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PRÉPARER L’ÉDUCATION POUR DEMAIN P réparer le futur est une mission intrinsèque de l’éducation. Les planificateurs de l’enseignement et les enseignants d’aujourd’hui doivent préparer les systèmes éducatifs pour le monde de demain, tout en cultivant chez les élèves un appétit d’apprendre qui sera décisif pour leur vie future. L’objet de la planification de l’éducation est de contribuer à la réalisation de ces objectifs en concevant des systèmes éducatifs qui offrent des possibilités d’apprentissage inclusives de qualité aux générations présentes et futures. Pour cela, il faut commencer par procéder à une analyse minutieuse des ressources disponibles et se mettre d’accord sur la façon de les utiliser. Au sein de l’UNESCO, l’IIPE joue un rôle de premier plan en aidant les États membres à améliorer la planification et la gestion de leur système éducatif. Améliorer la planification et la gestion permet de renforcer les systèmes éducatifs Par Stefania Giannini, Sous-Directrice générale pour l’éducation, UNESCO ZOOM UN NOUVEAU PROJET POUR AIDER LE MEXIQUE ACTUALITÉS LES CINQ PRIORITÉS THÉMATIQUES DE L’IIPE ÉDITO PLANIFIER L’ÉDUCATION, PRÉPARER LE FUTUR BRISER LES BARRIÈRES MANUEL DE PLANIFICATION DE L’ÉDUCATION À L’USAGE DES ENSEIGNANTS VOL. XXXIV N°1 JUILLET 2018 TOUT SAVOIR SUR LA NOUVELLE STRATÉGIE DE L’IIPE - WWW.IIEP.UNESCO.ORG - ©SHUTTERSTOCK ••• ACTUALITÉS & ANALYSES SUR LA GESTION ET LA PLANIFICATION DE L’ÉDUCATION

PRÉPARER L’ÉDUCATION ÉDITO POUR DEMAINunesdoc.unesco.org/images/0026/002651/265179F.pdfdoivent préparer les systèmes éducatifs pour le monde de demain, tout en cultivant chez

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PRÉPARER L’ÉDUCATION POUR DEMAIN

Préparer le futur est une mission intrinsèque de l’éducation. Les planificateurs de l’enseignement et les enseignants d’aujourd’hui

doivent préparer les systèmes éducatifs pour le monde de demain, tout en cultivant chez les élèves un appétit d’apprendre qui sera décisif pour leur vie future. L’objet de la planification de l’éducation est de contribuer à la réalisation de ces objectifs en concevant des systèmes éducatifs qui offrent des possibilités

d’apprentissage inclusives de qualité aux générations présentes et futures. Pour cela, il faut commencer par procéder à une analyse minutieuse des ressources disponibles et se mettre d’accord sur la façon de les utiliser.

Au sein de l’UNESCO, l’IIPE joue un rôle de premier plan en aidant les États membres à améliorer la planification et la gestion de leur système éducatif.

Améliorer la planification et la gestion permet de renforcer les systèmes éducatifs

Par Stefania Giannini, Sous-Directrice générale pour l’éducation, UNESCO

ZOOM

UN NOUVEAU PROJET POUR AIDER LE MEXIQUE

ACTUALITÉS

LES CINQ PRIORITÉS THÉMATIQUES DE L’IIPE

ÉDITO PLANIFIER L’ÉDUCATION, PRÉPARER LE FUTUR

BRISER LES BARRIÈRES

MANUEL DE PLANIFICATION DE L’ÉDUCATION À L’USAGE DES ENSEIGNANTS

VOL. XXXIV N°1 JUILLET 2018 TOUT SAVOIR SUR LA NOUVELLE STRATÉGIE DE L’IIPE

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ACTUALITÉS & ANALYSES

SUR LA GESTION ET LA PLANIFICATION

DE L’ÉDUCATION

2 - LA LETTRE DE L'IIPE VOL. XXXIV N°1 / TOUT SAVOIR SUR LA NOUVELLE STRATÉGIE DE L’IIPE

La stratégie est l’une des responsabilités majeures du Conseil d’administration de l’Institut international de planification

de l’éducation de l’UNESCO (IIPE-UNESCO). En 2017, le Conseil que je préside s’est fortement investi dans la révision et l’approbation de la 10e Stratégie à moyen terme de l’IIPE et du cadre de résultats pour 2018-2021.

Cette nouvelle stratégie, la première depuis l’adoption en 2015 des Objectifs de développement durable, a pour but global d’aider les États membres à planifier un développement plus effectif et efficace du secteur de l’éducation en tirant parti des toutes dernières connaissances en matière de planification et de gestion de l’éducation. Elle explique en particulier comment l’IIPE va aider les États membres à mettre en œuvre l’Objectif 4 de développement durable de l’agenda Éducation 2030 grâce à des politiques et des plans nationaux crédibles. Cela suppose l’identification et l’analyse de données pertinentes, le renforcement de la coordination entre les différents partenaires, l’adaptation des outils de façon créative et l’actualisation des pratiques de suivi et d’évaluation.

Les ODD ont placé la barre haut en matière de développement en général et d’éducation en particulier : les gouvernements doivent garantir d’ici 2030 non seulement l’accès à l’école, mais aussi une éducation de qualité et des possibilités d’apprentissage tout au long de la vie pour tous. Cela a pour effet d’augmenter également les exigences pour l’IIPE. Une planification et une gestion efficaces des systèmes éducatifs deviennent ainsi plus urgentes que jamais.

La nouvelle stratégie prévoit en outre que l’IIPE s’attaque aux difficultés et disparités auxquelles les systèmes éducatifs sont depuis longtemps confrontés un peu partout dans le monde. Nous avons cinq priorités thématiques : réduire les disparités éducatives, améliorer les résultats d’apprentissage cognitif et non cognitif, renforcer la résilience des systèmes éducatifs, améliorer la gouvernance, la transparence et l’obligation de rendre des comptes, et enfin garantir un financement équitable et durable de l’éducation. Vous trouverez dans les pages suivantes des exemples permettant de comprendre les raisons pour lesquelles ces questions figurent au premier rang des préoccupations de l’IIPE et de l’agenda mondial, ainsi qu’une présentation succincte de la nouvelle stratégie.

Le nouveau cadre de résultats de l’Institut comporte un plus grand nombre d’indicateurs à suivre au cours des quatre prochaines années. Le Conseil tiendra la Direction de l’IIPE comptable de ces résultats.

Il y a des tâches cruciales à accomplir pour atteindre les ODD et nous prenons très au sérieux nos engagements collectifs.

Aux côtés de tous nos partenaires, nous nous engageons, au cours des prochaines années, à améliorer l’efficacité de la planification de l’éducation et à préparer un avenir meilleur pour tous.

DANS CE NUMÉRO

É D I T O« PLANIFIER L’ÉDUCATION,

PRÉPARER LE FUTUR »

Par Nicholas Burnett, président du Conseil d’administration de l’IIPE-UNESCO

Les idées et opinions exprimées dans ce volume sont celles des auteurs et ne représentent pas nécessairement celles de l’UNESCO ou de l’IIPE. Les appellations employées dans ce volume et la présentation des données qui y figurent n’impliquent de la part de l’UNESCO ou de l’IIPE aucune prise de position quant au statut juridique des pays, territoires, villes ou zones, ou de leurs autorités, ni quant

à leurs frontières ou limites.

