20
S amedi 19 décembre, la Biennale 2015, Demain, s’est terminée. Un bilan en est tracé avec les artistes le dimanche 20 à la suite de l’Eucharistie dominicale. Il est certain que l’attente de tous est claire. Nous souhaitons que la Biennale perdure. Hélas, malgré mes demandes récurrentes, à Lyon, nous n’avons jamais eu la certitude d’une pérennité de cette pré- sence d’Église dans le monde d’aujourd’hui. Je précise. Au sein du service arts, cultures et foi (et même avant), j’ai réguliè- rement indiqué qu’une visibilité devait être donnée d’une façon pérenne à l’action missionnaire des disciples du Christ auprès des artistes et des visiteurs des expositions d’art contemporain. Une église bien placée dans l’agglomération et dédiée à ce dialogue avec les arts pourrait servir de référent ecclésial lar- gement visible, œuvrant au dévoilement de la Bonne Nouvelle du Christ dans le lan- gage porté par les créateurs actuels. Les bâtiments qui jouxtent l’église Saint- Polycarpe et l’église elle-même remplis- sent cette mission. Pour que cela soit con- fortablement dans le long terme, il faut qu’une sérieuse harmonie existe entre la vie paroissiale et le dialogue avec les créa- teurs et les amateurs de créations artis- tiques actuelles. Bref, importe qu’il y ait une politique pastorale et missionnaire al- lant dans ce sens. Dans le présent ce n’est pas le cas. Les cadres de l’Église à Lyon veulent « garder » cette église sans orien- tation précise pour la remettre à une com- munauté monastique. Depuis 2002, j’en- tends qu’il ne convient pas d’oblitérer l’ave- nir de Saint-Polycarpe. Est-ce que demain ouvrira de nouvelles portes, en ce lieu ou en d’autres ? C’est une question de poli- tique pastorale. C’est en lisant un article du Journal La Croix (14 décembre 2015) que j’ai repensé à tout cela. Dans l’Église à Metz, l’orienta- tion est différente, me semble-t-il. J’ai eu l’occasion d’en parler avec le père Robert Féry. Dans son article, Élise Descamps explique que l'association Chemins d'art et de foi en Moselle est portée par deux prêtres : le P. Robert Féry, et le P. Robert Scholtus, son actuel président. Ce dernier est curé de Saint-Maximin, une église où se développent de nombreuses actions artistiques. L'association organise régulièrement des expositions, des conférences, des concerts et des balades, avec l’objectif de créer des ponts entre les Églises et les habitants de la ville de Metz et de ses environs. Il s’agit de retrouver la beauté dans l'expression de la foi, de faire dialoguer le monde des ar- tistes et celui des croyants. Elle propose des concerts et lectures théâtralisées, fai- sant la part belle aux œuvres non chré- tiennes. Ainsi, chaque dimanche matin de dé- cembre, après la messe de 9 heures dans la très jolie église Saint-Maximin (célèbre pour ses vitraux de Jean Cocteau), fut proposée une lecture de texte en réso- nance avec la Bible, et qui a trait à l'at- tente, par des comédiens professionnels, accompagnés par un instrument. « Un di- manche, Yves Thouvenel a lu, accompa- gné de l'accordéon, des passages des Contes inédits de l'écrivain français liber- taire Jean Meckert, où la parabole du bon Samaritain est transposée dans un café ». Michel Durand Éditorial 1 er janvier 2016 Janvier 2016, N° 212 Trimestriel Dans ce numéro Editorial 1 La BASA est morte, vive la BASA ! 2 A propos de la biennale d’art sacré actuel 3 Appel du 9 décembre 6 Le sens du Noël chrétien 7 L’impossible modèle économique libéral 9 Notre-Dame des Avents, église Saint-Christophe 11 Parcours 14, Lyon, la Révolution et après... 12 Demain, ici, maintenant 15 Aragon 2015 17 Suzanne Sabathé- Reynes 19 Expo : Tony Peirera Ferreira 20 Se construire par la beauté Photo : Hugues Delescluses Tekoaphotos

Photo : Hugues Delescluses Tekoaphotosresurgences-lyon.fr/wp-content/uploads/2014/05/... · C’est en lisant un article du Journal La Croix (14 décembre 2015) que j’ai repensé

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S amedi 19 décembre, la Biennale 2015, Demain, s’est terminée. Un bilan en est tracé avec les artistes

le dimanche 20 à la suite de l’Eucharistie dominicale. Il est certain que l’attente de tous est claire. Nous souhaitons que la Biennale perdure. Hélas, malgré mes demandes récurrentes, à Lyon, nous n’avons jamais eu la certitude d’une pérennité de cette pré-sence d’Église dans le monde d’aujourd’hui. Je précise. Au sein du service arts, cultures et foi (et même avant), j’ai réguliè-rement indiqué qu’une visibilité devait être donnée d’une façon pérenne à l’action missionnaire des disciples du Christ auprès des artistes et des visiteurs des expositions d’art contemporain. Une église bien placée dans l’agglomération et dédiée à ce dialogue avec les arts pourrait servir de référent ecclésial lar-gement visible, œuvrant au dévoilement de la Bonne Nouvelle du Christ dans le lan-gage porté par les créateurs actuels. Les bâtiments qui jouxtent l’église Saint-Polycarpe et l’église elle-même remplis-sent cette mission. Pour que cela soit con-fortablement dans le long terme, il faut qu’une sérieuse harmonie existe entre la vie paroissiale et le dialogue avec les créa-teurs et les amateurs de créations artis-tiques actuelles. Bref, importe qu’il y ait une politique pastorale et missionnaire al-lant dans ce sens. Dans le présent ce n’est pas le cas. Les cadres de l’Église à Lyon veulent « garder » cette église sans orien-tation précise pour la remettre à une com-munauté monastique. Depuis 2002, j’en-tends qu’il ne convient pas d’oblitérer l’ave-nir de Saint-Polycarpe. Est-ce que demain ouvrira de nouvelles portes, en ce lieu ou en d’autres ? C’est une question de poli-tique pastorale. C’est en lisant un article du Journal La Croix (14 décembre 2015) que j’ai repensé à tout cela. Dans l’Église à Metz, l’orienta-tion est différente, me semble-t-il. J’ai eu l’occasion d’en parler avec le père Robert Féry. Dans son article, Élise Descamps explique que l'association Chemins d'art

et de foi en Moselle est portée par deux prêtres : le P. Robert Féry, et le P. Robert Scholtus, son actuel président. Ce dernier

est curé de Saint-Maximin, une église où se développent de nombreuses actions artistiques. L'association organise régulièrement des expositions, des conférences, des concerts et des balades, avec l’objectif de créer des ponts entre les Églises et les habitants de la ville de Metz et de ses environs. Il s’agit de retrouver la beauté dans l'expression de la foi, de faire dialoguer le monde des ar-tistes et celui des croyants. Elle propose des concerts et lectures théâtralisées, fai-sant la part belle aux œuvres non chré-tiennes. Ainsi, chaque dimanche matin de dé-cembre, après la messe de 9 heures dans la très jolie église Saint-Maximin (célèbre pour ses vitraux de Jean Cocteau), fut proposée une lecture de texte en réso-nance avec la Bible, et qui a trait à l'at-tente, par des comédiens professionnels, accompagnés par un instrument. « Un di-manche, Yves Thouvenel a lu, accompa-gné de l'accordéon, des passages des Contes inédits de l'écrivain français liber-taire Jean Meckert, où la parabole du bon Samaritain est transposée dans un café ».

Michel Durand

Éditorial

1er janvier 2016

Janvier 2016, N° 212

Trimestriel

Dans ce numéro

Editorial 1

La BASA est morte, vive la BASA !

2

A propos de la biennale d’art sacré actuel

3

Appel du 9 décembre 6

Le sens du Noël chrétien 7

L’impossible modèle économique libéral

9

Notre-Dame des Avents, église Saint-Christophe

11

Parcours 14, Lyon, la Révolution et après...

12

Demain, ici, maintenant 15

Aragon 2015 17

Suzanne Sabathé-Reynes

19

Expo : Tony Peirera Ferreira

20

Se construire par la beauté

Photo :

Hugues Delescluses

Tekoaphotos

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leurs murs, usurpant le terme de galerie qui, elle, prend le risque de défendre les artistes qu’elle montre. N’importe qui peut vendre - souvent mieux que ceux qui s’engagent sur la route étroite et pé-rilleuse de la création. Les cartes sont brouillées et le public ne sait plus où se trouvent ceux que l’on nomme « artistes ». Mais qu’est-ce que c’est, un artiste ? Bien sûr, tout le monde peut faire quelque chose de beau à un moment ou à un autre, mais l’art nécessite un che-minement, un travail dans la durée. Quels que soient les obstacles. Dans les ateliers que j’ai animés j’encoura-geais mes élèves à créer, à se libérer, se faire plaisir et rien n’interdisait qu’ils deviennent un jour artistes si le désir se faisait sentir. Mais au lieu de constater cet appel chez l’un ou chez l’autre, il m’est arrivé de temps à autre d’en-tendre, devant un dessin ou une pein-ture réalisés pendant l’atelier : « vous pensez que je peux le vendre com-bien ? » L’ambiance actuelle porte à la marchandisation… et l’artiste est défigu-ré. Les artistes que j’ai rencontrés au cours de cette BASA ont tous en commun une ligne, une démarche, un univers. Et c’est ça qui détermine un artiste. Il ne suffit pas de poser un point, une ligne, une couleur à un moment ou à un autre pour être artiste ! Le temps doit œuvrer. L’art est exigeant et l’on peut dire que l’on entre en art comme on entre en reli-gion. On peut adopter une attitude d’ar-tiste, suivre des stéréotypes véhiculés par un public désireux d’être rassuré, mais cela reste alors un simulacre, une

A l’heure où j’écris ces mots, la Xe BASA avance vers sa fin et l’heure des bilans approche. Le

commissariat de cette édition 2015 a, pour moi, été riche en rencontres, mais le questionnement autour de sa conti-

nuation a pesé de façon subtile. Une fin définitive, un déménagement, une trans-formation ? Demain était le thème et il a résonné avec puissance : que sera la BASA demain ? La plupart des artistes participants ont manifesté leur joie d’exposer dans des conditions agréables - l’ambiance étant chaleu-reuse, les relations étant humaines, personnalisées et non anonymes comme c’est souvent le cas. Artiste moi-même, je connais la carence actuelle de lieux d’exposition dignes de ce nom. L’art est actuellement, comme beaucoup d’autres territoires, devenu une grande foire où n’importe qui peut s’autoproclamer artiste et s’exposer dans des espaces qui louent

La BASA est morte, vive la BASA !

