Collège de l’Archet Brevet blanc - Histoire-Géographie Février 2006

Collège de l’Archet

BREVET BLANC

2005-2006

Épreuve : histoire géographie éducation civique

Durée : 2 heures Note : sur 40 (1ère partie : 18 pts ; 2ème partie : 12 pts ; 3ème partie : 6 pts ; orthographe et expression écrite : 4 pts).

Première partie : histoire-géographie (18 points) Traitez au choix l’un des deux sujets suivants (A ou B)

SUJET A - Comment la politique d'expansion de l'Allemagne nazie entraîne-t-elle le déclenche-ment de la Seconde Guerre mondiale en Europe ?

I. Étude de documents (8 points) 1. Document 1. À l'aide des extraits du traité de Versailles dites quelles sont les interdictions qui limitent la puissance mili-taire de l'Allemagne. 2. Document 2. Dans quelle direction se tourne la volonté d'expansion d'Hitler ? 3. Documents 1 et 3. Énumérez chronolo-giquement, d'après le document 3, les étapes de l'expansion territoriale de l'Alle-magne nazie en précisant pour chacune quelle décision du traité de Versailles n'est pas respectée. II. Paragraphe argumenté (10 points) À partir des informations fournies par les documents et en utilisant vos connaissan-ces, décrivez et expliquez la politique d'expansion de l'Allemagne nazie et mon-trez comment cette politique conduit à la guerre.

Document 2. « L'espace vital » se-lon Hitler Seul un espace suffisant sur cette terre assure à un peuple la liberté de l'existence. [...] Ce n'est pas dans une orientation tan-tôt à l'Ouest ou à l'Est que se trouve l'avenir de notre politique extérieure, mais bien dans une politique de l'Est, dans le sens de l'acquisition de la terre nécessaire à notre peuple alle-mand. Nous portons nos regards vers les pays de l'Est et nous inaugurons la politique territoriale de l'avenir. »

A. HITLER, Mein Kampf, 1926.

Document 1. Le traité de Versailles (1919) - Extraits Article 42 : Il est interdit à l'Allemagne de maintenir ou de construire des for-tifications sur la rive gauche du Rhin et sur la rive droite sur 50 km. Article 43 : Sont également interdits dans cette zone, l'entretien ou le ras-semblement de forces armées... Article 80 : L'Allemagne reconnaît et respectera strictement l'indépendance de l'Autriche. Article 81 : L'Allemagne reconnaît la complète indépendance de l'État tché-coslovaque. Article 87 : L'Allemagne reconnaît la complète indépendance de la Pologne. Article 160 : L'armée allemande ne pourra dépasser 100 000 hommes. Article 171 : La fabrication de tanks est interdite. Article 173 : Tout service militaire est aboli. Article 198 : Les forces militaires ne devront comprendre aucune aviation.

Document 3. Les agressions nazies

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Document 2. Passage en force d’immigrants à Melilla. MADRID (AFP) - Environ 40 immigrants clandestins ont réussi à passer mercredi à l'aube le double grillage séparant le nord marocain de l'enclave* espagnole de Melilla, qui représente avec l'autre enclave* espagnole de Ceuta l'unique frontière terrestre entre le continent africain et l'Union euro-péenne, lors d'une nouvelle tentative d'infiltration massive. Une centaine de clandestins auraient participé à cet assaut mené avec des échelles [...] là où la clôture mesure trois mètres […]. Deux jours avant, une infiltration massive d'immigrants par un secteur de la frontière réputé infranchissable avait fait 135 blessés dont cinq graves à Melilla. Cinq clandestins africains sont morts jeudi dernier lors d'un assaut similaire à Ceuta. Par ailleurs, quelque 136 immigrés, en majorité subsahariens, ont été arrê-tés mardi dans la banlieue de Nador, ville marocaine jouxtant l'enclave es-pagnole de Melilla […]. Il s'agit de 134 Subsahariens - dont treize femmes - et de deux Algériens, a-t-on ajouté de même source. Les opérations de ratissage "de grande envergure" menées par les autori-tés marocaines ont permis l'arrestation de 855 immigrés clandestins durant les sept derniers jours, a-t-on ajouté. Ces interpellations portent à 6082 le nombre total des immigrés interpellés depuis le 1er janvier 2005.

Dépêche AFP, mercredi 05 octobre 2005 - 09h14

* Enclave : portion de territoire d’un État entouré par le territoire d’un autre État.

