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Poly-Monde2012 Poly-Monde2012 Poly-Monde2012 Poly-Monde2012 Poly-Monde 2012 rapport de mission Afrique du Sud

PolyMonde 2012 - Rapport de mission (léger)

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Page 1: PolyMonde 2012 - Rapport de mission (léger)

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rapport de missionAfrique du Sud

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Afrique du Sud Canada Province

du QuébecUnion

européenneÉtats-Unis Australie Pays du BRICS

Brésil Russie Inde ChinePays limitrophes

Namibie Botswana Zimbabwe Mozambique Swaziland Lesotho

PIB (G$ et rang mondial)

412,427ème

1753,611ème

259,6-

17,7k-

15,2k1er

1385,613ème

2501,76ème

1876,59ème

1866,610ème

7371,82ème

12,4124ème

17,8109ème

10,0131ème

12,9122ème

4,0154ème

2,5159ème

PIB/hab (k$ et rang mondial)

8,269ème

50,910ème

40,8-

35,2-

48,914ème

61,37ème

12,753ème

13,250ème

1,5130ème

5,584ème

5,385ème

8,865ème

0,8153ème

0,5164ème

3,8100ème

1,1144ème

IDH (valeur et rang mondial)

0,619123ème

0,9086ème

- - 0,9104ème

0,9292ème

0,71884ème

0,75566ème

0,547134ème

0,687101ème

0,625120ème

0,633118ème

0,376173ème

0,322184ème

0,522140ème

0,450160ème

Chômage (%) 23,8** 8,0* 7,66 9,6* 9,6* 5,2* 8,3** 7,5* 4,4‡ 4,3** 37,6† 17,6††† 4,2‡‡ - - 25,3†

Indice GINI et rang(inégalités de revenus)

0,65‡

135ème0,32‡

34ème0,36**

-0,34* 0,45††

95ème0,31†††

24ème0,52

121ème0,42*85ème

0,37‡‡

58ème0,48**110ème

0,71‡‡‡

136ème- 0,50†††

113ème0,46†

99ème- -

Importations (%PIB) 27,6 31,3* 32,1 40,9 16,3* 19,9 12,6 21,3 29,8 26,5 40,9 43,6 70,0 45,4 70,3 112,6

Exportations (%PIB) 26,4 29,4* 24,5 41,7 12,7* 21,4 11,9 27,7 24,6 29,3 42,6 38,5 49,5 28,9 56,3 46,4

Agriculture (%PIB) 2,48* 1,91† 6,9 1,49* 1,18* 2,28* 5,46 4,04* 17,2 9,25 7,33 2,46 12,8 32,0 7,85 7,76

% de la prod. mond. 0,32 1,07 - 9,93 6,30 4,57 3,86 2,04 11,73 26,77 0,04 0,02 0,04 0,14 0,01 0,01

IDE entrants (%PIB) 1,40 2,37 - 4,27 1,51 2,70* 2,69 2,85 1,43* 3,12* 7,15* 1,78* 1,41* 8,57* 3,67* 5,37*

Lesotho(Maseru | 1,9 M)

Swaziland(Mbabane | 1,4 M)

Mozambique(Maputo | 23,5 M)

Zimbabwe(Harare | 12,6 M)

Afrique du Sud(Pretoria, Le Cap, Bloemfontein | 50,6 M)

Namibie (Windhoek | 2,2 M)

Botswana(Gaborone | 2,1 M)

États-Unis(Washington | 313,8 M)

Province du Québec

(Québec | 8,0 M)

Canada(Ottawa | 34,3 M)

Brésil(Brasilia | 199,2 M)

Le Cap Port Elizabeth

DurbanBloemfontein

Johannesburg

Pretoria

Légende Capitale ou siège Autre ville

Drapeau

Entité géopolitique(Capitale ou siège | Nombre d’hab.)

Carte politique du monde (CIA, 2012) - projection de Robinson

Chine(Beijing | 1,3 G)

Russie(Moscou | 142,5 M)

Union européenne(Bruxelles | 503,7 M)

Inde(New Delhi | 1,2 G)

Australie(Canberra | 22,0 M)

Données économiques 2011 de certains pays du monde.Sources : PNUD, 2011; OMC, 2011; Banque mondiale, 2012; CIA, 2012; FMI, 2012 et BDSO, 2012.

*Données 2010; **données 2009; †données 2008; ††données 2007; †††données 2006; ‡données 2005; ‡‡données 2004; ‡‡‡données 2003

Richards Bay

Photo de couverture : L’ équipe Poly-Monde 2012 devant le Parlement sud-africain, au Cap. - Poly-Monde

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remerciementsEn plus du support reçu de plusieurs institutions et paliers de gouvernements, les contributions des entreprises ont été vitales pour assurer le succès de la mission Poly-Monde 2012. Que ce soit par une contribution financière ou par une visite industrielle à leurs installations, les entreprises québécoises et sud-africaines se sont montrées très coopératives cette année afin de nous permettre d’organiser une mission de qualité.

Nous tenons à remercier particulièrement le président du Conseil d’Administration, M. Bernard Lamarre, le directeur général de Polytechnique Montréal, M. Christophe Guy, ainsi que les directeurs de départements pour leur support financier et leurs précieux conseils tout au long de notre préparation. Par l’entremise de l’orientation Projets internationaux du département de mathématiques et génie industriel, les étudiants ont reçu une formation académique privilégiée sur l’innovation technologique et la compétitivité internationale, afin de profiter au maximum de leur expérience en Afrique du Sud et d’en retirer les meilleures pratiques en innovation stratégique.

Plusieurs conférenciers sont venus partager leur expérience avec les étudiants membres de la mission dans le cadre du cours préparatoire IND5116, à l’hiver 2012. Ces professionnels méritent également nos salutations pour leur apport concret sur les enjeux auxquels ils font face dans leur milieu de travail au quotidien. Une liste de ces conférenciers est présentée à la page 16 du rapport.

L’équipe Poly-Monde 2012 tient aussi à remercier Mme Line Dubé, directrice du Bureau des Relations Internationales de Polytechnique Montréal, qui a accompagné la mission en Afrique du Sud, offrant son soutien et ses conseils aux étudiants. Un remerciement particulier va enfin à Mme Lucie Pagé pour le partage précieux de son expérience sud-africaine et pour sa relecture attentive qui ont contribué au succès de la mission et à la réalisation de ce rapport.

Un grand merci va enfin aux parents et amis des membres de la mission pour leur participation plus qu’appréciée aux nombreuses initiatives étudiantes de financement.

à proposPoly-Monde 2012 est une mission industrielle ayant eu lieu au Québec et en Afrique du Sud en 2011 et 2012 dans le cadre de la formation offerte par Polytechnique Montréal. Des visites d’entreprises ont été effectuées de septembre 2011 à avril 2012 au Québec, puis tout au long du mois de mai 2012 en Afrique du Sud. Vingt-cinq étudiants ont participé à l’organisation de cette mission.

Le présent rapport de mission a pour but de partager les analyses socio-économiques réalisées par les étudiants de la mission. Il est avant tout destiné au public québécois et sud-africain pour lui proposer une analyse sur les secteurs industriels à l’étude. Il est également dédié aux compagnies ayant reçu la mission en visite et à nos précieux commanditaires, ainsi qu’à toute personne ayant soutenu la mission ou un de ses membres d’une manière ou d’une autre.

À n o t e rAucune reproduction de

ce document ne peut être effectuée, en tout ou en partie,

sans mention de la source.

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Air Liquide Canada 1250, boul René-Lévesque O. Bureau 1700Montréal (Québec) H3B 5E6514 933-0303airliquide.ca

Air Liquide, leader mondial des gaz pour l’industrie, la santé et l’environnement est présente dans 80 pays avec 46 200 employés.

Oxygène, azote, hydrogène, gaz rares sont au cœur du métier d’Air Liquide, depuis sa création en 1902. À partir de ces molécules, Air Liquide réinvente sans cesse son métier pour anticiper les défis de ses marchés présents et futurs. Le Groupe innove au service du progrès, tout en s’attachant à allier croissance dynamique, régularité de ses performances et responsabilité.

Air Liquide développe des technologies innovantes pour limiter les émissions polluantes, réduire la consommation énergétique de l’industrie, valoriser les ressources naturelles, ou développer les énergies de demain, comme l’hydrogène, les biocarburants ou l’énergie photovoltaïque… Oxygène pour les hôpitaux, soins à domicile, contribution à la lutte contre les maladies nosocomiales… Air Liquide combine ses nombreux produits à différentes technologies pour développer des applications et services à forte valeur ajoutée, pour ses clients et la société.

Partenaire dans la durée, le Groupe s’appuie sur l’engagement de ses employés, la confiance de ses clients et le soutien de ses actionnaires, pour élaborer une vision long terme de sa stratégie de croissance compétitive.

La diversité de ses équipes, de ses métiers, de ses marchés et de ses géographies assure la solidité et la pérennité de son développement, et renforce sa capacité à conquérir en permanence de nouveaux territoires pour repousser ses propres limites et construire son futur.

Trouver des solutions, c’est dans notre nature

- - - - p a r t e n a i r e p l a t i n e - - - -

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- - - - p a r t e n a i r e p l a t i n e - - - -

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Je suis heureux de présenter mes salutations les plus chaleureuses à tous ceux et celles qui participent au projet de visites industrielles Poly-Monde 2012 de l’École Polytechnique de Montréal, en Afrique du Sud. Depuis plus de deux décennies, cette initiative originale offre l'occasion à de futurs ingénieurs de participer à des missions d'envergure dans le but d'étudier les rouages économiques internationaux et d'explorer des marchés potentiels. Cette année, cap est mis sur l'Afrique du Sud. Fraîchement admis au sein du groupe des grands pays émergents – le BRICS –, cette nation connaît depuis quelques années une croissance fulgurante au point de représenter la première économie du continent africain. À ce titre, les différents secteurs d'activité industriels feront l'objet d'un examen attentif de la part des participants afin d'en comprendre les points forts et d'en étudier les facteurs qui soutiennent cette réussite. Les résultats de ces analyses pourront également bénéficier aux entreprises canadiennes qui, en cette période d'incertitude, doivent tirer leur épingle du jeu et nouer des alliances afin de profiter des effets de la croissance dans cette région du monde. Au nom du gouvernement du Canada, je vous félicite et vous souhaite le meilleur des succès dans la réalisation de votre projet.

OTTAWA 2012

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Gouvernement du Québec Le premier ministre

Québec, le 12 août 2011

Madame, Monsieur,

Pour la vingt-troisième année consécutive, la mission Poly-Monde se met en branle. Cette fois-ci, le groupe d’étudiants de l’École Polytechnique se rendra en Afrique du Sud.

D’entrée de jeu, je salue l’initiative de ces jeunes et de l’École Polytechnique de Montréal, qui s’inscrit dans l’esprit d’un cheminement professionnel à l’heure de la mondialisation, de la concurrence internationale et des grands défis de développement durable.

À travers une série de visites industrielles dans divers secteurs d’activités, cette nouvelle mission donnera, aux étudiants en génie, toutes les occasions d’enrichir leur formation d’instaurer des échanges industriels, scientifiques et culturels, et de créer et renforcer des relations de partenariat entre le Québec et l’Afrique du Sud.

Le succés des missions Poly-Monde, année après année, montre bien que l’expérience est chaque fois des plus positives. En y participant, les ingénieurs de demain ouvrent leur carrière sur tous les marchés et se font les ambassadeurs du savoir-faire québécois sur tous les continents.

À tous les étudiants du projet Poly-Monde, je souhaite une excellente mission en Afrique du Sud en 2012!

Jean Charest

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Le 22 septembre 2011

OBJET : Projet Poly-Monde 2012 (Afrique du Sud)

Madame, Monsieur,

Toujours soucieuse de promouvoir l’excellence, l’École Polytechnique de Montréal appuie avec conviction le projet Poly-Monde 2012 qui prendra place en Afrique duSud en mai prochain. Mis sur pied par nos étudiants, ce projet entre dans la lignée des missions industrielles internationales Poly-Monde qui en sont déjà à leur 23e édition.

du travail qui devient de plus en plus compétitif par l’accroissement de laconcurrence internationale. Ce marché est régi, entre autres, par le développementsans relâche de la technologie et par la capacité d’adaptation aux différentes cultures.

L’Afrique du Sud est la première puissance économique du continent africain,représentant le quart du PIB de celui-ci. Étant l’un des premiers producteursmondiaux d’or, de platine et de diamant, elle se démarque par son secteur minier. Ses ociétés et entreprises très prospères rendent l’Afrique du Sud compétitive sur les archés internationaux. Les secteurs agroalimentaires et biotechnologiques ainsi quele secteur manufacturier chimique sont également fortement développés. Del’abolition de l’apartheid en 1991 à aujourd’hui, l’Afrique du Sud se retrouve enpleine émergence, connaissant une croissance économique remarquable.

Poly-Monde 2012, et encourage donc les commanditaires à contribuer généreusementà cette mission. D’avance, elle les remercie bien sincèrement au nom de sesétudiants.

Je vous prie, Madame, Monsieur, d’agréer l’expression de mes sentiments lesmeilleurs.

Le président du Conseil,

Bernard Lamarre, ing.M. Sc., F.I.C.I., O.C., O.Q.

Bureau du présidentdu conseil

Pavillon principalBureau B-218.24Campus del’Université de Montréal 2900, boul. Édouard-Montpetit2500, chemin de PolytechniqueMontréal (Québec) CanadaH3T 1J4

Adresse postaleC.P. 6079, succ. Centre-villeMontréal (Québec) CanadaH3C 3A7

Téléphone : 514 340-5265Télécopieur : 514 340-4237

École affiliée àl’Université de Montréal

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préfaceTrop souvent, quand on parle de l’Afrique du Sud (et du continent africain en général), c’est habituellement pour y dépeindre ses maux. Oui, bien sûr, il y a misère et malheur sur le continent. Et en Afrique du Sud, après 350 ans de racisme, dont 46 ans où il fut institutionnalisé, il reste une montagne de défis à surmonter avant d’éliminer l’épouvantable héritage qu’a laissé le régime de l’apartheid. Le nouveau pays démocratique est encore très jeune, un ado en fait, car il n’a que 18 ans.

L’équipe Poly-Monde fait une très bonne mise en contexte et brosse un tableau honnête du pays. Elle présente une analyse exhaustive des enjeux socio-économiques du pays et trace un portrait des différents secteurs industriels qui la composent. On comprend rapidement aussi que l’Afrique du Sud est un pays extrêmement complexe avec une histoire particulière, avec des ressources souvent uniques et avec une expertise remarquable. Le pays est un laboratoire planétaire.

Après 23 ans d’existence, l’équipe Poly-Monde peut maintenant fièrement porter son nom. Car que serait le monde sans l’Afrique? Même si en général, on ne le réalise pas, le monde sans l’Afrique serait impensable, ne serait-ce que pour toutes les matières premières qu’on y extrait et qui font partie des foyers du monde entier. Les 25 étudiants de l’équipe reviennent, je le sais, enchantés par leur mission et réalisent la place qu’occupe l’Afrique du Sud — la locomotive du continent africain – dans le monde. Au-delà des chiffres et des statistiques, le rapport de la mission sud-africaine de Poly-Monde rappelle qu’on ne peut parler de succès et de richesses sans inclure le bout du continent africain qui rayonne aussi jusqu’au Québec.

L’Afrique du Sud recèle certes d’incroyables trésors dans son sous-sol, ses usines et laboratoires, mais entre les lignes du rapport de Poly-Monde, on comprend que sa plus grande richesse est son peuple innovateur, combatif et solidaire.

Toutes mes félicitations à l’équipe de Poly-Monde qui contribue, avec cette mission, à la solidarité planétaire.

Lucie Pagé Octobre 2012

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avant-proposL ’A F R I Q U E D U S U D , T E R R E D E C O N T R A S T E S Vous avez entre les mains le rapport de la mission en Afrique du Sud du projet Poly-Monde de Polytechnique Montréal. Poly-Monde est en fait un ensemble d’éléments : c’est d’abord une formation académique (deux cours sont consacrés aux outils d’analyse du pays visité). C’est ensuite une série de conférences et visites au Québec. C’est enfin une mission de 3 semaines sur le terrain. Mais c’est surtout une organisation qui permet à chaque participant de contribuer à ce projet d’équipe. Vingt-cinq étudiants et leurs accompagnateurs ont parcouru les chantiers, les usines, les sites de production, les mines et aussi les ministères, les centres de recherche, les universités. Il est certain que l’intensité de ces 3 semaines et la profondeur des apprentissages changent les perspectives. En tant que professeur, nous sommes parfois limités par les mots. Comment décrire l’histoire d’un pays comme l’Afrique du Sud? Comment expliquer les tensions? Comment expliquer qu’il faut absolument rester le plus neutre possible et essayer de poser le bon diagnostic pour avoir la meilleure réponse? Comment intégrer l’Afrique du Sud et son histoire dans une plus grande perspective qu’est celle de l’histoire du monde? Comment formuler des espoirs et en même temps expliquer les difficultés? Très souvent, au-delà de la puissance des mots, il faut aussi ajouter le voyage sur place. Et cette expérience sur le terrain prend encore plus de sens avec l’Afrique du Sud. En parcourant ce rapport, vous allez faire ce voyage avec ce groupe d’étudiants. Ils vont vous emmener visiter la ville du Cap, son histoire, son tissu économique et ses différences par rapport aux autres grandes villes sud-africaines. Depuis ses multinationales, ses centres de recherche, ses vignobles, vous rejoindrez ensuite l’agglomération de Durban. Des paysages différents, des influences indiennes et une économie en pleine transition en font une ville très intéressante à visiter pour comprendre que le concept d’intégration sociale n’est pas aussi simple à appréhender qu’il n’en paraît. Vient ensuite la visite de Johannesburg. Vous sentirez le pouvoir économique et politique. Mais vous vous souviendrez de la douceur du Cap et des espoirs de Durban. Ces contrastes sont en fait une nouvelle dimension s’ajoutant à ceux qui ont conduit à la formule célèbre de l’archevêque Desmond Tutu : la nation arc-en-ciel.

Chaque semaine passée dans chacune de ces villes et régions importantes de l’Afrique du Sud nous a permis d’ajouter des images et des sensations aux mots étudiés en salle de classe. La concurrence mondiale, les carences de l’éducation, les problématiques sanitaires, le contexte du voisinage immédiat de l’Afrique du Sud, les niveaux technologiques, les espoirs dans le gouvernement mais aussi les défis à venir, tous ces éléments sont ressortis lors des discussions le soir soit pendant la réunion de synthèse soit de façon informelle.

Polytechnique Montréal est une école exceptionnelle. Elle nous permet - professeurs comme étudiants - par son aide logistique et les ressources tant pécuniaires qu’humaines de vivre cette expérience. Aux mots dispensés dans une salle de classe de la Belle Province peuvent s’ajouter une expérience de vie sur le terrain. Je tenais personnellement à saluer la direction générale de l’école et la remercier. Je voulais aussi remercier les partenaires. Ce rapport les convaincra que le Québec s’enrichit d’une nouvelle génération d’ingénieurs. Je voulais aussi faire deux petits clins d’oeil, d’abord à Mme Line Dubé, directrice du Bureau des relations internationales de Polytechnique Montréal et enfin à M. Pierre Baptiste, directeur du département de mathématiques et génie industriel et les remercier sincèrement pour leur implication. Enfin, je voulais remercier Priscille Arbour, coordonnatrice étudiante et en son nom tous les étudiants. Je n’oublierai pas ces moments passés ensemble. Vous êtes une belle nouvelle génération pour la Belle Province. Cher lecteur, bon voyage maintenant en Afrique du Sud.

Thierry WarinOctobre 2012

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Poly-MondeD E S I N G É N I E U R S I N T E R N A T I O N A U x Le contexte industriel d’aujourd’hui est marqué par l’émergence de nouveaux marchés, la concurrence internationale et la mondialisation des technologies. Quel que soit son domaine de spécialité, l’ingénieur doit être sensibilisé à cette réalité internationale et parfaire ses connaissances sur les changements affectant les systèmes industriels.

Instaurée à Polytechnique Montréal en 2007 et ouverte à tous les étudiants de 3ème ou 4ème année, l’orientation « Projets internationaux », offre un encadrement et une préparation aux futurs ingénieurs pour travailler dans la société mondiale du xxIème siècle. Les cours Technologie et concurrence internationale, Ingénierie en coopération pour le développement, Gestion de projets internationaux, ainsi que le cours donné par l’ancien Premier Ministre du Québec, M. Bernard Landry, Mondialisation et firmes internationales font partie de cette orientation. L’intérêt de ces cours réside dans la réalisation d’études thématiques traitant du pays visité, d’études sectorielles sur certaines technologies de pointe et d’analyses sur les impacts des grands accords commerciaux au sein des industries.

P o r T é E D E S M i S S i o n S P o L y - M o n D ELes visites industrielles et culturelles ont pour but de:

Cibler et d’examiner les technologies qu’ont en commun le Canada et les pays étudiés;•

Comparer les performances et les ressources de l’industrie canadienne face à l’industrie étrangère afin de •prendre conscience des forces et faiblesses des entreprises de différents secteurs;

Découvrir les technologies de pointe qui existent à l’étranger et qui pourraient être utilisées dans les industries •du Canada, et ainsi entrevoir les modèles d’affaires et de transferts technologiques;

Développer des aptitudes telles que l’entrepreneuriat, la faculté d’observation, le sens critique, le leadership, •l’interdisciplinarité et le sens de l’organisation;

Inciter de futurs ingénieurs à s’ouvrir à une autre culture.•

Au retour de chaque mission, les participants réalisent ce présent rapport faisant état des caractéristiques particulières du pays visité. Aujourd’hui, en plus des rapports produits pour les 22 missions déjà réalisées, Poly-Monde bénéficie d’une bibliothèque importante portant sur l’innovation et l’économie des pays visités.

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P o L y - M o n D E , 2 3 A n S

2013

2012

2005

2008

2000

19901995

Poly-Monde 2013 - Australieàdécouvrirsurpolymonde.org/2013_polymonde

2002 2007

200919932006

19922003

19911996

2010

1999

200419972011

1994

2001

1998

A P P U I D E P O L y T E C H N I Q U E M O N T R É A LCe projet est appuyé par le Conseil Poly-Monde, lequel est formé du président et du directeur général de Polytechnique Montréal, la directrice du Bureau des Relations Internationales, un membre de la direction d’Air Liquide Canada, le professeur supportant la mission, le coordonnateur étudiant et d’anciens coordonnateurs de mission. Le Conseil Poly-Monde est responsable du choix de la destination de chacune des missions.

S E C T E U R S É T U D I É S P A R L E P A S S É

> Aéronautique> Aérospatial> Agroalimentaire> Automobile> Biotechnologies

> Chimie> Énergies alternatives> Fabrication à grande échelle> Génie biomédical> Infrastructures civiles> Logistique et transport> Nanotechnologies

> Pétrochimie> Pharmaceutique> Ressources naturelles> Microélectronique> Services financiers> Télécommunications> Technologies de l’information

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Poly-Monde 2012L’équipe de 25 étudiants a commencé à organiser la mission dès septembre 2011 avec les visites industrielles, les activités de financement (budget de 130 000 $), l’organisation du séjour en Afrique du Sud et le matériel de communications. Au Québec, la mission s’est déplacée entre autres dans les villes de Montréal, Boucherville, Varennes, St-Hyacinthe et Val d’Or. Les 25 entreprises visitées (voir à la page 16) couvraient les secteurs agroalimentaire, minier et manufacturier chimique. Petites ou grandes entreprises, elles ont toutes reçu les étudiants de la mission avec ouverture et le plaisir de partager leur contexte d’opération.

En Afrique du Sud du 5 au 26 mai 2012, les étudiants y ont à nouveau rencontré 25 entreprises et institutions gouvernementales pour pouvoir en observer le fonctionnement et la synergie dans le contexte du pays et dans le contexte du commerce mondial. La mission a ainsi visité les villes du Cap, Durban, Richards Bay, Johannesbourg et Pretoria.

mines etmétaux

agroalimentaire

manufacturierchimique

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Menel Benzaïd Bertrand NembotRouba El-Khoury

Stéphanie Déjoie Adélaïde Jammesyaniv Scali Jeanne Gagnon

Valérie Dallaire

Jessica Lauzon Kaline SaadJade Bilodeau

Jessica Vu Émilie LalibertéCatherine Déry

Mathieu Morissette

Andréanne LeducCatherine G. Couturier

Fannie L. Côté

Michael Eilers-Smith

Sandra Beauchamp

Poly-Mo

nde2012

15

fi nan ce

ment

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lo gisti que

Priscille ArbourCoordonnatrice

William SangerTrésorier

yasmine BoulahfaResponsable

Matthieu BisterResponsable

Vanessa Larin Responsable

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16 QuébecVignoble KoblothSaint-Bruno de Montarville | 14-nov-2011Thierry Kobloth, propriétaire

LanticMontréal | 15-déc-2011M. Lafrance, ressources humaines

JefoSt-Hyacinthe | 17-jan-2012Louise Morneau, directrice technico-commerciale

Ferme BlanchetteLa Présentation | 17-jan-2012yannick Blanchette, co-propriétaire

Centre de recherche et de développement sur les alimentsSt-Hyacinthe | 24-fév-2012Jean Gagnon, gestionnaire services intégrés et programme industriel

Groupe AgécoMontréal | 23-mar-2012M. Couture, analyste

Agri-MondoBoucherville | 29-mar-2012Robert Beauregard, directeur des opérations

ColaborBoucherville | 30-mar-2012Mario D’amour, VP Distribution

AB Mauri FleischmannLasalle | 05-avr-2012Alexandre Côté

afr i que du SudDow AgrosciencesPaarl | 08-mai-2012Tim George, responsable de site

QPROLe Cap | 10-mai-2012Phillipe Fatzer, directeur général

KromcoGrabouw | 10-mai-2012Hennie Claassens, gestionnaire de l’accès aux marchés

Université de Stellenbosch, Institute for Wine BiotechnologyStellenbosch | 11-mai-2012Florian Bauer, professeur

Wines Of South AfricaStellenbosch | 11-mai-2012Andre Morgenthal, directeur des communications

Illovo SugarDurban | 15-mai-2012Stan Rau, directeur marketing

South Africa Sugar AssociationDurban | 16-mai-2012Sulile N. Molutsoane, agente de communication

South Africa Sugarcane Research InstituteDurban | 16-mai-2012Derek Watt, ingénieur

SAB MillerAlrode | 18-mai-2012Anton Erasmus, relations publiques

AgriSACenturion | 23-mai-2012Hans van der Merwe, directeur exécutif

a g r o a l i m e n t a i r e

m i n e S e t m é t a u x

QuébecSNC-LavalinMontréal | 08-déc-2011Michel Grégoire, mines et métallurgie

McKinseyMontréal | 12-déc-2011Alexandre Châteauneuf, associé seniorLaurie Lanoue, analysteMichel Richer, associé principal

Accenture et Rio TintoMontréal | 13-jan-2012François Coupal, associé AccentureTony E. Nathanson, relations clients AccentureCatherine Jestin, vice-présidente IS&T Rio Tinto

IAMGOLDVal d’Or | 06-mar-2012Christian Juteau

OsiskoRouyn-Noranda | 06-mar-2012Denis Cimon

Acier AGFLongueuil | 21-mar-2012Serge Gendron, PDGPierre Farah-Lajoie, VP International

xstrata zincValleyfield | 23-avr-2012yvon Daoust, responsable qualité

MinallianceMontréal | 23-avr-2012Normand Champigny, président du CA

afr i que du SudRichards Bay Minerals (Rio Tinto)Richards Bay | 14-mai-2012Bruce Beath, directeur financier

Richards Bay Coal TerminalRichards Bay | 14-mai-2012Bill Murphy, directeur général ingénierie

MintekPretoria | 17-mai-2012Peter Craven, directeur général

ExxaroPretoria | 18-mai-2012Clive McCreadie, directeur général

ArcelorMittal ChemicalsSasolburg | 22-mai-2012Abe Grootboom, directeur général

Université de Witwatersrand, Faculté de génie minierWitwatersrand | 21-mai-2012Cuthbert Musingwini, professeur associé

SNC-Lavalin, Mines et métallurgieSandton | 21-mai-2012Mike Wilde, directeur sénior

Page 17: PolyMonde 2012 - Rapport de mission (léger)

17

présentation desinstitutions visitées

m a n u f a c t u r i e r c h i m i Q u e

a u t r e S

QuébecHaut-commissariat d’Afrique du Sud à OttawaPolytechnique Montréal | 20-jan-2012Son Excellence Anesh Masitry, haut-commissaireSon Excellence Avumile Dlakavu, premier secrétaire à la politique et au commerceSon Excellence Tamara Ndaba, première secrétaire au tourisme et à la diplomatie culturelle

Port de MontréalMontréal | 01-mars-2012Hani Matta, analyste économique

afr i que du SudHaut-commissariat du Canada à JohannesburgJohannesburg | 17-mai-2012Barbara Giacomin, déléguée commerciale principaleGwenaële Coubrough, déléguée commerciale

Ministère des études supérieuresPretoria | 18-mai-2012Duke Nkadimeng, directeur adjoint coopération internationale

Ministère de la science et de la technologiePretoria | 18-mai-2012Mahlori J. Mashimbye, directeur Industries chimiques

Université de Stellenbosch, département de sociologie et d’anthropologieStellenbosch | 11-mai-2012Rashid BeggJantjie xaba

QuébecL’OréalMontréal | 22-nov-2011Alexandre Moreau, ressources humaines

éthanol GreenfieldVarennes | 25-jan-2012M. Lafrance, ressources humaines

PolyaltoSaint-Laurent | 07-fév-2012Gilles Hudon, directeur régional

Air LiquideBécancour | 16-fév-2012Jean-François Fournier, directeur d’usine

3SPackPolytechnique Montréal | 02-mar-2012Abdellah Ajji, ing., MScA, PhD, professeur titulaire

Rütgers PolymèresCandiac | 14-mar-2012Éric Denis, ing., responsable de la logistique et de l’approvisionnement

PfizerSaint-Laurent | 04-avr-2012Luc Charette, directeur de production

AB Mauri FleischmannLasalle | 05-avr-2012Alexandre Côté

afr i que du SudBiogreenParow | 07-mai-2012Roy de Gouveia, directeur général

Pharma DynamicsLe Cap | 07-mai-2012Paul Anley, PDG

Dow AgrosciencesPaarl | 08-mai-2012Tim George, responsable de site

DPI PlasticsStickland | 09-mai-2012Peter Straeter, directeur de la fabrication

SAB MillerAlrode | 18-mai-2012Anton Erasmus, relations publiques

SafripolSasolburg | 22-mai-2012Andre Morgenthal, directeur des communications

ArcelorMittal ChemicalsSasolburg | 22-mai-2012Abe Grootboom, directeur général

Air LiquideAlrode | 24-mai-2012Laurent Langellier, directeur général

SasolSecunda | 25-mai-2012Rabie Debbie, directeur général

Page 18: PolyMonde 2012 - Rapport de mission (léger)

Poly-Mo nde 2012

Équipe Poly-Monde 2012. - PolyPhoto

22

44

54

histoire et macroéconomiede l’Afrique du Sud

politiquesstructurelles

intégrationsociale

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128

86

106

64

Poly-Mo nde 2012

secteur agroalimentaire

secteurmanufacturierchimiquesecteur mines

et métauxconclusions et

recommandations

Page 20: PolyMonde 2012 - Rapport de mission (léger)

20

C R É D I T S P H O T OLa plupart des photographies de ce rapport ont été prises par des membres de l’équipe durant les visites et déplacements au Québec et en Afrique du Sud. Les initiales du photographe sont indiquées dans la légende des images. Autrement, la source de l’image est indiquée en toutes lettres.

AJ - Adélaïde JammesCD - Catherine DéryEL - Émilie LalibertéJB - Jade BilodeauJG - Jeanne GagnonMB - Matthieu BisterMES - Michael Eilers-SmithVD - Valérie DallaireWS - William Sanger

Page 21: PolyMonde 2012 - Rapport de mission (léger)

21guide de lectureL’équipe d’édition a essayé autant que faire se peut de respecter les règles et recommandations de l’office québécois de la langue française, incluant celles sur les anglicismes et la rédaction épicène. Tout écart est involontaire et voudra bien être pardonné par le lecteur indulgent.

Pour les citations et la gestion des sources, le style APA-fr a été utilisé. La bibliographie est présentée à la page 134. Lorsqu’une analyse ou un fait présenté ne fait référence à aucune source, il provient alors d’une visite réalisée au Québec ou en Afrique du Sud. Le contenu provient alors de notre interprétation des visites offertes par les partenaires industriels, académiques et gouvernementaux ayant partagé leur expertise avec la mission.

Certaines notions clés sont expliquées dans des bulles théoriques telles que celle-ci -> La notion expliquée est ainsi mise en évidence au fil du texte.

Afin de minimiser les divergences d’interprétation, sont présentés ci-dessous les termes et les symboles utilisés de façon substantielle tout au long du rapport. Les définitions données proviennent de la compréhension des termes par les membres de la mission, sauf lorsqu’une source est indiquée.

c o n t e x t e S u d - a f r i c a i nApartheid : le système de ségrégation ou de discrimination basé sur la race en vigueur en Afrique du Sud de 1948 •à novembre 1993 (date d’entrée en vigueur de la nouvelle constitution intérimaire);Noirs / population noire : ensemble des populations ayant été ségrégées par les lois de l’apartheid. Elles incluent, •à différents niveaux, les Africains, les Métis (« colored ») et les indiens;Blanc : personne descendant des immigrants néerlandais, appelée dans ce cas « Afrikaner », ou britanniques;•Africain : personne descendant des nations et peuples présents sur le territoire avant l’arrivée des Européens;•ANC : African National Congress. Parti représentant la population noire depuis le début du xx• ème siècle, à l’origine de la lutte antiapartheid et à la tête de tous les gouvernements élus depuis 1994. Nelson Mandela en a été la figure emblématique;Township : « faubourg indigène des villes d’Afrique du Sud » (Larousse, 2012).•

é c o n o m i e e t t e c h n o l o g i eR et D : recherche et développement•

Sy m b o l e s$ : dollar (devise canadienne)•$ US : dollar (devise états-unienne) 1 $ = 0,99 $ US • 1

R : rand (devise sud-africaine) 1 $ = 8,11 R • 1

€ : euro (devise européenne) 1 $ = 0,77 € • 1

Wh : watt-heure (unité d’énergie)•k : kilo (1000 unités. Ex. : 5 kR = 5000 rands)•M : méga (1 million d’unités. Ex. : 5 MR = 5 000 000 rands)•G : giga (1 milliard d’unités. Ex. : 5 GR = 5 000 000 000 rands)•t : tonne•

1taux moyen sur la période du 07 au 25 mai 2012 (Banque du Canada, 2012)

Bulle théoriqueExplicationd’unconcept,d’unterme,d’unenotion.

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Afri

que

du S

ud22

Durban, Kwazulu-Natal. - WS

SudAfrique du

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Afrique du Sud23

SudAfrique du

Lesotho

swaziLand

MozaMbique

ziMbabwe

naMibie

botswana

Le Cap Port Elizabeth

Durban

Bloemfontein

Johannesburg

Pretoria

Gaborone

Windhoek

Harare

Maputo

Mbabane

MaseruCap-Nord

Cap-Occidental

Cap-Oriental

Kwazoulou-Natal

État-Libre

Mpumalanga

Nord-Ouest

Limpopo Gauteng

Richards Bay

À savoirHabitants : 50,6 millions

Capitales : Le Cap -législative Capitales : Bloemfontein -judiciaire Capitales : Pretoria -administrative

Langues officielles : afrikaans, anglais, ndébélé, xhosa, zoulou, sotho du Nord, sotho du Sud, tswana, siswati, venda, tsonga

Gouvernement : république

Saldanha Bay

Mossel Bay

East London

Ngqura

Page 24: PolyMonde 2012 - Rapport de mission (léger)

Afri

que

du S

ud24

H I S T O I R E M O D E R N E D E L ’A F R I Q U E D U S U D

Berceau de l’humanitéL’Afrique du Sud possède des sites archéologiques qui établissent avec certitude que le continent est le berceau de l’humanité. Trois sites du patrimoine mondial de l’UNESCO ont permis aux chercheurs de déterminer qu’une race humaine s’est développée il y a de cela 3,3 millions d’années en Afrique du Sud (UNESCO, 2012).

1486

1497

1503

1652

1688

1779

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1804

1818

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1854

1860

1867

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1886

1899

Passage de Bartolomeu Dias.

Passage de Vasco de Gama.

Passage d’Antonio Sadanha.

Johan Anthoniszon (Jan) van Riebeek et 90 colons de la Compagnie hollandaise des Indes orientales s’installent au Cap pour approvisionner les bateaux de passage. Ils font venir des esclaves de Madagascar, d’Indonésie, d’Inde et d’ailleurs, et créent ce qu’on appellera plus tard les Métis. Déjà, on emprisonne à Robben Island les leaders des Khoisans, le peuple autochtone (Pagé, 2011).

Les huguenots français viennent se réfugier en Afrique du Sud et importent les vignes auxquelles le climat sud-africain est favorable. Avec les Hollandais et les Allemands qui continuent à venir coloniser la terre, ils formeront la « race » des Afrikaners.

En étendant leur territoire vers l’est, les Afrikaners, aussi appelés Boers, rencontrent les xhosas avec qui ils engagent une guerre qui durera un siècle (Pagé, 2011).

Les Anglais débarquent au Cap.

Les Anglais prennent le contrôle du Cap et du territoire qui s’étend entre cet établissement et le Natal, à l’est.

Le roi zoulou Shaka se constitue un vaste empire en combattant plusieurs peuples africains. Il est assassiné par Dingane en 1828. Lorsque ce dernier rencontre les Boers, il fait assassiner leur état-major. Ceux-ci ripostent et vainquent les Zoulous en 1838.

Les Britanniques perpétuent les guerres de frontières avec les xhosas en installant des milliers de colons dans le sud-est du pays.

Les gouverneurs anglais imposent l’usage de l’anglais au Cap, provoquant le départ de milliers de Boers qui se mettent en quête d’un territoire qui leur soit propre lors de leur Grand Trek.

Fondation du Transvaal, ou South African Republic, dans le nord de ce qu’on connait aujourd’hui comme l’Afrique du Sud.

Fondation de l’état libre d’orange au Sud du Transvaal. La constitution spécifie que l’égalité entre Blancs et non-Blancs n’est pas permise.

Les Britanniques commencent à faire venir des travailleurs indiens en Afrique du Sud. Ils seront au total plus de 150 000.

Un diamant de 21,25 carats est trouvé proche de Kimberley, attirant beaucoup de Britanniques et d’Européens dans la région.

L’envahissement des républiques Boers par les Britanniques déclenche la Première Guerre des Boers, qui se termine un an plus tard (Pagé, 2011). Ces conflits entraînent la destruction des royaumes traditionnels (Apartheid Museum, 2012).

Découverte de l’or and Afrique du Sud.

La Deuxième Guerre des Boers est déclenchée en raison de la menace que représentent les Britanniques pour l’indépendance des Boers. Les Britanniques enferment leurs prisonniers dans ce qui fut dès lors appelé des camps de concentration (Pagé, 2011). Ils brûlent les terres des Afrikaners insoumis (Madsen, 2008). La guerre se termine à l’avantage des Britanniques en 1902. Elle cause une urbanisation massive dans les années suivantes et provoque le développement d’un nationalisme Afrikaner.

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Afrique du Sud25

1910

1912

1912

1939

1944

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1986

1990

1994

Fondation de l’Union de l’Afrique du Sud par la consolidation de deux colonies britanniques : le Cap et le Natal, et des deux républiques afrikaners : le Transvaal et l’État libre d’Orange. Dans ce dominion britannique, le pouvoir est aux mains des Blancs.

Fondation du South African Native National Congress, nom initial de l’African Nationalist Congress (ANC).

Adoption du « Native Land Act (Loi sur les terres indigènes) ». La loi attribue 87 % du territoire sud-africain, les terres les plus fertiles, à la minorité Blanche, soit 13 % de la population. S’ensuivent ensuite une série de lois visant à régir plusieurs aspects de la vie des Noirs, dont le travail, l’éducation et les déplacements. Mal outillé pour contester, l’ANC perd en popularité.

Le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale entraîne une forte urbanisation des Noirs qui se massent dans les townships, ce qui provoque chez les Afrikaners un besoin de les contrôler (Apartheid Museum, 2012).

Trouvant les dirigeants du parti trop peu contestataires, des membres de l’ANC en fondent la ligue jeunesse (Apartheid Museum, 2012).

Prise de pouvoir du « National Party » du Dr. Daniel F. Malan, voix des Afrikaners. Alors, 46 ans de règne des Blancs sur la majorité Noire débutent en Afrique du Sud. La population est séparée en quatre groupes raciaux : les Blancs, les Africains, les Métis et les Indiens, par la voix du « Population Registration Act (Loi sur l’enregistrement de la population) ». Le groupes des Noirs inclut les Africains, les Métis et les Indiens. Le « Group Areas Act (Loi sur les zones d’habitations) » assigne quant à lui à chaque groupe un lieu de résidence. Les lois s’immiscent davantage dans la vie des Noirs et touchent maintenant la santé, les relations sexuelles et l’usage des biens publics.

Apartheid« L’apartheid a été bâti sur des bases établies par les politiques de ségrégation antérieures. La ségrégation a évolué pendant les 30 premières années du xxème siècle, alors que les conséquences de l’industrialisation commençaient à se faire sentir. Cela a eu pour résultat le développement de bidonvilles, le militantisme de la classe ouvrière et l’affaiblissement de l’autorité tribale dans les réserves africaines. La ségrégation a été conçue pour préserver la suprématie Blanche et empêcher l’assimilation raciale. Elle était à bien des égards un exercice d’endiguement. » (Apartheid Museum, 2012)

Massacre de Sharpeville. La police tue 69 personnes et en arrête 18 000. Les organisations antiapartheid sont bannies.

L’Afrique du Sud est expulsée du Commonwealth. Fondation de l’Umkhonto we Sizme (MK), la branche armée de l’ANC, commandée par Nelson Mandela.

Arrestation des dirigeants de l’ANC et du MK : huit personnes sont condamnées à perpétuité au procès de Rivonia, dont Walter Sisulu et Nelson Mandela.

Émeutes de Soweto : 800 écoliers sont tués après avoir manifesté contre l’imposition de l’afrikaans comme langue d’enseignement.

Légalisation des syndicats.

Le parlement sud-africain est maintenant formé de trois chambres : celles des Blancs, des Indiens et des Métis.

La popularité croissante de l’ANC et l’embargo économique poussent le gouvernement à reconnaître pour la première fois les Noirs comme citoyens sud-africains.

Annonce de la libération de Nelson Mandela de la prison de Robben Island après 27 ans d’incarcération.

Première élection démocratique de l’Afrique du Sud incluant l’intégralité de sa population; l’ANC est élu par une majorité écrasante. Mandela devient Président de la république d’Afrique du Sud et réussit à mettre fin aux politiques de ségrégation en évitant que des violences xénophobes éclatent (visite du Parlement).

Après 4 élections, dont la dernière s’est tenue en 2009, l’ANC est toujours au pouvoir aujourd’hui avec 264 des 400 sièges de l’Assemblée nationale. Cependant, il perd peu à peu ses appuis en raison de l’incapacité des gouvernements successifs à répondre aux attentes élevées d’une population exigeant de meilleures conditions socioéconomiques, particulièrement en termes de création d’emplois et d’éducation. Il semble donc que l’ANC doit faire la transition d’un parti ayant un projet révolutionnaire vers un parti de gestion. Au niveau provincial, la région du Cap-Occidental a placé au pouvoir le principal parti d’opposition d’Afrique du Sud, la « Democratic Alliance » (DA). Ceci ouvre la porte à un potentiel changement de garde politique au niveau national à moyen terme. La DA a élu 67 députés à l’Assemblée nationale en 2009 (visite du Parlement).

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Afri

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ud26

G O U V E R N E M E N T S U D - A F r i C A i n

Fo n c t i o n n e m e n t d u g o uve r n e m e n t

(visite du Parlement)Depuis 1994, le Parlement est constitué de deux chambres : la « National Assembly (Assemblée nationale) » (NA) et le « National Council of Provinces (Conseil national des provinces) » (NCOP). La NA compte 400 membres élus par la population selon un système de représentation proportionnelle. Le NCOP compte 10 membres par province (90 au total)(voir la carte des provinces à la page 23) élus par leurs députés provinciaux respectifs et dont les chefs de délégation sont les premiers ministres des provinces. Les élections nationales et provinciales s’effectuent conjointement aux 5 ans.

Le NCOP s’assure de représenter les intérêts des provinces au niveau national. Son rôle principal est d’accepter ou d’amender des propositions de lois avancées par la NA qui concernent les provinces. Cela confère un point de vue régional aux travaux parlementaires. Les décisions de

la NA ont cependant préséance sur celles de la NCOP. De manière connexe, si le gouvernement national constate qu’un gouvernement provincial ne parvient pas à remplir son mandat auprès de la population dans l’un de ses secteurs de gestion, le gouvernement national a le pouvoir de prendre en charge ce secteur. Récemment, il a dû le faire dans le domaine de l’éducation dans la province du Cap-Oriental où le système était en grande difficulté. De plus, trois autres provinces sont susceptibles de connaître le même sort.

Étant une chambre haute constituée de membres nominés par des élus, le NCOP assure une certaine constance au processus parlementaire en en augmentant la résilience. Cela a pour effet d’atténuer les conséquences de potentielles vagues d’extrémisme à la NA, chambre basse dont les députés sont directement redevables à la population.

Le Président de la République est élu par la NA et cesse d’en faire partie aussitôt nommé; il s’agit là d’isoler les pouvoirs exécutifs du gouvernement dont il est le chef

d’un côté, et les pouvoirs législatifs et de surveillance de la NA de l’autre. Le Président provient du même parti que la majorité des députés élus à la NA.

