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Photos de couverture :Nonne 8 Lalibela (Ethiopie).(E) Arnaud de W ! ! denberg. Patrimoine2001/Fondation-La Caixa.,La bataille de Stalingrad. @ L'illustrationjSygma, Paris
4
L'INVITÉ DU MOIS :
JEAN
DANIEL
9
AU FIL DES M
PAR
BAHGAT ELN
ET
ADEL RIFA
.
tIIROi, , J w, r r rv".
y-
MÂ
44
ESPACE VERT
AU CHEVET DES PLANTES
SAUVAGES par France Bequ
47
PATRIMOINE
LUXEMBOURG, LE BALCONDE L'EUROPE
par Jean-Pierre Kra
50
C'ÉTAIT DANS
LE COURRIER DE
EN FÉVRIER 195
LE MONDE DES
TROGLODYTES
10
LE TROGLODYTE, CET INCONNU
par Jacek Rewerski
15
CHINE : MAISONS DE MESS
par Jean Pau ! Loubes
19
ITALIE : UNE ARCHITECTURE DE L'EAU, DES VENTS ET DE LA LUMIÈRE
par Pietro Laureano
31
ETHIOPIE : LA"NOUVELLE JÉRUSALEM>>
par Kassaye Begashaw
35
SITES TROGLODYTIQUES DE LA LISTE DU PATRIMOINE MONDIAL
Grottes de Mogao (Chine)
Site archéologique de Pétra (Jordanie)
Eglises rupestres d'Ivanovo (Bulgarie)
Monuments de Nubie d'Abou Simbel à Philae (Egypte)
Grottes d'Ajanta, Grottes d'Ellora, Grottes d'Elephanta (Inde)
Falaise de Bandiagara (pays dogon) (Mali)
Sites rupestres de Cappadoce (Turquie)
Mesa Verde (Etats-Unis d'Amérique)
Mines de sel de Wieliczka (Pologne)
Consultant : Jacek Rewerski
23
t) iâ Eft MIl ; Y A 10, A, NIS,
p rena. it Il : n la Seconde GUJe"e. lIIondiiale (1939-19. 45)
"Les gouvernements des Etats parties à la présente Convention déclarent :
Que, les guerres prenant naissance dans l'esprit des hommes, c'est dans l'esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix...... Qu'une paix fondée sur les seuls accords économiques et politiques des gouvernements ne saurait entraîner l'adhésion unanime, durable et sincère des peuples et que, par conséquent,cette paix doit être établie sur le fondement de la solidarité intellectuelle et morale de l'humanité.... Pour ces motifs (ils) décident de déveiopperet de multiplier les relations entre leurs peuples en vue de se mieux comprendre et d'acquérir une connaissance plus précise de leurs coutumes
respectives... ; EXTRAIT DU PRÉAMBULE DE LA CONVENTION CRÉANT L'UNESCO, LONDRES, LE 16 NOVEMBRE 1945
Le troglodyte, cet inconnu
par J acek Rewerski
L'habitat rupestre est un patrimoine
méconnu de l'architecture universelle.
L'extraordinaire diversité de ses formes
témoigne de la capacité des hommes à
s'adapter à tous les environnements.
Qu'est-ce, au sens strict, qu'un troglo-
dyte ? L'habitant d'une cavité creusée par
l'homme. L'histoire des troglodytes com-
mence à l'époque néolithique, lorsque les
sociétés passent du stade de la chasse à celui de
l'agriculture et de l'élevage. Contrairement à
leurs ancêtres des temps paléolithiques, chas-
seurs qui utilisaient des cavités naturelles sur-
tout pour s'y protéger épisodiquement des
intempéries ou des agressions, les troglodytes
(du grec troglë, trou, et dunein, pénétrer) pro-
fitent d'un milieu géologique favorable (une
roche tendre mais non friable) pour créer des
espaces qui peuvent servir aussi bien à l'habitat
qu'à d'autres activités sociales : cultuelle, funé-
raire, défensive, économique.
Creuser sa maison dans la roche est plus
simple que d'en construire une, mais cette
démarche exige une grande intelligence de
l'environnement, suppose une remarquable
capacité d'adaptation au milieu naturel. La
maison souterraine, contrairement à l'idée
reçue, n'est pas un forme régressive d'archi-
tecture : c'est une manière plus économique
d'habiter. Surtout dans les régions où les
matériaux de construction, le bois en parti-
culier, sont rares. D'où une plus grande den-
sité d'habitations troglodytiques dans les
régions arides. Là, en outre, les fortes diffé-
rences de température entre le jour et la nuit,
comme les vents de sable fréquents, incitent à
chercher une protection efficace.
La maison vivante
La maison souterraine, mieux encore que la
grotte naturelle, est à la dimension de
l'homme et à la mesure de ses besoins. Les
qualités économiques et écologiques de cet
habitat ancestral, en particulier sa stabilité
thermique, intéressent d'ailleurs les archi-
tectes modernes, qui y voient de riches pos-
sibilités pour le présent et pour l'avenir.
C'est à Beersheba (Israël) qu'on a mis au
jour dans les années cinquante le plus vieux
site troglodytique actuellement connu. Datant
du quatrième millénaire, une trentaine de mai-
sons souterraines, qui pouvaient abriter de 200
à 300 personnes, s'échelonnent sur deux kilo-
mètres sur les rives d'un cours d'eau. En
Chine, le site néolithique de Banpo, dans le
Shaanxi, recèle de nombreux vestiges d'habi-
tations creusées en poche, préfigurant les
habitats qui apparaîtront ultérieurement dans
A gauche, paysanne dans le
Shanxi (tchine),
Ci-dessous, le Temple d'Or de
Dambulla (Sri Lanka).
U).
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1"
Vallée de Bamyan
(Afghanistan). Au fond, statue
dite du Petit Bouddha (38
mètres de haut) sculptée dans
la paroi (4"-S"siècle). Les
falaises sont criblées de
cellules monastiques,
Ci-contre, vue en coupe du
monastère et de l'église de
Gheghrard (Arménie).
ce pays. En France, le site préhistorique de la
Madeleine, en Périgord, qui a donné son nom
à une des principales cultures du Paléolithique
supérieur, est intéressant à double titre. D'une
part, il illustre les débuts du troglodytisme : un
abri sous roche utilisé initialement par les
chasseurs fut ensuite aménagé par creuse-
ment ; d'autre part, il témoigne d'une extraor-
dinaire permanence de l'occupation humaine,
qui a duré, avec des interruptions, du Magda-
lénien (10 000 ans avant J.-C.) au 16e siècle !
Tradition millénaire et universelle, le tro-
glodytisme reste un phénomène toujours
vivant. La Chine compte actuellement plus
de quarante millions de troglodytes. En
Tunisie, d'anciennes habitations creusées à la
verticale accueillent de séduisantes struc-
tures hôtelières. En Europe, l'Espagne,
l'Italie, la France offrent de remarquables
exemples de troglodytisme au quotidien.