Les villes de Ceuta et de Melilla, sur la côte méditerranéenne du Maroc, sont deux encla-ves* espagnoles, vestiges d’anciennes posses-sions coloniales. Territoires européens situés sur le continent africain, il s’agit des seules frontières terrestres entre Afrique et Union européenne. Ce sont donc des lieux de passage pour de nombreux migrants clandestins, dési-reux de pénétrer à tout prix dans la « forteresse Europe ».

SUJET B - Géographie : les migrations internationales (18 points) Document 1. Les flux migratoires dans le monde.

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Document 3. Migrations : de nouveaux visages. Hier limitée à quelques pays d'accueil et à quelques pays ou régions de départ, dans un espace souvent marqué par un pas-sé colonial, la mondialisation des flux migratoires est récente. Au tournant des années 80, une nouvelle donne migratoire est apparue, liée à de nouvelles formes de mobilité et à de nouveaux migrants, originaires de zones géographiques jusque là peu engagées dans des flux de population de cette ampleur : Asie centrale et orientale, Europe de l'Est, Afrique centrale. Quelques idées reçues doivent être combattues dans ce nouveau paysage de mobilité mondialisée : - Contrairement au passé, c’est moins la pression démographique (d'ailleurs en baisse dans beaucoup de pays de départ, notamment sur la rive sud de la Méditerranée) qui pousse les gens hors de chez eux que l'attirance d'un imaginaire migra-toire. Celui-ci se construit par les chaînes de télévision occidentales, le bouche à oreille, […] les migrants de retour chez eux pour les vacances, qui font rêver à une société de consommation si proche, et pourtant si difficile d'accès. - Ce ne sont pas les plus pauvres qui partent, mais ceux qui disposent d'un réseau, d'une famille installée à l'étranger, d'ar-gent quand le franchissement des frontières est impossible par les voies légales ; sans réseaux, point de migrations, sauf pour les migrations forcées de réfugiés. Aussi les migrants sont-ils davantage des urbains scolarisés, issus des classes moyennes, que des ruraux analphabètes comme du temps des migrations de masse des années de croissance. […] - Enfin et surtout, la migration actuelle s'inscrit davantage dans la mobilité que dans l'installation : beaucoup des nouveaux migrants, de l'Est notamment mais aussi du Sud, s'inscrivent dans une stratégie […] de migrations pendulaires où l'on ne part plus définitivement mais pour de courtes durées, même si cette aspiration est fortement contrée par la politique des vi-sas : plus les frontières sont fermées, plus les gens s'installent, faute de pouvoir repartir et revenir, plus elles sont ouvertes ou entrouvertes, plus ils circulent et moins ils s'installent.[…]

D’après Sciences Humaines, n°2 Spécial, juin 2003

I Étude de documents (8 points) 1. Document 1. Les flux migratoires internationaux : quels sont les principaux pays émetteurs et récepteurs ? 2. Document 2. Quels incidents se sont déroulés à Ceuta et à Melilla ? Pourquoi ? 3. Documents 1, 2 et 3. Qui sont les migrants ? Qu’est-ce qui les pousse à quitter leur pays ? II. Paragraphe argumenté (10 points) À l’aide de vos observations précédentes et de vos connaissances personnelles, rédigez un paragraphe d’une vingtaine de lignes sur le phénomène des migrations internationales, en indiquant la provenance et la destination des migrants, leurs motivations et les obstacles qu’ils rencontrent.

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Voter, un droit et un devoir de citoyen ? I Étude de documents (4 points) Documents 1 et 2 1. Quelles sont les conditions nécessaires pour être citoyen ? 2. Vous donnerez la nature du document 2 et relèverez deux éléments, au moins, montrant qu'il s'agit d'un docu-ment officiel. 3. Comment le peuple exerce-t-il sa souveraineté nationale ? II. Paragraphe argumenté (8 points) En quinze lignes, vous expliquerez en quoi voter, dans une démocratie, est à la fois un droit et un devoir civique.

Deuxième partie : Éducation civique (12 points)

Document 1. Extraits de la Constitution de la Ve Républi-que Article 3 : La souveraineté natio-nale appartient au peuple qui l'exerce par ses représentants et par la voie du référendum. Au-cune section du peuple ni aucun individu ne peut s'en attribuer l'exercice. Le suffrage peut être direct ou indirect dans les conditions pré-vues par la Constitution. Il est toujours universel, égal et secret. Sont électeurs, dans les condi-tions déterminées par la loi, tous les nationaux français des deux sexes, jouissant de leurs droits civils et politiques.