I n t é g ra t i o n s o c i a l e d u Pa r l e m e n t

(visites du Parlement et de l’Université de Stellenbosch)

Les centres des pouvoirs législatifs, administratifs et judiciaires sont respectivement répartis entre le Cap, où siège le Parlement, Pretoria, et Bloemfontein. Cette répartition géographique est due à la lutte de pouvoir entre les Afrikaners et les Anglais au début du xxème siècle. Dorénavant, la chambre dite du Vieux Parlement sert à l’organisation de comités parlementaires provenant à la fois de la NA et du NCOP. Une coopération importante existe donc entre les deux chambres du Parlement, image de ce qui veut être inculqué au niveau national entre les différentes régions du pays.

Afin de limiter les quelques rares comportements ségrégationnistes qui subsistent et tendent à rappeler que malgré la fin de l’apartheid deux sociétés distinctes par

Chambre du National Council of Provinces au Parlement, au Cap. - CD

Page 27: PolyMonde 2012 - Rapport de mission (léger)

Afrique du Sud27

leurs niveaux de vie subsistent dans le pays, de grands efforts ont été déployés afin que tous se sentent inclus dans le processus démocratique, notamment la jeunesse.

C o n t ex t e p o l i t i q u e (visite de l’Université

de Stellenbosch)Selon MM. Rashid Begg et Jantjie xaba, du département de sociologie et d’anthopologie de l’Université de Stellenbosch, une population se doit de détenir trois types de pouvoir pour se réaliser et prendre en main sa destinée : pouvoir politique, pouvoir économique et pouvoir culturel. En Afrique du Sud, l’ANC possède seulement le pouvoir politique tandis que le pouvoir économique est resté aux mains de la population blanche. Le parti reste toutefois en place, puisque la population noire se sent redevable envers le parti de par son rôle émancipateur durant l’apartheid. Sans véritable contre-pouvoir, une solution envisageable serait de favoriser l’émergence de nouvelles forces politiques pour gouverner le pays. Ainsi, le pays passerait d’un gouvernement de transition à un gouvernement de gestion.

Avant 1994, la majorité de l’avoir monétaire du pays provenait de 8 millions de personnes et était redistribuée auprès de cette population. Après 1994, la richesse doit être répartie auprès de tous les citoyens du pays, soit environ 50 millions d’habitants. Même si les revenus sont légèrement plus élevés qu’en 1994, les dépenses sont six fois plus importantes, créant une insuffisance budgétaire.

C O N T E x T E S O C I A L (visite de l’Université

de Stellenbosch)La fin de l’apartheid a amené un souffle nouveau à l’Afrique du Sud en donnant de nombreux droits aux Noirs. En revanche, 18 ans plus tard, le sociologue rashid Begg affirme que l’idée de cette démocratie pour tous était une idéologie utopique. En effet, la population noire a acquis son indépendance et sa liberté. Toutefois, l’écart économique entre les riches et les pauvres a augmenté. Les townships continuent par exemple de croître en périphérie des villes. La situation actuelle n’atteint pas encore tous les espoirs annoncés lors de la

libéralisation de 1994. La classe moyenne qui était déjà petite s’est érodée depuis la fin de l’apartheid. En revanche, un fossé s’est creusé entre la population riche et la population pauvre, l’écart de revenus moyens par habitant étant l’un des plus importants au monde. La principale raison est la faiblesse des compétences académiques de la population noire, liée à un haut taux de chômage.

Éducation La faiblesse du système d’éducation, et plus particulièrement celle pour la population noire, est un problème majeur pour l’économie et la croissance du pays. L’éducation fournie dans les townships est habituellement de mauvaise qualité, tandis que les quartiers prospères possèdent de bonnes écoles. Les townships ont gardé les établissements de bas niveau étant aux prises avec des problèmes de financement par les municipalités ou le gouvernement.

Township de Soweto, au sud-ouest de Johannesburg. - EL

Townships (rappel)«Faubourgindigènedesvillesd’AfriqueduSud»(Larousse,2012)

Page 28: PolyMonde 2012 - Rapport de mission (léger)

Afri

que

du S

ud28

Ceci est entre autres un signe que les inégalités entre les couches de la société demeurent malgré la fin de l’apartheid.

Chômage Depuis la fin de l’apartheid, le taux de chômage a varié entre 16,9 % en 1995 et 31,2 % en 2003 (figure 1). L’augmentation a été continue entre ces deux années, puis le taux est redescendu à 23 % en 2007. Le taux de chômage des diplômés universitaires est quant à lui resté presque constant entre 1998 et 2007, avec une moyenne de 4,56 % du taux de chômage total. L’économie sud-africaine utilise les ressources qualifiées à un niveau comparable à celui des économies occidentales, bien que son taux de chômage global soit bien au dessus du taux moyen de l’occident. Dans les années 1999 et 2000, l’augmentation de cette catégorie de travailleurs qualifiés a fait augmenter de façon substancielle le taux de chômage, passant de 4 % à 5,6 %.

Les autres aspects du contexte social se trouvent dans la partie Intégration sociale à la page 54.

P O L I T I Q U E S B U D G É T A I R E S E T

M O N É T A I R E S D E 1 9 9 4 à 2 0 1 0

Tous les termes spécifiques au champ lexical des politiques macroéconomiques sont définis dans la bulle théorique à la page 30.

Po l i t i q u e s b u d g é t a i re sVue d’ensemble De 1997 à 2007, l’Afrique du Sud a connu une période de stabilité économique incluant à partir de 2009 la plus importante période de croissance du pays. Les paramètres qui ont permis cette évolution sont monétaires (inflation stable, taux d’intérêts bas et stables), et budgétaires (déficit et dettes stables). La transition politique post-apartheid menée de façon réussie a également été un élément important dans l’évolution économique du pays (Du Plessis, Smith, & Sturzenegger, 2007).

Cependant, l’influence des politiques budgétaires sur cette stabilisation n’est pas aussi évidente qu’elle pourrait paraître. En effet, il n’est pas clair que les politiques budgétaires aient été de type procyclique ou contracyclique : même si le « Medium Term Budget Policy Statement (Parution sur les politiques budgétaires à moyen terme) » paru chaque année

de 1996 à 2007 annoncent une politique expansionniste, trois d’entre eux (1998, 2001 et 2007) parlent de mesures contracycliques et ré-équilibratrices. La procyclicité apparente des politiques budgétaires de 1994 à 2007 n’est en fait pas validée par la littérature (Du Plessis et al., 2007). De plus, le manque d’infrastructures freine la reprise des investissements depuis 2010. Cependant, dans le projet du « New Growth Path (Nouvelle stratégie de développement) » (South African Government, 2010)(voir encadré à la page 50), le gouvernement a annoncé certaines mesures pour faire face au manque d’infrastructures, et pour améliorer le système d’éducation, les services publics et les relations économiques régionales (Maistry, 2012).

15%

20%

25%

30%

1994 1998 2002 2006

Figure 1 : Taux de chômage en Afrique du Sud de 1994 à 2007 (en % de la population active)(FMI, 2012)

Taux de chômagePortion de chômeurs avec un diplôme universitaire

Depuis la fin de l’apartheid, le taux de chômage a varié entre

16,9 % en 1995 et 31,2 % en 2003.

BRICSLegroupedesBRICSestformédescinqplusimportantspaysémergents:leBrésil,laRussie,l’Inde,laChineetl’AfriqueduSud(SouthAfrica).Cespayssontsimilairesentermesdecroissanceéconomiqueetdestratégiesdecommerceinternational,maisdifférentsnotammentparlatailledeleurpopulationetdeleurpolitiqueséconomiques.

Page 29: PolyMonde 2012 - Rapport de mission (léger)

Afrique du Sud29

Depuis la crise mondiale de 2008, les autorités du pays ont augmenté leurs dépenses publiques d’aide sociale, celles-ci progressant ainsi de 1,5 % en 2010. Cependant, le déficit budgétaire s’est creusé, passant de 2,25 % à 4,1 % du PIB entre 2008/09 et 2010/11, principalement sous l’effet de prêts accordés aux entreprises publiques.

Revenus En 2009, l’impôt représentait 28 % des recettes du pays, ce qui était supérieur au Canada ainsi qu’à la plupart des pays du BRICS (Banque mondiale, 2012).

De 1994 à 2009, l’aide publique au développement reçue par l’Afrique du Sud n’a pas permis de réduire les disparités économiques du pays (Winkler, 2009).

Dépenses Les dépenses consacrées aux services sociaux représentent plus de la moitié des dépenses (hors-intérêts, 461,5 GR pour 2010/11). Ce montant est distribué entre différents secteurs : éducation, soins de santé primaires, hôpitaux et subventions sociales. Néanmoins, les trois secteurs prioritaires de l’Afrique du Sud sont l’éducation, la création d’emplois et

l’infrastructure. L’État espère ainsi favoriser l’emploi en investissant dans les infrastructures et en éducation. L’objectif est de devenir également compétitif dans le secteur du savoir (South African Government, 2010; Maistry, 2012).

Solde budgétaire et déficit Depuis l’année 2000, le solde budgétaire structurel de l’Afrique du Sud a connu une réduction de son déficit jusqu’en 2007, étant presque

Drapeau sud-africain au Cap. - WS

excédentaire en 2006 avec -0,071 % du PIB. Cependant, le déficit a explosé en 2008, pour s’améliorer dans les années suivantes (déficit de -4,54 % en 2010). Les projections semblent suggérer un déficit de -1,14 % du PIB en 2016 (FMI, 2012). Les autres pays du BRICS et le Canada ont par ailleurs tous connu une baisse drastique de leur solde budgétaire structurel en 2008. L’hypothèse peut être posée que chaque gouvernement a décidé d’investir massivement dans son économie respective afin d’amortir les effets de la

crise financière de 2008.

Dette La figure 2 montre que l’Afrique du Sud a su conserver depuis 2000 un ratio stable de sa dette par rapport à son PIB, voire à le faire diminuer jusqu’en 2008. En d’autres mots, le PIB avait une croissance plus rapide que la dette, signe d’une économie en santé.

30%

10%

50%

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2000 2004 20080

20162012

Figure 2 : Dette de l’Afrique du Sud, du Canada et des pays du BRIC de 2000 à 2016 (estimations à partir de 2010)(en % du PIB)(FMI, 2012)

Russie

Canada

Afrique du Sud

Chine

Brésil

Indedu PIB

(continué à la page 32)

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Politiques macroéconomiquesL’ensemble des définitions et des concepts présentés dans cet encadré sont tirés du livre « Macroéconomie » de Paul Krugman (prix Nobel d’économie 2008) et de Robin Wells, traduit par Laurent Baechler, paru en 2009 aux éditions De Boeck.

Une politique macroéconomique active est l’utilisation des politiques monétaire et budgétaire pour influencer le cycle d’activité d’un pays. C’est un outil que les gouvernements vont utiliser pour encourager leur pays à aller dans une direction particulière. Une politique procyclique est un ensemble de mesures qui encouragent la dynamique du pays à évoluer dans la même direction qu’elle ne le fait déjà. Ainsi, si l’économie du pays est en forte croissance, une politique procyclique viendra mettre en place des mécanismes pour soutenir cette croissance. à l’inverse, une politique contracyclique essayera de ralentir la croissance.

Politiques monétaires Une politique monétaire, en général menée par la banque centrale d’un État, repose sur la manipulation des taux d’intérêts directeurs de cette banque centrale pour influencer l’économie d’un pays. Une politique monétaire expansionniste visera une reprise économique grâce à l’augmentation de devises disponibles dans le pays. Une politique monétaire restrictive augmentera la valeur d’une monnaie ou en diminuera la masse pour hausser les taux d’intérêts et ainsi ralentir l’économie. Une politique restrictive peut être à long-terme, dite « de règle », ou à court-terme, dite « discrétionnaire ».

Politiques budgétaires Une « politique budgétaire repose sur la modification des dépenses publiques et des impôts pour influencer la dépense globale » (Krugman & Wells, 2009). il y a d’un côté les politiques budgétaires expansionnistes (hausse des dépenses ou réduction des impôts pour stimuler l’économie) et d’un autre les politiques budgétaires restrictives (réduction des dépenses ou hausse des impôts pour rembourser la dette ou pour économiser). Le gouvervenement peut également jouer sur les revenus de transfert (subventions sociales pour redistribuer la richesse à l’intérieur du pays).

Mise en garde Une décision politique peut prendre plusieurs mois voire plusieurs années pour avoir un impact concret sur l’économie du pays. Par exemple, pour qu’une politique budgétaire expansionniste soit mise en place, il doit y avoir une récession depuis plusieurs mois pour confirmer le besoin d’une telle politique, puis le gouvernement doit planifier le plan de relance, et enfin dépenser l’argent en plusieurs fois en fonction de ce plan. La situation de récession pourrait entre temps s’être résolue par elle-même, ce qui voudrait dire que les mesures expansionnistes auront un effet inflationniste sur l’économie du pays. Si le gouvernement décidait alors de mettre en place une politique budgétaire restrictive, le même phénomène pourrait survenir et le pays entrerait en récession.

Solde budgétaire Le solde budgétaire est la différence entre les recettes fiscales et les dépenses publiques (achat de biens et services et revenus de transfert) de l’État. Ainsi,

Solde budgétaire = recettes fiscales - Achat de biens et services - revenus de transfert

Cependant, afin de refléter les recettes et les dépenses d’un pays comme si l’économie était en situation stable, les pays publient également leur solde budgétaire structurel, qui ne prend pas en compte les mesures instaurées pour réduire une récession ou une inflation (augmentation ou diminution des impôts ou des dépenses).

Déficit et dette Un déficit budgétaire est un solde budgétaire négatif. La somme des déficits année après année forme la dette du pays. Cependant, un déficit constant au cours des années ne signifie pas forcément une mauvaise chose, notamment si le PIB du pays augmente plus vite que la dette. Ainsi, il est intéressant de regarder le ratio dette/PiB qui quantifie la dette du pays en pourcentage du PiB et qui représente une bonne estimation de la santé économique d’un pays à long-terme.

Page 31: PolyMonde 2012 - Rapport de mission (léger)

Afrique du Sud31

Taux de changeLe taux de change nominal est le taux auquel la monnaie d’un pays s’échange contre celle d’un autre. L’appréciation est une hausse de la valeur de cette monnaie par rapport à l’autre devise, mesurée par la quantité de devises étrangères qu’elle permet d’acheter. La dépréciation est à l’inverse une baisse de sa valeur par rapport à l’autre devise, mesurée par la quantité de devises étrangères qu’elle permet de vendre.

Le rand s’est déprécié par rapport au dollar canadien de 1994 jusqu’en 2002, tel que le montre la figure 3. Après cette période, le rand a pris de la valeur jusqu’en 2005, puis s’est déprécié jusqu’en 2009. Globalement, de 1994 à 2012, il y a eu une dépréciation du rand par rapport au dollar canadien. Cette dépréciation s’observe également par rapport au dollar états-unien (monnaie de référence internationale), à l’euro, au yuan et à la livre sterling (monnaies des principaux partenaires commerciaux).

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Figure 3 : Taux de change du rand par rapport au $ US, au $, à la livre sterling (GBP), au yuan (CNy)

et à l’euro (EUR) (Bank of England, 2012)

1 USD

1 CAD

1 EUR

1 GBP

1 CNy

Taux d’inflation, taux d’intérêt et effet FisherLe taux d’inflation d’une devise correspond à l’augmentation de sa valeur année après année.

Le taux d’intérêt nominal représente le rendement de l’épargne ou le coût de l’emprunt non corrigés de l’inflation. il correspond au taux d’intérêt qu’offre la banque. Le taux d’intérêt réel correspond quant à lui au taux d’intérêt nominal corrigé des effets de l’inflation.

L’effet Fisher est le processus par lequel le taux d’intérêt nominal s’ajuste au taux d’inflation.

En 2003, la SArB affichait un taux d’intérêt nominal de 14,75 % par année, alors que le taux d’inflation était de 5,85 %. La figure 4 présente les impacts de la manipulation de la monnaie par la SARB, qui a permis aux deux taux de se rapprocher au fil des ans.

5%

10%

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1994 1998 2002 2006 20100%

Figure 4 : Taux d’intérêt nominal et taux d’inflation de l’Afrique du Sud de 1994 à 2011 (Banque mondiale, 2012)

Taux d’intérêt nominal

Taux d’inflation

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Afri

que

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Po l i t i q u e s m o n é t a i re sStabilité des prix Bien que non-membre de l’OCDE, la « South Africa Reserve Bank (Banque centrale sud-africaine) » (SARB) se positionne parmi les banques les plus avancées au monde. En effet, depuis le milieu des années 1990, elle présente une certaine stabilité financière et conduit une politique monétaire efficace. Avant la mise en place d’une banque centrale sud-africaine, le rôle de la distribution de la monnaie revenait aux banques commerciales. Aujourd’hui, la SARB a pour mandat le maintien de la stabilité des prix dans le but de permettre une croissance économique et durable pour l’Afrique du Sud. Pour ce faire, la constitution sud-africaine et le « South African Reserve Act (Loi sur la banque centrale sud-africaine) » lui confèrent une autonomie quasi-complète : elle est libre de mettre en place les stratégies qu’elle désire et d’utiliser les instruments de la politique monétaire adéquats.

La SARB a décidé d’adopter une politique discrétionnaire. Le système de ciblage du taux d’inflation a été mis en place en février 2000. La banque centrale sud-africaine ajuste le taux de rachat pour atteindre son objectif d’inflation. La cible est présentement fixée dans l’intervalle de 3 à 6 % sur une période continue. Cette cible est décidée par un comité chargé des décisions de la politique monétaire. Ce même comité se rencontre tous les deux mois afin de réévaluer l’utilisation des outils macro-économiques. De plus, la SARB se doit de garder une transparence sur ses résultats et ses objectifs à court terme. C’est ainsi que la SARB a réussi à se placer parmi les 22 banques

centrales les plus transparentes (Alpanda & Honig). En revanche, sa crédibilité est réduite puisque sa politique discrétionnaire l’oblige à varier ses taux d’intérêt pour manipuler l’inflation.

Ouverture Une économie fermée n’entretient aucune relation commerciale ou financière avec le reste du monde. à l’inverse, une économie ouverte est une économie qui interagit librement avec celle des autres pays. L’Afrique du Sud est une petite économie ouverte qui, en raison de sa taille, n’a qu’un impact négligeable sur les prix internationaux, et en particulier sur le taux d’intérêt mondial.

G É O P O L I T I Q U E D E L ’A F R I Q U E D U S U D

Une décision importante du gouvernement depuis la fin de l’apartheid est l’ouverture des frontières de l’Afrique du Sud avec ses voisins et avec le reste du monde. La fin de l’embargo a permis au pays de pouvoir exporter ses biens et ses produits. De plus, l’Afrique du Sud a éliminé ses barrières tarifaires face aux exportations et aux importations. Cette ouverture a favorisé l’émergence des compagnies sud-africaines qui en ont profité pour aller investir dans les pays voisins et ainsi profiter de nouveaux marchés. De cette manière, ces entreprises ont eu la possibilité de compétitionner au niveau régional. Cela encourage la création d’emplois dans ces pays possédant un avantage comparatif avec leurs salaires moyens plus faibles qu’en

Afrique du Sud. De ce fait, la non-création d’emplois en Afrique du Sud représente une perte de revenus pour le gouvernement sous forme d’impôt (visite de l’Université de Stellenbosch).

De plus, en 1994, l’Afrique du Sud a joint la « Southern African Development Community (Communauté de développement de l’Afrique australe) » (SADC) afin de favoriser le développement économique des pays subsahariens par l’implantation de politiques pour promouvoir l’intégration régionale. Cette intégration régionale est importante pour le pays puisque 55 % des exportations de l’Afrique du Sud se font vers les autres pays de la SADC. En mai 2000, le gouvernement a adopté la loi « African Growth and Opportunity Act (Loi pour la croissance et les possibilités de l’Afrique) » (AGOA) afin d’entretenir les relations entre l’Afrique subsaharienne et les États-Unis. Des investisseurs des pays développés, plus particulièrement du Sud-Est de l’Asie, sont aussi devenus des investisseurs importants en Afrique du Sud, grâce à l’accord du AGOA (voir apragraphe à la page 33). Le nouveau millénaire a été déclaré par les Nations-Unies comme millénaire consacré au développement de l’Afrique, notamment à travers les Objectifs du millénaire pour le development (ONU, 2000). Le « New Partnership for Africa’s Development (Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique) » (Nepad) a pour objectif de développer l’économie du continent (voir encadré à la page 50). En signant ce traité, l’Afrique du Sud cherche de plus à pallier le retard qu’avait pris le continent en matière de développement sur la scène internationale. Tous ces accords signés après la fin de l’apartheid ont permis à l’Afrique du Sud de

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(continué de la page 29)

Bien que non-membre de l’OCDE, la banque centrale sud-africaine se positionne parmi les banques

les plus avancées au monde.

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Afrique du Sud33

s’intégrer aux niveaux régional et international et de prendre une place majeure sur le continent africain (visite de l’Université de Stellenbosch).

Les pays limitrophes de l’Afrique du Sud et certaines de leurs caractéristiques socio-économiques sont présentés à la page 34.

A V A N T A G E S C O M P A R A T I F S D E

L ’A F R I Q U E D U S U DL’Afrique du Sud est un pays émergent qui doit utiliser au maximum ses avantages comparatifs. Elle possède certaines forces en tant que pays, mais doit également faire face à des défis importants.

Fo rc e sExportations

Traités de commerce Le commerce international de l’Afrique du Sud est régi par cinq traités de commerce principaux.

Le « African Growth and Opportunity Act (Loi pour la croissance et les possibilités de l’Afrique) » (AGOA) fait partie du « Trade and Development

Coopération et de Développement Économiques (OCDE) (Gore, 2000).

Le « Trade Development and Cooperation Agreement (Accord sur le commerce, le développement et la coopération) » (TDCA) conclu entre l’Union Européenne et l’Afrique du Sud a plusieurs objectifs, notamment le soutien dans la transition économique et politique du pays, la promotion de la coopération en Afrique sub-saharienne et l’intégration économique de l’Afrique du Sud dans cette région, en plus de la libéralisation du commerce de biens, de services et de capital.

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(continué à la page 36)

Pays membres de l’AGOAL’AGOAchercheàinstaurerunForuméconomiqueentrelesÉtats-Unisetlespaysmembres(AGOA,2012):

États-UnisAfriqueduSudAngolaBéninBotswanaBurkinaFasoBurundiCamerounCapVertComoresTchadCôted’Ivoire

DjiboutiÉthiopieGabonGambieGhanaGuinée-BissauKenyaLesothoLiberiaMalawiMaliMaurice

MauritanieMozambiqueNamibieNigeriaOugandaRépubliquecentrafricaine

RépubliquedémocratiqueduCongo

RépubliqueduCongo

RwandaSaoTomeetPrincipe

SénégalSeychellesSierraLeoneSwazilandTanzanieTogoZambie

Act (Loi sur le commerce et le développement) » passé au Congrès américain en l’an 2000. il offre des incitatifs aux pays africains qui en font partie pour ouvrir leurs économies et pour développer le libre-échange.Pour les États-Unis, cette région regorge de ressources naturelles et humaines et représente des potentiels économique et politique considérables. Cette loi encourage le commerce, la réduction des barrières tarifaires et non tarifaires qui sont des freins au commerce international, la négociation d’ententes et l’accession des pays à l’Organisation de

Conteneur sur un camion dans un port proche du Cap. - MB

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Figure 5 : PIB par habitant ($) de l’Afrique du Sud et de ses pays limitrophesde 1994 à 2012 (Banque mondiale, 2012)

Namibie

Mozambique

Afrique du Sud

Botswana

Zimbabwe

Swaziland

Lesotho

NamibiePIB : 12,4 G$•PIB/hab : 5,3 k$•IDH : 0,625•Population : 2,2 M•Langues : anglais (7 %), •afrikaans (60 %), allemand (32 %)VIH/Sida : 13,9 %•Chômage : 37,6 %•

L’essentiel des importations et des exportations se font avec ou transitent par l’Afrique du Sud.

L’économie est fortement dépendante de l’extraction et du traitement des minerais, en particulier le diamant et l’uranium. Une augmentation des prix mondiaux du diamant et d’uranium en 2010 ainsi que la réouverture de mines de cuivre en 2011 ont redonné une impulsion au secteur minier de la Namibie.

Seulement 1% du territoire est constitué de terres arables, ce qui oblige le pays à importer environ 50% des céréales consommées. La Namibie présente également la distribution de revenus la plus inégalitaire au monde.

d o n n é e SToutes les données de cette page sont celles de 2011 et proviennent du CIA World Factbook (2012) et de la Banque mondiale (2012).

BotswanaPIB : 17,8 G$•PIB/hab : 8,8 k$•IDH : 0,633•Population : 2,1 M•Langues : anglais (2,1 %), •setswana (78 %), kalanga (8 %), sekgalagadi (3 %)VIH/Sida : 24,8 %•Chômage : 17,6 %•

Alors que seulement 5 % des terres sont cultivables, le sous-sol renferme de grandes quantités de minéraux. En 2008, 48 % du PIB provenait des mines, notamment de diamant. Depuis l’année 2000, le gouvernement diversifie son économie en investissant dans le secteur des services et du tourisme.

L’indice de perception de la corruption de Transparency International (2012) classe le Botswana en 32ème position sur 183 pays, ce qui le positionne devant tous les autres pays du continent. En comparaison, l’Afrique du Sud se retrouve en 64ème position et le Canada en 10ème.

ZimbabwePIB : 10,0 G$•PIB/hab : 0,8 k$•IDH : 0,376•Population : 12,6 M•Langues : anglais, shona, ndebele•VIH/Sida : 14,3 %•Chômage : 24,9 %•

De 2001 à 2008, plusieurs pays ont imposé des sanctions économiques au Zimbabwe en raison du taux élevé de corruption et des intolérances politiques du pays. Le pays a dû se montrer autosuffisant tout en essuyant de nombreuses sécheresses (BAD, 2011).

Le secteur industriel, lié au secteur agricole (70 % de la population, 40 % des exportations), est très instable en raison de l’irrégularité de l’approvisionnement en eau et en électricité, de l’état délabré des usines et des équipements, et du manque de fonds de roulement. De plus, à cause des conditions de vie difficiles au Zimbabwe, une grande part de la main-d’oeuvre agricole fuit vers les pays voisins, notamment l’Afrique du Sud.

les voisins de l’Afrique du Sud

c a r t eLa carte de la sous-région est présentée à la page 23.

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Afrique du Sud35

MozambiquePIB : 12,9 G$•PIB/hab : 0,5 k$•IDH : 0,322•Population : 23,5 M•Langues : emakhuwa (25,3 %), •portugais (11 %), xichangana (10 %), cisena (8 %), elomwe (7 %), echubawo (5 %)VIH/Sida : 11,5 %•Chômage : -•

Le pays a connu un taux élevé de croissance qui s’explique principalement par les investissements étrangers, facilités par la stabilité politique due à la signature d’un traité de paix en 1992. Le Mozambique a donc la plus forte croissance économique des tous les pays d’Afrique sub-saharienne qui ne produisent pas de pétrole.

Le pays aurait avantage à miser sur son long littoral : de solides infrastructures portuaires permettraient de faire compétition à l’Afrique du Sud. De plus, plusieurs compagnies minières ont récemment investi dans le charbon présent dans le sous-sol du pays.

Le Mozambique fait face à des problèmes d’infrastructures et à un manque d’éducation de sa population.

SwazilandPIB : 4,0 G$•PIB/hab : 3,8 k$•IDH : 0,522•Population : 1,4 M•Langues : anglais, siSwati•VIH/Sida : 25,9 %•Chômage : 40 %•

Le Swaziland est un pays enclavé entre l’Afrique du Sud et le Mozambique, ses principaux partenaires économiques hormis l’Europe. Ses principales exportations sont les concentrés de boissons gazeuses, le sucre et la pulpe de bois, alors que ses importations sont surtout les produits chimiques, les vêtements et la nourriture (Bureau of African Affairs, 2011).

Ce qui pourrait expliquer la faible performance économique du Swaziland est qu’il s’agit du pays ayant la plus haute prévalence connue de VIH au monde. Également, seulement 7,8 % du PIB provient de l’agriculture alors que 70 % de la population la pratique. Cela contribue à créer un déficit commercial relativement important de 236 M$ US (238 M$) (Bureau of African Affairs, 2011).

LesothoPIB : 2,5 G$•PIB/hab : 1,1 k$•IDH : 0,450•Population : 1,9 M•Langues : sesotho, anglais, zulu, •xhosaVIH/Sida : 23,6 %•Chômage : -•

Il s’agit du seul pays au monde dont toute la géographie est située à au moins 1 kilomètre au-dessus du niveau de la mer. Le Lesotho se distingue par son industrie de vêtements de qualité pour les États-Unis (marque Levi’s) ou l’Europe.

à l’instar du Swaziland, 86 % de la population travaille dans l’agriculture pour une faible contribution au PIB de 8,4 %. De plus, près de 35 % de la main-d’oeuvre masculine s’exile au moins une partie de l’année en Afrique du Sud pour y travailler.

Le pays a subit un déficit commercial d’environ 1,361 G$ US en 2011. Plus de 300 M$ US en aide internationale furent octroyés au Lesotho en 2008 seulement pour tenter de réduire les impacts de ce problème sur la dette du pays (Bureau of African Affairs, 2012).

La figure 5 présente l’évolution du PiB par habitant (en $) depuis 1994. il est intéressant de remarquer que les pays dépendants le plus de l’agriculture sont également ceux qui enregistrent le plus faible PIB par habitant.

En comparaison aux pays développés, l’économie des pays d’Afrique australe est émergente, voire en développement. Des difficultés de l’Histoire ont découlé un manque d’éducation, de forts taux de corruption et un déséquilibre très fort entre les classes. L’Afrique du Sud semble se porter mieux que ses voisins. Cependant, la répartition des richesses y est moins développée, réduisant l’équité sociale.Malgré la recherche de concurrence régionale, les pays du monde ont avantage à interagir avec des régions entières développées plutôt qu’avec des pays voisins inégaux. En effet, mieux les pays de l’Afrique australe se porteront, plus ils pourront faire des échanges entre eux et présenteront également un meilleur potentiel sur le marché mondial. C’est donc dans l’avantage de l’Afrique du Sud que les pays avoisinants se développent, chacun devant trouver ses forces dans l’équilibre de compétition régionale.Un autre potentiel de renforcement régional est une alliance financière : utiliser la même monnaie pour minimiser les risques économiques. En Afrique australe, le rand circule librement officiellement en Afrique du Sud, au Lesotho et au Swaziland, et de manière officieuse en namibie et au Zimbabwe.

les voisins de l’Afrique du Sud

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La SADC maintient également sa part d’exportation. Cela est un bon signe pour l’Afrique du Sud qui voit se développer, de l’autre côté de ses frontières, de nouvelles économies et donc de nouveaux partenaires. De plus, ceux-ci sont à une distance géographique raisonnable, contrairement aux autres partenaires de l’Afrique du Sud pour qui le transport représente une dépense plus considérable.

Activités portuairesL’activité portuaire est cruciale pour les exportations de l’Afrique du Sud puisque 95 % des marchandises exportées transitent par les ports du pays (Pagé, 2011). Durban se classe parmi les ports les plus actifs au monde selon l’ « American Association of Port Authorities (Association américaine des autorités portuaires) » (2011).

La position géographique de l’Afrique du Sud est stratégique pour l’activité portuaire, plusieurs routes contournant la pointe de l’Afrique. Les deux autres plus gros ports de la région se trouvent à Abidjan (Côte-d’Ivoire) et à Mombasa (Kenya)

sur cette figure. D’abord, on constate que la part de l’Union européenne, bien qu’elle reste la plus grande, a diminué de presqu’un tiers depuis 2000, malgré le TDCA et le GSP. On peut peut-être attribuer cette diminution aux répercussions de la crise financière de 2008.

Environ 15 % des exportations de l’Afrique du Sud vont vers la Chine, et cette part est en augmentation constante depuis 2008. Il est important de noter que la Chine ne fait partie d’aucun des accords de commerce mentionnés ci-avant. Lucie Pagé (2011) explique ainsi cette relation : « l’Afrique du Sud constitue la porte d’entrée par excellence des membres du BRICS pour consolider leur présence sur l’ensemble du continent, et particulièrement dans les pays de la SADC, qui représentent à eux seuls un marché de 260 millions de personnes ».

Les États-Unis maintiennent leur part des exportations, laissant à l’Afrique du Sud une porte ouverte sur un marché de 300 millions de personnes.

Ainsi, une zone de libre-échange est progressivement établie afin d’intégrer l’Afrique du Sud à l’économie internationale. Certaines règles ont été mises en place concernant l’origine des produits échangés, la promotion d’une saine compétition entre les entreprises et la protection de la propriété intellectuelle (Union européenne, 2004).

La « Southern African Development Community (Communauté de développement de l’Afrique australe) » (SADC) prend plusieurs dispositions pour supporter le développement durable par et pour les pays membres. La SADC souhaite éradiquer la pauvreté en promouvant un développement socio-économique durable et équitable, un même système politique et un même système de valeur à travers des institutions démocratiques et légitimes, ainsi qu’à travers le maintien de la paix, de la démocratie, de la sécurité et de la stabilité (SADC, 2012).

Le « Generalised System of Preferences (Système généralisé de préférences) » (GSP) est appliqué différemment d’un pays à l’autre, et plusieurs variantes existent. Dans le cas de l’Afrique du Sud, le GSP permet d’avoir des tarifs douaniers préférentiels pour favoriser les exportations vers certains pays tels que la Biélorussie, le Canada, l’Union européenne, le Japon, la Norvège, la Turquie et les États-Unis (United Nations Conference on Trade and Development [UNCTAD], 2011).

Répartition des exportationsEntre 2002 et 2008, le montant total des exportations a presque triplé. La figure 6 montre de quelle manière sont répartis les montants des exportations pour chaque pays partenaire. Plusieurs points sont à noter

(continué de la page 33)

20%

40%

80%

60%

100%

2000 2002 2004 2006 2008 02010%

Russie

Canada

Union européenne

Chine

Brésil

Inde

Reste du monde

SADC

États-Unis

Figure 6 : Répartition des exportations de l’Afrique du Sud par pays (World Development Indicators et Global Development Finance, 2011)

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Afrique du Sud37

(UNCTAD, 2003) (voir tableau 1). Le port de Durban est supérieur à tous les autres ports d’Afrique si l’on considère la quantité de conteneurs qui transitent dans chaque port. De plus, la progression du port a été assez rapide dans la dernière décennie, même si plus lente que celle du port de Mombasa. La capacité du port de Durban est ainsi cruciale pour que l’Afrique du Sud puisse rester un pôle mondial. Les huit ports du pays assurent une bonne avance au pays (voir carte à la page 23).

Dans le secteur d’activité du port de Durban, un autre port pourrait entrer en compétition sans changement de pôle : le port de Maputo au Mozambique est un concurrent direct puisqu’il dessert les mêmes pays enclavés que Durban. Selon le rapport de Doing Business (2012), le Mozambique est plus avantageux que l’Afrique du Sud en ce qui concerne les importations de conteneurs, notamment par rapport au coût et au nombre de jours requis pour l’importation d’un conteneur.

Main d’oeuvre non-qualifiéeLa majorité des entreprises rencontrées en Afrique du Sud ont indiqué l’absence de main d’oeuvre qualifiée comme un frein à leur expansion. Ainsi, il est possible de poser l’hypothèse que le pays possède un large bassin de main d’oeuvre non-qualifiée. Selon le théorème d’Heckscher-Ohlin, la main d’oeuvre non qualifiée étant un facteur de production abondant, son utilisation devrait en être intensive. Ceci peut être observé à travers la figure 7 qui présente la valeur des produits du secteur secondaire (ou commodités) exportés par les pays du BRICS, ramenée sur le nombre d’habitants du pays. Par rapport aux autres pays du BRICS, l’Afrique du Sud semble donc utiliser de façon plus intense son vaste bassin de main d’oeuvre non-qualifiée.

Ressources naturelles Les ressources naturelles de l’Afrique du Sud, notamment l’agriculture et les mines, sont des avantages comparatifs majeurs pour le pays depuis plus de 40 ans (CEPII, 2008). En effet, leur présence en grandes quantités dans le sol sont une opportunité d‘enrichissement.

Les ressources minièresLes produits miniers et les carburants représentent 8,8 % du PIB, 1 million d’emplois et 37,3 % des exportations du pays (Organisation mondiale du commerce [OMC], 2012). L’Afrique du Sud fait principalement affaire avec l’Europe, l’Asie et l’Amérique du nord comme le présente la figure 6.

EVPLetransportmaritimecontemporainsebasesurlaconteneurisationdesmarchandises.Ilexistedeuxtaillesdeconteneurs:20piedset40piedsdelong.Poursimplifierlescalculsdesvolumestransportés,l’unitédemesureestl’équivalentvingtpieds(EVP)(visiteduPortdeMontréal).

Tableau 1 : Affluence de conteneurs dans certains ports d’Afrique (en EVP)(UNCTAD, 2003; American Association of Port Authorities, 2011).

Port PaysAnnée

Progression 2000 2009

Durban Afrique du Sud 1 291 100 2 523 105 +95 %Abidjan Côte d’Ivoire 434 600 618 816 +42 %Mombasa Kenya 236 900 610 585 +157 %Maputo Mozambique 34 871 - -

Théorème d’Heckscher-Ohlin

«Unpaysvaexporterlebienquirequiertuneutilisationrelativementplusintensivedufacteurdeproductionrelativementabondant,etimporteralebienquirequiertuneutilisationrelativementmoinsintensivedufacteurdeproductionrelativementplusrare.»(Warin,2011)

CommoditésUne commodité est par définition une marchandise standard dont les prix sont fixés par les marchés mondiaux et non par les entreprises.

0,0

0,2

0,4

0,6

0,8

Figure 7 : Valeur des commodités exportées ramenée au

nombre d’habitants pour les pays du BRICS (G$ US/habitant)(OMC, 2010)

Russie

Afrique du Sud

ChineBrésil Inde

Page 38: PolyMonde 2012 - Rapport de mission (léger)

Afri

que

du S

ud38

ralentissement est expliqué par plusieurs facteurs : (1) la faible exploitation de ses ressources et (2) le fait que les ressources sont non-renouvelables.

Les ressources agricolesSelon la théorie de Ricardo, un pays devrait se spécialiser dans le bien pour lequel il possède un avantage comparatif. L’Afrique du Sud possède un avantage comparatif au niveau du secteur agroalimentaire : en 2010 le continent africain représentait 14 % des exportations mondiales dans le secteur agroalimentaire, en deuxième position derrière l’Amérique du Sud et l’Amérique

prix des métaux pour augmenter sa production puisque plusieurs compagnies doivent se concentrer sur leurs nouvelles licences d’exploitation nécessaires depuis l’adoption du « Minerals and Petroleum Ressources Act (Loi sur les ressources minérales et pétrolières) » de 2004 (OCDE, 2008). De plus, l’Afrique du Sud ne règlemente pas suffisamment la répartition des profits entre les compagnies et pourrait demander des redevances minières plus élevées (Organisation des Nations Unies, 2009).

Même si les ressources minières font partie des plus grands avantages de l’Afrique du Sud, de nombreuses opportunités dans ce secteur restent encore inexploitées. En effet, en 1990, la production minière de l’Afrique représentait 17 % de la production mondiale. Ses concurrents étaient l’Asie avec 12,4 % de la production et l’Amérique latine avec 14 %. Aujourd’hui, l’Afrique ne représente que 10 % de la production mondiale minière contre 24,4 % pour l’Asie et 21,3 % pour l’Amérique latine (Revue internationale des affaires et partenariats Nord-Sud, 2011). Ce

Le pays est le plus grand producteur de platine et de charbon du monde. Le tableau 2 présente les principaux secteurs miniers de l’Afrique du Sud ainsi que le rang qu’il occupe dans la production mondiale (Dissez, 2008; Société de l’Industrie Minérale, 2008).

Afin de générer des profits avec ses ressources minières, trois facteurs sont primordiaux : le prix des métaux, la répartition des profits et le taux de change réel. Malheureusement, le pays n’a pas profité de la hausse des

Théorie de RicardoLathéoriedel’économisteDavidRicardostipulequedansuncontextedelibre-échange,chaquepaysdevraitsespécialiserdanslesecteuroùilpossèdeunavantagecomparatif.Unavantagecomparatif survientlorsqu’unpayspeutproduireplus,enutilisantlemoinsdefacteursdeproductionparrapportàunautrepays.Ainsi,lespaysquisespécialiserontaccroîtrontleurrichessenationale.

Visite au département de génie minier de l’Université de Witwatersrand. - MB

Tableau 2 : Principaux secteurs miniers de l’Afrique du Sud (Dissez,

2008; Société de l’Industrie Minérale, 2008).

Secteurs miniers

Rang dans la production mondiale

Platine 1er en 2008Chrome 1er en 2006Oxydedetitane

2ème en 2007

Manganèse 2ème en 2007Or 2ème en 2008

Antimoine 4ème en 2006Diamant 5ème en 2006

Page 39: PolyMonde 2012 - Rapport de mission (léger)

Afrique du Sud39

centrale (37 %) (OMC, 2012). De plus, l’Afrique du Sud possède un important taux de terres cultivées avec 81,7 % (Banque mondiale, 2012). Enfin, le continent en général a un potentiel de 0,25 hectares de terres arables par habitant alors que l’Asie de l’Est et du Pacifique en possède 0,11, l’Asie du sud 0,16 et l’Amérique latine et les Caraïbes, les plus grands exportateurs de produits agricoles, en possèdent 0,28 (Perkins, 2003).

En 1967, trois ensembles du secteur agricole (le sucre, les produits agricoles non comestibles et les autres produits agricoles) faisaient partie des avantages comparatifs de l’Afrique du Sud alors qu’en 2006, il ne restait que le groupe des autres produits agricoles. Cette analyse confirme que le secteur agricole est un avantage comparatif de l’Afrique du Sud. Cependant, il est possible de remarquer une perte de vitesse dans ce secteur (CEPII, 2008).

En examinant les exportations de l’Afrique du Sud, la spécialisation dans le secteur de l’agriculture est confirmée. En effet, les produits agricoles représentent 10 % des exportations de l’Afrique du

Sud. C’est le troisième secteur en importance au niveau des exportations derrière les produits manufacturiers (40 %) et les carburants et produits miniers (37 %) (OMC, 2012). Également, il est intéressant de constater que la proportion des emplois liés au secteur agricole en Afrique du Sud est passée de 15,6 % en 2000 à 5,1 % en 2009 (Banque mondiale, 2012). Ces chiffres confirment à la fois la spécialisation dans le secteur agroalimentaire ainsi qu’une perte de vitesse du secteur.

Les produits les plus importants dans les exportations agroalimentaires sont le vin, le maïs, les oranges, les raisins et les pommes.

Cette perte de vitesse dans le secteur agroalimentaire est expliquée par plusieurs raisons. La première concerne les importantes barrières tarifaires et sanitaires imposées par les pays développés aux pays émergents surtout au niveau des produits transformés (Perkins, 2003). En effet, cela empêche l’Afrique du Sud d’exporter des produits transformés à plus grandes valeurs ajoutées. Cependant, plusieurs

Syndrôme hollandaisPour leur économie, l’Afrique du Sud et le Canada ont un point commun : une majorité de leurs sources de revenus est due aux exportations de ressources naturelles. Ces deux pays sont donc menacés par le syndrôme hollandais. Ce syndrôme est un phénomène économique qui se manifeste lorsqu’un pays concentre toutes ses exportations sur des ressources naturelles. Il y a donc un engouement dans le secteur et une hausse de la monnaie nationale, créant ainsi le déclin du secteur industriel. Par exemple, c’est le cas de la hausse du prix du baril de pétrole et la découverte des sables bitumineux, favorisant ainsi les provinces de l’Alberta et de la Saskatchewan, ainsi qu’une croissance importante de l’économie canadienne (Paquet, 2007). En revanche, avec la hausse du dollar canadien, les entreprises manufacturières ne sont plus aussi compétitives au niveau international. Selon l’étude de Natixis, l’Afrique du Sud est aussi atteinte du syndrôme hollandais, de même que les pays de l’OPEC, la Russie et l’Australie (ARTUS, 2009).

Grue au port du Cap. - WS

Page 40: PolyMonde 2012 - Rapport de mission (léger)

Afri

que

du S

ud40

Selon l’OCDE, le pays est coté « 3 » en matière de risque. La plupart des pays d’Afrique ont des cotes entre 5 et 7, ce qui signifie que leur niveau de risques est beaucoup plus élevé (oCDE, 2012). L’efficacité des lois sur la faillite pourrait être un exemple d’indicateur utilisé afin d’analyser le niveau de risque d’un pays, puisque l’Afrique du Sud se compare en effet aux pays à revenus élevés (Data Gov, 2004). La SARB a également mis en place des mesures de réforme telle que Bâle III qui a pour objectif de renforcer la transparence des banques, de résister plus facilement à des crises financières et d’améliorer la gestion des risques (SARB, 2011).

Le tourismeLe secteur des services se distingue du secteur manufacturier puisqu’il inclut l’exportation de biens non tangibles comme le voyage, les communications ou les services financiers. En 2008, le sud de l’Afrique se classait comme

deuxième plus grand exportateur de services parmi toutes les régions d’Afrique avec 18 % des exportations (UNCTAD, 2012).

En Afrique du Sud, le secteur « voyage » domine toutes les exportations dans le domaine des services. En effet, ce secteur représente 65 % de tous les revenus d’exportation des services. En outre, les exportations du service « voyage » ont augmenté

n’y voient pas nécessairement la solution pour augmenter les exportations du secteur agricole. En effet, selon l’économiste Linder, les pays ayant des demandes et des niveaux de revenus semblables auront tendance à échanger entre eux. C’est exactement ce qui se passe dans le secteur agroalimentaire. Une des solutions proposées consiste donc à améliorer l’accessibilité au marché africain en tant que tel. D’ailleurs, la moyenne des tarifs douaniers du secteur agricole est de 75 % en Afrique alors que la moyenne mondiale est de 62 %, tandis que celle en Asie Pacifique est de seulement 34 % (Perkins, 2003). Toutes ces barrières freinent donc la spécialisation et l’amélioration de la productivité dans le secteur de l’agriculture.