Dans la région française du Saumurois, près
de la Loire, de nombreux troglodytes
vivaient et vivent encore avec autant de
.
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confort que les habitants de la surface. Mais
combien de sites, abandonnés, se dégradent
irrémédiablement ou ont déjà disparu, même
si certains commencent à revivre grâce au
tourisme ? Le troglodytisme n'est-il qu'une
survivance d'un autre temps appelé à
s'effacer de la mémoire des hommes ?
Mode de vie et d'architecture original, le
troglodytisme fait pleinement partie de la
diversité culturelle du globe. Mais les sys-
tèmes traditionnels dans lesquels il s'inscrit,
et qui ont fonctionné pendant des milliers
d'années, semblent périmés. Ils sont peu à
peu éliminés par une standardisation qui se
répand dans toutes les sociétés. Aussi, que ce
s. oit sous ses formes anciennes ou modernes,
ce patrimoine est-il en péril. Le troglodytisme
souffre d'une méconnaissance, voire d'une
méfiance, qui s'alimente, pour une part non
négligeable, à l'image ambiguë du monde sou-
terrain, perçu dans maintes cultures comme
le séjour des morts mais aussi l'espace du
renouveau, comme tombeau et comme
Aménagements par
creusement et construction
combinés en Dordogne
(France).
V illage de Monsanto
aménagé dans un chaos
granitique (Portugal).
matrice. Le monde souterrain continue
d'attirer, mais aussi de faire peur.
Sanctuaires et refuges
L'une des formes les plus spectaculaires que
revêt cette tradition architecturale est le tro-
glodytisme sacré. Temples, monastères, hypo-
gées, catacombes, le vaste patrimoine creusé à
fonction cultuelle ou funéraire atteste que le
roc est perçu dans l'imaginaire comme un abri
invulnérable. Y déposer ses morts est aussi
pour. un groupe une manière d'affirmer à
jamais sa présence sur un territoire.
Les temples-tombeaux de Pétra en Jor-
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eL"'"""'". s'""'< (@>,
: g'"àJwJ>'
Habitat de plaine de
Matmata (Tunisie).
danie ; les monastères et les temples boud-
dhiques d'Ajanta et d'Ellora en Inde ; les
hypogées de Lycie ou les églises rupestres et
les ermitages de Cappadoce en Turquie sont
d'admirables exemples de sanctuaires troglo-
dytiques dont certains, telles les églises de
Lalibela en Ethiopie, sont toujours fréquentés
par les fidèles. Cette architecture sacrée
creusée dans le roc apparaît comme l'expres-
sion monumentale d'un art consommé. Sa
réalisation, qui se fait dans la masse comme en
sculpture, n'admet pas d'erreur.
Par définition invisible et inaccessible-il
s'agit de se cacher pour se défendre-le tro-
glodytisme défensif, aussi bien à l'échelle indi-
L'Hé ! ice Terrestre, ci-dessus,
espace d'art contemporain de
Jacques Warminski (Anjou,
France). L'intérieur des salles
a été creusé dans le tuffeau à
l'aide d'une truelle et d'une
cuiller à café, Sa partie
supérieure et aérienne est
moulée en béton (à droite).
viduelle que collective, a également connu un
grand développement sur tous les continents.
De nombreux villages dogons établis le long
des falaises de grès abruptes de Bandiagara au
Mali disposent dans les anfractuosités de la
paroi de refuges contre d'éventuels agres-
seurs. On trouve dans l'Ouest nord-améri-
cain, parmi une multitude de greniers et de
réserves alimentaires creusés dans le roc, des
villages fortifiés. Les habitants de ces villages
accrochés à flanc de falaise dans des canyons
pouvaient s'isoler en retirant les échelles
d'accès. En Cappadoce, les étonnantes cités
troglodytiques de Kaymakli, de Derinkuyu,
pouvaient accueillir plusieurs milliers d'habi-
tants avec des réserves de nourriture et des
troupeaux d'animaux.
Les fortifications souterraines, civiles ou
militaires, sont foule en Europe, depuis les
souterrains-refuges romains et médiévaux
jusqu'aux parties enterrées de systèmes
défensifs du 2que siècle comme la célèbre ligne
Maginot. La Pologne, en particulier, pays de
plaines qui a connu de nombreuses invasions,
offre une abondance de constructions forti-
fiées dont les aménagements troglodytiques
constituent souvent l'élément majeur.
D'anciens champs de bataille recèlent égale-
ment des ensembles de grand intérêt. Pen-
dant la Première Guerre mondiale, l'armée
allemande aménagea sur le front de Cham-
pagne, au Chemin des Dames, d'anciennes
carrières, les reliant entre elles par des tunnels
et des voies ferrées. Ces installations enfouies
dans le sol, équipées de l'électricité et du télé-
phone, comprenaient chambrées, réfectoires,
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C3r'
HADES ET LE
TROGLODYTISMETROGLODYDSME
Groupe d'étude et de promotion du
patrimoine souterrain creusé, HADES
(Histoire Architecture DécouverteEtude Sauvegarde) est un comité
scientifique international associé à
l'ICOMOS (Conseil international des
monuments et des sites).
Nous recherchons la collabora-
tion des spécialistes et des connais-
seurs du patrimoine souterrain et
rupestre. Nous souhaitons à la fois
connaître les travaux entrepris de par
le monde et découvrir de nouveaux
sites. Nous souhaitons aussi ras-
sembler ia plus large documentation,
afin de constituer une banque de
données accessible sur le plan inter-
national.
HADES lance un appel aux éven-
tuels collaborateurs et à toute per-
sonne, institution ou entreprise qui
souhaiterait associer ses moyens à
une action inédite pour un patrimoine
envoûtant et peu connu.
Jacek Rewerski, Président de HADES
Ci-dessous, Las Cuevas
(les Grottes) de Guadix, en
Andalousie (Espagne),
A droite, monastère Ostrog,
dans le Monténégro
(Ex-République de Yougoslavie).
hôpitaux, chapelles. Dans les souterrains de la
plupart des champs de bataille, la présence
prolongée des hommes sous terre a donné
naissance à un véritable art des tranchées-
grafnti, sculptures, poèmes gravés sur les
parois-qui ne saurait être négligé.
Habitat de demain
En dépit de sa richesse, de sa diversité et de sa
beauté, le patrimoine creusé ne jouit pas du
même prestige que celui construit en surface.
Sa réhabilitation n'est donc pas tâche facile.
