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. Document à. diffusion restreinte Rapport technique RP/1986-1987/11.1.2 - Ulf SCO MADAGASCAR Promotion de campagnes et de programmes d'alphabétisation et de post-alphabétisation des jeunes et des adultes Par Alfonso Lizarzaburu - - W Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture Paris, 1987

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.

Document à. diffusion restreinte Rapport technique RP/1986-1987/11.1.2

- U l f S C O

M A D A G A S C A R

Promotion de campagnes et de programmes d'alphabétisation et de post-alphabétisation des jeunes et des adultes

Par

Alfonso Lizarzaburu

--W

Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture

Paris, 1987

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M A D A G A S C A R

POLITIQUE DE POST-ALPHABETISATION

Par Alfonso Lizarzaburu

Rapport établi à l'intention du Gouvernement de la République démocratique de Madagascar .

par l'organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture

U N E S C O

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Rapport technique

FMR/ED/PLA/87/125FiZarzaburu '

le 30 septembre 1987

0 . Unesco 1987 ,

Printed in France

RP/1986-1987/11.1.2

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TABLE DES MATIERES

Page

INTRODUCTION 1

A. EVOLUTION DU SYSTEME EDUCATIF ET D'ALPHABETISATION/ 3 POST-ALPHABETISATION A MADAGASCAR

- Evolution du système éducatif 3 - Evolution de l'alphabétisation/post-alphabétisation 10

B. ANALYSE ET CONCLUSIONS 19

C . RECOMMANDATIONS 36

- Information et étude de base pour la prise de décisions 36

- Politique et stratégie 38

- Ressources 41

- Conception et production de matériel didactique et de technologie éducative 45

- Organisation 47

- Recommandations finales 47

ANNEXES

ANNEXE 1 - Liste des personnes et institutions consultées

ANNEXE 2 - Références bibliographiques et bibliographie sommaire

48

52

ANNEXE 3 - Coopération Unesco/Madagascar: Recherche de financement extra-budgétaire - Proposition d'un projet pour la consolidation et le développement de la post-alphabétisation à Madagascar 55

ANNEXE 4 - Remarques sur la "Proposition d'un projet pour la consolidation et le développement de la post-alphabétisation à Madagascar 65

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- 1 -

INTRODUCTION

1. Les autorités du Ministère de la Population, de la Condition sociale,

de la Jeunesse et des Sports (MPJS) de la République démocratique de

Madagascar ont demandéà l'Unesco en date du.:Ier février1986 les services

d'un consultant ayant pour mission d'aider les responsables de l'éduca-

tion populaire et de l'alphabétisation dans le domaine de la-post-alpha-

bétisation.

2. Le nrésent rapport couvre la mission que M. Alfonso Lizarzaburu a

effectuée, du 30 août au 22 se,wtembre 1986, comme consultant de l'Unesco

auprès de la Direction de l'éducation populaire et de l'alphabétisation

(DEPA) du MPJS, au titre du Programme ordinaire de l'Unesco pour 1986-1987.

3. Les tâches mentionnées dans le contrat du consultant étaient les

suivantes:

- Aider les autorités de la République démocratique de Madagascar à élaborer et à clarifier une ébauche de politique et de pratiques conséquentes en matière de post-alphabétisation portant entre autres sur l'acquis des apprentissages pédagogiques et l'intégra- tion d'activités productives dans les actions de post-alphabétisa- tion ;

- Aider, par ailleurs, à l'établissement de documents appropriés en termes de programme et de budget pouvant permettre la recherche de fonds extra-budgétaires pour la mise en oeuvre de la politique de post-alphabétisation ainsi établie;

- Aider à préciser les termes de référence et le programme d'un voyage d'étude pour un spécialiste malgache en matiére de post- alphabétisation en République unie de Tanzanie demandé par le Gouvernement malgache à l'Unesco en date du ler février 1986.

4. En conséquence, le présent rapport se divise en trois chapitres:

- le premier, Evolution du Système éducatif et de l'alphabétisation/ post-alphabétisation à Jladagascar, prowose à l'attention des au-

torités nationales concernées, des considérations qui tiennent

compte de l'expérience acquise en Xésublique démocratique de

Madagascar;

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- 2 -

- le deuxième, analyse et conclusions, présente un examen détail- lé de la problématique de l'alphabétisation/post-alphabétisa-

tion à Madagascar à partir de l'expérience malgache et interna-

tionale, et en tire les conclusions les plus importantes;

- le troisième, Recommandations, propose, 2 partir de l'analyse

et des conclusions précedentes, un ensemble de propositions

émises envuede la formulation d'une politique nationale de

post-alphabétisation et la réalisation d'actions conséquentes

dans ce domaine.

5. Sont consignées, en Annexes, une liste des personnes et d'institu-

tions consultées par l'auteur, ainsi que les références bibliographi-

ques correspondant au texte du rapport et une bibliographie sommaire

d'ouvrages complémentaires consultés. De même, dans cette section se

présentent les documents "Coopération Unesco/Pladagascar: Recherche de

financement extra-budgétaire. Proposition d'un projet pour la consoli-

dation et le développement de la post-alphabétisation à Madagascar",

destiné à la mise en oeuvre de la politique de post-alphabétisation

établie, en favorisant l'obtention de fonds extra-budgétaires et "Re-

marques sur la proposition d'un projet pour la consolidation et le dé-

veloppement de la post-alphabétisation à Madagascar" qui constitue une

analyse de faisabilité du projet précédent.

6.

sairement ceux de l'Unesco.

Les points de vue exprimés dans ce rapport ne reflètent pas néces-

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- 3 -

A. EVOLUTION DU SYSTEME: EDUCATIF ET DE L'ALPiiABETISATION/

POST-ALPHABETISATION A MADAGASCAR

7. L'analphabétisme n'est qu'un élément indissociable d'une situation

culturelle totale. Le degré d'alphabétisation est, en même temps, un

indicateur trop pau,vre pour rendre compte de la transition complexe

d'une situation culturelle 5 une autre, mais c'est également une con-

dition essentielle de cette transition. Il faut donc situer l'analpha-

bétisme dans le contexte plus vaste de la structure sociale globale

d'un pays et de sa dynamique historique pour en comprendre la vraie

nature et déterminer ainsi les types d'interventions susceptibles de

le réduire, voire de l'éradiquer. Voilà pourquoi il convient de donner

un bref aperçu historique de l'évolution du système éducatif et de

l'alphabétisation/post-alphabétisation à Madagascar.

Evolution du système éducatif

1820-1896

8. La première école publique malgache fut fondée par les mission-

naires de la London Missionary Society (LMS) 3 Antananarivo le 8 dé-

cembre 1820. Elle n'admet d'abord que des enfants nobles de l'entou-

rage du roi. Mais l'arrivée d'autres missionnaires, par la suite, per-

met à la population d'Antananarivo et des environs de bénéficier de

l'enseignement. En 1827, le révérend Jones évaluait 2 4.000 le nombre

de personnes sachant lire et écrire 2 Antananarivo. En 1828,il y avait

28 écoles avec 2 309 élèves inscrits et 44 maîtres pour l'imerina; 14

écoles existaient en outre pour l'Imano, le Betsileo et le Vonizongo.

9. Un travail important était à faire. Il fallait tout d'abord éta-

blir l'orthographe, codifier la langue et lui fixer un. cadre grammati-

cal, traduire les textes et enfin les imprimer.

10. Dès 1826 les décisions du roi étaient affichées à la Forte du

palais. L'imprimerie arriva en 1827. En 1828, les premiers abécédaires

furent imprimés.

11. Le règne de Ranavalona Ire. (1828-1861) est marqué par une réaction

de défense de la civilisation traditionnelle face 2 la pénétration

étrangère. Cependant, les successeurs de c-ette reine rouvrent les portes

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- 4 -

aux influences européemes.En 1863, l'ensemble des écoles des missions

protestantes et catholiques ne comptaient pas plus de 5 O00 élèves.

Même si ces missions essaient d'étendre leurs activités à toute l'Iie,

elles travaillent surtout en Imerina et dans le pays betsileo.11 en ré-

sulte un fossé séparant les habitants de ces régions, peu à peu im-

prégnés de culture occidentale, de ceux du reste de 1'Ile lesquels ne

commencent 2 êtrepénétrés de cette civilisation qu'avec la colonisa-

tion française en 1894.

12. Les progrès de l'enseignement en pays merina et betsileo son favo-

risés en premiex lieu par la politique du Premier Ministre Rainilaiari-

vony qui proclame mëme l'instruction obligatoire pour les enfants de 7

à 16 ans en 1879 et dans le Code de 1881, ce qui entraîne un accrofs-

sement du nombre des élèves et des établissements scolaires. C ' est

ainsi que danS.son NO 17 de février 1885, le Madagascar Times publie

sur l'action scolaire des deux missions protestantes les plus impor-

tantes un tableau qui permet d'établir l'existence de 1 155 écoles,

133 695 élèves inscrits, 79 324 élèves assidus et 41 168 élèves capa-

bles de lire.

13. Par ailleurs, le développement rapide de l'enseignement n'aurait

pas été possible sans l'aide apportée par l'imprimerie. Dès 1827, les

missionnaires utilisent une presse qui produit, outre la Bible et

d'autres ouvrages religieux, des livres scolaires. Dès 1862, la mis-

sion de Londres monta une nouvelle presse et, en 1866,elle commença la

publication du premier périodique et langue ma1gache:Teny Soa (La Bon-

ne Parole). Entre 1870 et 1880, cette mission fait paraître en moyenne

15 O00 exemplaires de manuels scolaires et de livres religieux par an.

14. Les autres missions utilisent à leur tour une presse, dans les

mêmes buts: la mission catholique en 1866 (elle édite des ouvrages sco-

laires et un petit bulletin en langue malgache, le Resaka), la mission

anglicane en 1876, la mission norvégienne en 1877. En 1875 paraît la

publication en langue anglaise Antananarivo Annual, qui connut du SUC-

cés dans les milieux aisés tananariviens. Par ailleurs, une imprimerie officielle installée en novembre 1896 permet aussi au gouvernement

merina de publier les discours des autorités et les lois.

15. Ainsi à la veille de la colonisation française en 1894,il y aurait

eu 137 356 &lèves dans les écoles protestantes, tandis que l'enseigne-

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- 5 -

ment catholique s'occupe de 26 739 élèves.

16. L'instruction comporte, au départ, exclusivement un enseignement

elémentaire,en malgache.Cependant,les missionnaires jugent très vite

utile d'assurer en plus un enseignement de niveau plus élevé pour for-

mer des instituteurs et des évangélistes et pour fournir au gouverne-

ment les cadres dont il a besoin pour les divers rouages d'une admi-

nistration qui devient de plus en plus complexe. C'est ainsi que la

London Missionary Society fonde une Ecole normale dès 1862 tandis

qu'Un Collège pastoral commence à fonctionner en 1869. D'autre part,

une Académie médicale missionnaire ouvre ses portes en 1870.

1896-1958

17. La politique scolaire du colonisateur visait la francisation et la

laïcisation de l'enseignement. Législation et programmes traduisaient

dans leur ensemble le désir d'affirmation de sa puissance et de sa do-

mination.

18. La législation scolaire du Général Gallieni,premier Gouverneur ci-

vil et militaire entre 1896 et 1905, livre les écoles des missions

uniquement

d'exister, de se développer ou de se supprimer. Son successeur, le

verneur Augagneur, ne jugera pas tolérable ce régime de liberté et

s'attachera 2 rendre la vie impossible 2 ces mêmes écoles.

19. En 1910, 16 ans après l'initiation de la colonisation, on ne comp-

tait plus que 80 O00 élèves dans le niveau primaire pour l'ensemble de

Madagascar (dont 60 O00 dans l'enseignement officiel et 20 O00 dans le

privé). Il faudra arriver aux environs de 1925 pour que le nombre des

élèves revienne à ce qu'il était en 1882 (en cette année, la revue

Antananarivo Annual avait publié les statistiques de 1'époque:le total

des élèves inscrits s'élevait alors à 146 521).

20. A l'époque il y avait séparation entre les écoles européennes et

les écoles officielles destinées aux Malgaches en général; elles dif-

fèrent par leur finalité, leur programme d'enseignement, les condi-

tions d'accès, etc.

21. Même si le but de l'enseignement de type malgache reste presque

exclusivement la formation de fonctionnaires, même après la réforme du

à leurs propres ressources, mais elles les laissent libres

. .

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- 6 -

11 novembre 1951, le nombre des écoles ouvertes ne cesse d'augmenter,

surtout après 1945. Le pays est doté non seulement d'écoles du premier

degr& (équivalant à peu près aux écoles primaires),d'écoles régionales

mais aussi de deux Lycées (Gallieni et Jules Ferry, 2 Antananarivo).

Après1945, un embryon d'université est même créé dans la capitale.

22. Cependant la scolarisation reste faible: en 1950, 34% seulement

des enfants d'âge scolaire ffequentent effectivement l'école et 35% en

1952. Le pourcentage des -adultes qui savent lire estencoreplus faible:

30% 2 35% seulement de la population de plus de 14 ans.

23. D'autre part, l'on semarque un déséquilibre régional flagrant de

la répartition de la population "lettrée". Les populations des Hautes

Terres Centrales (régions d'Antananarivo, Fianarantsoa, Ambatondrazaka)

sont celles qui comportent le plus de "lettrés" tandis que celles du

sud (Bara, Antandroy, etc.) se caractérisent par des pourcentages très

élevés d'analphabètes. Cette forte différence s'explique tout d'abord

par l'installation des missionnaires anglais dès le début du XIXe siè-

cle, dont les activités étaient cantonnées presque exclusivement sur

les Hautes Terres Centrales, surtout dans la région d'Antananarivo.

24. Cette inégale répartition de la scolarisation entre le centre et

les régions côtières se trouve doublée d'une opposition entre ville et

campagne, les établissement scolaires étant créés de préférence dans

les villes. Dans ce domaine, la région d'Antananarivo se trouve encore

privilégiée puiçqu'elle compte plusieurs agglomérations suburbaines.

25. En 1956, le nombre d'élèves dans l'enseignement primaire était de

288 400 (dont 190 200 dans l'enseignement public et 98 200 dans l'en-

seignement privé). Le nombre des enfants fréquentant les écoles du premier degré représentait environle quart des enfants en âge scolaire

et le nombre des maîtres était notoirement insuffisant pour le nombre

des élèves inscrits, et certains instituteurs avaient la charge de 100

et même de 150 enfants.

26. En 1954, l'enseignement secondairecomptait12 295élèves (dont 3.815 dans l'enseignement public et 8 480 dans l'enseignement privé) mais à

peine la moitié des places pouvait revenir à des Malgaches, le reste

étant occupé par des enfants d'origine européenne (I)~.

(x) Voir références numérotées en Annexe 2 (A)

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- 7 -

1958-1985

27. Dès l'accession de Madagascar à l'indépendance,les différents gou-

vernements ont accordé une place importante à l'éducation; ils ont dû

faire face à une importante poussée démographique et à l'accroisse-

ment de la demande de la population, dans un contexte économico-

financier d'insuffisance de ressources et avec le lourd héritage colo-

nial d'un système éducatif élitiste et inadapté aux besoins du pays.

28. Des efforts importants ont été consentis visant 3 démocratiser le

systëme éducatif et à "malgachiser" l'éducation. De même, en matière

d'éducation de masses, Madagascar est l'un des premiers pays à avoir

retenu la formule de l'animation rurale comme une voie capable de mo-

difier considérablement les conditions générales d'ouverture du monde

rural au progrès technique nécessaire à sa transformation et à sa pro-

motion.

29. A partir de 1975, dans le cadre de son orientation politique géné-

rale définie dans ses grandes lignes par la Charte de la Révolution so-

cialiste (26 août 1975), le nouveau Gouvernement de la République dé-

mocratique de Madagascar a consenti des efforts considérables en vue

de changer substantiellement le système éducatif hérité de l'époque co-

loniale. La nouvelle politique éducative a été définie par la Loi

78/040r adoptée par1'Assemblée nationale populaireen1987. Ses prin-

cipes sont axés sur la décentralisation de l'éducation, la malgachisa-

tion de l'enseignement et la démocratisation du système éducatif.

30. Du point de vue quantitatif, l'accès à l'éducation a connu un

élargissement considérable.En effet, plus de 95% de la population en

âge d'entrer au niveau 1 (enseignement primaire) a été scolarisée.

31. Pendant la période 1974/75 a 1984/85, les effectifs du niveau 1

sont passésdel 133 013 à 1 625 216 (43,5%), ceux du niveau II de

107 428 3 387 827 (261%) et ceux du niveau III (formation secondaire

spécialisée) de 29 776 à 128 594.

32. Pour la même période les effectifs du secteur privé du niveau 1

ont baissé de 265 391 2 214 486 (19,2%). A partir de 1981,cette crois-

sance a été moins forte aussi bien dans le secteur public que dans le

secteur privé.

33. Cette croissance des effectifs a demandé un effort national con-

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- a -

sidérable qui s'est traduit par l'augmentation du nombre des écoles et

des enseignants et du montant du budget national affecté à l'éducation.

34. Pendant cette même période on constate une amélioration sensible

des taux de scolarisation au niveau 1 et plus encore auxniveaux 11 et

III, ces deux derniers ont respectivement doublé et triplé de 1975 à

1985.

35. Le secteur privé a connu le même développement, grâce 2 l'accrois-

sement de son financement par les familles.

36. Cette expansion, compte tenu de la décentralisation du systëme sco-

laire, s'est étendue aux provinces, et a favorisé le développement de

l'implantation des écoles dans les collectivités.

37. Le malgache est devenu langue d'enseignement depuis 1978 et on as-

siste à la malgachisation du contenu des programmes.

38. La croissance rapide des effectifs du niveau 1 s'est traduite par

une forte pression sociale en faveur de l'enseignement secondaire gé-

neral que la population considëre être la voie privilégiée de la mobi-

lité sociale as'cendante , plutôt que la formation professionnelle.

39. L'impact de l'éducation sur la société est limité. D'un côté, les

diplômés du système scolaire rencontrent de plus en plus de diffi-

cultés à trouver un emploi dans le secteur moderne de l'économie. D'un

autre côté, les employeurs (publics, para-publics et privés) trouvent

de moins en moins, parmi les diplômés du système scolaire, du person-

nel doté des connaissances et d'un savoir-faire suffisants pour le

rendre rapidement productif. D'ofi une situation, à première vue para-

doxale, à la foi de chômage et de pénurie de diplômés.

