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DARKSTAR Avec le concours du Centre National de la Cinématographie

PORTRAIT D'UNE ENFANT DECHUE

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PORTRAIT D'UNE ENFANT DECHUE, Carlotta

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DARK

STAR

Avec le concours duCentre National de la Cinématographie

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CARLOTTA FILMSPRÉSENTE

UN FILM DEJERRY SCHATZBERG

OUVERTURECCAANNNNEESS CCLLAASSSSIICCSS 22001111LE JEUDI 12 MAI

SORTIE NATIONALE AU CINÉMALLEE 2288 SSEEPPTTEEMMBBRREE 22001111

EN COPIES NEUVES(TIRÉES DU NÉGATIF ORIGINAL)

www.carlottavod.com

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ncienne égérie de la mode,Lou Andreas Sand s’est isolée

dans une maison au bord de l’océanoù elle tente de vivre autrement, en se consacrant à la poésie et à la sculpture. Abîmée par la dépression et les excès, elle reçoit la visite de son ami photographeAaron Reinhardt qui est désormaiscinéaste. Celui-ci est venu enregistrerdes entretiens avec l’ancien mannequin en vue de réaliser un film sur sa vie. Au fil de son récit,Lou exhume les souvenirs de son ascension, puis de sa déchéance,qui s’organisent en un montage fragmentaire de faits réels et d’évènements fantasmés...

Fascinant portrait de femme en formede puzzle, Portrait d’une enfant déchueest le premier film de Jerry Schatzberget son premier chef-d’œoeuvre. Le réalisateurnew-yorkais de Panique à Needle Parket de L’Épouvantail (Palme d’or en1973) s’inspire ici de la vie tourmentéedu top model Ann Saint Marie pour y associer ses souvenirs personnels dephotographe de mode à travers uneconstruction narrative morcelée. En filmant la fabrication des images enmême temps qu’il montre leur envers,Schatzberg saisit le tournant des

années 60-70 avec tout ce quel’époque comporte de fraîcheur, d’excitation, mais aussi de vacuité.Faye Dunaway, qui était déjà uneicône depuis le succès de Bonnie andClyde et de L’Affaire Thomas Crown,trouve ici l’un de ses rôles les plusmarquants : en incarnant une cover-girldéchue à deux âges de son existence,elle mêle à la sophistication une fragilitébouleversante. Resté invisible depuislongtemps, Portrait d’une enfant déchueest, au-delà de son audace artistique,une sublime tragédie de la perdition.

A

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l’époque, le festival de SanFrancisco était, avec celui de

New York, le seul festival importantaux États-Unis. Il était réputé pour sesrencontres avec des metteurs en scèneanciens tels que Frank Capra, HowardHawks, Raoul Walsh, Vincente Minnelli,ainsi qu’avec des acteurs. Tous étaientinterviewés par un grand cinéphileaméricain : Albert Johnson. Étant moi-même ami avec Albert Johnson etClaude Jarman, le directeur du festival,j’étais invité en 1970.

J’étais donc à San Francisco lors de lapremière projection publique de Portraitd’une enfant déchue. J’ai énormémentaimé le film. Comme je savais quec’était un film sur un mannequin etque Jerry était photographe de mode,je craignais que ce soit un "film de photographe de mode", ce qui rétros-

PAR

PIERRERISSIENT

J’ai rencontré Jerry Schatzberg à NewYork la même année alors qu’il tournaitPanique à Needle Park. Il filmait desscènes près de la station de métro aucroisement de la 72e rue et de Broadway.On a très vite sympathisé. Portrait d’uneenfant déchue venait tout juste de sortirà New York, mais dans une seule salle, complètement excentrée. Vous vousrendez compte : un film Universal avecFaye Dunaway, à l’époque !

La mauvaise réception critique et publique aux États-Unis a engendréune panique à Universal, ce qui les apoussés à ressortir le film dans unenouvelle version, avec un prologue explicatif. Le changement concernaitune minute trente, pendant l’ouverture,avec un rajout de voix-off et de très légères modifications au niveau dumontage de cette seule séquence.C’était laid, épouvantable et techni-quement extrêmement bâclé. Je com-prends que Jerry était furieux, je l’étaismoi-même. Quand j’ai vu ce début, j’ai sursauté et j’ai protesté. J’ai mis en alerte Jennings, lui expliquant queje m’étais porté candidat pour le filmoriginal mais que je ne pouvais pas

pectivement était bête et simpliste dema part. Très vite, je me suis renducompte que c’était un film magnifique,merveilleux.