Les artistes que

j’ai rencontrés

au cours de

cette BASA ont

tous en commun

une ligne, une

démarche, un

univers. Et c’est

ça qui détermine

un artiste. Il ne

suffit pas de

poser un point,

une ligne, une

couleur à un

moment ou à un

autre pour être

artiste !

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À l’heure où l’on

n’hésite plus à

porter atteinte à

des œuvres d’art,

il est devenu im-

portant de parler

du sacré de l’art

et des œuvres

d’art. Les artistes

ont une pensée,

même si certains

parlent peu, ils

pensent et leurs

mains - leur corps

- expriment leur

pensée.

L’art dit « sacré

» rejoint peut-

être cette quête

de vérité dans

nos relations

humaines.

apparence. Le travail de l’art est inté-rieur et si l’artiste travaille, il est aussi travaillé. Il doit accepter de se laisser entamer, malaxer, dérouter… L’art est subversif parce qu’il éveille, réveille. Et ce n’est pas une question de subversion par un sujet choquant : la beauté peut séduire et détourner du « droit che-min ». Mais revenons à cette édition 2015 de la BASA : les exposants ont exprimé la joie de montrer leurs œuvres dans un lieu privilégié où elles sont accueillies avec respect. Et c’est peut-être ce res-pect des œuvres qui manifeste aujour-d’hui particulièrement le sacré de cette biennale. Ici, qu’elles soient religieuses ou non, les visiteurs contemplent les œuvres avec sérieux. Qu’ils soient tou-chés par elles ou non, ils les respectent. À la différence des lieux dits culturels où l’intérêt consiste aujourd’hui trop sou-vent à se photographier sur fond de peinture, de sculpture, de photo ou d’installation. À l’heure où l’on n’hésite plus à porter atteinte à des œuvres d’art, il est devenu important de parler du sacré de l’art et des œuvres d’art. Les artistes ont une pensée, même si certains parlent peu, ils pensent et leurs mains - leur corps - expriment leur pen-sée. Les artistes, qu’ils soient croyants

ou non, ont une recherche spirituelle plus ou moins consciente ; ils interro-gent le vivant et leurs œuvres manifes-tent la dimension sacrée de l’humain : l’Homme n’est pas seulement une ma-tière. Il émane de lui un mystère qui ne doit pas être bafoué. C’est peut-être ce sacré, cette distance respectueuse qu’il faut réapprendre au-jourd’hui et que défend la BASA. Tout au long de ces mois, par l’apprivoise-ment des œuvres et par l’observation des visiteurs, j’ai acquis l’intime convic-tion que le sacré est bien présent : il émane du sérieux des propos, de la ré-flexion, de la méditation même de cer-tains visiteurs. Une manifestation de cette sorte s’oppose à l’esprit de distrac-tion superficielle qui règne aujourd’hui dans la plupart des « grandes exposi-tions » et elle doit continuer à manifester que l’Homme est doué de liberté de pensée. La BASA : son esprit doit vivre, sous la forme renouvelée d’une bien-nale ou bien, pourquoi pas, dans l’enceinte d’un lieu sédentarisé qui pour-rait être nommé « Centre d’Art Sacré Actuel » : CASA. Voire les deux. La BA-SA 2015 sera bientôt terminée, je forme des vœux pour l’à venir de la BASA.

Danielle Stéphane

D’octobre à décembre, sur les pentes de la Croix-Rousse, s’est tenue la 10e Biennale d’Art Sacré Actuel, appelée aussi BASA. Dans l’église Saint-Polycarpe, elle offre aux visiteurs une exposition de tableaux, sculptures et installations sur le thème : « De-main ». À première vue, les œuvres, dans leur grande majorité, ne comportent pas de références religieuses explicites. Comment parler alors d’un art sacré ? Dans nos pratiques pastorales, nous sommes attentifs à transmettre un contenu de la foi, mais également à susciter des échanges vrais desquels pourra jaillir le visage du Ressuscité. L’art dit « sacré » rejoint peut-être cette quête de vérité dans nos rela-tions humaines. L’art devient sans doute sacré, au fur et à mesure, dans notre capa-cité à nous laisser regarder, mais aussi dans notre regard qui peu à peu devient celui de Jésus : un regard qui sait voir la vie dans l’autre. Certaines œuvres suscitent cela. À nous d’en juger ! Dans le cadre de ma formation à l’IPER*, j’ai choisi d’effectuer mon stage dans le cadre de cette Biennale en qualité de médiateur culturel. Je peux alors expérimenter de marcher aux côtés des visiteurs dans le déchiffrement des œuvres ; étant tour à tour écoutant, enseignant, questionnant et provoquant. * Institut Pastoral d’Etudes Religieuses

Franck Castany

A propos de la Biennale d’art sacré actuel,

2 0 1 5 : D e m a i n

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À l’issue de l’exposition, les visi-teurs ont la possibilité d’écrire sur un livre d’or. Il est étonnant

qu’il ne soit plus nécessaire de préciser à quoi sert l’objet. Celui-ci est rentré dans le champ symbolique : sa simple monstration équivaut à une parole : « vos impressions ? ». Le livre d’or vient en quelque sorte prolonger la for-midable expérience de liberté que sont venues nous offrir toutes ces œuvres en ce lieu : libre de poser un regard, libre de se laisser interroger et libre de répondre. Le livre d’or en fin de par-cours nous rappelle peut-être que toute liberté ne peut porter du fruit que dans

une responsabilité qui, dans le cas qui nous concerne, n’est pas obligation, ni même devoir, mais possibilité de ré-pondre de ses actes. Avant le livre d’or, le visiteur a déjà répondu dans l’acte de lecture qu’il a faite des œuvres, individuellement ou bien avec d’autres : amis, parents ou médiateurs. Mais par l’écriture, il répond par la ma-tière à la matière. On peut parler de dialogue. Pourquoi ce livre est-il d’or ? Quand on est embarqué dans une exposition d’art, il est d’usage de consentir à ac-cueillir tous les signes qui se présen-

tent. L’art du XXe siècle nous a appris à être attentifs non seulement à l’œuvre, mais également à tout ce qui l’entoure. Pour une Biennale d’Art Sacré, il n’est donc pas incongru de se demander pourquoi donner à un livre vierge appe-lé à être complété, la couleur du sacré. On répondra sans doute un peu rapide-ment que cet or n’est qu’une banale convention plastique, qu’en réalité l’or n’est mentionné que pour mettre en valeur l’objet qui autrement passerait inaperçu.

Son contenu Je voudrais maintenant m’appuyer sur son contenu pour tenter d’approcher

cet or ; en effet, un livre d’or peut se comprendre de deux façons. Soit il est tout en or ; soit il contient de l’or. De prime abord, je ne vois d’or que sur la première de couverture, sur les mots « livre d’or », de sorte que le fond et la forme se trouvent confondus. Mais la plupart du temps, le livre est déjà ouvert prêt à recevoir notre trace. Qu’y a-t-il de plus précieux que cette disponibilité ? Ce que je suis est atten-du, recherché, dési-ré. Alors, je peux lire des signes comme

autant d’êtres en confiance. Les premiers mots sont comme une prière : « En vous souhaitant une bonne et longue visite ». La fréquenta-tion des œuvres devient comparable à une rencontre entre deux êtres. Il faut du temps pour apprendre à se con-naître. Quelqu’un s’adresse aux ar-tistes : « votre don à représenter la vie ». J’interprète le « représenter » moins comme une imitation de la vie que l’action de la rendre présente à nouveau sans pour autant diminuer son intensité. La figure de l’artiste transparaît bien

Le livre d’or

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sûr derrière les œuvres : « ces gardiens de l’invisible », « ils nous ouvrent des chemins », autant de pa-roles pour dire que tout n’est pas dit, que les œuvres représentent, au sens ici de venir pour, une vision qui échappe à l’artiste. L’œuvre devient ainsi un dispositif créateur de ligne de fuite ; l’œuvre comme port du regard. Pour autant, il y a déjà de grands défis, de grandes audaces à présenter ce port. Seulement, le geste de l’artiste gagne souvent à aménager une ré-serve dans sa créativité, vide dans le plein qui laisse toujours à l’œuvre la possibilité toujours renouvelée d’adve-nir.

