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26 LA VILLE EN PARLE La Gazette n° 1445 - Du 25 février au 2 mars 2016 Le Business Innovation Centre (Bic) de Montpellier, qui a créé 4 600 emplois en moins de trente ans, est classé 4 e meilleur incubateur d'entreprises du monde. Quels sont ses atouts et ses faiblesses ? Témoignages et éclairages. L a potion magique du Bic, c’est peut-être sa machine à café. “Mon associé Thibault (Wasio- lek) y a rencontré le patron de Sherpa Technologies autour d’un jus” , raconte Dimitri Moulins, PDG de Plussh, entreprise naissante couvée à Cap Oméga, tout comme son aînée Sherpa, dans le quartier montpel- liérain du Millénaire. Les deux amateurs de café sont aussi fans de foot – Thibault étant par ailleurs journaliste sportif. “Ils ont sympathisé et se sont mis à faire du squash ensemble. Mais un jour, Thibault s’est déchiré le talon d’Achille en jouant. Le patron de Sherpa l’a alors accompagné à l’hô- pital et a pris le temps de se rensei- gner précisément sur son business [une application permettant de par- tager un direct vidéo HD filmé avec un smartphone]. C’est ainsi que Sherpa [tout comme Matooma, autre incubé] est entré dans notre capital. Puis est devenu notre princi- pal prestataire en nous allouant qua- tre développeurs et un responsable technique !” Vecteur de rencontres et de finan- cements, cette juteuse machine à café incarne bien l’esprit coworking du Bic, fait de coopération et d’ému- lation entre créateurs d’entreprise. L’accès aux financements, voilà un des multiples critères de l’étude internatio- nale qui a classé, en décembre dernier, le Business Innovation Centre de Montpellier en 4 e position mon- diale. Seul incubateur français du palmarès, devant l’Italie, l’Es- pagne ou la Russie (voir p. 28). Et, l’an- née précédente, qui a marqué l’en- trée du montpelliérain dans ce clas- sement, devant la Chine ou le Los Angeles Cleantech Incubator ! Wouaah, petit Clapas dans la cour des grands, ça en jette ! Mais cet étonnant classement, entre 12 000 pépinières de 64 pays, est-il vrai- ment crédible ? Comment le Bic s’y prend-il pour obtenir de si bons résultats ? Quelles sont ses forces – et, incidemment, ses faiblesses ? Encore faut-il savoir de quoi on parle et d’où ça vient. C’est en 1987 que Georges Frêche et le District (ancêtre de l’Agglo et de la Métro- pole) créent, à Clapiers, Cap Alpha, le premier des trois incubateurs métropo- litains – suivi par Cap Oméga en 2004 et le Mibi, près de Ver- chant, en 2011 (1). Formé aux sciences économiques par HEC, le maire de Montpellier s’est montré novateur en fondant un des tout premiers incubateurs européens, labellisé par l’Union. Web. Mais, au fait, le Bic, ça sert à quoi exactement ? L’idée, c’est d’ “accompagner les jeunes entre- prises innovantes à fort potentiel de croissance”, résume la directrice Catherine Pommier. Pour faire décoller ces start-up, comme on dit aujourd’hui, la Métropole fournit locaux modulables, conseils “en stratégie de développement” et for- mations (commerciales, finan- cières, etc.). L’accompagnement, avec “coach” attitré, s’étale sur une période pouvant aller de deux ans avant la création de la boîte à cinq ans après. Depuis 1987, la “pouponnière” a ainsi couvé 601 entreprises. Parmi elles, 329 sont encore en activité, assurant 4 600 emplois directs sur le territoire de la Métropole. Côté secteurs d’activité, presque la moitié À gauche, le Mibi, incubateur pour entreprises étrangères, près de Verchant. À droite, Cap Alpha, à Clapiers. “L’IDÉE, C’EST D’ACCOMPAGNER LES JEUNES ENTREPRISES INNOVANTES À FORT POTENTIEL DE CROISSANCE.” ENQUÊTE PHOTOS GUILLAUME BONNEFONT Pouponnière d’entreprises BIC : POURQUOI MONTPELLIER EST CHAMPIONNE