Dans la foulée, je me suis rendu à LosAngeles où je suis allé voir JenningsLang, producteur chez Universal, queje connaissais par Abraham Polonsky,Don Siegel et Clint Eastwood. Comme je m’étais occupé de la distribution desProies et de Willie Boy en France, et que tous deux y avaient très bienmarché, j’ai dit à Jennings que je souhaitais faire la même chose avecPortrait d’une enfant déchue. Il m’a appris que CIC, qui était à l’époque lacompagnie conjointe de distributionentre Paramount et Universal, avait vu le film et n’y croyait pas du tout. Ils ne comptaient même pas le distribuer !Moi qui m’étais rendu compte, au boutde quelques minutes seulement, que lefilm était extraordinaire, je ne comprenaispas que les gens n’adhèrent pas.C’est toujours très difficile à expliquer. J’ai donc dit à Jennings : "Effectivement,c’est un film délicat et vulnérable. Il est probable qu’il ne marche pas aussibien que Willie Boy ou que Les Proies.Malgré tout, je pense qu’il est possiblede le sortir en France sur deux ou trois copies en version originale. Je connaisdes exploitants qui me font confiance etqui prendront le film. Je sens que cesera un grand succès critique enFrance.". Jennings m’a donné le feu vert.

"

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À partir du moment où Portrait d’uneenfant déchue a été un grand succèscritique à Paris, puis par la suite Pa-nique à Needle Park et L’Épouvantail,cela a suscité l’envie ! Tout cinéasteaméricain de cette époque voulait être reconnu en France. C’était le nec plus ultra. Jerry était solitaire, maisquelques réalisateurs américains l’ontsoutenu, notamment Sydney Pollack etRobert Altman qui, par ailleurs, avaienteux aussi du succès en France...

Je me souviens d’une critique du New York Times où il était écrit queL’Épouvantail était un film de photo-graphe de mode. Selon moi, Jerry n’estpas - et Portrait d’une enfant déchueen est la preuve - un réalisateur defilms de mode. Il connaissait le milieu,mais le style n’a rien à voir avec laphotographie de mode. C’est l’inversedu glossy, ce mot anglais qui désignele papier glacé, le brillant ou le chic.Quelqu’un qui ne saurait pas que Jerrya été photographe de mode n’irait jamais chercher un argument pareil !

Portrait d’une enfant déchue est un filmà part. Si on peut assimiler Panique àNeedle Park et L’Épouvantail à un certain style américain de l’époque, cen’est pas le cas pour Portrait d’une enfant déchue : ni dans la forme, nidans le sujet, ni même dans le jeu descomédiens. Il n’existe aucun autre filmoù Faye Dunaway joue de cette manière !

le sortir avec un truc comme ça ! Pourla France, cette modification a donc étéretirée. Aujourd’hui, Portrait d’une enfant déchue ressort comme il était àl’origine, et c’est formidable (Ndlr : À cejour, l’unique élément qui subsiste estcette version).

Le film demeure incroyablement peuconnu dans le monde entier. Hormis enFrance, où la réception critique a étéexcellente, il reste très peu de traces.Aux États-Unis, la presse a été catastrophique, ce fut la même chosepour L’Épouvantail. Il y a quelques années, le festival de Telluride a organisé une projection de celui-ci, cequi a permis de le réhabiliter. Lesgens étaient sidérés : comment sefaisait-il qu’ils ne l’avaient pas vu ? Jeme souviens qu’Andrew Sarris estvenu me voir à la fin de la projectionen me disant : "Pierre, on a dû setromper.". Je ne le lui ai pas dit, maisje pensais : "C’est dommage que ça arrive au bout de trente ans.". La réception américaine de ses troispremiers films a beaucoup desserviJerry dans sa carrière.

Elle était déjà extrêmement célèbre à l’époque. Jerry avait des parts dansun night-club à SoHo - ce qui fournissaità ses détracteurs une raison supplé-mentaire pour le débiner - et je pensequ’ils se sont rencontrés dans cecontexte new-yorkais. Leur liaison, quia duré un peu moins de deux ans, étaitterminée au moment du tournagede Portrait d’une enfant déchue. Ils avaient fait plusieurs séries de photos ensemble, je pense que le faitde tourner avec elle était à la fois une opportunité et une évidence. De plus, si Faye Dunaway n’avait pasété associée au film dès le départ, il ne se serait peut-être jamais monté. Et comme il y avait une grande intimitéentre eux, le travail s’est très bien passé.

