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42 L’ECHO VENDREDI 31 OCTOBRE 2014 A propos Interview Plantu «On peut avoir peur de dessiner à Téhéran, mais pas à Paris! » MARTINE MAELSCHALCK, À PARIS S es petits personnages en noir et blanc et tout en rondeurs par- courent le «Monde» depuis plus de 40 ans. Peu d’éditorialistes peuvent se vanter d’une telle longévité. Après avoir croisé le caricaturiste Plantu à Bruxelles pour la pré- sentation du film «Caricaturistes: Fantassins de la démocratie» de Stéphanie Valloatto, nous avons décidé de le retrouver à Paris pour faire plus amplement connaissance avec ce porte-drapeau du dessin de presse. Le jour de notre rencontre, il enchaîne les in- terviews. Ce qui ne l’empêche pas de se mon- trer patient, disert et souriant, même pen- dant la séance de photos dont il n’est pour- tant pas un grand fan, annonce-t-il d’emblée. L’interview se déroule dans la ca- fétéria du Forum des Halles, interrompue à plusieurs reprises par les accolades d’amis qui passent et viennent le saluer. Plantu, vous dessinez au «Monde» depuis 1972. Cela doit représenter des milliers de dessins… Vous avez une idée de combien? Je ne sais plus… J’ai une assistante qui les nu- mérote, mais j’ai oublié de lui demander… Vous n’avez jamais eu envie de changer de média? Non, je suis avant tout un lecteur du «Monde». Quand j’ai commencé, je travail- lais aux Galeries Lafayette, mais j’étais déjà lecteur du «Monde». J’aime ce journal, j’y trouve ce que je cherche comme lecteur et je trouve normal de se sentir bien avec son journal. C’est aussi une alchimie qui dure avec vos lecteurs. Comment l’expliquez-vous? Il y a une sorte de complicité qui s’est établie avec les lecteurs. Par exemple, quand j’ai commencé à dessiner une petite souris, tous les lecteurs ont pensé que c’était eux. Moi, ce n’est pas ça que j’avais en tête, mais ils se sont approprié cette petite souris, et je trouve ça très bien. Elle n’a pas de nom, d’ailleurs. Vous étiez pourtant parti dans une tout autre direction puisque vous avez entamé des études de médecine? Ca, ce sont mes parents. En classe, je me suis retrouvé en sciences, alors mes parents m’ont dit «fais médecine». Moi je voulais faire du dessin, même si je n’avais jamais pensé en faire mon métier. Mais comme je n’avais rien au bout de deux années de mé- decine, je me suis dit que j’allais peut-être quand même en faire un métier. Et vous partez étudier à Bruxelles? A l’atelier St Luc, à St Gilles. Parce que c’était le seul endroit où il y avait une école de bande dessinée. J’aurais dû y rester trois ans et je n’y suis resté que trois mois, parce que je ne pouvais pas payer, je ne m’en sortais pas. Vous êtes rentré à Paris? Comme j’avais déménagé et que je m’étais marié, on est restés à Bruxelles un an, ma femme travaillait à l’époque à la Société Gé- nérale (belge) et comme elle gagnait de l’ar- gent — c’était la seule d’ailleurs —, on a at- tendu un an et puis on est revenus à Paris. C’est alors que j’ai travaillé aux Galeries. Ma femme a travaillé à la Société Générale (fran- çaise) et puis, pas longtemps après, quand j’ai vu que j’avais un salaire assez correct, elle a repris ses études, elle est allée à la fac. Vous avez commencé très jeune à dessiner pour «Le Monde»? Oui, j’avais 21 ans. Je dessinais aussi à «Pari- scope», «20 ans», «Podium»… C’est là vous avez forgé votre style? Le trait a changé, mais je ne me suis pas rendu compte que, dès l’âge de 20 ans, j’avais ma vision des choses. J’étais dingue du travail d’Hergé, du côté sérieux et rigou- reux de la ligne et j’étais dingue de «Charlie Hebdo». Alors que j’imagine que pour Hergé, «Charlie Hebdo» devait lui donner envie de vomir… (Rires.) Et moi, j’aimais les deux. Mon dessin est l’enfant de ces deux amours. Bien sûr, il y a aussi Morris, Gott- lieb… A St Luc, j’ai rencontré Godi, le créa- teur de Ducobu, qui m’envoyait des lettres et dessinait des timbres qui étaient des œu- vres d’art. J’avais aussi des profs comme Eddy Paape, le créateur de Luc Orient. Et puis il y avait les élèves! Au bout de leur crayon, ils dessinaient des choses incroya- bles! Et moi je me disais que je voulais des- siner comme ça, mais je ne leur arrivais pas à la cheville. C’est en revenant à St Luc pour des conférences que j’ai rencontré Vadot, qui y a fait ses études. Il a appris à St Luc des choses que je ne maîtrise pas. En plus de son talent, il utilise les couleurs comme j’aurais aimé qu’on me l’apprenne. Comment choisissez-vous le sujet de votre dessin quotidien? Tous les matins, je propose entre trois et cinq brouillons ou simplement des idées. Quand je dis quel est mon dessin préféré, en © SÉBASTIEN DOLIDON «Se faire traiter d’antisémite et d’islamophobe dans la même semaine, il faut pouvoir le gérer.» Plantu

