16
1 Plan d’action présenté par la Coalition pour l’avenir du Québec Le 14 novembre 2011 AGIR POUR L’AVENIR

Plan d'Action Coalition Avenir Québec

Embed Size (px)

DESCRIPTION

plan action coalition

Citation preview

1

Plan d’action présenté par la Coalition pour l’avenir du Québec Le 14 novembre 2011

AGIR POUR L’AVENIR

2

AGIR POUR L’AVENIR

La Coalition pour l’avenir du Québec, formée il y a quelques mois, est née d’un constat : le Québec peut et doit faire mieux. Mais pour cela, les Québécois doivent s’unir autour d’un plan d’action qui leur redonnera confiance en l’avenir. À cette fin, la Coalition a proposé des orientations claires et une série de gestes concrets pour s’attaquer aux principaux défis auxquels est confronté le Québec. Ce faisant, quatre priorités ont été identifiées : éducation; santé; économie; langue et culture. Les idées avancées par la Coalition sur ces enjeux ont été soumises au débat public. Une tournée du Québec a été récemment menée pour recueillir l’avis de plus de 5000 Québécois. Le plan d’action dévoilé ici représente la synthèse des propositions mises de l’avant par la Coalition, auxquelles s’ajoute la contribution des milliers de citoyens ayant participé aux différentes formules de consultation. Le message entendu est clair : les Québécois veulent du changement; ils souhaitent qu’on sorte des sentiers battus; ils estiment que des gestes forts et courageux doivent être posés pour relancer le Québec. Si les opinions exprimées ont souvent fait écho aux propositions mises de l’avant par la Coalition, d’autres préoccupations ont aussi été formulées. Le développement durable, la croissance des régions et l’essor économique de la métropole constituent pour plusieurs des enjeux essentiels. Leur message a été entendu. De même, la population désire une plus grande transparence dans la gestion des fonds publics. Cet enjeu n’est pas seulement important en raison des importantes sommes en cause. Il est devenu un symbole du malaise démocratique au Québec. La Coalition bonifie donc son plan d’action avec la question de l’intégrité de la vie publique, en proposant des mesures efficaces et susceptibles de redonner confiance aux Québécois. Confiance en leurs moyens et confiance aussi en ceux à qui ils donnent le mandat de les représenter. Ce plan d’action constitue une étape. Il ne doit pas rester sans lendemain. L’intérêt suscité par la démarche de la Coalition montre que les Québécois veulent encore, malgré le climat politique actuel, s’investir dans le débat public et qu’ils n’ont pas perdu espoir de voir les choses changer. Cet espoir ne doit pas être déçu.

3

UN PLAN D’ACTION POUR L’AVENIR DU QUÉBEC

Les Québécois sont divisés et désillusionnés. Divisés par des étiquettes qui les empêchent de se serrer les coudes pour s’attaquer à une série de problèmes urgents. Désillusionnés par un jeu politique où le calcul partisan prend le dessus sur l’intérêt collectif. Pour la Coalition, un constat fondamental s’impose d’emblée : la division actuelle des Québécois les affaiblit. Le débat sur l’avenir constitutionnel se trouve dans une impasse. Ni le renouvellement du fédéralisme ni l’accession du Québec à la souveraineté ne sont possibles dans le contexte actuel ou dans un avenir prévisible. Poursuivre ce débat dans ces circonstances ne sert plus les intérêts de la population. Voilà pourquoi la Coalition a inscrit son action sous le signe du rassemblement. Tous ceux qui souhaitent travailler ensemble pour faire avancer le Québec doivent pouvoir conjuguer leurs forces. Au-delà des mesures concrètes, le plan d’action de la Coalition est avant tout le reflet d’un état d’esprit, celui d’un Québec qui ose de nouveau et qui bouge. Les idées susceptibles de servir l’intérêt de tous ne doivent plus être jaugées en fonction de l’étiquette de ceux qui les portent. La Coalition souhaite laisser son empreinte en propageant ses idées, mais peut-être plus encore en suscitant le regroupement de toutes les bonnes volontés au Québec pour les mettre au service du bien commun. Aujourd’hui, la Coalition ne dévoile pas le programme complet d’un parti politique, mais elle présente un plan d’action qui en constituera le cœur. Sa ligne directrice est claire : le gouvernement du Québec doit prendre ses responsabilités. Il doit le faire pour développer le potentiel humain des Québécois, favoriser la croissance économique, accroître l’efficacité de nos grands réseaux publics, moderniser au meilleur coût les infrastructures et promouvoir l’héritage culturel et linguistique du Québec. Une vingtaine d’actions sont proposées à cette fin. Leur mise en œuvre exigera de la volonté et du courage. Là réside l’autre idée forte de ce plan : les Québécois recommenceront à croire à la chose publique lorsque leurs élus se montreront à la hauteur. Et se montrer à la hauteur consiste à dire ce qui est à faire mais aussi à faire ce que dois.

