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Campus adventiste du Salève
Faculté adventiste de théologie
Collonges-sous-Salève
Pourquoi ont-ils quitté leur Eglise ?
Les causes de la désaffection des membres de l’Eglise adventiste
du septième jour de la Martinique de 1984 à 2009
Mémoire présenté en vue de l’obtention
du Master en théologie adventiste
Par Léa SAVERIMOUTOU ZIE
Directeur de recherche : Gabriel MONET
Assesseur : Daniel MILARD
Juin 2010
2
Introduction
En 1502, Christophe COLOMB accoste sur les rives de Madinina1. Il y rencontre
des indiens caraïbes et arawaks, descendants des grands navigateurs asiatiques qui
découvrirent le continent Américain et les îles environnantes. Tandis qu’il tente avec
enthousiasme de convertir2 quelques-uns au catholicisme pour en faire de loyaux sujets
de la reine Isabelle de Castille, ses marins, déciment par l’épée ces peuples pacifiques,
leur offrant généreusement un avant-goût de ce que l’Europe chrétienne allait partager
pendant plus de trois cents ans avec les habitants de ces iles lointaines.
Paradoxalement, des siècles plus tard, en avril 1919, un autre voyageur,
originaire de la Guyane britannique3 désireux lui aussi de partager sa foi avec les peuples
des îles, riche de son humble expérience de pionnier de l’adventisme dans les petites îles
de la Dominique et de la Guadeloupe, débarque à Fort de France avec pour seule arme
dans ses bagages, quelques Bibles. Il choisit de sympathiser avec la population allant à
sa rencontre de maison en maison, et de village en village, l’invitant à adopter un autre
style de vie en apprenant à être à l’écoute du Sauveur de l’univers. Ce missionnaire,
Phillip GIDDINGS, est un jeune pasteur adventiste du septième jour.
L’adventisme était jusque-là inconnu des martiniquais. Les plus curieux ou peut
être les plus audacieux découvrent ainsi l’existence d’un groupe de chrétiens issus du
grand mouvement de réveil protestant en Amérique au milieu du XIXe siècle. Ces
chrétiens sont profondément attachés à la Bible et convaincus de la proximité du retour
glorieux du Christ. Leur message est porteur d’une espérance nouvelle, et de plus il y a
en leur sein, une prophétesse4.
Après neuf années d’enseignement et au prix de nombreux sacrifices, les
premiers adventistes martiniquais auront à faire face à la suspicion des Autorités
1 « Madinina » qui signifie : Martinique. Elle devrait son nom à Christophe Colomb qui la découvre
en 1502. L’île est alors appelée « Jouanacaëra-Matinino », habitée par les Kalinas, qui désignaient ainsi, une île mythique chez les Tainos d’Hispaniola. Le nom a évolué selon les prononciations en « Madinina », « l’île aux fleurs », Madiana, Matinite et enfin, par influence de l'île voisine de la Dominique, le nom est devenu Martinique (cf. selon l’historien Sydney DANEY DE MARCILLAC, Document pour servir à l’histoire de la Martinique, Fort de France, Société d’histoire de la Martinique, 1980).
2 Michel LEQUENNE, Amiral de la mer océane, Paris, Gallimard, 1991.
3 Il s’agit de l’actuelle Guyana qui en 1919 était encore une colonie Britannique.
4 Ellen WHITE (1827-1915), contribua à fonder avec son mari James WHITE et Joseph BATES,
l’Eglise adventiste du septième jour. Elle fut une guide spirituelle, une missionnaire et une réformatrice. Auteur prolifique, elle milita en faveur de la vie familiale, de l’éducation de la santé et de l’évangélisation. Les adventistes du septième jour accordèrent une dimension prophétique à son ministère.
3
solidaires du pouvoir religieux local intolérant. Il leur faudra également affronter l’hostilité
d’une population colonisée, maintenue volontairement dans un obscurantisme religieux.
Fort d’une fraternité contagieuse comme nous le verrons plus avant, ils enclenchent
lentement mais surement une révolution dans les cœurs et dans les mentalités. Qu’en
est-il aujourd’hui ?
Dans un peu moins de dix ans l’Eglise adventiste martiniquaise fêtera son
premier centenaire. Que de chemins parcourus depuis l’organisation de cette petite Eglise
d’une trentaine de membres dans la ville de La Trinité. Elle a essaimé et aujourd’hui, aux
quatre coins de l’île, s’élèvent des dizaines de temples témoins de l’espérance et de la
vitalité que génère cette Eglise.
Cependant, depuis quelques années, il émane de l’analyse des statistiques, que
fidéliser les membres devient un défi majeur, non seulement pour l’Eglise adventiste du
septième jour de la Martinique mais aussi pour cette Eglise à l’échelon mondial5. En effet,
en quatre-vingt-dix ans, pas moins de 30.0006 martiniquais ont intégré l’Eglise adventiste
du septième jour par l’engagement baptismal. Et en 2009, ils ne sont que 15.000
membres baptisés. Cette population qui a évolué régulièrement depuis 1960, a connu au
cours des vingt-six dernières années, entre 1984 et 2009, une réelle augmentation des
départs de ses membres qui s’est progressivement stabilisée à partir de 1997. Cependant
de 1966 à 1983, le taux de perte par rapport au nombre d’entrées par transfert ou par
baptême était de 20% et de 1984 à 2009 il avoisinait les 55%. Nous reviendrons sur ces
chiffres dans le second chapitre de cette recherche.
Plusieurs hypothèses peuvent orienter la quête de l’origine de ce phénomène :
- Les départs en relation avec le mouvement d’émigration des jeunes
martiniquais vers la France, encouragés par la création du Bureau pour le
Développement des Migrations dans les départements d’Outre-mer en 1963,
pourraient aussi concerner une partie de cette population adventiste par le
biais des transferts vers l’Eglise adventiste du septième jour en France
Métropolitaine.
- Il est aussi essentiel de tenir compte du fait que l’Eglise adventiste ouverte à
tous sans exception, n’exerce aucune pression sur ses membres pour les
5 Adventist news net world : Elisabeth LEICHLEITNER, Les dirigeants de l’église préconisent de
continuer à "compter vos brebis", 6 avril 2007 disponible sur <http://news.adventist.org/fr/2007/04/eglise-moiale--les-irigeats-e-leglise-precoiset--e-cotiuer-a--compter-vos-brebis-.html> (consulté le 2 février 2010) : « les statistiques sur la fidélisation des membres d'Eglise indiquent qu'environ vingt-huit adventistes sur cent quittent l’Eglise. Tandis que certains dirigeants pensent que l'apostasie est un risque qui fait partie de la liberté morale, comme cela fût le cas lorsqu'un tiers des anges quitta les cieux avec Lucifer, les autres disent que l'église ne devrait pas considérer que l'apostasie est inévitable. »
6 Sevenday Adventist Church, Office on Archives & Statistics, Général Conférence, World Church
Statistics <http://www.adventiststatistics.org/view_Summary.asp?FieldInstID=1330110> (consulté le 10 janvier 2010).
4
contraindre à rester en son sein. Chacun pouvant s’en éloigner à tout
moment, sans avoir à expliciter les raisons de son départ. Cette réalité
pourrait aussi expliquer l’absence d’une véritable stratégie d’évangélisation
visant spécifiquement à retenir les membres, l’Eglise respectant leur liberté.
D’autre part, s’il n’existe aucun moyen pour contraindre les membres à demeurer
dans l’Eglise, cette dernière dispose dans le cadre de l’exercice de l’autorité ecclésiale, de
mesures disciplinaires qu’elle peut appliquer à l’égard des contrevenants aux clauses de
l’engagement baptismal.
Cette étude accorde également une attention particulière aux personnes qui ont
quitté l’Eglise Adventiste du septième jour entre 1984 et 2009. Il est nécessaire
d’entendre ce qu’elles ont à dire de leur expérience au sein de cette Eglise et des causes
qui ont motivé et concrétisé la rupture.
Aussi, notre recherche pour tenter de comprendre les causes qui ont amené des
milliers de martiniquais après avoir fréquenté l’Eglise adventiste du septième jour pendant
plusieurs années à s’en séparer, visera à identifier dans un premier temps à travers une
approche historico factuelle de l’adventisme à la Martinique les méthodes d’évangélisation
pratiquées par cette Eglise de 1919 à 2009 (I). Puis nous présenterons le point de vue de
la direction mondiale de l’Eglise adventiste du septième jour et des responsables
martiniquais de l’évangélisation sur les causes de cette désaffection (II). Nous
poursuivrons par une approche sociologique par l’apport d’une enquête par entretien.
Enfin la présentation et l’interprétation de cette enquête par entretien participera aux
frottements des concepts et à l’identification de nouveaux paramètres en vue d’une
évangélisation toujours aussi dynamique mais que nous souhaitons plus efficace (III).
5
I. Vision de l’évangélisation et croissance de l’Eglise adventiste
martiniquaise
En quatre-vingt-dix ans, l’Eglise adventiste s’est solidement implantée à la
Martinique et en dépit d’une genèse difficile, elle ne cesse de croître (A). Sa vision de
l’évangélisation lui a permis de poursuivre sa mission, non sans difficulté, au cœur d’une
Martinique de plus en plus sécularisée (B).
A. L’adventisme à la Martinique à l’aube d’un siècle d’évangélisation Quatre grandes phases se distinguent dans l’histoire de l’Eglise adventiste de la
Martinique. Les dix premières années de défrichage qui s’achèveront avec la création de
la Mission des Antilles françaises en 1929 (1) seront suivies, trente-six ans plus tard, de la
mise en place de la Mission de la Martinique (2). De 1974 à 1989 c’est le début des
grands chantiers et de l’intégration dans la nouvelle Union des Antilles et de la Guyane
Française (3). Enfin, la fin du XXe siècle, marquée par la reconnaissance publique
coïncidera paradoxalement aux années de crises internes, qui mettront en exergue les
nouveaux défis du XXIe siècle (4).
1. De 1919 à l’organisation de la Mission des Antilles françaises
L’intolérance religieuse se dresse comme un obstacle majeur à l’activité des
premiers missionnaires (a). Néanmoins, elle ne pourra ébranler la détermination des
futurs adventistes martiniquais à étudier la Parole de Dieu (b).
a. Un climat d’intolérance religieuse
Telle, une perle, posée au cœur de l’océan Atlantique, entre le nord et le sud du
vaste continent Américain, la Martinique s’apprête en 1919, après le massacre des
amérindiens par les premiers colons, l’exil des bagnards de France et de Navarre, la
sinistre traite des noirs d’Afrique, l’abolition de l’esclavage, le douloureux engagement de
la main d’œuvre indienne et chinoise, l’éruption de la montagne Pelée, ainsi que la
première guerre mondiale, à vivre une aventure sans précédent marquée par la rencontre
avec la Bible. Certes, les missionnaires, Jésuites, Capucins et Dominicains avaient
assuré dès le XVIIe siècle, la christianisation systématique des habitants. De plus, depuis
6
1685 comme le stipulait l’article 2 du code noir7, le roi Louis XIV, avait cautionné et
encouragé cette pratique, jugée favorable au maintien de l’ordre public. Le baptême de
tous les esclaves devint alors obligatoire. A la même époque, la monarchie ayant révoqué
l’Edit de Nantes8et imposé par la même occasion une religion unique, les protestants et
les riches armateurs juifs familiers du texte biblique, furent à leur tour chasés de l’île.
Cependant, quoiqu’ayant été largement christianisés, la Bible demeure encore, à l’aube
du XXe siècle, inaccessible aux martiniquais.
Il est aussi vrai qu’en ce début du XXe siècle, l’île n’est encore qu’une pauvre
colonie française en pleine crise économique, sociale et politique qui doit faire face aux
graves conséquences de tous les traumatismes imposés par l’Histoire. Et pourtant, c’est
dans ce contexte que les bases de l’Eglise adventiste seront solidement posées par des
hommes et des femmes audacieux, qui contribueront à transformer le paysage religieux
martiniquais, car leur Eglise deviendra, la seconde Eglise chrétienne en nombre et la
première Eglise d’origine protestante, en moins d’un siècle, avec une population d’environ
15.000 membres baptisés9et des milliers de sympathisants.
L’implantation de l’Eglise adventiste est progressive10. Son rythme de croissance
reste lié aussi bien à la quête des martiniquais d’une amélioration de leur condition de vie
qu’à l’éveil des consciences nourries par la lecture des Saintes Ecritures et par la
réflexion de grands penseurs lucides et visionnaires tel le poète et politicien Aimé
Césaire11.
b. La première communauté adventiste martiniquaise
Le premier missionnaire adventiste, qui visite la Martinique, en Avril 1919 est un
jeune pasteur noir, Phillip GIDDINGS, originaire de la Guyane Britannique et mandaté par
l’Union12 des Eglises adventistes du septième jour de la Caraïbe du sud, dont le siège est
7 Marie-José TUBIANA, Le Code noir et autres textes de lois sur l’esclavage, Sépia, Saint-Maur-
des Fosses, 2006. L’article 2 du Code noir encourage vivement le baptême des esclaves, et l’article 3 interdit l’exercice de toute autre religion que la religion catholique romaine et apostolique.
8 L’édit de Nantes qui accordait la liberté religieuse aux juifs et aux protestants fut abrogé par louis
XIV en 1685.
9 Rapport du secrétaire de la Fédération des Eglises Adventistes de la Martinique, Assemblée
Générale, Fort de France, Août 2009.
10 Serge JEAN-ELIE, Le Mouvement Adventiste aux Antilles et Guyane françaises, Schœlcher,
Absalon, 1981. Jean-Luc CHANDLER, L’Adventisme à la Martinique. L’histoire et la Mission, Fort de France, Caraïb Ediprint, 2003.
11 Ce brillant homme de lettres martiniquais, influença fortement les intellectuels et le peuple
martiniquais en lançant un appel universel à la dignité humaine et à l’éveil des consciences, en particulier dans ses premiers poèmes engagés : Aimé CESAIRE, Cahiers de Retour au Pays Natal, Paris, Présence Africaine, 1939.
12 L’Eglise adventiste est ainsi structurée : à la tête on retrouve la Conférence générale, qui
coordonne les Divisions, qui regroupent à leur tour, plusieurs Unions, puis les Unions qui supervisent les Fédérations et les Missions et ces dernières coordonnent à leur tour, les activités des Eglises locales.
7
alors à Trinidad. C’est un érudit qui a côtoyé au cours de ses études aux USA, des
pionniers de l’adventisme américain, acteurs du réveil de Minneapolis13, en particulier
Ellet WAGGONER et Alonzo T JONES. En neuf ans, seules 17 personnes deviennent
adventistes du septième jour. GIDDINGS parvint cependant à sensibiliser de nombreux
martiniquais, aux croyances et à l’éthique adventistes et surtout à susciter l’intérêt pour
l’étude de la Bible.
Son successeur, Michel Nord ISAAC, bénéficie de ce changement de mentalité
vis à vis de la Bible, et des adventistes. A son arrivée sur l’île, il trouve deux Ecoles du
sabbat14, situées, l’une, à Fort de France, la capitale et l’autre à La Trinité, une petite
commune bourgeoise, sur la côte atlantique de la Martinique et qui deviendra le berceau
de l’adventisme martiniquais. C’est aussi au sein de cette jeune communauté, qu’une
figure historique de l’adventisme dans les Antilles et la Guyane françaises, Eugène
BERLE 15sera baptisé.
Entre temps, la crise économique mondiale de 1929, atteint l’Union Caribéenne
des Eglises adventistes du septième jour de laquelle dépend le missionnaire. Michel
NORD ISAAC est rappelé en Haïti. La petite communauté de La Trinité devient alors,
officiellement : L’Eglise adventiste de La Trinité. Il aura fallu dix ans pour constituer cette
première Eglise adventiste du septième jour, à la Martinique !
Paradoxalement c’est aussi à cette époque de crise financière mondiale que
l’organisation supérieure, la Division Inter-américaine des Eglises adventistes du
septième jour, structure la Mission des Eglises adventistes des Antilles françaises
regroupant la Guadeloupe et la Martinique.
2. De la Mission des Antilles françaises à la Mission de la Martinique (1929 à 1965)
Le dynamisme des premiers pasteurs martiniquais (a), contribua à renforcer
incontestablement le développement de l’Eglise après la guerre (b).
a. Les premiers pasteurs martiniquais
Le président de la nouvelle Mission le pasteur H. H. DEXTER, installe en 1930
son siège à Fort de France. Son séjour encore plus bref que celui de son prédécesseur,
est rythmé par l’organisation de plusieurs cérémonies de baptêmes au cours desquelles,
13
Georges R. KNIGHT, En quête d’identité. Les grandes étapes de l’histoire des croyances adventistes, Dammarie-les-Lys, Vie et Santé, 2008, p. 95-123. En 1888 à Minneapolis, les Adventistes du septième jour redécouvrent dans leur quête de points communs avec les protestants, la justification par la foi. Ce thème divise mais suscite parallèlement un mouvement de réveil chez les pionniers de l’adventisme. FROOM Edwin, Le mouvement du destin, Hagerstown, Review and Herald, 1971.
14 Groupes d’études de la Bible, encore opérationnels dans l’Eglise adventiste, le samedi matin.
15 Eugène BERLE décédé à l’âge de 95 ans fut le premier pasteur adventiste martiniquais. Il
exerça son ministère pastoral pendant 56 ans et contribua activement au développement de cette Eglise.
8
les futurs leaders16 de cette Eglise, seront baptisés. Il élabore des projets pour le
développement de la Mission en préparant de jeunes martiniquais au ministère pastoral.
Les adventistes sont à cette époque encore peu nombreux.
DEXTER est remplacé par un autre américain Willard ATHERLY. Durant les
deux années de son mandat, de 1931 à 1933, ce dernier organise le département des
Publications17, organe par lequel la littérature adventiste sera diffusée massivement dans
tous les foyers martiniquais. En 1931, en l’absence de radio et de télévision, la page
imprimée est alors un excellent moyen de communication pour se faire connaitre. Et, pour
assurer une promotion encore plus efficace de ce nouveau secteur d’activité, deux
Congrès à l’attention des colporteurs, sont organisés successivement en octobre 1931 et
en juin 1933 à Fort de France. Le résultat ne se fait pas attendre. Plusieurs jeunes
martiniquais s’engagent dans le colportage. Et, pour renforcer le sentiment d’unité et de
fraternité, la Mission se dote parallèlement d’un bulletin d’information intitulé : La voix des
missionnaires.18
En 1938, la Mission fait l’acquisition d’une première propriété, non bâtie, à Fort
de France où elle implantera un vaste lieu de culte en tôle surnommé, le tabernacle19. Le
président, Orville DUNN, fait les démarches pour la reconnaissance officielle de la
Mission qui sera déclarée comme une association de loi 1901 à la préfecture de Fort de
France.
En 1942, la guerre fait rage en Europe et le blocus imposé par l’Amérique aux
Antillais20pour contrer le régime de Vichy ainsi que les menaces proférées à l’encontre
des étrangers, poussent Orville DUNN, de nationalité américaine à quitter la Mission. Les
missionnaires guadeloupéens et martiniquais assurent alors la direction de leur Eglise.
Serge JEAN-ELIE21 commentant cette période, déclara avec philosophie : « Sous la
16
A. H. LINZEAU, Serge Jean Elie et Louise LEDRAN appartiennent à la première génération de missionnaires martiniquais.
17 Le département des Publications coordonnait les activités des colporteurs sur l’ensemble du
territoire.
18 Devenu ensuite Le Lien et connu aujourd’hui sous le nom Essor. Ce journal offre un compte
rendu de la vie des différentes communautés de l’île et présente les grandes orientations annuelles de la Fédération.
19 Plus tard, en 1962, ce tabernacle sera remplacé par un temple en béton. L’ancienne structure
sera offerte aux Adventistes de la commune voisine du Lamentin. Aujourd’hui le temple en dur est devenu le siège du Secours Adventiste et de la Cellule d’écoute, deux associations d’aide psychologique et matérielle, de l’Eglise Adventiste au service de la population martiniquaise. Les membres de la communauté Morija se réunissent donc dans le même quartier de Fort de France, là où un magnifique temple, pouvant accueillir au moins 1000 personnes fut érigé en 1980.
20 Eric T. JENNINGS, « La dissidence aux Antilles (1940-1943) », Vingtième Siècle, Revue
d’histoire, numéro 68, octobre-décembre 2000, p. 55-71.
21 Serge JEAN-ELIE fut le deuxième pasteur martiniquais consacré au ministère pastoral après
Eugène BERLE.
9
direction de cette équipe, de 1942 à 1946, période de la seconde guerre mondiale, en
dépit de nombreuses difficultés qui surgissaient de part et d’autre, l’œuvre bénie par Dieu,
a été de succès en succès sans connaitre de fléchissement.»22
b. L’essor de l’après-guerre
De 1947 à 1965, six équipes se succédèrent à la direction de la Mission.23 Ils
continuèrent à étendre et à consolider les bases de l’Eglise adventiste de la Martinique.
En 1948 peu après la fin de la seconde guerre mondiale, et l’instauration de la
départementalisation, les conditions de vie des martiniquais s’améliorent ainsi que les
moyens financiers de la Mission. Elle fait alors l’acquisition d’une seconde propriété24. La
demeure qui s’y trouve répertoriée au patrimoine architecturale de la ville de Fort de
France, devient son nouveau siège au 1.200 km route de Schœlcher à Fort de France.
Cependant, plusieurs communautés adventistes existent sur l’île, mais aucune d’entre
elles ne dispose d’un lieu de culte approprié. Les adventistes se réunissent dans les
foyers ou dans des salles exigües qu’ils louent. De plus ils doivent aussi soutenir
matériellement, la Mission adventiste de la Guyane.
En 1954, la Guyane française est intégrée au territoire de la Mission des Antilles,
qui devint cette année-là, la Mission des Antilles et de la Guyane françaises25. En 1957
cette dernière intègre l’Union franco haïtienne des Eglises adventistes du septième jour.
Deux ans plus tard la Guyane est organisée en Mission de la Guyane, rattachée
directement à l’Union franco haïtienne.
3. De la Mission à la Fédération des Eglises adventistes de la Martinique
Pour un meilleur développement de l’Eglise, la Mission des Antilles fut scindée
en 1965 en deux Missions dont celle de la Martinique qui en 1974 deviendra la Fédération
des Eglises adventistes du septième jour, de la Martinique (a). Quinze ans plus tard, elle
constituera le noyau fort de l’Union des Antilles et de la Guyane françaises(b).
22
Serge JEAN-ELIE, Le mouvement Adventiste aux Antilles et Guyane françaises de 1910 à 1980, Schœlcher, Absalon, 1981, p. 52.
23 Direction de la Mission : l’américain Ralph COMBES, de1947 à 1952, le haïtien Julien CRAAN
de 1952 à 1953, le Suisse Samuel MONIER de 1953 à 1958 et les martiniquais A.H.LINZEAU de 1958 à 1960, Eugène BERLE de 1960 à 1962 et Marcel PERRAU de 1962 à 1965. Ils continuèrent à étendre et à consolider les bases de l’Eglise Adventiste de la Martinique.
24 C’est sur cette propriété que sera donc construit en 1950 le premier temple adventiste de la
Martinique pouvant accueillir 200 personnes. Et, puisqu’il y a déjà plusieurs communautés adventistes à Fort de France, fidèles à la tradition, héritée, des frères noirs américains, ils l’appelleront, HOREB, un nom de lieu biblique
25 En 1957 la Mission des Antilles et de la Guyane françaises intègre l’Union franco Haïtienne.
Deux ans plus tard la Guyane est organisée en Mission de la Guyane, rattachée directement à l’Union franco haïtienne.
10
a. Les grands chantiers
Quarante-six ans plus tard, les adventistes antillais sont de plus en plus
nombreux. En 1965, la Mission est donc divisée en deux entités : la Mission de la
Guadeloupe avec 2100 membres et celle de la Martinique avec 3600 membres en 1965
et 4900 l’année suivante. Cette nouvelle organisation s’avère fructueuse pour
l’administration de l’Eglise adventiste du septième jour de la Guadeloupe et de la
Martinique. Les lieux de culte restent cependant inadaptés et en nombre insuffisant pour
accueillir cette population. Aussi la Mission de la Martinique dès sa création hérite de la
lourde tâche qui consiste à doter chacune de ces communautés de structures adaptées à
ses besoins et à ses activités. Ainsi de 1965 à 1974, construire des lieux de culte et des
écoles deviendra la priorité.
La Mission de la Martinique en 1974 devient la Fédération des Eglises
adventistes du septième jour de la Martinique. Son président, l’américain Roy Perrin invite
les martiniquais à avoir une vision plus grandiose de leur Eglise en se dotant, entre autre,
d’un patrimoine immobilier et foncier répondant aux besoins de la communauté. Les
martiniquais expriment alors leur solidarité en soutenant financièrement et physiquement
la construction de 28 temples entre 1969 et 1977.
Le Collège adventiste Antilles Guyane, aujourd’hui Cité scolaire adventiste Rama
est également construit en 1974 sur la belle propriété de 52 hectares achetée en 1965, à
Sainte Luce. Cette dernière construction viendra s’ajouter aux écoles Kerlys et Horeb.
Une librairie est ouverte la même année dans les locaux de la Fédération.
Au départ de Roy PERRIN en 1977, Philippe Werner, pasteur retraité, originaire
de la Lorraine, assure la présidence, juste une année et le comité de la Fédération
nomme ensuite Marcel PERREAU pour le remplacer. Il assurera la présidence de 1978 à
1980 puis lui succédera Robert MILARD de 1980 à 1985. C’est sous sa présidence que
se structurera le club des laïcs qui a joué un rôle déterminant dans l’évangélisation à la
Martinique.
b. Au cœur de la nouvelle Union des Antilles et de la Guyane françaises
En 1985 le guadeloupéen Antoine OCULI, administrateur expérimenté, devient
président de la Fédération de la Martinique et sous son mandat pour la première fois, la
Martinique dépasse la barre des 1000 baptêmes par année.
En1989, le climat d’instabilité sociale et politique qui secoue Haïti accélère la
formation de l’Union des Antilles et de la Guyane françaises, regroupant ainsi en un seul
bloc, les Fédérations de la Martinique et de la Guadeloupe ainsi que la Mission de la
Guyane française. Cette rupture avec l’Union franco-haïtienne des Eglises adventistes du
septième jour, contribuera concrètement à favoriser entre autre, la prise de conscience
des compétences locales et une meilleure gestion des finances en faveur du
développement des institutions de l’Eglise adventiste du septième jour, à la Martinique.
11
En 1994, Jean Baptiste HIREP devient le président de la Fédération. Il est né au
sein de l’une des plus anciennes familles adventistes de la Martinique. La tâche est vaste
et il faut cerner les priorités. Des écoles entières doivent être relogées ou rénovées. Des
laïcs doivent être formés pour seconder les pasteurs dans la prédication de l’Evangile et
dans la gestion des Eglises, un nouveau siège doit être construit et de nouvelles
techniques d’évangélisation, envisagées.
Ainsi de nouveaux bâtiments sont érigés pour agrandir le Cité scolaire adventiste
de RAMA. Un second collège est construit dans le quartier résidentiel Acajou au
Lamentin, et la construction d’un nouveau siège est lancée.
4. Les grands défis du XXIe siècle
Il s’agit pour les adventistes du septième jour de consolider l’acquis (a) tout en
continuant à poursuivre une mission d’évangélisation au cœur d’une Martinique de plus
en plus sécularisée (b).
a. Maintenir une Eglise florissante
La fin du XXe siècle à un goût de victoire pour l’Eglise adventiste martiniquaise.
Elle possède de bonnes fondations théologiques, des écoles, des lieux de cultes adaptés
aux besoins de sa population. Elle jouit de l’estime des Autorités et du peuple
martiniquais, mais paradoxalement au moment où son message est considéré comme
Parole de vérité, par ces derniers, des crises internes lui font perdre de sa vitalité en
captant son énergie. Il lui faut relever le défi, de transmettre l’amour de l’étude de la Bible
qui la caractérisait à ses débuts, à la quatrième génération d’adventistes, qui par
ignorance ou par rejet remet en question son éthique. De plus, la mise à jour des registres
des églises révèlent que des milliers de membres ont quitté l’Eglise entre 1984 et 2009,
une période au cours de laquelle ses investissements humains et matériels en matière
d’évangélisation ont été les plus importants.
b. Evangéliser et garder le troupeau.
Si la croissance numérique est apparemment régulière le nombre de membres26
ayant quitté l’Eglise au cours des vingt-six dernières années, entre 1984 et 2009 est
impressionnant. Il faut cependant continuer à atteindre de nouvelles personnes avec un
message christocentrique tout en gardant le troupeau spirituel. Ainsi des dizaines de
séminaires de formation à l’attention des dirigeants et des membres de l’Eglise sont
organisés par les directeurs de département27. Des spécialistes locaux et étrangers
26
Voir les statistiques à la page 22 de ce document.
27 Les directeurs de départements ou chefs de département sont en général des pasteurs ou des
professionnels qui assurent la formation des officiers d’Eglise et des pasteurs dans différents domaines : santé, évangélisation, éducation, communication, liberté religieuse, ministère auprès des enfants, ministère des femmes, catéchèse, jeunesse, gestion chrétienne de la vie et relations familiales.
12
collaborent à ce vaste programme de formation visant à consolider la foi des membres, à
former de nouveaux leaders et à apprendre à mieux vivre ensemble dans les familles, à
l’église et dans la société. Ainsi dès 1997, le nombre de membres qui quittent l’Eglise
régresse.
B. Pluralisme des méthodes d’évangélisation et croissance numérique Au fur et à mesure qu’elle s’est implantée dans l’île, l’Eglise adventiste du
septième jour a expérimenté plusieurs méthodes d’évangélisation en fonction des moyens
financiers et humains dont elle disposait localement. De l’évangélisation interpersonnelle
ou en petits groupes, au cours des soixante premières années de son existence (1) à
l’évangélisation de masse à partir des années quatre-vingt (2), très active, elle n’a cessé
de partager sa foi (3).
1. Evangélisation interpersonnelle et en petits groupes (1919 à 1980).
Les premiers missionnaires privilégiaient le contact direct avec la population (a)
puis ils organisaient des Ecoles du sabbat annexes, dans les communes (b). Seules les
personnes qui avaient fréquenté régulièrement la Classe baptismale pouvaient être
baptisées (c).
a. La stratégie des premiers missionnaires
Le premier missionnaire, Phillip GIDDINGS entra directement en contact avec les
autochtones, en leur proposant des études bibliques à domicile28. Puis, après s’être créer
un réseau d’amis, il organisait dans sa propre maison des Conférences bibliques29
ouvertes à ses nouveaux amis mais aussi à toute personne intéressée. Pendant 9 ans
GIDDINGS sillonna toutes les villes et communes de la Martinique distribuant des Bibles
et des brochures sur les croyances et sur l’éthique adventistes. Les familles réceptives au
message biblique ouvraient leurs demeures à leurs voisins et à leurs amis, désireux
d’entendre ce que le missionnaire avait à partager avec eux.