Pouponnière d’entreprises BIC: POURQUOI MONTPELLIER EST ...pole) créent, à Clapiers, Cap Alpha, le premier des trois incubateurs métropo-litains – suivi par Cap Oméga en 2004

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Page 1: Pouponnière d’entreprises BIC: POURQUOI MONTPELLIER EST ...pole) créent, à Clapiers, Cap Alpha, le premier des trois incubateurs métropo-litains – suivi par Cap Oméga en 2004

26 LA VILLE EN PARLE La Gazette n° 1445 - Du 25 février au 2 mars 2016

Le Business Innovation Centre (Bic)de Montpellier, qui a créé 4 600emplois en moins de trente ans, est classé 4e meilleur incubateurd'entreprises du monde. Quels sontses atouts et ses faiblesses ?Témoignages et éclairages.

La potion magique du Bic, c’estpeut-être sa machine à café.“Mon associé Thibault (Wasio-

lek) y a rencontré le patron de SherpaTechnologies autour d’un jus”,raconte Dimitri Moulins, PDG dePlussh, entreprise naissante couvéeà Cap Oméga, tout comme son aînéeSherpa, dans le quartier montpel-liérain du Millénaire. Les deux amateurs de café sontaussi fans de foot – Thibault étantpar ailleurs journaliste sportif. “Ils

ont sympathisé et se sont mis à fairedu squash ensemble. Mais un jour,Thibault s’est déchiré le talond’Achille en jouant. Le patron deSherpa l’a alors accompagné à l’hô-pital et a pris le temps de se rensei-gner précisément sur son business[une application permettant de par-tager un direct vidéo HD filmé avecun smartphone]. C’est ainsi queSherpa [tout comme Matooma,autre incubé] est entré dans notrecapital. Puis est devenu notre princi-

pal prestataire en nous allouant qua-tre développeurs et un responsabletechnique !”Vecteur de rencontres et de finan-cements, cette juteuse machine àcafé incarne bien l’esprit coworkingdu Bic, fait de coopération et d’ému-lation entre créateurs d’entreprise.L’accès aux financements, voilà undes multiples critèresde l’étude internatio-nale qui a classé, endécembre dernier, leBusiness InnovationCentre de Montpellieren 4e position mon-diale. Seul incubateurfrançais du palmarès,devant l’Italie, l’Es-pagne ou la Russie(voir p. 28). Et, l’an-née précédente, qui a marqué l’en-trée du montpelliérain dans ce clas-sement, devant la Chine ou le LosAngeles Cleantech Incubator !Wouaah, petit Clapas dans la courdes grands, ça en jette ! Mais cetétonnant classement, entre 12000pépinières de 64 pays, est-il vrai-

ment crédible? Comment le Bic s’yprend-il pour obtenir de si bonsrésultats? Quelles sont ses forces –et, incidemment, ses faiblesses? Encore faut-il savoir de quoi onparle et d’où ça vient. C’est en 1987que Georges Frêche et le District(ancêtre de l’Agglo et de la Métro-pole) créent, à Clapiers, Cap Alpha,

le premier des troisincubateurs métropo-litains – suivi par CapOméga en 2004 et leMibi, près de Ver-chant, en 2011 (1).Formé aux scienceséconomiques parHEC, le maire deMontpel l ier s ’estmontré novateur enfondant un des tout

premiers incubateurs européens,labellisé par l’Union.

