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07 04 18/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (CongoForum) Chers Visiteurs et Abonnés, Si vous désirez vous INSCRIRE (ou inscrire un ami) à notre Revue de la Presse, afin de la recevoir quotidiennement par courriel dans votre boîte, rien de plus simple ! Envoyez un courriel à l’adresse [email protected] en mentionnant simplement « Revue de presse » (et l’adresse, si ce n’est pas celle d’où vous écrivez). C’est tout !!! Nous avons vraiment besoin de votre soutien financier. Comme vous le savez, nous avons failli devoir renoncer à la gratuité des envois. Ce serait regrettable, alors qu’il suffirait que chaque abonné verse 1€ par an pour perpétuer ce service de CongoForum, un site web unique qui existe depuis octobre 2005. Nous préférons donc faire appel à vous pour que vous cotisiez librement. Merci de verser votre soutien sur le compte BE53 7380 1810 3353 EUR de l’asbl CongoForum, ou d’utiliser sur notre site le bouton « Donate » et ses options « crédit » ou « Paypal ». Si au contraire vous souhaitez vous DESINSCRIRE, c’est encore plus simple. Cliquez sur le lien « ad hoc » ci-dessous,en fin de document. Pour plus de détails sur l’actualité congolaise, voyez www.CongoForum.be Encore des questions? Mme Helène Madinda vous répondra: [email protected]. SOMMAIRE La sortie médiatique de Shadary sur RFI déclassant, de facto, le candidat déclaré Moïse Katumbi de la présidentielle ainsi et le débat autour de la machine à voter ont notamment dominé la presse parue à Kinshasa en ce samedi 7 avril 2018. Katumbi Le Potentiel titre à la Une sur la sortie médiatique du secrétaire permanent du parti présidentiel (PPRD) autour des affaires judiciaires de Moïse Katumbi,: « Acharnement judiciaire contre Katumbi : le verdict de Shadary avant le procès ». Il constate qu’alors que « Moïse Katumbi, candidat d’ « Ensemble pour le changement » à la présidentielle de décembre 2018, fait l’objet d’un acharnement devant les instances judiciaires, Shadary rend déjà le verdict. « ‘‘C’en est fini pour lui. C’est terminé’’, tranche- t-il, se substituant ainsi à la justice », écrit Le Potentiel. Ce tabloïd se demande s’il était question d’une « maladresse politique, excès de zèle ou amateurisme » de la part de Shadary. En tout cas, « tout y passe après le passage, vendredi sur les antennes de RFI, d’Emmanuel Ramazani Shadary, secrétaire permanent du PPRD », rajoute ce journal. Cas-Info.ca fait parler un avocat au sujet de cette déclaration de Shadary et titre : « Une sorte d’injonction implicite faite à la justice ». Répondant aux questions de ce média en ligne, Me Hervé Diakiese pense qu’il s’agit « d’un grave dérapage. Pour une haute personnalité de son rang, président du Groupe parlementaire du parti présidentiel à l’Assemblée nationale, ministre de l’intérieur et aujourd’hui Secrétaire permanent du PPRD, il faut prendre au sérieux ce genre de déclarations. Ce sont des propos susceptibles d’influencer le cours de la justice. », indique cet avocat. « En proclamant sur une grande radio internationale qu’un justiciable était d’office condamné, Emmanuel Shadary porte atteinte à la présomption d’innocence qui est pourtant garantie par la constitution et les lois congolaises ». Elections et Machine à voter Actualité.cd parle des doublons élagués par la CENI et titre : « La CENI affirme avoir radié 5 381 763 doublons et 902 290 mineurs ». La Commission électorale nationale indépendante (CENI) a publié, ce vendredi 6 avril 2018, les statistiques des électeurs par entités électorales, annonce ce site. « Selon ces statistiques présentées par Corneille Nangaa, président de la CENI, le fichier actuel compte au total 40 287 385 électeurs. 5 381 763 doublons ont été radiés et 902,290 mineurs. », rapporte ce site « Machine à voter en RDC : à Séoul, la commission électorale coréenne saisit la justice », annonce RFI relayée dans les colonnes du Potentiel. « La Commission électorale de Corée a saisi la justice de son pays après des soupçons de malversation contre le secrétaire général d'A-web, une association mondiale de Commissions électorales, basée en Corée,

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07 04 18/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (CongoForum)Chers Visiteurs et Abonnés,

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Pour plus de détails sur l’actualité congolaise, voyez www.CongoForum.beEncore des questions? Mme Helène Madinda vous répondra: [email protected].

SOMMAIRELa sortie médiatique de Shadary sur RFI déclassant, de facto, le candidat déclaré MoïseKatumbi de la présidentielle ainsi et le débat autour de la machine à voter ont notammentdominé la presse parue à Kinshasa en ce samedi 7 avril 2018.

Katumbi

Le Potentiel titre à la Une sur la sortie médiatique du secrétaire permanent du partiprésidentiel (PPRD) autour des affaires judiciaires de Moïse Katumbi,: « Acharnementjudiciaire contre Katumbi : le verdict de Shadary avant le procès ».Il constate qu’alors que « Moïse Katumbi, candidat d’ « Ensemble pour le changement » àla présidentielle de décembre 2018, fait l’objet d’un acharnement devant les instancesjudiciaires, Shadary rend déjà le verdict. « ‘‘C’en est fini pour lui. C’est terminé’’, tranche-t-il, se substituant ainsi à la justice », écrit Le Potentiel. Ce tabloïd se demande s’il étaitquestion d’une « maladresse politique, excès de zèle ou amateurisme » de la part deShadary. En tout cas, « tout y passe après le passage, vendredi sur les antennes de RFI,d’Emmanuel Ramazani Shadary, secrétaire permanent du PPRD », rajoute ce journal.

Cas-Info.ca fait parler un avocat au sujet de cette déclaration de Shadary et titre : « Unesorte d’injonction implicite faite à la justice ».Répondant aux questions de ce média en ligne, Me Hervé Diakiese pense qu’il s’agit « d’ungrave dérapage. Pour une haute personnalité de son rang, président du Groupeparlementaire du parti présidentiel à l’Assemblée nationale, ministre de l’intérieur etaujourd’hui Secrétaire permanent du PPRD, il faut prendre au sérieux ce genre dedéclarations. Ce sont des propos susceptibles d’influencer le cours de la justice. », indiquecet avocat. « En proclamant sur une grande radio internationale qu’un justiciable étaitd’office condamné, Emmanuel Shadary porte atteinte à la présomption d’innocence qui estpourtant garantie par la constitution et les lois congolaises ».

Elections et Machine à voter

Actualité.cd parle des doublons élagués par la CENI et titre : « La CENI affirme avoir radié5 381 763 doublons et 902 290 mineurs ». La Commission électorale nationaleindépendante (CENI) a publié, ce vendredi 6 avril 2018, les statistiques des électeurs parentités électorales, annonce ce site. « Selon ces statistiques présentées par CorneilleNangaa, président de la CENI, le fichier actuel compte au total 40 287 385 électeurs. 5381 763 doublons ont été radiés et 902,290 mineurs. », rapporte ce site

« Machine à voter en RDC : à Séoul, la commission électorale coréenne saisit la justice »,annonce RFI relayée dans les colonnes du Potentiel. « La Commission électorale de Coréea saisi la justice de son pays après des soupçons de malversation contre le secrétairegénéral d'A-web, une association mondiale de Commissions électorales, basée en Corée,

qui faisait justement la promotion de la machine à voter au Congo », annonce ce médiainternational. Kim-Yong Hi est soupçonné, selon RFI, d'avoir favorisé la société coréenneMiru, alors que son organisation est censée favoriser la transparence du processusélectoral. « La Corée du Sud avait déjà, ces derniers jours, dénoncé l'usage de cettemachine au Congo, en évoquant des risques », rappelle cette radio. (Voir l’article entier ci-dessous dans notre partie « internationale ». NdlR)

Mais la machine n’a pas que des ennemis. Alors que l’opinion a toujours qualifiél’International Crisis Group comme opposant de la Commission Électorale NationaleIndépendante, les responsables de l’ICG, à la surprise de tous, croient fermement en latenue des élections en RDC, le 23 décembre 2018. Car, ont-ils affirmé, « toutes lesconditions sont réunies ».Dans un rapport publié le jeudi 5 avril 2018, l’ONG de prévention des conflitsInternationaux à appelé les parties prenantes au processus électoral congolais à redoublerd’efforts pour que les élections soient les plus crédibles que possibles.. Pour les experts del’ICG le contexte politique en RDC a changé. Par conséquent, il faut en profiter.« Les récentes déclarations du président JKK et les décisions de la CENI démontrent queles élections se tiendront cette année. L’enjeu est désormais de faire le maximum pour queles scrutins soient bien organisés ».Pour cela, l’ONG internationale propose une série de mesures. Il s’agit, notamment,d’autoriser tous les candidats à participer aux élections sauf s’il y a des obstacles légauxréels; que la sécurité des candidats soient garanties. Enfin, que ceux qui ont la charge definancer les élections donnent, de manière détaillée, les budgets pour plus de transparenceet que la CENI et le Gouvernement prennent des décisions pour redonner la confiance auxélecteurs.Concernant la machine à voter, l’ICG a conseillé aux congolais de ne pas la rejeter maisplutôt limiter leur utilisation aux endroits où il y a l’électricité et où elles peuvent êtreaccessibles et aussi de faire procéder à leur vérification par la société civile et l’oppositionpour éviter tout soupçon de tricherie.

ACPLe Bulletin de l’ACP annonce le changement dans sa direction et titre : « Les nouvellesautorités de l’ACP prennent leurs fonctions ».L’agence rapporte que les nouveaux dirigeants de l’Agence congolaise de presse (ACP),Nicole Dimbambu Kitoko, présidente du conseil d’administration, Lambert Kaboy, directeurgénéral et Sébastien Luzanga Shamandevu, directeur général adjoint, récemment nomméspar ordonnance présidentielle, ont pris vendredi leurs fonctions, au terme d’une cérémoniede remise et reprise organisée dans la salle de conférence de l’Agence, en présence duministre de la Communication et des médias, Lambert Mende Omalanga.

Rappel : Les 7 conditions à défaut desquelles une élection sera NULLE.

L’élection est un processus complexe, une machine aux multiples rouages, et il faut que chacunde ceux-ci fonctionne impeccablement pour que l’élection puisse être valable.

Si un seul de ces rouages est défectueux ou grippé, cela met à néant la validité de tout leprocessus et les élections sont nulles. Schématiquement, ces conditions sont au nombre de sept:

1 – Le corps électoral doit être correctement connu et identifié. Là où, comme en RDC, le dernierrecensement remonte au Déluge, ce recensement doit avoir lieu avant que l’on n’envisage d’organiserdes élections .

2 – L’organisation pratique et matérielle des élections doit être confiée à une institution neutreet apolitique. C’est actuellement un point d’achoppement en RDC.

3 – Lorsque l’obstination d’un Président, jamais élu comme en RDC, ou simplement arrivé en finde mandat, rend une Transition indispensable, celle-ci ne peut être présidée que par une personneconsensuelle et qui s’engage à ne pas être candidate.

4 – La certification des résultats doit être confiée à un pouvoir judiciaire parfaitementindépendant.

5 – Toutes les opérations, depuis les bureaux de vote jusqu’à la proclamation finale, doivent êtreparfaitement transparentes, soumises à l’observation, tant des témoins désignés par les candidats quedes observateurs nationaux ou internationaux. En particulier, les opérations électroniques doivent être,soit évitées, soit soumises à une surveillance particulièrement scrupuleuse. (Même si elles neconcernent que la transmission des résultats des bureaux locaux au bureau central. Le souci affiché de« gagner du temps »peut cacher une intention de gagner l’élection… en trichant).

6 – Les élections doivent être organisées par ordre d’importance croissante : régionales etlocales, d’abord, provinciales et législatives ensuite, présidentielle en fin de parcours.

7 – Là où, comme en RDC depuis les élections de 2011, l’on vit sous un régime illégitime, il nesaurait être question d’impunité. Il faut des enquêtes sérieuses pour déterminer les causes et originesdes irrégularités, qu’on punisse les responsables, qu’on les écarte définitivement de toute responsabilitéélectorale et qu’on en tire les conséquences quant aux futures élections. Il aurait dû y avoir uneprotestation générale des démocrates de tous les partis, car un démocrate ne saurait accepter que soncandidat gagne par la fraude, la corruption et le mensonge.