Services Grâce à ses ressources naturelles abondantes, l’Afrique du Sud possède un avantage comparatif dans le secteur primaire. Le pays possède également certains avantages dans le secteur tertiaire tels que son système bancaire et l’industrie du tourisme.

Le système bancaireL’Afrique du Sud ne figure pas parmi les pays les plus riches au monde. En revanche, son système bancaire est comparé à ceux des pays développés et lui a permis d’éviter plusieurs crises financières.

De plus :

l’Afrique du Sud est un membre •fondateur de l’Organisation mondiale du commerce;

la bourse de Johannesburg est •la 18ème bourse du monde;

la cote de crédit du pays est •à BBB, soit identique aux banques françaises (Listre, 2004).

2 000

4 000

8 000

6 000

10 000

1980 1986 1992 1998 2004 20100

Figure 8 : Montants des exportations sud-africaines dans le secteur du service « voyage » en M$ US (UNCTAD, 2012).

Théorème de LinderSelonlethéorèmedeLinder,lecommerceinternationaldesbiensmanufacturésauralieuentredespaysdontlesfonctionsdedemande(revenupartête)sontsimilaires.

L’Afrique du Sud est un membre fondateur de l’Organisation

mondiale du commerce.

Page 41: PolyMonde 2012 - Rapport de mission (léger)

Afrique du Sud41

de façon exponentielle dans les dernières années. Cette augmentation peut être observée à la figure 8. D’ailleurs, le nombre de voyageurs ayant visité l’Afrique du Sud est passé de 1 million de personnes en 1990 à plus de 8,5 millions de visiteurs en 2006 (UNCTAD, 2012).

Les statistiques viennent appuyer le fait que l’Afrique du Sud possède concrètement un avantage comparatif dans le secteur du voyage et du tourisme. Ce constat est enfin confirmé par l’absence de barrières dans le secteur des services.

D é f i sUn diagnostic sur les importations permet de constater que le pétrole et les produits à haute valeur ajoutée se retrouvent en tête de liste des défis de l’Afrique du Sud. Une analyse du secteur manufacturier permet de cerner ses désavantages que sont l’absence d’économie d’échelle et l’absence de main-d’œuvre qualifiée. Par ailleurs, la demande croissante en énergie, et plus particulièrement en électricité, est un enjeu de taille pour le pays. Finalement, l’étude de l’évolution des flux d’investissements directs à l’étranger révèle que malgré le grand potentiel de la nation arc-en-ciel, ceux-ci ne sont pas aussi performants qu’espérés, en partie à cause du contexte social difficile.

Importations Plus de 70 % des importations sont des biens tangibles et le reste est constitué de services et de paiements de revenus. Le tout a représenté des importations de plus de 112,2 G$ US (113,3 $) pour l’année 2010 (Banque mondiale, 2010).

Parmi les quatre catégories de services importés (communications, assurances et services financiers, transport et voyage), c’est le transport des passagers et des marchandises qui est le plus important.

La figure 9 présente les types de biens importés et leur importance dans les achats de l’Afrique du Sud à d’autres pays. La catégorie de biens qui ressort est la machinerie et les équipements de transport, puis les carburants et les produits miniers. Ainsi, l’Afrique du Sud est très dépendante de ses importations pour les outils industriels et de transports, la rendant vulnérable aux fluctuations de l’industrie mondiale dans ces domaines.

Haute technologie Seulement 4,28 % des produits exportés par l’Afrique du Sud sont des produits de haute technologie. De plus, en comparaison avec différents pays, notamment ceux du BRICS, plus de 25 % des produits exportés par la Chine sont des produits à haute valeur ajoutée, suivi par le Canada avec 14 % (figure 10).

Partenaires économiques Une particularité à noter est le fait que l’Afrique du Sud ne respecte pas le théroème de Linder. En effet, alors que les pays ayant un PIB par habitant similaire sont l’Iran, Cuba, le Costa Rica, la Colombie et le Brésil, ses principaux partenaires commerciaux sont la Chine, les États-Unis, le Japon, l’Allemagne et l’Arabie Saoudite. Seul l’Iran se retrouve en cinquième position dans les pays fournisseurs de l’Afrique du Sud (Index Mundi, 2011). Ceci s’explique peut-être par le fait que le pays exporte beaucoup de matières premières (37,8 %), et fournit ainsi les pays consommateurs de ces matières premières comme l’Union européenne, la Chine et les États-Unis.

Électricité et pétrole L’approvisionnement des entreprises et des particuliers en électricité est un enjeu majeur en Afrique du Sud, malgré la capacité d’extraction du charbon du pays (visite d’Exxaro). La partie du présent rapport sur les politiques structurelles, à la page 44, traite plus en détails des enjeux énergétiques.Figure 9 : Catégories des biens importés

en Afrique du Sud (UNCTAD, 2011)

47 %Machinerie et équipement de transport

8 %Nourriture

27 %Carburants et

produits miniers2 %Fer et acier

2 %Textile

2 %Vêtements

12 %Produits chimiques

5%

0%

10%

15%

20%

25%

30%

Figure 10 : Pourcentage des marchandises exportées à haute

technologie pour les pays du BRICS et le Canada (Banque mondiale, 2010)

Russie

Canada

Afrique du Sud

ChineBrésil Inde

Page 42: PolyMonde 2012 - Rapport de mission (léger)

Afri

que

du S

ud42

problème d’alimentation •énergétique (électricité).

De plus, les graphiques de la figure 12 indiquent que les investissements réalisés en Afrique du Sud par rapport à son PIB sont en moyenne plus faibles que ceux réalisés dans les autres pays du BRIC. Ceci révèle le besoin immédiat de l’Afrique du Sud d’investir avant tout à l’intérieur de ses frontières pour maintenir sa croissance économique et rester compétitive et attractive. Un facteur à considérer est aussi la force de la main d’œuvre sud-africaine. En effet, par rapport à la Chine, l’Inde, la Russie et le Brésil, l’Afrique du Sud a une population nettement plus faible, et possède donc un bassin de main d’œuvre plus restreint. Il va de soi qu’un objectif hautement stratégique sera de rendre la main-d’œuvre disponible plus efficace pour faire face à ces géants. Cela sera possible par la formation et l’accès en outils de travail adéquats.

La dépendance au pétrole est un enjeu géopolitique important. à la figure 11, il est possible d’observer que les importations de pétrole sont beaucoup plus importantes que les exportations notamment depuis 2009. Cette situation face au pétrole est critique. Pour répondre rapidement à la demande énergétique croissante, il va de soi que l’Afrique du Sud doit importer davantage. Cependant, il n’est jamais bon de dépendre de cette ressource puisque son prix est régi par le marché international et varie de façon soudaine et avec amplitude. Les prévisions laissent supposer que le pétrole deviendra de plus en plus dispendieux avec le temps, et pourra significativement affecter les marges de profit sud-africaines.

Investissements directs étrangers (IDE) La figure 12-c présente les flux d’IDE entrants (ramenés en pourcentage du PIB) en Afrique du Sud depuis 1994. Il est possible de voir qu’il s’agit d’une relation en dents de scie sans corrélation significative. La période de 2005 à 2008 fut extrêmement profitable pour l’Afrique du Sud, suivie par une baisse jusqu’en 2010. D’une part, cela démontre le potentiel d’accueil pour les grandes entreprises, et d’autre part un problème de performance qui a fait reculer l’arrivée des capitaux étrangers depuis 2008 (UNCTAD, 2011).

Face à cette baisse, plusieurs explications sont à étudier, notamment :

contraintes ou ambiguïtés des •politiques structurelles;

contexte règlementaire flou •dans certains secteurs clés (télécommunication);

manque de main-d’œuvre •qualifiée;

manque d’infrastructures;•

4

12

8

16

2000 2003 2006 2009 20120

Figure 11 : Importations et exportations de pétrole enAfrique du Sud de 2008 à 2011 (G$ US)

(estimations après 2010)(FMI,2012).

Exportations

Importations

IDE(Investissements directs étrangers)«Achat,pardesnon-résidents,d’entreprisescommerciales,d’exploitationsminièresoudedroitsminiers,depermisdecoupedeboisoudepêche,debâtiments,deterrains,d’actions,d’obligations,decontratsàterme,decertificatsdedépôts,devaleursmonétaires,dedépôtsbancairesoud’autresactifsdansledoublebutd’obtenirunrendementintéressantetdeconserverunecertainemainmisesurl’actif.Cetyped’investissementestfaitàlongterme(plusd’unan).L’investissementdansunautrepayspermetd’obtenirunrevenuetunprojet.Parexemple,l’entreprisequiconstruituneusinedansunautrepayspouryproduireetyvendreunbiendépensedel’argentdansl’intentiondefaireunprofit.»(LandryetMailhot,2010)

Page 43: PolyMonde 2012 - Rapport de mission (léger)

Afrique du Sud43

4

2

6

1994 2002 20100 0

4

2

6

1994 2002 2010

4

2

6

1994 2002 20100

4

2

6

1994 2002 20100

4

2

6

1994 2002 20100

d- Inde

b- Brésil c- Afrique du Suda- Chine

e- Russie

Figure 12 : Importance relative des flux d’iDE entrants des pays du BRICS de 1994 à 2010 (en % du PIB). Les lignes pointillées sont les courbes linéaires de tendance des données (UNCTAD, 2011).

Commerce informel dans un port près du Cap. - VD

Page 44: PolyMonde 2012 - Rapport de mission (léger)

Polit

ique

s str

uctu

relle

s44 struc turelles

Les politiques structurelles sont des politiques de moyen à long terme, mises en place par

le gouvernement, pour stimuler l’économie dans différents secteurs d’activités. Elles se

traduisent généralement par l’établissement de nouvelles incitations, ou la réorganisation

d’incitations déjà existantes, qui vont orienter les agents économiques dans une direction

choisie par l’État. Ces incitations peuvent être de nature extensive et restrictive, par

exemple en finançant les infrastructures d’un secteur tout en établissant un cadre plus

règlementaire dans les pratiques de l’industrie.

Politiqu es

Page 45: PolyMonde 2012 - Rapport de mission (léger)

Politiques structurelles45struc turelles

En Afrique du Sud, l’émancipation récente du pays du régime de l’apartheid a mis fin à un long régime protectionniste provoqué notamment par les sanctions mondiales imposées sur le pays dans les années 1980. Cette libéralisation de l’économie a propulsé l’Afrique du Sud dans l’ère de mondialisation. Face à

Politiqu es

Johannesburg. - VD

Sanctions mondiales (ou embargo)De1986jusqu’audébutdesannées1990,denombreuxpaysontimposédessanctionscommercialesetfinancières.Ainsi,laCommunautéeuropéenne,leJaponouencorelesÉtats-Unisontarrêtéd’acheterenAfriqueduSudcertainsproduitsspécifiquescommel’uranium,lecharbonoulesdenréesalimentaires,etontinterditlesinvestissementsdirects.L’OPEC(Organisationdespaysexportateursdepétrole)aimposélessanctionscommercialeslesplusimportantes(Stähelin,s.d.).

Page 46: PolyMonde 2012 - Rapport de mission (léger)

Polit

ique

s str

uctu

relle

s46

aux secteurs à l’étude (agroalimentaire, manufacturie chimique, mines et métaux), le lecteur pourra se référer au chapitre du secteur en question.

T R A N S P O R TLes infrastructures de transport du pays ont connu de nettes améliorations au cours des dernières années, notamment grâce à la tenue de la Coupe du monde de soccer en Afrique du Sud en 2010. Le gouvernement a vu l’urgence d’agrandir et d’améliorer ses liaisons entre les villes, non seulement pour le tourisme, mais aussi pour ses industries en pleine expansion. à cet égard, le gouvernement sud-africain a déclaré en 2008 qu’il comptait investir 19,5 GR (2,4 G$) par année, pour une durée de quatre ans, dans les infrastructures de

pour tout pays, particulièrement l’Afrique du Sud.

Cependant, la réalité postapartheid de l’Afrique du Sud l’oblige à faire face à un enjeu de taille. Le pays s’est en effet retrouvé aujourd’hui avec des millions de personnes issues des populations noires ayant des besoins de première nécessité à combler. Parmi ces besoins figurent l’accès à l’eau, aux terres, au logement, à l’électricité et à l’éducation. Il devient alors difficile pour un gouvernement de favoriser le développement d’un secteur économique en particulier, comme par exemple celui des mines. Heureusement, la mise en place de ces infrastructures de base est un investissement qui rapporte à long terme.

R É G L E M E N T A T I O N SPour en apprendre plus sur les règlementations relatives

cette réalité, le pays a mis en place des politiques structurelles pour relancer son économie intérieure et s’ouvrir au commerce international. L’Afrique du Sud s’est donc lancée dans plusieurs réformes sans précédent de ses infrastructures, notamment en agrandissant les usines et les parcs industriels pour répondre aux nouvelles demandes d’exportation. En parallèle, le gouvernement a mis sur pied de nouveaux cadres règlementaires pour accompagner les industries visées dans leur plein essor.

Les infrastructures détiennent un rôle déterminant dans le développement d’une économie. Elles exercent une forte influence sur le développement d’une entreprise et peuvent donc être un facteur décisif dans le choix de s’installer ou non dans un nouveau pays. L’Afrique du Sud mise beaucoup sur ses infrastructures pour inciter les investisseurs à venir s’enrichir en sol sud-africain. La stimulation de son économie lui permettra de financer de nouvelles infrastructures, ce qui attirera du nouveau capital, et ainsi de suite. En somme, la gestion saine des infrastructures est une nécessité

InfrastructuresLesinfrastructuressont«[l’]ensembledeséquipementscollectifsdebasenécessairesàlavieéconomiquedelanation:routes,ponts,voiesferrées,canaux,ports,réseauxdetélécommunication.»(OQLF,2011)

Gautrain. - MES

Page 47: PolyMonde 2012 - Rapport de mission (léger)

Politiques structurelles47

transportable sur le réseau ferroviaire de Transnet, réseau responsable d’acheminer le produit pour exportation à l’international au port de Richards Bay (visite d’Exxaro). Malgré une volonté du secteur privé à investir dans le réseau, le gouvernement semble vouloir garder cette infrastructure dans le domaine public. Une bonne nouvelle pour le pays est que Transnet compte investir 300 GR (37,0 G$) sur une période de sept ans; cette stratégie devrait contribuer à l’expansion du réseau de transport avec le développement de nouvelles infrastructures (System, 2012).

En ce qui concerne le réseau portuaire, le transport maritime et l’exportation sont intimement liés; 95 % des exportations transitent par les huit grands ports du pays, soit Richards Bay, Durban, East London, Port Elizabeth, Mossel Bay, Le Cap, Saldanha Bay et Ngqura (voir carte à la page 23). Plus de 200 millions de tonnes de marchandises passeraient par ces ports chaque année. Le réseau portuaire est,dans son ensemble bien apprécié et ne semble pas présenter de problèmes pour les entreprises de l’Afrique du Sud (Pagé, 2011).

R É F O R M E D E S T E R R E S

En Afrique du Sud, la répartition de l’usage des terres est présentée à la figure 13.

Environ 12 % des terres du pays peuvent être utilisées pour la production agricole et les terres arables à fort potentiel ne comptent que pour 22 % de la totalité des terres arables.

Par ailleurs, 1,3 millions d’hectares sont irrigués. Les terres destinées à la culture de grappes de raisin s’étendent sur 101 016 hectares sur une région de 800 km de longueur (Wines of South Africa [WOSA], s.d.), tandis que 391 483 hectares sont utilisés pour la culture de la canne à sucre (South African Governement, 2012). Étant donnée la situation limitée de ces ressources et la volonté du gouvernement à augmenter ses exportations, notamment de sucre, le gouvernement a accéléré la déforestation aux cours des dernières années.

transport ferroviaires et portuaires. Cette promesse a été tenue et a permis la réalisation d’un projet de train à haute vitesse, le Gautrain de Bombardier Transport qui relie les villes de Johannesburg et Pretoria grâce à un réseau qui s’étend sur 80 km (Gautrain, 2012). L’ensemble des réseaux de transport s’est beaucoup amélioré, quoi qu’il persiste encore quelques failles à régler pour supporter les industries qui en sont les plus dépendantes, comme les industries minière et chimique. Pour elles, le transport est un enjeu avec lequel elles doivent traiter quotidiennement.

En ce qui concerne le réseau routier, il existe un impressionnant réseau de routes de 750 000 km dont 2 500 km d’autoroutes avec postes de péages, en plus de 10 000 km de routes nationales (Pagé, 2011). Cette infrastructure de transport est devenue une ressource fiable pour toute compagnie de distribution, notamment dans le secteur minier. En revanche, les coûts élevés d’essence ont forcé les compagnies à surcharger leurs camions, ce qui occasionne aujourd’hui une problématique d’usure sur les routes.

Le réseau ferroviaire joue un rôle déterminant dans le transport de marchandises à travers le pays vers les différents centres d’exportation de marchandises, tels les ports. Les 22 000 km qui le composent en font le plus important réseau de transport de l’Afrique du Sud. Les grandes villes de la nation arc-en-ciel sont en effet toutes reliées par un chemin de fer. Néanmoins, celui-ci renferme de nombreuses lacunes. En effet, des compagnies minières comme Exxaro semblent éprouver des problèmes avec le réseau ferroviaire. Par exemple, Exxaro s’est vue limiter la quantité de tonnes de charbon

Figure 13 : Répartitions de l’usage des terres sud-africaines par types (Opendataforafrica.org, 2009).

34,6 %Autres 24,6 %

Forêts

40,8 %Arables et agriculture

permanente

Le plan de la Réforme des terres avait pour but de redistribuer

30 % des terres appartenant à des fermiers Blancs, soit près de 87 %

des terres arables d’Afrique du Sud, aux Noirs.

Page 48: PolyMonde 2012 - Rapport de mission (léger)

Polit

ique

s str

uctu

relle

s48

Les initiatives gouvernementales mises en place à la fin de l’Apartheid dans le secteur agraire ont notamment permis de développer, dès 1994, le Plan de réforme des terres (« Land Reform »). Ce plan avait pour but de redistribuer 30 % des terres appartenant à des fermiers blancs, soit près de 87 % des terres arables d’Afrique du Sud, aux noirs afin de pallier les inégalités subies par cette population entre 1913 et 1994. Le plan prévoyait alors que l’État sud-africain rachète les terres au prix du marché afin de les redistribuer selon un principe de volontariat. Ainsi, la loi voulait donner aux descendants des fermiers qui avaient été dépossédés contre leur gré ou injustement indemnisés durant les années d’apartheid, la possibilité de demander la restitution de leurs terres. La fin du plan étant prévue pour 2014, cet objectif ne pourra toutefois pas être réalisé puisqu’à la mi-2011 seulement 8 % (2 millions sur 24,6 millions d’hectares) des terres avaient été redistribuées (Olivier, 2011). Puisqu’il était irréaliste de penser rattraper ce retard, le gouvernement a donc dû

a d’ailleurs estimé que dans 44 % des cas, une importante diminution de la production a été notée et que dans 24 % des cas, elle a tout simplement cessée (Tisseyre, 2009). En 2011, suite à une grande pression politique, le ministre de la Réforme agraire a donc présenté un nouveau projet de redistribution des terres ayant pour objectif de restreindre la propriété foncière privée, de réduire l’achat de terres par des étrangers ainsi que de transférer des terres appartenant aux Blancs à des agriculteurs noirs (voir page 82 pour plus de détails).

É L E C T R I C I T ÉLe secteur de l’énergie contribue à 15 % du PIB de l’Afrique du Sud, par le biais de la compagnie Eskom, qui fournit 95 % de l’électricité consommée dans le pays. Pourtant, 20 % de la population n’a toujours pas accès à l’électricité, ce qui amoindrit la qualité de vie moyenne des Sud-Africains. Par ailleurs, l’accessiblité à l’électricité représente un défi pour l’industrie du sucre qui utilise intensivement cette ressource dans tous ses processus de transformation

(visite de la SASA). En 2007, le pays a traversé une crise énergétique créée par la détérioration des centrales au charbon et par l’augmentation de la demande due au programme d’électrification de masse instauré en 1997. Par la suite, en 2008, le gouvernement est parvenu à libérer des crédits de l’ordre de 385 GR (47,5 G$) sur cinq ans visant à moderniser et à étendre les infrastructures électriques du pays.

La figure 14 présente la répartition des sources énergétiques selon leur

repousser la fin du plan à l’année 2025. Plusieurs raisons peuvent expliquer les difficultés à réaliser le plan dont notamment les coûts reliés à cette réforme (estimés à près de 5 G€, soit 6,5 G$), les obstacles administratifs, et le manque de capital des fermiers noirs afin de racheter les grandes exploitations (les seules réellement rentables) (RFI, 2010). Aussi, la peur du gouvernement de subir un effondrement de la production, comme cela a été le cas au Zimbabwe suite à la réforme lancée en 2000, n’a pas aidé à la réalisation du plan. Ainsi, 12 M$ on été dépensés alors que la production a perdu 70 % en volume et 69 % de sa valeur (Olivier, 2011). En Afrique du Sud, la situation semblait prendre la même direction. Les nouveaux acquéreurs ne réussissaient pas à maintenir les rendements des terres et les ont donc revendues à nouveau à des fermiers blancs. Le transfert de connaissances ne s’étant pas effectué simultanément avec la restitution des terres, celles-ci ont été significativement sous-exploitées, affectant ainsi la rentabilité économique de ces terres. L’Université de Pretoria

Cheminées d’une ancienne centrale au charbon deproduction d’électricité dans le township de Soweto. - AJ

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Politiques structurelles49marché a vu le jour. Le secteur

privé n’ayant pas répondu à l’appel et l’investissement public étant au point mort, le manque d’investissements dans les infrastructures a mené à la crise actuelle (Centre for Development Policy and Research, 2008).

Produisant 95 % de l’électricité en Afrique du Sud et détenant le monopole de la transmission, la société Eskom a vu la demande augmenter significativement. En 2008, elle a augmenté le prix de l’électricité de 27,5 %, suivi d’une augmentation de 31,3 %

nature : charbon, nucléaire, énergies renouvelables, gaz et pétrole et hydroélectricité.

Pour aider à combler la demande du peuple sud-africain en électricité, le gouvernement en place construit actuellement plusieurs centrales produisant de l’électricité avec du charbon comme la centrale de Medupi, dans la province du Limpopo; celle-ci fait partie d’un projet de 41 GR visant à construire plusieurs centrales à travers le pays. Cette centrale a fait l’objet de nombreuses critiques en raison de la pollution générée par l’exploitation du charbon pour une telle centrale (Lob, 2012).

Depuis 2008, le prix de l’électricité a connu une très forte hausse. Entre 2011 et 2012 l’électricité a augmenté de 15,7 % (visite d’Arcelor Mittal) et augmente environ de 25 % par année depuis 2008 (visite du RBCT). Cette hausse est un enjeu de taille pour toute compagnie à utilisation intensive d’électricité. L’expansion de Arcelor Mittal Coke & Chemicals est par exemple remise en question en raison de questions d’approvisionnement en énergie (visite d’Arcelor Mittal).

L’électricité en Afrique du Sud étant une ressource nationale, le secteur privé ne peut pas générer sa propre énergie et la vendre. En revanche, cela ne l’empêche pas d’en produire pour son autosuffisance. Par exemple, la compagnie Sasol, qui a une consommation en électricité élevée à cause de sa production importante de vapeur, a installé des turbines servant à transformer ses pertes en électricité. Au final, Sasol vise à produire 60 % de sa consommation en électricité en 2013, ce qui diminuera de manière considérable ses frais énergétiques (visite de Sasol).

Ré g l e m e n t a t i o n s Alors qu’il n’y a pas si longtemps, l’Afrique du Sud était reconnue pour le très faible prix de son électricité, elle traverse aujourd’hui une crise énergétique importante. C’est au début des années 1990, alors qu’un ambitieux programme de restructuration et de privatisation du secteur de l’électricité a été mis en place, qu’une réforme ayant pour objectif de soumettre le secteur de distribution d’électricité aux forces du

75 %Charbon

5 %Nucléaire

10 %Énergies

renouvelables

<1 %Hydroélectricité

4 %Gaz et pétrole

Figure 14 : Sources d’électricité (Pagé, 2011).

Chantier d’autoroute au Cap. - CD

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NEPAD et NGPÀ la lumière des défis toujours croissants en infrastructures, l’Afrique du Sud s’est récemment lancée dans des grands programmes de développement économique. Ces programmes d’envergure démontrent la volonté du pays et du continent africain de rattraper leur retard sur le plan international, notamment en s’intégrant à l’économie mondiale. Parmi ceux-ci figurent le « new Partnership for Africa’s Development (Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique) » et le « New Growth Path (Nouvelle stratégie de développement) ».

Le NEPAD est un programme de l’Union Africaine (54 pays) qui a été adopté en 2001 à Lusaka, en Zambie, et qui comporte quatre objectifs majeurs : éradiquer la pauvreté, promouvoir la croissance et le développement durable, intégrer l’Afrique dans l’économie mondiale et accélérer l’émancipation des femmes (NEPAD, s.d.). Pour cela, il propose un cadre politique bien particulier qui a pour mission d’accompagner et de superviser l’implémentation de nouveaux projets locaux et régionaux dans ses pays membres. Par exemple, le NEPAD fera la promotion de nouveaux partenariats, encouragera la mobilisation de ressources et stimulera la recherche et l’innovation. Ses programmes sont multiples et peuvent être regroupés sous huit thèmes : la gouvernance politique, économique et d’entreprise; les infrastructures; l’éducation; la santé; les sciences et technologies; l’accès au marché et le tourisme; l’environnement. Son secrétariat est basé en Afrique du Sud.

Depuis sa création, le NEPAD a connu deux phases importantes. Lors de la première, son rôle principal a été de démocratiser ses idées, en plus de développer des stratégies pour chacun de ses secteurs privilégiés. En parallèle, l’organisation responsable s’est affairée à développer des relations avec la Banque Mondiale, le G8, la Comission européenne, l’UNECA et le secteur privé. Après cette phase initiale, le NEPAD a commencé à développer des programmes plus concrets. Parmi ces programmes, figure entre autres le « Comprehensive Africa Agriculture Development Programme (Programme complet de développement de l’agriculture en Afrique) », qui est basé sur l’agriculture dans un contexte de développement durable. Il y a aussi le « NEPAD Science and Technology Programme (Programme de science et de technologie du NEPAD) » qui met l’accent sur la recherche dans les sciences de l’eau et les nouvelles énergies. Ensuite, le « Pan African Infrastructure Development Fund (Fond panafricain de développement des infrastructures) » a été lancé pour financer les grands projets d’infrastructures transfrontalières et prioritaires. Dans son ensemble, le NEPAD a été très bien reçu par tous les pays africains, qui voient aujourd’hui des répercussions concrètes du programme sur leur économie locale.

Le NGP est un programme national sud-africain érigé par le gouvernement de Jacob Zuma en 2009 qui vise principalement la création d’emplois. C’est la réponse officielle du gouvernement au programme « Accelerated and Shared Initiative for South Africa (Initiative commune accélérée pour l’Afrique du Sud) » initié en 2006 par différents groupes clés de l’économie : entreprises, agences, entrepreneurs… D’ici 2020, le programme promet de créer cinq millions d’emplois et de réduire le taux de chômage de 15 %. Cet ambitieux projet se concentre autour de six priorités : le développement des infrastructures, l’agriculture, l’industrie minière, le secteur manufacturier, l’économie « verte » et le tourisme. Le développement des infrastructures est en tête de liste avec une volonté sincère du gouvernement de participer à l’effort du secteur privé. En effet, le gouvernement s’engage à fournir des incitations efficaces à l’investissement privé pour chaque projet qui crée des emplois tangibles par l’apport d’une infrastructure appropriée et rentable. Un exemple typique d’infrastructure appropriée doit toucher à l’une des problématiques suivantes, soit l’énergie, le transport, la communication, l’eau ou le logement.Le programme est fortement critiqué pour ses objectifs irréalistes et sa lenteur d’implémentation. D’une part, les attentes du nGP ne tiennent pas compte de la pénurie importante de travailleurs qualifiés dans le pays, en plus du manque important d’accessibilité pour la majorité de la population à une éducation de qualité. Selon l’économiste Sean Archer de l’Université du Cap, il est impossible pour le gouvernement de promettre la création d’emplois alors qu’il existe toujours des problèmes importants dans l’éducation. D’autre part, le gouvernement est fortement critiqué pour sa lenteur d’exécution. Il a fallu attendre jusqu’à 2012 pour voir arriver les premières actions concrètes du gouvernement sur le développement des infrastructures. D’ailleurs, même avec la création annoncée de 850 000 nouveaux emplois dans les trois prochaines années, le taux de chômage est estimé à 20 %.

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Politiques structurelles51

en 2009 alors que l’indice des prix à la consommation restait stable, tel que présenté à la figure 15. La constante incapacité de la compagnie à répondre à la demande a eu des conséquences importantes pour la première économie du continent. L’Agence nationale de réglementation de l’énergie a donc encore dû se prononcer sur une augmentation des prix pour l’année 2010. En 2012, c’est une augmentation de 16 % qui a été annoncée pour le financement de la construction de nouvelles centrales. En 2008, la pénurie d’électricité a eu de lourdes conséquences sur le secteur minier alors que des mines de diamants, d’or et de platine ont dû fermer temporairement causant de grandes pertes économiques et une flambée des cours mondiaux de l’or et du platine (FMI, 2008). Les répercussions de cette crise ont été ressenties dans tout le pays, alors que les feux de circulations et les foyers, par milliers, subissaient régulièrement des pannes. Le gouvernement, pris de cours par la croissance économique et la demande énergétique, a d’ailleurs admis l’état d’urgence nationale et a présenté ses excuses pour le retard dans le développement des infrastructures électriques (Guèye, 2010). En 2009, Eskom obtint plusieurs prêts, notamment d’un consortium de banques européennes et de la Banque africaine de développement, mais la compagnie était encore loin d’avoir les fonds nécessaires puisque son programme d’investissement s’élève à 385 GR (47,5 G$), d’où la nécessité d’attirer des investisseurs privés. En 2011, un plan stratégique, le « Integrated Resource Plan for Electricity (Plan intégré de ressources pour l’électricité) » a été développé afin d’ajouter 41 356 MW d’électricité de

nouvelle génération dans les vingt prochaines années pour répondre à la demande croissante (Exportation et développement Canada, 2011).

N o uve l l e s é n e r g i e s e t é n e r g i e s re n o uve l a b l e s

Afin de réduire sa dépendance au charbon, le gouvernement d’Afrique du Sud a décidé de mettre en place des plans devant incorporer l’énergie propre.

Les différents climats du pays présentent une richesse solaire et éolienne. Le gouvernement a publié un livre blanc sur la politique de l’énergie renouvelable en 2003 et cherche à soutenir le développement de systèmes d’énergies alternatives avec pour objectif de produire 10 000 GWh

d’ici 2013. Par ailleurs, Eskom finance des projets d’énergie solaire ou d’énergie éolienne de 100 MW chacun afin de faire démarrer ce marché d’énergies renouvelables. Cependant, le développement de ces projets pose des problèmes puisque le gouvernement se concentre plus sur la production d’énergie à faible coût, sachant que leur production d’électricité est la moins chère à produire au monde (Zafar, 2012).

En plus des initiatives domestiques, l’Afrique du Sud s’allie avec la Chine pour développer sa branche d’énergie renouvelable. En effet, le fabricant chinois Suntech Power Holding devrait produire des panneaux solaires d’une capacité maximale de 100 MW afin d’améliorer la performance éco-énergétique

Indice des prix à la consommation (IPC)L’IPCindiqueleprixmoyenpourunpanierfixedebiensetdeservicesdeconsommation.Lacompositiondecepanierestgénéralementétablieenfonctiond’enquêtessurleshabitudesdeconsommationdesménages.

10%

15%

20%

25%

30%

35%

1997 2002 2007 2012

5%

Figure 15 : Ajustement des tarifs électriques et de l’indice des prix à la consommation (Eskom, 2012).

Indice des prix à la consommation

Pourcentage de variation des tarifs de l’électricité

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l’environnement) » ainsi que le « Water Act (Loi sur l’eau) ».

Le ministère des Sciences et de la Technologie, en collaboration avec la Commission Européenne et le gouvernement français, a d’ailleurs établi la recherche sur l’eau comme une priorité. En effet, l’approche de gestion intégrée des ressources en eaux permettra de gérer plus adéquatement l’accès à cette ressource. Les sujets cibles de la recherche sont principalement l’eau et son usage agricole pour la sécurité alimentaire, l’eau et la santé des populations ainsi que les informations concernant les besoins industriels en eau et les impacts de leur usage (Institut de Recherche et Développement, 2008).

Alors qu’après les années d’apartheid, le vote de la loi sur l’eau a permis de donner un meilleur accès à l’eau à toute la population sud-africaine ainsi qu’à protéger et restaurer les hydrosystèmes fluviaux, elle reste néamoins une ressource mal contrôlée (Blanchon, 2003). Les

effets d’une mauvaise gestion de l’eau et de la détérioration de sa qualité engendrent l’augmentation des coûts reliés au traitement de l’eau potable et de l’eau utilisée industriellement tout en provoquant une diminution des rendements agricoles. Le ministère de l’Eau et de l’Environnement a donc instauré un programme de gestion de la qualité de l’eau afin d’assurer la protection, la conservation, l’usage responsable, le développement et la gestion de cette ressource (Water Affairs, s.d.).

Aujourd’hui, la pénurie d’eau touchant actuellement le pays affecte significativement des secteurs économiques importants tel que le secteur minier, grand consommateur d’eau dans ses nombreux procédés d’extraction. Le gouvernement a donc initié l’instauration d’un processus d’accréditation permettant aux compagnies minières d’accéder à un certain quota d’eau. Pour ce faire, la compagnie doit se soumettre aux exigences de trois chartes, soient le « Minerals and Petroleum Act (Loi sur les minéraux et le pétrole) », le « Environmental Management Act (Loi sur la gestion de

du pays. Ce contrat n’est pas le seul prévu entre les deux pays émergents : ils prévoient un échange de compétences dans les domaines de l’énergie et du transport ferroviaire ainsi qu’un échange de matériaux (Dallaire, Eilers Smith, & Jammes, 2012).

E A UL’Afrique du Sud ne reçoit que 450 mm de pluie par an, ce qui est bien en-deçà de la moyenne mondiale se situant à 860 mm. Pour surmonter cette contrainte, le pays a construit plusieurs grands barrages. Cependant, l’évaporation dans les barrages, le reboisement commercial et l’irrigation des cultures de canne à sucre diminuent la disponibilité de cette eau (South Africa Online, s.d.).

D’après la ministre de l’eau et des affaires environnementales Edna Molewa, le pays aura besoin dans les dix prochaines années de 570 GR (70,3 G$) pour améliorer les infrastructures, la conservation et la demande de l’eau au sein du gouvernement national, des municipalités ainsi que des douze conseils de l’eau du pays. Cela laisse donc présager une augmentation des tarifs de l’eau (Donnelly, 2012).

Pour les compagnies minières, la pénurie d’eau représente un enjeu de taille. Le secteur minier étant un secteur qui consomme des quantités importantes d’eau, cette problématique risque fortement d’affecter voire de freiner l’activité minière du pays.

Le gouvernement [...]cherche à soutenir le développement de systèmes d’énergies

alternatives avec comme objectif de produire 10 000 GWh d’ici 2013.

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Plan Nord au Québec - point de vue du secteur public*Dans la province francophone, en ce qui a trait au secteur minier, le gouvernement libéral s’est lancé en fin 2011 dans un grand projet de développement économique appelé le Plan Nord. En ce qui concerne les dépenses pour la construction d’infrastructures, cette politique permet au gouvernement d’injecter sur une période de cinq ans (2011-2016) 1,191 G$ divisés comme suit : environ 821 M$ voués aux infrastructures de transport et environ 371 M$ voués aux infrastructures comme les logements et les télécommunications. Pour ce qui est du réseau routier, 452 M$ seront injectés dans la partie est et 90 M$ dans la partie ouest du territoire du Plan Nord. Pour le réseau aéroportuaire, des investissements de 112 M$ sont prévus; ces investissements ont par ailleurs débutés en dehors du Plan Nord en 2009. Pour les infrastructures de logement, il est question d’un budget total de 184,4 M$ tandis que l’autre partie des 371 M$ se répartit entre les infrastructures de santé et de télécommunications (Ministère des Ressources naturelles et de la Faune [MNRF], 2011).

Le gouvernement québécois ne compte pas investir seul dans les infrastructures du Plan nord. En effet, les compagnies minières vont devoir assurer les risques d’exploration, de construction, de marché, les chemins de fers, les aéroports et les routes (Dutrisac, 2011). De plus, avec la richesse du Nord en ressources minérales, les infrastructures portuaires devraient elles aussi connaître des développements majeurs. D’un autre côté, le réseau de transport comprend deux défis majeurs, soit la désuétude des infrastructures et l’intégration des différents modes de transport en un réseau stratégique et cohérent. La mise en place de la politique structurelle devrait mener à surmonter ces défis. Au final, tous les besoins de réfections du réseau de transport vont être analysés dans le cadre du Programme quinquennal des infrastructures (MNRF, 2011).

*le point de vue du secteur privé est abordé dans l’encadré de la page 123.

Mine Osisko, en Abitibi (Québec). - JG

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s ocialeLes mesures mises en place par une entreprise ou un gouvernement qui ont

un impact social sur les employés ou sur la communauté pour favoriser leur

développement dans la société.

Des enfants jouent sur la clôture d’un township du Cap. - JG

Intégrati on

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Intégration sociale55

s ocialeH É R I T A G E S D E

L ’A P A R T H E I DL’apartheid instauré par le Parti national en 1948 a été aboli définitivement en 1993 avec l’adoption de la constitution préliminaire (les grandes lois racistes avaient été abolies en 1991, mais auraient pu être réétablies). Pendant ces 45 années, tous les habitants de l’Afrique du Sud étaient classifiés par groupe racial selon le « Population Registration Act (Loi sur l’enregistrement de la population) », c’est-à-dire Blanc, Africain, Métis ou indien. Afin de bien séparer les ethnies peuplant le territoire, le mariage et les rapports sexuels mixtes étaient interdits. Bien que les Nations Unies aient condamné ce régime par la convention internationale sur l’élimination et la répression du crime d’apartheid de 1973, le gouvernement Sud-Africain a maintenu ses politiques de séparation raciale. C’est en 1989, après l’arrivée au pouvoir de Frederik de Klerk au Parti national que le pays entre dans une grande phase de changement. La majorité

des lois d’apartheid sont abolies entre 1989 et 1991 et les premières élections multiraciales ont lieu en 1994, plaçant Nelson Mandela du Congrès National Africain (ANC) au pouvoir.

Bien que plus de vingt années se soient écoulées depuis la fin de l’apartheid, les différences sociales entre les Blancs et les populations noires subsistent. La population du pays est estimée à 50,59 millions d’habitants, desquels 4,6 millions sont blancs (Statistics South Africa, juillet 2011) (figure 16). Très favorisée par le passé, cette minorité se trouve encore dans une position

avantageuse par rapport aux autres groupes de la population.

En Afrique du Sud, 25,2 % de la population active est au chômage (Statistics South Africa, novembre 2011). Cette statistique représente le plus grand défi du gouvernement, selon Lucie Pagé, correspondante en Afrique du Sud pour Radio-Canada de 1990 à 1999. Il est à noter que « l’Afrique du Sud a une définition étroite du chômage, qui exclut les gens qui n’ont pas cherché du travail dans les quatre semaines avant le sondage. […] Pourtant, il y a environ un demi-million d’emplois à combler

Intégrati on

Figure 16 : Estimations de la répartition par groupes de population en Afrique du Sud (Statistics South Africa, juillet 2011) .

79 %Africain

9 %Métis

3 %Indien/asiatique

9 %Blanc

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En ce qui concerne le manque de main d’œuvre qualifiée, il semble être d’usage pour les étudiants ayant atteint des niveaux d’études supérieurs de quitter le pays, sous prétexte qu’il y ait de meilleures opportunités à l’étranger. Cet exode

passées doivent être corrigées, c’est-à-dire que les barrières raciales, de classe sociale, d’âge et de problèmes liés au SIDA doivent être surmontées (Department of Higher Education and Training [DHET], 2012).

dans le pays, tant dans le secteur public que privé. Le problème réside dans le manque de compétences » (Pagé, 2011). Il est à noter que les immigrants illégaux ne sont pas comptés dans la population sud-africaine. à ce jour, il est impossible de chiffrer exactement le nombre de personnes entrées illégalement au pays. Statistics South Africa (juillet 2011) parle d’environ 1,4 million de personnes, mais il est possible que ce chiffre soit bien plus élevé. Ces immigrants se retrouvent souvent dans les bidonvilles autour des grandes villes, presque sans éducation. Le pourcentage de la population au chômage est donc plus élevé que ne le laissent supposer les statistiques. Cela met en évidence un problème majeur du pays : le manque de main d’œuvre qualifiée et, par association, les problèmes liés à l’éducation.

Le nombre de jeunes au chômage âgés entre 18 et 24 ans est élevé : environ 2,8 millions de personnes sur les 50,6 du pays. De ces presque trois millions, deux millions n’ont pas terminé leur formation secondaire. L’éducation devrait ainsi être démocratisée auprès de l’ensemble de la population. Pour ce faire, les injustices présentes et

Définition de l’apartheid affichée au musée de l’apartheid, à Johannesburg. - MBLire : « Le système de ségrégation ou de discrimination basé sur la race en vigueur en

Afrique du Sud de 1948 à 1991. »

Immigration illégaleLa puissance économique qu’est l’Afrique du Sud sur son continent incite les citoyens des pays de toute l’Afrique à traverser les frontières pour venir s’y s’établir. L’arrivée massive d’immigrants illégaux depuis 1994 reste non quantifiable pour l’état, mais les données varient entre 6 et 15 millions (Davis, 1995; visite de l’Université de Stellenbosch). Alors que la nation arc-en-ciel tente par plusieurs moyens d’améliorer sa situation sociale et économique, l’arrivée des immigrants illégaux de pays tels que le Zimbabwe, le Botswana ou le Mozambique fait augmenter rapidement la taille des townships et le nombre de personnes sans emploi.

En outre, certaines problématiques sociales se développent entre les Sud-Africains et les immigrants illégaux. Par exemple, environ 90 % des magasins dans les townships sont tenus par les Somaliens créant de fortes tensions entre la population noire et les immigrants illégaux. Presque tous les mois, les journaux rapportent de nouvelles agressions dans ces magasins. Un autre exemple est celui des pêcheurs, qui sont en grande partie d’origine namibienne alors que traditionnellement le peuple namibien n’est pas un peuple de pêcheurs (visite de l’Université de Stellenbosch).

D’un autre point de vue, l’imposition du salaire minimum pour tous après 1994 a fortement augmenté les dépenses de main-d’œuvre des entreprises. Certaines compagnies embauchent donc les immigrants illégaux à un salaire moindre que celui imposé par l’État. Les immigrants deviennent un complément de la main-d’œuvre pour la haute direction, mais un substitut des Sud-Africains à la recherche d’un emploi.

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Intégration sociale57

de personnel qualifié est un grand problème auquel l’Afrique du Sud devra trouver une solution selon Cuthbert Musingwini, professeur associé du département des mines de l’Université de Witwatersrand, rencontré lors d’une visite de l’établissement.

B E E - B - B B E EC’est dans ce contexte postapartheid que le Black Economic Empowerment (BEE) a été créé. Il consiste en une politique qui vise à rétablir l’équilibre des forces entre les différents groupes de la société. Cependant, les académiques rencontrés posent l’hypothèse que le BEE n’était pas une initiative du gouvernement de Mandela mais bien des entreprises qui face à la menace d’une nationalisation des ressources suite à l’élection de l’ANC, eurent l’idée d’un programme permettant l’intégration de la population noire (visite de l’Université de Stellenbosch).

Publiquement, l’objectif du BEE était de redresser les inégalités du passé et de proposer une stratégie de croissance visant à réaliser la totalité du potentiel économique du pays, certains groupes raciaux étant systématiquement exclus de toute participation significative à l’économie du pays. Bien que le programme ait aidé de nouveaux propriétaires et entrepreneurs noirs, plusieurs critiques ont été émises concernant le fait que certains n’en aient bénéficié que par leurs relations politiques et non par leur talent. Ce favoritisme ne faisant qu’aggraver les inégalités dans toutes les communautés, le gouvernement a voté une nouvelle loi en 2003, celle du Broad-Based Black Economic Empowerment (B-BBEE). Cette nouvelle loi s’adresse aux personnes historiquement défavorisées incluant les Noirs, les femmes, les jeunes, les handicapés et les communautés rurales (Pagé, 2011). Son objectif

Principe de fonctionnement du B-BBEELe B-BBEE consiste en un pointage donné à une compagnie concernant l’intégration en son sein des minorités si celle-ci, ou une des sous-divisions, veut remporter des appels d’offre d’entreprises publiques ou du gouvernement. Avec un système de points allant jusqu’à 100, les compagnies sont divisées en huit niveaux, le niveau 1 représentant le meilleur score. Le principe de cotation est très complexe, plusieurs facteurs entrant en jeu. Les principaux pôles et leur pondération dans le calcul du score se retrouvent au tableau 3.

Tableau 3 : Calcul du score (Department of Trade and Industry, 2007)Élément Poids

Propriété(Ownership) 20 points

Gestion(Management)

10points

Équitédel’emploi(Employment)

15points

Formation(SkillsDevelopment)

15points

Approvisionnementpréférentiel(PreferentialProcurement)

20points

Développementdel’entreprise(EnterpriseDevelopment)

15points

Développementd’initiativessocio-économiques(Socio-EconomicDevelopment)

5points

Les entreprises privées se doivent d’inclure ces éléments à leurs politiques internes pour améliorer leur pointage. Lorsqu’une entreprise a un score de 4, elle pourra alors entrer en relations commerciales avec une entreprise publique ou avec une branche gouvernementale.

il est à noter que la taille de l’entreprise a une influence sur son score. Avec trois paliers de revenus, le B-BBEE fait une distinction entre les compagnies ayant un chiffre d’affaires supérieur à 35 Gr (4,32 G$) et inférieur à 5 Gr (0,62 G$).