Document 2. Une carte d’électeur

Troisième partie : Repères (6 points) Datez les évènements suivants :

L’apogée d’Athènes

La Sécurité sociale

La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen

L’appel de C. de Gaulle à la résistance (jour-mois-année)

La collectivisation des terres en URSS

La dislocation de l’Empire romain

L’avènement d’Hugues Capet

Le Traité de Rome

La IIIe République

Le Plan Marshall

L’Hégire

Les lois sociales du Front populaire

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Histoire - Correction

Questions 1. Le Traité de Versailles, qui entérine la défaite allemande à l’issue de la Première Guerre mondiale, ne se limite pas à une redéfinition des frontières et à des sanctions financières contre l’Allemagne ; puisqu’il repose sur le postulat de l’entière responsabilité allemande dans le conflit, il entend limiter sa capacité de nuisance, et donc sa puissance militaire. Ainsi, « il est interdit à l'Allemagne de maintenir ou de construire des fortifications sur la rive gauche du Rhin et sur la rive droite sur 50 km. […] Sont également interdits dans cette zone, l'entretien ou le rassemblement de forces armées... » Par ailleurs, « l'armée alle-mande ne pourra dépasser 100 000 hommes », « la fabrication de tanks est interdite », « tout service militaire est aboli », et « les forces militaires ne devront comprendre aucune aviation ». 2. La volonté d’expansion d’Hitler se tourne vers l’Est : « nous portons nos regards vers les pays de l’Est ». La « politique de l’Est, dans le sens de l’acquisition de la terre nécessaire à notre peuple allemand » est une référence explicite à la notion « d’espace vital », que les « Aryens » (Allemands), race prétendue supérieure, doivent conquérir sur les Slaves (Polonais, Russes, Ukrainiens…), races prétendues inférieures. 3. L’expansion territoriale allemande se fait en plusieurs étapes, et en violation du Traité de Versailles : - En mars 1938, l’Autriche est rattachée au Reich (Anschluss), en violation de l’article 80 du Traité de Versailles (« L'Allemagne reconnaît et respectera strictement l'indépendance de l'Autriche ») - En octobre 1938, les Sudètes, région tchécoslovaque comprenant une importante population germanophone, sont an-nexées, suite à la Conférence de Munich (septembre 1938). Cette annexion, si elle se fait l’assentiment de la France et du Royaume-Uni, constitue une violation de l’article 81 du Traité de Versailles (« L'Allemagne reconnaît la complète indépen-dance de l'État tchécoslovaque »). - En mars 1939, l’agitation pronazie en Tchécoslovaquie permet aux nazis de créer le protectorat de Bohème-Moravie : tout l’Ouest du nouvel État créé à l’issue de la 1GM (la région la plus industrialisée), est désormais sous contrôle allemand. - Le 1er septembre 1939, les nazis lancent leur Blitzkrieg contre la Pologne, en violation de l’article 87 du Traité de Versail-les (« L'Allemagne reconnaît la complète indépendance de la Pologne »). Le rattachement de Dantzig (le corridor de Dantzig séparait depuis 1919 l’Allemagne en deux, offrant à la Pologne un accès à la Mer du Nord) est aussitôt proclamé. Synthèse

Adolf Hitler, chef du parti nazi (NSDAP), parvient au pouvoir le 30 janvier 1933, à la faveur de la crise économique et politique qui frappe l’Allemagne et ébranle la République de Weimar. Ses thèmes politiques favoris sont le nationalisme, le racisme et l’antisémitisme, et peuvent se résumer au slogan « Ein Volk, Ein Reich, Ein Führer » (« un peuple, un État, un chef »). Le régime totalitaire qu’il instaure conduit l’Allemagne à une politique expansionniste qui déclenche la Seconde Guerre mondiale.

Dès le règlement du premier conflit mondial, une frange importante de l’opinion allemande, et particulièrement l’ex-trême-droite (dont le NSDAP), dénonce le diktat de Versailles. En effet, les décisions du Traité, imposant à l’Allemagne de lourdes pertes territoriales, de fortes sanctions économiques et une restriction de sa puissance militaire (en équipements et en hommes), sont vécues comme une humiliation. Dans ce contexte, l’idéologie nazie a séduit bien des Allemands au mo-ment où la crise économique a frappé le pays, en dénonçant un complot étranger, juif, bolchevik, etc., affirmant la supério-rité raciale des « Aryens » et leur vocation à conquérir les territoires des peuples « inférieurs ».

