Pleyte, W. 'La Religion des Pré-Israelites' Leiden 1865

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    LA RELIGION

    PRE-ISRAELITESRECHERCHES SUR LE DIEU SETH.

    W. PLEYTE.

    Avec X'planches d'aprs les jvionuments.NOUVEllE DITION.

    LEIDE.T. HdlBEM et FUS, diteurs.

    i865w -

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    LA RELIGION

    PR-I8KALITESRECHERCHES SR LE DIEU SETH

    AVEC X PLANCHES D'APRES LES MONUMENTS.

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    LEIDE.T. H00IBER6 et FUS, diteurs.18 6 5.

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    A M. lE DOCTEUR

    CONRAD LEEMANSDIRECTEUR DU MUSE NEERLANDAIS D'ANTIUITS

    X. E TT D E.

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    AVANT PROPOS.

    Dn offrant au pjiblic Vouvrage que je viens cVacheverquelques mots suffiront pour faire connatre le motifauquel il doit le jour.

    Pendant les deux annes que je iti efforais en vaind'obtenir une place comme m.inistre dans Vglise reformenationale , j'ai pens employer titilement mes heures dis-ponibles , en prouvant mes forces quelques rechercheshistoriques. Ce sont les rsultats de ces tudes quiforment le contenu des pages suivantes. Mn les publiantje 71 ai eu d^autre but que de rassembler quelques rayonspars de la lumire qui perce ca et la sztr quelquesphases de Vhistoire de Vantiquit , afin de les mettredans un jour plus clair et d'en permettre la vue a,quiconque s y intresse

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    Tin

    Je remplis un devoir Men doux pour moi en exprimantici ma vive reconnaissance pour les secours qui m'ontt prodigus par plus d'une main amie et gui ont rendusma tache moins difficile.

    Cest avec un sentiment de profonde gratitude quej''adresse mes remerciements a M. le docteur Leemacs,dont Vaffable accueil ni ouvrit les trsors de sa Mbliothqueet du Muse de Leyde et qui trouva toujours le moyende drober quelques heures a, son temps prcieux et aNses occupations srieuses pour guider majeune expriencedans le sentier obscur o wCavait conduit le sijet demes tudes.

    Puisse ce premier essai rencontrer un accueilfavorable.

    TJTBECHT, W. P.30 Avril 1863.

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    TABLE DES MATIRES.

    I. Introduction Page 3Qu'est ce que la Religion ? page 3. L'essentiel et l'acces-soire, p. 4. La foi traditionelle, La faiblesse de cettefoij p. 5. La base de la religion, p. 6. Le seiilimentreligieux, p. 7. La manifestation du sentiment religieux,p. 8. Un secte. Une religion nationale. Les influ-ences qui peuvent modifier un culte, p. 9. La rvlationde Dieu, p. 11. Les lois divines, p. 12. Le monoth-isme primitif, p. 14. La marche progressive que suitl'expression du sentiment religieux, p. 15. Le panthisme.Le disme. Le thisme, p. 16. Le but de notre travail.

    XI. PREMIRE PARTIE. X/histoire primitive despeuples avec lesquels Isral a t en contact enEgypte dans les temps les plus reculs et les sou-venirs que les dijffrentes nations ont conservs dece fait Mstorique.

    Introduction Page 21L Les Phniciens. Les voyages d'Ilos et d'Astart, p. 23. Le culte de la Vnus tra.ngre. Les desses Phniciennes

    selon le papyrus Barris, p. 24. poque de l'arrive desPhniciens en Egypte, p. 25. La.navigation des Phniciens,p. 26. Les liaisons commerciales, p. 27. Les villesPhniciennes dans le Delta. En Palestine, p. 28. Lesmonuments Phniciens en Egypte, p. 29.

    II. . Les Egyptiens. Les fragments historiques de Manethoos,p. 31. Le Knigs-Buch de M. Lepsius. Le rcit durgne des Hykss selon Manethoos, p. 32; Manethooscompar d'autres auteurs, p. 34. Le roi Aphobis"d'Africain. Le fragment 112 du papyrus royal de Turin,p. 35. Le papyrus Sallier I, Le tombeau d'Ahms chef

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    des nautonniers, p. 36. Araosis expulse les Hykss, p. 37-Les Cliets. Avaris est identique Zoan, San, Tn, Tans,p. 38. Situation deSnetd'Avaris, p. 39. LesSphynx.de San, Le temple fond par Apophis. La XIII"dynastie. La statue de Kasmenkhka, p. 40, La statuede Sevekhotepli IIL Le colosse de Tell-mokdam. LeSphynx du Louvre, n. 23. Erreur de Manethoos, p. 41,La XIV" dynastie, p. 42. Rcit des pasteurs et deslpreux de Manethoos. Les monuments qui ont rapportaux conflits avec les tribus trangres , p, 40. Le Sphynxde Bagdad, p. 47. Les habitants de Mensaleh, p. 48.

    III. Les Grecs. L'oracle de Dodone, p. 48. La route decommerce entre l'Egypte et la Phnicie. L'offrande deMnelaus. Les mythes d'ApoUodore, p. 49.IV. Les Romains. Confusion des Hykss et Lpreux chezJosphe, p. 50. Diodore, p. 51. Justin, p. 52.Tacite, p. 54.V. Les Berbres. Population de la cte septentrionale del'Afrique, selon les Rabbins, p. 56. Tmoignage de Pro-cope, p. 57. Le rsultat de M. Deveaux, p. 58. L'his-torien Ibn-Kaldun, p. 59. Origine des Berbres deCanaan, p. 59. Les monuments de l'Afrique Septentri-onale, p. 62. poque de la population.

    VI. Les Arabes. Tmoignage d'Abulfeda, p. 63. LesAmalcites et les Hykss, p. 64. Les Pharanites et lesinscriptions Sinatiques.VIL Les Isralites, La gnalogie du onzime chapitre dela Gense, p. 66. La gnalogie du dixime chapitre,p. 67. La gnalogie de Hagar et Qturah, p. 70. La gnalogie d'dora, p, 71. Les Hbreux en Egypte,p. 72. Le tmoignage de Diodore. Les Aperiu ouHbreux, p. 73. r Les monuments concernant les Aperiu,p, 74, Conclusion, p. 77.

    in. SECONDE PARTIE, -r- La religion des Hykss.Introduction Page 81.

    I. Set comme bon dieu, dieu des Hytss. Le papyrus Sallierl,p. 84. Le papyrus Sallier III, p. 85. Le papyrus360 du muse de Leyde, p. 87. Le papyrus Anastfisi II,IV , V et VI. Le rituel funraire. -^ Le papyrus sacr345 du muse de Leyde, p. 88, Les statues, p. 89,

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    La statuette du dieu Set du muse de Leyde, p. 91. Les bas-reliefs, p, 92. Les stles, n. 63 et n". 13 dumuse de Leyde , p. 94. Les scarabes , p. 95.

    II. Set comme dieu malin. Le mythe d'Isis et d'Osiris selouPJutarque, p. 96. Le rituel funraire, p. 98. Lepapyrus magique , p. 101. Le calendrier gyptien, p. 102.Set le dieu de la guerre, p. 106. La cause du ddain.Set cpnfondu avec Thoth, Horns ou d'autres dieux, p. 107.Set perscut. Rsum, p. 108.m. Set-Typhon. Tmoignage de Plutarque, p. 109. LeTyphon des Phniciens. Le Typhon des Grecs, p. 110. Le Typhon des Egyptiens, p. 111. Le rituel funraire,p. 113. Le papyrus magique. Le dragon Apap, p. 114.Conformit du Typhon Phnicien et gyptien, p. 115. Conclusion , p. 116.

    IV. Set chez les Pr- Isralites. La composition du Penta-teuque , p. 117. lohim et Jhova, p. 119. El-Schedej,p. 120. La gnalogie de Tlobiste et du Jhovjste,p. 121. Le dieu Seth, p, 123. Les lgendes qui ontrapport Seth , p. 124. Les fils de Seth des LXXp. 125. Les Sthites. Set-Baal, p. 127.

    IV. TEOISIME PARTIE. Le culte.Introduction Page 131.

    I. Culte de Melech. Le sacrifice humain Melech enPhnicie, en Grce, en Italie, Carihage, p. 133.IL Le culte de Mars. Adar le dieu guerrier Phnicienp. 136. Son pouse Anata, p. 137. Le principe fmininet masculin dans le culte de la nature. Les offrandes Mars , p. 138.m. Le culte gyptien de Typhon. Les traces du culte deMelech, p. 139. Tmoignage de Manethoos, d'Hrodote,de Diodore et d'autres. Les sceaux pour marquer lesoffrandes, p. 140. Les tombeaux de Thbes, L'poquede l'immolation, p. 141. La vache rousse. Les tracesdu culte d'Adar, p. 142. L'oflrande de l'ne. Lesautres ahimaux T'yphoniqus.

    'IV. Le culte de Set-typhon en Isral. Les tmoignages deTacite et de Plutarque, p. 144. Les lments Phnicienset gyptiens , p. 145. A. Le culte Isralite de Melech.Tmoignage dAmos, p. 146. L'offrande, p. 147.

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    B. Le culte d'Adar, p. 149. Ls animaux impurs,p. 150. Le culte de l'ne, p. 15L C. La vacherousse, p. 153, D. Le bouc missaire, p. 154, E. Le culle du Serpent, p. 156. F. Le culte de KyuQ_Amos. Les septante, Saturne et B-phan, Les Sabens.Les rabbins. Le Sabbath. Tmoignage de Tacite, p. 159.

    Y. QUATEIME PARTIE. L'Image.I:nteoductio]s' Page 163

    I. Le culte des pierres (Bthyles). Les peuples du Nord,p. 165. Les Romains, p. 166. Les Grecs, lesPerses et les Indous, p, 168. Les Arabes, p. 169. Les Phniciens, p. 170, Les gyptiens, p, 171. Les Hbreux , p. 174, Le culte des pierres oblongues.(Colonnes), p. 175.

    IT. La forme Phnicienne des. Pathques, Les KabiresPhniciens, p. 178. Les monuments du muse de Leyde,Les statues, les ornements, les amulettes, p. 179. Lavignette du chap." 164 du rituel funraire, p. 180. Le dieu Bes selon M, de Roug, p. 181.

    III. L'hippopotame. L'hippopotame dans les constellations.Les monuments. Statuettes , ornements , amulettes. Lesvignettes du Rituel, p. 181. Pourquoi l'hippopotameest-il un animal Typhouique ? p. 182. Les pourceaux.

    IV. L'oryx. L'oryx avec et sans cornes, p, 183. Le dieuE,anpu et la desse Anta. Les vignettes du rituel, pi 184.V. L'ne, Le temple Karnak, p. 185, Le Papyrus

    384 du Muse de Leyde. Un Amulette.TI, L'image de Set avec la tte inconnue. Le Nisroch

    Assyrien, p. 187. Tmoignage de Josphe.YI. Conclusion r I*age 189

    L'intime liaison entre le peuple d'Isral et l'Egypte , p. 191,L'influence que l'Egypte exerait sur le peuple d'Isral,p, 194. Les deux lments dans le peuple Hbreu, p. 195.

    YII. Notes Page 199"Vni. Explication des Planches .... 239

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    INTRODUCTION.

