Presse Numérique : Comment Donner De La Valeur A L' Information

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  • 8/2/2019 Presse Numrique : Comment Donner De La Valeur A L' Information

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    www.stratgi.gov.fr

    La presse crite est confronte depuis une dizainedannes une crise qui loblige repenser sonmodle industriel et conomique. Si les magazinesspcialiss et les hebdomadaires dactualit sontparvenus prserver leur diffusion, tel nest pas lecas de la presse quotidienne dinformation gnralequi subit une diminution de ses ventes et de sesrecettes publicitaires. La proportion de Franaisdclarant lire tous les jours un quotidien payantdiminue ainsi rgulirement : de 43 % en 1989

    36 % en 1997 puis 29 % en 2008.Les raisons de cette crise sont bien connues, maison peine dgager les moyens dy remdier. Leformidable essor dInternet a en effet cr une trsgrande facilit de diffusion de linformation que lesinternautes ont pris lhabitude de consommer defaon gratuite. Bien quen augmentation constante,les recettes publicitaires en ligne sont encore loinde compenser la perte de revenus provoque parla baisse des ventes de journaux imprims. De

    nombreuses formules ont t exprimentes en vuede crer un modle conomique.Tournant le dos au modle du tout gratuit envi-sag lorigine, les sites des journaux font dsor-mais payer une partie croissante de leur contenu. Lemarch des tablettes tactiles semble des plus pro-metteurs pour faciliter cette rmunration. Mais cenouveau support na pas encore atteint le stade dunmarch de masse.

    Les enjeux de la presse numrique ne sauraienttoutefois se rduire la seule dimension cono-mique. La lecture traditionnelle du journal papierlaisse place en effet une relation beaucoup plusinteractive entre linternaute et le journaliste dontle monopole dans la fabrication de linformationsemble remis en cause. Les journaux en lignedoivent donc se rinventer, innover et trouver denouveaux atouts pour se diffrencier et valoriserlinformation produite. g

    La prss lr nmriq :

    commnt ajotr d la valr linformation ?

    LA NOTeDANALySe

    Novmbr 2011no253

    Qo o

    tndr lopration mon jornal offrt ax abonnmnts tot nmriqds grands qotidins t cx ds pure players.

    Dvloppr ds modls dingniri informatiq, dinfographi t d datajornalism, a sin ds formations d jornalist.

    Crr n laboratoir franais d rflxion n lign ddi lavnir d la prss.

    Conditionnr lattribtion ds financmnts d fonds daid a dvloppmntds srvics d prss n lign ds ngagmnts n matir d dvloppmntd contn nrichi t dapplications por tabltts nmriqs innovants.

    Alignr l tax d TVA d la prss payant n lign (19,6 %) sr cli d la prsspapir (2,1 %).

    PROPOSITIONS

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    Centredanalysestratgique

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    La recomposition du paysage

    de la presse critelo oo

    En France, le dveloppement de linformation en ligneprcde celui dInternet, puisque ses origines remontent la tlmatique et au minitel. En effet, nombre de jour-naux franais mettent au point dans les annes 1980une version adapte ce support, certains offrant mmedes services spcialiss, limage du suivi de la boursepropos par Les chos(4).

    Une dcennie aprs, lessor de lInternet grand public

    pousse les grands groupes de mdias investir dans dessites de presse en ligne (par exemple, ceux de Librationet du Mondeapparaissent en 1995). Ces derniers secontentent alors principalement de transposer les ditionspapier en format numrique, lexception des journauxconomiques qui font rapidement le pari du numrique enoffrant des contenus rdactionnels spcifiques. Progressi-vement, lintgralit des titres gnralistes propose desversions web enrichies qui trouvent trs vite un largepublic. Plus rcemment, des journaux exclusivementdisponibles sur Internet, les pure players, commeRue 89et Mediapart, voient le jour et se composent

    darticles souvent plus varis et engags que ceux dessites dinformation gnraliste. Enfin, les smartphones etles tablettes numriques constituent de nouveaux sup-ports pour linformation en ligne, ce qui entrane la cra-tion dapplications ddies.

    Cette volution technologique sest double dun chan-gement des usages. Le numrique entre ainsi dans lesmurs des lecteurs de presse franais. Selon une tuderalise par linstitut GfK en association avec lAgenceFrance-Presse, 42 % des personnes interroges dclarentavoir lu des articles proposs par la presse numriquelors des trois premiers mois de 2011 (5).

    Ainsi, selon Mdiamtrie, les sites d'information gnra-liste ont enregistr une progression de 16 % de leuraudience quotidienne en mars 2011 comparativement mars 2010(6). Chaque jour, prs de 6,6 millions dinternautesse connectent en France pour consulter les informationssur ces sites dactualit. Lors de leur recherche en ligne,79 % des lecteurs numriques privilgient les sites

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    Cntr danalys stratgiq

    La presse crite franaise traverseactuellement une crise. Au dclin de sadiffusion lie lvolution des modes devie, sajoutent la baisse des recettespublicitaires dans un contexte de criseconomique et le dveloppement dunenouvelle offre numrique(1). En effet,lvolution technologique bouleverse nonseulement le modle conomique de cemdia, mais aussi ses modesdorganisation, ses mtiers et sescontenus. Des tats gnraux de la pressecrite ont t organiss en 2008,afin de prserver lun des biens les plusprcieux de la dmocratie : une pressecrite indpendante, transparente etpluraliste(2).

    Cependant, larrive du numrique nedoit pas tre uniquement perue commeune menace pour la survie de la presse.Elle reprsente aussi une opportunitconsidrable de dveloppement et derinvention de ce secteur afin de sduire

    les lecteurs, et en particulier les nouvellesgnrations.