40. Le rendement social des dépenses publiques d'éducation est bas

tandis que le rendement privé des dépenses d'éducation de l'individu

et de sa famille a tendance à être élevé, en particulier à cause de la

politique d'octroi des bourses. 41- sa-

tisfaisantes car la forte et rapide expansion des effectifs impose le

recours intensif aux services de Volontaires du Service national inçuf-

fisamment qualifiés pédagogiquement.

42. De 1975 3 1984, la proportion des admis aux examens de fin de ni-

veaux 1 et II (enseignement secondaire de base) est passé de 50,6% et

40,1% respectivement, 2 29,9% et 30,2% (malgré une période d'augmenta-

L'efficacité et l'efficience du système éducatif ne sont pas

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- 9 -

tion du nombre des admis entre 1979 et 1981). Les taux élevès de re-

doublement reflètent évidemment ces faibles pourcentages d'admission.

43. Les zones rurales comptent environ 70% des enseignants, et jusqu'à

88% des écoles. Si les écoles dans les régions urbaines opérent géné-

ralement à la limite de leur capacité, il apparaît qu'un grand nombre

d'écoles rurales sont à cycle incomplet et que dans beaucoup d'entre

elles fonctionnent des classes multiples (un même enseignant ayant la

charge de plus d'une classe). Ces deux phénomènes concernent plusieurs

milliers d'écoles rurales, affectant la qualité de l'enseignement.

44. Malgré les changements intervenusces dernières années dans les pro-

grammes scolaires afin que l'enseignement favorise l'entrée dans la

vie active et qu'il prépare l'insertion sociale et politique de l'in-

dividu, la répartition des heures de cours ne privilégie pas les acti-

vités de production et la connaissance du milieu. Dû au manque de

moyens, le cours magistral ou la leçon au tableau remplace les travaux

pratiques et le travail personnel.

45. Au manque d'ateliers, de terrains d'application et de matériel né-

cessaires 5 l'apprentissage de la technologie populaire, s'ajoute la

pénurie de manuels qui Compromet gravement la qualité de la formation

dispensée 5 tous les niveaux d'enseignement. Presque rien ne vient con-

solider les connaissances acquises en classe. De plus, la production

de manuels tant pour les élèves que pour les maîtres, se trouve frei-

née par le manque de devises pour l'importation de certains produits

et de crédits pour l'achat de papier en quantités suffisantes.

46. Actuellement moins de 5% des besoins en manuels sont couverts. Les

bibliothèques sont presque inexistantes et disposent à peine de quel-

ques livres donnés par les assistances bilatérales.

47. Finalement, la situation de l'éducation non formelle montre qu'il

n'existe pas encore de véritable politique 3'éducationpermanente, telle

qu'elle est définie dans la Loi 78/400 portant sur la réforme de l'éduca-

tion. On remarque cependant l'existence de nombreuses activités de

formation continue, très dispersées et non coordonnées, comprenant es-

sentiellement des programmes de formation professionnelle, d'éducation

des jeunes et des adultes, de gestion coopérative, etc.

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- 10 - '

Evolution de l'alphabétisation/post-alphabétisation

48. Depuis 1958, Madagascar 2 été le scenario de différents types

d'actions d'alphabétisation: cours d'adultes, alphabétisation tradi-

tionnelle et alphabétisation fonctionnelle, mais "menées de façon irré-

gulière et ponctuelle et avec des moyens humains et matériels dispa-

rates" (2).

49. Entre 1958 et 1960, le Ministère de 1'Education nationalea conduit

des actions d'alphabétisation pour adultes presque uniquement dans les

milieux urbains, SOUS forme de cours du soir, dirigés par des institu-

teurs publics et privés volontaires 2 qui des pécules sont alloués.

50. Entre 1960 et 1963 c'est le Ministëre de l'Agriculture et du Pay-

sannat qui a dirigé l'action, orientée cette fois vers les zones ru-

rales. Des campagnes d'alphabétisation ont été organisées une fois par

an pendant les périodes de vacances scolaires par des personnes indem-

nisées et des alphabétiseurs villageois. Mais les actions entreprises

restaient toujours poctuelles et sans suivi.

51. De 1963 à 1965, le Commissariat général 2 l'Animation rurale et au

Service civique a pris la relève et l'alphabétisation a couvert tout

le territoire de 1'Ile (3).

52. Une enquête par sondage effectuée sur l'ensemble du territoire en

1966 a indiqué que la population totale était de 6 200 O00 habitants

(avec une densité de l'ordre de 10,5 habitants/km 1 . La proportion des

illétréschezles jeunesde15 ans et plus était de 61% ("personnes ne

sachant pas écrire, c'est-à-dire les analphabètes proprement

dits et les personnes sachant lire mais non écrire"). Ce pourcentage

était de 50% pour le sexe masculin et de 71% pour le sexe féminin.Pour

la population âgée de 25 ans et plus (qui ne comprend plus d'étudiants)

on trouvait 64%depersonnesde niveau inférieur au "primaire" (52% chez

les homes, 74% chez les femmes), 32% ayant reçu un enseignement pri-

maire (42% chez les hommes, 23% chez les femmes) et seulement 4% dont

le niveau atteint celui du secondaire, du technique ou du supérieur(6%

chez les hommes, 3% chez les femmes).

53. Si on prend en considération la population par grandes tranches

2

d'âge on trouve que le groupe 15-19 ans comptait44% d'illettrés (dont

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37% pour les hommes et 50% pour les femmes) et le groupe 19-24 ans comp-

tait 56% d'illettrés (dont 45% pour les hommes et 65% pour les fem-

mes).

54. Pour les provinces, ce taux est le plus bas à Antananarivo (34%)et

le plus élevéàTplear (80%). Les quatre autres provinces ont des taux

assez voisins: Diego-Suarez 65%, Fianarantsoa 66%, Tamatave 68%,Majun-

ga 71%.

55. Par ailleurs, ce taux augmente en général quand la densité de la

population diminue, passant de 22% dans les zones urbanisées à 79%

dans les régions de faible densité. 56. Enfin en ce qui concerne les ethnies, les Plerina (37%) et le

Betsileo (46%) ontuntaux relativementfaible d!illettrés,etles ethnies

du Sud un taux extrêmement élevé (92%); les autres groupes ethniques

sont très proches les uns des autres avec des taux de 72% ou 73%.

57. Le taux ajusté d'inscription scolaire (c'est-à-dire le rapport en-

tre les effectifs scolaires - primaire ou secondaire - de 6-14 ans et

la population de cet âge) était de 53% (56% pour les garçons, 50% pour

les filles) (4).

58. Dans le Plan quinquennal 1964-1968, on peut lire que "en matière

d'éducation des masses, Madagascar est l'un des premiers pays 2 avoir

retenu la formule de l'animation rurale. Et il est permis de penser

que cette formule peut, dans les dix ans, considérablement modifier

les conditions générales d'ouverture du monde rural au progrès tech-

nique nécessaire 5 sa transformation et 2 sa promotion. Elle est com-

plétée par des programmes radio d'écoute collective susceptibles d'aug-

menter considérablement les moyens de vulgarisation technique des agents d'encadrement du milieu rural'' (5).

59. On peut lire dans le même document qu'en "vue de l'accélération du

développement et de la participation réelle des masses à ce développe-

ment, le Commissariat général 3 l'Animation rurale et au Service ci-

vique est chargé de concevoir, d'élaborer, de programmer, de mettre en

oeuvre et de contrôler toutes actions ayant pour but:

a) La participation de la population aux objectifs de développement

de la Nation,notamment par la libre désignation des animateurs paysans

par les Fokonolona;

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b) L'information et la formation adéquate du monde rural, qu'il

s'agisse d'hommes ou de femmes et sa mobilisation active pour les

grands thèmes du développement;

c) La liquidation rapide de l'analphabétisme sur le territoire de

la République

d) L'éducation de base des citoyens qui n'ont pas pu accéder 5

une instruction normale (6).

60. De façon encore plus spécifique, le Plan précise que le "but à at-

teindre est d'apprendre à lire et 2 écrire 3 tous les habitants de

>Iadagascar, de faire le plein emploide toutes les forces vives de laNa-

tion, prises individuellement ou collectivement, pour accélérer le dé-

veloppement -car il convient d'utiliser au maximum les ressources qui

découlent des structures sociales, et les capacités inemployées des

hommes et des femmes de Madagascar; de lancer les opérations choc SUS-

ceptibles d'ébranler certaines habitudes reconnues incompatibles avec

l'option sociale malgache et qui gênent le développement; de susciter

la création d'Equipes villageoises (volontaires et bénévoles) d'alpha-

bétisation prolongée et d'Zducation de base;J,d'éveillerchez lesgensle

désir d'apprendre à lire et 2 êcrire, tel est l'objectif No 1 des

'Campagnes d 'Alphabétisation ' " . 61. Et le document ajoute: "Ces campagnes sont donc faites pour prépa-

rer le milieu afin qu'il soit réceptif:

a) à l'alphabétisation prolongée

b) à l'éducation de base.

A partir de 1964, seront organisées deux campagnes d'alphabétisa-

tion par an" (7).

62. Quels ont été les résultats obtenus? Faute d'information détail-

lée et documentée, nous ne pouvons que citer à nouveau un document of-

ficiel: "Des résultats palpables furent constatés mais qui restaient

encore très fragmentaires" (8).

63. En 1965, le gouvernement malgache a participé au Congrès mondial

de Ministres de l'éducation sur l'élimination de l'analphabétisme qui

s'est tenu 3 Téhéran et, peu de temps après, il a demandé -3 l'Unesco

' de présenter un projet de programme d'alphabétisation fonctionnelle à

Madagascar, dans le cadre du Programme expérimental mondial d'alphabé-

tisation (PEMA) .

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64. La misSion envoyée par l'Unesco (avril-mai 1966) a recommandé la

réalisation d'opérations d'alphabétisation fonctionnelle dans trois

circonscriptions: Farafangana, Tuléar et Befandriana. Le plan des opé-

rations fut signé en juin 1970, même si l'autorisation d'entreprendre

les opérations préliminaires avait été donnée en juin 1968. La pre-

mière phase des opérations de la région de Farafangana avait été en-

treprise en 1969 et celle de la région de Tuléar en 1970.

65. Les objectifs de ce projet étaient les suivants:

a) aider le gouvernement 3 définir les problèmes et les besoins de

la population adulte analphabète des trois régions choisies;

les solutions et les opérations de développement aux-

quelles on pourrait avoir recours pour contribuer à l'accroisse-

ment de la production et à l'élevation du niveau de vie dans

ces régions;

b) rechercher

c) faire connaître les techniques indispensables et préparer les

responsables des projets de développement des zones visées à

participer à des opérations d'alphabétisation.

66. On espérait que le projet bénéficierait à 51 O00 personnes vivant

de la culture du riz, du coton et du café.

67. Ces objectifs correspondaient à une conception de l'alphabétisation

fonctionnelle (dans le sens de "work oriented literacy") exigeant l'établissement d'unlienétroit entre cette entrepriseet des activités

concrëtes de développement menées dans le cadre de l'animation rurale.

68. L'"animation rurale'' était conçue par les Malgaches comme une ac-

tion "enrichissante" consistant 3 former des dirigeants locaux en vue

de rendre la population rurale plus consciente et d'établir un "dia-

logue" entre les collectivités et les autorités locales. L'information

sur les problèmes ruraux et sur les priorités du développement était

transmise de vive voix et l'alphabétisation n'était pas jugée néces-

saire. La coopération des services agricoles et d'animation d'autres

ministères fut sollicitée, sans être pour autant toujours obtenue.

69. Le projet fut arrêté prématurement en décembre 1971 (alors qu'il

avait été initialement prévu pour durer jusqu'à octobre 1973) à la

suite de nombreuses difficultés, sur la demande du gouvernement, sui-

vant, en cela, la recommandation d'une mission d'enquête spéciale.

-b

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70. Comme il est indiqué dans l'évaluation globale du PEMA, "en raison

de l'arrêt prématuré du projet,on ne dispose que d'informations limi-

tées sur l'origine et le milieu des participants, sur les taux d'assi-

duité et d'abandons, et sur le progrès des participantSIet l'on ne pos-

sède aucune donnée sur les effets que les classes ont pu avoir sur la

productivité des nouveaux alphabètes" (9).

71. Néanmoinslet 3 partir de l'information limitée disponible, on peut

dire, pour ce qui à trait à la couverture du projet,que les "résultats

sont fort éloignés de l'objectif du plan d'opérations qui prévoyait

que 51 O00 adultes analphabètes seraient instruits dans le cadre des

trois sous-projets" (10) .

72. D'autre part,l'Unesco a évalué à 119,gO et 5 125,80 dollars res-

pectivement le coût du projet par élève et par participant terminal

(c'est-3-dire par participant s'étant présenté 5 l'examen final) lors-

que le projet fut arrêté (11).

73. Outre les difficultés relevées, il est très important de mention-

ner d'autres obstacles signalés par l'évaluation de l'Unesco:

"Des problèmes logistiques ont également contrarié les débuts de

l'exécution du projet. Les habitants des zones expérimentales presen-

taient des exigences très différentes, leur nombre variant entre

500 O00 pour l'une à 15 O00 pour une autre. Ces populations étaient géographiquementtrès dispersées etse trouvaient toutes à au moins 800

kms. du siège du projet. A l'intérieur même des zones de développe-

ment, le siège local du projet était assez éloigné des régions Où

l'alphabétisation fonctionnelle devait avoir lieu. Finalement, ces

zones expérimentales étaient très isolées sur le plan culturel et

l'alphabétisation n'y étaitpas encouragée; en Tros,on n'y trouvait rien

5 lire en fait de journaux, de revues et de livres" (12).

74. De même, il convient de mentionner un autre aspect relatif 3 l'ad-

ministration du projet: "Les responsables de l'exécution des SOUS-

projets étaient en poste dans les trois régions du projet, mais la dé-

centralisation se révéla difficile du fait que toutes les décisions

n'étaient prises qu'à Tananarive et que leur exécution dépendait stric-

tement du directeur n a m a l " (13).

75. A partir de 1972, "l'alphabétisation était mise en veilleuse. On

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s'occupait plutôt des réformes scolaires et universitaires (14).Ainsi,

dans le Plan de développement national 1974-1978, aucune mention n'est

faite de l'analphabétisme et des actions à entreprendre dans ce do-

maine (15).

76. A partir de 1975, et dans le cadre de son orientation politique gé-

nérale définie dans ses grandes lignes par la Charte de la Révolution

Socialiste,le nouveau gouvernement.considère que "quant à notre handi-

cap dû au nombre important d'analphabètes, il exige une solution radi-

cale: c'est un devoir pour tout Malagasy qui a profité de l'instruc-

tion de participer à la tâche nationale d'alphabétisation qui est une

oeuvre de longue haleine" (16).

77. Ce devoir à été confirmé et formulé légalement par l'article 3 de

1'ordonnanceNo 77/034 du 29 juin 1977, relative à l'alphabétisation et

l'éducation de base des adultes, qui souligne dans l'exposé des motifs

que sans l'acquisition de la lecture, de l'écriture et de l'arithmé-

tique "...le citoyen se sentira toujours tenu à l'écart, déconcertélin-

férieur, objet et non pas Co-auteur des décisions prises par ceux qui

savent lire et écrire (17).

78. Le Décret No 77-372, du 25-10-77, modifie et complète les disposi-

tions de l'article 3 du Décret No 76-032 du 3 février 1976, en créant

la Direction de l'alphabétisation et de l'éducation des adultes au sein du Ministère de la Population et de la Condition sociale (18)

79. Mais le Premier Plan 1978-1980 ne fait aucune référence à la pro-

blématique de l'alphabétisation dans sa quatrieme partie qui a trait

au développement social et culturel, et plus spécifiquement dans le

chapitre 17 consacré 5 l'éducation, la jeunesse et le sport (19).

80. Malgré les dispositions légales du titre IV de la Loi 78/040 por-

tant réforme de l'éducation et en dépit de l'existence d'un chapitre

consacré 5 "la formation permanente", entendue comme "un approfondis-

sement du savoir et le perfectionnement du savoir-faire à tous les ni-

veaux et pour tous", on peut constater qu'il n'existe pas encore de

véritable politique de formation permanente où l'alphabétisation trou-

verait sa place comme une dimension d'une stratégie plus globale de dé-

veloppement, étant donné que l'alphabétisation n'est pas une fin en

soi.

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81. Entre 1977 et 1985, la Direction de l'Alphabétisation des adultes,

qui est devenue Direction de L'Education populaire et de l'alphabétisa-

tion après la fusion du Ministère de la Population et de la Condition

sociale avec le Ministère de la Jeunesse et des Sports en L984,a déve-

loppé des actions d'alphabétisation et de post-alphabétisation.

Tableau î

Programme d'alphabétisation 1977-1984

1977/78 1978/79 1979/80 1980/81 1981/82 1982/83 1983/84

Nombre d'inscrits dans les centres d'alphabétisation 43.130 74.371 46.840 29.180 19.320 6.142 16.901

Nombre de jeunes du Service Natio- '

na1 mis 2 la dis- position de l'al- phabétisation 2.547 4.810 1.567 553 700 772 757

Source: Ministère de la Population, de la Condition sociale, de la Jeunes- se et des Sports, Direction de 1'Education populaire et de

1 ' Alphabétisation .

82.011 peut apprécier que l'envergure et l'impact des actions entre-

prises dans le domaine de l'alph+étisation/post-alphabétisation sont

très limités et la tendance dans l'évolution du nombre d'inscrits et

du nombre de jeunes bacheliers du Servicenational qui assurent l'enca-

drement des actions sur le terrain (?lus les volontaires bénévoles is-

sus des communautés de base) est clairement à la baisse.0n constate la

même tendance dans le domaine budgétaire:

Année

1980 1981 1982 1983

- Dépenses ordinaires

378'517 003 FM 195'629 908 FM 234'529 O00 FM 231'902 708 FM

. . . . . . .

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83. Outre les bacheliers du Service national, les actions d'alphabéti-

sation ont été menéeS.par des alphabétiseurs bénévoles. Entre 1981 et

1985 le nombre d'alphabétiseurs bénévoles était de 2 394 personnes.

