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EHESS Politique de la mémoire. Commémorer la révolution by J. Davallon; Ph. Dujardin; G. Sabatier Review by: Danièle Hervieu-Léger Archives de sciences sociales des religions, 40e Année, No. 90 (Apr. - Jun., 1995), pp. 85-86 Published by: EHESS Stable URL: http://www.jstor.org/stable/30116343 . Accessed: 17/06/2014 16:42 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . EHESS is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Archives de sciences sociales des religions. http://www.jstor.org This content downloaded from 185.2.32.58 on Tue, 17 Jun 2014 16:42:40 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Politique de la mémoire. Commémorer la révolutionby J. Davallon; Ph. Dujardin; G. Sabatier

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Politique de la mémoire. Commémorer la révolution by J. Davallon; Ph. Dujardin; G. SabatierReview by: Danièle Hervieu-LégerArchives de sciences sociales des religions, 40e Année, No. 90 (Apr. - Jun., 1995), pp. 85-86Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30116343 .

Accessed: 17/06/2014 16:42

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BULLETIN DES OUVRAGES

tion de l'homme devant Dieu s'ophre aussi en conformit6 avec cette exigence m6thodique fondamentale: en accord avec l'autonomie de la raison morale>>.

L'optimisme du grand philosophe n~o-kan- tien et sa foi dans le progrbs de l'humanit6 - malgr6 la guerre mondiale, h peine mentionn6e

en passant- sont in6branlables: eLe pessi- misme est contredit par l'ind6niable progrbs de l'histoire . Cet optimisme trouve sa source ul- time dans une v6ritable thdodicee, qui lui per- met d'expliquer certains faits tragiques telles les souffrances historiques du peuple juif : e Le peuple messianique souffre en tant que repr6- sentant de la souffrance humaine (...) la lu- mitre de la th6odic6e vient 6clairer cette 6nigme de l'histoire universelle>>.

La principale difficult6 de cette d6monstra- tion est, A ses yeux, l'antinomie entre le par- ticularisme juif et l'universalisme de son 6thique messianique. I1 la r6sout par une grille d'interpr6tation qui traduit syst6matiquement le premier dans le langage du deuxihme: Le patriotisme des prophites n'est A vrai dire qu'un universalisme >>.

Contrairement A tous les peuples qui situent l'age d'or dans le pass6, le peuple juif est le seul, selon H. C., i attendre de l'avenir une 6volution de l'humanit6 - non sous la forme d'une efin des temps> eschatologique, mais d'une am61ioration de la vie humaine, grace h la fin des guerres et de l'injustice sociale. Cet avenir messianique trouve sa source dans le so- cialisme 6thique de la 16gislation mosafque sur la pauvret6, dans l'institution du shabbat et dans les visions d'une r6conciliation univer- selle des grands prophites d'Israbl.

Dans cet 6difice conceptuel h l'architecture impressionnante, chaque figure contribue A l'harmonie de l'ensemble, et le tout ressemble i une cath6drale philosophique i la gloire du Dieu monoth6iste et de la Raison Universelle.

Michael L6wy.

90.21

Croyances. Raison presente, n0 113, Paris, Nouvelles Editions Rationalistes, ler trimestre 1995, pp. 1-116.

Parmi les cinq articles de ce dossier SCroyances... >, trois en particulier peuvent re-

tenir notre attention. Si J.-C. Schmitt souligne en premier lieu les diff6rences entre eLa croyance au Moyen Age et celle qui peut en- core subsister de nos jours (une diff6rence de contenus essentiellement, car ceux-ci sont lar- gement inform6s par les cadres sociaux de la

