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1 Libérons l’Ecole ! Pour un VRAI service public de l’Education

Pour un vrai service public de l'éducation

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Libérons l'école ! Pour un vrai service public de l'éducation

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Page 1: Pour un vrai service public de l'éducation

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Libérons l’Ecole !

Pour un VRAI service public

de l’Education

Page 2: Pour un vrai service public de l'éducation

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Manifeste

IL Y A URGENCE :

BATISSONS UN VRAI SERVICE PUBLIC DE L’EDUCATION,

JUSTE & PERFORMANT

Le service public de l’Education est devenu profondément inégalitaire.

Mettons fin a cette injustice : pour une vraie Ecole de la république !

L’hypocrisie étouffe notre pays. Il est urgent d’y mettre fin : oui, la société française est

devenue profondément inégalitaire et anti-méritocratique et, oui, c’est l’Ecole publique

qui en porte la plus grande responsabilité. Agissons !

STOP AUX PRIVILEGES ! A 6 ans, les destins sont presque joués. Les enfants de professeurs ou de cadres s’en sortent : ils maitrisent les codes ou ont les moyens financiers et culturels de contourner le système. Les enfants d’ouvriers ou d’inactifs sont laissés pour compte. Et tous ceux qui font des efforts ont le sentiment diffus et désagréable que « cela ne sert plus à grand chose » et qu’ils sont tirés vers le bas par une Ecole qui ne se soucie plus des résultats.

L’Ecole ne donne plus d’espoir aux familles. Elle a perdu son sens : le malaise des parents grandit, le sentiment d’impuissance et de frustration des enseignants est de plus en plus fort.

EN REPUBLIQUE DU MERITE, ON NE DEVRAIT NI FUIR L’ECOLE PUBLIQUE

NI PAYER POUR S’EN SORTIR

La preuve indéniable de l’injustice et de l’échec de notre école aujourd’hui est que les

Français fuient massivement l’Ecole publique et gratuite : ils se contraignent à payer ou à

contourner le système pour être certains que leurs enfants auront les meilleurs résultats

possibles. Ce n’est pas normal !

Le service public de l’Education nationale, premier budget de l’Etat, devrait être le plus juste et le plus performant : juste dans sa manière de donner à chacun la chance de réussir par son travail, d’où qu’il vienne ; performant dans l’exigence des savoirs qu’il transmet et dans la qualité des citoyens qu’il forme, qui travailleront et vivront dans la société de demain.

Page 3: Pour un vrai service public de l'éducation

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POUR UN VRAI SERVICE PUBLIC DE L’EDUCATION NATIONALE :

L’URGENCE ET L’AMBITION

Nous proposons d’agir en deux temps pour rétablir un service public équitable et performant et réformer un système si lourd en échec - Le premier : celui de l’urgence. Nous proposons un cadre pour établir immédiatement les conditions dans lesquelles l’Ecole parviendra à remplir sa mission fondamentale : la transmission des fondamentaux pour tous et la construction d’une Ecole où chacun trouve sa place. Nous proposons de doubler les heures de Français à l’Ecole primaire, de mettre en place

des classes de remise à niveau entre le primaire et le collège pour qu’aucun élève ne

continue son parcours sans les fondamentaux et de mettre fin au moule du collège unique.

- Le second temps : celui de notre ambition pour l’Ecole. Nous rêvons d’une société dans laquelle les parents peuvent choisir l’établissement de leurs enfants ; une société où les élèves trouvent un établissement qui leur permette de réussir, quelle que soit leur origine ; une société où les enseignants soient à nouveau motivés par un projet collectif. Pour construire cette nouvelle Ecole du mérite qui donne à chacun sa chance, nous

proposons de libérer l’Ecole grâce à un référendum sur la liberté de choix des parents et

l’autonomie des établissements avec 2 objectifs: la totalité des établissements doit être

autonome en 15 ans, dont un tiers en 5 ans. Cette mesure va de pair avec la libération de

l’offre de l’éducation pour tous : la hausse du quota de l’offre privée et la mise en place

d’un ticket éducation.

Nous briserions ainsi un tabou : passer de la culture des moyens à celle des résultats, pour

une Ecole qui, enfin, devienne équitable et performante.

Page 4: Pour un vrai service public de l'éducation

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NOS PRINCIPALES PROPOSITIONS

1. L’urgence : garantir à chaque enfant de maîtriser les fondamentaux et de

trouver sa place à l’Ecole

− 1ère

thématique : Permettre à tous la maîtrise des fondamentaux : doubler les heures de Français ; classes de remise à niveau et évaluations ; apprentissage à 14 ans ; ouverture du collège et du lycée à l’entreprise et à la société civile avec 50% du conseil d’administration des établissements ouverts à des personnalités extérieures (d’entreprises, fédérations professionnelles, fédérations sportives, chambres des métiers et de l’artisanat, etc..) et grâce à la formation des enseignants en entreprise (6 mois dans le privé, comme à l’ENA).

− 2ème

thématique : Renouer avec l’autorité et le respect : Rétablir le vouvoiement à partir de la 6ème et se lever au début du cours, chanter la Marseillaise le lundi matin au moment de la levée des drapeaux (français et européen) ; promouvoir le code vestimentaire ; rétablir le respect du renvoi définitif d’un élève, réintroduire la fonction de surveillant général, mettre en œuvre un plan de sécurisation des établissements les plus difficiles ;

− 3ème

thématique : Chacun sa place - aux enseignants l’instruction, aux parents

l’éducation et l’accompagnement du projet de l’établissement : un Ministère de l’instruction nationale, des pré-conseils de professeurs sans les parents, l’Ecole des parents.

2. L’ambition : passer de la culture des moyens à celle des résultats, pour un

service public équitable et performant !

− 4ème

thématique : Soumettre au référendum la garantie de choix des parents et la

liberté pédagogique des enseignants : un tiers d’établissements autonomes en 5 ans et 100% en 15 ans avec compensations financières ; augmentation du quota du privé ; mise en œuvre d’un ticket « choix de l’éducation » ;

− 5ème

thématique : Des enseignants mieux payés, mieux formés, mieux recrutés : pour une vraie Direction des Ressources Humaines ; évolution du statut : possibilité de recruter et de licencier dans les établissements autonomes et contractualisation des nouveaux enseignants ;

− 6ème

thématique : L’exigence de la transparence et de la culture de l’évaluation : publier les résultats de tous les établissements ; créer un corps d’inspection indépendant.

Page 5: Pour un vrai service public de l'éducation

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SOMMAIRE

Vérités et Tabous sur notre système éducatif

Page 6 Partie 1. L’urgence : garantir à chaque enfant de maîtriser les fondamentaux et de trouver

sa place à l’Ecole

Page 22 1ère thématique : permettre à tous l’acquisition des fondamentaux :

Page 24 2ème thématique : renouer avec l’autorité et le respect

Page 28 3ème thématique : chacun sa place dans la communauté scolaire – aux enseignants l’instruction, aux parents l’éducation

Page 31 Partie 2. L’ambition : passer de la culture des moyens à celle des objectifs et des résultats,

pour un service public équitable et performant !

Page 34 4ème thématique : soumettre au référendum la garantie de choix des parents et la liberté pédagogique des enseignants

Page 35 5ème thématique : des enseignants mieux payés, mieux formés, mieux recrutés

Page 38 6ème thématique : l’exigence de la transparence et de la culture de l’évaluation

Page 40 Entretien avec Jean-François CHEMAIN, enseignant

Page 41 Sources principales

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Page 6: Pour un vrai service public de l'éducation

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VERITES ET TABOUS

SUR NOTRE SYSTEME EDUCATIF

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LES PRINCIPAUX CHIFFRES

"Chaque année, 4 écoliers sur 10, soit environ 300 000 élèves, sortent du CM2 avec de

graves lacunes. Près de 200 000 d'entre eux ont des acquis fragiles et insuffisants en

lecture, écriture et calcul, et plus de 100 000 ne maîtrisent pas les compétences de base

dans ces domaines."

Rapport du Haut Conseil de l'Education (août 2007)

Bilan

120 000 à 150 000 jeunes sortent du système éducatif sans diplôme 9 redoublants sur 10 n’atteindront jamais le baccalauréat

Un enfant d’inactif a 30 fois moins de chance de sortir sans diplôme du système qu’un enfant d’enseignant

Les élèves français sont au 17e rang des pays développés en mathématiques, au 13e rang en sciences et au 14e rang en littérature (PISA, OCDE)

Moyens budgétaires et humains

6% du PIB consacré aux dépenses d’Education Le budget de l’Education nationale est le premier budget de l’Etat

Il y a près d’un million d’enseignants La dépense de personnels représente 94,5% des crédits du Ministère

Tous niveaux confondus, la dépense d'éducation moyenne par élèves en 2004 s'élève à 6 810 euros : elle a cru en moyenne de 2,4% par an de 1980 à 2004

L’essor du secteur privé

56% des Français souhaitent inscrire leurs enfants dans le privé1 Près de 9 Français sur 10 plébiscitent l’existence du secteur privé

En 2011-2012, 17 % des élèves français étaient scolarisés dans un établissement d’enseignement privé

Le secteur du soutien scolaire privé représente plus de 2,2 milliards d'euros en France en 2007 avec une croissance d'environ 10% à 20% l'an2

Les écoles indépendantes (hors contrat) scolarisent près de 50 000 élèves dans 556 établissements

25 % des Français en collège et 33% en lycée recourent au cours de soutiens privés (et jusqu’à 75% dans les établissements les plus prestigieux)

Chez Acadomia, 75% des 25 000 enseignants travaillent dans l’enseignement, suivent des études pour devenir professeurs, ou sont des enseignants en retraite

Près de 100 000 enseignants de l'Education nationale donnent des cours supplémentaires, à toutes les catégories d'élèves.