84. Du point de vue organisationnel, la Direction de l'éducation popu-

laire et de l'alphabétisation est l'organe responsable de la mise en

oeuvre de la politique de 1'Etat en matière d'alphabétisation fonction-

nelle et d'éducation de masse.

85- Cette Direction doit concrétiser la politique générale du MPJS en

matière d'éducation des adultes et d'alphabétisation visant à:

- éradiquer l'analphabétisme ou l'illettrisme qui constitue un obs- tacle majeur à tous les processus d'épanouissement de l'homme,

par l'apprentissage de la lecture, de l'écriture et de l'arithmé-

tique, c'est-à-dire favoriser le développement de tout homme et

de tout 1 ' homme;

- donner des connaissances de base à la population dans tous les

domaines: politique, idéologique, économique, social et culturel

afin qu'elle assume ses responsabilités et qu'elle puisse assu-

rer convenablement les pouvoirs qu'elle détient;

- maintenir les acquis par des actions de post-alphabétisation et d'éducation permanente afin d'éviter le retour 2 l'analphabétis-

me qui est plus grave encore que l'analphabétisme initial (20).

86. La Direction comprend des structures sur le plan national (trois

Services: Organisation, Méthodes et Recherche; Formation et Production

de Matériel didactique et, enfin, Post-alphabétisation et Educa-

tion permanente auquel a été incorporé le projet "Presse rurale. et

régional (Coordonnateurs d'alphabétisation au niveau des Faritany et

Moniteurs d'alphabétisation au niveau des Fivondrona), pour assurer

l'encadrement des opérations d'alphabétisation et post-alphabétisation

(176 cadres nationaux et 12 coordonnateurs régionaux).

87. En 1985, et en fonction de l'expérience préalable, la DEPA a ' mis

en place une nouvelle formule d'encadrement visant surtout à assurer:

a) les services préférentiels d'alphabétiseurs villageois, béné-

voles et volontaires;

b) la participation des collectivités locales pour l'organisation

des centres;

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c) l'accord et le soutien des élus locaux.

88. Un contrat établi sous forme de convention liant l'administration,

les membres des Fokontany (communautés locales) et les élus, donne un

caractère obligatoire à l'exécution des programmes d'alphabétisation.

89. La DEPA a élaboré des documents à l'intention des alphabétiseurs

(fascicules de formation générale et pédagogique, guides, manuels de

lecture, études du milieu), ainsi que pour les participants dans les

centres d'alphabétisation (fascicules sur l'agriculture, la santé,jour-

naux). Mais tous ces ouvrages n'ont jamais pu être imprimés ou leur ti-

rage limité les rend peu disponibles, étant donné le manque de ressour-

ces financières.

90. Pour faire face aux problèmes relatifs à la production de matériel

écrit, l'Unesco, avec l'appui financier de la NORAD (fonds en dépôt

norvégiens) et sur demande du Gouvernement de la République démocrati-

que de Madagascar, a commencé a développer des activités touchant la

presse rurale pour dynamiser les activités d'éducation et de formation

dans les zones rurales, notamment par la communication écrite pra-

tiquement inexistante sur place. Le projet devrait permettre de créer

des journaux d'appui aux opérations d'alphabétisation et post-alphabé-

tisation au fur et 2 mesure de leur développement.

91. La phase pilote d'expérimentation du projet vient de commencer

(1986) avec la production de trois premiers numéros du journal de la

région d'Ambatondrazaka et on prévoit l'apparition d'un autre journal

dans la région de Nosy-be. Ce projet est sous la tutelle de la DEPA et

en coordination avec les autres services nationaux concernés.

92. Etant donné la disponibilité très limitée de ressources économico-

financières et d'équipement (p. ex: 4 vieux véhicules,l magnétophone),

un personnel insuffisant pour remplir les différentes tâches et assu-

rer convenablement l'encadrement des actions (aux niveaux nationa1,ré-

gional et local) et tr5s instable du point de vue contractuel (ce qui

pose un sérieux problème du point de vue de la continuité et de l'amé-

lioration du travail, ainsi qu'en relation avec l'investissement en

termes de formation et d'expérience), l'émission d'un programme de ra-

dio ne dépassant pas une demi-heure par semaine, la dispersion de la

population et des centres d'alphabétisation, les difficultés logis-

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I

tiques pour assurer l'encadrement et le suivi des actions sur le ter-

rain, la faible formation du personnel, le manque de matériel didac-

tique pour assurer l'alphabétisation et la post-alphabétisation de par-

ticipants ainsi que la formation du personnel responsable de l'encadre-

ment, l'existence d'un contexte socio-culturel peu stimulant pour l'al-

phabétisation ainsi que la précarité des conditions de vie de la popu-

lation--, tous ces facteurs déterminent que, malgré la bonne volontéet

le dévouement de ses responsables, l'impact d'un tel programme reste

négligeable.

B. ANALYSE ET CONCLUSIONS

93. L'examen de l'évolution du système éducatif et des activités entre-

prises dans le domaine de l'alphabétisation/post-alphabétisation auquel

nous venons de procéder, en particulier au cours des 10 dernières an-

nées, nous amène à formuler les analyses et considérations suivantes.

94. En accédant 3 l'Indépendance en 1958, Madagascar a hérité d'un sys-

tème éducatif dont le Premier Plan quinwennal a estimé qu'il était

élitisteet inadapté aux besoins du pays,d'où l'on a déduit qu'il était

nécessaire et urgent de le transformer en vue d'en assurer la démocra-

tisation et l'adaptation au développement national.

95. La manifestation de la volonté politique d'introduire des change-

ments concrets, jugés nécessaires par les autorités gouvernementales,

fut accompagnée par l'exposé des graves problèmes relatifs 3 la dispo-

nibilité des ressources humaines, financières, institutionnelles et

d'infrastructure -pouvant répondre aux' besoins et à l'attente d'une po-

pulation en accroîssement, et que 1'Etat était très loin de pouvoir sa-

tisfaire à court et à moyen termes.

96.L'étroite marge de manoeuvre de 1'Etat pour faire face aux exigences

du développement national et plus particulièrement de l'éducation et de

la formation des ressources humaines n'a pas changé depuis 1958, et

s'est même trouvée réduite pendant la première moitié des années quatre-

vingts.

57.En effet, durant la période 1980-'1984 le Produit intérieur brut(PIB1

a diminué en moyenne de 1,4%. A l'exception du secteur primaire, qui

augmenté en moyenne de 2%, les deux autres secteurs ont baissé, le .se- condaire de -8%, et le tertiaire de -1,4% (21).

98.L'économie du pays a été et continuera d'être très vulnérable face

aux changementset.perturbations de l'économie internationale. Cette si-

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- 20 - tuation se traduit, par exemple, par la détérioration brutale des ter-

mes de l'échange au détriment de la capacité d'importation et d'exporta-

tion. Il en va de même au niveau des finances publiques et de labalance

des paiements du pays. L'accroissement rapide du service de la dette

extérieure illustre cette situation: de 17% des exportations de biens

et de services en 1980, elle est passée 5 80% en 1984. Elle a entrain6

de graves perturbations dans les activités économiques étroitement liées

avec l'extérieur (industrie, transports) et a exercé une influence négative sur les investissements et la capitalisation du pays.

99. A Madagascar, l'économie est constituée par le secteur privé et le

secteur nationalisé, 1'Etat ayant pris en main les secteurs clefs. Dans

le but d'augmenter la productivité du travail du secteur agricole et de

ne pas léser les consommateurs, 1'Etat a fourni de gros efforts pour

la subvention des intrants de la production agricole et celle des pro-

duits d'importation destinés à la consommation finale ce qui s'est sol-

dé par un déficit difficilement supportable des opérations globales du

Trésor public, d'où l'adoption d'une politique de production 5 outrance.

Cependant, il convient de souligner que les exploitants agricoles qui

arrivent à épargner n'investissent pas toujours dans les secteurs pro-

ductifs, et, d'une manière générale, que la majorité de la paysannerie

malgache ne dispose pas toujours de moyens de production suffisants et

n'a pour ainsi dire que sa force de travail pour subvenir aux besoins

de familles généralement nombreuses. Dans ce contexte, l'on peut se po-

ser la question de savoir si le pays peut vraiment dégager l'épargne

lui permettant de disposer d'un volume et d'un taux d'investissement

significatifs, allant de pair avec la volonté politique d'indépendance

économique (22).

100.Dans ce cadre, le niveau de vie de la population s'est dégradé en-

tre 1980 et 1984. La consommation des ménages enregistrée en 1984mnWe

une de

la consommation enregistré au début de la décennie, phénomëne qui a été

le plus fortement ressenti dans les secteurs de la population les moins

rétribués (en milieu urbain: les agriculteurs, les gens des petits ser-

vices, les artisans non employeurs, les ouvriers et les manoeuvres; en

milieu rural: essentiellement les agriculteurs et les ménages engagés

dans les activités annexes de l'agriculture) (23).

101.11 faut souligner que le secteur primaire, essentiellement agricole

et traditionnel, constitue la base de subsistance pour près de 90% de

la population active et que plus de 80% de la population totale du pays

diminution par habitant d'environ 20% par rapport au niveau

vit dans les zones rurales. Il convient d'y ajouter un nombre élevé

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- 21 - d'habitants des zones urbaines qui, à beaucoup d'égards, continuent à

être intégrés à la vie rurale. Les secteurs modernes (industries et ser-

vices) n'accueillent qu'environ 10% de la population active.

102.De même, Si nous prenons l'estimation du PIB per capita pour 1985,

soit 306 dollars des Etats-Unis, on s'aperçoit que l'agriculture ap-

portait 41,6%.du PIB mais employait 82% de la population économiquement

active (PEA), ce qui montre clairement le bas niveau de la productivité

dans ce secteur. L'industrie produisait 15,3% du PIB et employait 3% de

la population économiquement active, tandis que le secteur tertiaire

contribuait pour 43,3% au PIB et employait 9% de la PEA.

1c3.AinsiI malgré l'importance relative de la population potentiellement

active, sa productivité reste faible, en particulier dans le secteur

primaire, sur lequel repose l'économie du pays.L'industrialisation,bien

qu'ayant fait de réels progrès ces dernières années, n'arrive pas en-

core 3 générer des emplois en nombre suffisant, tant d'une manière di-

recte que par effet d'entraînement, pour une population qui,elle, ne

cesse de croître (24). 104. L'autre problème qui a connu une accélération importante

l'emploi d'une manière générale et le chômage des jeunes en particulier.

11 est fort probable que,entre 1980-1984,la situation se soit dégradée

aussi bien pour les nouveaux venus sur le marché du travail que pour les actifs. Face 3 ,la stagnation des possibilités d'emploi dans le

secteur moderne, c'est vers les petites activités que le surplus de

main-d'oeuvre en milieu urbain s'est orienté afin d'éviter le chômage

avec, parallèlement, le renforcement continu de la scolarisation 3 tous

les niveaux du système d'éducation existant. Quant au milieu rural, on

peut admettre, avec les réserves qu'impose l'insuffisance des infor-

concerne

mations, que le niveau de sous-emploi est resté stable, au mieux, par

rapport a l'évolution de la production agricole enregistrée sur la 06-

riode (25).

105.Par ailleurs, le transfert de la main-d'oeuvre rurale vers le sec-

teur secondaire n'est pas facile non plus, car l'industrialisation du

pays, très limitée, reste tributaire de l'extérieur, et le manque de

qualification du potentiel humain constitue un handicap à son recrute-

ment. Le développement du secteur non structuré, du sous-emploi OU d:

chômage déguisé n'est que la conséquence de ces deux facteurs (26).

106.11 faut situer dans' ce cadre le probléme démographique. La popula-

tion totale du pays est passée, suivant le recensement général de la

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population, de 7 603 790 habitants en 1975 3 9 985 O00 habitants en

1985 (estimation), soit un taux annuel d'accroissement de 2,8%. En ter-

mes de densité moyenne, on est passé de 13 habitants au Km en 1975 à 2

17 habitants au Km2 en 1985 (la superficie du pays étant de 587 041 Km 1 .

Il faut souligner l'inégale distribution de la population malgache sur

l'ensemble du territoire. Ainsi, selon le recensement de 1975, les pro-

vinces de Tuléar (6,4 habitants au Km ) et de Majunga (5,5 habitants au

Km 1 , qui occupaient plus de la moitié de la superficie totale duterri-

toire malgache ne contenaient qu"un peu plus du quart de la population. 107. Par contre, environ 28,5% de celle-ci était concentrée sur près

du .1/10e du territoire seulement que couvre la province de Tananarivo

(avec une densité de 27,2 habitants au Km ). Sur les 7 603 790 habi-

tants dénombrés en 1975, 1 239 442 - le 16,4% de la population malga-

che - résidaient en milieu urbain. On estime que ce pourcentage était

de l'ordre de 21,8% en 1985. En 1975, près de la moitié de la population

urbaine de Madagascar était concentrée dans la seule province de Tana-

2

2

2

2

narive, notamment dans la capitale qui groupe près de 34,5% de la popu-

lation urbaine du pays. La composition par âge de la population de

Madagascar se caractérise par le poids de La tranche d'âge 0-14 (45% en

1975) et par le fait que 55% de la population est âgée de moins de 20

ans (en 1975, l'âge moyen de la population était égal à 23 ans pour

l'ensemble) (27).

108. Par ailleurs, la population active malgache était évaluée à

3 929 O00 unités en 1985 dont seulement 24,6% était localisée

dans les zones urbaines, le reste, soit 75,4%, travaillant dans les zo-

nes rurales. Une des caractéristiques fondamentales de la population ac-

tive malgache réside donc dans la présence des jeunes puisque la frac-

tion de moins de 40 ans représente plus de 60% de la population active

totale, et près du tiers de celle-ci appartient au groupe d'âge des

moins de 24 ans. Il s'avère, donc, que la structure de la population malgache présente des caractéristiques qui appellent une stratégie de

développement visant a assurer sa subsistance, sa santé, son éducation, sa formation et son incorporation dans la main-d'oeuvre, grâce au plein

emploi, ainsi que sa participation active à la vie politique, culturelle,

sociale et économique du pays (29).

109.Dans ce contexte global plutôt difficile, depuis plusieurs années

l'éducation (système formel) occupe 3 Madagascar la première place dans

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le budget de 1'Etat. La poursuite de l'objectif de scolariser tous les

enfants en âge de l'être a conduit à une véritable "explosion scolaire" qui se traduit par un accroissement considérable des effectifs: demande

sociale d'éducation, baisse de la mortalité, forte natalité se combi-

nent aussi bien en milieu rural qu'urbain, en dépit de la précarité des

structures pour accueillir un enseignement de masse (30). En 1985, 30%

du budget de dépenses récurrentes de 1'Etat ont été affectés au Minis-

tère de l'enseignement secondaire et de l'éducation de base (MINESEB)

(22,2%) et au Ministère de l'enseignement supérieur (MINSUP) (7,6%), ce

qui représente 4,2% du PIB. L'effort déployé par les collectivités dé-

centralisées, en 1985, représente 0,6% de leur budget.

110. Par contre, les ressources financières octroyées dans le domaine de

l'éducation et de la formation autre que le système éducatif forme 1

sont très limitées. Ainsi, pour l'année 1985, le budget (dépenses ordi-

naires) de 1'Etat avait octroyé 2 318 millions de francs malgaches pour

la formation dans l'ensemble des ministères, c'est-à-dire 1,4% du bud-

get de 1'Etat et 0,1% du PIB.

111. Cependant, l'efficacité du système éducatif est très relative; les

déperditions sont telles que de très nombreux élèves quittent l'école

avant d'avoir été complètement alphabétisés: "...les enfants du monde

rural vont passer un, deux ou trois ans sur les bancs de l'école pour

aller après grossir les rangs des analphabètes" (31). Ainsi, le rende-

ment du système scolaire 3 Madagascar est-il particulièrement bas au

niveau 1, oc en moyenne çeulement50%des élèves de chaque année du cy-

cle sont promus à l'année suivante, les autres redoublent (quatre SUT

dix dans chaque année scolaire) ou abandonnent. Ceci fait que chaque

élève du niveau 1 passe, en moyenne, 2 ans et 4 mois dans chaque année

du cycle, avant d'être promu à l'année supérieure. Autrement dit, en

moyenne, l'élève termine sa scolarité primaire à 18 ans au lieu de 1 1

ans.

. . 112.Malgré tout l'effort consenti par l'Etat, l'évaluation de la réforme

du - système éducatif (Loi 78/040) nous montre que le cadre conceptuel

n'a pas débouché sur des politiques cohérentes susceptibles d'être

échelonnées dans le temps et appuyées par des ressources adéquates. En

l'absence d'une programmation réaliste de la réforme on a été obligé à

commencer simultanément à tous les niveaux et filières du système édu-

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catif, ce qui a entraîné une dispersion des efforts et des moyens, et

empêché de trouver des solutions satisfaisantes aux problèmes qui se

posaient à tous les niveaux.

113. Il faut aussi souligner que l'évaluation a permis l'identification

des carences et des limitations dans l'administration et la gestion du

syst5me éducatif, notamment au niveau des structures décentralisées. On

a pu constater aussi de graves insuffisances qui bloquent le système de

collecte et de traitement des données statistiques, situation qui n'est

pas exclusive au système éducatif mais touche l'administration du pays

dans son ensemble, tel qu'il est reconnu 3 plusieurs reprises dans le

Plan quinquennal 1986-1990, ce qui constitue un obstacle majeur Four le

processus de planification et la prise de décisions à tous les niveaux.

114. Si cette situation et ses tendances ne devaient pas être modifiées,

les effets suivants peuvent d'ores et déjà ëtre prévus:

- la scolarisation totale des enfants scolarisables restera en-

core un objectif lointain;

- lamajorité des adultes est et restera analphabète ou semi-

analphabète:

- lesdisparités régionales, très marquées, ne pourront être ré- duites que sur plusieurs générations.

115. Les observations qui figurent aux points (1111, (112) et (113) sont

également valables en ce qui concerne les activités d'alphabétisation/

post-alphabétisation au cours des dernières 12 années; facteur aggra-

vant, la conscience qu'ont les autorités gouvernementales de la gravité

du problème de l'analphabétisme ne s'est pas traduite d'une manière ex-

plicite par une volonté politique dans les plans nationaux de dévelop-

pement, pas plus d'ailleurs que par la formulation d'une politique na-

tionale d'alphabétisation/post-alphabétisation cohérente et réaliste

dans le cadre de la politique générale de 1'Etat et de la stratégie na-

tionale de développement.