    La rapidit de lvolution technologiqueet des changements dusages est telle,quil nest pas ais danalyser la situationde la presse au dfi du numrique(3).Allons-nous vers une dmatrialisationtotale du support de la presse ? Quellesimplications aurait-elle sur les mtiers dela presse ? Linformation en ligne offre-t-elle des possibilits en matire douverture

    de dbats ou fait-elle au contraire peserde forts risques de concentration desopinions ? Quels modles conomiquessemblent les plus adapts ?

    LeS

    eNjeux

    (1) Cardoso A. (2010), La gouvernance des aides publiques la presse, rapport remis au ministre du Budget, des Comptes publics et de la Rforme de ltatet au ministre de la Culture et de la Communication.

    (2) Livrevertdestatsgnrauxdelapressecrite (2009).(3) Tessier M. (2007), Lapresseaudfidunumrique , rapport au ministre de la Culture et de la Communication.

    (4) Charon J.-M. et Le Floch P. (2011), LaPresseenligne,Paris,La Dcouverte.(5) Baromtre numrique Reference e-content (REC).(6) Mdiamtrie (2011), Laudience de lInternet en France.

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    (10) Donnat O. (2009), LespratiquesculturellesdesFranaislrenumrique, Paris, La Dcouverte.(11) Audi Presse (2011), Prs d'un Franais sur deux lit chaque jour un quotidien. L'audience de la presse quotidienne se maintient un haut niveau.(12) Observatoire de la presse 2011.(13) tude Audience et tudes de presse magazine (AEPM), cumul de juillet 2009 juin 2010, ralise par Audipresse.(14) tude AEPM.(15) Charon J.-M. (2010), De la presse imprime la presse numrique, Rseaux,n 160-161.

    Seule la presse gratuite dinformation est plus appr-cie par les jeunes gnrations que par les autres (20 %

    des 15-24 ans la lisent plus dune fois par semaine contrepar exemple 11 % des 35-44 ans) (10). Cependant, aucunlien clair avec la lecture de quotidiens payants na pu tretabli(11). Dun ct, plus dun quart des lecteurs de pressegratuite lisent aussi tous les jours un titre de la pressepayante. De lautre, les journaux gratuits touchent denouveaux publics, notamment les jeunes citadins, sansque cela ne semble susciter chez eux lenvie dacheterdautres titres.

    Par ailleurs, la situation de la presse magazine est sin-gulire. Ce secteur prsente lavantage, comparative-

    ment aux quotidiens, davoir des publics beaucoup plussegments et doffrir en change une grande diversit deprestations. Si plus de 40 % des numros vendus sonttoujours de la presse TV (12), de nombreux secteurs sedveloppent, limage des titres sur la cuisine (+ 4,5 %entre 2009 et 2010(13)). Dautres magazines ayant joula carte de la qualit sur le fond et la forme connaissentde vrais succs de ventes, sans pourtant proposer deversion numrique (par exemple, le magazine XXI). Deplus, les groupes de presse magazine aujourdhui ne sontgnralement constitus que dun dpartement ditorialet dun dpartement commercial, sous-traitant la fonction

    impression. Ds lors, il est plus facile de sadapter lapparition dun nouveau mdia. Enfin, le format maga-zine se prte mieux aux stratgies de distribution parabonnement et viala grande distribution.

    Cependant, malgr ces atouts, le secteur de la pressemagazine connat lui aussi un recul ces derniresannes. Si le nombre de lecteurs chaque mois est tou-jours trs lev (48,7 millions en 2010, soit 96,2 % des15 ans et plus), on constate une baisse de la frquence delecture et de la multi-consommation de titres. Le nombredexemplaires vendus en France a ainsi baiss de 15 %depuis 2000(14).

    Lrosion des ventes des quotidiens et des magazinesnest que partiellement amortie par des stratgies daug-mentation des prix. De plus, les annonceurs publicitaires,souhaitant bnficier de laudience la plus large possible,redistribuent leurs dpenses vers Internet, souvent audtriment de la presse. La baisse des revenus publici-taires fut particulirement marque en 2009 : 17,6 %

    pour les quotidiens nationaux, 18,1 % pour les maga-zines et 28,3 % pour la presse gratuite.

    Les charges dexploitation restent, quant elles, dunegrande stabilit : les frais dimpression comme de papiernont que peu vari dans le temps compte tenu des cotsincompressibles dimpression et du renchrissement duprix de la pte papier (+ 70 % entre juin 2009 et juin2011). En outre, lirrgularit croissante des lectures(avec une fluctuation plus importante en fonction desvnements) rend difficile lajustement du nombredexemplaires livrs par point de vente (aujourdhui aunombre de 23 000 30 000 selon la dfinition retenue).Les groupes sont donc contraints darbitrer entre une

    rduction de lassiette de distribution, qui se traduit invi-tablement par une perte de lectorat, ou un maintien delassiette, avec une augmentation des invendus.

    Cest donc le modle industriel de la presse papier,reposant sur des conomies dchelle, qui est aujourdhuien grand pril. La presse en ligne entrane en effet unecompression des cots de production (on estime ainsique le basculement sur le web ferait conomiser 35 % deces cots(15)). Le circuit entre lcriture de larticle et sadiffusion est rduit au minimum. La phase industrielledisparat, ce qui reprsente une conomie significative defrais dimpression, de papier et de masse salariale. La

    suppression de la distribution physique minore encore lescots, acclre et permet la diffusion toute heure et entout lieu.