Il est indispensable que TOUTES ces conditions soient réalisées EN MEME TEMPS. Sans quoi l’ons’expose aux pires aventures telles celles dont la RDC donne, pour son malheur, le triste exemple àl’Univers entier. Dans ce pays, en effet, aucune de ces sept conditions n’a jusqu’ici été respectée.

L’on pourrait ajouter une huitième condition aux sept énumérées ici : le soutien ferme et sélectifde la «communauté internationale » aux démocraties en construction. Mais cela ne dépend pas des paysafricains eux-mêmes.

Presse et documents étranger

Entre Bruxelles et Kinshasa, des rapports sibériens…Colette Braeckman – Le Soir – 30 mars 2018

Retenu ? Suspendu ? En congé forcé ? Depuis le 29 janvier, Bertrand de Crombrugghe,ambassadeur de Belgique à Kinshasa a quitté son poste, rappelé à Bruxelles enconsultation à la suite de la brouille entre la Belgique et le régime Kabila. Initialement, iln’était parti que pour quelques jours, avec un bagage léger, mais voilà qu’à l’issue d’unesérie de réunions au département des Affaires étrangères, il a annoncé qu’il allait prendredes vacances… En son absence c’est le consul de Belgique à Lubumbashi, PhilippeBronchain, qui « assure » les affaires courantes, sans que sa présence rassure réellementla petite communauté belge qui se sent de plus en plus mal aimée.Aujourd’hui sibérien, le froid entre Bruxelles et Kinshasa s’est installé depuis 2016. Où estle temps où Armand de Decker, Didier Reynders et Louis Michel s’envolaient pour Kinshasapuis Lubumbashi pour souhaiter « bon anniversaire » à un président dans lequel ilsplaçaient encore beaucoup d’espoir et offraient de luxueux boutons de manchette à unhomme qui préférait encore arborer des tenues sahariennes dont il relevait les manches ?C’est en 2016 que le vent a réellement tourné, lorsqu’il est apparu que l’engagementconstitutionnel de tenir des élections d’ici la fin de cette cinquième année de deuxième etdernier mandat ne serait pas tenue. Auparavant, l’ambassadeur Latschenko, un anciend’Afghanistan qui n’avait pas froid aux yeux, avait été remplacé par Bertrand deCrombrugghe. Ce dernier, alors qu’il était en poste à Moscou, avait été mêlé à l’affaireSuleiman Karimov . Lié aux protagonistes du Kazakhgate, ce ponte du régime avait invitéle diplomate belge sur son yacht, de bonnes relations qui lui avaient permis de recevoir unvisa pour la Belgique. La voie de garage indiquée à l’ambassadeur le mena à Genève, oùil passa beaucoup de temps à suivre les travaux de la Commission des droits de l’hommede l’ONU, puis à Kinshasa où il se démarqua de son prédécesseur par une attitude plusconciliante, dictée peut-être par sa relative faiblesse.C’est qu’à Bruxelles, dès l’été 2016, en minimisant la capacité de temporisation desCongolais, maîtres des tempos longs de l’histoire, on s’était engagé dans une course defond aux côtés des successeurs possibles de Kabila : le ministre Reynders avait lui-mêmepatronné, à Genval, une réunion rassemblant une large part de l’opposition congolaise.Moïse Katumbi, l’ancien gouverneur du Katanga fut littéralement adoubé comme chef defile tandis qu’Etienne Tshisekedi le vétéran de l’UDPS apparut flanqué de son fils Félix,présenté comme son éventuel successeur.

L’année 2016 s’étant terminée sans élections et la situation étant devenue explosive, lesévêques du Congo réussirent à conclure l’accord dit de la Saint Sylvestre, prévoyant desélections en 2017 et, entretemps, la mise en place d’un gouvernement dirigé par unPremier Ministre issu de l’opposition. Bruxelles se réjouit de cet accord, y voyant unenouvelle source de légalité, mais la mort d’Etienne Tshisekedi, qui aurait dû diriger leComité de surveillance des accords (CNSA) plongea son parti dans le désarroi. JosephKabila, habile manœuvrier, suggéra à l’opposition de lui proposer trois noms pour le postede Premier Ministre, ce qui suscita, sans surprise, une âpre bataille qui fut tranchéed’autorité par la nomination du Premier Ministre actuel Bruno Tshibala. Ce dernier avaitaccompagné Etienne Tshisekedi et son parti l’UDPS durant des décennies et cet hommequi, à l’époque ne possédait même pas une maison à Kinshasa, fut aussitôt accusé par sesrivaux de s’être laissé acheter par un Kabila utilisant désormais les mêmes méthodes queMobutu… Didier Reynders assura aussitôt que l’esprit des accords de la Saint Sylvestren’avait pas été respecté. Même si le jugement était exact sur le fond, le ministre, en leformulant de manière abrupte, s’enfonçait davantage encore dans la « cuisine politique »congolaise pour ne pas dire dans le poto poto, ce qui fut mal perçu à Kinshasa.Tout au long de l’année 2017 la crise s‘est accentuée, non seulement au Congo, mais aussientre Kinshasa et Bruxelles : dans le pays, la violence s’est étendue, en particulier dans leKasaï et en Ituri, jetant le doute sur la faisabilité des élections, la dépouille d’EtienneTshisekedi n’a toujours pas été rapatriée… Alors que Moïse Katumbi était souvent reçu auxAffaires étrangères et apparaissait comme le favori des Belges, Kinshasa soupçonnait laBelgique d’avoir aidé l’Europe à dresser la liste des personnalités congolaises sanctionnéeset interdites d’accès sur le territoire de l’Union. En réalité, alors qu’auparavant la diplomatiebelge agissait plutôt en coulisses, sous Reynders, elle tenta d’affirmer son leadership surle Congo, Bart Ouvry représentant l’Union à Kinshasa tandis qu’à Bruxelles c’est KoenVervaeken qui est directeur Afrique de l’Union. Même la députée socialiste européenneMarie Arena, très active au Parlement européen et prônant une politique de sanctions, estperçue par Kinshasa comme une autre facette d’une politique belge offensive.Le camouflet subi lors de l’inauguration de la nouvelle ambassade de Belgique a traduit lemalaise : alors que l’ambassadeur de Crombrugghe avait averti Bruxelles du fait qu’aucunofficiel n’aurait l’autorisation d’assister à la cérémonie, Didier Reynders tint à faire l’allerretour mais, comme frappé par une « fatwa » présidentielle, il ne rencontra aucunepersonnalité congolaise.Les manifestations des chrétiens congolais ont évidemment aggravé la situation. L’opinionbelge a été choquée par l’usage excessif de la force, par des images montrant des policiersprofaner des églises et tirer à balles réelles sur des chrétiens, à tel point que le pouvoirpolitique, se sentant soutenu par la population, a durci les mesures : Alexander de Croo aannoncé, par voie de presse, la réaffectation de 25 millions d’euros destinés à lacoopération, frappant ainsi la population congolaise plus que l’élite au pouvoir.Les mesures de rétorsion n’ont alors pas tardé : réduction des fréquences de BrusselsAirlines (et cela alors que les Allemands menaçaient de faire disparaître le hub africain deBruxelles au profit de Düsseldorf) fermeture des consulats à Lubumbashi et à Anvers. Maissurtout les Congolais démontrèrent que, pour se tirer une balle dans le pied, ils étaientaussi doués que leur ancien colonisateur : la fermeture de la Maison Schengen, une mesuredestinée à sanctionner la Belgique, prive désormais 12.000 demandeurs de visa congolaisd’accéder à l’espace européen, ce qui provoque un vif mécontentement au sein del’establishment…Aujourd’hui, l’impasse est totale : une délégation belge composée de représentants duPremier Ministre, de Didier Reynders et d’Alexander de Croo s’est rendue discrètement àKinshasa pour tenter d’évaluer la situation (alors que l’ambassadeur restait en Belgique…)mais une deuxième réunion qui aurait dû se tenir à Bruxelles n’a pas eu lieu, lespersonnalités désignées par Kinshasa pour y assister étant interdites de séjour en Europe…Il n’est pas sûr que la diplomatie belge, qui s’est avancée à découvert loin de sa « zone deconfort » traditionnelle, sous estimant la ruse d’un Kabila capable de reculer pour encoregagner du temps, soit suivie par ses alliés européens, un peu surpris de ce radicalismeinusité. Du côté français en tous cas, on joue cavalier seul dans le plus grand paysfrancophone d’Afrique. Quant au Vatican, inquiet par les risques de dérapage, il aurait lui-

même conseillé aux évêques congolais de s’engager à fond dans la perspective desélections et d’abandonner la voie dangereuse d’une « transition sans Kabila » qui, dans unpremier temps, serait inévitablement synonyme d’un surcroît de violence.Didier Reynders, privé d’ambassadeur sur le terrain, demeure bien seul sur la ligne decrête où il a choisi de cheminer…

Environnement : le silence de la forêt congolaiseFrançois Soudan - Jeune Afrique - le 02 avril 2018

La forêt congolaise, deuxième réserve forestière humide après le bassin amazonien, estaussi un gigantesque piège à CO2 aujourd'hui en danger. Un sommet se tient fin avril à

Brazzaville sur le sujet, dans un assourdissant silence médiatique.

Édito. Ce 25 avril se tiendra à Brazzaville un sommet de seize chefs d’État d’Afrique centraleet de l’Est, auquel devrait se joindre le roi du Maroc Mohammed VI. Sujet et objet capitaux– le bassin du fleuve Congo et son rôle majeur dans l’équilibre climatique de la planète –,mais exposition médiatique inversement proportionnelle, tout au moins faut-il le craindre.Que pèse l’avenir de l’humanité face à la polémique sur la nationalité d’emprunt deKatumbi, le mutisme de Bédié, les dauphins furtifs de Biya ou le énième candidat à laprésidentielle malienne ?Rien en termes de clics sur la Toile africaine, tout pour peu que l’on prenne en compte lesmultiples enjeux – politiques, sociaux, économiques, existentiels – du réchauffementclimatique.

La myopie du « fast thinking »Lorsque les côtes du golfe de Guinée reculent chaque année un peu plus du fait de l’érosion,que les pluies hors saison font s’effondrer des quartiers entiers de Kinshasa, de Luanda oude Monrovia, lorsque l’avancée du désert multiplie les conflits armés entre agriculteurs etéleveurs tout le long de la bande sahélienne, offrant au jihadisme un terreau fertile, lamyopie du « fast thinking » pose un vrai problème.En Afrique plus qu’ailleurs, l’information sur l’environnement demeure largementinégalitaire car réservée à une élite experte. Pour la grande masse des citoyens, obligésde se contenter d’une information gratuite de mauvaise qualité, pauvre pour les pauvres,ces défis qui les concernent échappent encore très largement à l’entendement.

Une bombe à retardement en mesure d’asphyxier la moitié de la planèteEt pourtant : quel extraordinaire poumon de notre globe que cette forêt congolaise,deuxième réserve forestière humide après le bassin amazonien !Ici se concentrent près du quart des forêts tropicales du monde, plus de la moitié desespèces terrestres végétales et animales connues, une biodiversité halieutique unique et –si l’on n’y prend garde – une bombe à retardement en mesure d’asphyxier la moitié de laplanète.Cette arme fatale a un nom : tourbière. Un lieu : à cheval sur la frontière entre les deuxCongos, quelque part entre Epéna et Mbandaka. Une fonction : celle de capturer en sonsein trente gigatonnes de carbone, soit l’équivalent de quinze à vingt ans d’émissionstoxiques de CO2 des États-Unis.

Intérêt vital pour l’humanitéMise au jour il y a un peu plus d’un an, via une étude passée presque inaperçue de la revuescientifique britannique Nature, cette tourbière, la plus vaste au monde, est d’un intérêtvital pour l’humanité. La protéger et empêcher que son assèchement, déjà envisagé côtéRD Congo par quelques prédateurs pétroliers, n’aboutisse à la libération dans l’atmosphèred’une couche toxique dévastatrice, sont considérés par les Nations unies comme unepriorité écologique absolue.Il en va du bois comme du pétrole en Afrique centrale : une richesse exportée brute dansle cadre d’une économie d’extraction rentière

C’est pour le répéter que le « Monsieur Environnement » de l’ONU, Erik Solheim, s’estrendu, fin mars, à Brazzaville, à l’occasion de la première réunion en terre africaine del’Initiative mondiale sur les tourbières.Silence médiatique aussi quant à l’urgence de sauvegarder le biotope forestier et lesquelque 5 millions d’Africains qui y vivent et en vivent, depuis le sud du Cameroun jusqu’auManiema. Ici aussi, les pilleurs sont au nord (ou à l’est) et les victimes au sud.Il en va du bois comme du pétrole en Afrique centrale : une richesse exportée brute dansle cadre d’une économie d’extraction rentière. Comment résister au rush mondial sur lesréserves, évoluer vers une économie durable et diversifiée, sortir du Far West  ?Certes, depuis des décennies, les ministres chargés de ce secteur mettent régulièrementen scène saisies de cargaisons illicites de bois précieux, arrestations de braconniers etcampagnes de planting télévisées.