Plantu «Onpeutavoirpeur dedessineràTéhéran, · reuxdelaligneetj’étaisdinguede«Charlie Hebdo». Alors que j’imagine que pour Hergé,«CharlieHebdo»devaitluidonner enviedevomir…(Rires.)Etmoi,j’aimaisles

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42 L’ECHO VENDREDI 31 OCTOBRE 2014

AproposInterview

Plantu«OnpeutavoirpeurdedessineràTéhéran,mais pas àParis!»

MARTINE MAELSCHALCK,À PARIS

Sespetitspersonnages ennoir etblanc et tout en rondeurs par-courent le «Monde»depuisplusde 40 ans. Peu d’éditorialistespeuvent se vanter d’une tellelongévité. Après avoir croisé le

caricaturiste Plantu àBruxelles pour la pré-sentationdufilm«Caricaturistes: Fantassinsde la démocratie» de Stéphanie Valloatto,nous avons décidé de le retrouver à Parispour faire plus amplement connaissanceavec ce porte-drapeau du dessin de presse.Le jourdenotrerencontre, il enchaîne les in-terviews.Cequine l’empêchepasdesemon-trer patient, disert et souriant,même pen-dant la séance de photos dont il n’est pour-tant pas un grand fan, annonce-t-ild’emblée. L’interview se déroule dans la ca-fétéria du ForumdesHalles, interrompue àplusieurs reprises par les accolades d’amisqui passent et viennent le saluer.

Plantu, vousdessinez au«Monde»depuis1972.Celadoit représenterdesmilliersdedessins…Vousavezuneidéedecombien?Jenesaisplus…J’aiuneassistantequi lesnu-mérote,mais j’ai oublié de lui demander…

Vousn’avez jamaiseuenviedechangerdemédia?Non, je suis avant tout un lecteur du«Monde». Quand j’ai commencé, je travail-lais auxGaleries Lafayette,mais j’étais déjàlecteur du «Monde». J’aime ce journal, j’ytrouveceque jecherchecommelecteuret jetrouve normal de se sentir bien avec sonjournal.

C’est aussiunealchimiequidureavecvoslecteurs. Comment l’expliquez-vous?Il yaunesortedecomplicitéqui s’est établieavec les lecteurs. Par exemple, quand j’aicommencéàdessinerunepetite souris, tousles lecteursontpenséquec’était eux.Moi, cen’estpasçaque j’avaisentête,mais ils se sontapproprié cette petite souris, et je trouve çatrès bien. Elle n’a pas de nom, d’ailleurs.

Vous étiez pourtant parti dans une toutautredirectionpuisquevousavezentamédes études demédecine?Ca, ce sontmesparents. Enclasse, jemesuisretrouvé en sciences, alors mes parentsm’ont dit «fais médecine». Moi je voulaisfaire du dessin, même si je n’avais jamaispensé en fairemonmétier. Mais comme jen’avais rien au bout de deux années demé-decine, je me suis dit que j’allais peut-êtrequandmême en faire unmétier.

Et vous partez étudier àBruxelles?A l’atelier St Luc, à StGilles. Parceque c’étaitle seul endroit où il y avait une école debandedessinée. J’auraisdûy rester trois anset je n’y suis resté que troismois, parce queje ne pouvais pas payer, je ne m’en sortaispas.