    Dans de telles conditions, les dirigeants des organes depresse pourraient tre tents de prendre la masse sala-riale comme variable dajustement. 13 500 emplois dejournalistes ont t supprims aux tats-Unis entre 2007 et2010. Un cercle vicieux sest ainsi progressivement ins-tall : plus les journaux perdent de largent, plus ils sonttents de rduire la taille de leur rdaction, quitte pro-duire un contenu appauvri de moins en moins susceptiblede se distinguer du tout-venant de linformation en l igne.

    Toute la difficult est en effet de produire une informationde qualit un cot bien infrieur ce que peut reprsen-ter une rdaction classique avec ses services (politique,socit, international, culture, conomie, etc.) et ses jour-nalistes de haut niveau capables de crer une information forte valeur ajoute comportant des analyses, des misesen perspective ou des reportages.

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    (16) Pew Research Centers Project for Excellence in Journalism (2011), TheStateoftheNewsMedia.AnAnnualReportonAmericanJournalism.(17) Le taux dquipement en iPad aux tats-Unis a ainsi presque doubl lors des quatre derniers mois de 2010, passant de 4 % 7 %.

    (18) 84 % des Amricains ont un tlphone cellulaire qui, dans deux tiers des cas, leur permet daller sur Internet.(19) Pew Research Centers Project for Excellence in Journalism (2011), op.cit.(20) Charon J.-M. (2011), Quel avenir pour le secteur de la presse crite ?, Observatoire des mtiers de la presse. Lunion des entreprises de conseil et achat mdia

    (UDECAM) a galement publi une tude prospective intitule Quel sera le paysage mdia en 2020 ? qui propose deux scnarios dvolution de la presse crite :Les invasions barbares correspond en grande partie au modle de substitution, Lempire contre-attaque celui de la coexistence.

    Q v o ?

    La presse franaise bascule progressivement vers lenumrique, sans quil y ait pour lheure de modle stabilis.Elle est en phase dinvestissement, dexprimentation, depositionnement stratgique, mais aussi dobservationdes habitudes de consommation, qui sont pour une largepartie dtermines par la qualit et la diversit de loffre.Il est donc difficile dextrapoler les usages actuels pour endduire les volutions futures.

    Dans cet objectif, il peut tre intressant danalyser lasituation de la presse aux tats-Unis lre du num-

    rique, dans la mesure o les rapports aux nouvelles tech-nologies dans ce pays sont souvent annonciateurs destendances europennes.

    Premier constat, la lecture des quotidiens papier a chutde 10,6 % aux tats-Unis entre 2008 et 2009 et de 5 %sur les six premiers mois de 2010, selon lAudit Bureau ofCirculations. Les journaux ont non seulement souffert duralentissement conomique, mais aussi de la migrationdu lectorat vers linformation en ligne, les annonceurslui ayant embot le pas.

    Ainsi, pour la premire fois en 2010, le nombre de lec-teurs de la presse en ligne sur Internet a dpassaux tats-Unis celui des journaux imprims, selon ledernier rapport sur ltat de la presse ralis par le PewResearch Centers Project for Excellence in Journalism(16)

    (graphique 2). 47 % des Amricains interrogs disentsinformer au moins trois fois par semaine sur Internet,contre 40 % qui privilgient le papier. Cette migration verslInternet sacclrerait, sous leffet du dveloppementrapide des tablettes(17) et des smartphones(18).

    De plus, les revenus publicitaires des journaux papieront chut de 48 % entre 2007 et 2010. Cette diminutionest dautant plus problmatique pour les groupes de

    presse amricains que plus de 80 % de leurs revenusreposent sur la publicit (contre 40 % en France et 53 %pour lOCDE). Paralllement, les investissements publici-taires sur Internet ont explos (+ 14,9 % en 2010), maissont capts pour moiti par les moteurs de recherche etles agrgateurs de donnes. Ces derniers reprsententnanmoins une source de revenus importante pour lessites de presse par renvois de trafic : 40 % des visitesde pages dinformation gnraliste se feraient ainsi par

    accs indirect et Google porterait lui seul 28,4 % desconsultations des principaux sites dinformation.

    Graphiq 2.

    voltion ax tats-unis d la prss imprimt dIntrnt comm moyns dinformation

    Source : Centre danalyse stratgique, donnes Pew Research Center

    Pour pallier la perte de revenus tirs de la publicit et labaisse du lectorat sur papier, les journaux amricainschoisissent de plus en plus de rendre payant laccs

    leur contenu en ligne. Or, si 36 titres ont adopt desformules payantes sur leur site, seul 1 % de leurs usagersy a souscrit. En effet, le consentement payer pourlinformation numrique est faible. Selon un sondageralis par le Pew Research Center, 23 % des rpondantsaffirment tre daccord pour dbourser 5 dollars par moispour un accs intgral au site dun titre, lorsquil est pr-cis que le fait de payer conditionne sa survie.

    Le cas amricain est donc emblmatique de la mutationque connat le secteur de la presse aujourdhui. Nombredexperts pensent que les journaux en Europe empruntentla mme voie. Ainsi, pour Robert G. Picard(19), spcialiste

    des mdias, les presses europennes devraient connatreune volution similaire, mais avec 7 10 ans de dcalage.