1 « 50 ans après la loi Debré, quel regard les Français portent-ils sur la liberté

d’enseignement ? », CSA, Novembre 2009 2 Mark Bray, "Le défi de l'éducation de l'ombre", rapport pour la Commission européenne,

mai 2011

Page 8: Pour un vrai service public de l'éducation

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LE JUGEMENT DE LA COUR DES COMPTES : SANS APPEL

« La solution aux difficultés du système scolaire ne se trouve pas selon la Cour dans un

accroissement des moyens financiers et humains qui lui sont consacrés. Avec 3,9% de son

PIB dépensés pour ses établissements d’enseignement primaires et secondaires, la France se

situe aujourd’hui dans la moyenne des pays de l’OCDE. Et lorsque l’on rapporte les dépenses

par élève, les comparaisons internationales montrent que certains des pays les plus

performants, comme la Finlande ou le Japon, figurent parmi les moins coûteux.

Nos difficultés ne viennent donc pas des moyens financiers disponibles, mais bien de

l’inadaptation du système éducatif, qui n’est pas suffisamment orienté vers les besoins des

élèves. Le ministère de l’Education nationale privilégie en effet une gestion uniforme des

établissements et de ses personnels, plutôt que d’adapter les missions des enseignants et

l’organisation administrative aux publics dont il a la charge »

Discours du Premier président, Didier MIGAUD, 12 mai 2010

L’Ecole forte selon les Français

La priorité pour l’école

Pour 63% des Français, l’autorité et la discipline sont prioritaires pour l’école maternelle et élémentaire dans les années qui viennent, devant l’aide aux élèves en difficulté (47%) et la formation des enseignants (45%). Des thèmes loin devant les rythmes scolaires (26%), la lutte contre les inégalités entre les écoles (25%) et l’usage des nouvelles technologies (14%).

Sondage Harris Interactive / SNUipp – 20 février 2013

Perception des méthodes pédagogiques

Pour 79% des parents d’élèves, beaucoup de compétences des élèves ne sont pas suffisamment évaluées et valorisées. Pour 69%, le système d’évaluation des élèves fondé sur les notes est bon. 51% ne sont pas d’accord avec l’idée que les élèves auraient trop de devoirs à la maison. 72% ne sont pas d’accord avec l’idée que le redoublement est trop utilisé.

Sondage Opinionway / La Croix / APEL – Mai 2012

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Les principales raisons du redoublement à l’école

Pour 46% des parents, le redoublement est le plus souvent dû au manque d’aide dont disposent les élèves concernés au sein de l’école. Le redoublement est considéré comme une bonne chose pour les élèves par 62% des parents, contre une mauvaise chose pour 37%.

Sondage Opinionway / APEL – novembre 2013

Suppression des notes

80% des Français sont opposés à la suppression des notes à l’école. 77% des parents d’élèves de moins de 18 ans sont opposés à la suppression des notes.

Sondage Ifop / Metro – Août 2012

L’apprentissage

81% des Français sont favorables à l’ouverture de l’apprentissage à partir de 14 ans pour les élèves du secondaire

Sondage Ifop / Groupe UMP – septembre 2012

Le ticket éducation : pour la liberté scolaire

74% des Français sont favorables à l’instauration d’un système « ticket éducation » qui permette à chaque famille de financer la scolarité de ses enfants quel que soit l’établissement choisi. Il s’agit d’un système particulièrement soutenu par les plus modestes : 84% des ouvriers.

Sondage Ifop / mai 2010

Autonomie et proximité

81% des Français souhaitent que les directeurs d’établissements scolaires puissent avoir la possibilité de recruter leur équipe de professeurs par rapport à un projet éducatif bien défini pour disposer d’une équipe professorale soudée autour d’objectifs partagés par tous.

Sondage Ifop / mai 2010

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1) L’école française régresse dans les classements internationaux

L’Education nationale accueille des millions d’élèves et remplit globalement sa mission.

Cependant, les résultats se dégradent clairement depuis des années. L’OCDE évalue

régulièrement les résultats des élèves de 15 ans : en 2009, les résultats des élèves sont

systématiquement en dessous de la moyenne pour la lecture, les mathématiques et les sciences

et le classement de la France se dégrade. Cette détérioration contraste avec l’Allemagne qui a

gagné des places dans les classements.

Figure 1 : Les résultats des petits Français et Allemands en lecture (bleu), mathématiques

(rouge) et sciences (vert)

Figure 2 : L’évolution des résultats de la France dans PISA

2) Les enseignants Français sont mal payés

Les enseignants gagnent plus que la moyenne des Français

En 2010, le salaire net mensuel moyen d’un salarié du privé était de 2082 euros (soit 24984

euros annuels) et de 2934 euros dans la fonction publique (soit 35208 euros annuels). Il était,

selon l’INSEE, de 2440 euros pour les enseignants (soit 29280 euros annuels).

13ème

22ème

22ème

16ème

25ème 27ème

France Allemagne

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A niveau d’études comparable, les enseignants gagnent moins

Si l’on compare le salaire d’un enseignant avec celui d’un diplômé de l’enseignement supérieur,

les enseignants ont des revenus qui leur sont inférieurs : un enseignant de primaire ne gagne

ainsi que 73 % du salaire d’un diplômé du supérieur.

Les enseignants Français sont moins bien payés que dans la moyenne de l’OCDE

Les distinctions sont en réalité fortes entre les niveaux d’enseignement : comme dans l’ensemble

des pays, plus le niveau d’enseignement est élevé, plus le salaire l’est aussi. Les enseignants

français sont cependant systématiquement dessous de la moyenne des pays de l’OCDE. Alors

qu’un enseignant du primaire commence sa carrière à 24334 euros en France, il commence à

41525 euros au Danemark et 28777 en Suède. De la même manière, alors qu’un enseignant du

collège gagne 27420 euros annuels en France, il en gagne 58963 en Allemagne.

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3) Les enseignants Français travaillent moins que les autres

Beaucoup d’heures de cours en primaire

Les enseignants du primaire réalisent 918 heures d’enseignement annuel, ce qui est plus élevé

que ceux du collège et du lycée. Les obligations de service varient ainsi entre 24 heures

hebdomadaires dans le premier degré. Dans l’enseignement général, ces obligations sont de 15

heures pour les professeurs agrégés et 18 heures pour les non agrégés : dans le second degré, six

enseignants sur dix travaillent moins de 20 heures rémunérées.

Moins de semaines de classes que dans le reste de l’OCDE

Les enseignants Français ont 35 semaines d’enseignement par an : c’est l’année la plus courte de

l’OCDE. En moyenne, les autres pays ont 38 semaines d’enseignement et même 40 en Allemagne.

Beaucoup plus de vacances

Au total, les enseignants ont 144 jours de travail effectif par an, soit 221 jours de congés environ.

Cela correspond à 16 semaines de vacances (8 l’été, 2 à Noël, 2 en février, 2 au printemps et

depuis une décision de Vincent Peillon, 2 en novembre). Dans le privé, les cadres ont en

moyenne 6,8 semaines de vacances selon l’INSEE.

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Une semaine moins chargée que les cadres

Les enseignants travaillent en dehors de l’école : si l’on additionne le temps consacré à préparer

les cours (souvent 9 heures) et de correction de copies (5,5 heures), l’Inspection générale de

l’Education nationale estime que le temps de travail hors enseignement est de 21 heures

environ3. Au total, le temps de travail effectif des professeurs des écoles est de 42 heures et 20

minutes pour un professeur des écoles. Les enseignants consacrent en moyenne 3 jours à leur

travail pendant les "petites" vacances et 9 pendant celles d’été. Dans le privé, 58 % des cadres

déclarent travailler de chez eux (et 28 % pendant leurs vacances). Ils travaillent en moyenne

44,8 heures par semaine. Pour les non salariés, le temps de travail hebdomadaire moyen est de

52,7 heures.

Une année inférieure de 400 à 620 heures de travail en moins que les cadres

Au total, les enseignants effectuent en moyenne 1512 heures par an dans le primaire, 1521 pour

les non agrégés et 1296 pour les agrégés4. En moyenne en France, selon l’INSEE, le temps de

travail des salariés (hors enseignant) était de 1700 heures pour les salariés et de 1920 pour les

cadres. Les enseignants du primaire travaillent donc environ 408 heures de moins que les

cadres et les enseignants agrégés 608 heures de moins (soit, à 40 heures par semaine, près de

15,6 semaines de moins).

3 Pour les professeurs du primaire : 42,3 heures hebdomadaires ; pour les agrégés : 15 heures de service

obligatoire + 21 heures de préparation en moyenne ; pour les non agrégés : 18 heures de service

obligatoire + 21 heures de préparation en moyenne. 4 Calculs précédents sur 36 semaines.

Temps de travail complet

(y compris hors scolaire) Temps de travail au bureau

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Figure 3 : Heures de travail à l’année (moyenne, incluant le temps hors scolaire pour les enseignants et calculé uniquement sur le temps professionnel pour les autres) et écart par

rapport au temps de travail des cadres

Figure 4 : Comparaisons du temps de travail entre les enseignants, par niveau, et les cadres

en nombre d’heures annuelles et équivalent en semaines de 40 heures

4) Nicolas Sarkozy a coupé brutalement dans les effectifs d’enseignants

Nicolas Sarkozy avait engagé une politique de maitrise des dépenses publiques, qui passait

notamment par le non remplacement d’un départ à la retraite sur deux dans la fonction

publique. En France, plus de 30 % des enseignants ont plus de 50 ans : ils partent donc à la

retraite en ce moment. Lorsque l’Education nationale embauche un jeune enseignant, c’est un

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investissement de très long terme : il exercera jusqu’à la retraite, payé par l’Etat qui financera

aussi sa retraite.

L’Education nationale rémunérait 1,18 millions employés en 2000, dont 874600 étaient

enseignants (soit 73,8 % du total). En 2012, le Ministère avait 1,43 millions de salariés, dont

906500 appartenaient au secteur public et 849600 étaient des enseignants (soit 81,4 % du

total). Cela correspond à la suppression de 36779 postes sur le dernier quinquennat, soit 4 % du

total des postes. Le public a perdu 29300 postes, soit 3 % du total de 2007. Le privé a perdu

7479 postes, soit 5 % du total de 2007. Le nombre de non enseignants est passé de 392700 en

2000 à 292185 en 2007 et 262719 en 2012.