4

POUR LA SUITE DES CHOSES

La démarche de la Coalition visait à susciter un débat autour de propositions pour relancer le Québec. L’accueil reçu par ces propositions auprès de la population est encourageant. Il montre que les Québécois désirent s’engager dans une discussion collective au sujet de leur avenir. Ils croient encore que l’action politique peut constituer une source de progrès dans la mesure où l’intérêt du citoyen est placé au-dessus des intérêts particuliers. Malgré le cynisme ambiant, les citoyens du Québec ont été au rendez-vous. Force est de constater que tel n’a pas été le cas pour l’essentiel des représentants des partis politiques de l’Assemblée nationale. L’objectif de la Coalition était de susciter un débat d’idées, mais aussi, et plus encore, d’interpeller les élus actuels sur la nécessité de poser un diagnostic sans complaisance sur le Québec d’aujourd’hui, puis d’avoir le courage de prendre des mesures audacieuses pour le sortir du déclin tranquille dans lequel il est engagé. Cet aspect de la démarche de la Coalition n’a pas été couronné de succès. Il semble clair maintenant que les idées portées par la Coalition ont peu de chances d’être mises en pratique dans le contexte présent. Une nouvelle donne politique paraît être la seule voie susceptible de changer vraiment les choses et d’insuffler à la classe politique québécoise la dose de courage dont le Québec a besoin : le courage de s’unir et celui d’agir pour notre avenir collectif. François Legault Charles Sirois Cofondateurs de la Coalition pour l’avenir du Québec

5

ÉLÉMENTS DU PLAN D’ACTION

6

1. L’ÉDUCATION, LA PRIORITÉ ABSOLUE

La priorité pour relancer le Québec est de s’assurer que notre système d’éducation permette à tous de donner leur pleine mesure. Depuis la Révolution tranquille, le Québec a réalisé des progrès remarquables. Cependant, les défis en éducation restent immenses. Trois orientations caractérisent les mesures avancées pour y parvenir. La Coalition estime d’abord qu’il est impératif de revaloriser l’éducation en général et la profession enseignante en particulier. À cette fin, elle propose d’améliorer la formation des enseignants et de hausser leur salaire de 20 %. Cette dernière mesure attirera les meilleurs talents et procurera à ceux qui se dévouent à leur tâche une reconnaissance à la mesure de leurs efforts. Le droit à une éducation de qualité exige d’évaluer le travail des enseignants. L’objectif de cette mesure n’est pas de lier le salaire à un quelconque indice de performance, de congédier des enseignants ou de menacer leur sécurité d’emploi. Il s’agit plutôt de soutenir ceux qui seraient en difficulté, puis d’identifier et de partager les meilleures pratiques afin de s’assurer que tous les élèves reçoivent le meilleur enseignement possible. Cette mesure serait appliquée de manière souple et graduelle. Une formation adéquate des directions d’école devra d’abord être assurée. Des mécanismes spécifiques pourraient être mis en place pour éviter toute forme d’arbitraire dans les cas exceptionnels de congédiement. Le décrochage scolaire reste trop élevé au Québec. Les solutions proposées par la Coalition s’attaquent à certaines des causes profondes de ce problème. Les ressources consacrées aux enfants handicapés ou éprouvant des problèmes d’adaptation ou d’apprentissage doivent être mieux allouées. Or, le décrochage est plus élevé chez les élèves issus d’un milieu socio-économique moins favorisé. Des mesures ciblées doivent être prises pour les mener à la réussite, dont une meilleure allocation des ressources spécialisées, une augmentation du soutien aux écoles en difficulté et la possibilité de rémunérer davantage les enseignants travaillant dans des milieux où l’abandon scolaire est plus répandu. La Coalition croit également que les structures scolaires du Québec doivent être allégées afin d’augmenter les services directs aux élèves. L’abolition des commissions scolaires (incluant les élections scolaires et les postes de commissaires) et des directions régionales, et le redéploiement d’une partie de leur personnel en centre des services pour les écoles visent cet objectif. Le but de cette réforme est double. Diminuer les coûts de la bureaucratie scolaire et transférer les ressources ainsi dégagées aux écoles afin d’en accroître l’autonomie et donner plus de services aux élèves. Cette restructuration tiendra compte de la réalité des

