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Équipements et st ages de survie Pilote éject é, et après ? 1 ÉQUIPÉ POUR SURVIVRE P.34 2 LES QUATRE PRIORITÉS DE LA SURVIE P.38 3 DANS « L’ENFER VERT »... P.40 U n pilote est en mission quelque part dans le monde. En vol, un voyant s’allume sur le tableau de pannes de son avion, signalant un grave problème de moteur. Après avoir rapidement évalué la situation et appliqué les procédures d’ur- gence, l’aviateur n’a pas d’autre choix que de tirer la poignée d’éjection. La descente semble durer d’interminables minutes pour le pilote suspendu à son parachute. Après un rude atterrissage, il réalise qu’il est au sol, sain et sauf. Mais il se trouve désormais seul dans un environnement inconnu. Et maintenant, que doit-il faire ? Le personnel navigant est préparé à affronter ce type de situation ultime : survi- vre. D’une part, tous les aéronefs sont équi- pés de paquetages de survie élaborés, testés et conditionnés par des unités de l’armée de l’air. Quel que soit le milieu dans lequel il se trouve, l’aviateur dispose de plusieurs équipements nécessaires et adaptés pour se protéger, se signaler et assurer sa survie en attendant sa récupération. D’autre part, l’acte de survivre représente un véritable savoir-faire qui ne s’improvise pas. Le centre de formation à la survie et au sauvetage, une unité unique dans l’ar- mée de l’air, instruit le personnel navigant de la Défense aux techniques élémentaires qui pourront leur sauver la vie, en temps de paix et en temps de guerre. Des stages spé- cifiques en milieux inhospitaliers sont éga- lement proposés. Parmi eux, la forêt équa- toriale qui revêt une part de mystère qu’il faut appréhender et apprivoiser. n En cas de problème, le personnel navigant en mission peut-être amené à s’éjecter ou à évacuer un aéronef. Au sol, il doit être équipé et formé pour survivre en attendant sa récupération. Objectif : anticiper les situations les plus extrêmes. Photo : Adj Cyril Amboise - Sirpa air 32 Air actualités n° 632 juin 2010 ossier 33 Air actualités n° 632 juin 2010 Texte Ltt Marianne Jeune Photos Sirpa air

Pilote éject é, et après - Defensedans le monde. En vol, un voyant s’allume sur le tableau de pannes de son avion, signalant un grave problème de moteur. Après avoir rapidement

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  • Équipements et st ages de surviePilote éject é, et après ?

    1 ÉquipÉ pour survivre p.34

    2 Les quatre prioritÉs de La survie p.38

    3 dans « L’enfer vert »... p.40

    u n pilote est en mission quelque part dans le monde. En vol, un voyant s’allume sur le tableau de pannes de son avion, signalant un grave problème de moteur. Après avoir rapidement évalué la situation et appliqué les procédures d’ur-gence, l’aviateur n’a pas d’autre choix que de tirer la poignée d’éjection. La descente semble durer d’interminables minutes

    pour le pilote suspendu à son parachute. Après un rude atterrissage, il réalise qu’il est au sol, sain et sauf. Mais il se trouve désormais seul dans un environnement inconnu. Et maintenant, que doit-il faire ?

    Le personnel navigant est préparé à affronter ce type de situation ultime : survi-vre. D’une part, tous les aéronefs sont équi-pés de paquetages de survie élaborés, testés

    et conditionnés par des unités de l’armée de l’air. Quel que soit le milieu dans lequel il se trouve, l’aviateur dispose de plusieurs équipements nécessaires et adaptés pour se protéger, se signaler et assurer sa survie en attendant sa récupération.