Pour moi, c’est resté un film à part. Les deux films suivants sont narratifs,avec des personnages inscrits dansune histoire, alors que là - comme le signale le titre américain - il s’agit d’un"puzzle". Même si les rapports avec les autres personnages, notamment lephotographe, sont évoqués, ce n’estpas fait à travers une forme roma-nesque et narrative. Quoi qu’il en soit,la renommée de Jerry Schatzberg aujourd’hui est encore très associée àces trois premiers films, car ils étaientformidables ! Ils n’ont pas été oubliés." »

Propos recueillis à Paris le 11 avril 2011par Céline Cléris et Victor Moisan.

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Les années 50 furent une période detransformation intense et féconde pourla photographie de mode, notammentgrâce à des artistes comme RichardAvedon et Irving Penn qui lui apportèrentune sophistication inédite. Pendantdeux ans, Jerry Schatzberg perfectionnasa technique, travailla son style etgagna sa vie en faisant des photos publicitaires. Puis, en 1958, le maga-zine Vogue lui passa une premièrecommande, ce qui ouvrit la voie auxannées 60 pendant lesquels il travaillaintensément pour les magazines les plus prestigieux, notamment, Esquire, Life, Glamour et McCall’s, qui connaissaient alors leur heure degloire. Parmi ces commandes se trouvel’extraordinaire série "Cha Cha Cha",inspirée par la danse éponyme, danslaquelle il photographia des mannequinsdans des postures et attitudes d’unnaturel particulièrement inédit. Toujoursen 1958, le photographe entama unesérie de portraits d’artistes, le plus

é dans le Bronx, Jerry Schatzbergsut très tôt qu’il ne suivrait pas

la voie de ses parents, fourreurs, etqu’il était bien plus intéressé par lesmagasins de photos qui jouxtaient le quartier de la fourrure pendant son enfance. À vingt-six ans, il décida de devenir photographe et, espérant gagner correctement sa vie et nourrirsa famille, il se mit à faire du porte-à-porte pour photographier les bébés,malheureusement sans grand succès.Bien que les emplois d’assistant-photo-graphe fussent alors mal rémunérés, ilse résolut à accepter un poste auprèsdu photographe de mode Bill Helburnen 1954. Malgré les tâches ingrates,Jerry Schatzberg en profita pour acquérirune expérience incomparable, faisantrégulièrement des essais avec les mannequins après les séances photos.Puis, en 1956, il se lança dans l’aventureen créant son propre studio et devintphotographe de mode indépendant.

souvent au début de leur carrière àl’époque. Parmi ces (parfois futurs)grands noms figurent : Bob Dylan,Faye Dunaway, les Rolling Stones,Andy Warhol, Catherine Deneuve, VanHeflin, Francis Ford Coppola, RomanPolanski...

Quel que soit le sujet qu’il photographie,Jerry Schatzberg établit avec lui uneproximité et une relation de confiancequi met le modèle à l’aise et lui donneune liberté, permettant au photographede "capturer" sa personnalité autravers d’un geste ou d’une attitude.Ses portraits racontent toujours unehistoire et ne se limitent pas au cadrede l’objectif, ce qui le rapproche dephotographes majeurs comme AndréKertész et Henri Cartier-Bresson. C’esttout naturellement qu’il prolonge au cinéma son univers visuel et sa quêteinsatiable de la vérité chez l’être humain.

N

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des films noirs. Il avait, entre autres,écrit le scénario de l’un des premiersfilms de Gérard Philipe : c’était un auteurétabli. À ce moment-là, le sujet de monfilm était un peu différent du scénariofinal de "Portrait". Parallèlement àl’histoire du mannequin, sa gloire et sachute, il traitait de l’avortement. C’estde là que vient le titre du film car cettefemme, qui fut le point de départ duprojet, faisait régulièrement le mêmerêve : elle se levait la nuit, ouvrait une fenêtre et essayait d’attraper unenfant qui tombait. Mais j’ai par la suiteabandonné cette partie du scénario.

Quand Sigurd a fini le scénario, je l’ai trouvé pas mal, mais il fallait le retravailler. Je le lui ai dit et il s’estsenti vraiment offensé. Les relations detravail devinrent alors plus difficiles et,comme le travail d’écriture se faisait àmes frais, je me suis dit : "Repartons àzéro.". Alors, mes agents ont négociéun contrat avec Warner."