116.Un aspect de premiëre importance de la perception du problëme,de la

formulation d'une orientation politique, de la définition de stratégies

et de la prise de décisions au niveau de 1'Etat réside dans le manque

d'informations adéquates, actualisées et suffisamment détaillées sur la

situation d'analphabétisme dans le pays et la mesure dans laquelle cet-

te situation constitue un obstacle à la réalisation des plans de déve-

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loppement national. Ce dernier point suppose un diagnostic différencié

des contextes de l'analphabétisme 5 Madagascar, étant donné que la vo-

lonté et l'engagement politiques,qu'implique la décision d'alphabétiser,

exigent que soient mantenues présentes à l'esprit les conditions qui

sont 3 la racine même de l'existence et de la persistance de l'analpha-

bétisme, afin de pouvoir adopter les mesures de transformation. écono-

mique, politique, sociale et culturelle qui doivent orécéder et/ou ac-

compagner cette décision pour la rendre viable comme partie de l'effort

national pour le développement.

117. Cette carence a limité la formulation des orientations de politique

nécessaires pour la formulation d'un plan national d'alphabétisation/

post-alphabétisation qui définisse de manière réaliste et cohérente les

objectifs et buts à atteindre dans un délai déterminé en fonction des

ressources et expériences disponibles ainsi que la formulation de stra-

tégies adéquates d'intervention, sans oublier les aspects relatifs à

une affectation suffisante de ressources humaines, financières, d'équi-

pement, d'infrastructure et institutionnelles.

118. Le diagnostic sur l'incidence de l'analphabétisme est une condition

nécessaire pour pouvoir définir les secteurs sociaux prioritaires par

rapport aux objectifs et buts du plan national de développement, mais

aussi pour la définition d'une programmation des actions qui conçti-

tuent une stratégie soit pour la couverture de la totalité de la popu-

lation analphabète dans un délai relativement bref soit une stratégie à

caractère sélectif et graduel qui permettrait l'intégration successive

de secteurs de la population dûment désignés par ordre prioritaire à

partir des besoins les plus urgents et des ressources disponibles.

119, Dans ce sens, la volonté et l'engagement politiques constituent une

condition nécessaire mais non suffisante pour réaliser avec succès un

programme d'alphabétisation/post-alphabétisation. L'analphabétisme est

un phénomène multidimensionnel de caractère historico-culturel et pas

seulement pédagogique. Une politique volontariste reposant sur la pré-

misse qu'il existe chez l'analphabète une forte motivation pour s'alpha-

bétiser, au point qu'il s'y décidera si la possibilité lui en est of-

ferte ne nous semble pas découler de l'examen des faits. Par contre ,

l'expérience malgache et internationale de ces dernières vingt années

nous montre que la conscience d'être analphabète et de la signification

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et implications de cet état, ainsi que la nécessité d'être alphabétisé

dépendent dans une très large mesure de l'environnement çocio-éco-

nomique, culturel et politique où vivent les analphabètes. Le degré de

motivation pour commencer à s'alphabétiser et, surtout,pour poursuivre

leurs efforts est directement lié aux stimulations positives qu'ils re-

çoivent de leur communauté. Dans ce sens, la mobilisation et la parti-

cipation des personnes et des organisations sociales et économiques

qui forment le cadre de vie et de travail des analphabètes sont néceç-

saires. Les relations à caractëre primaire qui mettent en jeu la

loyauté et l'estime de soi des analphabetes semblent jouer un rôle de

premier ordre dans sa participation.

120. De même, il faut prendre en considération le caractere éminemment

pragmatique de la motivation des adultes: ils veulent savoir dansquelle

ils avancent dans leur processus d'apprentissage et quelle - mesure

est l'utilité immédiatede ce qu'ils apprennent par rapport à leurs be-

soins et aspirations. C'est pourquoi il est nécessaire de prévoir une

négociation entre l'Etat, les organisations sociales qui constituent

le cadre de vie et de travail des analphabètes et les analphabètes eux-

mêmes, pour déterminer les stimulations concrètes que recevront les.

analphabètes dans les différentes phases du processus d'alphabéti-

sation/post-alphabétisation. Dans le cas contraire, l'action d'alphabé-

tisation ne contribuera pas à modifier le cadre de vie et de travail

des analphabètes et pourrait même, 3 la limite, devenir un facteur de

démobilisation. L'expérience malgache, comme celle d'autres pays, nous

montre que l'un des facteurs de l'abandon et de la diminution de l'as-

siduité aux activités d'alphabétisation/post-alphabétisation est la

baisse de motivation des adultes consécutive à une attente déçue de

promotion sociale 3 court te.rme grâce a l'alphabétisation. 121.Sur le plan conceptuel, les notions d'"alphabétisation" et de

"post-alphabétisation" ont de profondes répercussions sur la formula-

tion des orientations politiques et des stratégies et, par conséquent,

sur la planification. L'idée que l'on s'en fait le plus souvent peut

être la source d'erreurs graves. Au lieu d'"alphabétisation" il serait

plus approprié de parler de "niveau initial d' alphabétisation" , puisque

l'alphabétisation ne prend pas fin avec ce niveau-là, mais qu'elle re-

quiert une suite qui permette de renforcer et de développer le proces-

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- 27 -

sus d'apprentissage et de parer ainsi à l'analphabétisme de retour. En

effet, l'alphabétisation ne s'achève pas au 'niveau initial', mais au

contraire, elle s'ouvre indéfiniment une fois ce niveau atteint.En ré-

alité , par conséquent, la "post-alphabétisation" n ' est rien d' autre

qu'une série de niveaux de plus en plus élevés dans le processus d'al-

phabétisation. C''est pourquoi nous utilisons ici l'expression "alphabé-

tisation/post-alphabétisation" pour bien marquer le caractëre de pro-

cessus ininterrompu de l'alphabétisation. Du point de vue de la plani-

fication, ceci veut dire que ce que l'on dénomme généralement "post-

alphabétisation" doit être planifié dès le départ comme une condition

nécessaire pour éviter l'analphabétisme de retour et pour permettre

aux néo-lecteurs l'accès à des niveaux plus élevés de la connaissance

et du savoir-faire. Il conviendrait, donc, non seulement de formuler

unepolitique nationale d'alphabétisation/post-alphabétisationIrnais une

politique nationale'd'éducation des adultes qui fasse partie d'une po-

litique nationale de formation des ressources humaines en fonction du

développement culturel de Madagascar. Ce qui n'est pas le cas actuel-

lement.

1'22.L'expérience internationale nous montre que la définition d'une po-

litique nationale d'alphabétisation/post-alphabétisation présuppose

la définition d'une politique lingüistique et l'adoption de certaines

mesures fondamentales à partir d' études particulièrement fouillées ,par

.exemple, l'adoption d'un alphabet unique pour chacune des langues uti-

lisées dans le pays et qui prenne en considération toutes les varian-

tes dialectales d'une même langue. A la diffèrence d'autres pays,Mada-

gascar jouit d'un grand avantage: celui de posséder une langue natio-

nale de communication, le malgache, même si celle-ci compte des varian-

tes dialectales. Toutefois, comme dans tous les pays ayant subi l'expé-

rience de la colonisation, la langue de prestige et de pouvoir est la

langue du colonisateur. Dans le cas de Madagascar il s'agit du français.

123.

l'indépendance nationale pose le problème de l''affirmation de "notre

personnalité et notre culture malgaches dont la langue et l'histoire

sont les composantes essentielles". Par conséquent , la Charte stipule

parmi ses principes essentiels la malgachisation de l'éducation, au

double sens de:(a) harmoniser le contenu et les méthodes de l'enseigne-

Comme l'établit la Charte de la révolution socialiste malagasy,

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ment avec les impératifs de la Révolution, c'est-à-dire l'édification

d'un Etat socialiste et véritablement malgache et, (b) la langue d'en-

seignement doit être le malgache, et plus spécifiquement, ce que la

Charte désigne par 'malgache commun'. Mais dans le même temps, le do-

cument reconnait "qu'il s'agit là d'un travail de longue haleine. Et

avant d'aboutira la consécration de ce 'malgache commun', l'on utilise-

ra cumulativement le malgache officiel, le malgache dans ses variantes

régionales, et le français". En ce qui concerne le français, la Charte

affirme que "force est de reconnaître que pendant longtemps encore,

nous aurons besoin de cette langue comme d'une fenêtre ouverte sur le

monde de la civilisation technique", mais il ajoute: "Cela ne veut pas

dire qu'il faille reléguer le malgache au deuxième plan. (...).Bien au

contraire, nous donnons d'ores et déjà la primautè à notre langue na-

tionale, et nous devons accélérer la codification, la modernisation et

l'enrichissement du malgache, avec l'apport de tous les dialectes,pour

en faire un instrument efficace de dével,oppement de l'homme malgache

et de maîtrise de toutes les disciplines techniques et scientifiques".

Dans cette perspective, la Loi 78/040 de 1978 établit que "les struc-

tures ...p ermettant de rationaliser. et de rentabiliser les efforts de

recherche"; une Commission nationale et des commissions régionales de

recherches et d'élaboration du malgache commun, ainsi que des commis-

sions spécialisées pour la malgachisation des ternes techniques et de

toutes disciplines (Art. 10). En outre la loi stipule que: "TOUS les

cadres de la société s'initieront aux dialectes et s'obligeront à se

pénétrer de la culture locale de la région oùilstravaillent pour pro-

mouvoir la pratique du Malgache commun issu des travaux de ces

commissions.

124, En dépit des orientations énoncées et des dispositions légales

adoptées, il n'existe 3 Madagascar ni une politique linguistique ex-

plicite ni une stratégie de mise en oeuvre conséquente. L'information

fournie sur cette question par les institutions avec lesquelles nous

sommes entrés en relation durant notre séjour dans ce pays (Ministère

de l'enseignement secondaire et de l'éducation de base, Université

de Madagascar 3 Antananarivo, Institut de lingüistique appliquée,

-rattaché 3 1 'Université de Madagascar , mais apparemment marginalisé dû point de vue académique et financier, sans ressources pour conduire un

travail d'autre part tellement nécessaire et urgent- etc.) ainsi

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qu'une étude de la Commission nationale malgache pour l'Unesco (32) mon-

trent le manque de décisions et de continuité dans l'action, la carence

de concertation et de coordination inter-institutionnelle, 1' insuffisance

des moyens humains et financiers, d'équipement et d'infrastructure.

Ainsi, par exemple, l'étude de la Commission nationale signale que l'al-

phabet officiel malgache ne peut prendre en compte certains phénomènes

lingüistiques propres aux variantes dialectaleS.Les conséquences de cet-

te situation sur les opérations d'alphabétisation/post-alphabétisation

ne peuvent être que négatives et créatrices d'incertitude et de confu-

sion tant dans l'enseignement-apprentissage que dans la production de

matériel écrit. Pour surmonter cette situation il importe d'adopter di-

verses décisions dont le caractère technique n'est qu'apparent.11importe

en outre., d'indiquer que les insuffisances signalées plus haut a€-

fectent également ce qui devrait être une politique et une stratégie na-

tionale de la communication (radio, presse, télévision, etc.) dans la

perspective d'unifier progressivement le pays dans le domaine lingüis-

tique grâce à l'emploi généralisé de ce que l'on est venu à appeler le

"malgache commun'' .

125.Le choix de la stratégie de l'alphabétisation/post-alphabétisation

constitue un autre élément d'une importance capitale. Elle doit être

cohérente tant avec la politique nationale d'alphabétisation/post-alpha-

bétisation qu'avec la politique nationale de développement. Il s'agit

d'atteindre les buts et les objectifs dans des délais prédéterminés, de

s'intéresser à divers secteurs de la population suivant des priorités

(lorsqu'il ne s'agit pas d'une campagne nationale) établies en fonction

des expériences passées, des ressources disponibles et des conditions ob-

.jectives du milieu social au sein duquel il faudra opérer (c'est-à-dire

niveau de développement relatif et conditions de vie et de travail des

populations cibles). Il sera possible ainsi de déterminer la programma-

tion des activités, les diverses ressources qu'il faudra mobiliser et ré-

partir (humaines, financières, ëquipement, infrastructure, etc.) , la

structure de l'organisation qu'il sera nécessaire d'établir et les dif-

férents rôles des groupes de participants (organisations gouvernementa-

les et non gouvernementales) aux divers niveaux (local, régional, natio-

nal) , la politique curriculaire (contenus, méthodes et techniques) et

de production de matériel éducatif conçues de manière à correspondre

--*

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- 30 - tant aux besoins et aux espérances des populations cibles qu'au plan de

développement (au niveau local et régional) , l'approche à adopter pour

rendre opérationnel le premier niveau d'alphabétisation: intensif (45 à

60 jours) ou étalé (6 mois et plus) , les structures correspondant l'étape ultérieure au stade initial en vue de consolider les acquis et

d'élever le niveau des connaissanceset du savoir-faire des néo-lecteurs

et, finalement, la mise en place d'un système de suivi et d'évaluation

pour mieux déterminer les ajustements et changements nécessaires à la

réalisation des objectifs et buts prévus en optimisant les ressources

disponibles. A ce sujet, nous constatons quelpour diverses causes (dont

certaines ont été évoquées plus haut) , Madagascar ne possède pas encore

une stratégie consistante d'alphabétisation/post-alphabétisation dans

le cadre d'une stratégie nationale de développement.

126- Par exemple, il n'a pas été établi de priorités entre les divers

secteurs et groupes sociaux. On a plutôt agi par volontarisme (voir

point119) et idéalisme, autrement dit, volonté d'alphabétiser les çec-

teurs les plus marginalisés de la population. Ainsi a-t-on surestimé la

motivation de ces secteurs concernant l'alphabétisation; on a SOUS-

estimé les conditions sociologiques, à savoir, si les conditions de vie

et de travail de ces secteurs favorisent ou non le processus d'alphabé-

tisation, et l'on a surestimé le rôle que peut jouer l'alphabétisation

en tant que facteur de transformation sociale, soit en termes écono-

miques (augmentation de la production et de la productivité, par exem-

ple) , culturels (changement des mentalités, des attitudes, par exemple)

et politiques (participation active et responsable 2 la vie locale, ré-

gionale et nationale, par exemple) . Ce n'est qu'à partir de 1985 que l'on a commencé à adopter une approche plus réaliste, la Direction de l'édu-

cation populaire et de l'alphabétisation (DEPA) a souscrit des accords

pour la mise en oeuvre d'opérations d'alphabétisation 2 partir de la

demande expresse des populations de base, toutes choses qui ne manquent

pas de poser des problémes en raison des ressources disponibles et de

l'hétérogénéité des niveaux de développement du pays.

127. Par ailleurs l'insuffisance des ressources économiques et finan-

cikres réservées aux activités d'alphabétisation/post-alphabétisation,

la tendance à restreindre ces ressources depuis plusieurs années et la

préférence presque absolue donnée dans la répartition des ressources au

_I*

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- 31 -

système d'éducation formelle,constitue un sérieuse entrave.L'expérience

internationale nous montre qu'il ne s'agit pas de faire un choix entre

éducation primaire des enfants et alphabétisation des adultes carilest

impossible de faire participer un pourcentage élevé d''enfants à l'école

primaire dans une communauté d'analphabètes. Ainsi,l'efficacité du

système scolaire dépend également du pourcentage des parents alphabéti-

sés. Le problème, alors, est comment concevoir une stratégiequi permette de rendre plus efficaces le système éducatif formel et l'alphabétisation.

129. "tant donné l'importance et la complexité du problème de l'analpha-

bétisme et l'insuffisance des ressources allouées au MPJS, il est peu

réaliste de penser que ce ministère puisse réaliser seul la tâche de

l'alphabétisation. Forts des contacts que nous avons eus avec d'autres

secteurs de l'appareil de l'Etat, nous sommes en mesure d'affirmer que

l'alphabétisation est une condition nécessaire à la réalisation des ob-

jectifs et aes buts du pays dans des domaines tels que la santé, l'agri-

culture et l'élevage, la participation des citoyens à la vie de la

communauté et à l'éducation.

129. L'analphabétisme limite énormément la portée des efforts et

en accroît le coût. Cette constatation nous amène à formuler la

nécessité de la concertation et de la coordination des diffé- rents secteurs de l'Etat, en vue de mener une action multisectorielle.

Chaque secteur doit réserver des ressources économico-financières

activités d'alphabétisation/post-alphabétisation, et imaginer d'autres

formes de participation directe et indirecte,à déterminer Fi partir de

négociations préalables. Du point de vue administratif le MPJS serait'

l'axe et le responsable de la planification et de l'exécution des acti-

vités mais pourrait compter sur le concours des autres secteurs. Ceci

permettrait une plus importante mobilisation des ressources et une plus.

grande efficacité de leur emploi, et favoriserait l'accomplissement de

progrès plus importants dans les différents secteurs du plan national

de développement. Cette approche est conforme 3 l'expérience qui nous

montre que l'amélioration des conditions de vie et de travail de la po-

pulation exige une action de caractère global, une stratégie concertée,

dont l'une des pierres de touche est la formation de base qui, de toute

évidence, inclut l'alphabt5tisation/post-alphabétisation.

aux

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- 32 -

130.L'insuffisance des ressources économico-financières a eu des conçé-

quences négatives sur tous les aspects et niveaux de la conception et

de la mise en oeuvre du programme. Tel est le cas pour les ressources

humaines, c'est-à-dire du personnel: insuffisance en termes qualitatifs

et quantitatifs; incalculable en termes de continuité dans le travail

(soit en vertu des conditions contractuelles, soit en vertu de son ca-

ractère volontaire). on s'aperçoit, par exemple, qu'au niveaude ~ ~ D E P A ,

plus du 80% du personnel a des engagements de durée déterminée (d'un an).

Les bachelliers du Service national hors for-es armées engagés corne

alphabétiseurs (dont le nombre est en diminution d'année en année) ne

travaillent que pendant 9 mois. Les volontaires bénévoles issus des

communautés de base, qui ne reçoivent aucun type de rétribution finan-

cière, travaillent irréguliërement, suivant leur bonne volonté, de l'at-

titude de la communauté 3 l'égard de leur action et en fonction de leur

disponibilité. Mais étant donné les conditions de vie précaires et la

pauvreté, le nombre des volontaires est très restreint et ils peuvent

abandonner le programme lorsque leursbesoins ou engagementsl'exigent.