Etudier les pratiques troglodytiques, c'est étu-
dier des groupes humains, leur histoire, leur
vie particulière. La conservation des habitats
dits « naturels » constitue une démarche nou-
velle. Il s'agit, à la fois, de comprendre les
formes d'intégration à l'environnement qu'ils
représentent et de les préserver de l'érosion- accrue par les déséquilibres dus au creuse-
ment, au principe même de cette architecture
« soustractive ». Travailler sur un édifice
rupestre n'a rien de commun avec la conser-
vation d'un bâtiment construit avec la pierre
« morte »-désolidarisée de son environne-
ment. Un monument rupestre fait corps avec
la terre ; il vit, évolue et vieillit avec elle.
Ce patrimoine aux multiples facettes-
monumentale, archéologique, ethnogra-
phique, urbaine, rurale, industrielle-repré-
sente une intégration exemplaire de l'homme
et de son habitat à l'environnement. Il s'inscrit
parfaitement dans la politique du Patrimoine
mondial de l'UNESCO, qui prend en compte
la dimension à la fois culturelle et naturelle des
sites. Certains sites majeurs, inscrits sur la
Liste du patrimoine mondial de l'Organisa-
tion (on en trouvera une description dans ce
numéro), font désormais l'objet d'une « pro-
tection rapprochée ». Mais beaucoup d'autres
attendent encore une reconnaissance, natio-
nale et internationale, indispensable à leur sau-
vegarde. Il faut les sauver non seulement de la
ruine, mais de l'oubli.
La percée de l'écologie montre une ten-
dance au retour vers la terre. La pression
démographique croissante dans les villes
amène de plus en plus d'hommes à enterrer
les infrastructures et, par là, à redécouvrir le
troglodytisme.
Certains de nos enfants seront-ils les tro-
glodytes de demain ? N
Galerie de cellules à
munitions de la ligne Maginot
(1940, France).
JACEK REWERSKI,
de France, est enseignant-
chercheur attaché au Centre
national de la recherche
scientifique (CNRS). Consultant
auprès de l'UNESCO, il préside le
comité scientifique HADES
(Histoire Architecture Découverte
Etude Sauvegarde) associé au
Conseil internationl des
monuments et des sites
(ICOMOS).
on.
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Chine : Maisons de loess
par Jean Paul Loubes
Solution originale
apportée aux rigueurs
du climat semi-
désertique, les villages
rupestres du fleuve
Jaune présentent tous
les avantages de
l'habitat
communautaire
construit.
Eu Chine, plus de quarante millions de
personnels vivent encore quotidienne-
ment sous terre. C'est dans le bassin du
Huang He ( « fleuve Jaunes) au centre du
pays, dans le Gansu, le Henan, le Shaanxi et le
Shanxi, que l'on trouve la plus grande densité
d'habitations troglodytiques.
Trois facteurs y ont favorisé l'essor de ce
type d'architecture : le climat, la géographie et
la géologie. Avec son faible régime de pluie,
son caractère semi-désertique quand on pro-
gresse vers le nord-ouest, le climat de ces
régions continentales connaît de grands écarts
de température entre le jour et la nuit, entre
l'été et l'hiver. Le travail du fleuve et de ses
affluents a fortement marqué la géographie.
Jeune troglodyte
de Pinglu
(Province de Shanxi).
on.
CL<ño
oÜ(J10". cüï"'aDQiN
Vrillage de Shang Hong Chi,
Province de Shanxi.
JEAN PAUL LOUBES,
de France, est professeur à l'Ecole
d'architecture de Bordeaux. Parmi
ses publications : Maisons
creusées du fleuve Jaune,
l'Architecture troglodytique en
Chine du Nord (Paris, Créaphis,
1989).
Long de 4 800 kilomètres, ce géant a constitué
au cours des âges, avec les matériaux arrachés
aux terres de son cours supérieur, une zone
de dépôts dans son bassin inférieur, dépôts
que les déplacements capricieux de son cours
ont ensuite sculptés.
Sur le plan géologique, enfin, le bassin
moyen du Huang He forme la plus impor-
tante région de loess du monde. Le loess est
un limon fait d'une accumulation de pous-
sières transportées par le vent pendant les
périodes glaciaires. D'une bonne cohérence,
ce sol peut être facilement creusé ; il permet
l'irrigation des cultures, car il ne retient pas
l'eau, et se révèle alors très fertile.
Autant de conditions favorables à l'éta-
blissement de zones de peuplement humain
et, de fait, les régions du loess sont le berceau
de la très ancienne civilisation chinoise. Le
troglodytisme déploie ici toute sa diversité,
toute sa richesse, confirmant qu'il s'agit bien
d'une forme évoluée d'architecture qui s'est
développée parallèlement à l'architecture
construite. On y trouve rassemblées les dif-
férentes configurations troglodytiques pos-
sibles, aussi bien verticales qu'horizontales.
Puits du ciel
En terrain plat, des villages entiers sont com-
posés d'habitations en puits. Le plan de ces
maisons suit une organisation rigoureuse. Un
puits carré ou rectangulaire est creusé verti-
calement dans le sol et constitue une cour
d'environ 15 mètres sur 15. Cet espace d'acti-
vité essentiel autour duquel s'organise la dis-
tribution des différentes pièces correspond à
la cour centrale, appelée « puits du ciel », de la
maison traditionnelle chinoise du Nord. La
profondeur du creusement est en général de
6 mètres, ce qui explique les qualités de stabi-
lité thermique de cet habitat et l'isolement
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1"nU5 !'
"l,!' !'"0
phonique d'un puits à un autre. Les pièces
sont creusées latéralement dans les parois
regardant le sud, l'est et l'ouest. Chaque paroi
en compte deux ou trois voûtées en plein
cintre ou en ogive. La face nord du puits est
occupée par les accès et parfois par un
magasin.
La façade exposée au sud reçoit les pièces
principales-chambres, pièces de l'autel des
ancêtres et de réception-dotées chacune,
comme dans la maison traditionnelle chi-
noise, d'un foyer de cuisson associé à un
poêle sous un lit de terre battue (kang). Le
yinghi, mur écran de la maison troglodytique,
est un autre élément qui la rattache au modèle
des maisons construites. Cet écran, disposé
dans la cour face à l'entrée, a pour fonction
principale d'empêcher que les esprits mau-
vais, qui se déplacent en ligne droite, ne
s'introduisent dans la maison. Haut de deux
mètres environ, en pisé, en adobe ou en
.
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E"'oÜ@t1 ;ëiJ"""QiN
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"'=>3c.
"o
Habitation en puits
creusée dans le læss,
Province de Shanx !.
Le lit-poêle (kang)
de terre crue d'un intérieur
troglodytique,
Province de Shaanxi.
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"OJ
H abitations désaffectées
dans le village de Gao Gun
(Province de Shaanxi). Une
grotte dure en moyenne trois
générations.
Université troglodytique
de Yanan,
Province de Shaanxi.
briques cuites, il est recouvert de tuiles et
percé en son centre d'une petite niche.
L'accès à la maison se fait par un plan
incliné en terre battue, qui peut comporter
un escalier bordé de bandes de roulement.