Web. Mais, au fait, le Bic, ça sert àquoi exactement ? L’idée, c’estd’“accompagner les jeunes entre-prises innovantes à fort potentiel decroissance”, résume la directriceCatherine Pommier. Pour fairedécoller ces start-up, comme on ditaujourd’hui, la Métropole fournitlocaux modulables, conseils “enstratégie de développement” et for-mations (commerciales, finan-cières, etc.). L’accompagnement,avec “coach” attitré, s’étale sur unepériode pouvant aller de deux ansavant la création de la boîte à cinqans après.Depuis 1987, la “pouponnière” aainsi couvé 601 entreprises. Parmielles, 329 sont encore en activité,assurant 4600 emplois directs surle territoire de la Métropole. Côtésecteurs d’activité, presque la moitié

À gauche, le Mibi,incubateur pourentreprisesétrangères, près de Verchant. À droite, Cap Alpha,à Clapiers.

“L’IDÉE, C’ESTD’ACCOMPAGNER

LES JEUNESENTREPRISESINNOVANTES

À FORT POTENTIELDE CROISSANCE.”

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des sociétés travaillent dans lenumérique (applications pourmobile, plates-formes Web, objetconnecté, logiciel d’infographie…),un bon tiers dans la santé (Biotech,Medtech), 16 % dans l’économieverte (énergie renouvelable, biocar-burant, bâtiment écologique), lereste tournant notamment autourde la robotique, des drones et desnanotechnologies.“Nous sommes trois médecins incubésdepuis quatre ans”, témoigne VincentAttalin, généraliste au CHU et à laclinique Beau-Soleil, spécialisé ennutrition et sommeil. Créée fin 2014,leur société, Aviitam, a inventé uncarnet de santé en ligne rempli pardifférents praticiens et le patient lui-même. Cela permet une prise encharge globale du malade, moinschronophage et coûteuse que laconsultation classique, ainsi qu’unemeilleure prévention de pathologieschroniques tel le diabète.

Toubib. “Au sein du Bic, la formation“chef d’entreprise” nous a fait passerde l’état de toubib un peu naïf à celuid’entrepreneur, décrit le Dr Attalin.Le plus utile, c’est l’apprentissage dudiscours, savoir vendre son idée, pas-ser de l’idée au produit et au businessplan. De plus, les conseillers de Cap

Oméga nous ont aidés à trouver dessubventions du côté de la Région etde la Métropole. En médecine, l’ar-gent est considéré comme mauvais :il a fallu changer de culture, grâcenotamment aux échanges avec d’au-tres incubés scientifiques, radiologueou dentiste.”

Qatar. Changement de vie réussi :six mois après sa mise en ligne, lecarnet de santé du XXIe siècle estutilisé par plus de 500 médecins et2 000 patients. Sur cette lancée,Aviitam pourrait bienrejoindre la fine fleurde ses glorieux aînés :Schlumberger, Urba-solar, Awox, Aqua-fadas, MedTech (lefondateur de cettesociété de robotiqueneurochirurgicale,Bertin Nahum, vientd’être nommé auConseil national du numérique),Oceasoft (ce spécialiste des capteursintelligents a remporté le mois der-nier un gros marché hospitalier auQatar), et on en oublie beaucoup. C’est sans doute la réussite interna-tionale de plusieurs de ces entre-prises (53 % vendent à l’étranger)qui a attiré l’attention des experts

outre-Atlantique. Car c’est d’abordl’Inbia (2), gros réseau américaind’incubateurs, qui a sacré le Bicmontpelliérain, en 2007, “meilleurincubateur mondial” ! Une décou-verte des brillants petits frenchieset un coup de cœur ponctuel, maispas une comparaison suivie dansla durée.Le récent classement de l’Ubi Indexest d’une tout autre nature. Il estétabli par une équipe indépendantede chercheurs et d’entrepreneursbasée à Stockholm (Suède). Son

objet : la comparaisonapprofondie du niveaude performance entreincubateurs – selon lestechniques du “bench -marking”. Sa méthode:le recueil de donnéesdéclaratives, mais enpartie vérifiées par lasuite. “Pour remplir leur ques-