7

régions, tandis que des écoles pourraient choisir de mettre plus ou moins de ressources en commun. La Coalition estime finalement que la croissance du Québec passe par le dynamisme d’un système universitaire de niveau international. Les Québécois doivent accéder à l’université en plus grand nombre. Cependant, il ne s’agit pas de leur décerner des diplômes de qualité moindre. Le sous-financement chronique des universités québécoises est le résultat d’une perspective à courte vue dont les conséquences pourraient s’avérer désastreuses. Des actions vigoureuses, imaginatives et adaptées aux réalités de tous les intervenants s’imposent. La hausse des droits de scolarité imposée par l’actuel gouvernement doit être accompagnée d’une bonification du régime des prêts et bourses. La Coalition veut maintenir l’accessibilité aux études supérieures et, pour y parvenir, la mise en place d’un programme de remboursement proportionnel au revenu devra être examinée.1

1 Pour obtenir les détails des constats et des réflexions ayant mené à ces propositions, voir le texte de consultation de la Coalition pour l’avenir du Québec en matière d’éducation : « Se doter de l’un des meilleurs systèmes d’éducation au monde d’ici 2020 », 12 avril 2011.

8

2. UN ACCÈS POUR TOUS À DES SOINS DE SANTÉ DE QUALITÉ

La santé – particulièrement le problème de l’accessibilité pour tous à des soins de qualité – reste une préoccupation majeure des Québécois. Or, la Coalition constate que, comme en éducation, le Québec est sur-administré dans ce domaine. À l’instar des élèves, les patients sont souvent sacrifiés au profit de considérations bureaucratiques. Des économies substantielles peuvent donc être réalisées là aussi en allégeant les structures. Les ressources ainsi dégagées devraient être réaffectées directement en première ligne. Car le maillon faible du système de santé québécois est précisément cette première ligne qui en est la porte d’entrée. La manifestation la plus éloquente de ce problème est le fait qu’environ le quart des Québécois soient sans médecin de famille. Cette situation est inacceptable et intolérable. Elle crée deux catégories de citoyens : ceux avec un médecin de famille, qui peuvent être orientés plus facilement et plus rapidement vers des soins de santé adéquats; ceux sans médecins, qui doivent se démêler dans les dédales du système. La solution à ce grave problème passe en outre par un changement substantiel du mode de rémunération des médecins de famille. En effet, avec plus de 8000 omnipraticiens, le Québec compte assez de ressources médicales pour couvrir toute la population. Il faut donc les inciter à prendre en charge davantage de patients en équipe avec d’autres médecins, des infirmières et du personnel de soutien, réunis au sein de groupes de médecine familiale (GMF). Par ailleurs, pour éviter qu’une portion trop importante des budgets consentis à la santé ne soit drainée par les structures de coordination et de gestion du réseau, la Coalition propose l’abolition des agences de santé et de services sociaux. En contrepartie, les 95 centres de santé et de services sociaux ainsi que les autres établissements de première ligne devraient bénéficier de plus de pouvoirs et assumer plus de responsabilités. Les directions de ces établissements – les plus près de l’action, donc les mieux placées pour trouver des solutions – devraient bénéficier de plus de latitude dans l’utilisation de leur budget, tout en étant imputables de leurs résultats. La Coalition estime aussi qu’un changement de la méthode de financement des établissements de soins de santé doit être mis en place. Ce financement doit être établi non plus sur une base historique, mais en fonction du volume de soins dispensés aux patients. Cette mesure permettra d’accroître l’efficacité du système de santé et assurera l’attribution réelle des ressources budgétaires en fonction des besoins de la population.

9

Une dernière mesure touche le régime public d’assurance médicaments. Deux règles désuètes devraient notamment être abolies afin d’éviter l’explosion des coûts : le renouvellement mensuel des ordonnances (plutôt que trimestriel comme dans les autres provinces) et la règle des « 15 ans » (qui maintient le remboursement des médicaments à un prix artificiellement élevé). En bref, la Coalition affirme qu’il faut avoir le courage de poser les gestes nécessaires afin de réellement garantir à toutes les familles québécoises l’accès rapide à des soins de qualité. Les solutions à certains de ces problèmes sont connues, mais la volonté politique de les mettre en application a fait défaut jusqu’ici. Les Québécois pensent à juste titre que l’heure est venue d’agir.2

2 Pour obtenir les détails des constats et des réflexions ayant mené à ces propositions, voir le texte de consultation de la Coalition pour l’avenir du Québec en matière de santé : « Un médecin de famille pour chaque Québécois, des soins spécialisés intégrés et performants », 17 mai 2011.

