Pierre Eb Our Iffen b

Vers Table des matires

Pierre lbouriff

Joyeuses histoires et images drolatiquespour les enfants de 3 6 ans

Dr Heinrich Hoffmann

Traduction franaise TRIM

Adaptation ralise par Marie-Laure Bessonpour Le Cartable Fantastique

Lhistoire de Philippe le balanceur

Lhistoire de Jean le Nez-en-lAir

Lhistoire de Robert qui sest envol

Table des matires

Prambule

Pierre lbouriff

Lhistoire du mchant Frdric

Histoire lamentable de la bote dallumettes

Lhistoire des enfants noirs

Lhistoire du fameux chasseur

Lhistoire du suceur de pouces

Histoire de la soupe de Gaspard


Prambule

On donne aux enfants qui sont sages

De beaux joujoux et des images.

Quand ils ne font pas trop de bruit

Le jour, et dorment bien la nuit,

Quils mangent tout sur leur assiette

Sans rien verser sur leur serviette,

Quils se promnent gentiment,

On leur donne ces enfants sages

Un superbe livre dimages.


Pierre lbouriff

Regardez un peu, le voici :

Pierre lbouriff ! Fi ! fi !

Quand on veut lui peigner la tte

Le sale dit : Non ! et sentte

ne pas se laisser tailler

Les ongles, un an tout entier.

Oh ! vilain Pierre, oh ! sale Pierre !

Il devrait se cacher sous terre !


Lhistoire du mchant Frdric

Ctait un bien mchant garon

Que Frdric, un polisson !

Le brigand, de ses mains cruelles,

Aux mouches arrachait les ailes,

Cassait les chaises en morceaux,

Tuait les chats et les oiseaux ;

Puis, avec son fouet ou sa canne,

Battait sa bonne Marianne.


Un jour, la fontaine, un chien

Buvait et ne pensait rien.

Le mchant Frdric se cache,

Et puis vient avec sa cravache

Frapper le chien. Le chien dabord

Aboie ; il frappe encor plus fort.

Alors le chien, tout en furie,

Le mord jusquau sang. Lenfant crie,

Et le chien senfuit lestement

Avec le fouet du garnement.


On mit au lit le pauvre diable.

Sa souffrance tait incroyable,

Et le mdecin ordonnait

Des remdes quon lui donnait.

Et, pendant ce temps, la place

De Frdric le chien se place,

Avec un apptit de chien ;

Et, pour manger plus son aise,

Il a mis le fouet sur sa chaise.


Histoire lamentable

de la bote dallumettes

Pauline tait seule au logis :

Ses pre et mre taient sortis.

Tandis quen la chambre elle saute,

Se trmousse et chante voix haute,

Une agrable bote feu

Apparat devant son il bleu.

Ah ! cette boite, quelle est belle !

Je vais bien mamuser, dit-elle ;

Jallumerai des petits bois,

Comme maman fait quelquefois.


Et les chats Mintz et Tristapatte

La menacent avec leur patte,

Et disent, le doigt tendu :

Ton pre te la dfendu !

Miau ! jette cela par terre,

Ou tu vas brler tout entire.

Mais Pauline ncoute rien.

Le bois sallume bel et bien

Et fait un trs bel clairage,

Comme cest marqu sur limage.

Et Pauline joyeusement

Saute et court dans lappartement.


Mais les chats Minz et Tristapatte

La menacent avec leur patte,

Et disent, le doigt tendu :

Miau ! jette cela par terre,

Ou tu vas brler tout entire.

O malheur ! voil que la flamme

Prend la robe : tout senflamme.

Les mains, les cheveux, tout flambait ;

Lenfant tout entire brlait !

En voyant ces choses horribles

Les chats poussent des cris terribles :

Au secours ! pour lamour de Dieu !

La malheureuse ! elle est en feu.


Miau ! miau ! hommes et femmes,

Au secours ! lenfant est en flammes !

Et bientt son corps tout entier

Est brl comme du papier.

Et de Pauline, sort funeste !

Deux souliers, voil ce qui reste.

Et prs des cendres de lenfant

Les chats sasseyent en pleurant.

Avec un crpe par derrire !

Miau ! les pauvres pre et mre !

Et des ruisseaux de pleurs coulaient

De leurs gros yeux quils sessuyaient.