PRÉPARER L’ÉDUCATION POUR DEMAIN ....1

ÉDITORIAL ..............................................2

L’IIPE LANCE SA NOUVELLE STRATÉGIE..... 4

LE POINT DU VUE DU PLANIFICATEUR ........5

ÉDUCATION INCLUSIVE : ÉTAT DES LIEUX ....6

QUE REPRÉSENTE L’ÉCOLE POUR LES ENFANTS MARGINALISÉS DES PAYS À FAIBLE REVENU ? ................................ 8

BRISER LES BARRIÈRES ..............................9

EN ÉTHIOPIE, L’ÉDUCATION NE CONNAÎT PAS DE FRONTIÈRES ..............................10

GOUVERNEMENT OUVERT ET ÉDUCATION ................................... 11

FINANCER L’ÉDUCATION EN AFRIQUE ...12

POINTS DE VUE .......................................13

ZOOM .................................................14ACCOMPAGNER LE MEXIQUE DANS SA TRANSITION POLITIQUE

PROGRAMMES DE FORMATION .............15FORMATION DE HAUT NIVEAU EN AMÉRIQUE LATINE

PUBLICATIONS DE L’IIPE ...........................16ENTRETIEN AVEC L’AUTEURE : CHLOÉ CHIMIER

IMPRIMÉ SUR PAPIER RECYCLÉ

LA LETTRE DE L’IIPE EST PUBLIÉE DEUX FOIS PAR AN

EN ANGLAIS, EN FRANÇAIS, EN ESPAGNOL ET EN RUSSE.

TOUS LES ARTICLES PEUVENT ÊTRE REPRODUITS,

SOUS RÉSERVE DE CITER LES AUTEURS ET L’IIPE-UNESCO.

CONTACTEZ-NOUS – NOUS ATTENDONS VOS COMMENTAIRES :

[email protected]

ISSN 1564-2356

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et d’obtenir ainsi de meilleurs résultats d’apprentissage. Une éducation de qualité et inclusive a un effet multiplicateur sur l’environnement, la justice sociale, l’éradication de la pauvreté, l’égalité des genres, etc.

D’où le rôle déterminant de la planification pour atteindre l’Objectif de développement durable n° 4 pour l’éducation et les 17 objectifs de l’ambitieux agenda mondial 2030.

L’UNESCO a toutefois attiré l’attention sur un paradoxe majeur auquel l’éducation est confrontée partout dans le monde : alors que les statistiques mondiales montrent que le nombre de bénéficiaires de l’éducation est plus élevé que jamais, on dénombre encore 263 millions de jeunes qui ne sont pas

scolarisés, 617 millions qui n’ont pas acquis un niveau minimum de maîtrise de l’écriture, de la lecture et du calcul, et au moins 750 millions d’adultes qui sont analphabètes. On observe en outre d’importantes disparités de qualité, d’équité et de résultats d’apprentissage dans et entre les pays mais également au sein d’un même pays.

La planification de l’éducation aide les pays à corriger ces inégalités. C’est particulièrement vrai pour les enfants et les jeunes migrants et réfugiés. Les risques de non-scolarisation sont cinq fois plus élevés pour eux, selon le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). En cherchant à réduire le fossé entre action humanitaire et développement, la planification de l’éducation permet de réunir

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l’ensemble des acteurs nécessaires pour garantir aux enfants migrants, réfugiés et déplacés, un accès permanent à une éducation de qualité. C’est vital non seulement pour leur bien-être individuel, mais aussi pour la société tout entière.

Une planification efficace de l’éducation ne saurait être d’un seul bloc. En plus d’aider les pays à définir des buts et à les atteindre, elle doit conférer davantage de flexibilité aux systèmes éducatifs afin qu’ils puissent facilement s’adapter et évoluer en fonction des métiers et des compétences qui seront requises dans le futur. Planifier des systèmes éducatifs pour y introduire de l’équité, le souci de la qualité, et les rendre résilients et réactifs, sera pour tous les apprenants un gage de réussite future.

Planifier l’éducation,

préparer

Jeune Malien sous la pluie.

••• SUITE

4 - LA LETTRE DE L'IIPE VOL. XXXIV N°1 / TOUT SAVOIR SUR LA NOUVELLE STRATÉGIE DE L’IIPE

L’IIPE LANCE SA NOUVELLE STRATÉGIE

Comment établir des priorités quand tout est une priorité ? C’est une question que nos experts techniques se sont posée

en réfléchissant récemment à l’élaboration du Plan sectoriel de l’éducation du Soudan du Sud.

Fixer des priorités est effectivement une gageure quand tant que besoins urgents et d’objectifs de développement à long terme appellent l’attention. Pour la planification de l’éducation au Soudan du Sud, cela a consisté à déterminer comment accueillir 1,8 million d’enfants non scolarisés dans des classes sûres et stables, leur permettre d’apprendre auprès d’enseignants qualifiés, lutter contre les disparités en répartissant équitablement les maigres ressources disponibles, promouvoir la paix, la résilience et la cohésion sociale au sein et au-delà du système éducatif.

La 10e Stratégie à moyen terme aidera l’IIPE à accomplir plus efficacement sa mission : accompagner les États membres dans la planification et la gestion de l’éducation.

Définir les priorités est une des principales tâches de la planification de l’éducation. L’année passée, l’IIPE a fait un énorme travail de définition de ses propres priorités en matière d’aide aux États membres de l’UNESCO. À la faveur d’une série de discussions – internes et externes –, il a dégagé cinq domaines prioritaires : les inégalités sociales, les résultats d’apprentissage, la gouvernance et la responsabilité, la résilience des systèmes éducatifs, et le financement de l’éducation. Le personnage Elyx, l’ambassadeur numérique des Nations Unies imaginé par l’artiste Yacine Ait Kaci, illustre chacun de ces domaines (voir ci-contre).

La 10e Stratégie à moyen terme de l’IIPE, qui guidera le travail de l’Institut jusqu’en 2021, tient compte de ces cinq domaines prioritaires dans son programme de formation, ses activités d’assistance technique,

Par Suzanne Grant Lewis, IIPE-UNESCO

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1Réduire les disparités au sein de l’éducation, en particulier les inégalités de genre

2 Améliorer les résultats cognitifs et non cognitifs de l’éducation

3 Renforcer la résilience des systèmes éducatifs par une planification adaptée aux situations de crise

4 Améliorer la gouvernance, la transparence et la responsabilité

5 Assurer un financement équitable et durable de l’éducation

Enfants kenyans jouant avec des bulles de savon.

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« La politique du Ghana pour une éducation inclusive transcende la notion de lieu physique pour intégrer des valeurs fondamentales prônant la participation, l’amitié et le dialogue. Elle reconnaît la diversité des besoins d’apprentissage des apprenants et exige de toutes les parties prenantes qu’elles prennent en compte dans le système éducatif ghanéen les divers besoins des différents groupes de citoyens. Six grands projets sont en cours : • La mobilisation multisectorielle pour la mise en œuvre d’une éducation inclusive : Les ministères de l’Éducation et de la Santé sont en train de se coordonner pour promouvoir un système de visites médicales annuelles et d’orientation comme mesure concrète en faveur d’un dépistage précoce et de services d’assistance. • La reconnaissance de la nécessité d’un corps enseignant compétent et motivé : Le ministère de l’Éducation/GES a lancé une réforme visant à rendre les programmes scolaires et le programme de formation initiale des enseignants à la fois pertinents et adaptés à la diversité des besoins d’apprentissage ; entre-temps, il a élaboré des modules de formation continue inclusive pour les enseignants, depuis le jardin d’enfants jusqu’au collège. • La reconnaissance de l’importance critique des systèmes d’aide et de gestion ainsi que des mécanismes de financement pour traduire les aspirations stratégiques en actions concrètes : Le gouvernement étudie les moyens de promouvoir une culture de la planification et du suivi basée sur les résultats pour soutenir les systèmes inclusifs. C’est l’élément le plus délicat du puzzle de l’inclusion, car le gouvernement doit faire des arbitrages entre des priorités concurrentes et des ressources limitées. L’analyse récente de l’inclusion dans le secteur de l’éducation a permis de discerner des goulets d’étranglement touchant