Lorsque le dénivelé est important, la rampe
d'accès prend la forme d'un tunnel dans
lequel on trouve souvent les premières
annexes : magasin à grains, remise à outils,
parfois un puits d'eau. Dans certains cas,
l'habitation est signalée en surface par une
entrée construite qui marque le départ du
plan incliné ; cette entrée reprend le vocabu-
laire technique et architectural de la maison
traditionnelle.
Les villages creusés constituent l'exemple
le plus saisissant d'un urbanisme enterré qui a
réussi à conjuguer les avantages thermiques
liés au climat souterrain, avec l'ouverture au
climat extérieur. Le puits central structure
très fortement cet habitat, d'une part parce
qu'il organise et distribue les pièces d'habita-
tion, d'autre part parce qu'il assure la pénétra-
tion de l'ensoleillement, vecteur de lumière
et de chaleur. La terre trouve un double
usage, avec les habitations en sous-sol et les
champs au rez-de-chaussée.
L'espace privé et l'espace collectif, dans
ces villages, sont répartis sur deux nappes
superposées et distantes de quelques mètres
seulement. Ainsi, en tout point de ce « tissu
urbain », les deux niveaux communiquent.
Cette conception originale conjugue deux
qualités qui dans l'organisation traditionnelle
sont habituellement dissociées : l'isolement
maximal de l'habitation en même temps que
la proximité immédiate de l'espace public et
donc de la vie sociale.
Le creusé et le construit
Le troglodytisme latéral est particulièrement
bien adapté aux reliefs accidentés du Henan,
du Gansu ou du Shanxi. Il exploite la topogra-
phie avec une intelligence du site et des res-
sources propre aux cultures populaires.
Le creusement, ici, se fait en attaquant de
front la falaise de lcrss. C'est la démarche la
plus répandue parce que la plus immédiate
devant une paroi bien exposée au sud ou au
sud-ouest. Creuser à partir du niveau d'accès
facilite l'évacuation des déblais ; la plupart du
temps, ils sont utilisés pour aménager devant
l'entrée de l'habitation une plate-forme qui
deviendra la cour. Le loess consolidé, maté-
riau homogène, permet d'obtenir des voûtes
au dessin régulier-ogive, plein cintre, ou
autre-en accord avec une conception de
l'espace fondée sur la symétrie.
L'ample patrimoine creusé chinois va de
l'habitation la plus simple-une seule pièce
de 4 mètres sur 6-à des ensembles d'une
complexité impressionnante. Outre les pièces
creusées latéralement, la cour peut recevoir
des maisons construites-le troglodytisme
s'ouvrant souvent aux autres savoir-faire col-
lectifs. On trouve également des demeures
au plan très élaboré, qui combinent plusieurs
terrasses étagées autour desquelles se déve-
loppent un troglodytisme latéral, des parties
construites-ou même des grottes artifi-
cielles. Ces grottes reprennent les formes de
la voûte creusée, mais en maçonnerie de
pierre. Entièrement édifiées par l'homme,
elles reproduisent ainsi les avantages des
grottes naturelles, en particulier leur confort
thermique. Leurs murs très épais, le massif de
terre qui compose leur toiture, leur confèrent
une température plus clémente et plus stable.
Le creusé et le construit : un mariage
caractéristique de la culture architecturale
chinoise. N
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'".
"'-0
: 3co@t'". cU5'"uoã ;N
Italie : Une architecture de l'eau
des vents et de la lumière
,
La ville rupestre de
Matera et ses
habitants ont survécu
à toutes les vagues
d'envahisseurs. Au 20c
siècle, l'urbanisation
mal gérée et la
surpopulation ont
bien failli en avoir
raison.
Ci-dessus, la chapellede Santa Lucia aile salve
(Matera).
Creusets dans les hauts plateaux desmurage, en Italie méridionale, sur les
pentes d'une gorge profonde, la Gravìna, les
Sassi de Matera constituent un complexe
d'habitations troglodytiques plusieurs fois
millénaires. Une présence humaine y est
attestée dès l'époque paléolithique.
Mais ce n'est qu'à partir du néolithique
que l'emplacement de la ville actuelle de
Matera est occupé par des tribus semi-
nomades qui trouvaient dans les « gravines »
(reliefs calcaires traversés par de profondes
crevasses) des lieux d'étape privilégiés au
cours de leurs déplacements saisonniers en
quête de pâturages.
Les hommes, la pierre et le temps
A l'âge des métaux, la diffusion des outils va
faciliter les travaux de creusement de la roche
calcaire tendre, le tuf. De cette époque datent
les tombes de la Murgia Timone, avec leurs
chambres rituelles souterraines aux piliers
centraux obtenus par évidage. Les premières
habitations, éparpillées, s'organisent autour
des réserves d'eau-laquelle devient un
objet de culte. L'eau, en effet, est rare dans
l'ancienne Lucanie : entre les étés torrides et
les hivers froids, la moyenne annuelle des
précipitations ne dépasse pas 500 millimètres.
Au cours des temps, les premiers établis-
sements humains se regroupent en centres
urbains.
La géographie rude de la région, faite de
rochers inaccessibles et de vallons cachés,
permettra aux Lucaniens de survivre aux
nombreuses vagues d'envahisseurs qui se
succéderont au cours des âges : les Grecs
(8e siècle avant J.-C.), d'abord, puis les
Romains (4e-3e siècles), les Byzantins (5e
siècle après J.-C.), les Lombards (6e-7e
siècles), les Sarrasins (9e siècle), les Nor-
mands (ils siècle), les Slaves et les Hongrois
-'"roD..""0aa.
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"-'". xo U1iJu'"@ËD..Ecte cco : ; : : : : ;" : : ; : CIJ=-0Caf) c@G :
par Pietro Laureano
(lise siècle), les Aragonais (sise siècle). L'ari-
dité du paysage contribue alors au renforce-
ment de l'esprit d'indépendance de ses habi-
tants. Les anciennes traditions se perpétuent
tout en étant rénovées et vivifiées par les
nouveaux apports.
Plus tard, le monachisme médiéval trouve
un terrain fertile dans la culture agro-pasto-
rale antique de la région. Grottes et cavernes
deviennent des ermitages, des refuges pour
les communautés utopiques autochtones ou
étrangères. Matera voit se creuser des cen-
taines d'églises, de chapelles, de cryptes et de
cathédrales rupestres aux murs ornés de
fresques. Plus que de simples monastères, il
s'agit de véritables expériences de sociétés
idéales qui, fondées sur une pratique reli-
gieuse, soutiennent et encouragent l'agri-
culture et l'économie locales.
Sur les hauts plateaux, riches en essences
aromatiques, on cueille les plantes officinales.