Vous êtes rentré à Paris?Comme j’avais déménagé et que jem’étaismarié, on est restés à Bruxelles un an, ma

femmetravaillait à l’époqueà la SociétéGé-nérale (belge)et commeellegagnaitde l’ar-gent— c’était la seule d’ailleurs—, on a at-tendu un an et puis on est revenus à Paris.C’est alors que j’ai travaillé auxGaleries.Mafemmeatravailléà laSociétéGénérale (fran-çaise) et puis, pas longtemps après, quandj’ai vuque j’avaisunsalaireassezcorrect, ellea repris ses études, elle est allée à la fac.

Vousavezcommencétrès jeuneàdessinerpour «LeMonde»?Oui, j’avais 21 ans. Je dessinais aussi à «Pari-scope», «20 ans», «Podium»…

C’est là vous avez forgé votre style?Le trait a changé, mais je ne me suis pasrendu compte que, dès l’âge de 20 ans,j’avaisma vision des choses. J’étais dinguedu travail d’Hergé, ducôté sérieuxet rigou-reuxde la ligneet j’étaisdinguede «CharlieHebdo». Alors que j’imagine que pourHergé, «Charlie Hebdo» devait lui donnerenviedevomir…(Rires.) Etmoi, j’aimais lesdeux. Mon dessin est l’enfant de ces deuxamours. Bien sûr, il y a aussi Morris, Gott-lieb…A St Luc, j’ai rencontré Godi, le créa-teur de Ducobu, quim’envoyait des lettresetdessinaitdes timbresqui étaientdesœu-vres d’art. J’avais aussi des profs commeEddy Paape, le créateur de Luc Orient. Etpuis il y avait les élèves! Au bout de leurcrayon, ils dessinaient des choses incroya-bles! Etmoi jemedisais que je voulais des-siner commeça,mais je ne leur arrivais pasà la cheville. C’est en revenant à St Lucpourdes conférences que j’ai rencontré Vadot,qui y a fait ses études. Il a appris à St Lucdeschosesque jenemaîtrisepas. Enplusdesontalent, il utilise les couleurs comme j’auraisaimé qu’onme l’apprenne.

Commentchoisissez-vous le sujetdevotredessin quotidien?Tous les matins, je propose entre trois etcinq brouillons ou simplement des idées.Quand jedisquel estmondessinpréféré, en

© SÉBASTIEN DOLIDON

«Se faire traiterd’antisémite etd’islamophobedanslamêmesemaine,il fautpouvoirlegérer.»Plantu

L’ECHO VENDREDI 31 OCTOBRE 2014 43

Apropos

général ils choisissent celui-là.Quand je suissûr que je veux un tel dessin, il passe. C’esttrès agréable.

Mais vous ne pouvez pas faire rire detout?Cela faitpartieduboulotdudessinateurdevoir jusqu’où il peut aller. Il y a encore dessurprises, oui. Par exemple, aumoment del’affaire de Crimée, j’ai fait un dessin enforme de clin d’œil à la scène du film «Po-temkine»,oùun landauavecunbébédévaleles escaliers. J’ai fait undessin avecunbébé,Poutine, lespro-Russes, etc. Les jeunesm’ontdemandé: «C’est quoi ce landau qui dé-vale?» Je pensais que c’était une référenceévidente, eh bien c’est fini! Il y a 20 ans jedessinais encore Diafoirus et lesmédecinsdeMolière,mais c’est fini aussi.Mes copainsaméricains me disent que les seules réfé-rences culturellesqu’ils s’autorisent, c’est lesport et le showbiz.

Commentvotremétiera-t-il évoluéen40ans? La liberté de ton est-elle toujours lamême?Dans nos démocraties en Europe, nousavons tous les outils pour dire ce que nousvoulons. Sauf quemaintenant, il y a des in-termédiairesentre les lecteurset lesdessina-teurs,quipétochent.Etavecdesgensquipé-tochent, onnepeut rien faire.Qu’il y ait desgensquiontpeuràTéhéran, jepeux lecom-prendre. Il y a des pays ou les dessinatricesou les dessinateurs risquent leur vie. Le Pa-lestinienqui faitundessincontre leHamas,s’ilmet un pied àGaza, il ne termine pas lajournée.MaisonnedoitpasavoirpeuràPa-ris ou à Bruxelles. Or j’ai rencontré des gensqui ont peur et ça, c’est nouveau.