Lhistoire des enfants noirs

Un ngre plus noir quun corbeau

Se promenait par un temps beau.

Il avait ouvert son ombrelle,

Car la chaleur tait mortelle.

Louis accourt sur son chemin

Avec son drapeau dans la main.

Au pas de course arrive ensuite

Gaspard et sa galette cuite ;

Wilhem, son cerceau sous le bras ;

Et tous trois riant aux clats

Du pauvre Noir qui va l-bas.


Mais le grand Lustucru savance

Avec son encrier immense.

Enfants, ne soyez pas mauvais,

Dit-il, laissez ce ngre en paix !

Est-ce quil en peut quelque chose,

Sil est noir au lieu dtre rose ?

Mais ces gamins, lauriez-vous cru ?

Rirent au nez de Lustucru,

Se moquent encor davantage

Du pauvre ngre au noir visage.


Alors Lustucru se fcha,

Et, comme vous le voyez l,

Il vous empoigne la marmaille

Par les bras, les cheveux, la taille :

Wilhem et Louis avec lui,

Gaspard qui se dbat aussi,

Et les plonge dans lencre grasse.

Gaspard avait beau crier : Grce !

Tous les trois avaient beau crier ;

Il les trempe dans lencrier.


A prsent, voyez sur limage !

Ils sont plus noirs que du cirage.

Voyez ! le ngre va devant,

Les enfants tout noirs le suivant.

Et les voil devenus pire

Que le noir qui les faisait rire.


Lhistoire du fameux chasseur

Le fier chasseur met sa jaquette,

Son habit vert et sa casquette,

Prend son fusil, et sur-le-champ

Sen va chasser travers champs.

Il a sur son nez jusquaux lvres

Des lunettes pour voir les livres,

Mais le livre se moque bien

Du fier chasseur qui ne voit rien.


Le soleil cuit, le fusil pse ;

Le chasseur est mal son aise,

Il stend sur le gazon vert.

Mais notre livre a lil ouvert,

Et, quand il entend ronfler lhomme,

Tout doucement pendant son somme

Il prend le fusil du chasseur

Et ses lunettes, le farceur !


Et puis sans tambour ni trompette,

Il met sur son nez les lunettes,

Et puis vise avec le fusil.

Le chasseur a peur ; tout saisi,

Il court, bride abattue,

Criant : Au secours ! on me tue !


Le fier chasseur, de bond en bond,

Arrive au bord dun puits profond,

Et, fou de peur, sy prcipite,

Le livre tire encor plus vite.

A la fentre se tenait

La femme de lhomme, et buvait

Du bon caf dans une tasse.

Hlas ! le livre la lui casse.

Cependant prs du puits tait

Le fils du livre qui broutait

Et batifolait sur la mousse.

Au nez le caf lclabousse.

Il dit : Qui me brle ? et dans lair

Il attrape au vol la cuiller.


Lhistoire du suceur de pouces

Je sors, Conrad, mon cher ami,

Dit la maman, toi, reste ici,

Et jusqu mon retour, sois sage,

Ainsi quon doit ltre ton ge ;

Et ton pouce, Conrad, surtout,

Nen suce plus jamais le bout !

Car le tailleur, sans quon linvite,

Avec ses ciseaux viendrait vite

Couper tes pouces, les tailler

Comme si ctait du papier.


La maman part, et woup ! et wouche !

Le pouce est dj dans la bouche.


Mais la porte souvre ! malheur !

Et dans la chambre le tailleur

Entre en courant, se jette aux trousses

De lenfant qui tette ses pouces ;

Et clip ! clap ! en deux morceaux

Il les coupe avec ses ciseaux,

Avec ses grands ciseaux terribles !

Lenfant pousse des cris horribles.


Et lorsque la maman rentra,

Quelle figure avait Conrad !

Il gmit, il sanglote, il glousse ;

Ses deux mains navaient plus de pouce !


Histoire de la soupe de Gaspard

Gaspard tait tout frais, tout beau,

Tout gros, tout rond comme un tonneau,

Et sa force tait remarquable :

Il mangeait bien sa soupe table.

Mais un beau jour il scria :

Je ne veux plus de soupe, na !

Non ! non ! je ne veux plus de soupe !

Et la laisse dans sa soucoupe.


Le jour suivant, voyez-le l !