10

3. UNE ÉCONOMIE DE PROPRIÉTAIRES

Le succès de la politique économique d’un pays dépend du dynamisme et de la créativité de ses travailleurs et de ses entrepreneurs ainsi que de sa capacité à favoriser sa croissance. La politique économique de la Coalition repose sur l’idée qu’il faut créer davantage de richesse au Québec. Car la prospérité économique du Québec n’est pas ce qu’elle devrait être. Les Québécois, s’ils veulent rester maîtres de leur destin tout en améliorant leur rapport de force au sein de la fédération canadienne, doivent améliorer leur situation économique et se donner les moyens de leurs ambitions. Quelques grandes orientations doivent guider l’action économique du gouvernement du Québec. La première est qu’il est impératif d’améliorer le système d’éducation et les programmes de formation de la main-d’œuvre. Il faut valoriser les études professionnelles, techniques et scientifiques, et maintenir un dialogue fructueux entre les institutions d’enseignement, les travailleurs et les entreprises, dont les besoins de formation varient rapidement. Il faut aussi développer davantage la culture entrepreneuriale au Québec en misant entre autres sur des partenariats entre les institutions d’enseignement et les entreprises. La famille, l’école, l’État et la société doivent promouvoir les valeurs entrepreneuriales en mettant de l’avant des modèles de réussite inspirants. Les entrepreneurs ont aussi une responsabilité de partager leurs expériences auprès de leurs concitoyens tout en participant au débat public. Ce virage entrepreneurial doit sensibiliser les Québécois à l’importance de rester propriétaires de leur économie. Certes, l’interventionnisme à tout crin est une approche dépassée. Mais abandonner sans discernement des leviers économiques importants, c’est se priver de foyers d’expertise, de laboratoires d’idées et d’emplois de haut niveau. La Caisse de dépôt et placement doit contribuer de manière éclairée à ce que l’économie du Québec en soit une de propriétaires et non de succursales. Les chiffres les plus récents montrent qu’elle investit trop peu pour soutenir nos entreprises. Les entreprises montantes du Québec devraient pouvoir disposer des ressources nécessaires à leur croissance. Être propriétaires de notre économie, c’est aussi nous assurer que nos ressources naturelles contribuent pleinement à notre richesse collective et que la propriété de nos meilleures terres agricoles reste au Québec. C’est à cette fin que la Coalition propose la création d’un Fonds des ressources naturelles du Québec disposant d’un budget de 5 milliards de dollars.

11

La métropole, Montréal, doit servir de locomotive économique pour le Québec. Une stratégie doit être élaborée à cet effet pour renforcer sa position de pivot de l’économie du savoir. L’opposition stérile entre Montréal et le reste du Québec doit cesser. Pour attirer de façon imaginative de nouveaux investissements privés, le gouvernement du Québec doit lancer un plan de développement pour la grande région de Montréal qui comprend un programme d’infrastructures (incluant le transport en commun) et la mise sur pied d’une équipe réunissant, entre autres, les ressources de Montréal International et d’Investissement-Québec. Cette dernière doit revoir sa mission et ses programmes pour devenir un guichet unique pour les investisseurs et les entrepreneurs. D’autre part, dans le cadre de la tournée régionale, plusieurs citoyens ont exprimé le sentiment d’être laissés à eux-mêmes et ont ainsi invité la Coalition à « prendre le parti des régions ». Cet appel a été entendu. Un véritable plan de croissance économique des régions sera donc mis en place. La contribution de chaque région doit être reconnue et encouragée en tenant compte de ses particularités. Un démarchage ciblé afin d’attirer les entreprises en région et les efforts conjugués des Centre locaux de développement et du nouveau Investissement Québec doivent permettre aux régions de faire éclore leur plein potentiel. Finalement, par souci d’équité pour les générations montantes, mais aussi afin de redonner au gouvernement la flexibilité nécessaire pour s’adapter aux changements constants de l’économie, il faut mettre fin à la spirale de l’endettement public. Les intérêts payés sur la dette forment déjà le troisième poste budgétaire en importance, s’élevant aujourd’hui à 8 milliards de dollars par année. Il faut revenir à l’équilibre budgétaire, mais aussi faire des efforts significatifs pour rembourser la dette du Québec en lui consacrant pas 25 %, mais bien 100 % des nouvelles redevances sur les ressources naturelles. Dans une perspective d’équité intergénérationnelle, tous doivent être mis à contribution pour s’attaquer au problème de la dette, et il nous faudra saisir chaque occasion de le faire. Hydro-Québec, par exemple, prévoit le départ à la retraite de 6000 employés d’ici 2018. Cette circonstance lui permettra de réaliser des gains de productivité tout en respectant les droits de ses employés.3

