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Philosophie(s) et Sciences Cognitives La philosophie des sciences cognitives
Alice DUPAS - ENS de Lyon - [email protected]
Introduction
Philosophie générale et philosophies spéciales des sciences
Philosophie générale des sciences
cognitives
Philosophie de la psychologie
Philosophie de l’IA
Philosophie de la linguistique
Philosophie des neurosciences
La philosophie des neurosciences et le passage à la neurophilosophie
● Postulat naturaliste des sciences cognitives ● Les neurosciences vont particulièrement loin dans l’entreprise de naturalisation
: elles s’occupent du cerveau (= ses phénomènes proprement biologiques). ● Elles se dotent de postulats philosophiques ⇒ passage des neurosciences à la
neurophilosophie. ● La neurophilosophie pense que les découvertes en neurosciences vont
résoudre d’anciens problèmes philosophiques :- le mind-body problem- le libre arbitre - les jugements moraux
Des neurosciences à la neuroéthique
● = Combinaison neurosciences + éthique (problèmes neuroscientifiques et philosophiques).
● Une méthode particulière ? ● = Réflexion sur les implications éthiques et sociétales des
neurosciences.
Plan du cours
I. Le problème de l’explication en philosophie des neurosciences II. La reprise du mind-body problem par la neurophilosophie
III. Le problème du libre arbitre comme exemple paradigmatique pour la neuroéthique
Les différents niveaux des neurosciences
1. La neurobiologie moléculaire2. La neurobiologie cellulaire 3. Les neurosciences intégrées 4. Les neurosciences cognitives5. Les neurosciences sociales
Le problème de l’explication
Comment concevoir le rapport entre ces niveaux ?
= Deux positions possibles en philosophie de l’explication neuroscientifique
:
- Explication réductionniste = rapport de réduction des hauts niveaux
aux bas niveaux
- Explication mécaniste = rapport d’intégration des niveaux (==> va
au-delà d’un seuil fondamental).
Le “style neuromoléculaire de pensée”
❖ Le cerveau est un organe comme tous les autres.
❖ ⇒ Comment dans le cas des autres organes, de nombreux processus
et structures neuronaux ont été conservés au cours de l’évolution.
❖ Chaque événement dans le cerveau est identifiable à un événement
moléculaire.
❖ A ce niveau, le processus de neurotransmission (communication
entre les neurones) est essentiel.
L’explication réductionniste de J. Bickle
❖ Le niveau moléculaire est théoriquement premier. ❖ ⇒ Réduction (réductionnisme radical) opérée entre un niveau très bas (niveau
cellulaire et moléculaire) et un niveau élevé (niveau cognitif), sans passer par des niveaux intermédiaires.
❖ Bickle critique une philosophie de la cognition qui n’entre pas dans le détail des neurosciences cognitives : « The idea is that instead of imposing philosophical intuitions on what reduction has to be, we should examine scientific case studies to understand reduction. We should look at experimental practices of an admittedly reductionistic field, characterized as such by its practitioners and other scientists ».
❖ Le cerveau jouit d’une priorité causale sur l’environnement.
La réduction mécaniste
❖ Modèle moins réductionniste que le précédent.
❖ Expliquer un phénomène = dire pourquoi ce phénomène est
engendré en l’insérant dans un enchaînement causal d’événements.
❖ Un phénomène est donc le résultat d’un mécanisme → pour
expliquer le mécanisme, il faut le décomposer en entités, qui ont lieu
à des niveaux différents, et pas seulement tout ramener au niveau
fondamental (= niveau le plus bas) des neurosciences.
La reprise de la théorie de l’identité
➢ Certains passent de la réduction méthodologique à la réduction métaphysique.
➢ Bickle rejette l’argument de la réalisabilité multiple = retour à la théorie de l’identité.
➢ Les neurosciences ont la capacité de nous faire progresser dans la résolution de problèmes philosophiques classiques.
La neurophilosophie des Churchland
● Dans la neurophilosophie il faut distinguer :- Une thèse scientifique = thèse matérialiste.- Une thèse métaphysique ou idéologique = thèse de l’élimination
des états mentaux ⇒ Ce qui est opéré est une “simplification ontologique” pour penser une union esprit-cerveau.
● Avec la croyance dans les progrès des neurosciences, on pense possible une fusion entre la philosophie et les neurosciences.
Citations de Guillemot, “le naturalisme et la philosophie de l’esprit”.