Les grottes, où l'on recueille le salpêtre, les
lichens et les moisissures, sont aménagées en
caves et laboratoires pour la production
d'élixirs prodigieux. Selon un chroniqueur du
16e siècle, une terre de Matera, le balsa (une
argile ocreuse formée par la dissolution du
calcaire), fut même qualifiés de « terre sacrée »
à la cour des Médicis, où l'on avait constaté
qu'elle avait la propriété de soigner les bles-
sures et de protéger contre les poisons.
Une leçon de gestion
environnementale
La rareté des ressources, la nécessité d'en
faire un usage collectif approprié, l'économie
de la terre et de l'eau, la connaissance des lois
de la mécanique et des fluides, ont de tout
temps guidé l'organisation des Sassi ( « pierres »
ou « rochers » en italien).
Parfaitement intégrée au cadre naturel, la
ville de Matera s'étire verticalement sur les
flancs abrupts de la Gravita. La localisation
et la répartition des habitations est fonction
des couches rocheuses mises à nu par le
canyon. Les deux amphithéâtres naturels des
Sassi, formés de deux fissures appelées grabi-
gliani (petites crevasses), ont fait l'objet d'un
intense travail de creusement et de terrasse-
ment. La fragmentation et le collectage des
Les habitations de Matera
se fondent dans la paroi
rocheuse.
Vue en coupe
verticale de l'habitat
troglodytique.
Les terrasses en
étages et la
stratification de
l'habitat permettent
une exploitation
habile des eaux.
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antérieur d'une tour
éclairé par un oculus
(fin du 15-siècle).
ceau a partir de laquelle d importants com-
plexes architectoniques peuvent s'élaborer. La
terrasse primitive y devient la cour collective
avec, au-dessous, la citerne commune où l'on
amène l'eau provenant des toits des habita-
tions, qui ont été savamment organisées à cet
effet. Les lignes latérales d'écoulement des
eaux deviennent les escaliers et les axes de
liaison verticaux du complexe urbain. Le sys-
tème horizontal de drainage, utilisé pour
amener l'eau dans les jardins en terrasse et ali-
menter les citernes au fond des grottes, form e
la trame des chemins d'accès aux vicinati.
Le développement vertical de la ville
médiévale intègre l'architecture urbaine pri-
mitive, et met à profit les lois de la gravité
pour y faciliter la distribution des eaux tout en
la protégeant des vents. Deux quartiers,
appelés Sasso Caveoso et Sasso Barisano,
prennent naissance autour des grabiglioni,
qui fournissent un terrain cultivable riche en
humus. Au centre s'élève la civita, la partie
fortifiée. Les ateliers et les boutiques des arti-
sans sont installés sur les bords du haut
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flux d'eau au moyen d'un réseau de rigoles,
de citernes et de grottes permet de conserver
le terrain en protégeant les pentes contre les
phénomènes destructifs de l'érosion.
Au moment des pluies, les eaux ruissellent
de manière impétueuse sur les surfaces argi-
leuses du haut plateau et créent des zones
lacustres et marécageuses. Durant les
périodes sèches, les argiles se fendillent et les
sources se tarissent. Le plateau et les pentes,
riches en terre rouge et fertile (le boldo), sont
réservés aux bois et aux champs. Les habita-
tions sont construites plus bas, le long des
grabigliani, où elles se fondent dans la paroi
rocheuse et comprennent de profondes'
pièces souterraines. Regroupées en unités
d'habitation, elles ouvrent sur des terrasses et
des jardins suspendus. L'ensemble forme le
vicinata (voisinage), un modèle exemplaire
d'organisation communautaire.
Les formes et les types d'architecture
tirent leur origine de la grotte. La cellule de
base de la construction (le lamione), est consti-
tuée d'une seule pièce avec une voûte en ber-
on.
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PIETRO LAUREANO,
d'Italie, architecte et urbaniste,
est l'auteur de Sanara. jafd
méconnu (Paris, Larousse, 1991).
Ci-dessus, intérieur de San
NicoiadeiGreci (12e siècle).
A droite, Vierge à l'Enfant,
fresque du 12"siècle, chapelle
deSantaLuciaaiieMa ! ve.
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plateau, où se trouvent les grandes citernes et
les silos rupestres de stockage des céréales.
Un document immémorial
Ce système urbain, complexe et harmonieux,
fondé sur le drainage, le contrôle et la réparti-
tion des eaux, est resté intouché jusqu'au 18e
siècle. Mais, au 19 et, surtout, au 20e siècle, la
capacité de gestion communautaire des res-
sources environnementales disparaît. La ville
moderne s'étend en amont des lignes des
pentes de ruissellement, là où la cité antique ne
s'était jamais aventurée. Le comblement des
cours de drainage, transformés en routes, et la
destruction du réseau capillaire de collectage
hydrique brisent des contraintes millénaires
qui exigeaient le respect d'un équilibre : celui
d'un développement urbain proportionné à la
rareté des ressources naturelles. On assiste ainsi
à la densification du réseau urbain, à la satura-
tion, puis à la promiscuité habitative et, pour
finir, à la dés. organisation accélérée du système..
Les conditions de dégradation de l'hygiène
et de l'environnement seront, dans les années
50, à l'origine d'une décision de transférer dans
les nouveaux quartiers la population de la
vieille ville. Lorsque débuta le projet d'évacua-
tion des Sassi, 15 000 personnes-soit les deux
tiers de la population de Matera à l'époque-
occupaient 2 997 habitations, dont 1 641 défi-
nies comme troglodytiques. Restées depuis
quasiment vides, celles-ci constituent, pour les
visiteurs, le document architectonique d'une
histoire unique : la longue création d'un centre
urbain exceptionnel dans lequel les hommes
ont su gérer leurs ressources naturelles avec
parcimonie et finesse, t
Ethiopie : La « nouvette Jérusalem
par Kassaye Begashaw
Haut lieu de culte et de pèlerinage, les églises de Lalibela,
taillées dans la pierre il y a huit siècles, résonnent toujours des
tambours et des chants des fidèles.
Ci-dessus, nonne en prière
dans une grotte près de
BietGabriei-Roufaëi.
\. !'. i\ii\\1 Taillées d. ans la masse du tuf volcaniqueHtr rouge qui forme le haut plateau de Lasta,
les églises de Lalibela traduisent à elles seules
toute la vigueur de l'essor de la civilisation
chrétienne en Ethiopie aux 12e et 13e siècles.
Introduit vers 330 dans le royaume
d'Axoum, le christianisme s'y répandit à la fin
du s siècle sous l'impulsion de moines venus
d'Antioche, mais resta dans l'obédience de
l'Eglise copte. Au go siècle, le royaume
d'Axoum s'effrite sous la pression de l'Islam et
des invasions bedjas. Avec le retrait progressif
de l'empire byzantin, l'Ethiopie chrétienne est
de plus en plus isolée. Des désordres qui sui-
virent l'effondrement d'Axoum et le déplace-
ment de son centre politique et religieux vers
le sud émergea, au 12e siècle, la dynastie
Zagoué, qui resserra les liens avec l'Eglise
copte et favorisa l'activité missionnaire.