3 Pour obtenir les détails des constats et des réflexions ayant mené à ces propositions, voir le texte de consultation de la Coalition pour l’avenir du Québec en matière d’économie : « Une économie de propriétaires et non de succursales », 1er juin 2011.

12

4. PROMOTION DE LA LANGUE FRANÇAISE ET DE LA CULTURE

Depuis quatre siècles, les Québécois poursuivent une aventure singulière en Amérique du Nord. Leur culture, qui se distingue sur le continent par son caractère français, est l’expression d’une identité fondée sur la conscience de partager à la fois un territoire, une langue et un destin. Le Québec est une nation et, à ce titre, il représente un vouloir-vivre collectif. Son gouvernement a donc des responsabilités particulières, qui ont trait notamment à la promotion de la langue française et au rayonnement de la culture québécoise. Depuis l’adoption de la Loi 22 et de la Charte de la langue française, les Québécois tiennent pour acquis que la langue commune est le français et qu’elle constitue la norme que les citoyens et les nouveaux arrivants doivent adopter pour participer pleinement à leur société. La Coalition pour l’avenir du Québec, tout en se réjouissant des progrès réalisés en ce domaine depuis la Révolution tranquille, est toutefois d’avis que le statut de la langue française a été considérablement compromis ces dernières années. La situation dans la grande région de Montréal est particulièrement précaire. Un coup de barre s’impose. Plusieurs mesures doivent être prises pour protéger notre langue française, la langue commune au Québec. Les ressources consacrées à l’intégration des immigrants à la majorité francophone doivent être substantiellement bonifiées. Le nombre des nouveaux arrivants au Québec devra être limité à 45 000 pendant deux ans afin de redéployer les politiques d’intégration. L’application de la Charte de la langue française devra être plus ferme, et le rôle de l’Office québécois de la langue française renforcé afin de faire respecter le droit des Québécois de travailler et d’être servis en français. La qualité de l’enseignement du français doit aussi être améliorée. Par ailleurs, les « écoles-passerelles » constituent une iniquité et représentent une brèche inacceptable dans l’application de la Charte de la langue française. La Coalition propose d’interdire cette pratique et n’exclut pas le recours à la clause dérogatoire pour atteindre cet objectif. Ces actions reposent sur un principe clair : le Québec doit être souverain en matière linguistique en raison de sa réalité objective en Amérique du Nord. Et cette souveraineté doit être exercée dans toute sa plénitude et de manière résolue, tout en respectant les droits historiques de la communauté anglophone.

13

La culture est un élément essentiel de notre identité, et la Coalition pense que l’État doit continuer de la soutenir sans réserve. En fait, des efforts plus affirmés doivent être mis de l’avant, notamment par des organismes existants (SODEC, CALQ, Télé-Québec, délégations, etc.) pour en assurer la diffusion au Québec, à l’étranger et dans l’univers numérique. La demande pour l’offre culturelle devrait aussi être stimulée davantage au Québec, en particulier dans les écoles. Les Québécois souscrivent à un modèle de gestion de la diversité culturelle fondé sur l’ouverture, la tolérance et la compréhension mutuelle. Cette approche nécessite une participation active de la société d’accueil à l’intégration des nouveaux venus. Selon la Coalition, ce principe se décline au Québec par la place centrale de marqueurs d’identité fondamentaux au nombre desquels figurent son héritage historique, la langue française, les idéaux démocratiques et les principes de la laïcité de l’État et de l’égalité entre les hommes et les femmes.4

4 Pour obtenir les détails des constats et des réflexions ayant mené à ces propositions, voir le texte

de consultation de la Coalition pour l’avenir du Québec en matière de langue et de culture : « Se rassembler autour de la langue et de la culture », 29 août 2011.