« Comme son nom l'indique, le matérialisme éliminatif veut procéder à une élimination des entités mentales, et cette démarche se distingue d'une réduction ou d'une identification. En effet, parce que les entités mentales ne seraient qu'une fiction, il veut procéder à leur élimination, ainsi qu'à celle des concepts mentaux usuels y faisant référence, au profit d'entités matérielles et de concepts ne renvoyant qu'à des entités matérielles, ces derniers étant extraits de la neurophysiologie (...) « Le matérialisme éliminatif ne partage pas la thèse selon laquelle nous devrions identifier les états mentaux aux états cérébraux (...). Le matérialisme éliminatif ne « prêche » pas la réduction du mental au cérébral, il prêche son élimination ou sa disparition ».
La neuroéthique
❖ Naissance dans les années 2000 (Kass, Glannon, Baertschi).
❖ = Prolongement de la bioéthique.
❖ Division entre :- Neuroéthique appliquée = problèmes liés à la pratique des
neurosciences
- Neuroéthique fondamentale = les neurosciences peuvent-elles
révolutionner les problèmes éthiques classiques ?
❖ Principe de précaution = “incliner sans nécessité”.
L’exemple du libre arbitre
Les trois conceptions classiques du libre arbitre :
Compatibilisme = (1) Liberté et déterminisme
Incompatibilisme = (2) Libertarianisme ou (3) Déterminisme radical
a) Le libertarianisme
➢ = Conception naïve du libre arbitre : le libre arbitre est exclusif du déterminisme.
➢ Un acte libre est motivé par une volonté qui n’a pas de causes = free will, libre volonté.
➢ Dans des circonstances similaires, l’acte aurait pu être tout autre.
b) Le déterminisme radical/dur
➢ Il n’existe pas de telles intentions ou actions libres. ➢ Les actions humaines sont insérées dans un enchaînement
causal et de circonstances irrémédiables. ➢ ⇒ Les actions humaines s’insèrent dans le monde naturel.
c) Le compatibilisme
➢ La liberté est compatible avec le déterminisme.
➢ Il ne s’agit pas d’exclure l’idée que les intentions d’agir ont des
causes, mais on les reconnaît comme libres si elles sont nôtres.
➢ Importance de la délibération → Harry Frankfurt : être libre = être
en accord avec ses désirs.
➢ Pour le compatibilisme, il y a de la liberté, mais le libertarianisme
(purement a-causal) est inintelligible.
Le problème du libre arbitre en lien avec le mind-brain problem.
Dualisme Monisme
Dualisme des substances
Matérialisme non réductionniste
Matérialisme réductionniste Matérialisme éliminativiste
Dualisme interactionniste : J. Eccles.
Dualisme des propriétés : D. Chalmers.
Fonctionnalisme : Putnam, Fodor.
Monisme anomal : Davidson
Théorie de l’identité psycho-physique : Feigl, Place, Smart.
Neurophilosophie : Churchland.
Le problème neuroéthique du libre arbitre
★ Un enjeu social et moral.
★ Le libre arbitre n’est-il pas, finalement, une exigence
sociale ?
★ Problème : est-il raisonnable de croire au libre
arbitre ?
Pour aller plus loin : bibliographie indicative
- Baertschi B., La neuroéthique. Ce que les neurosciences font à nos conceptions morales, 2009
- Bickle J., Philosophy and Neuroscience. A Ruthlessly Reductive Account, 2003
- Churchland P., “La grande question : avons-nous un libre arbitre ?”, 2006
- Churchland P., Neurophilosophy: Toward a Unified Science of the Mind-Brain, 1989
- Crick F & Kock C., “Consciousness and neuroscience”, 1998
- Dupouey P., “Neuroscience et philosophie”, 2007
- Frank M. J. & Badre D., “How cognitive theory guides neuroscience”, 2015
- Gazzaniga M., The Cognitive Neurosciences, 1995
- Glannon W., Bioethics and the Brain, 2006
- Jeannerod M., “Les neurosciences à l’orée du XXIe siècle”, 2002
- Missa J-N., L’Esprit-cerveau. La philosophie de l’esprit à la lumière des neurosciences, 1993
- Rose et Abi-Rached, Neuro. The New Brain Sciences and the Management of the Mind, 2013
- Suzanne E., “Les neurosciences, une position réductionniste ?”,
- Tiberghien G., “Entre neurosciences et neurophilosophie : la psychologie cognitive et les sciences
cognitives”, 2007.
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