à la fois la capacité du système et son financement. Nous espérons y remédier dans le nouveau plan sectoriel de l’éducation. • La nécessité de systèmes de collecte de données sérieux et fiables : Le Ghana dispose d’un solide SIGE qui donne actuellement des informations sur la proportion des enfants handicapés. Si l’analyse récente du secteur montre qu’il pourrait sous-estimer le nombre d’enfants handicapés, il fournit néanmoins un point de départ utile et nécessaire, qui sera renforcé et élargi. • La nécessité de convaincre toutes les parties prenantes – enfants, parents, communautés, enseignants, administrateurs et décideurs politiques – qu’une éducation inclusive ne peut que profiter à tous les enfants et à la société tout entière : Le gouvernement a engagé le processus de sensibilisation par la diffusion de sa politique et ses règles, mais il faut faire beaucoup plus pour changer les attitudes sociétales et les valeurs, afin de dépasser la stigmatisation et la discrimination liées au handicap. Certaines ONG/OSC (notamment la Ghana Federation of Disability Organizations) ont apporté leur contribution aux actions de sensibilisation dans le cadre de la promotion de la politique d’éducation inclusive.• La création du Comité national de pilotage de l’éducation inclusive : Ce Comité est chargé de superviser la mise en œuvre de l’éducation inclusive dans le pays. Il est composé de représentants de ministères et d’agences gouvernementales, d’établissements universitaires, d’ONG/OSC et de partenaires du développement. Des sous-comités sont en outre chargés des questions de mobilisation des ressources, de suivi, d’évaluation et d’apprentissage, de dépistage/orientation et d’accompagnement, de sensibilisation et de préconisation, de renforcement des capacités, de partenariats et de coordination. »

Point de vue d’un planificateur

Anthony Boateng, directeur général adjoint de Ghana’s Education Service (GES), évoque six projets majeurs engagés par le Ghana afin de promouvoir son cadre stratégique

pour une éducation inclusive (Inclusive Education Policy Framework).

ses travaux de recherche et son travail de partage et de promotion des connaissances.

Ces cinq priorités sous-tendent également les deux objectifs stratégiques de l’IIPE : aider les États membres de l’UNESCO à planifier efficacement le développement du secteur de l’éducation et à évaluer sa performance globale ; mettre à la disposition des décideurs politiques et des autres acteurs les connaissances appliquées concernant la planification et la gestion de l’éducation.

Tout ceci est au service de notre mission depuis plus de 50 ans : renforcer les capacités des États membres en matière de planification et de gestion des systèmes éducatifs. Notre vision reste ancrée dans la compréhension commune que l’éducation est un droit humain fondamental et un bien commun mondial et qu’ainsi aucun enfant, aucun jeune, aucun adulte ne devrait être exclu des possibilités d’apprentissage qui lui permettront de vivre

de façon décente, d’acquérir et d’exercer des droits, et d’apporter à son pays sa contribution de citoyen.

Pour pouvoir concrétiser cette vision, la nouvelle stratégie de l’IIPE a pour objet d’accompagner les pays non seulement dans la conception de plans d’éducation, mais aussi dans leur mise en œuvre, la détermination de leur coût et des moyens de financement, leur suivi et leur évaluation, leur perfectionnement permanent, les choix en matière d’organisation et de gestion, ainsi que le renforcement des centres nationaux de formation à la planification de l’éducation. Le but est d’élaborer à la fois des solutions rapides aux problèmes et des mesures qui permettent une réelle transformation des systèmes.

Ces cadres couvriront également des domaines d’expertise nouveaux pour l’IIPE, en particulier l’éducation de la petite enfance,

les politiques en faveur des personnes déplacées et d’une éducation inclusive au sens large, les implications des évolutions démographiques et les liens entre éducation et emploi, entre autres.

Tous ces nouveaux axes d’action traduisent la volonté croissante de l’IIPE de garantir la pertinence et la viabilité non seulement de l’Institut proprement dit, mais aussi des systèmes éducatifs qu’il soutient. Dans un monde qui change très vite, il faut savoir reconsidérer ses approches et ses méthodes afin de les adapter aux besoins du moment. Pour l’IIPE, cela passera également par de nouveaux partenariats, un dialogue avec les ministères et les gouvernements, et toujours plus de collaboration et d’innovation. L’éducation tout au long de la vie ne connaît pas de limites ; de la même manière, sa planification doit se prêter à un processus constant de réflexion et d’évolution.

6 - LA LETTRE DE L'IIPE VOL. XXXIV N°1 / TOUT SAVOIR SUR LA NOUVELLE STRATÉGIE DE L’IIPE

ÉDUCATION INCLUSIVE : ÉTAT DES LIEUX

D’après les données 2018 de l’Institut de statistique de l’UNESCO (ISU), on estime que 58 millions d’enfants de six à onze ans et 63 millions d’adolescents ne sont actuellement pas scolarisés. Parmi eux, les jeunes en

situation de handicap sont incontestablement les plus exclus. La dernière analyse des données émanant de 49 pays (ISU, 2018)

confirme que la probabilité pour que les jeunes handicapés n’aillent jamais à l’école, n’achèvent pas leur scolarité ou n’acquièrent pas

Réduire les disparités dans l’éducation est une priorité de l’IIPE. Il s’agit d’insister sur la réduction des inégalités entre les genres, ainsi que sur l’éducation

inclusive pour les jeunes en situation de handicap.

les compétences de base est plus grande que chez leurs pairs non handicapés. Si globalement quelques progrès ont été faits grâce aux grands instruments internationaux en matière de politique et de droits humains, tels que les Objectifs de développement durable (ODD) et la Convention relative aux droits des personnes handicapées (CDPH), pour attirer l’attention sur l’éducation des enfants handicapés, l’évolution vers des systèmes éducatifs plus inclusifs reste limitée. Bien souvent, les mesures pour donner aux individus les plus exclus accès

Par Jennifer Pye, IIPE-UNESCO

Élèves d’une école primaire publique en Inde.

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par une myriade d’acteurs étatiques et non étatiques. Il y a beaucoup à faire pour promouvoir des systèmes éducatifs inclusifs accueillant tous les élèves sans distinction.

LE MANQUE DE DONNÉES RALENTIT LES PROGRÈS

Les gouvernements doivent évaluer la façon dont ils abordent concrètement l’exclusion, en particulier celle qui touche les enfants en situation de handicap. L’un des principaux obstacles est le manque de données. Les données sur les enfants handicapés sont généralement insuffisantes car beaucoup d’entre eux restent invisibles. Par ailleurs, les informations sur les infrastructures scolaires, les programmes de détection des handicaps, les programmes de formation des enseignants ainsi que les dispositifs et technologies d’assistance sont plutôt rares. Et même quand il existe des données résultant par exemple des recensements scolaires, des enquêtes sur les ménages et des systèmes d’information sur la gestion de l’éducation, la plupart du temps elles ne sont ni coordonnées ni utilisées. La coordination entre les différents ministères compétents et les organisations de la société civile fait, elle aussi, souvent défaut. Ce qui fait que les planificateurs de l’éducation ont rarement accès à des informations à jour et précises sur la situation des enfants handicapés en termes d’accès à l’éducation. Dans sa contribution au Guide méthodologique pour l’analyse sectorielle de l’éducation, Volume III, l’UNICEF, le Partenariat mondial pour l’éducation et l’IIPE s’attachent à combler ces lacunes.

LA RÉPONSE DE L’UNESCO

L’UNESCO mobilise l’ensemble de ses forces, notamment le Bureau international de l’éducation, l’ISU et l’IIPE, pour aider les gouvernements et la société civile à tendre vers l’objectif de systèmes éducatifs inclusifs, fondés sur la compréhension commune qu’une éducation inclusive s’adresse à tous les apprenants, en tenant compte de toutes les formes d’exclusion et de marginalisation, des disparités et des inégalités d’accès, de participation et de résultats d’apprentissage (UNESCO, 2017).