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    INTRODUCTION.

    Qu'est ce que la Eeligion? Question grave, qu^on ateli de rsoudre de difPrentes manires et qui a donnlieu des combats interminables , toutes les fois qu'ellea t pose.

    L'un prend pour l'essence de la religion, ce qui pourl'autre n'est qu'une forme transitoire; tel, considre cetteforme passagre, comme chose parfaitement indiffrente,ou s'il veut bien lui accorder quelque valeur , ce n'estqu'en la classant parmi les vnements purement historiques.Bientt le conflit clate entre les deux partis et tandisque celui qui se dclare partisan de la forme transitoire,

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    4se voit condamner comme irrligieux , il se raille son tourde son adversaire et de ses systmes suranns. La baseinbranlable de Vrni n'est qu'une illusion sans ralitpour l'autre, et sans pouvoir s'accorder la moindre con-cession le combat se prolonge toujours. -

    Cependant , cette question srieuse , doit elle resterindcise? faut il qu'elle continue diviser les esprits et causer des conflits sans fin ? O. bien , ce problmeserait il rsoudre?En discernant l'essentiel de l'accessoire, le principe

    primordial de tout ce qui s'y est ajout pendant lecours des temps, ne pourrait il pas que les diffrends.prennent un aspect moins dsesprant en mme tempsqu'ils se placent dans un jour plus clair ? Quel est ceprincipe primordial ? D'o nous vient-elle la Eeligion ?La rponse semble ne pas offrir de difficults srieuses :Quelques uns diront : N de parents religieux , ceax cim'ont enseign les dogmes de leur croyance; mes parentssont eux mmes , issus d'un peuple religieux , qui devaitsa religion un autre peuple;" de manire que l'onarrive toujours un peuple , qui transmettait a d'autrespopulations, la religion dont il tait le dpositaire, qu'ilavait reu immdiatement de Dieu mme; faveur insignequi fut le partage des Isralites , qui ont t appelsdepuis : le peuple de la rolaiion. Un autre rpondra :Moi aussi, je dois ma religion mes parents , mais bienjeune encore je trouvais dans les dogmes transmis par mesanctres ] leur postrit, beaucoup de choses qui rpug-naient a mon esprit." Goethe en bas ge commenait douter de la providence en apprenant la destruction presquetotale de Lisbonne par suite d'un tremblement de terre,

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    parce qu'il ne put accorder ce dsastre terrible avecFamour divin et tout puissant de Dieu.

    Ce-ci arrive bon nombre d'hommes. Les uns tudiantla nature et cherchant a dcouvrir les lois qui rgissentl'univers , voient la forme apparente que revt la religionleur poser pour critrium : qu'il faut croire aux infractionssnbises par les lois de la nature. Est-il tonnant s'ilsdoutent alors que la vraie religion ne soit l? Les autresse livrant a l'tude de l'histoire, remarquent commentdiffrents peuples spars d'abord, se rencontrent et ense rencontrant, concourent se dvelopper rciproquement;ils apprennent que les lois et les institutions sociales seperfectionnent peu a peu , aprs que les uns se sontappropris la civilisation, plus avance des autres. Uspeuvent juger de l'influence puissante qu'exerce sur lespopulations le climat des pays qu'ils habitent , tantt endterminant leurs tempraments , tantt en modifiant leursmoeurs. Tout rvle des lois invariables auxquelles l'his-toire obit, ils veulent approfondir ces lois et voilencore la forme apparente de la religion qui leur dit :Si vous attachez quelque prix a ce que l'on vous con-sidre comme des hommes religieux, il faut que vousadmettiez qu'il a exist jadis une nation toute diffrentedes autres peuples de l'histoire, laquelle isole, leve etinstruite par Dieu mme a t favoris de l'Etre Suprmepar le don gratuit d'un recueil de lois religieuses; cepeuple lu seul possde la vraie religion et les cultes detous les autres peuples de la terre, doivent tre qualifisde superstitions opinitres." Eaut il s'tonner quand,eux aussi , ils doutent que cette foi soit l'essence de lavraie religion?

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    Cependant dans ces formes appai-entes de la religion ,produits d'une poque recule lorsque les sciences natu-relles taient encore dans leur enfance et que l'on croyaitentrevoir dans l'histoire du monde une fatalit quidirigeait les vnements, grand nombre de personnes re-connurent, comme beaucoup reconnaissent encore de nosjours, l'essence de la vraie religion et quand on faitdes reclierches pour dcouvrir par quel procds ilssont arrivs de tels rsultats, on ne rencontre que desarguments formuls par l'ignorance oii des raisonnementsde cerveaux exalts. L'ignorant rpondra : J'ai reumes notions religieuses de mes parents et quoiqu'ilarrive, leur foi restera aussi la mienne/' Il n'admet pasla possibilit que ses anctres ont pu se laisser induireen erreur. L'exalt vous dira qu'il doit sa foi a uneinspiration divine. Il est dif&cile de mettre leur justevaleur de telles effusions du sentiment quand on ne peutpas changer les circonstances particulires dans lesquellesces gens se trouvent. Nanmoins il parait vident quel'un comme l'autre s'opposent toute tentative qu'on vou-drait faire pour dvelopper leurs facults dans le domainereligieux, car quiconque s'obstine considrer commeinsparable de l'essence de la Religion , ce que les sciencesnaturelles rclament comme leur appartenant de droito ce que l'histoire ne peut cder sans qu'on lui fasseviolence, dtournera aussi opinitrement le regard de toutce qui serait en tat de mettre au grand jour une vritquelconque. Qu'elle est en dfinitive la base de la religion ?Quel est le principe primordial, dgag de tout acces-soire , de tout voile importun qui le cache a nos regards ?Le sentiment religieux est inhrent la nature humaine.

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    Comment pourrions nous distinguer les sensations agrablesou douloureuses, si nous ne possdions la facult dMprouverle bien-tre et la tristesse et comment saurions nous pr-tendre au sentiment du beau ou de la moralit , quand dansnotre nature ne se trouvait le sentiment adquate deces manifestations du monde moral. De mme, il fautque l'me, pour que la religion y puisse habiter, possdeune facult de concevoir, qui correspond l'objet quiinspire des sentiments religieux.

    Quelle est cette facult et de quelle manire se mani-feste-t-elle comme ide religieuse? Pour mieux saisir levrai sens de ce que nous appelons sentiment religieux,il faut que nous chercliions a dcouvrir comment cesentiment s'est manifest parmi les peuples primitifs etdans les ges les plus reculs.

    Les tribus sauvages qui occupent les derniers degrsde l'clielle du dveloppement moral, et qui par cons-quent peuvent tre considrs comme possdant desnotions excessivement vagues , nous apprennent toutsimplement , qu'ils admettent Inexistence d'une puissanceinvisible qui agit mystrieusement dans le monde. Peu peu les phnomnes que la nature leur prsente attirentleur attention, ils observent et tudient sans comprendrela cause occulte, les effets qu^ils constatent et la puis-sance invisible commence tre identifie avec la naturemme , ou bien on la suppose suprieure a celle-ci.De cette manire, la conception de l'existence d'un tresurhumain prend insensiblement une forme plus dtermineque l'on se figure entrevoir dans le soleil qui brille ou dansle tonnerre qui gronde. Les nuages qui interceptentla lumire font entrer dans leur esprit l'ide que la

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    divinit se caclie comme derrire un rideau ; les toiles quipalissent a l'aube du jour, sont envisags comme des mes-sagers clestes , tres mystrieux qui planent dans l'espaceet veillent sur les actions des mortels ; le vent qui souffledans le feuillage est transform en sylphes follatrants ouen dmons furieux , tout selon les dispositions momentanes,joyeux ou sombres, de ceux qui lcoutent.

    C'est ainsi qu'un culte grossier et confus d'abord, prendnaissance. .Ce culte, est il partag par plusieurs personnesd'une mme famille ou d'une mme tribu , et ces personnesparlent elles le mme langage, alors les diffrentes ex-pressions du sentiment religieux s'unissent se confondentet forment une secte. Plusieurs sectes runies, professantles mmes opinions religieuses , constituent une religion.Quand cette religion devient l'expression des convictionsreligieuses de tout un peuple, on a droit de parler de lareligion de ce peuple : la religion des Grecs , desEomains, des Isralites.

    Les peuples diffrents en se rencontrant et en semettant en rapport de plusieurs manires, se communi-quent rciproquement leurs religions respectives et bienttl'on remarque que les conceptions primitives subissentde part et d'autre des modifications videntes. S'il arriveque quelques peuples, drivant d'une mme origiiie ouissus d'une mme race, s'aperoivent qu'ils possdenten commun les mmes notions primitives , cette conformitde conception agira puissamment et contribuera tablirdes relations plus intimes entre leurs croyances religieuses.

    C'est ainsi que les Eomains retrouvaient en Grce leurDieu Mercure sous le nom de Herms , Jupiter sous celuide Zeus, Junon sous celui de Hra,

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    Quand on tudie les diffrentes formes dans lesquellesla religion se montre, on peut remarquer que toutes,telles qu'elles ont t conues, portent ^empreinte plusou moins distincte du caractre de la nation qui les aproduites. Ce caractre spcial nait de certaines influenceslocales , effets du sol ou de latitude gographique. L'ar-dente imagination, qu'on trouve dans certaines rgionsdes Indes, est en parfaite harmonie avec la nature splendideet la vgtation exubrante du climat des tropiques; lequitisme du culte du Bouddha doit a coup sur, beaucoup la fertilit prodigieuse d'un sol qui donne abondancede fruits sans demander aucune culture et Tinfluenced'un climat heureux qui convie continuellement la mol-lesse et au repos; l'assujettissement des Egyptiens leursprtres s'explique aisment par la constitution de leur pays.Les phnomnes que prsentait a leur observation le Nilfleuve grandiose et mystrieux, dont les dbordementspriodiques et fertilisants , excitaient l'admiration encommandant le respect, taient considrs comme lesmanifestations . spontanes d'une providence identique avecl'lment bienfaisant. Les prtres qui seuls en connais-saient les secrets , l'exploitaient habilement leur profit.La civilisation Europenne doit sans doute une grandepartie de son dveloppement norme , aux exigencescontinuelles d'un sol qui ne produit des fruits qu' forcede travaux pnibles et fatiguants et au climat propicequi permet aux laborieux de se livrer au travail sans inter-ruption pendant toute l'anne.

    Il est donc vident que le caractre particulier d'unpeuple ou d'une nation imprime son cachet sur la formede sa religion. Cela nonc plusieurs faits historiques.

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    10s'expliqueront cVune manire saisissante. P. e. Le culted'Isis languissait et finit par disparatre tout fait Rome; enfant de l'Eg^-pte, il ne put vivre qu'auxbords du Nil. Tel fut aussi le sort du culte Phniciende Mleclij transplant en Grce. Kronos qui dvorases enfants fut dtrn par Zeus.

    Parmi les causes principales qui mettent en rapportles diffrentes nations, il faut compter en premier lieu lecommerce et les guerres. Le premier fait natre les rela-tions tranquilles de la paix ^ les dernires mnent leursuite les conflits sanglants et les bouleversements terribles.Toutes cependant concourent aux mmes fins: tablir desrapports de diffrente nature entre les nationalits tran-gres, soit qu'elles s'unissent et se confondent^ soit qu'ellesse chassent et font place les unes aux autres. Il enrsulte toujours que les formes religieuses des peuplescommerants et belligrants se rencontrent ou se heur-tent comme les individus, elles en subissent Tinfluence,reoivent des empreintes plus ou moins profondes et semodifient en raison de la force, de ces impressions.