Vouspouvez développer?Cam’est arrivé avec la rédactrice en chef de

lachaîneKTO, lachaînede l’évêché.Elleavaitinvitédesathées forcenés, et c’estmoiqu’ellea censuré alors que je ne suis même pasathée— je suis agnostique. Je ne saismêmepaspucequi apu la choquerdansmesdes-sins. Jen’avaispasdessinéuncochonquien-culeMarieou Joseph!Et ellem’adit: «Pasdedessin»…Une télé sansdessinquandon in-vite un dessinateur, je rêve! Celam’occupetouteuneaprès-midi, elleneprendpasmesdessinsetelledétruit lesmasters. Jepourraisl’attaquer, c’est illégal. Je comprends pour-quoi ces cathos ne veulent pas qu’on parlede lapédophilie, ils sontdéjà formatéspourêtre dans la soumission.

Lareligion,c’est le thèmequi fâcheparex-cellence?Surtout combiné avec le Proche-Orient.Quand j’avais rencontré Arafat, il gueulaitparce qu’il trouvait que je ne défendais pasassez les Palestiniens, et quand je fais desdessins sur Gaza, commedurant cet été, jeme fais traiter d’antisémite. Cela fait partiedu boulot. Il n’y a pas une semaine sansqu’on se fasse traiter d’antichrétien, d’anti-sémite, d’islamophobe, d’antiféministe…c’estunpeufatigant. Il faut savoiroùonmetles pieds, c’est peut-être la raison pour la-quelleunjeuneyregarderaàdeuxfoisavantde fairemonmétier. Parce qu’il y a des foisdesgensquinesontpascapablesd’assumerde se faire traiter d’antisémite et d’islamo-phobe dans lamême semaine. Il faut pou-voir le gérer.

Quels sont vos thèmespréférés?Ceuxquimemettent encolère, où jemedisque je pourrais peut-être faire changer leschoses.Parexemple(ilmontreundessinsurLampedusa), je trouve que l’Europen’a pasde solidarité avec l’Italie ou avec l’Espagne.Ondevrait êtreplus solidaireavecces tragé-

dies qui s’installent sur les plages. Tous cesgens qui croient qu’ils vont trouver l’Eldo-rado alors qu’ils ne savent pas qu’il y a 60millionsdepauvresenEurope,qu’ilsnevontpasêtrebienreçusetvivredesmomentshu-miliants…Lesventesd’armesaussimemet-tentencolère. 43%deventesd’armesenplusen un an pour la France! Et après, on vientchialer sur les conflits…Mais les armes, onsait bien qu’ils n’enfileront pas des perlesavec!

Et la politique?J’adore. Camepassionne, çame fait rire, çam’énerve, çame dérange, çame plaît, c’estjubilatoire… J’aurais aimé faire de la poli-tique. Le dernier demes quatre enfants vapeut-êtreen faire.Cen’estpasmoiqui ledé-couragerai. Je trouve que c’est un métiermerveilleux. J’aime les gens qui défendentles autres, qui sont à l’écoute, qui essaientd’aider. On ne retiendra évidement que lesaspects négatifs, mais il n’y a pas que ça. Jen’enrevienspasquandjevoisautantdepau-vreté. Je n’aurais pas imaginé ça il y a 30 ou40 ans, quand j’étais considéré comme undessinateur tiers-mondiste. Mais au-jourd’hui on en est là, chez nous, et le tiers-monde ne s’en sort toujours pasmieux. Al-bert Camus a dit: «Les journalistes, ce qui estintéressant, ce n’est pas seulement ce qu’ils di-sent, c’est ce qu’ils ne disent pas.» Il y a beau-coupdesujetsqu’onn’osepas traiter.Cequifait malheureusement que beaucoup degens ne croient plus ce qu’on dit à la télé,parcequ’ils voientbiencequi sepasseàcôtédechezeux.C’estpour çaqu’il y aunemon-tée de l’extrême droite. Il y a beaucoup degens qui se sentent délaissés, qu’onn’a passuécouter. Cesgens-là, il ne fautpas lesmé-priser.

Pourtant, «LeMonde» a plutôt la réputa-

tiond’un journal intello, luparuneélite?Cesontdesarticlesqui s’adressentnormale-ment à tout le monde, notamment sur leWeb. Du côté du papier, je sais qu’il y a untravail à faire.