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Figure 5 : Un bilan du quinquennat de Nicolas Sarkozy – les postes d’enseignants

5) L’Ecole manque de moyens

Le budget de l’Education nationale le premier poste de dépense de la Nation : il est de 64

milliards d’euros en 2013, ce qui correspond à plus de 20 % du budget de l’Etat et à près de

90 % des recettes de l’impôt sur le revenu. Il ne cesse de croître.

La France consacre 6,3 % de son PIB à l’Education (dont 5,8 % correspond à de la dépense

publique) ce qui est supérieur à la moyenne de l’OCDE (6,2 %).

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La comparaison avec la moyenne de l’OCDE montre que la France a un niveau de dépense par

élève supérieur à la moyenne de l’OCDE pour le collège et le lycée, mais inférieur en primaire.

Figure 6 : Dépense par élève, par niveau, en dollars

Pour rappel, entre 2000 et 2011, le nombre d’élèves a baissé d’un peu moins de 60000.

Figure 7 : nombre d’élèves, en milliers

6) Il y a trop d’élèves par classe

Selon le ministère de l’Education nationale, en 2011 il y avait 26 élèves par classes en 2011 au

niveau préélémentaire (contre 30,1 en 1980 et 25,9 en 2007). Il y avait par ailleurs 22,7 élèves

par classes du CP au CM2 (contre 23,9 en 1980 et 22,7 en 2007). Ainsi, de la maternelle au CM2,

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en 2011, 2,8 % des classes avaient plus de 30 élèves, dont 2,2 % dans le public et 6,6 % dans le

privé (32,7 % avaient plus de 25 élèves, dont 31,5 % dans le public et 40,6 % dans le privé).

Les collèges publics accueillaient en 2011 environ 23,9 élèves, contre 25,9 dans le privé (soit

une moyenne de 24,3, contre 23,9 en 1995). Les lycées comprenaient en moyenne des classes de

26,5 élèves, dont 27,2 dans le public et 24,3 dans le privé.

Selon l’OCDE, le nombre d’élèves par classe en primaire est de 22,7 en France, contre 21,2 en

moyenne. Il est de 24,5 au collège, contre 23,4 en moyenne. Il est cependant de 27,5 en primaire

et de 34,7 en Corée du Sud qui se place parmi les meilleurs systèmes scolaires. Les différences

sont mineures.

Figure x : Nombre moyen d’élèves par classes par niveau et secteur

Figure 8 : Nombre moyen d’élèves par classes par niveau

Une autre mesure consiste à présenter le taux d’encadrement (nombre d’enseignants pour 100

élèves). Selon l’OCDE, ce taux est faible en France, particulièrement pour le primaire. Il s’est

cependant sensiblement amélioré ces dernières années.

En 2010, le Conseil d’analyse stratégique l’expliquait par « la composante administrative

relativement importante et notoirement supérieure à celle des autres pays de l’OCDE ».

7) On n’apprend plus à lire ni à écrire

Chaque année, quatre écoliers sur dix sortent du CM2 sans savoir lire et écrire, soit 300000

enfants : 200000 ont des acquis fragiles et insuffisants en lecture, écriture et calcul ; plus de

100000 ne maitrisent pas du tout les bases.

Page 19: Pour un vrai service public de l'éducation

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Les performances des élèves de CM1 en lecture ont baissé en 5 ans dans les tests PIRLS (OCDE),

passant de 533 en 2001 à 525 en 2006 dans le public (hors ZEP) et de 525 à 522 en moyenne. Ce

constat se vérifié pour les élèves de 15 ans : la France a perdu 17 points sur la même période,

contre 6 en moyenne pour l’OCDE (PISA). En mathématiques, la tendance est clairement à la

baisse aussi.

8) Aujourd’hui, l’école garantit l’égalité des chances

Selon l’OCDE, le système scolaire français est relativement performant, mais inéquitable. En fait,

la France est le pays développé « où l’impact de l’origine sociale sur les résultats des élèves est le

plus grand » déplore la Cour des comptes.

Depuis la petite enfance jusqu’à l’entrée sur le marché du travail, un écart de réussite persiste

selon l’origine sociale. La connaissance du système scolaire reste un facteur de réussite, qui

explique en partie le succès exceptionnel des enfants d’enseignants. L’orientation semble

particulièrement déterminée par les origines sociales des élèves.

Figure 9 : Des taux d’échecs supérieurs (%)

Figure 10 : Des chances de succès inférieures

4

écoliers sur 10

sortent du CM2

sans savoir lire et écrire

Page 20: Pour un vrai service public de l'éducation

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Cette influence du milieu social se retrouve dans les pratiques scolaires qui ont des

conséquences durables : un enfant d’ouvrier sur quatre redouble son CP. Or, la moitié des

enfants qui ont redoublé cette classe quitte l’école sans diplôme et seulement neuf sur cent iront

jusqu’au bac…

Les échecs successifs dans le parcours scolaire hypothèquent la probabilité d’une intégration

réussie sur le marché du travail : d’ailleurs, 71 % des 15-19 ans non scolarisés sont au chômage

(contre 57 % en moyenne dans l’OCDE) comme plus de 25 % des 20-29 ans qui n’ont pas atteint

le supérieur (contre 16 % en moyenne dans l’OCDE). Ainsi, si 9 % des diplômés du supérieur

sortis de leurs études depuis 1 à 4 ans sont au chômage, c’est le cas de 46 % des non diplômés.

Figure 11 : Taux de chômage selon niveau de qualification (sortie depuis 1 à 4 ans)

Page 21: Pour un vrai service public de l'éducation

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Le système scolaire français

est l’un de ceux où la profession

des parents influence

le plus la réussite des enfants

Par rapport à un enfant d’enseignant, un enfant d’inactif …

Dis-moi la profession de

tes parents, je te dirai

dès l’âge de 6 ans si tu

réussiras

40 % des enfants de cadres et

d’enseignants ont un bac S

9 % des enfants d’ouvriers

qualifiés

Page 22: Pour un vrai service public de l'éducation

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PARTIE 1. L’URGENCE

GARANTIR A CHAQUE ENFANT DE MAITRISER LES

FONDAMENTAUX ET DE TROUVER SA VOIE A L’ECOLE

Page 23: Pour un vrai service public de l'éducation

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L’ECOLE A PERDU SON SENS PREMIER : C’EST BIEN LA SON VERITABLE ECHEC !

Creuset de la République, lieu de l’égalité des chances au départ et de la promotion de la méritocratie, c’est en grande partie cette Ecole laïque, gratuite et obligatoire qui a permis à notre Nation de devenir une grande puissance : en transmettant des savoirs avec exigence,

en formant une élite reconnue et des citoyens prêts à se battre pour notre pays.

Pourtant, l’Ecole s’est affaiblie dans une société de plus en plus fragile et dans un univers de plus en plus compétitif, rapide et innovant. Depuis trois ou quatre décennies, l’Ecole s’est ouverte à tous les vents sans jamais vraiment se remettre en question. La société a progressivement délégué à son Ecole toutes les missions possibles : permettre l’épanouissement individuel, lutter contre les discriminations ou les préjugés, prévenir les dangers de la sécurité routière, initier au numérique,… L’Ecole récupère tous les objectifs inachevés de notre société: permettre l’acquisition des savoirs, émanciper et épanouir les individualités, faire des citoyens, préparer au marché du travail. L’Ecole doit faire tout ! Supporter tout ! Elle doit accomplir toutes ces missions et parallèlement l’institution scolaire a sapé les fondements de la transmission : l’autorité des maîtres, l’autorité des savoirs. L’Ecole est devenue cette mini-société anarchisante où le maître n’est plus là pour transmettre, où l’encadrement est déficient, où la sanction n’est plus appliquée. Le résultat est connu et partagé par tous : cette Ecole échoue sur tous les plans, dans chacun de ses objectifs :

• elle ne transmet plus les savoirs : 40% des élèves ne maitrisent plus les fondamentaux à la sortie de l’Ecole primaire ;

• elle ne permet pas aux individualités de s’épanouir : elle les condamne à un moule unique dès le plus jeune âge qui laisse de côté les plus vulnérables ou les moins privilégiés du système ;

• elle ne façonne pas des citoyens : elle dévalorise le respect de la règle. La meilleure preuve de cet échec réside dans les violences scolaires, notamment dans les insultes ou menaces quotidiennes à l’égard des enseignants.

Les violences scolaires : une preuve de l’échec de l’Ecole

“En 2011-2012, les établissements publics du second degré ont signalé en moyenne 13,6

incidents pour 1 000 élèves. La hausse observée s’explique principalement par le repérage,

depuis la rentrée 2011 du harcèlement en milieu scolaire. Un incident sur cinq fait ainsi état

d’une situation de harcèlement. Ces actes graves se caractérisent principalement par des

violences physiques.

Alors que les lycées d’enseignement général et technologique sont relativement peu affectés

par les incidents graves, ceux-ci sont plus fréquents dans les collèges et les lycées

professionnels.

Page 24: Pour un vrai service public de l'éducation

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La violence des élèves est très majoritairement masculine : 76 % des incidents sont commis

par des garçons.”

DEPP, note d’information, novembre 2012

L’Ecole vit donc une crise identitaire : à vouloir tout lui faire faire, elle ne sait plus quel est son rôle. C’est pour cette raison qu’il est urgent et prioritaire de poser à nouveau un cadre et des repères pour l’Education nationale.