Les « micro-entreprises » ayant un chiffre d’affaires de moins de 5 Gr (0,62 G$) sont exemptées du calcul et obtiennent automatiquement un niveau 4, ce qui représente un niveau de reconnaissance de 100 %. Cette politique vise à encourager la croissance des petites entreprises. En ce qui concerne les entreprises avec un chiffre d’affaire de 5 à 35 Gr (0,62 à 4,32 G$), les pondérations apparaissant au tableau 3 sont un peu modifiées, quatre éléments seulement étant considérés, ceux-ci étant choisis par l’entreprise elle-même (Broad-Based Black Economic Empowerment, s.d.).

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58autres en raison de leur cohabitation. Par exemple, l’anglais d’Afrique du Sud est jonché de mots et de phrases d’afrikaans et d’isizoulou. Une grande majorité des Sud-Africains parlent l’anglais alors que cette langue n’est la langue maternelle que de 8 % de la population.

Le pays fait face à un problème complexe, soit d’assurer un bon fonctionnement dans tous les secteurs malgré la diversité linguistique. Par exemple, tous les documents officiels doivent être traduits dans les onze langues et l’État doit communiquer avec la personne concernée dans la langue désirée. De plus, chaque citoyen a le droit de recevoir son éducation primaire dans la langue de son choix (DHET, 2012).

Les langues utilisées diffèrent selon le milieu : la langue parlée à la maison est rarement la même que celles des institutions publiques ou du marché du travail. En effet, la langue la plus utilisée dans les différents secteurs industriels est l’anglais. Ainsi, une majorité des universités offrent les cours en anglais. Une exception est l’industrie minière où la langue prédominante est l’afrikaans et, selon les étudiants en génie minier de l’Université

supervisant l’apprentissage des étudiants (visite d’Exxaro).

Finalement, il peut être très difficile, voire impossible, pour une compagnie étrangère de collecter des points dans la catégorie « Propriété ».

En effet, les actionnaires étant à l’étranger, cette catégorie dont la pondération est de 20 % se maintient à zéro. Malheureusement, ces efforts ne sont pas reflétés dans le score B-BBEE. Inversement, des dirigeants d’entreprises peuvent mener leur compagnie vers un score B-BBEE très élevé alors que la réalité est tout autre. Il a été possible de constater que ce sont les initiatives personnelles des compagnies qui semblent rapporter le plus aux communautés locales et à la population sud-africaine, tels que la redistribution des terres et les programmes de formation pour les employés. Ce qui changera le pays pour le mieux ne sera pas un score inscrit sur un certificat mais bien les actions concrètes qui seront posées envers les habitants et l’environnement.

L A N G U E SAu lendemain de l’apartheid, la législation prévoyait que l’anglais et l’afrikaans seraient des langues officielles et qu’elles seraient complétées par neuf autres, à raison d’une par province. La nation arc-en-ciel possède donc 11 langues officielles (voir tableau 4) en plus de nombreuses langues non officielles. Les langues et les dialectes s’influencent les uns par rapport aux

principal est de « créer une nation et une économie arc-en-ciel afin d’abolir le racisme et de créer une nation entrepreneure prospère » (Department of Trade and Industry, 2012). Elle constitue le premier encadrement législatif du processus d’autonomisation.

Vu e d ’ e n s e m b l e d u B - B B E E

Les objectifs louables du B-BBEE sont bien vus et acceptés par les dirigeants d’entreprises en Afrique du Sud. Toutefois, malgré les efforts mis par certains pour intégrer les Noirs, ils sont très critiques à l’endroit des politiques qui d’après eux ne sont pas nécessairement les meilleures pour favoriser le développement des communautés.

il peut aussi être difficile pour les entreprises de satisfaire au critère d’équité d’emploi, car il n’est pas aisé de trouver de la main d’œuvre qualifiée et ce, pour deux raisons bien différentes. Premièrement, bien que les membres de la population noire aient acquis les mêmes droits que les autres, de grandes différences subsistent lorsqu’il est question d’éducation. Les diplômes d’études supérieures sont encore pour la majorité détenus par des Blancs (DHET, 2012). La gestion des entreprises se fait donc encore beaucoup par des Sud-Africains Blancs ou par des expatriés. Les visites industrielles faites en Afrique du Sud ont permis d’observer une prédominance de dirigeants blancs et le groupe n’a été accueilli que très rarement par des Noirs. De plus, les programmes offerts dans les écoles et les universités du pays sont parfois peu adaptés aux besoins des entreprises. C’est pourquoi plusieurs d’entre elles ont mis sur pied des programmes de formation personnalisée pour leurs employés (visites de la SASA et de RBM) ou financent des universités tout en

Tableau 4 : Répartition des langues en Afrique du Sud

(SouthAfrica.info, 2012).Langues officielles

Répartition (%)

Isizoulou 23,8Isixhosa 17,6Afrikaans 13,35SothoduNord 9,4Anglais 8,2Setswana 8,2Sesotho 7,9Xitsonga 4,4Siswati 2,6Tshivenda 2,2Isindebele 1,6

Ce sont les initiatives individuelles des compagnies

qui semblent rapporter le plus aux communautés

locales.

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Intégration sociale59

Witswatersrand, il est primordial de l’apprendre pour pouvoir y travailler (visite de l’Université de Witwatersrand). Dans les institutions publiques, l’anglais est la langue utilisée de manière générale afin que chacun puisse se comprendre. Néanmoins, le fait que l’anglais ne soit la langue maternelle que d’un faible pourcentage de la population est l’une des raisons pour laquelle le système d’éducation est moins efficace. En effet, la barrière de la langue en est une d’importance lorsque vient le temps de passer de l’école au marché du travail ou à l’éducation supérieure (visite du DHET).

F E M M E SUn aspect important de l’intégration sociale est la présence des femmes dans les différents secteurs étudiés. Selon Statistique Canada, au Québec, le taux d’activité des femmes est estimé à 61 %, par rapport à la population active, tandis que le taux d’activité des hommes est de 69,8 % (CIRANO, 2012).

En Afrique du Sud, le taux d’activité des femmes est de 45 %. Ainsi, tant au Québec qu’en Afrique du

Sud, la présence des femmes est considérable sur le marché du travail. Nous avons pu remarquer au cours de nos visites, tant au Québec qu’au Canada, que l’intégration des femmes sur le marché du travail est directement influencée par le type de tâche à effectuer et par l’automatisation et l’avancement technologique des équipements et des processus. Par exemple, à la ferme Blanchette, le co-propriétaire yannick Blanchette confirmait que les métiers de l’agriculture étaient maintenant plus accessibles aux femmes, car les avancées technologiques leur permettent de travailler, sans la force physique qui était auparavant nécessaire. Ainsi, l’augmentation de la présence des femmes dans les secteurs primaires et manufacturiers s’explique par les avancements technologiques, diminuant ainsi les efforts physiques nécessaires et les conditions difficiles au travail. La présence féminine en Afrique du Sud est un peu moins visible. Deux causes possibles ont été identifées. D’abord, la technologie n’a pas atteint le même niveau qu’au Québec dans toutes les entreprises. De plus, les politiques de l’apartheid ne favorisaient pas l’intégration des femmes au marché du travail.

à l’intérieur d’un taxi-minibus à Johannesburg. - MB

É D U C A T I O NAvant de discuter des divers défis auxquels est confronté le système scolaire sud-africain, il convient de discuter d’un schéma simplifié du déroulement et de l’aboutissement d’un système d’éducation d’un point de vue économique. D’abord, le citoyen reçoit une éducation générale, comprenant entre autres la langue et les notions de base de calcul. Il peut ensuite poursuivre ses études à l’éducation supérieure où il obtiendra des compétences utiles à son insertion sur le marché du travail.

En Afrique du Sud, le « Departement of Basic Education (ministère de l’Éducation de base) » (DBE) est responsable du système d’éducation générale. Tout comme dans le système scolaire québécois, les enfants fréquentent d’abord l’école primaire, puis l’école secondaire. Dans les deux systèmes, le cheminement complet dure treize ans. L’éducation est obligatoire pour les Sud-Africains âgés entre sept et quinze ans. L’année scolaire se déroule de janvier à décembre, plutôt que de septembre à juin comme cela est la norme au Québec (Pagé, 2011). Plus de 80 % des élèves reçoivent un enseignement dans leur langue maternelle; l’enseignement est dispensé dans l’une des onzes langues officielles du pays (Department of Basic Education [DBE], 2012).

Le système d’éducation supérieure est la responsabilité du ministère de l’Éducation supérieure et de la Formation (« Department of Higher Education and Traning », ou DHET). Ce système rejoint plusieurs types de clientèle. Il comprend l’éducation de niveau universitaire (« Higher Education »), de la même manière qu’ailleurs dans le monde.

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60É d u c a t i o n g é n é ra l e

En 2008, 97,8 % des jeunes de moins de quinze ans fréquentaient effectivement l’école selon le DBE. L’objectif est de 99 % pour 2014 (DBE, mars 2011). Cependant, le DBE et DHET considèrent que le nombre de diplômés et la qualité des diplômes sont insuffisants. Ainsi, bien que le taux de fréquentation soit très élevé, le système ne semble pas efficace comme en témoigne le taux de reprise de 9 % (DBE, mai 2011).

Le tableau 5 présente certains objectifs que s’est fixé le DBE pour 2014 ainsi que les données de 2009. Pour les élèves de 3ème et de 6ème année, il s’agit de rehausser le pourcentage d’élèves qui atteignent les objectifs finaux de leur niveau scolaire. Pour les élèves de 12ème année, qui se trouve à être la dernière année du programme, le DBE a décidé de fixer des valeurs plutôt que des pourcentages. La colonne de droite donne l’augmentation relative du taux de réussite pour l’atteinte des objectifs fixés pour 2014. Le DBE s’est aussi fixé comme objectif de faire passer le nombre d’étudiants de 12ème année éligibles à l’entrée à l’université de 110 000 à 175 000 (DBE, mai 2011).

étudiants abandonnent leurs études universitaires en raison de l’éducation générale de niveau trop faible (visite d’Air Liquide). L’apartheid a de plus laissé un lourd héritage au système d’éducation. Ainsi, le système d’éducation primaire semble moins bon qu’à la fin de l’apartheid. Les inégalités dans le système créent des mouvements de migration entre les écoles, puisque le système d’éducation autour des grandes villes fonctionne bien (visite de l’Université de Stellenbosch) Du côté des étudiants de l’éducation supérieure, ils sont

25 % à profiter de l’aide financière du gouvernement. La demande n’est pas satisfaite, mais est en augmentation. Le quart des étudiants de premier cycle profitent actuellement de l’aide financière (DHET, 2012).

Les programmes universitaires se donnent en anglais dans 90 % des cas. Les autres programmes se donnent en afrikaans ou dans les deux langues. De l’éducation supérieure fait aussi partie l’enseignement complémentaire (« Further Education ») qui permet l’accès aux emplois du secteur technique. Cette éducation est offerte dans les collèges, en anglais dans 95% des cas. Finalement, le département prend en charge l’éducation aux adultes qui ont besoin d’acquérir une éducation de base. Des cours pour les adultes analphabètes ou désirant acquérir des compétences précises sont dispensés dans les Adult Learning Centers (visite du DHET).

En ce qui concerne le marché du travail, il subit directement les effets néfastes d’un système d’éducation peu efficace. Pour soutenir une économie en voie de développement, la répartition des travailleurs d’un pays en fonction de leurs qualifications doit être semblable à celle montrée à la figure 17. En d’autres mots, les travailleurs possédant uniquement des compétences de base doivent être majoritaires, suivis par ceux ayant des compétences professionnelles. Enfin, les diplômés universitaires devraient être minoritaires (European Business Summit., 2009). En Afrique du Sud, c’est une pyramide inversée que l’on observe, avec de sérieuses pénuries de travailleurs avec compétences professionnelles (DHET, 2012).

Les conférenciers rencontrés ont tous mentionné l’éducation comme étant un problème majeur en Afrique du Sud. D’une part, le DHET fait état de l’incohérence entre le système d’éducation de base et le système d’éducation supérieure puis entre le système d’éducation supérieure et le marché du travail (DHET, 2012). à ce sujet, il est à noter que plusieurs

Figure 17 : Pyramide des compétences (European Business Summit., 2009)

Compétences de base

Compétences professionnelles

Diplômeuniversitaire

Le système d’éducation générale a plusieurs très bonnes écoles dans

les secteurs traditionnellement favorisés. Cela crée des migrations

d’élèves à travers le pays, qui entraînent d’importants problèmes

logistiques

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Intégration sociale61

Le système d’éducation générale a plusieurs très bonnes écoles dans les secteurs traditionnellement favorisés. Cela crée des migrations d’élèves à travers le pays, qui entraînent d’importants problèmes logistiques (visite de l’Université de Stellenbosch).

Le DBE est au fait que la qualité de l’éducation est un problème et qu’il faut s’y attaquer dès le primaire. La qualité est inégale à travers le pays et se trouve à un niveau insuffisant à certains endroits. Les défis auxquels fait face le DBE peuvent se classer en six catégories : curriculum, évaluation des élèves, corps professoral, manuels scolaires, gestion et bien-être des élèves (DBE, mai 2011).

Des lacunes dans le système d’évaluation ont poussé le département à lancer une réforme complète du curriculum afin de clarifier les exigences d’apprentissage. Afin d’assurer une mesure plus adéquate des apprentissages réalisés par les élèves, des tests standards seront maintenant obligatoires pour les sept premières années du cheminement.

Le DBE s’est fixé plusieurs objectifs. Le rapport annuel de 2010-2011 montre que le nombre d’enseignants est insuffisant et que la formation qu’ils reçoivent n’atteint pas le niveau désiré par le DBE.

Les élèves n’ont pas tous un accès égal aux manuels scolaires, la

livraison de ceux-ci semble être problématique pour le DBE. Dans les sources de problèmes, on note entre autres que les livres doivent d’abord être traduits dans les 11 langues officielles et que les enseignants doivent ensuite être formés pour les utiliser.

Étant donné l’obstacle que représente la mauvaise gestion au développement des élèves, le ministère s’est pourvu d’un système de gestion nommé « Integrated Quality Management System (Système intégré de la gestion de la qualité) » pour apporter un support administratif aux écoles à travers le pays.

Finalement, le bien-être des élèves est un enjeu majeur. L’apprentissage des élèves peut être entravé par trois principales barrières, soit les frais de scolarité, la faim et la langue. Pour faire face à la première, le gouvernement a pris les moyens pour rendre près de 80 % des écoles de l’éducation générale gratuites (DBE, mai 2011). Cependant, une partie du financement se fait par le biais de la communauté, ce qui creuse l’écart entre les secteurs favorisés et défavorisés. En effet, la collecte de fonds est plus aisée dans les milieux où l’éducation est de bonne qualité (visite de l’Université

de Stellenbosch). Pour contrer la faim dans les écoles, le DBE a mis sur pied a mis sur pied le « National School Nutrition Program (Programme national de nutrition à l’école) » (NSNP). La progression du nombre d’élèves rejoints par ce programme est montrée à la figure 18 (DBE, novembre 2011). Sachant que le pays compte officiellement environ 50 millions d’habitants, cela représente une proportion considérable de la population.

Le système d’éducation générale fait face à plusieurs défis. Au cours de l’année 2010-2011, 49 500 grossesses ont été répertoriées par le DBE. On compte aussi 2 millions d’orphelins

Tableau 5 : Objectifs du ministère de l’Éducation de base (DBE, mai 2011)

Année scolaire Domaine

Taux ou nombre de passages

2009 objectif 2014

progrès requis

3èmeLangue 48 % 60 % +25 %Calcul 43% 60 % +40%

6èmeLangue 37% 60 % +62%

Calcul 19% 60 % +216%

12èmeMathématiques 125000 180 000 +44%

Sciencesphysiques 120000 170000 +42%

2 000 000

4 000 000

6 000 000

8 000 000

20082009

2009 2010

20102011

Figure 18 : Nombre d’élèves rejoints par le NSNP (DBE, 2011).

NSNP«Le"NationalSchoolNutritionProgram(Programmenationaldenutritionàl’école)"(NSNP)viseàaméliorerl’éducationenrenforçantlesaptitudesd’apprentissageactif desenfantsetenfournissantuneincitationàlavenuefréquenteetponctuelleenclasse.Enréponseàl’appellancéparleMinistredel’Éducationdebasepouraugmenterl’accèsàl’école,laréceptivitédesélèvesetlesretombéesdel’éducation,leNSNPréduitlesbarrièresàl’éducationliéesàlafaimetlamalnutritionenoffrantdesrepascompletsauxélèvespourchaquejourd’école.»(DBE,2011)

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62Les différentes parties de ce système sont tantôt incohérentes, tantôt incompatibles; certaines sont redondantes et quelques unes empiètent sur d’autres (DHET, 2012).

En ce qui concerne la population académique, la tendance des dernières années montre que le nombre d’étudiants obtenant un doctorat est trop peu élevé et que le personnel académique est vieillissant. On observe déjà des pénuries de personnel dans certains domaines

et dans certaines universités alors que déjà le niveau de recherche et d’innovation est trop faible pour soutenir l’économie du pays (DHET, 2012). Les investissements en recherche et développement proviennent à 58 % de l’industrie, 22 % du gouvernement et 20 % de l’éducation supérieure. Actuellement, 1 % du PIB sud-africain est investi en R et D. à titre de comparaison, ce taux est de 2,6 % aux États-Unis et la moyenne de l’OCDE se situe à 2,3 % (visite du Department of Science and Technology).

L’apartheid a laissé des traces bien nettes au niveau post-secondaire. Bien que le nombre de Noirs accédant à l’éducation universitaire ait augmenté significativement au cours des seize dernières années, les Noirs et les femmes restent sous représentés dans les facultés de sciences, de technologie, d’ingénierie et de commerce. Si l’accès à l’université tend à être plus égalitaire qu’il y a vingt ans, il existe de grandes disparités raciales lorsqu’on regarde les taux de complétion du diplôme de baccalauréat. Le système d’éducation supérieure fournit peu d’exemples aux Noirs et aux femmes.

est intimement liée à celle du système d’éducation générale. En effet, le faible taux de réussite au secondaire et la qualité inégale de l’enseignement primaire et secondaire ont un impact direct négatif sur le nombre de diplômés aux études supérieures (DHET, 2012).

Par ailleurs, il est rare qu’un ministre reste à la tête d’un ministère pendant plus d’un mandat, dont la durée est de cinq ans. Il est donc difficile pour le ministère d’assurer une continuité dans ses politiques (visite du DHET). De plus, l’organisation de l’enseignement supérieure est problématique sur deux plans. D’une part, les données qui existent actuellement sur le système d’éducation supérieure ne sont pas toujours à jour ni complètes et ne sont pas organisées en un système intégré. Le DHET a commencé à mettre en place un système pour obtenir ces données et planifie de développer un système permettant un accès pour l’analyse et l’utilisation des données. D’autre part, les organismes et les lois qui régulent l’éducation supérieure forment un ensemble complexe.

parmi les élèves. Le DBE a distribué en 2010-2011 environ 188 MR (23,2 M$) pour des programmes d’éducation, de soin et de support pour les élèves, les enseignants et le personnels infectés par le VIH (DBE, mai 2011).

Le DBE est l’un des bénéficiaires du B-BBEE. En effet, il jouit parfois de financement de la part de grandes entreprises pour la construction et l’entretien de ses infrastructures. Certaines compagnies minières, comme Richards Bay Minerals, financent les écoles dans les communautés pour rehausser leur cote de B-BBEE (visite de RBM).

É d u c a t i o n s u p é r i e u reSi le taux de fréquentation du système d’éducation générale est élevé, il en est tout autrement pour le système d’éducation supérieure (figure 19). Près de trois millions de jeunes adultes n’ont pas accès au système d’éducation supérieure, faisant anticiper des problèmes socio-économiques pour l’Afrique du Sud, mais aussi un gaspillage de potentiel immense (DHET, 2012).

D’abord, la performance du système d’éducation supérieure

Visite à l’Université de Stellenbosch. - CD

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Intégration sociale63

En 2006, 62 % du personnel académique était Blanc et 42 % de sexe féminin.

En dépit des avancées réalisées sur le plan des inégalités sociales, raciales et sexuelles, elles restent présentes dans le système d’éducation supérieure de l’Afrique du Sud. En effet, tous n’ont pas un accès égal à l’éducation, ni à la réussite. L’éducation est de niveau moins élevé dans les institutions qui étaient auparavant réservées aux Noirs. Ailleurs dans le pays, la discrimination est persistante (DHET, 2012).

Les jeunes adultes habitant en zone rurale sont desservis par moins d’établissements d’enseignement supérieur et ces quelques établissements offrent souvent une éducation de moins bonne qualité que celle qui est dispensée dans le reste du pays (DHET, 2012).

Outre les problèmes d’exclusion, le ministère peine à créer une culture institutionnelle dans ses cinquante collèges. En raison de la politique de séparation des races, chaque collège avait été scindé en quatre campus, un pour chaque groupe de population. Aujourd’hui, plus de 260 campus sont répartis à travers le pays (visite du DHET).

Pour pallier les multiples lacunes de l’éducation supérieure, certaines industries, comme celle du sucre, ont conçu elles-mêmes leur système de formation. SASA a développé le centre de formation Shukela qui offre des formations destinées à

former les employés des cultivateurs et des raffineurs de sucre. Ces formations couvrent la mécanique (mécanique de voiture, machinage de pièces), l’électrique (électricité domestique, systèmes logiques programmables, etc) et l’agriculture (soin des plants, fertilisation, etc). Le centre de formation est maintenant accessible aux autres industries. D’ailleurs, Eskom, la compagnie nationale d’électricité, forme en partie ses employés à Shukela (visite de la SASA). Ce centre est un autre exemple de la tendance des entreprises sud-africaines à combler les vides laissés par les institutions gouvernementales pour répondre à leurs besoins en formations.

Afin de prendre en main les divers problèmes auxquels il est confronté, le DHET (2012) a formulé une série de politiques à travers son Green Paper on Post-Education and Training. Le DHET compte utiliser le financement comme levier pour stimuler les institutions à s’aligner sur ces politiques.

S A N T ÉLe VIH/SIDA et la tuberculose (TB) sont des problématiques de santé très importantes en Afrique du Sud. Toutes deux sont étroitement liées, car une majorité des patients atteints de la tuberculose portent le virus du SIDA (Setswe, 2009). Le ministère de la Santé concentre donc ses efforts pour limiter la propagation du VIH et celle de la tuberculose (Department of Health, s.d.).

Les politiques du gouvernement visent à sensibiliser la population à l’importance de la prévention et de la détection précoce. Pour cela, le ministère de la Santé compte réorganiser les soins autour des communautés et des foyers grâce à une intégration des programmes de VIH/SIDA et de tuberculose au nouveau programme de soins de santé primaires (Department of Health, s.d.). Cependant, bien que les entreprises aient mentionné le VIH/SIDA comme étant une problématique, la situation en santé semble de leur point de vue moins préoccupante que la situation en éducation. Certaines entreprises, comme Richards Bay Minerals, ont tout de même des programmes de services médicaux destinés aux employés. De plus, lors des visites industrielles, des campagnes de sensibilisation ont pu être observées dans les aires communes.

Figure 19 : diplomation des 18-24 ans (DHET, 2012)

69 %Secondaire ou moins

28 %Primaire ou moins

2 %Non spécifié

1 %Diplôme d’études supérieures

Taux de prévalenceEn 2007, le nombre de personnes atteintes par le VIH/SIDA était de 18,2 millions, soit 37 % de la population, selon l’African Development Bank (2007). En revanche, l’UNICEF (2003) estime que ce taux est de 17,8 % chez les adultes âgés entre 15 et 49 ans. Pour sa part, Statistics South Africa (juillet 2011) estimait le taux de prévalence du VIH/SIDA à 10,6 %. il existe donc un flou quant au nombre exact de personnes atteintes en Afrique du Sud. Il est en revanche raisonnable d’affirmer que le taux de prévalence est supérieur à 10 % de la population.

Entre 1989 et 2005, une hausse de 300 % du nombre de patients atteints de tuberculose a été observée. En 2005, 320 000 cas étaient recencés. Cette maladie est la première cause de décès chez les patients atteints du SIDA (Setswe, 2009).

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La fragilité de la nourriture a poussé les professionnels à s’allier pour assurer une chaîne

de valeur sécuritaire tant pour les producteurs que pour les consommateurs. Tant en Afrique

du Sud qu’au Canada, l’agroalimentaire est chapeauté par diverses associations.

Agroalim entaire

Usine de Kromco pour le conditionnement et la distribution des pommes. - WS

Page 65: PolyMonde 2012 - Rapport de mission (léger)

Agroalimentaire

65

Au Québec, l’ensemble des agriculteurs est représenté par l’Union des producteurs agricoles du Québec (UPA), chargée de défendre les intérêts des agriculteurs auprès du gouvernement canadien et de promouvoir les métiers reliés à cette industrie. Chacun des sous-secteurs du monde agroalimentaire présente des enjeux et donc des intérêts différents les uns des autres, c’est pourquoi sous le couvercle de l’UPA plusieurs entités existent afin de mieux soutenir les agriculteurs des différents secteurs. La figure 20 présente la structure organisationnelle de représentation des producteurs agricoles auprès de l’UPA (UPA, 2010).

Les producteurs agricoles sont représentés par des syndicats de bases qui sont répartis par secteur et par région, comme c’est le cas pour le Syndicat des producteurs de lait de l’Estrie, ou encore le Syndicat régional des producteurs de porcs du Bas

Saint-Laurent. Ces syndicats de bases sont représentés par des fédérations régionales telles la Fédération des producteurs de lait du Québec. L’ensemble des fédérations sont regroupées sous l’UPA qui est dirigée par un conseil exécutif constitué de sept membres dont le président actuel est Marcel Groleau. L’entité gouvernementale s’occupant de l’aspect agroalimentaire au Québec est la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec (Agricole, 2011).

La Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec (RMAAQ) est chargée de contrôler les produits des agriculteurs afin d’en assurer la qualité pour les consommateurs. Elle détient également le pouvoir de fixation du prix du lait sur les marchés au Québec (figure 21 à la page 68).

La structure organisationnelle en Afrique du Sud est très différente de celle des institutions du Québec, pour plusieurs raisons autant économiques que sociales.

Agroalim entaireUPA

Fédérations régionales

Fédérations et groupes spécialisés

Syndicats de base

Syndicats spécialisés

Producteurs agricoles

Figure 20 : Organigramme de l’Union des producteurs

agricoles du Québec (UPA, 2010).

(continué à la page 68)

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Agro

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PromotionIntrants Production Transformation Distribution

Jefo

Ferme Blanchette

Lantic

Vignoble Kobloth

Agri-Mondo

Colabor

KromcoIllovo Sugar

Chaîne de valeurd’un produit bioalimentaire

Formation de la main d’oeuvre

Université de Stellenbosch

Dow Agrosciences

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Agroalimentaire

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Consultation et recherche

CRDA

SASA

Groupe Agéco

QPRO

Agri SA

Légende

Institution en Afrique du Sud

Institution au Québec

En lien avec le manufacturier

chimique

institutions visitées dans

le secteur agroalimentaire

Wines of South Africa

Promotion

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Agro

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68 Agri SA (voir la figure 22) est une fédération d’associations d’agriculteurs de différents domaines d’activités qui représentent leurs intérêts auprès du gouvernement en travaillant de concert avec le ministère de l’Agriculture, des Forêts et des Pêches. Vingt-huit associations y adhèrent volontairement. Parallèlement, des comités provinciaux au sein d’Agri SA s’occupent de donner une voix aux producteurs de commodités propres à chaque province. Par sa représentation auprès du gouvernement sud-africain, Agri SA souhaite indirectement influencer les politiques mondiales du commerce agroalimentaire, notamment en matière de protectionnisme national et de fixation de tarifs.

S T R U C T U R E D U S E C T E U R

L’industrie agroalimentaire comprend deux principaux types d’acteurs : les producteurs (produits de base) et les entreprises de transformation (produits secondaires). Les producteurs cultivent la terre et élèvent le bétail à des fins de revente aux particuliers et aux entreprises de transformation. Ces dernières génèrent une valeur ajoutée à la ressource primaire alimentaire en la

Cependant, Agri SA n’est pas encore aussi influente en Afrique du Sud que ne l’est l’UPA au Québec. La première raison est que les agriculteurs sud-africains doivent aussi régler des litiges internes liés au B-BBEE et à la réforme des terres (voir pages 47 et 82).

L’industrie agroalimentaire est encadrée par le ministère de l’Agriculture, des Forêts et de la Pêche d’Afrique du Sud dont la principale mission est d’assurer une croissance économique, de favoriser la création d’emploi, le développement rural, l’accès à la nourriture et la préservation des ressources naturelles. Son organigramme est présenté à la figure 23 (Department of Agriculture, forestry & fisheries [DAFF], 2012).

Président

Adjointe administrative

Assemblée des régisseurs et régisseuses

Secrétariat Affaires juridiques

Direction générale

Direction des analyses et des

opérations

Services à la gestion

Normalisation des grains

Planifications et études

économiques

Vérifications et enquêtes

Figure 21 : Structure organisationnelle de la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec (RMAAQ).

Coopératives(28 au total)

Gouvernement provinciaux

Figure 22 : Structure organisationnelle de Agri SA.

(continué de la page 65)

Page 69: PolyMonde 2012 - Rapport de mission (léger)

Agroalimentaire

69modifiant selon des processus acquis par des activités de recherche et de développement. Ces biens sont ensuite distribués aux consommateurs par des entreprises œuvrant à l’échelle locale, nationale ou internationale.

C o m m o d i t é sEn Afrique du Sud, le secteur des commodités regroupe vingt-huit associations, dont quatre entreprises membres ont été visitées par l’équipe Poly-Monde : la « South African Sugar Association (Association sud-africaine du sucre) » (SASA) et Illovo Sugar, toutes deux membres de l’Association des producteurs de canne à sucre sud-africains (South African Cane Growers’ Association), l’organisme Wine of South Africa, et Kromco, entreprise leader dans la distrubution des fruits.

Industrie du sucre L’Afrique du Sud produit en moyenne 2,2 millions de tonnes de sucre par saison. Il s’agit d’un domaine d’activité important pour le pays fournissant plus de 79 000 emplois directs et 350 000 indirects. En somme, elle engendre environ 1 million d’emplois, soit

2 % de la population totale du pays. Les acteurs de l’industrie du sucre sont les producteurs ainsi que les meuniers.

Pour ce qui est des producteurs, plus de 29 130 producteurs de canne à sucre sont enregistrés en Afrique du Sud. Géographiquement, la majorité se situe dans la province du KwaZulu-Natal avec un centre de gravité opérationnel à Mpumalanga. Les producteurs sont représentés par 13 conseils locaux qui forment l’Association des producteurs de canne à sucre défendant leurs intérêts. Il s’agit d’une structure démocratique,

dont les conseils sont composés de représentants élus. Quant à eux, les meuniers sont au nombre de 6 en Afrique du Sud et opèrent 14 usines.

à l’instar des producteurs, les 6 meuniers officiels constituent l’Association des meuniers du sucre qui les représente pour leurs activités en lien avec la production de sucre brut. Le mariage entre les producteurs et les meuniers est très fort puisque l’un ne peut opérer sans l’autre. L’Association sud-africaine du sucre (SASA) est l’organisme qui fait le lien entre ces deux entités (figure 24).

Ministre de l’agriculture

DéputéDirection des

opérations spéciales

Secrétariat Affaires juridiques

Directeur général

Support opérationnel

Services corporatifs

Direction des finances

Relations aux investisseurs et

départements légaux

Réglementation, planification et

évaluation

Développement économique et

échanges commerciaux

Figure 23 : Structure organisationnelle du ministère de l’Agriculture, des Forêts et de la Pêche d’Afrique du Sud (DAFF, 2012).

Association des producteurs de canne à sucre

Association des meuniers de

canne à sucre

13 conseils locaux de

producteurs6 entreprises

meunières

Producteurs Meuniers

Conseil d’administration

de la SASA

Figure 24 : Organigramme de la SASA (SASA, 2011).

Page 70: PolyMonde 2012 - Rapport de mission (léger)

Agro

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70

a été créé. Cette organisation virtuelle vise à augmenter la compétitivité de l’industrie viticole sud-africaine au niveau mondial à travers la participation de coopératives et d’initiatives de recherche et développement. Elle permet ainsi d’assurer une certaine expertise scientifique afin d’accroître la qualité des vins grâce à des études portant sur divers axes de recherche tels que la maturité optimale du vin, les virus, le terroir, ou encore les biotechnologies. De plus, Winetech s’assure de la pérennité du savoir-faire dans les universités au travers d’une éducation de qualité. Le réseau est principalement financé par une redevance appelée « Statutory Research and Development Levy (Redevance statutaire pour la recherche et le développement) », payée par les

les prix du marché mondial. Le marché du sucre canadien est ainsi un marché ouvert qui s’apparente à un duopole de Stackelberg.

En termes de recherche et développement, le CRDA peut être considéré comme un homologue du SASRI, bien que ses activités visent l’ensemble de l’industrie agroalimentaire (visite de Lantic).

Industrie du vin L’Afrique du Sud bénéficie d’une industrie viticole de premier rang, faisant de celle-ci une des industries agricoles les plus importantes du pays. Avec plus de 115 000 hectares de terres viticoles, 3 500 producteurs de vin et près d’un quart de million de personnes impliquées dans cette industrie du secteur primaire, l’Afrique du Sud occupe le 8ème rang des pays producteurs de vins (Veron, s.d.). Le pays couvre plus de 3 % du marché mondial en production mais ne représente que 5 % du commerce mondial du vin. Les revenus engendrés par l’industrie s’élèvent à 3,6 GR, soit environ 430 M$.

Afin de soutenir la recherche et l’innovation dans le domaine viticole en Afrique du Sud, un réseau institutionnel nommé Winetech (Wine Industry Network for Expertise and Technology)

La SASA agit en tant qu’administrateur au sein de l’industrie du sucre par son large éventail de services offerts répartis en 9 divisions. Ces dernières assurent la pérennité, la profitabilité et la compétitivité des acteurs de l’industrie du sucre. Par conséquent, elle contrôle les barrières à l’entrée (technologiques, tarifaires et réglementaires) ainsi que les relations de concurrence tant locales qu’internationales. Par exemple, en ce qui concerne les barrières technologiques, le « South African Sugar Research Institute (Institut de recherche sud-africain du sucre) » (SASRI) est dédié à la recherche et au développement des technologies pour le sucre. Ces travaux portent autant sur les méthodes d’agriculture que sur le développement d’outils d’aide à la décision pour les fermiers. En somme, il s’agit d’une industrie semi-protégée par la gouvernance de la SASA (visite de la SASA).

Au Canada, l’industrie du sucre est uniquement composée de raffineurs et non de producteurs de sucre brut. Les parts de marché de la production du sucre raffiné sont divisées entre deux compagnies. Lanctic Inc. detient 55 % des parts alors que Redpath Sugar détient les 45 % restants. Ce qui distingue le marché du sucre canadien du marché mondial est qu’il ne dépend pas des subventions du gouvernement ou de quelconque organisme public. En effet, aucun régime de soutien des prix n’est mis en place, ce qui confère un avantage concurrentiel pour attirer les compagnies agroalimentaires (Institut canadien du sucre, s.d.). Les raffineurs mentionnés achètent ainsi le sucre selon

Dégustation de vin et de fromage au vignoble Fairview, province du Cap-Occidental - WS

Duopole de Stackelberg

Un duopole de Stackelberg est un modèle économique de compétition entre deux entreprises. L’une de ces compagnies est leader sur le marché, tandis que l’autre la suit en adaptant son prix et sa stratégie d’opération.

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membres de l’industrie. Winetech est dirigé par un conseil exécutif de trois employés et est composé de comités techniques dirigeant les projets au niveau viticole, de l’œnologie, des formations, du transfert technologique ainsi que du marketing. Le réseau est aussi constitué de contracteurs effectuant différentes tâches parmi lesquels se trouvent l’Université de Stellenbosch, ARC Nietvoorbij et Elsenburg Agricultural College.

Une autre entité sud-africaine de l’industrie viticole égalememt importante à souligner est

l’organisation industrielle à but non-lucratif Wines of South Africa (WoSA). WoSA a été créée afin de promouvoir l’exportation de tous les vins sud-africains dans les marchés clés internationaux. Le mandat de WOSA étant de promouvoir la croissance de l’industrie viticole de l’Afrique du Sud, ses objectifs principaux sont d’améliorer l’image et la réputation des vins du pays, de supporter le développement de nouveaux marchés d’exportation, de renforcer les capacités des principaux exportateurs et de

faciliter le développement du tourisme sud-africain du vin.

La promotion de ces vins se fait principalement au Royaume-Uni (client de près de 80% des exportations du vin sud-africain) mais aussi en Allemagne, en Suède et au Pays-Bas. Dernièrement, WOSA s’est lancée dans le marché américain et asiatique. Par ailleurs, l’accès au marché européen reste difficile en raison des grands producteurs de vins se situant notamment en France, en Italie et en Espagne (WOSA, 2012).

Au Québec, l’industrie viticole est principalement monopsonique. La Société des alcools du Québec (SAQ) possède presque la totalité du marché, en plus de contrôler les prix. Le secteur viticole québécois est composé de producteurs artisanaux qui ne font pas le poids sur les marchés internationaux (visite de Kobloth).

Industrie de distribution des aliments Afin d’éviter d’importants investissements en infrastructures, la majorité

Produits laitiers au QuébecAu Québec, les recettes de produits laitiers s’élèvaient à 2,2 G$ en 2010 (BDSO, 2012). L’industrie laitière comprend deux marchés : le lait de consommation et le lait pour la transformation en beurre, fromage et autres. La structure règlementaire au Canada, la Commission canadienne du lait, et au Québec, la Régie agricole et alimentaire du Québec, permet aux producteurs de lait de consommation de s’assurer un revenu grâce à un système de quotas. Ce contexte est très favorable pour les producteurs de lait qui doivent œuvrer dans une industrie à forte concurrence avec près de 6 000 fermes au Québec; à noter qu’il y avait dix fois plus de fermes laitières il y a 40 ans dans la province. Les entreprises de transformation procédant dans un contexte plus oligopolistique profitent moins de cette règlementation (Bisson, 1999).

Une des raisons expliquant la très forte diminution du nombre de fermes au Québec, constituant par le fait même une barrière à l’entrée importante à l’agriculture, est que les fermes sont souvent transmises de génération en génération. Cela leur confère un statut de rareté et une valeur plus grande, car celles qui sont abandonnées par des familles d’agriculteurs sont souvent achetées par d’autres qui possèdent déjà un grand actif financier. Dans un même ordre d’idée, un nouveau producteur aura de la difficulté à trouver de la main-d’œuvre pour travailler sur sa ferme s’il n’implique pas les membres de sa famille, car peu de gens veulent œuvrer dans ce domaine aujourd’hui au Canada puisqu’il implique de s’installer assez loin des grandes villes (visite de la Ferme Blanchette).

Visite de la ferme Blanchette, au Québec. - MB (continué à la page 74)

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72L’industrie brassicole

Marché des boissons alcoolisées Le marché des boissons se classifie en deux catégories; les boissons alcoolisées et les boissons non alcoolisées. Le marché de la bière est donc en compétition avec d’autres boissons alcoolisées comme le vin ou les spiritueux. En fonction du contexte culturel, on observe une forte préférence pour une de ces trois boissons. En Afrique du Sud, la région du Western Cape a une forte préférence pour le vin et représente donc un petit marché pour la bière par rapport à d’autres régions plus pauvres ou moins denses.

En termes de ventes, le marché de la boisson alcoolisée se divise en cinq catégories. En Afrique du Sud, le chef de file est la bière avec 51 % des parts de marché, puis viennent les spiritueux (20 %), le vin (14 %), les cocktails alcoolisés (11 %) et la bière de sorgho (4 %). Sur le marché des liqueurs non alcoolisées, trois entreprises dominent le marché : SAB en détient 44,7 %, suivi de Distell (19,3 %) et Brandhouse (18,3 %). SAB possède cependant 30 % des parts de Distell.

Marché de la bière Le marché brassicole se divise entre un marché de culture de la bière et un marché de consommation. Le premier est un marché où le consommateur cherche une bière de qualité supérieure avec un goût riche et un processus de fabrication authentique. Typiquement, ce sont les microbrasseries qui répondent à ces besoins du marché. SAB Miller est parmi les géants du marché de consommation de la bière. Ce marché répond à un besoin différent, soit une bière de qualité acceptable qui se boit facilement et sert de breuvage plutôt que d’aliment de dégustation comme pourrait l’être une bière de microbrasserie.

Globalement, on observe une croissance dans les volumes de bière vendus dans les marchés émergents, notamment l’Afrique, l’Amérique Latine et l’Asie. Cette croissance peut être associée à une augmentation des populations urbanisées et des revenus dans ces régions. De plus, les consommateurs délaissent quelque peu le marché de l’alcool informel au profit d’une bière plus attrayante et sécuritaire. En 2011, les ventes en Afrique et en Chine ont augmenté d’environ 5 %, et celles en Amérique Latine de 3 %. Depuis 2000, les parts de marché de la bière dans l’industrie des breuvages alcoolisés dans ces pays sont passées de 30 % à 40 % alors qu’elles n’ont pas changé pour le vin et les spiritueux.

SAB Miller est la deuxième entreprise brassicole du monde. En effet, le groupe détient 14 % des parts de marché. Le plus important compétiteur est AB Inbev (18 %), suivi de Heineken (9 %) et de Carlsberg (5 %). Presque la moitié du marché mondial appartient donc à seulement 4 compagnies.

En Afrique du Sud, SAB est un quasi-monopole. En effet, la compagnie brassicole détient plus de 90 % des parts du marché domestique. L’autre joueur est Brandhouse, une coentreprise entre Heineken Diageo et Namibian Breweries. Cette situation peut s’expliquer par la forte fibre patriotique sud-africaine, en plus du fait d’être relativement un gros marché isolé géographiquement de l’industrie brassicole mondiale.

En Afrique du Sud, ce sont essentiellement 4 marques de bières qui sont distribuées par SAB. La Black Label occupe 27 % des ventes, la Hansa 25 %, la Castle et ses sous-marques 30 % et la Miller 18 %.

Modules de l’usine de SAB Miller à Alrode. - MB

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Barrières à l’entrée La plus importante barrière à l’entrée est liée aux importants volumes produits dans l’industrie. En effet, la bière se vend à un prix relativement bas et les installations nécessaires à la production de bière nécessitent un investissement initial important. il est essentiel de bénéficier d’économies d’échelles pour compétitioner sur ce marché.

La deuxième barrière est géographique : étant une boisson à faible valeur ajoutée, il est nécessaire de la produire localement pour ne pas payer le transport de l’eau y étant contenue. Il est donc impossible d’importer de la bière dans le pays. Seuls des produits de luxe offrent cette possibilité; dans ce cas, la bière est transportée dans des barils et embouteillée sur place.

Répartition des volumes par région SAB se repositionne constamment sur le marché international à travers des acquisitions et des partenariats locaux. L’Afrique du Sud représente une part importante des volumes avec 12 % du volume total en 2010. Les autres marchés géographiques sont l’Asie (24 %), l’Europe (20 %), l’Amérique du Nord (19 %), l’Amérique Latine (18 %) et l’Afrique (7 %).

Consommation moyenne Cette répartition est aussi liée à la consommation de bière moyenne par habitant. L’Afrique du Sud se positionne en effet comme un marché très différent du reste de l’Afrique avec une consommation moyenne de 56 L/habitant comparativement à 8,5 L/habitant dans le reste de l’Afrique. La consommation moyenne en Afrique du Sud se rapproche donc beaucoup plus d’une tendance américaine ou européenne.

Modules de l’usine de SAB Miller à Alrode. - MB

Équipe Poly-Monde devant les silos d’entreposage de SAB Miller. - MB

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74classent en deux catégories : le service alimentaire (restaurants et cafétérias), constituant 70 % du chiffre d’affaires, et le commerce de détail (épiceries et dépanneurs).

B a r r i è re sil est difficile de dresser un portrait complet du secteur agroalimentaire de par sa diversité. Cependant certains défis commerciaux restent communs d’un secteur à un autre. En effet, l’industrie agroalimentaire canadienne et celle de l’Afrique du Sud semblent souffrir de l’engouement mondial pour les biens miniers et en carburants; ces ressources étant abondamment exploitées dans ces deux pays, elles propulsent leurs économies et font augmenter, du même coup, la valeur de leurs devises monétaires. Ainsi, tout autre produit destiné à l’exportation devient plus cher qu’auparavant sur les marchés internationaux : il s’agit du « syndrôme hollandais » (voir encadré page 39). Cela pose indirectement des barrières à l’entrée à quiconque souhaitant se lancer dans l’industrie agroalimentaire au Canada et en Afrique du Sud, car, afin de pouvoir offrir des produits à prix compétitifs sur les marchés tout en ayant une marge de profits permettant de subvenir

à ses besoins, de grands investissements initiaux en terres, en machinerie et en infrastructures doivent être faits pour réduire les coûts d’opération au maximum. De plus, un contexte réglementaire strict dans ce domaine augmente encore davantage les coûts reliés au démarrage d’une compagnie, car des processus et précautions contraignantes doivent souvent être appliqués pour respecter les lois en place.

supermarchés nationales. Kromco emploie 250 employés permanents, et 600 employés saisonniers de plus sont embauchés lors des périodes de récolte qui nécessitent beaucoup de main-d’œuvre manuelle (visite de Kromco).

Au Canada, le domaine de la distribution alimentaire se concentre de plus en plus : le contexte économique difficile et les barrières à l’entrée importante que constituent les achats d’équipement ne permettent pas à de nouveaux joueurs de s’établir et poussent certains propriétaires à vendre leur entreprise. Plusieurs organisations couvrent pratiquement tout le territoire, notamment au Québec où les compagnies de distribution appartiennent souvent à des chaînes de supermarchés majeures telles que Métro, Loblaws et Sobey’s.