    Etudier les influences qu^ont exerc sur l'esprit d'unpeuple connu le contact avec des nationalits trangres,c'est en mme temps recberclier les lois qui rgissentl'histoire de l'humanit. En suivant toutes les phases dela civilisation antique nous voyons de diffrents peuples,les caractres les plus dissemblables s'allier , , se combinerse confondre , et produire des conceptions neuves qui leur tour font natre de nouveaux rsultats. Constam-mant les causes gales sont suivies des mmes effets etl'on n'a pour se convaincre de cette assertion qu'a jeterun regard sans prvention dans les pages de l'histoire.

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    11Si nous dsirons rendre hommage a la providence

    divine, il faut s'appliquer aussi apprendre la mieuxconnatre. Si Dieu agit sur le monde, il nous est permisd'attendre qu'il se manifestera dans cette activit. Scrutonsdonc les lois sublimes et invariables de la nature quinous rvlent la main de l'ouvrier divin et tout-puissant;tudions les lois qui rgissent les destines de Tliumanitdepuis son apparition dans le monde, alors la nature etl'histoire deviendront les organes rvlateurs qui nousmontreront le Dieu de Funivers. Le peuple de la rv-lation sera donc pour nous celui dont nous connatronsle mieux l'histoire, dont nous pourrons suivre pas pasles destines travers les sicles et dont nous sauronsexpliquer les influences sur les nations contemporaines.

    Cette tude nous apprendra les lois par lesquelles Dieuconduit l'humanit dans les voies de la perfection, ets'il nous arrive de trouver rapport parmi les traditionsde l'antiquit qu'en vertu de la volont divine, des in-factions au droit des gens ou des violations de la cons-cience ont eu lieu, nous protestons contre de semblablesassertions. L'histoire d'un tel peuple ne saurait nousguider dans nos recherches pour trouver la vrit, nesaurait nous servir de point de comparaison pour notremoralit , nonobstant que la divinit y soit introduitecomme donnant ses ordres aux mortels.Nanmoins un tel peuple ne serait pas condamn pour

    cela sans retour, car en examinant a quelle poque il avcu et sous quelles circonstances il fut plac, les choseschangeront peut-tre d'aspect et en nous rendant comptedes influences diffrentes qui ont jou im rle importantdans son histoire, ces traditions rejetes d'abord comme

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    12inutiles et indignes de notre attention se montrerontdignes de notre respect. Chaque vnement appartient rhistoire, dpend d'une cause et produit un effet.Apprcier la juste valeur des faits historiques, voil lagrande dif&cult qu'il faut vaincre et qu'il n'appartientqu^ aux esprits courageux et clairs surmonter.La principale cause des dissensions continuelles sur ledomaine religieux c'est que l'on s'obstine sparer de lareligion, ce que l'histoire revendique a juste titre ou cequi appartient de droit aux sciences naturelles. Tant quel'on persistera confondre ces lments htrognes lesmalentendus continueront. Ce n'est qu'en plaant chaquechose dans sa catgorie, qu'on peut rtablir l'harmonie.

    Ce n'est aussi qu' aprs avoir vu se drouler l'histoiredpuis le commencement jusqu' la fin et les vnementsse succder dans un enchainement rgulier et consquent,que nous pouvons nous former une ide d'un gouverne-ment providentiel dont nous remarquons les traces nonquivoques et devant lequel nous nous prosternons , saisisd'un respect religieux en adorant la suprme sagesse quirgit l'univers.

    Ce respect religieux, nous ne saurons l'prouver l onous remarquons les actes d'un dispotisme arbitraire.

    Partout dans la nature nous voyons rgner un ordremerveilleux , un accord parfait entre toutes les parties ;si donc nous pouvons constater une semblable harmoniedans le monde moral, notre conception d'un tre suprmequi dirige l'univers deviendra une conviction profonde.Dans l'histoire de l'humanit nous pouvons remarquer

    un dveloppement continuel. Ce dveloppement se montreparfois nous, marchant avec une rgularit parfaite; les

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    13vnements se succdent gagnant en importance et lesicle qui s'en va est toujours suivi d'un autre, suprieuren lumires et en civilisation. Ces progrs cependant,doivent souvent leur naissance de rudes combats moraux.Que d'efforts il en a cot au monde pour enfanter lechristianisme! Mais sans combat la victoire est cboseimpossible.

    Ce mouvement progressif se montre aussi dans le do-maine religieux , bien que bon nombre de gens s'obstinent l'admettre, et beaucoup cbercbent leur salut dans unretour vers le pass. En agissant ainsi ils confondentl'essentiel avec l'accessoire. Le principe religieux misau grand jour par le fondateur du christianisme, taitun principe de vrit ternelle , mais troitement li unecosmognie, produit des temps antiques, et tandis queTon relve de nos jours ce principe fondamental avecune vigueur nouvelle, il y en a qui prtendent que l'onne saurait tre fidlement attach ce principe, si enmme temps on ne dclare adhrer toujours la cosmognie,qui fiorissait il y a plus de dix huit sicles. C'est lque se trouve le diffrend. Conservons le grand principeintact, mais n'oublions pas que le temps a march, quele cercle des connaissances humaines s'est largi consid-rablement et que les lumires acquises dans les sciencesde la nature et de l'histoire ont fait changer pour nousla face du monde. Appliquons le principe aux vne-ments du temps prsent et ne faisons pas un retour versune poque, nave peut-tre, mais assurment ignorantedes grandes vrits, dont la gnration prsente est ledpositaire.

    Si Copernic ou Newton avaient vcu parmi les premiers

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    14chrtiens, il est probable que ceux-ci auraient jug toutdifiFremment de beaucoup de choses et qu'ils se seraienttroavs plus proche de la vrit. Mais parfois on va plusloin en arrire encore , en considrant la gnrationprimitive , comme ayant possd la suprme rvlation ,tandis que les descendants doivent se contenter de modi-fications errones. Toutefois , cette opinion n'a pas mmeun fond vraisemblable'; la critique historique met tout fait en dfaut la source que l'on allgue en sa faveur.D'ailleurs, serait il trop hasard d'admettre qu'un indi-vidu, qui n'a laiss ses descendants aucune preuve deses connaissances religieuses , ne saurait avoir connu 1 EtreSuprme, ou du moins n'a pas t le dpositaire de lasuprme rvlation.Le monothisme, dont on croit retrouver les vestiges

    plus ou moins marqus chez plusieui's peuples, a t lefondament des religions de tous et ce n'tait pas la racesmitique seule qui le possdait exclusivement, commeM. Renan a voulu le dmontrer. Nous en retrouvons lestraces chez les Grecs et les Ariens , mais leur monothismes'est converti en polythisme et cette transformations'explique aisment. Les rapports de diffrente naturequi s'tablirent peu peu entre les petiples, donnaientlieu souvent des changements remarquables , tant religieuxque politiques. Imposes par les vainqueurs on introduitespar le commerce, et acceptes soit par contrainte morale,soit par des considrations politiques, les divinits tran-gres acquirent insensiblement droit de domicile et finirentpar se confondre avec les dieux naiionaux. Plus tardnous les retrouvons ensemble rangs dans les diffrentssystmes.

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    15L'expression du sentiment religieux a suivi la marche

    suivante. Au commencement, nous voyons l'hommerendre hommage la matire inanime; peu peu ceculte primitif et grossier se voit remplac par un autrequi rvre la matire vivante ; celui-ci disparait sontom* pour faire place au culte qui a pour objet un espiitinvisible qui Ton rend hommage par moyen d'offrandesmatrielles lequel enfin se transforme dans la religion quiadore en esprit, un Dieu esprit.

    Il arrive parfois que dans l'homme religieux, commedans la forme que revt son expression religieuse, uncertain vide annonce Fabsence de la puissance divine ;on se figure alors la divinit comme fixe dans cer-tains lieux ou les prtres seuls ont la facult del'approcher. Telle fut la conception des Isralites l'poque ou Moria tait le lieu de l'adoration. Uneautre fois , le sentiment de se trouver partout en prsencede FEtre divin, se fait jour et alors Fon croit entrevoirdans tout ce qu'on observe que la divinit est proche.Tels , les Grecs se rprsentaient leurs dieux et leurdesses. Dans le murmure des ruisseaux, ils croyaiententendre la douce voix des Naades et dans le souffledes Zefirs, les soupirs des Dryades, qui foltrent dansla fort. Ainsi dans le soleil levant ils aperurent ladesse de l'aurore.

    Wo jetzt nur wie uns're Weisen sagenSeelenlos ein Peiierball sieh dreht,Lenkte damais Seinen goldnen WagenHelios, in stiller Majestt,

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    16Dise Hhen, fiillten OreadenEiue Dryas lebt' in jenem BauinAus den Urnen lieblicber NajadenSprang der strme Silberschaum.

    Toutefois ce panthisme potique dut passer comme leDisme des Isralites. L'homme qui traverse les vicis-situdes nombreuses de la vie ne trouve la tranquillitd'me, que lorsqu'il peut adorer une providence divine,invisible, dont il voit les oeuvres sublimes rpanduspartout dans l'univers, dans lesquels elle lui montre lesconceptions merveilleuses et grandioses de son esprittout-puissant. Lorsqu'on se reprsente ainsi l'Etre divin,l'ide qu'il est le pre jaillit dans notre esprit en mmetemps que la crature se reconnait son enfant.

    Ces rflexions prliminaires expliqueront- suflisamment,je l'espre, le choix du sujet que je me propose d'tudierdans les pages suivantes. J'ai intitul cette tude : Lareligion des Pr-Isralites , recherches sur le Dieu Seth.Je tacherai de rpandre quelque lumire sur la religion dupeuple d'Isral, avant qu'il sortit de l'Egjqjte pourcommencer son sjour dans le dsert. Inutile de releverici que les diffrentes opinions qui existent, concernantcette matire, sont loin d'tre en parfaite harmonie. Ceaxqui admettent avant tout une rvlation surnaturelle toutespciale et consultent la conception qu'ils se sont formsde l'inspiration , plutt que de scruter la valeur des canonsde l'ancien testament , clierchent ordinairement dans laGense, ce qui se trouve seulement en Jrmie. Il estvident qu'en agissant ainsi, les documents historiquesdoivent perdre beaucoup de leur intrt, mais sans doute

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    un tel chemin ne conduit pas et n'a jamais conduit lavrit. Je tcherai donc de recueillir les vestiges desopinions antiques, parses dans les vieux documents quisont arrivs jusqu' nous, et nous marcherons vers le butque nous comptons atteindre en prenant pour point dedpart le fait historique que le peuple d'Isral, unepoque bien recale de son histoire, a t en contact avecles populations qui habitaient alors la Phnicie, l'Arabie,la Palestine et l'Egypte. Nous examinerons ce que Toncounait de ces diffrentes nations qui vcurent vers letemps ou les Isralites arrivrent en Egypte.

