L’émission radio de France Culture « Histoire du

racisme » vous parait elle en accord avec la politique

européenne d’inclusion des Roms ?

Le 17 novembre, l’émission « La fabrique de l’Histoire » passe sur France

culture. Le sujet du jour est « L’histoire du racisme », et se concentre en particulier

sur l’anti-tziganisme, donc sur la discrimination des Roms en Europe. Parallèlement

à cela, la commission européenne qui prend conscience des difficultés qu’ont les

Roms à s’inclure dans l’Union européenne, publie un vademecum des « dix principes

de base communs pour l’inclusion des Roms ». Mais l’émission radio de France

culture est elle en accord avec la politique européenne d’inclusion des Roms ?

« Les dix principes de bases communs pour l’inclusion des Roms » sont une

liste de dix axes servant d’outils pour les responsables politiques et les

professionnels qui gèrent des programmes et des projets, mais qui demandent

également la participation active de la société civile et des populations Roms elles-

mêmes pour favoriser l’inclusion de ces populations. Ces dix principes témoignent

donc d’une volonté de la part de l’Union Européenne de faire avancer les mentalités

et réduire les discriminations et les exclusions.

L’émission « L’histoire du racisme » est composé de trois invités : une

historienne spécialiste de l’histoire du peuple tzigane en Europe, un ethnologue

spécialiste de l’histoire de Roms et coordinateur « Action Tzigane » au sein d’une

association de solidarité, et enfin d’un anthropologue organisateur de colloque en

faveur des Roms et auteur de différents ouvrages sur le sujet. Ces intervenants

mettent en évidence plusieurs faits sur l’origine et l’histoire des Roms et démontre

que les Tziganes sont un élément constitutif des sociétés modernes, et que par

conséquent ils n’ont pas à être rejetés ou victime de discrimination et d’exclusion. Il

est souligné le fait que jusqu’au 20ème siècle, les Roms étaient bien plus inclus dans

Cadiot Valentin Mag-C2I-Japonisant n°20700168

nos sociétés européennes qu’aujourd’hui. En effet, un tournant s’opère au 20ème

siècle, via la mise en place des politiques tziganes européennes. C’est politiques

modifient notre perception de la mobilité et la sanctionne. Les Etats européens se

confronte au problème du nomadisme. On fait le  « tri » parmi les nôtres, une

distinction au sein de la société. Si bien que cela créer la stigmatisation et l’exclusion

des populations Roms. La société fait même des Tziganes l’incarnation d’une

menace, d’invasion étrangère venant corrompre les sociétés « stabilisées »

européennes. C’est à partir de cette époque que l’on commence à parler de racisme

envers les Roms. Un des invités ajoute d’ailleurs qu’il s’agit d’un racisme contre

nous-mêmes, car les Tziganes sont un élément de nous même, ils forment un

élément constitutif des Etats.

Les différents invités s’accordent donc sur le fait que les Tziganes subissent

une discrimination infondée, qui n’a pas lieu d’être, et estiment qu’il faut changer la

mentalité de notre société moderne pour opérer un décentrement et comprendre que

les Roms font parties intégrantes de nos Etats. Ils mettent en exergue l’importance

de l’influence qu’ont les médias sur l’imaginaire collectif envers les Roms, et le fait

qu’en ce moment des politiques anti-roms existent, faisant d’eux des citoyens de

seconde zone. Ils estiment que les 761 millions d’euros dépensés par l’Union

Européenne dans le cadre de la politique d’inclusion des Roms se sont « perdus »

dans la poche des gouvernements d’Europe centrale orientale ; et reprochent aux

institutions européennes de pratiquer un pseudo angélisme de façade alors que l’on

assiste en ce moment à une montée en puissance du racisme envers les Roms par

rapport aux autres formes de racisme.

Cependant, différents travaux universitaires en faveur de l’inclusion des Roms

font leur apparition : Livres, films, colloques, etc. Ces travaux permettent de

développer la connaissance, en détruisant les mythes, et restaurant la dimension

historique et la dimension de transmission historique. En effet l’histoire des Roms

pourrait nous aider à comprendre l’histoire de l’Europe.

La politique européenne d’inclusion des Roms et l’émission radio de France

culture sont donc en accord en ce qui concerne la nécessité de changer les

mentalités pour combattre les stéréotypes et l’exclusion des Roms. Toutefois, les

invités de l’émission radio reprochent aux politiques français d’être les grands

absents de ce combat, et montrent un certain paradoxe entre les politiques

européennes et la réalité des mentalités dans notre société moderne.