Les adultes Un visiteur apprécie de « grandes gé-nérosités » ou « ses visions ». Je cherche dans mon dictionnaire et je trouve une définition de 1590 : généro-sité : qualité qui élève l'homme au-dessus de lui-même. Ainsi je conserve mon regard ouvert sur le large, avec le chant des mouettes et les vapeurs io-dées. Le mot vision est intéressant alors qu’il exprime une pluralité de réa-lités. Il est l’acte de voir, mais égale-ment l’objet du voir : canal et tableau. Ainsi lorsque je suis face à un tableau j’ai tout intérêt à apprécier autant le tableau en lui-même que moi regardant le tableau, et remonter pourquoi pas au regard de l’artiste qui élabore son œuvre. Une vision digne de ce nom doit certainement exciter jusque-là mon imagination qui saura discerner dans l’œuvre myriades de dialogues. Il n’est pas rare d’entendre dire que l’artiste expose sa vision du monde. Il y a de grandes chances pour que le monde qui m’est présenté ne soit pas vide, et même que je sois dedans. L’artiste n’a peut-être pas pensé à moi quand il a créé, mais je crois être dans son monde. À l’intersection de deux formes, je me reconnais. Ecce homo. Un visiteur s’est décollé du détail des œuvres : « L’homme recherche cette beauté-bonté ». Comment comprendre cette « beauté-bonté » ? Cette ré-flexion rejoint mon propre chemin de conversion. J’avais 25 ans, je ne me disais pas chrétien et il m’arrivait d’ac-compagner un ami orthodoxe le di-manche à la divine liturgie. J’ai été sai-

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si par la beauté du chant byzantin. J’associe aujourd’hui clairement cette beauté à la bonté de Dieu qui est Sei-gneur et qui donne la vie. Bonté d’avoir illuminé mon cœur de cette manière-là, dans cette langue que je ne compre-nais pas (le slavon) et à ce moment-là. C’est bien après que je me suis ouvert au contenu de la foi pour lequel j’avais eu ou on m’a laissé le temps d’aména-ger un espace. Je pouvais alors ac-cueillir dans ma vie Jésus Christ, mort et ressuscité. Pour le croyant que je suis, l’art véritable comporte toujours le reflet de l’art divin, l’art de rejoindre l’homme là où il en est. Cette beauté-bonté pourrait être l’un des noms de Dieu.

Les enfants Des paroles d’enfants (écrites peut-être par un adulte) simplifient souvent tout notre appareillage ou l’amplifient : « il y avait des tableaux plutôt tristes, et d’autres qui étaient un peu ce qu’on ressent quand on va au yoga, qu’on est calme ». Les enfants aussi disent sans savoir. Les mots yoga et joug ont la même racine indo-européenne. Ainsi, je suis d’accord, quand je pratique le yoga et que je regarde un tableau, je peux me sentir calme tout en consen-tant à porter un joug, image d’une vie complexe et qui me fait parfois terrible-ment souffrir. Je consens à la porter ce qui, quelque part et de manière mysté-rieuse, me rend calme. « Mon joug est facile à porter, et mon fardeau léger » nous dit Jésus. Quand je suis face à l’art, je me prépare à porter plus de poids qu’auparavant. Mais à mesure que je porte, j’ai mystérieusement la force pour porter.

Livre d’or Le livre d’or ne comporte pas pour le moment beaucoup de références au thème « Demain ». J’en relève une, probablement celle d’un enfant « chrysostome » ou « bouche d’or » et qui va temporairement interrompre ma logorrhée : « C’est la vie, demain, c’est la vie ». Le livre d’or porte bien son nom.

Franck Castany Rédigé avant la fin

de la BASA, le 7 novembre 2015

Le mot vision est

intéressant alors

qu’il exprime une

pluralité de réa-

lités. Il est l’acte

de voir, mais

également l’objet

du voir : canal et

tableau. Ainsi

lorsque je suis

face à un tableau

j’ai tout intérêt à

apprécier autant

le tableau en lui-

même que moi

regardant le

tableau, et re-

monter pourquoi

pas au regard de

l’artiste qui éla-

bore son œuvre.

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Bulletin d’adhésion

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jeudis

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Permanence

à Confluences A l’annonce par Ville de Lyon de la suppression des manifesta-tions techniques, beaucoup de

personnes se sont réjouies. Certaines ont évoqué l’origine religieuse et mariale du 8 décembre. D’autres non. Tous ont exprimé leur joie de retrouver, ce 8 dé-cembre 2015, le 8 décembre d’avant. Ainsi, les initiateurs du collectif de l’appel du 9 décembre : « Nous sommes un pe-tit groupe à nous être rassemblés autour d'un texte sur la fête des lumières avec l'idée de lancer un "appel du 9 dé-cembre" pour l'abandon définitif de cette manifestation, version tapageuse et commerciale, et revenir à une fête du 8 décembre à la bougie, sobre et décrois-sante ».

Le texte a été distribué dans les rues le soir du 8 décembre. Il circule sur la toile.

La version complète est sur : http://appeldu9decembre.tumblr.com/

Voici une version courte de ce texte si-gné par un collectif d'habitants de l'ag-glomération.

La fête des lumières a été annulée. Le 8 décembre 2015, nous avons été simple-ment invités à poser des petites bougies sur nos fenêtres en hommage aux vic-times des attentats de Paris. Profitons de cette pause pour questionner le sens de cette énorme opération de communi-cation qu'est devenue la fête des lu-mières. Refusons les logiques commer-ciales et politiques qu'elle célèbre.

D'année en année, nous avons vu la ville rejeter ses habitants les plus dému-nis à sa périphérie, et les anciens quar-tiers historiques, vidés de leurs classes populaires, devenir les décors de lieux de divertissement où la municipalité forge son image de marque. La politique culturelle a globalement accompagné ce mouvement, organisant la surexposition

de certains lieux et personnes, ren-voyant d'autres au silence et à l'invisibili-té. Plutôt que de donner à voir et à com-prendre le monde que nous habitons, elle organise le non voir. Des événe-ments de plus en plus grands, toni-truants, clinquants occupent l'espace social dans une surenchère pour capter l'attention des médias alors que nos quartiers sécrètent un noir désespoir et que survivent dans l'ombre, de plus en plus difficilement, les micros structures qui irriguent le champ social.

Nous refusons cette dérive qui conduit les champs culturels et politiques à se vider de sens et perdre tout ancrage, happés par des logiques de communica-tion de plus en plus grossières. Les at-tentats du 13 novembre 2015 résultent de l'aveuglement des élites. N'oublions pas. En 2016 ne repartons pas comme si rien ne s'était passé.

Nous ne sommes ni nostalgiques, ni passéistes. Réinventons cette fête. La débauche de lumière artificielle est un symbole qui appartient à un autre temps. La petite flamme dans la nuit noire est un symbole universel qui porte une vi-sion d'avenir avec une promesse d'atten-tion portée à notre planète.

Nous sommes un groupe d'habitants de Lyon et sa région. Si vous vous retrou-vez dans cette analyse, rejoignez-nous pour créer localement une force de ré-flexion collective au service d'autres symboles et d'autres politiques.

Pour signer cet appel, envoyez vos nom, activités, contact mail, à l’adresse : [email protected]

Lisez le texte du manifeste dans son in-tégralité et envoyez vos textes, vos idées sur le blog

http://appeldu9decembre.tumblr.com

Appel du 9 décembre (2015)

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Et la lumière fut

L e peuple qui marchait dans les té-nèbres a vu se lever une grande lumière ; sur ceux qui habitaient le

pays de l'ombre, la lumière a resplen-di » (Isaïe chapitre 9) La prophétie d'Isaïe, première lecture que nous entendons proclamer à la messe de minuit n'a jamais cessé de m'émouvoir. Parce qu'elle montre que dans les mo-ments difficiles, rien n'est impossible à Dieu maître de l'Univers. À condition de croire en lui. N'ayons pas peur ! À la fin d'une année troublée par de multiples con-flits revient cette parole consolatrice qui pousse à préciser le vrai sens d'une fête chrétienne : Noël. « Ce serait bien, Noël, si les cathos n'en rajoutaient pas avec leur petit Jé-sus. » (sic !) Voilà ce que l'on peut en-tendre tandis que la laïcité s'attaque aux crèches... Mais, si le Divin Enfant n'était pas né et n'avait pas fait l'objet d'un divin plan, il n'y aurait jamais eu de Noël, mes chers frères. De nos jours, de plus en plus de gens se sont construits dans l'ignorance du mes-sage chrétien. Nombreux sont ceux qui n'ont pas eu d'instruction religieuse. Nom-breux ceux qui n'entrent pas dans les sanctuaires, et nombreux ceux qui, sans avoir cherché, considèrent orgueilleuse-ment les religions comme des supersti-tions qui paralysent un humanisme libéra-teur de complexes. Noël ne serait-il pour eux qu'un évènement joyeux et festif tan-dis que pour nous, chrétiens, il est signe de joie, de paix et d'espérance ? Il est encore temps de poser la question...

NOËL : SIGNIFICATION ET MESSAGE :

Noël, du latin « natis » signifie naissance, nativité. La fête de Noël célèbre la nais-sance de Jésus. Quel est-il, pourquoi nous fut-il envoyé, par qui, qu’elle fut sa mission ? En bref, sa venue fut annoncée des siècles auparavant par les Prophètes divi-nement inspirés. Il serait le Messie tant attendu. Incarné

sans perdre sa nature divine, Dieu s'est fait homme : JÉSUS (en hébreu « Dieu Sauve ») sa mission fut celle du Rédemp-teur qui, par son sacrifice, va sauver les hommes pour les conduire vers Dieu dont il a transmis la parole. Nous allons trouver dans la Bible les élé-ments qui confortent cela : Prophéties et Évangiles, respectivement rapportés dans l'Ancien et le Nouveau Testament par des témoignages « dignes de foi. » (Écrits re-trouvés, témoignages d'Apôtres contempo-rains de Jésus, tradition orale trans-crite) « Nous voyons ainsi annoncée, huit siècles avant l'avènement du Christ sur notre terre, une bonne partie du mystère de son incarnation et de sa mission salva-trice ce qui peut nous faire grandir dans la confiance en Dieu »

LES PROPHÈTES : De siècle en siècle dans l'Ancien Testa-ment, les prophètes ont donc, dans un lan-gage poétique (quoique parfois sibyllin) annoncé la venue du Messie : nous ne citerons ici qu'Isaïe et Michée : Isaïe 11-1 : « une tige sortira de Jessé (père de David) et une fleur grandira de cette tige » Isaïe 7, 14 : Et voilà qu'une Vierge aura un fils, il s'appellera Emmanuel (« Dieu avec nous ») Michée 5,1 : Et toi, Bethléem, tu es petite parmi les villes de Juda, mais c'est de toi que sortira celui qui doit être le dominateur d'Israël... Or Jésus était de la tribu de Juda, de la famille de David, sa mère était une Vierge et il est né à Bethléem.