131. Il n'existe donc pas un noyau stable de personnel aux

différents niveaux, ce qui empêche de garantir la continuité

et l'accumulation de l'expérience qui pourraient contribuer à

l'amélioration du programme. Cette situation interdit la moindre poçsi-

bilité de planification fiable, de mëme que l'exécution d'une politique

et d'une stratégie de sélection et de formation du personnel, aspect

clef de quelque programme d'éducation que ce soit. La limitation des

ressources écarte en outre la possibilité d'une formation préalable au

travail sur le terrain ou la formation en cours d'emploi (soit au moyen

de la production de matériel d'autoformation ou par l'encadrement des

moniteurs et coordonnateurs. Ces derniers sont en nombre insuffisant et

ne peuvent s'occuper de la totalité des alphabétiseurs, du fait des con-

ditions écologiques: dispersion de la population, insuffisance et ina-

déquation de l'infrastructure routière et des transports, etc. On peut

facilement imaginer la répercussion de cette situation sur la qualifica-

tion du personnel et sur l'impact du programme en ce qui concerne ses

objectifs et ses buts. En outre, étant donné l'implantation inégale du

système éducatif dans le pays et la répartition de la population jouis-

sant d'un niveau plus élevé d'éducation, les régions souffrant d'un

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- 33 -

analphabétisme particulièrement élevé ne peuvent pas disposer des ser-

vices de personnel.

132.De la même façon, l'insuffisance quantitative et qualitative des

ressources humaines empêche la formation d'une structure organiçation-

nelleappropriée, dynamique et capable de mettre en oeuvre les décisions

et les ajustements nécessaires en vue de répondre aux conditions re-

quises pour l'exécution du programme. Les problèmes de coordination et

de concertation inter et intra institutionnnelles aux différents ni-

veaux illustrent cette situation. Il est presque impossible de réaliser

les fonctions de recherche, de planification, de conception et de pro-

duction de matériel et de technologie éducative, de formation, de suivi

et d'évaluation, ce qui a pour conséquence que le personnel responsable

de la conduite des programmes aux niveaux national et régional consa-

crent la presque totalité de leur temps à des tâches administratives.

133.Egalement, l'insuffisance des ressources économico-financières in-

terdit de pouvoir disposer de l'équipement et de l'infrastructure in-

dispensables pour assurer la satisfaction des besoins du programme de

manière efficace et opportune. Ainsi, la conception et la production de

matériel didactique et de technologie éducative tant pour les alphabé-

tiseurs que pour les participants sont-elles presque inexistantes. Le

projet de presse rurale dont la mise en oeuvre vient de commencer pour-

rait contribuer à résoudre partiellement les difficultés de cette si-

tuation, mais le coût des investissements et de la maintenance, de même

que les questions concernant la distribution, posent également des pro-

blèmes financiers et logistiques. Cecinous amène à évoquerle transport.

134. Le Plan quinquennal 1986-1990 nous rappelle que "... l'infras- tructure routière est estimée à environ 50 O00 kilomètres, dont

près d''un dixième est bitumé. Elle est à la fois précaire, faible-

ment densifiée (15 km linéaires aux 1 O00 km2) et inégalementrépartie en-

tre les Faritany, engendrant des difficultés de liaisons et de communi-

cations inter-régionales. D'âge moyen relativement élevé, l'infrastruc-

ture routière connaît une situation de dégradation inquiétante reflétée

par une tendance à la baisse de trafics sur quelques axes principaux"

(33). Le même document signale en outre que "l'ensemble du parc de transport est caractérisé par un état de dégradation certaine dans les

différents modes notamment au niveau du transport routier et ferro-

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- 34 -

viaire", ajoutant: "Le parc de transport routier, caracterisé déjà par

un vieillissement sérieux a vu une proportion importante de son effec-

tif immobilisé dès 1982. Cette immobilisation qui atteignait 5 un cer-

tain moment plus de 50% du parc est essentiellement due au manque de

pièces de rechange , aggravé par le peu de possibilité de renouveler le

matériel. L'état du réseau routier, par ailleurs, y contribue ...Il (34).

135. Le document mentionne aussi le fait que les infrastructures

des services du téléphone, du télégraphe, du télex et de diverses

activités postales demeurent insuffisantes et desservent en pre-

mier lieu les agglomérations où les moyens de transport sont en général

relativement satisfaisants (35). Dans un contexte Comme celui qui vient

d'être décrit, il est aisé d'imaginer les énormes difficultés que posent

les déplacements. du personnel engagé dans le programme, les pro-

blèmes de suivi et de soutien régulier au personnel de terrain, la dis-

tribution opportune d'information et de matériels, etc. Sans un minimum

de moyens de transport adéquats il est difficile d'envisager une amé-

lioration dans l'exécution du programme. Des problëmes similaires en-

travent la réalisation d'un programme radiophonique hebdomadaire de la

DEPA, étant donné le manque d'équipement approprié et de pièces de re-

change que l'on ne trouve qu'à l'étranger. A ceci on pourrait ajouter

les difficultés que l'on rencontre pour fonder, gérer et développer un

système de bibliothèques populaires rurales ou dans les zones urbaines,

dans un contexte dont la disette,voire l'inexistence de matériel écrit

constitue la norme. La collecte et la diffusion de la riche tradition

orale du pays sont elle-mêmes affectées par l'insuffisance des res-

sources.

136. Face à cette situation il convient d'analyser l'approche que l'on a

adoptée jusqu'a présent dans la mise en oeuvre de l'étape initiale de

l'alphabétisation: l'approche étalée, l'étape initiale s'accomplissant

sur une durée de 9 mois Zi raison de deux, trois (ou plus) réunions heb- domadaires d'une heure et demie a deux heures, selon le degré de moti-

vation et les possibilités des participants et des alphabétiseurs. Les

expériences réalisées dans d'autres pays et l'évaluation dont elles ont

été l'objet ont permis de constater que, suivant les conditions de vie

et de travail, la motivation initiale peut diminuer en raison de l'ef-

fort soutenu qu'exige cette approche et les obstacles existant dans le

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- 35 -

milieu concerné, plus particulièrement dans le monde rural. Le manque

de régularité dans la participation aux cours d'alphabétisation exerce

une influence négative sur la rapidité de l'apprentissage et affecte la

motivation des personnes. Apparemment, le même phénomène se produit 5

Madagascar.Aussi, conviendrait-il d'étudier l'alternative de l'approche

intensive, caractérisée par sa durée limitée (45 2 60 jours), le re-

groupement des participants (internat ou semi-internat) , rythme de tra-

vail intensif (7 à 8 heures par jour) et une programmation rigoureuse

du processus d'apprentissage. Cependant, l'application de cette ap- proche n'est pas sans poser un certain nombre de questions (son coût,

par exemple) et exige que certaines conditions soient remplies pour as-

surer son succès: des participants bien motivés, bien ciblés et volon-

taires; des alphabétiseurs d'un bon niveau de formation: un engagement

conscit-nt de toute la communauté, etc.

137.11 existe un lien étroit entre la problématique de l'approche choi-

sie pour accomplir l'étape initiale de l'alphabétisation et la pour-

suite du processus, la "post-alphabétisation", comprise comme l'ensem-

ble des activités, structures et moyens nécessaires pour permettre aux

néo-lecteurs de consolider, développer et appliquer les connaissances

acquises afin de satisfaire leurs besoins propres et ceux de leur com-

munauté. Dans la plupart des pays, Madagascar n'étant pas une exception,

c'est un domaine critique, étant donné l'absence d'une conceptualisa-

tion, d'une politique et d'une stratégie clairement définies au niveau

national; le manque de structures d'accueil suffisantes et appropriées;

l'inadaptation entre ce que proposent les programmes et les besoins et

aspirations des néo-alphabétisés; l'intervention sans concertation et

coordination de différents services et organismes gouvernementaux et

non gouvernementaux; le manque de matériel éducatif suffisant et adé-

quat; l'absence de mesures et d'incitations nécessaires pour motiver la

continuité du processus éducatif; le manque de transfert de responsabi-

lités aux néo-alphabètes dans les domaines économique, politique et cul-

turel; l'absence d'un environnement lettré en langue nationale pour don-

ner une possibilité d'application des nouvelles connaissances;.etc. Dans

ce sens, il faut analyser comment les différents organes de l'Etat, les

organisations sociales de base, les moyens de communication socialelpeu-

vent contribuer 3 la génération d'un milieu riche en stimulations capa- bles d'optimiser l'appropriation et l'utilisation des nouveaux instru-

ments symboliques auxquels se sont initiésles néo-lectburs. Donc, l'expé-

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- 36 - I

rience suggère non seulement que la post-alphabétisation doit ëtre pla-

nifiée dès le départ comme partie intégrante du plan national d'alphabé-

tisation, mais aussi que l'alphabétisation/post-alphabétisation doit faire

partie de la stratégie nationale d'éducation des adultes, ce qui n'est pas

encore le cas à Madagascar.

C. RECOMMANDATIONS

138.A partir de l'analyse et conclusions qui viennent d'ëtre formulées,

l'auteur considère que cinq domaines majeurs peuvent ëtre l'objet de

recommandations:

i) Information et études de base pour la prise de décisions

ii) Politique et stratégie

iii) Ressources

iv) Conception et production de matériel didactique et de technolo-

gie éducative

v) Organisation

i) Information et études de base pour la prise de décisions

139.Etant donné l'importance et la nécessité de disposer d'informations

appropriées, sûres et d'actualité pour la formulation et la définition

de politiques et de stratégies, ainsi que pour la planification et la

mise en oeuvre des programmes, il importe d'identifier les types d'in-

formation requises et de déterminer les modalités et mécanismes néces-

saires pour les obtenir et les utiliser.

i4û.Dans le domaine de l'alphabétisation/post-alphabétisation, notre

analysenous permet de formuler les recommandations suivantes.

141.La formulation d'un diagnostic-pronostic de l'analphabétisme à

Madagascar et du potentiel en ressources humaines dont on dispose pour

réaliser des activités d'alphabétisation/post-alphabétisation. Suivant

les informations qui nous ont été fournies au COU-s de nos contacts avec

la Banque des Données de 1'Etat (BDE) , le gouvernement de Madagascar

se propose de procéder à un recensement général de la population en

1988. 11 s'agit là d'une occasion privilégiée - après concertation et

coordination entre la DEPA du MPJS et la BDE - pour formuler et utili-

ser un questionnaire qui permette d'obtenir l'information nécessaire à

la prise de décisions en ce qui concerne politiques,stratégies et plans

d'alphabétisation/post-alphabétisation et d'éducation des adultes.

142.11 conviendrait de concevoir et mettre sur pied un système de suivi

et d'évaluation intégral et permanent, de déterminer son rôle, ses ob-

jectifs et ses tâches dans chacune des étapes et niveaux de la planifi-

cation des opérations d'alphabétiçation/post-alphabétisation. La prise

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- 37 -

de décisions concernant la reformulation des politiques et stratégies

et des approches repose sur la condition absolue de disposer de l'in-

formation fournie par ce système.

143.Etant donné les problèmes d'efficacité, d'efficience et de coût po-

sés par la stratégie et l'approche adoptées pour accomplir l'étape ini-

tiale de l'alphabétisation (stratégie sélective et approche étalée), il

conviendrait d'entreprendre une étude comparative en vue de déterminer

les avantages et les coûts d'une autre approche (intensive) ou de leur

combinaison selon les différents contextes des zones concernées (ru-

rales ou urbaines) .

144.Les contacts pris avec le Ministère de la production agricole et de

la réforme agraire (MPARA) afin de déterminer l'importance du rapport

entre vulgarisation et alphabétisation nous ont appris que ce Ministère

se propose d'effectuer une étude multidisciplinaire, avec le soutien de

la Banque Mondiale, en vue d'établir les niveaux de connaissances et de

compréhension de la population rurale malgache. Nous estimons que ceci

' constituerait une excellente occasion de concertation entre la DEPA du

MPJS et la Division de Vulgarisation du MPARA (et, éventuellement d'au-

tres secteurs de 1'Etat) en vue d'établir les besoinSIarticuler les ef-

forts et coordonner l'exécution de l'étude afin d'en obtenir les meil-

leurs résultats possibles et de fixer une éventuelle action conver-

gente. La participation de l'Institut de Lingiiistique Appliquée (ILA) à

cette étude nous paraît revêtir une grande importance. La production de

matériel audiovisuel et écrit (livres, brochures, journaux ruraux, ma-

nuels, émissions radiophoniques, aides audiovisuelles, matériel de di-

vulgation, etc.) profiterait des résultats d'une recherche comme celle

qui est suggérée, ainsi d'ailleurs que la formulation d'une politique

lingüiçtique nationale et la mise au point d'un alphabet unique pour

les variantes dialectales du malgache.

145.11 conviendrait que les différents secteurs de l'Etat, et, dans la

mesure du possible, les organisations non gouvernementale's intéressées,

participent à l'identification des besoins d'alphabétisation/post-alpha-

bétisation en relation avec les divers secteurs sociaux de la popula-

tion avec lesquels ils entretiennent des relations dans ,le cadre de

l'accomplissement de leurs fonctions respectiveS.Ce type d'étude serait

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- 38 - un complément au diagnostic sur l'analphabétisme et l'alphabétisation à

Madagascar.

ii) Politique et stratégie

146.11 découle de notre analyse et de nos conclusions qu'il est de la

plus haute importance de formuler une politique et une stratégie desti-

nées à améliorer considérablement non seulement l'extension du système

scolaire formel (dont nous avons signalé les énormes progrès réalisés

à Madagascar), mais surtout sa qualité afin qu'il ne se convertisse pas

en une source d'analphabétisme de retour ou de semi-analphabétisme. Au-

cune campagne, aucun programme ou opération d'alphaûétisation/post-

alphabétisationnepourra réduire sensiblement et encore moins éliminer

l'analphabétisme sans que soient améliorées l'efficience et l'efficaci-

té du systëme éducatif en vigueur, à plus forte raison si l'on tient

compte des limitations que comporte le niveau général de développement

du pays. Ceci implique l'identification des facteurs sociaux, écono-

miques, politiques et culturels qui déterminent cette situation, ainsi

que la nécessité.de définir et de mettre en oeuvre les politiques,stra-

tégies et plans propres à surmonter de tels obstacles.

147. Il serait nécessaire de définir une politique lingüistique natio-

nale, étant donné son incidence sur l'efficience, l'efficacité et le

coût des actions dans le domaine éducatif, en général, et dans celui

de l'alphabétisation/post-alphabétisation et de l'éducation des adultes,

en particulier. Dans ce sens, il faudrait promouvoir et faciliter la

participation concertée et coordonnée des institutions concernées par

cette problématique (p. ex: l'Institut de Linguistique appliquée, en

tant qu'instance scientifique et technique), afin de rendre possibles

les études et propositions qui permettront au gouvernement malgache d'a-

dopter les définitions de politique les plus adaptées à la malgachisa-

tion. L'adoption d'un alphabet unique prenant en compte toutes les va-

riantes dialectales du malgache s'avère être une nécessité prioritaire.

148.come l'a montré notre analyse, étant donné les liens tant concep-

tuels qu'empiriques existant entre 1"'alphabétisation" (équivalent à

l'étape initiale) et la "post-alphabétisation" (au sens d'étape(s)post-

initiales) et considérant que les acquis de la première se consolident

et se développent grâce à la seconde, il serait recommandable de formu-

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- 39 -

ler une nouvelle politique de "post-alphabétisation" qui serait plutôt

une nouvelle politique d'alphabétisation/post-alphabétisation.

14g.De même, considérant que l'alphabétisation ne constitue pas une fin

en soi mais qu'elle remplit une fonction instrumentale et qu'à partir

d'un certain niveau elle devient une condition indispensable au dévelop-

pement du pays, il conviendrait que la politique nationale d'alphabéti-

sation/post-alphabétisation forme partie de la politique nationale d'é-

ducation des adultes, elle-même partie d'une politique nationale d'édu-

cation, définie dans la perspective de l'éducation permanente et en

fonction de la politique nationale de développement du pays, de maniëre

à assurer la continuité, la pertinence et l'efficacité de l'ensemble.

150.Etant donné que l'analphabétisme est un problème social et non

seulement individuel, intéressant toute la sociétélet non seulement les

analphabètes et l'Etat, la mise en oeuvre de l'alphabétisation/post-

alphabétisation devrait faire partie de la stratégie nationale de déve-

loppement, dont la formulation appropriée et l'exécution efficace

exigent une action a caractère multisectoriel (compatibilité des poli-

tiques, des stratégies et des plans; identification et établissement

des mécanismes institutionnels de concertation et de coordination entre

les différents niveaux: local, régional et national) et une action par-

ticipative (favorisant la mobilisation des organisations non gouvernemen-

tales, des communautés de base et des organisations populaires).

151. 11 conviendrait de formuler une politique du personnel qui inclue

la sélection, formation, salaires et conditions de travai1,plans de car-

rière, stimulants autres que salariaux, etc.; il s'agit, en effet d'a-

méliorer la qualité et le rendement du personnel, en assurant le mini-

mum nécessaire de stabilité afin de garantir l'efficience et l'efficaci-

té des activités. Tout ceci est très important surtout dans le domaine

de l'alphabétisation/post-alphabétisation, 03 il est nécessaire de dé-

terminer le plus précisement possible le rôle et les conditions de tra-

vail des fonctionnaires de l'Etat, du rôle et des conditions de partici-

pation des alphabétiseurs volontaires (qui perçoivent une compensation

monétaire, ou bénévoles). Dans ce dernier cas, il importe d'envisager

quelles seraient les compensations, les stimulations que 1'Etat et la

société reconnaîtraient à ceux qui contribuent par leur effort person-

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- 40 - ne1 à la tâche de l'alphabétisation. De même, il faudrait prévoir l'ex-

ploitation de l'expérience et des connaissances acquises par les alpha-

bétiseurs, en les canalisant ultérieurement de manière adéquate vers

d ' autres étapes OU modalités de 1 ' éducation des adultes ,ou sur d ' autres

fronts oû, éventuellement, leur participation serait utile,voire néces-

saire.

152.La mise en place d'un système de formation est subordonnée aux ob-

jectifs, buts et stratégies du plan, ainsi qu'a la quantité et à la

qualité du personnel potentiellement disponible. C'est pourquoi il se-

rait utile de réaliser deux activités complémentaires et consécutives:

la détermination des profils du personnel nécessaire à l'exécution des

différentes fonctions aux différents niveaux, d'une part, et le diag-

nostic de situation relatif au potentiel disponible, d'autre part. La

connaissance des éléments nécessaires et des élements disponibles de-

vrait permettre de formuler une politique de sélection et de formation

du personnel.