croyance - culture et encadrement institution- nel), il fait ressortir ensuite les analogies exis- tantes, d'hier t aujourd'hui, quant aux modalitis du croire: le fait que celui-ci soit plus un acte d'6nonciation, adoss6 i des pra- tiques produisant du croire et du faire croire, qu'un 6nonc6 fig6; plasticiti de la croyance et de la v6rit6 elle-mhme donc, oht joue en outre la dialectique entre croyances individuelle et collective. Ii s'agirait 1l d'un fonctionnement g6n6ral des croyances. P. Cingolani d6veloppe, dans une perspective durkheimienne, une ana- lyse de la 16gitimation de la croyance dans le Renouveau charismatique frangais: appuy6e d'abord sur l'exp6rience personnelle, cette croyance serait aussi sujette A des appropria- tions e de type totalitaire - et ce, < malgr6 le contr61e de l'E glise>>- susceptibles de conduire t une normativit6 sociale forte alors m~me que le Renouveau partage avec le Nou- vel Age, dans une certaine mesure, un certain type de religiosit6 et le souci d'6panouissement personnel. Enfin l'article de J.-M. Besnier sur << Tocqueville, entre religion et avenir>> expose les positions respectives de Tocqueville et de Marcel Gauchet sur la nature et la fonction so- ciale de la religion: fonction de moralisation et de coh6sion sociale, mais aussi figure de l'avenir et de l'esp6rance chez Tocqueville; il- lusion d'une transparence de la soci6t6 i elle- mhme permettant d'abolir tout conflit social selon Gauchet; d'oih le d6saccord de ces au- teurs sur le rapport de la religion A la d6mo- cratie et au totalitarisme : en sugg6rant toujours un ailleurs et en renongant h figurer l'id6al eschatologique, la religion serait pour le premier- -i condition d'htre d6pouill6e de toute adh6sion aveugle A quelque dogme - po- tentiellement subversive de tout Etat totali- taire; pour M. Gauchet au contraire, le totalitarisme, tentative de restaurer l'ad6qua- tion de la soci6t6 avec elle-mime, repr6sente- rait une solution de substitution au principe religieux dans des soci6t6s en train de se d&- faire de la religion.

Martine Cohen.

90.22 DAVALLON (J.), DUJARDIN (Ph.),

SABATIER (G.), 6ds. Politique de la mimoire. Commemorer la r&- volution. Lyon, P.U.L., 1993, 245 p.

e L'objet de cet ouvrage - nous prdcisent les auteurs - est la commhmoration, ses conditions de possibilit6, ses modalitds, ses enjeux et ef- fets dans le champ civique contemporain >>. Si l'on considhre qu'un trait sp6cifique du mode

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

de croire religieux est la r6f6rence qu'il impli- que A la continuit6 d'une lign6e croyante, et si l'on admet qu'en cons6quence l'anamnbse est au centre de tout acte religieux, on ne s'6- tonnera pas que cet ouvrage, qui est le r6sultat de plusieurs manifestations qui ont marqu6 la c616lbration du bicentenaire de la R6volution Frangaise a Lyon, puisse retenir particulibre- ment l'attention de sociologues du religieux, attentifs, en particulier, A l'identification des traits possiblement religieux du croire politi- que. Deux ensembles de textes visent g 6clairer la nature, la signification culturelle et la fonc- tion sociale du geste comm6moratif. Le pre- mier concerne les espaces et les strat6gies du faire m6moire : la mise en perspective de deux moments de la comm6moration des 6v6ne- ments dauphinois de 1788, en 1888, puis lors du bicentenaire, permet t Robert Chagny, A tra- vers l'6volution du e mythe de Vizille >>, de cer- ner les usages changeants d'un haut-lieu; Jean-Cl6ment Martin montre, dans son 6tude sur la Vend6e, comment une soci6t6 marqu6e par le souvenir direct des malheurs et des vio- lences des ann6es 1792-1794, est devenue au XIXe sidcle, une r6gion-m6moire, subsumant toute l'histoire des r6sistances h la R6volution; le rapprochement de la c616bration du cente- naire de la R6volution a Lille, Marseille et Toulouse ou l'6vocation de celle du bicente- naire a Lyon permettent de prendre la mesure de la plasticit6 de la m6moire et la fagon dont la comm6moration reconstruit le souvenir commun en 6pousant les enjeux locaux du pr6- sent. La seconde partie de l'ouvrage, qui porte sur les modes de ritualisation du faire m&- moire, n'est pas moins riche: on remarquera particuliarement, du point de vue d'une analyse des religiosit6s s6culibres, les correspondances qui s'6tablissent dans les comm6morations sportives de 1889 a Lyon, entre le registre du sport, celui du politique et celui des c616bra- tions religieuses proprement dites. La mise en rapport, 6tablie par Philippe Dujardin, entre l'affirmation du triomphe de la R6publique au- quel donne lieu la comm6moration du 14 Juil- let 1889 et la <c616bration cr6pusculaire> du cent-cinquantenaire de 1939, offre une illustra- tion aigue des processus de recomposition symbolique des espaces et des pratiques comm6moratives. La postface de Jean Daval- Ion probl6matise la comm6moration comme une pratique symbolique qui restitue au regis- tre de la m6moire collective ce qui 6tait du do- maine de l'histoire, pratique dont il faut comprendre le fonctionnement et l'op6rativit6 du point de vue politique. Cette perspective, qui conduit a situer le rite comm6moratif - au- dela des strat6gies politiques de positionne- ment et de reconnaissance - a l'intdrieur d'une