LES ÉVANGÉLISTES : Ils ont raconté ce qu'ils ont vu et entendu, et cela correspond tout à fait aux prophé-ties de l'Ancien Testament. Luc rapporte ainsi les faits au sujet de cette Vierge dont il révèle le nom : Marie. Un ange de Dieu nommé Gabriel lui appa-rut et lui dit : « Ne crains point, Marie, car tu as trouvé grâce devant Dieu. Et voici que tu deviendras enceinte, tu enfanteras un fils et tu lui donneras le nom de Jésus.

Le sens du Noël chrétien

« Nous voyons ainsi annoncée, huit siècles avant l'avène-ment du Christ sur notre terre, une bonne partie du mystère de son incarnation et de sa mission salvatrice ce qui peut nous faire grandir dans la con-fiance en Dieu »

Que dire après l'indicible horreur du Vendredi 13 Novembre ? Il faut rappeler que pour remplir sa mission spirituelle, l'enseignement d'Isaïe vise à apporter la lumière et le salut aux nations « dans la nuit » des pays ra-vagés où « les villes et les campagnes sont devenues des déserts » comme actuellement en Syrie. La vie sur terre sera toujours confrontée au mal, mais la Parole de Dieu nous a donné de voir la vie autrement, car il nous donne le libre choix d'un chemin de libération qui conduit à la perspective de la vie éternelle et relativise l'acharnement du mal sur notre existence terrestre.

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Page 8 Janvier 2016, N° 212

Sources : La Bible Ré-

flexion biblique - Info bible -

Église catho-lique de France

(conférence des évêques) Église catho-lique du Var -

Salve Regina - Amour de Jé-

sus - apologé-tique - aelf

bible-liturgie livre d'Isaïe et

ce que l'on peut glaner çà

et là !

Il sera grand et sera appelé fils du Très Haut... Marie dit à l'ange : comment cela se fera-t-il puisque je ne connais point d'homme ? L'ange lui répondit : Le Saint-Esprit viendra sur toi, et la puissance du Très Haut te couvrira de son ombre. C'est pourquoi le saint Enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu... Car rien n'est impossible à Dieu (Luc 1-31 à 36) ». L'évangéliste Jean présente le plan de Dieu « Le Verbe (Dieu) s'est fait chair et il a habité parmi nous, plein de grâce et de vérité... Personne n'a jamais vu Dieu ; le Fils unique qui est dans le sein du Père est celui qui l'a fait connaître. » (Jean 1-14 et 18) Jésus est venu pour nous révéler qui est Dieu, et préciser que c'est lui et lui seul qui, nous ayant donné la vie, peut nous accorder sa miséricorde pour effacer nos péchés et nous conduire à la vie éter-nelle si nous lui donnons une place dans notre cœur et notre quotidien. On peut aussi rappeler que l'Évangéliste Marc a transmis fidèlement à la postérité ce qu'il a vu et entendu, ne doutant jamais que Jésus ne fût le Fils de Dieu (1.1.11) CONSÉQUENCES DE LA VENUE SUR TERRE DU FILS DE DIEU : La vie publique de Jésus (qui a transmis la Parole de Dieu et fait connaître sa toute-puissance en accomplissant des mi-racles) sa passion, sa mort, et sa résur-rection ont été annoncées par les Pro-phètes, avérées et rapportées par les évangélistes. Jésus a été envoyé sur terre pour nous libérer du mal et de la mort par sa propre mort et par sa résurrection « afin que nous devenions enfants de Dieu et que nous puissions ainsi espérer en la vie éternelle. » Et cela fait que la venue de Jésus sur terre mérite bien que nous « chantions son avènement » et que nous le glorifiions en la Fête de Noël.

QUELLE EST LA VRAIE DATE DE NOËL ?

Nous ne la connaissons pas, bien que des exégètes s'affairent à savoir si, comme il est révélé dans une petite phrase d'Évan-gile, c'était ou non le moment où les bêtes paissaient dehors. D'autres interrogent les conjonctions astrales lors de la venue des Mages... Ce que l'on peut dire est que Noël est fêté depuis le IV

e siècle, ce qui

correspond à la généralisation du christia-nisme. Par contre, les Romains célé-braient avec les Saturnales au solstice d'hiver en décembre, un dieu du feu et des semailles. On encourageait alors les citoyens à décorer leurs maisons avec de la verdure et des lumières. On en christia-nisa la date pour l'adapter à la naissance « du fils de la Lumière. » Les premiers Chrétiens, alors secte hors la loi, ont peut-être choisi la date des Saturnales pour ne

Une légende veut

qu'en 1223, dans

le village de

Greccio situé

près d'Assise,

Saint François ait

eu l'idée de célé-

brer Noël avec un

tableau vivant de

personnages et

d'animaux. Les

couvents francis-

cains, il est vrai,

ont apporté très

tôt en Provence

les « santibelli ».

pas attirer l'attention sur eux pendant qu'ils célébraient leur propre fête.

ET LA CRÈCHE ? Les évangiles respectifs de Luc et de Mat-thieu forment la trame de base des crèches. Une légende veut qu'en 1223, dans le village de Greccio situé près d'Assise, Saint François ait eu l'idée de célébrer Noël avec un tableau vivant de person-nages et d'animaux. Les couvents francis-cains, il est vrai, ont apporté très tôt en Provence les « santibelli ». Puis les crèches se sont répandues en Italie et dans le reste du monde, chacun l'adaptant à son continent. Les santons de Provence font revivre de manière poétique des com-munautés villageoises idylliques autour de l'enfant Dieu à la fin du XIX

e siècle. Il en

est maintenant avec des personnages aux yeux bridés et d'autres avec de jolies vierges africaines. Et cela conforte dans l'idée que Noël est une fête d'origine chré-tienne célébrée partout dans le monde, réunissant familles, amis et générations suivantes. C'est un moment de fraternité, un message universel de paix si l'on dé-cide d'observer la trêve de Noël dans les conflits. (vrai en 1914).

QUE PENSER DU PÈRE NOËL Cher aux enfants, il est apparu au 19

e

siècle dans un souci de laïcisation, éclip-sant la tradition chrétienne liée à saint Ni-colas dont le culte était depuis longtemps répandu en Orient et dans les pays ger-maniques. Sa carrière commerciale a vrai-ment commencé en 1931 comme support publicitaire de COCA-COLA. À l'heure actuelle, il fait recette en Extrême-Orient et arrange bien chez nous le commerce de fin d'année. Noël ne peut se réduire à une simple fête de famille. S'il est apprécié par tous avec plus ou moins de proximité ou de distance vis-à-vis de l'imprégnation chrétienne de chacun, ce doit être pour tous un moment de réconciliation, un message universel de paix et d'amour. D'espérance aussi en la vie éternelle pour les croyants. « Noël doit se placer comme un signe de résis-tance spirituelle à la violence et de con-fiance vis-à-vis des temps à venir » : si par Jésus, la Lumière d'Isaïe s'est levée sur l'humanité, pensons que celle-ci est alimentée par la prière de chacun. Et, comme l'aurait dit le poète Villon, « prions Dieu que tous nous veuillent, ab-soudre » en cette année de la Miséri-corde commencée le 8 décembre avec l'ouverture symbolique de la Porte Sainte qui peut indiquer le chemin de la conver-sion. Que pour vous tous Noël soit, si possible, « un doux et heureux temps ».