tionnaire, ça me prend une bonnesemaine”, explique Catherine Pom-mier, la directrice du Bic. “Et après,ils demandent des précisions. Ainsi,ils ont requis toutes les adresses desinvestisseurs sollicités afin de fairedes vérifications. Pour leur donnernotre trésor, les coordonnées de 250fonds d’investissement, il faut vrai-

ment que j’aie confiance !”C’est ainsi que Montpellier est entrédans la cour des grands. D’aborddans le Top Ten mondial, à la4e place, en septembre 2014. Puisà nouveau en 4e position, en décem-bre 2015, parmi 1200 incubateurssélectionnés, dont 340 finementévalués. Entre les deux, en octobredernier, un autre Ubi Index, réduità l’Europe cette fois, a classé Mont-pellier en 2e position, derrière Du -blin (Irlande), mais devant Padoue(Italie).

Jungle. Alors comment s’expliquecette excellente note, répétée etétayée? Le cofondateur d’Ubi Index,Dhruv Bhatli, est venu à Montpellieren 2014 pour souligner un de nospoints forts : “Le taux de survie plusélevé que la moyenne.” Soit 77,5 %à 5 ans, contre un taux national de51,5 %. Une pérennité remarquablequi montre que nos bébés entre-prises ont été bien préparées à lajungle du marché.“L’accès au financement est un autrepoint fort salué par le classement”,met en exergue Chantal Marion, encharge du développement écono-mique à la Métropole. La mise enrelation avec des investisseurs, pré-cédée d’une préparation intensive à

601Depuis sa créationen 1987, le Bic deMontpellier aaccompagné lacréation de 601 entreprises. Actuellement,156 sont en coursd’incubation.

46314631 emploisétaient assurésen 2014 dans laMétropole par 329 sociétésissues du Bic.

4242 % des start-upcouvées par leBic appartiennentau secteur numérique (applicationspour mobile,Web, media),33 % santé (bio-tech, medtech),16 % économieverte (énergierenouvelable, biocarburant), lereste tournantautour de larobotique, desdrones et desnanotechnologies.

REPÈRES

“45 % DESENTREPRISES

DU BIC ONT DESCOLLABORATIONSAVEC L’UNIVERSITÉ

MONTPELLIÉ !RAINE.”

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L’équipe de Cap Oméga,l’incubateur du Millénaire, avec au centre, en tee-shirt blanc, sadirectrice Catherine Pommier.

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assurés aujourd’hui sur le territoirede la Métropole, ont été créés parles entreprises couvées au Bicdepuis son origine. À 70 %, desemplois de recherche et développe-ment (genre bac +10) ou de produc-tion. Dans des petites boîtes d’unedizaine de salariés en moyenne.

Université. C’est beaucoup ou c’estpeu ? Du point de vue local, et auregard de l’intérêt général, ça resteassez limité : comme en convientPhilippe Saurel (voir son interviewci-contre), c’est d’emplois moinsqualifiés et plus nombreux dont abesoin la masse des chômeursrégionaux. Mais du point de vue de l’Ubi Index,qui compare les impacts économico-sociaux des incubateurs sur “l’éco-système local”, le score montpellié-rain s’avère plutôt bon. Il faut savoirque beaucoup de start-up sont rapi-dement rachetées par plus grosqu’elles – c’est un de leurs deuxleviers de croissance avec l’entréeen Bourse – et que leurs emplois sontsouvent délocalisés par le rachat. Or, cela ne semble pas être le cas àMontpellier. Point de gros rachat

de start-up qui s’envole vers d’autreshorizons. La raison, vous la connais-sez : la qualité de vie montpellié-raine. “On est bien ici”, confirmeDimitri Moulins, le patron dePlussh, 43 ans, d’origine parisienne.“À terme, on créera peut-être uneantenne commerciale aux USA ou enAllemagne. Mais la R&D et la direc-tion resteront ici.”Un attachement d’autant plus fortque “45 % des entreprises du Bic ontdes collaborations avec l’universitémontpelliéraine”, pointe ChantalMarion. Et que 17 % des projetsinnovants sont directement issusde la recherche locale. Fac desciences ou de médecine, Institutd’électronique et des systèmes, Poly-tech, Sup Agro, centre hospitalieruniversitaire… : une des forcesmajeures du Bic, c’est d’avoir suprofiter des divers savoirs enracinésdepuis longtemps dans la cité.