Pour avancer sur cette problématique, l’IIPE organise avec l’UNICEF, du 18 au 20 juillet 2018, une table ronde technique intitulée Disability-inclusive Education Sector Planning. Elle réunira d’autres grands partenaires du développement, des experts gouvernementaux et des organisations de personnes handicapées. Ce groupe composite de parties prenantes de huit pays d’Afrique subsaharienne et d’Asie/Pacifique fera le point sur l’éducation inclusive dans ces pays, notamment la planification sectorielle de l’éducation tenant compte de la question du handicap, et formulera des recommandations d’améliorations futures. L’attention sera en particulier attirée sur la collecte et l’analyse de données pour les besoins de la planification de l’éducation. Les conclusions seront utilisées pour élaborer les futurs programmes 2019 de formation sur la planification pour une école inclusive, soutenus par l’IIPE et l’UNICEF.

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à des possibilités d’apprentissage dans un environnement scolaire inclusif restent sporadiques et ne s’inscrivent pas dans un plan d’ensemble.

Pourtant, le regain d’intérêt, dans les travaux de recherche comme dans les études stratégiques, pour les enfants vulnérables ou appartenant à des minorités, avive la prise de conscience au sein de la communauté éducative mondiale quant aux facteurs complexes d’exclusion tels que la pauvreté, le handicap, la localisation géographique, l’appartenance ethnique, la langue et le genre. Il permet également de mieux comprendre les bénéfices sociaux et économiques d’une scolarisation commune de tous les enfants.

VERS DES SYSTÈMES ÉDUCATIFS INCLUSIFS

Même si les enfants en situation de handicap ont accès à l’éducation, c’est souvent dans des écoles spéciales adaptées à des handicaps spécifiques, qui n’accueillent qu’un faible pourcentage de cette population. Ces écoles ont souvent des exigences peu ambitieuses et des programmes scolaires au périmètre étroit ; elles sont peu contrôlées par les services gouvernementaux, en particulier dans les contextes de faibles ressources. Dans bien des cas, elles sont gérées

L’UNESCO mobilise l’ensemble

de ses forces, notamment

le BIE, l’ISU et l’IIPE.

8 - LA LETTRE DE L'IIPE VOL. XXXIV N°1 / TOUT SAVOIR SUR LA NOUVELLE STRATÉGIE DE L’IIPE

QUE REPRÉSENTE L’ÉCOLE POUR LES ENFANTS

MARGINALISÉS DES PAYS À FAIBLE REVENU ?

Tous les enfants apprennent. Apprendre et s’épanouir sont synonymes, comme l’a dit la chercheuse argentine Emilia

Ferreiro. Les enfants apprennent de façon informelle par l’observation, l’imitation et l’expérimentation. Ils apprennent en écoutant et en faisant. En milieu rural et au sein des populations marginalisées, c’est la principale façon informelle d’apprendre chez les enfants du fait qu’ils ont moins accès aux médias, à Internet, aux livres, aux théâtres et

S’appuyant sur l’ouvrage Learning at the bottom of the pyramid à paraître, Sylvia Shmelkes explique pourquoi il faut non seulement mesurer les résultats

d’apprentissage, mais aussi évaluer les progrès accomplis dans la lutte contre les facteurs qui font obstacle au droit à une éducation de qualité pour tous.

aux musées. Le potentiel d’apprentissage est infini. Ce qui est limité, ce sont les moyens déployés.

L’enseignement scolaire formel permet d’apprendre ce qu’il est difficile d’acquérir sans une méthodologie systématique (pédagogie) consistant à introduire progressivement des tâches intellectuelles de plus en plus difficiles. C’est le cas de l’apprentissage de la lecture et de l’écriture, de la formalisation des quatre opérations mathématiques de base et du

développement progressif d’aptitudes à raisonner d’ordre supérieur. L’école est également un environnement privilégié pour apprendre à vivre ensemble (voir le rapport L’Éducation : un trésor est caché dedans, UNESCO, 1998). L’école développe également l’identité, l’estime de soi et le sentiment d’appartenance au-delà du cadre strict de la famille et de la communauté immédiate, bien que ce ne soit pas toujours de façon adéquate et équitable. Ces objectifs et d’autres encore, comme

Par Sylvia Schmelkes del Valle, membre du conseil d’administration de l’Institut national mexicain d’évaluation de l’éducation

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Fillette de la tribu Huichol attendant de passer la visite médicale (Jalisco, Mexique).

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comprendre le milieu naturel et social dans lequel nous vivons, sont la raison d’être de l’enseignement scolaire.

Or, dans les régions marginalisées des pays en développement, même si les enfants vont à l’école, ils apprennent peu de choses, que ce soit en lecture, en mathématiques et, dans certains cas, en sciences, matières dans lesquelles les élèves passent généralement les examens standard. Les études sur les causes de ces mauvais résultats d’apprentissage mettent en évidence des facteurs liés notamment à la pauvreté, au travail des enfants, à la malnutrition et à l’éloignement géographique de l’école. De nombreux facteurs relèvent aussi de l’offre éducative, comme les mauvaises conditions d’apprentissage, la formation insuffisante des enseignants, l’enseignement dans une langue autre que la langue maternelle des enfants et une pédagogie inadaptée, qui n’établit pas de lien entre ce qui est

enseigné et le contexte immédiat des enfants ainsi que leur culture. Il est toutefois intéressant de noter que, si l’on prend tous les examens standards passés dans le monde, il y a toujours un petit pourcentage d’élèves et d’écoles qui obtiennent de bons résultats, voire des résultats exceptionnels. Et cela, indépendamment du degré de marginalité de la localité ou de la situation socio-économique de la famille, voire en présence d’élèves appartenant à une culture minoritaire et parlant une langue différente de la langue dominante du pays. Cela prouve à la fois que n’importe quel enfant peut apprendre, mais aussi que l’école joue un rôle majeur.

Le facteur le plus influent du côté de l’offre, compte tenu des conditions d’enseignement et d’apprentissage, est probablement lié à la capacité de rendre l’enseignement pertinent et l’apprentissage utile. Cela suppose la participation de la

communauté immédiate, la capacité de la direction de l’école à créer une culture scolaire adéquate, et un niveau adéquat de formation et d’efficacité pédagogique des enseignants. Certaines situations nécessitent des politiques intersectorielles pour réduire la pauvreté et lutter contre le travail des enfants, ou encore pour s’attaquer aux problèmes de malnutrition et de santé.

Quand on se fonde sur les résultats aux examens standards pour étudier l’échec scolaire, c’est la fin d’un processus complexe que l’on analyse. Nous ne pouvons continuer à nous fonder exclusivement sur la mesure des résultats d’apprentissage pour rendre compte des progrès accomplis dans le monde afin d’améliorer la qualité de l’éducation. Nous devons également déterminer si nous prenons en compte les facteurs qui peuvent conditionner les mauvais résultats et qui font en fait obstacle au droit de nombreux enfants à une éducation de qualité.

Nous sommes conscients de l’ampleur du problème auquel sont confrontés, partout dans le monde, les systèmes éducatifs. Que les enfants n’apprennent pas, c’est une évidence. Mais ce qui se dit beaucoup moins, c’est que les enseignants non plus n’apprennent pas, alors que ce facteur pourrait se révéler décisif dans l’amélioration des résultats.