Arlette Dissard,

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C ela doit être dû à mes premiers appels dans la mission selon l’Évangile. Quand je parle de

l’Église du Christ, je me situe plus facile-ment à l’extérieur de l’Église réunie que dans son sein. Il me semble important de montrer, hors Église, le visage réel du Ressuscité à ceux et celles qui de toute façon, marqués par le poids de l’histoire, estiment que rien de bon ne peut sortir des curés. J’appelle cela dévoiler en plein monde hostile la saveur de l’Évan-gile. Patrice de Plunkett, témoignant de son retour dans l’Église après un réveil pro-voqué par l’Emmanuel, se situe au bon milieu des catholiques dont il souhaite que ceux-ci se mettent à vivre l’Évangile. Il veut convertir les chrétiens. Bon cou-rage ! En fait, Patrice a conscience de la diffi-culté de la mission. Aussi, très souvent, il secoue avec vigueur. N’étant pas suffi-samment présent au milieu du public vi-sé, j’ignore comment sa parole est per-çue. Que dit-on de cet appel à la vie sobre dans les beaux milieux catholiques du 6e parisien ou de Versailles, pour ne reprendre que deux clichés ? Dans La révolution du pape François, on lit que les papes ont toujours eu raison et qu’il faut seulement un peu d’intelligence pour s’en apercevoir et mettre les décla-rations officielles en pratique. Un catho-lique ne peut qu’obéir à un évêque, donc, en conséquence, à l’évêque de Rome, le pape (et inversement, du pape à l’évêque). Si, dans une culture athée, ce type d’argument ne peut absolument pas passer, est-il efficace en catholicité ? Je

connais des cadres supérieurs de l’Église romaine qui ne me semblent pas totalement enclins à cette obéissance. Et, mais cela doit être dû à mes fréquen-tations peu catholiques, j’ai rencontré plus de militants de la cause de la vie

sobre et affirmant leur éloignement de la foi chrétienne me dire leur enthousiasme à la lecture de Laudato si. Des athées (ou agnostiques) expriment à qui veut bien l’entendre, leur joie de lire les en-couragements de François à changer de vie. On ne peut que « dénoncer l’em-prise croissante des nouvelles technolo-gies et leurs risques pour la société et l’environnement », rappelle P. de Plun-kett dans la ligne de Pièces et main-d’œuvre de Grenoble. Enfin, si j’écris cela ici, c’est tout simple-ment pour inviter à lire ce livre surtout lorsque l’on se dit profondément catho-lique. Le lire et former des groupes de parole pour en parler. La révolution à laquelle le baptisé est invité nécessite assurément le cheminement du dialogue

Patrice de Plun-

kett, témoignant

de son retour

dans l’Église

après un réveil

provoqué par

l’Emmanuel, se

situe au bon mi-

lieu des catho-

liques dont il

souhaite que

ceux-ci se met-

tent à vivre

l’Évangile. Il veut

convertir les

chrétiens

Patrice de

Plunkett au

colloque

CPP

Chrétiens et pic de pétrole de 2011 à Lyon

L’impossible modèle économique libéral

Face à "l'idole Argent ", François, premier pape moderne non-européen, appelle à "une révolution culturelle courageuse" pour bâtir une nouvelle civilisation. Cet appel suscite un écho universel et inédit. Venant d'horizons éloignés du christianisme, hommes et femmes de bonne volonté découvrent ce qu'ils ont en commun avec le pape de Rome. Dialogue sans précédent ! C'est aussi une chance historique pour le catholicisme : on le croyait en déclin, mais il peut devenir une avant-garde - si tous les catholiques se mobilisent à l'appel de ce pape qui fait bouger les lignes. Méditation après la lecture du dernier livre de Patrice de Plunkett, Face à l’idole Argent, la révolution du pape François, Artège, no-vembre 2015

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« Qu'un person-

nage comme

Mamère en

vienne à abjurer

l'idée de pro-

grès en la quali-

fiant de « culte

» (ce qui n'est

pas un compli-

ment dans la

bouche d'un

anticlérical)

voilà un signe

des temps.

tel qu’on peut le connaître dans la vieille méthode de l’action catholique : le voir, juger, agir. Je cite de Plunkett : « C’est donc le mo-ment de se poser entre catholiques la question gênante : donnons-nous l’image de gens crispés sur des nostalgies, qui feraient salon dans une religion-refuge, plutôt que l’image de gens disposés à quitter leurs habitudes mentales pour faire corps avec l’Église, quitte à mar-cher, avec elle, vers un avenir où (par eux-mêmes) « ils n’auraient pas voulu aller » (c’est ce que Jésus dit à Pierre, Jn 21, 18) ? Il n’y a pas de renouveau sans retour aux sources, et pas de retour aux sources sans conversion » (p. 184). Il me semble que, dans mon homélie du dimanche 6 décembre en l’église Saint-Maurice, je me situai sur ce terrain. Notre conversion personnelle et collective est indispensable pour que les chemins de nos parcours terrestres se redressent. Changeons… pour que le climat ne change pas. Encore une citation tirée de Face à l’idole Argent pour créer le désir de lire ce livre :

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L’Assemblée géné-

rale ordinaire de

Confluences (les

amis de Con-

fluences) se tien-

dra le jeudi 31

mars 2016 à par-

tir de 18 h.

« Qu'un personnage comme Mamère en vienne à abjurer l'idée de progrès en la qualifiant de « culte » (ce qui n'est pas un compliment dans la bouche d'un anti-clérical) voilà un signe des temps. En effet, le mythe du Progrès est la struc-ture même de l'idéologie occidentale for-gée au XVIIIe siècle : ce système philo-sophique postule une séparation (un conflit fondamental) entre l'homme et la nature ; conflit dont le stade suprême, au XXIe siècle, serait la «libération» de l'homme rejetant définitivement la nature et se réinventant lui-même, par l'abraca-dabra des biotechnologies, du virtuel et de la robotique ». En condamnant cela, Mamère s'est néanmoins douté qu'il venait de parler comme le pape, et qu'abjurer le progrès risquait de lui aliéner les progressistes. D'où son rappel précautionneux : atten-tion, je suis fermement laïque, et si la vision écologique du monde n'est pas soumise au progressisme, elle n'est pas (non plus) «liée seulement aux idéolo-gies religieuses » ! (p. 131)

Michel Durand

Assemblée générale

de Confluences pour 2015

L’Assemblée générale ordinaire de Confluences (les amis de Confluences) se tiendra le jeudi 31 mars 2016 à partir de 18 h. Nous nous retrouverons comme d’habitude au Théâtre de Lune, Espace culturel Saint-Polycarpe, 25 rue René Leynaud, 69001 Lyon. Plus que les années précédentes, il importe que le Conseil d’administration se re-nouvelle. De nouvelles questions sont encore à aborder et, pour y répondre, un renouvellement des « administrateurs » est souhaitable. Par ailleurs, vu l’actuel usage du mot de Confluence, il paraît indispensable que nous changions d’appellation. Là aussi, des esprits nouveaux seront utiles. Le fait que l’implantation de Confluences ne soit plus dans la très passante rue Saint-Jean a pour conséquence que le renouvellement des adhérents ne s’opère plus comme avant. Les voyages proposés ont été pratiqués par beaucoup et il en résulte qu’en 2015 trop de voyages ont été supprimés faute de participants. D’une certaine façon, cela entraîne, tout en gardant un lien étroit avec l’Église à Lyon, une refondation de l’association pour qu’elle puisse toujours permettre aux exposi-tions mensuelles et aux biennales d’art sacré actuel de se tenir. Alors, si vous êtes volontaire pour participer à la réflexion sur l'évolution de Confluences, merci de faire acte de candidature pour le renouvellement du prochain conseil d'administra-tion. Vers le mois d’octobre, nous aurons vraisemblablement à tenir une assemblée générale extraordinaire visant à statuer sur le futur de Confluences-Polycarpe. En mars, nous aviserons sur la forme que prendra la cotisation à l’association qui est actuellement de 30 €.

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Pourquoi un tel nom ?

D ans l'Église catholique, la pé-riode de l'Avent désigne les quatre semaines qui précè-

dent les fêtes de Noël. Le mot "Avent" vient du latin adventus qui signifie avè-nement, venue... Ainsi, l'Avent est-il ce temps privilégié au cours duquel les fidèles se préparent à célébrer la ve-nue du Christ sur Terre au cours de la nuit de Noël. La Vierge Marie, telle qu'elle est repré-sentée ici, est enceinte et se prépare donc, elle aussi, à la naissance de son fils.

Une Vierge enceinte

Notre-Dame des Avents est un des élé-ments majeurs de la statuaire de l'église de Chissey. En effet, cette sta-tue qui se trouve à la croisée sud du chœur et du transept est une représen-tation plutôt rare de la maternité de la Vierge Marie. Sculptée dans la pierre de la région, la Vierge rappelle les représentations d'inspiration flamande ou bourgui-gnonne. Son visage est paisible, se-rein, absorbé dans la méditation. Elle a les cheveux mi-longs et détachés. À l'image d'une jeune fille, elle ne porte pas de voile. Ses mains jointes lui donnent une atti-tude de prière. Elles sont disproportion-nées par rapport à la taille du visage. Sans doute, ont-elles été refaites après un incident fâcheux qui avait dû en am-puter la statue. Les imperfections au niveau des poignets accréditent cette idée. La Vierge porte une robe et une cape dont le drapé suggère un mouvement léger qui confère à l'ensemble un cer-tain réalisme. Le réalisme de la scène tient aussi au petit Enfant sculpté dans le sein de sa mère. Des rayons lumineux l'entourent rappelant la parole du vieux Syméon

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lors de la Présentation de Jésus au Temple. En effet, selon la Tradition, le vieillard aurait présenté Jésus comme la "lumière qui se révèle aux nations". Une représentation condamnée

mais une statue vénérée. La représentation de la maternité de la Vierge Marie de manière aussi réaliste est assez rare dans la sculpture chré-tienne. En effet, la statue est datée du XVIe siècle et vraisemblablement d'avant 1563. Cette année-là, le con-cile de Trente prend fin et fixe un cer-tain nombre de règles notamment en matière d'art. De fait, la représentation de la materni-té de la Vierge Marie aussi réaliste que celle que l'on trouve à Chissey est désormais interdite. Néanmoins, cela n'empê-chera pas des généra-tions de femmes de venir durant des décen-nies prier Notre-Dame des Avents afin d'obtenir la grâce de connaître à leur tour la joie de la ma-ternité.

Remis par Arlette Dissard Saint-Christophe de Chissey-sur-Loue se trouve dans le Jura à 4 kilomètres des Salines royales d’Arc-et-Senans.

Eglise Saint-Christophe de Chissey

Notre-Dame des Avents : une représentation

particulière de la Vierge Marie.