Ce ne sont pas les outils qui manquent, c’est le courage de s’en servirMais les chiffres sont là : la grande forêt du bassin du Congo a perdu 700 000 ha entre2000 et 2010, presque autant de 2010 à 2018. Car si l’appareil réglementaire destiné àcontrôler la production de l’économie forestière et à réguler les aires protégées existe danstoutes les législations des pays de la région, encore faut-il l’appliquer.C’est bien là le problème récurrent et quasi généralisé à tous les secteurs de la vie publiqueen Afrique centrale : on légifère, mais les décrets d’application tardent à venir et la volontépolitique des acteurs de l’État est souvent aux abonnés absents. Ce ne sont pas les outilsqui manquent, c’est le courage de s’en servir.Pourtant, peu à peu, les temps changent. Depuis la COP21 de Paris et la COP22 deMarrakech, et sous l’impulsion de quelques-uns d’entre eux, les chefs d’État africains ontcompris que l’environnement était sur la scène internationale une cause à la fois porteuse,éthique et potentiellement « bankable ».Une prise de conscience s’opère aux allures de révolution copernicienne : alors que nombrede ses enfants continuent de migrer vers le nord, une partie de l’Afrique tient entre sesmains, au cœur de ses forêts, de ses tourbières et de son écosystème, une partie du destinde l’humanité.Situation schizophrénique à laquelle une participation massive des bailleurs internationauxau Fonds bleu, cet instrument financier d’investissement durable de la Commission climatdu bassin du Congo, lancé il y a un peu plus d’un an à Marrakech et à Oyo, apporterait undébut de remède. Ce sera à l’ordre du jour du sommet du 25 avril. Et cela mérite que lesmédias s’y intéressent.

Le courage des militaires contraste parfois avec la légèreté des politiquesColette Braeckman – Le Soir – le 2 avril 2018

L’abnégation dont a fait preuve Arnaud Beltrame, cet officier français qui s’est sacrifié poursauver la vie d’une otage a soulevé l’émotion générale et suscité de nombreuxcommentaires à propos de son courage, de son engagement, de son héroïsme. Il n’est pasinutile de rappeler à l’occasion que dans tous les pays et plus particulièrement dans degrands Etats tels que la France, les armées nationales accueillent et forment des hommesd’exception, sélectionnés précisément pour leurs qualités hors du commun. Des qualitésphysiques, multipliées par des entraînements extraordinairement rigoureux, des qualitésintellectuelles mais aussi un sens aigu du devoir. Sans oublier cette qualité peu à la modede nos jours, le patriotisme, qui incite à donner tout son sens au mot « servir » sinon àsacrifier son existence. .Parmi ces hommes se retrouve l’élite d’une nation, une élite qui, en plus, se trouve, pardéfinition, assignée à l’obéissance et… au silence. C’est pourquoi la vie de tels hommes nepeut être galvaudée. Ni dans des opérations imprudentes, hâtivement décidées, ni, pireencore, dans des opérations moralement et politiquement douteuses.Or on constate, en France, aux Etats Unis et dans d’autres grandes démocraties, que lespolitiques engagent souvent à la légère la vie de troupes qui n’ont d’autre choix qu’obéiret se taire. Faut-il rappeler à propos du Rwanda les révélations du capitaine Ancel, dulieutenant Thierry Prugnaud ? Des hommes d’élite qui, envoyés au Rwanda en 1994, pourune mission ambigüe, se retrouvèrent non aux côtés des victimes mais acclamés par les

tueurs, les auteurs du génocide dont ils apparurent, bien malgré eux, comme les alliésobjectifs ? Ce sont des politiques, pour des objectifs purement géopolitiques, qui les avaientobligés à ce compagnonnage infâme, dont beaucoup revinrent avec des blessurespsychologiques inguérissables ?Faut-il rappeler d’autres opérations tout aussi contestables ? La guerre contre l’Irak, àlaquelle la France, tout à son honneur, ne prit pas part, la guerre en Libye et l’assassinatdu colonel Kadhafi, dont on mesure aujourd’hui les mobiles peu avouables, voirel’intervention en Côte d’Ivoire dont on mesurera un jour les motivations exactes.Dans toutes ces occasions, des politiques, en leur âme et conscience, engagent la vie desmilitaires de leur pays. Mesurent ils à quel point ces hommes sont confrontés au sacrificesuprême ? A quel point c’est faire injure à leur compétence, à leur courage et parfois leurhéroïsme que les engager dans des opérations « tordues » ou discutables ?La lutte contre le terrorisme, la protection des civils, le rétablissement ou le maintien de lapaix, voilà des causes qui ne souffrent aucune contestation. Mais il en est tant d’autres,pour lesquelles on envoie au feu l’élite d’une nation, sur base de calculs politiques oud’intérêts inavouables…Lorsque l’héroïsme des hommes en uniforme contraste avec lalégèreté des politiques, c’est la cohésion nationale qui s’en trouve ébranlée…

Séoul désavoue la « machine à voter » sud-coréenneMarie-France Cros – La Libre Afrique- le 2 avril 2018

C’est la dernière édition de Jeune Afrique qui l’annonce: une lettre de l’ambassade de Coréedu Sud à Kinshasa désavoue la « machine à voter » sud-coréenne que la Ceni (commissionélectorale nationale indépendante) veut imposer pour les prochaines élections enRépublique démocratique du Congo (RDC), fixées – cette fois – au 23 décembre.Selon Jeune Afrique, l’ambassade de Corée du Sud à Kinshasa lui a adressé un Email pourexprimer sa « position officielle » sur la « machine à voter » que veut imposer, malgré laméfiance générale, la Ceni pour les prochaines élections congolaises. Cet appareil estfabriqué par la compagnie sud-corééenne Miru Systems.Le courriel de l’ambassade sud-coréenne indique: « Le gouvernement coréen a dûmentexpliqué au fabricant (…) les risques potentiels en cas d’exportation de ces machines »,rapporte J.A. « Plus particulièrement, exporter ces machines au Congo pourrait donner augouvernement congolais un prétexte pour (obtenir) des résultats indésirables liés auxélections, notamment (un) retard additionnel (à leur) tenue ».Ces machines n’ont encore été utilisées nulle part et les démonstrations effectuées en RDCsont loin d’avoir donné satisfaction. Les électeurs congolais sont nombreux, en outre, àredouter qu’elles soient utilisées pour organiser une fraude massive, plus discrète que cellequi avait poussé les observateurs à considéréer les élections présidentielle et législative denovembre 2011 comme « non crédibles ».

Félix Tshisekedi remis en selle ?Christophe RIGAUD – Afrikarabia – le 02 Avril 2018

Son élection à la tête de l’UDPS et sa candidature à la prochaine présidentielle relancentle leadership de l’opposant Félix Tshisekedi, au moment où le favori, Moïse Katumbi, est

toujours en exil forcé en Europe.L’horizon s’éclaircit pour l’UDPS de Félix Tshisekedi. Sans président depuis la mort duleader historique Etienne Tshisekedi et en guerre contre les ailes dissidentes du parti,l’UDPS revient dans la course après la tenue de son congrès ce week-end. Le parti s’estd’abord trouvé un successeur au « Sphinx de Limete » décédé en février 2017. Sanssurprise, c’est le fis du leader emblématique, Félix Tshisekedi, qui a été désigné par lesmembres de son parti pour porter à nouveau le flambeau de l’UDPS, avec un score quasisoviétique (98,38%). Avec surprise cette fois, Félix Tshisekedi a également été investi pourreprésenter le parti aux prochaines élections générales de décembre 2018.Seconde bonne nouvelle pour le parti, l’aile historique, représenter par Félix Tshisekedi, arécupéré le label UDPS face aux autres groupes qui en revendiquaient le nom. BrunoTshibala, ancien cadre du parti avant d’être nommé Premier ministre par Joseph Kabila,estimait être le plus légitime à représenter le parti de feu Etienne Tshisekedi, dont il a été

proche collaborateur. Mais le Conseil national de suivi de l’accord de la Saint-Sylvestre(CNSA) a estimé que seule la branche « historique » de Félix Tshisekedi pouvait porter lelabel UDPS. Même si Bruno Tshibala paraît bien décidé à contester cette décision, le partide Félix Tshisekedi semble désormais en ordre de bataille pour les prochaines élections dedécembre. Des élections qui restent pour le moment très hypothétiques.

Kabila sans dauphin et Katumbi incertainLa désignation de Félix Tshisekedi à la tête de l’UDPS et comme candidat à la présidentielledonne en effet le coup d’envoi d’une bien étrange campagne électorale. Le président JosephKabila, qui devait quitter le pouvoir en 2016, s’accroche toujours à son fauteuil en retardantvolontairement les élections. Dans l’impossibilité de briguer un troisième mandat, le chefde l’Etat tarde également a désigner un dauphin. Du côté de l’opposition, la situation esttoute aussi floue. Le candidat le plus en vue, l’homme d’affaires Moïse Katumbi, qui est enexil forcé en Europe, pourrait être tout simplement empêché de se présenter. L’anciengouverneur du Katanga, est harcelé par la justice congolaise, depuis son transfuge dansl’opposition, et risque l’inéligibilité. Deux affaires rocambolesques, une condamnation, etun problème de double nationalité, pourraient bien mettre hors-jeu Moïse Katumbi quirisque la prison s’il décidait de rentrer au pays.Le fait que Félix Tshisekedi se fasse investir comme candidat à la présidentielle de l’UDPStombe donc au plus mauvais moment pour l’équipe Katumbi. Attaqué de toutes parts parune justice « téléguidée » par le pouvoir, Moïse Katumbi vacille. Certains observateursdoutent désormais que l’ancien gouverneur du Katanga puisse aller au bout de sacandidature. L’annonce de celle de Félix Tshisekedi à la présidentielle, si elle n’est pas unesurprise, prend tout de même tout le monde de court. Car officiellement Katumbi etTshisekedi sont toujours alliés au sein de la plateforme du Rassemblement de l’opposition.Mais avec une présidentielle à un seul tour, l’opposition est condamnée à ne présenterqu’un seul candidat si elle veut avoir une chance de remporter l’élection. Dans ce contexted’incertitude, la candidature de Félix Tshisekedi pourrait bien apparaître comme une sortede « plan B » pour l’opposition congolaise, si Moïse Katumbi venait à ne pas pouvoir seprésenter.

Money moneyPour mener campagne dans ce vaste pays continent qu’est le Congo, il faut de l’argent…beaucoup d’argent. Et l’UDPS de Félix Tshisekedi en manque cruellement. Le parti ad’ailleurs dû lancer un appel au don pour organiser le très modeste congrès de ce week-end. Le seul candidat d’opposition à être en capacité financière de mener une campagneélectorale s’appelle… Moïse Katumbi. L’ancien gouverneur détient donc la clé du scrutinpour l’opposition congolaise. Avec lui (et son équipe y croit plus que jamais), ou sans lui.En l’absence de Moïse Katumbi sur le terrain, en République démocratique du Congo, FélixTshisekedi continue de tracer sa route et de rassembler autour de son parti. Si les deuxautres poids lourds de l’opposition, Vital Kamerhe (UNC) et Eve Bazaïba (MLC), n’étaientpas présents lors du lancement du parti de Moïse Katumbi, « Ensemble pour le changement» en Afrique du Sud, Félix Tshisekedi a réussi le tour de force de les réunir pendant lecongrès de l’UDPS. Signe qu’un axe Tshisekedi/Kamerhe/Bazaïba pourrait voir le jour. Maispour l’heure, il est encore trop tôt pour nouer des alliances et l’ensemble des plateformesd’opposition prônent encore une unité (de façade).L’alternance semble pourtant bien en marche en RDC. Un récent sondage de l’institut Berciet du GEC démontre que les Congolais rejettent majoritairement la politique du présidentJoseph Kabila. Mais pour qu’il y ait alternance, encore faut-il que Joseph Kabila accepte dequitter le pouvoir (rien n’est moins sûr) et que le scrutin ait réellement lieu, et qu’il sedéroule en toute transparence. Sur ce point, il y a de nombreux motifs d’inquiétudes : letaux d’enrôlement des électeurs est anormalement élevé dans certaines provinces, ce quifait craindre des irrégularités et des fraudes massives, comme lors des élections

anarchiques de 2011, qui, rappelons-le, sont à l’origine de la crise de légitimité actuelle deJoseph Kabila.