La nouvelle capitale du royaume s'établit
à flanc de montagne, dans la région du Lasta.
Devenue aujourd'hui un petit bourg perché à
2600 mètres d'altitude, la cité monastique de
Lalibela, nommée d'après le nom du roi
Zagoué qui y fit creuser les églises, se voulait
une nouvelle « ville sainte ».
Un complexe architectural unique
Réparties en deux groupes distincts de part
et d'autre d'un torrent la plupart du temps à
sec-le Yordanos (Jourdain)-, les onze
églises et chapelles médiévales de Lalibela
affleurent à peine au ras du sol. Quatre
d'entre elles sont monolithiques. Les autres,
plus modestes, sont semi-monolithiques ou
hypogées, signalées au fidèle par leur seule
façade sculptée se détachant de la roche.
Chacun des deux groupes constitue un
ensemble organique enclos dans une sorte
d'enceinte, à l'intérieur de laquelle on circule
par un réseau de passages et de tunnels
creusés dans le tuf.
Dressées au centre de puits de sept à
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Ci-dessus, la Maison de saint
Georges (Biet Giyorgis, 11"-13"
siècle) en forme de croix
grecque.
Page de droite, Biet Gabriel-
Roufaëi, façade nord-ouest.
La fuite en Egypte.
Peinture muraie de Biet
Maryam (120. 13- siècle),
douze mètres de profondeur, elles ont été
taillées, en partant du haut (voûtes, plafonds,
arcs, fenêtres supérieures) vers le bas (sol,
portes, socle), à même les blocs de matière
rocheuse, lesquels ont été isolés de la masse
du plateau par des tranchées. Pour que
s'écoulent les pluies diluviennes qui s'abattent
sur la région en été, le sol des espaces ainsi
dégagés est légèrement incliné. On constate
également que les éléments saillants de l'archi-
tecture (toits, gouttières, corniches, linteaux,
base des fenêtres) sont prolongés en fonction
de la direction d'où viennent les pluies.
Le travail d'excavation était, semble-t-il,
divisé en plusieurs étapes, ce qui a permis aux
architectes, ouvriers et artisans d'ceuvrer à
hauteur d'homme sans avoir à élever d'écha-
faudages, les uns dégageant la masse du
monolithe tandis que les autres le taillaient.
On évacuait les déblais par les ouvertures
pratiquées (fenêtres et portes). L'outillage uti-
lisé était simple : pioches, pics et leviers, puis
hachettes et ciseaux pour les détails.
Exception et tradition
Long de 33 mètres, large de 23 et haut de 11,
avec une corniche sculptée soutenue par 34
piliers carrés, Biet Médhane Alem (Maison du
Sauveur du Monde) est sans doute le plus
imposant de ces monuments. C'est la seule
église d'Ethiopie à abriter cinq nefs, tout
comme-selon Francisco Alvarez, chape-
lain d'une ambassade portugaise à la cour salo-
monide au 16e siècle-l'ancienne cathédrale
d'Axoum.
On accède à l'intérieur par trois portes
ouvrant respectivement à l'ouest, au nord et
au sud, comme le prescrit le rituel chrétien.
Le plan au sol est de type basilical, orienté est-
ouest et divisé en huit travées plantées de
vingt-huit piliers s'élevant vers les arcs en
plein cintre du plafond.
Biet Maryam (Maison de Marie), de
dimensions plus réduites, s'élève à neuf
mètres de hauteur. Ses murs, percés de
fenêtres de style axoumite, abritent trois nefs
qui ont la particularité d'être couvertes, du sol
au plafond, de peintures décoratives repré-
sentant divers motifs géométriques (croix
grecques, svastikas, étoiles, rosettes) ou ani-
maux (colombes, phénix, paons, zébus, cha-
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meaux) ainsi que de fresques-pour la plu-
part aujourd'hui disparues-illustrant des
scènes de la vie du Christ et de Marie tirées
des Evangiles. Ces peintures remonteraient,
selon certains experts, au règne du roi Zara
Ya'qob (1434-1465). La porte principale est
surmontée de deux cavaliers sculptés terras-
sant un dragon, bas-relief exceptionnel du fait
de la rareté des sculptures animées dans les
sanctuaires éthiopiens-comme, d'ailleurs,
dans tout l'Orient chrétien.
Quddus Mikaël (Saint Michel), Biet Gol-
gothà (Maison du Golgothà) et Biet Sellassié
(Maison de la Trinité) forment un ensemble
imbriqué. Le plus grand des trois, Quddus
Mikaël est harmonieusement divisé en trois
nefs par des piliers cruciformes. Biet Gol-
gothà, église dédiée à la Passion du Christ, se
distingue par les effigies de sept ecclésias-
tiques sculptés grandeur nature dans les murs
des deux nefs. Elle abrite aussi, au fond d'une
niche, un Christ dans son tombeau.
Il faut traverser Biet Golgothà pour
accéder à la petite chapelle dédiée à la Sainte
Trinité (Biet Sellassié). De plan trapézoïdal, la
salle recèle trois autels monolithes, ornés de
croix et creusés en leur centre d'une cavité où
le prêtre déposait le tabot (l'Arche d'alliance,
en guèze) lors de la messe. Le fond de la
crypte abrite deux personnages mystérieux
aux mains jointes en signe de prière, disposés
de part et d'autre d'une niche vide surmontée
d'une croix encerclée, peut-être une figura-
tion de la Trinité...
Salles souterraines à usage primitivement
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profane et ultérieurement consacrées, Biet
Marqôrewos et Biet Gabriel-Roufaël (Mai-
sons de Mercure et des archanges Gabriel et
Rafaël) furent probablement d'anciennes rési-
dences royales. Un peu plus loin, Biet Abba
Libanos présente à la fois les caractéristiques
de l'église monolithe et de l'église hypogée :
les quatre côtés ont été isolés de la montagne
par une haute galerie creusée tout autour,
tandis que le toit reste solidaire de la masse
rocheuse supérieure. Basilique à trois nefs,
Biet Amanouel (Maison d'Emmanuel) réunit
quant à elle toutes les caractéristiques du style
axoumite classique.