Par exemple, Colabor, une compagnie québécoise à présent établie dans tout l’est du Canada, a dû se consolider afin de rester compétitive dans ce marché de plus en plus oligopolistique. Après 50 ans d’existence, Colabor compte maintenant 1600 employés et engendre des revenus de 1,4 M$ annuellement en distribuant près de 35 000 produits. Ses clients se

des fermiers fait appel à des coopératives ou des compagnies se spécialisant dans l’entreposage, l’emballage, le transport et l’exportation afin d’écouler leur production. Ces organisations se chargent aussi de négocier les prix des denrées transigées au cours de la chaîne de valeur.

En Afrique du Sud, ces entreprises de distribution évoluent dans des micromarchés oligopolistiques où chaque région possède son propre lot de joueurs. Par exemple, la région dite d’EGVV, comprenant les municipalités d’Elgin, de Grabouw, de Vyeboom et de Villiersdrop dans la province du Cap Occidental, compte 6500 hectares où l’on pratique principalement l’horticulture des pommes, des poires et des prunes. Les producteurs de la région peuvent compter sur deux principales entreprises de distribution, soit Fruitways et Kromco. Même si Kromco peut être qualifiée d’organisation suiveuse en terme de son positionnement dans l’oligopole de Stackelberg car traitant un moins grand volume de fruits que son rival, elle en distribue tout de même chaque année près de 38 000 tonnes à des distributeurs locaux dans diverses villes du pays ou à des chaînes de

(continué de la page 71)

Visite de Kromco. - WS

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Une problématique importante en Afrique du Sud qui pose indirectement une barrière à l’entrée au secteur agroalimentaire est le fait que le pays est géographiquement éloigné des marchés développés. Cela rend les exportations de l’Afrique du Sud moins compétitives car elles impliquent un grand coût de transport. En plus, lorsque des denrées sont vendues aux pays voisins, de hauts tarifs sont exigés par les pays en voie de développement, qui pratiquent ainsi une forme de protectionnisme. Tous ces facteurs contribuent à diminuer la demande en exportations agroalimentaires de l’Afrique du Sud, et donc le potentiel de rentabilité de nouvelles entreprises dans ce domaine.

Avec 81,7 % de terres cultivées, l’Afrique du Sud a un énorme

potentiel de spécialisation en agroalimentaire. Cependant, bien que la fin de l’apartheid ait grandement contribué à pousser le pays vers le progrès, elle posa également un problème de nature purement économique dans la réorganisation de ses terres (voir pages 47 et 82). La division en petites parcelles de nombreuses terres sur lesquelles étaient pratiquées de vastes monocultures a réduit le potentiel d’effectuer des économies d’échelles, notamment pour la culture de la canne à sucre. Le sucre brut rendu plus cher est aujourd’hui moins en demande sur le marché international, et ce notamment auprès de Lantic au Canada. à grande échelle, cette perte de compétitivité pose une autre barrière à l’établissement de nouvelles entreprises dans ce secteur de l’agroalimentaire.

Nettoyage des pommes dans l’usine de Kromco. - WS

D y N A M I Q U E D U S E C T E U R

Pe rc e p t i o n d u s e c t e u r

Regroupements, syndicats et associations Comme le dit le dicton « l’union fait la force », les différentes parties prenantes de la chaîne de valeurs dans le domaine agroalimentaire se regroupent pour partager des connaissances, du terrain et du matériel afin de mieux faire face à la concurrence sur les marchés internationaux.

Quatre visites d’associations de travailleurs du secteur agroalimentaire sud-africain ont été effectuées. Les principaux objectifs et activités de ces quatre associations se retrouvent au tableau 6.

Il est important de noter qu’il existe deux catégories de produits agroalimentaires pour lesquelles des

Tableau 6 : Activités des regroupements par secteurRegroupement Secteur agro-alimentaire Activités

Winesof SouthAfrica(WOSA) Viniculture Visibilité du vin à l’étranger, réseautage, publicitéSouthAfricanSugarAssociation(SASA)

Sucre Formations,rechercheetdéveloppement,finance

AgriSouthAfrica(AgriSA) Général Consultationconcernantlarédactiondeprojetsdelois,lobbying

Kromco Fruitsfrais(surtoutlesfruitsdits«piridions»)

Emballage,distribution,vente

PiridionsLachaird’unfruitestd’habitudeforméeàpartirdel’ovairedelafleur.Lorsquecetovaireestcontenudansunréceptacleetquec’estceréceptaclequidevientlachaircomestibledufruit,alorscefruitestdit«complexe»etestnommé«piridion».Desexemplesdepiridionsincluentlapomme,labananeouencorelemelon(UniversitéPierreetMarieCurie,2005).

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76vers l’établissement de réseaux de contacts pour la mise en marché, la recherche de nouveaux marchés et la publicité dans les marchés existants.

Relève du secteur L’accès à la main-d’œuvre dans le secteur agroalimentaire est un défi auquel fait face l’industrie dans plusieurs pays. Or, les visites de l’équipe Poly-Monde dans le secteur agroalimentaire en Afrique du Sud ont mis en lumière le fait qu’il n’y avait pas de problème de quantité de main-d’œuvre dans ce pays, mais bien un problème de qualité de la main-d’œuvre. En effet, il y a un effort du gouvernement et des institutions en place pour intégrer les Noirs qui désirent travailler dans le secteur agroalimentaire. Cependant, ces gens sont souvent sous-qualifiés en raison de l’histoire de cette population et du système d’éducation peu efficace, et cela nuit à la réussite de leurs activités. Les efforts nationaux sont donc de plus en plus axés à la formation de cette relève. Selon M. Florian Bauer de l’Institute for Wine Biotechnology de l’Université de Stellenbosch, bien qu’il y ait des incitatifs en place, il est difficile d’aller chercher de la main-d’œuvre chez les populations noires pour travailler dans certains domaines de l’agroalimentaire historiquement développés par la population blanche. Cela serait entre autres dû au fait que la culture du vin n’est pas nécessairement effectuée pour sa rentabilité mais bien pour le prestige qui s’ensuit.

Au Québec, il y a également un problème de relève dans le secteur agroalimentaire étant donné que la moyenne d’âge des propriétaires d’entreprises du secteur agroalimentaire est supérieure à 50 ans (visite d’AGÉCO). Ainsi, les agriculteurs sont de plus en plus âgés et ont du mal à trouver de la relève, tout comme les employeurs du domaine de la distribution des aliments

peu ou pas d’importance à la marque du produit acheté car, tous les compétiteurs offrent donc des produits identiques.

En ce qui concerne le vin, puisqu’il s’agit d’un produit de luxe, développer une image de marque distinctive est important pour commercialiser les divers produits sur le marché. Le groupe WOSA s’efforce donc de publiciser le caractère distinctif des vins sud-africains à l’étranger. L’association Winetech s’affaire à développer des caractéristiques propres aux vins de l’Afrique du Sud par le biais de la recherche scientifique.

Le type d’efforts déployés par les différents regroupements dans le secteur agroalimentaire dépend ainsi de la catégorie de chaque produit. Les facteurs qui influencent quelles activités seront priorisées par chaque groupe sont donc reliés directement aux défis rencontrés par ceux-ci dans leurs secteurs respectifs. Les associations liées à des biens de commodité telles que la SASA et Kromco se concentrent plutôt sur la diminution des coûts de production de leurs membres et sur

l’augmentation de leur production. Les associations telles que WOSA liées à des biens autres sont quant à elles plutôt orientées

regroupements de travailleurs sont formés : les produits de commodités et les autres produits. Le tableau 7 illustre les caractéristiques propres à chacune de ces catégories en utilisant comme exemples le sucre, produit de commodité, et le vin, produit de luxe.

Les différences soulignées dans le tableau permettent de comprendre pourquoi deux organisations telles la SASA et WOSA travaillent à des activités nettement différentes. En effet, un produit de commodité comme le sucre possède la même qualité et le même goût d’une compagnie productrice à l’autre; la principale variable pouvant être modifiée est son prix de vente sur le marché. L’objectif d’une compagnie de commodités est donc d’abaisser ses coûts d’opération et de mettre en place des processus valorisant les produits secondaires découlant de ses opérations primaires. Joueur important dans la production de sucre en Afrique du Sud, Illovo met de l’avant de tels objectifs; la figure 25 décrit ses stratégies.

Ces mêmes objectifs ont été observés lors des visites d’entreprises québécoises produisant des commodités. En effet, lors de la rencontre avec M. Daniel Lafrance de la raffinerie de sucre Lantic à Montréal, il a été souligné qu’il n’était pas avantageux pour l’entreprise d’investir dans le développement d’une image de marque distincte ou d’une stratégie de différenciation du produit par rapport à leur principal concurrent redpath. Effectivement, les consommateurs de sucre accordent

Tableau 7 : Produits de commodités et produits de luxeProduits de commodités

- le sucre -Produits de luxe

- le vin -Affectéparleprixenbourse

Image du produit très importante

Différenciationparlesprix

Différenciationparlaqualité

En ce qui concerne le vin, puisqu’il s’agit d’un produit

de luxe, développer une image de marque distinctive

est important pour commercialiser les divers

produits sur le marché.

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(visite d’AgriMondo). Cependant, il est intéressant de noter que les racines du problème ne sont pas les mêmes qu’en Afrique du Sud. Au Québec, il y a un désintérêt de la population à travailler dans le secteur agroalimentaire. En Afrique du Sud, il y a de l’intérêt pour ce secteur, cependant il est difficile d’y embaucher des personnes qualifiées.

Face à cette problématique, les différents groupes et entreprises se sont orientés de façon différente. Par exemple, chez Kromco, le besoin en main-d’œuvre hautement qualifiée est moins présent. Kromco peut donc bénéficier d’un bassin de main-d’œuvre peu dispendieuse pour diminuer ses coûts de production. Cela a aussi comme avantage d’éviter à l’entreprise d’effectuer de

coûteuses mises à niveau de leurs équipements puisqu’il reste plus avantageux d’avoir recours à un plus grand nombre d’employés qu’à une technologie plus efficace pour mener à bien leurs activités. La région bénéficie également de cette stratégie, puisqu’avoir recours à de la main-d’œuvre plutôt qu’à de la machinerie automatisée permet de créer des emplois ne nécessitant pas une longue éducation. Cette réalité est bien différente au Québec, là où la main-d’œuvre est en comparaison très coûteuse. Les producteurs et les transformateurs essaient donc de mécaniser le plus possible leurs

Conférence à l’Université de Stellenbosch sur les enjeux sociaux de l’Afrique du Sud. - WS

activités. Cela a été observé à la ferme Blanchette où des robots ont été installés pour effectuer différentes tâches comme la traite des vaches. Cette innovation sert d’ailleurs également à améliorer les conditions de travail. On note de plus que dans des domaines autres que ceux évoqués précédemment, comme en consultation alimentaire chez QPRO ou en production de sucre chez Illovo, le besoin d’une main-d’œuvre qualifiée est également très important en Afrique du Sud.

Face à cette pénurie de main-d’œuvre qualifiée, certaines industries sud-africaines ont pris une approche proactive. C’est le cas des producteurs et transformateurs dans le domaine du sucre. Ceux-ci se sont regroupés pour financer le

centre de formation Shukela à la SASA. L’initiative est un grand succès puisqu’on y forme des techniciens qualifiés hautement en demande. De plus en plus d’autres d’entreprises d’autres industrie que celle du sucre y envoient même leur propre personnel y suivre des formations, ce qui génère des revenus supplémentaires pour le centre. Une approche similaire est employée au Québec où une priorisation de recrutement a été observée dans divers

Au Québec, il y a un désintérêt de la population à travailler dans

le secteur agroalimentaire. En Afrique du Sud, il y a de l’intérêt

pour ce secteur, cependant il est difficile d’y embaucher des

personnes qualifiées.

Produits dérivés

Cogénération d’électricitéSucre raffiné Sucre dérivé

Figure 25 : Extrants découlant de la production de sucre chez Illovo

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l’autre des approches. L’avantage d’être un suiveur est de ne pas avoir à débourser les frais de R et D qui peuvent être très importants. Cette approche est surtout utile aux entreprises de petite et moyenne envergure qui ne peuvent pas les débourser. D’autres entreprises ou groupes investissent davantage dans la R et D. Ces entreprises ont souvent plus de moyens ou voient un avantage compétitif à ce genre d’investissements pour justifier ces coûts supplémentaires. Par exemple, chez Dow Agrosciences, la stratégie n’est pas de vendre des produits répandus comme le font Monsanto ou Syngenta, mais de développer des produits spécialisés rapportant une marge de profits plus importante. Le groupe Dow Agrosciences a donc avantage à investir en R et D.

L’approche de l’institut SASRI (South African Sugarcan Research institute) est différente. Ce centre de recherche ne vise effectivement pas à développer des produits ou méthodes pour en retirer des brevets, puisque ses résultats de recherche sont disponibles à tous. Cette stratégie semble futile lorsque sont pris en considération les coûts de la R et D encourus; en revanche, cela a pour effet majeur d’attirer des scientifiques de renom qui pourront à leur tour faire bénéficier les

de bonifier les caractéristiques de chaque produit. WineTech effectue ainsi de la R et D pour augmenter la qualité du vin de ses clients et ainsi leur donner une meilleure renommée à l’international.

Deux approches existent pour l’innovation technologique : les suiveurs et les innovateurs. Les suiveurs sont des entreprises ou associations qui n’investissent pas dans la création de processus novateurs. ils bénéficient plutôt des investissements des autres en tentant de reproduire leurs technologies. Les différents groupes et entreprises qui ont été visités ont été classés dans le tableau 8 selon leur approche face à l’innovation technologique.

Il y a des avantages et des inconvénients à adopter l’une ou

secteurs. Par exemple, le thème de l’année 2012 de l’Association québécoise de la distribution de fruits et de légumes est axé sur l’implication de la relève afin de générer des discussions pour trouver des solutions au manque de main-d’œuvre dans le secteur.

Le manque de relève dans le secteur agroalimentaire reste donc un défi pour l’Afrique du Sud, en particulier la non-disponibilité de travailleurs qualifiés.

Innovation technologique Lors des différentes visites en Afrique du Sud, il a été possible d’observer différentes innovations dans le secteur agroalimentaire. Plusieurs raisons peuvent pousser une entreprise ou un regroupement à investir en recherche et développement (R et D). Dans le domaine des produits de commodité, la R et D sert surtout à diminuer les coûts de production ou à générer des profits en mettant en valeur des sous-produits. C’est le cas chez Illovo, où les usines de raffinage tentent de trouver des moyens de produire de l’électricité à l’aide d’un résidu de production. Dans les domaines où la différenciation des produits est importante, de la recherche est également effectuée pour tenter

Centre de formation Shukela de la SASA. - WS

Tableau 8 : Classement des entreprises et groupes rencontrés en Afrique du Sud selon leur approche face à l’innovation technologique

Suiveurs InnovateursQPRO Dow AgroscienceKromco SASRIWOSA IllovoAgriSA Institute for Wine

Biotechnology

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79producteurs de sucre sud-africains qui financent ce centre de recherche.

Le tableau 9 récapitule les différents types d’innovation et le positionnement des entreprises visitées par la mission Poly-Monde.

Re c e t t e s , a c q u i s i t i o n s , p a r t e n a r i a t s

recettes, amélioration du profit En Afrique du Sud, on observe le même phénomène qu’au Canada. En effet, auparavant, l’agriculture était très présente et représentait l’unique source de revenus dans de nombreux foyers. Aujourd’hui, on constate une forte diminution du nombre de fermes de petites tailles au profit de l’expansion des fermes commerciales. Ce phénomène se caractérise par la faible rentabilité des petites fermes qui ne permettent pas de réaliser d’économies d’échelle. Il existait 53 000 fermes en 1993 en Afrique du Sud alors qu’en 2009 il n’en reste plus que 35 000, ont expliqué les conférenciers de Dow Agrosciences (visite de Dow Agrosciences). De même, au Québec, Jean-Michel Couture du groupe d’experts d’Agéco, avait fait ressortir cette décroissance du nombre de ferme qui représente une perte d’environ 10 000 fermes sur 20 ans (visite d’AGÉCO). Cette tendance est compréhensible dans un marché

où les coûts fixes de production augmentent (équipements automatisés issus des innovations technologiques) et où la demande, de plus en plus forte, exige une production plus conséquente.

Les stratégies misent en place par les industriels sont variées et dépendent du domaine d’application de l’entreprise ainsi que de sa taille sur le marché. Par exemple, la compagnie Dow AgroSciences se concentre davantage sur la profitabilité plutôt que la domination du marché. Son but n’est donc pas d’aller chercher des parts de marché, mais de vendre les produits qui leur sont plus profitables. De plus, les activités de Dow AgroSciences étant fortement liées à l’évolution du marché agricole en Afrique du Sud, la compagnie doit se plier aux exigences et à l’évolution du marché (visite de Dow Agrosciences). Agri SA, association de fermiers en Afrique du Sud, soutient que pour être profitable il faut absolument faire des économies d’échelle et élaborer des partenariats avec des joueurs d’influence; il serait donc avantageux pour les fermiers d’investir de grandes sommes pour augmenter la production.

Cette fois-ci développée par Illovo Sugar, une autre stratégie vise l’amélioration des marges

bénéficiaires de ses produits. En effet, en ajoutant de la valeur à ses extrants, Illovo peut rehausser les marges bénéficiaires des produits transformés. Par exemple, en plus de produire du sucre brut ayant peu de valeur ajoutée, la compagnie oriente ses efforts vers des produits qui rapportent plus, comme l’éthanol par exemple. Ils ont aussi choisi de diminuer leur coûts de production en devenant autosuffisants en électricité et en internalisant leurs externalités négatives (visite d’Illovo).

Import / export L’importation et l’exportation de denrées en Afrique du Sud est un enjeu de taille, particulièrement pour l’industrie du sucre dans lequel apparaît un problème majeur. En fait, aucun pays ne veut trop d’exposition sur le marché mondial en raison de la très forte domination du Brésil sur ce marché. Pour être en mesure de vendre leur sucre, et ce à un prix concurrentiel, les gouvernements donnent des subventions généreuses aux producteurs de sucre et imposent des droits de douanes très élevés aux importateurs pour protéger le marché intérieur. Par conséquent, la majorité des pays cherchent à avoir des accords préférentiels avec leurs voisins afin de pouvoir exporter une partie de leur production et assurer des revenus. Si les autres

Tableau 9 : Types d’innovations pratiqués par les entreprises visitées

Type d’innovation

Compagnie ou

associationExemples

Technologique SASRI Développement de pesticides et adaptation de la canne à sucre

Kromco Développement de techniques pour combattre les pathogènes en horticulture

Processus SASRI Développement d’outils de prise de décision

Incrémentale Kromco Chaque mois, les employés apportent de nouvelles solutions pour optimiser les différentes étapes des processus ayant cours

Internalisation des externalités négatives

Les externalités négatives environnementales sont les retombées néfastes pour la durabilité de la planète lors d’une activité industrielle. Leur internalisation par les entreprises en cause impliquerait une hausse du prix des produits afin de couvrir les dépenses reliées à, par exemple, la prise en charge des rejets d’eau ou de déchets.

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80producteurs de sucre, ils sont très liés aux meuniers car ils ne peuvent opérer l’un sans l’autre. C’est donc à ce niveau que la SASA intervient pour la gestion administrative des accords.

Différenciation de produits et discrimination par les prix Pour offrir une large gamme de produits, il existe différentes approches. La compagnie Dow AgroSciences, qui ne possède que 8 % du marché sud-africain, s’intéresse par exemple plus particulièrement aux produits de niche pour aller chercher un portefeuille varié afin de satisfaire les demandes des clients. Ces niches sont développées grâce à la R et D de Dow AgroSciences et leur valeur dépend de ce que le produit peut apporter au client et non de son coût de fabrication. Cette stratégie a un impact important sur la structure de marché puisque ce n’est pas une tendance régulière dans l’industrie (visite de Dow Agrosciences). Illovo Sugar utilise également ce genre de stratégie. De plus, en faisant des acquisitions de concurrents, Illovo s’empare des niches déjà implantées tout en laissant la gouvernance des usines aux professionnels en place (visite d’Illovo). Ces entreprises visent une différenciation horizontale de produit car elles diversifient leurs produits; elles agissent également de façon verticale car elles s’attardent sur la qualité du produit en visant l’approche client. Les clients sont alors reconnaissants de cette assurance qualité et c’est ce qui permet à Illovo évoluer dans son marché.

Pour la gestion des prix, trois types de discrimination par les prix sont possibles. La discrimination parfaite indique que le prix est fixé en fonction de ce que l’acheteur est prêt à payer. Cette pratique se retrouve par exemple chez Illovo (visite d’Illovo). Vient ensuite la discrimination de deuxième degré

En Afrique du Sud, il n’y a pas de règlementations particulières pour les agriculteurs. Le gouvernement désire d’abord et avant tout donner l’accès à la nourriture pour tous. Les compagnies internationales n’ont donc pas de barrières de prix importantes quant à l’importation de leurs produits en Afrique du Sud (visite d’Agri SA).

Ententes et partenariats L’agroalimentaire étant un marché difficilement profitable dans certains domaines, il devient primordial de créer des ententes et partenariats. En plus des investissements important du gouvernement dans ce secteur qui est l’un des plus grands employeurs au pays, des organismes tels qu’Agri SA ont été mis en place pour s’occuper des relations entre le gouvernement et d’autres entreprises. Agri SA a par exemple formé des partenariats stratégiques avec des compagnies de télécommunication pour pouvoir rejoindre les fermes situées dans les régions reculées et proposer des coûts d’appels plus faibles (visite d’Agri SA).

Un autre partenariat important est celui qu’Agri SA détient avec le gouvernement. En développant une relation de confiance, Agri SA peut plus facilement négocier les contrats et les terres de ses producteurs car elle représente un poids considérable sur les décisions du gouvernement.

Des ententes se forment aussi entre les fermiers. Dans le cas des

pays producteurs de sucre ne créent pas ce type d’arrangements, il devient alors impossible de se mesurer aux prix brésiliens sur la scène internationale sans vendre ses produits à perte. L’Afrique du Sud n’est pas en bonne posture par rapport aux autres pays du continent. Elle possède en effet très peu d’accords de ce type contrairement au Zimbabwe et au Swaziland qui, eux, ont des ententes préférentielles avec le marché européen (visite de la SASA). De plus, l’Afrique du Sud concentre ses efforts sur son marché domestique qui est contrôlé par la SASA en termes de quantité et de prix. Ils adoptent une stratégie d’autosuffisance pour pallier leur vulnérabilité sur le marché mondial.

Un parallèle avec l’agriculture au Canada a été établi lors de la conférence chez Agri SA. Au Canada, étant donné le système de quotas établit par le gouvernement sur les produits laitiers, il est aisé pour les agriculteurs locaux d’exporter leurs produits dans le monde une fois les quotas respectés. Cependant, comme il est très coûteux pour les autres pays d’importer leurs produits au Canada, il devient très difficile de faire compétition avec les prix canadiens. Le gouvernement étant très protectionniste pour les ressources laitières, notamment au Québec, il trouve préférable d’être autonome avant d’importer des produits étrangers. Aussi, pour pouvoir être agriculteur au Canada, il est obligatoire de faire partie d’une association, ce qui n’est pas le cas en Afrique du Sud concernant les produits autres que le sucre. Ces associations permettent d’effectuer des pressions auprès du gouvernement pour avoir plus d’influence, par exemple à propos du sucre brésilien.

Les compagnies internationales n’ont donc pas de barrières de prix importantes quant à

l’importation de leurs produits en Afrique du Sud.

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81qui vise à avoir un prix qui varie en fonction de la quantité achetée et de la qualité du produit. Ceci s’applique à la plupart des produits agroalimentaires comme les fruits et légumes chez Kromco (visite de Kromco). Enfin, le troisième degré de discrimination concerne la fixation de prix en fonction de sous-groupes d’acheteurs. C’est par exemple le cas du sucre pour lequel le gouvernement a décidé d’établir d’un côté un prix pour le sucre vendu sur le marché local et de l’autre un prix plus faible pour l’exportation. Des organismes comme National Market suivent le régime tarifaire du sucre et gèrent tout ce qui concerne les ventes de sucre à l’échelle de l’Afrique du Sud. Cette division est aussi responsable de gérer l’exportation du pays. International Market, une autre division, évalue les risques du marché, composante essentielle dans la détermination du prix du sucre exporté, et l’ensemble des exportations passent par leurs installations portuaires de Durban. Ces deux organismes sont rattachés à la SASA, gestionnaire de l’industrie du sucre en Afrique du Sud (visite de la SASA).

C O N T E x T E D U S E C T E U R

Rè g l e m e n t a t i o nExigences internationales de qualité L’industrie agroalimentaire sud-africaine est soumise à des exigences de plus en plus prononcées pour la qualité de ses produits de consommation. Ces exigences proviennent des régions importatrices européennes au sein desquelles la clientèle de consommation est davantage exigeante sur la qualité des produits qui lui sont présentés en supermarché. Ces exigences en matière de qualité se traduisent, par exemple, par une amélioration de la salubrité de l’environnement

de production et par une réduction en teneur des produits chimiques (fertilisants, organismes génétiquement modifiés) dans les aliments. Par exemple, Kromco a dû investir en équipements afin de respecter certains règlements en matière de salubrité, ou encore certains de ses clients exigent parfois des produits sans utilisation de fongicide. Ces exigences peuvent aussi se traduire par une meilleure couleur et forme du fruit exporté.

L’accroissement de ces exigences a eu l’effet désiré par les pays importateurs. Les produits provenant d’Afrique du Sud sont de plus en plus sains pour le consommateur et gagnent également davantage en saveur. De plus, ces exigences de plus en plus contraignantes ont créé deux externalités positives importantes malgré la hausse des coûts

engendrée par ces mêmes mesures. La première est l’ouverture de nouveaux marchés, comme celui de la péninsule arabe, qui sont intéressés par les produits de haute qualité (visite de Kromco). De plus, un nouveau besoin qui n’existait pas il y a une vingtaine d’années a également été développé : l’audit alimentaire. En effet, la qualité est devenue un aspect très important pour les entreprises agroalimentaires puisque c’est d’une part un argument de vente majeure, et d’autre part un facteur affectant l’image de marque de la compagnie, qui dans bien des cas représente son actif le plus important.

QPRO est l’une de ces sociétés d’audit qui a vu le jour et qui a su se positionner au bon moment dans l’évolution de la société sud-africaine. L’audit alimentaire

La consultation dans le secteur de l’alimentationLes entreprises de transformation dans l’industrie agroalimentaire ajoutent une importante valeur aux produits agricoles de base. Il est donc stratégique pour le secteur agroalimentaire de tout pays d’exporter à grand prix ces denrées transformées. Or, des normes sanitaires internationales strictes et des attentes élevées de qualité des consommateurs occidentaux forcent les compagnies de transformation à acquérir des ressources technologiques et un savoir-faire couteux, ainsi qu’à se soumettre à de nombreux contrôles de qualité. Dans le but de répondre à ces exigences et de rendre plus efficaces leurs processus en place, plusieurs entreprises de transformation des aliments font aujourd’hui appel à des firmes de consultation spécialisées dans le domaine (visite de QPRO).

L’Afrique du Sud étant un pays émergent, ses ventes et exportations de produits alimentaires transformés souffrent du fait qu’une barrière sanitaire réelle ou présumée aux yeux des consommateurs existe entre les entreprises productrices et les pays d’importation. Ainsi, une firme de consultation telle que QPRO peut contribuer à rassurer les clients d’une entreprise donnée en y implantant des approches de gestion de production, de suivi des fournisseurs et d’assurance de la qualité des aliments transformés. Son personnel spécialisé en analyses microbiologiques s’affaire à certifier supermarchés, hôtels et restaurants en termes de bonnes pratiques internationales en transformation alimentaire. Un vaste marché de la consultation alimentaire s’est récemment ouvert dans les régions en développement avec l’avènement d’une nouvelle classe moyenne et d’une industrie du tourisme florissante au sein de ces sociétés. À titre d’exemple, QPRO a multiplié par 10 son nombre d’audits annuels dans les 7 dernières années en s’installant principalement dans les métropoles d’Afrique sub-saharienne et du Moyen-Orient (visite de QPRO).

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environ 1 $/heure comparativement à celui du Quebec qui est de 9,90 $/heure (Gouvernement du Québec, 2011). Le salaire minimum sud-africain dans le domaine de l’agriculture a connu une croissance de plus de 300 % entre 1993 (fin de l’apartheid) et 2007, tel que présenté à la figure 26 et au tableau 10. Cette hausse des salaires a entrainé une chute de 30 % des emplois dans le secteur. Cette perte d’emplois a été accentuée par la diminution du nombre de fermes due en majeure partie à la Réforme des terres agricoles.

Réforme des terres La Réforme des terres agricoles est une règlementation importante pour l’industrie agricole. L’application concrète d’une telle réforme est difficile à réaliser. En effet, le gouvernement s’est rendu compte qu’il ne suffit pas seulement de restituer les terres aux Noirs pour que les richesses soient

n’est pas un service utilisé partout dans les pays en voie de développement, y compris en Afrique. L’Afrique du Sud est en fait l’un des rares pays d’Afrique Subsaharienne où l’industrie de l’inspection alimentaire se développe de manière prononcée. Par exemple, QPRO a connu une forte croissance de ses audits effectués au cours des dernières années : ils ont quintuplé entre 2006 et 2010 en passant de 190 par mois à environ 1 000 par mois. Le succès de QPRO ne permet certes pas de mesurer avec précision la croissance de la demande en qualité alimentaire, mais il permet d’en déduire une certaine tendance. Ces changements dans les exigences alimentaires sud-africaines traduisent aussi un enrichissement de la société, ou du moins d’une certaine portion.

Salaire minimum La deuxième règlementation mise en place après la fin de l’apartheid fut celle de la réévaluation du salaire minimum. Le salaire minimum, bien que faible s’il est observé d’un point de vue occidental, est aujourd’hui d’environ 7,71 R/heure (Mywage, 2012), soit

Tableau 10 : Évolution du salaire agricole minimum de 1971 à 2002 (Mywage, 2012)

Année Nombre d’exploitations

Nombre total de

travailleursTravailleurs par ferme

Salaire d’un travailleur

(R)

Masse salariale d’une

ferme (R)1971 90 422 1 516 013 17 2 884 48 3451985 65 880 1 323 694 20 4 330 87 0001993 57 980 1 093 265 19 4 806 90 6252002 45 818 940 820 21 6 607 135 658

4 000

8 000

16 000

12 000

20 000

2003 2004 2005 2006 2007Figure 26 : Évolution du salaire minimum de

2003 à 2007 en Afrique du Sud (en R) (Mywage, 2012)

Salaire minimum

Salaire moyen d’un employé

Visite des bureaux de Dow Agrosciences et de vignes à Paarl. - WS

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mieux réparties. Les terres agricoles mises entre les mains de personnes non qualifiées et non compétentes finiront par perdre en production, voire à être inexploitées ou inexploitables quelques mois ou années plus tard. La grande majorité des Noirs réclamant des terres au gouvernement n’ont ni les compétences ni les ressources financières pour entretenir et assurer une productivité satisfaisante des terres agricoles obtenues. Ainsi, le nombre total de fermes en 2009 était égal au tiers de celui en 1993 (visite de Dow Agrosciences). à noter que la libéralisation des marchés a également joué dans la réduction du nombre d’unités agricoles. Les histoires à succès de la Réforme des terres agricoles ont toutes un point en commun : il s’agissait d’une coentreprise entre les agriculteurs afrikaners et les Noirs. Ces dernières bénéficiaient d’une formation auprès des agriculteurs afrikaners et d’investissements, en échange d’accorder à ces mêmes agriculteurs un certain pourcentage de propriété sur la ferme en question. Cependant

même ces succès ont leurs limites : ces accords entre les deux parties sont souvent contractuels, c’est-à-dire que les contrats sont effectifs durant une certaine période de temps. Si les Noirs décident de ne pas renouveler le contrat à long-terme avec ces agriculteurs afrikaners et d’exploiter seuls

leurs propres terres, les montants investis par les agriculteurs afrikaners n’auront pas le retour sur investissement escompté. Le gouvernement sud-africain est actuellement en train de redéfinir cette réforme et de réorienter ses priorités et son implentation.

Libéralisation des marchés La dernière réglementation de grande envergure porte sur la décision du gouvernement de libéraliser ses marchés. Cette décision a permis d’inviter les concurrents

étrangers sur le sol sud-africain dans plusieurs secteurs agricoles. Cependant, il y a encore quelques exceptions, telles que l’industrie du sucre encadrée par la South African Sugar Association (SASA). Par rapport au Québec, l’Afrique du Sud est moins protectionniste en ce qui concerne ses marchés agricoles. En effet, il n’y a pas en Afrique du Sud de système de quotas, et le soutien financier aux agriculteurs est pratiquement négligeable. L’estimation du soutien

aux producteurs agricoles sud-africain est inférieure à 5 % tandis que celle du Canada est autour de 20 % (Kirsten, Tregurtha, Gouse, & Tswai, 2000).

E nv i ro n n e m e n tL’industrie agroalimentaire sud-africaine fait face à deux principaux problèmes en matière d’environnement : l’approvisionnement en eau, et celui en électricité. Chacune des industries reliées au domaine agricole cherche à réduire son empreinte écologique. Ceci n’est pas une tâche facile, l’accès à l’eau se faisant parfois très difficilement, surtout si les plantations sont loin des cours d’eau ou loin de toute installation électrique. De plus, les règlementations concernant le respect de l’environnement sont de plus en plus exigeantes de la part du gouvernement.

Les histoires à succès de la Réforme des terres agricoles ont

toutes un point en commun : il s’agissait d’une coentreprise

entre les agriculteurs afrikaners et les Noirs.

Réforme des terresLa Réforme des terres est la restitution des terres agricoles du pays aux agriculteurs noirs qui ont vu leurs terres leur être destituées au profit des Afrikaaners avant la période de l’apartheid (voir les détails à la page 47).

Visite de l’Association sud-africaine du sucre (SASA). - WS

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84émissions de déchets. La qualité de l’air entourant les centres de productions est aussi surveillée afin de respecter les « South African Air Quality Standards ».

La vapeur d’eau générée au travers de la vaporisation de l’eau lors de la cristallisation du sucre est aussi réutilisée dans le centre de production réduisant la consommation de source d’eau extérieure. Il y a donc encore une réduction de l’empreinte écologique de la compagnie. Enfin, lors de l’étape de cristallisation du sucre, en plus de la mélasse, il existe aussi d’autres types de résidus (composés d’impuretés organiques et non-organiques) qui sont utilisés en tant que fertilisants pour les plantations de canne à sucre.

Lors de la production des différents produits issus de la bagasse, la vapeur d’eau dégagée est transférée avec les résidus de canne à sucre dans une bouilloire à haute pression (entre 30 et 60 bars) contenant un rotor. La vapeur entraine alors le rotor en rotation, ce qui produit l’électricité alimentant à nouveau le centre de production de l’usine. Ce procédé permet à Illovo de s’auto-approvisionner à environ 89 % en électricité (plus de 524 GWh générés).

Ce procédé permet aussi à la compagnie de respecter le « National Environmental Management Waste Act » promulgué par le gouvernement sud-africain afin de contrôler les

Les compagnies agricoles cherchent donc à pallier à ces problèmes de plusieurs façons, notamment en repensant les méthodes de production (réingénierie) afin de consommer moins d’eau ou en changeant les équipements électriques afin de diminuer la consommation en électricité. Certaines industries, comme celle du sucre, parviennent à pallier ces problèmes en réutilisant les déchets engendrés lors de l’exploitation de leur plantation ou de la tranformation des produits. Par exemple, la figure 27 représente le modèle de développement durable de la compagnie Illovo, première compagnie africaine de production de sucre.

Électricité pour l’usine

Effluent de l’usine

Fibre de canne (bagasse)

Traitement de l’eau

Électricité pour l’irrigation

Usine de furfural à Sezela

Chaudières de l’usine

Déchets de canne

Gâteau de filtration

Usine de sucre

Eau Molasses

Éthanol

Champs de canne à sucre

Champs récoltés

Canne à sucre

Saccharose

Figure 27 : Modèle de durabilité de la canne à sucre (Illovo, 2011).

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85I n t é g ra t i o n s o c i a l e e t rô l e

d e l a fe m m eLes compagnies agricoles ont tendances à respecter et coopérer dans l’avancement du B-BEE (voir encadré page 57). Illovo fait par exemple partie des 100 compagnies ayant le score B-BBEE le plus élevé. Également, chez Kromco, 80 % des employés effectuant du triage et de l’emballage dans leur site sont des femmes. En revanche, cet effort n’est pas toujours soutenu par les compagnies privées, principalement parce qu’elles n’ont pas de contrats gouvernementaux, sauf exceptions, et n’ont donc aucune incitation à se soumettre à une telle initiative, si ce n’est par obligation morale.

La place de la femme en agriculture est encore limitée, les emplois étant principalement occupés par des hommes puisque c’est souvent un travail physique qui est requis dans les champs. Les femmes se retrouvent ainsi dans des postes bien particuliers ne requérant que peu d’efforts physiques, par exemple dans les centres d’emballage de Kromco. Cependant avec l’utilisation de la technologie de plus en plus importante, on observe une croissance progressive de la présence des femmes en tant que productrices agricoles. L’industrie viticole sud-africaine a vu la naissance des premières femmes Noires productrices du pays : elles sont environ quatre-vingt. Ce phénomène est assez similaire à celui se déroulant au Québec.

Visite de Kromco : employées triant les pommes pour en assurer la qualité. - WS

Recommandations à la page 128

L’industrie viticole sud-africaine a vu la naissance des premières femmes noires productrices du pays : elles sont environ quatre-

vingt.

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Manufac turierchi mique

Le secteur manufacturier chimique est très complexe et complet puisqu’il met en jeu une vaste panoplie d’industries. Sa complexité lui permet de s’adapter rapidement aux changements et aux

différents contextes économiques. Durant la période des sanctions, c’est justement le secteur manufacturier chimique qui a

permis à l’Afrique du Sud d’être autonome et de rester économiquement viable.

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Manufacturier chim

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Le secteur manufacturier chimique est apparu au Québec au début du xxème siècle et a grandement évolué au cours des années grâce

aux nouvelles technologies pour répondre aux besoins toujours changeants des consommateurs. L’industrie est vaste et se divise en

plusieurs grands secteurs qui sont ensuite répartis en une quarantaine de sous-secteurs.

Manufac turierchi mique

Réservoirs à l’usine d’Air Liquide d’Alrode. - MB

(continué à la page 90)

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Extraction des matières

premières

Transformation primaire

Transformation secondaire

Cosmétique

Pharmaceutique

L’Oréal

Sanofi Aventis

Pfizer

Safripol Polyalto

DPI Plastics

Ruetgers Polymers

Plastiques

Additifs

Polymères

Sasol

Arcelor Mittal Chemicals

Air Liquide

Biogreen

Illovo Sugar

Dow Agroscience

[ Eskom ]

Dérivéedu charbon

GazProduction

d’énergie

Bioénergie

Énergies combinées

Agroalimentaire

Chaîne de valeur d’un produit chimique

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Manufacturier chim

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Consultation et rechercheDistribution

Légende

Institution en Afrique du Sud

Institution au Québec

En lien avec l’agroalimentaire

En lien avec le secteur minier

Institution non visitée[ ]

Pharma Dynamics

Polyalto

DPI Plastics

3S Pack

Arcelor Mittal Chemicals

Biogreen

institutions visitées dans

le secteur manufacturier

chimique

éthanol Greenfield

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Historiquement centré autour du secteur minier, les entreprises de transformation chimique se sont diversifiées au cours des années en Afrique du Sud. Aujourd’hui, plus de 200 000 employés travaillent dans le secteur qui se démarque comme étant le plus important en son genre sur le continent africain. Une majorité des entreprises du pays sont des entreprises locales, bien que depuis quelques années certaines multinationales soient venues s’y installer afin de bénéficier de la richesse en matières premières du pays.

Même s’il existe des différences à plusieurs égards entre les entreprises visitées par la mission Poly-Monde, toutes se basent essentiellement sur un même principe : la transformation de matières premières en un produit fini via un procédé chimique. Cette définition étant très large, elle inclut différents types d’entreprises et implique de nombreuses interactions entre les différents intervenants dans la chaîne de valeur. Alors que certains agissent à titre de fournisseurs de matières premières, d’autres agissent à titre de distributeurs ou, bien souvent, à titre de transformateurs. Ce qui distingue le secteur manufacturier chimique des autres secteurs à l’étude est l’importance du commerce interentreprises avant le client final. En effet, un faible pourcentage des produits est vendu directement aux consommateurs, il est plutôt commun que les produits et sous-produits soient destinés à d’autres entreprises et utilisés au cours de différents processus. Ce principe tend vers une symbiose industrielle, un modèle qui permet d’optimiser l’utilisation des ressources matérielles par le transfert des rebuts d’un certain

renouvelables ne soient pas mise autant de l’avant en Afrique du Sud qu’en Amérique du Nord, l’entreprise Biogreen, visitée dans la région du Cap, est une pionnière dans le domaine des biocarburants. Depuis tout juste un an, l’entreprise récupère les huiles de cuissons des restaurants environnants et la transforme en glycérol, produit utilisé comme fertilisant et comme substitut du diesel.

Fabriqués à partir de dérivés pétrochimiques, les plastiques constituent un secteur très important de l’industrie chimique. Tel qu’aperçu lors des visites chez Polyalto ou DPI Plastics, la chaîne de valeur de la fabrication du plastique comprend en général des nombreux intermédiaires, des fournisseurs de matières premières aux distributeurs, en passant par les transformateurs de premier et de deuxième niveau.

L’ensemble du secteur manufacturier chimique est en continuelle évolution grâce aux nombreux efforts de recherche et de développement autant au niveau des nouveaux procédés d’affaire que des nouveaux matériaux tels que les

nanoparticules. Une rencontre avec le professeur titulaire de la chaire de recherche 3S Pack a permis de constater les avancements technologiques possibles dans le domaine des matériaux et films plastiques. Le domaine de la construction fait aussi place à l’innovation, car, de nos jours, l’ajout de certains additifs permettant d’améliorer les propriétés des matériaux est même devenu nécessaire pour repousser les limites physiques, esthétiques et environnementales des bâtiments. Par exemple, un additif produit par l’entreprise Rütgers Polymères a été utilisé lors de la construction des tours Petronas en Malaisie.

processus en intrant d’un autre. Que ce soit à l’intérieur d’une même compagnie, ou encore vers d’autres entreprises, ce type d’échanges permet la revalorisation des sous-produits.

Afin d’obtenir un aperçu le plus complet possible du secteur, des visites industrielles diversifiées ont été effectuées dans différents domaines et dans différents types d’entreprises tant locales qu’internationales, tant grandes que petites ou moyennes. Les institutions visitées par la mission sont présentées à la page 16.

Tout d’abord, des entreprises de l’industrie pétrochimique ont été visitées. Cette dernière occupe

une grande place au Québec et ce, malgré la fermeture de quelques raffineries dans la région de Montréal. En effet, les tendances écologiques des dernières années ont permis de mettre de l’avant d’autres types de produits tels que les biocarburants. Dans le secteur, l’entreprise Éthanol Greenfield, située à Varennes, se spécialise d’ailleurs dans la fabrication de bioéthanol. Elle emploie des procédés novateurs pour optimiser chacune des parties du maïs, utilisé comme matière première. De plus, l’ajout d’éthanol à l’essence canadienne est depuis quelques années obligatoires, ce qui permet de réduire l’impact environnemental de l’utilisation automobile. Bien que les énergies

Ce principe tend vers une symbiose industrielle, un

modèle qui permet d’optimiser l’utilisation des ressources

matérielles par le transfert des rebuts d’un certain processus en

intrant d’un autre.

(continué de la page 87)

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La récession connue dans les dernières années a forcé les entreprises de tout le secteur manufacturier chimique à revoir et optimiser leurs façons de faire pour réussir à produire plus avec les mêmes ressources et ainsi rester compétitives.

L’industrie chimique est par ailleurs étroitement liée aux autres secteurs à l’étude, en particulier celui de l’agroalimentaire, puisque les aliments de bases sont souvent appelés à subir des transformations chimiques. Les producteurs de sucre visités au Québec et en Afrique du Sud en sont d’ailleurs un exemple concret tel que le démontre le cas de Illovo Sugar Limited, situé dans la province du KwaZulu-Natal. L’entreprise, en investissant en recherche et développement, tente de réduire la quantité de déchets extrants en optimisant les procédés de transformation

chimiques (voir à la page 82). C’est aussi le cas du secteur minier où des procédés chimiques sont nécessairement utilisés lors de la séparation des métaux du minerai brut par exemple, tel que vu lors de la visite chez Arcelor Mittal Coke & Chemical et Richards Bay Mineral. De plus, le sous-secteur de la pétrochimie et de l’exploitation du gaz naturel a été exploré en détail dans le cadre des visites des entreprises Sasol, Air Liquide ainsi que Safripol. Les relations d’affaires très importantes entre ces trois compagnies seront expliquées ci-après.

Finalement, le secteur pharma-ceutique a aussi été exploré à travers une visite chez Pfizer ainsi qu’une conférence d’un employé de Sanofi Aventis. Depuis déjà quelques années, l’industrie connait des changements importants suite à la tombée des

brevets et à la montée en force des médicaments génériques. Cela a entraîné, au Québec et dans le monde, une diminution de la production et, par ricochet, des vagues de mises à pied non négligeables. L’effet s’est également fait ressentir en Afrique du Sud où les producteurs et distributeurs de médicaments génériques. C’est d’ailleurs le cas de la jeune entreprise Pharma Dynamics dont le propriétaire a su profiter d’une opportunité lors de la tombé des brevets dans les domaines des médicaments génériques cardiovasculaires.