Dans de nombreux pays, avant de prendre leurs fonctions les enseignants suivent une formation

initiale obligatoire qui peut parfois s’avérer plus axée sur la théorie que sur la pratique. La formation des enseignants en exercice, elle, est plus souvent négligée, et ce pour différentes raisons comme le manque de temps, de motivation ou encore d’intérêt de l’enseignant pour la formation continue. Ces facteurs méritent que l’on s’y intéresse, mais tout ne dépend pas de l’enseignant. La formation professionnelle continue doit devenir la responsabilité commune de toutes les parties prenantes du système éducatif : enseignants, formateurs d’enseignants, directeurs d’établissements scolaires, personnel non-enseignant

ou décideurs politiques. C’est uniquement par des opportunités d’évolution professionnelles partagées, bien organisées et soutenues au niveau de l’établissement scolaire, de la région et de l’État que les ambitions en matière de formation continue du personnel enseignant pourront devenir une réalité.

C’est à partir de ce postulat que l’équipe du British Council India a conçu le Teacher Education Planning Handbook (Manuel de planification de la formation des enseignants), en nous appuyant sur l’expérience que nous avons acquise en Inde via des partenariats avec 15 États fédérés, de nombreuses ONG ainsi que diverses agences depuis 2007. Ces dix dernières années, notre équipe chargée du programme de formation des enseignants a connu de beaux succès, malgré quelques erreurs, et a beaucoup appris sur ce qui fonctionne en matière de formation à grande échelle et sur le terrain des enseignants en exercice. Ce manuel de planification, édité par Martin Wedell, chargé de cours et directeur du département d’éducation internationale de l’Université de Leeds, rassemble ces observations et conclusions. Cet ouvrage est destiné à tous ceux qui s’intéressent à l’élaboration et à la planification de programmes favorisant le changement dans l’éducation.

Une version plus longue de cet article a été initialement publiée sur le portail de l’IIPE consacré à l’apprentissage. Retrouvez-la sur le blog ! https://learningportal.iiep.unesco.org/fr/blog

Briser les barrières dans l’éducation

« S’il faut un village pour élever un enfant, c’est tout un système qu’il faut pour former un enseignant. »

Par Jemima Hughes, responsable académique (Teaching for Success), et Amy Lightfoot, directrice adjointe de Schools, English and Skills (Academic), pour le British Council en Inde.

10 - LA LETTRE DE L'IIPE VOL. XXXIV N°1 / TOUT SAVOIR SUR LA NOUVELLE STRATÉGIE DE L’IIPE

EN ÉTHIOPIE, L’ÉDUCATION NE CONNAÎT

PAS DE FRONTIÈRES

Fuir sa maison, son école et son environnement familier est la réalité des réfugiés et des personnes déplacées. Parvenus dans un nouvel

endroit, ils ont parfois accès à l’école dans un camp ou à des possibilités d’éducation informelle. L’intégration pleine et entière au sein du système scolaire national est plus rare. Bien que cette dernière soit une voie prometteuse pour s’intégrer dans un nouveau pays, les responsables de l’éducation se disent souvent confrontés à d’innombrables difficultés pour assurer l’éducation des réfugiés au sein des systèmes nationaux.

L’Éthiopie est un cas exemplaire de pays ayant pris de sérieuses mesures pour intégrer les réfugiés et les personnes déplacées dans ses systèmes nationaux, notamment son système éducatif. Il faut dire que l’Éthiopie a une longue tradition d’accueil des réfugiés. Plus de 900 000 personnes originaires de 24 pays – principalement l’Érythrée, la Somalie et le Soudan du Sud – considèrent aujourd’hui l’Éthiopie comme leur pays.

En novembre 2017, elle a été l’un des premiers pays à mettre en place le Cadre d’action global pour les réfugiés. Ce cadre vise à renforcer l’autonomie des réfugiés et leur inclusion dans les plans de développement nationaux, à leur donner davantage de possibilités d’améliorer leur existence et à réduire la pression sur les pays d’accueil afin de favoriser une coexistence pacifique.

L’accès à une éducation de qualité est un axe majeur des efforts du pays pour améliorer le sort des réfugiés. C’est aussi une responsabilité partagée, qui requiert la contribution et l’expertise d’une multitude d’acteurs, parmi lesquels le ministère de l’Éducation ainsi que les partenaires de l’action humanitaire et du développement.

« Nous devons nous impliquer en tant que nation », a déclaré Getachew Admasu Bishaw, expert en suivi et évaluation de projets pour le ministère de l’Éducation, lors d’un atelier organisé en mars 2018 à Nairobi (Kenya) par l’IIPE en partenariat avec l’UNESCO, le HCR, l’UNICEF et le Global Education

Assurer l’éducation dans les situations d’urgence, c’est permettre aux jeunes qui fuient une catastrophe ou un conflit d'accéder à une éducation de qualité, où qu’ils se réfugient.

Par Leonora MacEwen et Alexandra Waldhorn, IIPE-UNESCO

Cluster. « Ce cadre d’action est cohérent avec les Objectifs de développement durable. C’est pour cette raison que notre ministère – notre pays – a signé cet engagement. »

Ashenafi Demeke Kebede, responsable de l’éducation au sein de l’Administration en charge des réfugiés et des rapatriés (ARRA), a déclaré à l’IIPE que l’inclusion des réfugiés d’âge scolaire dans le plan national d’éducation présentait de nombreux avantages pour tous les apprenants.

Outre le fait que cette inclusion est rentable, « s’il existe un plan global d’inclusion des réfugiés, tout le monde est impliqué, cela renforce la cohésion et l’harmonisation sociales, explique-t-il. C’est une solution durable. Cela crée une passerelle, l’aide humanitaire devient soutenable et peut avoir un impact sur le développement à long terme. » Cependant, la multiplicité des entités travaillant dans le domaine de l’éducation peut, en l’absence de coordination étroite, avoir pour effet de créer ce qu’Ashenafi Demeke Kebede appelle une « planification parallèle », ou planification distincte, pour différents segments de la population. C’est un phénomène courant dans beaucoup de pays qui accueillent un grand nombre de réfugiés.

Le risque, dans ce cas, est que l’éducation des réfugiés ne soit pas une priorité. Et il existe un risque encore plus grand qu’ils restent en dehors du système scolaire formel. Dans son rapport 2017 Working towards inclusion: Refugees within the national systems of Ethiopia, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) note que si les enfants et les jeunes réfugiés en Éthiopie ont le droit d’accéder aux écoles publiques, 48 % restent en dehors du système scolaire formel.

La planification conjointe du secteur de l’éducation est un bon moyen d’avancer, de même qu’une meilleure coordination entre tous les partenaires. Elle contribue à une mise en œuvre efficace de services éducatifs pour les réfugiés et pose les bases d’un fonctionnement équitable de l’éducation dans les camps de réfugiés comme au sein des communautés d’accueil.

Depuis juillet 2017, en partenariat avec l’UNICEF Ethiopie et financé par UK Aid Direct, l’IIPE accompagne l’État dans sa démarche de planification conjointe avec les réfugiés et les communautés d’accueil. Ce projet sur deux ans devrait renforcer les capacités du ministère de l’Éducation comme de l’ARRA à anticiper les crises et les afflux de réfugiés dans cinq régions touchées par ces mouvements migratoires (Gambella, Tigray, Benishangul-Gumuz, Somali et Afar). L’initiative de renforcement des capacités des responsables de l’éducation au sein des communautés d’accueil et de réfugiés couvre notamment la collecte de données sur les risques de conflits ou de catastrophes naturelles auxquels les écoles doivent faire face. Les planificateurs disposeront d’outils de sectorisation scolaire pour analyser les indicateurs clés. En outre, une assistance sera fournie pour enrichir les outils d’inspection de questions relatives aux crises et aider les responsables à déterminer les priorités stratégiques ainsi qu’à prendre en compte les résultats de l’analyse.

En réunissant tous les acteurs clés de l’éducation autour de ces processus de planification conjointe, l’idée est de renforcer la coordination et la collaboration entre les services éducatifs à destination des réfugiés et des communautés d’accueil.