28
Les études bibliques à domicile permettaient de répondre à la demande de toute personne désireuse d’étudier la Bible sans avoir à se rendre dans un lieu de culte. Dans plusieurs pays européens comme la France, il est courant de proposer des études bibliques dans une église en particulier dans le bureau du pasteur, à la Martinique cela semble encore inapplicable. Car entrer dans une église adventiste reste souvent l’étape ultime avant le baptême. Tout est donc fait pour faciliter la démarche de celui qui veut étudier la Parole de Dieu chez lui, sans subir la pression des préjugés à l’égard de la religion. Pasteurs ou laïques sont habilités à donner cet enseignement
29 Les Conférences bibliques : Les premiers missionnaires n’avaient ni le choix ni les moyens de
faire autrement, en dehors des études bibliques réclamées par quelques courageux, ou la distribution d’imprimés et de Bibles. Pour attirer l’attention sur Dieu, ils organisaient des Conférences bibliques à leur domicile. C’est ainsi que la plupart des anciens adventistes de la Martinique ont été évangélisés.
13
Michel Nord ISAAC, le successeur de Phillip GIDDINGS s’installa dans la
commune où il y avait le plus d’adventistes. C’est certainement à partir de ce moment que
l’intérêt des laïcs si dynamiques au sein de cette Eglise, se manifesta. Conférencier30
expérimenté, il organisa avec l’aide de ces derniers, plusieurs Conférences bibliques. En
1929, ses prédications attiraient les foules et il étonnait ses auditeurs, issus de toutes les
classes de la société martiniquaise, par son érudition, son éloquence et sa maitrise du
texte biblique. A la suite de ces Conférences bibliques, il baptisa 31 personnes. Il pratiqua
également le colportage31, tout comme son prédécesseur pour intéresser les martiniquais
à l’adventisme.
Par le biais des visites à domicile et du colportage, la Bible devint accessible à
tous et son étude contribua à transformer positivement de nombreuses vies. Il sera
nécessaire néanmoins d’attendre la création officielle en 1931, du Département des
Publications et l’engagement de colporteurs professionnels et bénévoles, pour que cette
méthode déploie toute son efficacité dans le domaine de l’évangélisation. Les colporteurs
trouveront dans cette activité le moyen de gagner leur vie et de partager leur foi. Ils se
révèleront d’excellents catéchètes au service de leurs clients de plus en plus nombreux.
Ils réaliseront un travail remarquable par les contacts qu’ils établiront avec la population.
b. Les Ecoles du sabbat annexes
L’un des colporteurs, Marcel PEREAU sera en 1936 à l’origine de l’Eglise
adventiste du Lamentin dans le quartier, Californie. Cette Eglise rayonnera sur la ville
voisine de Fort de France par l’implantation de plusieurs Ecoles du sabbat annexes 32 qui
deviendront plus tard, les grandes Eglises : Smyrne, Californie, Morija et Elim au
Lamentin. Nous avons contacté l’une des adventistes de la Martinique, Emilie PIERRE
CHARLES qui a intégré l’Eglise à cette époque :
« J'étais enfant quand mes parents ont connu le message adventiste, en grande partie grâce à l'Ecole du sabbat. Ma mère qui était protestante a été attirée par ces chants qui lui rappelaient son milieu méthodiste d'origine. A cette époque les adventistes formaient une petite famille très solidaire. L'Ecole du sabbat a été un moyen puissant pour gagner et garder les âmes au sein de l’Eglise.
30
Il avait fondé avant son séjour à la Martinique un collège en Haïti où il assurait la formation des prédicateurs.
31 Le département des Publications coordonnait les activités des colporteurs ou représentants
évangéliques en suivant une stratégie permettant de couvrir l’ensemble du territoire.
32 Chaque sabbat matin dans le cadre de la catéchèse des adultes, une thématique biblique est
discutée en groupe à l’église, pendant environ trente à quarante minutes. Chacun est libre de donner son point de vue et surtout de poser des questions. Lorsque l’Eglise désirait évangéliser un quartier ou une ville avec l’aide de quelques membres, elle organisait une Ecole du sabbat annexe qui reprenait donc l’essentiel du programme de la catéchèse du sabbat matin. Des amis du quartier étaient alors invités. On y étudiait la Bible ensemble dans un climat convivial. 90% des églises adventistes de la Martinique ont été au départ des Ecoles du sabbat annexes, avant de devenir un Groupe lorsque le nombre des invités augmentait. Puis poursuivant son évolution, elle devenait une Eglise. L’Ecole du sabbat annexe, se déroulait chez un adventiste ou un sympathisant. C’est une méthode d’évangélisation très peu utilisée aujourd’hui, les priorités n’étant plus les mêmes.
14
Les personnes de l'extérieur aimaient les chants, les poèmes et les animations proposées.
Les moniteurs visitaient les membres à domicile et les Ecoles du sabbat annexes qui se multipliaient ont donné naissance à plusieurs communautés.
Je fus moi-même très jeune, enrôlée dans la direction de l'Ecole du sabbat et j'ai pu assister à de nombreuses conversions, l'Ecole du sabbat a été un moyen puissant pour la formation et l'épanouissement des membres à la Martinique.
Chaque classe de l'Ecole du sabbat avait pour objectif, l'approfondissement des thèmes bibliques mais ces classes devenaient des lieux de vie, de formation, de consolidation. Dans ces classes se tissaient des liens très forts et cela répondait à un besoin pour beaucoup de combler leurs aspirations sociales voir familiales car beaucoup étaient du fait de leur nouvel engagement en rupture avec la société. »
Ainsi des personnes soucieuses de vivre en harmonie avec les enseignements
de la Bible et interpellées par le mode de vie et les messages des pasteurs, des
colporteurs et des autres membres de l’Eglise sur des thèmes bibliques tels que le
prochain retour de Jésus, la repentance, la justification par la foi, le véritable sabbat, le
pardon des péchés, ou l’hygiène alimentaire, se feront baptisés.
c. L’incontournable Classe baptismale
Parallèlement à ces méthodes d’évangélisation, dans l’enceinte des lieux de
culte, une classe d’étude de la Bible était systématiquement organisée. Il s’agissait de la
Classe baptismale33 qui comme son nom l’indique préparait des candidats au baptême.
Les catéchumènes y étaient instruits pendant six mois et même toute une année pour
certains, avant de recevoir le baptême. Puis, ils devaient également continuer à s’instruire
au moins pendant six mois. Il y eut cependant quelques exceptions comme en témoigne
le pasteur Robert MILARD :
« A cette époque, je revenais du service militaire qui m'avait conduit sur le théâtre d'opération des troupes du débarquement. A mon retour en 1946 à la Martinique, je fus interpellé par mes patrons qui lisaient la Bible et par leurs réflexions. Je fus invité à suivre un effort d’évangélisation. Je fus immédiatement invité à suivre la classe baptismale qui durait à cette époque six mois. Mais au bout de trois mois vu mon intérêt je fus baptisé et rapidement on m'intégra dans l'équipe des activités laïques. Je me lançai dans le colportage puis je me rendis par la suite à Collonges et des années plus tard j’acceptais de répondre à l'appel à servir comme missionnaire.
Pour la plupart des personnes qui ont connu l'Eglise à cette époque, ce fut par le témoignage verbal ou par le nouveau style de vie proposé, par le porte à porte, grâce aux études bibliques et grâce à la classe de Bible de 6 mois. Ajoutons les réunions d'évangélisation et le passage des colporteurs.
33
La classe baptismale : étude de la Bible en petits groupe à l’église. Chaque communauté, organisait sa classe baptismale qui comme son nom l’indique, préparait les candidats aux baptêmes. Elle était aussi régulièrement fréquentée par les nouveaux baptisés pour approfondir leur connaissance biblique et se familiariser avec le fonctionnement de leur Eglise. Souvent animée par le pasteur ou un ancien, elle était, il y a moins de 20 ans de cela, un passage obligatoire avant le baptême.
15
Il y avait à cette époque le souci de la formation des nouveaux membres. Un encadrement était proposé et on devenait rapidement acteur à son tour par la participation au témoignage.
Très peu de membres quittaient l'Eglise, en tous cas, pas pour des raisons de doctrine, plus pour des raisons liées à leur style de vie en rupture avec l'enseignement de l’Eglise. Et quand cela survenait c'était vécu par la communauté toute entière comme un véritable drame.
Le nombre de membres étant à l'époque bien moindre, il y avait des liens et un fort sentiment d'appartenance à une communauté qui se devait de remplir dans l'urgence une mission : transformer les vies et gagner des âmes pour le Royaume. »
2. Les premières grandes campagnes d’évangélisation (1974 à 1992).
La construction de vastes lieux de culte facilitera la coordination des grandes
Campagnes d’évangélisation dans les églises (a), offrant ainsi à la troisième génération
de prédicateurs martiniquais l’occasion d’imprimer son empreinte (b).
a. La Stratégie PERRIN
On ne peut parler de la vision de l’évangélisation à la Martinique sans
mentionner l’apport remarquable du premier président de cette Fédération. Aujourd’hui
encore il demeure dans la mémoire de tous ceux qui l’ont connu « celui qui donna
l’impulsion la plus forte et la plus durable au développement de l’Eglise adventiste à la
Martinique. »34 Il s’agit du pasteur Roy PERRIN. Il est vrai qu’il n’a pu à lui seul réaliser
tout ce qui a été fait durant cette période et qu’en 1974, les défis à relever sont de taille et
nécessitent la collaboration de toutes les forces vives de la communauté. De plus,
contrairement aux premières années de l’adventisme à la Martinique où les premiers
dirigeants souvent par manque de moyens financier et par conséquence manquant
d’effectif, seul maitre à bord étaient amenés à prendre des décisions unilatérales, il en
n’est plus de même en 1974. Le principe démocratique est appliqué. La Fédération de la
Martinique compte en son sein, à cette date plusieurs équipes pastorales expérimentées
et des milliers de laïcs prêts à la soutenir dans ses projets d’évangélisation. Sa courtoisie
sa gentillesse son implication directe dans les activités des communautés, sa proximité,
lui permettront de fédérer les talents et de mettre en place une équipe de bénévoles et de
professionnels qui en dix ans érigeront, 28 temples à la Martinique
Ne pourrait-on pas considérer sa façon de travailler comme une véritable
stratégie d’évangélisation ? En dotant la Martinique d’un patrimoine immobilier et foncier
non négligeable, il contribue d’une part à rehausser l’image publique de cette
communauté et d’autre part à aider ses frères adventistes à être fiers de ce qu’ils sont et
ainsi à les motiver pour l’évangélisation.
34
Jean-Luc CHANDLER, L’Adventisme à la Martinique. L’Histoire et la Mission, Fort de France, Caraïb Ediprint, 2003, p. 248.
16
Il est d’ailleurs celui qui encouragera concrètement plusieurs jeunes martiniquais
à se former en particulier dans le ministère pastoral pour poursuivre la mission de leur
Eglise.
b. Contextualiser l’Évangile
Avant le départ de leur président, l’administration PERRIN avait mis l’emphase
sur la nécessité de préparer de nouveaux pasteurs. Des bourses sont donc attribuées et
plusieurs jeunes bacheliers et pasteurs décident de se former ou de poursuivre leur
formation, dans les universités adventistes, particulièrement dans la Caraïbe ou aux USA
et quelques-uns en France. En 1980 les courageux pasteurs retraités, toujours
dynamiques reprennent du service, en attendant leur retour.
Les études achevées les étudiants retournent au pays et constituent des équipes
de chocs qui répandent l’adventisme par la prédication publique à grande vitesse. Ainsi
sous la présidence du pasteur Robert MILARD (1980-1985), pas moins de 46 nouvelles
Ecoles du sabbat annexes qui deviendront par la suite des Eglises, sont organisées par
les pasteurs et les laïcs. D’autres lieux de culte sont parallèlement construits.
Des Campagnes d’évangélisation sont organisées régulièrement dans les
églises. Parmi les jeunes prédicateurs martiniquais, un homme devient populaire : le
pasteur Joël VALLERAY. Il est dira, Jean-Luc CHANDLER, l’auteur de l’Adventisme à la
Martinique, l’un des acteurs35 qui contribua à donner une impulsion à l’évangélisation
publique. Il appartient à une troisième génération d’adventistes, celle qui comme l’a décrit
l’anthropologue Gottfried OOESTERVALD, fait une analyse critique de son
développement et cherche un modèle de croissance plus indigène.
Un événement marque les esprits lorsqu’il exorcise en public dans un lieu de
culte, une jeune femme de trente sept ans. La nouvelle se répand rapidement et plusieurs
centaines de personnes assistent régulièrement aux Conférences bibliques présentées
par ce prédicateur qui s’achèveront par le baptême de 180 d’entre elles. Joël VALLERAY
insiste pour que ces frères martiniquais distinguent l’Évangile de la culture occidentale.
Contextualiser l’Évangile sans le dénaturer fut son mot d’ordre. Parlant couramment le
français, l’anglais et le créole il n’hésita pas à utiliser des expressions de la langue créole
pour permettre à ses auditeurs antillais d’intégrer plus aisément les enseignements de la
Bible. Il interpella les catéchètes sur les images utilisées dans la représentation de la
divinité, en les invitant à privilégier, une représentation, plus proche de leurs origines
ethniques.
Au début des années quatre-vingt-dix, l’évangélisation par le biais des petits
groupes au foyer que l’on connaissait par l’appellation : Ecoles du sabbat annexes, fut
écartée momentanément au profit d’une nouvelle structure d’évangélisation en petits
35
Ibid., p. 248.
17
groupes : Actions-Dévotions36. Au cœur de cette nouvelle structure des centaines
d’adventistes, ainsi que leurs amis non adventistes, ont pu approfondir leur connaissance
de la Bible et être baptisés.
3. L’Evangélisation de masse (1993 à 2009).
La fin du XXe siècle et le début du XXIe siècle sont marqués par l’émergence
des grandes Campagnes d’évangélisation sous chapiteaux (a) et le développement de
l’évangélisation par les médias (b).
a. Les Campagnes d’évangélisation
Jusqu’en 1992 ce que l’on appelait : les grandes Campagnes d’évangélisation,
dans le milieu adventiste martiniquais, incluait les Conférences bibliques dans une Eglise,
sous des chapiteaux ou encore dans une salle publique louée pour la circonstance, à
l’attention des non adventistes attirant jusqu’à 1000 personnes avec une présence
quotidienne d’au moins 400 personnes. Cependant, depuis 1993, suite à la Campagne
Jésus revient ce titre, n’est attribué qu’aux grandes Campagnes d’évangélisation qui
peuvent accueillir entre 7000 à 10.000 personnes avec une présence quotidienne d’au
moins 5000 personnes.
C’est une technique qui permet de présenter le message biblique à un maximum
de personnes en un laps de temps limité. L’orateur doit être excellent dans la maitrise des
sujets qu’il présente mais aussi dans sa façon d’interpeller son auditoire sur les questions
religieuses. La plupart de ces prédicateurs étant des anglophones, le traducteur est
souvent exceptionnellement talentueux. Cette méthode d’évangélisation est très
appréciée par la majorité des adventistes martiniquais. C’est d’ailleurs le moyen par
lequel plusieurs réintègrent leur Eglise après une radiation, par un renouvellement de leur
engagement baptismal sans avoir à vivre une quelconque pression qui pourrait émaner
de l’analyse de leur candidature au baptême par un comité d’église en d’autres
circonstances plus exigeant.
En février 1993, la Fédération des Eglises adventistes du septième jour organise
dans la ville du Lamentin, à quelques kilomètres de Fort de France une grande
Campagne d’évangélisation, soutenue par toute la communauté et nécessitant la
collaboration de toutes les équipes pastorales et de centaines de laïcs. Les adventistes
sont à ce moment précis, loin de subodorer ce qu’ils vont vivre. De grands chapiteaux
36
Les groupes, Action Dévotion : groupes d’études de la Bible dans les foyers, par quartier, se réunissaient deux fois par semaine avec une rencontre de formation à l’attention des membres de la communauté et une rencontre pour les amis et sympathisants. Ils se réunissent dans des foyers avec un responsable de groupe qui coordonne les activités et assure la catéchèse. Chaque groupe est situé dans un quartier où l’Eglise désire intensifier sa présence. C’est l’évangélisation de proximité qui permet de contourner la difficulté du porte à porte de plus en plus déclamée par la population. Dans le cadre de la réunion pour les membres d’Eglise on y étudie un thème biblique, on prépare la rencontre à l’attention des invités, et on répartie les tâches. Cette méthode d’évangélisation a connu une croissance rapide en 1992 mais son succès fut éphémère.
18
sont dressés pouvant accueillir des milliers de personnes. Soir après soir, jusqu’à 7000
personnes et ceci pendant six semaines viennent écouter le conférencier Fitz HENRI, un
homme d’affaires jamaïcain, juge et ingénieur, qui consacre une partie de son temps à
proclamer avec puissance la Parole de Dieu. Quotidiennement dans ces messages il
exalte la sublime et divine personne de Jésus, tandis que ces collaborateurs à l’instar des
Campagnes d’évangélisation de Billy GRAHAM37 président des commissions de prières
en faveur du réveil spirituel, qui sera effectif. Ses messages rythmés par de réguliers
appels à la repentance font l’effet d’un feu qui embrase la Martinique. Des quatre coins de
l’île des centaines de bus et de voitures débarquent cinq soirs par semaine ainsi que le
samedi matin des milliers de visiteurs qui viennent écouter, le Jean Baptiste des temps
modernes. C’est ainsi que le conférencier sera présenté à TORONTO, en 2000, à
l’Assemblée quinquennale de la Conférence Générale des Eglises adventistes du
septième jour, également comme le laïc ayant amené le plus de personnes à L’Eglise.
L’intérêt est tel que les gens sortent directement de leur lieu de travail pour se
rendre le soir, sous les chapiteaux. Même lorsque les Conférences bibliques s’achèvent
tard dans la nuit, ils sont présents le lendemain. Dès la quatrième semaine 1500
personnes demandent à se joindre par le baptême à l’Eglise adventiste du septième jour.
Un filtre rigoureux est alors installé par les pasteurs locaux soucieux d’éviter des
engagements immatures, déclenchés par l’émotion au détriment d’un engagement
suffisamment informé et responsable. Finalement pour des raisons d’éthiques, seules,
898 personnes seront baptisées. Une nouvelle église pouvant les accueillir, et dénommée
Maranatha, par analogie au thème de la Campagne est rapidement organisée.
Aujourd’hui elle demeure une communauté accueillante et dynamique. Cependant, seules
environ 200 personnes sur les 898, se retrouvent 16 ans plus tard dans cette église. Les
autres se sont peut être répartis depuis, dans les autres églises de l’île ou peut-être, tout
simplement ont quitté l’Eglise adventiste du septième jour.
b. Les camps meetings
Inspirés des camps meetings des chrétiens aux Etats-Unis, les trois grands
rassemblements organisés par la Fédération des Eglises adventistes du septième jour, de
la Martinique entre 2004 et 2007 réunirent en un même lieu environ 30.000 personnes.
Des méditations matinales, des séminaires sur divers thèmes en rapport avec la vie de
l’Eglise ou l’épanouissement personnel y sont présentés. Ce sont des temps forts visant à
redynamiser l’Eglise et à l’inviter à réfléchir sur sa mission. Même dans ce contexte un
moment est réservé à l’évangélisation. Cinq soirs par semaine et ceci pendant deux
semaines des Conférences bibliques sont présentées par un évangéliste et un appel à la
37
Curtis MITTCHEL, Offensive à New-York, Billy GRAHAM et l’évangélisation au XXe siècle, Vevey, Groupes Missionnaires, 1959.
19
repentance est lancé, au cours de la deuxième semaine. Au premier camp meeting, 200
personnes seront baptisées.
c. L’évangélisation au travers des médias de masse
Les messages de l’Eglise adventiste du septième jour à l’attention de la
population martiniquaise sont diffusés sur une radio locale, Radio Espérance, sa propre
radio et sur la radio régionale, RFO Martinique, ou une émission hebdomadaire leur est
proposée : Les sentiers du bonheur. Des émissions variées dans le domaine des relations
familiales, de l’éducation, de la santé, de la musique et bien sûr centrées sur le texte
biblique sont proposées aux nombreux auditeurs. Depuis une dizaine d’années, elles sont
présentées par le théologien martiniquais, Daniel MILARD.
Dès les années soixante-dix, une autre méthode d’évangélisation viendra
compléter celles déjà expérimentées : Le cours de Bible par correspondance38, suivis par
des milliers de martiniquais qui contribuera également à familiariser des hommes, des
femmes et des adolescents avec les Saintes Ecritures et les croyances adventistes. On y
aborde tous les grandes croyances de l’Eglise fondées sur la Parole de Dieu.
Depuis peu, l’Eglise adventiste du septième jour de la Martinique, fait appel à
d’autres médias à savoir la télévision et internet pour partager et faire connaitre son
message. L’expérience encore récente nécessite plus de recul pour une analyse de son
impact sur la population martiniquaise, en matière d’évangélisation.
L’adventisme Martiniquais contrairement à ses débuts difficiles, bénéficie depuis
des décennies, de plusieurs facteurs favorables à son développement : la diversité
culturelle et l’expérience de ses dirigeants en matière d’évangélisation, le respect d’un
grand nombre de martiniquais pour la Parole de Dieu, l’engagement et la pluralité des
compétences de ses ouvriers pastoraux, la solidarité de ses membres et surtout
l’engouement de ses laïcs hommes et femmes, pour l’évangélisation. Plusieurs d’entre
eux contribuèrent activement à l’édification d’églises dans les régions de l’île, les plus
hostiles à la foi adventiste, en visitant les foyers et en prêchant dans les lieux publics.
Sans leur collaboration active, aucun projet ne pourrait réellement voir le jour car ils sont
en contact direct avec leurs communautés qu’ils côtoient régulièrement depuis des
années, tandis que les pasteurs sont mobiles. Ainsi, leur influence sur ces dernières pour
les motiver est réelle. Ils sont audacieux courageux et quel que soit leur formation
professionnelle, ils sont toujours prêts à apprendre et à offrir leur service à la
communauté. Cela explique sans aucun doute le nombre impressionnant de séminaires
38
Les cours de Bible par correspondance se présentent sous la forme d’une série de cours détaillés, avec en introduction l’exposé d’un thème, puis quelques questions accompagnées de textes bibliques où l’étudiant pourra trouver les réponses, par lui-même ou à l’aide d’un ami adventiste, appelé : le facteur missionnaire. C’est la plupart du temps ce facteur missionnaire qui l’a inscrit à ce cours. Chacun peut étudier à son rythme. On y aborde tous les grandes croyances fondamentales de l’Eglise fondées sur la Bible.
20
organisés par la Fédération des Eglises adventistes du septième jour, de la Martinique,
pour qu’ils reçoivent une excellente formation leur permettant d’offrir sans complexe leur
service à l’Eglise.
Il ressort donc de l’analyse de l’utilisation de ces différentes méthodes
d’évangélisation que l’évangélisation de masse semble avoir supplanté l’évangélisation
interpersonnelle. Y a-t-il là un lien avec le départ massif des membres de l’Eglise
adventiste du septième jour de la Martinique entre 1984 et 2009 ? L’étude des causes de
la désaffection des membres pour leur Eglise permettra d’affiner la recherche.
21
II. Les causes de la désaffection des membres de l’Eglise adventiste du
septième jour
Depuis vingt-six ans la croissance de la population adventiste martiniquaise en
dépit d’une forte augmentation des baptêmes est irrégulière (A). Pour tenter d’en
comprendre les raisons, il s’avère indispensable d’identifier dans un premier temps, les
causes récurrentes pour lesquelles les personnes abandonnent en générale, leur
communauté religieuse et l’Eglise adventiste du septième jour, en particulier (B), puis
dans un second temps, il s’agira pour nous de diagnostiquer les causes spécifiques, en
l’espèce, à la communauté adventiste martiniquaise (C).
A. Etude statistiques La croissance de l’Eglise adventiste martiniquaise (1) met en exergue des
lacunes dans la gestion de sa population (2).
1. Une croissance irrégulière (1984 2009)
Une étude comparative entre les résultats de 1966 à 1983 (a) et de 1984 à 2009
(b) atteste de l’irrégularité de la croissance de la population adventiste du septième jour
au cours de ces vingt-six dernières années (c).
.
a. Le triplement de la population de 1966 à1983
En décembre 1966 l’Eglise adventiste du septième jour de la Martinique comptait 2832 membres baptisés, contre 9783 membres baptisés,
en décembre 1983, soit une augmentation de 245,4% en seize ans. Au cours de la même période 9407 personnes ont donc intégré l’Eglise
adventiste du septième jour par profession de foi et par baptême tandis que 750 personnes s’en séparaient par radiation, soit un taux de perte de
24,1% entre 1966 et 1983.
Nombre églises et groupes
Nombre de
membres en début d'année
Entrées Sortie Croissance Nombre de
membres en fin
d'année
Baptêmes et
professions de foi
Transferts positifs
Total Transferts négatifs
Décès Radiations Total Nombre taux
1966 25 2592 313 85 398 95 8 55 158 240 9,26% 2832
1967 28 2832 463 463 4 15 24 43 420 14,83% 3252
1968 28 3252 527 527 1 12 51 64 463 14,24% 3715
1969 30 3715 364 364 27 9 34 70 294 7,91% 4009
1970 35 4009 484 12 496 48 18 146 212 284 7,08% 4293
1971 38 4293 279 19 298 43 27 75 145 153 3,56% 4446
1972 40 4446 830 830 19 22 62 103 727 16,35% 5173
1973 43 5174 735 735 33 18 73 124 611 11,81% 5785
1974 43 5785 661 661 69 15 74 158 503 8,69% 6288
1975 45 6288 535 1 536 28 20 84 132 404 6,42% 6692
1976 45 6692 933 933 46 35 49 130 803 12,00% 7495
1977 46 7495 751 56 807 72 20 125 217 590 7,87% 8085
1978 47 8085 554 68 622 77 35 193 305 317 3,92% 8402
1979 48 8402 595 51 646 59 38 217 314 332 3,95% 8734
1980 50 8734 495 80 575 126 37 252 415 160 1,83% 8894
1981 50 8894 726 81 807 57 26 287 370 437 4,91% 9331
1982 50 9331 691 77 768 104 44 331 479 289 3,10% 9620
1983 52 9620 471 12 483 50 40 230 320 163 1,69% 9783
23
b. Le ralentissement de la croissance numérique de 1984 à 2009
En vingt-six ans, entre 1984 et 2009, le nombre d’adventistes martiniquais baptisés est passé de 9783 à 15028, soit une augmentation de
5245 nouveaux membres. Cependant il est important de noter qu’au cours de la même période, 14261 personnes sont devenues membres de cette
Eglise adventiste, tandis que 7401 personnes s’en séparaient parallèlement, soit un taux de perte de 49,24% par rapport au nombre total de
membres en 2009.
Nombre églises et groupes
Nombre de
membres en début d'année
Entrées Sortie Croissance Nombre de
membres en fin
d'année
Baptêmes et
professions de foi
Transferts positifs
Total Transferts négatifs
Décès Radiations Total Nombre taux
1984 50 9783 435 25 460 20 39 279 338 122 1,25% 9905
1985 51 9905 421 47 468 38 38 165 241 227 2,29% 10132
1986 52 10132 1028 17 1045 25 37 268 330 715 7,06% 10847
1987 52 10847 661 16 677 39 41 297 377 300 2,77% 11147
1988 55 11147 612 37 649 46 52 380 478 171 1,53% 11318
1989 56 11318 764 32 796 51 52 288 391 405 3,58% 11723
1990 56 11723 617 20 637 20 43 287 350 287 2,45% 12010
1991 53 12010 632 18 650 28 31 257 316 334 2,78% 12344
1992 54 12344 645 17 662 22 24 335 381 281 2,28% 12625
1993 56 12625 1140 49 1189 90 42 556 688 501 3,97% 13126
1994 59 13126 745 26 771 26 39 539 604 167 1,27% 13293
1995 59 13293 621 39 660 46 44 166 256 404 3,04% 13697
1996 59 13697 709 27 736 39 54 2373 2466 -1730 -12,63% 11967
1997 59 11967 526 44 570 43 24 82 149 421 3,52% 12388
1998 59 12388 362 22 384 44 70 123 237 147 1,19% 12535
1999 59 12535 509 20 529 25 57 97 179 350 2,79% 12885
2000 60 12885 289 14 303 40 50 83 173 130 1,01% 13015
2001 57 13015 471 16 487 31 61 117 209 278 2,14% 13293
2002 57 13293 363 61 424 102 68 181 351 73 0,55% 13366
2003 57 13366 425 12 437 19 47 29 95 342 2,56% 13708
2004 57 13708 552 33 585 49 38 72 159 426 3,11% 14134
2005 59 14134 473 29 502 34 46 60 140 362 2,56% 14496
2006 59 14496 217 43 260 62 51 85 198 62 0,43% 14558
2007 59 14558 345 30 375 64 68 80 212 163 1,12% 14721
2008 59 14721 189 15 204 52 59 90 201 3 0,02% 14724
2009 74 14727 510 15 525 52 60 112 224 301 2,04% 15028
c. Présentation graphique des entrées et des sorties de 1984 à 2009
0
500
1000
1500
2000
250019
84
19
85
19
86
19
87
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88
19
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90
19
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19
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00
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04
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20
06
20
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20
08
20
09
Baptême / Radiation
Baptême et profession de foi Radiations
0
20
40
60
80
100
120
19
84
19
85
19
86
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19
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19
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00
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20
08
20
09
Entrées et sorties par transferts
Transferts positifs Transferts négatifs
25
0
500
1000
1500
2000
2500
3000
19
84
19
85
19
86
19
87
19
88
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89
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01
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20
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20
06
20
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20
08
20
09
Ensemble des entrées et des sorties
Entrées Sorties
-15,00%
-10,00%
-5,00%
0,00%
5,00%
10,00%
19
84
19
85
19
86
19
87
19
88
19
89
19
90
19
91
19
92
19
93
19
94
19
95
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96
19
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19
99
20
00
20
01
20
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20
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04
20
05
20
06
20
07
20
08
20
09
Evolution du taux de croissance annuel
26
2. Une augmentation inhabituelle des pertes
La désaffection des membres est visible dès 1966 et elle connaitra une évolution
irrégulière jusqu’en 2009.
0,00%
2,00%
4,00%
6,00%
8,00%
10,00%
12,00%
14,00%
16,00%
18,00%
20,00%
Pourcentage des entrées et des sorties de 1966 à 2009
Entrées Sorties
27
11,05%
4,71%
3,30% 2,99%
1966-1983 1984-2009
Comparaison des taux d'entrées et de sorties
moyens entre 1966-1983 et 1984-2009
Entrées Sorties
7,66%
1,73%
1966-1983 1984-2009
Comparaison du taux de croissance annuel
moyen entre 1966-1983 et 1984-2009
28
Il ressort de l’étude des statistiques de 1966 à 2009 que dans un premier temps
entre 1966 et 1983, le taux de croissance était particulièrement élevé. Ceci peut en partie
s’expliquer par le fait que c’est à ce moment que la Mission de la Martinique sera
détachée de la Mission de la Guadeloupe, ce qui favorisera une implication des
compétences locales, une plus large délégation des responsabilités et sans aucun doute
une émulation en faveur de la croissance numérique.