    L'Egjqpte est le pays des monuments par excellence.Nous possdons des inscriptions de dates contemporainesqui remontent la plus haute antiquit et qui, taiUesdans la pierre des rochers ou traces dans des documentsimprissables, se sont conserves jusqu' nos jours. Celanous permet d'interroger les anciens Egyptiens sur cequ'ils savent nous communiquer de l'arrive des Hbreuxdans leur pays, nous leur demandons s'ils confirment ounient la tradition Mosaque ou s'ils rpandent sur elleplus de jour en comblant les lacunes qu'elle nous pr-sente. S'il arrive que nous trouvons conserve l'histoiredu sjour des tribus trangres parmi eux, nous seronsen tat de comparer les tmoignages acquis avec latradition hbraque et les rsultats seront concluants.

    Notre travail se divise en deux parties; la premiretraitera l'histoire primitive des peuples avec lesquelsIsral t en contact en Egypte dans les temps lesplus reculs et les souvenirs que les diffrentes nationsont conservs de ce fait historique.

    Dans la seconde partie nous rechercherons qu'elle a t2

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    18la religion des tribus trangres en Egypte et les tracesqu''elles ont laisses chez les Hbreux.

    Puisse cet essai contribuer faire mieux connatreFMstoire du peuple d'Isral et attacher un chamon deplus la grande chane qui runit les phases diversesde l'histoire de l'humanit, qui est la rvlation suprmede la providence divine.

    Plus nous y dcouvrirons Tordre et la sagesse, plusnotre foi en le gouvernement de Dieu deviendi'a ferme,elle seule est en tat d'tablir la rconciliation entre lecrateur et la crature.

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    II.

    L'HISTOIRE.

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    PREMIRE PARTIE.

    L'histoire primitive des peuples avec lesquels Isral at en contact en Egypte dans les temps les plusreculs et les souvenirs que les diffrentes nations

    ont conservs de ce fait historique.

    Les Phniciens fondirent de trs bonne heure descolonies. En descendant les ctes ils arrivrent en Egypteet plus tard ils abordrent la cte septentrionale del'Afrique. Les Arabes rgnaient, selon leur tradition,anciennement en Egypte. Voyons ce que le peuple luimme nous en rapporte et ce que les traditions aux bordsdu Nil noas racontent. Les Hbreux aussi visitrentce pays. Examinons ce qu'ils nous communiquent de leursvoyages et ce que nous en trouvons mentionn en Egyptemme.

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    Il y a cependant encore d'autres peuples qui se souvien-nent de ce rapprocliement de diffrentes nations. Voyonsaussi ce que ceux-ci savent de ces migrations de l'anti-quit. Voil les questions qu'il faut rsoudre d'abord parcequ'elles sont troitement lies l'histoire d'Isral, causeque la runion ou la rencontre des diffrents peuples,comme nous le prouverons plus loin , parat avoir eu lieuvers la mme poque de l'histoire.

    Suivons d'abord les Phniciens dans leur voyage lelong des ctes, puis rendons nous en Egypte et chez lesBerbres qui habitent les bords de l'Afrique septentrionalecoutons ensuite les rcits des Grecs, des Arabes et desSomains pour terminer nos recherches en interrogeantles traditions des Hbreux.

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    I.

    LES PHNICIENS.

    Ilos ^ (E)) ou Ki'onos, le Satuine des Phniciens , filsdu ciel et de la terre, s'tait rendu matre du pouvoirsuprme en sacrifiant son pre , qu^il dtrna avec l'aidede Herms (Thaaut). Cet acte accompli, il descendit duciel et se rendit vers cette partie de la terre ou se trouvela Phnicie.n posa les fondaments de la premire ville Phnicienneappele Byblos ^, fondit plus tard Berytus et entreprit en-suite un voyage autour du monde. ^ Yers ce temps l lesKabires, descendants des Dioscures, navigurent versTEgypte et prirent terre prs du mont Casius oii ilsbtirent un temple.

    Astart, fille du ciel et desse de Sidon, suivait Ilossur sa route, En signe de sa puissance * elle changeaitsa tte de desse en tte de taureau et suivant quelquedistance , elle aussi fit le tour du monde.

    Arriv en Egypte, (Ilos) Kronos se hta de nommerThaaut roi de ce pays des deux cots du Nil. ^

    Ces mythes nous sont rapports par Sanchuniaton.Selon cette tradition le peuple avait conserv trs long-temps le souvenir de l'tablissement de colonies, a une datetrs ancienne, sur la cte de l'Egypte. L'histoire de ces

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    uvoyages commerciales tant perdue, on les rattachait auxnoms des principales divinits ou de celles dont le cultetait gard le plus en honneur. Ainsi Bel ou El , leKronos ou Saturne Phnicien , entreprit ces voyages dansle but de se rendre matre du monde. Astart, sa soeur,la plus puissante desse', le suivit dans ses prgrinations.De cette ilianire Thistoire a t conserve dans la mytho-logie , reste donc dmontrer que les Phniciens ontt rellement en Egypte et y ont laiss des traces deleuf sjour.

    Tous les voyageurs Grecs s^accordent d'avoir rencontrdans le Delta un culte particulier connu sous le nom deCulte de la Ynus trangre. Hrodote entre autresnous en raconte ceci: ^ Les prtres Egyptiens prten-dent qu\m certain homme originaire de Memphis , quis'appelait Prote, tait arriv la puissance suprme etl'on peut voir encore de nos jours un petit et lgantdifice rig en Thonneur de ce mme Prote, au suddu temple d'Hpheste (Ptah). Des Phniciens de Tyrhabitent dans le voisinage et cet emplacement est appelle camp des Tyriens. Dans l'intrieiu- de cet difice deProte se trouve un autel dsign sons le nom d'autelde la Ynus trangre. Les autels ddis l'autre Ynusne s'appellent pas ainsi." Il parait donc que les' ancienssavaient qu' Memphis le culte d la Ynus trangre,l'Astart des Phniciens, tait gard en honneur. Yoyonss'il y a des monuments qui confirment cette assertion.Nous possdons un papyrus du temps de Ehamses IX(environ 1300 ans avant notre re) ' -, c'est aux soins deM. Chabas que nous devons la connaissance de ce monu-ment intressant. Il contient des formules magiques pour

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    25coujarer des malheurs. Nous y lisons ces mots:* I'ermezles bouches comme est scell le fil du glaived'xiuata et d'Astart, les desses grandes qui conoiventnon enfantent, ellCvS sont scelles par les dieux/' Anataet Astart taient par consquent deux desses impor-tantes considres par l'auteur comme des esprits malinsdont il fallait conjurer le courroux. H est remarquableque le nom d'Astart s'crit de la mme manire commenous le trouvons dans l'ancien testament. Nous lerencontrons encore bien des fois ailleurs, mais crit toutautrement. Anata est aussi une divinit des Tyriens et si gnralement connue en Egypte que nous en poss-dons non seulement une figure portant casque et lance, *mais nous trouvons le cheval et le chien de Ehamss II(le grand Ssostris des anciens) qui partout o ils portrentleur pas rpandirent la mort et la dsolation , portantle surnom d'Anata. "Le papyrus en question rappel une poque o le culte

    d'Astart tait dj gnralement rpandu. Eeste savoir prsent le temps o l'on a commenc btir lepremier temple en son honneur , pour fixer l'poque del'tablissement des premires colonies. Hrodote , quenous consultons encore,, nous prsente Phron ** commele successeur de Ssostris. Aprs Phron rgnait selonlui un homme qui s'appelait Prote. Dans le cas queSsostris soit identique avec Ehamss II , Sthos II seraitle Prote d'Hrodote, mais comme nous l'avons indiqudj , l'arrive des Phniciens en Egypte date d'une poqueplus ancienne. Du milieu des Phniciens qui habitaientMemphis, sortirent des messagers qui transmirent leurculte aux Grecs. Les prtresses qui plus tard tablirent

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    36l'oracle de Dodone '^ y taient transportes par des naviresPhniciens. Des mythes antiques nous informent queles prtres gyptiens racontent, que les Phniciens ontenlev deux femmes de Thbes qui taient prtresses deZeus (Amun). Us les vendirent Tune en Lybie , Vautreen Grce, et les prtres avaient fait des recherchesaprs elles, sans cependant les trouver. Seulement il leurfut rapport qu'elles avaient cr des oracles. Les pr-tresses de Dodone au contraire prtendent que deuxpigeons noirs s'taient envols de Thbes en Egypte, queFun s'tait arrt en Lybie et Fautre avait pris son volpour Dodone ou se perchant sur un htre et se servantde la voix humaine , il avait cri qu^un oracle ddi Zeus (Jupiter) serait cr dans le lieu mme. L'autrepigeon avait parl de la mme faon en Lybie , ordonnantl'tablissement aussi d'un oracle pour Zeus (Amun).D est vident que la base dans les deux rcits est lamme; nul doute que les Phniciens ont transport enGrce les premiers messagers de leur culte, sortant del'Egypte. Nous trouvons cit ailleurs lo '* , pai-tantd'Argos dans un navire Phnicien, entreprendre le voyageau Nil et Homre chantant leurs exploits maritimes, faitdire par Ulysse :

    Mais lorsque pour moi fut venu la huitime anne roulanteUn Phnicien me joignit, homme plein d'astuce et de fraude,Qui commit chaque jour plus d'un crime, vraiment un flau pour le

    peuple ,Me persuadant de le suivre, de m'en aller en PhnicieSon pays, sa maison, ses trsors me faisant des promesses bril-

    lantes. '5

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    37Plus tard nous trouvons les Phniciens, ayant tablis

    des relations de commerce rgulires avec l'Egypte etd'autres pays. Hrodote cite les rapports commerciauxd'Argos avec TEgj^pte* et Strabon ceux qui c'taient for-ms entre la Phnicie et la valle du Ml. La route quesuivaient les caravanes s'tendait le long de Eapbia , Ehino-kura, Ostracne jusqu'au mont Casius et tait de cinqjournes, i' Prs du mont Casius se trouvait un excellententrept et le chemin se croisait ici avec ceux qui sedirigeaient en Nabathe et en Arabie. ^* La ville btieau pied du mont Casius tait selon toute apparence, undes plus anciens tablissements coloniales des Phniciensen Egypte et la mythe de Sanchuniaton confii-me tout fait ces rcits historiques.A partir du mont Casius la route conduisait MemphisPlusium etc. Il parait que la frontire'^ de la Palestinea t entre Migdol et Baal-Zphon '" et que Fon entraiten Egypte tout prs de Migdol. Ces deux villes auxnoms Phniciens sont considres par Ezchiel et Jrmiecomme ayant fait partie de FEgypte. ^^

    Migdol signifie Tour ; Baal-Zphon ou Baal-yphon estle nom d'une divinit phnicienne dont nous parleronsplus tard. ^' Outre ces deux places nous trouvons encorecit comme tant d'origine phnicienne le lieu Libris -^,nom qui signifierait camp ou quartier des Hbreux.