Lors du récent atelier organisé à Nairobi, Mellese Bedanie Turie, coordinateur de l’Education Cluster, au sein de l’UNICEF Éthiopie, a lui aussi insisté sur l’importance d’une politique ou réglementation nationale ainsi que d’une coordination et d’une planification conjointes.

« Nous devons travailler ensemble. Nous devons trouver les moyens d’améliorer de façon cohérente et conjointe la politique, la planification, la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation de l’éducation à destination de ces groupes cibles, a-t-il déclaré. Avec une politique claire et un plan, nous savons ce qu’il faut faire, pourquoi et comment, et aucun enfant ne sera laissé à l’écart. »

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GOUVERNEMENT OUVERT DANS L’ÉDUCATION

Le concept de gouvernement ouvert a émergé il y a environ dix ans. En 2005, l’OCDE le définissait comme recouvrant la transparence

de l’action publique, l’accessibilité des services publics et de l’information, et la réactivité du gouvernement aux idées, demandes et besoins nouveaux. En 2011, le Partenariat pour un gouvernement ouvert (OGP, en anglais) identifiait trois grands principes sur lesquels se fonde ce concept : la transparence de l’information, la participation des citoyens et la responsabilité. En 2013, la Commission européenne a mis l’accent sur les principes de transparence, de collaboration et de participation, militant pour des données, des services et des décisions ouverts.

La notion de gouvernement ouvert repose sur l’hypothèse selon laquelle le développement rapide des nouvelles technologies, conjugué à une demande pressante pour des gouvernements plus transparents et plus responsables, poussera les pays à explorer des approches innovantes non seulement pour partager des informations avec les citoyens, mais aussi pour les consulter et les impliquer dans les

Un nouveau projet de recherche de l’IIPE s’intéresse à ce que les villes peuvent nous apprendre sur la façon d’améliorer la transparence

et la responsabilité dans le secteur de l’éducation.

Par Muriel Poisson, IIPE-UNESCO

services d’éducation. De plus, en contribuant à redéfinir les frontières entre les citoyens et l’État, le gouvernement ouvert pourrait améliorer la transparence et la responsabilité au niveau de la gestion des services publics (notamment l’éducation) et, au-delà, la culture de l’administration publique en général.

Cependant, si ce concept a le vent en poupe depuis quelques années, son application au secteur de l’éducation appelle des recherches plus systématiques. En outre, l’impact possible du gouvernement ouvert sur les questions d’équité n’a pas été encore analysé dans le contexte de l’Objectif de développement durable (ODD) 4. Alors que des initiatives de gouvernement ouvert se mettent en place, l’IIPE a décidé, dans le cadre de sa nouvelle stratégie à moyen terme, de documenter et d’évaluer les premières initiatives innovantes élaborées dans ce domaine, comme la création de budgets ouverts, la mise en place d’e-services, la création de fonds citoyens d’innovation et la mise en œuvre d’audits sociaux.

Le nouveau projet de recherche de l’IIPE, intitulé Gouvernement ouvert dans

l’éducation : Leçons à tirer de l’expérience des villes pour améliorer la transparence et la responsabilité, s’intéressera au cas des « villes ouvertes », rappelant que l’une des toutes premières initiatives de gouvernement ouvert en matière de budget participatif a été expérimentée il y a plus de vingt ans dans la ville brésilienne de Porto Alegre. Cette nouvelle recherche déterminera dans quelle mesure les gouvernements peuvent amener les citoyens à s’impliquer dans le débat public, participer à la prise de décision et contribuer au développement de pratiques innovantes. Lancé début 2018, le projet a débuté par un tour d’horizon des initiatives les plus prometteuses menées dans ce domaine par des villes du monde entier.

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Le viaduc Otavio Rocha, dans le centre de Porto Alegre, au Brésil.

10 manières de promouvoir les données ouvertes sur

l’école pour une plus grande responsabilité dans

le secteur de l’éducationhttp://etico.iiep.unesco.org/fr

12 - LA LETTRE DE L'IIPE VOL. XXXIV N°1 / TOUT SAVOIR SUR LA NOUVELLE STRATÉGIE DE L’IIPE

FINANCER L’ÉDUCATION EN AFRIQUE

L’Afrique connaît depuis plusieurs années une croissance soutenue, avec une hausse du PIB de 4,3 % en moyenne entre 2000 et 2015.

Pourtant, les politiques publiques, notamment en faveur de l’éducation, sont insuffisamment financées malgré l’augmentation des dépenses publiques dans le secteur de l’éducation. Les ménages contribuent massivement au financement de l’éducation, couvrant en moyenne un tiers des coûts.

Cela a de sérieuses répercussions sur l’éducation de millions d’enfants, en particulier ceux des familles les plus pauvres. Pour faire face aux enjeux d’Éducation 2030, il est impératif de trouver des ressources supplémentaires et alternatives pour améliorer le financement de l’éducation. Trois pistes s’offrent aux responsables de la politique d’éducation fin d’améliorer le financement au cours des années à venir : les ressources publiques, l’aide extérieure et des financements innovants.

LES RESSOURCES PUBLIQUES

Une utilisation plus efficace et plus équitable des fonds publics alloués à l’éducation permettrait de trouver de nouvelles sources de financement. En effet, en termes d’appropriation publique des ressources éducatives par individu, il existe d’importantes disparités de genre, de situation géographique et de niveau de richesse des ménages. Par exemple, les plus riches s’approprient en moyenne 8,6 fois plus de ressources publiques en éducation que les plus pauvres. Pour atteindre l’objectif d’une éducation de base universelle et de qualité, il faut réorienter les ressources au profit des plus défavorisés. En Afrique, les difficultés de scolarisation touchent de façon disproportionnée les zones rurales peu développées, pauvres en infrastructures sociales et déficitaires en nombre d’enseignants. Pour les décideurs

Bien que les gouvernements africains consacrent une part importante de leur budget à l’éducation, la contribution des ménages est,

elle aussi, très élevée. Quelles sont les voies possibles pour financer une éducation de qualité pour tous ?

Par Guillaume Husson, IIPE-Pôle de Dakar

politiques, ces zones constituent un levier d’action potentiel. En s’attaquant aux inégalités géographiques, il est possible de réduire les inégalités sociales associées.

L’AIDE EXTÉRIEURE

Pour atteindre les objectifs d’Éducation 2030 il faudrait que la communauté internationale augmente ses efforts. À la suite de la crise financière internationale de 2007-2008, l’aide extérieure aux pays africains (exprimée en pourcentage du PIB de ces pays) a diminué progressivement pour atteindre 0,45 % du PIB en 2015 (contre 0,86 % en 2002). La conférence de financement du Partenariat mondial pour l’éducation qui s’est tenue à Dakar en février 2018 a pourtant montré que les donateurs pouvaient s’engager à donner davantage.

DES FINANCEMENTS INNOVANTS

Des solutions alternatives sous la forme d’outils de financement innovants

peuvent être trouvées et mises en œuvre sur l’ensemble du continent. C’est le cas en particulier pour la formation professionnelle et l’enseignement supérieur où le secteur économique privé, par le développement de partenariats public-privé, peut contribuer au financement de filières de formation en lien avec la demande économique.

Ces trois sources de financement sont crédibles et offrent un potentiel important. S’il reste un long chemin à parcourir, certains pays prennent d’ores et déjà des mesures pour améliorer l’efficacité des dépenses publiques, par exemple en répartissant de façon plus équitable les enseignants et le matériel entre les écoles. Par ailleurs, l’implication du secteur privé est désormais au cœur des stratégies de rénovation des politiques de formation professionnelle. Ces sources de financement alternatives et supplémentaires doivent être recherchées avec détermination, car elles sont essentielles pour atteindre les objectifs d’une éducation de qualité pour tous.

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Bénévole de la Teacher Community Assistant Initiative en train de donner

un cours à des élèves d’Accra, au Ghana.