RDC-Corée du Sud : Séoul dézingue les « machines à voter » de Miru SystemsJeune Afrique - le 03 avril 2018

Après l'article de Jeune Afrique sur les dessous du contrat entre la Commission nationaleélectoral indépendante (Ceni) et le sud-coréen Miru Systems pour les « machines à voter», l'ambassade de Corée du Sud se désolidarise du fabricant et prévient des risques de «

retard additionnel » à la tenue des élections.

À la suite de notre enquête sur la transparence des élections en Afrique (publié dans len°2982 de Jeune Afrique, et diffusé sur notre site le 15 mars) l’ambassade de Corée duSud à Kinshasa nous a adressé un e-mail précisant sa « position officielle » sur le sujet.En termes très directs, elle s’y désolidarise de Miru Systems, le fabricant sud-coréen desfameuses « machines à voter », qui doivent être utilisées lors des prochaines électionscongolaises.« Le gouvernement coréen a dûment expliqué au fabricant […] les risques potentiels encas d’exportations de ces machines, lit-on dans ce document dont la traduction a étéassurée par les services de l’ambassade sud-coréenne à Kinshasa. Plus particulièrement,exporter ses machines au Congo pourrait donner au gouvernement congolais un prétextepour [obtenir] des résultats indésirables liés aux élections, notamment [un] retardadditionnel [à leur] tenue. »L’ambassade nous informe par ailleurs que l’Association mondiale des organes de gestiondes élections (A-WEB), une organisation sud-coréenne qui fournissait un soutien techniqueà la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) congolaise, « a rompu ses liensavec le Congo, suivant la position du gouvernement coréen » en décembre 2017.

Infographie-RDC : 1 milliard de dollars de recettes publiques tirées desressources naturelles en 2017

Victor Bérenger - Jeune Afrique – le 03 avril 2018

Alors que le nouveau code minier qui vient d'être ratifié par Joseph Kabila déclenche lacolère des entreprises étrangères, on apprend que les recettes publiques tirées desressources naturelles (mines, hydrocarbures, forêts) ont progressé de 45% en 2017 pours'établir à 1,029 milliard de dollars.C’est une année faste pour les finances de l’État congolais. Les recettes publiques tiréesdes ressources naturelles ont progressé de 45,2 % en 2017, dépassant la barre du milliardde dollars, dynamisées par la hausse des prix des matières premières sur les marchésmondiaux.Cette hausse des entrées en devises a conduit à un stabilisation de la situationmacroéconomique en RDC, avec une hausse de l’activité économique estimée à 3,7% en2017, un ralentissement de l’inflation, qui a atteint 1,86% en février 2018 par rapport à lamême période en 2016 et une stabilisation du franc congolais sur le marché des changes,d’après les données de la Banque centrale congolaise. La loi de finances pour l’exercice2018 atteint 10 313,3 milliards de francs congolais, soit environ 5 milliards de dollars.

Objectif : plus du double des recettes budgétairesAvec le nouveau code minier, qui a été promulgué le 9 mars par le chef de l’État JosephKabila, l’objectif affiché du gouvernement est d’augmenter les recettes publiques tirées dusecteur minier, dans un contexte de hausse du prix des matières premières. Selon ledirecteur de cabinet de Joseph Kabila, cité par le communiqué de la présidence, « il estbien possible de faire passer les recettes budgétaires […] provenant de l’exploitationminière de 800 millions actuellement à 2 milliards de dollars américains demain ».

Reste que pour certaines ONG et entreprises minières des efforts doivent être égalementfait du côté de la gouvernance du secteur. « Nous serions ravis de payer plus si nous étionssûrs que cela profite aux communautés et à la région où nous travaillons », assurait enfévrier à Jeune Afrique Robert Friedland, patron d’Ivanhoe Mining, présent au Katanga,soulignant en creux son manque de confiance dans la gestion des recettes minières par lesautorités ou la Gécamines.Quelques semaines après la promulgation du code minier, la publication des statistiquesdes recettes publiques tirées des ressources naturelles (mines, hydrocarbures, forêts) parle ministère congolais des Finances permet de faire le point de ce qui a été perçu par l’Étatcongolais en 2017.

Hausse de presque 100 % au quatrième trimestre 2017Au quatrième trimestre 2017, les recettes publiques tirées des ressources naturelles ontprogressé de 96,6 % par rapport au trimestre précédent (et de 121,8 % par rapport auquatrième trimestre 2016) grâce à l’envolée des revenus miniers (+70,8% par rapport auT3 2017) et pétroliers (+380,3% par rapport au T3 2017).

1 milliard de dollars de recettes en 2017Sur l’année, les recettes publiques tirées des ressources naturelles sont passées de 708,8millions de dollars en 2016 à 1 029,1 millions de dollars en 2017, avec une augmentationde 35,6 % des revenus miniers et de 102,8 % des revenus pétroliers.Cette hausse des revenus miniers tient de la hausse des prix sur les marchésinternationaux, avec par exemple une augmentation en 2017 des cours du cuivre de 13,3%, de l’or de 13 % et du coltan de 59 %.La production minière a suivi une tendance similaire, avec une hausse en 2017 de 6,9 %pour l’extraction de cuivre, de 2,7 % pour l’or et de 129,7 % pour le coltan, pour ne prendre

80 % proviennent des revenus miniersSur le milliard de dollars de recettes publiques tiré des ressources naturelles en 2017,presque 80 % provient des revenus miniers et environ 20 % des revenus pétroliers. Cettestructure a légèrement évolué, puisqu’en 2016, les recettes minières comptaient pour 85,5

64 % issues des impôts directs et indirectsCes recettes publiques proviennent de différentes sources. Comptant pour 63,6 % du total,la plus importante consiste aux impôts directs et indirects. Cette catégorie regroupenotamment l’impôt sur le bénéfice, la taxe sur la valeur ajoutée, ainsi que les pénalitésfiscales et amendes.Arrivent ensuite les recettes domaniales et les participations (redevance minière, droitsd’explorations etc…) atteignent 30,9% du total. Plus marginal, les droits de douaness’établissent à 5,6 % des recettes publiques tirées des ressources naturelles.Parmi les changements introduits par le nouveau code minier figurent notamment lerenforcement de la taxation, avec la hausse des royalties de 2 à 3,5 % du chiffre d’affairessur les minerais « classiques » (tels que le cuivre ou l’or) et de 2 à 10 % sur les minerais« stratégiques », et en particulier le cobalt. Ces changements pourraient être applicableimmédiatement, y compris aux entreprises déjà présentes dans le pays, selon certainesdispositions du texte.D’après le ministre des Mines Martin Kabwelulu, des ajustements pourront avoir lieu aucas par cas, grâce au règlement minier qui viendra régir son application. Le ministre acependant souligné que ces aménagements ne pourront pas venir contrevenir auxdispositions inscrites dans le texte de loi.

Arts : l’envolée des peintres populaires congolaisLéo Pajon – Jeune Afrique - le 03 avril 2018

Portée par une nouvelle génération talentueuse, la peinture congolaise a pris d’assaut lesmusées européens, comme le prouve « Congo Paintings », au Musée africain de Namur.

Il fallait oser… Une peinture signée Sam Ilus montrant Patrice Lumumba brandissant undrapeau « Vive l’indépendance, vive l’avenir » accrochée à quelques centimètres d’un bustede Léopold II, artisan de la colonisation sanglante du Congo. La scène se passe dansl’improbable Musée africain de Namur (MAN). Conçu comme un outil de propagandecoloniale, l’établissement l’est resté jusqu’au début des années 2000, longtemps pris encharge par des nostalgiques du Congo belge.On y traverse des salles et des couloirs étroits aux couleurs délavées, éclairés au néon etchargés d’objets hétéroclites (photos, timbres, billets de banque, papillons…) quireplongent dans un passé lointain et mal digéré. C’est pourtant là que se joue jusqu’au 27mai, grâce au nouveau conservateur François Poncelet, une exposition étonnammentvivante, libre et stimulante : « Congo Paintings. Une autre vision du monde », qui permetde découvrir une génération d’artistes volcaniques.

Popularité de l’art congolaisEn tout, 80 toiles du mouvement des peintres populaires congolais (uniquement deshommes, les Congolaises peintres étant quasi introuvables) ont été rassemblées, issuesdes riches collections du Français Bernard Sexe et des Belges Philippe Pellering et BorisVanhoutte. Autant de peintures qui osent ce que tant d’œuvres contemporaines ont mis decôté : la figuration, l’érotisme, la satire politique… et même l’humour !Une constellation de talents qui est longtemps restée dans l’ombre de stars comme ChériSamba. Ici l’artiste Papa Mfumu’eto Ier peint une scène de cannibalisme où le festin estconstitué de trois missionnaires blancs. Là, JP Mika immortalise la Nuit de la francophonieau stade des Martyrs, dans une toile saturée de couleurs où apparaissent le coq françaiset l’okapi congolais. Plus loin, le provocateur Kiesse imagine des anges déchus affublés depénis imposants tombant sur des pécheresses qui n’ont pas l’air particulièrement affolées.Le collectionneur Philippe Pellering, très engagé dans la manifestation, et coauteur avecFrançois Poncelet du catalogue, se félicite du récent retentissement international de l’artcongolais. Il égrène les nombreux lieux où il a été mis en avant ces trois dernières années  :les Fondations Cartier et Louis Vuitton, à Paris, Bozar, à Bruxelles, Garage Museum ofContemporary Art à Moscou… Un projet d’exposition pourrait faire voyager certaines toilesde Hong Kong à Macao et jusqu’en Corée du Sud.

Valeur en hausseEn parallèle, les cotes montent. En 2014, une toile de Chéri Samba, J’aime la couleur, étaitadjugée 77 420 euros… On est loin, très loin, des toiles vendues aux Kinois pour unebouchée de pain, dans les bars, par Moke dans les années 1970 ou, il y a encore 20 ans,des échanges d’œuvres « contre une caisse de bières » dont témoigne Bernard Sexe,collectionneur devenu l’ami de plusieurs artistes.Loin aussi de ventes très « artisanales ». « Les artistes passaient chez moi, parfois j’étaisdans ma piscine, ils étalaient leurs productions autour du bassin et je choisissais », sesouvient l’amateur d’art et ancien diplomate, un brin provocateur, qui posséderaitaujourd’hui quelque 500 œuvres. « Il y a toujours eu des tarifs divers, glisse Moke fils. Onne vendait pas au même prix à Bernard, qui nous prenait toujours quelque chose et quelquepart nous soutenait, qu’à un grand intermédiaire comme André Magnin ou à un richeexpatrié… Mais des toiles qui pouvaient partir entre 500 ou 1 500 dollars, en fonction del’amitié, valent aujourd’hui dix à quinze fois plus. »Avec les héritiers de grands noms (Moke fils, Bodo fils, Amani Bodo, Trésor Chérin) et leursdisciples (Sapin Makengele, élève de Chéri Chérin), une nouvelle génération de peintresest née, plus cosmopolite, plus soudée, mieux intégrée aux réseaux de collectionneurs. Et

des diplômés d’écoles d’art, jusqu’ici honnis, sont venus rejoindre le clan, comme PitaKalala, Peter Tujibikile ou JP Mika, issus de l’Académie des beaux-arts de Kinshasa.Nouvelle génération« Longtemps les académiciens appelaient les peintres populaires les “naïfs”, et nous, nousappelions les académiciens les “déjà-vu” », rigole Sapin Makengele. « On nous a souventdit que nous n’étions pas des artistes mais des artisans, se souvient Ange Kumbi, figuredu mouvement, 66 ans aujourd’hui. La plupart de mes confrères, quand j’ai commencé,n’étaient pas fiers de ce qu’ils faisaient, ils travaillaient en cachette et ne se disaient paspeintres. »Les nouveaux venus sont moins complexés, même s’ils digèrent toujours mal de n’être pasassimilés aux « artistes contemporains » dans certaines expositions. Ils abordent desthématiques plus diverses et maîtrisent souvent mieux la technique que leurs aînés… ouont le temps de plus s’appliquer. « Il faut se rappeler que, lorsque mon père était enactivité, l’atelier était dans la rue ! explique Moke fils. On disposait quinze toiles sur unmur, je faisais les croquis, parfois les habits, et mon père se déplaçait d’une œuvre àl’autre. »Aujourd’hui, « la rareté faisant la valeur », la nouvelle génération ne mise plus sur lesmultiples. Et s’inspire de ce qu’elle vit, parfois très loin de Kinshasa. « En ce moment jetravaille sur une toile de trois mètres de longueur, intitulée La Hollande et l’esprit du vélo,qui montre des personnages célèbres du pays, comme le roi, raconte Sapin Makengele,installé aux Pays-Bas. Notre peinture est née à Kinshasa, mais nous continuons à nousinspirer du pays, car nous suivons tout ce qui s’y passe via internet. Notre mouvement estun état d’esprit avant d’être une localité. Nous nous réinventons partout  ! »Pour Sapin, la peinture populaire congolaise, toujours plus dynamique, est à la veille d’unerévolution. « Nous sommes déjà une centaine aujourd’hui à vivre plus ou moins de notreart, et chaque jour, au Congo, naît un nouvel artiste. » « Les Congolais comprennent qu’onpeut avoir de l’argent, du succès en devenant peintre, souligne Moke fils, avant d’ajouterdans un sourire un argument imparable. Et quand tu es artiste, les femmes te courentaprès, même les Européennes… Chéri Samba a bien dit qu’il avait plus de dixcompagnes ! »