    Tous ces tablissements drivaient des colonies desctes de la Palestine, tandis que ceux qui se trouvaientle long de la cte Africaine taient la continuation descolonies Egyptiennes.Nous trouvons cit en premier lieu Dor, Jop et Askalon

    comme villes maritimes de la Phnicie. ^* Nous lisons

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    28au sujet de Dor noji loin de Cesare se trouvait Dorpetit bourg habit par des Phniciens." Ceux-i tantarrivs pour la pche de la pourpre, avaient commenc se btir des cabanes et lorsque cette pche devintabondante et lucrative , ils fendirent les rochers et btirentun port convenable avec les pierres. Sur cette mmecte on trouve encore une autre ville du mme nom quel'on appelle aussi Eaphat-Dor. Celle-ci appartint au royaumed'Isral -' a une priode plus rcente. La principale villede commerce tait Jop, ville Phnicienne situe sur les'ontires de la Phnicie et de la Palestine ^^, qui fut unentrept commercial du royaume des Isralites.En descendant toujours la cte on arrivait Askalon

    que Ton appelait une ville de Tyriens. *'' Celle-ci et laville de Gaza taient designs ensemble par le nom de :port de Majuma. -De cette manire , toujours longeant la cte, les Phni-

    ciens atteignrent TEgypte; nous savons qu'ils y tablirentdes colonies , mais ce-ci ne nous est rapport que par deshistoriens trangers. Tchons de dcouvrir aussi lespreuves de leur arrive en Egypte mme, mais citonsd'abord quelques monuments Phniciens trouvs dans labasse Egypte.

    Gsnius dans son travail sur les monuments Phniciensen fait mention. ^' En premier lieu il cite un bs-relief portant une inscription Phnicienne et reprsentantune offrande Osiris par une prtresse. La traductionde Gsnius est celle ci : Bnie soit Thbes , fille deTchpus, prtre d'Osiris! Jamais elle n'a offens cruelle-ment qui que ce soit , jamais elle n^a colomni. O !immacule devant la face d'Osiris, soyez bnie par Osiris.

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    39Que Fon vous rende liommage, vous qui faites accroitremon bonheur et prenez place parmi les pieux. Adieu !"

    Ce monument , selon toute apparence , semble avoir trig du temps des Ptolomes par un Isralite qui ap-partenait au culte Egyptien. Le second monument quipuisse servir notre recherclie c'est le Papyrus de Turintrouv parmi d^autres par Hamaker en 1833 et copi parSeyffarth. Celui-ci est encore d'origine Juive et selon latraduction de Gsnius on y lit : Dieu mon seigneurarrachez ton serviteur misrable l'oppression, mon vri-table seigneur c'est Jhova."Un troisime monument sont les papyrus du duc de

    Blacas, trouvs par celui-ci Kome chez un marchandd'antiquits Egyptiennes dans l'anne 1835. .Ce sontquatre fragments. Le n. 1 est expliqu par Gsnius dela manire suivante : Le discours que l'on y trouve rapport un temps futur, il parait que quelqu'un s'adressea son roi en lui parlant d'un peuple auquel il ne fautplus distribuer des vivres et dont les usances doivent trecondamnes aussi longtemps qu'il n'aura excut l'ordrequ'il avait reu de btir une ville. Le peuple en questionfut dj en disgrce prs du pre du roi actuel. La per-sonne parlante est apparemment celle qui dans le fragmentn. Il apparait sous le nom de Bar-Hans , vu que l le rois'entretient avec un personnage de ce nom qui est le prfetdes guerriers , qui le roi accorde force louanges a causede ses faits d'armes, du butin qu'il su faire tout enmnageant ses jours et qui sera nomm premier dignitairecivil. Les fragments III et IV ont rapport la mmecirconstance. Toutefois il est presque impossible de fixerl'poque. Gsnius les ramne au temps du sjour des

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    30Isralites en gj'pte , ce que nous croyons peu vraisembable.Nous possdons encore un libatoire rapport du Srapeum

    avec une inscription en caractres Phniciennes. Cetteincription a t traduite de plusieurs manires mais qu'elleque soient les diffrentes explications auxquelles on estarriv, on est d'accord sur le point principal et l'onconvient que c'est un Phnicien qui l'a consacr a Apis,le taureau sacr. ^En rsumant ce que nous venons de dire , notre conclusion

    est celle-ci : nous trouvons en Phnicie la traditiond'une fondation trs ancienne de colonies sur les ctesde l'Egypte, Ces rapports entre l'Egypte et la Phniciesont confirms par les Grecs d'une part, et de l'autrepar les monuments qui ont t conservs en Egypte.Ces colonisations ont eu lieu partir de la Palestine,jusqu' la cte du Delta.

    Pour fixer l'poque juste de ces vnements, il nousfaut consulter l'histoire de l'Egypte mme.

    II.

    LES GYPTIENS.L'tude des traditions gyptiennes trouve pour ses

    recherches un fonds de documents authentiques, commenul autre peuple de l'antiquit n'a lgu aux gnrations.

    Les habitants de la valle du Nil enregistrrent lesvnements historiques qui se passaient parmi eux, soitqu'ils en taillrent le rcit dans le granit ou dans le calcairedes rochers, livres imprissables dont nous pouvons encore

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    31de nos jours feuilleter les pages imposantes , soit qu'ils lesinscrirent sur les feuilles du papyrus , dont plusieursrouleaux de grandeur diffrente soigneusement cachs dansdes urnes, nous ont t conservs, souvent intactes etcomme tant crits d'hier.Nous possdons ainsi l'histoire rapporte de deux ma-

    nires diffrentes mais contemporaines. Impossible d'avoirdes bases plus solides pour riger l'difice de l'histoire.

    Outre ces monuments antiques nous possdons encoreun fil conducteur dans les mandres historiques, dans lescrits attribus Manethoos de Sbennyte ^ qui vcut dutemps de Ptoleme Philadelphe et appartenait unefamille sacerdotale. Il fit l'histoire de sa patrie en dcrivantles 30 djTiasties qui se succdaient au pouvoir suprmeet fit usage pour ses recherches des monuments de pierreet des livres des prtres.On a beaucoup discut sur l'authenticit de ses crits

    mais on peut considrer a prsent les rcits de Manethooscomme fonds sur des bases solides et les monuments quiexistent encore en sont les preuves irrcusables. Lepsiusdans son Knigsbuch" a fait revivre Manethoos. * H acompar les diffrentes chronologies gyptiennes de plu-sieurs historiens de l'antiquit qui sont arrivs jusqu'nous. Il y a ajout les noms des rois que l'on a trouvsur les monuments qui datent de diffrentes dynasties.Maintenant, avec un peu de connaissance des hiroglyphesEgyptiennes, chacun peut faire la comparaison qui prouveen gnral l'exactitude de Manethoos.

    Dans le chapitre prcdant nous avons dmontr queles Phniciens possdaient des traditions d'une fondationtrs rcule de colonies Egyptiennes et que le tmoignage

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    32de quelques monuments rendent ce fait trs probable.Yoyons prsent ce que nous en trouvons mentionn parl'hirogrammate de Sbennyte; examinons si Tarrive desPhniciens lui a t connu et ce qu'il nous en commu-nique , confrontons ensuite son rcit avec les monumentsafin de constater la ralit de ce fait historique.Nous lisons chez Manethoos : ^ ^Pendant le rgne du roi

    Amuntimas, il arriva que Dieu tait irrit contre nouspour des causes que j'ignore et l'on vit arriver des hom-mes de basse extraction, matres vaillants qui envahirentle pays et s'en rendirent matre sans peine et sans combat.Et quand ils avaient assujetti les princes ils brlrentles villes et dmolirent les temples ; ils se montrrent trscruels envers les habitants qu'ils massacrrent ou en firentdes esclaves, sans en excepter les femmes et les enfants.Ils choisirent un roi d'entre eux qui s'appelait Salatis.Ce prince qui habitait Memphis levt des impts danstous les lieux et mit des garnisons dans les placesfortes. Cette mesure fut prise pour rendre plus formidablela frontire orientale, car il redoutait une invasion desAssyriens qui taient trs puissants. H trouva un endroitsitu l'est de la branche du Nil Bubastique, quel'antique thologie appelait Avaris. Il rebtit cette villel'entoura de murs pais et y plaait un garnison de240,000 hommes.

    Aprs lui rgnrent Bon Apachnas, Apophis, Annaset Assis. C'taient les six premiers rois. Us fixentcontinuellement la guerre et voulurent exterminerles gyptiens. Cette tribu trangre est appele lesHykss , ce qui signifie princes-pasteurs ; Hyk veut diredans le langage sacr Roi et Ss , Pasteur , ce qui runi

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    53donne Hykss. H y en a qui prtendent que ce furentdes Arabes et dans un autre document on trouve uneautre signification donne ce mot. L Hyk est traduiten prisonnier ce qui parait aussi plus vraisemblabe Jospbe. Ces rois et leurs successeurs , raconte Jospbese sont maintenus dans la possession de l'Egypte pen-dant 511 annes, lorsque le roi Mepbrathutmosis leurfit la guerre et les chassa de TEgypte. Enferms dansun endroit appel Avaris , o selon Manethoos tous lestrsors des pasteurs taient, entasss, Tbutmosis fils deMepbratbutmosis se dcida prendre cette place fortepar la force et il attaqua ses remparts avec 480,000guerriers ; mais comme il commena douter de larussite de l'entreprise , il leva le sige sous conditionqu'ils quitteraient l'Egypte avec sauf-conduit pour unendroit qu'ils pussent choisir. Ceci tant accept, ilsprirent avec leurs familles , leurs trsors et 240,000guerriers, le chemin qui mne la Syrie en traversant ledsert et de peur pour la supriorit de la puissance desAssyriens, qui rgnaient cette poque en Asie, ils btirentdans le pays qui porte prsent le nom de Jude, uneville assez grande pour renfermer tant de milliers d'hommesqu'ils nommrent Hirosolyma."

    Toil le contenu du vieux fragment qui traite une par-tie de Tancienne histoire de TEgypte, qui a t l'objet derecherches srieuses et dont les opinions sont trs diffren-tes. On a discut beaucoup sur Tpoque la quelle l'invasiondes tribus trangres a eu lieu, on diffre sur la manired'crire les noms de leurs rois et on est all mme jusqu'considrer cet vnement comme une fiction de Manethooscompose d'aprs le rcit de l'auteur de la Grnse. *

    3

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    34Ce qui explique cette diversit d'opinions contradic-

    toires, c'est que les monuments que l'on possdait alorsne fout aucune allusion au fait important de Finvasionet de la domination trangre ; mais depuis on a dcouvertd'autres monuments qui rpandent assez de jour sur cesujet pour rsoudre cette question. Yoyons d'abord quelssont les noms de ces princes; en confrontant les listesdes rois nous trouvons pour la quinzime djoiastie :

    Josphe. djn XY. Joseph. Arm. XV. Africanus. XY. Sotliis. XXI.Salatis.

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    35la liste d'o suit la seconde diffrence, qui consiste dansl'irrgularit des annes. Dans les annes qui marquentle rgne de Pachnan, on trouve la preuve qu' Apliobisa occup autrefois chez Africain une autre place et biencelle qui est la quatrime en dessous de Salatis/* "

    Dans le grand papyrus de Turin, qui contient leslistes des rois ^, on chercliait vainement les noms que nousavons cit et l'on se perdait en conjectures poui' expliquercette omission.

    Depuis quelque temps cela s'est clairci. Devria"^ atrouv parmi les restes du papyrus royal un petit fragmentle n". 112, sur lequel se trouvent les noms Annub . .Ap et . . . Ap , le reste de ces noms est illisible.