1ERE THEMATIQUE :

PERMETTRE A TOUS LA MAITRISE DES FONDAMENTAUX

La lecture, l’écriture, la compréhension et le calcul doivent être définis comme les fondamentaux de la connaissance. Leur maîtrise favorise l’épanouissement de l’élève à l’école, lui assure une autonomie dans ses apprentissages futurs et renforce la réussite scolaire de tous les élèves. Sans maîtrise des fondamentaux, c’est la scolarité d’un élève et son avenir tout entier qui sont mis à mal. Proposition 1. Doubler les heures de français

On ne peut pas maîtriser des connaissances solides dans chaque matière sans une parfaite maitrise de la langue française : entre 1976 et les années 2000, un élève a perdu 800 heures de cours de français entre le CP et la 3ème5, soit l’équivalent de deux ans et demi de transmission. Pour pallier les grandes lacunes en grammaire et orthographe des jeunes Français, il est urgent d'augmenter les heures hebdomadaires d'apprentissage du français en primaire : jusqu'à 5h30/semaine en plus au CP, pour atteindre 15h hebdomadaires ; 2 à 3 heures de plus/semaine en CE1 et CE2 pour atteindre 9h30 ; et 2h30 supplémentaires en CM1 et CM2 pour cumuler 9h30 de français par semaine. Pour consolider ces acquis du primaire, il faut poursuivre cette mesure au collège en adaptant les programmes en offrant 1h de plus par semaine de français aux élèves de chaque classe et cumuler 6h de français par semaine en 6ème et 5ème, puis 5h par semaine en 4ème et 3ème.

5 Sauvons les lettres ! www.sauv.net

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Proposition 2. Etablir un examen d’entrée en 6ème

et créer des classes de remise à niveau

entre le primaire et le collège

Afin d’attester que l’élève maîtrise les acquis fondamentaux qui permettent son entrée au collège puis au lycée, le socle commun de connaissances sera sanctionné par des examens d’entrée en 6ème ainsi que par des évaluations en fin de cycle. C’est en effet parmi les 15% (dans le meilleur des cas) à 40% (dans le pire) des élèves du primaire qui passent au collège sans maitriser les fondamentaux que nous trouvons les « décrocheurs », ces 120 000 à 150 000 jeunes qui sortent du système éducatif sans aucun élève. Or, le redoublement pour ces décrocheurs n’est pas la solution ! Pour autant, limiter purement et simplement les redoublements n’a de sens que si de nouvelles mesures son mises en place pour lutter contre l’échec scolaire. La France pourrait ainsi s’inspirer de ce qui a été mis en place au-delà de ses frontières. Par exemple en Finlande ou aux Pays-Bas, deux pays qui limitent les redoublements, des classes de niveau et non des classes d’âge ont été mises en place. Ainsi, l’enseignant peut adapter son cours en fonction du public visé et ainsi s’assurer de l’acquisition des fondamentaux. Il faut cesser la spirale de l’échec et permettre aux établissements primaires de garder les élèves en difficultés, dans des classes de remise à niveau qui ne consisteraient pas à refaire l’ensemble du programme, mais à se concentrer sur les fondamentaux obligatoires. Proposition 3. Avant de revoir les rythmes… revoir les programmes ! Ils doivent être plus

légers, plus exigeants, plus fidèles à notre histoire et à notre patrimoine ; ils doivent

remettre en cause la place de certains enseignements comme l’étude des genres

Les programmes doivent se concentrer sur les fondamentaux rappelés plus haut : La lecture, l’écriture, la compréhension et le calcul. On peut y ajouter l’apprentissage de l’anglais et l’éducation aux valeurs patriotiques, comme l’a fait Tony Blair en Grande Bretagne. L’Histoire de France doit être enseignée sans culpabilisation ou autre revendication politique, et doit l’être de la même manière partout : ce n’est pas parce qu’on habite dans un quartier populaire que les cours d’Histoire doivent être au rabais ! Ils doivent également inclure un enseignement de l’Histoire des grandes religions, afin de lutter contre l’ignorance, source de nombreux problèmes identitaires. Enfin, il est impératif de supprimer l’étude des genres à l’Ecole.

Qu’est ce que la théorie du genre ?

Longtemps cantonnée de l’autre côté de l’Atlantique, la théorie du genre est désormais pleinement en débat en France. Depuis 2000, elle s’y développe d’ailleurs très rapidement, et en premier lieu au sein de notre service public de l’Education nationale.

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Il est très difficile pour le non-spécialiste de comprendre les enjeux et les implications de cette théorie, tant elle repose sur des présupposés idéologiques en contradiction avec la réalité. Le fondement de cette théorie consiste à nier la réalité biologique pour imposer l’idée que le genre « masculin » ou « féminin » dépend de la culture, voire d’un rapport de force et non d’une réalité biologique ou anatomique. Cette notion se trouve ainsi déjà introduite dans certains manuels scolaires et est considérée comme un objectif à enseigner selon le projet de loi de Vincent Peillon adopté en première lecture au mois de mars à l’Assemblée nationale. Récemment certains parlementaires ont même proposé de « débaptiser » des institutions comme les « écoles maternelles » car considérées faisant référence à une notion bien trop « maternelle » ! Le danger est bien réel car dans chaque projet initié par le gouvernement, et quelque soit le domaine, la volonté est claire : retirer toute référence au sexe. Cela pourra bientôt être le cas sur les cartes vitales qui référencient pour exemple l’homme au n°1 et la femme au n°2…

Proposition 4. Chacun sa voie : en finir avec le collège unique par la réintroduction de

l’apprentissage à 14 ans et tourner le secondaire vers le monde de l’entreprise :

Au sein même du conseil d’établissement doivent siéger 50% de personnalités extérieures

qualifiées et notamment :

- des chefs d’entreprise, des fédérations professionnelles, des représentants des chambres des métiers afin de tourner l’école vers le monde de l’entreprise ; - des fédérations sportives : pourquoi la fédération de football ou d’athlétisme ne serait pas le meilleur vecteur pour enseigner le sport aux élèves ? ; - des fédérations de parents qui sont les premiers éducateurs ; - des spécialistes des sciences cognitives : les sciences cognitives permettent d’appréhender le fonctionnement du cerveau de l'enfant ainsi que ses difficultés ; Un principal ou un proviseur adjoint doit être nommé afin de prendre en charge

l’intégralité du développement de l’établissement vers le privé et la société civile : trouver des partenariats, travailler avec des associations ou des fondations, organiser des forums de l’emploi, mettre en place des banques de stage,… Les conseillers d’orientation doivent désormais être formés dans le privé. La psychologie est loin d’être la seule donnée pour orienter un élève ! les besoins du monde de l’entreprise et les compétences des élèves doivent enfin être mis en relation afin de répondre aux demandes et de lutter contre le chômage précoce de jeunes mal orientés. La formation continue des enseignants doit comprendre une formation de six mois en

entreprise. A la manière des hauts fonctionnaires de l’ENA, les fonctionnaires enseignants

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doivent passer 6 mois en entreprise afin de se former aux méthodes et au fonctionnement du secteur privé. Proposition 5. Instaurer l’école de l’égalité des chances : encourager le tutorat dès l’école

primaire

La meilleure manière d’apprendre et de comprendre est souvent de réussir à expliquer soi-même un problème à un camarade. Le tutorat peut ainsi démarrer dès l’école primaire : celui qui a compris peut expliquer à celui qui a moins bien compris. Plus tard dans la scolarité, il est primordial de développer ces tutorats et coachings de plus en plus demandés et qui montrent leur efficacité. Ainsi, chaque collège et lycée pourrait mettre en place un système de parrainage avec un autre établissement du degré supérieur (le lycée pour le collège, l’université ou la grande école pour le lycée), afin de profiter de leur expérience et de développer des ponts et des échanges entre établissements. Cela pourrait ainsi permettre de bâtir des pôles d’établissements qui travaillent ensemble à une meilleure réussite collective et à une plus grande mixité sociale lorsque ces établissements couvrent des milieux différents.

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2ème

THEMATIQUE :

RENOUER AVEC L’AUTORITE ET LE RESPECT

Proposition 6. Encourager les pratiques de respect de l’autorité : vouvoiement, se lever

Il est nécessaire de soutenir l’autorité des professeurs en encourageant le vouvoiement obligatoire et réciproque entre professeurs et élèves à partir de la 6ème ou en faisant lever les élèves à l’entrée de l’instituteur ou de l’enseignant.

Proposition 7. Chanter la Marseillaise tous les lundis matins au moment de la levée des

drapeaux français et européens et faire participer les élèves aux cérémonies

commémoratives aux côtés des anciens combattants

L’école doit également être un lien d’apprentissage de la citoyenneté. C’est à l’école que les élèves pourront aimer notre pays et son histoire. Nous proposons ainsi que les enseignants apprennent la Marseillaise aux élèves. Par ailleurs, les cérémonies commémoratives sont d’intenses moments de souvenirs aux côtés des anciens combattants. Nous proposons que les enseignants fassent participer les élèves aux cérémonies des 8 mai et 11 novembre par exemple.

Proposition 8. Rétablir le respect du renvoi définitif d’un élève en cas de faute grave

répétée, sans que cela ne soit reproché au chef d’établissement ; créer des internats

disciplinaires et généraliser dans toutes les académies les établissements

Il est urgent de mettre fin à l’omerta et à la loi du silence qui règnent dans les établissements. Renvoyer un élève ne signifie pas mal gérer son établissement ! Au contraire. Tenir des conseils de discipline ou prendre la décision d’un renvoi ne doivent plus être mis au passif du bilan d’un directeur. Par ailleurs, il est nécessaire de créer des internats disciplinaires et de généraliser les Etablissements de réinsertion scolaire dans chaque académie, pour le collège mais aussi pour le lycée, afin de savoir où envoyer un élève qui serait renvoyé définitivement de son établissement. Enfin, il faut rendre l’élève responsable de sa réintégration dans le système scolaire en mettant en place un système de non-automaticité de sa réintégration mais rendre obligatoire l’expression d’une volonté.

Proposition 9. Réintroduire la fonction de surveillant général (CPE à autorité renforcée)

dont le rôle est de soutenir les professeurs dans leur mission Les professeurs ont besoin du soutien de leur hiérarchie en cas de problème grave avec un élève.