S T R U C T U R E D U S E C T E U R

La dynamique de l’industrie manufacturière chimique a beaucoup évolué au cours du xxème siècle afin de répondre aux demandes ponctuelles occasionnées par les guerres mondiales, puis à celles plus permanentes amenées par le développement du secteur secondaire. L’Afrique du Sud a toujours eu comme secteur dominant celui des mines, et ce dès le début du xxème siècle. Ainsi, la manufacture chimique consistait surtout à produire des explosifs destinés aux travaux miniers. La demande en artillerie des guerres mondiales poussa l’Afrique du Sud à travailler sur cette technologie en développant les détonateurs. Le principal marché pour l’écoulement des produits de l’industrie manufacturière chimique était le Royaume-Uni. Avec l’ère de l’industrialisation, le secteur agricole fit aussi appel aux nombreuses applications, principalement avec les fertilisants. Le phénomène de désinvestissement qu’a connu l’Afrique du Sud pendant la période des sanctions internationales a causé une

Visite de l’usine d’Air Liquide à Alrode. - MB

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nombre d’années. Cela limite donc la montée de nouvelles entreprises, et le nombre de joueurs majeurs demeure restreint sur le marché. Le secteur a donc en général une structure oligopolistique où quelques compagnies se partagent les parts de marché.

Dans le sous-secteur alimentaire de la production brassicole, en plus des investissements initiaux importants, les barrières principales sont celles liées à la culture du produit. En effet, puisqu’elle constitue un produit à faible valeur ajoutée et que sa production n’est rentable qu’à grand volume, il est difficile d’exporter ou d’importer la bière en gardant une bonne marge de profit. C’est pourquoi très peu de brasseries opèrent localement, ce qui rend la situation de concurrence quasi-monopolistique.

Le secteur pharmaceutique connaît des barrières à l’entrée également en raison des coûts d’investissements élevés. Or, ces barrières sont définies par les grandes compagnies déjà présentes sur le marché qui se lancent dans la conquête des parts de marché que de petites entreprises auraient

la rareté de l’eau dans certaines régions, tel que présenté ci-avant dans la partie sur les politiques structurelles (page 44).

M a rc h é d e s c o m m o d i t é sLe secteur manufacturier chimique est intimement lié à celui des commodités. Que ce soit au niveau des matières premières ou du produit final commercialisé, les compagnies n’ont pas une grande marge de manœuvre dans la fixation de leur prix. Ainsi, les acteurs du secteur manufacturier chimique cherchent constamment à réduire leurs coûts de production afin de compenser les aléas des prix des commodités.

B a r r i è re s à l ’ e n t ré eLe secteur manufacturier chimique requiert un montant considérable d’investissements, que ce soit au niveau financier, opérationnel ou de l’expertise. Il connaît donc d’importantes barrières à l’entrée de type technologique. En effet, les installations en tant que telles sont très coûteuses et supposent un grand capital de départ. De plus, vu le prix élevé des équipements, le retour sur investissement ne devient positif qu’après un certain

dévaluation du rand, et par conséquent une hausse des coûts d’importation. Le pays devait donc compter sur la production chimique locale. De plus, par peur de manquer de pétrole lors de l’application des sanctions, l’Afrique du Sud s’est tournée vers la fabrication de pétrole synthétique par le processus de liquéfaction du charbon. La compagnie qui réalisa ce processus est Sasol, entreprise d’état spécialisée dans l’industrie chimique. Elle est d’ailleurs aujourd’hui première mondiale dans la synthétisation de pétrole tout en ayant diversifié ses secteurs d’activité. Ainsi, malgré les sanctions économiques qui lui ont été imposées, l’Afrique du Sud a réussi à développer son secteur manufacturier chimique en mettant au point des technologies innovatrices dans le domaine (visite de Sasol).

Le secteur manufacturier chimique sud-africain s’est développé pour être aujourd’hui un secteur innovateur à l’affût des technologies. Le but est de rester compétitif sur le plan mondial tout en étant capable de répondre à des contraintes locales telles que les prix élevés de l’électricité et

Usine de Sasol. - WS

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pu chercher, et ce en produisant les mêmes médicament mais en les commercialisant à un prix plus compétitif. Ainsi, le sous-secteur pharmaceutique au Québec est régi par des alliances stratégiques entre PME et grandes multinationales afin de permettre aux entreprises locales de jouer un rôle majeur dans l’industrie en augmentant leur part de marché.

I n t e ra c t i o n ave c l e s p ô l e sL’industrie manufacturière chimique sud-africaine occupe une place importante sur le plan mondial mais surtout régional comme l’illustre le modèle de gravité. Ce statut lui permet d’entretenir des relations commerciales soutenues avec

les autres pôles, tels que l’Union européenne ou les États-Unis. De plus, ses relations avec les pôles lui confèrent un rôle majeur sur le plan régional, favorisant des ententes commerciales avec les pays avoisinants, devenant la porte d’entrée de l’Afrique pour les autres pôles importants. Ainsi, les bureaux sud-africains des compagnies chimiques sont dans la plupart des cas ceux à partir desquels les opérations de la compagnie sont gérées pour toute l’Afrique australe.

Lors des dernières années, un revirement de situation s’est fait sentir dans les relations commerciales que l’Afrique du Sud entretient avec ses principaux partenaires. En effet, ces ententes étaient surtout

concentrées autour des pays développés comme les États-Unis et l’Europe. Cependant, l’Asie et plus particulièrement la Chine, devient de plus en plus présente en tant que client, fournisseur, compétiteur ou collaborateur du secteur manufacturier chimique sud-africain. Certaines entreprises ont vu les proportions de leur clientèle s’inverser pour servir aujourd’hui l’Asie plutôt que l’Europe. Certains sous-secteurs de l’industrie manufacturière chimique tels que la production de polymères bénéficie grandement des relations entretenues avec la Chine pour l’écoulement de sa production. Cependant, d’autres sous-secteurs sont plus sujets à la compétition asiatique, tels que le secteur de l’énergie qui optimise constamment ses processus afin de contrer l’avancée asiatique dans le domaine.

D y N A M I Q U E D U S E C T E U R

Les stratégies traditionnelles des entreprises chimiques se sont adaptées aux opportunités et aux défis de la mondialisation. Différentes stratégies industrielles s’appliquent presque exclusivement au marché sud-africain, notamment une migration des produits en aval de la chaîne de valeur, ou encore une attirance vers un modèle de symbiose industrielle.

Sasol et EskomSasol est une compagnie spécialisée dans la synthétisation de pétrole à partir de charbon. Elle se classe troisième sur le continent africain en terme de chiffre d’affaires et première en Afrique du Sud. Précédemment une compagnie d’état, elle a été privatisée pour devenir aujourd’hui un des complexes chimiques leader sur le marché mondial. La compagnie est prédominante sur le marché sud-africain avec un éventail très diversifié d’activités énergétiques. Elle fait partie d’un réseau entrepreneurial qui la place en tant que fournisseur, client, compétiteur, ou collaborateur avec la majorité des entreprises manufacturières chimiques. Sasol constitue donc un dénominateur commun sur le marché manufacturier chimique et confère alors au secteur une structure en maille interconnectant toutes les entreprises. Sasol tient un rôle majeur tant dans l’industrie manufacturière que dans l’industrie primaire agraire avec les fertilisants.

Toujours dans le domaine de l’énergie, Eskom est une compagnie nationale publique de production et de distribution d’électricité en Afrique du Sud. Elle utilise plusieurs procédés de fabrication comme ceux impliquant le charbon, le nucléaire, ou encore les turbines à gaz. Sa capacité de génération d’électricité la place parmi les dix premières mondiales. Elle joue un rôle majeur dans la gestion de l’énergie sud-africaine puisque la hausse des prix de l’électricité survenue en 2007-2008 est directement reliée aux politiques structurelles exercées par Eskom.

Tout comme l’ensemble des industries sud-africaines, le secteur manufacturier chimique en a été touché. Le principal enjeu de cette industrie énergivore est de compenser la hausse des coûts de l’électricité en trouvant des solutions alternatives ou en optimisant leur processus afin de réduire leur utilisation du courant. Parmi ces solutions on trouve le recyclage de certaines énergies comme la chaleur et la vapeur, afin que la compagnie produise elle-même de l’énergie et subvienne à une partie de ses besoins.

Modèle de gravitéÉnoncé pour la première par Jan Tibergen en 1962, à l’instar du modèle de gravité physique de Newton, le modèle de gravité économique présente le commerce entre deux pays comme proportionnel à leur taille tout en étant inversement proportionnel aux coûts du commerce entre eux, pour exemple les coûts de transport (UN ESCAP, 2008).

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se démarquer. Les compagnies veulent par exemple acquérir les méthodes d’exploitation et de transformation des entreprises les plus performantes pour s’améliorer. Ainsi, l’entreprise PolyAlto, à Montréal, a acquis plusieurs technologies utilisées en Europe pour se différencier de ses compétiteurs québécois. De plus, Air Liquide a pour tradition d’acquérir d’autres entreprises pour compléter et renforcer son expertise dans le domaine des gaz. C’est dans cette optique qu’elle a acquis les compagnies Linde Gas UK (Royaume-Uni, ouverture du marché britannique), Scott Specialty Gases (États-Unis, gaz spécialisés dans le domaine de la santé) et le groupe Lugier (technique VSA, Vacuum Swing Adsorption) au cours des dernières années.

Par ailleurs, les marchés émergents représentent une opportunité pour les entreprises étudiées, mais sont aussi des facteurs de compétition pour ces dernières. Les moyens mis en place par les entreprises diffèrent selon leur capacité à conquérir ces marchés. Air Liquide connait une expansion en Asie en rachetant les parts des coentreprises qu’elle administrait avec d’autres compagnies. La compagnie devient un acteur majeur dans l’industrie des gaz dans les zones à forte croissance constituées par la Thaïlande, Singapour, le Cambodge et le Sultanat de Brunei. Pour Dow AgroSciences, l’Afrique du Sud représente une porte d’entrée pour le reste du marché africain. Ceci représente une grande opportunité de développement, car le pays est membre du BRICS et se positionne comme le 20ème marché des semences et le 8ème marché des semences OGM au niveau mondial.

Force est de constater qu’en se concentrant plus particulièrement sur le marché africain, certaines compagnies sud-africaines ne désirent pas se tourner vers le

M o n d i a l i s a t i o nDans le but d’augmenter leurs parts de marchés, les entreprises du secteur se positionnent généralement vers une certaine ouverture de leurs activités à l’international. Pour les multinationales, il s’agit de saisir les opportunités que représentent les pays émergents. En effet, les pays du BRICS constituent un immense bassin de population en forte expansion avec près de trois milliards d’habitants.

Une caractéristique des entreprises visitées est la capacité d’adaptation qu’elles possèdent pour rejoindre ces nouveaux marchés que sont les pays du BRICS ou leurs zones géographiques respectives. En effet, éthanol Greenfield au Québec montre une volonté de changement de sa technologie pour rejoindre de nouvelles plateformes commerciales. La technologie utilisée pour le marché québécois fait appel au maïs pour obtenir de l’éthanol, provoquant ainsi la saturation du marché local en biocarburant. D’autres marchés à la portée d’éthanol Greenfield nécessitent donc un changement de procédé notamment par la production d’éthanol cellulosique, ou en s’orientant vers le chanvre pour diminuer ses coûts de production et augmenter sa productivité.

Une autre caractéristique des stratégies employées par les compagnies correspond à la différenciation maximale pour

C o n c e n t ra t i o n d e s m a rc h é s

L’industrie manufacturière chimique requiert traditionnellement des investissements initiaux importants. Des montants considérables sont injectés dans la recherche et le développement (R et D) de produits et des usines sont construites pour satisfaire les projections de marché. Air Liquide va même jusqu’à construire une usine spécifiquement pour un client principal et trouvera par la suite des clients secondaires. L’entreprise sécurise ainsi son bassin de clients. Cependant, les retours sur investissements étant lents, ce type de contrat ne saurait être complètement viable pour la compagnie et ne représente donc que 40% des types de contrats signés. Air Liquide se sert donc de ses usines pour trouver de nouveaux clients à qui vendre des gaz autour des partenariats préalablement réalisés.

L’industrie chimique apparait comme un secteur où la taille et les parts du marché sont essentielles. Dans l’industrie pharmaceutique, la recherche est dictée par le potentiel que la taille d’un marché présente. Par exemple, une compagnie pharmaceutique comme Pfizer concentrera ses efforts de r et D sur les maladies du cœur et les problèmes reliés au cancer plutôt qu’en pédiatrie, étant donné la taille du marché. Ces réalités de l’industrie font en sorte que de moins en moins d’entreprises compétitionnent sur un même marché. Une des stratégies employée pour permettre une collaboration de ces entreprises est la création de coentreprises favorisant le partage de technologies pour permettre la mise en marché d’un produit.

Air Liquide va même jusqu’à construire une usine

spécifiquement pour un client principal et trouvera par la

suite des clients secondaires.

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marché mondial, mais plutôt régional, principalement en raison des coûts de transport élevés par rapport à la faible valeur ajoutée des produits en plastique. De plus, DPI Plastics considère la régionalisation comme la solution à un marché considéré comme stagnant. La compétition ne peut être effectuée avec l’Amérique du Nord ou l’Europe et encore moins avec l’Asie; les opportunités de marché se situent donc dans le reste de l’Afrique. De cette manière, la compagnie prévoit augmenter les quantités de produits vendus dans les pays tels que la République Démocratique du Congo ou la Zambie. Safripol se trouve également dans un marché aux perspectives de changement plutôt restreintes (2 à 3 % pour le polyéthylène haute-densité ou PEHD; 5 % pour le polypropylène ou PP). L’implantation sud-africaine pour la compagnie étant un succès (en contrôlant 50 % du marché du PP et en ayant le monopole sur le HDPE), Safripol est en position de choix pour s’attaquer à des marchés tels que le Zimbabwe, le Nigéria ou le Moyen-Orient. De 10 % à 15 % de leur production sont dédiés à l’exportation.

Logistique (transport)En raison de la concentration des marchés et des distances en jeu, le transport est un coût important du produit fini de l’entreprise dans le domaine chimique. Ainsi, Rütgers Polymères, au Québec, s’est doté d’une flotte de camions spécialement équipés pour le transport de leurs produits en plus des installations pour assurer un transport par chemin de fer aux États-Unis. Ils privilégient la voie ferroviaire étant donné qu’il s’agit du moyen de transport le plus abordable pour des moyennes et des grandes distances. De plus, le choix de l’emplacement géographique s’est fait avec comme objectif de minimiser les distances entre les fournisseurs principaux et la matière première. Cette proximité leur permet de conserver seulement 3 jours de production en stock, et donc d’économiser des coûts importants d’entreposage. En étant proche du port de Montréal, le transport maritime devient une option pour le marché international.

Parallèlement, la situation de la compagnie sud-africaine Safripol montre l’importance de l’aspect géographique et du transport sur les parts de marché de l’industrie. Safripol fabrique des produits en plastique à faible valeur ajoutée. Ceci étant dit, la délocalisation pourrait être une stratégie intéressante afin de faire diminuer les coûts, d’obtenir une nouvelle technologie ou de gagner des parts de marché. Safripol demeure pourtant très compétitive étant donné sa situation géographique optimale, ce qui réduit considérablement les coûts d’opération de la compagnie. à l’opposé, les compétiteurs, de par leur éloignement géographique, rajoutent une étape supplémentaire de transport dans leurs processus globaux. Le retrait de l’Afrique du Sud par rapport aux voies commerciales principales empêche les compétiteurs technologiquement plus performants de s’y établir. Ceci permet à Safripol de ne pas investir des montants trop importants en r et D. Enfin, l’entreprise possèdant déjà un grand nombre de clients répartis dans divers secteurs tels que l’automobile et l’emballage, la délocalisation n’est pas une stratégie à adopter pour l’instant pour Safripol qui essaie déjà de satisfaire le marché local.

Visite au Port de Montréal. - MB

Enfin, Dow AgroSciences, grâce à son réseau de distribution, se démarque de ses nombreux compétiteurs (13) sur le marché des produits de chimie agricole. Ils sont destinés aux exploitations agricoles, donc en zones rurales éloignées, d’où la nécessité de rejoindre efficacement les clients. L’effort de communication est essentiel, notamment à travers les agents commerciaux et les distributeurs pour expliquer les avantages des produits de la compagnie.

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opté par l’incorporation au sein d’un important acteur du monde pharmaceutique.

Pour les compagnies n’oeuvrant pas dans le domaine pharmaceutique, la stratégie de partenariats avec les universités est employée depuis plusieurs années déjà. Rütgers Polymères s’associe depuis plus de vingt ans avec l’Université de Sherbrooke, tout comme Éthanol Greenfield, leurs partenariats visant à développer respectivement de nouveaux polymères et de nouveaux carburants verts.

La situation est similaire pour Dow AgroSciences qui participe activement à de nombreux projets de recherche. Par exemple, la compagnie finance des centres de recherche dans certaines universités américaines en plus de participer au programme de recherche du CNRRI (China National Rice research institute) afin d’améliorer la disponibilité et le transfert de propriété intellectuelle vers de nouvelles technologies. Il est à noter que Dow n’est pas présente dans les pays où un besoin essentiel en agriculture se fait ressentir, mais dans les pays où se trouvent des chercheurs et des centres de recherche. Ainsi, sa présence sur le continent africain se résume à

les enjeux grandissants de la découverte de nouvelles molécules, il est de plus en plus important pour l’industrie pharmaceutique de considérer la protection de la propriété intellectuelle. Des chaires de recherches sont donc créées dans les universités afin d’améliorer le rendement du pipeline pharmaceutique des grandes compagnies et pour diminuer les risques associés à la non-découverte de nouvelles molécules.

Du côté des médicaments génériques, la compagnie sud-africaine Pharma Dynamics a été acquise à 60 % par la transnationale indienne Lupin Laboratories en 2008. Cette acquisition a permis à Pharma Dynamics d’obtenir l’expertise nécessaire pour s’ouvrir sur le marché international. Trois raisons ont permis de justifier ce changement de propriétaire, notamment les coûts de recherche plus faibles en Inde qu’en Afrique du Sud, l’existence confirmée de connaissances et d’aptitudes techniques de bases de la part des employés de Lupin Laboratories, et finalement le portfolio de brevets possédé par le groupe indien dans lequel la compagnie investit 50 % de son chiffre d’affaires annuellement. Ainsi, pour pallier ses lacunes en R et D, Pharma Dynamics a plutôt

Pour le sous-secteur pharmaceutique, l’ouverture des marchés dans les pays émergents provoque, malgré un bassin de population sans pareil, de nombreux problèmes notamment au sujet de la propriété intellectuelle des médicaments et de la compétition ainsi engendrée avec les médicaments génériques.

I n n ova t i o n e t R e t DL’innovation peut représenter une part importante des dépenses des compagnies manufacturières chimiques chaque année. Des compagnies peu diversifiées dans le domaine des commodités n’auront que 1 % de dépenses en R et D, alors que certaines pharmaceutiques pourront atteindre 25 % (Challenger, 2008). Dernièrement, une diminution des effectifs est observée dans les départements internes de R et D alors que les partenariats universitaires cumulés à une sous-traitance sont de plus en plus courants dans le secteur. On parle alors de décentralisation de la R et D.

L’industrie pharmaceutique est une des industries manufacturières chimiques les plus touchées par ce genre de changements. Dans les dernières années, Pfizer et Sanofi ont réduit considérablement la part de la R et D faite à l’interne. En 2013, il ne restera plus de département de r et D à l’usine de Pfizer à Montreal. Le risque associé au contexte difficile de la mise en marché d’un nouveau médicament et la protection de la propriété intellectuelle est une des causes de ce changement. Les coûts de développement de nouvelles molécules ont augmenté de 80 % entre 1998 et 2008. De plus, le temps nécessaire pour développer la molécule en un produit final a augmenté de 30 %. En constatant

Traitement d’un tube en plastique chez DPI Plastics. - CD

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ses bureaux en Afrique du Sud. La compagnie investit entre 10 % et 12 % de son chiffre d’affaires en recherche et de développement, au coeur de sa croissance stratégique.

La recherche et le développement peut être légèrement différent pour des multinationales comme Air Liquide ou Sasol. Air Liquide investit chaque année entre 200 et 300 M€ (260 à 390 M$) pour trouver de nouvelles méthodes de production de leurs gaz à travers huit centres de recherche. De plus, l’entreprise a développé une relation privilégiée avec le géant chimique du pays, Sasol. Air Liquide implante ses usines de production d’oxygène sur les sites de Sasol en s’adaptant aux besoins spécifiques et en en donnant le contrôle à Sasol. Ce modèle se retrouve chez d’autres multinationales telles que Coca-Cola ou Heineken pour la fourniture de gaz carbonique, mais sans laisser le contrôle cette fois-ci. Pour Sasol, la force de la compagnie réside dans son développement technique avec 490 familles de brevets en juin 2011. Au cours du même exercice financier, Sasol a investit 1,1 GR (138,9 M$) dans le département de R et D qui est composé de 600 personnes.

I m a g e d e m a rq u eLe secteur manufacturier chimique est une industrie qui comporte traditionnellement de fortes barrières à l’entrée. Les investissements initiaux sont importants que ce soit pour développer un produit ou pour bâtir les infrastructures nécessaires. Une fois établie, l’entreprise capitalise sur son image de marque pour sécuriser sa clientèle et son marché. Ainsi, ces entreprises sont en mesure d’assurer un avantage comparatif face à leurs compétiteurs. Cet aspect est vrai tant dans le domaine pharmaceutique (Pfizer ou Sanofi) que dans le domaine des produits de beauté (L’Oréal) où la relation

avec le client est établie de manière directe entre l’entreprise et le consommateur par le biais du produit. De plus, l’image de marque permet de créer des alliances stratégiques avec des entreprises compétitrices.

Dans l’industrie des cosmétiques, L’Oréal a comme objectif d’augmenter ses parts de marché. En revanche, les produits offerts par deux producteurs étant très peu différenciés, en conservant le nom des marques rachetées (comme Garnier par exemple), L’Oréal s’assure de conserver les clients déjà fidélisés tout en améliorant les produits et en minimisant les coûts de production.

En Afrique du Sud, le rôle d’assurance-qualité auprès des clients est influencé par l’image des marque des compagnies. Par exemple, Dow AgroSciences se différencie de ses compétiteurs génériques grâce à la sortie de nouveaux produits issus de leur R et D. Les clients (les agriculteurs) ont alors le choix de se tourner vers des produits moins chers ou de payer un montant additionnel pour accéder à la qualité et à l’efficacité reconnue des produits de la compagnie. Elle veut se différencier des produits génériques et de ceux des compétiteurs en mettant l’accent sur l’image de la marque. De la même manière, DPI Plastics s’appuie sur sa réputation pour sécuriser les 35 % de parts de marché de la tuyauterie en PVC. L’entreprise lie ce positionnement privilégié à une stratégie axée sur un modèle européen valorisant la qualité et à une implantation précoce en Afrique du Sud.

Pe u d e d i f fé re n c i a t i o n d e p ro d u i t

Malgré cette volonté de se placer dans des niches très lucratives, l’industrie manufacturière chimique est aussi caractérisée

Stratégie de production des pseudo-génériques

Au cours des dernières années, une multitude de médicaments phares des compagnies pharmaceutiques sont tombés dans le domaine public avec l’expiration de leurs brevets. Un des exemples probants est la molécule du Lipitor, un des médicaments les plus lucratifs de l’histoire pharmaceutique, utilisé pour traiter le haut taux de cholestérol. Elle a été découverte et développée par le laboratoire Warner-Lambert, mais a été commercialisée par Pfizer, cette dernière possédant des infrastructures de distribution et une image de marque dominante dans le domaine des maladies du coeur.

Certaines compagnies traditionnelles se lancent dans le domaine des médicaments génériques. Une fois le brevet échu, la barrière liée à la R et D n’existe plus. Ces compagnies proposent alors à leurs clients la version générique des produits qu’elles ont distribués pendant plusieurs années. Avec ces pseudo-génériques, ces compagnies pharmaceutiques espèrent sécuriser le marché de la molécule en question en jouant sur la crédibilité et l’image de marque du médicament initial. Sanofi a procédé depuis le début des années 2000 au rachat de compagnies génériques fortement implantées sur des marchés régionaux, notamment Zentiva (Europe de l’Est), Medley (Brésil) et Kendrick (Mexique), pour permettre la mise en marché de ses médicaments pseudo-génériques.

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d’implantation selon lequel 40 % de ses activités sont consacrées à la construction d’usines à proximité de leurs plus importants clients. Une visite sur le site Sasol de Secunda en Afrique du Sud a permis d’observer le positionnement stratégique d’Air Liquide à même le complexe de Sasol. Tel qu’expliqué précédemment, Air Liquide profite de ce positionnement pour ensuite chercher d’autres

clients potentiels autour de leur principal partenaire. Dans le cas d’Arcelor Mittal, la compagnie a mis sur pied une division de recyclage de ses procédés dans le but de produire du coke (charbon) et des produits chimiques. Non seulement les produits finaux de cette division sont réutilisés dans les procédés d’Arcelor Mittal à la production d’acier, mais la division contribue aussi aux processus de production des autres entreprises en revendant une partie de ces sous-produits.

C o l l a b o ra t i o n , e n t e n t e t a c i t e e t s y m b i o s e

i n d u s t r i e l l eLa situation historique sud-africaine est particulière et a évidemment modelé le paysage industriel du pays. Les technologies de production de carburant grâce à la transformation de charbon développées durant la période des sanctions ont été mises en oeuvre par la compagnie Sasol, initialement compagnie d’État. C’est donc à partir de Sasol que s’est développé l’écosystème économique et industriel de la nation sud-africaine.

Cette composante est toujours existante et l’héritage industriel de Sasol est indéniable. D’immenses complexes ont été construits autour de ses deux usines, notamment la ville de Sasolburg, principalement dédiée à l’industrie. Ce phénomène est un exemple de symbiose industrielle entre les différentes compagnies se positionnant à différents endroits sur la chaîne de valeur. Pour illustrer cette image, il est intéressant d’aborder les cas d’Air Liquide et d’Arcelor Mittal. Air Liquide a adopté un modèle

de manière plus traditionnelle comme une industrie où il existe peu de différenciation de produit. En effet, les produits issus des usines chimiques sont généralement des produits de base pour de nombreuses autres industries, celles-ci ayant implémenté des procédés requérant des produits répondant à certains standards. L’industrie chimique est une industrie où la compétition s’effectue non pas par les prix mais par les quantités. Les acheteurs de produits chimiques sont donc intéressés par des produits standardisés (par exemple du polypropylène pour Safripol ou de l’oxygène pour Air Liquide).

Auprès des transformateurs, notamment avec l’illustration de DPI Plastics, les tuyaux en PVC ou en PEHD sont des produits de technologies primaires, s’ancrant aussi dans un marché où la compétition s’effectue par les quantités. La compagnie n’investit pas en r et D car elle se doit d’offrir des produits de base en quantité massive à ses clients et ne voit donc aucun intérêt à effectuer une certaine différenciation de ses produits.

Visite d’Acier AGF, au Québec. - MB

La situation historique sud-africaine est particulière […] et

l’héritage industriel de Sasol est indéniable.

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De plus, en abordant ces notions de collaboration et de symbiose industrielle, il est possible de parler d’entente tacite entre les différentes compagnies. Safripol et Sasol se répartissent la production de certains plastiques : le PEHD est exclusivement produit par Safripol tandis que le PEBD (polyéthylène basse densité) par Sasol. Ces deux composants sont des matières premières pour la plupart des procédés industriels, et cette situation mène actuellement à une certaine fixation des prix de la part de ces deux joueurs.

Le modèle d’affaire de Dow AgroSciences est intéressant à observer au même niveau que les collaborations entre les différents acteurs de l’industrie chimique. La compagnie se concentre davantage sur la profitabilité plutôt que la domination du marché. Son but n’est donc pas d’aller chercher des parts de marché, mais de vendre les produits qui sont les plus profitables. Dow AgroSciences ne possède ainsi que 8 % du marché sud-africain. De plus, ses prix de

vente ne sont pas basés sur les coûts, mais sur la valeur que le produit apporte à leurs clients. L’entreprise investira donc davantage dans un marché qui représente une valeur ajoutée élevée. Cette stratégie a un impact important sur la structure de marché puisqu’elle amène Dow AgroSciences à travailler avec ses concurrents à travers des partenariats de recherche avec Monsanto ou de distribution en Asie avec Syngenta. Ces partenariats sont aussi la conséquence du fait qu’aucune compagnie du secteur de la chimie agricole ne possède un portfolio complet de produits, les compagnies ayant tendance à diminuer leur quantité de produits pour rationaliser leurs activités en se concentrant sur la productivité.

C o g é n é ra t i o n e t ré u t i l i s a t i o n d e s ré s i d u s

Avec l’augmentation du prix de l’électricité, les compagnies manufacturières chimiques manifestent un intérêt grandissant sur la cogénération d’énergie. En effet, l’industrie subit des

augmentations annuelles d’environ 25 % du prix de l’électricité (voir à la page 49). Ce changement représente un grand bouleversement dans une industrie traditionnellement très

énergivore et qui bénéficiait de tarifs sur l’électricité parmi les plus bas au monde. Par exemple, pour Air Liquide, l’électricité représente 40 % des dépenses de l’entreprise. De plus, des problèmes de coupures électriques poussent les entreprises à revoir leurs stratégies. L’objectif de ces entreprises devient donc de subvenir elles-mêmes à une partie de leur consommation en récupérant l’énergie qui est libérée lors du processus de production. Par exemple, la compagnie pétrochimique Sasol investit présentement 1,8 GR (0,22 G$) dans la construction d’une centrale électrique au gaz naturel dans la ville de Sasolburg. Celle-ci répondra aux besoins énergétiques de la compagnie. Dans le cas de l’entreprise Biogreen, les processus de séparation de l’huile et de l’eau seront alimentés dans les prochains mois par un système de panneaux solaires. Cette solution permettra de réduire la consommation d’énergie en plus de réaliser des économies substantielles sur le

Positionnement le plus loin possible sur la chaîne de valeurUne visite du ministère des Sciences et des Technologies d’Afrique du Sud a permit d’identifier le secteur manufacturier chimique comme une industrie en mutation à l’heure actuelle. Certes, l’Afrique du Sud possède les ressources minières et minérales parmi les plus importantes au monde. Néanmoins, les industries du pays tentent progressivement d’ajouter de la valeur sur ces matières premières pour ensuite pouvoir les exporter à prix fort à l’étranger. Cet état d’esprit peut être résumé par la phrase : « stop digging and shipping it out: start building on comparative advantage, the available mineral resources (arrêtons d’extraire pour exporter : commençons à bâtir des avantages comparatifs sur les ressources minérales disponibles) » énoncée lors de la présentation du ministère des Sciences et des Technologies.

L’industrie fluorochimique (à base de fluor) est un exemple probant de ce nouveau positionnement stratégique au niveau mondial. En effet, le pays possède les plus grandes réserves de fluorure de calcium avec plus de 40 millions de tonnes dans ses sols, soit plus de cent années d’approvisionnement selon la demande mondiale actuelle. Le fluorure de calcium est un produit de peu de valeur vendu à un prix inférieur à 0,20 $ US/kg. Néanmoins, après transformations chimiques, ce produit de base prend énormément de valeur sur le marché international en étant transformé en différents sous-produits (voir tableau 11).

Tableau 11 : Prix des produits dérivés du fluor (Mashimbye, 2012).

Dérivé du fluorPrix sur le marché mondial

Fluorure de calcium

< 0,20 $ US

Fluorure d’hydrogène

2 $ US

Fluorure > 10 $ USProduits

fluorochimiques> 30 $ US

NF3 > 40 $ USWF6 > 100 $ USXeF2 > 2000 $ US

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0division a identifié un potentiel commercial pour le goudron. Il s’agit alors du premier sous-produit commercialisé. à ce jour, la division de la minière valorise plusieurs des extrants de la production de coke, dont, entre autres, le sulfate d’ammonium et le sulfure. L’entreprise Sasol revend elle aussi ses produits intermédiaires à travers ses différentes filiales liées à la liquéfaction du charbon. Ces procédés viennent donc réduire grandement le nombre de déchets et forment une symbiose industrielle.

C O N T E x T E D U S E C T E U R

Le contexte du secteur manufacturier chimique est très complexe autant en Afrique du Sud qu’au Canada et cinq aspects sont davantage ressortis des entretiens avec les différents intervenants : l’environnement, l’énergie, la sécurité, la pénurie de travailleurs spécialisés et le cadre réglementaire. Les procédés chimiques industriels présentent plusieurs implications notamment au niveau de la sécurité et de l’environnement. Aussi, de nombreuses réglementations et normes dictent les bonnes pratiques de l’industrie chimique sud-africaine et mondiale.

Va l o r i s a t i o n d e s s o u s -p ro d u i t s

Les entreprises manufacturières chimiques sud-africaines ont démontré leur intérêt grandissant dans la valorisation des sous-produits. En effet, des efforts de recherche et développement sont investis dans le but de développer des moyens de transformer les extrants des processus de fabrication de leurs produit principal afin de l’utiliser comme l’intrant du processus de fabrication d’un autre produit. Ainsi, le sous-produit n’est plus vendu à son stade brut, et l’entreprise est en mesure d’en tirer le maximum de profit lors de la vente de celui-ci. Cet aspect oblige les entreprises à se munir d’une main d’œuvre nouvelle, puisque ces nouveaux processus complexifient la fabrication du produit principal. La compagnie Illovo est une des compagnies qui s’est développé dans ce sens. En plus de produire du sucre, elle est en mesure de vendre de nombreux produits complémentaires. En effet, la presque totalité de la canne à sucre est exploitée dans le processus et une dizaine de sous-produits sont vendus à la fin du processus. Chez Arcelor Mittal Coke et Chemicals, l’objectif premier est de produire le coke nécessaire à l’extraction minière de la société. En 1996, la

long terme. Pour la compagnie Illovo, productrice de sucre, l’objectif est le même, mais le processus de cogénération différent, tel qu’expliqué à la page 84. Ce procédé fournit à Illovo 89 % de ses besoins en électricité. Dans le même ordre d’idée, les entreprises manufacturières utilisent les déchets et les surplus de production pour maximiser les profits. Pour SAB Miller, la production excédentaire de CO2 résultant de la fermentation de la bière est récupérée puis revendue aux embouteilleurs de Coca-Cola. Cette symbiose industrielle permet à SAB de revendre ses déchets et d’assurer un revenu supplémentaire tout en réduisant son empreinte écologique. C’est d’ailleurs sur ce principe que se base le modèle d’affaires de Biogreen. En effet, la matière première de l’entreprise est l’huile usée de restaurants de la région du Cap. À la fin du processus de séparation et de lavage, le biodiesel obtenu est assez performant pour être utilisé dans des véhicules automobiles. En plus de son produit principal, Biogreen est en mesure de produire des produits dérivés comme le glycérol et de réutiliser les déchets du processus, en l’occurrence l’eau et le glycérol évacué, sous la forme d’un fertilisant.

Visite de DPI Plastics, en Afrique du Sud. - MB

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E nv i ro n n e m e n tL’environnement et la responsabilité sociale des entreprises sont de plus en plus mis en valeur par les entreprises et cela est d’autant plus vrai dans le secteur manufacturier chimique à cause de la nature des produits utilisés et vendus.

Toutes les entreprises visitées mettaient l’accent sur l’environnement, notamment par la réduction de leur utilisation d’eau, la réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre, la valorisation des déchets ou la réduction de leur consommation d’énergie.

Un des exemples les plus intéressants est celui du producteur de bioéthanol : éthanol Greenfield au Québec. à l’inverse de la majorité des distilleries ayant un bilan négatif en termes d’émissions de gaz à effet de serre, la distillerie de Varennes produit de l’éthanol de telle sorte que chaque litre amène une réduction de 2 kg de CO2 par rapport à l’essence traditionnelle. L’usine de Varennes est très moderne et ses installations ont été conçues dans une optique de développement durable. Cette dernière achète ainsi un peu plus de 350 000 tonnes de grains annuellement, mais s’assure que ces grains proviennent de cultures durables à long terme. De plus, ses fournisseurs sont dans un rayon de 70 km et son client principal se trouve à seulement 24 km. Outre ces résultats encourageants, éthanol Greenfield veut éliminer complètement l’utilisation de carburants fossiles dans son usine dans les prochaines années. Finalement, avec Air liquide, Éthanol Greenfield a développé un projet de symbiose industrielle pour la valorisation du CO2 en glace sèche via un transport direct des rejets de CO2.

Cette situation n’est pas seulement présente au Québec. En effet, le même type de symbiose industrielle existe entre Air Liquide et Sasol en Afrique du Sud. Sasol a aussi à cœur la réduction de ses émissions de CO2 et de sa consommation d’eau. L’Afrique du Sud faisant partie de l’accord de Kyoto, les entreprises se doivent de respecter les lois pour la protection de l’environnement. En ce sens, Sasol diminue ses émissions de gaz à effets de serre avec des processus plus efficaces tout en en captant les agents polluants. De 2005 à 2020, Sasol compte avoir réduit ses émissions de 15 % grâce à un système de détection des gaz. L’usine compte aussi un système de traitement et de récupération de l’eau. De plus, un fait intéressant est que Safripol utilise le système de traitement d’eau de Sasol pour faire traiter ses eaux usées. En plus de participer à différents types de symbiose industrielle, Air Liquide a aussi mis sur pied une fondation encourageant les initiatives visant la protection de l’environnement, le développement local et la recherche en santé. Un autre exemple est celui de DPI Plastics qui réduit son impact sur l’environnement en remplaçant le plomb par un alliage

de zinc comme stabilisateur dans ses polymères. Il y a donc un réel désir de la part des compagnies de l’industrie manufacturière chimique autant au Québec qu’en Afrique du Sud de réduire leur empreinte écologique.

Une des particularités de l’Afrique du Sud est qu’il n’y a pas vraiment de modèle établi dans certaines régions. Il y est donc possible de tout recommencer du départ avec un modèle plus écologique et viable à long terme. C’est justement ce modèle cyclique de récupération qui motive la compagnie Biogreen dans sa transformation des huiles de restaurants en carburant. Idéalement, tous les déchets devraient être récupérés pour être transformés et il ne devrait pas y avoir de pertes dans le système, de façon à internaliser les externalités négatives. Ainsi, les restaurateurs devraient payer Biogreen pour que l’entreprise vienne chercher leur huile. Cependant, Biogreen se heurte souvent à des groupes réfractaires au changement. Dans certains bidonvilles par exemple, les habitants refusent l’installation de panneaux solaires, car ils veulent de l’électricité d’Eskom « comme les gens de la ville » (visite de Biogreen).

Visite d’ArcelorMittal Chemicals, en Afrique du Sud. - Poly-Monde

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base pour l’éducation des adultes) ») offert par plusieurs entreprises dont Air Liquide qui a pour but de permettre aux employés d’acquérir des connaissances de base dont la lecture et l’écriture. Air Liquide offre aussi un programme de formation dans le domaine chimique qui permet de former les travailleurs qui n’ont pas de formation précise dans le secteur de l’industrie chimique. L’exemple d’Air Liquide pour la formation de leurs employés est un modèle intéressant. En effet, la compagnie met l’accent sur le développement des compétences en formant elle-même ses employés. Pour sa part, Safripol a mis en place une structure organisationnelle aplatie qui semble attirer davantage des personnes plus jeunes. De plus, la compagnie prépare et planifie la retraite de ses employés plus de 5 ans à l’avance. DPi Plastics souffre aussi de la pénurie de travailleurs qualifiés. L’entreprise emploie des Noirs, mais manque de personnel qualifié dans la région. Elle doit donc embaucher des immigrants venant des pays limitrophes (voir encadré à la page 56).

Le problème de la main d’œuvre qualifiée est donc très étendu et a beaucoup de répercussions sur le secteur manufacturier chimique. Des programmes de formation conjoints

Pé n u r i e d e t rava i l l e u r s s p é c i a l i s é s

Un autre enjeu important de l’Afrique du Sud dans le secteur manufacturier chimique, à l’instar des secteurs miniers et agricoles, est la formation de travailleurs spécialisés. En effet, chaque entreprise visitée dans le secteur manufacturier chimique a confirmé qu’il était difficile de trouver et d’embaucher de la main d’œuvre qualifiée en Afrique du Sud. Par exemple, la compagnie Arcelor Mitall a beaucoup de difficultés à trouver des employés qui possèdent des connaissances techniques. Un fait intéressant est que l’Université de Witwatersrand a plus que doublé son nombre d’étudiants dans les 10 dernières années. Cependant, même s’il y a environ 2000 ingénieurs qui obtiennent leur diplôme chaque année, le pays en aurait besoin de 50 000. De plus, de ces 2 000 ingénieurs diplômés, plusieurs vont travailler dans d’autres pays comme l’Australie et le Canada. Les entreprises du secteur manufacturier chimique doivent donc redoubler d’efforts pour mettre sur pied des programmes pour attirer ou former de la main d’œuvre spécialisée. Un des exemples est le programme ABET (« Adult Basic Education Training (Formation de

Un autre enjeu important pour les entreprises du secteur manufacturier chimique est la récupération de la chaleur nécessaire pour les différents procédés. Plusieurs entreprises mettent donc de l’avant des programmes pour récupérer cette énergie très coûteuse, surtout pour les processus endothermiques. Cette récupération de chaleur est d’autant plus importante en Afrique du Sud puisque le prix du mégawatt est passé de 37 $ US à 100 $ US (37,4 $ à 101 $) dans les dernières années, tel que mentionné précédemment. Les processus d’Illovo expliqués en termes de valorisation des sous-produits à la page 100 s’inscrivent également dans cette lignée.

En plus de l’augmentation importante des coûts de l’électricité, les entreprises du secteur manufacturier chimique de l’Afrique du Sud prédisent aussi une pénurie d’eau qui aurait un impact sur son prix et sa disponibilité.

Ainsi, même s’il y a un effort marqué pour être plus écologique, certaines compagnies sont davantage motivées par la réduction des coûts engendrés par les améliorations environnementales et par les produits consommés par leurs clients. En effet, la majorité des consommateurs ne sont pas prêts à payer davantage pour un produit plus écologique, à l’image des plastiques entièrement recyclés. Les entreprises sont donc prêtes à investir pour vendre un produit plus écologique, mais le comportement des consommateurs doit lui aussi changer et refléter ce virage écologique, sinon les entreprises ne pourront plus être compétitives avec les nouvelles puissances mondiales comme l’Asie.

Chaudière alimentée par les déchets des opérations de la brasserie de SAB Miller. - MB

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entre l’industrie et les universités permettraient de contribuer à résoudre ce problème (voir page 62).

I n f l u e n c e d e s re s t r i c t i o n s g o uve r n e m e n t a l e s e t d e

l ’ e m b a r g oLes restrictions économiques internationales sur l’Afrique du Sud durant la période de l’apartheid ont influencé significativement le secteur de l’industrie chimique. Durant cette période, plusieurs industries chimiques ont été obligées de s’auto-suffire sur tous les plans afin de survivre. C’est ainsi que l’innovation a pris beaucoup de place et a permis au secteur manufacturier chimique de l’Afrique du Sud de progresser.

En particulier, le secteur pétrochimique fait partie des secteurs qui ont eu beaucoup de succès durant cette période et ont réussi à se démarquer par leurs avancements et leurs innovations dans le domaine. En effet, c’est principalement grâce à la compagnie Sasol, créée à cause de l’embargo des produits pétroliers vers l’Afrique du Sud durant l’apartheid, que la nation arc-en-ciel a réussi à s’auto-suffire. Cette compagnie est la pionnière dans son domaine principal d’application qui est la transformation du charbon présent en abondance dans ce

pays en pétrole. Ainsi, Sasol est reconnu maintenant comme étant un acteur mondial dans le domaine de l’énergie et de la production chimique ainsi qu’un leader incontestable dans le pétrole synthétique.

Toutefois, pour d’autres entreprises, comme DPI Plastics, entreprise leader du marché des tuyaux en PVC en Afrique du Sud et dans d’autres pays d’Afrique australe, la période de l’embargo a été difficile et a nui à son fonctionnement. L’importation de machines européennes était impossible durant cette période, ralentissant ainsi les opportunités d’avancement technologique.

Au t o ré g u l a t i o n d u m a rc h éComme plusieurs autres secteurs de l’économie sud-africaine, le secteur chimique bénéficie de très peu de subventions gouvernementales. C’est ainsi que les entreprises sud-africaines se retrouvent à affronter seules la concurrence internationale pour se tailler une place sur les marchés local et international. La compagnie DPI Plastics reçoit par exemple très peu d’aide gouvernementale sud-africaine malgré le fait que le gouvernement soit son principal client en travaux d’infrastructures. Afin de remédier à cette situation, le gouvernement

sud-africain offre des projets de partenariat avec le secteur privé dans des projets de développement du pays, comme c’est le cas des partenariats pour la construction du nouveau port de Port Elizabeth.

De plus, le secteur de la chimie agricole est aussi une industrie qui s’auto-régule dans le sens où l’aide gouvernementale est quasi-absente et ce sont les compagnies du secteur qui doivent s’assurer que leurs activités correspondent à certaines normes. Le plan de réforme des terres a troublé le domaine agricole et la mise en place de mesures protectionnistes appropriées pourraient contribuer à l’épanouissement de ce secteur. En offrant une aide gouvernementale au secteur agricole, plus de personnes seraient intéressées à travailler et à investir dans ce secteur économique, ce qui aurait sans doute comme conséquence directe la création de nouveaux emplois, défi du gouvernement depuis la fin de l’apartheid (1994). Cependant, il est évident que le gouvernement est aux prises avec des problèmes plus urgents et n’a pas nécessairement de ressources à invesitr pour gérer de telles structures. Auparavant, les anciens gouvernements sud-africains pré-apartheid

Visite de l’usine de Biogreen à Parow. - MES

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4Sécurité

La manipulation de produits chimiques et le contrôle de procédés chimiques engendrent des risques importants en termes de sécurité puisqu’ils requièrent l’utilisation de produits très réactifs comme l’hydrogène chez Air Liquide. La majorité des entreprises visitées investissent donc beaucoup de ressources pour assurer la sécurité des employés et des visiteurs à l’aide de formations et d’équipements de protection individuelle par exemple. Les pancartes indiquant aux employés et aux visiteurs le nombre de jours sans accident sont monnaie courante.