    D’autre part, l’acte de survivre représente un véritable savoir-faire qui ne s’improvise pas. Le centre de formation à la survie et

    au sauvetage, une unité unique dans l’ar-mée de l’air, instruit le personnel navigant de la Défense aux techniques élémentaires qui pourront leur sauver la vie, en temps de paix et en temps de guerre. Des stages spé-cifiques en milieux inhospitaliers sont éga-lement proposés. Parmi eux, la forêt équa-toriale qui revêt une part de mystère qu’il faut appréhender et apprivoiser. n

    En cas de problème, le personnel navigant en mission peut-être

    amené à s’éjecter ou à évacuer un aéronef. Au

    sol, il doit être équipé et formé pour survivre

    en attendant sa récupération. Objectif : anticiper les situations

    les plus extrêmes.

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    texte Ltt Marianne Jeunephotos Sirpa air

  • Pilote éjecté, et après ?

    Un élève parachutiste navigant expérimentateur et d’essais

    prépare son matériel avant de réaliser un saut d’expérimentation

    du paquetage de survie.

    Une place pour chaque composant

    1 Équipé pour survivre

    v êtu de la tenue complète du pilote de chasse, le capitaine D. s’avance sur le tarmac d’une base aérienne. Il se dirige vers son avion autour duquel un méca-nicien s’active. Après être monté dans le cockpit, le pilote s’installe et le mécanicien le brêle à son siège éjectable. Il est mainte-nant assis sur un paquetage de survie, relié par une sangle de liaison à un parachute à voile ronde situé dans son dos. Si au cours de sa mission, le capitaine D. est amené à s’éjecter en cas de problème, il disposera du matériel vital pour survivre en atten-dant d’être secouru.

    Tous les aéronefs (avions de chasse, avi-ons de transport et hélicoptères) sont équi-pés de paquetages (individuels) ou de lots de survie (prévus pour cinq à six personnes).

    Fort heureusement, ces équipements sont rarement utilisés. Ils n’en sont pas moins performants, adaptés et régulièrement actualisés aux besoins des forces et aux nouvelles technologies. La définition des composants et de leur conditionnement, ainsi que l’expérimentation de l’ensemble

    des équipements de survie est une mission cruciale où le hasard n’a pas sa place. Cette mission est dévolue à la cellule Samar (sau-vetage maritime) / Sater (sauvetage terres-tre) de l’escadron de survie opérationnelle et des parachutistes d’essai (ESOPE) du centre d’expériences aériennes militaires, sur la base aérienne de Mont-de-Marsan.

    De quelle façon décide-t-elle de l’équi-pement à emporter pour le personnel navi-gant ? « Choisir les composants qui formeront un paquetage répond à quatre règles de prio-rité, explique le lieutenant Salvatge, chef de la cellule Samar/Sater. Notre premier souci est de donner au pilote les moyens de se pro-téger, du froid ou de la chaleur par exemple. Il faut ensuite que nous l’aidions à se signa-ler dans les plus brefs délais. Enfin, le pilote

    doit pouvoir s’hydrater, puis se nourrir. » Les équipements sont sélectionnés dans cet ordre bien précis. Ainsi, des accessoires a priori futiles, tels qu’un baume pour les lèvres et des lunettes de soleil, sont préfé-rés aux barres énergétiques, car un homme possède les ressources nécessaires pour

    survivre au moins quinze jours sans man-ger. En revanche, s’il a les yeux abîmés par le soleil, il ne sera pas en mesure d’appliquer les méthodes de récupération.

    Le contenu des paquetages de survie dépend également du type de région sur-volée par l’aéronef et du risque d’éjection

    en zone maritime. « Nous distinguons prin-cipalement les milieux tempérés, déserti-ques, polaires et équatoriaux, détaille le lieutenant Salvatge. Nous adaptons les équipements à chacun de ces milieux. » Un pilote en mission en Afrique subsaha-rienne emporte un paquetage contenant davantage d’eau que s’il réalise un vol au-dessus de la jungle guyanaise, où il s’agit d’une denrée abondante. À cela s’ajoutent deux options : la version Samar avec une embarcation de sauvetage (canot indivi-duel) et la version Sater dans laquelle sont ajoutés des éléments de base (eau, chapeau de protection…).