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La présence d'au moins un surveillant général dans chaque établissement est nécessaire. Il serait ainsi chargé de la surveillance des élèves, de contrôler les entrées et sorties de l’établissement, de prendre en charge les élèves punis et de s’assurer que les sanctions sont effectuées.

Proposition 10. Encourager le port d’un code vestimentaire pour les élèves.

Le code vestimentaire permet de faire de l’Ecole un lieu républicain de neutralité, de mixité et de laïcité. Il peut aller du simple « code couleurs » au port d’une chemise blanche jusqu’à l’uniforme en passant par des règles strictes d’habillement. Le code vestimentaire présente 3 avantages : - il permet de gommer les inégalités sociales ; - il permet de rendre l’Ecole « particulière » : aller à l’Ecole ne doit jamais être anodin, ce n’est pas un lieu comme les autres. S’habiller différemment permet d’accroître la conscience de son caractère particulier et important et de revaloriser l’image de l’Ecole ; - il permet de développer la fierté d’appartenance collective.

Proposition 11. Rendre public le délit pénal d’outrage à professeur au sein de chaque

établissement et veiller à son application Une loi de Dominique Perben permet de punir plus sévèrement l'outrage commis en milieu scolaire (6 mois d'emprisonnement et 7500 euros d'amende), les professeurs devenant ainsi, au même titre que les magistrats et les policiers, dépositaires de l'ordre public. Cette disposition doit être rendue publique au sein de chaque établissement dans chaque classe.

Proposition 12. Mettre en œuvre un plan d’urgence de sécurisation de certains

établissements en zones difficiles

Les représentants syndicaux et les enseignants nous ont signifié leur besoin de voir non pas davantage d’enseignants dans les établissements difficiles, mais davantage de personnels encadrants. Ce n’est en effet pas le métier des enseignants de passer leur temps à faire la loi dans l’établissement. Il est nécessaire de renforcer ce personnel encadrant qui doit être un véritable personnel disciplinaire pour les établissements de ZEP qui en font la demande : mettons les moyens là où on en a vraiment besoin !

Proposition 13. Rétablir les récompenses par matière (prix de mathématique, de lettres,

etc.) et encourager les « Wall of fame »

Les tableaux d’honneur ou les récompenses et prix par matière sont importants pour valoriser le travail et la progression des élèves. Ils permettent de créer un climat d’émulation et de stimulation du travail.

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Un système de « Wall of fame » (« mur des célébrités) comme aux Etats-Unis pourrait être créé dans chaque école de France : sur ce mur seraient inscrits les parcours d’élèves de cette école. De manière plus structurelle, il faut recréer le lien entre les anciens élèves et les nouvelles générations en développant les associations d’anciens élèves dans le secondaire.

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3ème

THEMATIQUE 3 :

CHACUN SA PLACE DANS LA COMMUNAUTE SCOLAIRE - AUX ENSEIGNANTS L’INSTRUCTION,

AUX PARENTS L’EDUCATION

Entre parents et enseignants, le malaise gronde.

La relation parents-école : un fossé se creuse

L’écrasante majorité des parents aide ses enfants à réussir et s’en préoccupe. Les parents consacrent environ 19 heures par mois aux devoirs de leurs enfants (30 minutes de plus qu’au début des années 1990). L’engagement des mères est sensiblement plus marqué que celui des pères. Il existe deux types d’implication parentale, dépendant du degré d’études des parents : à l’école et à la maison. Les parents semblent plus investis à la maison (aide aux devoirs) qu’à l’école (rendez-vous, participation aux événements,…). L’aide aux devoirs a d’autant plus de chance de se poursuivre tard dans la scolarité que les parents ont eux-mêmes suivi des études. Le sentiment de défiance des parents envers l’école, et de l’école envers les parents

Le lien entre l’école et les familles ne va pas de soi. Souvent, le seul lien entre les parents et l’enseignant est le « carnet de correspondance », qui emprunte « le moins fiable des réseaux

de distribution : le cartable de l’élève ». Dans le même temps, « les enseignants perçoivent l’entrée des parents à l’école comme une

intrusion » et ils reprochent aux parents « leur absence aux réunions proposées (…). Ils

acceptent mal de se sentir jugés, évalués, appréciés dans leur démarche pédagogique ». L’impuissance est davantage ressentie chez les plus modestes

Dans ce contexte, les parents peuvent se trouver dépasser. Les familles défavorisées sont moins susceptibles d’être impliquées dans le suivi de leurs enfants - sans pour autant renoncer à les éduquer. Les parents qui ont le moins de compétences en lecture et en calcul ont des enfants qui redoublent plus souvent. Sources : - Gouyon M et Guérin S, L’implication des parents dans la scolarité des filles et des garçons :

des intentions à la pratique, INSEE, Economie et statistique n°398-399, 2006 et Gouyon M, Années scolaires 1991-1992 et 2002-2003 – l’aide aux devoirs apportée par les parents, INSEE Première n°996, décembre 2004, INSEE - Wess H, Bouffard S, Bridgall B et Gordon E, Reframing family involvement in education :

supporting families to support educational equity, Research initiative of the Educational Equity Teachers College, Columbia University, Décembre 2009, Research Review n°5

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- Inspection générale de l’Education Nationale, Inspection générale de l’administration de l’Education Nationale et de la recherche, La place et le rôle des parents dans l’Ecole, octobre 2006 - Prévot O, Attente des familles à l’égard de l’école : une enquête auprès de 2492 parents, in Construire une « communauté éducative », De Boeck Université, 2008 - Murat F, Le retard scolaire en fonction du milieu parental : l’influence des compétences des

parents, Economie et statistique n°424-425, INSEE, 2009

Proposition 14. Un pré-conseil des professeurs doit précéder le conseil de classes : les

parents doivent intégrer le fonctionnement de l’établissement mais pas l’évaluation des

élèves.

Chacun doit retrouver sa place : aux enseignants d’évaluer la scolarité, aux parents de l’accompagner. La légitimité des enseignants et des parents ne peuvent être mises en cause, sous peine d’affaiblir leur autorité réciproque. Au collège et au lycée, il est en effet nécessaire que le conseil de classe devienne à nouveau le lieu où les enseignants débattent des notes et des redoublements en conscience et en toute liberté. Leur métier est d’instruire et d’évaluer le résultat et la progression des élèves. Dans ce nouveau format, ils doivent ensuite, par le professeur principal, rendre compte et expliquer ces délibérations en rendez-vous individuel et trimestriel avec les parents et en présence de l’élève. Ces rendez-vous doivent être obligatoires, sous peine d’exclusion temporaire. Si ce n’est pas aux parents de juger le niveau scolaire des élèves, en revanche c’est leur rôle d’accompagner leurs enfants s’ils jugent que ce dernier a des difficultés particulières qui doivent mieux être prises en compte. Ils peuvent alors, s’ils le souhaitent, demander un rendez-vous au principal, en présence des représentants de parents d’élèves et du professeur principal. Les parents doivent également s’impliquer davantage au sein de l’établissement : les conseils d’administration ne suffisent pas, créons des assemblées générales de tous les parents en présence du chef d’établissement, des professeurs principaux et de représentants d’enseignants et d’élèves. Enfin, ce système qui accorde plus de liberté aux enseignants afin qu’ils exercent leur métier en toute légitimité, doit s’accompagner d’une plus grande transparence et collégialité dans l’évaluation de ces derniers. Les parents et les élèves doivent pouvoir donner une appréciation sur un enseignant dans le cadre d’une évaluation collégiale. Ils doivent également connaître les notes des enseignants lors des conseils d’administration de l’établissement. Proposition 15. Mettre en place dans certaines zones fragilisées des « Ecoles des parents »

Les parents ont le premier rôle dans l’éducation de leurs enfants. Pourtant, ils sont trop souvent démunis face à l’Ecole et ne demandent qu’une chose : mieux accompagner leurs enfants. Comme le dit un rapport de l’Inspection générale, les parents comprennent mal le fonctionnement de l’Ecole, tant celui ci est peu clair : « L’appartenance à une communauté

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suppose une connaissance partagée des règles qui en régissent le fonctionnement et un

respect réciproque des membres qui la composent. Or, il est aisé de constater que les

parents doivent faire face à une réelle opacité du système éducatif dont l’organisation est

très complexe, qui possède son langage et ses usages et qui porte encore trop peu

d’attention à la qualité de la communication. En outre, la relation entre les parents et les

enseignants est trop souvent faussée par des présupposés, des représentations mentales

qui peuvent générer de l’agressivité, de la condescendance ou des comportements

d’évitement.»6 Un sondage récent a montré qu’un parent sur deux souhaite que l'école les aide à éduquer leurs enfants. Cela est particulièrement vrai parmi les catégories socio-professionnelles les plus défavorisées, les parents en ZEP ou les inactifs. Une Ecole des parents peut alors trouver toute sa pertinence : elle permettrait de rappeler les règles de fonctionnement de l’Ecole, des conseils pour l’aide aux devoirs ou de prévention face à la consommation de drogue, mais aussi un rappel des règles du vivre ensemble, une explication pratique de la laïcité ou un apprentissage du Français.

6 La place et le rôle des parents dans l’Ecole, IGEN, octobre 2006

Page 34: Pour un vrai service public de l'éducation

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PARTIE 2. L’AMBITION

PASSER DE LA CULTURE DES MOYENS A CELLE DES

OBJECTIFS ET DES RESULTATS :

POUR UN SERVICE PUBLIC EQUITABLE ET PERFORMANT !