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1 La tourmente révolutionnaire La Révolution faillit bien causer la perte de cette Église de Lyon qui avait tra-versé les siècles. Yves-Alexandre de Marbeuf devient archevêque au mo-ment de la convocation des États Gé-néraux. Il ne viendra jamais à Lyon, mais dirigera son diocèse par lettres depuis le Brabant puis Lübeck. Après quelques assemblées houleuses, le clergé élit douze députés, presque tous curés. Chapitres et collégiales dispa-raissent, les congrégations religieuses sont dissoutes. La Constitution civile du clergé (12 juillet 1790) transforme l’or-ganisation de l’Église. Tous les ecclé-siastiques doivent prêter serment à la Constitution. Deux camps se forment : les assermentés (1/3 des paroisses) et les réfractaires. Le jeune Jean-Marie Vianney va vivre ces événements. Sa famille à Dardilly va dans un premier temps, continuer de fréquenter l’église avec un prêtre qui a juré parce que rien n’a vraiment changé ; puis apprenant qu’il est « schismatique », ils fréquente-ront le culte caché des réfractaires. Marbeuf absent, Adrien Lamourette est élu métropolitain le 27 février 1791 et arrive à Lyon le 12 avril où il n’a pas la tâche facile. À Saint-Nizier, M. Linsolas fait de la résistance, il passera 3 mois en prison. Lamourette transforme la cathédrale, détruit le jubé et avance l’autel vers le peuple à la croisée du transept. L’église Sainte-Croix est dé-molie, les fonts baptismaux transportés dans la cathédrale. Élu député du Rhône à la Législative, Lamourette doit quitter le diocèse pendant un an. En septembre 1792 commencent les mas-sacres d’ecclésiastiques réfractaires ; alors beaucoup de prêtres, dont le vi-caire général Courbon s’exilent en Sa-voie ou Italie. Chalier, du club extré-miste des Jacobins réclame une justice sommaire pour les réfractaires. Les républicains modérés l’emportent sur les Jacobins le 29 mai 1793 ; Chalier est exécuté le 16 juillet. Alors les troupes de la Convention assiègent

Lyon, défendue par le général de Pré-cy. Après 63 jours de résistance, la ville capitule le 8 octobre 1793. La ré-pression est terrible : « Lyon fit la guerre à la liberté, Lyon n’est plus… », Lamourette jugé complice des révoltés de Lyon est guillotiné à Paris le 12 jan-vier 1794. Fouché et Collot d’Herbois organisent des exécutions de masse à la mitraille collective dans la plaine des Brotteaux ; on guillotine, place des Ter-reaux ; des milliers de personnes sont exécutées : 103 prêtres ou religieux, religieuses, mais aussi le juge Ampère, l’urbaniste Morand. La chute de Robespierre (Juillet 1794) met fin à la Terreur Lyonnaise, mais la ville est ruinée. C’est Linsolas, en lien avec Marbeuf, travaillant dans l’ombre qui portera la responsabilité effective du diocèse pendant cette période. Mar-beuf meurt à Lübeck en 1799. Le Concordat est signé en juillet 1801 et Bonaparte nomme son oncle Joseph Fesch archevêque de Lyon le 25 juillet 1802.

2 Le monument des Brotteaux Dès 1795 un cénotaphe est élevé aux Brotteaux, mais détruit l’année sui-vante. Sous la Restauration, un monu-ment commémoratif du Siège en forme de pyramide recueille les ossements des victimes de la Terreur ; il accueille les restes de Précy en 1821 ; il est des-servi par les Capucins. Ce monument situé rue Vendôme sera démoli en 1906 pour créer la rue de Créqui et l’ossuaire transféré dans la crypte d’une chapelle de style romano-byzantin contruite en 1901 tout près. Cet édifice, œuvre de l’architecte Pas-calon, est une belle synthèse entre ar-chitecture religieuse et funéraire. L’inté-rieur, d’une grande austérité, est sa-vamment éclairé par la lumière indi-recte provenant de la coupole. La crypte est l’un des endroits les plus émouvants de Lyon. Dans une atmos-phère propice au recueillement, le tom-beau du général de Précy qui survécut

La chute de Ro-

bespierre (Juillet

1794) met fin à la

Terreur Lyon-

naise, mais la ville

est ruinée. C’est

Linsolas, en lien

avec Marbeuf,

travaillant dans

l’ombre qui porte-

ra la responsabili-

té effective du

diocèse pendant

cette période.

Marbeuf meurt à

Lübeck en 1799.

Parcours n°14 à la découverte du patrimoine religieux lyonnais :

La Révolution et après :

Le Monument des Brotteaux, Saint-Pothin

et La Rédemption.

Chalier, du club

extrémiste des

Jacobins réclame

une justice som-

maire pour les

réfractaires.

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Page 13 Janvier 2016, N° 212

à la Révolution et mourut en 1820, est entouré des ossements des martyrs. Ces massacres tout comme la persé-cution de 177 ont probablement façon-né l’identité spirituelle de la ville.

3 L’église Saint-Pothin La création de la paroisse Saint-Pothin et la construction de son église s’inscri-vent dans le développement urbanis-tique qu’a connu le quartier des Brot-teaux à compter de la fin du XVIIIe siècle. Celui-ci faisait alors partie de la commune de La Guillotière qui devait être rattachée de force à la ville de Lyon en 1852, constituant son troi-sième arrondissement. L’urbanisation progressive du quartier a suivi un plan dressé par Jean-Antoine Morand (1727-1794), architecte qui a construit le 2e pont sur le Rhône dont il détruira une arche lors du siège de 1793, ce qui lui vaudra la guillotine. Si une chapelle fut ouverte dès 1818, Les Brotteaux durent la création de la paroisse sous le vocable de Saint-Pothin bien plus à la pression de no-tables qu’à la sollicitude particulière de l’archevêché lyonnais. Les Hospices Civils de Lyon firent don du terrain en 1835 et l’église sera construite entre 1841 et 1843 sur les plans de l’archi-tecte lyonnais Christophe Crépet. L’église Saint-Pothin est intéressante à plus d’un titre ; d’abord elle fait mé-moire du premier évêque des Gaules à qui aucune église de Lyon était dédiée, ensuite c’est sans doute le plus bel exemple d’architecture religieuse néo-classique de la ville. Elle reprend le modèle des basiliques paléochré-tiennes comme pour mieux plonger dans les racines du christianisme à Lyon. La composition est rigoureuse : un plan en croix latine, une nef centrale aveugle voûtée en plein-cintre précé-dée d’un portique hexastyle d’ordre dorique, des bas-côtés sans chapelles, une vaste croisée de transept couron-née d’une coupole, une abside en cul-de-four à laquelle s’adosse le clocher. Le chœur est disposé sous la coupole, les orgues occupant l’abside. L’en-semble donne l’apparence d’un temple grec, conforme à l’esthétique du temps. L’ambiance intérieure est donnée par le rythme des colonnes doriques et par les effets de clair-obscur. La coupole est éclairée par un oculus, référence au panthéon de Rome.

Parmi les éléments remarquables du décor, il faut citer la fresque de la cou-pole réalisée par Étienne Couvert, ar-tiste lyonnais, figurant la Vierge et les douze apôtres, associée à une verrière de Lucien Bégule, représentant la co-lombe du Saint-Esprit, l’ensemble for-

mant le Cénacle lors de la Pentecôte. Récemment restaurée sous la direction de l’architecte du Patrimoine Patrick Héraud, cette peinture est un bel exemple du renouveau de l’art sacré après la période saint-sulpicienne. Les vitraux du fils de Lucien, Émile Bé-gule dressent un intéressant parallèle entre les fondateurs de l’Église de Lyon (Saint-Irénée, Saint-Polycarpe, Sainte-Blandine et Saint-Pothin) et de celle de France (Sainte-Geneviève, Sainte-Clotilde). Enfin un beau tableau de Villequin de 1656 représente « Saint Paul devant l’Aréopage » ; il était à ND de Paris avant la Révolution.

4 L’église de la Rédemption. Le XIXe siècle redécouvre l’art go-thique, préserve et restaure les cathé-drales médiévales ; alors vont fleurir en France les églises néo-gothiques. La Rédemption est sans doute l’une des plus belles expressions de cette esthé-tique avec Sainte-Blandine, Saint-Georges. La paroisse est fondée en 1856 pour répondre aux besoins de la rive gauche du Rhône où l’église Saint-Pothin est déjà devenue insuffisante pour accueillir les fidèles. Un ancien hangar servira d’église provisoire de 1857 à 1877. Les travaux débutent en

L’urbanisa-

tion progres-

sive du quar-

tier a suivi

un plan dres-

sé par Jean-

Antoine Mo-

rand (1727-

1794), archi-

tecte qui a

construit le

2e pont sur

le Rhône

dont il dé-

truira une

arche lors du

siège de

1793, ce qui

lui vaudra la

guillotine.

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La crypte est la

plus vaste de

Lyon après celle

de Fourvière.

