Poil de carPoil de carotteotte

Jules RenardJules Renard

(1864-1910)(1864-1910)

Les poulesLes poulesJe parie, dit Mme Lepic, qu’honorine a encore oublié de fermer les Je parie, dit Mme Lepic, qu’honorine a encore oublié de fermer les

poules.poules.C’est vrai. On peut s’en assurer par la fenêtre. Là-bas, tout au fond de la C’est vrai. On peut s’en assurer par la fenêtre. Là-bas, tout au fond de la

grande cour, l’abri aux poules découpe, dans la nuit, le carré noir de grande cour, l’abri aux poules découpe, dans la nuit, le carré noir de sa porte ouverte.sa porte ouverte.

Félix, si tu allais les fermer ? dit Mme Lepic à l’aîné de ses trois enfants.Félix, si tu allais les fermer ? dit Mme Lepic à l’aîné de ses trois enfants.Je ne suis pas ici pour m’occuper des poules, dit Félix, garçon pâle, Je ne suis pas ici pour m’occuper des poules, dit Félix, garçon pâle,

indolentindolent et et poltronpoltron..Et toi, Ernestine ?Et toi, Ernestine ?Oh ! moi, maman, j’aurais trop peur !Oh ! moi, maman, j’aurais trop peur !Grand frère Félix et soeur Ernestine lèvent Grand frère Félix et soeur Ernestine lèvent à peineà peine la tête pour répondre. la tête pour répondre.

Ils lisent, très intéressés, lesIls lisent, très intéressés, les coudes coudes sur la table, presque front contre sur la table, presque front contre front.front.

Dieu, que je suis bête ! dit Mme Lepic. Je n’y pensais plus. Poil de Dieu, que je suis bête ! dit Mme Lepic. Je n’y pensais plus. Poil de carotte, va fermer les poules !carotte, va fermer les poules !

Elle donne ce petit nom d’amour à son dernier-né, parce qu’il a les Elle donne ce petit nom d’amour à son dernier-né, parce qu’il a les cheveux roux et la peau couverte de taches de rousseur. Poil de cheveux roux et la peau couverte de taches de rousseur. Poil de carotte, qui joue à rien sous la table, se dresse et dit avec timidité :carotte, qui joue à rien sous la table, se dresse et dit avec timidité :

Mais, maman, j’ai peur aussi, moi.Mais, maman, j’ai peur aussi, moi.Comment ? répond Mme Lepic, un grand gars comme toi ! Comment ? répond Mme Lepic, un grand gars comme toi ! C’est pour rire. Dépêche-toi, s’il te plaît !C’est pour rire. Dépêche-toi, s’il te plaît !On le connaît ; il est On le connaît ; il est hardihardi comme un bouc, dit sa soeur comme un bouc, dit sa soeur Ernestine.Ernestine.Il ne craint rien ni personne, dit Félix, son grand frère.Il ne craint rien ni personne, dit Félix, son grand frère.Ces compliments Ces compliments enorgueillissentenorgueillissent Poil de Carotte et, Poil de Carotte et, honteuxhonteux d’en être indigne, il d’en être indigne, il luttelutte déjà déjà contrecontre sa couardise. Pour sa couardise. Pour l’encourager définitivement, sa mère lui promet une l’encourager définitivement, sa mère lui promet une giflegifle..Au moins, élcairez-moi, dit-il.Au moins, élcairez-moi, dit-il.Mme Lepic hausse les épaules, Félix sourit avec mépris. Seule Mme Lepic hausse les épaules, Félix sourit avec mépris. Seule pitoyablepitoyable, Ernestine prend une bougie et accompagne petit , Ernestine prend une bougie et accompagne petit frère jusqu’au bout du frère jusqu’au bout du corridorcorridor..Je t’attendrai là, dit-elle.Je t’attendrai là, dit-elle.Mais elle s’enfuit tout de suite, Mais elle s’enfuit tout de suite, terrifiéeterrifiée parce qu’un fort coup de parce qu’un fort coup de vent fait vent fait vacillervaciller la lumière et l’éteint. la lumière et l’éteint.

Poil de Carotte, Poil de Carotte, les fesses collées, les talons plantésles fesses collées, les talons plantés, se met à , se met à trembler dans les ténèbres. trembler dans les ténèbres. EllesElles sont si épaissens qu’il se croit sont si épaissens qu’il se croit aveugle. Parfois une aveugle. Parfois une rafalerafale l’enveloppe, l’enveloppe, comme un drap glacé,comme un drap glacé, pour pour l’emporter. Des renards, des loups même ne lui soufflent-ils pas l’emporter. Des renards, des loups même ne lui soufflent-ils pas dans ses doigts, sur sa joue ? Le mieux est de se précipiter, dans ses doigts, sur sa joue ? Le mieux est de se précipiter, au jugerau juger, , vers les poules, la tête en avant, afin de trouer l’ombre. vers les poules, la tête en avant, afin de trouer l’ombre. TâtonnantTâtonnant, , il saisit le crochet de la porte. Au bruit de ses pas, les poules il saisit le crochet de la porte. Au bruit de ses pas, les poules effarées s’agitenteffarées s’agitent en en gloussant gloussant sur leur sur leur perchoirperchoir..