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4ème

THEMATIQUE :

SOUMETTRE AU REFERENDUM LA GARANTIE DE CHOIX DES PARENTS ET LA LIBERTE

PEDAGOGIQUE DES ENSEIGNANTS

DE LA NECESSITE D’UN REFERENDUM

L’autonomie des établissements dont nous parlons implique l’autonomie de gestion des ressources humaines (recrutement et licenciement des équipes), l’autonomie pédagogique et l’autonomie de gestion budgétaire (appel au mécénat, …). Elle représente donc un bouleversement complet de notre modèle éducatif, la fin de la ghettoïsation scolaire par la cartographie et la remise en question progressive du statut des enseignants, au profit de la liberté de choix des parents et d’une plus grande motivation des équipes enseignantes sur le terrain, pour la réussite des élèves. Cette autonomie est préconisée, à des degrés divers, par l’OCDE, la Cour des Comptes, ou encore de nombreux experts de l’Education qui remettent en question la lourdeur de la structure éducative et son incapacité totale à s’adapter aux besoins des enfants. Parce qu’elle concerne tous les parents qui, désormais, pourront choisir l’établissement de leur enfant, parce qu’elle concerne les personnels enseignants qui pourront choisir les établissements dans lesquels ils veulent exercer et s’y investir en fonction des projets ou des horaires de ceux-ci, cette remise en question du système pour en construire un nouveau nécessite l’approbation populaire. Proposition 16. Libérer, en 5 ans, un tiers de l’offre scolaire publique et, en 15 ans, 100%

des établissements : le principe de l’autonomie.

L’autonomie des établissements s’est considérablement développée dans tous les pays de l’Union européenne depuis les années 1990, à l’exception de la France. Il s’agit d’une démarche décentralisatrice qui correspond à une double exigence : - d’abord, la volonté d’amélioration et d’adaptation du système éducatif, afin de remédier aux gestions inefficaces des ressources budgétaires et humaines ; - ensuite la nécessité de prendre en compte les changements survenus dans le rapport des élèves et des familles à l’Ecole et à l’autorité ; au cœur de la famille elle-même et de la société, qui a beaucoup évolué au profit d’une atomisation croissance des structures et d’une dévalorisation de l’institution scolaire. L’OCDE établit parmi les critères de performances des pays qu’elle étudie : « le degré d’autonomie des établissements dans le choix des programmes et des évaluations ainsi que le degré de concurrence des établissements au sein du même bassin scolaire » (PISA 2009).

L’autonomie doit se faire à deux niveaux, qui peuvent être établis indépendamment ou progressivement : - autonomie de gestion : recrutement, licenciement, détermination des salaires de départ et budget de l’établissement. Aux Pays Bas et en Suède, l’autonomie est complète. En Corée du Sud, la gestion des personnels reste relativement centralisée.

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- autonomie pédagogique : comment évaluer les élèves, établir les rythmes scolaires, les cours proposés (bivalence ou non, pluridisciplinarité ou non,…), manuels utilisés, méthodes utilisées,… Les pays qui accordent la plus grande autonomie pédagogique sont les meilleurs à l’écrit et, de manière général, l’OCDE est très claire « dans les pays où les établissements jouissent d’une grande autonomie de choix des programmes et des modes d’évaluation, les élèves ont tendance à obtenir de meilleurs résultats » (PISA, 2009).

Dans le modèle que nous proposons, il s’agit d’appeler les établissements volontaires à développer en premier lieu leur autonomie pédagogique et, progressivement, leur autonomie de gestion. Le cadre du diplôme et des évaluations resterait national, avec des tests annuels et la transparence des résultats, les objectifs d’acquisition des fondamentaux et des programmes seraient les mêmes pour tous, mais les moyens d’y arriver seraient laissés à la discrétion de la communauté éducative composée à parité des équipes pédagogiques et des parents, en associant la société civile (associations, entreprises,…).

Exemples de ce que permettrait l’autonomie :

- la mise en place des classes de niveaux, - la réduction des groupes classes pour les élèves en difficultés, - l’acquisition des fondamentaux sur un temps qui varie selon les vitesses d’apprentissage des uns ou des autres, - l’accent mis sur les compétences professionnelles du bassin d’emploi où se situe l’école (haute technologie, agriculture, pharmaceutique, ingénierie,…), - le port d’un code vestimentaire, - la définition des rythmes scolaires en fonction des parents, etc.

Proposition 17. Libérer l’offre privé : remettre en cause le dogme du 80% d’écoles

publiques et 20% d’écoles privées ; encourager la création d’ « écoles à charte » sous

impulsion publique (sous contrat d’objectifs avec l’Etat)

56% des Français souhaiteraient que leurs enfants aillent dans le privé, alors que seuls 20% de l’offre scolaire est privée. Ce sujet est délicat et… explosif. Pourtant, la question est légitime : pourquoi ne pas libérer le secteur privé ? Augmenter le quota de 20% à 25% permettrait de répondre à la demande des Français. Par ailleurs, l’Etat pourrait décider d’investir dans des écoles « à charte » (charter schools), financées par le public mais sur initiative d’acteurs associatifs ou privés, comme cela se fait aux Etats-Unis, mais aussi en Suède, aux Pays Bas et au Royaume Uni. Ces écoles se fixent des objectifs pluriannuels, qui conditionnent leur financement public. En Suède, par exemple, des organisations appelées « Kunskapsskolan » gèrent plus de 30 écoles sur le modèle des écoles « à charte » dont les mérites sont régulièrement mis en avant par l’OCDE. Au Royaume Uni, David Cameron a mis en œuvre un programme d’aide

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publique complémentaire pour les écoles « à charte » qui accueilleraient des élèves défavorisés. Proposition 18. Liberté de choix pour les parents : la création du ticket « choix éducation »

et la suppression définitive de la carte scolaire

La condition de ce système plus libre et autonome est le « ticket éducation ». Il permet aux parents de choisir librement l’établissement, public ou privé, dans lequel ils souhaitent inscrire leurs enfants. Aujourd'hui, l’État paie directement les professeurs, dans le cadre d’un système hyper centralisé, et le chef d’établissement ne peut pas recruter son équipe de professeurs ni gérer son établissement en fonction des besoins. Comme le souhaite une majorité de Français (cf.

encadré), il faut mettre fin à ce système inefficace en instaurant (comme en Suède) un « ticket éducation » pour supprimer, enfin, une carte scolaire hypocrite et facilement « contournable ». Comme le préconise Jacques Attali, l’État verserait ainsi une somme d’argent par élève aux parents. Ces derniers devront utiliser ce ticket pour inscrire leur enfant dans un établissement public ou privé conventionné de leur choix. Grâce au "ticket éducation", l’établissement sera donc financé au prorata du nombre d'élèves, donc en fonction de ses bons résultats, et le chef d’établissement pourra, grâce à l’autonomie, gérer ses moyens au plus près des besoins. Enfin, en permettant à tous les parents de choisir l’établissement de leurs enfants, on établit une réelle mixité sociale dans les classes ainsi qu’un financement au mérite des établissements, ce qui stimulera la qualité de l’enseignement et obligera les écoles à être toujours plus performantes. Proposition 19. Justice sociale et autonomie : fermeture d’établissements, mise en place

de filières d’Ecole et péréquation des moyens pour donner plus à ceux qui ont moins

L’autonomie des établissements, la libération de l’offre privée et la mise en place du « ticket éducation » donneraient lieu à une concurrence entre établissements au profit de la performance des élèves. Dans ce cadre, il ne faut pas désavantager ceux qui partent avec des conditions défavorables. Pour cela, trois solutions sont possibles et complémentaires : - fermer une très petite minorité d’établissements sinistrés et d’accompagner par « busing » les élèves vers d’autres établissements ; - regrouper les établissements : les établissements qui réussissent le mieux peuvent prendre en charge, sous forme de partenariat et d’établissements publics, d’autres établissements et leur transmettre les méthodes utilisées pour mieux réussir ; - donner plus à ceux qui ont moins : mettre en place une incitation financière à l’autonomie pour tous les établissements volontaires, avec une compensation plus importante pour les établissements en difficultés. Cela se fait à moyen constant par la réallocation des moyens des établissements les meilleurs vers ceux qui en ont le plus besoin.

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5ème

THEMATIQUE :

DES ENSEIGNANTS MIEUX PAYES, MIEUX FORMES, MIEUX RECRUTES

Proposition 20. Valoriser le travail et le mérite des professeurs de la République en

imposant pour tout nouveau professeur 25 heures de travail par mois en contrepartie

d’une hausse de salaire de 20%

Chaque famille de France sait qu’un bon enseignant fait un bon élève. Cela s’appelle « l’effet maître ». Les enseignants sont effectivement au cœur du système. Dans une logique de droits et devoirs, ils doivent être mieux payés s’ils travaillent davantage (2h de plus par semaine pour tous les enseignants représentent 44 000 postes supplémentaires !) et en fonction de leur mérite et de leurs résultats, en accentuant considérablement les primes.

Proposition 21. Pour les établissements autonomes, le recrutement des équipes doit être

libre et la gestion des salaires progressivement décentralisée. Par conséquent, il est

nécessaire que tout nouvel enseignant entrant soit contractuel.

Cette contractualisation permettra aux enseignants une plus grande flexibilité dans leurs choix de carrière et une meilleure adaptabilité aux besoins de chaque établissement. Elle permettra notamment des salaires plus élevés en fonction du travail effectué.

Proposition 22. Evaluation des enseignants : collégialité, auto évaluation et mérite

La crainte des enseignants réside dans la trop grande « caporalisation » du système. Pour éviter les effets pervers, nous proposons une évaluation tripartite par :

- le chef d’établissement ; - le corps chargé de l’inspection ; - l’auto-évaluation de l’enseignant lui-même en fonction de critères qu’il s’est fixé en début d’année.