Sise à l'écart des autres au fond d'un puits
presque carré (22 x 23 mètres), Biet Giyorgis
(Maison de saint Georges) est taillée en forme
de croix grecque. Montée sur un socle très
haut, l'église n'abrite ni peintures ni sculp-
tures susceptibles de distraire le regard de
Outre ses onze églises inscrites sur la liste du
Patrimoine mondial, Lalibela abrite d'autres
monuments secondaires, d'architecture
moins impressionnante, mais dont l'existence
contribue à la signification globale de
l'ensemble et à son unité. Celle-ci témoigne
de la volonté organisatrice du roi Lalibela-
même s'il est matériellement peu probable
que l'ensemble du travail d'excavation se soit
fait sous son seul règne (1190-1225). Quant au
sens de ce site exceptionnel, la topographie et
la toponymie le révèlent amplement. Le tor-
rent qui coupe l'ancienne capitale ne
s'appelle-t-il pas le Jourdain et une croix de
pierre n'y marque-t-elle pas l'endroit où
Jean-Baptiste baptisa le Christ ?
Le sépulcre du Christ de Biet Golgothà, la
Maison de la Croix (Biet Masqal), la Maison
du Pain Béni (Biet Lehem), la Tombe
d'Adam, et la plate-forme, devant la Maison
des archanges Gabriel et Rafaël, que la popu-
lation locale appelle le « prétoire de PIIate » : ces
lieux divers, rassemblés en un endroit unique,
désignent Lalibela comme une « réplique » de
la Ville sainte, Jérusalem, prise par Saladin en
1187 et vers laquelle la troisième croisade ren-
dait à l'époque tout pèlerinage Impossible, t
Passage reliant deux églises.
M. KASSAYE BEGASHAW,
d'Ethiopie, dirige, au ministère des
Affaires culturelles éthiopien, le
Centre pour l'étude et la
conservation du patrimoine
culturel.
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Cérémonie pascale.
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. Sites et régions troglodytiques
. Sites troglodytiques classés sur la liste du Patrimoine mondial de L'UNESCO
1. Mesa Verde 2. Bandiagara 3. Matera 4, Wieliczka 5. Ivanovo
6. Cappadoce 7. Pétra 8. Abou Simbel 9. Lalibela
10. AjantajEliorajElephanta 11. Mogao
Les premiers aménagements de cet
ensemble de temples rupestres
bouddhiques remontent au 4e siècle
de notre ère. Situé aux confins du
désert de Taklamakan (actuel Gobi),
province de Gansu, sur la Route de la
soie, le site connut une activité
intense jusqu'au 14e siècle. Ses plus
grandes structures, dont une statue
du Bouddha de 33 mètres de haut,
sont d'époque Tang (7e siècle).
Ornées de fresques et de sculptures
par des artistes d'origines diverses,
ces grottes retracent dix siècles
d'histoire de l'Asie centrale. Inscrites
sur la liste du Patrimoine mondial en
1987.
Sites troglodytiques de la liste du Patrimoine mondial
Les anciens Grecs
1 1, 1·
<<merveilles>> dans le monde
qu'ils connaissaient. La liste
du Patrimoine mondial en
compte actuellement 440.
Les sites présentés dans les
pages qui suivent illustrent
de nombreux aspects du
troglodytisme à travers le
monde, à travers les âges.
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Grottes deMogao (Chine)
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1. La falaise de Mogao : 492 grottes, 2415
sculptures, 45 000 m2 de peintures murales.2, Intérieur de la grotte 428, dynastie des Zhou du
Nord (557-581 après J.-C.),
3, Façade construite à l'entrée d'une grotte.
4, Fresque de la grotte 257 (détail) : le roi des
cerfs sauve un ingrat de la noyade, dynastie
des Wei du Nord (386-534 après J,-C,),
Site archéologique de Pétra (Jordanie)
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Les vestiges de cette ancienne ville
d'Arabie, qui fut la capitale des
Edomites avant de devenir, au 5e
siècle avant J.-C., celle du royaume
nabatéen, s'élèvent dans un cirque
naturel auquel on accède par un
défilé étroit long de 2 km. Temples,
tombeaux et palais, mi-construits mi-
taillés dans les falaises de grès rose,
forment une architecture unique où
se marient les traditions orientales et
le style gréco-romain. Inscrit sur la
liste du Patrimoine mondial en 1985.
1. Théâtre romain,
d'une capacité de
3000â4000
personnes.2, Au fond, ancien lieu
d'accueil des
voyageurs etcaravaniers.3, Les eaux remontent
par capillarité et
rongent la base desmonuments.
4, Tombe collective. La
coloration de la pierre
en rubans multicolores
est due à la
dissolution de certains
minéraux et au
transport des oxydes
pari'eau.5, Depuis plus de
2000 ans, des
hommes occupent des
abris troglodytique,
6, Façade du Khazné
Firaoun (ie'Trêsorde
Pharaon').
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Les églises, chapelles et cellules qui
constituent l'ensemble monastique
d'Ivanovo furent creusées dans le
roc, le long de la rivière Roussenski
Lom, entre la restauration de
l'indépendance de l'Eglise bulgare
(1235) et l'annexion du pays par
l'empire ottoman (1396). Les
fresques qui, à l'origine, couvraient
les murs de presque toutes les églises
et chapelles témoignent du
développement de l'école artistique
de Tarnovo (capitale du Second
royaume bulgare) en particulier, de
l'art bulgare et byzantin en général.
Inscrites sur la liste du Patrimoine
mondial en 1979.
1, Un site naturel et un centre spirituel.
2. Grotte naturelle aménagée,
3, L'atmosphère dramatique et l'expressivité des fresques d'Ivanovo s'écartent
des canons de l'iconographie byzantine et les rattachent à l'art hellénistique,
4, Endommagées au cours des siècles, les fresques d'Ivanovo n'offrent plus
que de rares témoignages de l'art bulgare du Moyen Age.
Militairement conquise vers 1550
avant J.-C., la Nubie, et notamment
la région d'Assouan, devint un point
stratégique essentiel pour l'Egypte
pharaonique. Outre les temples
d'Abou Simbel, creusés dans le roc
sur l'ordre de Ramsès II (14e siècle
avant J.-C.) et un grand sanctuaire
d'Isis de Basse époque, le musée en
plein air de Nubie et d'Assouan
réunit un ensemble de plusieurs
temples datables du 15e siècle avant
J.-C. au 2e siècle de notre ère.
Inscrits sur la liste du Patrimoine
mondial en 1979.
1, Façade du petit temple, consacré à la
déesse Hathor et à Nofretari, épouse de
Ramsès If (détail).
2, Façade du grand tempe. Statues de
Ramsès II.
3, Coupe longitudinale du grand
tempe.4. Sanctuaire du grand tempe.
De gauche à droite : Ptah,
Amon, Ramsès If et Rye-
horakhty,/5, Intérieur du grand
tempe,
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Monuments de Nubie d'Abou Simbel à Philae (Egypte)
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temples et monastères bouddhiques,
brahmaniques et jaïniques. Les plus
anciens remontent au 7e siècle de
notre ère, tandis que les plus récents
furent probablement aménagés entre
800 et 1000. Inscrites sur la liste du
Patrimoine mondial en 1983.
