2
IL'ancien minist re Paul Quilès* pointee dumainti en' uneorce de dissuasion etson inutilité aceauxdésordresu XXIe si ècle.l pla ide pour unenouvell eoc tr ine desécurité nternationale. a i e d L objet d un Livre bl anc de la Défenseestde définir à la foisles menaces auxquelles not re pay s ris que d avoir à faireface et les moyens qu il choi si tdesedon ner pour y répondre. Il était nécess air e d e n rédiger un nouveau, dans la mesure lepré cédent, celui de 2008, n était plus pertinentdu fait desdécalages entre les ambit ionsaffichéeset la réalité de l ou til actuel dedéfense. De plus, lemonde a bougé et des événementsnouveau x doiventêtre «prin tempsarabe », la criseéconomique et financière, l évolu tionde l impli cation milit aire améri caine dans le monde. lasuite de la publication dece document, rédigé par une com mission de 46 exp ert s et représen tantsde lescommentairesont surtout portésur la réduction des objectifsass igné ladéfen sefran çai seetauxambi tio nsdelaFrance en lamatiè re.I. acc ent a étémissur la dimi nuti on des moye nsconven tionnels, en particuli erpour cequi concerne les programmes d arme ment et les effectifs, qui doi ven t à nouveau di mi nuer : 24 000 en moins d ici à201 9. Il se tro uve que, dans le même temps, aucune inflexion n a été apport ée au dispositif de soutien et de modernisation de l arme ment nucléaire. Ce thème avait d ai lle urs été évacuédesdébatsde lacommi ssi on du Livrebla nc par lalettre decad rag e duprés ident de la République. Et pour tant, sans même remettre encaus lepri nc ipe de ladissua sion nucléaire (sur lequel je vais revenir), il aurait été utile de ne pa sepri ve r de certai nes écono miesdans ce domaine. On aurait pu, par exemple, remettreencause la for ce nuclé aire aéroportée, qui représente 15 /o de la dissuasio n nucléaire française et don t l utilité es t trèssujett caution, comme l ont remarqles Britanniques, 1997.On dégagerait ainsi lesmoyensfinan cie rsqui per met tra ien t d évi ter les saignéesprévues dans leseffectifs. dangereusespour l effi- | JP| cacitédu dispositifd in tervention, eton pou rrai t dévelop per les moyens de renseignement dev enu s ind isp ens abl es dans des conflits tels que celui du Mali. De façon plus générale, je regre tte quela réf lexionmenéepar lacom miss iondu Livre blanc n aitpas pu abord er un sujet, pourtant essentiel mai squisembleinterdit de débat, celui dela pertinence de l arme nucléaire dans notre straté gie de défense. Rappelone- no ut . Il y a un peu plus de ving t-tro is ans, le mur de Berl in tomb ai t. Cet événement majeur, suivi du déman tèlement du bloc soviétique, mettait fin à BUNE I  a bipolari sation du monde et marquait unevrai e rupt ure sur la scèneinter nationale. Pourtant, auc unenou velle doctrinedesécurité n avéri tablementémergédecettemutation géop olitiqueprofonde.Pource qui con cer ne la France, la dissuasion nucléaire - qui con sis teà exp ose r sonadv ers aire à un ris que dedes tructi on massiv e-re ste lepilierde sa polit ique de défen se. Hier, le contrôle des armes nucléaires symbo lis ait la volonté demain tenir unéquilibr e - même fragile - entrelesbloc sdel Est etde l Ouest, et une certai nepertinence strat égiqu e des armes nucléaires pouv ait seconc evoir . Lesous-marin nucléaire lanceur d'engins le Vi gi lan t araté un tir de missil e balistique le 5 mai en Bretagne. (I) Traitéde non-prolifération. signée I juillet 1969. Aujourd hui, les menaces de l épo que de la Guerre froidesont àranger au nombre des peurs du passé etla théorie de la dissua sion nuclé air e n est plus adaptée au monde enmouvement de ce déb ut de XXI siècle. C est l exis tencemêmedesarme s nucléaires, coup léeau risqu e de prol iférat ion etde terrorisme nucléaire, qui cons titueparado xalement la plus grande menace. La nouvelle donna internatio nale et son lot d ins tabili tés poli faire de l élimination des armes nucl éaires la nouv elledoct rine de sécur itéinternati onale . C est plus par lemultilat éra lisme et les trai tés comme leTNP ( 1 ) qu o n com battra la pro lif éra tion nuc léa ire que par ladissuasio n. De plus, en présentant les arsen aux nucl éaires comme unoutil de prestige et en éta bli ssa nt un lien entre la pos session de l arme nuc léa ire et « le statut de grande puis sance », on incite certains pays à s en équiper, alorsque lebutdu TNP, ratifiépar la quasi-totalité des membres de l ONU (189), est d al lerversune disparitio n de cesarmes. Lanouvellegén ération necroit pas en la stabilité éte rne lle des dotés del arme nucléaire. Elle a comp ris que les armesnucléaires dont elle hérite nel aideront pas à répondreaux désordresdu monde du XXL siècle : le terrorisme, la criseécono miqu eet financière, la pollutionet leréchauffement clima tique, la pauvreté, les épidémies.. . Elles indi gned ent endre parle r de coupes budgétaires quiaffectentles dépenses sociales, alorsqu elle sait que la charge financière globale des ars ena ux doit dépasser 700 mil liards d euros pou r la pro cha ine décen nie.Elle croitaucontra ireen unmonde dansle quel la promotion dudésarmement nucléaireconfère plus de pouv oiret de prestigeque la possession d arsenaux surdimen- sionnés, dang ereuxet »P.0. ' Coamaur avec Jean- Mario Collin et Bernard Norla in d'Arrè tez abo mbe.éd .duChe rche Midi. Tous droits de reproduction réservés Date : 09/05/2013 Pays : FRANCE Page(s) : 22 Périodicité : Hebdomadaire Surface : 83 %