153.~e même, il conviendrait que la formation constitue un moment du

processus même d'alphabétisation articulée jusqu'à présent en amont et

en aval sur d'autres moments du processus éducatif et de la dynamique

sociale.. En outre, il faut que la formation soit permanente, c'est-à-

dire qu'elle soit réalisée tout au long du processus éducatif, en con-

cordance avec les conjonctures spécifiques de l'action éducative. De

même, il faut qu'elle articule les formations théorique et pratique,. et

qu'elle se situe dans le contexte social du processus d'éducation qui

va déterminer sa portée et ses limitations.

154.ï1 apparaît hautement souhaitable, dans ce contexte, de déterminer

le rôle que pourrait et devrait jouer 1'Ecole nationale de la jeunesse

et de l'éducation populaire (ENJEP) , chargée actuellement de former les

futurs cadres du MPJS.

155. Etant donné qu'il existe des maîtres du système scolaire formel(g6-

néralement au ler. niveau et surtout dans les régions rurales) qui sont

. amenés 2 accomplir également des tâches d'alphabétisation/post-alphhé- ,

tisation des adultes pour lesquelles ils n'ont pas été préparésfil con-

viendrait que lors de la formulation de politiques, stratégies et plans

relatifs au corps enseignant du système formel soit prise en considéra-

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- 41 - tion la nécessité que ses membres reçoivent une formation théorique et

pratique en matike d'éducation des adultes, et, plus spécifiquement en-

core, en alphabétisation/post-alphabétisation des adultes. Ceci leur

permettrait d'améliorer la qualité de leur travail non seulement avec

1e.s.adultes mais dans l'ensemble de la vie scolaire et communautaire.

156. Il s'avère nécessaire de recommander la formulation d'une poli-

tique curriculaire (structure, contenus, méthodes et techniques) con-

forme au principe de la malgachisation, c'est-à-dire qui réponde aux

conditions réelles de la vie et de travail, aux besoins et aux aspira-

tions des analphabêtes. Une orientation de ce type implique un travail

de recherche préalable qui prenne comme unité d'analyse la communauté

de base dans le contexte régional et national (et non pas seulement la

population analphabète) et qui compte avec la participation de cette

communauté. En outre, la conception et la production du matériel d'ap-

pui doivent être cohérentes avec les orientations de la politique cur-

riculaire: différenciées, souples, centrées sur les participants et

basées sur leur propre monde culturel. Etant donné la limitation des

ressources et aussi les objectifs de l'action éducative, il faudrait em-

ployer des techniques de faible coût, qui, dans la mesure du possible,

utilise des moyens de production qui puissent être obtenus facilement

au niveau local et dont la technologie puisse être facilement appréhen-

dée par les membres des communautés de base et les participants eux-

mêmes. De cette manière, il sera possible d'éviter que soient lus uniquement des messages produits par d'autres personnes qui vivent d'au-

tres réalités; en outre, il y aura stimulation et renforcement du pro-

cessus d'apprentissage et d'échange à travers la production de maté-

riels de lecture qui répondent aux besoins et aspirations de la Cornu- nauté (p. ex: la sérigraphie).

iii) Ressources

157.Etant donné les difficultés qui résultent de l'insuffisance des res-

sources économico-financières allouées à la DEPA du MPJS pour la con-

ception et l'exécution des opérations d'alphabétisation/post-alphabéti-

sation, il serait recommandable:

- d'accroître au maximum l'efficience et l'efficacité de l'utili- sation des ressources disponibles;

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- 42 - - d'augmenter les allocations de 1'Etat dans le budget de la DEPA

du MPJS;

-de formuler une stratégie de concertation et de coopération mul-

tisectorielles dans laquelle on déterminerait les formes et les mon-

tants de participation directe(c'est-à-dire ressources économico finan-

cières spécifiques pour les actions d'alphabétisation/post-alphabétisa-

tion dans les budgets des autres secteurs de 1'Etat) et indirecte (per-

sonnel, équipement, infrastructure, information, etc.) dans les divers

domaines de la planification et de l'exécution des opérations;

-de favoriser la participation des organisations sociales de base

(territoriales et fonctionnelles);

-de demander la coopération de la communauté internationale.

158.Dans ce sens, et 3 partir d'une demande explicite des autorités gou-

vernementales malgaches, en accordaveclestermes desoncontratle consul-

tantacollaboréàliétablissement d'un projet pour la mise en oeuvre de

la politique définie en vue de consolider et développer la post-alphabé-

tisation 2 Madagascar. Ce projet devrait favoriser l'apport de res-

sources extrabudgétaires nécessaires à sa réalisation (voir Annexe 3

"Coopération Unesco/Madagascar. Recherche de financement extra-budgétaire''

et Annexe 4 "Remarques sur la 'Proposition d'un projet pour la consolida-

tion et le développement de la post-alphabétisation 2 Madagascar' ") .

159.Concernant le personnel (fonctionnaires) , il serait utile de déter-

miner que1 est le niveau minimum des besoins tant quantitatifs que qua-

litatifs aux diverses échelons.

160-Pour faciliter la formation du personnel dans les domaines technico-

pédagogiques, administratifs et de gestion, il conviendrait de prévoir

des séminaires et la conception et production de matériels d'auto-forma-

tion (manuels, fiches, brochures,aides audiovisuelles, etc.) et la for-

mation en cours d'emploi (à partir de tâches de suivi et d'évaluation

des instances supérieures et aussi au moyen de la production de program-

mes radiophoniques). Par ailleurs, des voyages d'études pour des diri-

geants de la DEPA pourraient être extrêmement utiles: ils leur permet-

traient en effet de tirer des leçons des expériences d'autres pays ayant

fait face 3 des problèmes similaires 3 ceux de Madagascar. Ces pays de-

vraient être choisis avec le plus grand soin,suivant des critères clairs

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- 43 -

et précis. La préparation d'une telle visite doit être effectuée de ma-

nière à tirer un bénéfice maximum de l'investissement qu'elle implique.

A cet égard, et à propos de la troisième tâche signaléedans le contrat

du consultant (voir Introduction), les autorités malgaches ont estimé

nécessaire de modifier leur demande d'un voyage d'étude d'un spécia-

liste malgache dans le domaine de la post-alphabétisation en Tan2anie.A

cette fin,elles ont exprimé au Secrétariat de l'Unesco leur préference

pour un pays francophoneet leur souhait d'être conseillées dans le

choix de celui-ci.

161.Les difficultés soulevées au cours des dernières années par la

fluctuation vers le bas du nombre des bacheliers du Service National Se

consacrant à l'alphabétisation, de même que la rotation annuelle de ceux-ci, devraient inciter les autorités politiques compétentes à déter-

miner un nombre minimum stable d'affectations annuelles pour la réalisa-

tion des objectifs et des buts prévus au plan d'alphabétisation/post-

alphabétisation. Il' est impératif que la DEPA du MPJS dispose de res-

sources humaines propres en nombre suffisant (alphabétiseurs), car on

ne saurait compter sur les volontaires bénévoles pour établir les bases

minimales de la réalisation des plans. L'expérience des dernières an-

nées confirme cette affirmation. Les conditions de vie des bénévoles et

des communaute's au sein desquelles ils agissent expliquent leur instabi-

lité, ce qui nuit 3 la motivation et à l'assiduité des participants

(sans parler du niveau relativement bas de leurs capacités en général).

162.~es alphabétiseurs (bachelier du Service national ou volontaires bé-

névoles) ont besoin, eux-aussi, d'une formation adéquate avant d'assu-

mer leurs fonctions et durant l'exercice de celles-ci. Tel n'a pas eté

ie cas jusqu'à présent. Par conséquent, ce qui figure au point 149 est

également valable pour ce personnel, étant entendu que l'on doit préci-

ser les mécanismes de sa réalisation en fonction des ressources dispo-

nibles.

163.11 conviendrait de créer des petits centres de documentation et

d'information aux niveaux national et régional à l'intention du person-

nel, où il trouve un répertoire de base des matériels de formationthéo-

rique et pratique dans les différents domaines (technico-pédagogique,

administratif et de gestion, etc.).

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- 44 -

164.Etant donné les conditions de vie difficiles et précaires des vo-

lontaires bénévoles qui travaillent comme alphabétiseurs, il convien-

drait de fixer quelques modalités de compensation, stimulation et ap-

préciation de leur participation.

165.En termes d'équipement et d'infrastructure,nous considérons comme

prioritaires les domaines suivants:

- Impressions: il conviendrait de doter la DEPA des ressources garantisant son autonomie de production dans ce domaine. Ceci aurait

des effets positifs sur les coûts et la disponibilité en temps opportun

du matériel imprimé nécessaire aux activités. Grâce au projet "Presse

Rurale", financé par la NORAD (fonds-en-depôt norvégiens) , on dispose

déjà de quelque équipement et infrastructure pour les impressions.L'ob-

tention de ressources extrabudgétaires permettrait de couvrir la totali-

té du circuit de production.

- Transport: considérant 1'impo.ssibilité de satisfaire les be-

soins en transport de tout le personnel, il serait utile d'assurer pour

le moins l'autonomie de mouvements du personnel qui txavaille au niveau

de la DEPA et aux niveaux de l'exécution (coordonnateurs et.animateurs).

La planification, le suivi, l'évaluation ainsi que la formation en cours

d'emploi sont en fait irréalisables sans transports adéquats et oppor-

tuns. Il en va de même pour la conception et la distribution en temps

utile de matériel didactique et pour la préparation des activités de

groupe (programmes radiophoniques, par exemple).

- Conception et production de programmes de radio: il convien-

drait de renouveler l'équipement existant et de prévoir une maintenance

appropriée. De la sorte, on pourrait mieux utiliser la demi-heure hebdo-

madaire disponible au niveau national et, éventuellement, augmenter le

temps d'antenne, voire régionaliser la conception et la production.Ceci

favoriserait la sensibilisation du public, la motivation des analpha-

bètes et des alphabétiseurs et permettrait ainsi d'intensifier leur par-

ticipation et l'orientation technico-pédagogique du personnel opérant

au niveau de l'exécution, en particulier les alphabétiseurs.

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- 45 -

iv) Conception et production de matériel didactique et de technologie

6duca tive

166.~a conception et la production de matériel didactique et de techno-

logie éducative constituent un domaine critique dont il faut commencer

sans attendre à traiter les problèmes. Etant donné les ressources limi-

tées dont on dispose, il convient d'identifier le minimum des besoins

des destinataires suivants: - - Le personnel de la DEPA, les coordonnateurs et les animateurs:

manuel d'alphabétisation/post-alphabétisation, guides pour le traite-

ment des aspects technico-pédagogiques, administratifs et de gestion(en

mettant l'accent sur ceux qui ont trait à la planification, au suivi et

à l'évaluation, et 3 la formation du personnel sur le ,terrain).

- Les alphabétiseurs: manuel d'alphabétisation/post-alphabétisa- tion (lecture, écriture et calcul), guides pour la production et l'em-

ploi de la technologie éducative artisanale (sérigraphie, par exemple) , guides et instruments pour la réalisation de tests propres à déterminer

les niveaux de compétence en lecture, écriture et calcul; lettres mo-

biles, malettes de sérigraphie, etc.

- Les participants: -(durant l'étape initiale et les suivantes): matériel de lecture, cahier d'écriture, manuel de mathématique élemen-

taire, brochures, journaux ruraux, etc.

167.prenant en considération l'importance des aspects ethno-Tingüis-

tiques de la conception et de la production de matériel didactique, il

est nécessaire de pouvoir compter sur la participation régulière de per-

sonnel specialisé comme celui de l'Institut de Lingüistique appliquée.

168. Etant donné les ressources limitées en personnel specialisé, notam-

ment, il est nécessaire de déteminer quels seront les matériels .qui

devront être conçus et produits au niveau central et ceux qui se conce-

vront et se produiront au niveau régional ou local.

169.Le contact établi lors de notre mission avec divers secteurs de

l'appareil de 1'Etat de même qu'avec des membres d'organisations non gouvernementales qui agissent dans ce que l'on pourra+r=z>peler la "dy-

namisation culturelle", nous a permis d'observer qu'il existe des in-

térêts et des objectifs communs, une expérience capitalisable, mais un

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- 46 -

manque critique de ressources, dû à l'isolement des actions entre-

prises. Dans le but de tirer le maximum de l'utilisation des ressources

et de l'expérience disponibles, et pour garantir une conception et une

production de matériel audiovisuel et écrit de qualité et réellement

utile (reposant sur l'identification des besoins et des attentesdela

population cible) une action de caractère multisectorielle est indispen-

sable, par exemple , avec:

- le Ministère de la culture et de l'art révolutionnaire, responsable de la vulgarisation culturelle et artistique, des bibliothèques (le respon-

sable de ce secteur s'est montré très intéressé par le développement de

bibliothèques populaires en zones rurales et urbaines), de l'étude et de

la diffusion de la tradition du pays et de la problématique del'identité

culturelle, de la promotion de la littérature et des écrivainsen langue

malgache ;

- le Ministère de l'information, de l'animation idéologique et de la co- opérativisation pour la conception et la production de programmes de

télévision et, surtout, de radio destinés à sensibiliser, motiver et

orienter la participation des différentes secteurs de la population dans

des opérations d'alphabétisation/post-alphabétisation, de même que pour

la formation spécialisée du personnel de la DEPA dans les domaines de la

production radiophonique et journalistique;

- le Ministère de la production agricole et de la réforme agrairepour la conception et la production de matériel propre à la vulgarisation d'as-

pects agronomiques ou de gestion.

170. A tout ceci on pourrait ajouter d'autres secteurs s'intéressant à

la santé, à la nutrition, à l'habitat, à la participation sociale, etc.

171. Il serait souhaitable de déterminer le type d'apport que pourraient

fournir, dans la conception et la production de matériel didactique et

de technologie éducative, le Centre national de production de matériel

didactique (CNAPMAD) et 1'Ecole nationale dela jeunesse et de l'éduca-

tion populaire (ENJEP), qui disposent de personnel et de ressources

techniques (pour la production, par exemple, de lettres mobiles, de

fiches de familles syllabiques, pour la formation de mots et de phrases, ---+

de malettes de sérigraphie, etc.).

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- 47 -

v) Organisation

172. La structure d'administration et de gestion doit répondre de ma-

nière opportune et adéquate aux besoins et urgences de l'action sur le

terrain. Dans ce sens, il faudrait:

- Réviser et adapter la structure et fonctions de la DEPA du MPJS àses

différents échelons (national, régional, local) en prenant en compte

l'expérience acquise, afin d'améliorer la concertation et la coordina-

tion aux niveaux intra-sectoriel (de la DEPA elle-mëme et entre la DEPA

et les autres directions du MPJS) et Inter-sectoriel (avec les autres

secteurs de 1 'Etat et avec les organisation non gouvernementales) ;

- Expliciter les mécanismes et modalités de coopération en vue de maxi-

miser l'obtention, l'affectation et l'utilisation des ressources, ainsi

que l'efficacité de l'action.

- Redimensionnerla composition de la DEPA en prenant en compte les dif-

férentes tâches à accomplir, étant donné les limitations de ressources.

Il faudrait avoir présent à l'esprit que plus large est la couverture

d'un programme, plus nombreux sont les éléments qui interviennent et que

plus grand est le nombre de sources d'où procèdent ces éléments, plus dé-

licats sont les problèmes de programmation, de communication, de suivi et

d'évaluation,d'oÜl'importance de disposer d'un personnel suffisant et com-

pétent, de normes souples et d'un pouvoir (appui politique) suffisant pour

répondre aux problèmes présents dans le développement même des actions.

vi) Recommandations finales

173. Nous considérons qu'il serait utile d'organiser un séminaire national

en vue de discuter du contenu de ce rapport et de recueillir ainsi le plus

grand nombre possible de points de vue et de suggestions. A cette réunion

devraient participer des organisations gouvernementales et non gouvernemen-

tales menant des activités sur le terrain et qui se consacrent à la recher-

che. Il est également souhaitable que participent à ce séminaire des spécia-

listes nationaux et internationaux susceptibles d'enrichir la réflexion sur

l'alphabétisation/post-alphabétisation.

174. Il est hautement souhaitable que Madagascar participe activement au

Programme régional d'élimination de l'analphabétisme en Afrique intensifiant

ainsi la coopération inter-africaine et l'échange d'expériences.

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- 4a -

ANNEXE 1

LISTE DES PERSONNES ET INSTITUTIONS CONSULTEES

1. Organismes gouvernementaux

(a) Ministère de la Population, de la Condition Sociale, de la Jeu- nesse et des Sports

M. NDREMANJARY, André Ministre d'Etat

M. RAMALANJAONA, Fils Directeur Général du Développement des Ressources Humaines

M. ALAOY Directeur de 1'Education Populaire et de l'Alphabétisation

M. RAKOTONAIVO, Julien Chef de Service de la Post-alphabétisation et de L'Education Permanent Coordonnateur National du Projet Presse Rurale

M. RAJAOARISON; Raymond Wilson Chef du Service des Méthodes, Recherches et Organisation

M. ANDRIAMORA, Paul Bernard Chef du Service de Formation et de Production de Matériels Di- dactiques

M. RAKOTONDRAINIMPIANA, Etienne Robin Chef de la Division de la Post-alphabétisation

M. RANDRIANARISOA, Georges Chargé de la réalisation et du contrôle des microprojets de développement dans le domaine de l'alphabétisation fonctionnel- le Chargé de la statistique

M. RAZAFIMIARAMANANA, Andiranahazomandimby Responsable des données statistiques

Mme. RAHERIMALALA, Vololomboahangy Jacqueline Chef de la Division des Méthodes Chargé de l'élaboration des programmes et méthodes d'alphabé- tisation et d'éducation des adultes

Mlle. RAZAFINIMARO, Symphorose Chef de la Division de Formation (en collaboration avec 1'Eglise Luthèrienne Malagasy)

M. RAFALIMANANA, Georges Chef de la Division d'Alphabétisation au Service Provincial de

. la Population, de la Jeunesse et des Sports

M. RANDRIANARISOA, Léonard Délegué Régional du MPJS, Fivondronana d'funbohidratrimo

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- 49 -

M. RAKOTOVAO, Richard Moniteur d'Alphabétisation Délégué du MPJS auprës du fivondronampokontany d'Antananarivo- Antimondrano

M. RABEZAHANA ANDRIANATREHINA, Jean Bienvenu Responsable de l'Alphabétisation du "Régiment d'appui et de soutien" , Ampahibe

Mlle. RASOARISOA, Suzette Monitrice. d'Alphabétisation

M. RAKOTOVAO, Rainibebijana Responsable de l'émission radiophonique de la DEPA

Mlle. RAKOTOBE, Charlotte Responsable de l'émission radiophonique de la DEPA

Province de Tuléar

M. ABOUDOU, Mady Chef de Service provinciale de la Population, Jeunesse et Sport

Ecole Nationale de la Jeunesse et de 1'Education Populaire

M. RAOLOSON, Andrianohery Directeur des Etudes

M. RAHANTRAKA, William Formateur

(b) Ministère de l'Enseignement Secondaire et de 1'Education de Base

M. ASSOMANY Directeur de la Planification et de l'orientation Scolaire

Commission Nationale Malgache pour l'Unesco

M. RAHARIMANANTSOA, Hugues Secrétaire Général

Mlle. RASOLONOMENJANAHARY, Meltine Assistante du Secrétaire Général

Mme. RAMANANTENASOA , Jeanne

Centre National de Production de Matériel Didactique

M. RAZAFINAHEFA, Jersin M. Directeur

(cl Présidence de la République

DirectlDn Général du Plan

M. RABARY, Victor Directeur de la Planification Sectorielle

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- 511 -

2.