Entre 1984 et 2009 en dépit d’un nombre de baptême exceptionnel, le taux de
croissance est irrégulier. Il varie entre -12,63% et 7,6%. Les pertes sont importantes.39
On note cependant une stabilisation de ces départs dès 1997.
Cependant l’irrégularité de la croissance de la population de l’Eglise adventiste
Martiniquaise de 1984 à 2009, nécessite une étude plus approfondie des causes de la
désaffection des membres pour leur Eglise, si l’on envisage une croissance plus régulière.
B. Des causes récurrentes universelles La structuration de la personnalité spirituelle de l’homme adulte génère des
crises qui peuvent contribuer à renforcer ses liens avec sa communauté ou à favoriser
une rupture avec celle-ci (1). Dans ce processus, le rôle de l’Eglise reste déterminant d’où
la nécessité d’une stratégie d’évangélisation globale comme le recommande la direction
mondiale de l’Eglise adventiste du septième jour. (2)
1. Des causes psychologiques
a. Les crises spécifiques à la structuration de la personnalité spirituelle
Au cours de notre séjour à la Martinique de 1992 à 2009 nous avons observé le
comportement des nouveaux baptisés, et noté qu’ils accordaient un intérêt indéniable à
leur nouvel environnement religieux en cherchant à se conformer aux us et coutumes des
personnes qui les avaient conduites à l’Eglise. C’est ce phénomène que décrivent les
psychothérapeutes Jacques POUJOL et Colette FEBRISY40, entre autres, dans leur
ouvrage, Psychologie et foi.
Partant du principe que l’être humain est un animal spirituel, qui a donc un
parcourt de vie spirituelle, ces derniers proposent une analyse de la structuration de la
personnalité spirituelle de l’homme adulte en six étapes, par analogie aux différentes
étapes du développement de la personnalité, de l’enfance à l’âge adulte.
39
Joint par téléphone en Mars 2010, la direction de la Fédération adventiste du septième jour de la Martinique nous confirmait que l’augmentation des départs visible en 1997 avait été précédée d’une mise à jour de la totalité des registres d’Église où sont répertoriés les baptêmes, ce qui n’a pas encore été renouvelé depuis cette date.
40 Jacques POUJOL, Colette FEBRISY, Psychologie et foi, Parcours de vie en 6 étapes, La
Begude de Mézenc, Empreinte Temps Présent, 2009, p. 33.
29
Ces différentes étapes de croissance dans la structure spirituelle de l’individu
allant de la foi fusionnelle à la foi universelle sont précédées de périodes de crises ou de
prise de conscience nécessaires pour accéder à l’étape suivante. Certaines crises
lorsqu’elles sont mal vécues ou encore lorsque le néophyte ne bénéficie pas d’un
environnement favorable à son intégration et à l’évolution de sa foi, pour passer d’une
étape à l’autre, faciliteront la rupture avec la communauté.
Lorsque l’environnement ecclésial est donc défavorable à la croissance
spirituelle, ces crises peuvent générer des pathologies qui deviennent des normes et des
facteurs de frein de croissance spirituelle, importants.
L’entrée à l’Eglise est certainement une période au cours de laquelle, le nouveau
converti a besoin de sécurité et d’amour. Il perçoit l’amour de Dieu à travers l’amour de
ses nouveaux parents spirituels. C’est donc une étape d’éveil de la foi, très émotionnelle,
caractérisée par la dépendance, l’imitation, la confiance et la quête de l’amour.
Lorsque le parent spirituel n’apporte pas l’amour et l’attention dont il a besoin, le
croyant aura du mal à intégrer la réalité de l’Eglise. Son insatisfaction grandira fragilisant
sa foi. Certaines personnes dans le même cas seront des assoiffées d’émotion dans la
relation spirituelle. D’autres quitteront leur Eglise incapable de faire confiance à ceux qui
ne leur ont pas témoigné suffisamment d’amour.
La deuxième étape correspond à cette période où le nouveau croyant sait qu’il
est aimé, car on le lui dit. Et pour se prouver qu’il est dans la bonne voie, agira, en
s’engageant dans des actions concrètes comme l’évangélisation.
C’est aussi une période de questionnement, car il cherche à se sécuriser. De
plus il est rassuré quand ceux qui l’entourent ont de solides convictions, et n’ont pas de
doute sur les croyances et les pratiques de leur l’Eglise. A ce stade le croyant ne
recherche pas les grandes démonstrations théologiques. Il veut des réponses simples et
claires à ses questions sur l’Eglise, des réponses qui le rassurent. Il confond obéir et
croire. En effet, pour lui c’est en faisant ce qui est bien qu’il pourra fortifier sa foi et plaire à
Dieu. Il n’est plus dans la relation fusionnelle avec son père spirituel, car il est en train de
découvrir l’Eglise, comme une grande famille dont les leaders sont ses nouveaux parents
spirituels. Il passe, ainsi, de la foi magique à la foi opérationnelle.
Il faut donc faire pour être. Cette croyance l’amène à penser que c’est dans
l’engagement, dans le non questionnement et dans la pratique toujours accentuée des
lois et des principes qu’il connait, qu’il se rendra agréable et acceptable à Dieu.
La troisième étape celle de la foi concrète est longue. Elle peut durer une dizaine
d’années. Le croyant s’engage encore plus, car sa communauté lui apparait comme le
lieu privilégié pour pratiquer et développer sa foi. Il est en accord avec la direction de son
Eglise, qui à son avis détient la vérité et dont les responsables sont revêtus d’une
dimension sacrée. Son guide spirituel n’est plus celui qui l’a conduit à l’Eglise, ni la
30
communauté, mais les dirigeants. Il est heureux d’appartenir enfin à l’Eglise qui possède
la vérité. Cependant c’est au cours de cette étape, qu’il va devoir démystifier sa vision de
l’Eglise, pour accepter la réalité.
Cette troisième étape est la plus problématique. Lorsqu’il prend conscience qu’il
n’a pas besoin de mythes, cela le déstabilise. Il peut donc réagir de deux manières : Soit il
choisira s’il est bien accompagné, d’évoluer pour franchir cette étape et accepter la réalité
ou soit, il choisira de rester avec ses mythes et cela générera chez lui des pathologies et
souvent une rupture avec l’Eglise.
Une nouvelle étape celle de la foi qui conteste permet de mieux suivre cette
évolution. Elle correspond à l’étape ou le croyant pose des questions mais attend cette
fois ci, des réponses concrètes qu’il vérifiera car il désire avant tout construire un discours
personnel. Il veut mettre ses dons au service de l’Eglise. Il revoie le discours qu’il a reçu
pour le reconstruire en faisant une analyse personnelle. Il peut évidemment dévier et
tomber dans le mysticisme, le narcissisme, ou envisager une spiritualisation extrême des
problèmes et enfin quitter l’Eglise, vivre dans le nihilisme et développer une colère
maladive contre cette dernière.
Lorsque le croyant parvient à l’étape de la foi personnelle, celle de l’acquisition
de la pensée paradoxale, de la réflexion à partir de questionnements positifs, facteurs de
croissance spirituelle, il éprouve le désir sincère d’être plus proche de Dieu, de mieux
connaitre sa Parole. Le risque de déviance possible à ce stade précis, s’apparente au
relativisme dans le but d’éviter tout conflit intérieur et de fuir sa propre réalité.
La dernière étape proposée dans cette analyse est celle de la foi universalisante.
C’est le stade du dépassement de son propre cadre personnel pour adhérer et vivre des
valeurs communes à toute l’humanité. Jacques POUJOL et Colette FEBRISSY notent que
très peu de personnes y parviennent. Le risque de déviances possible à ce stade étant le
syncrétisme religieux, et l’universalisme.
Toutes ces étapes font partie de l’évolution de la foi d’un individu avec la
possibilité de revivre une expérience nouvelle lorsque l’une des étapes n’a pas été vécue
sainement ou de se séparer de la communauté. Cependant, deux étapes se présentent
comme des périodes ou une mauvaise gestion de la crise favorisera davantage le départ
de l’Eglise. Ce sont, l’étape de la foi indifférenciée et l’étape de la foi qui conteste. En fait
une personne qui reste fixée à l’une de ces premières étapes développera plus aisément
des pathologies de la foi qui la scléroseront dans sa communauté religieuse. Certaines
choisiront sans aucun doute de régresser pour ne pas vivre ces crises et s’éloigneront du
groupe.
31
2. Les causes typiquement adventistes
La perte des membres est une préoccupation majeure au sein de l’Eglise
adventiste du septième jour (a) en relation avec l’obsession de la croissance numérique
(b) et le manque d’intérêt pour la mission de l’Eglise (c).
a. Une préoccupation mondiale
Parallèlement à la forte croissance de ses membres, dans les pays en voie de
développement, l’Eglise adventiste du septième jour connait également ailleurs, une
augmentation régulière des départs de ses membres. Ce phénomène apparemment
nouveau révélé par les grands audits initiés par la Conférence générale, dès 1990 est
devenu une préoccupation majeure du CEW41 qui invitait tous les dirigeants dans ses
dernières recommandations à compter leurs membres.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il semblerait que pour un grand
nombre de croyants, établir des statistiques crée un véritable malaise :
« De nombreuses personnes pensent que perdre des membres c’est perdre la face. Mais il est plus important d’affronter la réalité. Que ce soient par apathie ou par négligence délibérée, les membres d’Eglises ont causé la mort spirituelle de nombreux nouveaux croyants et un audit du nombre des membres montre clairement combien de personnes ont quitté l’Eglise. »42
L’auteur de cette déclaration G.T. Ng spécialiste mondial des statistiques pour
l’Eglise adventiste du septième jour précise que le baptême n’est pas le bout du chemin :
« Avant le baptême nous inondons les candidats au baptême d’affection et d’attention.
Après le baptême la plupart des nouveaux bébés en Christ sont laissés seuls et soient ils
coulent, soient ils nagent. »43 Il précise sa pensée en ajoutant que :
« Jésus ne voulait pas que le baptême soit l’aboutissement de tous nos efforts. De nombreux membres confondent l’ajout de membres et le fait de faire des disciples. Le processus d’enseignement et de développement devrait continuer après qu’une personne ait rejoint l’Eglise. Allez baptisez et enseignez, voilà comment la mission s’accomplit, le baptême ce n’est pas le bout du chemin. »44
41
CEW : Conseil mondiale de l’Evangélisation et du témoignage des Eglises Adventiste du septième jour. Elisabeth LEICHLEITNER, op.cit.
42 G.T. Ng, spécialiste mondiale des statistiques de l’Eglise adventiste dans un article sur
l’adventist net news. Mégan BRAUNER, Le baptême n’est pas le bout du chemin, déclare un dirigeant adventiste, 27 avril 2009, disponible sur <http://news.adventist.org/fr/2009/04/le-bapteme-nest-pas-le-bo.html> (consulté le 10 février 2010). Le secrétaire adjoint de l'Eglise Adventiste du septième jour, supervise les enregistrements de croissance en membres de plusieurs Divisions. Au cours de ses voyages, G.T. Ng met l’emphase sur l'importance de maintenir des relations avec les nouveaux membres d'église afin d'empêcher la perte de ceux-ci.
43 Ibid.
44 Taashi ROWER, Au cœur du débat sur la fidélisation et la reconquête des membres, les
dirigeants de l’église parle de "relations de guérison", 11 avril 2007, disponible sur <http://news.adventist.org/fr/2007/04/eglise-moiale--au-coeur-u-ebat-sur-la-fielisatio-et-la-recoquete-es-membres-les-irigeats-e-leglise-parlet-e-relatios-e-gueriso.html>, (consulté le 15 février 2010)
32
b. Conséquence de l’obsession de la croissance numérique
Larry EVANS, le sous-secrétaire mondial de l’Eglise adventiste, considère que :
« Le fait de mettre trop l’accent sur un seul aspect de la croissance, comme l’augmentation du nombre des membres, a joué un rôle important dans la perte des nouveaux membres : "Dans le modèle administratif actuel, les pasteurs reçoivent du mérite seulement pour les nouveaux membres qu’ils suscitent. Je pense que nous devons demander aux pasteurs et aux administrateurs combien de personnes ils baptisent et combien de personnes ils récupèrent." »45
c. Désintérêt pour la mission de l’Eglise
En rapport avec ce sentiment d’appartenance à un groupe, à une communauté,
le CEW insistait sur le fait que 28% des personnes qui ont été interrogées parmi celles qui
ont quitté l’Eglise affirment ne pas être en désaccord avec ses enseignements.
Cependant elles n’ont pas un sentiment d’appartenance et d’engagement vis-à-vis de leur
communauté locale et de sa mission.
Il est possible que ces tableaux généraux correspondent en l’espèce, également
à la situation de l’Eglise adventiste de la Martinique d’où la nécessité de cerner le point de
vue des leaders de l’évangélisation, des équipes pastorales et des autres membres, actifs
de 1984 à 2009, pour répertorier, s’ils existent, des similitudes.
C. Les causes spécifiques à la Martinique Les départs ne sont pas tous liés à la conséquence d’une mesure
disciplinaire (1). L’analyse des spécialistes martiniquais de l’évangélisation est
indispensable pour identifier les principales causes de la rapide progression des
abandons dans ce territoire (2), face à l’émergence de nouveaux paramètres (3).
1. Les transferts et les décès
Les départs liés aux transferts (a) des membres vers d’autres territoires et aux
décès constituent un groupe non négligeable (b).
a. Les transferts
A partir de 196346, un grand nombre d’antillais avec la collaboration du Bureau
pour le développement des migrations en relation avec les départements d’outre-mer ou
BUMIDOM se sont déplacés vers la France hexagonale pour poursuivre leurs études ou
travailler. Le déplacement de cette population spécifique à diminué depuis deux
décennies avec la mise en place de l’Université des Antilles et de la Guyane françaises,
45
Megan BRAUNER, op. cit.
46Un livre bien documenté sur la question du BUMIDOM appelé « BUBIDOM » en créole, voir Alain
ANCELIN, L’émigration antillaise en France, la troisième Ile, Paris, Karthala, 1990.
33
mais les échanges entre la Martinique et la France sont constants. Parmi cette population
on compte des martiniquais dont des centaines d’adventistes du septième jour comme en
attestent les lettres de transferts de la Fédération des Eglises adventistes de la
Martinique. Notre analyse se concentre davantage sur l’évolution de l’Eglise de 1984 à
2009. Cependant nous notons que sur les 8508 départs de l’Eglise adventiste de la
Martinique entre 1984 et 2009, seuls 1107 sont toujours enregistrés dans les statistiques
de cette Eglise à la Martinique comme étant des transferts de membres vers l’Eglise
adventiste de France en priorité.
Il n’est pas impossible que parmi ces 8508 personnes mentionnées ci-dessus
plusieurs se soient intégrées dans la communauté adventiste de France particulièrement
dans la région parisienne, et dans les autres grandes villes universitaires comme
Bordeaux ou Toulouse, sans avoir demandé leur transfert.
b. Les décès
S’il existe des incertitudes quant au chiffre exact des transferts non enregistrés, il
en est de même pour les décès, car ne sont répertoriés en général que les décès signalés
à la Martinique.
Aussi notre analyse se poursuivra en écartant ces deux groupes pour se
concentrer sur les départs en relation avec une mesure disciplinaire et la volonté de
s’éloigner de l’Eglise en l’absence de toute mesure disciplinaire.
2. La vision des spécialistes martiniquais de l’évangélisation.
L’analyse des leaders de l’évangélisation (a) complétée par celle du corps
pastoral (b) est nuancée par le point de vue des laïcs (c).
a. Les directeurs des Ministères personnels
De 1984 à 2009, six leaders de l’évangélisation, mieux connus sous le nom de
directeurs des activités laïques, et plus récemment, directeurs des Ministères personnels,
se sont succédés au sein de la Fédération des Eglises adventistes du septième jour de la
Martinique. Nous avons pu joindre 4 d’entre eux par téléphone au mois de février 2010 :
les pasteurs Luther SAINT-ELIE, Isaac CARPIN, Patrice CAPRICORNE et Taylor
LAMBERT47.
A la question : quelles sont à votre avis les raisons pour lesquelles des milliers
d’adventistes martiniquais ont quitté leur Eglise au cours de ces vingt-six dernières
années, ils ont apporté des réponses multiples et complémentaires48 :
47
Taylor LAMBERT est également Psychologue.
48 Annexe I, p.66. Les 23 réponses présentées dans ce chapitre sont une synthèse de l’ensemble
des causes répertoriées par les spécialistes martiniquais de l’évangélisation en relation avec la désaffection des membres pour leur Eglise.
34
1. Ils ont quitté l’Eglise rarement pour des raisons doctrinales.
2. Le problème est lié à l’absence de prise en charge des nouveaux
baptisés, à l’absence de Plan de consolidation de leur foi.
3. Les plus anciens qui partent, le font parce qu’ils n’étudient pas la Bible et
se laissent ainsi plus facilement décourager par les épreuves de la vie.
4. Ceux qui partent, n’ont pas développé une relation personnelle avec Dieu.
5. Ils partent lorsqu’ils ont épousé des non adventistes qui les éloignent de
leur Eglise.
6. Certains sont partis à cause de la mauvaise gestion des conflits au sein
de l’Eglise.
7. A cause d’une application inadaptée de la discipline ecclésiastique, par
rapport à la faute commise. Certaines radiations auraient pu être des
censures et certaines censures des radiations.
8. Le conflit des générations engendré par une diabolisation de la culture
antillaise par les ainés a éloigné plusieurs jeunes.
9. La troisième génération refuse d’opposer sa culture à l’Evangile et est
sanctionnée par l’Eglise.
10. Rejet par la troisième génération d’adventistes de la manière dont
l’éthique est imposée.
11. Ils sont partis pour se libérer des interdits liés à la mode et aux
amusements. On ne pouvait pas se maquiller ou porter des jupes courtes.
12. Conséquence d’une lassitude par rapport à la routine en relation avec le
monopole des responsabilités toujours détenu par les mêmes personnes.
13. Le désengagement des membres consécutif à l’augmentation de la
population adventiste.
14. Un réel problème d’identité. Au cœur de la quatrième génération
d’adventistes martiniquais, plusieurs ne savent pas trop pourquoi ils sont
adventistes, ou qu’est-ce qu’un adventiste ? Et quelle est sa mission dans
cette société. Ils partent parce qu’ils n’ont pas de réponse personnelle à
ces questions.
15. Incohérence liée à la traduction de la vérité de l’Evangile dans la pratique
ou le vécu adventiste.
16. Désillusion.
17. Difficulté dans la transmission de l’histoire de l’Eglise aux jeunes.
18. Problème lié à l’évangélisation de masse.
19. Rabaissement des valeurs et déclin de la fidélisation, conséquence de la
politique de la direction mondiale de l’Eglise et qui a entrainé une perte de
puissance dans le discours et dans sa capacité à fidéliser les membres.
35
20. Difficulté à vivre dans une tension perpétuelle liée aux interdits et aux
conséquences d’une présentation inadéquate et trop négative du
message par rapport aux réalités sociales
21. L’absence d’opposition de la société martiniquaise, au message
adventiste qui ne permet plus de tester sa foi et de la fortifier comme par
le passé.
22. C’est un phénomène naturel non spécifique à la Martinique et qui touche
en particulier la troisième génération, dans les sociétés construites sur
des principes moraux forts et contraignants.
23. Engagements prématurés, générés par l’émotion et non par la volonté de
se conformer à l’enseignement biblique après une étude attentive et
progressive.
Parmi les arguments présentés par les quatre spécialistes martiniquais de
l’évangélisation, de 1984 à 2009, nous notons que certaines causes, sont citées à
plusieurs reprises. Elles ne sont plus considérées comme des hypothèses mais comme
les causes réelles à l’origine des départs, enregistrés entre 1984 et 2009 au sein de
l’Eglise adventiste du septième jour à la Martinique :
- L’incohérence entre le message biblique et la manière dont il est vécu par
certains adventistes.
- La négligence dans l’étude personnelle de la Bible envisagée comme un
rempart pour fortifier la foi face aux épreuves de la vie.
- L’absence de Plan de consolidation de la foi des nouveaux baptisés.
- La perte d’identité et la méconnaissance de la mission des croyants et de
l’Eglise.
- L’indifférence des membres pour l’évangélisation.
b. La vision du corps pastoral
Les raisons pour lesquelles les membres quittent l’Eglise adventiste de la
Martinique, varient sensiblement en fonction de la place que l’on occupe au sein de la
communauté. Sur le banc des accusés, le corps pastoral martiniquais partage le point de
vue des responsables fédéraux de l’évangélisation et identifie, dans ses conclusions49 à
l’occasion de la consultation pastorale de 2009, portant sur les méthodes d’évangélisation
et les mouvements dissidents au sein de l’adventisme martiniquais les mêmes causes. Il
incrimine, non sans quelques exceptions, une méthode ou technique d’évangélisation, en
l’occurrence, l’évangélisation de masse, les grandes Campagnes sous chapiteaux, qui
attirent des milliers de personnes, et épuisent les énergies disponibles sans privilégier le
suivi personnalisé des nouveaux baptisés, trop nombreux. De plus, il note que la grande
49
Le rapport de la consultation pastorale de 2009 se trouve en annexe pp.80 à 82.
36
majorité des membres se désengagent sans complexe de leur responsabilité à l’égard
des nouveaux baptisés et laissent aux pasteurs toute la charge, prétextant qu’ils sont
payés pour accomplir ce travail.
En 1994, Jean Baptiste HIREP alors secrétaire de l’association pastorale de
l’Union des églises adventistes des Antilles et de Guyane françaises et qui fut nommé 3
fois à la présidence de la Fédération des églises adventistes du septième jour de la
Martinique, rappela dix raisons pour lesquelles les membres quittaient leurs églises
souvent prématurément. « L’absence d’amis dans l’Eglise, le manque de fraternité, le
manque d’intégration au mode de vie de l’Eglise, l’absence de croissance spirituelle,
l’absence d’étude régulière de la Bible, la contorsion du sens des Ecritures, le sentiment
d’inutilité dans l’Eglise, les services d’adoration peu inspirants, l’attrait du monde et un
caractère instable, »50
c. Le point de vue des laïcs
Les laïcs que nous avons entendus, de leur côté, ont une vision plus nuancée. Ils
pensent que l’évangélisation c’est avant tout, la prédication, et par conséquent, elle est
intimement liée aux dons accordés par le Saint-Esprit. Tous les croyants ne sont donc pas
doués systématiquement pour l’évangélisation n’étant pas de bons évangélistes. C’est
d’ailleurs un argument qui a été développé par plusieurs chercheurs notamment Christian
SCHWARZ 51 en affirmant que :
« Nos recherches réfutent un principe enseigné dans les groupes qui évangélisent habituellement : "chaque chrétien est un évangéliste". Cette affirmation contient certainement un grain de vérité : chaque chrétien doit employer ses dons spécifiques pour accomplir la "grande mission". Mais tous ne sont pas automatiquement des évangélistes. Pour cela il faut que Dieu leur ait donné ce don spirituel particulier. L’une de nos précédentes enquêtes a confirmé la thèse confirmant que ce don ne concerne qu’environ 10% des chrétiens. »52
Cependant Christian SCHWARZ insiste sur l’importance des autres dons dans la
réalisation de la mission. De plus, trop de pasteurs de l’avis des laïcs, privilégient d’autres
activités au détriment des visites pastorales, dans les foyers, si indispensables à la
consolidation de la foi, ce qui expliquerait un grand nombre d’abandon. Trop de pasteurs
seraient donc davantage de bons administrateurs que des bergers car ils ne visitent pas
régulièrement les membres comme ils le faisaient autrefois et n’enseignent pas
suffisamment les croyances de l’Eglise et son éthique. Ils manquent pensent-ils de
dynamisme et d’ailleurs, on leur préfère des prédicateurs étrangers, des évangélistes
50
Jean-Luc CHANDLER, op. cit., p. 255-256.
51 Cet auteur est consultant spécialisé dans les questions de croissance de l’Eglise et a travaillé
parmi les Eglises d'Allemagne pendant de nombreuses années. Il est actuellement le directeur de l’Institut de Recherches pour le développement des Eglises dans ce pays.
52 Christian SCHWARZ, Le développement de l’Eglise, une approche originale et réaliste, Paris,
Empreintes Temps Présent, 1996, p. 34.
37
pasteurs ou laïcs, originaires des îles anglaises, des grandes et des petites Antilles.
Ceux-ci seraient semble-t-il, moins européanisés, donc, plus dynamiques et plus
éloquents. Ils s’exprimeraient avec plus de conviction, plus d’autorité et surtout, leur franc
parler ici, apparemment, est synonyme d’honnêteté et de fidélité au message biblique.
Serait-il possible que cette vision laïque, de l’implication pastorale dans la
situation que nous analysons, ait privé l’Eglise dans son activité missionnaire de la
collaboration de ce nombre de plus en plus important de membres qui se désengagent
des projets mêmes de leur Eglise pour ne soutenir uniquement que les prédicateurs qui
correspondent aux critères du bon pasteur qu’ils se sont fixés ?
3. De nouveaux paramètres
Une mauvaise gestion des conflits favorise l’émergence de mouvements
dissidents (a) qui viennent renforcer la contestation de l’utilité d’une Eglise pour vivre sa
foi (b).
a. La dissidence
Au cours de ces quinze dernières années un autre phénomène est apparu au
sein de la communauté adventiste martiniquaise. Quelques mouvements dissidents ont
vu le jour, ayant des sources multiples allant du conflit de personnes au rejet de l’autorité
de l’Eglise en passant par une remise en question de certaines croyances fondamentales.
Aujourd’hui quelques centaines d’adventistes ont adhéré à l’enseignement de la secte des
« Bâtons du berger ». D’autres groupes se sont formés çà et là, sans avoir un nom
spécifique. Plusieurs, parmi eux, bouleversés par la découverte de l’histoire de leur Eglise
et en particulier, par la découverte des grandes crises de 1888 et de 1950, qui remettent
en question, la vision idyllique qu’ils avaient de leur Eglise sont partis. Ils rejettent
maintenant l’enseignement de leur Eglise sur le retour de Jésus, l’Eglise du reste, la
nouvelle Jérusalem et le sabbat.
Ces nouveaux mouvements qui à l’origine étaient des petits groupes
d’évangélisation de l’Eglise adventiste du septième jour considèrent que cette dernière est
Babylone. Les leaders de ces groupes sont des intellectuels passionnés par l’étude de la
Bible.
b. Contestation de la nécessité de fréquenter une Eglise
Depuis peu, dans presque chacune des communautés de l’île, des hommes et
des femmes s’éloignent discrètement de l’Eglise, non pas parce qu’ils n’adhèrent plus à
son enseignement, mais parce qu’ils sont attristés par l’absence d’amour fraternel qui y
règne. En conséquence, ils ne peuvent continuer à vivre dans un environnement ecclésial
destructeur. Dans son analyse sur la mission de l’Eglise le pasteur et écrivain adventiste
38
martiniquais Guy VALLERAY53 présente le manque d’amour des membres entre eux
comme étant une des causes principales pour lesquelles ces personnes choisissent de
vivre leur foi en s’éloignant de leur Eglise.
Les causes de la désaffection sont donc multiples. Certaines sont récurrentes car
propres à toute évolution spirituelle au sein d’une communauté religieuse marquée par
des périodes de crises ou de prise de conscience, lorsque le vécu de la communauté ne
correspond pas à l’attente du membre d’Eglise qui choisit alors de partir. Elles peuvent
être organisationnelles ou administratives en l’absence de Plan de consolidation de la foi
des néophytes. Elles sont indéniablement liées à la qualité de la vie communautaire et à
l’investissement des croyants dans leur relation avec Dieu et leur engagement dans la
mission de L’Eglise. Elles sont donc associées à l’exercice de la discipline ecclésiastique,
ou simplement à une mauvaise gestion d’un conflit favorisant ainsi l’émergence de
mouvements dissidents.
Il convient donc d’accorder une attention spéciale aux propos qui seront recueillis
dans le cadre de l’enquête par entretiens semi-directifs pour finaliser cette recherche.
53
Guy Sylvain VALLERAY, Bâtis avec Jésus une Eglise où l’on sait aimer, Dammarie-les-Lys, Vie et Santé, 2009.
39
III. Pourquoi ont-ils quitté leur Eglise. Enquête sociologique
A. Présentation de l’Enquête par entretiens semi-directifs L’enquête par entretiens semi-directifs, est un élément majeur de cette
recherche. Elle s’intéresse aux causes de la désaffection de milliers d’adventistes du
septième jour, pour leur Eglise, de 1984 à 2009 (A). Elle concerne une population bien
précise, d’anciens adventistes baptisés à la Martinique, et ayant fait l’objet de mesures
disciplinaires54 de la part de la hiérarchie ecclésiale, ou ayant volontairement en l’absence
de toute sanction quitté l’Eglise (B). Cette enquête se fonde sur des critères spécifiques à
l’enquête par entretiens semi-directifs55 (C).
1. L’Enquête
Ce type d’enquête par entretiens semi-directifs56 (1) permet de récolter des
informations précises (2), lorsque les critères essentiels sont préalablement définis (3).
a. Particularité de l’enquête
Nous avons choisi d’enquêter, en nous adressant directement aux personnes
concernées par ces ruptures Il s’agit donc d’une enquête structurée par la formulation
d’une consigne57 qui accompagne un guide58 thématique de l’entretien et par l’anticipation
54
General Conference of Seventh-Day Adventists (éd.), Manuel d’Eglise, Dammarie-les-Lys, Vie et Santé, 2006. Le Manuel de l’église est un ouvrage permettant de connaitre l’organisation, les rites et les croyances de l’Eglise Adventiste du septième jour. Dans son chapitre 14 intitulé : discipline, Il propose deux types de mesures disciplinaires : la censure qui est une mise à l’écart de toute responsabilité au sein de la communauté pendant une période variant de 3 à 6 mois et la radiation qui requiert un renouvellement de l’engagement baptismal pour devenir à nouveau membre de cette Eglise.
55 Nicole BERTHIER, Les techniques d’enquêtes en sciences sociales, Paris, Armand Colin, 2008 ;
Stéphane BEAUD, Florence WEBER, Guide de l’enquête de terrain, Paris, La Découverte, 1998. Alain BLANCHET, Anne GOTHMAN, L’enquête et ses méthodes, Paris, Armand Colin, 2007.
56 L’entretien semi-directif se distingue de l’entretien directif, par le fait que l’enquêteur ne pose pas
systématiquement des questions. Il a une consigne initiale qui est une première question. Puis, il laisse la personne enquêtée informée du contenu du guide de l’entretien et des informations qu’il désire obtenir s’exprimer librement. Quand cela est nécessaire pour relancer la conversation il rebondit sur une information donnée, par la personne enquêtée en réclamant plus de précisions.