    Deux scnarios dvolution semblent les plus probables(20) :

    b la coexistence des deux mdias avec possibilit derenforcement mutuel ou au contraire damoindrissementdes capacits respectives en fonction des stratgies dediffrenciation adoptes et des choix faits en matirede modle conomique ;

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    (21) Dagiral E. et Parasie S. (2010), Vido la une ! Linnovation dans les formats de presse en ligne, Rseaux, n 160-161.(22) Lutilisation croissante des rseaux sociaux pouse cette tendance. On notera ce sujet larriv e duMonde sur Google + qui ouvre dsormais ses portes aux entreprises.(23) Les jeunes et la lecture de la presse quotidienne dinformation politique et gnrale, rapport de Bernard Spitz remis au ministre de la Culture le 6 octobre 2004.

    b la substitution du numrique au support papier. Lesversions imprimes diminueraient progressivementavec le renouvellement gnrationnel (les digitalnatives) et linnovation technologique. Ce scnarioserait synonyme dun bouleversement complet desmtiers et des ressources financires des groupes depresse.

    Les atouts de la presse en ligneInternet, mdia global, gratuit (hors quipement et abon-nement un accs ADSL) et interactif, a boulevers lerapport des citoyens linformation et a fragilis lqui-libre financier de la presse. Mais il pourrait galement servler tre une opportunit de dveloppement et derinvention de ce secteur.

    ro hq

    De par ses caractristiques intrinsques, linformation enligne abolit les principales contraintes attaches lapresse papier.

    Internet permet en premier lieu de fournir, sans contraintede frquence de parution, de dlais de bouclage et dedistribution, une information quasiment instantane etactualise en continu. De surcrot, il est possible de mettreen perspective de linformation en faisant le lien avecdes articles prcdents ou avec des analyses de fond.

    Deuximement, labsence de limites en termes de pr-sentation, de pagination et de stockage, autorise unevarit darticles extrmement large, l o un quotidienne peut dvelopper quun nombre restreint de sujets. Desressources thmatiques, des archives, ou encore desbases de donnes, sont ainsi disponibles avec un accsfacilit par les moteurs de recherche intgrs aux sites.

    Troisimement, linformation en ligne devient une offremultimdia, avec linsertion dimages, mais aussi de

    sons et de vidos dans le processus ditorial. Certainsjournaux se dmarquent aujourdhui en adaptant leurscontenus aux possibilits offertes par les supports num-riques, comme le magazine Wiredconsacr aux nouvellestechnologies (figure 1). Ces volutions ne sont pas sansconsquence sur la manire de lire la presse car ellesredistribuent lattention des lecteurs entre les lmentstextuels, photographiques et audiovisuels(21). Elles offrentgalement de nouvelles possibilits narratives aux jour-nalistes, bouleversant ainsi lexercice de leur mtier.

    Quatrime avantage, lInternet se dmarque des mdiastraditionnels, qui fonctionnent principalement dans unelogique verticale et descendante, par sa dimension parti-cipative. Les lecteurs de la presse numrique peuventdevenir acteurs : en commentant et dbattant des arti-cles, en contribuant aux enqutes (datajournalisme),voire en devenant des contributeurs ou des diteurs avecla possibilit de crer des journaux personnaliss enfonction des flux de lecture(22).

    Enfin, les technologies mobiles reprsentent de nouvellesopportunits en matire de revenus publicitaires grceau ciblage des publics. Comme pour la presse magazine,la segmentation du march et la personnalisation de

    la presse en ligne sont de plus en plus recherches parles annonceurs. Cependant, comme expliqu prcdem-ment, le march de la publicit sur Internet a t trsrapidement capt par les moteurs de recherche et ilsavre maintenant difficile de parvenir une plus justerpartition des revenus.

    Figr 1.

    Lapplication intractiv d magazin Wirdpor tabltt nmriq

    s b j

    Ces potentialits pourraient permettre de sduire un nou-veau type de public, notamment plus jeune, dont lattraitpour les technologies volutives nest plus prouver.

    Pour fidliser le jeune lectorat, le ministre de la Culturea lanc en 2009, au lendemain des tats gnraux dela presse, lopration mon journal offert. Inspire parune recommandation du rapport Spitz(23), cette opration,mene en partenariat avec les trois syndicats de la presse

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    (24) CLEMI (2011), Lecture des programmes scolaires sous langle de lducation aux mdias.(25) http://www.toileses.org/.(26) Enqute ralise au second semestre 2010 par le cabinet Technologia auprs de 1 000 journalistes dtenteurs de la carte de presse.

    quotidienne, propose un abonnement gratuit une foispar semaine pendant un an un quotidien pour 200 000

    jeunes gs de 18 24 ans. Son financement est assurpar les diteurs et le fonds de modernisation de la presse.Lopration a rencontr le succs puisquil a fallu releverle plafond envisag : 212 000 jeunes se sont en effetabonns l'un des 59 quotidiens nationaux ou rgionauxqui leur taient proposs, soit 7 % des 18-24 ans.

    Lenqute de satisfaction ralise par Vision Critical arvl que 62 % de ces jeunes abonns ont plbiscitldition lectronique du quotidien choisi. Il est cependantdifficile de dire si une telle opration peut ancrer unehabitude de lecture dans le temps. La direction dOuest

    Francea estim quentre 10 % et 15 % des bnficiairesde lopration avaient choisi de reconduire leur abonnementlanne suivante. Ce chiffre peut paratre encourageantsi lon considre le prix dun abonnement un quotidienmais, dans labsolu, ces nouveaux abonnements payants nesauraient compenser la perte des lecteurs dans lensembledes classes dge.

    Afin de rendre lopration mon journal offert encore plusefficace, il pourrait tre intressant de proposer unedeuxime formule aux jeunes : un abonnement gratuit desix mois loffre tout numrique du quotidien ou du pureplayerde leur choix. Outre lavantage dtre sur un

    rythme journalier, et donc plus propice faire de la lec-ture de la presse une habitude quotidienne, ce typedabonnement serait plus adapt aux attentes des frusde nouvelles technologies.