Politis, 09-05-13

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Politis, 09-05-13

8/13/2019 Politis, 09-05-13

http://slidepdf.com/reader/full/politis-09-05-13 1/1

IL'ancienministrePaulQuilès*

pointee dumaintien'uneorcededissuasion

etsoninutilitéaceauxdésordresuXXIe

siècle.l plaidepourunenouvelleoctrinedesécuriténternationale.

LarmenucléaireestdépasséeL objet d un Livre blanc de

la Défenseestde définirà la

foislesmenaces auxquelles

notre pays risqued avoir àfaireface et lesmoyens qu il choi

sit de sedonner pour y répondre.

Il était nécessaire d en rédiger un

nouveau, dans lamesure lepré

cédent, celui de 2008, n était pluspertinentdu faitdesdécalagesentre

lesambitionsaffichéeset la réalité

de l outil actuelde défense.

De plus, lemonde a bougé et desévénementsnouveauxdoiventêtre

pris en considération : le «prin

tempsarabe »,la criseéconomique

et financière,l évolutionde l impli

cationmilitaire américainedans lemonde.

la suite de la publication dece

document, rédigé par une commission de46 experts et représen

tantsdel É t a t

lescommentairesontsurtout porté sur la réduction desobjectifsassignésà la défensefran

çaiseet auxambitionsde laFrance

en lamatière.I. accenta étémissur

la diminution desmoyensconven

tionnels, enparticulierpour cequi

concerne lesprogrammes d arme

ment et les effectifs, qui doiventà nouveau diminuer :24 000 enmoins d ici à 2019.

Il se trouve que, dans le même

temps, aucune inflexion n a étéapportée au dispositifde soutien

et de modernisation de l armement nucléaire. Ce thème avait

d ailleurs étéévacuédesdébats de

lacommission du Livreblanc parlalettre decadrage duprésident de

la République.