57 Consigne : la consigne permet d’informer les personnes qui seront interrogées, du thème sur
lequel portera la recherche, des informations que l’on souhaite obtenir et du déroulement des entretiens. Elle peut être introduite par une question type : « Vous avez été membre de l’Eglise Adventiste du septième jour pendant plusieurs années avant de vous en séparer, pouvez-vous me dire comment cela s’est passé ?
40
d’une stratégie d’écoute et d’intervention59 reposant sur les thèmes du guide de
l’entretien.
Nous nous sommes écartés volontairement de l’enquête simplement intuitive au
profit d’une méthode plus heuristique. Nous avons privilégié la méthode d’investigation
suivie par les sociologues Alain BLANCHET et Anne GOTTMAN. Celle-ci suivant des
critères scientifiques se pose comme un modèle d’investigation dans le domaine des
sciences sociales. Pour ces chercheurs en sociologie,
« pour que les résultats de l’entretien soient validés et que l’enquête par entretien remplisse ses fonctions d’élucidation, d’explication et d’objectivation, des phénomènes, l’analyse requiert une réflexion sur l’adéquation de la technique d’enquête avec la question traitée et la problématique retenue, une préparation du protocole d’enquête adaptée aux données recherchées, une maitrise des paramètres qui influent sur la situation d’entretien, une orientation sélective de l’écoute, et des interventions en fonction des objectifs et des hypothèses, une analyse cohérente des discours avec la démarche un compte rendu dans lequel l’orateur et le public sont correctement situés. »60
Les statistiques révèlent que, pas moins de 8508 personnes se sont séparées de
l’Eglise entre 1984 et 2009, tandis qu’au cours de la même période environ 14.985 y
entraient par engagement baptismal, confession de foi et par transfert. Le pourcentage de
perte, soit plus de 55%, demeure très élevé. On ne saurait concevoir une évangélisation
plus responsable, dans ce territoire en occultant cette réalité. Il y a donc urgence pour
l’Eglise adventiste du septième jour de la Martinique à comprendre ce qui a motivé ces
départs si elle ambitionne une croissance à la fois qualitative et quantitative. Certes, en
déduisant les transferts et les décès on en arrive à un taux de perte par radiation
d’environ 52% soit 7401 radiations pour 14.251 baptêmes, au cours de la même période.
Un chiffre toujours trop élevé !
b. Objectif de l’enquête
Apres avoir identifié les principales causes psychologiques de cette désaffection,
et répertorié les causes avancées par la direction mondiale de l’Eglise adventiste du
septième jour et par les différents acteurs de l’évangélisation à la Martinique, puis mis en
exergue deux nouveaux paramètres en relation avec ces départs, l’approche sociologique
de cette situation spécifique, devient un apport indispensable, qui complètera cette
58
Guide de l’entretien : il se présente sous la forme d’une liste de thèmes, permettant de recueillir des informations obligatoires pour ce type d’enquête à savoir les variables assignées qui incluent l’état civil de chacune des personnes enquêtées, entre autre, et des variables non assignées en rapport avec le thème de l’enquête, et en fonction du déroulement des entretiens.
59 Stratégie d’écoute et d’intervention : relancer la conversation lorsqu’il y a un silence, en relevant
un point sur lequel la personne enquêtée s’est déjà exprimée et en réclamant un supplément d’information.
60 Alain BLANCHET, Anne GOTTMAN, op. cit., p. 115.
41
recherche. Comprendre pourquoi les membres de l’Eglise s’en vont, permettra de mieux
les fidéliser en édifiant une Eglise qui veille à l’épanouissement de chacun de ses
membres.
c. Paramètres de l’Enquête
Cette enquête a recueillie les propos de 20 personnes dont 12 femmes et 8
hommes avec lesquels le contact a été établi par l’intermédiaire des anciens, des
pasteurs et de quelques membres de l’Eglise adventiste du septième jour de la
Martinique. L’enquête sera introduite par une consigne et se poursuivra, par la quête des
informations réclamées par les variables assignées puis par le guide de l’entretien.
2. Population
L’enquête se déroule dans un espace géographique délimité au préalable (1).
Elle s’adresse à une population spécifique (2).
a. Territoires concernés par l’Enquête
Cette enquête couvrira en priorité le territoire de la Martinique et évidemment la
France hexagonale. La Martinique étant une Collectivité territoriale française, un nombre
important de martiniquais séjournent également en France. De plus, les mouvements de
population entre la France et la Martinique sont réguliers.
b. Caractéristiques de la population ciblée
La population qui correspond à notre enquête possède les caractéristiques
suivantes :
- Hommes et femmes de dix-huit à soixante-dix ans, ayant séjourné au moins
dix ans à la Martinique.
- Baptisés à la Martinique séparés de l’Eglise adventiste du septième jour entre
1984 et 2009.
- Départs en relation avec une radiation ou une censure.
- Départs volontaires en l’absence de mesure disciplinaire
3. Plan de l’enquête
La consigne introduit l’enquête et informe la personne enquêtée (1) tandis que le
guide de l’entretien (2) sert de fil conducteur à l’enquêteur au cours de l’entretien (3).
a. La consigne
Avant chacun des entretiens, les personnes qui participent à l’enquête sont
informées des conditions du déroulement de l’enquête, de son l’objectif et de sa
motivation, ainsi que de la nécessité de l’interprétation de l’enquête. Elles participent de
leur plein gré à cette enquête. Dès le premier contact, elles sont également informées du
contenu et de l’utilité du guide de l’entretien. Ce guide servira de fil conducteur et
42
permettra de relancer la conversation en insistant sur un point développé par la personne
enquêtée.
Compte tenu de l’éloignement géographique, toutes les personnes seront
contactées par téléphone à plusieurs reprises de janvier à mars 2010 et les conversations
seront enregistrées avec leur autorisation avant d’être partiellement retranscrite.
b. Le guide de l’entretien
Il est constitué d’une liste de thèmes qui facilitent la récolte des informations sur
les causes de la rupture avec l’Eglise sans avoir à interroger systématiquement les
personnes enquêtées. Ce guide accorde à ses derniers la possibilité de s’exprimer
librement en abordant les différents thèmes dans l’ordre qui leur convient. A côté des
variables assignées viendront s’ajouter d’autres variables de recherche établies en
fonction des concepts en vigueur sur la question qui nous préoccupe.
Variables assignées
- Prénom
- Age
- Sexe
- Situation familiale
- Situation professionnelle
- Relation avec l’Eglise : radié, séparé, censuré.
- Date du baptême
- Moyens par lesquels le contact a été établi avec l’Eglise : Campagnes
d’évangélisation, amis, cours de Bible par correspondance, classes
baptismales
- Divers.
- Premier contact avec l’Eglise (âge, amis, parents, ou publicité)
- Temps de fréquentation de l’Eglise avant le baptême
- Temps de fréquentation de l’Eglise après le baptême
- Age au moment du baptême.
- Méthode d’étude de la Bible.
- Religion des parents avant le baptême.
- Fonction exercée à l’Eglise.
Variables non assignées
- Cause de la rupture avec l’Eglise
o Relance : Quelles sont les causes de votre rupture avec l’Eglise
adventiste du septième jour ?
- Attitude des membres
43
o Relance : Avez-vous été soutenue par les membres, les anciens
ou le pasteur de l’Eglise
- Centre d’intérêt
o Relance : Qu’est-ce qui aurait pu vous retenir à l’Eglise ?
- Proposition de radiation
o Relance : Avez-vous demandé la radiation ou celle-ci, est-elle le
résultat d’une décision unilatérale de la hiérarchie ecclésiale ?
- Réaction
o Relance : Etiez-vous d’accord avec la décision prise par l’Eglise ?
- Amitié
o Relance : Quels types de relation entreteniez-vous avec les
membres ?
- Environnement familial
o Relance : Pendant cette période votre vie a-t-elle été affectée par
un événement spécial : deuil, divorce, mariage, licenciement ?
- Communication
o Relance : L’Eglise était-elle informée de la nature des évènements
que vous viviez ?
- Soutien de l’Eglise
o Relance : Quelle est la nature de l’aide apportée par l’Eglise ?
- Regret
o Relance : Aimeriez-vous retrouver votre place à l’Eglise ?
- Religion du conjoint
o Relance : Votre conjoint est-il également adventiste ?
- Croyances et éthique
o Relance : Etes-vous toujours en accord avec les croyances de
l’Eglise et avec son éthique ?
- Réaction de l’Eglise
o Relance : Radié ou séparé, quelle a été l’attitude des membres
d’Eglise à votre égard ?
44
B. Présentation et interprétation des résultats de l’enquête par entretiens semi-directifs
1. Présentation des résultats
Une vingtaine de personnes, soient 8 hommes et 12 femmes, participent à cette
enquête. Les données récoltées sont présentées sous forme de tableaux en annexe61.
Pour la confidentialité nous avons attribué des prénoms aux personnes enquêtées.
Femmes :
- Marguerite : cinquante-neuf ans, aide-soignante
- Rose : cinquante-deux ans, mère au foyer
- Sara : quarante-sept ans, psychologue
- Violette : quarante-deux ans, infirmière
- Bettina : quarante ans, styliste
- Marine : cinquante ans, Professeur de lycée
- Rodrigue : quarante-deux ans, infirmière
- Hortensia : soixante-dix ans, commerçante retraitée
- Iris : vingt-six ans, commerçante
- Eglantine : quarante-cinq ans, agricultrice
- Clémentine : quarante-deux ans, commerçante
- Marie : quarante-sept ans, ingénieur
Hommes :
- René : quarante ans, artisan
- Phil : quarante ans, technicien
- Charles : quarante-neuf ans, Technicien spécialisé
- Boris : dix-neuf ans, étudiant en médecine
- Willy : quarante ans, paysagiste
- Félicien : quarante ans, artisan
- André : Vingt et un ans, cuisinier
- Dan : vingt-six ans, mécanicien
2. Résultat de l’enquête par entretien
Nous avons choisi de croiser chacune des données récoltées avec l’ensemble
des variables assignées. Cette démarche devrait nous permettre de visualiser avec
précision le profil des personnes interrogées, et surtout d’identifier les causes réelles de
leur désaffection pour l’Eglise adventiste du septième jour.
61
Annexe II, p. 68
45
En dehors de l’état civil des personnes enquêtées, les variables assignées que
nous avons retenues portent sur le niveau d’étude, la nature du premier contact avec
l’Eglise, l’âge du premier contact avec l’Eglise, le temps de fréquentation de l’Eglise avant
le baptême, le temps de fréquentation de l’Eglise après le baptême, la religion des
parents, l’âge au moment du baptême, la méthode d’étude ou d’évangélisation en relation
avec la décision d’intégrer l’Eglise, l’engagement et la relation avec l’Eglise. Il s’agit pour
cette dernière précision de distinguer les causes de ruptures volontaires accompagnées
d’une mesure disciplinaire et les causes liées aux départs, en l’absence de toute mesure
disciplinaire.
a. L’âge et le sexe des personnes au moment de l’enquête
L’âge des personnes enquêtées varie entre dix-neuf ans et soixante-dix ans.
Nous nous sommes entretenues avec un homme de dix-neuf ans, un homme de vingt et
un ans, deux adultes de vingt-six ans dont un homme et une femme, trois hommes de
quarante ans, deux femmes de quarante-deux ans, une femme de quarante-quatre ans
,un homme de quarante-quatre ans, une femme de quarante-cinq ans, deux femmes de
quarante-sept ans, une femme et deux hommes de quarante-neuf ans, une femme de
cinquante ans, une femme de cinquante-neuf ans et une femme de soixante-dix ans.
b. L’âge des personnes enquêtées au moment de leur baptême
L’âge des personnes enquêtées varie entre neuf ans et quarante-deux ans au
moment du baptême :
- neuf ans : 1 sur 20
- dix ans : 2 sur 20
- douze ans : 2 sur 20
- treize ans : 2 sur 20
- quatorze ans : 1 sur 20
- quinze ans : 4 sur 20
- seize ans : 1 sur 20
- dix-sept ans : 1 sur 20
- dix-huit ans: 1 sur 20
- vingt ans : 1 sur 20
- trente ans : 1 sur 20
- trente-neuf ans : 1 sur 20
- quarante-deux ans : 1 sur 20
- quarante-cinq ans : 1 sur 20
c. Religion des parents
Les personnes enquêtées sont issues autant de famille adventistes que de familles
catholiques.
46
d. Méthodes d’études ou d’évangélisation en relation avec le Baptême
Les quatre méthodes utilisées pour évangéliser sont : les classes baptismales,
les Campagnes d’évangélisation, les études personnalisées, les études par
correspondance. Certaines personnes sont concernées par plusieurs méthodes
d’évangélisation.
- Campagne d’évangélisation : 7 personnes sur 20
- Campagne d’évangélisation et Classe baptismale : 1 personne sur 20
- Classes baptismales : 9 personnes sur 20
- Etudes personnalisées et Classes baptismales : 3 personnes sur 20
- Etudes par correspondance et études personnalisées : 3 personnes sur 20
e. Relation avec l’Eglise
En l’absence de toute sanction disciplinaire, 9 personnes sur 20 se sont
séparées de l’Eglise. Cependant pour 11 personnes sur 20, le départ était en relation
avec une mesure disciplinaire.
f. Engagement dans leur communauté
Avant la séparation avec l’Eglise 7 personnes étaient très actives dans leur
Eglise, 3 étaient actives, 2 étaient peu actives et 8 ne se sont jamais engagées dans la
communauté.
g. Temps de fréquentation de l’Eglise avant et après le baptême
Certaines personnes sont nées dans l’Eglise, d’autres l’ont fréquenté durant une
période allant de un mois, à deux ans, ou plus, avant de s’engager à entrer dans la
communauté.
Le temps de fréquentation de l’Eglise après le baptême varie de un an à trente
ans. Parmi les 20 personnes enquêtées pas moins de 9 personnes ont fréquenté l’Eglise
entre dix et trente ans. Il ne s’agit donc pas d’une majorité de néophytes.
h. Situation familiale
Il ressort de l’analyse des données récoltées que parmi les 20 personnes
enquêtées, 2 étaient célibataires, 3 vivaient en concubinage, 7 étaient mariées, 5 étaient
divorcées, 2 étaient remariées et 1 personne était séparée de son conjoint sans être
divorcée, au moment du déroulement de l’enquête par entretiens semi- directifs.
Toutes ces précisions sont destinées à affiner notre recherche en nous apportant
des informations précises utiles, sur les personnes enquêtées.
47
C. Interprétation des résultats
1. Méthodologie
Nous avons choisi de présenter une analyse thématique horizontale des
données récoltées en relevant dans chaque entretien, les différentes formes sous
lesquelles le même thème apparait pour en faire une synthèse
De cette synthèse des données récoltées, vingt-neuf thèmes ont été identifiés. Ils
seront comparés au chapitre suivant, aux causes de la désaffection des adventistes
martiniquais de leur Eglise entre 1984 et 2009, attribuées officiellement, avant l’enquête.
1) Profondément déçu
Le thème de la déception revient sept fois dans les entretiens. Il concerne 5
personnes dont 1 homme et 4 femmes. Il est également exprimé par d’autres
expressions : « vraiment déçu » ou encore « cette décision m’a blessé ».
Cette déception profonde est en relation avec :
- Le comportement des adultes de l’Eglise, dans le cas de Dan, vingt-six ans,
mécanicien, radié en 2009. Des adultes l’ont laissé se démener tout seul pour
rembourser une dette contractée ensemble, alors qu’il était le plus jeune du
groupe. Il ne s’attendait pas à être radié pour non-respect de la morale
sexuelle défendue par l’Eglise. Il comptait sur la compréhension de ceux qui
l’ont vu grandir dans cette Eglise.
- L’absence de discernement de l’Eglise devant la souffrance d’Eglantine dans
son foyer, au prise avec un époux violent et manipulateur qui cachait bien sa
violence à la communauté. Eglantine choisit de s’éloigner de l’Eglise pour
chercher le soutien qu’elle n’a pas trouvé dans son Eglise.
- La méchanceté des membres de son Eglise, qui selon Hortense, soixante-dix
ans, commerçante retraitée profondément déçue, après trente ans de
pratique enthousiaste de l’adventisme a choisi de fuir.
- Le mariage de Sara psychologue, quarante-sept ans, avec un non adventiste,
désapprouvé par l’Eglise.
- La radiation d’Iris, commerciale, vingt-six ans, qui estimait qu’ayant annoncé
par courrier sa grossesse à l’Eglise et son intention de se marier avec le père
de son enfant qui comme elle-même était un membre actif de cette Eglise,
elle ne méritait pas une telle sanction.
Il ressort de l’analyse de ces thèmes que certaines personnes et en particulier
des femmes ont quitté l’Eglise parce qu’elles ont été profondément déçues par la réaction
de l’Eglise face aux événements importants (séparation, divorce, mariage, maltraitance,
attente du premier enfant) de leur vie. Même si leur choix allait à l’encontre des clauses
de leur engagement baptismal, elles espéraient ne pas être radiées ou mises à l’écart
48
comme ce fut le cas d’Hortense qui n’a pas été radiée. Elles attendaient de l’aide, de la
compréhension, pour les raisons qui ont été précédemment explicitées. Il est à noter qu’il
ne s’agit pas de néophytes mais de membres ayant fréquenté l’Eglise plusieurs années.
2) Radié donc chassé
Cette expression apparait seize fois et concernent autant les hommes que les
femmes.
On note que les mesures disciplinaires en cours dans le milieu adventiste sont
considérées par 6 personnes consultées sur 20, comme un rejet de la part de l’Eglise de
ceux dont elle ne veut plus en son sein. Sara nous confiera : « ils m’ont radiée donc ils
m’ont chassée ».
3) Ne rejette rien
Parmi les 20 personnes consultées, 6 dont 2 hommes et 4 femmes déclarent ne
pas rejeter les croyances et l’éthique, adventistes, sans pour autant les pratiquer. Elles les
considèrent comme un idéal qu’elles n’ont pas pu mettre en pratique ou auquel, elles ne
sont pas prêtes à se conformer.
4) Accumulation
Un jeune homme déclara qu’il s’est éloigné de l’Eglise après avoir vécu « une
accumulation de choses » qui l’ont découragé. En dépit de son engagement dans l’Eglise
depuis son plus jeune âge, il n’a pu supporter cette pression. Il a quitté l’Eglise pour cette
raison. En réalité ces difficultés vécues au cœur de l’Eglise poussent certains membres à
trouver de l’aide ailleurs.
5) Sentiment d’être jugé
Une personne consultée considère non seulement que la radiation est un rejet
mais en plus, elle y voit un jugement qui la condamne. Elle considère que la
condamnation ne porte pas sur l’objet du litige, mais sur sa personne.
Rodrigue, infirmière, s’est séparée de son Eglise, en l’absence de toute mesure
disciplinaire. Elle est la seule à avoir mis l’accent sur la façon dont les mesures
disciplinaires sont prononcées. Elle a été plusieurs fois membre du Comité de son Eglise
et désapprouve la manière dont ses situations sont abordées dans le Comité : « quand on
perd Jésus de vue, c’est l’amour, le plus important qui disparait. Ainsi lorsqu’il y a un
problème il n’est pas géré avec amour. J’ai connu l’époque où lorsqu’un adventiste était
radié toute la communauté pleurait avec lui. On se sentait concerné. On aimait l’autre.
Aujourd’hui, on gère des cas. On juge une situation. On résout un problème ».
49
6) Ne font pas ce qu’ils prêchent
Le thème de l’inadéquation entre l’enseignement et la pratique, l’incohérence,
revient dans 6 entretiens sur 20. L’expression apparait en tout, huit fois. Il est également
exprimé par d’autres expressions : « hypocrites », « incohérents ». Ainsi 6 personnes
enquêtées, précisent qu’elles se sont séparées de l’Eglise à cause de l’hypocrisie des
personnes côtoyées au sein de l’Eglise.
Ce sont les hommes les plus jeunes qui sont choqués par cette incohérence
ainsi que les femmes les plus âgées parmi les personnes enquêtées. Les plus jeunes en
particulier sont choqués par l’attitude des adultes qui ne vivent pas ce qu’ils prêchent. Ces
6 personnes qui ont suggéré ce thème ont eu dans leur environnement des adultes de
sexe masculin (père, époux, amis) qui correspondaient à cette incohérence.
7) Trop rigide
« Plus de compréhension », « doit être plus souple », « trop rigide », sont les
expressions utilisées par 4 personnes enquêtées pour décrire leur perception des 28
croyances fondamentales et de l’éthique de l’Eglise adventiste du septième jour.
8) Regard accusateur
Une personne n’a pas résisté au regard accusateur des membres après avoir été
l’objet d’une troisième mesure disciplinaire pour non-respect de la morale sexuelle
défendue par l’Eglise.
Elle choisit de se retirer ayant le sentiment d’être trop sale pour se retrouver
parmi les membres.
9) Radié sans accompagnement
Dan, radié également pour fornication, a directement exprimé son besoin d’un
accompagnement au moment de la radiation. Il a continué à se rendre à l’église chaque
sabbat pendant une année, mais l’indifférence des membres et sa grande tristesse, l’ont
poussé à partir :
« J’avais espéré bénéficier d’un accompagnement, et surtout que l’on prie aussi avec moi. Cela m’aurait fait beaucoup de bien. Avant ma radiation je participais aux activités du groupe de bienfaisance de l’Eglise (les bons samaritains) et lorsque nous allions réaliser des travaux chez les personnes âgées, ou prier avec elles, je pouvais voir dans leurs yeux, la joie et le réconfort que cela leur apportait. La prière ne peut faire que du bien, même au plus rebelle et l’Esprit de Dieu peut agir en lui. J’ai été aussi privé de cela. Il y a dans mon cœur une petite rancune mais j’essaye d’évacuer cela, car je veux garder la foi. Ma compagne est plus impulsive, elle réagit aux remarques désagréables des gens et ne comprend pas, pourquoi je reste si calme. Je lui répète souvent de ne pas leur en vouloir. Les membres qui nous blessent pensent parfois bien faire pour nous aider. Mais comme ils se trompent ! »
50
10) Ruptures successives avec les centres d’intérêts dans l’Eglise
Une personne consultée témoigne de son détachement de l’Eglise en relation
avec des déménagements fréquents et la difficulté de ce fait à pouvoir conserver des liens
et des centres d’intérêts dans l’Eglise.
11) Je ne voulais pas être adventiste
Deux personnes, uniquement des femmes, ont déclaré n’avoir jamais été ravies
à l’idée de côtoyer l’Eglise adventiste. C’était la religion des parents. Enfants lorsque ces
derniers sont devenus adventistes, elles n’ont pas eu d’autre choix que de les
accompagner à l’Eglise. Dès que l’occasion s’est présentée, à la majorité, elles ont rompu
tout contact avec l’Eglise.
12) J’ai été faussement accusée
Marine s’est éloignée de l’Eglise après son divorce. Née au sein d’une famille
adventiste, elle attendait inconsciemment l’occasion de quitter cette Eglise qu’elle ne
supportait plus pour son hypocrisie et son injustice. Sa radiation à l’âge de vingt-six ans
précise-t-elle, repose sur une fausse accusation d’adultère, elle ne s’en défend pas et
choisit de quitter cette communauté.
13) Trop de critiques
Deux personnes enquêtées déclarent avoir quitté l’Eglise à cause des critiques
non constructives portées à leur encontre ou à l’égard d’autres membres de la
communauté. Un comportement qui ne correspondait pas à leur vision de l’Eglise. Elles
ont du mal à accepter que les mêmes personnes qui parlent d’amour et de générosité,
n’éprouvent aucun malaise à pratiquer calomnie et médisance. Elles font parties des
personnes enquêtées qui se sont éloignées de l’Eglise en l’absence de mesure
disciplinaire.
14) Foi étouffée
Le thème de la foi étouffée revient dans deux entretiens. Il est également
exprimé par les expressions suivantes : « lassitude » « routine ».
Deux personnes sur 20 ont décidé de s’éloigner de l’Eglise parce que leur foi
s’étiolait. Clémentine, quarante-trois ans, commerçante affirme que si elle ne s’était pas
éloignée de la routine de l’Eglise qui ne favorisait pas sa croissance spirituelle, elle aurait
perdu la foi. Le fait que certaines personnes continuaient à occuper les mêmes fonctions
à l’Eglise pendant des années, lui était insupportable. Clémentine toujours à la recherche
d’un environnement plus propice à l’évolution de sa foi, basé sur l’étude régulière des
Saintes Ecritures, dans un autre cadre que celui de l’Ecole du sabbat a décidé de se
joindre à un groupe d’évangélisation devenu entre-temps un groupe dissident.
51
15) Etre plus proche de Dieu
Plusieurs personnes interrogées, déclarent que loin de la grande communauté
elles se sentent plus proches de Dieu. Ce sont des femmes qui ont entre quarante et
quarante-neuf ans. Elles peuvent développer cette relation à Dieu avec plus
d’authenticité.
16) Délivré des interdits, des barrières
Trois personnes enquêtées, se sont séparées volontairement de leur Eglise pour
s’émanciper de son éthique qu’elles considéraient comme un ensemble d’interdits.
17) J’ai d’autres croyances
Cinq personnes enquêtées sur 20 déclarent avoir d’autres croyances : « Je ne
suis pas d’accord avec les croyances de l’Eglise », « elles n’ont plus aucun intérêt pour
moi », « je les ai oubliées », « j’ai de nouvelles croyances ». Elles se seraient éloignées
de l’Eglise pour les raisons suivantes :
- Une mauvaise gestion d’un conflit dans lequel elles étaient impliquées, par
l’Eglise.
- Après une longue maladie sans aucune visite de l’Eglise pendant au moins
une année.
- A cause des changements survenus dans l’Eglise au cours de ces dernières
années.
René, artisan de quarante ans, marié, né adventiste, père de 2 enfants dont une
fille et un garçon, ne veux plus de cette Eglise qui « ressemble de plus en plus au monde.
Même la Conférence Générale fait des choses qui ne sont pas bien. Elle verse des fonds
à un mouvement œcuménique. En France c’est pire avec leur alliance protestante, ils font
changer l’Eglise. Ils lui font du tort. Je ne reconnais plus l’Eglise adventiste du septième
jour, à laquelle j’ai adhéré. »
Ces personnes ne sont pas éloignées de l’Eglise sur la base de divergences
doctrinales, mais parce qu’elles ont été attristées par l’attitude de cette dernière, qui
n’était pas présente quand elles étaient en difficulté. De plus, elles reprochent à l’Eglise
de manquer à ses obligations en négligeant d’informer les membres, sur la nature des
relations qu’elle entretient avec les Eglises non adventistes. Elles ont donc recherché un
environnement religieux plus rassurant, plus à l’écoute de leur besoin, de leur vécu, et
c’est dans ce contexte que petit à petit, elles ont adopté d’autres croyances.
18) Un sentiment d’injustice
Une personne sur 20, pensent qu’il y a dans l’Eglise adventiste du septième jour
une tendance à juger une situation différemment, en fonction des circonstances, des
personnes et des intérêts, en jeu. Marine, professeur de lycée à Fort de France, nous
52
raconte une injustice dont elle a été témoin, à l’âge de 15 ans, à l’occasion d’une réunion
administrative de son Eglise. Il s’agissait pour la communauté de se prononcer sur 3 cas
de concubinage et de grossesses hors mariage concernant 3 jeunes filles :
« L’une d’entre elles, était la fille d’un dirigeant de cette Eglise. A, 17 ans, elle attendait un bébé. Dans la même Eglise, un couple d’amoureux beaucoup plus âgés attendaient aussi un enfant. Tout comme ma copine, ils n’étaient pas mariés. L’Eglise les a convoqués ensemble pour annoncer la punition. La fille la plus âgée fut radiée et mon amie, pour ne pas entacher la réputation de son père, un notable influent, ne fut pas radiée. J’éprouvai alors, un profond sentiment d’injustice, en pensant à la jeune femme qui avait été radiée pour le même motif. Au moment des remarques je fis noter l’incohérence de cette décision. Pourquoi une telle disparité ? »
19) Je fais ce que je veux
Deux personnes enquêtées se sont éloignées de l’Eglise, ou plutôt n’en sont plus
membres mais y vont de temps en temps, car elles estiment que la foi c’est une affaire
entre Dieu et elles. Et, elles ne sont pas prêtes à se priver de tout ce qui les attire hors de
l’Eglise.
20) Les jeunes s’ennuient
Willy paysagiste, quarante ans, s’est séparé de l’Eglise à plusieurs reprises,
parce qu’il aimait bien faire ce qui lui plaisait mais aussi parce qu’il s’ennuyait à l’Eglise :
« il faut organiser des activités qui permettent aux jeunes de plusieurs églises adventistes
de se rencontrer, de tisser des liens d’amitiés. Le samedi soir, quand tous les copains non
adventistes vont manger et danser entre amis, ou vont au cinéma, les jeunes adventistes
après les activités à l’église s’ennuient ».
21) On ne progresse pas
Un homme de quarante-neuf ans pense qu’il n’a pas progressé, dans sa relation
avec Dieu pendant l’année passée à l’Eglise adventiste du septième jour. Il préfère le
fonctionnement du petit groupe d’évangélisation qui permet de s’impliquer donc de
progresser.
22) Prendre du recul
« Prendre du recul » ou « se désolidariser du groupe », pour mieux vivre sa foi,
c’est ainsi que 3 personnes définissent le mobile de leur rupture avec l’Eglise. Elles
n’excluent pas la possibilité d’y revenir.
23) Etre et non paraitre
Deux personnes affirment que l’Eglise, sauve les apparences et ne témoigne pas
du véritable amour. Quitter l’Eglise, ne signifie pas pour elles, rejeter Dieu mais au
contraire tenter d’être authentique dans la relation avec Dieu et avec les autres.
53
24) Messages peu édifiants
Quatre personnes enquêtées sont fatiguées par les messages peu édifiants.
Trois, sont issues de familles catholiques. Et 3 d’entre elles n’ont assumé aucune
responsabilité à l’Eglise. Deux personnes parmi les 4 qui mentionnent les messages peu
édifiants ont été baptisées à la suite d’une Campagne d’évangélisation.
25) Jalousie des membres
Deux personnes interrogées, uniquement des femmes, pensent que leurs
radiations étaient en relation avec la jalousie des membres à leur égard. Certains
membres de leur Eglise, jaloux de leurs familles auraient saisis cette opportunité pour leur
faire du tort et les éloigner de l’Eglise. Sara, précise :
« Lorsque j’ai adhéré à cette Eglise avec mes parents qui étaient des catholiques pratiquants, je me suis sentie à mon aise dans cette communauté. Les activités proposées aux jeunes me plaisaient et je m’épanouissais dans cette Eglise. Je pense que cette radiation a été l’occasion pour certaines personnes du comité, jalouse de ma famille de nous faire du tort. J’étais une jeune femme très en vue avec un avenir prometteur au sein de l’Eglise. Je souhaitais me former pour devenir Journaliste, une activité pour laquelle j’étais douée et qui me fascine encore. »
26) Me responsabiliser
Le sentiment d’inutilité dans la grande Eglise où abondent les talents a été
mentionné par 1 personne sur 20. Elle recherche une structure plus petite du style des
Eglises de maisons, ou des Ecoles du sabbat annexes ou autres petits groupes
d’évangélisation.
