géographique (G. Gutting), comme si l’on divisait les automobiles en véhicules à quatre roues et voitures fabriquées au Japon (B. Williams). Si l’on creuse cette classification borgésienne pour en dégager un contenu conceptuel stable, on se retrouve devant des résultats hautement contestables : un consensus sur les traits caractéristiques respectifs des deux traditions semble impossible. Certes, on peut maintenir que l’unité interne de la philosophie analytique n’est pas particulièrement problématique, et qu’elle est moins précaire que celle de son vis-à-vis ; la viabilité de la grille n’en est pas pour autant établie, en l’absence de principes organisateurs. Sur ce plan, ce qui unifie l’ensemble des approches désignées « continentales », et qui les distingue de leur contrepartie analytique, nous échappe. En relèvent autant le sauvetage du sujet que sa destruction, autant la revendication de l’absolu que le constat de la finitude, autant le primat du social que celui de l’individu, etc. La diversité des thèmes et des problèmes est encore plus considérable… Force est donc de considérer la grille analytique/continentale comme étant d’un intérêt largement historique : c’est un outil qui a essentiellement épuisé sa pertinence en dépit d’une survie vestigiale dans le monde philosophique actuel. Cette importance historique est tout de même indéniable, et l’histoire de la philosophie des deux derniers siècles ne peut pas se permettre de ne pas en tenir compte. On peut bien convenir qu’il faudrait une grille d’analyse plus cohérente et efficace pour la catégorisation de la philosophie contemporaine ; mais en faire une question historique ne peut que contribuer au dépassement de la dichotomie. Dans cette optique, nous reprenons la distinction de Michel Foucault entre deux attitudes philosophique, une analytique de la vérité et une ontologie historique de nous-mêmes. Sans lui être identique, cette grille recoupe largement la grille analytique/continentale, mais elle a l’avantage de remplacer une localisation géographique par un principe de catégorisation consistant, d’ordre méthodologique. Qu’on y pense. Foucault propose que les deux types d’approches philosophiques dominantes des XIXe et XXe siècles ne sont pas seulement postkantiennes, mais qu’elles sont toutes deux issues de Kant : la philosophie de cette période se rapprocherait de l’une ou de l’autre forme de critique. Par « analytique de la vérité », Foucault entend une forme épistémologique critique qui s’interroge sur les conditions de possibilité de la connaissance et de la vérité. Par « ontologie historique de nous-mêmes », il entend une forme de critique qui s’interroge sur le champ actuel des expériences possibles et impossibles, sur les conditions historiques de l’existence dans le contemporain et, leur contestant, celles de leur transformation possible. Face au déploiement acharné d’arguments formels typique de l'analytique de la vérité, tient lieu ici l'idéal - nourrit d’une curiosité alerte et probante - de mettre les limites de notre expérience actuelle à l'épreuve, les contestant par l’exercice même de les élaborer imaginativement. Ses objectifs ne sont pas dans le registre de la consolidation de connaissances et de vérités, mais des possibilités de transformation de nos modes d'existence par la voie de l'interrogation de leurs déterminants historiques. En ces termes, alors que l’attitude « analytique de la vérité » alimenterait la tradition de philosophie analytique, l’« ontologie historique de nous-mêmes » animerait la part du lion de ce que l’on appelle la philosophie continentale. C’est à l’étude de figures les plus marquantes de la tradition de cette attitude philosophique que le cours sera consacré. Dans l’optique d’une étude philosophique historiquement orientée plutôt qu’historique à strictement parler, le cours se préoccupera davantage de la structure interne des discours et des raisonnements, et des problèmes philosophique qui en émergent, que de considération de contextes sociaux-économiques ou de liens d’influence. L’objectif directeur sera de saisir ce en quoi chacune des figures en question apporte une contribution historique d’ordre conceptuel au discours philosophique, par la voie de la lecture, l’analyse, et l’interprétation approfondies de leurs textes.

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Plan 1) 9 janvier : introduction – Kant et les deux voies critiques 2) 16 janvier : Hegel 3) 23 janvier) : Hegel 4 (30 janvier) : Marx 5 (6 février) : Kierkegaard 6 (13 février) : Emerson/Nietzsche 7 (20 février) : Nietzsche 8 (27 février) : Semaine de lecture 9 (6 mars) : Bergson 10 (13 mars) : Husserl/Heidegger 11 (20 mars) : Adorno/Benjamin 12 (27 mars) : Arendt/Merleau-Ponty 13 (3 avril) : Gadamer/Ricœur 14 (10 avril) : Foucault 15 (17 avril) : Ch. Taylor Évaluation 2 explications de texte de 1200 mots : 2x25% (21 février & 28 mars : à remettre par courriel) 1 examen final à faire à la maison : 50% (17-20 avril : l’examen vous sera distribué par courriel le cours le 17, et devrait être rendu par courriel au plus tard le 20 avril à minuit) Bibliographie Adorno, T., Dialectique négative (1966), trad. Collège de philosophie, Paris : payot, 1978, -- La Dialectique de la Raison (avec Max Horkheimer, 1944), trad. Eliane Ka;ufholz, Paris, Gallimard, 1974. -- Prismes (1955), trad. Geneviève et Rainer Rochlitz, Paris : Payot, 1986. Arendt, H., Condition de l’homme moderne, traduction française G. Fradier, Paris : Calmann-Lévy,1992. -- La philosophie de l'existence et autres essais, Paris : Payot, 2000. -- Les Origines du totalitarisme, Paris : Gallimard, 2002. Benjamin, Oeuvres, 3 vols., Paris: Gallimard, 2000. Bergson H., Essai sur les données immédiates de la conscience (1889), Arnaud Bouaniche, Paris: PUF, coll. « Quadrige », 2007. -- Matière et mémoire (1896), éd. critique sous la direction de Camille Riquier, Paris: PUF, coll. « Quadrige », 2008. -- La pensée et le mouvant (1934), Paris: PUF, coll. « Quadrige », 6e éd., 1998. -- L’énergie spirituelle (1919), Paris: PUF, coll. « Quadrige », 5e éd., 1996.