Et pourtant, sans même remettre

en cause leprincipe de la dissuasion nucléaire (sur lequel jevais

revenir), il aurait été utile de ne

pas sepriver de certaines économies dans ce domaine. On aurait

pu, par exemple,remettre en cause

la force nucléaire aéroportée, quireprésente 15 /ode la dissuasionnucléaire françaiseet dont l utilitéest très sujette à caution, commel ont remarqué lesBritanniques,q i ù l o n t a b a n d o n n é e e n

1997.Ondégagerait ainsi lesmoyensfinan

ciersqui permettraient d éviter lessaignéesprévues dans leseffectifs.

dangereusespour l effi- | JP|cacitédu dispositifd in

tervention,eton pourrait développer les moyens de renseignement

devenus indispensables dans desconflits telsqueceluidu Mali.De façonplus générale, je regrette

quela réflexionmenéepar lacom

missiondu Livreblancn ait pas puaborder unsujet,pourtantessentiel

mais qui sembleinterdit dedébat,celui dela pertinence de l armenucléaire dans notre stratégie de

défense.Rappelone-nout. Il y a un peu

plus devingt-trois ans, lemur deBerlin tombait. Cet événement

majeur, suivi du démantèlementdu bloc soviétique, mettait fin à

B UNE I  a bipolarisation dumonde et marquait

unevraie rupture sur lascèneinternationale. Pourtant, aucune nou

velledoctrine de sécurité n a véri

tablementémergédecettemutationgéopolitiqueprofonde.Pourcequi

concerne laFrance, la dissuasion

nucléaire- qui consisteà exposersonadversaire à un risquededestruction massive-reste lepilierdesapolitiquededéfense.

Hier, le contrôle des armesnucléaires symbolisait lavolonté

demaintenir unéquilibre - même

fragile- entrelesblocsde l Estetdel Ouest, et unecertainepertinence

stratégique des armes nucléaires

pouvait seconcevoir.

Lesous-marin

nucléaire

lanceur

d'engins

le Vigilant

araté un tir

de missile

balistique

le 5 mai en

Bretagne.

(I) Traitéde

non-prolifération.

signéeI

juillet

1969.

Aujourd hui, les menaces del époque de la Guerre froidesontà ranger au nombre des peurs du

passé et la théorie de la dissuasion nucléaire n est plus adaptéeau monde enmouvement de ce

début deXXI

siècle.C est l exis

tencemêmedesarmesnucléaires,

coupléeau risque de proliférationet de terrorisme nucléaire, quiconstitueparadoxalement la plus

grande menace.

La nouvelle donna internatio

nale et son lot d instabilités politiques profondes plaident pour

faire de l élimination des armes

nucléaires lanouvelledoctrine de

sécuritéinternationale. C est pluspar lemultilatéralisme et les traitéscomme leTNP (1)qu on com

battra la prolifération nucléaire

que par ladissuasion. De plus, enprésentant lesarsenaux nucléaires

comme un outil de prestige et enétablissant un lien entre la pos

sessionde l arme nucléaireet « le

statut de grande puissance », on

incite certainspays à s en équiper,alorsquelebutdu TNP,ratifiépar

la quasi-totalité des membres de

l ONU (189), est d aller vers une

disparition de ces armes.Lanouvellegénérationnecroit pas

en la stabilité éternelle desÉ t a t s

dotés del arme nucléaire. Elle acompris que les armes nucléaires

dont ellehérite nel aideront pas àrépondre auxdésordresdumonde

duXXL

siècle : le terrorisme, la

criseéconomique et financière, lapollutionet leréchauffementclima

tique,la pauvreté, lesépidémies...Elles indigned entendre parler de

coupesbudgétairesquiaffectentlesdépensessociales,alorsqu elle sait

que lachargefinancièreglobaledesarsenaux doit dépasser 700 mil

liards d euros pour la prochaine

décennie.Ellecroitaucontra ireen

unmondedanslequellapromotion

dudésarmement nucléaireconfère

plusdepouvoiret deprestigequelapossession d arsenaux surdimen-

sionnés,dangereuxet c o û t e u x .

»P.0.

'CoamauravecJean-MarioCollinetBernard

Norlaind'Arrètezabo mbe.éd.duChe rche

Midi.

Tous droits de reproduction réservés

Date : 09/05/2013

Pays : FRANCEPage(s) : 22Périodicité : HebdomadaireSurface : 83 %