27) Rejet esprit critique
Le refus de l’Eglise de permettre à ceux qui ne partagent pas son opinion de
s’exprimer sans les marginaliser est mentionné par 1 personne sur 20.
28) Enseignement insuffisamment
La disparition progressive des Classes baptismales à l’Eglise où chacun pouvait étudier et
discuter ensemble de la Bible est déplorée par 1 personne sur 20. Elle estime que les
enseignements de l’Eglise ne sont pas suffisamment clairs en particulier ceux qui sont en
relation avec l’éthique adventiste.
2. Le frottement des concepts
Une étude comparative entre les données récoltées et les causes avancées par
l’Eglise, permettra d’identifier, d’une part, les similitudes (a) et d’autre part les différences
(b).
54
a. Des causes doublement identifiées
Il ressort de l’analogie entre les causes de la désaffection retenues par les
acteurs de l’évangélisation de l’Eglise adventiste du septième jour que nous avons
consultés et les données récoltées dans le cadre de cette enquête par entretiens semi
directifs que 9 causes sur 10 se retrouvent dans les deux sources d’informations.
Les données récoltées reprennent donc presque toutes ces causes :
1. L’absence de Plan de consolidation62 : 3 personnes
2. L’absence d’études régulières de la Bible : 1 personne
3. L’incohérence de l’Eglise dans son vécu : 10 personnes
4. La dissidence : 5 personnes
5. Le sentiment d’inutilité dans l’Eglise : 1 personne
6. Un caractère instable : 2 personnes
7. Des services d’adorations peu inspirants : 4 personnes
8. L’attrait du monde : 6 personnes
9. Le désengagement vis-à-vis de la mission de l’Eglise : 5 personnes
10. Les grandes Campagnes d’évangélisation : non mentionnées
Il ressort de l’analyse du frottement des concepts que la cause principale
mentionnée officiellement par le corps pastoral de l’Eglise adventiste, à la Martinique : les
grandes Campagnes d’évangélisation, ne se retrouvent pas dans les propos des
personnes enquêtées.
Nous notons également que parmi les 20 personnes enquêtées, 9 se sont
séparées de l’Eglise adventiste du septième jour, en l’absence de toute mesure
disciplinaire. Et c’est dans ce groupe que se retrouvent des personnes qui autrefois
étaient très actives dans cette Eglise, pendant une période allant de vingt à trente ans.
b. Les données non signalées par l’Eglise.
Plusieurs données récoltées ne se retrouvent pas dans la liste des causes
avancées par l’Eglise adventiste du septième jour.
L’une de ces données révèle un véritable malaise dans la perception de la
discipline ecclésiastique par les personnes radiées. Plusieurs données récoltées (radié
donc chassé, un sentiment d’injustice, regard accusateur, trop rigide, profondément
déçu), sont centrées sur l’exercice de l’autorité ecclésiale et l’application des mesures
disciplinaires. Ces anciens adventistes n’associent pas leur départ au motif qui a motivé la
décision de l’Eglise. Ils y voient les conséquences de la jalousie de certains membres de
la communauté à leur égard ou envers leur famille, une rigidité non appropriée, ou encore
une injustice. D’autant plus, comme on a pu l’entendre dans le témoignage de Marine, qu
62
Le Plan de consolidation est présenté comme un projet d’Eglise visant à faciliter l’intégration des néophytes incluant diverses activités, en particulier, la nécessité de se faire de nouveaux amis et de d’approfondir ses connaissances bibliques.
55
il y a injustice lorsque des 3 jeunes filles de sa communauté qui attendaient un bébé,
seules 2 sont radiées. De plus, la jeune fille de l’ancien de l’Eglise n’a pas été
sanctionnée, pour préserver la réputation de son père.
D’autre part, à plusieurs reprises, l’accent est mis sur le sentiment de solitude et
d’abandon ressenti par certaines de ces personnes qui se sont éloignées de l’Eglise, et
ceci bien avant leur départ. Rose a pu retrouver d’anciens amis non adventistes qui l’ont
écoutée mais elle n’est pas revenue.
Certes comme l’a signalé l’un des spécialistes de l’évangélisation sur la question
des abandons, plusieurs de ceux qui partent : « n’étudient pas les Saintes Ecritures et
n’ont pas de relation personnelle avec le Christ ». Aussi les épreuves et les difficultés de
la vie les terrassent, facilement.
On ne veut pas en douter, mais on ne peut s’empêcher de s’interroger sur ce qui
a pu décapiter la capacité à aimer de ceux qui sont dans l’Eglise et qui étudient les
Saintes Ecritures et qui demeurent malgré tout, sourds à la détresse de ceux qui sont
dans leur Eglise et qui souffrent. Nous notons également que ceux qui sont partis,
séparés ou radiés n’ont pas perdu confiance en Dieu puisqu’ils déclarent qu’ils se sentent
plus proches de lui, plus responsables, plus authentiques.
Il y a donc des hommes et des femmes qui ont des difficultés à vivre une foi
authentique selon leur propos au sein de l’Eglise adventiste, en particulier dans les
grandes Eglises, où ils ne peuvent pas mettre leurs dons au service de la communauté.
Ils préfèrent se retrouver dans des petits groupes d’étude de la Bible, tels que les églises
de maisons
D. De nouvelles perspectives pour une évangélisation plus efficace De nouvelles perspectives en matière d’évangélisation sont à retenir en vue
d’une croissance qualitative et quantitative, deux indices du dynamisme et surtout de
l’efficacité de l’évangélisation.
L’objectif de cette recherche étant d’identifier les causes réelles de la
désaffection des adventistes martiniquais, pour leur Eglise, entre 1984 et 2009, dans la
perspective de l’élaboration d’une nouvelle stratégie d’évangélisation, nous ne saurions
conclure sans présenter les secteurs sensibles qui appellent d’urgence une nouvelle
orientation. Nous avons donc apporté une attention spéciale aux thèmes abordés par les
personnes enquêtées. Nous pensons qu’un changement dans le fonctionnement de
l’Eglise, dans ces domaines précis en particulier, complètera sa vision de l’évangélisation
et favorisera, une croissance à la fois quantitative et qualitative de sa population.
Autrement dit une plus responsable.
56
1. La vie communautaire.
Vivre en communauté génère régulièrement des tensions en relation avec la
diversité des caractères, les divergences d’opinions, les ambitions personnelles,
l’éducation, et la capacité à aimer l’autre et à l’accueillir dans sa différence. Pour fidéliser
les membres, il est indispensable que la qualité de la vie communautaire soit améliorée.
Les nouvelles personnes qui intègrent l’Eglise doivent être accueillies par la communauté.
Le pasteur et les anciens doivent accueillir officiellement ces personnes au nom de la
communauté. Ils doivent en prendre soin jusqu’à ce qu’elles soient en mesure de faire de
même pour les autres. Parmi les différentes suggestions faites par les spécialistes de
l’Eglise James CRESS63 suggèrent plusieurs actions que la communauté et ses dirigeants
devraient réaliser pour accueillir les nouveaux baptisés :
- Un courrier hebdomadaire de la part du pasteur
- Une visite personnalisée des dirigeants de l’Eglise
- Une présentation devant la communauté
- Un repas fraternel
Voici quelques-uns des moyens qu’il suggère pour faciliter l’intégration des
membres dans l’Eglise. Ce même auteur met l’accent sur la nécessité d’accueillir les
membres qui entrent dans l’Eglise par transfert avec autant d’attention que les nouveaux
baptisés.
2. La vision de l’évangélisation
« Les adventistes considèrent que leur tâche est de proclamer l'espérance liée
au retour glorieux de Jésus-Christ. Ils cherchent à rassembler, autour de cet espoir, un
peuple de croyants prêts à accueillir le Christ comme juge et roi »64. Aussi,
l’évangélisation, lorsqu’elle est envisagée comme la transmission orale de l’évangile, n’est
alors valorisée que par le don de la prédication. Or tous les croyants ne sont pas
forcément à l’aise avec ce type d’exercice. Et ainsi l’évangélisation devient l’affaire d’une
minorité dans l’Eglise, qui accorde son soutien au meilleur prédicateur convaincue que
c’est à ce dernier que le Saint Esprit confie cette mission ou encore que tous les autres
dons accordés à l’Eglise doivent soutenir cette prédication orale65. Les autres indifférents
à cette mission ou convaincus de leur rôle secondaire, se désolidarisent de la mission de
leur Eglise. Et l’absence d’engagement dans la mission de l’Eglise, nourrit un sentiment
d’inutilité dans la communauté, qui à son tour favorise la rupture.
63
James CRESS, You can keep them if you care. Helping new members stay on board, Maryland, General Conference Ministerial Association Resource Center, 2000, p. 102-108.
64 Une mission, disponible sur <http://www.adventiste.org/message.php?id=6>, (consulté le 12
mars 2010).
65 Cette vision de l’évangélisation est soutenue par plusieurs spécialistes de l’Eglise, tel Christian
SCHWARZ, op.cit., p. 34.
57
La méthode d’évangélisation de masse n’a pas été incriminée par les personnes
enquêtées. Cependant, il ressort de cette enquête que l’Eglise à des difficultés à accueillir
et à accompagner les néophytes, après une méga Campagne d’évangélisation.
Aussi le petit groupe devient le lieu privilégié où l’on retrouve le sens de la
communauté et où l’on repousse les barrières de l’isolement, de la solitude, de
l’uniformité, et de l’indifférence.
« Les uns et les autres désirent donc construire, et être reconstruits, à l’ abri de la fusion asphyxiante ou de la confusion anonyme. Ces groupes restreints, vu leur isolement, risque de retomber dans des excès similaires à ceux qu’ils dénoncent. Mais ils ont d’abord une chance de vivre une des dimensions oubliées de la foi, de redonner courage à plusieurs, d’interpeller paroisses et communautés, d’accueillir ceux pour qui l’Eglise demeure une société secrète, une institution sans contenu, et leur permettre de rencontrer plus directement celui qui devrait en être le fondement et le chef, le Christ Sauveur et Seigneur. »66
Lorsque l’évangélisation est considérée comme un mode de vie, inspirée de la
vie du Christ. Lorsqu’elle s’intéresse à faire des disciples à l’image du Christ et en relation
avec le Christ, chacun trouve sa place dans la mission de son Eglise. Tous les talents,
toutes les aptitudes tous les dons accordés par le Saint-Esprit sont valorisés et mis au
service de Dieu, dans l’Eglise et l’Eglise se met au service de Dieu dans le monde.
L’évangélisation par le discipulat comme l’explique Pierre-Dieudonné MULAND
MUTEB67, devient un facteur de croissance régulière et la seule stratégie inspirée du
Christ qui permet d’obtenir des résultats exceptionnels. Rick WARREN partisan
également de l’évangélisation par le discipulat précise clairement les objectifs prioritaires
« Amener les gens à Jésus comme membres de sa famille, développer leur maturité à la
ressemblance de Christ, et les équiper en vue de leur ministère dans l’église et leur
mission dans le monde, afin de magnifier le nom du Seigneur »68.
La prédication orale prend alors tout son sens, elle témoigne de l’action de Dieu
en faveur de l’humanité en se fondant sur les Saintes-Ecritures et de l’action directe du
Saint Esprit dans la vie de celui qui croit en se fondant sur la Parole de Dieu et la
réalisation des promesses divines dans la vie des croyants. Le témoignage de ce que
Dieu accomplit chaque jour dans la vie de ses disciples et l’amour qui imprègne leur
relation les uns envers les autres, en toute circonstance, constituent de puissants
arguments pour attacher les hommes et les femmes à la personne de Jésus.
66
Groupes Bibliques Universitaires (dir.), Les communautés de maison, un espoir pour l’Eglise, Lausanne, Ligue pour la lecture de la Bible, 1983, p. 12.
67 Pierre-Dieudonné MULAND MUTEB, La croissance de l’église par le discipulat, La vision divine
pour l’église, Paris, Books on Demand, 2009.
68 Rick WARREN, L’Eglise, une passion, une vision, La croissance sans compromettre le message
et la mission, Grand Rapid, EPH, 1999.
58
Evangéliser ce n’est pas simplement partager une connaissance c’est avant tout
manifester de la bonté envers l’autre même lorsqu’il nous semble qu’il ne le mérite pas et
attirer son attention sur les motivations et la source divine de cet amour. N’est-ce-pas ce
qui est suggéré dans le texte biblique ? « Ce que Dieu attend d’un homme c’est qu’il soit
bon »69. Ce n’est pas simplement paraitre mais être un véritable témoin de cet amour en
devenant volontairement le lien humain de la rencontre avec Dieu.
3. L’information
Communiquer est essentiel. Les données que nous avons récoltées montrent
clairement que plusieurs anciens adventistes considèrent la radiation comme un rejet ou
comme l’expression d’un manque d’amour. Nous y avons fait mention au chapitre
précédent. Ici nous insistons sur la nécessité pour ceux qui ont la responsabilité de
l’instruction religieuse d’informer sur ce que représente pour l’Eglise, la radiation et la
censure. Si la censure semble être mieux acceptée, la radiation conserve une connotation
négative proche de l’excommunication, dans la mémoire collective. Ceci pourrait alors
expliquer que les personnes radiées soient tenues à l’écart presque inconsciemment par
la communauté, comme en témoignent les propos recueillis : « j’ai été radié sans
accompagnement », « aucune visite », « je me sentais sale ».
Il est nécessaire d’informer sur les relations que L’Eglise adventiste du septième
jour instaure avec les Eglises non adventistes pour éviter des interprétations erronées ou
autres malentendus. En effet René y voit la cause des changements qui l’inquiètent dans
son Eglise qu’il ne reconnait plus. L’un des spécialistes de l’évangélisation parle
« d’œcuménisation » et même de « diabolisation » de l’Eglise.
4. La formation
Parmi les personnes enquêtées, plusieurs ont déclaré avoir eu le sentiment
d’être inutiles dans leur Eglise. N’ayant pas la possibilité de faire quelque chose de
concret, elles se sentaient, irresponsables.
Le calendrier des activités de la Fédération des Eglises adventistes du septième
jour atteste de la fréquence et de la régularité des séminaires de formation.
Ces séminaires à la lecture des annonces hebdomadaires émanant de la
Fédération s’adressent en général aux leaders (directeurs des départements dans
l’Eglise). Hors pour permettre à chacun de participer activement à la vie communautaire, il
serait plus judicieux que ces séminaires soient ouverts à l’ensemble de la communauté.
Cela pourrait permettre à plusieurs d’identifier les secteurs d’activités dans
lesquels, ils pourraient apporter leur contribution, ou mieux encore, se rendre compte,
69
Proverbes 19.22. Traduction libre à partir de l’original hébreu.
59
qu’ils possèdent un don spirituel. Les pasteurs et les cadres des Eglises ne sont pas pour
autant décharger de la nécessité de former les croyants dans la proximité
De plus chacune des personnes assumant une responsabilité à l’Eglise devrait
avoir parmi ses adjoints un ou plusieurs jeunes en formation qui se préparent à prendre la
relève.
L’enseignement régulier de l’histoire, des croyances fondamentales, de l’éthique
et du fonctionnement, de l’Eglise est un impératif, en particulier pour favoriser l’intégration
des nouveaux membres et aussi pour permettre à chacun de développer un esprit critique
lui permettant de collaborer dans le cadre d’une réflexion commune et sur la base du
texte biblique, à la mission de l’Eglise, afin qu’elle se réalise en tenant compte des
besoins, et des spécificités de la société martiniquaise.
5. Les visites.
La première des responsabilités qui incombe au pasteur c’est de connaitre les
croyants qui remplissent ses églises, à l’image du bon berger qui connait ses brebis. Les
données récoltées laissent entrevoir clairement qu’un accompagnement pastoral ou une
présence fraternelle dans les moments difficiles de la vie aurait pu éviter la rupture avec
l’Eglise.
Il est vrai que cela soulève d’autres problèmes celui de la fonction pastorale en
rapport avec le cahier des charges du pasteur et le nombre de communautés à charge.
Lorsque les membres sont très nombreux, il est plus difficile de les rencontrer
individuellement ou en famille, d’où la nécessité de constituer les districts70 non seulement
en fonction de la proximité géographique mais également en fonction de la population des
églises. Une répartition équitable de cette population par district, dans un petit territoire71
comme la Martinique faciliterait cet aspect du ministère pastoral.
6. La prédication
Quatre personnes enquêtées, pensent que les prédications ne les édifient plus
parce qu’elles sont routinières. Elles aspirent à un type de prédication qui interpelle
motive et encourage. Le fond et la forme des prédications sont concernés par ses
remarques.
La croissance numérique reflète incontestablement le dynamisme d’une Eglise,
sa capacité à répondre avec des moyens de communication appropriés à la demande
suggérée ou spontanée de la population qu’elle côtoie, en matière d’évangélisation.
70
Le district confié au pasteur est constitué de plusieurs églises dans un même secteur géographique.
En 2009, on comptait 21 districts à la Martinique avec une population variant de 60 à 900 membres. Voir à cet effet, l’Agenda de l’Eglise Adventiste du septième jour de l’année 2009.
71 Superficie : 1100 km2.
60
Néanmoins une Eglise peut voir sa population, grossir rapidement sans pour
autant refléter une qualité de vie qui favorise la maturité spirituelle. Les vingt personnes
avec lesquelles nous nous sommes entretenues semblent le confirmer. Evidemment elles
ne représentent pas; la totalité des membres de l’Eglise adventiste du septième jour de la
Martinique. Cependant, elles sont une réalité que l’on ne peut ignorer.
Il y a donc au cœur de cette belle, forte et dynamique Eglise adventiste du
septième jour à la Martinique des personnes qui n’ont pas réussies à trouver leur place,
non pas seulement par manque d’intérêt personnel pour l’Eglise, mais surtout parce que
le climat qui se dégageait de leur communauté, ne s’y prêtait pas.
61
Conclusion
Des milliers d’hommes et de femmes ont quitté l’Eglise Adventiste du septième
jour de la Martinique, entre 1984 et 2009, pour diverses raisons. Plusieurs d’entre eux,
estiment que c’est leur Eglise qui les a chassés, en les radiant. Pour d’autres, il s’agissait
de s’émanciper de l’autorité de cette Eglise exprimée à travers ses croyances, son
éthique et l’exercice de la discipline ecclésiastique, pour retrouver la liberté de penser,
qu’ils croyaient avoir perdu, et enfin retrouver une vie plus épanouie. Pour d’autres
encore, s’éloigner de l’Eglise était le seul moyen de trancher avec une pratique religieuse
routinière, stérile et préjudiciable à la consolidation de leur foi. Et enfin, pour ceux qui
rompent radicalement avec l’Eglise, cela témoigne de la difficulté à s’intégrer dans une
communauté religieuse vécue comme trop hiérarchisée. Et pourtant, même pour ceux qui
s’ en éloignent, l’expression de leur détresse rappelle que l’Eglise est ou devrait être ce
lieu où abondent les dons et les talents, un lieu idéalisé par bon nombre de ceux qui
choisissent de vivre leur foi dans des petits groupes où ils peuvent étudier la Bible à leur
rythme, trouver leur place, se sentir utiles, aimés, où la reconnaissance mutuelle prend un
sens, et où ils peuvent enfin exister, tout simplement.
Ceux qui partent ne sont pas en majorité, selon les données récoltées des
personnes qui ont intégré l’Eglise à la suite d’une Campagne d’évangélisation, sans avoir
suivi des études bibliques personnalisées, une Classe baptismale ou des cours de Bible
par correspondance, avant ou après la Campagne. Bien au contraire, celles qui sont
parties au cours de ces vingt-six dernières années, entre 1984 et 2009, dans le cadre de
l’enquête par entretiens semi-directifs, sont en général, des hommes et des femmes qui
ont fréquenté l’Eglise plusieurs années, voire même pendant trente ans. Cependant, les
personnes qui entre rapidement dans l’Eglise sont le plus souvent, les moins engagées et
restent donc peu concernées par la mission de leur l’Eglise. Ce qui nous amène à penser
que l’absence de Plan de consolidation de la foi des nouveaux baptisés est préjudiciable
à la croissance numérique et qualitative de l’Eglise.
Néanmoins, il est indéniable qu’un simple Plan de consolidation sera insuffisant
pour influer sur la croissance de l’Eglise, s’il s’adresse uniquement aux néophytes. Pour
freiner les départs, Il doit concerner tous les membres de l’Eglise quel que soit leur
ancienneté dans la communauté. Pour cela quelques changements s’imposent. En effet :
« vivre l’évangile et établir un projet d’église en conformité avec la volonté de Dieu implique que chaque membre trouve sa place et découvre le ministère, le service auquel Dieu l’appelle. Le rôle particulier des ministres consiste justement à aider chacun à trouver sa place, à lui
62
donner les moyens de se former à l’encourager, à le rendre capable d’assumer sa mission au milieu de sa communauté.72 »
Les nombreuses activités proposées par la Fédération des Eglises adventistes
du septième jour, comme en témoigne le calendrier des activités fédérales devraient avoir
un triple objectif :
- Former et encourager chaque membre à croitre spirituellement par la
communion avec Dieu et l’étude personnelle de sa Parole.
- Évangéliser, par un mode de vie qui témoigne de la puissance et de l’action
de Dieu dans la vie des croyants et par la prédication.
- Fortifier la foi des membres, par le biais d’un Plan de consolidation valable
sur le long terme.
L’ensemble des départements qui structurent la Fédération des Eglises
adventistes du septième jour devraient travailler autour d’un projet commun, se
répartissant les taches en fonction des compétences et des spécificités propres à chaque
département, et répondant aux besoins des membres, dans ces trois domaines.
L’étude présentée par Jacques PUJOL et Colette FEBRISSY dans Psychologie
et foi, révèlent ici toute sa pertinence.
Jusqu’à la sixième étape, du développement de la personnalité spirituelle de
l’homme adulte, celle de la foi universalisante, un accompagnement est nécessaire. La
question est alors de savoir qui peut accompagner ? A cette question en tenant compte
des informations apportées par l’enquête par entretien, nous dirons, le pasteur en premier
lieu, puis, les anciens, ainsi que tous les membres dans la mesure où ils croissent eux-
mêmes spirituellement, peuvent accompagner en témoignant de la manière dont Dieu agit
dans leur vie.
Evidemment bien que l’élaboration d’une stratégie d’évangélisation pour fidéliser
un maximum de membres et ainsi limiter les départs devient une priorité, elle ne doit en
aucun cas faire oublier qu’aucun projet d’Eglise ne peut se substituer à la relation vitale
entre Dieu et l’Homme, source d’une croissance spirituelle personnelle authentique.
L’Eglise adventiste martiniquaise depuis quatre-vingt-dix ans, ne cesse de
proclamer l’Evangile. C’est d’ailleurs sa priorité et la tâche n’est pas aisée dans une
Martinique de plus en plus sécularisée. Il lui reste encore d’autres défis à relever en
particulier celui des barrières pluriethniques. Comme le faisait remarquer Gottfried
OOSTERWAL : « gagner des âmes pour le Christ et son Eglise se révèle plus efficace si
l’effort est axé sur des personnes ou des groupes réceptifs, et donne à ceux-ci l’occasion
72
Groupes Bibliques Universitaires (dir.), op. cit., p. 12.
63
d’embrasser l’Evangile dans un milieu qui leur est propre, sans avoir à franchir des
barrières sociales ou culturelles élevées ».73
On a pu observer en visitant les différents lieux de cultes adventistes de l’ile que
la population adventiste était constituée en majorité d’antillais d’origine africaine. Les
autres groupes ethniques les indiens, les békés, les syriens, les juifs, les libanais, et
depuis quelques années les chinois, ainsi que les ressortissants des autres départements
français qui y vivent sont quasiment inexistants, dans ces églises.
Il est vrai que l’une des raisons qu’on peut avancer pour le peuplement
majoritaire de l’Eglise adventiste du septième jour, en personnes de provenance africaine
vient du fait qu’elles sont majoritaires en termes de ratio par rapport à la population
globale. Elles n’ont fait que basculer du catholicisme vers le protestantisme. D’autre part
c’est l’ethnie qui a subi l’oppression et l’acculturation la plus sévère et l’assimilation au
maître, dont la religion était chrétienne contrairement aux hindous, aux syriens et autres,
qui ont pu conserver une accointance avec leurs racines. Ces derniers arrivants n’ont pas
eu comme ses esclaves et fils d’esclaves la même nécessité de se conformer au modèle
culturel et idéologique occidental prôné par l’Eglise coloniale74. Ils ont gardé une plus
grande autarcie et vivent leur syncrétisme autrement.
Quoiqu’il en soit tout le monde a besoin de l’Evangile et la démarche pour y avoir
accès doit tenir compte des arrières plans culturels et idéologiques.
Evidemment, on ne peut douter que les programmes d’évangélisation de l’Eglise
adventiste du septième jour, visent toutes les composantes de la population
martiniquaise, mais certains groupes semblent peu réceptifs. Des stratégies
d’évangélisation ciblées restent donc à définir pour atteindre cette couche de la population
martiniquaise. C’est un véritable défi, mais pas le plus difficile à relever.
Un évangéliste antillais, s’adressant sur les ondes d’une radio martiniquaise75, à
l’ensemble des chrétiens de l’île, déclara dans le cadre d’une conférence publique, que si
des hommes et des femmes qui entendent régulièrement parler de Dieu ne se s’engagent
pas dans une relation personnelle avec lui, c’est souvent parce qu’ils n’ont pas le temps
de s’arrêter pour lire la Bible, ou prier, mais surtout parce qu’ils ne savent pas grands
chose de ce que disent les évangélistes Matthieu Marc, Luc et Jean de la sublime
personne de Jésus et de son amour. Cependant, ils lisent régulièrement le cinquième
évangile, c’est-à-dire qu’ils observent attentivement les chrétiens qui les entourent. Leur
difficulté à refléter dans leur vie quotidienne l’amour, la joie, la bonté, à l’image du Dieu
73
Gottfried OOSTERWAL, Séminaire sur la croissance de l’Eglise, organisé par le département des Activités laïques de la Division eurafricaine, Collonges, 1984.
74 Raymond MASSE, Anthropologie d’un mouvement millénariste aux Antilles, Montréal, Centre de
recherches Caraïbe, 1978 p. 30.
75 Radio évangile
64
qu’ils prétendent adorer est si déroutant, si négatif, que ces personnes en particulier
n’acceptent pas le message.
Enfin, les chrétiens Martiniquais et les adventistes du septième jour en
particulier, pour qui, évangéliser est une priorité, doivent chercher à présenter un évangile
qui réjouit les cœurs, qui apporte l’espoir. Dans une société martiniquaise de plus en plus
sécularisée, ils peuvent encore donner l’exemple en dépit des divergences doctrinales, du
partage, du respect et de l’amour fraternel, sur la base d’une espérance commune, celle
du glorieux retour du Sauveur ressuscité.
Rares sont les martiniquais qui n’ont pas été en contact avec la Parole de Dieu.
Et il est vrai que l’Eglise adventiste du septième jour, depuis quatre-vingt-dix ans à
œuvrer sans relâche dans ce sens. Mais sa mission n’est pas achevée. Elle peut encore
aller plus loin en ouvrant ses nombreux séminaires de formation, dans des domaines tels
que la santé, l’éducation, les relations familiales, la communication la psychologie à
l’ensemble des Martiniquais et en aidant chacun de ses membres à prendre conscience
qu’il a une mission unique et utile à réaliser dans la grande écclésia de Dieu, c’est à dire
dans son Eglise et à l’extérieur de cette Eglise. Ecouter, accompagner, accueillir, aider,
encourager, enseigner, aimer, ses frères et ses sœurs en humanité pour leur permettre
de rencontrer leur Sauveur, c’est la dynamique mission, que Dieu confie aux croyants. En
effet l’Evangile doit être proclamé par des hommes et des femmes, pleins de bonté,
enthousiastes, et chaleureux. Ce sont les conséquences d’une bonne nouvelle, comme
se plait à nous le rappeler le théologien Gilbert BILEZIKIAN76, en insistant sur l’urgence
pour l’Eglise d’aujourd’hui d’offrir au monde dans lequel nous vivons une Eglise où
règnent la joie et l’amour.
76
Gilbert BILEZIKIAN, Solitaires ou solidaires, la dimension communautaire de l’église, Paris, Empreinte Temps présent, 2000.
65
ANNEXE I : Témoignages des directeurs de l’évangélisation de 1984 à 2009
Luther SAINT-ELIE
« Les gens quittent rarement l’Eglise pour des raisons de divergences doctrinales. Le problème est surtout lié à la prise en charge des nouveaux baptisés. L’absence de plan de consolidation ne favorise pas leur intégration. Il est nécessaire pour éviter qu’ils n’abandonnent leur Eglise, qu’ils soient accompagnés, entourés, pendant au moins deux années. Ils auront ainsi, la possibilité de se créer un nouveau réseau d’amis, ce qui renforcera les liens avec l’Eglise.
En ce qui concerne ceux qui ont fréquenté l’Eglise pendant plusieurs années avant de la quitter, le problème vient d’un manque d’engagement. Ils n’étudient pas les Saintes Ecritures et n’ont pas de relation personnelle avec le christ. Aussi les épreuves et les difficultés de la vie les terrassent, facilement. Plusieurs quittent également l’église après avoir épousé des mondains, qui empiètent sur leur relation avec Dieu. D’autres encore, vivent des épreuves au sein de leurs familles et s’en vont découragés. »
Isaac CARPIN
« Les gens ont quittés l’Eglise au cours de ces vingt-six dernières années pour plusieurs raisons. Premièrement, une mauvaise gestion des conflits que nous qualifierons de "gestion pharisienne des conflits". Il y a eu des radiations qui auraient dû être de simples censures et des censures qui auraient dû être des radiations et enfin d’autres problèmes gérés par la direction de l’Eglise qui aurait pu connaitre une issue plus positive. Deuxièmement la diabolisation systématique de l’héritage culturel au profit d’une pratique religieuse en déphasage avec la société a agrandi le fossé entre les anciens et les jeunes.
Dans les années 80 les jeunes adventistes n’avaient plus le même profil que leurs ainés. La génération des intellectuels vivait douloureusement, le décalage entre la beauté de l’évangile et la manière dont l’éthique adventiste était imposée. Elle avait du mal à trouver sa place dans l’Eglise. "Tout ce qui venait du monde était diabolisé". Il ne fallait pas écouter des musiques non religieuses, même lorsqu’elles étaient porteuses d’un message positif. Il était interdit de se maquiller ou encore de porter des jupes courtes. L’accent était mis davantage sur les apparences que sur le message évangélique. Plusieurs ont voulu faire éclater ces barrières et ont quitté l’Eglise, tout en gardant au fond de leur cœur l’assurance que Jésus était leur Sauveur. Notons aussi, que le nombre d’adventistes augmenta considérablement. Et alors que l’on était habitué à ce que chacun, sans exception, apporte sa collaboration aux différents projets de l’Eglise, le nombre de membres spectateurs augmenta considérablement. Le fait également, que, pendant de longues années, les mêmes personnes systématiquement, assumaient les fonctions clés, contribua à installer la
66
routine et à décourager plusieurs, en particulier ceux qui souhaitaient participer plus activement à la gestion de leur Eglise. ».