En manque de matériel« Peindre a toujours été de la débrouille à Kinshasa, regrette Moke fils. Jusqu’à aujourd’hui,on n’y trouve pas un seul magasin où acheter de la peinture, des pinceaux, des toiles…D’ailleurs il nous est arrivé de peindre sur des toiles découpées dans des sacs de farine dela Minoterie de Matadi, faute de mieux ! »Pour leurs fournitures, les artistes ont pris l’habitude de solliciter des confrères et desamateurs d’art locaux ou occidentaux qui importent pour eux de quoi créer. Certainséchangent même du matériel contre des œuvres. Le calvaire des peintres kinois pourraitnéanmoins prendre fin si Moke fils réussit, comme il le souhaite, à ouvrir rapidement uneboutique spécialisée dans la ville.

La peinture, un art qui n’intéresse pas les riches CongolaisLéo Pajon – Jeune Afrique - le 03 avril 2018

Si les peintres populaires congolais sont exposés dans plusieurs musées européens,certaines élites congolaises boudent encore cet art.

« Donner 10 000 dollars à un musicien, pas de problème… mais de l’argent à un peintre,pas possible. » Sapin Makengele ne cache pas son amertume. Depuis la chute de Mobutu,qui selon plusieurs artistes « aimait la peinture » (tant qu’elle ne lui portait pas préjudice),les élites congolaises ne goûtent plus les arts plastiques.« C’est quasi impossible de voir une œuvre d’art, même chez les ministres… ou alors cesera un portrait photo », lâche Moke fils. De fait, même si elle reste profondément ancrée

dans la vie congolaise, la peinture populaire est principalement soutenue, achetée etexposée aujourd’hui par des Occidentaux.Résidence informelle à l’étrangerComme Sapin (qui vit aux Pays-Bas), Moke fils ou Chéri Samba (en France), beaucoup ontchoisi de s’installer en Europe et font régulièrement la navette. Le collectionneur BernardSexe, après avoir favorisé la naissance de l’Association des peintres populaires congolaisdans sa propriété de Kinshasa, continue d’accueillir en France, à Saint-Broing, des artistesen résidence informelle.

Jean-Jacques Lumumba accuse Nangaa et… questionne MacronHubert Leclercq – La Libre Afrique - le 3 avril 2018

Jean-Jacques Lumumba est à peine trentenaire et pourtant il est devenu en l’espace dequelques mois une figure qui compte de la société civile congolaise. Il avait un nom, lui lepetit-neveu de Patrice Lumumba, il s’est fait un prénom. Ce jeune banquier dont la routesemblait toute tracée n’a pas hésité, en novembre 2016, à dénoncer les pratiquesmafieuses de l’institution bancaire pour laquelle il travaillait, la BGFI, dont la succursalecongolaise est entre les mains de Francis Selemani Mtwale, un proche du président Kabiladepuis ses années d’exil en Tanzanie. Des accusations qui ne sont pas passées inaperçuesparce qu’elles mettaient en lumière et de manière détaillée et documentée une partie desréseaux utilisés par la Kabilie pour laver son argent et le sortir du pays.Aujourd’hui, exilé, Jean-Jacques Lumumba ne renie rien de son geste. Que du contraire, ilest devenu une des figures emblématiques de cette jeunesse congolaise qui mène lecombat contre le régime hors mandat de Joseph Kabila. Son credo, c’est le peuple. « LesCongolais doivent se prendre en mains. Ils ont compris que ce n’est pas la communautéinternationale qui changera la donne dans notre pays, même si celle-ci pose parfois desactes tout à fait positifs. Vous constaterez d’ailleurs que Kabila n’a pas gagné une seulebataille diplomatique depuis de longs mois. »Malgré cette relative mobilisation internationale, certains acteurs ne sont pas exempts detout reproche. Jean-Jacques Lumumba pointe ainsi la France du président EmmanuelMacron auquel il vient d’adresser, en compagnie de Floribert Anzuluni, du mouvementcitoyen Filimbi, une lettre ouverte intitulée « Liberté, égalité, ambiguité? » Les deuxhommes s’indignent de la « tiédeur surprenante » de Paris face à ce qu’ils qualifient de «coup d’Etat constitutionnel dont est victime toute une nation ». Les deux auteurs ducourrier dénoncent sans ambage « la poursuite de la coopération militaire et sécuritaire »avec Kinshasa.

LLA : M. Lumumba, pourquoi ce courrier et pourquoi maintenant ?JJ Lumumba : Les activistes congolais en ont assez de la politique française. On pensaitvraiment qu’avec l’arrivée de ce jeune président une page allait se tourner. Qu’on en auraitfini de la France-Afrique. Or, aujourd’hui, on constate que les intérêts économiquescontinuent de tout primer. La France est prête à supporter un régime qui tue les enfants,viole les femmes, emprisonne les militants des mouvements citoyens, les opposantspolitiques et qui n’hésite pas à faire tirer sur les marches pacifiques des chrétiens.

LLA : Dans votre courrier, vous parlez de « coopération militaire »…JJ Lumumba : Tout à fait et nous avons des éléments en notre possession qui prouventune position pour le moins ambigüe de la France. Aucun Etat, et surtout celui qui se veutle berceau de la démocratie et des droits de l’homme, ne peut entretenir des dealssécuritaires avec la RDC de Joseph Kabila. Ceux qui meurent au Congo ne sont pas moinshumains que ceux qui meurent en Europe. On est bien renseigné, croyez-moi. On se posedes questions sur les relations qu’entretiennent avec Kabila certains membres du Quaid’Orsay. On est profondément indigné. On voit ce qui se passe avec Total et on veut dire

à la France qu’elle doit cesser de jouer avec le feu et qu’elle doit prendre des positionsclaires pour se placer du bon côté de l’histoire.

LLA : Certains pourraient vous répondre qu’il s’agit de business…JJ Lumumba. La France peut faire du business en Afrique mais pas avec des dictatures. Enentretenant ce type de relations économiques, elle entretient de facto le régime. D’autantqu’aujourd’hui, il est visible que le régime de Kabila est aux abois. Aucun Etat sensé n’aintérêt à entretenir des relations avec ce régime moribond. La France ferait bien d’yréfléchir. Elle doit, je le répète, clarifier sa position et vite.

Machine à voterLLA : Ce week-end de Pâques, on a vu que la machine à voter, tant vanter par la Ceni,était remise en cause par les autorités sud-coréennes, pays dont est originaire la sociétéqui commercialise cette fameuse machine…JJ. Lumumba : Je ne suis évidemment pas surpris. Cela fait des mois que j’en appelle à unaudit international et indépendant sur le processus électoral. Corneille Nangaa et NorbertBashengezi (président et vice-président de la Ceni, NdlR) ont toujours joué les sourdesoreilles face à ces demandes. Ils évitent ce débat et cherchent sans cesse à créer desécrans de fumée pour éviter de parler des vrais sujets.LLA : Le courrier sud-coréen va dans le bon sens…JJ Lumumba : Evidemment. On voit ainsi que l’espace de Nangaa et de Bashengezi seréduit. Mais ils ont toujours les cartes en mains. L’UDPS a posé une série de questionssur le fonctionnement de cette machine, sur les serveurs utilisés, les logiciels, sur ceuxqui sont chargés de collecter les résultats en bout de ligne. La Ceni n’a jamais donné lamoindre réponse. On constate simplement que personne, dans le monde, même dansdes pays très démocratiques, ne s’est lancé dans cette aventure des machines à voter.Avouez que ça pose question. C’est une solution suicidaire. Il faut aussi remarquer quece courrier sud-coréen date du mois de decembre. Or, jusqu’ici, la Ceni n’avait pascommuniqué sur ce point. Cela démontre bien sa volonté de refuser la transparence.

LLA . Quand il a fait face à la colère de Nikki Halley, l’ambassadrice américaine auprès desNations unies, Corneille Nangaa a expliqué que cette machine à voter était en fait unemachine à imprimer les bulletins de vote. Surprenant, non ?JJ. Lumuba : Surréaliste, oui ! Les bulletins de vote n’ont jamais été un souci. Ils n’ont pasfait défaut en 2006, ni en 2011. Ce qui a posé souci, c’est le comptage. Or, comme je vousle disait, la Ceni n’a jamais répondu aux questions sur ce point. La loi et même laconstitution n’approuvent pas la machine à voter.

LLA : Pourquoi Corneille Nangaa s’entête-t-il, malgré tous ces voyants passés à l’orangevif ?JJ. Lumumba : Cela démontre simplement que Corneille Nangaa n’a pas l’intention d’allerà des élections crédibles. La Ceni veut mettre le feu au pays. Nangaa et Bashengezi vonts’entêter pour aller au clash mais ils doivent savoir que le peuple aura le dernier mot.

LLA : Que prônez-vous face à une telle attitude ?JJ. Lumumba : Il faut que le peuple se réveille. Son salut ne viendra de personne. C’est ànous, en tant que peuple, de penser à la restructuration de la Ceni. Les Congolais sontassez matures. Une lutte ne se gagne pas en un jour ou deux. Elle ne se gagne pas en uneou deux manifestations. Joseph Kabila a en face de lui tout un peuple et il ne pourra pasrésister. Il n’est pas éternel. Il n’a pas le monopole de la violence et nous, nous nousorganisons pour le mettre hors d’état de nuire.

LLA : Vous ne pensez pas qu’il organisera les élections et en tout cas qu’il pourrait quitterle pouvoir de son plein gré ?JJ. Lumumba : Je n’y crois pas un seul instant. Il n’a pas l’intention de céder le pouvoir. Ila tellement de dossiers à charge, que ce soit les meurtres des défenseurs des droits del’homme, les crimes économiques et la liste est très longue, qu’il sait qu’il devra rendredes comptes. Il ne peut envisager ce scénario et tout prouve qu’il ne veut pas nousemmener aux elections démocratiques.

LLA : Vous avez dit : « Nous nous organisons pour le mettre hors d’état de nuire…JJ. Lumumba : On ne va pas dévoiler ici notre stratégie. Monsieur Kabila est de plus enplus isolé, même au sein de la majorité présidentielle, beaucoup ne veulent pas aller ausuicide pour lui. Je rassure tout le monde, il va partir. Mais le sort du Congo ne sera régléque par les Congolais. Nous ne nous laisserons plus bernés.

LLA : Depuis la dernière marche du 25 février, toujours très violemment réprimée par lerégime, on a le sentiment que l’Eglise catholique, qui était le ciment de l’opposition, s’estun peu désengagée de cette lutte contre le régime ?JJ. Lumumba : L’Eglise catholique n’a pas fait marche arrière. Elle a laissé du temps àKabila pour qu’il revienne à la raison.

LLA : Tout en insistant sur la date butoir du 30 avril, soit dans moins d’un mois ?JJ. Lumumba : Cette date marque une réalité. On sera alors à 8 mois du passage par lesurnes. Cela lui laisse tout le temps de sauver ce qui peut encore l’être, de sortir par unepetite porte. Après ce cap du 30 avril, les actions vont reprendre de plus belle jusqu’à lachute du régime. Les Congolais sont déterminés. Ils ont assez souffert. Nous ne reculeronsplus.