    PROPOSITION

    tndr lopration mon jornal offrt axabonnmnts tot nmriq ds grandsqotidins t cx ds pureplayers.

    Un autre levier indispensable de sensibilisation des jeunes la presse est celui de lcole. Le Centre de liaison de len-seignement et des mdias dinformation (CLEMI) recenseainsi sur son site Internet toutes les entres possiblesdune ducation aux mdias partir des programmesscolaires du primaire et du secondaire(24). Paralllement,des enseignants crent leur propre site Internet afin departager les activits ayant rencontr un cho positif de lapart de leurs lves. titre dillustration, une enseignantede sciences conomiques et sociales a cr un blog,Toile

    1

    SES(25), o elle mutualise ses supports de cours, mais ga-lement de travaux de groupe (par exemple, la mise en

    parallle de linterprtation dun mme sondage par plu-sieurs journaux ou la cration dune Une partir dedpches AFP). Ce blog rencontre un fort succs puisquilreoit plus de 20 000 visites mensuelles.

    La difficiLe adaptation

    dune filire et dun mtier

    l bov

    Linformation en ligne et son mode de consultation, plus

    rapide et plus fragment que ne lest la lecture classiquede la presse papier, ont oblig les journaux changer leurmode de production de contenu. Car la rdaction webrepose sur une vidente contrainte de ractivit : linfor-mation en continu pousse les rdacteurs crire desarticles courts 3 000 4 000 signes incorporant destermes trs explicites pour que larticle soit rfrenc aumieux par les moteurs de recherche.

    Le temps imparti la vrification de linformation toutcomme la correction sen trouve ncessairement rduit.Le rapport ralis par le cabinet Technologia sur le travail

    des journalistes rvle ainsi que 68 % dentre eux esti-ment devoir travailler plus vite quauparavant ce quidonne penser que la vrification, pierre angulaire defiert professionnelle des journalistes, reste une exigencelargement respecte, mais bute de plus en plus sur letemps quon peut lui accorder, qui se rarfie(26).

    La difficult est ainsi de prserver ce qui constitue le curde mtier du journalisme tout en veillant adapter la pro-fession aux nouveaux impratifs de lre numrique. Fairevoluer la profession sans la dnaturer supposerait sansdoute un enrichissement de la formation initiale et conti-nue. Si les enjeux lis linformation en ligne sont demieux en mieux intgrs, beaucoup reste faire enmatire de comptences informatiques. Luniversit deColumbia vient ainsi de lancer le premier double diplmede journalisme et de web dveloppeur afin dviter lasparation professionnelle entre forme et contenu. Sansaller jusque-l, le dveloppement de modules dingnie-rie informatique, dinfographie et de datajournalisme lorsde la formation initiale des journalistes permettrait defavoriser linnovation.

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    temps par les journaux. En esprant que la publicit enligne allait permettre de dgager des ressources suffi-

    santes pour compenser la diminution des vente des di-tions papier, la plupart des journaux ont en effet com-menc par mettre en ligne lintgralit du contenu publisur papier. La faiblesse des recettes dgages par lapublicit en ligne a par la suite incit de nombreux titres remettre en cause ce modle du tout gratuit. Aucuneformule na cependant permis de monnayer suffisam-ment linformation en ligne.

    Une multitude de formules sont aujourdhui exprimentespour tenter de trouver un nouveau modle conomique(encadr 2) :

    b le tout gratuit est aujourdhui abandonn par la plupartdes journaux. Il demeure nanmoins quelques irrduc-tibles dfenseurs de cette formule, en particulier leLos Angeles Timeset le Guardian. Cependant, dans lecas du quotidien britannique, ses 50 millions de visi-teurs mensuels ne lui permettent pas de compenser lachute de ses revenus : en 2010 il a enregistr despertes de 38 millions deuros et a choisi daugmenter leprix de vente de son dition papier de 20 % ;

    b le tout payant reste peu rpandu et concerne davan-tage les revues ou magazines que les quotidiens.

    The Timesfait toutefois exception. Le doyen des quoti-diens britanniques fait aujourdhui payer laccs soncontenu en ligne 2 livres par semaine. Si le nombrede lecteurs en ligne a fortement chut, ses abonnssur Internet ont dpass en juin dernier la barre des100 000. Avec cette formule, les revenus du journalsont aujourdhui suprieurs ceux dgags par lapublicit lpoque de laccs libre ;

    b le freemiumest aujourdhui le modle dominant. Ilrepose sur une solution mixte : une partie du contenureste en accs libre (free) ; une autre, premium,nest accessible que par abonnement. La plupart des

    quotidiens nationaux franais lont adopt. La variantede ce modle est appele paywall(mur page), elleconsiste donner librement accs au contenu de sonchoix mais avec un quota darticles chaque mois. TheNew York Timesa adopt ce modle en avril 2011 enlimitant 20 le nombre darticles consultables avantdexiger un abonnement si le lecteur souhaite davan-tage de contenu. Les premiers mois laissent penserque cette stratgie est prometteuse. Aprs un trimestre,on comptait 281 000 abonns et une augmentation de16 % des revenus publicitaires(27).

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    (27) Chittum R. (2011), The NYT Paywall is out of the gate fast, TheAudit.

    PROPOSITION

    Dvloppr ds modls dingniriinformatiq, dinfographi t d datajornalism a sin ds formations djornalist.