Patrice CAPRICORNE
« Voici, selon moi, les raisons pour lesquelles les gens ont laissé l'église durant ces vingt-six dernières années. Les raisons sont multiples, mais comportent un point commun. D'abord, il y a le phénomène de la troisième génération.
La première génération, c'est la génération des défricheurs qui a forgé dans la peine et l'adversité l'adventisme martiniquais. Cette génération va des années 30 aux années 60.
La deuxième génération a maintenu la flamme, mais avec un engagement moins prononcé car les conditions environnantes étaient moins problématiques. La société a connu de profonds changements durant cette période qui se sont répercutés dans l'Eglise. Cette génération va des années 60 aux années 80.
La troisième génération n'a ni les racines de la première, ni l'héritage de la seconde. L'adventisme est devenue une religion parmi les autres, et ces aspects contraignants ne sont pas, pour cette génération, contrebalancés par un sentiment d'appartenance, ou une velléité d'unicité, suffisamment forts. Cette génération va des années 80 aux années 2000. C'est en son sein que l'on dénombre le plus grand nombre d'apostasies. Ce phénomène de la troisième génération n'est pas propre à la Martinique. Il se retrouve partout où une société se construit sur des principes moraux forts et contraignants.
Ensuite, il y a le mode d'évangélisation. Au début de l'adventisme à la Martinique, chaque nouvel
adventiste devenait un nouveau propagateur de la foi, parfois même avant son baptême. Petit à petit, cette mission de propagation s'est déplacée du membre lambda vers l'instructeur laïc (celui qui fait des études à domicile), puis vers le prédicateur laïc qui prêche à la foule, ensuite vers le spécialiste qui prêche aux grandes foules avec des moyens de communication de plus en plus sophistiqués. Ce spécialiste a d'abord été un pasteur, puis un super laïc. Le résultat de tout cela, était que plus l’évangéliste se spécialisait, plus l’évangélisation devenait impersonnelle, et plus l'engagement des nouveaux membres devenait superficiel. Superficiel, parce que la part d'affectif et d'émotionnel liée au cadre, à l'ambiance, aux moyens de persuasion utilisés lors des campagnes ne cessait de grandir aux dépens de la part d'expérimentation à savoir une découverte doctrinale progressive soumise au test de la vie réelle. Test de moins en moins évident, du fait de l'acceptation grandissante de l'adventisme dans la société.
Troisièmement, il y a la société martiniquaise. A l'arrivée de l'adventisme à la Martinique, la société martiniquaise
était foncièrement catholique. Le catholicisme était d'ailleurs la seule religion connue et reconnue, puisque toutes les autres formes de religions existantes (hindouisme, animisme, etc.) y étaient diabolisées. L'adventisme s'est donc développé dans cette conflictualisation avec la religion dominante, donc avec la société. Avec le temps, la société s'est peu à peu affranchie de la mainmise du catholicisme en particulier et de la religion en général. Quand l'opposition systématique de la société s'est estompée pour faire place à la tolérance, puis à l'acceptation globale actuelle, l'Eglise adventiste ne s'est pas adaptée à la nouvelle donne et a continué à fonctionner dans un mode de défiance envers la
67
société. Cela a eu pour conséquence que le message adventiste, dans sa forme et non pas dans son fond, est devenu obsolète. L'Eglise présente toujours un message anti (anticatholique, antiprotestant, anti alcool, anti cochon, etc.), alors que la société veut entendre un message pro (pro tolérance, pro santé, pro écologie, etc.). C'est l'une des raisons pour lesquelles l'adventisme martiniquais à tant de mal à atteindre les couches les plus éduquées de la société. Ceux qui sont devenus adventistes durant ces dernières années ont beaucoup de mal à vivre dans ce climat de tension perpétuelle et ils craquent après un certain temps et laissent l’Eglise. Le faible sentiment d'appartenance, le faible degré d'engagement des membres, et l'inadéquation de l'offre adventiste à la société d'aujourd'hui sont donc pour moi les trois raisons du grand nombre d'apostats que nous connaissons dans notre église à la Martinique. Le point commun entre ces trois raisons est qu'elles posent toutes le problème de l'identité.
Qu'est-ce qu'un adventiste ? Pourquoi suis-je adventiste ? Quel est mon rôle dans la société d'aujourd'hui ?
Tout adventiste qui n'a pas trouvé de réponses satisfaisantes à ces trois questions sera un jour un apostat, ou au mieux, un nom de plus couché sur un registre d'église ».
Taylor LAMBERT
« Voilà donc en quelques lignes mon sentiment. Le corps de doctrines de l'église Adventiste est cohérent et
suffisamment ancré sur le texte sacré. Cependant, il me semble que l'un des éléments expliquant la grande perte de membres au sein de l'église Adventiste est la traduction de la vérité de l'évangile dans la pratique ou le vécu de l'église. Cette différence entre un discours et une pratique va, me semble-t-il, créer une désillusion et un refroidissement progressif des membres, surtout quand ils ont à faire face à des conditions personnelles difficiles. Avec cet élément précédent, j'ai aussi observé une réaction assez surprenante dans la réalité de la vie de l’Eglise Adventiste. Afin de tenter de ralentir l'hécatombe l'Eglise Adventiste a consciemment ou inconsciemment rabaissé le niveau de fidélité à l'enseignement de la Bible espérant de cette manière diminuer le rythme des départs. Hélas, cette attitude a créé l'effet inverse avec une perte de crédibilité chez ceux qui recherchent de plus en plus de l'authenticité dans l'enseignement et la pratique de l'évangile. Cette oeucuménisation ou mondialisation (équivalant selon moi) de l’Eglise, loin d'élargir sa base et de ralentir les départs a contribué à une perte de puissance dans son discours et dans sa capacité à attirer et à garder ses membres.
Avec ceci il faut aussi mentionner la difficulté de l'Eglise à transmettre son histoire, sa "culture" à ses enfants. Ce qui explique que parmi les partants il constituent un groupe important.
On se contente de méthodes d'évangélisation de masse sans un suivi de consolidation et d'enracinement pensé et réfléchi qui va ensuite produire ou reproduire le cycle de désillusion et de refroidissement que je présentais au début de mon propos.
J'espère Léa, que ta recherche contribuera à participer à notre auto examen et à la formation de disciples enthousiastes et efficaces. Je le crois, l'Evangile de Jésus-Christ est encore contagieux en 2010. »
ANNEXE II : Résultats de l’enquête
Les variables assignées
Sexe Age Situation familiale Niveau d'étude
1er contact avec
Eglise
1er contact avec Eglise - Age
Temps fréquentation Eglise avant baptême
Temps fréquentation Eglise après
baptême
Masculin
Fém
inin
19 -
29
ans
30 -
39
ans
40 -
49
ans
50 a
ns e
t +
Célib
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Marié
Div
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Rem
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ans
5 -
17 a
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29
ans
30 a
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ans
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ans
Gra
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0 a
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10 -
19
ans
20 -
29
ans
Iris x x x X x x x x
Dan x x x X x x x x
Rose x X x x x x x x
Violette x x x X x x x x
Marguerite x x x x x x x x
Hortensia x X x x x x x x
Eglantine x x x x x x x x
Clémentine x x x x x x x x
Charles x x x X x x x x
Boris x x x X x x x x
Willy x x x X x x x x
René x x x x x x x x
Sara x x x X x x x x
André x x x x x x x x
Marine x X x X x x x x
Phil x x x X x x x x
Rodrigue x x x X x x x x
Marie x x x X x x x x
Bettina x x x X x x x x
Félicien x x x X x x x x
TOTAL 8 12 4 0 13 3 3 7 4 2 3 1 5 2 13 12 8 7 7 4 2 3 6 2 2 7 6 9 5
69
Religion des
parents Âge au baptême
Méthode d'étude ou
d'évangélisation Engagement
Relation avec
l'Église
adventiste
cath
oliq
ue
- d
e 1
2 a
ns
12 -
17
ans
18 -
29
ans
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Iris x x x x x X
Dan x x x x X
Rose x X x x X
Violette x x x x x X
Marguerite x x x x X
Hortensia x X x x x x
Eglantine x x x x X
Clémentine x X x x x
Charles x x x x x x
Boris x x x x x x
Willy x x x x X
René x x x x x
Sara x x x x x X
André x x x x x
Marine x x x x X
Phil x x x x X
Rodrigue x x x x x x x
Marie x x x x x x
Bettina x x x x x
Félicien x x x x x
TOTAL 10 10 3 10 4 3 8 9 9 3 7 3 2 8 10 10
70
Les variables de recherche
Nb p
ers
onnes
Iris
Dan
Rose
Vio
lett
e
Marg
uerite
Hort
ensia
Egla
ntin
e
Clé
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e
Charl
es
Boris
Will
y
René
Sara
André
Marin
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Phil
Rodri
gue
Marie
Bett
ina
Félic
ien
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20
Profondément déçu 5 1 3 1 1 1
Radié donc chassé 6 3 4 1 3 4 1
Ne rejette rien mais… 6 1 1 1 1 1 1
Accumulation 1 1
Sentiment d'être jugé 2 1 2
Ne font pas ce qu'ils prêchent 6 2 1 1 1 1 2
Trop rigide 4 1 1 1 1
Regard accusateur 1 1
Radié sans accompagnement 4 1 2 1 2
Aucune visite 6 1 1 2 1 1 1
Rupture successive avec centre d'intérêt dans l'église 1 2
Je ne voulais pas être adventiste 2 4 2
Faussement accusée 1 1
Trop de critique 2 1 1
Foi étouffée 2 1 3
Etre plus proche de Dieu 4 1 1 1 2
Délivré des interdits 3 1 2 3
J'ai d'autres croyances 5 3 1 1 2 1
Sentiment d'injustice 1 2
Je fais ce que je veux 2 1 2
Les jeunes s'ennuient 1 1
On ne progresse pas 1 1
Prendre du recul 3 2 1 1
Etre et non paraître 2 2 1
Messages peu édifiant 4 1 1 1 1
Jalousie des membres 2 1 1
Me responsabiliser 1 1
Rejet, esprit critique 2 1 6
Enseignements insuffisamment expliqués 1 1
71
Sexe
Masculin Féminin
Profondément déçu 5 1 4
Radié donc chassé 6 1 5
Ne rejette rien mais… 6 2 4
Accumulation 1 1
Sentiment d'être jugé 2 1 1
Ne font pas ce qu'ils prêchent 6 3 3
Trop rigide 4 4
Regard accusateur 1 1
Radié sans accompagnement 4 4
Aucune visite 6 1 5
Rupture successive avec centre d'intérêt dans l'église 1 1
Je ne voulais pas être adventiste 2 2
Faussement accusée 1 1
Trop de critique 2 1 1
Foi étouffée 2 2
Etre plus proche de Dieu 4 1 3
Délivré des interdits 3 1 2
J'ai d'autres croyances 5 2 3
Sentiment d'injustice 1 1
Je fais ce que je veux 2 2
Les jeunes s'ennuient 1 1
On ne progresse pas 1 1
Prendre du recul 3 1 2
Etre et non paraître 2 1 1
Messages peu édifiant 4 2 2
Jalousie des membres 2 2
Me responsabiliser 1 1
Rejet, esprit critique 2 2
Enseignements insuffisamment expliqués 1 1
72
Age
19 - 29 ans 30 - 39 ans 40 - 49 ans 50 ans et +
Profondément déçu 5 2 2 1
Radié donc chassé 6 2 2 2
Ne rejette rien mais… 6 2 2 2
Accumulation 1 1
Sentiment d'être jugé 2 1 1
Ne font pas ce qu'ils prêchent 6 3 1 2
Trop rigide 4 3 1
Regard accusateur 1 1
Radié sans accompagnement 4 2 2
Aucune visite 6 4 2
Rupture successive avec centre d'intérêt dans l'église 1 1
Je ne voulais pas être adventiste 2 2
Faussement accusée 1 1
Trop de critique 2 1 1
Foi étouffée 2 2
Etre plus proche de Dieu 4 4
Délivré des interdits 3 2 1
J'ai d'autres croyances 5 1 3 1
Sentiment d'injustice 1 1
Je fais ce que je veux 2 2
Les jeunes s'ennuient 1 1
On ne progresse pas 1 1
Prendre du recul 3 3
Etre et non paraître 2 2
Messages peu édifiant 4 4
Jalousie des membres 2 1 1
Me responsabiliser 1 1
Rejet, esprit critique 2 1 1
Enseignements insuffisamment expliqués 1 1
73
Age/sexe
19 - 29 ans 30 - 39 ans 40 - 49 ans 50 ans et +
Masculin Féminin Masculin Féminin Masculin Féminin Masculin Féminin
Profondément déçu 5 1 1 2 1
Radié donc chassé 6 1 1 2 2
Ne rejette rien mais… 6 1 1 1 1 2
Accumulation 1 1
Sentiment d'être jugé 2 1 1
Ne font pas ce qu'ils prêchent 6 3 1 2
Trop rigide 4 3 1
Regard accusateur 1 1
Radié sans accompagnement 4 2 2
Aucune visite 6 1 3 2
Rupture successive avec centre d'intérêt dans l'église 1 1
Je ne voulais pas être adventiste 2 2
Faussement accusée 1 1
Trop de critique 2 1 1
Foi étouffée 2 2
Etre plus proche de Dieu 4 1 3
Délivré des interdits 3 1 1 1
J'ai d'autres croyances 5 1 1 2 1
Sentiment d'injustice 1 1
Je fais ce que je veux 2 2
Les jeunes s'ennuient 1 1
On ne progresse pas 1 1
Prendre du recul 3 1 2
Etre et non paraître 2 1 1
Messages peu édifiant 4 2 2
Jalousie des membres 2 1 1
Me responsabiliser 1 1
Rejet, esprit critique 2 1 1
Enseignements insuffisamment expliqués 1 1
74
Situation familiale
Célibataire Marié Divorcé Remarié Concubinage Séparé
Profondément déçu 5 2 2 1
Radié donc chassé 6 3 1 2
Ne rejette rien mais… 6 2 1 2 1
Accumulation 1 1
Sentiment d'être jugé 2 1 1
Ne font pas ce qu'ils prêchent 6 1 2 2 1
Trop rigide 4 1 1 1 1
Regard accusateur 1 1
Radié sans accompagnement 4 2 1 1
Aucune visite 6 4 1 1
Rupture successive avec centre d'intérêt dans l'église 1 1
Je ne voulais pas être adventiste 2 1 1
Faussement accusée 1 1
Trop de critique 2 1 1
Foi étouffée 2 1 1
Etre plus proche de Dieu 4 1 2 1
Délivré des interdits 3 2 1
J'ai d'autres croyances 5 2 1 1 1
Sentiment d'injustice 1 1
Je fais ce que je veux 2 1 1
Les jeunes s'ennuient 1 1
On ne progresse pas 1 1
Prendre du recul 3 1 1 1
Etre et non paraître 2 1 1
Messages peu édifiant 4 1 3
Jalousie des membres 2 1 1
Me responsabiliser 1 1
Rejet, esprit critique 2 1 1
Enseignements insuffisamment expliqués 1 1
75
Niveau d'étude
Collège-lycée Baccalauréat Études supérieures
Profondément déçu 5 2 3
Radié donc chassé 6 1 5
Ne rejette rien mais… 6 2 1 3
Accumulation 1 1
Sentiment d'être jugé 2 2
Ne font pas ce qu'ils prêchent 6 3 1 2
Trop rigide 4 2 2
Regard accusateur 1 1
Radié sans accompagnement 4 1 3
Aucune visite 6 3 3
Rupture successive avec centre d'intérêt dans l'église 1 1
Je ne voulais pas être adventiste 2 2
Faussement accusée 1 1
Trop de critique 2 1 1
Foi étouffée 2 1 1
Etre plus proche de Dieu 4 1 3
Délivré des interdits 3 1 2
J'ai d'autres croyances 5 1 4
Sentiment d'injustice 1 1
Je fais ce que je veux 2 2
Les jeunes s'ennuient 1 1
On ne progresse pas 1 1
Prendre du recul 3 1 2
Etre et non paraître 2 1 1
Messages peu édifiant 4 1 1 2
Jalousie des membres 2 2
Me responsabiliser 1 1
Rejet, esprit critique 2 2
Enseignements insuffisamment expliqués 1 1
76
1er contact avec Eglise
Parents Amis
Profondément déçu 5 4 1
Radié donc chassé 6 4 2
Ne rejette rien mais… 6 4 2
Accumulation 1 1
Sentiment d'être jugé 2 1 1
Ne font pas ce qu'ils prêchent 6 5 1
Trop rigide 4 2 2
Regard accusateur 1 1
Radié sans accompagnement 4 1 3
Aucune visite 6 1 5
Rupture successive avec centre d'intérêt dans l'église 1 1
Je ne voulais pas être adventiste 2 1 1
Faussement accusée 1 1
Trop de critique 2 2
Foi étouffée 2 2
Etre plus proche de Dieu 4 4
Délivré des interdits 3 1 2
J'ai d'autres croyances 5 3 2
Sentiment d'injustice 1 1
Je fais ce que je veux 2 2
Les jeunes s'ennuient 1 1
On ne progresse pas 1 1
Prendre du recul 3 2 1
Etre et non paraître 2 1 1
Messages peu édifiant 4 1 3
Jalousie des membres 2 1 1
Me responsabiliser 1 1
Rejet, esprit critique 2 1 1
Enseignements insuffisamment expliqués 1 1
77
1er contact avec Eglise - Age
- de 5 ans 5 - 17 ans 18 - 29 ans 30 ans et +
Profondément déçu 5 1 3 1
Radié donc chassé 6 2 3 1
Ne rejette rien mais… 6 2 2 2
Accumulation 1 1
Sentiment d'être jugé 2 1 1
Ne font pas ce qu'ils prêchent 6 3 1 2
Trop rigide 4 1 3
Regard accusateur 1 1
Radié sans accompagnement 4 1 2 1
Aucune visite 6 4 2
Rupture successive avec centre d'intérêt dans l'église 1 1
Je ne voulais pas être adventiste 2 2
Faussement accusée 1 1
Trop de critique 2 1 1
Foi étouffée 2 1 1
Etre plus proche de Dieu 4 2 2
Délivré des interdits 3 1 1 1
J'ai d'autres croyances 5 3 2
Sentiment d'injustice 1 1
Je fais ce que je veux 2 1 1
Les jeunes s'ennuient 1 1
On ne progresse pas 1 1
Prendre du recul 3 1 2
Etre et non paraître 2 1 1
Messages peu édifiant 4 1 1 2
Jalousie des membres 2 2
Me responsabiliser 1 1
Rejet, esprit critique 2 1 1
Enseignements insuffisamment expliqués 1 1
78
Temps fréquentation Eglise avant baptême
Environ 1 mois
Environ 1 an
Environ 2 ans
+ de 2 ans Grandi dans
l'église
Profondément déçu 5 2 1 1 1
Radié donc chassé 6 1 2 1 2
Ne rejette rien mais… 6 1 2 1 2
Accumulation 1 1
Sentiment d'être jugé 2 1 1
Ne font pas ce qu'ils prêchent 6 1 1 1 3
Trop rigide 4 1 2 1
Regard accusateur 1 1
Radié sans accompagnement 4 2 1 1
Aucune visite 6 3 2 1
Rupture successive avec centre d'intérêt dans l'église 1 1
Je ne voulais pas être adventiste 2 2
Faussement accusée 1 1
Trop de critique 2 1 1
Foi étouffée 2 2
Etre plus proche de Dieu 4 1 3
Délivré des interdits 3 1 1 1
J'ai d'autres croyances 5 2 3
Sentiment d'injustice 1 1
Je fais ce que je veux 2 1 1
Les jeunes s'ennuient 1 1
On ne progresse pas 1 1
Prendre du recul 3 2 1
Etre et non paraître 2 1 1
Messages peu édifiant 4 1 2 1
Jalousie des membres 2 1 1
Me responsabiliser 1 1
Rejet, esprit critique 2 1 1
Enseignements insuffisamment expliqués 1 1
79
Temps fréquentation Eglise après baptême
- de 10 ans 10 - 19 ans 20 - 29 ans
Profondément déçu 5 2 2 1
Radié donc chassé 6 1 4 1
Ne rejette rien mais… 6 1 3 2
Accumulation 1 1
Sentiment d'être jugé 2 1 1
Ne font pas ce qu'ils prêchent 6 3 2 1
Trop rigide 4 2 1 1
Regard accusateur 1 1
Radié sans accompagnement 4 4
Aucune visite 6 1 4 1
Rupture successive avec centre d'intérêt dans l'église 1 1
Je ne voulais pas être adventiste 2 2
Faussement accusée 1 1
Trop de critique 2 1 1
Foi étouffée 2 1 1
Etre plus proche de Dieu 4 2 1 1
Délivré des interdits 3 2 1
J'ai d'autres croyances 5 2 1 2
Sentiment d'injustice 1 1
Je fais ce que je veux 2 1 1
Les jeunes s'ennuient 1 1
On ne progresse pas 1 1
Prendre du recul 3 3
Etre et non paraître 2 2
Messages peu édifiant 4 1 1 2
Jalousie des membres 2 1 1
Me responsabiliser 1 1
Rejet, esprit critique 2 2
Enseignements insuffisamment expliqués 1 1
80
Religion des parents
Adventiste Catholique
Profondément déçu 5 4 1
Radié donc chassé 6 4 2
Ne rejette rien mais… 6 3 3
Accumulation 1 1
Sentiment d'être jugé 2 1 1
Ne font pas ce qu'ils prêchent 6 4 2
Trop rigide 4 2 2
Regard accusateur 1 1
Radié sans accompagnement 4 1 3
Aucune visite 6 6
Rupture successive avec centre d'intérêt dans l'église 1 1
Je ne voulais pas être adventiste 2 1 1
Faussement accusée 1 1
Trop de critique 2 1 1
Foi étouffée 2 2
Etre plus proche de Dieu 4 1 3
Délivré des interdits 3 1 2
J'ai d'autres croyances 5 4 1
Sentiment d'injustice 1 1
Je fais ce que je veux 2 1 1
Les jeunes s'ennuient 1 1
On ne progresse pas 1 1
Prendre du recul 3 1 2
Etre et non paraître 2 1 1
Messages peu édifiant 4 1 3
Jalousie des membres 2 2
Me responsabiliser 1 1
Rejet, esprit critique 2 1 1
Enseignements insuffisamment expliqués 1 1
81
Âge au baptême
- de 12 ans 12 - 17 ans 18 - 29 ans 30 ans et +
Profondément déçu 5 2 2 1
Radié donc chassé 6 3 2 1
Ne rejette rien mais… 6 1 2 1 2
Accumulation 1 1
Sentiment d'être jugé 2 1 1
Ne font pas ce qu'ils prêchent 6 1 3 2
Trop rigide 4 1 2 1
Regard accusateur 1 1
Radié sans accompagnement 4 1 2 1
Aucune visite 6 3 3
Rupture successive avec centre d'intérêt dans l'église 1 1
Je ne voulais pas être adventiste 2 2
Faussement accusée 1 1
Trop de critique 2 1 1
Foi étouffée 2 1 1
Etre plus proche de Dieu 4 1 2 1
Délivré des interdits 3 1 1 1
J'ai d'autres croyances 5 1 3 1
Sentiment d'injustice 1 1
Je fais ce que je veux 2 2
Les jeunes s'ennuient 1 1
On ne progresse pas 1 1
Prendre du recul 3 2 1
Etre et non paraître 2 1 1
Messages peu édifiant 4 1 2 1
Jalousie des membres 2 1 1
Me responsabiliser 1 1
Rejet, esprit critique 2 1 1
Enseignements insuffisamment expliqués 1 1
82
Méthode d'étude ou d'évangélisation
Campagne
évangélisation Classe baptismale Etude personnalisée
Etude par correspondance
Profondément déçu 5 1 3 2 2
Radié donc chassé 6 2 4 2 1
Ne rejette rien mais… 6 3 3 2 2
Accumulation 1 1
Sentiment d'être jugé 2 2 1 1
Ne font pas ce qu'ils prêchent 6 3 2 2 1
Trop rigide 4 3 2 1
Regard accusateur 1 1 1
Radié sans accompagnement 4 3 1 1
Aucune visite 6 4 1 3 1
Rupture successive avec centre d'intérêt dans l'église 1 1
Je ne voulais pas être adventiste 2 1 1
Faussement accusée 1 1
Trop de critique 2 1 1 1
Foi étouffée 2 1 1 1 1
Etre plus proche de Dieu 4 1 2 3 2
Délivré des interdits 3 2 2
J'ai d'autres croyances 5 2 2 3 2
Sentiment d'injustice 1 1
Je fais ce que je veux 2 1 1
Les jeunes s'ennuient 1 1
On ne progresse pas 1 1
Prendre du recul 3 1 2 2 1
Etre et non paraître 2 1 1 1 1
Messages peu édifiant 4 2 2 2 1
Jalousie des membres 2 1 1 1 1
Me responsabiliser 1 1 1
Rejet, esprit critique 2 1 1 1
Enseignements insuffisamment expliqués 1 1
83
Cam
pagn
e é
va
ngé
lisatio
n
Cla
sse b
aptism
ale
Etu
de p
ers
onna
lisée
Cam
pagn
e é
va
ngé
lisatio
n
+ C
lasse b
aptism
ale
Cam
pagn
e é
va
ngé
lisatio
n
+ E
tud
e p
ers
onna
lisé
e
Cla
sse b
aptism
ale
+ E
tud
e p
ers
onna
lisé
e
Cla
sse b
aptism
ale
+ E
tud
e p
ers
onna
lisé
e
+ E
tud
e p
ar
corr
esp
ond.
Etu
de p
ers
onna
lisée +
Etu
de p
ar
corr
espond
.
Profondément déçu 5 2 1 2
Radié donc chassé 6 1 2 1 1 1
Ne rejette rien mais… 6 2 1 1 1 1
Accumulation 1 1
Sentiment d'être jugé 2 1 1
Ne font pas ce qu'ils prêchent 6 2 2 1 1
Trop rigide 4 2 1 1
Regard accusateur 1 1
Radié sans accompagnement 4 2 1 1
Aucune visite 6 3 1 1 1
Rupture successive avec centre d'intérêt dans l'église 1 1
Je ne voulais pas être adventiste 2 1 1
Faussement accusée 1 1
Trop de critique 2 1 1
Foi étouffée 2 1 1
Etre plus proche de Dieu 4 1 1 1 1
Délivré des interdits 3 1 1 1
J'ai d'autres croyances 5 1 1 1 1 1
Sentiment d'injustice 1 1
Je fais ce que je veux 2 1 1
Les jeunes s'ennuient 1 1
On ne progresse pas 1 1
Prendre du recul 3 1 1 1
Etre et non paraître 2 1 1
Messages peu édifiant 4 2 1 1
Jalousie des membres 2 1 1
Me responsabiliser 1 1
Rejet, esprit critique 2 1 1
Enseignements insuffisamment expliqués 1 1
84
Engagement
Très actif Actif Peu actif Néant
Profondément déçu 5 3 1 1
Radié donc chassé 6 4 1 1
Ne rejette rien mais… 6 2 1 1 2
Accumulation 1 1
Sentiment d'être jugé 2 2
Ne font pas ce qu'ils prêchent 6 2 1 3
Trop rigide 4 2 2
Regard accusateur 1 1
Radié sans accompagnement 4 1 2 1
Aucune visite 6 1 2 3
Rupture successive avec centre d'intérêt dans l'église 1 1
Je ne voulais pas être adventiste 2 2
Faussement accusée 1 1
Trop de critique 2 1 1
Foi étouffée 2 1 1
Etre plus proche de Dieu 4 2 2
Délivré des interdits 3 1 2
J'ai d'autres croyances 5 3 2
Sentiment d'injustice 1 1
Je fais ce que je veux 2 1 1
Les jeunes s'ennuient 1 1
On ne progresse pas 1 1
Prendre du recul 3 2 1
Etre et non paraître 2 1 1
Messages peu édifiant 4 1 3
Jalousie des membres 2 1 1
Me responsabiliser 1 1
Rejet, esprit critique 2 1 1
Enseignements insuffisamment expliqués 1 1
85
Relation avec l'Eglise
Radié Séparé
Profondément déçu 5 4 1
Radié donc chassé 6 5 1
Ne rejette rien mais… 6 3 3
Accumulation 1 1
Sentiment d'être jugé 2 1 1
Ne font pas ce qu'ils prêchent 6 3 3
Trop rigide 4 3 1
Regard accusateur 1 1
Radié sans accompagnement 4 3 1
Aucune visite 6 2 4
Rupture successive avec centre d'intérêt dans l'église 1 1
Je ne voulais pas être adventiste 2 2
Faussement accusée 1 1
Trop de critique 2 2
Foi étouffée 2 2
Etre plus proche de Dieu 4 1 3
Délivré des interdits 3 2 1
J'ai d'autres croyances 5 2 3
Sentiment d'injustice 1 1
Je fais ce que je veux 2 1 1
Les jeunes s'ennuient 1 1
On ne progresse pas 1 1
Prendre du recul 3 3
Etre et non paraître 2 2
Messages peu édifiant 4 4
Jalousie des membres 2 2
Me responsabiliser 1 1
Rejet, esprit critique 2 2
Enseignements insuffisamment expliqués 1 1
86
Comparaison avec les causes avancées par l'Eglise
Age/sexe
19 - 29 ans 30 - 39 ans 40 - 49 ans 50 ans et +
Masculin Féminin Masculin Féminin Masculin Féminin Masculin Féminin
Incohérence de l’Eglise dans son vécu Ne font pas ce qu'ils prêchent
6 3 1 2
Absence d’amis dans l’Eglise Aucune visite
6 1 3 2
La dissidence J'ai d'autres croyances
5 1 1 2 1
L’attrait du monde Je fais ce que je veux
2 2
Le manque de croissance spirituelle On ne progresse pas
1 1
Des services d’adorations peu inspirants Messages peu édifiant
4 2 2
Le sentiment d’inutilité dans l’Eglise Me responsabiliser
1 1
Absence d’études régulières de la Bible Enseignements insuffisamment expliqués
1 1
87
Temps fréquentation Eglise après baptême
- de 10 ans 10 - 19 ans 20 - 29 ans
Incohérence de l’Eglise dans son vécu Ne font pas ce qu'ils prêchent
6 3 2 1
Absence d’amis dans l’Eglise Aucune visite
6 1 4 1
La dissidence J'ai d'autres croyances
5 2 1 2
L’attrait du monde Je fais ce que je veux
2 1 1
Le manque de croissance spirituelle On ne progresse pas
1 1
Des services d’adorations peu inspirants Messages peu édifiant
4 1 1 2
Le sentiment d’inutilité dans l’Eglise Me responsabiliser
1 1
Absence d’études régulières de la Bible Enseignements insuffisamment expliqués
1 1
ANNEXE III : Compte-rendu des Réflexions, Prières et Résolutions autour
de l’évangélisation
Rapport du groupe : Évangélisation
Participants :
- Marcel ALPHONSO - Charles-Henri COCO - Léa ZIE - Nicol KIMPER - Jean-Jacques CHRONE - Eric LABONNE - Hilary LUCEA - Emmanuel GORDON - Jean BOISFER - Patrice CAPRICORNE
Evangélisation par décennies
1960-1970 - Sortie 2 à 2 - Etude biblique à domicile - École du Sabbat annexe (samedi après-midi) - Classe baptismale - Écoles annexes (en dehors du samedi) - Eglise mère et église fille (implantation de groupes dans d’autres villes par
des laïcs) - Force : témoignage, mode de vie, authenticité, respect, connaissance de la
doctrine - Un grand nombre de membres engagés dans la mission - Membres peu instruits 1970-1980 - L’apparition de grandes campagnes avec des locaux, les sorties
missionnaires les écoles du sabbat annexes. - On voit disparaître petit à petit les classes baptismales, les écoles annexes et
les études à domicile - Il y a un conflit des générations (des membres se tiennent à l’entrée de
l’église avec des foulards pour les sœurs qui n’ont pas la tête couverte) - On mise sur la réussite sociale (les intellectuels, les fonctionnaires font leur
apparition). - Il y a aussi un début de migration de nos membres vers la Métropole. - Les repères deviennent flous - L’éducation semble prendre le pas sur l’évangélisation. - On constate un certain élitisme - On peut compter cependant sur le ministère des colporteurs
89
- Il y a quelques laïcs qui résistent 1980-1990 - Apparition de chantiers, groupe « dévotion action « avant les grandes
campagnes. - On fait appel à des prédicateurs étrangers. - On constate une démobilisation de la base (membres) - Le témoignage authentique disparaît - Les repères ont disparu (tenue vestimentaire, bijoux, les loisirs…) - REPERE – TEMOIGNAGE – MESSAGE – FORMATION – METHODE - Les membres commencent à s’ennuyer
Quelques pistes de travail
- Rechercher la puissance et la vision que donne le Saint-Esprit - Avoir du discernement pour voir les champs qui blanchissent - Avoir un projet d’église clair - Assurer la formation des membres pour un témoignage systématique sur le
terrain. o Réorganisant les classes baptismales et de Bible o Réaffirmant nos croyances/doctrines, notre philosophie et nos
spécificités. - Redonner à l’Ecole du sabbat sa place dans l’évangélisation - Chercher à mettre un plus grand nombre de membres au travail en
o Favorisant l’expression des dons spirituels o Organisant des séminaires, conférences pendant les jours de
réunions ou le temps du sabbat (séminaires : famille, éducation, santé…)
o Encourageant le travail en équipe (pasteurs-pasteurs, laïcs-laïcs, pasteurs-laïcs
o Organisant des « Portes Ouvertes » (présentant les différents départements et activités de l’église)
o Ayant des matériels adaptés : exemple : éditer des cartes sur les faits de société pour les jeunes en vue de l’évangélisation de leurs amis.
o Tenant à jour les fichiers d’évangélisation o Améliorant l’accueil du sabbat. Le pasteur peut apporter sa
contribution o Organisant une Journée de prière par an pour les enfants du
quartier où l’église est implantée. - Mieux faire la promotion de nos programmes au niveau des non adventistes - S’adapter sans se compromettre
L’évolution Conférences et voix des jeunes : L’animation du quartier Obstacles Hostilité Période des conférences : choisir la bonne période Manifester de la présence La jeunesse autrefois Évangélisation Réunion JA Loisirs
90
Évangélisation de personne à personne. - Moyen : stands sur les marchés
Propositions
- Arrêter les plans et méthodes actuels - Vivre une année charnière qui sera une année de « glanage » - Mettre en place une dynamique au niveau des pasteurs et des laïcs - Relancer le club des laïcs (faire une sélection et former ces laïcs) - Considérer le travail de personne à personne comme un style de vie de
l’église - Visite des membres pour les ramener à Jésus. - Valoriser le travail en équipe
Mise en place du projet de l’église
- Etat des lieux et inventaire des besoins de l’église et des dons/talents des membres/laïcs et des pasteurs
- Fixer les objectifs (court, moyen et long terme) - Visite des membres - Séminaires d’édification de l’Eglise et réactivation du club des laïcs sous la
direction d’un responsable fédéral - Formation de l’église
o Qui forme ? o Qui est formé ? o Comment on forme ? o Pour quoi on forme ?