Commentvoussituez-voussur leplanpo-litique?Comme un dessinateur sans étiquette,amoureux de la gauche et déçu par lagaucheaupouvoir.D’ailleursmonprochainbouquin s’appelle «Voleuse de rêves, petitpamphlet contre la Gauche au pouvoir».C’estunpamphlet contre lagaucheaupou-voir,maispascontre lagauche. Jepensequec’estmoche de faire croire qu’ils vont rem-plir les caddies des gens qui sont dans ladèche. Ils savent qu’ils ne vont pas régler ceproblème. C’est pour ça que je n’ai pas votéHollande. J’ai votéBayrou.Aumoins, lui, il aditqu’iln’avaitquedesmauvaisesnouvellesà annoncer aux Français.

Quels sont lespersonnagespolitiquesquevous préférez caricaturer?Il y enaqui sontplus facilesà fairequed’au-tres.Même si, commecitoyen, je n’aimepasSarko, commepersonnage il estgénial.Hol-lande, il est plutôt mignon à faire. Il estcommeChristopheColomb, il ne savait pasoùilallait, ilnesaitpasoùilestarrivé, et toutça avec l’argent des autres. Il est mignon.MaisSarkoestplus fort, commepersonnage.

Vousmesurez l’impact de vos dessins?Je ne sais pas très bien. Je faismondessin etpuis vogue la galère. Je fais commesi ça ser-vait à quelque chose.

Comment vous voyez-vous? Comme unéditorialiste?Undessin est un CanadaDry d’éditorial, çaena la couleur, leparfum, legoût,mais celane remplace pas l’éditorial. Le dessinateurn’est pas un intellectuel,mais il sait faire ledéclic etdécoincer làouça coinçait. Essayerd’aller plus loin, c’est le travail des journa-listes.

Quellesdifférencesya-t-il entre lescarica-turistes belges et français?Je trouve que les Belges ont plus d’humourque les Français. Souvent je vois des dessinsdeVadot,Kroll,Marek, et je saisque jen’iraispas jusque-là. Il y a une connivence entre ledessinateur et les lecteurs et je sais que si jedessine leschosesd’unecertainemanière, çane va pas passer.

Que faites-vous quand vous ne dessinezpas?Delaguitare.Maispasassezparceque j’aiunvoisin qui n’aime pas. J’ai donc acheté uneguitareélectriqueavecdesécouteurs. (Ildes-sine une guitare) Quand vous avez lemanche, ça c’est un domajeur. Et si on ra-jouteçaenplus, c’estdo7e, et c’est lanotedela dissonance. Je trouve que le dessin depresse, c’est ladissonanced’unepolitiqueenmajeur. J’essaiedefaireensortequemesdes-sins montrent des tragédies, mais sans seprendre trop au sérieux. Comme dans labossa nova… Notre boulot, c’est la disso-nance.

«Hollande, il estplutôtmignonàdessiner.Mais Sarkoestplus fort, commepersonnage.»Plantu

«Dansnosdémocraties enEurope, nous avons tous lesoutils pourdire cequenousvoulons. Sauf quemaintenant, ily ades intermédiaires entre leslecteurs et lesdessinateurs, quipétochent. Et avecdesgensquipétochent, onnepeut rienfaire.» Rencontre avec lecaricaturistedu «Monde».

CV EXPRESSPLANTU

1951: naissance à Paris de Jean Plan-tureux1971: Ecole St Luc à Bruxelles1er octobre 1972: premier dessin pu-blié dans «Le Monde»Depuis 1985: dessin quotidien dans«Le Monde»Depuis 1991: collabore à «L’Express»Depuis 2006: président de Cartoo-ning for Peace2013: Docteur honoris causa de l’Uni-versité de Liège.

vendredi31 octobre 2014

À propos

Unbanquieraparcouru4.500km, en sixmois, àpied.DeMoscouàCompostelle.PORTRAIT PAGE 46

L’ex-RDAaubilanLa réunification, 25 ansplus tard. REPORTAGE PAGE 44

Jean-Marie PiemmeLe fils d’ouvrierdevenuauteurdramatiqueprolifique. PAGE 52

«Se faire traiterd’antisémite,d’islamophobe...C’estunpeufatigant»«LePalestinienqui fait undessin contre leHamas, s’ilmetunpiedàGaza, il neterminepas la journée.Mais onnedoit pas avoirpeur àParis ouàBruxelles!Or j’yai rencontrédesgensquiontpeur et ça, c’est nouveau», s’inquiète Plantu, lecaricaturistedu «Monde».

Plantu© SÉBASTIEN DOLIDON