FFaayyee DDuunnaawwaayy"À ce stade, Faye Dunaway était déjàimpliquée dans le projet car je lui enavais parlé et le sujet du film lui avaitparticulièrement plu. Elle avait déjà faitBonnie and Clyde et était alors trèsconnue. Je l’avais photographiée pourEsquire avant qu’elle fasse ce film.

J’avais des idées différentes sur le personnage de Lou. J’ai d’abord penséprendre une actrice mûre pour jouer

AAnnnn SSaaiinntt MMaarriiee

"Ann Saint Marie fut le mannequin quia inspiré l’histoire de Portrait d’une enfant déchue. Quand j’ai commencécomme photographe de mode, c’étaitdéjà un mannequin très important etelle m’intimidait beaucoup. Au fur et àmesure des années, les créateurs,entre autres, dirent régulièrement, à propos d’elle, qu’ils souhaitaientavoir des "mannequins plus jeunes",des "nouveaux visages" pour leurscollections. Cela l’affecta énormémentcar elle n’avait même pas trente ans.Alors qu’elle traversait ces difficultés,je l’ai vue sombrer dans la dépression.J’ai toujours pensé qu’il y avait là unehistoire à raconter. Mais mon premierfilm est vraiment une métaphore pourde nombreux secteurs, pas seulementla mode.

Au final, le scénario se compose de85% de fiction et de 15% d’éléments dela vie d’Ann Saint Marie. Même ces15% ont été élaborés uniquement àpartir d’indices qu’elle a donnés. Sa vie était différente de celle de LouAndreas Sand : elle était mariée etavait des enfants par exemple."

LLaa ggeennèèssee ddee PPoorrttrraaiitt dd’’uunnee eennffaanntt ddéécchhuuee

"Ayant mon idée de départ, j’aicontacté un scénariste français,Jacques Sigurd, qui écrivait surtout

DDeevveenniirr rrééaalliissaatteeuurr

"Alors que j’étais photographe, j’ai décidé de devenir réalisateur d’abordparce que j’avais un sujet dont je voulais parler. Il s’agissait de monmannequin préféré et du drame qui luiarrivait. D’une manière ou d’une autre,je souhaitais enregistrer ce qui se passait et la seule façon, pour moi,était de faire un film. Parallèlement, àl’époque, je filmais régulièrement avecune caméra 16 mm pour m’amuser.

Puis des producteurs m’ont appelé deLos Angeles pour me demander si çam’intéresserait d’être le conseiller technique pour un programme TV appelé The Most Beautiful Woman ofthe World. Je leur ai demandé qui le réalisait et ils m’ont répondu qu’ilsn’avaient pas encore de réalisateur.Je leur ai donc dit que j’avais tournéquelques bobines et que je pourraisle réaliser. Les producteurs les ont regardées, puis montrées à la chaîneet ça a marché. J’étais désormaisun réalisateur."

AVEC

JERRYSCHATZBERG

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Elle repérait des éléments dans les paroles d’Ann qui lui permettaient d’inventer une histoire. Carole avaitcommencé sa carrière comme aspirantemannequin, donc elle connaissait cemilieu. Elle n’était jamais sortie de LosAngeles et n’avait jamais voyagé, maiselle connaissait tout. Quand elle neconnaissait pas quelque chose, ellefaisait tellement de recherches qu’onpouvait croire qu’elle avait vécu toutesa vie à New York ou qu’elle maîtrisaitn’importe quel sujet sur lequel elletravaillait.

Son premier scénario faisait trois centspages. Je l’ai annoté, puis je suis allé la voir en Californie. Au cours denombreux dîners, pouvant durerjusqu’à six heures, nous avons discutédu scénario et échangé nos points de vue. Elle m’écoutait, retournaitécrire et revenait avec quelque chosede totalement différent de ce que jelui avais dit, mais c’était bien mieux !"

LLaa ddiirreeccttiioonn ddee llaa pphhoottooggrraapphhiiee

"Le directeur de la photographie,Adam Holender, avait étudié avecPolanski, Skolimowski et tout ce groupede cinéastes polonais. Il avait déjàtravaillé sur Midnight Cowboy, et jesavais que je pouvais lui dire ce que jesouhaitais comme lumière ou ambianceet qu’il ferait exactement cela. Pour cefilm, je voulais me concentrer sur lesacteurs car je n’y connaissais presque

le personnage adulte, et une jeune fillepour le personnage enfant. Puis je mesuis dit que Faye pouvait tout à faitjouer les deux. Ce serait d’ailleurs plus intéressant. J’ai pu lui présenterAnn Saint Marie, de sorte qu’elle a puvoir comment elle était dans la vie etrepérer des détails importants commesa façon bien spécifique de s’exprimer."