Media. Reste, bien sûr, quelquesfaiblesses. “Pas assez de relationsavec les grands groupes qui investis-sent dans les start-up”, s’autocritiquela dirlo du Bic. “Pas assez de mediatraining pour préparer les patrons”,

observe Dimitri Moulins, quiconnaît en tant que journaliste lesdifficultés du passage radio ou télé.N’oublions pas, enfin, le problèmedu coût de la structure. En chargesd’exploitation, le Bic et ses 20 agentstournent autour de 2 M€ annuels,assurés par la Métropole à 88 %, lereste étant fourni par la Région etl’Europe. Cela n’a pas paru exorbi-tant aux analystes de l’Ubi Index. Ailleurs, à Toulouse par exemple,c’est le secteur privé, et non les col-lectivités publiques, qui créent etfinancent les incubateurs, du moinspour l’essentiel. Du coup, les Tou-lousains ont plusieurs incubateursdispersés (Midi-Pyrénées, La Mêlée,La Cantine, Connected Camp,TBSeeds, etc.), tirés par une écono-mie riche et dynamique. Maisaucune médaille à l’Ubi Index !R

Olivier Rioux

(1) Cap Oméga est spécialisé dans lesTechnologies de l’information et de lacommunication (Tic), Cap Alpha dans lesbiotechnologies et la CleanTech, Mibidans les entreprises étrangères qui veulents’implanter chez nous.(2) International Business InnovationAssociation.

la levée de fonds et “Demo Day”,aboutit à 15 M€ à 20 M€ investis encapital chaque année dans les start-up du Bic. Or, l’argent, c’est un desnerfs essentiels de la guerre écono-mique.Troisième bon point : le haut degréde sélectivité de l’incubateur. Uncomité, composé d’agents du Bic etd’entrepreneurs du secteur, jugechaque postulant sous tous lesangles – modèle économique, po -tentiel de croissance, qualité del’équipe fondatrice, etc. En 2015,sur 280 candidatures, seulement49 projets ont été agréés.

Emplois. Un écrémage qui permetde ne garder que les meilleurs. Etqui témoigne, au passage, de l’at-tractivité du Bic. Tout comme dugrand nombre d’entreprises accom-pagnées. Avec 156 boîtes en coursd’incubation, c’est un des plus grosincubateurs du monde, paramètreégalement pris en compte par l’UbiIndex.Question sensible dans une régionà très fort taux de chômage : lesrésultats en terme d’emplois. Rap-pelons que 4 600 emplois, encore

Chantal Marion, en charge dudéveloppementéconomique à laMétropole. À côté, le Dr Attalin,“incubé”cofondateurd’Aviitam, ci-dessous, DimitriMoulins, fondateurde Plussh.

ENQUÊTE BIC : POURQUOI MONTPELLIER EST CHAMPIONNE

LE TOP 10 DESMEILLEURSINCUBATEURS DU MONDE1) DublinEnterprise &TechnologyCentre, Dublin,Irlande.2) YoungstownEdison IncubatorCorporation,Youngstown(Ohio), USA. 3) Los AngelesCleantechIncubator, LosAngeles, USA.4) Montpellier Bic,France 5) H-FARM,Padoue, Italie.6) Incubio,Barcelone,Espagne.7) Technoport,Esch-sur-Alzette,Luxembourg.8) Ingria BusinessIncubator, Saint-Pétersbourg,Russie.9) InQbator ofPoznan Scienceand TechnologyPark, Poznan,Pologne. 10) THE HIVE,Ancône, Italie. Ubi Index,décembre 2015.