Le chef d’établissement et le corps d’inspection doivent tenir compte de quatre critères minimum qui peuvent ensuite être revus à l’échelle de l’établissement dans le cadre de leur autonomie : - les résultats scolaires des élèves : leur progression en fonction des objectifs fixés par l’enseignant ; - l’esprit d’équipe et l’implication dans le projet d’établissement ; - les impressions des parents (et des élèves eux-mêmes à partir du secondaire) recueillies grâce à un système d’appréciation, de manière anonyme, de la même manière que les enseignants de grandes écoles sont évalués par leurs élèves ; - les contrôles faits dans la classe aléatoirement. Proposition 23. Mise en place d’un véritable service de ressources humaines au sein de

l’Education nationale

Les carrières des enseignants méritent d’être prises en considération ! Afin d’entretenir leur motivation, l’Education nationale doit véritablement se doter d’un service de ressources

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humaines tant pour valoriser leurs carrières qu’également pour répondre aux enseignants qui sont confrontés à des difficultés dans le cadre de la mission qui leur a été confiée. Ce service veillerait ainsi à ce que les attentes des enseignants soient entendues et que les choix d’affectation qu’ils peuvent formuler soient, si non pleinement satisfaits, tout au moins pris en considération. Proposition 24. Améliorer la formation des enseignants : mise en place de tutorat /

soutien par des professeurs expérimentés des professeurs en formation

La formation pratique des enseignants doit non seulement s’articuler entre des stages pratiques dans des établissements de qualité mais également entre des relations avec des enseignants chevronnés ayant fait leurs preuves durant leur carrière. Cette forme de tutorat permettra ainsi aux futurs enseignants de se former aux bonnes pratiques pédagogiques. Elle instaurera également une certaine cohésion entre les équipes enseignantes qui pourront échanger, d’une façon enrichissante, autour de leur profession dans le but de favoriser la réussite scolaire des élèves qui leur sont confiés. Proposition 25. Rétablir l’exemplarité de l’Ecole de la République en interdisant le droit de

grève des professeurs et leur conférer un nouveau statut spécial comme c’est le cas dans

d’autres branches de la fonction publique.

A l’heure où le gouvernement Ayrault a érigé l’Education en priorité nationale, nous souhaitons que le corps enseignant, au même titre que les fonctionnaires de police (loi 28 septembre 1948), les personnels des services extérieurs de l'administration pénitentiaire (ordonnance 6 août 1958) ou ceux des services de transmissions du ministère de l'Intérieur (loi du 31 juillet 1968), soit également doté d’un statut spécial interdisant le droit de grève. Il n’est pas acceptable que certains professeurs puissent être en mesure de paralyser la société, prenant « en otage » parents et élèves, mais aussi de nombreux maires ruraux. Les professeurs continueraient de disposer de leur droit de retrait (en cas de violence par exemple) et les syndicats auraient pour mission stricte et unique de protéger les professeurs des éventuels conflits avec l’administration et d’améliorer les conditions de travail des enseignants, sans parti pris idéologique, politique et partisan ;

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6ème

THEMATIQUE :

L’EXIGENCE DE LA TRANSPARENCE ET DE LA CULTURE DE L’EVALUATION

Proposition 26. Evaluer les établissements et les enseignants par la mise en place d’une

autorité indépendante

L’Inspection nationale de l’Education nationale a deux grandes missions : le conseil et l’accompagnement pédagogique ; l’évaluation. Elle ne peut plus être juge et partie. C’est pourquoi il est nécessaire de confier à l’Inspection la mission de l’accompagnement des enseignants dans le cadre de cette grande DRH nationale : les inspecteurs, devenus conseillers, guideraient les enseignants dans leurs méthodes pédagogiques. Il leur serait également demandé d’exercer le métier d’enseignant pendant un an régulièrement, afin de ne pas perdre contact avec la réalité du terrain. L’autorité de contrôle et d’évaluation pourrait alors être réellement indépendante. La Cour des Comptes pourrait par exemple créer une antenne dédiée. D’autres solutions peuvent être encore imaginées. Proposition 27. La culture de la transparence : pour garantir l’égalité devant le choisir de

l’établissement

Chaque établissement devra publier ses résultats obtenus lors de tests annuels dont une partie est centralisée (tests de base) et l’autre est libre (l’établissement fixant ses propres objectifs en fonction de son projet). Ces résultats seront publiés sur un site national.

A SAVOIR !

La morale laïque de Vincent Peillon : une morale socialiste, comme il l’écrit lui-même

Vincent Peillon a écrit un livre : La révolution française n’est pas terminée7. C’est dans ce

recueil qu’il faut trouver l’origine de la morale laïque. Il écrit alors que « c’est au socialisme qu’il va revenir d’incarner la révolution religieuse dont

l’humanité a besoin ». Cette religion dont il parle est celle de… la laïcité. Elle est donc, dans son esprit, intrinsèquement liée au socialisme. Sur ce point, on ne peut d’ailleurs pas lui reprocher de cacher ses arrières pensées, puisqu’il écrit, toujours dans ce livre : la « morale laïque » enseignée à l’Ecole « est aussi un

instrument au service de l’action politique, républicaine et socialiste ». La « morale laïque » est donc une morale socialiste. CQFD.

7 Vincent Peillon, la Révolution n’est pas terminée, Seuil, Paris, 2008

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Entretien avec Jean-François CHEMAIN

Jean-François CHEMAIN est professeur d’Histoire et de Géographie dans un collège de la banlieue de Lyon. Auteur de Kiffe la France, Jean-François CHEMAIN parcourt la France pour livrer les réalités quotidiennes auxquelles il est confronté avec ses élèves mais également partager sa vision positive de l’Education : par son discours, il encourage les uns et les autres à se mobiliser pour changer notre système éducatif et ne pas s’enfermer dans le misérabilisme… Avec le projet de réforme Peillon, son combat s’avère plus que d’actualité ! Dans le cadre de la préparation de la convention organisée le 2 avril prochain par la Droite Forte, Jean-François CHEMAIN a accepté de partager ses convictions au travers de cet entretien.

Anne-Laure BLIN : Votre parcours est relativement atypique. Vous n’étiez pas destiné à enseigner et pourtant aujourd’hui, l’enseignement est devenu votre passion. Racontez-nous.

Jean-François CHEMAIN : Après 20 années passées en entreprise, j’ai éprouvé le besoin de mettre mon activité professionnelle en harmonie avec mes convictions les plus profondes. J’ai donc nourri le projet d’essayer de transmettre mon amour charnel de la France à des jeunes qui vivent le paradoxe suivant : leurs parents ont choisi de venir vivre dans notre pays, de ne pas le quitter, mais en même temps ils sont nourris de la détestation de la France. J’ai fait le pari de réussir ce que préconisait la philosophe Simone Weil dès 1943 : « il faut donner à la jeunesse quelque chose à aimer, et ce quelque chose c’est la France » (L’Enracinement). J’ai donc passé une agrégation, que j’ai réussie du 1er coup à 45 ans, puis fait une thèse. Et demandé la banlieue. Je fais ce job depuis maintenant 6 ans, et c’est un vrai succès quotidien, plein de bonheur pour moi et mes élèves. Ils ont vraiment envie d’aimer la France, mais on se donne bien du mal pour obtenir le contraire. Hier même, un de mes élèves d’origine algérienne (3e génération), qui avait commencé par me livrer toute la détestation qu’il éprouvait pour la France, est venu me voir à la fin du cours pour me dire : « quand je serai marié et que j’aurai une famille, je leur dirai que j’ai eu un professeur qui m’a appris à aimer la France »

Anne-Laure BLIN : Quels sont vos constats par rapport à vos collègues enseignants qui, eux, n’ont connu que ce métier ?

Jean-François CHEMAIN : Mes collègues sont pour la plupart très jeunes, car la banlieue est un endroit où l’on « échoue » en début de carrière, et dont on s’enfuit dès que l’on a un nombre suffisant de points. La moyenne d’âge est de 32 ans, et j’en ai 51 ! L’ambiance est excellente, car les difficultés quotidiennes sont telles (vandalisme, agressions physiques de professeurs, insultes …) qu’il y a une énorme solidarité entre nous. Pas d’idéologie sur le terrain, mais le sentiment très fort qu’on se fout de notre g…. dans les hautes sphères, qu’on vit dans l’idéologie, qu’on marche sur la tête ! Je suis très bien accepté par tous, même par la direction, alors que mon parcours atypique et mes opinions (catho de droite, pour être clair) sont connues de tous. D’ailleurs, il faut le savoir, ces opinions sont beaucoup plus largement partagées que l’on ne croit dans l’Education Nationale, au moins sur le terrain. Mon collège est plein de gens de droite, et même de cathos de droite. Les idéologues se

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terrent plutôt dans les bureaux, où l’on peut donner des directives sans avoir vu d’élèves depuis des années.

Anne-Laure BLIN : Les rapports élèves-enseignants, parents-enseignants ont beaucoup évolué ces dernières années… s’illustrant même par de nombreux actes de violence. Qu’en pensez-vous ? « La faute aux profs » ou « la faute aux parents » ? Un déficit d’autorité au sein de l’Ecole ou au sein de la famille pourrait-il en être la cause ?

Jean-François CHEMAIN : Le déficit d’autorité de certains parents – pas tous, Dieu merci !- est patent, notamment dans le cadre de familles monoparentales où l’image du père est absente, ou encore dans le cadre de certaines phratries où les parents sont débordés. Très souvent c’est le frère aîné qui joue le rôle dévolu au père. On nous demande donc de gérer des élèves dont nous constituons la seule, la première limite, qu’ils rencontrent. Ils ne comprennent pas. De nombreux parents – culture de l’enfant roi oblige – prennent le parti de leur enfant contre l’enseignant, contestant chaque punition, chaque mot dans le carnet, exigeant un rendez-vous à tout bout de champ. Entendu cette semaine d’un père dont les 3 fils posent tous de gros problèmes : « de toutes façons vous êtes enseignant parce que vous avez raté le concours des Postes »… Le problème, pour lui, c’est nous.

Anne-Laure BLIN : Il est prévu, dans la réforme Peillon, « plus de maîtres que de classes », pensez-vous que cette proposition pourra améliorer le niveau des élèves ?