Nos balades à la découverte du patrimoine religieux recommen-cent, toutes les visites à 14h30. Parcours 1 : Sur les pas des premiers chrétiens, L’Amphithéâtre des trois Gaules et la crypte de Saint-Nizier Départ devant l’église Saint-Polycarpe, 25 rue René Leynaud (métro « Hôtel de Ville ») Samedi 16 janvier 2016 Parcours 2 : Irénée, « Père des Pères de l’Église » La crypte de Saint-Irénée et les églises Saint-Just, Départ Place de Trion Funiculaire « Saint-Just » Samedi 13 février Parcours 3 : Le baptistère Paléo-chrétien et les premières églises de Lyon L’ « ecclesia », Sainte-Eulalie et Saint-Laurent de Choulans Départ devant la Cathédrale Saint-Jean (métro « Vieux-Lyon, cathé-drale St Jean ») Samedi 12 mars Et en décalage : Parcours 21 : Après Vatican II, sur le plateau de la Duchère Visite de Notre-Dame de la Sau-vegarde et Notre-Dame du Monde Entier. Départ de l’église de la Sauve-garde 474 av. de La Sauvegarde (bus19 « clinique de la Sauve-garde ») Samedi 30 janvier Conclusion : Une église du XXI

e

siècle à Vaulx-en-Velin Visite de l’église Saint-Thomas apôtre. Avenue Pablo Picasso (bus « Hô-tel de Ville » C3 ou « Cuzin-Picasso » 56) Samedi 27 février

1868 sur un terrain cédé par les Hos-pices à la ville, sur les plans de Claude-Anthelme Benoît. Lorsqu’elle est ou-verte au culte en 1878, il lui manque le clocher au-dessus du porche, dont la flèche devait culminer à 90 m. La fa-çade paraît assez lourde, mais à l’inté-rieur, l’effet d’élancement est saisissant avec une même hauteur sous voûte (32 m.) que la cathédrale Saint-Jean ! Pas moins de 50 baies répandent une lu-mière abondante dans la nef. Les ver-rières sont réalisées par les meilleurs peintres-verriers du temps : Bégule, Lavergne, Magnin. Toutes les cha-pelles méritent une visite, spécialement la chapelle nord avec sa Piéta sculptée par Fontan ; celle du Sacré-Cœur est un véritable manifeste politico-religieux de la France catholique de l’époque. La crypte est la plus vaste de Lyon après celle de Fourvière.

Jean BERNARD,

Pastorale du Tourisme et des Loisirs, 6 avenue Adolphe Max 69005 LYON

06 23 16 11 32 [email protected]

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des Terreaux, quasi désertique, les marches d’escalier de la Mairie étaient couvertes de bougies, de fleurs, des passants s’arrêtaient un instant. L’ef-fraction violente de l’horreur, l’état d’une guerre d’un autre visage planait. « Demain » et les lendemains de ces temps encore inscrits en chacun de nous que les difficultés de la crise mal-menaient déjà… la question se posait avec une nouvelle acuité. Les escaliers via Confluences gravis, cette maternité qui happe encore plus fort le visiteur, constitue-t-elle le véri-table commencement de cette exposi-tion ? Le commencement ne se trouve-t-il pas du côté des fonts baptis-maux avec le tableau de Runeda, « Les âmes laides » ? Les crucifiés de Laurent Bahanag crient-ils comme dans Guernica ? Le cerveau « Haute tension » de Marie Taklanti a-t-il

C ette femme enceinte… là, si on ne comprend pas ! … Où met-elle les mains ? La droite

dans la poche de sa jupe, la gauche tient une lunette longue vue utilisée par les corsaires dans les temps anciens. Femme à l’air confiant, à l’allure mar-tiale, au pied « marin » à bon compte, n’aperçoit-elle pas une perspective de guerre ? Chevelure flamboyante, con-traste des couleurs, pieds nus volup-tueusement reposés sur la moquette… Sacrée entrée en matière ! Nany , dis – moi pourquoi elle regarde par la fenêtre avec un gros cigare sur l’œil ? Gaby penchait la tête sur l’épaule de Nany, la sucette enfoncée dans sa bouche, les yeux écarquillés… Ce n’est pas un cigare, c’est une lu-nette longue vue utilisée par les ma-rins ; sans doute qu’elle pense mieux apercevoir un petit oiseau et des fleu-rettes par-delà la fumée des usines… Dis Nany, y a pas de meubles chez elle ? Où va-t-il naître son bébé ? Et le chat, il va rester là ? Et son mari, où est-il ? Son mari est en train de peindre un autre tableau et le chat sait qu’il dormi-ra bientôt à côté de lui. Comment tu sais ça ? Je lis ça dans les traits rouges très fins… D’ailleurs elle a l’air tranquille, non ? Oui. Elle a laissé une tasse sur la chaise… et elle a enlevé ses chaus-sures. Nany, elle porte son bébé de-vant, et toi tu portes le bébé de maman sur ton dos ! La fillette pouffe de rire. Nany dit : « T’as vu, elle regarde par-dessus les toits ». « Oui, comme chez nous, n’est-ce pas ? » répond la fillette. Le trio s’éloigne après s’être arrêté de-vant les œuvres aux couleurs cha-toyantes de Luisa Fernanda Debar-not… puis, sans doute, passant à tra-vers le point d’interrogation de Lucien Marduel, leur dialogue ne me parvint plus. C’était à mon retour du Tarn, récem-ment, après les évènements tragiques du 13 Novembre, traversant la Place

Ce n’est pas un

cigare, c’est

une lunette

longue vue utili-

sée par les ma-

rins ; sans

doute qu’elle

pense mieux

apercevoir un

petit oiseau et

des fleurettes

par-delà la fu-

mée des

usines… Dis Nany, y a pas de meubles chez elle ?

Demain, ici, maintenant

Deux mains maintenant, ici l’aujourd’hui

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Gaby n’avait plus la sucette dans la bouche ; elle me regardait avec un petit air décidé et tout à fait éclairé, bien que troussé sur le dos de sa nounou ; je lui adressai un petit signe et je vis la main fine et douce de Nany sortant d’une manche de chemisier blanc en percale fine se po-ser sur la tête de la fillette la guidant vers la sortie … « Dis, Nany, peux-tu nous ra-conter l’his-toire. » La porte se re-ferma. Le palet do-ré du jeu de marelle luit sur le carré sombre la-qué comme un rayon de soleil dans un creux.

Monique André-Belmont

quelque chose de prémonitoire ? Diago-nalement opposé, au fond, à côté du chœur, les miroirs du retable « la Résurrec-tion » dont la croix est en tôle éclairent– ils notre « chapelle » obscurcie par ces évènements où Dieu semble mort ? Le ka-kémono ensanglanté frémit au moindre souffle entre les deux chasubles de célé-brant aux teintures issues de produits de la nature. Nature à protéger, à préserver chantent les hiéro-glyphes de graines collectées par Da-

mien Louche-Pélissier en une partition où l’espoir se loge dans l’infiniment pe-tit et dérisoire.

Cette femme à la longue vue, à l’air martial, nous rassure-t-elle ? Nous sommes en état de guerre. Elle a plié ba-gage, sa valise est faite, scrute-t-elle encore quelque bonheur du bout de sa lorgnette avant de partir, les doigts de pieds moelleu-sement écartés sur le tapis ? Elle est coque pour son bébé à venir.

Coques, vaisseaux réduits à l’enve-loppe, celle même des messagères de lumière, celle des rois mages qui re-partent vers l’Orient. « Dis, Nany, toi, qu’est-ce que tu pré-fères de tout ce que nous avons vu ? » Après un temps de silence, Nany ré-pondit : « Dans la nef principale, en bas, là où il y a des bancs en rond, j’aime l’autel avec la croix de Jésus qui lacère le lai-ton pour danser avec les messagères de lumière. Et toi, que préfères-tu ? Temps de silence, puis : « Les petits bébés entourés de bande-lettes blanches. J’aimerais garder Charlotte ma poupée comme ça, tou-jours avec moi, lorsque je serai grande. Et puis j’aime la colombe de la Paix, toute ronde ».

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A éroport de Barcelone : Muni(e)s d'un élégant livret concocté par Jean, nous voici

partis dans le petit car « Ravigo » con-duit par un Pablo souriant. Première étape : le monastère de Santes Creus, annoncé « cistercien » nous subjugue par sa grandeur et son luxe : il fut le logement des rois d'Aragon. À Saragosse nous découvrons la « Vierge del Pilar » et la cathédrale, avec leurs décors mudéjar et baroque. Le palais de la Aljaferia, parlement de l'Aragon, manifeste l'immensité du sa-voir- faire arabo-chrétien. La « cuisine divine » du restaurant nous laisse dubi-tatifs... Certains vont admirer les œuvres de Goya. Le lendemain nous déambulons dans la petite cité de Tarazona, découvrons le quartier juif, puis la cathédrale au cloître magnifiquement mudéjar et ba-roque. Après une visite du monastère cistercien de Veruela, nous nous ren-dons à Borja où un rendez-vous avait été pris avec un monsieur qui était ve-nu présenter une crèche à Fourvière. Il nous fait une visite fort documentée et charmante de sa cité avec son musée aux œuvres fascinantes. Un passage à Belchite, ville martyre de la guerre civile dont on a conservé les ruines, et on arrive à Fuendetodos, village natal de Goya. La maison de son enfance et un musée lui sont con-sacrés. « Daroca apparaît entre deux crêtes » a écrit Jean dans son livret. Quelques-uns gravissent les chemins jusqu'aux murailles. « Rendez-vous à la collé-giale »… mais elle est fermée. On se contentera de décrypter le porche du Jugement Dernier. Quelle richesse dans cette petite ville ! Teruel : nous y dormirons 3 nuits pour parcourir les ruelles et photographier les 4 tours mudéjares à différents mo-ments d'ensoleillement. Les Amants,

figés pour l'éternité, la cathédrale, le musée, la montée à la tour San Salva-tor ; nous avons parcouru les ruelles autour de la « place du torico », minus-cule taureau perché sur un pilier au milieu de la place centrale, lieu de ren-contre des habitants, et fort animée en soirée. Albarracin, après une petite marche pour découvrir de modestes peintures rupestres dans la forêt des monts uni-

versels, la cité toute rose et le long d'une pente, nous fait grimper pour dé-couvrir de magnifiques points de vue. Les photographes se régalent. Malheu-reusement la cathédrale ne se visite que sur réservation... Calanda ne nous permet pas de saluer Buñuel, la rue est en travaux. On continue jusqu'à Alcañiz, où les plus lestes vont grimper pour découvrir le château. Quelques-uns pourront apercevoir l'intérieur de l'église et du donjon avec de magnifiques peintures murales du XIVe siècle, mais là aussi, il aurait fallu réserver la visite guidée... À Lerida, la perplexité de Jean va croissant : l'hôtel n'existe plus. Allons-nous devenir SDF ? L'office de tourisme dénoue les nœuds : l'hôtel a été reconstruit plus

Un passage

à Belchite,

ville mar-

tyre de la

guerre ci-

vile dont on

a conservé

les ruines,

et on arrive

à Fuen-

detodos,

village natal

de Goya.