    Enfin, on assiste une certaine remise en cause de laplace du journaliste comme producteur de linformation.Un consommateur critique se substitue progressivementau traditionnel lecteur qui nentrait en relation avec sonjournal que par le biais du courrier des lecteurs. Le dve-loppement des rseaux de blogueurs associs transforme

    tout autant la physionomie de la rdaction dun journal.Experts dans leur domaine ou tmoins privilgis, les blo-gueurs prennent une place croissante dans les contenusproposs. Le journaliste a perdu en mme temps sonquasi monopole dans le tri et le choix de linformationjuge digne dtre traite. La slection est dsormaisralise par une multitude dintermdiaires (blogueurs,rseaux sociaux, agrgateurs de contenus).

    Les journaux sont donc contraints de rinventer leurmodle en crant une plus grande valeur ajoute danslinformation produite.

    encadr 2L cas particlir ds pure playersAppels pureplayers, les organes de presse uniquementprsents sur Internet au moment de leur cration sontparvenus fidliser leur public. Mais leurs revenusinsuffisants les obligent diversifier leur activit. Rue89dveloppe ainsi des formations mdias destines auxentreprises et aux collectivits locales et participe au siteJaime linfo qui rcolte les dons des lecteurs. Les sitespayantspureplayers restent des marchs de niche mais lesuccs deMdiapart qui, avec 56 000 abonns individuelspayants, serait parvenu lquilibre laisse esprer laviabilit de sites dinformation et dopinion ou spcialiss.

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    Le grand nombre de visiteurs sur les sites des journauxdinformation 48 millions de visiteurs chaque mois dansle cas du Monde.fr na pas permis ce jour de compen-ser la chute du lectorat du journal papier.Les internautesont en effet acquis une culture de la gratuit favorisepar loffre surabondante de linformation en ligne, maisaussi par la stratgie mise en place dans un premier

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    Lessor des smartphones et plus encore celui des tablettesnumriques cre un nouveau vecteur pour la diffusion dela presse lectronique. Contrairement aux crans dordi-nateurs qui nont pas t conus pour la lecture de lapresse en ligne, les tablettes, grce leur format et latechnologie tactile, possdent la force et la puissance dela maquette dun journal papier estime Pascal Richet,cofondateur et rdacteur en chef de Rue 89. Ce supportpermet galement de conserver une hirarchisationdes contenus : la page dun journal est affiche dansson intgralit et les applications des journaux recrentun univers proche de celui du journal papier avec

    cependant un mode de navigation beaucoup plus soupleet intuitif. Tandis que les pages de sites se sontconstruites de haut en bas en dveloppant une logique deliens hypertextes, les tablettes privilgient une lecture degauche droite dans une surface balise, ce qui autoriseune vritable immersion. Lapparence actuelle des jour-naux imprims, objets parfaitement adapts leur usage,est, comme celle du livre, le fruit dune histoire quise compte en sicles : la tablette permet dsormais derespecter cette perfection formelle et de dvelopper lesmmes caractristiques cognitives que celles nces-saires pour matriser la lecture de la presse. On se trouvedonc ici dans un processus de continuit plutt que derupture.

    De tels avantages pourraient en tout cas permettre auxorganes de presse de retrouver des lecteurs payants engrand nombre et de sduire les annonceurs grce auxpublicits fort contenu multimdia. Le march destablettes doit cependant acqurir sa taille critique endevenant un vritable march de masse.

    Si une minorit de lecteurs de la presse disposent pour lemoment dune tablette numrique de type iPad, Kindle ouArchos, ce march connat une trs forte progression. Auniveau mondial, les chiffres de vente sont en effet passsde 3,5 millions au deuxime trimestre 2010 15,1 millionsau deuxime trimestre 2011.Aux tats-Unis, 12 % desinternautes gs de 8 64 ans, soit 28 millions dAmri-cains, possdent ou utilisent dj une tablette numrique ;18 % dinternautes envisagent par ailleurs den acqurirune dans les 12 prochains mois(31). Parmi les utilisateursde ces tablettes, 87 % sen servent pour accder ducontenu ou des informations et 42 % pour lire des livres.

    LA NOTeDANALySe

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    (28) www.niemanlab.org.(29) noter quApple rclamait 30 % de commission pour voir figurer ePresse sur son kiosque numrique iTunes. Loffre a t rejete par ePresse.(30) www.ongo.com/.(31) tude de lOnline Publishers Association (Association des diteurs en ligne), septembre 2011.

    Aucune formule ce jour na cependant permis de crerun nouveau modle conomique viable pour la presse

    en ligne. Pour approfondir la phase de rflexion et dexp-rimentation actuelle, plusieurs laboratoires dides ontt lancs dans les pays anglo-saxons linstar deniemanlab.org(28), de la fondation Nieman pour le journa-lisme de luniversit de Harvard.

    Une initiative similaire gagnerait tre lance en France ;elle ne serait pas celle des pouvoirs publics mais le fruitdune coopration entre les principaux acteurs concernspar lavenir de la presse.

    PROPOSITION

    Crr n laboratoir franais d rflxionn lign ddi lavnir d la prss.C laboratoir porrait tr mis n plac parn o plsirs cols d jornalism avcvntllmnt l concors ds principaxsyndicats d la prss (SPQN t SPQR).