    La principale contrainte pour définir le contenu des paquetages est l’exiguïté du conteneur. Dans les avions de chasse, il est placé dans le siège éjectable, sur l’assise du pilote, relié par une sangle de liaison au gilet de sauvetage. Une fois en place, le paquetage doit rester stable car

    En cas d’abandon de bord, le personnel navigant dispose d’un paquetage de survie qui comprend plusieurs équipements, spécialement étudiés, pour offrir des solutions d’urgence adaptées.

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  • Au centre, avant un départ en mission, un mécanicien installe un paquetage de survie, version sauvetage

    maritime (Samar), dans le siège éjectable d’un Mirage F1.À droite, les ateliers de maintenance des canots de

    sauvetage à l’AIA d’Ambérieu.

    un mouvement de bascule pourrait, par exemple, mal position-ner la colonne vertébrale du pilote et augmenter les risques de blessure en cas d’éjection. La cellule Samar/Sater recherche ainsi le meilleur compromis, au centimètre près, entre l’équipement essentiel à la survie du pilote et la place disponible. Pour l’aider, l’atelier industriel de l’aéronautique (AIA) d’Ambérieu (Rhône-Alpes) dispose d’un véritable savoir-faire en termes de pliage et de mise sous vide, notamment des canots de sauvetages. « Nous travaillons en étroite collaboration avec la division « sécurité – sauvetage – survie » de l’AIA, explique le lieutenant Salvatge. Elle nous offre des solutions techniques afin que les composants soient moins volumineux. Il s’agit d’une véritable compétence industrielle nécessitant de lourds moyens. »

    remplaçons juste une boîte d’allumettes dont le gabarit est légè-rement différent, nous recommençons entièrement la procé-dure ». Une fois constitué, le paquetage subit des tests selon les procédures d’utilisation opérationnelles définies par l’ESOPE. Il est d’abord placé dans le caisson hypobare du département de médecine aéronautique opérationnelle à Mont-de-Marsan pour y subir une dépressurisation simulant une montée en altitude. Cette étape vise à s’assurer que l’embarcation, condi-tionnée sous vide, ne se gonfle pas en vol. Enfin, les parachutis-tes navigants expérimentateurs et d’essais réalisent deux sauts en condition réelle avec le paquetage. « Nous vérifions qu’il se met en œuvre correctement, que les composants ne s’abîment pas à l’atterrissage et que la sécurité du pilote n’est pas altérée », explique l’un d’entre eux.

    Un rapport d’expérimentation, approuvé par l’état-major de l’armée de l’air, valide la définition exacte des paquetages. La documentation technique rédigée par l’escadron de Mont-de-Marsan guide les ateliers de conditionnement d’Ambérieu pour les produire en grande quantité, puis les livrer à l’armée de l’air. En 2010, la division « sécurité – sauvetage – survie », certifiée ISO 9001 (label de qualité), a consacré 75 000 heures à la main-tenance, ainsi qu’à la fabrication de matériels et d’équipements de sécurité, de sauvetage et de survie. Un atelier est spécifique-ment en charge de la maintenance des canots de sauvetage pour l’ar-mée de l’air et pour l’aviation légère de l’armée de terre. Tous les 30 mois, les canots sont renvoyés à l’AIA pour y être déballés et gon-flés afin de s’assurer de leur bon fonctionnement. Cela représente

    environ 850 canots monoplaces et 170 multiplaces par an. Pour la production des paquetages, les ateliers d’Ambérieu travaillent à la demande. « Par exemple, avant une relève en Afghanistan, les escadrons opérationnels nous passent une commande de paque-tages spécifiques temps froid ou temps chaud selon la saison », explique le capitaine De Macedo, chef de la division « sécurité – sauvetage – survie ». À Ambérieu, un entrepôt de 1 000 m2 abrite le stock des équipements de l’armée de l’air. « C’est un véritable supermarché de la survie », raconte le lieutenant Salvatge en sou-riant. Disposer d’un bon équipement est un atout incontestable. Encore faut-il savoir s’en servir ! C’est pourquoi le personnel navi-gant de l’armée de l’air suit des stages tout au long de sa carrière pour faire face à toutes les situations. n M.J.