Machine à voter: la CENI répond aux réserves de SéoulDeutsche Wellen – le 04.04.2018,

La Commission électorale congolaise (CENI) maintient son intention d'utiliser la machine àvoter malgré les réserves de la Corée du Sud. La CENI indique que le gouvernement sud-coréen agit sous la pression des milieux occidentaux.La Commission électorale congolaise espère terminer ce mercredi 04 avril 2018 ce qu'elleappelle la "consolidation" du registre électoral en vue des scrutins prévus le 23 décembre.Il s'agit en fait du processus de nettoyage du fichier électoral pour corriger les éventuellesdouble-inscriptions. Une fois cette étape passée, la CENI compte publier d'ici le vendredi06 avril 2018 la liste électorale définitive par circonscription électorale.Pendant ce temps, la machine à voter continue de faire des vagues. Mardi, la Corée duSud par le biais de son ambassade à Kinshasa avait relancé la polémique en mettantpubliquement en doute la fiabilité de cet outil pourtant fabriqué par la société sud-coréenneMiru-Systems.Dans une lettre adressée au magazine « Jeune Afrique » en réaction à un précédent article,Séoul estimait que l'utilisation de ces machines « pourrait donner au gouvernementcongolais un prétexte pour des résultats indésirables liés aux élections, notamment leretard additionnel de la tenue des élections, et aussi le danger de devenir une cible descritiques », écrit l'ambassade coréenne à Kinshasa soulignant exprimer la « positionofficielle du gouvernement » de Corée du Sud.Des réserves balayées par le Rapporteur de la CENI, Jean Pierre Kalamba MulumbaN'galula, qui suggère que la Corée du Sud est sous la pression des milieux occidentaux encolère pour n'avoir pas eu le marché de la fabrication des machines à voter.« Quand nous avions acheté des machines chez les Belges, on n'a pas eu à demander l'avisdes autres. Nous avons acheté les machines pour l'enrôlement des électeurs chez lesFrançais et nous n'avons pas eu de déclaration. Alors vous comprendrez ce que cela

signifie... nous sommes dans le monde des affaires, il s'agit d'un changement de tactiquesface à certaines pressions de milieux occidentaux.»Il indique par ailleurs que son institution n’est pas inquiète, étant donné que Miru Systems,le fabricant coréen des machines à voter, n’a pas signalé un quelconque problème.« Miru nous avait envoyé un premier lot de 200 machines qui étaient testées et remises ànos secrétaires exécutifs », a affirmé le rapporteur de la CENI.S’agissant des réserves émises pas l’Ambassade sud-coréenne, Jean-Pierre Kalambaévoque des « dessous de cartes », sans plus de détails.« L’ambassadeur vous dit qu’il n’a pas à imposer son autorité à l’entreprise coréenne quia signé avec nous, mais ne s’engage pas. Donc ça ne nous inquiète pas, dans la mesureoù c’est l’entreprise Miru qui traite avec la CENI », a ajouté Jean-Pierre Kalamba.Il a précisé que les spécificités de ces machines sont une spécificité des logiciels congolaiset l’entreprise sud-coréenne aide la CENI « à mettre ces logiciels en musique ».Jean-Pierre Kalamba estime que pour l’heure, l’important est de se focaliser sur l’essentiel: la publication des listes électorales par circonscriptions.En juin, devrait être adoptée la loi sur la répartition des sièges par circonscriptionsélectorales suivie de l'ouverture de l'inscription des candidats pour les élections coupléesdu 23 décembre.

Mines : Pourquoi les entreprises minières restent sereines malgré la révision àla hausse de l’impôt sur les bénéfices ?

Ben Radley - African Arguments (Traduction par mediacongo.net) - le 04.04.2018,Grâce à des méthodes de comptabilité astucieuses, les entreprises minières ont tendance

à déclarer des pertes pour éviter de toute façon cet impôt.

Le 9 mars dernier, juste deux jours après le tête-à-tête de 6 heures avec quelques-unsdes principaux dirigeants des entreprises minières du monde, le président Joseph Kabilaavait ratifié le nouveau code minier. Par cette nouvelle législation, la RépubliqueDémocratique Congo (RDC) espère tirer un plus grand profit de ses vastes ressources.Dans ce nouveau code, une bonne palette d’ajustements fiscaux a été aménagée, ycompris l’impôt sur les bénéfices et l’augmentation des redevances, notamment les 10 %de redevance sur les métaux stratégiques et 50 % sur les superprofits.Ces changements visent à augmenter l’apport du secteur minier aux revenus de l’Étatcongolais. Une action fondée car, jusqu’à présent, les revenus de l’État provenant de cesecteur ont été loin en deçà de son potentiel réel.Selon une étude menée entre 2010 et 2011, par exemple, la moyenne de la taxationappliquée au secteur au Congo n’était que de 13 %, loin en deçà des 46 % fixés par laBanque mondiale.Une étude plus récente du GIZ révèle que les taxes perçues dans le secteur minier entre2011 et 2014 n’ont représenté que 6 % du total des bénéfices réalisés par les miniers.

Même l’ex-chef de mission du FMI, Norbet Toé, a reconnu que le code miner congolaisprécédent était « trop généreux, au point qu’au final l’État ne pouvait en percevoir que trèspeu ».Dans cette perspective, le nouveau code minier constitue une correction salutaire. C’est latendance actuelle en Afrique. Les États commencent à s’affirmer eux-mêmes au lendemaindes restructurations néolibérales conduites sous la houlette de la Banque mondiale.Cependant, alors que les grands médias ont plutôt abordé la question sous l’angle desaugmentations fiscales et du bras de fer entre le président Kabila et les miniers, un aspect,pourtant très important, est négligé – une réalité qui pourtant démontre que le nouveaucode miner risque au fait d’apporter très peu de différence.

Profits ? Mais quels profits ?: Ou comment faire de l’évitement fiscal

Ce n’est un secret pour personne que de grosses sommes d’argent du secteur miniercongolais sont détournées. Comme indiqué dans nombre de rapports académiques etplaidoyers, de publications et mises en garde, la plupart de cette littérature est justeécrémée par des officiels de l’État corrompus.Cependant, comme révélé dans les recherches de Stefan Marysse et Claudine Tshimanga,cet aspect n’est pas « le plus grand trou noir » considérant les faibles revenus de l’État. Leplus grand problème, ce sont en termes quantitatifs les pratiques d’évasion et d’évitementfiscaux des compagnies minières multinationales (MNC).Sur la base d’une analyse des rapports financiers des entreprises minières, Marysse etTshimanga ont conclu que « les multinationales, constituées en joint-venture avec laGécamines [entreprise publique], essaient de payer le moins possible ». Leurs recherchesont prouvé que les entreprises « recouraient à des techniques juridiques et comptablesconsistant à placer leurs profits dans des pays où elles paient moins de taxes ».Les compagnies minières y parviennent par le « prix de transfert », une pratique parlaquelle les entreprises créent plusieurs filiales et établissent des liens d’affaires entre elles.Par cette méthode, les MNC peuvent artificiellement manipuler les prix des biens et desservices entrant et quittant un pays pour finalement transférer leurs profits vers desjuridictions appliquant une fiscalité plus réduite ou nulle.Une multinationale pourra, par exemple, créer une filiale au Congo, qui extrait du cuivreet le vend à perte à une autre filiale installée en Suisse. Et cette dernière le revend à profitailleurs. Le bilan financier de la multinationale qui détient les deux entreprises resterapratiquement le même, mais la filiale congolaise enregistrera des pertes énormes – ce quiveut dire, elle ne paiera pas d’impôt – alors que la filiale en Suisse aura une mannefinancière.Ce sont là, en effet, les conclusions de la recherche. Une étude réalisée en 2014 sur lafirme suisse Glencore, par exemple, a révélé que sa filiale congolaise Kamoto CopperCompany (KCC) a enregistré chaque année de 2009 à 2013 des pertes estimées à descentaines de millions de dollars. Pendant ce temps, sa filiale canadienne Katanga MiningLimited a enregistré un net profit de plus de 400 millions de dollars. En somme, une pertede revenu de l’État congolais de plus de 150 millions de dollars. Les récents états financiersde KCC montrent une dette brute de 8,8 milliards de dollars américains et un déficit decapitaux de 3,9 milliards de dollars.Des études de cas menées par la société civile congolaise entre 2015 et 2017 sur cinqentreprises minières ont abouti aux mêmes conclusions. Elles ont conclu que « le paiementde l’impôt sur les bénéfices à l’État congolais est minimisé par les entreprises minières et,de ce fait, cet important flux reste hypothétique ou même presque égal à zéro ». Etl’honorable Alain Lubamba, dans sa réflexion, a récemment dit qu’une « contradiction sedégage chaque fois… que les miniers déclarent des pertes [en RDC] alors que leursentreprises mères ne rapportent que de bons résultats ».

De la lumière sur les pratiques financièresCompte tenu de ces pratiques, un meilleur régime fiscal et une meilleure gestion par l’Étatde ses revenus contribuera pour peu dans son effort de trouver une solution à sonincapacité à tirer profit des revenus miniers. Des augmentations fiscales ou de nouvellestaxations des superprofits n’y feront rien.La première étape pour juguler ce problème en RDC doit être celle d’exiger que les résultatsfinanciers des filiales soient publiés de la même manière que les MNC cotées aux boursesde new York ou de Toronto publient les leurs. Cela va encourager les efforts aux niveauxnational et international à résoudre la question.Actuellement, les rapports financiers des filiales sont jalousement gardés par lesentreprises et les gouvernements et ce, pour une bonne raison. Une fois celles-ci renduespubliques, la question sera lancée ; et les détournements par les MNC des revenus de l’État

pourraient susciter autant de débat et de contrôle que celui du détournement par l’État.Dites-le à voix basse, et il pourrait même s’avérer plus considérable.

Monusco: Kinshasa souhaite "le retrait définitif" de la force des Nations uniesd'ici 2020

VoA – le 04.04.2018,Kinshasa souhaite le départ en 2020 de la mission des Nations unies présente depuis 1999en République démocratique du Congo, a indiqué mardi le ministre des Affaires étrangèresLéonard She Okitundu, une semaine après le vote d'un nouveau mandat d'un an."Nous avons fait savoir au Conseil de sécurité que ce mandat était considéré commel'avant-dernier avant un retrait définitif de la force après vingt ans de présence dans notrepays", a déclaré M. She Okitundu au cours d'une conférence de presse à Kinshasa.Le ministre, qui a rang de vice-Premier ministre, a rappelé que le président Joseph Kabilaavait déclaré que "la force onusienne ne peut nourrir l'ambition de rester indéfiniment"dans le pays devant les Nations unies en septembre.Le ministre a par ailleurs confirmé que la RDC ne participerait pas à une conférence desdonateurs prévue à Genève le 13 avril sous l'égide des Nations unies et de l'Unioneuropéenne.Kinshasa estime que l'ONU et les ONG exagèrent la crise humanitaire en RDC, classé enniveau maximum "d'alerte 3" (L3) par les Nations unies dans trois provinces (Tanganyika,Sud-Kivu et Kasaï).Ce classement "projette une image de catastrophe extrême et généralisée assimilant lasituation en RDC à certains pays du monde où se déroulent des guerres de haute intensité",a souligné M. She Okitundu."Ce qui n'est absolument pas le cas de la RDC qui fait plutôt face à des attaques nonconventionnelles et asymétriques des groupuscules terroristes et groupes arméscriminels", a-t-il ajouté.Le ministre a d'ailleurs rappelé que Kinshasa "aurait voulu que l'éradication" des groupesarmés "soit la trame de la nouvelle résolution" des Nations unies au Congo.A l'unanimité le 27 mars, le Conseil de sécurité a prorogé jusqu'au 31 mars 2019 le mandatde la Mission des Nations Unies en République démocratique du Congo (Monusco) avecpour priorité la protection des civils et la mise en œuvre du processus devant débouchersur des élections le 23 décembre.La force de la Monusco est le plus important contingent onusien au monde avec un "effectifmaximum autorisé de 16.215 militaires, 660 observateurs militaires et officiers d'état-major, 391 policiers et 1.050 membres d'unités de police constituées", selon la dernièrerésolution.

Katumbi sera jugé fin juin pour recrutement de mercenaires en RDCVoA – le 05.04.2018,

L'opposant congolais en exil Moïse Katumbi, candidat déclaré à la présidentielle enRépublique démocratique du Congo, doit être jugé fin juin dans une affaire de

recrutement de mercenaires, a annoncé mercredi sa défense qui déplore l'impossibilitéde faire appel.