logique de croyance ne concerne pas seulement la mise en place des fondements d'une science politique historique, elle int6resse au plus haut point le d6veloppement d'une sociologie du croire en politique qui fait partie int6grante d'une sociologie de la modernit6 religieuse.

Danible Hervieu-L6ger.

90.23 DUNDAS (Paul).

The Jains. London, New York, Routledge, 1992. 276 p. (eThe Library of Religious Be- liefs and Practices >>).

Bonne pr6sentation d'une des plus anciennes religions de l'Inde, qui, quoique toujours trbs minoritaire (il y a aujourd'hui moins de deux millions de jains) a brillamment contribu6 g la civilisation indienne. La vitalit6 et la richesse actuelles de la communaut6 jaine, form6e pour l'essentiel de castes marchandes >>, la beaut6, la somptuosit6 parfois, et la c616brit6 de cer- tains de ses sanctuaires, sa tradition lettrde, sa stricte d6fense des id6aux de non-violence, donnent de nos jours encore au Jinisme un poids sans rapport avec son importance num&- rique. D'oi l'int6r&t qu'il y a i le connaitre.

L'Auteur pose, judicieusement, en commen- Cant, la question de l'identit6 jaine: n'ayant pas 6chapp6 a l'habituelle 6volution sociale hindoue de la secte a la caste (qu'avait d6crite Louis Dumont), les jains ont en effet, au moins par certains c8t6s, tendance a s'agr~ger socia- lement a l'ensemble hindou au point de n'en apparaitre parfois que comme une portion ou une variante. Mais ils ne perdent pas pour au- tant le sens de leur originalit6, non plus que leurs croyances et pratiques propres - m~me si celles-ci incluent parfois des 616ments hindous.

L'ouvrage est avant tout historique et bas6 sur une 6tude (tris comp6tente) des textes. Un premier chapitre traite des vingt-quatre Tir- thamkaras (les <<Batisseurs de ponts >), c'est- a-dire les Sages Victorieux, les Jina (d'ou les termes jinisme et jain), qui, selon la tradition, r6v61lrent cette religion depuis l'origine des temps, mais dont seuls les deux derniers ont eu une existence historique, I'un, deux ou trois sidcles avant le Bouddha, I'autre (le seul qui soit attest6), vers la meme 6poque que ce der- nier. Est ensuite d6crite la principale division des jains : en deux groupes, les Shvetambaras (< vitus de blanc >) et les Digambaras (< < vtus d'espace e), ainsi nomm6s selon que les aschtes renongants y sont vitus de blanc (shveta) ou d'espace, c'est-a-dire nus, ces derniers 6tant plus nombreux en Inde du Sud. Sont examines ensuite les Ecritures jaines, la doctrine qu'elles

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