3.

Banque des Donnèes de 1'Etat

M. RANDRIANARIVONY, Armand Roger Directeur Général

Mme. RABENJAMBALASOM Documentaiiste

Ministère de la Culture et de l'Art Révolutionnaires

Mme. RAHARY, Espér6e Directeur de la Culture

Mme. RAKOTO Bibliothécaire

Ministère de l'Information. de l'Animation Idéoloaiaue et de la Coopérativisation

M. ANDIRAMIALISON, Simon Directeur Général

Ministëre de la Production Aaricole et de la Réforme Aaraire

M. RAMAROSON, Ignace Chef du Groupe d'Appui à la Vulgarisation et de liaison avec la Recherche (assurant l'intérim de la Direction de la Vulgari- sation Agricole)

Ministère des Travaux Publics

M. RAZAFINDRAINIBE, Gabriel Directeur de l'Architecture, de l'urbanisme et de l'Habitat

Université de Madagascar

M. BEMANANJARA, Zefaniasy Directeur de l'Institut de Lingüistique Appliquée

Ministère de 'la Recherche Scientifique et Technologique pour le Développement

Mme. RATSIMANDRAVA, Juliette Bibliothécaire

Oraanisations non aovuernementales

(a) Eglise Luthérienne Malagasy

M. RABARISON, Roland Harlys Departement de Développement

1 .

Svçtème des Nations Unies

(a) Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD)

M. JANNONE, Ottorino Représentant Résident

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- 51 -

M. RANDRIANARIJAONA, Thierry Senior Administrative Assistant

M. CUENOD, Jean François Chargé de Programme

Mlle. GOMER, Lisa Chargé de l’Administration

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- 52 -

ANNEXE 2

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ET BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE

A. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

(1) Boiteau, Pierre, Contribution à l'histoire de la nation malga- - che, Antananarivo, Editions Sociales/Ministëre de la Culture et de l'Art révolutionnaires de la République démocratique de Madagascar, 2e. ed., 1982, pp. 99, 100, 157, 158, 302, 303; Rabearimanana, Lucile, La presse d'opinion 3 Madagascar de 1947 5 1956, Antananarivo, Librairie Mixte, 1980, pp. 18-23; Lupo, Pierre, "Gallieni et la laïcisation de l'école à Mada- gascar (1896-1904)". In: Omaly sy anio, Antananarivo, NO 16, (juillet-décembre), 1982, pp. 69-99; Académie Malgache, "L'Analphabétisme". In: Bulletin de Mada- gascar, Antananarivo, NQ 91 (décembre), 1954.

(2) Repoblika Demokratika Malagaçy, Le Ministère de la Population et de la Conditione Sociale dans la Révolution Socialiste Ma- lagaçy, Antananarivo, Ministère de la Population et de la con- ditione sociale,1979, p. 37.

(3) Loc. cit.

(4) Repoblika Malagasy, Ministère des Finances et du commerce, En- &te démographique , Antananarivo , Institut national de la z a - tistique et de la recherche économique, 1967, pp. 56-63.

(5) Repoblika Malagasy, Plan quinquennal 1964-1968, Tananarive,Com-

(6) Ibid., p. 140 (souligné par nous)

missariat général au plan, 1964, p. 137.

(7) Ibid., p. 141.

(8) Repoblika Demokratika Malagasy, Le Ministère de la..., op. cit., p. 37.

(9) Unesco, Programme expérimental mondial d'alphabétisation: éva- luation critique, Paris, Unesco, 1976, p. 81.

(10) LOC. cit.

(11) Ibid., p. 85. - (12) Ibid., pp. 81-82.

(13) Ibid., p. 81.

(14) Repoblika Demokratika Malagasy, Le Ministère de la..., op. cit., p. 38.

(15) Repoblika Malagasy, Plan de Développement national 1974-1978,

(16) Charte de la Révolution Socialiste Malagasy, 26 août 1975.

Tananarive, Ministère du Plan, 1974, pp. 34-35, 61-62, 153-168.

(17) Repoblika Demokratika Malagasy, Le Ministère de la..., op. cit., p. 86.

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- 53 -

(18) Ibid., pp. 80-82.

(19) Repoblika Demokratika Malagasy, Ministère auprès de la Prési- dence de la République chargé des finances et du plan, Premier Plan 1978-1980, Antananarivo, Direction générale du plan, 1977, pp. 223-262.

(20) Repoblika Demokratika Malagasy, Ministère de la Population, de la conditione sociale, de la jeunesse et des sports, Activités et organisation de la Direction de 1'Education populaire et de l'alphabétisation, Antananarivo, MPJS, (ronéo) , avril 1985, pp. 1-2.

(23)

(25)

(26)

(27)

(28)

(29)

Repoblika Demokratika Malagasy, Journal Officiel, Antananarivo, 26 juillet 1986, p. 1493. Cette édition publie la Loi 86-609 relative au Plan Quinquennal 1986-1990 adopté par l'Assemblée nationale populaire le 12 juillet 1986.

République démocratique malgache, Population de Madagascar-Si- tuation actuelle et perspectives d'avenir, Antananariv0,Minis- tère de la Recherche scientifique et technologique pour le dé- veloppement, 1985, p. 91. - Repoblika Demokratika Malagasy, Journal Officiel, op. cit., p. 1492.

République démocratique malgache, Population de Madagascar ..., op. cit., p. 91.

Repoblika Demokratika Malagasy, Journal Officiel, op. cit.,pp.

République démocratique malgache, Population de Madagascar ..., op. cit., p. 34

Ibid., pp. 25, 26, 30, 34, 39.

Repoblika Demokratika Malagasy, Journal Officiel, op. cit. p. 1497.

République démocratique malgache, Population de Madagascar ..., op. cit., 39.

Ibid., p. 46.

Ibid., p. 90-

Democratic Republic of Madagascar, The use of Malagasy as an instructional language in the lower forms of the secondary

1492-1493.

- -

schoolsystem, Antananarivo, National Commission for Unesco, 1983.

(33) Repoblika Demokratika Malagasy, Journal Officiel, op: cit., p- 1553.

(34) Ibid., p. 1554.

(35) Ibid., p. 1553. . -

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- 54 -

B. BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE (complémentaire)

BROWN, Mervyn, Madagascar Rediscovered, London, Damien Tunna- cliffe, 1978.

GOW, Bonar A., The British Protestant Missions in Madagascar, 1818-1895, Thèse Ph.D., Dalhousie University (Canada), 2 vols., 1975, dactylographiês.

HESELTINE, Nigel, Madagascar, London, Pal1 Mal1 Press, 1971.

HOULDER, J. A., Ohabolana ou proverbes malgaches, Tananarive, Trano, Printy Loterana, 1960.

HOWE, Sonia F., The Drama of Madagascar, London, Methuen,l938.

JOLLY, Alison, A World Like Our 0wn:Man and Nature in Madagas- car, Yale University Press, 1980. -

KENT, Raymond, Early Kingdoms in Madagascar 1500-1700,New York, 1970 -

LUPO, Pierre, Eglise et décolonisation à Madagascar,Fianarant- soa, Editions Ambozontany, 1975.

Ministère de la Culture et de l'Art Révolutionnaires, Us et coutumes malgaches, Tananarive, Ministère de la Culture et de l'Art Révolutionnaires, 1984.

Ministëre des Travaux Publics,Programme des Nations Unies pour le Développement,Centre des Nations Unies pour les Etablis- sements humains,Développement urbain du grand Antananarivo, Antananarivo, 1985 (4 vols.).

MURPHY, Dervla, Muddling Through in Madagascar, London, John Murray, 1985.

RAMAHOLIMIHASO, Andrianampy, Madagascar, terre d'énigme, Tana- narive, Société Malgache d'Edition, 1983.

RANDRIANARISOA, Pierre, L'enfant et son éducation dans la civi- lisation traditionnelle malgache,Tome 1, Fandriana,(s.e.), (n.d. 1 .

RUUD, Jbrgen, Taboo: A Study of Malagasy Customs and Beliefs, Oslo, Oslo University Press, 1960. 26 éd. Tananarive, Tra- no Printy Loterana, 1970.

Buchgesellçchaft, 1979. SICK, Wolf-Dieter, Madagaskar, Darmstadt, Wissenschaftliche

STRATTON, Arthur, The Great Red Island, London,Macmillan,l965.

TRONCHON, Jacques,L'insurrection malgache de 1947, Essai d'in- terprétation historique, Fianarantsoa, EFA, 1982.

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- 55 - ANNEXE 3

COOPERATION UNESCO/MADAGASCAR: RECHERCHE DE FINANCEMENT

EXTRA- BUDGETAIRE

Proposition d’un projet

pour

la consolidation et le développement de la

post-alphabétisation à Madagascar

Coût estimative: US $ 450,000

Durée.: 1988-1990

Objectifs: Consolider et développer les acquis de de l‘alphabétisation initiale au moyen d’opérations de post-alphabétisation en fonction des priorités definies dans le Plan ,_ .

national de Développement 1986-1990 conçu en vue de l’amélioration des conditions de vie (santé, nutrition, logement,etc.) et de la capacité de production de la population, grâce a une assistance technique et financière pouvant assurer:

- la production adéquate, régulière et autonome de matériel écrit et audiovisuel aux niveaux central et local;

- la formation et l’équipement du personnel aux niveaux central et décentralisé en vue d’améliorer l‘organisation des opérations de post-alphabétisaton;

- le suivi des opérations sur le terrain permettant les réajustements nécessaires découlant des réalités et des besoins locaux.

Bénéficiaires: - 450 cadres du Ministère de la Population, de la Condition sociale de la Jeunesse et des Sports (MPJS), aux niveaux central et décentralisé, qui seront formés et équipés;

- 4,500 alphabétiseurs qui seront formés et équipés ;

- 200,000 adultes, dont 85% en milieu rural et 78% de femmes.

Organisation et exécution: Les opérations seront exécutées par la

Direction de 1’Education populaire et de l‘Alphabétisation du MPJS avec l’assistance technique de l’Unesco et des experts nationaux.

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- 56 -

1. CADRE DE REFERENCE

L‘analphabétisme à Madagascar touche près de 60% de la population globale, en particulier dans le milieu rural et parmi les femmes (78% d’analphabètes).

Depuis 1958, Madagascar a été le théâtre de différentes activités d’alphabétisation. Entre 1969 et 1972 le pays a participé au Programme expérimental mondial d’ alphabétisation (PEMA) lancé par l‘Unesco et le PNüD et a reçul‘assistance de l’Unesco chaque fois que le gouvernement la lui a demandée.

Bien qu’entreprise depuis près de 30 ans à Madagascar, ce n’est que depuis une décennie que la lutte contre l’analphabétisme a été intensifiée et systematisée grâce à la priorité accordéeparle gouvernement à cette tâche et la mise en place d‘une Direction de 1’Education populaire et de l’Alphabétisation (DEPA) au sein du MPJS.

Dans le cadre de son orientation politique générale, définie dans ses grandes lignes par la Charte de la Révolution socialiste (1975), la République démocratique de Madagascar a consenti des efforts considérables en vue de rénover et moderniser le système éducatif hérité de l‘époque coloniale. Le cadre conceptuel de la nouvelle politique éducative a été défini par la Loi 78/040, adoptée par l’Assemblée nationale populaire en 1978. Les principes de base de la nouvelle politique éducative sont la démocratisation de l’éducation, la malgachisation de l’enseignement et la decentralisation du système éducatif.

La mise en application de certaines mesures a pratiquement débuté en 1980 et le système a connu une expansion quantitative considérable. Dans les domaines de l‘alphabétisation et de la post-alphabétisation une population d‘à peu près 200,000 adultes a été desservie par quelque 5,000 centres d’alphabétisation mis en place et encadrés par 9,500 bacheliers du Servicenationai (hors Forces armêes) et 2,500 alphabétiseurs bénévoles issus des communautés de base (Fokontany).

Malgré les efforts déployés, qui ont permis d‘obtenir des résultats concrets, des carences et de problèmes imprévus, aggravéspar une conjoncture économique en constante détérioration - conséquence des difficultés internes et des retombées de la crise économique internationale -, le pays n’est pas en mesure de créer et de mobiliser tous les moyens que requiert une action

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d'envergure capable de faire face aux défis de la démocratisation (quantitative et qualitative) de l'éducation et de l'éradication de l'analphabétisme, qui freinent le développement économique, social et culturel du pays, et nuisent à la participation effective de la population à ce processus.

Or, si on ne consolide pas et on ne développe pas les résultats dejà acquis on risque de perdre le bénéfice des efforts et des ressources déjà investis.

Entreprendre des actions d'alphabétisation n'est pas une tâche facile mais elle est faisable; il est plus difficile de garantir la consolidation et ie développement productif du savoir-faire acquis. Ceci est encore plus difficile dans des sociétés où la communication se réalise fondamentalement par voie orale et où les moyens écrits ne sont pas seulement rares mais coûteux, étant ' donné la faiblesse des ressources économiques et financières-. réellement disponibles de la part de 1'Etat et/ou des communautés.

Tel est le cas de Madagascar, où les actions entreprises dans le domaine de l'alphabétisation ont cependant permis d'éliminer l'analphabétisme dans plusieurs villages, mais où on ne dispose pas de moyens écrits correspondant à la demande de la population concernée par l'étape initiale de l'alphabétisation.

Aussi est-il absolument nécessaire de poursuivre et d'améliorer les actions de post-alphabétisation. Ceci exige des ressources humaines, financières et matérielles pour lesquelles on sollicite la contribution de la communauté internationale, qui a commencé à se concrétiser par la mise en place du projet "PRESSE RURALE", placé sous la tutelle du MPJS, en collaboration étroite avec les autres services nationaux concernés Agriculture, Information, Education, Culture). Ce projet devrait permettre de créer des journaux de soutien aux opérations d'alphabétisation et post-alphabétisation au fur et à mesure de leur développement.

2. OBJECTIFS

Les opérations de post-alphabétisation ont comme objectif principal la consolidation et le développement des acquis de l'alphabétisation initi.ale en fonction des priorités définies dans le Plan national de Développement 1986-1990 pour:

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2.1 améliorer les conditions de vie de la population cible dans les domaines de la santé, de la nutrition, du logement, etc.;

2.2 favoriser la production et la productivité dans les activités économiques des communautés de base,agriculture, élevage, pêche, artisanat, etc.);

2.3 promouvoir une meilleure gestion de l’économie familiale et des activités productives (exploitations familiales, coopératives de production et/ou de service, auto-emploi, etc.):

2.4 contribuer au changement des mentalités et favoriser la participation effective et responsable des populations de base dans la vie locale, régionale et nationale.

Pour y arriver, le projet se propose de:

(a) garantir la production adéquate, régulière et autonome de matériels écrit et audiovisuel destinés à contribuer à la réalisation de ces objectifs;

(b) assurer la formation et l‘équipement du personnel responsable de la mise en oeuvre des opérations des post-alphabétisation; ,

(c) sensibiliser la population, en général, et les neo-alphabètes, en particulier, sur l’importance de la post-alphabétisation et stimuler leur participation aux actions à entreprendre dans le cadre du projet;

(d) assurer le suivi et l’évaluation des opérations de post-alphabétisation pour mieux garantir la réalisation de leurs ob j ec tifs ;

(e) fournir l‘assistance technique et financière nécessaire pour assurer la formation du personnel, la production de matériel écrit et audiovisuel et l’entretien des équipements.

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3. ACTIVITES PREWES

3.1 Elaboration, impression et distribution de matériel écrit pour néo-alphabètes

Le projet a pour objectif de combler ce vide par l’élaboration de matériels de lecture spécialement conçus, en fonction des caractéristiques et besoins de la population qui a dejà commencé son processus d’alphabétisation. De même, le projet pourrait s’avérer utile pour ceux qui ont dejà franchi l’étape initiale de la lecture et de l’écriture.

Il faut aussi que la fourniture du matériel de lecture soit régulière, ce qui implique la nécessité de garantir sa production et distribution autonomes, en réduisant les coûts le plus possible et en assurant sa livraison opportune (ce dernier aspect est encore plus important si l’on tient compte des conditions difficiles des voies de communications et des moyens de transport à Madagascar).

Pour concrétiser ce processus, on devra agir à deux niveaux:

3.1.1 Central: cela veut dire l’élaboration, l‘impression et la distribution de 81.000 manuels de lecture sous la responsabilité directe de la DEPA du MPJS.

3.1.2 Local: cela veut dire l’élaboration, l’impression et la distribution de matériel écrit au niveau des communautés de base au moyen de la sérigrauhie. Cette technique est très facile à apprendre et économique (emploi des ressources locales); elle permet l‘élaboration de messages à partir des motivations et des besoins spécifiques de chaque localité (ce qui devrait accroître la motivation et l‘intérêt des participants); elle assure l‘autonomie et l’opportunité de la production et distribution des messages (sans impliquer des coûts additionnels de distribution), et facilite la participation active des membres des communautés de base dans tout le processus, dont l’encadrement est assuré par les alphabétiseurs.