Le procès dans l'affaire des mercenaires est fixé pour "le 26 ou le 27 juin devant la Coursuprême de justice", a déclaré à la presse Me Joseph Mukendi, qui dit l'avoir appris auprèsdu greffe du tribunal.Les arrêts de la Cour suprême sont rendus "sans possibilité de recours", a déploré l'avocat."Le décor est ainsi placé pour détourner M. Katumbi de son juge naturel qui est le tribunalde paix, le privant du droit" de faire appel, a déploré l'avocat.M. Katumbi, ex-gouverneur du Katanga qui s'est éloigné du président Joseph Kabila fin2015, fait l'objet d'au moins trois procédures en RDC.

Le 19 mai 2016, il a été inculpé de "recrutement de mercenaires" et placé "sous le coupd'un mandat d'arrêt" pour "atteinte à la sûreté intérieure et extérieure de l'État". Uneenquête avait été ouverte à la suite de l'arrestation de quatre de ses gardes du corps,parmi lesquels un Américain.Quelques heures plus tard le 20 mai 2016, il a été autorisé à quitter la RDC pour aller sefaire soigner en Afrique du Sud. Il n'est pas rentré depuis, vivant principalement àBruxelles.Une dizaine de Congolais arrêtés dans le cadre de cette affaire sont toujours en détentionet n'ont pas été jugés.En mai 2016, M. Katumbi avait été condamné à trois ans de prison dans une affaireimmobilière par un tribunal de paix de Lubumbashi (sud-est). L'affaire est actuellement enappel devant le tribunal de grande instance de Lubumbashi. M. Katumbi en conteste toutfondement.Mi-mars, la justice congolaise a promis de le poursuivre dans une autre affaire liée à sasupposée nationalité italienne.

Double nationalité: pas de problème si vous êtes allié de KabilaMarie-France Cros, La Libre Afrique - le 4 avril 2018

L’ouverture en République démocratique du Congo (RDC) d’une information judiciaire, finmars, contre le principal rival du président hors mandat Joseph Kabila, Moïse Katumbi,pour « faux et usage de faux » parce qu’il a détenu des documents d’identité congolais

pendant une période où il était Italien, a relancé la polémique sur l’interdiction de ladouble nationalité dans ce pays. Il apparaît ainsi que cette double nationalité ne pose

problème que si vous vous opposez au chef de l’Etat. Démonstration.

Selon l’article 10 de la Constitution de 2006 en RDC, la nationalité congolaise « est une etexclusive ». La personne qui en adopte une autre perd ipso facto la congolaise. Le 12février 2007, l’Assemblée nationale avait décidé la création d’une commission spécialechargée d’étudier des mécanismes d’assouplissement de l’article 51 de la loi de 2004 surla nationalité congolaise et de prolonger le délai de trois mois qu’il prévoyait pour que lespersonnes ayant une double nationalité (c’était souvent le cas d’anciens exilés, rentrés aupays après la fuite de Mobutu) puissent choisir entre la nationalité congolaise ou l’autre –et, dans ce dernier cas, forcément, renoncer à leur mandat. Mais, a indiqué à La LibreAfrique.be l’ancien magistrat congolais Frédéric Bola, aujourd’hui juriste au ministère belgede l’Intérieur, « cette commission spéciale n’a jamais vu le jour et aucun texte deproposition de loi n’a été soumis à l’Assemblée nationale pour prolonger le délai de troismois prévu par la loi de 2004, lequel était déjà échu depuis le 18 février 2005. Enconséquence, il n’y a jamais eu de moratoire en février 2007 « .Cela, c’est le point de vuelégal. Mais la Majorité présidentielle en a un autre.

Moïse Katumbi dans le collimateurMoïse Katumbi, qui avait été en 2006 le mieux élu des parlementaires, est en butte auxpersécutions depuis qu’il est devenu opposant. En exil forcé en raison d’accusationsjudiciaires généralement estimées complaisantes, il a annoncé sa candidature à laprésidentielle, programmée (cette fois) pour le 23 décembre prochain, mais la Majoritéprésidentielle estime qu’il ne peut être candidat, en raison de la nationalité italienne qu’ila adoptée en 2002 avant d’y renoncer en janvier 2017. « Les candidats au sommet del’État ne doivent (…) faire l’objet d’aucun doute juridique sur leur nationalité. Il est dès lorsévident qu’aucun candidat qui a eu une nationalité étrangère, y a, en toute hypothèse,renoncé sans faire une demande formelle pour recouvrer la nationalité congolaise ne peutêtre partant aux prochaines élections présidentielles« , a indiqué M. Atundu Liongo, leporte-parole de la majorité présidentielle.

Selon le ministre de la Justice du gouvernement de Kinshasa, Alexis Thambwe, pourrecouvrer sa nationalité congolaise, Moïse Katumbi doit introduire une requête auprès deses services, ce qu’il n’a pas fait. L’opposant, placé en tête des intentions de vote par lessondages de Berci, serait donc apatride. Le procureur de la République a ouvert uneinformation judiciaire à son encontre pour « faux et usage de faux » pour s’être ditCongolais.

46 sénateurs seraient des BelgesIl est cependant loin d’être seul dans ce cas. Ces derniers jours, les réseaux sociaux ontdiffusé la liste des 108 sénateurs « supposés être rd-congolais », parmi lesquels « figurent46 Belges » – dont des membres de la Majorité présidentielle, parfois très connus, sansque cela leur ait posé le moindre problème légal, ni valu des poursuites pour « faux etusage de faux ». La Libre Afrique.be a, elle, eu vent d’autres personnalités du régime dansle même cas, ministres et anciens ministres, après celui de Samy Badibanga, Premierministre de décembre 2016 à avril 2017.Ainsi, Lambert Matuku, ministre du gouvernement Badibanga et, aujourd’hui, ministre del’Emploi, du Travail et de la Prévoyance sociale dans celui de Bruno Tshibala, est Belgedepuis le 10 novembre 2010 (Moniteur belge du 15 déc. 2005, page 53840). Il est membredu Palu, parti allié des kabilistes jusqu’il y a peu. Maguy Rwakabuba, vice-ministre dansles gouvernements d’Augustin Matata et Samy Badibanga, est aujourd’hui vice-ministre duBudget de M. Tshibala. Membre de la Majorité présidentielle, elle est Belge depuis le 12octobre 2001. Willy Mishiki, vice-ministre de l’Energie du gouvernement Badibanga, estBelge depuis le 2 août 2002 (Moniteur belge du 13 septembre 2002, page 40592). Jean-Claude Baende Etafe, prêtre défroqué, est devenu gouverneur de la province de l’Equateuren 2009 pour la Majorité présidentielle. Il est Belge depuis le 12 octobre 2001 (Moniteurbelge du 30 octobre 2001, page 37522).

Pas de renonciation légaleTharcisse Loseke, qui dirige une aile minoritaire et dissidente de l’UDPS ralliée au présidentKabila, est Belge depuis 2010 (Moniteur belge du 19 mai 2010, page 37289). M. Loseke abénéficié en 2017 d’un arrêté du ministre Thambwe lui rendant sa nationalité congolaiseaprès qu’il eut affirmé, le 26 janvier 2017, avoir renoncé par lettre recommandée à sanationalité belge. Mais, comme dans le cas de Samy Badibanga, une lettre, fut-ellerecommandée, ne vaut pas renonciation: légalement (article 22 du Code de la nationalitébelge), il doit en faire la déclaration en personne et « devant l’officier de l’état civil de larésidence principale du déclarant et, à l’étranger, devant le chef d’une mission diplomatiqueou d’un (poste consulaire de carrière) belge », qui l’inscrivent au registre. C’est logique: laprocédure d’acquisition de la nationalité belge est longue et comprend l’accord d’unecommission parlementaire ad hoc; on ne l’efface donc pas par simple lettre – ne fut-ce quepour empêcher un tiers de jouer un vilain tour à la personne concernée. Or M. Loseke n’apas suivi cette procédure légale belge; comme Samy Badibanga, il reste donc Belge. Il fauten conclure que le ministre Thambwe ne vérifie pas la véracité des proclamations derenonciation à la nationalité belge si elles sont le fait de partisans du régime. Feu ledissident de la Majorité présidentielle, Charles Mwando Simba, avait, lui, renoncé dans lesformes légales, le 1er juin 2007, à cette nationalité belge.

Pour la Majorité, le moratoire existeLa Majorité présidentielle pense avoir réglé le problème par une déclaration, le 24 mars,de son porte-parole, Alain Atundu Liongo, selon qui le moratoire est toujours en vigueur,mais… ne vaut que pour les membres du parlement: « Il doit être entendu que le moratoirevoté à l’Assemblée nationale ne concerne que les membres de cette Assemblée. Parconséquent, le débat sur le moratoire devient non seulement superfétatoire et incantatoiremais aussi et surtout de nul effet pour la suite du processus électoral ».

La sévérité du Procureur de la République congolaise à l’égard de Moïse Katumbi a unprécédent. Elle avait frappé – sans surprise – un autre opposant, le député JacquesChalupa. Elu aux législatives de 2006 pour le PPRD de Joseph Kabila, il verra son mandatinvalidé (pas pour des raisons de nationalité); réélu en 2011, alors qu’il est passé àl’opposition, le député est accusé d’être Grec – donc pas Congolais. Il sera condamné le 6octobre 2012 par le Tribunal de Paix de Kinshasa/Ngaliema à 4 ans de prison pour faux etusage de faux. En janvier 2013, la Cour suprême rabattra un an de cette sentence. Bref:au Congo, selon que vous serez kabiliste ou non, vous serez Congolais ou non.

Luanda met en garde : « Pas de retard possible pour les élections en RDC »Hubert Leclercq - La Libre Afrique – le 05.04.2018,

Le ministre des Affaires étrangères angolais, Manuel Augusto, qui coprésidait fin mars lesommet entre la SADC et l’Union européenne, a mis en garde Kinshasa. Pas question de

justifier un report des scrutins par manque de financement.Lors de ce sommet SADC – UE, les représentants européens ont expliqué qu’ils n’avaientpas encore tranché s’ils participeraient au financement du processus électoral enRépublique démocratique du Congo. L’UE avait énoncé une liste de conditions que devaitremplir Kinshasa pour obtenir ce soutien financier. Parmi celles-ci, la libération des détenuspolitiques, la fin des poursuites injustifiées contre les opposants, la réouverture desmédias, la liberté de manifester pacifiquement,…Une série de mesures auxquelles Kinshasa n’a pas vraiment répondu jusqu’iciMais le ministre angolais des Affaires étrangères qui coprésidait cette réunion en tant queprésident de l’organe de sécurité de la SADC a pris les devants en rappelant qu’il était «important de noter que les autorités congolaises avaient annoncé elles-mêmes qu’ellesétaient préparées à financer seules ces scrutins ». Et d’ajouter : « Toute aide estbienvenue, mais ces élections, selon les propos des autorités congolaises, ne dépendentpas d’un financement extérieur. C’est important. Donc ce ne sera pas une contrainte etnous espérons que ce ne sera pas un prétexte pour faire dérailler le processus. »Dans la conférence de presse qui a suivi cette déclaration, interrogé sur le fait de savoir sil’UE et la SADC désiraient que Joseph Kabila annonce clairement son intention de ne passe présenter au prochain scrutin, le ministre Augusto a sobrement répondu : « ce que veutla communauté internationale et ce que demande le peuple congolais, c’est le respect dela constitution. Si on est attentif au respect de cette constitution, cela signifie que si elleprévoit deux mandats, elle prévoit deux mandats. Point », avant de poursuivre en insistantsur le fait que la communauté internationale supporterait le processus électoral si tout sedéroule comme prévu.

Machine à voter en RDC: à Séoul, la Commission électorale coréenne saisit lajustice

RFI - le 06-04-2018En RDC, l'utilisation de « la machine à voter », fabriquée par une entreprise coréenne, faitdébat. D’ailleurs, et c’est une information RFI, la Commission électorale de Corée a saisi lajustice de son pays après des soupçons de malversation contre le secrétaire général d'A-web, une association mondiale de Commissions électorales, basée en Corée, qui faisaitjustement la promotion de la machine à voter au Congo. Kim-Yong Hi est soupçonné d'avoirfavorisé la société coréenne Miru, alors que son organisation est censée favoriser latransparence du processus électoral. La Corée du Sud avait déjà, ces derniers jours,dénoncé l'usage de cette machine au Congo, en évoquant des risques.Effectivement, Kim-Yong Hi était encore au Congo en décembre dernier pour défendre lamachine à voter, présentée par la Commission électorale congolaise comme une inventioncongolaise et décriée à l'époque par plusieurs partenaires du Congo dont les Etats-Unis. Al'issue d'un audit interne lancée par la Commission coréenne, Kim-Yong Hi a été dénoncépour pratique commerciale abusive.