TTrroouuvveerr uunn pprroodduucctteeuurr

"J’avais donc une actrice, mais unmauvais scénario et pas de producteur.Nous sommes allés voir Paramount,mais ils n’ont pas aimé le sujet. Donc,nous avons tenté notre dernièrechance auprès de la société de PaulNewman, qui était associé à JoanneWoodward et John Foreman, et ça afonctionné. Newman et Woodwardavaient un accord avec Universal qui leur permettait de produire desfilms s’ils s’engageaient à faire un film avec eux."

LLee ssccéénnaarriioo ddee CCaarroollee EEaassttmmaann

"Au commencement du projet, j’avaisenviron trois heures d’enregistrementsqu’avait faits Ann Saint Marie et qui constituaient le cœoeur du scénario. Ce sont ces enregistrements qui ontvraiment convaincu Carole Eastmande collaborer au film (Ndlr : CaroleEastman écrivait à l’époque sous lepseudonyme d’Adrian Joyce, nom souslequel elle est créditée au générique de Portrait d’une enfant déchue).

rien : je ne maîtrisais pas leur langage.À quelques reprises, nous avonsutilisé le type d’éclairage avec lequeltravaillent les photographes de mode :je pouvais dire à Adam ce que c’étaitprécisément et il le traduisait parfaite-ment en éclairage de cinéma."

AApprrèèss PPoorrttrraaiitt dd’’uunnee eennffaanntt ddéécchhuuee"Quand on a l’opportunité de faireun film, c’est tout votre vie et vousne pensez pas à la suite. Quelleexpérience de faire un film ! Mais avantmême la sortie de Portrait d’une enfantdéchue, on m’a proposé un autreprojet, Panique à Needle Park."

LLee NNoouuvveell HHoollllyywwoooodd

"Je n’ai pas la sensation d’avoir faitpartie de ce mouvement. J’ai toujourstravaillé seul. De même, je suis devenuami avec les Stones, Bob Dylan etmême Andy Warhol, je passais dutemps avec eux, mais je n’ai jamais faitpartie intégrante de leur entourage.J’étais solitaire. Je n’avais pasconscience de faire partie de quelquemouvement ou groupe : je voulais justefaire mon premier film. Ce que je créereflète, de toute évidence, mes envieset aspirations."

Propos recueillis par Vincent Paul-Boncour

à New York en décembre 2010.

Traduction de l’anglais par Céline Cléris.

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Une pièce aux volets mi-clos par oùpasse une lumière bleutée abrite desêtres qui échangent des confidencesfeutrées ou des regards en quêted’amour et de compréhension. Voici lelieu qui définit le mieux la sensibilité deSchatzberg. L’endroit semble coupé dumonde mais on devine le lever du jourou l’arrivée de la nuit : le cinéastes’approche alors au plus près descorps, saisit leurs mouvements secrets,l’inflexion d’une voix, la rareté d’ungeste. Cette sensation de cueillir lesentiment à sa source, cette fraîcheurd’un regard sont, bien sûr, le fruit d’un travail extrême mais le cinéaste,assuré dans sa démarche, n’a nul besoin d’afficher quelque signe extérieur de richesse. Il choisit aucontraire la simplicité : son effortconsistera à dominer et le décor, et la lumière, et le déplacement de sesacteurs dans le cadre qu’il a élu. Encore cette domination ne se veut-elle jamais forcée, asphyxiante, tout attaché qu’est l’auteur à créer une impression de liberté dans les tragédies qu’il met en scène.

On dira que la dépression nerveused’une cover-girl n’est rien au regarddes atrocités de notre temps. Mais l’artne se nourrit pas de généralités, maisbien plutôt du pouvoir de représenteranalogiquement les tourments d’uneépoque dans la plus infime expériencehumaine. Une cover-girl, c’est en

amais sans doute depuis Le Garçonaux cheveux verts (Joseph Losey,

1948), une première œoeuvre américainen’avait témoigné d’une maîtrise aussiconfondante que Portrait d’une enfantdéchue. Jerry Schatzberg, au-delà detoutes les dissemblances, possède en commun avec l’auteur de Hainescet art de montrer en toute lucidité l’incroyable profondeur d’une blessuresecrète. Son ton - c’est peut-être cela lamise en scène, en tout cas la respirationprofonde d’un cinéaste et ce qui aufond nous concerne en définitive dansson art après les enquêtes thématiqueset autres - son ton est celui de la modulation avec de brusques accès defièvre et de violence.

un sens le produit exemplaire d’une société vouée au vide et à l’éphémère.Pur instrument, pure apparence, vidéede son identité, l’héroïne de Portraitd’une enfant déchue, richementpayée, doit se plier à tous les caprices,à toutes les volontés, menacée sanscesse de retourner au néant. Femme-objet s’il en fut, elle vit la condition artificielle par excellence d’un produitde consommation.