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Foucault M., Les mots et les choses, Paris: Gallimard, 1966. -- L’archéologie du savoir, Paris: Gallimard, 1969. -- L’ordre du discours, Paris: Presses Universitaires de France, 1970. -- Histoire de la sexualité I. La volonté de savoir, Paris: Gallimard, 1976. -- Dits et Écrits I. 1954-1969, Paris: Gallimard, 1994. -- Dits et Écrits II. 1970-1975, Paris: Gallimard, 1994. -- Dits et Écrits IV. 1976-1979, Paris: Gallimard, 1994. -- Dits et Écrits V. 1980-1988, Paris: Gallimard, 1994. Gadamer, H.-G., Esquisses philosophiques : essais et conférences, Paris : Vrin, 2004. -- L'art de comprendre. Herméneutique et tradition philosophique. Ecrits 1, trad. P. Fruchon, Paris : Aubier Montaigne, 1982. -- L'art de comprendre. Herméneutique et champs de l’expérience humaine. Ecrits 2, trad. Paris : Aubier Montaigne, 1991. --La philosophie herméneutique, trad. J. Grondin, Paris : PUF, 1996.

Hegel, G. W. F., Encyclopédie des sciences philosophiques en abrégé (1830), trad. M. de Gandillac, Paris: Gallimard, 1970. --Foi et savoir: Kant, Jacobi, Fichte, trad. Alexis Philonenko, Paris: Vrin, 1988. -- La Raison dans l’Histoire, trad. K. Papaioannou, Paris: UGE 10-18, 1965. --Phénoménologie de l'Esprit, trad. Jean Hyppolite, 2 vol., Paris : Aubier, 1939. --Principes de la philosophie du droit, trad. Jean-Louis Vieillard-Baron, Paris :Flammarion, 1999. Heidegger M., Être et Temps, tr. fr. E. Martineau, Paris, Authentica (hors commerce), 1985.

-- Questions I-IV, Paris, Gallimard, 1968. -- Ontologie. Herméneutique de la factivité, trad.. A. Boutot, Paris, Gallimard, 2012. Kierkegaard, S., Le Journal du séducteur, Paris, Gallimard, « Folio Essais », 1990. Les miettes philosophiques, Paris : Le Seuil, « Points-Essais », 1996. -- Oeuvres, Paris, Robert Laffont « Bouquins » :paris, 1993. -- Post-scriptum aux miettes philosophiques, trad. P. Petit, Paris, Gallimard, 1949, Marx, K., Manuscrits de 1844 (1845). --Philosophie, éd. et trad. Maximilien Rubel et al., Paris, Gallimard-Folio, 1994. -- Le Capital, Livre I, chap. 1, 4, 5 ( p. 35 à 76 et 115 à 129 ), trad . Jules Roy, Paris, Flammarion-Champs, 1985. Merleau-Ponty M., Causeries (1948), textes établis et annotés par Stéphanie Ménasé, Paris: Éditions du Seuil, 2002. -- Éloge de la philosophie. Et autres essais, Paris: Éditions Gallimard, collection «Folio/Essais», 1960. -- La prose du monde, texte établi par Claude Lefort, Paris: Éditions Gallimard, collection « Tel », 1992. -- Le primat de la perception et ses conséquences philosophiques, Paris: Éditions Verdier, 1996. -- Le visible et l’invisible, texte établi par Claude Lefort, Paris: Éditions Gallimard, coll. « Tel », 1979. -- L’œil et l’esprit, 1964. -- Phénoménologie de la perception, Paris, Éditions Gallimard, collection « Biblio. des Idées », 1945. -- Signes, Paris: Éditions Gallimard, NRF, 1960.

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Nietzsche, Oeuvres, 2 vols., Paris: Paris: laffont (coll. Bouquins), 1993. Ricœur P., Du texte à l'action. Essais d'herméneutique II, Paris: Seuil, 1986. -- Écrits et conférences II. Herméneutique, Paris: Seuil, 2010. --La critique et la conviction, Paris, Hachette littérature, 2001. -- Le conflit des interprétations. Essais d'herméneutique, Paris: Seuil, 1967. -- Réflexion faite. Autobiographie intellectuelle, Paris: Editions Esprit, 1995.

Taylor, Ch., L'âge séculier, Paris : Seuil,‎ 2011. -- La Liberté des modernes, Paris : Presses Universitaires de France, 1999. --Le Malaise de la modernité, Paris : Cerf,‎ 2002. --Les sources du moi : La formation de l'identité moderne, Paris : Seuil,‎ 1998. -- Hegel et la société moderne, Paris : Cerf,‎ 1998.