Aragon 2015

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Suite au voyage en Aragon, Michèle Nony, pour le bulletin de janvier pro-chain, propose ce beau poème de Mar-cos Ana.

LA VIE

Dites-moi ce qu’est un arbre Ce qu’est le chant d’une rivière qui se

couvre d’oiseaux. Parlez-moi de la mer.

Parlez-moi de l’odeur d’un champ, des étoiles, de l’air.

Racontez-moi un horizon sans serrure et sans clé

Comme la cabane d’un pauvre. Dites-moi comment est le baiser d’une

femme. Donnez-moi le nom de l’amour, je ne m’en

souviens plus. Y a-t-il des amoureux qui tremblent sous la

lune Ou reste- t-il seulement la fosse, la lumière

d’une serrure Et la chanson des pierres ?

22 ans. J’oublie la dimension des choses, leur couleur, leur odeur.

J’écris sur la mer, les champs, Je dis la forêt et j’ai oublié la forme d’un

arbre. Je parle de choses que le temps efface.

Je dois m’arrêter, le gardien approche.

Fernando Macarro Castillo connu sous le nom de Marcos Ana, militant commu-niste engagé aux côtés des Républicains durant la guerre d’Espagne, a été empri-sonné en 1939 à l’âge de 18 ans, et libéré en 1961. Dans un documentaire * où il témoigne de sa détention, de son passé, il dit qu’il a écrit ce poème en prison, pour ne pas ou-blier les choses de la vie, la vie tout simple-ment. *DVD « Contre l’oubli, la « trace des dicta-tures » film de Jean Noël Jeanneney et Pierre Beuchot

loin. Reste à vérifier qu'on est bien at-tendus… Oui, nous aurons nos chambres. La montée du soir vers la vieille cathé-drale nous permet de découvrir l'en-semble au soleil couchant ; nous avons une dérogation pour savourer le cloître,

mais pas l'intérieur de la cathédrale fermée à cette heure. Un excellent repas où nous n'aurons pas le casse-tête du choix, et nous passons notre dernière nuit, en Cata-logne : les drapeaux aux fenêtres nous le rappellent. Le lendemain, nous nous envolons pour Lyon, la tête remplie de beaux souvenirs. Bravo à celles et ceux qui ont gravi les chemins et les escaliers aragonais avec courage. Bravo à Jean qui a élaboré ce circuit. Bravo à chacun pour la convivialité de ce voyage Confluences !

Lyon, le 11 octobre 2015, Marie-France GRAVEJAT

Sur les pas de Moïse, Jean-Baptiste, Jésus… un diaporama sur la Jordanie et la Palestine est proposé à l’espace Confluences-Polycarpe le jeudi 28 janvier à 18h.

Jean Bernard — 06 23 16 11 32

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S uzanne. Si les amis de la fon-dation Renaud sont réunis aujourd’hui autour de toi, ce

n’est pas à l’occasion d’une confé-rence ni d’un vernissage ni d’une ex-position ni d’un rendez-vous matinal pour une journée du Patrimoine, c’est pour te dire « au revoir Suzanne ». Il y a quelques jours, lorsque (Suzanne) tu m’as appelée pour des nouvelles, tu m’as dit que tu étais con-tente, car cet été tu avais pu prendre ta revanche sur celui de l’an dernier où tu avais dû, contrainte et forcée, rester à Lyon en raison d’une fracture au bras. Prolixe, comme je ne t’avais jamais entendue, tu m’as raconté ton voyage très intéressant en Arménie –notant cependant une chute malencontreuse survenue au niveau d’un de tes ge-noux -rien de grave sans doute, disais-tu puisque la radiographie faite en ren-trant ne montrait qu’une légère fêlure. Entre temps tu étais partie camper avec des amis. Puis tu as enchaîné, me résumant ton tout récent voyage en Espagne, en compagnie de tes deux sœurs. Mais avant de raccrocher, tu es reve-nue sur ton genou qui limitait tes al-lées venues, allant jusqu’à m’expliquer qu’il allait falloir que tu envisages as-sez rapidement la vente de ton appar-tement en raison des nombreux esca-liers que tu devais grimper pour le re-joindre et de l’escalier un peu raide qui menait à ta chambre. Le surlendemain, au soir, tu appelais Marie-Claire pour lui dire ta déception concernant le résultat de ton IRM – et que, très fatiguée, tu étais dans ton lit prête à t’endormir. Et puis la nuit a englouti le jour et un jour nouveau lui a succédé, mais ce mercredi matin, toi Suzanne la vail-lante, la courageuse, tu étais déjà sans doute en route pour «un autre monde ».

Prolixe, comme je

ne t’avais jamais

entendue, tu m’as

raconté ton

voyage très inté-

ressant en Armé-

nie

Ton départ ressemble à la vie que tu as traversée sans jamais te plaindre, paraissant toujours heureuse de vivre, des projets plein la tête, des activités innombrables ; tu étais une artiste, une sportive, une créatrice, une infati-gable marcheuse, un peintre qui ai-mait les toiles et les couleurs des pa-lettes. Dans le Livre de la Genèse, Yahvé dit à Noé : je mets un arc-en-ciel au-dessus des nuages pour qu’il soit le signe de l’alliance entre Moi et les hommes. Après l’orage ou après la pluie, lors-qu’apparaîtra cette voûte aux couleurs multiples, toutes différentes et cepen-dant toutes complémentaires les unes des autres, nous saurons Suzanne, que tu fais partie de cet ensemble hu-main et divin à la fois. Et maintenant que nous te savons dans la Lumière, nous te demandons déjà de penser à chacun de nous.

Marie-Jo Chosalland

À la prière de sépulture de

Suzanne Sabathé-Reynes

Une SOIRÉE ARAGONAISE est organisée

le mardi 12 janvier 2016

à 18h

à l’espace Confluences-Polycarpe

avec projection des décou-

vertes du voyage et dégustation de spécialités

espagnoles.

Tous les adhérents de Confluences sont invités.

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permanence du jeudi entre 15 h et 18 h 25 rue René Leynaud 69001 Lyon entrée au milieu de l’escalier du passage Mermet entre la rue Burdeau et la rue René Leynaud. Tél. : 04 72 40 98 20 http://www.confluences-polycarpe.org/

courriel : [email protected]

ISSSN : 2109-5000

Confluences-Polycarpe Trimestriel 25 rue René Leynaud Espace culturel Saint-Polycarpe 69001 Lyon

Se construire par la beauté

Merci de

vérifier la date

de votre fin

d’adhésion

en regardant

la page

adresse.

T ony Peirera Ferreira, 32 ans, vit à Lyon depuis 2004. Établi sur les pentes de la Croix-Rousse, il peint le quotidien de la vie, ce qui le meut, le pousse plus avant dans la quête du Mystère, du Mystère du monde. C'est quoi un objet ?

C'est quoi cette présence ? C'est quoi un ciel étoilé ? Il interroge le réel. Cette interrogation donne une forme d'ascèse à sa vie. Dans la solitude de son travail se dé-ploie la possibilité de la rencontre. Tout a une vie, silencieuse, lumineuse. Alors pour l'approcher il faut être atten-tif, discret. Les plantes, Basile le chat, les oiseaux du bord de la fenêtre, un bol, une nuit, des étoiles.

L'exposition de Tony Peirera Ferreira à Confluences-Polycarpe présente des œuvres réalisées entre 2014 et 2015 sur notre relation avec l'étrangeté de l'Univers cosmique si loin si près, si abstrait, si quotidien.

Ces toiles sont comme des ponts pour approcher cet infini, cet inexprimable, cet absolu silence qui nous boule-verse, nous inquiète peut-être, mais dont on se sent proche aussi. Est-ce ici qu'il faut rechercher l'origine de la vie ? Cet infiniment loin nous touche au plus profond de nous - cosmos - mot créé par les Grecs et qui signifie Beauté ; il y a un ordre sous-jacent à la beauté du monde. Cette organisation secrète, cette beauté nous dépas-sent, cette éternité nous subjugue. Par l'esprit, nous pouvons voyager dans cet espace où nul ne peut jamais se rendre. Grâce aux toiles de Tony Peirera Ferreira, nos points de vue basculent, nous sommes dans l'au-delà de la Terre. Elles nous interrogent sur notre place dans l'univers et sur nos petites contrariétés de tous les jours. Réali-ser que l'on fait partie de cet ordre en mouvement nous porte vers l'essentiel dans notre existence. Ces toiles nous donnent à sentir et à éprouver ce sentiment d'état d’Être, au-delà de la pensée ; à éprouver cette joie, juste celle d'être au monde, libéré d'être quelque chose ou quelqu'un. Cette exposition nous invite à la méditation.

Tony Peirera Ferreira

peinture

Graine d ’espace

Consolation, 2015, acrylique sur toile, 80 x 100 cm

Exposition à Confluences-Polycarpe du 3 mars au 3 avril 2016

Ouverture : jeudi, vendredi, samedi de 15h à 18h Entrée par le passage Mermet, 25 r. R. Leynaud (ou Burdeau) 69001 Lyon