Moyen terme
- Accompagner les membres pour qu’ils s’impliquent auprès de la communauté dans un travail de personne à personne (Ecole du sabbat annexe, Ecole Annexe, Classe baptismale, Classe de Bible)
- Une disponibilité d’intervenants - Formation et mobilisation (circuit fermé) - État d’esprit/Motivation : - Terminologie : redéfinir nos priorités dans l’œuvre d’évangélisation au lieu
d’arrêter - Transition : faudrait-il « imposer « cette démarche à tout le champ fédéral. - Mettre en place un processus
o Rencontre de réveil devant aboutir à la connaissance des valeurs adventistes
EVOLUTION DE L'EFFECTIF DEPUIS 40 ANS HORS TRANSFERTS ET DÉCÈS
Décades Effectif
Solde Gains Pertes Taux
Début Fin Baptêmes Apostasies Gain/Eff Perte/Eff Pte/Gain
1966-1975 2 592 6 692 4 100 5 191 678 200,27% 26,16% 13,06%
1976-1985 6 692 10 132 3 440 6 072 2 128 90,74% 31,80% 35,05%
1986-1995 10 132 13 697 3 565 7 465 3 373 73,68% 33,29% 45,18%
1996-2003 13 697 13 708 11 3 654 3 085 26,68% 22,52% 84,43%
91
ANNEXE IV : Extraits des entretiens de l’enquête
Entretien n°1
- Prénom : Iris
- Sexe : féminin
- Age : 26 ans
- Situation familiale : concubinage, 1enfant
- Situation professionnelle : commerciale
- Premier contact avec l’Eglise : par la famille à 8 ans
- Temps de fréquentation de l’Eglise avant le baptême : 2 ans
- Temps de fréquentation de l’Eglise après le baptême : 15 ans
- Baptisée à 10 ans
- Religion des parents avant le baptême : adventiste.
- Méthode d’étude de la Bible : Campagne d’évangélisation, puis étude en
petits groupes à l’église
- Relation avec l’Eglise : radiée en 2009
- Fonction exercée à l’Eglise : secrétaire
- Bonjour Iris,
J’aimerais, avant tout, te remercier pour ta collaboration dans le cadre de cette recherche.
Comme convenu lors de notre dernier entretien téléphonique, aujourd’hui, nous
aborderons ensemble les raisons pour lesquelles tu as cessé de fréquenter l’Eglise
adventiste du septième jour. Le guide de l’entretien que je t’ai présenté nous servira de fil
conducteur tout au long de notre conversation. Est-ce que cela te convient ? Acceptes-tu
de commencer maintenant ?
- Oui bien sûr. Je suis une jeune femme de 26 ans, j’ai été baptisé en 1994 et radiée
l’année dernière en 2009. Je travaille dans le secteur des télés services. Quand ma mère
est devenue adventiste, j’avais à peine une dizaine d’années. J’ai donc grandis dans
l’Eglise.
- Quelle est la raison de votre rupture avec l’Eglise adventiste ?
- J’ai eu un enfant sans être marié, avec quelqu’un de l’Eglise et on m’a radiée. Cette
décision m’a blessé car j’avais moi-même informé l’Eglise de ma situation par écrit,
l’invitant à s’exprimer là-dessus. J’avais précisé dans mon courrier que je ne voulais pas
de visite. Je pensais qu’elle voterait une censure, car j’envisageais de me marier, mais,
92
elle a voté la radiation. L’Eglise a pris sa décision. Les membres ont calomnié ma famille
et moi-même. Ils ne l’ont pas fait en ma présence mais par personnes interposées, et
celles-ci m’ont répété ce qui avait été dit.
- Lorsque l’information a été présentée par la direction de l’Eglise à la communauté
quelle a été la réaction des membres à ton égard ?
- J’ai toujours été écarté, on ne nous a jamais accepté ma famille et moi, surement par
jalousie. Ils(les membres d’Eglise) me sourient maintenant qu’ils m’ont mis dehors ! Une
censure aurait été plus juste.
- Savais-tu que l’Eglise pouvait envisager de te radier ?
- Oui je le savais. Mon ami était très engagé à l’Eglise (silence)
- Et toi ? Tu avais une activité à l’Eglise ?
- pas récemment mais dans le passé, oui.
- Ta position vis-à-vis des croyances fondamentales de l’Eglise et de son éthique a-t-elle
changé depuis ?
- Non je ne rejette rien de l’Eglise, ni ses croyances ni de son éthique ;
- Pourrais-tu envisager de fréquenter une autre église adventiste, peut-être, dans une
autre ville ?- c’est en projet, mais j’ai encore le sentiment que l’on a mal agit envers moi et
je me tiens à l’écart.
- Merci Iris, à bientôt.
Entretien n°2
- Prénom : Dan
- Sexe : masculin
- Age : 26 ans
- Situation familiale : concubinage, 1 enfant
- Situation professionnelle : employé de bureau
- Premier contact avec l’Eglise : à 4 ans, par les parents qui sont devenus
membre de l’Eglise adventiste
- Temps de fréquentation de l’Eglise avant le baptême : 6ans
- Temps de fréquentation de l’Eglise après le baptême : 15 ans
- Baptême : à 10 ans
- Religion des parents au moment du baptême : adventiste
- Méthode d’étude de la Bible : dans une classe de Bible à l’église
- Relation avec l’Eglise : radié en 2009
- Fonction à l’Eglise : diacre, technicien, animateur
- Bonjour Dan,
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J’aimerais vous rappeler l’objectif de cette enquête par entretien, et surtout vous
remercier pour votre aimable collaboration dans le cadre de cette recherche, en nous
expliquant les raisons pour lesquelles vous n’êtes plus membres de l’Eglise adventiste.
- Bonjour, merci de vous intéresser à nous, j’ai 26 ans et je fréquente l’Eglise adventiste
avec mes parents depuis l’âge de 4 ans. Cela fait donc environ 22 ans, si je compte
l’année 2009, car c’est au cours de cette année-là, que j’ai été radié. Mais malgré ma
radiation je n’ai pas voulu m’éloigner de mon Eglise. Avant de parler directement des
raisons pour lesquelles j’ai été radié, j’aimerais partager quelque chose d’autre avec vous
car c’est une accumulation d’événements qui ont entrainé d’autres situations et qui m’ont
séparé de l’Eglise.
J’ai été depuis toujours très engagé dans la vie de mon Eglise. J’ai été consacré au
diaconat très jeune. J’ai aussi été animateur des classes de l’Ecole du sabbat, pour les
adultes et pour les adolescents. J’ai été responsable de la sonorisation d’un groupe
d’évangélisation de l’Eglise, et c’est là que commence le problème. Dans ce groupe nous
avions convenus d’acheter un matériel de sonorisation pour accompagner nos différents
programmes d’évangélisation. Il était convenu que chacun des membres de ce groupe
cotise pour l’achat de ce matériel. Nous avons donc fait à crédit l’acquisition de ce dont
nous avions besoin. C’est moi qui ai donné des chèques au commerçant et chacun devait
me rembourser.
Mais, très vite ils m’ont laissé la charge du remboursement intégral de la dette au risque
d’un interdit bancaire que j’ai pu éviter de justesse. Puis le véhicule de mon frère que
nous utilisions aussi pour nos activités religieuses est tombé en panne. J’ai donc
emprunté celui de l’Eglise dont nous disposions pour nos activités d’évangélisation et de
bienfaisance pour acheter des pièces pour réparer la voiture de mon frère. L’ancien
d’Eglise m’a vu et il a confisqué le véhicule pour l’utiliser à des fins personnelles. Puis il a
acheté avec les deniers de l’Eglise une sonorisation toute neuve qui a fini par s’abimer.
Pourtant je n’ai pas refusé de porter mon matériel de sonorisation quand l’Eglise en a eu
besoin.
Le comportement de ces adultes m’a profondément déçu. Ils étaient en réalité si différents
de ce qu’ils prêchaient. Il faut faire attention aux jeunes dans l’Eglise en étant plus
cohérents. J’ai essayé de ne pas me décourager puis à un certain moment, trop déçu j’ai
erré. Ma compagne est la première jeune femme que j’ai côtoyée intimement. Lorsqu’elle
est tombée enceinte, elle a envoyé un courrier au comité d’Eglise pour l’informer de notre
situation. Nous avons été radiés.
- si j’ai bien compris, en envoyant ce courrier vous avez souhaité informé vous-même
l’Eglise de la situation afin qu’elle prenne une décision par rapport à votre situation ?
- non je n’étais pas vraiment d’accord pour ce courrier, mais, ma compagne a tenu à le
faire. Nous espérions plus de compréhension.
94
- Votre point de vue concernant les croyances fondamentales et l’éthique adventiste a-t-
il changé depuis ?
Certainement pas ! Mais nous avons grandis à l’Eglise. Notre vie sociale s’est construite
avec les gens de l’Eglise. Nous ne sommes pas des étrangers. Je n’ai jamais été un
mauvais garçon. Ce ne sont pas des étrangers. Ils nous ont jugés comme dans un
tribunal mais nous n’étions pas présents. Cela s’est passé dans un contexte particulier. Le
pasteur a radié près de vingt personnes. On eut dit qu’il fallait karchériser l’Eglise. Cela
m’a fait mal.
Le pasteur est venu chez moi avec l’Ancien. Il a parlé de la pluie et du beau temps et
juste avant de partir il a abordé le sujet en me disant que j’avais mal agis, et que par
conséquent j’avais été radié. Et c’est tout. Je comprends l’utilité des censures et des
radiations, mais c’est la manière de procéder qui m’a blessé.
- Seuls mes parents m’ont encouragé à ne pas perdre la foi. Quelqu’un m’a dit, une fois :
« C’est très bien de continuer à venir à l’Eglise. » J’ai continué à me rendre à l’Eglise mais
personne ne m’encourageait, alors je me sentais si seul et je me suis éloigné à mon tour.
J’avais espéré bénéficier d’un accompagnement, et surtout que l’on prie aussi avec moi.
Cela m’aurait fait beaucoup de bien. Avant ma radiation je participais aux activités du
groupe de bienfaisance de l’Eglise(les bons samaritains) et lorsque nous allions réaliser
des travaux chez les personnes âgées, ou prier avec elles, je pouvais voir dans leurs
yeux, la joie et le réconfort que cela leur apportait. La prière ne peut faire que du bien,
même au plus rebelle et l’Esprit de Dieu peut agir en lui. J’ai été aussi privé de cela. Il y a
dans mon cœur une petite rancune mais j’essaye d’évacuer cela, car je veux garder la foi.
Ma compagne est plus impulsive, elle réagit aux remarques désagréables des gens et ne
comprends pas pourquoi je reste si calme. Je lui répète souvent de ne pas leur en vouloir
les membres qui nous blessent pensent parfois, bien faire, pour nous aider. Mais comme
ils se trompent !
- Merci Dan pour ton témoignage.
Entretien n°3
- Prénom : Rose
- Sexe : Féminin
- Age : 52 ans
- Situation de famille : Divorcée, une fille
- Situation professionnelle : Mère au foyer
- Premier contact avec l’Eglise : une amie
- Baptême : un mois après le premier contact, dans le cadre d’une Campagne
d’évangélisation, à 42 ans
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- Religion des parents : catholique
- Temps de fréquentation de l’Eglise : 10 ans.
- Relation avec l’Eglise : radiée en 2000
- Fonction à l’Eglise : néant
Question 1
- Votre point de vue concernant l’éthique et les croyances de l’Eglise adventiste a-t-il
changé depuis que vous avez été radié ?
- Je continue à croire que le message adventiste est vrai et son éthique également.
Question 2
- Quelle est la raison de votre rupture avec l’Eglise adventiste
- Mon ex-mari, membre d’Eglise comme moi avait tenté, à maintes reprises d’avoir une
relation sexuelle avec ma fille ainée, issue d’une précédente union. Je n’ai pas réussi à en
parler pour réclamer de l’aide. C’est ma fille qui la fait elle-même, bien plus tard.
Mon mari continuait à se rendre à l’Eglise comme s’il n’avait rien à se reprocher. Cette
situation m’a rendu malade. J’ai fait plusieurs dépressions nerveuses graves.
Personne à l’Eglise ne s’est soucié de ma situation. Je recherchais de l’aide, je suis
retournée chez les catholiques d’où je venais. J’ai été radiée de l’Eglise adventiste. J’ai
beaucoup souffert moralement. Et je n’ai trouvé aucun adventiste pour m’encourager
Entretien n°4
- Prénom : Violette
- Age : 42 ans
- Situation familiale : mariée, 5 enfants
- Situation professionnelle : élève infirmière
- Premier contact avec l’Eglise : à l’âge de 39 ans, par des amis
- Baptême : à 39 ans plusieurs mois d’étude de la Bible avec des amis.
- Temps de fréquentation de l’Eglise : 2 ans
- Relation avec l’Eglise : radiée en 2007
- Religion des parents : adventiste
- Fonction à l’Eglise : animatrice Ecole du sabbat
Question 1
- Votre point de vue concernant l’éthique et les croyances de l’Eglise adventiste a-t-il
changé depuis que vous avez été radié ?
- Non je crois que c’est la vérité.
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Question 2
- Quelle est la raison de votre rupture avec l’Eglise adventiste
- J’avais toujours l’impression d’être adventiste mais j’avais été censuré, une première
fois, puis radiée, parce que j’avais des enfants sans être marié. Apres, le regard des
frères et sœurs était difficile à supporter. J’étais quelqu’un de très engagé dans l’Eglise.
Je sentais qu’ils m’accusaient. Je n’allais pas l’Eglise. Je me sentais sale. Ce regard était
douloureux et me renvoyait à une expérience douloureuse.
J’avais une amie, une sœur de l’Eglise qui essayait de me remonter le moral, mais en
réalité sans le savoir elle me décourageait car elle me répétait tous les ragots que l’on
disait sur moi à l’Eglise. Je l’écoutais silencieuse.
Si des membres d’Eglise m’avaient visité à ce moment, cela m’aurait fait beaucoup de
bien. Et je ne me serais pas éloigné de la communauté.
Entretien n°5
- Prénom : Marguerite
- Sexe : féminin
- Age : 49 ans
- Situation familiale : mariée, 2 enfants.
- Situation professionnelle : aide-soignante
- Premier contact avec l’Eglise : un voisin adventiste
- Méthode d’étude : Quelqu’un est venu nous proposer des études bibliques à
domicile
- Religion des parents : adventiste
- Baptême : à l’âge de 16 ans après 3 ans d’études bibliques
- Temps de fréquentation de l’Eglise avant le baptême : 3 ans
- Temps de fréquentation de l’Eglise après le baptême : 5 ans
- Fonction à l’Eglise : néant
- Relation avec l’Eglise : radiée en1985
Question 1
- Votre point de vue concernant l’éthique et les croyances de l’Eglise adventiste a-t-il
changé depuis que vous avez été radié ?
- J’ai suivi mon père. Je n’avais pas le choix. Ma mère nous a suivis des années plus
tard. Mais je n’étais pas heureuse à l’Eglise. Je me rappelle surtout de tout ce que je
faisais sous la contrainte surtout celle de mon père. Je pensais que si je ne le faisais pas
que c’était mal. Il fallait participer à la collecte annuelle, à la tournée missionnaire
97
hebdomadaire du samedi après-midi, des choses que je n’aimais pas. A l’âge de 21ans je
suis partie en métropole.
Mon point de vue n’a pas changé sur les croyances. Mais en ce qui concerne l’éthique je
trouve que c’est trop rigide. Je voulais vivre autre chose il y avait trop de contraintes à
l’Eglise. Je ne crois pas qu’on aurait pu faire quelques choses pour me rendre heureuse.
Question 2
- Quelle est la raison de votre rupture avec l’Eglise adventiste ?
- Dès que quelqu’un partait en métropole on considérait qu’il partait vers la perdition.
C’est au cours d’une soirée en famille à Paris que j’ai appris que j’avais été radiée avant
mon retour aux Antilles. Personne ne m’a prévenu. J’avais des membres de ma famille à
l’Eglise qui auraient pu transmettre mes coordonnées au responsable. Aucun contact.
Cela ne m’a fait ni chaud ni froid. J’ai eu le sentiment d’être délivrée. J’ai pris conscience
que Dieu existait et j’ai appris à mes enfants à prier.
Entretien n°6
- Prénom : Hortensia
- Sexe : féminin
- Age : 70 ans
- Situation de famille : séparée, 4 enfants adultes
- Situation professionnelle : Commerçante retraitée
- Baptême : à l’âge de 30 ans après avoir étudié la bible avec des parents et
des amis pendant un an.
- Temps de fréquentation de l’Eglise avant départ : 30 ans
- Fonction à l’Eglise : diaconesse, directrice Ecole du sabbat
Question 1
- Votre point de vue concernant l’éthique et les croyances de l’Eglise adventiste a-t-il
changé depuis que vous ne fréquentez plus l’Eglise ?
- Non, je suis toujours en accord avec l’enseignement de l’Eglise
Question 2
- Quelle est la raison de votre rupture avec l’Eglise adventiste
- En réalité je ne suis ni radiée, ni censurée. J’ai commencé à ne plus fréquenter l’Eglise
pour des raisons de santé. J’étais fatigué, après des années de tension au sein de mon
couple.
Mon mari a été ancien d’Eglise pendant longtemps. Je l’ai quitté et je me suis installée
ailleurs. Nous n’avons pas divorcé. Petit à petit ma santé s’est rétablie. Puis je me suis
98
rendu compte que le fait de rencontrer mon époux et ses amis à l’église, qui me
critiquaient, me blessait profondément. J’ai décidé de rester chez moi. En dehors de
quelques fidèles amis personne ne s’est préoccupée de moi.
Pourquoi aller à l’église, lorsque ceux qui s’y trouvent sont méchants et ne changent pas.
Cette hypocrisie ne me convient plus. D’ailleurs j’ai été plusieurs fois directrice de l’Ecole
du sabbat ou diaconesse ou décoratrice ; on savait faire appel à mes services lorsqu’il y
avait des choses à faire pour l’Eglise.
Je me sens mieux maintenant dans ma relation avec Dieu. J’étudie ma bible avec intérêt
Je loue mon Dieu tous jours et il me fortifie. Cela n’a pas été facile, la solitude, les
critiques, mais je ne veux plus retourner à l’Eglise.
Entretien n°7
- Prénom Eglantine
- Sexe : féminin
- Age : 45 ans
- Situation de famille : divorcée 4 enfants
- Situation professionnelle : agricultrice
- Premier contact : à l’âge de 8 ans les parents deviennent adventistes
- Baptême : à 15ans
- Temps de fréquentation de l’Eglise après le baptême : 3 ans
- Relation avec l’Eglise : radiée
Question 1
- Votre point de vue concernant l’éthique et les croyances de l’Eglise adventiste a-t-il
changé depuis que vous ne fréquentez plus l’Eglise ?
- Je n’ai pas tout étudié en détail mais dans l’ensemble, je suis d’accord, même si je
trouve qu’ils sont parfois trop stricts sur certains points, alors qu’ils baptisent et marient
les gens trop vite. Certaines personnes sont baptisées après un mois. Elles ne restent
même pas une année. J’ai gardé la pratique de la prière que j’ai enseignée aussi à mes
enfants.
Question 2
- Quelle est la raison de votre rupture avec l’Eglise adventiste ?
- Je n’ai jamais voulu être adventiste. Je n’ai jamais voulu que mes parents m’emmènent
à l’Eglise. Je suis allée parce que j’étais une enfant. Puis je me suis baptisé jeune, mais
trois ans après, j’ai quitté l’Eglise. Je suis beaucoup plus heureuse maintenant.
La manière dont vivent les adventistes que je connais me déçoit. Je travaille sur une
plantation avec des adventistes qui parlent et agissent d’une manière qui ne correspond
99
pas à leur religion. Certains boivent de l’alcool. Il m’arrive encore de temps en temps à
l’occasion de la journée des visiteurs d’accompagner mes parents qui sont toujours
adventistes. Je garde de bonne relation avec les adventistes mais je ne veux plus être
membre de leur Eglise.
Entretien n°8
- Nom : Clémentine
- Age : 42 ans
- Situation familiale : mariée, 2 enfants
- Situation professionnelle : commerçante
- Temps de fréquentation de l’Eglise : 19 ans
- Baptisée : 2 fois : premier baptême à 13 ans puis radiation à 20 ans et
second baptême à 30 ans
- Second baptême après une campagne d’évangélisation d’un mois.
- Arrivé à l’Eglise à 10 ans
- Premier contact avec l’Eglise : des amis de mon père sont venus étudier la
bible à domicile, Cours de bible par correspondance, classe baptismale.
- Fonction à l’Eglise : néant
Question 1
- Votre point de vue concernant l’éthique et les croyances de l’Eglise adventiste a-t-il
changé depuis que vous ne fréquentez plus l’Eglise ?
- Je n’ai pas lu de livres expliquant les croyances fondamentales et l’éthique, mais J’ai
étudié comme tous les enfants à l’église, dans les classes baptismales. J’ai aussi suivi
des cours de Bible par correspondance. Et en plus, un ami de mon père venait faire des
études bibliques à domicile avec toute la famille.
Je trouve que les croyances et l’éthique ne sont pas suffisamment expliquées. Et je
préfère la technique utilisé dans mon groupe ou la bible s’explique par elle-même en
faisant le parallèle avec l’histoire et notre vie personnelle. J’ai mieux compris en étudiant
l’apocalypse ce que Dieu attend de moi et la distinction entre « ayez et n’ayez pas ». Par
exemple pour le port des bijoux, les adventistes disent : « on ne porte pas de bijoux un
point c’est tout », mais il n’explique pas aux gens, pourquoi. Je n’en porte pas car j’ai
compris que ces richesses-là, ne sont pas celles que Dieu désirent que je possède.
Quand je vois le soleil que Dieu a créé ces choses-là n’ont plus d’intérêt.
Question 2
- Quelle est la raison de votre rupture avec l’Eglise adventiste
100
- J’ai été malade pendant une année, personne n’est venu me visiter. Pourtant depuis
que j’avais été rebaptisée je me rendais régulièrement à l’église. On pouvait se rendre
compte de mon absence. Je me suis refroidie. Puis j’ai intégré un groupe d’évangélisation
non loin de chez moi un peu comme une Ecole du sabbat annexe, et là j’ai pris gout à
l’étude de la Bible. Avant j’étais plus dans une dimension de consommation que d’étude.
Je me trouvais dans un espace de rituels et de doctrines. Si j’étais resté dans l’église,
j’aurais perdu la foi. La technique d’enseignement de la bible que l’on utilise ne pousse
pas à comprendre ce que Dieu attend de moi. La technique utilisée dans le groupe
permet d’avoir une vraie relation avec Dieu.
Entretien n°9
- Prénom : Charles
- Age : 49
- Sexe : masculin
- Situation professionnelle : technicien spécialisé
- Situation familiale : marié, 2 enfants
- Temps de fréquentation de l’Eglise : 4 ans
- Fonction à l’Eglise : néant
- Premier contact avec l’Eglise : des amis adventistes puis une Campagne
d’évangélisation. Je m’intéressais à la Bible et à la Santé. Je payais ma dime
sans être adventiste et j’appliquais les principes de Santé d’Ellen White. Ma
future épouse était adventiste.
- Baptême à 45 ans.
Question 1
- Votre point de vue concernant l’éthique et les croyances de l’Eglise adventiste a-t-il
changé depuis que vous ne fréquentez plus cette l’Eglise
- C’est-à-dire non, mais il y a beaucoup de choses que l’on peut accepter, croire, et l’on
reste toujours au ras du sol et on présente un faux Dieu.
Dans les principes, L’Eglise ne marche pas selon la Bible
Il y a trop de programmes. Ce sont toujours les mêmes choses, les mêmes sermons. Les
dirigeants ne se mouillent pas. Ils ne visitent pas assez les gens. Ils ne méritent pas de
toucher la dime car ils ne font pas leur travail. Il y a quelques exceptions. Oui pour
l’éthique mon opinion a changé. La religion apporte un tas de barrières Souvent les
jeunes ne s’y retrouvent pas. Il y a trop d’interdits, et la jeunesse dérive. Elle ne reviendra
pas.
Question 2
101
- Quelle est la raison de votre rupture avec l’Eglise adventiste ?
- Je suis dans un groupe d’études de la Bible qui dépendait de l’Eglise,
Et je me sens mieux dans ce petit groupe. On est toujours ensemble.
Jusqu’à maintenant, le fait d’être séparé du grand groupe n’a pas mis un terme à ma
relation avec Dieu. Je me sens plus proche de Dieu, car on est responsabilisé.
Entretien n°10
- Prénom : Boris
- Age : 19 ans
- Sexe : masculin
- Situation familiale : célibataire
- Situation professionnelle : étudiant en médecine
- Premier contact avec l’Eglise : mère et grand parents adventistes ;
- Parents font partis d’un groupe dissident ; fréquente un groupe dissident
- Baptisé : à 15 ans.
- Temps de fréquentation de l’Eglise : de la naissance à 16 ans.
- Temps de fréquentation à partir du baptême : 1 an
- Méthode d’études : Campagne d’évangélisation, activités à l’église, cours de
Bible au Collège et au lycée adventiste pendant 7 ans.
- Fonction à l’Eglise : néant
Question 1
- Votre point de vue concernant l’éthique et les croyances de l’Eglise adventiste a-t-il
changé depuis que vous ne fréquentez plus l’Eglise ?
- Oui, il a changé sur la résurrection. Je ne suis pas d’accord avec ce que l’Eglise
adventiste enseigne là-dessus. J’ai étudié donc ce thème dans l’Apocalypse et ce qui est
dit concernant les portes de la Nouvelle Jérusalem est symbolique. Il n’y aura pas de ville
comme le décrivent les adventistes. Non je n’ai pas étudié en détail tout ce qu’enseignent
les adventistes.
Question 2
- Quelle est la raison de votre rupture avec l’Eglise adventiste
- Je n’ai pas été radié mais je ne vais plus à l’Eglise. Je trouve que l’attitude des
adventistes est hypocrite.
En fait je sais que je ne suis pas en accord avec ce qu’enseigne l’Eglise donc je n’y vais
pas
Les adventistes sont très attachés à l’église, le bâtiment mais l’Eglise, peut-être dans les
maisons, n’importe où, même en plein air.
102
J’ai toujours mes amis adventistes. Je vais dans un groupe qui dépendait autrefois de
l’Eglise.
Entretien n°11
- Prénom : Willy
- Sexe : masculin
- Age : 40
- Situation familiale : Célibataire, 5 enfants
- Situation professionnelle : paysagiste.
- Temps de fréquentation de l’Eglise avant le baptême : 15 ans
- Temps de fréquentation de l’Eglise après le baptême : 10 ans
- Méthode d’études : étude détaillé à l’Eglise classe baptismale école du
sabbat
- Relation avec l’Eglise : radié en 1995
- Fonction à l’Eglise : néant
Question 1
- Votre point de vue concernant l’éthique et les croyances de l’Eglise adventiste a-t-il
changé depuis que vous ne fréquenté plus cette l’Eglise ?