    Ce laboratoire permettrait notamment linstauration decooprations entre les grands groupes de presse afinde dvelopper de faon concerte des projets num-

    riques dots dune meilleure valorisation des contenus.En France, huit diteurs ont ainsi cr un groupementdintrt conomique (GIE) ePresse Premium pourlancer un kiosque numrique. la suite dun accord signle 9 novembre dernier avec Google, le groupement vapouvoir montiser son kiosque en ligne en utilisant leservice Google One Pass moyennant une commissionde 10 % revers Google(29). Certains prconisent cepen-dant daller plus loin en testant de nouvelles formulesdabonnement pour accder un nombre plafonn d'ar-ticles dans une slection de journaux. Autre possibilit decollaboration, aux tats-Unis, des groupes comme celuidu New York Times, du Washington Postet de la GannettCompanyont investi 12 millions de dollars afin doffrir unnouveau service : contre un abonnement de 6,99 dollarspar mois, le site Ongo(30) propose des slections darticlesdes principaux journaux amricains et de lagenceAsso-ciated Press, adapts aux prfrences de chacun, mis enpage et sans aucune intrusion publicitaire. Ils esprentainsi toucher les lecteurs news enthusiasts et bnficierdune nouvelle source de revenus.

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    Cntr danalys stratgiq

    En France, 435 000 tablettes se sont vendues en 2010 etlon sattend ce que plus dun million dappareils de

    ce type trouvent un acqureur en 2011. La sortie dbutoctobre de la version franaise du Kindlede base, vendue99 euros par Amazon (cinq fois moins cher que le premierprix dun iPad), a tout lieu de stimuler fortement le marchdes tablettes. On peut gager que larrive prochaine duKindle Fire, modle en couleur avec cran tactile et dontle cot est 60 % infrieur celui de liPad, permettra dedvelopper la lecture de la presse sur ce support.

    Il nest donc pas impossible que la tablette lectroniquedevienne le principal support de lecture de la presse(encadr 3). Mais pour cela le diffrentiel de prix de lin-

    formation par rapport limprim devra tre important : lechiffre de 50 % est souvent voqu. Avant mme de voirla tablette tactile simposer dans le grand public, desexpriences particulirement novatrices ont t lances linstar de The Daily. Cr en fvrier 2011 par le magnatde la presse Rupert Murdoch, The Dailyest un quotidienconu spcifiquement pour liPad dApple. Sil na touchque le quart du nombre dabonns jug ncessaire pourque le journal trouve son quilibre financier, le fait quil aitatteint 120 000 abonns fin septembre 2011 peut treconsidr comme un bilan encourageant.

    Les diteurs de presse se doivent cependant de faire

    preuve dune relle innovation pour produire des conte-nus enrichis ddis au format de la tablette.

    encadr 3

    L plan iPad d grop d prsscanadin GscaEn avril 2011, Gesca, le plus important groupe de pressecanadien, a annonc la mise en uvre dun plan iPaddont le but est simple : convertir les lecteurs la pressenumrique en rduisant les tirages (par exemple, le journalLaPresse passera de 200 000 exemplaires par semaine 75 000) et en les incitant sabonner aux supports enligne. Pour cela, un iPad 2 sera offert chaque lecteur pour3 ans de souscription. Ce modle conomique fonctionnetrs bien dans le secteur de la tlphonie mobile, olabonnement un service moyen terme et lachat d'unappareil vont de pair.Gesca espre ainsi engendrer des revenus prennes grceaux abonnements, tout en rduisant considrablement lescots lis limpression et la distribution. La date dudbut de lopration na pas encore t officialise, unequipe dune dizaine de dveloppeurs sattachant pourlheure mettre au point des applications innovantes pourchacun des six journaux concerns.

    Un autre problme souvent voqu est celui des 30 % decommission fixs par Apple sur tout achat de numro ou

    dabonnement, afin de bnficier de son circuit de distri-bution iTunes.

    Pour contourner cet cueil, deux types doutil ont vu lejour :

    b les kiosques numriques, comme Relay.com, Lekiosque.frou encore Read and Go, qui enregistrent des dbutsprometteurs. Ce nouveau mode de commercialisationdes journaux permet daccder une multitude detitres issus de la presse dinformation gnrale commede la presse magazine spcialise. Plus restreint dansson offre, le GIE presse, qui regroupe pour le moment

    cinq quotidiens et trois magazines, vient quant lui designer un accord de diffusion avec Amazon. Outre lechoix offert, ces kiosques permettent de sabonnerdirectement sur leur site Internet, vitant par la mmeoccasion de reverser les 30 % de commission. Cepen-dant, le rcent lancement de NewsStand, le kiosqueoffert par le nouveau systme dexploitation dApple(iOS 5), pourrait bouleverser la donne, avec la mise aupoint de nouvelles fonctionnalits. Pour lheure, lesprincipaux diteurs de presse quotidienne et magazinefranais ont annonc quils ne distribueraient pas leurstitres dans ce kiosque ;

    b les applications hors AppStore. En effet, grce au lan-gage HTML5, il est dsormais possible de recrer lesfonctionnalits dune application sur un navigateurInternet accessible sur smartphone et tablette (sousAndroid comme iOS). La navigation est aussi ergono-mique que sur les applications, et il est possible decrer une icne sur le bureau comme raccourci. LeFinancial Timesest ainsi le premier journal avoir tentle pari de dvelopper un tel site mobile, en retirantparalllement son application de lAppStore et en seprivant du mme coup de la visibilit quil offre.

    Afin de saisir ces opportunits, i l apparat ncessairedinvestir dans la Recherche et Dveloppement. EnFrance, un fonds daide au dveloppement des servicesde presse en ligne (SPEL) a ainsi t cr aprs les tatsgnraux de la presse. Ces subventions transversales ontt majoritairement utilises pour la simple mise en lignedes titres papiers sans proposer dinnovation. Ds lors,les subventions gagneraient tre plus cibles afin derellement inciter le secteur de la presse innover et dvelopper des journaux contenu enrichi.