Une vague de conscientisation aux risques d’accidents semble avoir eu lieu dans l’industrie chimique dans les dernières années. En effet, plusieurs entreprises ont mis des mesures de sécurité en place suite à d’importants accidents. Par exemple, en 2004, des impuretés dans l’hydrogène ont causé l’explosion d’une boîte froide contenant de l’hydrogène liquide à l’usine Hydrogénal d’Air Liquide au Québec. Heureusement, il n’y a eu aucun blessé, mais cet accident a permis de conscientiser Air Liquide aux dangers liés à l’hydrogène provenant de ses fournisseurs externes. Cet incident a mené à une étude approfondie des causes possibles

En effet, les entreprises du secteur de la chimie agricole, telles que Dow Agrosciences, sont soumises entre autres à une réglementation qui les oblige à enregistrer leurs nouveaux produits. Ce processus est très long et complexe, mais aussi crucial. Ainsi, la lourdeur de cette réglementation nuit à l’innovation des entreprises, une de leurs stratégies les plus importantes. Contrairement à son travail aux États-Unis, Dow Agrosciences en Afrique du Sud a besoin de données pour prouver l’efficacité de ses produits. Ceci représente un important problème pour cette entreprise puisqu’elle ne peut pas utiliser de données recueillies à l’extérieur du pays. Et, si elle le fait, elle doit être évaluée par un des deux experts sur le sujet du gouvernement sud-africain. Ainsi, d’une part, cette lourde bureaucratie freine l’activité industrielle, mais, d’autre part, elle favorise les compagnies génériques qui n’ont pas besoin d’enregistrer leurs nouveaux produits.

De plus, le gouvernement sud-africain a mis en place en 1998 une loi, le « Competition Act (Loi sur la compétition) », qui assure une saine concurrence entre les entreprises pour offrir les meilleurs services et produits aux consommateurs. Cette loi interdit aux entreprises d’avoir

s’occupaient principalement de la population blanche de la société, les Afrikaners, qui ne représentent que 9 % de la population totale du pays. Cependant, après la fin de l’apartheid, les gouvernements qui se sont succédés ont travaillé pour servir la population sud-africaine dans son ensemble et sans discrimination, soit dix fois plus de citoyens à prendre en charge avec des revenus similaires.

En plus des aides gouvernementales presque inexistantes, les infrastructures nationales en Afrique du Sud ne sont pas suffisamment développées, ce qui nuit beaucoup au travail des entreprises. Par exemple, le réseau de train s’est fortement détérioré dans les dernières années, ce qui a obligé des compagnies du secteur chimique à s’approvisionner par camion. Toutefois, cette alternative est beaucoup plus coûteuse et augmente considérablement les dépenses des entreprises.

A c c e s s i b i l i t é e t i n f l u e n c e d e l a ré g l e m e n t a t i o n

Le contexte réglementaire dans lequel œuvrent les entreprises sud-africaines du secteur manufacturier chimique n’est pas toujours favorable à leurs avancements ou adapté à leurs besoins.

Employé de SAB Miller portant un équipement de protection individuelle. - MB

de l’explosion des boîtes froides et les résultats ont été partagés à travers les autres usines du groupe pour que les mesures de sécurité soient mises en place dans l’ensemble des usines. Ce partage des meilleures pratiques en santé et sécurité est très important pour l’industrie manufacturière chimique. Par exemple, Safripol est très engagée dans plusieurs associations industrielles dans le but d’échanger les meilleures pratiques au niveau de la sécurité, des processus et de la technologie.

Recommandations à la page 128

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une conduite anticoncurrentielle, des pratiques restrictives ou d’exercer des abus dans le cas de sociétés dominantes d’un secteur. Malgré une compétition féroce qui pourrait stimuler le partage de bonnes pratiques et ainsi l’innovation, les entreprises n’ont aucunement le droit de discuter entre elles sur quelconque sujet. Elles préfèrent donc éviter tout contact, qu’il soit professionnel ou social, mettant ainsi un frein aux potentiels partenariats pour l’avancement plus facile de projets majeurs.

L’industrie chimique de la production de la bière est aussi victime de certaines lois gouvernementales qui taxent faiblement le vin par rapport à la bière qui est taxée à environ 40 %. Le vin sud-africain est donc plus concurrentiel que la bière au niveau du prix.

Finalement, les compagnies pharmaceutiques sud-africaines, en vertu du « South African Patents Act (Loi sud-africaine sur les brevets) », bénéficient de 20 ans de validité pour un brevet, suivant la date de mise en application. Contrairement au Canada, la réglementation sud-africaine ne permet pas l’extension des brevets. Ainsi, les compagnies pharmaceutiques sud-africaines ont une exclusivité commerciale sur leurs médicaments brevetés pour une durée de 20 ans et, lorsque les droits de propriété intellectuelle ont expiré, le médicament peut être légalement copié et commercialisé sous des formes dites génériques.

Les politiques structurelles sud-africaines appliquées au manufacturier chimique

(voir la partie Politiques structurelles à la page 44).

Les politiques structurelles du gouvernement sud-africain sont nombreuses et ont différents impacts sur le secteur de l’industrie chimique, notamment la politique du « Broad-Based Black Economic Empowerment » ou B-BBEE.

Les compagnies visitées en Afrique du Sud ont affirmé leur ralliement aux principes de cette politique en veillant à son application. En particulier, la division Coke & Chemicals d’ArcelorMittal se positionne de manière très proactive vers le renforcement de la population noire. En effet, l’équipe de gestion de la compagnie est représentative de la diversité de la population sud-africaine, et se targue d’accueillir en son sein une très forte proportion de femme (environ 65 % de la division). Sasol est aussi une compagnie très active au niveau du B-BBEE et se sent fortement concernée par le développement de son pays. Premièrement, le montant total des taxes payées par Sasol en Afrique du Sud est de 25,4 GR (3,13 G$). De plus, SAB Miller emploie environ 9 300 personnes en Afrique du Sud. De ce nombre, une grande proportion n’est pas ou très peu éduquée (48 %). Dans un pays avec un taux de chômage important, il s’agit d’une forte contribution à l’économie. De plus, il existe une diversité culturelle qui permet à SAB Miller d’être bien positionnée en tant que compagnie active sur le plan du B-BBEE. En 2009-2010, 58 % des employés étaient Africains, 24 % Blancs, 10 % Asiatiques et Indiens et 8 % Métis. De plus, Air Liquide participe activement au B-BBEE et a depuis peu atteint un niveau 4 lors du calcul de son score. En tant que compagnie étrangère, il est difficile voire impossible d’obtenir un bon score dans la catégorie « ownership (propriété) » (20 % du score) qui stipule que 24 % de la compagnie doit appartenir à des personnes issues de la population noire. Son score n’affectant pas beaucoup l’obtention de ses contrats, Air Liquide ne voit pas le B-BBEE comme une obligation mais plutôt comme une question d’éthique qu’elle se doit de respecter le plus possible.

Recommandations à la page 128

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« Téléphones intelligents et voitures sont deux technologies qui ont un aspect

commun : ils contiennent plus de dix métaux et minéraux qui sont essentiels à

leur fonctionnement.1 »

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Entreposage du charbon au Richards Bay Coal Terminal. - WS

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Le secteur des minerais et des métaux est l’un des plus influencés par les mouvements macro-économiques mondiaux. Bien qu’il demande des prévisions à long terme lors de la définition de stratégies d’ouverture de nouveaux sites d’exploitation, les modèles économiques permettent de prédire la tendance des marchés pour les cinq à dix prochaines années.

Plusieurs évènements ont des impacts directs sur le secteur minier à l’échelle mondiale. à court terme, la crise de l’Euro influencera certainement le cours des valeurs des matières premières, et donc, la valeur des minerais. à plus long terme, l’augmentation de la population mondiale, l’enrichissement des pays pauvres, ainsi que l’urbanisation des populations auront aussi des impacts marqués sur l’avenir des matières premières et la demande mondiale. Durant les 15 à 20 prochaines années,

80 % de la population urbaine se trouvera dans les pays émergents actuels, où des mégapoles seront construites et nécessiteront une quantité importante de nouvelles infrastructures. Le phénomène d’urbanisation et l’enrichissement de la classe moyenne mondiale augmenteront significativement la demande en différents métaux et minerais. Il est déjà possible de constater l’évolution de ce phénomène en observant la situation de la République Populaire de Chine. Avec une croissance fulgurante, celle-ci consomme actuellement 40 % de la production mondiale de cuivre (ChinaMining, 2012).

Bien que beaucoup de sites miniers aient été découverts, il reste à ce jour beaucoup de gisements inconnus dans le monde. En revanche, ces sites se retrouvent souvent en régions éloignées où les

conditions météorologiques ou les méthodes d’accès aux ressources sont complexes. Comme les prix des matériaux sont fixés selon le cours de la valeur boursière, les compagnies minières doivent assurer leur profit en optimisant leurs coûts d’exploitation et en développant constamment leurs technologies. Ainsi l’économie, l’urbanisation, l’innovation technologique et l’intégration sociale sont des aspects clés qui caractérisent le secteur des mines et métaux. Grâce aux diverses visites effectuées dans ce secteur dans le cadre de la Mission Poly-Monde, il a été possible de dresser un portrait unique de l’industrie des mines et métaux au Québec et en Afrique du Sud. Ce secteur sera donc ci-après analysé selon les axes suivants : la structure, la dynamique et le contexte du marché. Suite à l’analyse, des recommandations et des enjeux futurs de l’industrie seront énoncés.

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(continué à la page 110)

métaux

1Normand Champigny, visite de Minalliance

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108 institutions

visitées dans le secteur minier

Formation de la main d’oeuvre

Exploration Préfaisabilité et faisabilité Exploitation

Construction et mise en

oeuvre

SNC-Lavalin

Université de Witwatersrand Rio Tinto / Richards Bay Minerals

Osisko

IAMGOLD

Exxaro

Chaîne de valeur d’une mine

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La chaine de valeur du secteur minier comprend l’ensemble du cycle de vie d’une mine, en plus des domaines reliés à la transformation et au transport du minerai. L’équipe Poly-Monde 2012 a visité au Québec et en Afrique du Sud plusieurs entreprises qui comprenaient toutes les sphères de cette chaîne de valeur, de l’exploration de terrain à la transformation de minerai.

Lorsqu’une compagnie désire construire une mine, les premières étapes sont l’exploration du sol et les études de faisabilité et de préfaisabilité. Les phases subséquentes consistent en la construction de la mine, la mise en service et ensuite l’exploitation. Tel que mentionné lors de la conférence donnée par la compagnie Rio Tinto le 13 janvier 2012, avant de penser à construire une mine il est fondamental d’élaborer immédiatement un plan en vue de la fermeture de ladite mine. Cette étape met fin au cycle de vie de la mine. Le minerai extrait est ensuite transformé au besoin pour être finalement vendu.

Fermeture de la mine

Transformation du minerai

Transport du minerai

Consultation et recherche

SNC-Lavalin

Rio Tinto / Richards Bay Minerals Richards Bay Coal Terminal McKinsey

Osisko

Port de Montréal Accenture

IAMGOLD Minalliance

Exxaro xtrata Zinc

MintekLégende

Institution en Afrique du Sud

Institution au Québec

En lien avec le manufacturier

chimique

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S T R U C T U R E D U S E C T E U R

Tout comme l’Afrique du Sud, le Québec possède un fort potentiel minier. Avec leur expertise minière développée, tous deux détiennent une place de choix sur la scène internationale. Selon le ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec (MNRF), le secteur minier représente 2,8 % du PIB québécois, 23,2 % des exportations et 1,3 % des emplois (MRNF, 2012a). En Afrique du Sud, les chiffres sont encore plus importants. Ce secteur représente en effet 8,8 % du PiB, plus de 50 % des exportations et 498 000 emplois. C’est aussi 20 % de tous les investissements privés (visite du haut-commissariat du Canada à Johannesburg). L’exploitation de ressources naturelles est donc un élément clé des économies canadienne et sud-africaine. La structure du secteur minier est cependant contrainte par plusieurs facteurs. Les entreprises œuvrant

Ce développement du secteur a permis un grand essor économique pour l’Afrique du Sud avec l’élaboration du réseau de chemins de fer liant les régions minières éloignées des côtes aux grands ports, révolutionnant ainsi les infrastructures. Par les lois instaurées par le gouvernement telles que la « Mines & Works Act (Loi sur les mines et les infrastructures) », en 1911 ou la « Natives Land Act (Loi sur les terres des autochtones) » en 1913, les Noirs et les Métis ont commencé à

perdre des droits civiques, que ce soit pour l’obtention d’emplois nécessitant plus d’éducation ou encore tout simplement pour la propriété des terres. C’est ainsi que cette large tranche de la population a été poussée à la base de la hiérarchie sud-africaine (South African Governement, 2012).

Durant la période de sanctions, l’Afrique du Sud a développé un important réseau national d’experts dans le domaine minier et des technologies. Aujourd’hui, elle profite de cet avantage et dispose de nombreux partenariats à travers le monde (South African Governement, 2012).

Produits miniers L’Afrique du Sud est l’un des pays les plus riches en minerai au monde : 55 métaux et minéraux y sont produits. Son sous-sol contient les plus grandes réserves de métaux faisant partie du groupe du platine (PGM), de manganèse, de chrome, de vanadium, d’or, de zirconium et d’aluminosilicate. Le pays se classe premier dans la production de PGM, de titane, de vanadium et de ferrochrome. Il est troisième pour la production

dans ce domaine doivent se soumettre à de sévères réglementations, qui diffèrent selon leur domaine d’activité et leur situation géographique, rendant l’entrée sur le marché d’autant plus difficile.

U n p ays d ’ o r e t d e d i a m a n t sL’histoire minière en Afrique du Sud a débuté avec la découverte de diamants en 1867 dans la région de Kimberley et d’or en 1886 dans les environs de Witwatersrand. Suite à ces découvertes, la face entière du pays a été transformée. C’est autour de ce secteur que le pays s’est développé, celui-ci ayant attiré de nombreux immigrants venant notamment de Grande-Bretagne, des Pays-Bas ou encore du reste de l’Afrique subsaharienne. S’en est suivie une guerre de l’or entre les Anglais et les Boers qui dura trois ans, de 1899 à 1902.

(continué de la page 107)

Échantillon d’or dans la mine Mouska d’IAMGOLD,proche de Val d’Or. - MB

Les ventes de PGM, de charbon, d’or, de manganèse et de minerai de fer représentent

84 % des ventes de minerai sud-africain.

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de charbon et quatrième pour la production d’or et de diamants. Les ventes de PGM, de charbon, d’or, de manganèse et de minerai de fer représentent 84 % des ventes de minerai sud-africain. Aussi, c’est en Afrique du Sud que les réserves mondiales de minerais seraient les plus importantes, représentant 2500 G$ US (2525 G$) (visite de Mintek).

L’Afrique du Sud possède environ 21 % des réserves mondiales de titane, alors que l’Australie en possède 23 %. à lui seul, Richards Bay Minerals est le plus important fournisseur de titane au monde, répondant à 14 % de la demande mondiale. Les trois autre pays qui sont les plus importants en termes de production de titane sont le Canada, la Norvège et les État-Unis (visites de Richards Bay Minerals [RBM] et du haut-commissariat du Canada à Johannesburg).

L e s b a r r i è re s à l ’ e n t ré e Au Canada comme en Afrique du Sud, le secteur minier présente de grandes barrières à l’entrée. Un des problèmes qui a été soulevé à plusieurs reprises lors des visites des compagnies québécoises est l’acquisition de main-d’œuvre compétente. En effet, les mines étant généralement situées en régions éloignées (Abitibi, nord du Québec), peu de travailleurs qualifiés désirent se déplacer aussi loin des centres urbains.

De plus, certains éléments sont indispensables à l’opération d’une mine en région éloignée, et peuvent influencer l’avenir de la mine dans la phase d’exploration, tels que l’accès aux infrastructures portuaires et ferroviaires, à l’électricité et à l’eau. Il est essentiel de trouver des solutions afin de diminuer les coûts variables au plus bas possible. Il est donc très difficile, voire impossible, d’entrer sur le marché minier sans investir de grands montants au départ, ou encore sans avoir les subventions nécessaires (visite de McKinsey).

En plus de ces grands investissements, les compagnies minières établies en Afrique du Sud doivent payer énormément de redevances : une taxe de 29 % sur les profits, une taxe de royauté variant de 0,5 % à 7 %, une taxe de valeur ajoutée de 14 %, en plus des taxes sur la consommation d’électricité. Seules les grandes compagnies minières possédant un grand capital peuvent occuper une place réelle sur le marché, car elles sont capables

d’investir sur des projets de grande envergure (visite de RBM).

Étant donné que les terres exploitées par les compagnies minières sont des concessions du gouvernement, les compagnies telles que Rio Tinto ou encore Exxaro se doivent de répondre aux difficultés présentées par ces barrières, le gouvernement pouvant reprendre les terres à tout moment. Une fois le contrat d’exploitation terminé, ce dernier reprend d’ailleurs la concession (visite de RBM).

Terres raresLes terres rares sont des minéraux abondant dans la croûte terrestre contrairement à ce que leur nom pourrait laisser penser, ayant des propriétés électriques de haute performance (MNRF, 2011). Ces éléments sont de plus en plus convoités étant donné leur utilisation dans les téléphones cellulaires, les voitures hybrides et les éoliennes (Radio-Canada). Selon l’Institut d’études géologiques des États-Unis (USGS), les réserves mondiales de terres rares en 2010 étaient de 110 Mt, dont 50 % en Chine (Cordier, 2011).

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120 000

140 000

1956 1965 1985 2002 2008

Figure 28 : Tendances mondiales de production (en tonnes) de terres rares de 1956 à 2008 (Tse P.-K., 2011).

États-Unis

Chine

Autres pays

Actuellement, la Chine contrôle plus de 95 % du marché mondial de terres rares (figure 28). Cette position des Chinois sur les marchés profite donc à de plus petites productions comme le Québec et l’Afrique du Sud. En revanche, la dynamique du marché sera certainement changée puisque le Brésil et l’Australie s’apprêtent à exploiter d’importants gisements.

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de bénéficier des infrastructures ferroviaires et portuaires de la région (visite d’Exxaro).

D y N A M I Q U E D U S E C T E U R

La dynamique de l’industrie minière repose sur la variation dans le temps du nombre d’entreprises minières et du volume de production de minerai, ainsi que sur les caractéristiques des minerais vendus. La compréhension de cette dynamique complexe explique le fondement des stratégies de commercialisation des produits miniers, de décisions telles que le moment d’entrée sur le marché, le positionnement et les caractéristiques du produit minier, ou encore le niveau d’investissement en capacités de production et réseaux de distribution.

L’ ex p l o ra t i o n m i n i è reLe cycle de vie d’un projet minier débute par les étapes d’exploration et les études de faisabilité, tel que le montre la figure 29. Lors de la phase d’exploration, les ressources minières ne sont pas encore découvertes. Cette étape est donc essentielle puisqu’un projet minier sera entamé lorsque l’abondance et la valeur de minerai du site seront confirmées.Les stratégies d’exploration sont généralement les mêmes pour les

Un secteur oligopolistique Plusieurs sphères du secteur minier, autant au Canada qu’en Afrique du Sud, sont régies par un oligopole par les quantités. En raison du produit équivalent dans toutes les compagnies d’exploitation de minerais, seulement les quantités produites ont un impact sur le bilan financier. Comme il n’y a pas de différenciation de produit possible dans ce secteur, il n’y a pas de possibilité de concurrence par la qualité entre les différents producteurs.

La compagnie Exxaro est un parfait exemple d’oligopole par quantités suivant le modèle de Cournot. C’est la deuxième compagnie en importance de production de charbon en Afrique du Sud, légèrement derrière BHP Biliton et devant Anglo American, xstrata et Rio Tinto. Ces compagnies partagent les parts du marché avec des clients locaux et internationaux. Le client principal d’Exxaro est la compagnie nationale Eskom qui utilise le charbon métallurgique pour produire de l’électricité. Seulement 25 % du charbon produit est exporté à l’international, notamment vers la Chine, l’Inde et l’Australie. à cette fin, Exxaro est actionnaire de la compagnie d’exportation Richards Bay Coal Terminal (voir l’encadré sur le rBCT à la page 116) afin

différentes compagnies minières ou d’exploration :• Acquisition des droits d’exploration;

• recherche des sites contenant des dépôts de minerai importants et à haute teneur;

• Acquisition des gisements pour en faire l’exploitation;

• évaluation et confirmation des coûts d’exploration.

Comme les gisements ne sont présents qu’en quantité finie, l’exploration et le développement de nouvelles mines doivent donc se poursuivre continuellement afin d’assurer une exploitation continue.

Contexte économique de l’exploration Les divers métaux exploités par les différentes compagnies minières ne sont peu ou pas différenciables. Les minerais extraits sont échangés sur le marché des commodités, et ce, partout dans le monde. Le statut particulier du marché des commodités force les compagnies minières à développer des stratégies davantage axées sur la concurrence par les quantités. Afin de rester rentables et lucratives, les entreprises doivent impérativement réduire leurs coûts d’exploration et d’exploitation. La minimisation des coûts par la réduction des pertes et le contrôle des processus sont donc les

Carte géologique de l’Afrique du Sud chez Mintek, organe semi-privé de recherche. - WS

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principales stratégies pour pallier la volatilité des prix des commodités.

L’investissement dans l’exploration minérale est tributaire de la qualité et du potentiel des projets existants et des découvertes de nouveaux gisements. De plus, le prix des minéraux et des métaux influence significativement la valeur des

dépenses d’exploration. Le prix de référence de ces commodités est un facteur fondamental dans l’établissement des enveloppes budgétaires d’exploration des entreprises minières, car ils influent sur les revenus et les profits de la compagnie. En effet, les prix déterminent le montant des fonds générés à l’interne qui seront disponibles pour les travaux d’exploration et de mise en valeur des gisements.

Comme la grande majorité des secteurs industriels liés aux

ressources naturelles, l’industrie minérale est cyclique. Par exemple, au début des années 2000, l’activité d’exploration québécoise correspondait environ au quart de ce qu’elle était en 2008. L’exploration minière est présentement en pleine croissance au Québec puisque les prix des métaux sont en hausse et que le secteur est optimiste quant à l’avenir (MRNF, 2012a). En 2008, les dépenses d’exploration au Québec totalisaient environ 441 M$. Ce montant représente une hausse moyenne de 65 % par an depuis 2000 (visite de

CommoditésUne commodité est par définition une marchandise standard dont les prix sont fixés par les marchés mondiaux et non par les entreprises qui sont des « price-taker » (Société de l’Industrie Minérale, 2002). Ces prix universels fluctuent quotidiennement en fonction de l’offre et de la demande, à l’échelle mondiale. Elles regroupent les matières premières et plus généralement les matières de base métalliques, agricoles, ou encore énergétiques (Trader-finance.fr, 2012). Une grande majorité des matières premières inscrites en bourse sont enregistrées à la Bourse de Toronto (TSx).

Exploration

Préfaisabilité

Faisabilité

Figure 29 : Étapes préliminaires d’un projet minier.

Le processus d’explorationL’exploration est une tâche ardue, coûteuse et où les taux de réussite sont faibles. Typiquement, un projet d’exploration (figure 30) sur cent se conclut par une découverte et seulement un sur mille donnera naissance a une réelle mine en exploitation (visite de Minalliance). Environ dix ans et plusieurs centaines de millions de dollars d’investissements séparent habituellement l’étape de l’exploration et la génération des premiers revenus.

L’exploration et développement minier sont des secteurs d’activités à haut risque et très coûteux. Par exemple, dans le nord canadien les difficultés opérationnelles telles que les infrastructures limitées (routes et électricité) et les coûts connexes (carburant, transports, matériaux et main-d’œuvre) peuvent compromettre complètement la réalisation des activités. Dans ce contexte, la majorité des projets miniers ne dépassent jamais la phase d’exploration. Pour cette raison, plusieurs compagnies minières, telles que Rio Tinto ou encore IAMGOLD (visites respectives), privilégient l’acquisition de mines qui sont déjà en phase d’exploitation, ce qui diminue les risques d’échec et assure ainsi un profit à la compagnie. il est stratégique pour ces compagnies d’acquérir des gisements dont la phase d’exploration est déjà complétée et qui sont prêts à être exploités.

Reconnaissance régionale

Prospection au sol DécouverteVérification

des anomalies

Figure 30 : Étapes de la phase d’exploration.

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diverses stratégies, mais les principes restent sensiblement les mêmes.

Vision à long terme Le cycle de vie d’un projet minier présenté sur la figure 31 peut durer plus de 50 ans. Les entreprises de ce secteur ont donc impérativement besoin d’avoir une vision à long terme afin d’assurer le bon déroulement des projets. à l’intérieur d’une trentaine d’années, les besoins peuvent changer et de multiples imprévus peuvent survenir. L’analyse des risques et une planification rigoureuse sont de mise. Par exemple, Richards Bay Minerals, le plus important projet minier duquel Rio Tinto est actionnaire, estime la durée de vie totale de leur mine à 66 ans (visite de Richards Bay Coal Terminal). Rio Tinto investit principalement dans des projets à long terme et de grande importance afin d’amortir les coûts fixes qui sont très élevés.

Au Québec, la mine Canadian Malartic d’Osisko a une durée d’exploitation estimée de 16 ans. En ajoutant les autres étapes, le cycle du projet est considérable.

Puisque les projets sont de longues durées et que ces derniers peuvent avoir de grandes répercussions sur l’environnement et la population, le développement durable est une

La solidité des démarches utilisées par l’entreprise minière rassure les banques et facilite ainsi les demandes de financement.En ce qui concerne le projet effectué par la minière Osisko dans la municipalité de Malartic, en Abitibi-Témiscamingue, celui-ci a impliqué une étude de faisabilité complète. D’ailleurs, cette dernière a été menée localement par des firmes de consultations minières québécoises d’envergure internationale.

D e l a c o n s t r u c t i o n à l a fe r m e t u re d ’ u n e m i n e

Suite à l’exploration et aux études de faisabilité, plusieurs autres étapes suivent dans le cycle d’un projet minier : la construction du site, la mise en service, l’exploitation et la fermeture (figure 31). Les entreprises oeuvrant à ces niveaux possèdent des stratégies relativement semblables : • Adopter une vision à long-terme axée sur le développement durable;

• Diminuer les coûts;

• Encourager l’intégration verticale ou horizontale et s’étendre à l’échelle internationale;

• Axer les efforts sur la recherche et l’innovation.

Le type de mine et de minerai aura évidemment une influence sur ces

Minalliance). L’investissement pour l’exploration minière représente environ 12 % des dépenses minières totales des entreprises québécoises pour l’année 2011 (Institut de la statistique du Québec, 2012).

Par ailleurs, lors de la conférence donnée par la firme McKinsey en décembre 2011, il a été mentionné que les compagnies minières doivent prendre des décisions stratégiques concernant le pays où elles choisissent d’exploiter les ressources naturelles. Les activités d’exploration minérale dépendent du potentiel géologique mais aussi du contexte d’investissement du pays où elles se déroulent, comme la fiscalité et la stabilité politique. Certains endroits comme le Québec, l’Alberta, la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick sont considérés comme des endroits où les risques sont faibles et les profits sont élevés. L’Afrique du Sud pour sa part se trouve dans la catégorie des endroits où à la fois les risques et les profits sont élevés.

É t u d e d e p ré fa i s a b i l i t é e t d e fa i s a b i l i t é

L’étude de faisabilité détermine si le projet est réalisable d’un point de vue opérationnel, environnemental et économique. Cette étape se définit généralement comme la dernière étape dans l’évaluation d’un projet afin de décider d’aller de l’avant ou non. Bien que très chères, ces études sont essentielles avant le lancement d’un projet minier. Pour les entreprises minières, leur réalisation permet d’éviter des erreurs majeures d’omissions au cours du projet. La firme SnC Lavalin mène des études très détaillées de préfaisabilité et de faisabilité de projets miniers en collaboration avec ses clients à travers le monde (visites de SNC-Lavalin). Cette méthodologie de gestion de projet est en fait une stratégie pour minimiser les retours en arrière et promouvoir une bonne maîtrise des coûts et des risques encourus.

Exploration

Préfaisabilité

Faisabilité

ConstructionMise en service

Exploitation

Fermeture

Figure 31 : Étapes de la réalisation d’un projet minier suivant les étapes préliminaires (voir figure 29).

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stratégie importante à adopter. La gestion de la vie sauvage, le souci de l’environnement grâce à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, la diminution de la consommation d’eau et l’intégration sociale sont des exemples courants de préoccupations des compagnies minières (visite de rio Tinto et Accenture). En effet, tant au Canada qu’en Afrique du Sud, il est important d’établir de bonnes relations avec les populations touchées par les projets miniers afin de prévenir plusieurs problèmes. En Afrique du Sud, Rio Tinto tente par exemple de se démarquer dans la politique du B-BBEE (« Broad Based Black Economic Empowerment », voir page 57) en encourageant l’embauche de Noirs.

Les compagnies doivent également avoir accès aux marchés de capitaux afin de pouvoir être subventionnées, surtout lors de la construction des infrastructures initiales. Les industries minières canadiennes et africaines obtiennent leurs subventions principalement de la bourse de Toronto (visite du haut-commissariat du Canada à Johannesburg).

Construction d’une mine. Lorsqu’un minerai est découvert en abondance

dans le sol, plusieurs techniques peuvent être utilisées pour l’extraire. Les deux types de mines possibles selon la teneur du minerai sont les mines souterraines et les mines à ciel ouvert. Pour un même minerai, la localisation du gisement peut varier et se retrouver à certains endroits en surface ou dans des couches profondes du sous-sol. La nature du dépôt, sa taille, sa profondeur, sa teneur (densité), la sécurité et les incidences sur l’environnement sont des facteurs qui influencent le choix de la méthode d’extraction. Les gisements à faible teneur situés en surface sont généralement extraits par une mine à ciel ouvert, tandis que les gisements à haute teneur situés en profondeur sont extraits grâce à une mine souterraine.

Dans les mines à ciel ouvert, le coût d’extraction du minerai par tonne est réduit grâce à l’utilisation d’immenses engins d’extraction. Toutefois, il est nécessaire de retirer toute la roche superflue, appelée le stérile. Une mine à ciel ouvert est creusée en une série de gradins qui fournissent une plate-forme pour l’accès et les activités minières. Les gradins doivent maximiser la sécurité tout en réduisant au minimum le déplacement de roche stérile

qui n’a aucune valeur. La récupération du minerai et le déblaiement du stérile succèdent aux forages et aux explosions de roche.

Pour une mine souterraine, l’accès peut se faire par l’axe vertical ou de manière inclinée, souvent avec une pente spiralée. Dans certains cas, les deux techniques d’accès sont utilisées pour la circulation des employés et des matériaux ou pour la ventilation. Puisque l’extraction souterraine est plus chère, la qualité du minerai doit être contrôlée pour s’assurer de la profitabilité des opérations.

Par exemple, l’entreprise Exxaro, deuxième plus importante productrice de charbon en Afrique du Sud, exploite des mines de charbon autant à ciel ouvert que souterraines. Certains de leurs sites miniers utilisent les deux méthodes d’exploitation pour parvenir à extraire tous les dépôts de minerai profitables (MnrF, 2011; visite d’Exxaro).

Mise en service et exploitation Posséder des ressources ne suffit pas pour générer des profits aux entreprises. Autant en Afrique du Sud qu’au Canada, plusieurs métaux sont vendus à un client et à un prix unique pour toutes les compagnies. Afin d’assurer une marge de profit, les entreprises minières doivent augmenter leur production et diminuer leurs coûts au maximum.

Par exemple, au Canada, l’or est vendu à un seul client : la Monnaie royale canadienne. Comme cet acheteur a la même demande pour tous les fournisseurs. cela limite la compétition par les prix et par la qualité du minerai.

En cas de crise, les compagnies doivent s’assurer d’avoir des coûts assez bas pour contrecarrer la baisse du prix de vente des métaux.

Visite de la mine Malartic de Osisko, proche de Rouyn-Noranda. - JG

(continué à la page 118)

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Richards Bay Coal Terminal (RBCT)Richards Bay Coal Terminal (terminal de charbon du port de Richards Bay) est une entreprise privée du secteur de la logistique du transport et de l’exportation de charbon dont l’objectif premier est d’offrir un service avantageux à ses actionnaires, principaux utilisateurs du port (figure 33). il est donc important de comprendre que l’objectif de rBCT n’est pas de faire du profit. Celle-ci n’agit qu’à titre d’intermédiaire au niveau du transport et n’est aucunement impliquée dans les ententes de ventes entre les compagnies minières et les acheteurs.

Structure Le marché de la logistique du transport de charbon en Afrique du Sud est quasi-monopolistique avec d’importantes barrières à l’entrée. En effet, richards Bay Coal Terminal exporte 95 % de la production de charbon d’Afrique du Sud. La proportion restante d’exportation est assurée par le port de Durban et le terminal de vrac sec du port de richards Bay (voir figure 32). Cette structure est particulière puisque rBCT n’est pas une compagnie d’État, mais une compagnie par actions dont les importants actionnaires sont les principaux producteurs de charbon du pays. Il n’y a donc pas de barrières naturelles qui empêchent l’entrée de nouveaux concurrents, mais les barrières stratégiques sont tellement importantes que le résultat est pratiquement le même. Ceci s’explique par la nature-même de la mission de l’entreprise, laquelle est de donner un avantage aux actionnaires-utilisateurs. Dans cette optique, la compagnie ne cherche pas à faire de profit avec les activités du port mais seulement à couvrir ses coûts d’exploitation. Elle peut donc offrir un prix concurrentiel aux actionnaires qui en tireront les bénéfices. Avec un tel modèle d’affaires, il est impensable pour un nouvel entrant d’espérer être concurrentiel et faire du profit sur ce marché.

Dans les dernières années, le marché principal d’exportation du charbon d’Afrique du Sud a changé considérablement. Avant 2006, l’Europe représentait plus de 80 % de ses exportations, faisant de l’Europe le marché principal de RBCT. à l’heure actuelle, les principaux acheteurs de charbon sont devenus la Chine et l’Inde représentant à eux deux 85 % des exportations du RBCT. Il est intéressant de noter que la Chine est le premier producteur mondial de charbon, mais aussi le plus important consommateur. Malgré la croissance de sa production, la Chine ne parvient donc pas à satisfaire ses propres besoins en charbon.

Finalement, il est possible de noter que la demande mondiale en charbon ne semble pas vouloir s’essouffler de sitôt. En effet, alors que les effets néfastes connus sur l’environnement font diminuer la consommation de charbon dans les pays développés, les pays en pleine croissance comme la Chine voient leur consommation augmenter de façon significative. Globalement, la consommation mondiale de charbon a augmenté de 25,6 % entre 2000 et 2010.

Figure 32 : Capacité des grands ports sud-africains (Eberhard, 2011).

3,15 % (3 Mt)Terminal de vrac sec du port de Richards Bay

0,95 % (0,9 Mt)Durban

95,90 % (91 Mt)Richards Bay Coal Terminal

Pourtant, le marché n’est pas saturé et la compagnie doit refuser ceux qui ne sont pas actionnaires et qui souhaiteraient utiliser le port. En tout, moins de 2 Mt sur les 67 Mt transitées par le port en 2011 provenaient de producteurs n’étant pas actionnaires.

En ce qui concerne le marché mondial de l’exportation du charbon, l’Afrique du Sud se classe au 5ème rang mondial derrière l’Australie, l’Indonésie, la Russie et la Colombie. La proximité de l’Indonésie avec la Chine et l’Inde lui confère un avantage comparatif majeur. Toutefois, l’Indonésie devra développer ses infrastructures pour demeurer concurrentiel. Plus près de l’Afrique du Sud, le Mozambique pourrait éventuellement devenir un concurrent important puisque la capacité de production du pays est élevée (80 Mt).

Globalement, la consommation mondiale

de charbon a augmenté de 25,6 % entre 2000 et 2010.

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Stratégie - avantages comparatifs L’efficacité des installations et la capacité de stockage du port représentent un avantage comparatif majeur de la compagnie. En effet, jusqu’à 8,2 Mt de charbon peuvent être mis en réserve, ce qui permet à la compagnie de restreindre à 14 % la proportion de charbon qui doit être directement chargé dans les bateaux à l’arrivée au port. Lorsqu’un nouveau contrat est obtenu, le chargement du bateau peut donc se faire rapidement puisque du charbon est disponible sur place, en tout temps. Ceci permet à RBCT de maintenir une moyenne de temps de chargement inférieur à deux jours alors que certains de leurs concurrents, comme l’Australie par exemple, peuvent prendre jusqu’à plusieurs semaines pour effectuer les chargements.

Contexte - contraintes du réseau ferroviaire Le réseau ferroviaire actuel relie 49 mines dans les provinces de Mpumalanga, Limpopo et Kwa-Zulu Natal. La grande majorité des mines, soit 97 %, sont situées dans la province de Mpumalanga. Les provinces de Kwa-Zulu Natal et Limpopo contiennent respectivement 1 % et 2 % du charbon acheminé au port.

La capacité du réseau ferroviaire actuel, soit 72 Mt, constitue une contrainte majeure pour l’entreprise. En effet, celle-ci est inférieure à la capacité d’exportation du port de 91 Mt, la quantité de charbon réellement exportée est donc limitée par la capacité du réseau ferroviaire. L’enjeu pour l’entreprise est qu’il s’agit d’un réseau public et que le gouvernement était réticent à laisser une entreprise privée investir dans celui-ci. Toutefois, une nouvelle ligne de chemin de fer de 146 km financée par un partenariat-public-privé, le « Swaziland rail », est prévue pour 2016 et devrait améliorer la situation. En parallèle, le port compte augmenter sa propre capacité à 105 Mt pour 2017.

Quai de chargement et déchargement du charbon au Richards Bay Coal Terminal. - JG

Figure 33 : Actionnaires du RBCT (Eberhard, 2011).

37,43 %BHP Biliton

1,20 %Eyesizwe Coal

20,91 %Xstrata South Africa

27,48 %Anglo Operation

2,30 %Kangra Coal

5,68 %Total Coal South Africa

5,00 %Sasol Mining

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de profits pour poursuivre l’exploitation. D’ailleurs, Exxaro travaille actuellement sur un projet d’automatisation des opérations afin d’en augmenter l’efficacité et d’étirer la vie des mines au maximum (visite d’Exxaro).

La mine Mouska, exploitée par IAMGOLD en Abitibi au Québec, est un parfait exemple où l’entreprise tente d’étendre la durée de vie de la mine sans pour autant faire l’achat de nouveaux équipements. Une recherche constante de nouveaux filons d’or est donc effectuée afin de garder en activité la mine jusqu’à la fin de sa rentabilité.

Une autre stratégie visant la diminution des coûts consiste à abaisser la variabilité dans les opérations, entre autres grâce à l’implantation de systèmes d’informations partagées. Par exemple, Rio Tinto fait présentement affaire avec l’entreprise de consultation Accenture afin d’implanter ce type de système qui a pour but d’augmenter l’efficacité dans les opérations et de réduire les risques d’erreurs.

Si les coûts ne peuvent être davantage réduits, les compagnies minières opteront souvent pour l’exploitation de plusieurs minéraux à la fois. Cette stratégie est d’ailleurs utilisée

par Exxaro. RBM tente également d’effectuer de la différenciation de produits en offrant divers types de charbon (visite d’Exxaro). Le produit varie en fonction de sa qualité et de son niveau de transformation.

Stratégies de croissance. Dans le secteur minier ou tout autre secteur, certaines entreprises tentent de maîtriser un maximum d’étapes de la chaîne de valeur pour accroître leurs profits. Par conséquent, les compagnies minières font, entre autres, de l’intégration

rencontrant des contraintes liées à ces deux ressources. La compagnie utilise plus de 60 millions de litres d’eau pour sa production quotidienne. De cette consommation, elle en récupère environ 16 % par recirculation entre le site d’extraction et l’usine. En raison de l’augmentation constante des frais liés à l’électricité, Rio Tinto compte s’établir dans d’autres pays pour ses futurs projets (visite de RBM). En plus de l’augmentation des frais, les compagnies minières sud-africaines risquent de faire face à des pénuries d’électricité comparables à celles survenues au cours de la dernière décennie. Ces dernières ont diminué grandement l’exploitation de nombreuses mines d’or, d’uranium ou encore d’aluminium (Le Potentiel, 2008).

Au Québec, par exemple, l’hydroélectricité permet aux entreprises de réduire leurs coûts. Un exemple concret est celui de l’acquisition d’Alcan par Rio Tinto. Ceci a permis à l’entreprise d’obtenir des droits sur les barrages hydroélectriques et donc de bénéficier de procédés moins dispendieux.

Puisque les investissements initiaux sont considérables, l’utilisation au maximum de la machinerie et des installations devient cruciale. En améliorant sa productivité, la mine est apte à faire suffisamment

Par exemple, lors de la crise financière de 2008, si les entreprises avaient produit à perte, des mines auraient dû être fermées.

Afin d’augmenter les revenus ou de réduire les coûts, plusieurs stratégies peuvent être mises en place. Premièrement, le type de minerai exploité fait varier énormément les coûts d’exploitation et de transformation. Certains minéraux sont plus avantageux à produire, comme le charbon (visite de McKinsey). D’ailleurs, l’Afrique du Sud est le cinquième plus grand exportateur de charbon dans le monde (Zone Bourse, 2011). à l’inverse du charbon, l’aluminium et l’acier sont moins intéressants en raison des hauts investissements requis pour la transformation.

L’énergie et l’eau sont deux éléments très importants dans l’exploitation et la transformation de minerai puisqu’elles sont consommées en grande quantités lors de ces procédés (visite de Mintek). Avoir accès à l’énergie facilement et à moindre coût est un avantage comparatif pour une entreprise minière. C’est pourquoi plusieurs entreprises dans le secteur, telles qu’Exxaro, priorisent les projets visant à réduire la consommation en eau et en énergie (visite d’Exxaro). RBM est aussi un parfait exemple de compagnie

Visite du contre de recherche Mintek, à Pretoria. - WS

(continué de la page 115)

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verticale et horizontale. Exxaro démontre un bel exemple d’intégration verticale, car elle essaie de s’impliquer dans toute la chaîne de l’activité minière, de l’extraction à la transformation. Elle valorise davantage la livraison du charbon transformé au charbon brut, ce qui lui permet de vendre son charbon beaucoup plus cher. Il n’existe ainsi plus d’intermédiaires, au profit d’Exxaro qui bénéficie d’économies d’envergure sur son produit clé transformé (visite d’Exxaro). Le projet Richards Bay Minerals de Rio Tinto s’étend également sur l’ensemble de la chaîne de valeur de la production minière. L’entreprise à la fois exploite et transforme le minerai dont elle peut vendre le produit fini directement au port pour son exportation (voir encadré sur le RBCT à la page 116). La compagnie réalise également son propre marketing à Londres (visite de RBM).

Au Québec, IAMGOLD est présente sur tout le cycle de vie de certains de ses projets miniers. Elle s’occupe de l’exploration du site, de la construction et du développement. Elle prend également en charge l’opération et l’administration de la mine. Cette expertise s’est développée par l’acquisition de différentes compagnies au fil des ans (visite d’IAMGOLD).

L’intégration peut également se faire horizontalement, c’est-à-dire que l’entreprise complète sa gamme de produits. Les actions des entreprises pour accomplir ce type d’intégration sont généralement l’acquisition ou le développement à l’interne de nouveaux produits. Dans le secteur minier, une intégration horizontale est souvent synonyme d’internationalisation de la firme, les ressources minières étant distribuées

sur l’ensemble de la planète. L’intégration horizontale permet généralement aux entreprises qui l’exercent d’être plus compétitives sur le marché, car elles diversifient ainsi leurs produits et réduisent leurs coûts d’opération. SNC-Lavalin, par exemple, a fait plusieurs acquisitions à l’international lui permettant d’acquérir des connaissances dans des domaines d’expertise très précis. La firme est ainsi apte à répondre à n’importe quel type de besoin. Elle croit également que la réussite d’un projet minier nécessite l’implication de la population locale et un suivi rigoureux (visite de SNC-Lavalin au Québec). En ajoutant des bureaux dans les pays d’intérêt, tel qu’en Afrique du Sud, où les ressources minières sont abondantes, SNC augmente les chances de réussite de ses projets. Les bureaux qui sont ouverts en Afrique du Sud s’occupent ainsi de toute la région d’Afrique australe en réalisant des projets en Angola, au Zimbabwe, en Namibie et au Mozambique, entre autres. Avant de venir s’installer en Afrique du Sud, SNC-Lavalin faisait des projets dans la région en partenariat avec des entreprises locales. Cependant, il y a quelques années, il a été choisi de plutôt venir s’installer dans

le pays et de réaliser les projets indépendamment pour augmenter la marge de profits. Afin d’assurer une cohérence entre les bureaux à travers le monde, un système informatique développé par la firme d’ingénierie elle-même a été mis en place. Ce dernier encadre les 24 000 employés de l’entreprise de la même manière et, ainsi, permet de partager les meilleures pratiques de SNC-Lavalin (visites de SNC-Lavalin). Tous les grands noms du secteur minier font donc de l’intégration horizontale, car ils possèdent plus d’un site minier. Concernant Rio Tinto, un total de 42 % de ses actifs se trouvent en Australie, 31 % au Canada, 12 % en Europe, et le reste est réparti aux États-Unis, en Afrique, en Amérique du Sud et en Indonésie (visite de Rio Tinto et Accenture).

il est également possible de diversifier les produits miniers en extrayant plusieurs minerais sur un même projet (visite de RBM).

Certaines compagnies minières décident d’exploiter des minerais dont la valeur est mal évaluée, comme le minerai niobium, métal rare utilisé en aéronautique. La stratégie que l’entreprise doit adopter pour rester rentable consiste donc à mettre

Visite de la mine Mouska de IAMGOLD. - MB

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développer un savoir-faire qui peut être appliqué à l’industrie. Une importante partie de l’innovation de Mintek se fait dans le secteur de l’ingénierie et du transfert technologique. Toutes les recherches produites au sein du conseil sont protégées par des actes de confidentialité, en revanche peu sont brevetées. Ceci est dû aux coûts élevés de la protection intellectuelle ainsi qu’à la nature de Mintek qui est de collaborer avec l’industrie. En 2011, Mintek a réussi à commercialiser 718 projets pour un revenu de 200 MR (24,7 M$). La priorité est surtout mise sur

le projets de recherche à court-terme et peu sur la recherche fondamentale. Cependant, les départements qui arrivent à justifier le lien entre leurs recherches et les priorités établies par le gouvernement continueront à profiter du financement gouvernemental (visite de Mintek).