    Les paquetages et les lots de survie ne sont pas déterminés une fois pour toutes. Ils subissent des évolutions permanen-tes. « Les industriels produisent des équipements de survie de plus en plus petits et performants, précise l’adjudant Druet, de la cellule Samar/Sater. De plus, au fil des années, certains com-posants utilisés dans les paquetages ne sont plus commerciali-sés. Il faut alors trouver un équipement équivalent de substitu-tion. » Celui-ci est testé directement sur le terrain par l’équipe de Mont-de-Marsan, en collaboration avec le centre de for-mation à la survie et au sauvetage de Cazaux. De plus, modi-fier un composant nécessite de redéfinir systématiquement le conditionnement de l’ensemble du paquetage. Un point sur lequel insistent les spécialistes de l’ESOPE : « Même si nous

    Un bon équipement est un atout incontestable

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  • grosplan Les quatre prio rités de la survie

    3- S’hydraterPour des raisons de santé, il est très important que le survivant s’hydrate régulièrement, en petite quantité. Dans la jungle, l’eau est une ressource abondante et doit être traitée à l’aide des comprimés de purification contenus dans le paquetage de survie.

    4- Se nourrirLa recherche de nourriture doit être entreprise uniquement si les problèmes de protection, de signalisation et d’hydratation ont été résolus. En effet, un être humain peut survivre au moins quinze jours sans manger. Néanmoins, se nourrir est un bon soutien psychologique pour le survivant qui lui offre l’occasion de rester actif.

    1- Se protégerLe survivant doit se protéger de son environnement inhospitalier pour être en mesure d’assurer sa survie et sa récupération. Dans la jungle, il doit impérativement construire un abri étanche et surélevé, puis faire du feu avec les ressources de la forêt.

    2- Se signalerLe survivant doit alerter les secours et se préparer à être récupéré à tout moment. En milieu équatorial, il est difficilement visible depuis un aéronef à cause de la densité de la végétation. Le survivant doit donc faire preuve d’ingéniosité pour mettre en œuvre les moyens de signalisation depuis une clairière ou un cours d’eau.

    Siège éjectableSur un avion de chasse, le paquetage de survie se situe dans le siège éjectable sur l’assise du pilote.

    Le gilet du pilote Il contient des moyens de signalisation (miroir de détresse, sifflet, stylo lance-fusée…) et des équipements de survie (lampe de poche, boussole…)

    Un paquetage ou lot de survie, version équatorialeIl contient tous les équipements nécessaires à la survie du personnel

    navigant en milieu équatorial ou subtropical. Parmi les composants, se trouvent une trousse de secours d’urgence, une couverture de survie ISIM, un poncho, une moustiquaire de tête,

    un chapeau de brousse, des lunettes de soleil, un couteau, une scie filiforme, du fil en laiton et de la drisse, des allumettes

    de survie, plusieurs sachets d’eau de 100 ml, une poche à eau et des comprimés de purification, un tube d’onguent, quelques barres alimentaires, un kit de pêche, un réchaud

    d’alcool solidifié, une notice de survie…

    Canot de sauvetageIndividuel ou collectif, il est conditionné sous vide dans le paquetage et se gonfle automatiquement.

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    Pilote éjecté, et après ?

  • Seize pilotes et navigateurs de l’armée de l’air ont participé à un stage de survie en milieu équatorial. Plongeon en images dans la jungle guyanaise, surnommée « l’enfer vert ».