    Toutefois la trouvaille tait importante , surtout lorsqu'onavait dcouvert que la traduction Armnienne de Jospbedonnait aussi la lection Anon pour Bnon. El est doncplus que probable que la liste de Manethoos soit histo-rique. Nous lisons ainsi pour la quinzime dynastie lesnoms suivants : Salatis , Annub ou Beon, Apachnas, Apophis,Annas et Assis. Ce n'est pas seulement la question desnoms qui a t mise dans un jour plus clair, l'origineaussi des trangers gagn en certitude.

    Selon Manethoos c'taient des gens obscurs, de simplespasteurs , qui venaient de l'orient , soit de la Palestinesoit de l'Arabie. ' Africain les considre comme desPhniciens. ^^ Plus loin les investigations ne purent trepousses, faute de preuves recueillies dans des monumentsde pierre ou de papyrus. Plus tard ces monuments in-dispensables sont trouvs. Le papyrus Sallier I est leprincipal monument historique. Les efforts de M. deRoug et de M. Brugsch ont t couronns de rsultats

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    36brillants qui ont jet une nouvelle lumire sur ce tempssi obscur. Yoici la traduction de ce monument: I1 arrivaque l'Egjpte tomba dans le pouvoir des rebelles et per-sonne n'tait roi dans ce temps l. Voila ! le roi Easknenn'tait que rgent suprme de la haute Egypte. Lesrvolts sjournaient en Hliopolis et leur cbef Apepi(Apopliis) dans la ville Ha-uar (Avaris). Tout le pays semontrait devant lui avec des prsents, il se mettait en-tirement son service et lui fournissait les meilleursproduits du pays." *^ApopMs rgnait ainsi sur la basse Egypte , pendant que

    le pouvoir sur la haute Egypte se trouvait dans les mainsde Easknen. L'auteur du papyrus appel les trangersdes rebelles , qui tenaient dans leur pouvoir tout le paysde la Delta sous le 4' roi de la 15' dynastie de Manethoos.Outre ce papyrus, il y a encore un monument qui con-firme ce tmoignage en la donnant encore de l'extension.Sur le tombeau d'Ahms se trouve une inscription ", dontM. de Eoug a donn une traduction partielle. Nous ylisons selon lui: Le suprieur des nautoniers Ahms,dit : lorsque j'ai fait mes transformations dans la placed'Elytheia , tait mon pre commandant du navire du roides hautes et basses rgions, Easknen le justifi." Plusloin nous lisons qu'il y eut lieu un combat dans leseaux de Petetka ou de Tetku prs d'Ha-uar (Avaris) *^.Dans ce combat Ahms excellait par sa vaillance et pourle rcompenser de sa bravoure, il reut un collier d'ordu roi. Mais la guerre n'tait pas termine encore, carquelques lignes plus loin nous lisons qu'un second combatest livr , dans lequel le courage d'Ahms reut de nouvelleslouanges '* et aprs un troisime , nous le voyons qui

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    37prend part la prise de Ha-iiar. ** Ce-ci se passait dansla troisime anne du rgne d'Ahms , premier roi de ladix-huitime dynastie. '^ L'inscription conclut par annon-cer que sa majest finit par exterminer ^"^ les pasteurs ouMena. A prsent nous sommes en tat de faire les con-clusions suivantes.En comparant les deux monuments avec le fragment

    de Manethoos , nous voyons que les rebelles ou lespasteurs ont possd pendant quelque temps TEgypteet que leur capitale fut Avaris. Easknen le roi de lahaute Egypte, leur fit la guerre, mais ce fut son succes-seur Ahms ou Amosis qui russit les expulser dansla troisime anne de son rgne. Le rcit de Manethoosqui raconte que ce fut Thutmosis qui excutait cetteexpulsion, n'te rien la vridicit des monuments, maiscela prouve simplement que Manethoos tait mal informce qui peut s'expliquer peut-tre par le fait que Thut-mosis est souvent cit comme expulsateur et vainqueurdes tribus orientales de l'Asie. H se peut aussi que lestrangers ne fussent pas tout a fait vaincus ou chassspar Amosis, mais seulement subjugus.

    Plus loin nous reviendrons sur ce chapitre et nousdirons prsent deux mots concernant l'origine destrangers. Presque toujours les peuples Asiatiques sontdsigns sur les monuments comme les habitants du paysde Heth ou Chet et plus tard on attachait ce nom uncertain mpris.

    Il y a quantit de monuments qui font mention dupeuple Chet, qui y est reprsent comme des esclavesenchans qui prsentent le type Asiatique trs prononc;nez courb, arcade zygomatique prominente et barbe

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    38touffue^ ce qui les distingue au premier abord de l'gyptienparfaitement ras.

    Les Isralites trouvrent les Chittim en Canaan lors deleur arrive dans ce pays ^^ et les Philistins taient connusde trs bonne lieure comme les fils de Cbet ^^. Ceux-cihabitaient prs de la frontire de l'Egypte , ce qui sansdoute donna lieu quelques rapports entre ces deux peu-ples depuis un temps immmorial ^ de sorte qu'il n'estpas tonnant de trouver dsigns sous ce mme nomplusieurs tribus diffrentes, qui entrrent successivementen gj^pte , soit avec des intentions ])aisibles , soit pour desmotifs hostiles. Les Hykss, selon toute apparence, furentun mlange de peuplades Palestino-Phniciens , qui ontt pendant quelque temps les matres de l'gj'pte. Lesrelations qui existaient entre ces deux tribus , prouventvidemment que les Palestiniens en firent partie.H est trs remarquable que nous lisons que Hbron futbti sept annes avant Zoan en Egypte. ^^ Hbron futappel autrefois Kirjath-Arba (ville d'Arba). Selon JosuArba fut l'homme gigantesque parmi les nacites. ^ ' H yeut donc quelque rapport entre Zoan et Arba, qui peutfixer les diffrentes poques de la fondation de ces deux villes.Zoan est identique Avaris , comme il t prouv depuispeu. ^- On a beaucoup discut sur l'emplacement justede cette ville et c'est aux fouilles nouvellement pratiquesdans le petit village de San , nomm Tanis par les Grecsque nous devons la certitude que cet endroit et Avarissont parfaitement identiques. -' Dj Champollion consi-drait Avaris identique Tanis aprs qu'il et dchifrles hiroglyphes d'Avaris crites comme Tan ^* et M. deEoug nous a dmontr tout rcemment que Zoan est la

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    39traduclion Hbraque de Ha-uar, mots qui tous les deuxsignifient dpart. Josu aussi cite un endroit du mmenom , mais crit au pluriel Zoanim. ^*

    Cependant San ne se trouve pas situ ^endroit queManethoos nous indique comme le lieu o se trouvaitAvaris , mais il parait que l'on se trompe aussi quant lasituation de Plusium; d'ailleurs il n'y a rien qui en faitde preuves, saurait remplacer les monuments.

    Tanis ou San ou Ha-uar est situ au bord du lacSerbo, qui comme plus tard le bras du Kil Tanitique, nejouit pas d'une bonne renomme ^ cause du sjour desHykss dont on a trouv des monuments dans ces lieux.Il y a en premier lieu les quatre Spbynx de San. *' Nousremarquons de suite la diffrence qui existe entre ceux-ciaux physionomies smitiques et les Spbynx Egyptiensvritables. M. de oug ^^ en donne cette description :Les yeux sont petits , le nez vigoureux et arqu en mmetemps que plat, les joues sont grosses en mme tempsqu'osseuses, le menton est saillant et la bouche se faitremarquer par la manire dont elle s'abaisse aux extr-mits. L'ensemble du visage se ressent de la rudesse destraits qui le composent et la crinire touffue qui encadrela tte , dans laquelle elle semble s'enfoncer , donne aumonument un aspect plus remarquable encore."

    Les inscriptions qui se trouvent sur ces quatre Spbynxsont trs difficiles dchiffrer. H est probable qu'ils ontfigur devant le temple rig par Apophis, dont nousparlerons plus loin, et dans ce cas ils ont t nommsd'aprs le nom de ce roi.

    Outre ces Sphynx il y a trois statues de rois apparte-nant la treizime dynastie. Les inscriptions que l'on

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    40y trouve sont de date postrieure et originaires des roispasteurs. La premire statue est celle de Ea-smenkhka *'et porte le nom d^Apophis que celui-ci fit tailler dansla pierre. Cette statue aprs avoir t dcouverte ^*, a tune seconde fois enfonce dans le sable. Le pendant decelle-ci est la statue de Sveklioteph. III, qui se trouveau Louvre '^ et la troisime est celle connue sous le nomde Colosse de Tel-mokdam ^^ pourvue d'une inscriptionde Menephtali et d'un roi Hykss du nom Sutechti. ^^Nous possdons ainsi une collection de monuments de

    la treizime dynastie qui sont aussi des. tmoignages dela quinzime , puis de vritables monuments de Hykssque Fon ne connaissait pas il y a quelques annes.

    Le Louvre en possdait bien un seul ^'* mais ce n'estque depuis peu de temps, que l'on pu y dcouvrir lenom d'ApopMs. '*

    Tous ces monuments intressants ont jet beaucoup delumire sur une partie bien obscure de l'histoire. Ils nousont fait connatre l'poque de l'arrive des tribus trangreset c'est par eux que nous savons que le rgne de latreizime dynastie n'a pas t troubl par des invasions.

    Ce sont les documents d'origine Egyptienne toute purequi se trouvent dans les muses du Louvre et de Leide ^^,qui nous l'assurent. M. Lepsius et M. Bunsen sont d'avisque la prise de l'Egypte eut lieu pendant que la douzimedynastie tait en pouvoir , bien que M. de Eoug et dmontrque le Colosse de Sevekhotepb III est d'un style gyptiendes jjIus purs et que cette statue avait t trouve selonM. Mariette dans la basse Egypte, oii les tribus trangresavaient rgn. Toutefois le fait que nous possdons troismonuments de la Basse Egypte , tous du temps de la

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    41treizime dynastie, prouve videmment que l'invasion despasteuis n'a pu avoir lieu avant que la quatorzime dynastiergnait sur TEgj^tej mais il y a plus encore.

    Selon le rcit de Manethoos les Hykss dvastrent toutpar feu et par armes , dmolirent les temples et extermin-rent tout ce qui s'appelait Egyptien. Il est possible queSalatis fut un oppresseur, mais il est certain aussiqu'Apophis ne s*est pas rendu coupable de semblables vio-lences , tmoin les monuments qui ont t conservs desdynasties antrieures et les statues des Pharaons que l'ona laiss intacts et leurs inscriptions respectes. Ce sontl des preuves irrcusables que les Hykss n ont pas toutdtruit , mais qu'ils ont au contraire accept, en partie dumoins , la religion Egyptienne et qu'ils ont crit dansl'idiome de ce pays. Il est donc plus que probable queManetboos s'est laiss induire en erreur ou bien queFantipatbie contre la domination des trangers fut lacause que son coup d'oeil n a pas t impartial sur ce faitde l'histoire , prvention assez expliquable d'ailleurs , chezle prtre de Sbennyte.En rsumant ce qui prcde nous arrivons au rsultat

    que pendant le rgne de la quatorzime dynastieune invasion de tribus Palestino-Phniciennes a eu lieuen Egypte. Ces tribus plus gnralement connues sonsle nom de pasteurs du pays de Chet ou les Hykss,possdrent la Basse Egypte, s'assimilrent les moeursEgyptiennes, pratiqurent le culte Egyptien, crivirentl'idiome Egyptien et habitrent la place forte Avaris,ce qui traduit en Hbreu signifie Zoan. Us y rgnrentenviron 417 annes, depuis l'an 2101 jusqu' 1684 av.n. re selon la chronologie de M, liepsius, lorsqu'

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    42mosis les chassa. La quatorzime dynastie est appelecelle des Choites, originaire de Chois (Delta occident).Il est trs probable que cette dynastie, comme l'indiqueM. Robiou, a rgne en mme temps que les Hykss , d'osuivrait que dans la succession des rgnes , la quinzimedynastie suit immdiatement la treizime. ^"^ Sur ce d-part nous dirons encore quelques mots.