L‘exécution de ce projet suppose la disponibilité de:

(a) Personnel qualifié (niveaux central et décentralisé) pour l‘élaboration, la vérification et l’adaptation permanentes du matériel de lecture à la politique de malgachisation définie par le gouvernement (celle-ci implique l’utilisation de la langue

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Malgache comme langue nationale véhiculaire et la détermination des contenus à partir de la réalité nationale et des besoins de la population). De même, on a besoin de personnel qualifié pour encadrer les actions de post-alphabétisation et l'impression des matériels.

(b) EQuipement et matériaux d'impression (niveaux central et décentralisé) pour assurer tout le processus d'impression ainsi que la maintenance des équipements. L'analyse comparative des coûts c'est-à-dire, l'utilisation des services de tiers pour l'impression) et l'autonomie de la production (étant donné la capacité de production limitée soit de la part de l'Etat, soit des entreprises privées), rendent recommandable cette option.

(c) Transport. La distribution opportune de l'ensemble du matériel écrit requiert que la DEPA du MPJ compte avec un minimum de véhicules, ce qui contribuera de surcroît à améliorer l'organisation des activités de post-alphabétisation, étant donné les problèmes de transport déjà soulevés.

De même, les moyens disponibles permettront l'élaboration et la distribution et 4.500 manuels de post-alphabétisation à l'intention du personnel responsable de l'encadrement des actions sur le terrain (animateurs, coordonnateurs alphabétiseurs) pendant la période d'existence du projet. Les moyens disponibles permettront aussi l'élaboration des guides pour l'utilisation de la sérigraphie comme technique de production au niveau local.

3.2 Conception. production et diffusion de matériel audiovisuel

La radio est le moyen de communication le plus répandu à Madagascar. Son utilisation adéquate devrait contribuer a:

3.2.1 Sensibiliser les institutions et la population sur l'importance de l'alphabétisation et de la post-alphabétisation;

3.2.2 Motiver les analphabètes et les néo-alphabètes à participer aux activités organisées, en leur donnant 1' information nécessaire;

3.2.3 Promouvoir la participation des institutions et de la population dans les différentes tâches qu'implique la mise en oeuvre du projet (alphabétiseurs bénévoles, ressources économiques et financières, infrastructure, fournitures, etc.);

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3.2.4 Disséminer les acquis dans l’alphabétisation et la post-alphabétisation pour stimuler l’émulation parmi les communautés locales;

3.2.5 Véhiculer des orientations pédagogiques et pratiques à l’intention du personnel responsable de l’encadrement des actions à partir des expériences en cours, en vue de tirer le meilleur parti possible.

De même, les émissions radiophoniques peuvent être utilisées comme des occasions pour se réunir avec la communauté locale (écoute collective) et y discuter des actions qu’y se déroulent pour améliorer sa réalisation, en comptant avec l’aide de moyens audiovisuels auxiliares (diapositives, cassettes, affiches, etc.).

Actuellement la DEPA du MPJS dispose d’une émission radiophonique de 30 minutes hebdomadaires (26 heures par an) qui a été allouèe gratuitement par le Ministère de l’Information. Cette émission a une couverture nationale et est transmise à partir d’Antananarivo.

Il est possible d‘étendre ces émissions en utilisant les radios régionales. Ainsi, peut-on envisager l’émission de programmes à caractère expérimental dans deux ou trois régions,:.. ce qui pourrait porter entre 56 et 78 le nombre d’heures disponibles par an.

En principe, donc, on pourrait disposer de 78 à 96 heures d’émission par an, soit un total de 234 à 288 heures pendant trois ans.

L’exécution de ce processus suppose:

(a) Personnel qualifié

(b) Encadrement adéquat et régulier

(c) Equipement et matériel pour la production des émissions radiophoniques et des ressources audiovisuelles auxiliaires

(d) Transports pour le personnel responsable de la production, de l’émission et de l’évaluation des programmes, ainsi que du personnel chargé de l’encadrement, .

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3.3 Formation du Dersonne1

La réalisation du projet suppose la formation, aux niveaux centralisé et dëcentralisé, du personnel responsable d’assurer l’exécution, .le suivi et l’évaluation des opérations de post-alphabétisation dans ses différents aspects. Ceci implique qu’il faut former et équiper en moyens techniques:

3.3.1 le personnel de la DEPA du MPJS: 450 personnes;

3.3.2 les alphabétiseurs: 4,500 personnes;

3.3.3 les responsables de la conception et production du matériel audiovisuel: 10 personnes;

3 . 3 . 4 les responsables de la conception et production de manuels de lecture pour les néo-alphabètes: 12 personnes.

La formation et l’assistance technique seront assurées par l’Unesco, avec la participation d’experts nationaux et, si nécessaire, internationaux.

La formation prendra en compte les aspects suivants:

(a) Planification, administration et gestion des programmes d’alphabétisation/post-alphabétisation aux niveaux national, régional et local;

(b) Méthodologie de l’alphabétisation et de la post-alpha- bétisation;

(c) Production de matériel de lecture à l’intention des néo lecteurs :

(d) Production de matériel d’auto-formation à l’intention du personnel de la DEPA, des coordonnateurs et des animateurs;

(e) Elaboration d’instruments pour la collecte, traitement et analyse des données (quantitatives et qualitatives) nécessaires au suivi et à l’évaluation des différentes activités que comporte le projet.

La formation se déroulera de deux manières distinctes:

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(a) Ateliers: 4 ateliers pendant la période d'existence du projet (à l'intention du personnel de la DEPA, des coordonnateurs et des animateurs);

(b) Sur le terrain: à. l'intention des alphabétiseurs en cours de service, avec le concours du personnel de la DEPA, des coordonnateurs et des animateurs.

4 ACTIVITES CONNEXES

L'Unesco, avec l'appui financier de la NORAD (fonds- en-dépôt norvégiens) et sur demande du Gouvernement de la République démocratique de Madagascar, a lancé des activités dans le domaine de la PRESSE RURALE pour dynamiser les activités d'éducaton et de formation dans les zones rurales, notamment par la communication écrite, pratiquement inexistante sur place. Le projet devrait permettre de créer des journaux de soutien aux opérations d'alphabétisation et de post-alphabétisation au fur et à mesure de leur développement. La phase pilote d'expérimentation vient de commencer avec la production des trois premiers numéros du journal de la région d'AMBATONDMZAKA, et on prévoit la parution d'un autre journal dans la région de NOSY-BE pour le quatrième trimestre 1986. Ce projet est placé sous la tutelle de la Direction de 1'Education populaire et de l'Alphabétisation (DEPA) du Ministère de la Condition sociale de la Jeunesse et des. Sports (MPJS), en coordination avec les autres services nationaux concernés.

5. ORGANISATION ET EXECUTION

La Direction de 1'Education~populaire et de l'Alphabétisation du Ministère de la Population de la Condition sociale, de la Jeunesse et des Sports sera l'organe national responsable de la coordination et de exécution du projet.

L'Unesco, par l'intermédiaire d'experts nationaux ou étrangers, fournira l'assistance technique nécessaire pour la réalisation du projet.

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6. FINANCEMENT TOTAL DU PROJET (en dollars des Etats Unis)

6.1 UNESCO/NORAD ............. $ 242.500

6.2 GOUVERNEMENT DE LA RDM (1) ............. 80.000

87.500 6.3 GOWERNEMENT DE LA RDM (2)

6.4 AUTRES FONDS EXTRABUDGETAIRES 450.000

.............

.............

TOTAL : ----- (1 1 Projet "Presse Rurale" (2) Projet "Post-alphabétisation

7. FINANCEMENT SOLLICITE (en dollars des EtatS Unis)

7.1 Formation du personnel ............. 7.2 Elaboration, impression et

distribution du matériel de lecture pour néolecteurs .............

maintenance/impression .............

maintenance/audiovisuel .............

maintenance .............

(personnel 1 ............. .............

7.3 Equipement, fournitures et

7.4 Equipement, fournitures et

7.5 Véhicules de transport et

7.6 Assistance technique

?.7 Coûts d'opération du projet

$ 30.000

110.000

80.000

25.000

120.000

25.000

59.000

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ANNEXE 4

REMARQUES SUR LA "PROPOSITION D'UN PROJET POUR LA CONSOLIDATION

ET LE DEVELOPPEMENT DE LA POST-ALPHABETISATION A MADAGASCAR"

Le document "Coopération .Unesco/Madagascar. Recherche de finance-

ment extra-budgétaire. Proposition d'un projet pour la consolidation et

le développement de la post-alphabétisation à Madagascar'' part, pour le

moins, de trois considérations fondamentales:

1. Le pays a accompli des efforts dans le domaine de l'alphabétisa-

tion, mais les ressources qui ont été destinées à celle-ci, de même que

les résultats et l'impact de ces efforts,son restés très limités. Cette

situation est particulièrement évidente en ce qui concerne la post-

alphabétisation, pour laquelle il faut ajouter a l'insuffisance des

ressources celle de politiques et de stratégies adéquates.

2. Les efforts et ressources investis, insuffisants en vue de l'am-

pleur du problème, mais appréciables en fonction de la situation du

pays, courent le risque de se perdre si l'on ne consolide pas et ne

développe pas ce qui a été commencé et, simultanément, si l'on ne re-

vise pas les aspects conceptuels, de politique et de stratégie de ce

que nous avons appelé "alphabétisation/post-alphabétisation".

3. Dans les conditions économico-financières actuelleslet probable-

ment pendant une période à venir encore longue, le gouvernement ne par-

vient pas à faire face seul au défi de la consolidation et du dévelop-

pement des opérations d'alphabétiçation/post-alphabétisation.Ceci n'est

qu'un des nombreux fronts pour lesquels sont nécessaires des fonds SU-

périeurs 2 ceux, insuffisants,dont dispose le pays. Par conséquent,. & coopération internationale constitue une condition nécessaire en vue

de mobiliser 'les ressources dont le gouvernement a besoin pour concré-

tiser sa volonté politique d'alphabétiser.

Comme on peut s'en rendre compte à la lecture du projet, les objec-

tifs et les butSIpendant la période de vie prévue (1988-199D), prennent

en considération les principaux problèmes et domaines critiques identi-

fiés au cours de notre mission 3 Madagascar, ainsi que l'analyse des

conditions et possibilités qui rendent possible la réalisation de ce

projet.

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Les domaines critiques qui ont été considérés comme prioritaires

dans la formulation du projet sont les suivants:

(1) Conception et production de matériel écrit et audiovisuel aux

niveaux central, régional et local;

(2) Formation et équipement minimum du personnel au nive.au central

et décentralisé et,

(3) Suivi et évaluation des activités sur le terrain.

Les buts méritant une attention particulière, identifiés en termes

de personnel qualifié (DEPA, coordonnateurs et animateurs, alphabéti-

seurs) et population analphabète prise en charge, ont été adoptés à

partir de l'analyse des chifires disponibles pour les sept dernières

années, ce qui pose certains problèmes du fait du manque d'information

suffisamment précises, détaillées et fiables. Toutefois, ils nous don-

nent un cadre de référence pour fixer un ordre de grandeur.

Le rapport entre le personnel d'encadrement et les alphabétiseurs

est de 1:10 et celui entre les alphabétiseurs et la population analpha-

bète prise en charge est de 1:44. Ceci implique que les autorités

doivent décider de consacrer un contingent annuel d'au moins 1.500 ba-

cheliers du Service national aux taches d'alphabétisation/post-alphabé-

tisation. Si cette condition n'était pas remplie il serait pratiquement

impossible de se donner comme objectif l'alphabétisation de 200 O00 per-

sonnes en trois ans.

La population analphabète que l'on pourrait confier aux volontaires

des communautés de base n'a pas été prise en considération dans l'esti-

mation des bénéficiaires du projet, du fait de la moindre fiabilité des

estimations du contingent recrutable annuellement, de son assiduité et

de la charge de travail qu'ils sont en mesure d'assumer (en termes du

rapport participants/volontaires et de régularité en termes de temps)

Quoi qu'il en soit,les résultats que l'on pourrait obtenir par ce moyen

peuvent s'ajouter (ou compenser) 2 ceux qu'obtiendraient les bacheliers

du Service national Cependant, ceci n'exclut pas la nécessité de pren-

dre en compte les besoins de formation et d'encadrement du contingent

des volontaires, de même que son équipement minimal.

Par ailleurs, étant donné les difficultés inhérentes 3 la formation

et a l'encadrement des volontaires, il conviendrait de définir quelles

seraient les conditions dans lesquelles un volontaire peut assumer le,

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rôle d'alphabétiseur ou n'être qu'un élément de soutien pour les al-

phabétiseurs du contingent de bacheliers du Service national. Ainsi,les

volontaires pourraient-ils (s'ils ne possèdent pas le niveau requis)

passer par une première étape d'apprentissage comme auxiliaires des

alphabétiseurs, en vue d'assumer pleinement, lors d'un deuxième stade,

les fonctions d'alphabétiseurs.

En ce qui concerne la formation, nous avons dèjà montré dans notre

analyse et nos conclusions quels sont les principaux problèmes. Les ac-

tions destinées à améliorer les qualifications, en fonction des res-

sources prévisibles, doivent prendre en considération deux catégories

de personnel: les membres de la DEPA, les coordonnateurs et les anima-

teurs, d'une part, et les alphabétiseurs, d'autre part.

Il est important de faire cette distinction car elle conditionne

également les modalités de la formation prévue en fonction des res-

sources disponibles. Pour le premier sous-groupe, par exemple, consti-

tué de 150 fonctionnaires (450 en trois ans) on prévoit des séminaires

annuels de formation et d'évaluation/programmation,ainsi que la produc-

tion d'un manuel d'alphabétisation/post-alphabétisation et autres ins-

truments appropriés pour les tâches de planification, suivi et évalua-

tion,nécessaireç 3 l'encadrement des actions sur le terrain et à la for-

mation en cours d'emploi du personnel d'alphabétisation qu'ils doivent

superviser et orienter. De même, la production de programmes radiopho-

niques aura pour objet d'apporter un soutien à la formation du person-

nel.

-

En ce qui concerne les alphabétiseurs, étant donné l'impossibilité

de disposer des ressources nécessaires à la mise en oeuvre d'une forma-

tion semblable à celle dont bénéficiera le premier contingent, ils ne

disposeront que d'un manuel d'alphabétisation/post-alphabétisation(c0n-

çu comme matériel d'autoformation) et d'autres matériels appropriés

pour apprendre à s'acquitter de leurs fonctions. La formation en cours

d'emploi, encadrée par les membres du premier sous-groupe et soutenue

par les émissions de radio, constituera un autre facteur de leur capa-

citation.

Pour l'ensemble du projet, il appara2t nécessaire de disposer d'une

infrastructure et d'équipement pour l'impression, de personnel chargé

de la conception et de la production de programmes radiophoniques,

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- 6 0 - .

d'aides audiovisuelles et de technologie éducative.

Grâce au projet "Presse Rurale", financé par la NORAD, on dispose déjà

de quelque équipement et d'infrastructure pour les impressions. Avec ce

projet qui pourrait bénéficier de financement extra-budgétaire on espère

boucler le circuit de production afin de garantir l'autonomie de la DEPA

dans ce domaine et la diminution des coûts.

En ce qui concerne, par ailleurs,l'équipement en véhicules de trans-

port,il est destiné à favoriser l'encadrement des actions sur le terrain

(suivi et évaluation) et la formation en service (bien que limitée),de

même que la distribution du matériel didactique. Ces véhicules rendront

également possible les déplacements du personnel chargé de la conception

et production des manuels et matériels de lecture et autres instruments

destinés aux participants.

L'équipement audiovisuel est destiné a la conception et production

de programmes de radio, dont les buts sont abondamment décrits dans le

projet. Qu'il suffise d'insister ici sur le fait que ces programmes ne

s'adressent pas seulement au personnel gui participe aux opérations

d'alphabétisation/post-alphabétisation, mais également au public en gé-

néral (sensibilisation, motivation, etc.).

D'autre part on a prévu la nécessité de décentraliser la production

de matériel imprimé, non seulement pour des raisons d'ordre économico-

financier mais aussi en fonction d'objectifs pédagogiques et de partici-

pation. L'emploi de la sérigraphie comme technique artisanale facile à

apprendre, bon marché et de bonne qualité, rend autonome la production

locale de messages en fonction des besoins, aspirations et espoirs des

populations visées, contribuant ainsi a la création d'une ambiance let-

trée pouvant contribuer à la consolidation et au développement des ni-

veaux d' alphabétisme . Enfin, le projet comporte des prévisions budgétaires destinées à ga-

rantir le financement de la formation et1'assistance technique au per-

sonnel responsable de la mise en oeuvre et.de l'encadrement des actions

d'alphabétisation/post-alphabétisation, grâce 3 la participation d'ex-

perts nationaux et internationaux dans les différents domaines mention-

nés dans le projet.

Nous estimons important de signaler qu'en tout ce qui concerne

l'équipement, les besoins relatifs 3 la maintenance ont été prévus en

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vue d'assurer la continuité des différents services et de tirer le meil-

leur profit possible de la période d'existence des équipeS.Nous estimons

qu'il est souhaitable que toutes les acquisitions concernant la main-

tenance soient effectuées dès la première étape de l'exécution du projet

afin d'éviter:

(1) les problèmes inhérents aux fluctuations des taux de change et

des prix;

(2) les temps morts par manque de pièces de rechange et,

(3) les pertes de temps pour le personnel devant s'occuper de pro-

blèmes de fournitures.

Le personnel de la DEPA a pris la responsabilité de déterminer toutes

les ressources nécessaires pour l'équipement et l'infrastructure, d'ana-

lyser les avantages en termes de rapports qualité/prix , et d 'entreprendre

des études comparatives des prix pour la production de matériels imprimés

et aides audiovisuelles, et des problèmes relatifs 2 leur distribution.

Si le projet soumis est approuvé, il seraitutiled'envisager la réali- .

sation d'une deuxième mission à Madagascar afin de participer à la

formulation, avec le personnel de la DEPA, du plan d'opérations du projet. _.

Nous considérons que les objectifs et buts du projet sont réalistes

et que ce qui y est énoncé en termes de besoins constitue un minimum in-

dispensable. Le reste dépend de la volonté et de l'engagement politiques

des autorités gouvernementales de Madagascar.