Son organisation, A-web, est pourtant censée être une organisation sans but lucratif.Dénoncé aussi pour entraves aux procédures de passation de marché et violations de la loisur les subventions… Alors pourquoi la Commission électorale coréenne s'en mêle ? Sansdoute parce qu'A-web est basée en Corée. Elle a été créée en 2013 sur impulsion de Séoul,financée notamment par la Commission électorale de Corée et le gouvernement coréen.Kim-Yong Hi a d’ailleurs fait toute sa carrière au sein de la Commission électorale de sonpays, dont il était le patron jusqu'en 2016.

Même machine qu’aux FidjiLa Commission électorale coréenne dit n'avoir pour l'instant pas demandé de poursuitescontre Miru, la société qui aurait bénéficié de ces avantages, car c'est une société de droitprivé. Et elle ajoute avoir informé la Céni congolaise de ses soupçons. Selon un députécoréen, cité par l'un des plus grands journaux coréens mi-mars, l'audit interne qui a pointéces malversations concernait non seulement le contrat avec la RDC, mais aussi avec lesîles Fidji qui ont obtenu via A-web, en novembre 2017, 53 machines à voter de la sociétéMiru, le même modèle qu'au Congo. L'accord de partenariat entre A-web et les îles Fidjiavait été signé dès le mois de mars 2017. Cette même machine avait aussi été exposéelors d'une réunion, en novembre 2017, consacrée aux nouvelles technologies dans le cadredes processus électoraux organisés par A-web en Corée du Sud pour ses membres.En tout cas, cela pose une nouvelle fois la question de la procédure de passation de marchéau Congo. Officiellement lancée début 2018, la procédure avec la société Miru a été passéeen accéléré de gré à gré. Mais déjà en août 2017, Miru faisait la promotion de cette machineen Bulgarie avec des bulletins aux couleurs de la RDC. A cette époque, le débat au Congon'avait pas été encore lancé et la Céni qui assure avoir en tout cas respecté la procédurecongolaise disait jusqu’en décembre 2017 n’avoir aucune entreprise en vue.Interrogé par RFI, le ministre congolais de la Communication, Lambert Mende, a déclaréque les questions autour du contrat coréen ne concernaient pas le gouvernement. Il atoutefois dit se souvenir que « c'est un vieux projet qui date du vivant de l'abbé Malu Malu» (ancien président de la Céni) et craindre que le dépôt de cette plainte contre le secrétairegénéral d'A-web soit le résultat « d'une guerre commerciale en Corée ».

La RDC fait trembler les géants miniersJP Rémy - Le Monde - le 30 03 18

Voir annexe

© CongoForum, le samedi 7 avril 2018

02/04/2018 Journal Electronique

http://www.lemonde.fr/journalelectronique/donnees/protege/20180331/html/1311068.html 1/4

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La RDC fait trembler les géants miniers

Les groupes de matières premières et les voisins de la République démocratique duCongo suivent de près la réforme minière lancée dans ce pays d'Afrique centrale.Celui-ci est bien décidé à augmenter la fiscalité, jusqu'alors très limitée, appliquéeaux opérateurs du secteur extractif

ans l'esprit de la réforme minière venue de République démocratique du Congo(RDC), il flotte un petit parfum de nationalisme économique. L'idée de base :augmenter les royalties (redevances) payées par les opérateurs du secteur extractif.

Fixé jusqu'ici à 2 %, le taux de cette redevance devrait prochainement monter à 10 % pour lesminerais " stratégiques " (dont la liste reste à déterminer), et à 3,5 % pour les ressourcesdites " classiques " (tous les autres). Une taxe sur les " superbénéfices " semble pour l'heuredifficilement applicable, et suscite bien moins de craintes que le relèvement de la taxation.Selon des sources congolaises, le cobalt (plus de la moitié de la production mondiale) maisaussi le coltan devraient être classés dans la catégorie " stratégiques " et donc voir leursroyalties multipliées par cinq.

Et ce n'est pas tout. Au Mining Indaba – la grand-messe annuelle du secteur minier africain –qui se tenait au Cap, en Afrique du Sud, début février, le ministre congolais des mines, MartinKabwelulu, avait promis lors d'un dîner un " feu de brousse " dans le secteur, selon une sourceprésente. Albert Yuma, le patron de la société nationale minière, la Gécamines, prépare pourle second semestre 2018 une nouvelle salve de réformes avec un passage en revue des accords

02/04/2018 Journal Electronique

http://www.lemonde.fr/journalelectronique/donnees/protege/20180331/html/1311068.html 2/4

qui permettent aux compagnies minières étrangères d'opérer. " Les concessions - minières -avaient été vendues à vil prix ", estime John Kanyoni, vice-président de la chambre desmines au sein de la Fédération des entreprises du Congo (FEC), qui voit à présent émerger "une forme de nationalisme fiscal ".

D'autres pays du continent, riches en matières premières, observent l'évolution de la situationavec attention. Un cas d'école se joue en RDC, avec à la clé un retournement du rapport deforce entre les Etats et les opérateurs de l'industrie extractive. Une scène, à cet égard, estrestée gravée dans les esprits : lorsque, le 7 mars, les responsables de sept groupes miniers lesplus puissants au Congo ont été contraints d'attendre dans leur hôtel, à Kinshasa, le bonvouloir de Joseph Kabila, le président de la RDC, avant de passer plusieurs heures à tenter dele convaincre d'ajuster les conditions du nouveau code minier. " Jusqu'ici, ce genre dediscussion avait plutôt lieu en toute discrétion à Genève. Mais, cette fois, les miniers sontdevant le mur ", note une source proche du dossier.

" Ajustements au cas par cas "

Lors de la réunion de Kinshasa, il y avait là les grands acteurs du secteur, impliqués dans lecobalt, le cuivre, et l'or au Congo. Glencore, géant des mines et des matières premières ;Randgold et AngloGold Ashanti, premiers producteurs d'or du continent ; des groupes chinoisde premier plan, comme Zijin, associé en RDC au canadien Ivanhœ pour développer à coupsde milliards ce qui devrait devenir l'une des plus grosses mines de cuivre de la planète. Ouencore China Molybdenum, acteur-clé du cobalt.

Après avoir attendu que le président Kabila siffle le début de la réunion, les miniers sontrepartis avec la promesse de pouvoir négocier des " ajustements au cas par cas ". Excellenteméthode pour casser le front du refus. Les compagnies, depuis, travaillent leur stratégie.Certaines envisagent de contester les dispositions du texte devant un tribunal d'arbitrageinternational. Les arguments ne manquent pas, notamment le fait que l'application du codecontreviendrait à une disposition antérieure garantissant certains droits pendant dix ans pourfavoriser l'investissement. Mark Bristow, de RandGold, par exemple, affirme que, sur le sitede la mine de Kibali, environ 2,6 milliards de dollars (2,1 milliards d'euros) ont été investis,incluant des centrales électriques et des routes. Ceci n'avait de sens que sur la base de dixannées de protection d'un régime de taxation favorable.

La volonté des Etats africains de mieux valoriser les ressources de leurs sous-sols se nourritde l'embellie des cours des minerais, après le trou d'air de 2014 qui a mis un terme ausupercycle des matières premières commencé au début des années 2000. Et cette course à demeilleurs rendements prend divers visages. Ainsi la Zambie, deuxième producteur africain decuivre (derrière la RDC), vient d'infliger une amende de 8,07 milliards de dollars concernantdes " taxes impayées " à la compagnie First Quantum Minerals. En Tanzanie, Acacia Miningest accusée par le gouvernement d'avoir lourdement fraudé, et se voit réclamer la somme follede 190 milliards de dollars. Dernier venu, le gouvernement du Mali est en train de réfléchir àune réforme de son code minier inspiré du cas congolais, et projette de passer au crible lesexonérations fiscales accordées aux compagnies minières, qui se chiffrent en milliards.

Il s'agit, bien sûr, de profiter d'un effet d'aubaine, celui de l'envolée des cours du cobalt (+ 127% en 2017), mais aussi du cuivre (+ 13,3 %), du coltan (+ 59 %), et de l'or (+ 13 %). La RDCest le premier producteur mondial de cobalt (près de 60 % de la production), et ce minerai qui

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entre dans la composition, notamment, des cathodes des batteries au lithium-ion pourvéhicules électriques. Or, selon le Boston Consulting Group, la moitié des véhicules de laplanète sera électrique ou hybride en 2030. Déjà, le cobalt est une composanteincontournable des batteries – il en faut près de 10 kg en moyenne pour une voiture Tesla parexemple.

Cette position dominante de la RDC suscite l'inquiétude de la Chine, qui contrôle en bout dechaîne plus des trois quarts du cobalt raffiné. Même si, ailleurs dans le monde, d'autres minesdoivent entrer en exploitation d'ici à cinq ans, leur impact sera marginal. La RDC resteral'acteur majeur du secteur. Et ce d'autant que, selon Global Energy Metals Corp., la demandede cobalt augmentera de 30 % d'ici à 2020.

Forte demande chinoise

Dans ce contexte, Glencore n'entend pas relâcher ses efforts en RDC. Le géant minier espèredoubler en trois ans sa propre production congolaise (27 000 tonnes en 2017, 63 000 en 2020). Et ce malgré la perspective d'un nouveau code minier moins favorable aux géants dusecteur. Selon une note confidentielle de RBC Capital, le revenu avant amortissement deGlencore en RDC dans le secteur combiné du cuivre et du cobalt devrait – du fait de cetteréforme – être amputé de 325 millions de dollars, passant de 1,7 à 1,4 milliard. Les analystesde RBC estiment aussi que la réforme du code minier, devenue moins intéressantefinancièrement, pourrait entraîner une baisse de production de ces minerais. Avec, à la clé,une conséquence mécanique : une hausse des cours.

Dans ces circonstances, faut-il craindre une " fuite des miniers " ? Diego Oliva-Velez, analystedes matières premières de BMI Research, ne le croit pas. " Même avec les hausses, les taux deroyalties de RDC vont rester parmi les plus compétitifs au monde pour des minerais-clés àl'échelle mondiale. " En conséquence : " L'impact le plus important est une détérioration desperspectives pour les investisseurs dans l'industrie minière dans le moyen ou long terme. "

Glencore, afin de se protéger face à ces risques, mène des discussions avec Apple, Volkswagenou Samsung pour envisager des contrats de livraisons garanties sur de longues périodes, decinq à dix ans, à ces industriels qui comptent parmi les gros destinataires du cobalt en bout dechaîne.

Avec la demande chinoise, aujourd'hui vecteur principal de l'activité des groupes miniers àtravers le monde, la RDC semble particulièrement bien positionnée sur l'échiquier mondial. "Les perspectives minières en RDC vont au-delà des projections sur l'avenir des véhiculesélectriques, et le fait de savoir si, demain, d'autres types de batteries seront inventés, pointeun responsable de l'un des premiers groupes miniers mondiaux. La demande chinoiseconcerne à présent plus particulièrement un groupe de minerais comme le cobalt, le cuivre,et quelques autres. Et vous savez quoi ? Tout cela, on le trouve justement en RDC. "

Seulement, l'horizon est flou, au Congo. Le mandat du président Kabila qui, selon laConstitution, ne peut se présenter une nouvelle fois, a expiré le 19 décembre 2016. Un accorda été négocié pour fixer l'échéance électorale au 23 décembre 2018. Depuis, la tension monte.Rassemblements systématiquement interdits, emploi de la force sans restriction pourréprimer les manifestations, emprisonnements… Parallèlement, l'opposition tente des'organiser en coalition. Le pouvoir a dit vouloir financer seul, sans bailleurs internationaux,

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les élections. Le coût en a été évalué à 1,3 milliard de dollars, sans compter le coût del'appareil sécuritaire en vue d'une période troublée, en fin d'année, que le scrutin ait lieu oupas.

Une bonne source congolaise, proche de ce dossier résume : " A Kinshasa, ils ont besoind'argent, et tout de suite. " " Mais le risque, c'est d'arriver à une situation où chacun essaiede réaliser des coups, vite fait, avant de se retirer. Or un projet minier, cela prend du temps,de vingt à vingt-cinq ans en moyenne ", s'inquiète John Kanyoni.

Jean-Philippe Rémy

© Le Monde

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