    Dans « l’enfer vert »…

    Salle de classe : « Soyez attentif ! »Sur la zone d’acclimatation, les stagiaires suivent des cours de préparation avant la phase de survie. Les thèmes abordés sont les principes indispensables à la survie comme la construction des abris, les techniques de signalisation, le feu, les pièges, les déplacements… En guise de salle de classe, quelques rondins de bois et un tableau blanc accroché à une branche.

    Suspendu à la canopée...Le parachute du pilote éjecté au

    -dessus de la forêt

    équatoriale peut s’accrocher à la canopée (partie

    supérieure des grands arbres). Le pilote utilise alors

    le descendeur prévu dans le paquetage de survie.

    Apprentissage d’une procédure délicate.

    Se déplacer en jungle : une épreuve.Le survivant doit éviter de se déplacer dans la jungle car la végétation est extrêmement dense. Quelques mètres suffisent à se perdre. Néanmoins s’il n’a pas le choix pour des raisons de survie (trouver de l’eau, de la nourriture, rejoindre une zone de récupération…), le survivant doit prendre de nombreuses précautions.

    L es yeux cernés et une barbe de quelques jours soulignent les traits tirés des survivants. La plupart ont leur combi-naison de vol trempée et déchirée à plusieurs endroits. Réunis sur un point haut, ils scrutent le ciel, attendant d’apercevoir l’hélicoptère Puma qui viendra les récupérer. Ces 19 mem-bres du personnel navigant de la Défense (seize de l’armée de l’air, deux de la Marine nationale et un de l’armée de terre) ont vécu près de quatre jours et trois nuits dans la jungle guya-naise, avec un paquetage de survie pour unique « allié ». Tous ont été volontaires pour suivre un stage en milieu équatorial début mai, organisé par le centre de formation à la survie et au sauvetage (CFSS), implanté à Cazaux. Quinze jours plus tôt, les stagiaires sont arrivés sur la base aérienne de Rochambeau, en Guyane, tandis que la saison des pluies battait son plein. « Nous choisissons cette période de chaleur et d’humidité afin de bénéfi-cier des conditions les plus extrêmes », explique le commandant Emmanuel Crubellier, commandant le CFSS.

    L’objectif du séjour est d’acquérir des connaissances sur les pro-cédures, le matériel et le milieu inhospitalier. « Nous enseignons aux stagiaires des techniques élémentaires de survie en jungle, expli-que l’adjudant-chef Lallemand, instructeur au CFSS. Mais le plus important est de leur donner une première approche d’un milieu inconnu. » Le déroulement du séjour est progressif. Les futurs survivants suivent une phase théorique de trois jours sur la base aérienne de Rochambeau avant de rejoindre une zone d’acclimatation dans la forêt équatoriale. Ils y pas-sent trois jours et deux nuits avec pour leitmotiv de « démystifier la jungle : il faut s’adapter au milieu et pren-dre l’habitude de faire attention aux dangers réels qui sont différents de ceux que nous rencontrons en métro-pole », insiste l’adjudant-chef Mabire, un instructeur du CFSS. Parmi les précautions à prendre : pour éviter qu’un

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  • HélitreuillageSelon le médecin du stage, « survivre, c’est gagner du temps sur la mort. » La seule issue : être récupéré par les secours. Pour cela, le survivant doit être en permanence muni de ses moyens de signalisation (fumigène, stylo lance-fusées, miroir…) afin d’être repéré à tout moment. Pour quitter la jungle, le survivant est hélitreuillé à bord d’un Puma de l’escadron d’hélicoptère outre-mer « Cayenne ». Une délivrance...