- Oui je suis toujours d’accord avec l’enseignement de l’Eglise. D’ailleurs même sans
être adventiste je continue à lire ma Bible et à prier.
Au niveau de l’éthique il faut penser aux jeunes. Ils sont dans l’Eglise mais ils sont attirés
par l’extérieur, par les amusements, la nourriture et les filles. On rêve tous de fonder une
famille heureuse. Il faut organiser des activités qui permettent aux jeunes de plusieurs
églises adventistes de se rencontrer de tisser des liens. Le samedi soir, quand tous les
copains vont manger, danser entre amis, ou vont au cinéma, les jeunes adventistes,
après les activités à l’église s’ennuient. Il faut organiser un grand cinéma adventiste pour
permettre aux jeunes de d’être heureux mais surtout de s’amuser avec des adventistes
qui ont les mêmes croyances qu’eux.
Question 2
- Quelle est la raison de votre rupture avec l’Eglise adventiste ?
- Je n’ai rien contre les adventistes à part ce dont je viens de parler. J’étais heureux à
l’Eglise mais je suis un rebelle. J’ai fait de la prison.
J’ai consommé du crack. J’en suis libéré grâce à Dieu. Il faut, pour aider les jeunes qui
ont ce problème, des personnes discrètes qui ne répètent pas tout au comité.
C’est peut-être l’appât du gain qui m’a attiré. J’ai toujours aimé Jésus. Je continue à prier.
Il ne faut jamais se dire pourquoi moi, quand le malheur arrive. Dieu est bon.
103
Entretien n°12
- Prénom : René
- Sexe : masculin
- Age : 40 ans
- Situation de famille : marié, 2 enfants
- Situation professionnelle : artisan
- Temps de fréquentation de l’Eglise adventiste avant le baptême : de la
naissance à 13 ans
- Temps de fréquentation de l’Eglise adventiste après le baptême : 27 ans
- Baptême : à 13 ans
- Relation avec l’Eglise : séparé non radié
- Fonction à l’Eglise : néant
Question 1
- Votre point de vue concernant l’éthique et les croyances de l’Eglise adventiste a-t-il
changé depuis que vous ne fréquentez plus cette l’Eglise ?
- Je partage toujours les croyances de l’Eglise sauf celles qui concernent son retour et le
peuple de Dieu. La façon dont, je pense que cela se fera est différente. Jésus ne va pas
paraitre subitement car il est un Dieu d’ordre. Il faut d’abord qu’il rassemble ses enfants.
Ce n’est pas un peuple comme les évangéliques, les adventistes, les témoins de
Jéhovah, C’est un peuple universel. Je vis ma vie avec christ. J’ai pris du recul par rapport
à l’Eglise. Il y des choses que je ne comprends pas dans l’attitude de l’Eglise adventiste.
Elle change.
Question 2
- Quelle est la raison de votre rupture avec l’Eglise adventiste ?
- Je ne suis pas radié, mais j’ai quitté l’Eglise. Tant qu’on est à l’Eglise on est comme
dans cocon. On ne progresse pas. Je me suis posé des questions :
Qu’est-ce j’ai fait à l’Eglise ? Qu’est-ce que je n’ai pas fait ? L’Eglise apprend aux gens à
paraitre et non à être. On peut être en fonction dans l’Eglise, inviter les autres à
s’épanouir et ne pas l’être soi-même.
L’Eglise ressemble de plus en plus au monde. Même la Conférence générale fait des
choses qui ne sont pas bien. Elle verse des fonds à un mouvement œcuménique. En
France c’est pire avec leur alliance protestante, ils font changer l’Eglise. Ils. Je ne
reconnais plus l’Eglise adventiste à laquelle j’ai adhéré. Je prends du recul.
Entretien n°13
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- Prénom : Sara
- Sexe : féminin
- Age : 47
- Situation familiale : divorcée 2 enfants
- Situation professionnelle : psychologue
- Temps de fréquentation de l’Eglise adventiste Avant le baptême : 1 an
- Temps de fréquentation de l’Eglise après le baptême : 10 ans
- Religion des parents au moment du baptême : adventiste depuis 1 an
- Relation avec l’Eglise : radiée en1988
- Baptême : à 15 ans
- Méthode d’étude de la Bible : à domicile, cours de Bible par correspondance.
- Fonction à l’Eglise : animatrice Ecole du sabbat, directrice programmes pour
les jeunes
Question 1
- Votre point de vue concernant l’éthique et les croyances de l’Eglise adventiste a-t-il
changé depuis que vous ne fréquentez plus l’Eglise ?
- Je crois que depuis, je les ai oublié, mais lorsque je rentre dans une Eglise adventiste
cela m’arrive parfois, je me sens chez moi. Ma relation avec Dieu est plus authentique.
Question 2
- Quelle est la cause de votre rupture avec l’Eglise ?
- Je n’ai pas souhaitée cette rupture ? C’est l’Eglise qui m’a chassée. Je ne m’y
attendais pas, d’autant plus que le motif invoqué pour ma radiation était, que je venais
d’épouser en France, un chrétien catholique. Chose surprenante, mon mariage religieux
avait été célébré par un prêtre catholique et un pasteur et théologien adventiste du
septième jour. Je ne vivais plus à la Martinique et c’est mon père, Ancien d’Eglise, tout
aussi déçu que moi, qui m’a annoncé la nouvelle par téléphone. Je ne voyais pas et je ne
vois toujours pas quel mal j’ai fait, en me mariant. A vrai dire, je ne connaissais pas très
bien les règlements de l’Eglise. D’ailleurs, je ne les connais toujours pas mieux.
Lorsque j’ai adhéré à cette Eglise avec mes parents qui étaient des catholiques
pratiquants, je me suis sentie à mon aise dans cette communauté. Les activités
proposées aux jeunes me plaisaient et je m’épanouissais dans cette Eglise. Je pense que
cette radiation a été l’occasion pour certaines personnes du comité, jalouse de ma famille
de nous faire du tort. J’étais une jeune femme très en vue avec un avenir prometteur au
sein de l’Eglise. Je souhaitais me former pour devenir Journaliste, une activité pour
laquelle j’étais douée et qui me fascine encore.
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Pour des raisons familiales et professionnelles j’ai vécu assez longtemps à l’étranger ; J’ai
eu l’occasion de me rendre une ou deux fois à l’Eglise adventiste mais dans certains pays
je n’ai pas pu le faire.
De toute façon je ne regrette pas de ne plus être membre de l’Eglise car je crois que j’ai
beaucoup muri et que ma perception de Dieu est très différente de celle que j’avais, plus
jeune. J’ai le sentiment d’avoir été évincé. Cet entretien d’ailleurs me donne l’occasion de
faire le point sur la question.
Entretien n°14
- Prénom : André
- Age : 21 ans
- Sexe : masculin
- Situation familiale : concubinage
- Situation professionnelle : cuisinier
- Temps de fréquentation de l’Eglise avant le baptême : 12 ans.
- Temps de fréquentation de l’église : de la naissance à l’âge de 19 ans.
- Baptême : à 12 ans, après une Campagne d’évangélisation de 1 mois.
- Relation avec l’église : séparé
- Religion parents : mère adventiste, père radié et rebaptisé.
- Fonction à l’Eglise
Question 1
- Votre point de vue concernant les croyances fondamentales et l’éthique de l’Eglise
adventiste du septième jour a-t-il changé depuis que vous ne la fréquentez plus ?
- Non pas spécialement. Je les trouve très bien mais en Martinique les gens ne les
vivent pas en général. Leur priorité c’est de critiquer.
Question 2
- Quelle a été la raison de votre rupture avec l’Eglise ?
- Je ne fréquente plus l’Eglise adventiste à cause de l’hypocrisie des gens. Ils ont des
problèmes dans leur foyer mais font comme si tout allait bien pour eux. Ils sont hypocrites
les uns avec les autres.
A titre personnel, sans lien avec mon Eglise j’aimerais essayer de développer une relation
intime sincère avec Dieu, basé sur ce qu’il a fait pour moi et sur le respect de ses
enseignements
Entretien n° 15
106
- Prénom : Marine
- Sexe : féminin
- Age : 50 ans
- Situation familiale : divorcée et remariée, 2 enfants.
- Situation professionnelle : professeur au lycée
- Temps de fréquentation de l’Eglise avant le baptême : de la naissance à l’âge
de 9 ans
- Temps de fréquentation de l’Eglise après le baptême : 17 ans
- Baptême : à 9 ans après une campagne d’évangélisation
- Relation avec l’Eglise : radiée
- Méthode d’étude de la Bible : classe baptismale à l’église, lecture des
croyances fondamentales.
- Religion des parents : adventiste.
- Religion actuelle : catholique baptisée et très pratiquante.
- Fonction à l’Eglise : leader des jeunes
Question 1
- Votre point de vue concernant les croyances et l’éthique de l’Eglise adventiste a-t-il
changé depuis que vous ne la fréquentez plus ?
- Oui, mon point de vue a changé en particulier en ce qui concerne la compréhension du
retour de Jésus et de l’Etat des morts. Je suis catholique aujourd’hui. J’ai étudié la
théologie catholique, c’est une autre approche que je partage. En ce qui concerne
l’éthique adventiste j’ai toujours eu un problème avec la position de l’Eglise sur le port des
bijoux. Notre société a besoin de Dieu. Là, je crois que l’Eglise pourrait avoir un rôle à
jouer. Mais on enferme les gens dans un esclavage, des interdits et des obligations. On
devrait favoriser la croissance de la foi.
Question 2
- Quelle est la cause de votre rupture avec l’Eglise ?
- Il y a plusieurs choses, ma mère est devenue adventiste, j’avais tout juste un an et elle
n’était pas mariée à mon père. Ce dernier a eu des enfants avec une autre femme et il l’a
épousé. Elle est devenu adventiste tout comme ma mère. Cette situation m’a permis de
construire très tôt un regard critique vis-à-vis de l’Eglise. Ma mère avait déjà deux autres
enfants plus âgés que moi et elle souffrait dans ce milieu adventiste d’être une fille mère,
Tandis que mon père en dépit de son libertinage était adulé. Je sais qu’il a eu des
aventures même lorsqu’il était Ancien d’Eglise. Mais il était couvert. Je vais vous raconter
un événement qui m’a marqué et qui a été le point de départ de mon détachement de
l’Eglise. J’avais 15 ans et 3 copines à l’Eglise. L’une d’entre était la fille d’un Ancien. A 17
107
ans, elle attendait un bébé. Dans la même Eglise, un couple beaucoup plus âgé attendait
aussi un enfant. Tout comme ma copine il n’était pas marié. L’Eglise les a convoqués
ensemble pour annoncer la punition : la fille la plus âgée fut radiée et mon amie, pour ne
pas entacher la réputation de son père un huissier de justice influent, ne fut pas radié. On
précisa à cette réunion administrative que c’était pour protéger la réputation de l’Ancien
qui était très affecté par la situation. J’éprouvai alors un profond sentiment d’injustice (),
en pensant à la jeune femme qui avait été radié pour le même motif. Au moment des
remarques je fis noter l’incohérence de cette décision. Pourquoi une telle disparité ?
J’appartiens à la troisième génération d’adventiste, et à 15 ans je ne pouvais pas
admettre une telle injustice ? Il était plus facile pour les pasteurs, pour couper les gens de
leur culture catholique, de les culpabiliser en jouant le jeu de la carotte et du bâton. Les
membres étaient dociles et ne réagissaient pas. Tout le monde fonctionnait dans le
système. Le fait de vivre en communauté ne donnait pas le droit à l’Eglise de s’immiscer
dans la vie des gens.
En fait pour pouvoir dominer les autres il fallait appartenir à une caste, c’est-à-dire avoir
de l’argent être marié, ou avoir pris naissance dans une famille adventiste. Ce dernier
point, c’était le top des tops.
Ceux qui réunissaient ces qualités dirigeaient l’Eglise et transmettaient leur autorité ou
leur fonction à leurs enfants, et petits enfants. Il y a peut-être du bon pour ceux qui ont
besoin d’être dirigés, d’entrer dans un moule, un peu comme dans une famille. Cela ne
pouvait pas fonctionner en ce qui me concerne. Le système adventiste refusait d’admettre
qu’une personne autre qu’un pasteur pouvait avoir un esprit critique. Si par hasard à
l’école du sabbat, le pasteur s’asseyait dans une classe, il y avait un malaise car plusieurs
avaient peur de s’exprimer. Or cela est important. Celui qui ne pouvait pas exprimer sa foi
repartait, frustré.
Un autre fait important. J’ai été marié à un homme qui réunissait toute les caractéristiques
de la caste des dirigeants, sur la pression de l’Eglise qui valorisait le mariage. Je ne
l’aimais pas. Les choses étaient difficiles avec lui. Je suis partie en Guyane on m’a
faussement accusé d’avoir un homme et j’ai été radié. J’étais très connue, mon ex époux
aussi et mon divorce est devenu une affaire d’état. J’ai été radié sans en avoir été informé
par l’Eglise
Dans mon esprit j’avais déjà rompu avec l’Eglise. Mon divorce a été un tremplin qui m’a
permis de m’éloigner.
La rupture avec l’Eglise n’a pas rompu ma relation avec Dieu. Quand j’étais étudiante à
Toulouse, j’avais eu l’occasion tout en étant adventiste de participer à un groupe de
chants à l’Eglise catholique. J’ai renoué les liens avec cette Eglise. J’ai le droit d’avoir
cette différence.
108
Entretien n°16
- Prénom : Phil
- Sexe : masculin
- Age : 49 ans
- Situation familiale : divorcé, remarié, 2 enfants
- Situation professionnelle : technicien
- Relation avec l’Eglise : radié
- Religion des parents au moment du baptême : Adventiste
- Religion actuelle : aucune
- Temps de fréquentation de l’Eglise avant le baptême : de la naissance à l’âge
de 12 ans.
- Temps de fréquentation de l’Eglise après le baptême : 15 ans.
- Baptême : 12 ans
- Méthodes d’étude de la bible : classe de Bible à l’église
- Fonction à l’Eglise : technicien animateur radio programme religieux
Question 1
- Votre point de vue concernant les croyances et l’éthique de l’Eglise adventiste a-t-il
changé depuis que vous ne la fréquentez plus ?
- Non pas vraiment.
Question 2
- Quelle est la cause de votre rupture avec l’Eglise ?
- Cela s’est fait par ruptures successives. Mes parents ont déménagé à plusieurs
reprises. J’ai passé mon enfance dans le nord de la France. Là je m’épanouissais, mais
mes parents se sont établis ailleurs. Nous avons ensuite déménagé pour une autre
région. Je m’y plaisais mais à nouveau nous avons déménagé. Puis nous nous sommes
installés à la Martinique. J’avais une activité qui me plaisait. Je me suis marié, j’ai divorcé
Une autre rupture ! Pendant longtemps j’en ai voulu à mes parents. Mais ça va
maintenant. De temps en temps je vais chez les chrétiens évangéliques.
Je pense que ma rupture a été volontaire. Je n’avais plus d’attente mais il n’y a pas de
rupture avec Dieu.
Entretien n°17
- Prénom : Rodrigue
- Sexe : féminin
- Age : 49 ans
109
- Situation familiale : divorcée
- Situation professionnelle : infirmière
- Relation avec l’Eglise : Séparée non radiée
- Premier contact avec l’Eglise : à 17 ans par une tante et des amis adventistes
- Temps de fréquentation de l’église avant le baptême : 1 an
- Temps de fréquentation de l’Eglise après le baptême : 30 ans
- Méthode d’étude de la bible : cours de Bible par correspondance, études
bibliques avec des amis à domicile, classe baptismale.
- Religion des parents au moment du baptême : catholique.
- Baptême à l’âge de 18 ans le même jour que son père.
- Religion actuelle : Aucune
- Fonction à l’Eglise : leader des jeunes
Question 1
- Votre point de vue concernant l’éthique et les croyances de l’Eglise adventiste a-t-il
changé depuis que vous ne fréquentez plus cette Eglise ?
- Du point de vue des croyances fondamentales, dans le fond mon opinion n’a pas
changé. Mais je note qu’avec le temps à force de mettre les croyances en avant, la foi est
étouffée. On se retrouve dans des rails et il n’y a pas d’espace pour la liberté.
Il y a longtemps que mon âme est détachée de tout cela et l’Esprit de Dieu m’invite à être
plus souple. Toutes les religions qui mettent les croyances sur un piédestal font fausse
route. A partir du moment où on se détourne de Jésus, on rate la cible. C’est l’Esprit de
Jésus qui doit nous orienter. On aspire à un royaume lointain. Comme dans toute
organisation, il y a de la politique, dans l’Eglise. O veut gérer, organiser, produire.
Ce qui me gêne dans l’évolution actuelle de l’Eglise c’est que souvent il y a des gens qui
entrent dans le milieu adventiste mais ils ne peuvent pas s’épanouir. C’est un système
très hiérarchisé et politisé. Or, on doit se laisser habiter par Dieu et non pas vouloir faire à
sa place.
J’ai eu en effet l’occasion de lire des livres sur les croyances et l’éthique adventiste.
Je n’ai rien contre l’éthique adventiste. Mais quand on perd Jésus de vue c’est l’amour le
plus important qui disparait.
Ainsi lorsqu’il y a un problème il n’est pas géré avec amour. J’ai connu l’époque ou
lorsqu’un adventiste était radié toute la communauté pleurait avec lui. On se sentait
concerné. On aimait l’autre. Aujourd’hui, on gère des cas. On juge une situation. On
résout un problème.
L’Eglise est devenue orgueilleuse. Elle pense ne rien avoir à apprendre des autres. Elle
est prétentieuse lorsqu’elle se déclare l’Eglise du reste. On est raciste, on juge les autres
110
religions. Dieu qui vit en moi c’est le témoignage que je dois donner. Ce sont toutes ces
petites choses qui m’ont toujours gêné.
Dieu à des règles et il est intransigeant sur certaines. Mais ce qu’il souhaite c’est que
nous sachions qu’il nous aime. Est-ce cela, le message l’Eglise adventiste ?
Question 2
- Quelle est la raison de votre rupture avec l’Eglise adventiste
- Je me sentais comme dans un peloton. Parfois en tète parfois à la traine. Cela m’a
épuisé. On a le sentiment de cheminer avec Dieu sans être au même niveau que les
autres. Il est alors nécessaire de se séparer du groupe pour cheminer seule avec Dieu
par rapport à ce qu’il attend de moi. C’est le temps où Dieu nous forme comme il l’a fait
pour les grands hommes de la Bible. C’est le temps du contact direct avec Dieu.
L’Eglise choisit de soigner les apparences, sa vitrine sociale, mais on perd de vue la
priorité à savoir la relation avec Dieu.
Je n’ai plus envie d’être dans le faire mais dans l’être. Le plus important n’est pas ce que
Je fais mais ce que Dieu fait de moi et en moi.
J’ai besoin de faire cela de me désolidariser du groupe car le but de ma vie est que la
personnalité du Christ s’épanouisse en moi. Je ne pouvais plus me laisser nourrir par
l’humain, par la prédication des Hommes. J’ai besoin de me laisser nourrir par Dieu.
Entretien n°18
- Départ : 2005
- Prénom : Marie
- Sexe : féminin
- Age : 47 ans
- Situation familiale : divorcée
- Situation professionnelle : cadre supérieur dans le service public
- Relation avec l’Eglise : séparée, non radiée, leader d’un groupe dissident.
- Temps de fréquentation de l’Eglise avant le Baptême : 1 an
- Temps de fréquentation de l’Eglise après le baptême : 30 ans
- Fonction à l’Eglise : ancien
- Religion des parents au moment du baptême : mère adventiste depuis peu et
père catholique
- Baptême à 17 ans
- Méthode d’étude de la Bible : études bibliques régulières à domicile et à
l’église
- Religion actuelle : a crée sa propre communauté
111
Question 1
- Votre point de vue concernant l’éthique et les croyances de l’Eglise adventiste a-t-il
changé depuis que vous ne fréquentez plus cette Eglise ?
- Cela n’a plus aucun intérêt pour moi.je ne me préoccupe plus de cela.
Question 2
- Quelle est la raison de votre rupture avec l’Eglise adventiste ?
- C’est l’Eglise qui a jugé que mon activité était subversive. J’avais un groupe
d’évangélisation à la maison. Mais par lâcheté Ils(les membres du comité) ne sont pas
allés jusqu’au bout. Ils n’ont pas voté la radiation.
J’ai trouvé la position de l’Eglise aberrante. Je leur ai proposé de scinder l’Eglise en
plusieurs petits groupes pour favoriser sa croissance et travailler plus efficacement. Ils s’y
sont opposés. Dieu m’a dit qu’ils avaient tort.
Je suis allé jusqu’au bout. J’ai contacté la hiérarchie de l’Eglise. Elle n’a pas été
suffisamment réactive. Le conflit a commencé lorsque nous avons voulu poursuivre notre
activité toute la journée du sabbat. Au départ c’était le samedi après-midi comme une
Ecole du sabbat Annexe. L’Eglise s’est opposée.
La séparation a eu un aspect positif car le fait de sortir d’un système m’a permis
d’apprendre à cheminer seule.
Au départ il n’y avait aucune divergence théologique entre nous mais ils n’ont pas voulu
comprendre l’intérêt de ce groupe d’évangélisation. Par la suite j’ai évoluée. Je ne suis
plus restée au même stade.
Entretien n°19
- Prénom : Bettina
- Sexe : féminin
- Age : 40 ans
- Situation familiale : mariée : 2 enfants
- Situation professionnelle : Styliste
- Relation avec l’Eglise : séparée non radiée
- Temps de fréquentation de l’Eglise avant le baptême : 1 mois
- Temps de fréquentation de l’Eglise après le baptême : 16ans
- Baptême à l’âge de 20 ans
- Méthode d’évangélisation : Campagne d’évangélisation
- Religion des parents au moment du baptême : non adventiste
- Fonction à l’Eglise : directrice de « l’Ecole du sabbat »
Question 1
112
- Votre point de vue concernant l’éthique et les croyances de l’Eglise adventiste a-t-il
changé depuis que vous ne fréquenté plus cette Eglise ?
- Non je partage toujours ces mêmes croyances et la même éthique
Question 2
- Quelle est la raison de votre rupture avec l’Eglise adventiste ?
- J’étais très engagée dans mon Eglise. J’ai décidé d’étudier la théologie dans une
université adventiste. Mais pour des raisons économiques, je n’ai pu étudier qu’une seule
année. Lorsque j’ai réintégrée mon Eglise les gens n’étaient plus les mêmes avec moi. Ils
ne s’intéressaient pas à moi comme d’habitude. Nous étions amis. Cela m’a fait mal. Je
suis resté chez moi. Je n’allais plus au temple et personne) pendant tout ce temps ne m’a
visité. On parle d’amour mais on n’aime pas les autres.
Je continue à les aimer mais je ne veux plus de leur visite. J’ai trop souffert de leur
attitude.
Entretien n°20
- Prénom : Félicien
- Sexe : masculin
- Age : 44ans
- Situation familiale marié ; 2 enfants
- Situation professionnelle : artisan
- Temps de fréquentation de l’Eglise avant le baptême : 1 an
- Temps de fréquentation de l’Eglise après le baptême : 22ans
- Religion des parents : adventiste
- Baptême à l’âge de 14 ans avec tous les membres de ma famille
- Méthode d’étude : quelques études biblique à domicile
- Fonction à l’Eglise : diacre quelques mois
- Relation avec l’Eglise : séparée
Question 1
- Votre point de vue concernant l’éthique et les croyances de l’Eglise adventiste a-t-il
changé depuis que vous ne fréquentez plus l’Eglise ?
- Non pas du tout, mais je ne respecte que ce qui me convient
Question 2
- Quelle est la raison de votre rupture avec l’Eglise adventiste ?
- J’ai envie de m’amuser, mon gros problème est que j’aime la vie.
113
Mais je suis attentif aux prophéties lorsque le temps sera venu, je reviendrais. Pour
l’instant j’ai envie de profiter de la vie, de m’amuser. Et puis je suis grand. Je n’ai de
compte à rendre à personne. C’est une affaire entre Dieu et moi. J’attends que quelqu’un
vienne me faire des remarques pour le mettre à sa place. Je ne me considère pas comme
un adventiste mais comme un chrétien.
114
Bibliographie
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nest-pas-le-bo.html> (consulté le 10 février 2010).
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eglise-moiale--les-irigeats-e-leglise-precoiset--e-cotiuer-a--compter-vos-brebis-.html>
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dirigeants de l’église parle de "relations de guérison", 11 avril 2007, disponible sur
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recoquete-es-membres-les-irigeats-e-leglise-parlet-e-relatios-e-gueriso.html> (consulté le
15 février 2010)
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Church Statistics <http://www.adventiststatistics.org/view_Summary.asp?FieldInstID=
1330110> (consulté le 10 janvier 2010).
Une mission, disponible sur <http://www.adventiste.org/message.php?id=6>, (consulté le
12 mars 2010).
116
Table des matières
Introduction ....................................................................................................................... 2
I. Vision de l’évangélisation et croissance de l’Eglise adventiste martiniquaise ........... 5
A. L’adventisme à la Martinique à l’aube d’un siècle d’évangélisation ................. 5
1. De 1919 à l’organisation de la Mission des Antilles françaises ............... 5
a. Un climat d’intolérance religieuse .................................................. 5
b. La première communauté adventiste martiniquaise ...................... 6
2. De la Mission des Antilles françaises à la Mission de la Martinique (1929 à 1965) ........................................................................................ 7
a. Les premiers pasteurs martiniquais .............................................. 7
b. L’essor de l’après-guerre .............................................................. 9
3. De la Mission à la Fédération des Eglises adventistes de la Martinique .............................................................................................. 9
a. Les grands chantiers ................................................................... 10
b. Au cœur de la nouvelle Union des Antilles et de la Guyane françaises ................................................................................... 10
4. Les grands défis du XXIe siècle ........................................................... 11
a. Maintenir une Eglise florissante .................................................. 11
b. Evangéliser et garder le troupeau. .............................................. 11
B. Pluralisme des méthodes d’évangélisation et croissance numérique ............ 12
1. Evangélisation interpersonnelle et en petits groupes (1919 à 1980). .... 12
a. La stratégie des premiers missionnaires ..................................... 12
b. Les Ecoles du sabbat annexes ................................................... 13
c. L’incontournable Classe baptismale ............................................ 14
2. Les premières grandes campagnes d’évangélisation (1974 à 1992). ... 15
a. La Stratégie PERRIN .................................................................. 15
b. Contextualiser l’Évangile ............................................................. 16
3. L’Evangélisation de masse (1993 à 2009). ........................................... 17
a. Les Campagnes d’évangélisation ............................................... 17
b. Les camps meetings ................................................................... 18
c. L’évangélisation au travers des médias de masse ...................... 19
II. Les causes de la désaffection des membres de l’Eglise adventiste du septième jour ......................................................................................................................... 21
A. Etude statistiques .......................................................................................... 21
1. Une croissance irrégulière (1984 2009) ............................................... 21
a. Le triplement de la population de 1966 à1983 ............................. 22
b. Le ralentissement de la croissance numérique de 1984 à 2009 .. 23
117
c. Présentation graphique des entrées et des sorties de 1984 à 2009............................................................................................ 24
2. Une augmentation inhabituelle des pertes ........................................... 26
B. Des causes récurrentes universelles ............................................................. 28
1. Des causes psychologiques ................................................................. 28
a. Les crises spécifiques à la structuration de la personnalité spirituelle .................................................................................... 28
2. Les causes typiquement adventistes .................................................... 31
a. Une préoccupation mondiale ...................................................... 31
b. Conséquence de l’obsession de la croissance numérique .......... 32
c. Désintérêt pour la mission de l’Eglise .......................................... 32
C. Les causes spécifiques à la Martinique ......................................................... 32
1. Les transferts et les décès ................................................................... 32
a. Les transferts .............................................................................. 32
b. Les décès ................................................................................... 33
2. La vision des spécialistes martiniquais de l’évangélisation. .................. 33
a. Les directeurs des Ministères personnels ................................... 33
b. La vision du corps pastoral ......................................................... 35
c. Le point de vue des laïcs ............................................................ 36
3. De nouveaux paramètres ..................................................................... 37
a. La dissidence .............................................................................. 37
b. Contestation de la nécessité de fréquenter une Eglise ................ 37
III. Pourquoi ont-ils quitté leur Eglise. Enquête sociologique ....................................... 39
A. Présentation de l’Enquête par entretiens semi-directifs ................................. 39
1. L’Enquête ............................................................................................. 39
a. Particularité de l’enquête ............................................................. 39
b. Objectif de l’enquête ................................................................... 40
c. Paramètres de l’Enquête ............................................................. 41
2. Population ............................................................................................ 41
a. Territoires concernés par l’Enquête ............................................ 41
b. Caractéristiques de la population ciblée ...................................... 41
3. Plan de l’enquête ................................................................................. 41
a. La consigne ................................................................................ 41
b. Le guide de l’entretien ................................................................. 42
B. Présentation et interprétation des résultats de l’enquête par entretiens semi-directifs ................................................................................................. 44
1. Présentation des résultats .................................................................... 44
Femmes : ............................................................................................. 44
Hommes : ............................................................................................ 44
2. Résultat de l’enquête par entretien ....................................................... 44
118
a. L’âge et le sexe des personnes au moment de l’enquête ............ 45
b. L’âge des personnes enquêtées au moment de leur baptême .... 45
c. Religion des parents ................................................................... 45
d. Méthodes d’études ou d’évangélisation en relation avec le Baptême ..................................................................................... 46
e. Relation avec l’Eglise .................................................................. 46
f. Engagement dans leur communauté........................................... 46
g. Temps de fréquentation de l’Eglise avant et après le baptême ... 46
h. Situation familiale ........................................................................ 46
C. Interprétation des résultats ............................................................................ 47
1. Méthodologie ....................................................................................... 47
2. Le frottement des concepts .................................................................. 53
a. Des causes doublement identifiées ............................................. 54
b. Les données non signalées par l’Eglise. ..................................... 54
D. De nouvelles perspectives pour une évangélisation plus efficace ................. 55
1. La vie communautaire. ......................................................................... 56
2. La vision de l’évangélisation ................................................................. 56
3. L’information ........................................................................................ 58
4. La formation ......................................................................................... 58
5. Les visites. ........................................................................................... 59
6. La prédication ...................................................................................... 59
Conclusion ...................................................................................................................... 61
ANNEXE I : Témoignages des directeurs de l’évangélisation de 1984 à 2009 ................ 65
ANNEXE II : Résultats de l’enquête ................................................................................ 68
ANNEXE III : Compte-rendu des Réflexions, Prières et Résolutions autour de l’évangélisation....................................................................................................... 88
ANNEXE IV : Extraits des entretiens de l’enquête ........................................................... 91
Bibliographie ................................................................................................................. 114
Table des matières ........................................................................................................ 116