14

5. LE GRAND MÉNAGE DANS LA VIE PUBLIQUE

En toutes circonstances, l’action du gouvernement doit être marquée du sceau de la transparence, de la rigueur et de l’intégrité. C’est peu dire que d’affirmer que des gestes décisifs devront être posés pour correspondre à cet idéal. En fait, c’est d’un « grand ménage » que notre vie publique a besoin. Il faut pour cela qu’une volonté politique s’exprime sans faille et qu’elle donne les moyens d’agir. Des mécanismes doivent être mis en place pour réprimer les abus et empêcher qu’ils ne se reproduisent. Avant tout, la Coalition suggère d’éliminer la collusion dans l’octroi des contrats gouvernementaux, notamment dans la construction, en créant un poste de commissaire à l’intégrité de la vie publique. Dotée d’une indépendance et de moyens qui lui permettraient d’agir efficacement, cette nouvelle autorité, relevant de l’Assemblée nationale, regrouperait, en les élargissant, les mandats actuellement dévolus au Commissaire à l’éthique, au Commissaire au lobbysme et à l’Unité permanente anticorruption du ministère de la Sécurité publique, dont relèvent l’escouade Marteau, l’unité anticollusion, l’unité autonome de vérification de la Commission de la construction du Québec, l’équipe de vérification sur la gestion contractuelle des municipalités du ministère des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du territoire et l’équipe d’enquête sur la malversation/corruption de Revenu Québec. La cohésion des efforts est la clé du succès dans la lutte implacable à mener contre la collusion et la corruption. Plusieurs exemples étrangers nous montrent que pour lutter efficacement contre la corruption, il est parfois nécessaire d’accompagner la mise en place d’une autorité responsable de la lutte à la corruption de procédures judiciaires exceptionnelles. L’objectif doit être que les procès pour collusion ou corruption soient tenus dans un délai de six mois après le dépôt des accusations. Que des magistrats soient spécialisés. Que des moyens supplémentaires soient accordés aux tribunaux. Que les délais d’appel soient également ramenés à six mois.

15

Une surveillance accrue ne suffira pas si la source du problème perdure. Aussi, de nouvelles règles d’attribution des contrats publics devront être édictées. Les mécanismes en place, notamment ceux du ministère des Transports, doivent être revus. Une véritable concurrence doit voir à nouveau le jour. Il faudra à cette fin examiner la possibilité d’octroyer aux municipalités le droit d’annuler et de reprendre un appel d’offres si aucun soumissionnaire ne présente un prix raisonnable. Il faudra aussi ramener de l’expertise en ingénierie au sein du ministère des Transports en lui redonnant les capacités d’action, donc les moyens d’assumer ses missions. Cela passera forcément par la revalorisation du corps d’emplois des ingénieurs du gouvernement du Québec. Toutes ces mesures doivent tendre à rétablir l’équilibre entre les fonctionnaires et les entreprises dans la négociation et l’attribution des contrats. C’est à cette condition expresse que le Québec pourra moderniser ses infrastructures au meilleur prix possible.

16

VINGT ACTIONS POUR AGIR SUR L’AVENIR

La Coalition pour l’avenir du Québec propose une série d’actions pour s’attaquer aux principaux défis auxquels tout le Québec est confronté. Le financement serait réalisé par des réaménagements budgétaires dans les ministères, un allégement considérable des structures ainsi que des gains d’efficacité dans les grands réseaux publics et à Hydro-Québec.

1. Augmentation du salaire des enseignants assortie d’un processus d’évaluation.

2. Abolition des commissions scolaires.

3. Mesures ciblées pour lutter contre le décrochage scolaire.

4. Rehaussement du financement des universités.

5. Un médecin de famille pour chaque Québécois.

6. Abolition des Agences de santé et de services sociaux.

7. Financement des établisse-ments de santé selon le volume de soins dispensés.

8. Réduction du coût des médicaments.

9. Plan de développement de l’entreprenariat

10. Redéfinition de la mission d’Investissement-Québec.

11. Investisse-ments accrus au Québec par la Caisse de dépôt et placement.

12. Création d’un Fonds des ressources naturelles du Québec.

13. Stratégie de développement économique des régions et de la métropole.

14. Rembourse-ment de la dette publique avec les redevances des ressources naturelles.

15. Accroisse-ment des ressources pour l’intégration des immigrants à la majorité francophone.

16. Plafond de 45 000 immigrants pendant deux ans.

17.Renforcement du rôle et des pouvoirs de l’Office québécois de la langue française.

18. Recours au besoin à la clause dérogatoire pour abolir les écoles- passerelles.

19. Création d’un poste de Commissaire à l’intégrité de la vie publique.

20. Révision des règles d’attribution des contrats publics.