    Témoignage d’un survivant soloLe capitaine Olivier Favre est pilote de Mirage F1 à l’escadron de reconnaissance 2/33 « Savoie » de Reims. « Ça ne me dérange pas vraiment d’être seul car j’ai de quoi m’occuper toute la journée. En revanche dans la jungle, tout devient compliqué et chaque tâche prend beaucoup de temps. Lorsque je veux amener une branche à mon abri, des lianes se mettent en travers. Quand j’essaye de dormir, la pluie m’en empêche, sans parler de la boue qui rend les déplacements difficiles. Il faut retrousser ses manches pour apprécier cette phase de survie. »

    scorpion ne se trouve au fond d’une chaussure, la retourner systématiquement sur des piquets en bois et la taper avant de l’enfiler le matin. Très vite néanmoins, les stagiaires décou-vrent un monde plein de ressources pour qui doit y survivre. « Cette forêt, souvent surnommée « l’enfer vert », représente une véritable mine d’or et un paradis vert pour un survivant poten-tiel », annonce l’instructeur. Les journées sont rythmées par des cours et des démonstrations jusqu’à 17 heures. Au pro-gramme des soirées, bain obligatoire dans la rivière, dîner à la lueur d’une bougie et nuit en hamac.

    Après la phase d’acclimatation, les stagiaires sont fin prêts à vivre l’ultime et véritable situation de survie en jungle. Durant cette étape, les survivants sont seuls (chasse mono-place), en binôme (chasse biplace) ou en groupe (transport et hélicoptère) vêtus de leur tenue de vol et seulement équipés du paquetage de survie présent dans les aéronefs. Ils doivent restituer l’ensemble des connaissances acquises lors des der-niers jours, mais également tout au long de leur carrière mili-taire. Chaque jour, un instructeur accompagné de l’équipe médicale se rend sur les différentes zones de survie pour s’as-surer du bon déroulement de l’exercice. « Nous essayons de rester seulement quelques minutes avec les survivants pour ne pas briser leur sentiment d’isolement », explique le comman-dant du CFSS. Lors de la première visite, l’adjudant-chef Lal-lemand n’hésite pas à apporter de précieux conseils sur l’amé-lioration des abris. « Ils vont rapidement se rendre compte des défauts après avoir passé leur première nuit, souligne-t-il avec expérience. Dès demain, ils feront probablement des modifica-tions. » Les jours suivants, les survivants mettront en place un dispositif de signalisation avant de commencer à chercher de la nourriture. « Nous leur avons enseigné les bénéfices de planifier leur journée pour garder le moral, rester actif et positif », ajoute-t-il. La pêche est une activité prisée par les apprentis survivants. Lorsqu’elle est fructueuse, elle leur offre de quoi manger. Dans tous les cas, « cela aide à passer le temps ». Ce ne sont pourtant pas les journées qui sont les plus difficiles à vivre... « Les nuits sont interminables, confie l’un des pilotes de chasse épuisé. Il faut se mettre « au lit » à la tombée de la nuit, à environ 17 heures, et atten-dre qu’il fasse jour pour bouger vers 6 heures du matin. Entre la pluie, les moustiques, l’inconfort et les bruits de la jungle omniprésents, je ne parviens pas à dormir plus de quelques heures entrecoupées sur près de 12 heures dans l’abri. » Pour d’autres, le plus dur est de lutter contre l’épuisement physique. « Chaque geste, chaque tâche prend plus de temps chaque jour et demande davantage de réflexion au fur et à mesure que le temps passe », raconte l’un d’entre eux.

    Même si les survivants ont apprécié et profité des enseigne-ments d’une telle expérience, à l’heure de la récupération, un franc sourire illumine tous les visages.n M.J.

    Épisode et diaporama : « Des apprentis survivants dans la jungle »iTunes catégorie gouvernement et organisme

    « Nous sommes une véritable équipe ! »

    Une équipe médicale, composée d’un médecin et d’une infir

    mière, est

    intégrée à l’encadrement du stage. « Il faut que nous puission

    s intervenir

    dans les plus brefs délais en cas de problème », explique le méd

    ecin. La

    première nuit de survie, l’un des stagiaires a été piqué par un

    insecte

    indéterminé. Plus de peur que de mal. Après une prise en ch

    arge il a

    réintégré le stage dès le lendemain.

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