Les compagnies minières font également elles-mêmes des investissements en R et D. C’est le cas d’Exxaro, dont l’innovation est devenue l’une des stratégies de croissance les plus importantes. La compagnie a décidé de miser sur la recherche en réduction des déchets

Une compagnie minière choisira donc un endroit où les avantages comparatifs sont les plus intéressants pour s’installer.

Innovations technologiques Selon la théorie économique de Schumpeter, il est essentiel pour les compagnies minières d’innover technologiquement afin de sortir de l’état stationnaire. En effet, l’innovation technologique permet aux entreprises de réduire les coûts de production ou bien d’augmenter la productivité. Le développement rapide de connaissances permet l’augmentation de l’efficacité des différentes phases du processus minier (visite de McKinsey).

Recherche et développementEn Afrique du Sud, il est intéressant de remarquer l’existence de Mintek, une organisation connexe au secteur minier dont le rôle principal est de participer à l’innovation par le développement de technologies, de produits et d’équipements pour l’industrie minière. Fondée en 1934, cette organisation est financée par le gouvernement pour répondre à la demande de l’industrie minière dans le domaine de la recherche et développement (R et D). Néanmoins, toutes les recherches doivent

en valeur ce type de minerai sur le marché. C’est une grande gestion de risque, étant donné que la valeur du niobium peut aussi bien grimper que chuter dans les prochaines années.

Finalement, une stratégie amplement utilisée par les minières afin de réduire leurs coûts d’opération est l’ouverture de sites de production là où les avantages comparatifs reliés à la production et au secteur économique sont présents. Dans cette optique, Rio Tinto s’est installée en Afrique du Sud grâce aux faibles tarifs de l’électricité, les plus bas au monde à l’époque. Aujourd’hui, le prix de l’électricité ne cessant de croître d’environ 25 % par année, Rio Tinto doit revoir sa stratégie et compte s’établir ailleurs qu’en Afrique du Sud une fois le projet de Richards Bay Minerals terminé.

Le Canada est un endroit de prédilection pour une compagnie de la taille de Rio Tinto étant donné le faible coût de l’électricité. Cependant, il est à noter que RBM continuera ses activités de transformation à Richards Bay, étant donné que beaucoup de main-d’œuvre est située dans les environs et que d’importantes sommes ont déjà été investies dans le projet (visite de RBM).

Laboratoire de tests pour les installations de traitement des minerais à Mintek. - MB

SchumpeterSchumpeter a été un des premiers économistes à définir l’innovation dans son sens économique en y intégrant le processus de marché. Il caractérisait l’innovation par la construction de nouvelles usines et de nouveaux équipements, l’introduction de nouvelles entreprises, et l’apparition de nouveaux leaders dans les entreprises. L’innovation est ainsi à un niveau supérieur de l’invention, qui est juste technologique.

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et en utilisation responsable de l’énergie et de l’eau. Par ailleurs, l’entreprise n’est pas soucieuse de breveter ses découvertes, car elle considère avoir assez de protection par la nature technologiquement avancée de ses découvertes et son savoir-faire unique dû à la période de sanctions (voir bulle théorique à la page 45)(visite d’Exxaro).

Au Québec, IAMGOLD possède les sociétés de recherche SOREDEM et Corem (visite d’IAMGOLD). Rio Tinto possède également de nombreux centres de recherche, comme son nouveau « Centre for Excellence in Mining Innovation (Centre pour l’excellence en innovation minière) » en Ontario. à grande échelle, il est intéressant pour les compagnies minières d’investir dans la R et D (visite de Rio Tinto et Accenture).

Main d’oeuvre qualifiéeUne des grandes difficultés dans le secteur minier est d’attirer la main d’œuvre qualifiée sur le terrain. En effet, en raison de l’éloignement des mines, peu de travailleurs sont prêts à faire le sacrifice de quitter la ville pour aller travailler dans les régions éloignées. Une des solutions les plus fréquentes est d’offrir des salaires plus élevés. Cependant, certaines compagnies misent sur l’innovation technologique leur permettant, par exemple, de contrôler les mines à distance, ce qui réduit le nombre de travailleurs requis sur les sites miniers. Ainsi, Rio Tinto développe actuellement un concept de « Mine of the Futur (mine du futur) » dans une de ses mines à Pilbara, en Australie. à partir d’un centre d’opération situé à 1500 km dans la ville de Perth, les travailleurs peuvent contrôler à distance les équipements qui se trouvent sur le site minier de Pilbara. Cette technologie permet également d’augmenter

l’efficacité, de réduire les coûts de production et d’améliorer la santé et la sécurité des travailleurs (visite de Rio Tinto et Accenture).

DurabilitéLes ressources minières ne sont pas renouvelables et s’épuiseront éventuellement. De plus, il arrive que certaines ressources essentielles à l’exploitation manquent tel que l’eau ou l’électricité, ce qui peut être fréquent surtout dans les pays émergents comme l’Afrique du Sud (visite de RBM). Les innovations technologiques sont donc de plus en plus importantes dans la recherche de solutions ou de substitutions aux pénuries de ressources (MRNF, 2012a).

Externalisation Plusieurs compagnies minières tireront avantage à acquérir des entreprises leur permettant de s’étendre sur la chaîne de valeur. En revanche, lorsqu’une expertise est très pointue et ne fait pas partie des compétences clés de l’entreprise, elle peut être externalisée. SNC-Lavalin effectue des contrats pour la construction d’infrastructures minières à la demande d’entreprises minières qui ne désirent pas se spécialiser dans ce domaine (visites de SNC-Lavalin). à l’inverse, bien

qu’Exxaro externalise le processus de vérification et de finalisation de certains travaux d’ingénierie (visite d’Exxaro), il ne s’agit pas ici d’un manque d’expertise à combler, mais plutôt une manière de confirmer les démarches d’ingénierie et de réduire les erreurs de conception par une vérification externe. Enfin, plusieurs entreprises qui oeuvrent dans l’extraction des minerais préfèrent ne pas investir dans la transformation de ceux-ci et externalisent cette étape.

XstrataUn exemple d’entreprise œuvrant dans le secteur de la transformation du minerai au Québec est l’affinerie CEZinc de l’entreprise xstrata, visitée par l’équipe Poly-Monde. L’usine raffine du concentré de zinc pour fabriquer des produits variés. Les produits de l’affinerie sont des lingots de différents formats, de la grenaille et de la poudre de zinc. De plus, elle fabrique des sous-produits comme de l’acide sulfurique et des gâteaux de cuivre. Le zinc produit dans ces installations est destiné à la galvanisation et au marché de la construction .

Visite de la mine Richards Bay Minerals de Rio Tinto. - WS

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du produit final. Ces fluctuations forment donc un obstacle au développement de cette industrie.

C O N T E x T E D U S E C T E U R L’activité minière est un secteur risqué où le profit est directement relié au prix des métaux et des substances minérales, ainsi qu’à la conjoncture économique. Depuis les années 90, le nombre de pays s’ouvrant aux investissements miniers est en pleine croissance, ayant comme effet d’accentuer la compétition pour attirer ces industries (MRNF, 2012b).

Deux principaux critères sont déterminants quant à l’emplacement que choisira une compagnie pour l’ouverture d’une nouvelle mine : un potentiel minéral prometteur et un climat d’affaires favorable (McMahon & Cervantes, 2011).

sont encouragées afin de diminuer la dépendance d’un pays transformateur face aux matières premières importées.

L’essor et la compétitivité du secteur de la transformation des minéraux sont dépendants des résultats de l’extraction minière, puisque sans apport constant de matière première les activités de transformation ne sont pas réalisables. Les pays émergents comme la Chine et l’Inde accroissent leur capacité de transformation et convoitent les ressources mondiales, ce qui risque d’influencer la disponibilité des matières premières. La survie de l’industrie canadienne de transformation dépendra de l’aptitude des entreprises à répondre aux nouvelles exigences réglementaires et à la mise à niveau des installations désuètes déjà en place (L’association minière du Canada, 2011).

Comme pour l’industrie de l’extraction minière, l’industrie de la transformation en Afrique du Sud fait face aux enjeux majeurs de la disponibilité de l’eau et de l’électricité et le recrutement de personnel qualifié. La hausse du coût de l’énergie engendre l’augmentation considérable des coûts de transformation, et donc

Tra n s fo r m a t i o nLe Canada possède une importante industrie de transformation des minéraux qui compte 33 fonderies et affineries de métaux non ferreux réparties dans six provinces (L’association minière du Canada, 2011). Les fonderies et affineries sont présentées à la figure 34.

La concentration de l’industrie de la transformation des minéraux dans la province du Québec est due à la proximité des marchés, à l’accès à la voie maritime du Saint-Laurent, aux faibles coûts énergétiques (proximité de centrales d’hydro-électricité) et à la disponibilité de main d’œuvre qualifiée .

Par le passé, la construction de fonderies et affineries se faisait lorsqu’une mine d’envergure s’établissait au Canada. Depuis quelques années, il y a un certain épuisement des réserves de minerai local et une baisse de la production de concentrés de métaux. Cette situation force donc les fonderies et affineries déjà en place au Canada à effectuer davantage de traitements à partir de concentrés provenant de l’étranger, donc plus coûteux. En effet, la loi canadienne limitant /l’importation d’acier de construction au pays pousse les affineries à importer les matières premières et à fabriquer l’acier fini localement (visite de xstrata).

De nouvelles tendances sont observées dans le domaine de la transformation du minerai. L’utilisation de matières brutes de qualité inférieure et de déchets métalliques est notamment en forte croissance. Cette nouveauté est liée au fait que la quantité et la valeur de la production des métaux affinés au Canada varient de manière importante selon les quantités de réserves minérales. Ces pratiques

Au Québec, les prix des droits miniers sont passés de 12 % en 2009 à 16 %

en 2012.

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Baie-Comeau

AlmaJonquièreArvidaLaterrièreGrande-Baie

DeschambaultBécancourShawinigan

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OttawaPort HopeMississauga

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Port ColborneSudbury

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Fort Saskatchewan

Kitimat

Fraser Lake

BurnabyTrail

Figure 34 : Fonderies et affineries de métaux non-ferreux au Canada, 2012 (L’association minière du Canada, 2011).

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Selon l’institut Fraser, l’Afrique du Sud se classe au 43ème rang en terme de potentiel minéral et au 67e rang en ce qui a trait son climat d’affaires. Les droits miniers élevés (36,89 %) et le climat politique post-apartheid font partie des facteurs expliquant ce faible classement (Platmin Limited, 2010).

Selon le même sondage, le Québec se classe au 17ème rang sur 79 juridictions en terme de potentiel minéral et au 4ème rang pour son climat d’affaires, alors qu’il occupait la 1ère place depuis trois ans. Ce déclassement serait dû à l’incertitude rattachée aux modifications prévues du cadre réglementaire, ainsi qu’à l’augmentation rapide du prix des droits miniers entre 2009 et 2012 (McMahon & Cervantes, 2011), lesquels sont passés de 12 % en 2009 à 14 % en 2010, puis à 15 % en 2011 pour finalement atteindre 16 % en 2012 (Minardi, 2011).

I m p a c t d e s p o l i t i q u e s s t r u c t u re l l e s s u r

l ’ i n d u s t r i e m i n i è reLes minières ont avantage à entretenir de bonnes relations avec le gouvernement puisqu’elles ont besoin de son approbation pour exploiter le territoire. L’inverse est tout aussi vrai, particulièrement en Afrique du Sud. En effet, l’industrie minière est une part importante de l’économie du pays et le gouvernement a intérêt à ce que ce secteur d’activité demeure florissant. C’est, par exemple, par le biais de politiques structurelles qu’il contribuera à cet équilibre.

Le « New Growth Path » En 2009, le gouvernement sud-africain a annoncé une politique de restructuration de l’économie du pays, le « New Growth Path (Nouvelle stratégie de développement) », afin de réduire les inégalités et d’augmenter le nombre d’emplois de qualité. Cette politique structurelle est globale

Plan Nord au Québec - point de vue du secteur privé*Le Plan Nord sera certainement vecteur de développement économique, social et environnemental au cours des prochaines années et décennies. En revanche, étant donné que ce programme s’adresse aux régions au nord du 49ème parallèle, la majorité des minières déjà en place n’y seront pas directement impliquée. Les impacts ne viendront donc pas de cette nouvelle politique structurelle en tant que telle, mais plutôt de la compétition entre les nouvelles mines qui verront le jour grâce à l’appui du Plan Nord. Ce sera le cas, par exemple, des minières Osisko et IAMGOLD en Abitibi. Le directeur général d’Osisko, M. Cimon, prévoit que l’impact principal du Plan Nord sur ses activités sera mitigé. Il craint en fait qu’il aura dorénavant plus de difficultés pour recruter de la main-d’œuvre compétente, laquelle risque d’être séduite par les salaires et les avantages offerts sur le territoire du Plan nord.

Pour les compagnies minières déjà en place au nord du 49ème parallèle ou celles envisagant de s’y installer, cette politique aura certainement des impacts plus importants. Pour Catherine Jestin, vice-présidente aux systèmes d’information et technologique en Amérique chez Rio Tinto, le Plan Nord est une mesure nécessaire. Le potentiel minéral et le climat d’affaire favorable du Québec ne seraient pas suffisants, à eux seuls, pour inciter les entreprises à investir en sol québécois. Ce ne serait pas tant la quantité de minéraux dans le sous-sol québécois, mais plutôt la teneur en minerai et la grosseur des gisements qui seraient problématiques devant l’ampleur des investissements requis. En effet, comme le réseau de transport est peu développé dans le Nord du Québec et que les infrastructures en place sont souvent désuètes, les coûts d’investissement initiaux pour une minière souhaitant s’implanter sur une partie de ce territoire sont importants. Or, étant donnée la grosseur des gisements, les minières ne sont pas intéressées à engager des coûts fixes aussi importants. C’est à ce niveau que le Plan Nord intervient, et ce pour deux raisons. D’abord, le gouvernement absorbera une partie des coûts rattachés aux infrastructures, ce qui allège le fardeau financier des minières. Ensuite, le Plan Nord devrait créer un « mouvement de masse » de sorte que les différentes entreprises minières intéressées à exploiter une partie du territoire auront l’occasion de se partager les coûts d’investissement en infrastructures (visite de Rio Tinto et Accenture).

Selon le directeur général d’Osisko, deux éléments majeurs seront important pour le succès du Plan Nord. Dans un premier temps, il pose l’hypothèse que le nombre d’entrepreneurs réellement intéressés sera insuffisant pour l’ampleur du projet. En effet, la relève québécoise en entreprenariat est timide (Caisse de dépôt et de placement du Québec, 2010). Aussi, il suppose que les longs délais requis pour la délivrance des permis nuiront fort probablement au niveau de retombées attendues. Ces délais étant déjà trop importants dans un contexte hors Plan Nord, il est fort probable que ceux-ci soient d’autant plus importants si plusieurs entreprises souhaitent débuter l’exploitation dans une période limitée.

*le point de vue du secteur public est abordé dans l’encadré de la page 53.

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le taux de réussite des étudiants en génie minier augmenter dans les dernières années. Les entreprises minières ont intérêt à voir le nombre de diplômés croître et participent ainsi également au financement du département de génie minier. De nombreux programmes de bourses ont donc été mis en œuvre pour attirer et conserver les futurs ingénieurs sur le territoire sud-africain. Ces initiatives sont non seulement alignées sur les priorités du gouvernement, mais elles trouvent également leur raison d’être dans le contexte global de l’emploi en minier, lequel connaît une pénurie de main-d’œuvre qualifiée.

Une politique sur l’eau Tel que présenté ci-avant, il existe actuellement une importante pénurie d’eau en Afrique du Sud. L’enjeu est majeur et risque de freiner dangereusement l’activité minière au pays. Le gouvernement a donc instauré différentes politiques afin d’amener une meilleure gestion de l’eau du pays. Par exemple, un processus d’accréditation qui permet aux compagnies minières d’avoir accès à un certain quota d’eau a été instauré. De plus, ces mêmes compagnies doivent se conformer aux lignes directrices de trois

chartes, soit le « Minerals and Petrolium Act (Loi sur les minéraux et le pétrole) », le « Environmental Management Act (Loi sur la gestion environnementale) » et le « Water Act (Loi sur l’eau) » (visite d’Exxaro).

Les compagnies exploitant et transformant du charbon polluent l’eau de façon considérable et en grande quantité. Cette contrainte est importante puisque le nettoyage de l’eau est dispendieux. Dans l’objectif de générer des alternatives, des compagnies minières comme Exxaro s’impliquent dans la recherche et le

Les 12 priorités du gouvernement Depuis l’élection de 1994, le gouvernement a établi une liste de douze priorités pour orienter ses actions. Parmi celles-ci, cinq interpellent directement le secteur minier :

• Santé et longue vie pour les Sud-Africains;

• Des emplois décents à travers la croissance économique;

• Des employés compétents et capables de contribuer à la société;

• Une communauté rurale durable, équitable et vibrante, contribuant à la sécurité alimentaire;

• La protection et la promotion de l’environnement et des ressources naturelles.

Le secteur minier constitue l’un des plus importants secteurs d’emploi en Afrique du Sud avec plus de 498 000 emplois lui étant attribuables (visite du haut-commissariat du Canada à Johannesburg). Le gouvernement participe au développement de ce secteur en favorisant la formation de la relève. L’Université de Witwatersrand est notamment financée en partie par le gouvernement. Elle a vu d’ailleurs

et devrait toucher tous les secteurs économiques, y compris le secteur minier (voir encadré à la page 50).

Au même titre que le Nord du Québec, l’Afrique du Sud est caractérisée par de vastes étendues inhabitées. Un des enjeux structurels importants est donc, tel que mentionné précédemment, la mise en place d’infrastructures, notamment dans le secteur des énergies et du transport (Natixis, 2012). La formation de main-d’œuvre qualifiée est aussi un point central pour le développement du secteur minier en Afrique du Sud.

En misant notamment sur ces aspects, le gouvernement prévoit accélérer l’exploitation minière et créer 140 000 nouveaux emplois dans ce secteur d’ici à 2020 (Economic Development Department of Republic of South Africa, 2011).

Toutefois, il est sûrement trop tôt pour mesurer les impacts réels d’une telle politique structurelle. En effet, les entreprises rencontrées ne semblaient pas avoir pris connaissance de cette initiative du gouvernement, signe que celle-ci est encore dans un stade précoce et que sa mise en application est à suivre.

Braï avec les étudiants en génie minier de l’Université de Witwatersrand. - VD

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développement de techniques d’utilisation efficace de l’eau (visite d’Exxaro).

I n t é g ra t i o n s o c i a l eUne compagnie minière n’a pas la liberté de simplement déplacer ses activités en cas de problèmes avec les communautés locales. Une fois la mine établie, il en coûtera énormément à la compagnie qui ne pourrait poursuivre ses activités pour une raison ou pour une autre. Il est donc dans l’intérêt de la minière de tout mettre en place pour favoriser une bonne entente avec la population, et ce dès les débuts d’un projet. Les politiques d’intégration sociale sont un bon intermédiaire pour cette bonne entente.

Le Broad-Based Black Economic Empowerment (B-BBEE) en Afrique du sud Le « Mineral and Petroleum Resources Development Act (Loi sur le développement des ressources minérales et pétrolières) » a introduit une charte du B-BBEE afin de soumettre l’industrie minière à ses exigences et de favoriser l’entrée des Sud-Africains de la population noire dans le secteur minier.

Cette charte prévoit que, d’ici 2014, les SAHD représenteront 26 % des détenteurs de droits miniers et 40 % des employés. Aussi, 40 % des équipements miniers devraient d’ici

là provenir d’entreprises certifiées B-BBEE. Également, cette charte prévoit qu’une minière qui fait la demande d’un droit minier doit y joindre un plan de développement social (Department of Mineral Resources of South Africa, 2010).

Dans le secteur minier, la politique du B-BEEE prend une place importante puisque les entreprises négocient beaucoup avec le gouvernement à plusieurs niveaux. Une compagnie minière qui se démarque au niveau de son classement B-BEEE obtient une longueur d’avance sur les autres compagnies minières et sera favorisée lors de l’obtention de contrats.

L’éducation, un tremplin vers l’intégration sociale L’éducation en Afrique du Sud est en situation précaire et éprouve de nombreuses difficultés. Les ingénieurs sont peu nombreux et décident souvent de partir vers des pays où les conditions

de vie sont plus intéressantes. Cela est d’autant plus facile pour eux que la pénurie de main-d’œuvre qualifiée dans l’industrie minière est une réalité assez répandue à l’échelle mondiale.

Pour tenter de remédier à cette situation, certaines compagnies minières ont choisi de s’impliquer dans l’éducation technique et spécialisée des mines. Par exemple, la compagnie Exxaro a investi, jusqu’à maintenant, 4,4 MR (0,54 M$) dans les programmes « Accreditation Board for Engineering and Technology (Conseil d’accréditation de l’ingénierie et de la technologie) » (ABET) du gouvernement, en plus de participer aux programmes du « Mining Qualification Authority (Authorité de qualification des mines) ». Elle est aussi très active en recherche, avec des investissements de 11,7 MR (1,44 M$) dans des chaires universitaires.

L’intégration sociale : une condition nécessaire au QuébecPour la minière Osisko, l’intégration sociale est une condition nécessaire à la réussite d’une exploitation minière. En effet, dès le début de la mise en place de cette mine à ciel ouvert, les dirigeants de l’entreprise ont tenté d’attirer le plus possible de main-d’œuvre locale, notamment en proposant des formations ciblées ainsi que des salaires et des avantages concurrentiels.

Outre l’aspect rattaché à la main-d’œuvre locale, l’intégration sociale se joue également au niveau de mesures engagées dans la communauté par l’entreprise. Il s’agit d’un point important puisqu’il est nécessaire d’avoir l’appui de la population dans de tels projets. En effet, la désapprobation de la population nuirait fortement au climat d’affaire de l’entreprise, laquelle aurait alors à composer avec différents groupes de pression. Parmi les mesures entreprises par Osisko, il y a entre autres la construction d’une école primaire moderne et d’un centre de la petite enfance. La présence accrue de l’entreprise dans plusieurs tribunes publiques et sa transparence vis-à-vis de la population représente aussi des éléments clés de leur politique d’intégration sociale.

Pour la minière rio Tinto, c’est aussi une question de conditions de travail. En effet, comme celle-ci s’intéresse uniquement à des gisements de longue durée et qu’elle s’installe souvent dans une communauté pour un minimum de 50 ans, la relation qu’elle entretient avec la communauté est alors d’autant plus cruciale.

Un exemple d’intégration socialeLe projet Richards Bay Minerals de Rio Tinto est un bel exemple d’un projet minier intègrant la dimension sociale. En effet, depuis l’ouverture de la mine, des milliers de Sud-Africains se sont regroupés dans les villages adjacents au site pour bénéficier des installations financées par la compagnie. Cette dernière a notamment investi dans la construction de cliniques médicales, d’écoles et de maisons. En 2011 seulement, près de 140 MR (17,3 M$) ont été investis pour les communautés locales (visite de RBM).

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d’imposition de 16 % depuis le 31 décembre 2011 (MNRF, 2012c). Les droits miniers sont, quant à eux, régis par la Loi sur les mines.

Les sociétés minières sont également assujetties aux règles fiscales du gouvernement du Canada. C’est dans le Régime d’imposition de l’industrie minière que les modalités d’imposition sont détaillées (Ressources naturelles du Canada, 2012).

D éve l o p p e m e n t d u ra b l eAu même titre que l’intégration sociale, la promotion du développement durable façonne l’image de l’entreprise, à tel point qu’il devient de plus en plus présent dans l’obtention de contrats.

En Afrique du Sud, le « Environmental Management Plan (Plan de gestion environnementale) » assure un cadre environnemental à l’exploitation d’une mine. Cette politique fait partie d’un ensemble de mesures énoncées dans le MPRDA et prévoit que le demandeur de permis soumette un rapport d’étude d’impact environnemental et un plan de gestion environnemental dans les 180 jours suivants la date où le gestionnaire régional le requiert (DMRSA, 2004).

Ré g l e m e n t a t i o n sC’est le « Mineral and Petroleum Resources Development Act (Loi sur le développement des ressources minérales et pétrolières) » (MPRDA) qui régit le secteur minier en Afrique du Sud depuis le 1er mai 2004. Cette loi dicte les modalités concernant les différentes demandes d’autorisation. Les permis de reconnaissance, de prospection, de rétention et d’exploitation sont les quatre principaux permis délivrés par les autorités en accord avec cette charte.

Depuis 2008, les redevances payables par les industries minières sont applicables sur les bénéfices plutôt que sur les recettes. Les modalités sont décrites dans le « South African Mineral and Petroleum Resources Royalty Act (Loi sud-africaine sur les redevances sur les ressources minérales et pétrolières) » (Department of Mineral Resources of South Africa [DMRSA], 2008).

Le taux effectif d’imposition des sociétés minières est de 36,6 %. Ce taux d’imposition est applicable sur tous les revenus et sur 50 % des gains en capital.

Au Québec, le secteur minier relève du Ministère des Ressources naturelles et de la Faune. La Loi sur l’impôt minier prévoit un taux

D’autres entreprises comme Gold Fields ou Anglo American choisissent plutôt de financer la presque totalité des études de certains étudiants. C’est le cas de bon nombre d’étudiants du département de génie des mines de l’Université de Witwatersrand. En retour, l’étudiant devra travailler pour la compagnie qui lui a financé ses études, et ce dès sa graduation. En plus d’assurer un personnel qualifié à l’entreprise, cette initiative permet aussi de conserver cette main-d’œuvre à l’intérieur du pays (visite de l’Université de Witwatersrand).

Des initiatives en santé La santé des travailleurs est un enjeu important dans un pays où le taux de sida est aussi élevé que 17,8 % de la population âgée entre 15 et 49 ans (UNAIDS, s.d.). Certaines compagnies minières se sont mobilisées pour la cause, par exemple la compagnie Exxaro qui a instauré différents programmes de sensibilisation au sein de la compagnie, en plus d’engager plusieurs médecins pour assurer un suivi régulier de ses employés. Des politiques de gestion du bruit et de la poussière sont aussi mises en place dans certaines compagnies minières pour rendre l’environnement du travailleur minier plus sécuritaire.

Visite de la mine Richards Bay Minerals de Rio Tinto. - WS

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Un exemple de projet de réhabilitation Richards Bay Minerals, mine à ciel ouvert exploitée par Rio Tinto en Afrique du Sud, est un exemple de réhabilitation réussie au cours des dernières années. La réhabilitation est constituée de deux phases, l’une se déroulant lors de l’exploitation de la mine et l’autre une fois la mine fermée. Par exemple, tout au long de l’exploitation, le sable duquel les minéraux ont été séparés est immédiatement replacé à son endroit d’extraction. De plus, un corridor boisé servant de passage pour la faune a été aménagé pour la période d’exploitation. Une fois celle-ci terminée, le terrain sera entièrement reboisé. Le tiers de celui-ci aura comme fonction la conservation de la faune et de la flore, le reste sera destiné à l’exploitation forestière commerciale.

Parallèlement, des tests sont effectués afin de vérifier la faisabilité de consacrer une partie de ce terrain déminéralisé à l’agriculture. Également, l’Université de Pretoria mène des études environnementales en vue de protéger la faune et la flore lors de la réhabilitation.

Une fois le processus de restauration terminé, l’ensemble du terrain appartiendra de nouveau au gouvernement, lequel décidera de son usage. Dans la plupart des cas semblables, le gouvernement le donne en concession aux communautés. Pour Rio Tinto, cela permettra de stimuler un nouveau secteur économique en favorisant l’exploitation forestière par la communauté.

Un bémol est toutefois soulevé quant à l’absence ou l’insuffisance du transfert de connaissances dans de pareils cas. Richards Bay Minerals n’y échappe pas : en effet, même si la communauté bénéficie de ressources forestières, elle n’est pour l’instant pas qualifiée pour en faire l’exploitation.

Plan de fermeture au QuébecAu Québec, avant même de débuter l’exploitation, une minière doit avoir soumis un plan de fermeture de la mine auprès de la banque qui supporte financièrement ce projet. Un montant correspondant à 70 % du montant total nécessaire pour la mise en application de ce plan sera automatiquement gelé par la banque en question (visite de Minalliance).

De plus, le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), un organisme public et indépendant relevant du ministre du Développement durable, de l’Environnement

et des Parcs, intervient lorsque la capacité de production projetée d’une mine dépasse le seuil des 7 000 tonnes par jour pour évaluer les impacts environnementaux du projet. En tant que mine à ciel ouvert en Abitibi, le projet minier aurifère Canadian Malartic a été la première mine à suivre les processus du BAPE et à en recevoir l’autorisation en 2009 (BAPE, 2009).

Recommandations à la page 128

Le principe « À prendre ou à laisser » en Afrique du SudDepuis 2006, un nouveau projet de loi conduit par le gouvernement sud-africain, le « Minerals and Petroleum Resources Development (Développement des ressources minérales et pétrolières) », encourage l’émergence de jeunes compagnies minières en Afrique du Sud. La loi dicte que tous les droits miniers d’exploitation minérale inutilisés détenus par une entreprise minière seront automatiquement transférés à l’État. Une fois en possession du gouvernement, ces droits d’exploitation non-utilisés sont vendus à des minières dites « junior ». Ce sont des entreprises qui ne disposent pas de revenus pouvant financer les activités d’exploration (Société de l’Industrie Minérale, 2002). Leur possibilité d’exploration est donc fortement liée à la recherche de financement par l’entrée en bourse ou par la formation de coentreprises avec de plus grandes minières. Avec cette initiative, le gouvernement sud-africain cherche à créer une industrie plus compétitive en offrant la possibilité aux petites entreprises dirigées par des noirs d’investir aux côtés de grandes firmes et d’éventuellement prendre place au sein de l’industrie minière nationale. La mise en place de cette nouvelle législation a donné lieu à un nouvel indice financier de la Nedbank, soit le « Nedbank South Africa Junior Mining and Exploration Index (Indice Nedbank de l’exploration et de l’exploitation minières des jeunes compagnies suf-adricaines) ». Cet outil financier a pour but d’augmenter le profil de ce secteur qui a été dominé depuis des siècles par des grands noms de l’industrie minière. En effet, les 13 plus grandes compagnies du secteur détiennent plus de 95 % du marché des ressources minières inscrites à la Bourse de Johannesburg.

Toutefois, les rapports du secteur minier montrent que les impacts de cette nouvelle législation sont encore minimes. En effet, même si un plus grand nombre d’entreprises juniors bénéficient de droits miniers, seulement 4 % des entreprises qui exploitent actuellement le minerai sont des minières juniors (Nedbank, 2012). Ce taux n’a pas augmenté depuis la mise en vigueur du principe « Use it or lose it (à prendre ou à laisser) ».

Ainsi, malgré les efforts démontrés par le gouvernement sud-africain pour rendre plus compétitive l’industrie, il semble difficile de la transformer à court-terme.

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Conclusions et recomm

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A G R O A L I M E N T A I R ELes secteurs agro-alimentaires du Québec et de l’Afrique du Sud sont loin d’avoir des enjeux similaires. Le Québec faisant partie des nations développées alors que l’Afrique du Sud reste un pays aux fortes inégalités sociales, leur contexte différent grandement. D’un côté, la sécurité alimentaire demeure une question d’actualité pour l’Afrique du Sud. De l’autre, le Québec partage ses frontières avec des régions ayant des niveaux de vie comparables, facilitant les échanges commerciaux.

D é f i s e t re c o m m a n d a t i o n s p o u r l e Q u é b e c

Les enjeux rencontrés par la belle province dans le domaine agricole sont très divers, cependant les professionnels du secteur rencontrés semblent s’entendre sur deux aspects contextuels : celui socio-économique et celui politique.

L’avenir du secteur agricole passe par la relève, de moins en moins présente au sein d’une population

québécoise vieillissante et attirée par d’autres secteurs économiques comme celui des mines. à titre d’exemple, la filière minérale représente près de 52 000 emplois directs et indirects (Minalliance, 2010), contre les 43 000 emplois en agriculture (L’ABC du conseiller agricole, 2005). Elle offre également des « rémunérations supérieure de 42 % par rapport au salaire moyen du Québec » (Minalliance, 2008). Le Québec « doit faire plus pour développer les secteurs de son économie qui ne sont pas liés aux ressources naturelles » (Beltrame, 2012). Ceci provoque le désintéressement des nouvelles générations par rapport aux secteurs traditionnels au profit des secteurs actuellement plus profitables. De plus, le secteur agricole comporte relativement de fortes barrières à l’entrée et est difficile à pénétrer. Les terres font généralement partie d’exploitations familiales, rendant l’ouverture du marché complexe. Sans oublier les

faibles marges réalisées dans le secteur agroalimentaire traditionnel et le système de quotas, pour le lait par exemple, mis en place.

Enfin, la taille du Québec ne lui permet pas de faire concurrence aux géants de l’industrie agroalimentaire. Néanmoins, la province possède suffisamment de savoir et d’institutions de recherche (CrDA, AAC, universités…) pour développer des produits de niche, souvent délaissés par les géants qui concentrent leurs activités dans des secteurs jouissant d’économie d’échelle. Cette stratégie donne la possibilité aux producteurs d’aller chercher une clientèle plus ciblée, prête à payer plus cher pour des produits spécifiques.

En ce qui concerne le contexte politique, le secteur est régit sous l’action de l’Union des producteurs agricoles du Québec (UPA). Cette organisation apporte des avantages considérables; en revanche, un marché trop règlementé peut nuire à

Conclusi ons etrecomme ndations

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principale recommandation consisterait à la mise en place de politiques règlementant l’importation et les prix de ventes des produits alimentaires. De telles règlementations auront cependant des conséquences importantes sur les relations commerciales du pays. Le gouvernement devrait donc en premier lieu subdiviser le secteur agricole et élaborer une stratégie pour chacun des sous-secteurs tout en en évaluant l’impact sur l’ensemble du système socio-économique.

M A N U F A C T U R I E R C H I M I Q U E

Par les rencontres effectuées au sein des compagnies du secteur manufacturier chimique et par le travail de recherche et d’analyse suivant la collecte d’informations en Afrique du Sud présentée précédemment, des lignes directrices peuvent être tracées dans le cadre d’une étude comparative entre les industries québécoises et les industries sud-africaines.

L’industrie pharmaceutique au Québec est une industrie en recomposition. Tandis que les joueurs traditionnels ferment leur centre de R et D dans la région montréalaise, plusieurs compagnies génériques voient actuellement le jour, en se concentrant sur leur image de marque et en mettant l’accent sur leur tissu de contrats. Ces deux aspects sont des facteurs clés de réussite face à la réputation des pharmaceutiques traditionnelles déjà établies. Les pôles pharmaceutiques doivent privilégier les plus petites compagnies se spécialisant sur des marchés de niches (quelques molécules par compagnies, ou quelques maladies par compagnies) à travers desquels les brevets sont sur le point de tomber dans le domaine public. Surtout, ces compagnies doivent développer des équipes de vente

les portions de terre redistribuées ne permettent pas de faire des économies d’échelle, un facteur important pour la rentabilité en agriculture.

Des exemples fructueux ont été observés lorsque les anciens propriétaires accompagnaient les nouveaux propriétaires dans l’exploitation des terres. à l’instar

des initiatives personnelles prises par les producteurs blancs, des programmes de parrainage et d’échange pourraient être mis en place car ils garantissent le succès de la transition à long-terme, même s’ils demandent d’importants investissements initiaux en ressources humaines et monétaires. Ces programmes consisteraient, en échange d’une rémunération monétaire ou de main d’œuvre, à un partage des connaissances et de matériels entre les deux partis. Les participants pourraient se regrouper et fédérer la vente en gros pour les activités similaires, permettant de faire baisser les coûts de vente marginale tout en gardant une part du profit.

Quant à la réglementation du dumping, cette composante est présente à travers le secteur. Tandis que l’Afrique du Sud cherchait à assurer l’approvisionnement alimentaire de sa population, les produits à bas prix des marchés externes tirent les prix des producteurs locaux vers le bas.

Le pays aurait ainsi avantage à protéger son marché. La

la concurrence et au développement des relations économiques. Au niveau étatique, le gouvernement et les compagnies exportatrices devraient orienter leurs activités dans la recherche de partenariats bilatéraux avec des pays ayant des niveaux de vie semblables et dont la culture valorise la consommation de produits exotiques à valeur ajoutée.

D é f i s e t re c o m m a n d a t i o n s p o u r l ’A f r i q u e d u

S u dProspérer dans le domaine agricole est laborieux en Afrique du Sud et comporte de nombreux défis. La question de la sécurité alimenataire reste primordial et d’actualité. Près de 43 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. La priorité du gouvernement est ainsi d’assurer l’accessibilité aux aliments de base à son peuple. Cependant, cet objectif ne permet pas le développement d’efforts relatifs à d’autres enjeux du secteur, tels que la finalisation de la réforme des terres ou la réglementation du dumping.

La réforme des terres a été mise en place pour tenter de rendre justice aux populations noires (voir pages 47 et 82), mais n’a pas été couronnée de succès. En effet, la plupart des propriétaires des grandes terres ne savent pas quand viendra le moment de céder leur propriété, ceci créant un climat d’incertitude qui décourage ses derniers à exploiter leurs terrains à leur plein potentiel. Ces terrains délaissés se détériorent et sont ainsi en moins bon état une fois cédés. Un second problème survient à la suite de la succession lorsque celle-ci se fait vers les producteurs noirs. En raison du contexte historique, ces derniers ne possèdent ni les connaissances ni le capital nécessaires à l’exploitation. De plus,

L’objectif principal du dernier arrivant du BRICS est d’assurer l’accessibilité aux aliments de

base à sa population composée de 43 % de personnes vivant sous le seuil de la pauvreté.

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Conclusions et recomm

andations131

agressives pour s’établir sur des marchés actuellement sécurisés, mais ouverts à la compétition dans un avenir à moyen-terme.

L’empreinte carbone est un facteur qui doit être pris en compte dans les coûts de production des compagnies du secteur. La connaissance précise des changements de législation et la capacité d’adaptation aux tendances politiques est un élément crucial pour des industries traditionnelles. La question environnementale sera assurément à surveiller au cours des prochaines années. Les compagnies sud-africaines doivent aussi continuer sur la même voie que celle prise à la veille de la Coupe du Monde de soccer 2010, c’est-à-dire continuer à s’inspirer des meilleures pratiques internationales pour rester à un niveau de compétition optimal.

De manière générale, les stratégies des compagnies doivent être axées plus intensément sur la productivité et ainsi délaisser des produits considérés comme moins rentables. En consolidant des marchés spécialisés autant en Afrique du Sud qu’au Québec, une place libre apparait pour de nouveaux concurrents locaux, stimulant le

dynamisme industriel. Un climat de coopération, voire de symbiose industrielle pourrait ainsi être créé à l’échelle régionale entre les différents acteurs. Ce dynamisme permettrait de s’adapter à un monde en constante mouvance avec la croissance fulgurante de la Chine et de l’Inde, consolidant notamment les acquis sud-africains.

Un des problèmes rencontrés en Afrique du Sud est le fort taux de chômage de la population. Ceci se répercute dans l’industrie par le manque de travailleurs qualifiés. L’AnC a un rôle central à jouer dans la résolution de ce problème, avec comme voie d’avenir l’investissement massif dans l’éducation, mais plus important encore dans la formation de sa population. Cette strate sociale active permettra de donner un second souffle aux industries et à terme de réduire le taux de chômage du pays.

Finalement, diversifier la production vers des produits de niches est une solution à prendre en compte pour les industries traditionnelles transformant et commercialisant des produits à faible valeur ajoutée. Ainsi, cette production peut être

combinée avec les besoins d’autres secteurs, notamment le secteur du tourisme en Afrique du Sud pour répondre aux attentes des consommateurs étrangers.

M I N E S E T M É T A U xAu cours des prochaines années, la question de la disponibilité et des quantités de ressources naturelles seront un enjeu important à l’échelle mondiale. Le caractère non renouvelable du secteur des mines et des métaux dirigera certainement les différentes stratégies et les décisions quant à leur gestion et leur utilisation. Les enjeux futurs sont donc directement liés à l’importance de la durabilité du développement.

En effet, l’industrie minière fait et fera face à plusieurs défis à court et à long terme. Au niveau international, l’accès au marché des capitaux et aux ressources demeurera central. L’augmentation des aires protégées au Canada et en Afrique du Sud et le fait que les nouveaux gisements soient dans des zones de plus en plus éloignées des centres font en sorte que l’accès aux ressources sera compromis.

Stade de soccer de Johannesburg construit pour la Coupe du Monde 2010. - AJ

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stimuler la formation de personnel en qualité et en quantité adéquates.

Finalement, le mot d’ordre pour les ressources sud-africaines est à ce jour : « Stop digging and shipping it out, start building on comparative advantages (Arrêtons d’extraire pour exporter : commençons à bâtir des avantages comparatifs [sur les ressources minérales disponibles]) », tel qu’identifié par le ministère des Sciences et des Technologies. Le Québec pourrait s’en inspirer pour ne pas rater la fenêtre d’opportunités qu’offre le Plan Nord. Finalement, les marques d’utilisation non optimales des ressources exploitables subsistent. Les terres rares pourraient ainsi faire partie des objets du gouvernement pour positionner au cours des prochaines années le Québec sur ce marché en expansion constante.

L’appui des gouvernements pour la mise en place d’un système de cartographie accessible et de programmes géologiques des données d’exploration sera donc stratégiquement important. Aussi, le coût de l’énergie demeure un enjeu important pour les différentes compagnies minières à travers le monde. Le Québec, détenant actuellement un avantage comparatif important en exploitation minière, doit s’assurer de rester compétitif afin de conserver son attrait pour les compagnies minières. Cet enjeu est d’autant plus important pour l’Afrique du Sud qui produit actuellement son électricité à l’aide de centrales au charbon, un combustible fossile non renouvelable.

De plus, au Québec tout comme en Afrique du Sud, le recrutement de la main-d’œuvre qualifiée reste un enjeu clé pour les années à venir, tout comme l’amélioration constante des conditions de santé et de sécurité des travailleurs. Des investissements massifs devraient donc être réalisés par les gouvernements respectifs, idéalement en partenariat avec les secteurs privés locaux, pour

Match de rugby de la ligue nationale, au Cap. - WS

Merci à tous nos soutiens pour

cette formidable expérience!

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Conclusions et recomm

andations133

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bibliographiePour les citations et la gestion des sources, le style APA-fr a été utilisé. Lorsqu’une analyse ou un fait présenté ne fait référence à aucune source, il provient alors d’une visite réalisée au Québec ou en Afrique du Sud. Le contenu provient alors de notre interprétation des visites offertes par les partenaires industriels, académiques et gouvernementaux ayant partagé leur expertise avec la mission.

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Page 141: PolyMonde 2012 - Rapport de mission (léger)

141

- - - - p a r t e n a i r e o r - - - -

merci à tousnos partenaires

Page 142: PolyMonde 2012 - Rapport de mission (léger)

PASSIONNÉS...

UN MILIEU STIMULANT...

INGÉNIEUX...

DES ÉTUDIANTS ENGAGÉS...

POLYMTL.CAfacebook.com/polymtl ■ twitter.com/polymtl

BIEN PLUS QUE DU GÉNIE!

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Page 143: PolyMonde 2012 - Rapport de mission (léger)

Air Liquide, leader mondial des gaz pour l’industrie, la santé et l’environnement est un fier partenaire sur lequel vous pouvez compter.

Créée en 1911, Air Liquide Canada emploie plus de 2 200 employés et compte plus de 80 000 clients. Présente d’un océan à l’autre dans les principales régions industrielles du pays, Air Liquide fournit les secteurs de l’aéronautique, l’automobile, l’agro-alimentaire, la chimie, la défense, l’électronique, l’énergie, la métallurgie, l’exploitation minière, la fabrication des métaux et la santé.

Air Liquide Canada 1250, boul René-Lévesque O. Bureau 1700Montréal (Québec) H3B 5E6514 933-0303airliquide.ca

Trouver des solutions, c’est dans notre nature

- - - - p a r t e n a i r e p l a t i n e - - - -

Page 144: PolyMonde 2012 - Rapport de mission (léger)

PubLekto-Brosseau

- - - - p a r t e n a i r e o r - - - -

- - - - p a r t e n a i r e o r - - - -

Page 145: PolyMonde 2012 - Rapport de mission (léger)

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L’équipe devant Illovo Sugar. - Poly-Monde

Département de mathématiques et génie industriel Fonds Dagenais-Scharry

Département de génie mécanique Département de génie biomédical Marc-André Rocher

- - - - p a r t e n a i r e S a r g e n t - - - -

- - - - p a r t e n a i r e S b r o n z e - - - -

AcadieLa PinièreOutremont

D’Arcy-McGeeMille-ÎlesMont-Royal

La PrairieLaval-des-RapidesSaint-Hyacinthe

Photo de quatrième de couverture : Drapeau sud-africain au Cap. - WS

Page 146: PolyMonde 2012 - Rapport de mission (léger)

Poly-Mo

nde2012

Poly-Mo

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Poly-Mo

nde2012

Poly-Mo

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Imprimé par nos soins.Novembre 2012

Poly-Monde 2012 est une mission industrielle ayant eu lieu au Québec et en Afrique du Sud en 2011 et 2012 dans le cadre de la formation offerte par Polytechnique Montréal. Des visites d’entreprises ont été effectuées de septembre 2011 à avril 2012 au Québec, puis tout au long du mois de mai 2012 en Afrique du Sud. Vingt-cinq étudiants ont participé à l’organisation de cette mission.

Le présent rapport de mission a pour but de partager les analyses socio-économiques réalisées par les étudiants de la mission. Il est avant tout destiné au public québécois et sud-africain pour lui proposer une analyse sur les secteurs industriels à l’étude. Il est également dédié aux compagnies ayant reçu la mission en visite et à nos précieux commanditaires, ainsi qu’à toute personne ayant soutenu la mission ou un de ses membres d’une manière ou d’une autre.