Portrait d’une enfant déchue, commeles meilleurs Bergman d’ailleurs, estavant tout un cinéma physique quijoue sur trois registres essentiels introduits successivement dès le débutdu film - une maison - une bande

magnétique - le visage de Lou, c’est-à-dire un décor, les intonations d’unevoix et le gouffre d’un regard. Ce cinémaintime et ardent est aussi marqué parun sens très sûr de la beauté : beautédes cadrages, beauté des déplace-ments et des gestes, beauté desruptures de ton. C’est un des films lesplus tragiques qui soient, maisSchatzberg y exprime sa compassionet son refus, dans cet univers de laperdition et de la répétition, d’excluretoute possibilité d’une dynamique dessentiments.

Texte extrait deSchatzberg, de la photo au cinéma.

De Michel Ciment et Jerry Schatzberg.

J

PAR

MICHELCIMENT

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FFIICCHHEE AARRTTIISSTTIIQQUUEE

FFaayyee DDUUNNAAWWAAYY Lou Andreas SandBBaarrrryy PPRRIIMMUUSS Aaron ReinhardtVViivveeccaa LLIINNDDFFOORRSS Pauline GalbaBBaarrrryy MMOORRSSEE Dr GalbaRRooyy SSCCHHEEIIDDEERR Mark

FFIICCHHEE TTEECCHHNNIIQQUUEE

SSccéénnaarriioo Adrian JOYCEPPhhoottooggrraapphhiiee Adam HOLENDERMMoonnttaaggee Evan LOTTMANMMuussiiqquuee oorriiggiinnaallee Michael SMALLPPrroodduucctteeuurr eexxééccuuttiiff John FOREMANRRééaalliissaatteeuurr Jerry SCHATZBERG

1970 - USA - 105 mn - Couleurs - 1.85:1Visa : 38 452

FFIILLMMOOGGRRAAPPHHIIEE SSÉÉLLEECCTTIIVVEE DDEE JJEERRRRYY SSCCHHAATTZZBBEERRGG

Portrait d’une enfant déchue (1970)Panique à Needle Park (1971)L’Épouvantail (1973)Vol à la tire (1976)La Vie privée d’un sénateur (1979)Show Bus (1980)La Rue (1987)L’Ami retrouvé (1989)The Day the Ponies Come Back (2001)

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PPrrooggrraammmmaattiioonnIInneess DDEELLVVAAUUXXTél : 01 42 24 11 [email protected]

À Cannes (uniquement)Tél : 06 03 11 49 26

Remerciements chaleureux àJerry Schatzberg, Pierre Rissient, Michel Ciment, Universal, HollywoodClassics / Joe Dreier & Melanie Tebb,Thierry Frémaux, Van Papadopoulos,LVT / Claude Dupuy & Florence Parik.

DDiissttrriibbuutteeuurrCCAARRLLOOTTTTAA FFIILLMMSS9 passage de la Boule Blanche75012 PARISTél : 01 42 24 10 86Fax : 01 42 24 16 78

RReellaattiioonnss pprreesssseeMMaatthhiillddee [email protected]él : 01 42 24 87 89

À Cannes (uniquement)Tél : 06 85 65 62 36

erry Schatzberg, lauréat de la Palmed'or pour L'Épouvantail (Scarecrow,

1973) a commencé sa carrière commephotographe. En 1970, il réalise unemagnifique série de portraits avecFaye Dunaway. Il se tourne ensuitevers le cinéma et prolonge sa collabo-ration artistique avec l'actrice qui devient l'égérie de son premier filmPortrait d'une enfant déchue.

La photo qui fait l'affiche du 64è Festivalde Cannes est tirée de cette série deportraits. Modèle de sophistication etde grâce intemporelle, elle incarne unrêve de cinéma que le Festival deCannes souhaite entretenir.

L’agence H5 a réalisé l’afficheet signe la création graphique du Festival 2011.www.h5.fr

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