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    LA NOTeDANALySe

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    www.stratgi.gov.fr

    Sarah Sauneron, dpartement Questions sociales

    et Julien Winock, service Veille et Prospective

    LA NOTeDANALySe

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    Lavenir de la presse dinformation

    gnrale demeure inconnu. Aucun modle

    conomique na ce jour pris la relve de

    la presse industrielle dveloppe au cours

    du XIXe sicle, et perfectionne sans cesse

    depuis lors jusqu lore des annes

    1980. Le basculement des journaux vers

    le numrique est cependant une volution

    irrsistible qui ne peut tre contourne ou

    diffre. Le grand dfi est de tirer parti

    des innovations les plus prometteuses

    comme la tablette tactile pour redonner

    linformation une valeur mise mal parla concurrence du tout-venant de

    linformation en ligne. Linnovation allie

    la qualit du contenu forme en dfinitive

    la seule vritable stratgie payante dans

    les annes venir.

    CONCLuS

    IONPROPOSITION

    Conditionnr lattribtion ds financmntsd fonds daid a dvloppmntds srvics d prss n lign dsngagmnts n matir d dvloppmntd contn nrichi t dapplications portabltts nmriqs innovants.

    Enfin, beaucoup dnoncent les distorsions de concurrenceexistant entre la presse papier et la presse numrique.Alors que la premire bnficie d'un taux de TVA rduitde 2,1 %, la seconde doit sacquitter dune TVA de 19,6 %.

    Un changement en la matire se heurte la directive euro-penne sur la TVA de 2006 : toute adoption dune TVA taux rduit dans un tat membre est soumise un vote lunanimit des pays membres. Mais il convient de noterque le Parlement europen vient de voter le 17 novembre2011 une rsolution dans laquelle il estime que en vuede dvelopper un vritable march unique, le droit delUnion europenne pourrait permettre aux tats mem-bres dappliquer, de manire temporaire, un taux rduitde TVA sur les services contenu culturel fournis par voielectronique [...]. Cette nouvelle catgorie, qui serait ajou-te l'actuelle annexe III de la directive 2006/112/CE,

    pourrait inclure la prestation de services en ligne tels quela tlvision, la musique, les livres, les journaux et lesmagazines par un fournisseur tabli dans l'UE toutconsommateur qui rside galement dans l'UE (32). Ledveloppement dune offre payante sur Internet, etnotamment sur tablette, serait naturellement favoris parune TVA harmonise la baisse : in finecette mesurecontribuerait la diffusion dune information de qualitsur le web, aussi bien sur les sites pure playersque ceuxde la presse papier. Il est noter que cette harmonisation la baisse de la TVA nentranerait pas de baisse desrecettes fiscales dans la mesure o il sagit dun march

    naissant.

    PROPOSITION

    Alignr l tax d TVA d la prss payantn lign (19,6 %) sr cli d la prss papir(2,1 %).

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    (32) Rsolution du Parlement europen du 17 novembre 2011 sur la modernisation de la lgislation sur la TVA dans le but de stimuler le march unique du numrique.

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    Centredanalysestratgique

    DeRNIReSPubLICATIONS

    CONSuLTeR

    La Note danalyse n 253 -novembre 2011 est une publicationdu Centre danalyse stratgiqueDirecteur de la publication :Vincent Chriqui, directeur gnralDirecteur de la rdaction :Pierre-Franois Mourier,

    directeur gnral adjointSecrtaire de rdaction :Delphine GorgesImpression :Centre danalyse stratgiqueDpt lgal : novembre 2011N ISSN : 1760-5733

    Contact presse :

    Jean-Michel Roull, responsablede la Communication01 42 75 61 37 / 06 46 55 38 38

    [email protected]

    Centre danalyse stratgique - 18, rue de Martignac - 75700 Paris SP 07 - Tl. 01 42 75 60 00 - [email protected]

    www.stratgi.gov.fr

    Le Centre d'analyse stratgique est une institution d'expertise et d'aide la dcision place auprsdu Premier ministre. Il a pour mission d'clairer le gouvernement dans la dfinition et la miseen uvre de ses orientations stratgiques en matire conomique, sociale, environnementaleet technologique. Il prfigure, la demande du Premier ministre, les principales rformesgouvernementales. Il mne par ailleurs, de sa propre initiative, des tudes et analyses dans le cadred'un programme de travail annuel. Il s'appuie sur un comit d'orientation qui comprend onzemembres, dont deux dputs et deux snateurs et un membre du Conseil conomique, social etenvironnemental. Il travaille en rseau avec les principaux conseils d'expertise et de concertationplacs auprs du Premier ministre : le Conseil d'analyse conomique, le Conseil d'analyse de lasocit, le Conseil d'orientation pour l'emploi, le Conseil d'orientation des retraites, le Haut Conseil l'intgration.

    sr www.stratgi.gov.fr, rbriq bicatios

    nots aays :

    n 252 g ls fiacmts iovats a srvic cimat (novembre 2011)

    n 250 g la oitiq cimatiq amricai (novembre 2011)

    n 249 g ds ffts qartir a oitiq a vi (novembre 2011)

    n 248 g por vomt rsosab s aotchoogis

    (novembre 2011)

    n 247 g d ovs orgaisatios travai cociiat gait

    fmm/homm t rformac s trriss (novembre 2011)

    nots syths :

    n 251 g ls istrmts coomiqs a srvic cimat

    (novembre 2011)

    n 246 g ls ais biqs ommagabs a bioivrsit (octobre 2011)

    n 244 g u ambitio satia or ero.

    Visio fraais horizo 2030 (octobre 2011)

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