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P O I N T S D E V U E

UNE ÉDUCATION DU XXIE SIÈCLE, QU’EST-CE QUE C’EST POUR VOUS ?

Venez discuter sur Twitter @IIEP_UNESCO

Egide Gilles NiyonsabaUniversité du Burundi

Komlaga Ethel Anne

Executive Director, Quantum Ideas

Ghana (association militant en faveur

des ODD)

GRÈCE Un accès équitable à une éducation inclusive et de qualité pour tous, en particulier pour les populations vulnérables ; l’égalité entre les genres dans toutes les écoles ; d’autres possibilités d’apprentissage et l’apprentissage tout au long de la vie, depuis la petite enfance jusqu’à un âge adulte avancé.

BURUNDI L’éducation du xxie siècle doit répondre aux besoins réels des citoyens du monde entier. Cela consiste à fournir aux élèves tous les outils nécessaires (matériel pédagogique efficace et efficient) pour une éducation de qualité. En ce xxie siècle, l’éducation doit être centrée sur l’élève. Elle doit également lui permettre d’acquérir la maîtrise du monde numérique et de reconnaître ses avantages.

Charlotte Berquin Responsable Éducation, SolidarityNow

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GHANALe but de l’éducation, prise dans son sens le plus large, est de provoquer le changement. Trois choses, principalement, constituent une menace pour toute société : la pauvreté, l’ignorance et la maladie. Une éducation du xxie siècle doit permettre aux élèves d’acquérir les quatre « C » : pensée Critique et aptitude à résoudre des problèmes, Collaboration, Communication, Créativité et innovation. Ce qui, il y a quelques siècles, était considéré comme une bonne éducation ne suffit plus pour lutter contre ces trois menaces majeures mentionnées. Les enseignants doivent s’attacher avant tout à permettre à chaque élève de donner le meilleur de lui-même pour qu’il puisse apporter à sa façon de nouvelles solutions aux problèmes existants.

LIBAN L’éducation du xxie siècle doit être le contraire d’une éducation conformiste. Elle ne doit pas suivre les méthodes d’enseignement traditionnelles. Elle doit doter les élèves de compétences qui leur permettent de s’adapter à un monde en constante mutation. Elle doit leur apprendre à penser différemment, à ne pas tomber dans les stéréotypes, afin de permettre le changement et I’adaptation au changement. L’éducation du xxie siècle ne doit pas se contenter de doter les élèves des compétences requises par le marché du travail, mais leur permettre également d’acquérir des compétences sociales et d’en comprendre l’importance.

Leïla Youssef-El Metni

Maître de conférences,

Université Arabe Ouverte

14 - LA LETTRE DE L'IIPE VOL. XXXIV N°1 / TOUT SAVOIR SUR LA NOUVELLE STRATÉGIE DE L’IIPE

Z O O M

ACCOMPAGNER LE MEXIQUE DANS SA TRANSITION POLITIQUE

L A N C E M E N T D ’ U N P R O J E T

Ce projet illustre une des priorités thématiques de l’IIPE : améliorer la gouvernance, la transparence et la responsabilité. Il a pour but d’aider le Mexique à préserver la

continuité de la prise de décision dans le secteur de l’éducation.

En décembre 2018, le Mexique se dotera d’un nouveau gouvernement. Une nouvelle équipe de décideurs politiques va par conséquent prendre en main le système éducatif de ce pays, le deuxième le plus peuplé de la

région avec près de 128 millions d’habitants.Afin d’enrichir le débat sur la politique d’éducation pendant la

période de transition à venir, le Bureau de l’IIPE pour l’Amérique latine, à Buenos Aires, s’associe à l’Institut national mexicain pour l’évaluation de l’éducation (INEE, pour Instituto Nacional para la Evaluación de la Educación). L’objectif est de préparer une analyse descriptive de la situation actuelle du système éducatif du pays, en la resituant dans le contexte régional.

L’étude comporte deux parties. La première est une cartographie détaillée de la politique d’éducation du Mexique, centrée sur toutes les activités de l’État qui contribuent à l’offre de services éducatifs au quotidien, notamment les politiques visant à améliorer la qualité et l’équité de l’éducation, ainsi que des éléments structurels comme la législation et les normes, les biens, les services et les infrastructures. La seconde partie met cette analyse nationale en regard avec les principales politiques d’éducation mises en œuvre dans d’autres pays d’Amérique latine.

Dans le secteur de l’éducation, la transition entre deux administrations peut souvent entraîner une perte de savoir institutionnel et une discontinuité dans la prise de décision. Or, les politiques d’éducation prennent généralement effet seulement à long terme. C’est pourquoi l’IIPE soutient qu’une planification efficace de l’éducation exige un minimum de stabilité dans la mise en œuvre des politiques publiques si l’on veut améliorer durablement le système éducatif du pays.

C’est particulièrement vrai dans le cas du Mexique, où une réforme ambitieuse mais incomplète a été engagée en 2014. Le présent projet a pour but de soutenir une transition en douceur et la continuité de la prise de décision dans le secteur de l’éducation. Il donne aux nouveaux fonctionnaires du ministère de l’Éducation publique une vue générale de la situation actuelle du système éducatif mexicain dans le contexte régional et les aidera à décider en connaissance de cause s’il y a lieu de poursuivre, et dans quelle mesure, les politiques en place, ou de les modifier. En prônant une vision structurelle et à long terme de la gouvernance de l’éducation au Mexique, le projet apporte une contribution importante à la communauté éducative mexicaine et à la société tout entière.

Par Néstor López, IIPE-Buenos Aires

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P R O G R A M M E S D E F O R M A T I O N

FORMATION DE HAUT NIVEAU EN AMÉRIQUE LATINE

Par Gladys Kochen, IIPE-Buenos Aires

Le Programme régional de formation sur la planification et la gestion de l’éducation fait partie des formations régulièrement

proposées par l’IIPE-UNESCO de Buenos Aires. Organisé tous les ans depuis 1998, il a été suivi au total par 466 participants originaires de 21 pays.

Il est destiné aux hauts fonctionnaires publics chargés de la planification, de la conception, de la mise en œuvre et de l’évaluation des politiques et des programmes du secteur de l’éducation. Il a pour but de doter les planificateurs des compétences et outils nécessaires pour mettre en place et gérer des systèmes éducatifs garantissant une éducation inclusive et de qualité pour tous.

Composé de plusieurs modules de formation, il couvre les dernières innovations en matière de planification de l’éducation en Amérique latine, l’organisation et la gestion des systèmes éducatifs, les options stratégiques et les débats nationaux et internationaux actuels concernant les systèmes éducatifs, l’utilisation des systèmes d’information et d’évaluation, la planification

et la mise en œuvre des programmes et politiques d’éducation. S’il s’inscrit dans le droit fil du tronc commun du programme de formation approfondie de l’IIPE-Paris, son contenu a été cependant adapté au contexte latino-américain et à un groupe cible de plus haut niveau hiérarchique.

Le programme commence par une formation en ligne sur l’Online Campus de l’IIPE-Buenos Aires. Là, les participants ont accès à des modules de formation, des forums, des espaces de tutorat et autres outils, sans quitter leur pays de résidence. Cette formation en ligne est suivie d’une formation en présentiel : les participants suivent alors des cours en classe et effectuent une visite de terrain dans un établissement d’enseignement local où ils peuvent mettre en pratique leurs nouvelles compétences et connaissances. La formation se termine par un projet final, qui consiste à formuler une proposition de planification élaborée en équipe.

Auparavant appelée « Cours de formation régional », elle a subi des modifications structurelles pour s’adapter aux besoins des planificateurs de l’éducation de la région.