N EtephantaN Les grottes
d'Elephanta, situées sur la petite île
de Gharapuri, au large de Bombay, se
répartissent en deux groupes. Le
principal abrite cinq sanctuaires
hindouistes qui reproduisent, taillés
dans la pierre, tous les détails de
l'architecture traditionnelle. Les
sculptures qui entourent, dans la
grotte principale, la chapelle au linga
(symbole phallique représentant
l'aspect fécondateur de Shiva)
constituent l'un des ensembles les
plus significatifs du culte shivaïque.
Leur datation reste approximative et
se situe quelque part entre le 6e et le
8e siècle après J.-c. Inscrites sur la
liste du Patrimoine mondial en 1987.
N Ajanta M Creusées dans une
falaise surplombant un méandre de
la rivière Waghora (Etat de
Maharashtra), les trente grottes du
site d'Ajanta comprennent cinq
sanctuaires bouddhiques et des
annexes monastiques. Un premier
groupe de grottes fut aménagé dès le
2e siècle avant J.-c. sur un plan de
type basilical séparant la nef
principale des bas-côtés. Un
deuxième fut creusé au cours des 5e-
7e siècles après J.-c. La statuaire et
les peintures murales y abondent,
témoins de l'art indien alors à son
apogée. Inscrites sur la liste du
Patrimoine mondial en 1983.
t EHofaN A la différence de celui
d'Ajanta, l'ensemble ruspestre
d'EIIora. est le produit de trois grandes
religions de l'Inde ancienne.
Creusées sur plus de deux kilomètres
dans la paroi d'une haute falaise
basaltique du Maharashtra, les trente-
quatre grottes d'Ellora abritent
AJANTA
l. Vue générale de la
falaise.
2, Grotte n°l. Période
Vakataka (3e-5e siècle
après J.-C,),, 3, Façade de la grotte Æ
"°19.
ELEPHANTA < : ;
4, Le temple (6e-8e
siëc ! eapresJ.-C.). @
5, Shiva tricéphale. : g
ELLORA 5
6, L'entrëed'unedes
grottes (n°10). 7, Sanctuaire de
Visvakarman (grotte
n°10). Les grottes
reçoivent la lumière dusoleil couchant.
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Grottes d'Ajanta-Grottes d'Ellora-Grottes d'Elephanta (Inde)
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Recouvrant quelque 400 000
hectares, le site comprend près de
250 villages dogons traditionnels,
dont la plupart se pressent le long de
la falaise. Issus de la fusion, il y a huit
siècles, de populations Keita chassées
du Mandé et des Tellem, qui
occupaient alors les cavernes
naturelles de la falaise, les Dogons
ont conservé un certain nombre de
sanctuaires rupestres de leurs
prédécesseurs. Ils ont par la suite
développé une organisation sociale
qui a trouvé sa traduction dans
l'architecture de leur habitat.
Inscrites sur la liste du Patrimoine
mondial en 1989.
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l. Village dogon
construit sur ! e roc. A
cote des maisons de
plan rectangulaire, les
greniers à grain sontcouverts d'un toit de
chaume conique.
2, Ancien
aménagement d'unecaverne naturelle de la
fadaise.
3, Porte de la demeure
d'un chef religieux,
placée sous la
protection du serpent.4, Les maisons sont
construites en pierres
sèches ou en briques
d'argiiecrue. Les murssont revêtus de
mortier d'argiie.
5, Maisons
traditionnelles
accrochêesâia falaise.
4
Alaise due Bandiagara (payes digon) (mali)
-,'--"'--'"' !
E-BBSBEEBE !
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"'cr>D-e. g
6OJ1 :-Q ;: cf-@
1. Au centre de
l'Anatolie, le site de
Cappadoce est néd'une prodigieuse
coulée de lave du mont
Arguée.2, Cônes volcaniques
avec pigeonniers.
3. Habitation
troglodytique toujoursen usage.
on.
"-xco
gu ;d.
<1)E<1)
oCDono'"'"
2
if>roRuz
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Sculptés d'abord par l'érosion au
coeur de l'Anatolie, les monuments
du plateau de Cappadoce abritèrent,
au 4e siècle de notre ère, de petites
communautés d'anachorètes
chrétiens. Celles-ci se regroupèrent
par la suite en villages troglodytiques
pour résister aux incursions arabes.
De véritables cités souterraines
furent creusées. C'est vers le milieu
du 9e siècle, après la fin de la querelle
des iconolâtres et des iconoclastes,
que la Cappadoce se creuse d'églises
rupestres richement décorées de
peintures figuratives. Inscrits sur la
liste du Patrimoine mondial en 1985.
4, Palais royal, ville
souterraine d'Ozkonak.
5, Eglise rupestre
byzantine du Pommier,vallée de Göreme,
6, Vallée de Selve.
7. Pyamides rocheuses
de la vallée de Göreme.
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Mesa Verde (Etats-Unis d'Amérique)
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Apparu d'abord (au 6e siècle de notre
ère) sous forme de villages semi-
enterrés creusés à la surface du
plateau des mesas du Colorado,
l'habitat traditionnel des Indiens
Anasazis se développa à partir du 8e
siècle sous la forme de villages
mixtes, troglodytiques et construits.
La partie creusée des chambres
souterraines circulaires appelées
kivas, était destinée à diverses
activités cultuelles. La civilisation des
Anasazis, à laquelle appartiennent les
Indiens Pueblos, connut son apogée
entre le 12e et le 13e siècle. A la fin de
cette période, les villages de surface
furent abandonnés au profit d'un
habitat plus rudimentaire et à
caractère défensif accroché aux
flancs des canyons. Inscrit sur la liste
du Patrimoine mondial en 1978.
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1, A la fin du 12e siècle, les Indiens
Anasazis quittent le plateau des
mesas pour ètablir ieur nouvel
habitat aux flancs des canyons.
2, Maison de l'Epicéa,
3, Palais de la Falaise, construit à
l'aide de pierres arrachées à la
fadaise.
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Mines de sel de Wieliczka (Polo ne)
1.'Grotte des
cristaux..
2, La chapelle de Kinga,
entièrement taiiiee et
sculptée dans le sel.3. Mentionné pour la
première fois en 1669,cet escalier de 162
marches mène du
premier au deuxièmeniveau de la mine et
traverse une cavité de
27 mètres de haut.
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anciennes galeries illustre
parfaitement l'évolution des procédés
d'excavation au cours des siècles, la
mine recèle des ceuvres d'art
sculptées dans le sel : autels, chaires et
statues ornent ainsi de véritables
chapelles souterraines. Inscrites sur la
liste du Patrimoine mondial en 1978.
Gisement de sel gemme exploité
depuis le 13e siècle. Les galeries s'y
développent sur 9 niveaux et
descendent jusqu'à moins 327 mètres.
Puits, couloirs, labyrinthes,
excavations et salles diverses se
succèdent sur près de 300 kilomètres.
Outre que la préservation des