Comme il tait maigre dj !

Il laisse encor dans sa soucoupe

La soupe, et dit : Non, plus de soupe !

Quelquun dautre la mangera ;



Le jour suivant, maigreur complte !

Il tait comme une allumette ;

Pourtant lorsque la soupe entra

De nouveau Gaspard scria :


Non ! non ! je ne veux plus de soupe !

Et la laisse dans sa soucoupe.


Le jour suivant, voyez encor !

On laurait cass sans effort,

Ctait un fil ! plaignez son sort !

Le jour suivant, il tait mort.


Lhistoire de Philippe le balanceur

Ah ! Philippe va, jespre,

Rester tranquille, dit le pre,

Dun ton svre et menaant,

Au petit garon remuant.

La mre, sans ouvrir la bouche,

Regardait tout dun air farouche.

Mais Philippe ncoutait pas

Ce que lui disait son papa.

Il se balance, il se ballote,

Il gigote, et des pieds tricote

Sur sa chaise, sans sarrter.

Philippe tu vas mirriter !


Chers enfants, en haut de la page

Regardez, voyez sur limage

Ce qu Philippe il arriva :

Tant et si bien se balana

Quen arrire tomba sa chaise.

Il est en lair mal son aise,

Se tient la nappe en criant.

Cest inutile : en un instant,

Tout le couvert tombe par terre.

Le pre ne sait plus que faire.

La maman toujours sans parler

Regarde les plats sen aller.


La nappe glisse de la table

Et tombe sur lenfant coupable,

Et tout le diner du papa

Roule par terre, et, patata !

Soupe et viande en une minute

Sur le plancher font la culbute.

La soupire est casse en deux,

Et les parents tout furieux

Se lvent rouges de colre.

Plus rien manger : tout par terre !


Lhistoire de Jean le Nez-en-lAir

Lorsque Jean allait lcole,

Il regardait loiseau qui vole,

Et les nuages et le toit,

Toujours en lair, jamais tout droit

Devant lui comme tout le monde ;

Et chacun disait la ronde,

En le voyant marcher : Mon cher !

Regardez Jean le Nez-en-lAir !

Un jour en courant un chien passe,

Et Jean regardait dans lespace,

Tout fixement ;


Et personne l justement

Pour crier : Jean ! le chien ! prends garde !

Le voil prs de toi, regarde !

Paf ! petit Jean est culbut,

Et le chien, lui, tombe ct.

Un jour au bord dune rivire

Il allait, tenant en arrire

Son carton, et ses yeux suivaient

Les cigognes qui voltigeaient ;

Et comme un i, droit, en silence,

Vers la rivire Jean savance,

Et trois poissons, fort tonns,

Ont pour le voir lev le nez.


Encore un pas ! dans la rivire

Jean tombe, tte la premire.

Les trois poissons, effarouchs,

En le voyant se sont cachs.


Deux braves gens du voisinage

Par bonheur viennent au rivage.

Avec des perches tous les deux

Tirent de leau le malheureux.


Il sort tout tremp ! quelle pluie !

Ah ! la triste plaisanterie !

Leau lui ruisselait des cheveux

Sur la figure et sur les yeux,

Et, tout mouill, le pauvre diable

Grelottait ; ctait pitoyable !

Les petits poissons la fois

Nagent vers le bord tous les trois.

Ils sortent de leau la figure,

Riant tout haut de laventure

De limprudent petit babouin.

Et son carton, il est bien loin.


Lhistoire de Robert qui sest envol

Quand il pleut et quand sur la terre

Le vent mugit avec colre,

Garons et filles gentiment

Restent dans leur appartement.

Mais Robert pensait : Non, je gage

Que cest magnifique, un orage !

Et dehors, parapluie en main,

Sen va patauger le gamin.


Hui ! le vent souffle avec la pluie.

Si fort, si fort, que larbre plie.

Voyez, le parapluie est pris

Par le vent, et, malgr ses cris,

Le vent emporte dans lespace

Robert qui monte en criant grce.

Jusquaux nuages il volait,

Et son chapeau le prcdait.


Toujours plus haut, ae ! ae !

Robert suivait son parapluie.

Le chapeau toujours en avant

Senvole au ciel avec le vent,

Et lon neut plus de leurs nouvelles.

Entendez-vous ? petits rebelles !

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