Jean-François CHEMAIN : Pour faire personnellement l’expérience de l’autorité, je constate qu’elle n’est pas seulement affaire d’effectifs. Intervient d’abord « l’équation personnelle » de l’enseignant, donc les clefs me paraissent être la motivation, l’enthousiasme, l’amour des élèves et de ce qu’on leur enseigne. Il faut aussi un cadre rigoureux, où chaque détail compte : les règles de mise en rang, de montée dans les classes, de comportement en cours… Des sanctions aussi, car elles font partie de ce que Simone Weil appelle « les besoins de l’âme », avec la hiérarchie, les règles… Ne pas punir un élève, lui chercher toujours des excuses, c’est lui faire insulte, c’est refuser de reconnaître qu’il existe, qu’il pose des actes, qu’il est responsable… Cette « culture de l’excuse » est un fléau, qui fait des ravages chez certains (les élèves sont les « bons sauvages » de Rousseau, et ils sont corrompus par le « système », dont les enseignants sont des agents). Je connais un CPE qui raisonne comme ça. Je crois aussi que l’hyper-féminisation de l’enseignement – y compris dans les fonctions de direction et d’éducation - ne contribue pas à donner à ces jeunes les repères masculins dont ils ont besoin. Je ne suis pas phallocrate, mais il faudrait un juste équilibre, au lieu des 80 % - 20 % auxquels j’assiste.

Anne-Laure BLIN : Le gouvernement veut remettre « sur pieds » les IUFM (sous la nouvelle appellation Ecoles supérieures du professorat et de l’éducation) que l’ancienne majorité avait souhaité supprimer et remplacer par la masterisation, que pensez-vous de ces instituts de formation ? Quelle serait la formation idéale des enseignants, selon vous ?

Jean-François CHEMAIN : Je suis passé par ces fameux IUFM. La formation que j’y ai reçue était extrêmement idéologique, et concrètement inutile Je suis absolument hostile à la recréation de tels « machins ». On les justifie par la nécessité d’une formation disciplinaire et pédagogique. La 1ère a, selon moi, largement été dispensée au cours du bac + 4 ou 5 qui

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ouvre accès au concours. Quant à la 2nde, on apprend très vite sur le tas, et ce n’est pas ce qu’on a reçu à l’IUFM qui sert à quelque chose. Non, l’enjeu est clairement, pour certains, le formatage idéologique des futurs professeurs. Si l’on recrée des structures centralisées, on verra immanquablement les commissaires politiques que j’ai connus s’y coopter à nouveau. La formation idéale, c’est le terrain, avec un horaire allégé la 1ère année, un collègue maître de stage pour conseiller, peut-être la possibilité de groupes de parole de jeunes profs pour échanger sur leurs expériences. Il faudrait faire un peu plus confiance aux enseignants, et se dire qu’ils n’ont pas besoin de béquilles jusqu’à un âge avancé ! La réflexion devrait plutôt porter, selon mon expérience, sur un retour aux méthodes traditionnelles d’enseignement. Face à une classe de banlieue déchaînée, les méthodes « Meyrieu » d’autonomie de l’élève partant chercher ce qui l’intéresse n’ont aucun sens : beaucoup ne sont intéressés par rien de ce que dispense le collège ! Ce qui les passionne, en tout cas dans ma matière, c’est qu’on leur « raconte » les choses, avec passion. Ce qui signifie retour à une forme de « magistralité » (c’est le prof qui parle) et à – au moins pour l’Histoire – une vision positive de la nôtre, qui donne matière à s’enthousiasmer, pour les intéresser. Anne-Laure BLIN : Quelles sont, selon vous, les priorités de réforme que doit mener l’Education Nationale ?

Jean-François CHEMAIN : Je ne pense pas que ce dont l’Education Nationale a besoin, ce soit de « réformes », mais plutôt un changement d’état d’esprit. Il faudrait que l’on puisse enfin y parler vrai, y avoir le sens des réalités plus que de la méthode Coué. Une sorte de « révolution culturelle ». Quelques exemples d’absurdités pesantes au quotidien :

� On fait mine de regretter que « 20 % des élèves arrivent en fin de 3e sans maîtriser la langue française », sans voir qu’on peut enseigner, comme c’est mon cas, à des classes dont la quasi-totalité des effectifs sont d’origine étrangère, beaucoup ne parlant pas le Français à la maison, regardant la télévision de leur pays d’origine et passant leurs vacances « au bled ».

� On refuse d’admettre que la question religieuse puisse prendre, surtout dans les matières que j’enseigne, une place obsédante.

� On maintient, par idéologie, au collège jusqu’à 16 ans des élèves qui n’ont aucun intérêt pour ce qu’on y enseigne, rêvent d’entrer dans la vie active, décrochent, se révoltent, entrant dans des spirales de dévalorisation d’eux-mêmes et de violences de plus en plus lourdes… Alors qu’ils deviennent des anges dès qu’on leur trouve un petit stage en entreprise…

� On nous parle de 80 % d’une génération au bac, de 50 % à la licence : ceux qui prônent ce genre de choses veulent-ils venir voir comment ça se passe en banlieue dès la 6e ? Veulent-ils transformer les établissements en bagnes ou en asiles de fous ?

� Tout ce qui motive encore un peu les élèves, ce sont les notes, même si elles ne signifient pas grand-chose tant on surnote : la « carotte », bien plus efficace que tous les « bâtons » d’une menace de punition… Il faut voir la fierté d’un enfant en difficulté qui a « la moyenne » ! Elles sont pourtant dans le collimateur de tous les ministres qui se succèdent, remplacées par des « usines à gaz » de compétences innombrables, dont il faudrait être capable de mesurer la progression pour des

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dizaines d’élèves par an… C’est totalement irréalisable, et ça ne motive pas les élèves.

� On nous compare avec la Finlande : qu’avons-nous de comparable avec ce pays ?

Donc de cela il faut retenir la nécessité de maintenir les notes, d’arrêter d’accabler les profs d’objectifs idéologiques irréalisables, de supprimer le collège unique.

Je pense aussi essentiel de revenir sur les méthodes d’évaluation des enseignants. L’inspection n’a aucun sens : des années de pratique sont jugées à partir d’un cours « Potemkine », complètement artificiel, qui essaye de correspondre aux méthodes pédagogiques en vogue, même si on ne les pratique pas le reste du temps… L’inspecteur n’a souvent pas tenu de classe depuis des années (si ce n’est des décennies). Le mieux placé pour évaluer l’enseignant est le chef d’établissement qui le pratique au quotidien, est au contact de ses élèves, et de leurs parents… Les syndicats prétendent que cela favorisera « l’arbitraire » : mais l’inspection n’est-elle pas, elle-même, totalement arbitraire ? Je pense en outre que ce système est totalement suranné : est-il normal qu’en 2013 des adultes bardés de diplômes attendent, la peur au ventre, l’arrivée de Celui dont l’opinion – et parfois l’humeur – va déterminer la suite de leur carrière ?

La question de la mixité mérite d’être réexaminée, notamment en banlieue, où la culture d’irrespect des femmes est très forte. Les filles subissent des pressions très fortes de la part des garçons pour se conformer à des modèles, notamment vestimentaires. Elles sont en permanence insultées, et certaines ne trouvent à se défendre qu’en surabondant dans le langage ordurier.

Il faut impérativement en revenir à des programmes d’Histoire qui redonnent une image positive de notre nation. La traite africaine, la colonisation, Vichy, c’est bien, mais le résultat en est qu’un ami membre du jury d’admission à une grande école m’a raconté l’anecdote suivante. A un élève, mention TB au bac, à qui il demandait de lui donner deux traits saillants de l’Histoire de France, celui-ci a répondu : « la colonisation et la collaboration ». Joli travail, l’Education Nationale ! En revanche, je témoigne de ce que ces jeunes ont envie qu’on leur donne la France à aimer.

L’équilibre hommes/femmes devrait être rétabli, tant pour les enseignants que pour le personnel éducatif et de direction. Beaucoup de ces jeunes sont à la recherche de repères masculins qui leur font défaut.

Idée subsidiaire : obliger les cadres du Ministère – ceux qui concoctent réformes et programmes – à venir passer régulièrement un peu de temps sur le terrain. Par exemple redonner aux inspecteurs généraux une classe de banlieue pendant un trimestre, de temps en temps… L’état-major dans la tranchée, pour y retrouver le sens des réalités !

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Sources principales

Haut Conseil de l’Education, L’orientation scolaire, 2008

Cour des Comptes, L’Education nationale face à l’objectif de réussite, 2010

Annie Da-Costa Lane, La singulière réussite scolaire des enfants d’enseignants : des pratiques

éducatives parentales spécifiques ?, 2012

Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, Les parcours dans l’enseignement

supérieur : devenir après baccalauréat des élèves entrés en sixième en 1995, 2012

INSEE, Tableaux de l’économie française – 2013

INSEE, Emplois et salaires – 2013

Ministère de l’éducation nationale, La France dans PISA 2009, 2010

INSEE, En 2010, les salariés ont pris en moyenne six semaines de congés, 2012

Inspection générale de l’éducation nationale, Les composantes de l’activité professionnelle

des enseignants outre l’enseignement dans les classes, 2012

Institut Thomas More, Education : la révolution de l’autonomie, 2012

Ministère de l’éducation nationale, Repères et références statistiques – 2012

Ministère de l’éducation nationale, L’Etat de l’école – 2012

Institut Montaigne, Vaincre l’échec scolaire, 2010

INSEE, France, portrait social – 2012

Ministère de l’enseignement supérieur, Les parcours dans l’enseignement supérieur : devenir

après le baccalauréat des élèves entrés en sixième en 1995, 2012

Centre d’Analyse Stratégique, Tableau de bord de l’emploi public 2010, décembre 2010

OCDE, Do the average level and dispersion of socio-economic background measures explain

France’s gap in PISA scores ?, 2013

OCDE, Regards sur l’éducation – 2012

OCDE, PISA – 2009

OCDE, PISA – 2009 – note de présentation (France)

Ministère de l’éducation nationale, Evolution des performances en lecture des élèves de CM1

Ministère de l’éducation nationale, Evolution des acquis des élèves de 15 ans en culture

mathématique et compréhension de l’écrit

Rapport parlementaire de Frédéric REISS

Rapport parlementaire de Benoist APPARU

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Rédaction :

Camille BEDIN Anne-Laure BLIN

mars 2013