    Manethoos nous communique que le successeur deMephratuthmosis avait assig Avaris et que les pasteurss'taient loigns aprs avoir rendu la ville certainesconditions; qu'ils avaient travers les dserts de Syrie ets'taient tablis en Jude oii ils btirent la ville d'Hiro-solyma ou de Jrusalem. ^ Aprs l'expulsion des pasteurspar Thutmosis , comme le raconte Manethoos , une sriede rois se succda jusqu' x\.menophis, dont on rapportece-ci : H voulut , l'exemple de son anctre , voir lesdieux et quand il eut exprim ce dsir, il reut la rrponse qu'il serait exauc sous la condition qu'il purifieraittout le pays des lpreux et des autres gens impurs.

    Le roi enchant de cette rponse, ordonna immdiate-ment que tous ceux dans le pays qui seraient trouvsayant quelque mal physique , seraient rassembls. Lamultitude runie de cette faon , compta huit myriadesd'hommes , que le roi fit conduire aux carrires qui setrouvaient au ct oriental du Nil , pour y travailler toutcomme les ouvriers destins spcialement ce genre detravail.

    Parmi les lpreux bannis se trouvrent quelques prtrestrs rudits. Amenophis fils de Papios, sage et prophte,qui portait le mme nom que le roi , craignant que la'colre des dieux serait excite par la violence inflige aux

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    43prtres, prvit que l'on verrait arriver des gens qui d-livreraient les lpreux pour rgner ensuite pendant treizeannes sur TEgypte, mais ne se sentant pas le couragede le dire au roi de vive voix , il l'crivit. Le roi saisid'pouvante crivit sans tarder, littralement ceci: Parceque ces gens ont travaill depuis longtemps dans lescarrires, on a pri le roi de leur indiquer un endroitpour se reposer et spcialement qu'il leur serait donnune ville sans habitants qui a appartenue autrefois auxpasteurs et que Ton appel Avaris. Le roi veut bienleur accorder cela."

    Selon les anciens thologiens, la ville en question estun lieu Typhonique, c'est dire, appartenant au malinesprit.

    Quand les lpreux taient entrs dans la ville et s'ytaient tablis de manire qu'ils pouvaient prendre l'offen-sive, ils choisirent comme conducteur ou chef, certainOsarsiphos , prtre de Hliopolis , auquel ils prtrent ser-ment d'obissance absolue.

    Celui-ci leur donna une loi qui contenait qu'ils ne seprosterneraient plus devant les dieux des gyptiens etqu'ils ne s'abstiendraient plus de se servir des animauxconsidrs comme saints par les Egyptiens ; qu'au con-traire ils taient autoriss de les tuer et de se nourriravec leur chair, n'tant plus lis quoi que ce soit quine fut compris dans le serment.

    Cette affaire arrange et aprs avoir pris quelques autresmesures, toutes opposes aux moeurs Egyptiennes, lelgislateur fit rebtir les murs de la ville par une grandepartie du peuple et se prpara la guerre contre Ame-nophis. Il manda ensuite quelques prtres et quelques

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    44lpreux qu'il envoya aux pasteurs expulss par Thutmosiset qui habitaient Hirosolyma. Aprs avoir racont letraitement infme, subi par lui-mme et ses sujets de lapart du roi d'Egypte , il leur fit la proposition d'arrangerensemble une expdition contre l'Egypte. Il s'engagea leur ouvrir d'abord les portes d'Avaris , leur anciennepatrie et de leur procurer en abondance tout ce dont ilsauraient besoin; il promit de se mettre la tte descombattants , si on le dsirerait , tout en leur persuadantque la victoire serait remport facilement. Les pasteurspris de cette proposition, se htrent de rassembler 200,000guerriers, avec lesquels ils arrivrent peu aprs Avaris.

    Quand le roi Amenophis apprit la nouvelle de cetteinvasion, il en fut tout dcourag, se rappelant aussi laprdiction du fils de Papios. H convoqua le peuple ettint conseil avec les principaux. Il fit venir les animauxsacrs et en premier lieu ceux que l'on adorait dans lestemples ; il ordonna aux prtres de cacher soigneusementles images des dieux, tandis qu'il cacha son fils Sthosg de cinq ans, chez un ami. Lui-mme partit latte de 300,000 des meilleurs guerriers pour Memphis,sans tacher de rencontrer les ennemis, emporta de cetteville .... Apis et les autres animaux sacrs et se renditensuite en Ethiopie avec tous ses vaisseaux et grandnombre d'gyptiens.Le roi de l'Ethiopie l'accueilla cordialement, lui et son

    peuple et pourvut leur subsistance. Il prit aussi lesmesures ncessaires pour le sjour de treize annes , tempsfix pour l'exil fatal de tout ce monde et fit partagerentre eux des villes et des villages. Enfin il place sonarme comm sanve garde pour Amenophis et les siens,

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    45Les Solymites runis aux lpreux entrrent en Egypte,

    o ils maltraitrent les vaincus un tel point que ceuxqui furent les tmoins de leurs cruauts les appelrentles plus vils des usurpateurs. Ils brlrent les villes etles villages , commirent des actes sacrilges en dmolis-sant tout ce qu'ils trouvrent de statues et d'images desdieux. Ils turent les animaux sacrs auxquels on rendaitdes honneurs divins et en rtirent les chairs , ils contraig-nirent les prtres d'en verser le sang avec leurs propresmains , aprs quoi ils jetrent ceux-ci tout nus dehors.

    L'on prtend que le fondateur de ce nouvel tat futprtre et lgislateur originaire d'Hliopolis (On) et portaitle nom de Osarsiphos ce qui veut dire appartenant au dieuOsiris'^ (divinit qu'on adora a Hliopolis) mais qu'ilchangea ce nom en celui de Mose , lorsqu'il passadans ce peuple tranger. Plus tard Amenophis retournade l'Ethiopie avec grand nombre de guerriers , tandis queson fils Eampss (autre nom pour Sthos) avait de sonct rassembl une arme aussi. Contre ces forces runiesles pasteurs et les lpreux s'allirent , mais ils furentvaincus et les gyptiens aprs avoir tu nn grand nombred'trangers les ont poursuivi jusqu' aux frontires dela Syrie."

    En rsumant les traits principaux de l'histoire deManethoos, nous obtenons le rsultat que les Pasteursfirent une invasion en Egypte , se soumirent ce payset btirent la ville d'Avaris. Ils furent chasss ensuitepar Amosis dans la troisime anne de son rgne.(Le dpart des pasteurs eut lieu selon Manethoos envertu de certaines conditions accordes aux vaincus etpendant le rgne de Thutinosis.) Ils se rendirent en

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    46Syrie oii ils btirent la ville cVHirosolyma. Il y avaitencore un antre tribu connu sous le nom de tribu desimpurs ou des lpreux auquel fat donn la ville dserted'Avaris. Aprs avoir t opprims pendant un certain temps,ils s'y tablirent, devinrent puissants, contractrent unealliance avec les pasteurs et conquirent FEgypte. Plus tardAmenopliis et son fils Eampss g de dix-huit ans, lescbassrent leur tour et les poursuivirent jusqu^en Spie.

    Plusieurs monuments nous ont t conservs du tempsdes conflits avec les tribus trangres. Ils se succdentde la manire suivante : Le tombeau d'Ahms ; ^^ le stlede Tlioutms,*" les monuments d'Amenopbis III et celuid'Ibsamboul o. l'on trouve le rcit de la bataille queKamses Meiamun livra aux Ohets , jusqu' aux moindresdtails. Nous y lisons qu' Abms chasse les Chets dansla troisime anne de son rgne et que Thoutms III,le premier roi de la IS"" dynastie *', poussa ses conqutesjusqu' en Syrie. Amenophis III tendit son royaumejusqu''a Naharain *^ (Msopotamie). Eamses Meiamim lessoumit son tour et conquit aussi une partie de l'Asie. *'Menephta ** et son successeur Sthos ** poursuivirent cesconqutes. La vingtime dynastie, celle des Ramessidesne livra pas tant de batailles. *^ Enfin pendant le rgnede la 21""" dynastie, l'ancienne Avaris fut rebtie sous lergne des Tanites. "H nous est impossible de fixer avec certitude l'poquede l'expulsion des Hykss , parce qu'il parait que plusieursrois se sont allis ce peuple et qu'il se peut qu'ils n'ontpris la fuite qu'en partie , ou bien que ce soient les guerriersseulement qui ont t chasss. Nous trouvons ensuitequ' Amosis mit une fin la guerre avec les habitants

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    47d'Avaris , mais aussi que plus tard cette vdlle fut rendueaux tribus opprime?, tandis que celles-ci s'allirent auxHykss expulss et reconquirent l'Egypte. H nous restedes monuments qui datent de la rconciliation d'AmenopMsavec les Ethiopiens. **

    Quand nous demandons maintenant, ce qu'il y danstout ce qui prcde de vraiment historique , il me sembleque l'on peut tablir comme tel , les vnements suivants :Pendant la troisime anne du rgne d^hms, roi d'Egypte,Avaris t prise et ses habitants chasss jusqu' Shari-hna ou la plaine de Saron. ** C'tait vers l'an 1681 av.n. re. Amenophis fit encore une fois la guerre, mais selonM. de Eoug, ce fut contre d'autres tribus de pasteurs. "

    Thoutms tendit ses conqutes jusqu'en Msopotamie,d'o il suit que les tribus furent ou chasses ou soumiseset peut- tre allies. Cette dernire supposition est laplus vraisemblable, parce que nous savons que Eamsesleur fit de nouveau la guerre.

    Ce n'est donc qu'une partie qui fut chasse; jusqu' icinous ne possdons qu'un seul monument qui a rapport cet vnement. C'est un petit Sphynx la tte delion et portant le nom d'un roi Hykss. H a t trouvsous un vieux mur Bagdad et fait partie aujourdhuide la collection de M. de Saint Sauveui". Devria en donn une notice et selon lui le nom du roi est Ea-set-noub. 'n est probable que ce monument t emport parles fuyards , bannis d'Avaris ; toutefois le bannissement dupeuple tout entier , n'en reoit pas un tmoignage irrcusable.

    Il n'y pas longtemps que M. Mariette a trouv dansles environs des fouilles de Tanis , des hommes habitant

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    48Mensaleh, dont la physionomie prsente le type smitiquetout fait semblable a celui que l'on rmarque sur lesmonuments des Hykss, H dduit de cette dcouverte laconsquence intressante : que les descendants des pasteurshabitent encore de nos jours aux bouches du Nil/' "*

    m.LES GRECS.