En 2017, la phase de formation en présentiel est passée de neuf à cinq semaines au profit d’un allongement de la phase de formation en ligne, afin de la rendre plus compatible avec les obligations professionnelles des participants. Comme chaque année, le contenu des cours a été actualisé et les sujets traités ont été adaptés en fonction des principaux thèmes de la planification de l’éducation dans la région.

Une refonte plus importante a été effectuée en 2018. La phase en présentiel a été encore réduite, passant à 10 jours, pour tenir compte de la situation particulière des hauts fonctionnaires participants. Une stratégie de communication segmentée a en outre eu pour effet d’augmenter cette année la représentation régionale des stagiaires : les 19 pays d’Amérique latine ont soumis des candidatures. Enfin, à compter de cette année, chaque édition du programme sera accueillie par un pays différent, afin de mettre en valeur les succès obtenus dans le domaine de l’éducation par ce pays, et de renforcer la présence régionale de l’IIPE-UNESCO.

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Session en groupe lors de la formation à l’IIPE-Buenos-Aires.

16 - LA LETTRE DE L'IIPE VOL. XXXIV N°1 / TOUT SAVOIR SUR LA NOUVELLE STRATÉGIE DE L’IIPE

P U B L I C A T I O N S D E L ’ I I P E

Quel sont les points essentiels à retenir

sur la façon d’élaborer une politique

efficace de subventions aux écoles ?

Définir l’objectif de la politique de

subventions aux écoles – que ce

soit l’accès à l’éducation, l’équité

ou la qualité de l’éducation – est un

point crucial de l’élaboration de la

politique. Pour définir des objectifs

clairs et réalistes, il faut se fonder

sur la stratégie sectorielle du pays

ainsi que sur l’analyse de la situation

et des capacités des écoles. C’est

essentiel, car le choix des objectifs a

un impact sur les critères d’attribution

des subventions, ainsi que sur la façon

dont les subventions sont utilisées et

gérées dans les écoles. Par exemple,

si le but est de favoriser la gratuité de

l’enseignement primaire ou secondaire,

les planificateurs doivent s’assurer que

le montant de la subvention couvre

toutes les dépenses nécessaires pour

assurer un bon fonctionnement de

l’école et qu’il se substitue en intégralité

aux contributions des parents.

Comment s’assurer que les subventions

contribueront au bon fonctionnement

de l’école et bénéficieront aux élèves

Plus les acteurs du milieu scolaire

seront associés à la prise de décision

concernant l’utilisation de la subvention,

mieux celle-ci répondra aux besoins

de l’école et des élèves. Pour cela, il

faut que les rôles soient clairement

définis, que les comités de gestion

de l’établissement, les enseignants,

les associations de parents et

d’enseignants, et les élèves soient en

mesure de faire contrepoids à l’autorité

du directeur d’établissement. Fournir

des guides et des outils de planification,

de gestion, de comptabilité et de

contrôle est primordial pour faciliter

le travail de ces acteurs.

Quelles sont les principales difficultés

que posent aux pays les subventions

aux écoles ?

Les politiques de subvention aux écoles

se fondent sur une délégation d’autorité

et l’instauration de nouveaux cadres

de responsabilité. Or, les acteurs au

niveau des écoles ne sont pas toujours

bien informés et préparés pour assumer

ces nouvelles responsabilités. D’où

l’importance primordiale de la diffusion

et du renforcement des capacités.

Autre difficulté : dans certains pays,

le montant des subventions ne suffit

pas pour améliorer la situation

des écoles précaires, ni pour réduire

la contribution financière des parents.

Tête-à-tête avec l’auteure

Chloé Chimier, chercheuse à l’IIPE, explique le profit que les planificateurs et les décideurs politiques peuvent tirer du nouveau guide technique pour la conception et la mise en œuvre de politiques de subventions aux écoles.

TÉLÉCHARGEZ GRATUITEMENT TOUTES LES PUBLICATIONS DE L’IIPE OU COMMANDEZ UN OUVRAGE : PUBLICATIONS.IIEP.UNESCO.ORG

CONCEVOIR ET

METTRE EN ŒUVRE

UNE POLITIQUE DE

SUBVENTIONS AUX

ÉCOLES

Publication IIPE-UNESCOCe guide technique a pour but d’aider les pays à concevoir et mettre en œuvre des politiques de subventions aux écoles. Il s’appuie sur des études menées auprès de 200 écoles dans 14 pays. (en français et en anglais)

LEARNING AT THE

BOTTOM OF THE

PYRAMID

Sous la direction de Daniel A. Wagner, Sharon Wolf et Robert F. Boruch Cette étude écrite par des experts du monde entier porte sur les obstacles à l’apprentissage chez les enfants des populations pauvres et marginalisées, ainsi que sur les moyens de réduire les inégalités d’apprentissage dans les pays. (en anglais)

IQA: ENHANCING HIGHER

EDUCATION QUALITY...

Sous la direction de Michaela Martin Aboutissement d’une vaste étude internationale sur les options efficaces et innovantes en matière d’AQI, cet ouvrage est un guide à l’usage des établissements d’enseignement supérieur qui veulent élaborer et concevoir leur propre système d’AQI. (en anglais, prochainement en français)

INFORMATION ET

TRANSPARENCE :

TABLEAUX DE BORD DES

ÉCOLES EN AFRIQUE

SUBSAHARIENNE

Publication IIPE-UNESCO Les tableaux de bord des écoles sont de plus en plus présents en Afrique subsaharienne. Ce livre s’intéresse à leur rôle dans la promotion de la transparence et de la responsabilité, à travers 21 initiatives de 13 pays. (en français, prochainement en anglais)

Nepal: Lessons from integrating peace, humanrights, and civic education into social studies curricula and textbooks

Melinda Smith

International Institutefor Educational Planning

Education Sector Planning

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sEdited by Daniel A. Wagner, Sharon Wolf, and Robert F. Boruch

Learning at the bottom of the pyramidScience, measurement, and policy in low-income countries

Palestine: Lessons from UNESCO’s crisis–disaster risk reduction programme in Gaza

Bilal Al Hamaydah, Jo Kelcey, and Ferran J. Lloveras

International Institutefor Educational Planning

Education Sector Planning

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About the book

Young people, being a main stakeholder in education, ought to be involved in educational planning. This simple idea is examined in all its facets in this publication, which argues that, in addition to a rights-based defence, research provides several grounds for involving young people in planning,

notably the benefits to be obtained by both parties. For example, planners can gain efficiency-enhancing insights from users of the education system, while youth build their transferable skills for the world of work. Although recognizing obstacles – such as the difficulty of finding representative samples of youth delegates and the lack of technical knowledge among young people – the authors conclude that, given the significant benefits of youth participation, Ministries of Education should make the necessary efforts to overcome these. To help them to do so, this book presents solutions which can be adapted to a number of contexts. A thorough review of the extent of youth engagement in existing national education and youth policies and plans is presented in the second half of the book, along with a summary of what lessons can be learned from these experiences.

About the authors

Anja Hopma currently works for a Paris-based French charity which supports students from low-income backgrounds (Frateli). Before this, as a research assistant at IIEP, she worked on fee-free policies and decentralization reforms in education. She has done research in Bosnia and Herzegovina and Vanuatu, and managed a project on early childhood education in Cambodia for a French NGO (Chemins d’Enfances). She completed her Master’s in International Development in 2012 at Sciences Po Lille.

Lynne Sergeant is an Information Specialist at IIEP, where she has been working on the Institute’s youth engagement in education programme since 2012. Before joining IIEP, she worked as a librarian at the University of Hertfordshire (UK), in the education service at the British Council in Paris, and as an education and social policy research assistant at the British Embassy, Paris. She received her Master of Arts in Translation from the University of London.

ISBN: : 978-92-803-1383-3

International Institutefor Educational Planning

International Institutefor Educational Planning

IIEP Policy Forum

Planning education with and for youth

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Concevoir et mettre en œuvre une politique de subventions aux écoles

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