Poil de Carotte leur crie : « Taisez-vous, donc, c’est moi ! », ferme Poil de Carotte leur crie : « Taisez-vous, donc, c’est moi ! », ferme la porte et se sauve, la porte et se sauve, les jambes, les bras comme ailésles jambes, les bras comme ailés. Quand il . Quand il rentre, haletant, fier de lui, dans la chaleur de la lumière, il lui rentre, haletant, fier de lui, dans la chaleur de la lumière, il lui semble qu’il semble qu’il échange échange des loques pesantes de boue et de pluie des loques pesantes de boue et de pluie contre contre un vêtement neuf et léger. Il sourit, se tient droit, dans son orgeuil, un vêtement neuf et léger. Il sourit, se tient droit, dans son orgeuil, attend les félicitations, et maintenant hors de danger, cherche sur le attend les félicitations, et maintenant hors de danger, cherche sur le visage de ses parents la trace des inquiétudes qu’ils ont eues.visage de ses parents la trace des inquiétudes qu’ils ont eues.

Mais grand frère Félix et soeur Ernestine continuent tranqillement Mais grand frère Félix et soeur Ernestine continuent tranqillement leur lecture, et Mme Lepic lui dit, de sa voix naturelle :leur lecture, et Mme Lepic lui dit, de sa voix naturelle :Poil de Carotte, tu iras les fermer tous les soirs.Poil de Carotte, tu iras les fermer tous les soirs.

Etre peureux comme un lapinEtre gourmand comme un chat(une chatte)Etre curieux come une chatteEtre connu comme le loup blancEtre doux comme un mouton( /agneau)Noir comme un corbeaumuet comme un poissonheureux comme un poisson dans l’eaugai comme un oiseaugros /gras comme un cochonsale comme un cochonfort comme un boeuf

La cigale et la fourmieLa cigale et la fourmie

La cigale , ayant chantéTout l'été,

Se trouva fort dépourvueQuand la bise fut venue.

Pas un seul petit morceau De mouche ou de vermisseau

Elle alla crier famineChez la fourmi sa voisine,

La priant de lui prêter Quelque grain pour subsister

Jusqu'à la saison nouvelle «Je vous paierai, lui dit-elle,

Avant l'août , foi d'animal,Intérêt et principal .»

La fourmi n'est pas prêteuse ; C'est là son moindre défaut.

«Que faisiez-vous au temps chaud ? Dit-elle à cette emprunteuse.

Nuit et jour à tout venant Je chantais, ne vous déplaise.

- Vous chantiez ? j'en suis fort aise. Eh bien : dansez maintenant.»

Le Corbeau et le Renard

Maître Corbeau, sur un arbre perché,Tenait en son bec un fromage.

Maître Renard, par l'odeur alléché,Lui tint à peu près ce langage :

"Hé ! bonjour, Monsieur du Corbeau.Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau !

Sans mentir, si votre ramageSe rapporte à votre plumage,

Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois. "A ces mots le Corbeau ne se sent pas de joie ;

Et pour montrer sa belle voix,Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.

Le Renard s'en saisit, et dit : "Mon bon Monsieur,Apprenez que tout flatteur

Vit aux dépens de celui qui l'écoute :Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute. "

Le Corbeau, honteux et confus,Jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus

Le Loup et l'Agneau

La raison du plus fort est toujours la meilleure : Nous l'allons montrer tout à l'heure.

Un Agneau se désaltérait Dans le courant d'une onde pure.

Un Loup survient à jeun qui cherchait aventure, Et que la faim en ces lieux attirait.

Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ? Dit cet animal plein de rage : Tu seras châtié de ta témérité.

- Sire, répond l'Agneau, que votre Majesté Ne se mette pas en colère ;

Mais plutôt qu'elle considère Que je me vas désaltérant

Dans le courant, Plus de vingt pas au-dessous d'Elle,

Et que par conséquent, en aucune façon, Je ne puis troubler sa boisson.

- Tu la troubles, reprit cette bête cruelle, Et je sais que de moi tu médis l'an passé.

- Comment l'aurais-je fait si je n'étais pas né ? Reprit l'Agneau, je tette encor ma mère.

- Si ce n'est toi, c'est donc ton frère. - Je n'en ai point. - C'est donc quelqu'un des tiens :

Car vous ne m'épargnez guère, Vous, vos bergers, et vos chiens.

On me l'a dit : il faut que je me venge. Là-dessus, au fond des forêts

Le Loup l'emporte, et puis le mange, Sans autre forme de procès.

Antoine de Saint-Antoine de Saint-ExuperyExupery

(1900-1944)(1900-1944)

Un pour tous,tous pour unUn pour tous,tous pour un

L’union fait la force.

Il se faut s’entraider, c'est la loi de la nature.

paquerette

narcisse

giroflee

jasmin

houx

trefle

muguetlierre

chene