    Quels furent d'aprs les traditions des peuples trangersles rapports qui existrent entre l'Egypte et la Phnicie?Yoil la question qui nous occupera prsent. Pour larsoudre d'une manire satisfaisante il faut que nous con-sultions en premier lieu les souvenirs que les Grecs ontconservs de ce fait historique.Nous avons vu plus haut que Toade de Dodone, qui

    selon la tradition Grecque est d'origine Egyptienne, y futtransplant par des navires Phniciens , d'o suivraitncessairement que les Grecs ont connu une trsancienne date l'existence de relations entre FEgypte et laPhnicie, tablies par la navigation.

    Strabon fait mention de la route que suivait le com-merce entre ces deux pays, et plusieurs villes Egyptien-nes taient regardes par les Grecs comme des coloniesPhniciennes. Mais il y a des preuves plus concluantesencore.

    Ils connurent par exemple un culte d'un caractrePhnicien 1res prononc et tout fait oppos au culteEgyptien. Selon Hrodote, ' Mnlaus sacrifia des enfants

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    49pendant son sjour dans la Basse-Egypte o il avait tenvoy en mission pour traiter avec le roi Prote lesaffaires d'Hlne, et en parlant du naufrage qu'il fitaprs , Euripide ^ nous communique , qu'il trouva desnavires Sidoniennes dans la Basse-Egypte, qui le ramen-rent chez lui. Plus vidents encore que ces preuves sontles mythes concernant ce peuple, que nous trouvonsconservs chez ApoUodore. s

    Ls relations intimes tablies entre les tribus Asiatiqueset les habitants de la. Basse-Egypte, sont prouves parl'origine du nom d'Egypte, qu'il fait driver du pre quifut la souche de ce peuple et qui s'appelait Aegyptus.Il tait le fils de Blus (Bel ou Baal) et d'Amphirro , lafille du Nil. Le nom d'Amphirro ne peut tre considrcomme un nom propre , dans le sens ordinaire que l'onattache cette expression; c'est plutt un nom symboliquequi signifie: celle qui est arrose de tous cots, dsig-nation donne aussi Memphis , parceque cette villetait entoure partout de canaux drivs du Nil. * A unautre endroit l'on trouve Memphis designe sous le nomd'Amphirro d'o il suivrait qu' Aegyptus serait le fils deBlus et de Memphis.^ Memphis, capitale de la Basse-Egypte et Blus , la principale divinit des tribus Asiatiquessont ainsi reprsents comme les parents d'Aegj^tus. Lesens de ce mythe rpond donc d'une manire affirmative la question qui nous occupe, savoir : Que les Grecsont eu connaissance des rapports entre l'Egypte et laPhnicie. Quelque peu nombreux qu'elles soient , lespreuves noncs nous suffisent ; seulement il nous importebeaucoup de savoir si nous pouvons acqurir quelquesclaircissements quant l'poque o ces relations ont

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    50commenc a s'tablir. Nous lisons chez Diodore quel'arrive des tribus trangres en Egypte et leur domina-tion temporaire, lui fut connu et il s'accorde avec lercit de Manetboos sur ce sujet, toutefois sans dsignerles peuples conqurants par leurs noms. Lui aussi em-prunte ce qu^il nous communique des sources connues;nous reviendrons sur cela quand nous examinerons lestraditions Eomaines.

    lY.

    LES ROMAINS.La tradition romaine pour base principale les rcits

    de Manetboos et peut-tre aussi ceux de Josphe. Encomparant les diffrentes traditions, cette assertion devientvidente.Quand on examine attentivement les citations que Jospbe

    emprunte Manetboos , on est frapp de la confusiond'ides qui s'est introduite dans les crits du premier, ceque l'on ne remarque pas^ chez le second. En nous com-muniquant les traditions de Manetboos, Josphe nousraconte en premier lieu le sjour des Pasteurs Avaris,puis leur dpart de l; plus loin il cite l'oppressionque subirent les impurs o lpreux et la libert qui leurfut rendue plus tard; aprs il fait mention du pactequ'ils firent avec les Pasteurs bannis d'Hierosolyma et laconqute de l'Egypte.Le chef du peuple alli s'y appelle Osarsipbos et Josphe

    en s'arrtant ce nom, s'exprime ainsi : ' I1 est certain

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    51que nos anctres , qui s^appellairent Pasteurs , ont abandonnl'Egypte 393 ans avant le dpart de Danaus pour Argos.Manethoos dit quelque part que nos anctres sont arrivspar milliers en Egypte , qu'ils ont assujetti les habitants etque plus tard ils se sont retirs de l^ pour aller se fixerdans le pays qui s^appelle la Jude o ils ont fond laville d'Hierosolyma et bti un temple. Il se permet ensuite des plaisanteries au sujet ds Isralites en racontantdes choses absurdes. Il nous confond par exemple avecles lpreux et nous considre comme ayant fait partie desEgyptiens qui furent chasss de l'Egypte ^ cause desmaladies impures dont ils taient ajects."Comme nous l'avons dj remarqu plus haut, Manethoos

    fait mention de Hykss et d'impurs ou lpreux et parmiles derniers il compte Mose.

    JospLe, qui fait la mme distinction, range lesIsralites parmi les Hykss. En nous abstenant d'exa-miner , s'il peut allguer pour justifier cette assertiond'autres motifs que le sentiment de nationalit froiss,nous nous bornerons constater que la confusion quirgne dans les rcits historiques partir de Manethoos,loin de diminuer, va en s'augmentant.

    Yoyons maintenant ce que nous trouvons chez Diodore,qui, comme nous le remarquions dj, cause de saconformit avec les historiens Eomains , peut tre rangparmi eux; nous y lisons : ^

    Dans ces temps l il se trouvait en Egypte grandnombre d'trangers, dont les opinions religieuses et lesmanires de sacrifier diffraient considrablement des usancesEgyptiennes , de sorte qu'ils taient regards par ceux-cicomme des gens qui scandalisaient les dieux du pays.

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    52Pour se dbarrasser de ce flau , les gyptiens rsolurent

    de les chasser de chez eux, ce qu'ils mirent excution.Les plus braves et les plus considrs parmi ces trangersbannis , se transportrent en Grce sous le commandementde Danaus et de Cadmus, tandis que les autres plus fortsen nombre , partirent pour le pays qui s'appelle aujourdhuila Jude, rgion cette poque dserte et inhabite. Lechef de cette colonie s'appelait Mose, homme minentX^ar son intelligence et sa force physique.

    Aprs avoir tabli son peuple dans les diffrentes partiesdu pays . il fit btir la ville d'Hierosolyma et le templeque l'on y garde en grand honneur.

    Il enseigna un culte divin et des crmonies sacreset fut le lgislateur du jeune tat, dont il divisa les sujetsen douze tribus, d'aprs les douze mois de l'anne. Illeur dfendit de faire l'image de Dieu , parce qu'iljugeait que le ciel qui embrasse le monde tait tout-puissant et seul Dieu, dont il tait impossible de faireune image."

    Jusqu' ici le rcit de Diodore. Il est vident qu'il puis aux sources de Josphe et de Manethoos , quoiqu'ilne fasse pas mention des Hykss et qu'il partage l'opinionde Manethoos, qui dsigne Mose comme le chef des lpreux.

    L'historien romain ne se distingue pas de son collgueGrec par des rapports plus clairs ou plus originaux.Justin ^ nous donne quelques exceptions une histoireanalogue celle que nous connaissons dj. Selon luiles Isralites seraient originaires de Damas , un tatconsidrable en Syrie, qui devait son nom au roi Damas-cus , dont les successeurs furent Azelus, Adores, Abrahamet Isral; ce dernier jouit d'une plus grande clbrit que

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    53ses prdcesseurs parce qu'il avait dix fils. Aprs avoirpartag son peuple en dix partis qu'il appelait tous juifsd'aprs Juda, il en donnait le pouvoir suprme ses fils.Le plus jeune des frres, Joseph , jeune homme d'une rareintelligence, fut cart secrtement par ses ans et vendu des marchands trangers qui le menrent en Egypte.Arriv l et vendu une seconde fois , il s'initia vite ,guid par ses dispositions naturelles , dans les secrets dela magie et sut captiver en peu de temps la bienveil-lance du roi. Il fut tellement habile expliquer dessonges , qu'il annona plusieurs annes d'avance une stri-lit de la terre qui menaait le pays d'une disette afi'reuse,dont les consquences auraient t incalculables si le roi ,persuad par son favori, n'eut ordonn des mesures afind'emmagasiner pendant plusieurs annes une partie desrcoltes.

    Ce Joseph avait un fils Mose , qui fut hritier desconnaissances de son pre et qui outre cela tait remar-quable par la beaut de sa personne. Mais les Egyptiensexhorts par l'oracle, chassrent de leur pays les nombreuxhabitants souflrants de la gale et d'autres maladies impu-res, afin de mettre un obstacle aux ravages de la peste.

    lu chef des expulss. Mose emporta les vases sacrsdes gyptiens qu''il avait vol, mais qu'il fut oblig deleur rendre, lorsqu'ils les rclamrent les armes a la main.Mose reprit le chemin de Damas, sa patrie et se reposapendant quelques jours prs du Mont Syna , cause desfatigues que le peuple avait eu endurer pendant lessept jours qu'ils mirent traverser le dsert d'Arabieet pendant quel temps ils furent privs de nourriture. Ilconsacrait pour les sicles venir le septime jour, qui

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    54selon les coutumes juives est appel Sabbath , parce quece jour avait mis un terme a leur faim et afin qu'ils nevivraient plus ensemble avec des trangers dans l'avenir,en se souvenant qu'ils avaient t cirasses de TEgypte parla crainte qu'ils communiqueraient la contagion."Nous voyons que Justin , lui aussi , consulte Jospbeou Manetboos, mais garde le silence au sujet des Hykss

    en dsignant Mose comme le cbef des lpreux.Tacite * se trouve la mme bauteur des connaissances

    bistoriques; il cite les mmes vnements, mais modifisc et l, sa manire. Son dernier livre de l'bistoirecommence par le rcit de l'expdition de Tite en Pales-tine et la conqute de Jrusalem. En traitant cettematire, il entre aussi en quelques dtails au sujet decette ville et de son origine et cite plusieurs drivationsdu nom du peuple qui l'babite et entre autres celle-ci :Da temps qu' Isis possdait la souverainet de FEgypte,une grande partie d'un certain peuple qui s'tait accruconsidrablement peu a peu, aurait migr, ^ous la con-duite de deux cbefs, Hirosolyme et Jude. Selond'autres , ce peuple serait descendu d'une nation qu' Ho-mre avait dj connu, les Solymi, qui btirent une villequ'ils appelrent, d'aprs leur propre nom Hierosolyma.Toutefois , les bistoriens les plus dignes de foi dclarentunanimement, qu'a une certaine poque, une pidmiedsola l'Egypte entire et fit dprir tout bomme quigagnait la maladie; que le roi Ocboris consulta l'oracled'Ammon , qui lui ordonna de purger son royaume et decbasser cette nation impure, comme les disgracis desdieux. Tout ce peuple fut donc rassembl et. banni dupays, puis cbass vers