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sLA GAZETTE. L’incubateur deMontpellier décroche le

4e rang mondial dans l’Ubi Indexparu en décembre. Pourquoi unesi bonne note?PHILIPPE SAUREL. Cette renomméeinternationale de qualité est le fruitd’une longue expérience. En créantle Business Innovation Centre (Bic)dès 1987, Georges Frêche a étévisionnaire. En l’absence d’industrie,il a parié sur la matière grise. Nousrécoltons aujourd’hui le bénéfice decette œuvre pionnière. Outre l’expé-rience, la force du Bic, ce sont biensûr les universités, les 71000 étu-diants montpelliérains et leurs tra-vaux de recherche qui génèrent desentreprises innovantes. Et puis il ya aussi le facteur humain: il faut iciremercier Chantal Marion, en chargedu développement économique à laMétropole, et Catherine Pommier,la directrice du Bic, qui sont réelle-ment passionnées par les start-up.

Le Bic a créé 4600 emplois dansla Métropole. Par rapport à l’éten-due du chômage local, cela resteassez modeste. Et la plupart deces emplois sont réservés à desjeunes hyper-diplômés, alors quela majorité de nos chômeurs sontpeu qualifiés…C’est déjà pas mal, même si ce n’estjamais assez ! Les petites start-up àforte croissance, emblématiques dela nouvelle économie numérique,ont toute leur place sur notre terri-toire. Mais, c’est vrai, il faut diver-sifier notre offre d’emploi. Il n’y apas de raison qu’on ne puisse pasêtre une terre d’industrie lourdecomme la région toulousaine, où

j’ai visité beaucoup d’usines formi-dables pendant les régionales. Jeviens justement de discuter avec leministre de l’Économie EmmanuelMacron d’un projet favorisant l’im-plantation d’industriels dans laMétropole. Je ferai bientôt des pro-positions en ce sens…

Le Bic lui-même évolue. Il estquestion d’un développementvers le secteur spatial. Vous pou-vez préciser?Le Bic a signé mi-janvier une conven-tion avec Aerospace Valley, le pôlede compétitivité toulousain dédiéau spatial. Il faut savoir que la facde sciences montpelliéraine s’estlancée avec succès dans la créationd’un nanosatellite (1). Cette nouvellefilière va engendrer des start-up quiseront incubées à Montpellier. Etgrâce à la convention, elles bénéfi-cieront de l’aide technologique duCnes et de financements de l’ESA (2).

Sur les 13 start-up locales qui ontremporté le fameux Pass FrenchTech, 8 sont passées par le Bic.Un commentaire?On n’aurait jamais eu le labelFrench Tech sans le travail accomplipar le Bic pour enrichir l’écosys-tème numérique – et sans le passageà la Métropole. Pour soutenir lesstart-up, nous transformons aujour -d’hui l’ancienne mairie en hôteld’entreprises. Ça ne fera pas doubleemploi. Au Bic, l’incubation pourcouver les jeunes sociétés. À l’hôteld’entreprises, la post-incubation etl’animation pour qu’elles s’envo-lent !R

Propos recueillis par Olivier Rioux

“Le Bic va se lancerdans le spatial”Président de la Métropole, Philippe Saurel rendhommage à l’idée visionnaire de Georges Frêche.

1,3 kg !et un temps

d’avance

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Les chiffres clés de Montpellier à Toulouse

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(1) Satelliteminiature d’1 kg,conçu notammentpar l’Institutélectronique duSud, lancé dansl’espace en 2012avec le soutien dela fondation VanAllen.(2) Cnes : Centrenational d’étudesspatiales. ESA :European SpaceAgency.

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Philippe Saurel.

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