L’idéologie nazie repose en effet sur une vision de l’histoire des peuples comme une lutte pour « l’espace vi-tal » (Lebensraum), où il reviendrait aux Allemands de se regrouper et de se lancer à la conquête de l’Est… L’Anschluss et l’annexion des Sudètes ont pour objectif le regroupement des Allemands (pangermanisme : « Ein Volk ») ; la création du protectorat de Bohème-Moravie et l’agression de la Pologne visent à étendre le territoire du Reich aux dépens de popula-tions slaves. Cela constitue les premiers actes de la mise en œuvre du programme nazi, parallèlement à la mise en œuvre d’une politique antisémite qui atteint son point culminant avec l’extermination des juifs planifiée par la « Solution finale ».

Tout au long de ce processus, la communauté internationale, et tout particulièrement la France et le Royaume-Uni, se montre particulièrement, voire excessivement, prudente, face à la militarisation de la Rhénanie, au rétablissement du service militaire, à l’Anschluss, à la participation de l’armée nazie à la guerre civile en Espagne… Soucieux de préserver la paix même quand la guerre paraît inévitable, SDN et régimes démocratiques se contentent de protestations solennelles et symbo-liques. Le paroxysme de cette passivité est atteint en septembre 1938 à la Conférence de Munich, quand Anglais et Français abandonnent l’allié tchécoslovaque aux nazis. W. Churchill, le futur premier ministre anglais, juge alors sévèrement Cham-berlain et Daladier à leur retour de Munich : « vous avez préféré le déshonneur à la guerre ; vous aurez le déshonneur et la guerre », prédisait-il…

Et en effet, la paix préservée à Munich fut de courte durée : le 1er septembre 1939, quand la Wehrmacht lance la Blitz-krieg contre la Pologne, Français et Anglais n’ont d’autre choix que de déclarer la guerre à l’Allemagne... Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, qui dépasse en destructions et en horreur le premier conflit mondial, le monde cherche à se doter d’une institution internationale plus efficace que la SDN pour s’efforcer d’anticiper et de régler les conflits par la né-gociation multilatérale : l’ONU.

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Questions 1. Les principaux foyers émetteurs de flux migratoires sont des pays d’Asie du SE (ex : Philippines), d’Amérique centrale (ex : Mexique), des Balkans (ex : ex-Yougoslavie) et de Turquie, d’Europe centrale et orientale (ex : Ukraine). L’Afrique du N, l’Amérique du S, la Nouvelle-Zélande et l’Australie alimentent aussi, dans des proportions moindres, les flux migra-toires internationaux. Les principaux foyers récepteurs de flux migratoires sont les pays d’Amérique du Nord et d’Europe occidentale. Le Japon et l’Australie sont des foyers récepteurs secondaires. 2. « Vestiges d’anciennes possessions coloniales », Ceuta et Melilla sont deux enclaves espagnoles sur la côte méditerra-néenne du Maroc. De nombreux migrants, souvent originaires d’Afrique subsaharienne, sont présents autour des « seules frontières terrestres entre Afrique et Union européenne », dans l’espoir d’y accéder clandestinement. En octobre 2005, plu-sieurs centaines de personnes ont entrepris de forcer l’impressionnant dispositif de sécurité qui sépare ces enclaves espa-gnoles du territoire marocain : « une centaines de clandestins auraient participé à cet assaut mené avec des échel-les » (Melilla) ; « une infiltration massive d’immigrants par un secteur de la frontière jugé infranchissable ». Bien que ces protections soient réputées infranchissables (Par exemple, la frontière de Melilla, longue de 10,2 km, est fermée par une double clôture de 3 à 6m de haut, surmontée de barbelés, équipée de caméras et surveillée par un chemin de ronde), malgré la vigilance des autorités marocaines (des « 855 immigrés clandestins » arrêtés en une semaine, 6082 depuis le 1er janvier 2005) et les risques encourus (« cinq clandestins africains sont morts lors d’un assaut »), certains y sont parvenus : « environ 40 immigrants clandestins ont réussi à passer mercredi à l’aube… ». 3. Les migrants sont principalement des personnes originaires de PED (d’Asie du SE, d’Amérique centrale, d’Afrique du N, d’Amérique du Sud, d’Afrique subsaharienne), qui rejoignent des PID d’Amérique du Nord ou d’Europe occidentale, le Japon ou l’Australie. Mais pas seulement : « depuis les années 1980, une nouvelle donne migratoire est apparue, liée à de nouvelles formes de mobilité et à de nouveaux migrants, originaires de zones géographiques jusque là peu engagées dans les flux de population de grande ampleur » (Balkans, Europe centrale et orientale…). Ces personnes sont « davantage des urbains scolarisés, issus des classes moyennes, que des ruraux analphabètes », car « ce ne sont pas les plus pauvres qui par-tent, mais ceux qui disposent d’un réseau […], d’argent… ». Les principales motivations des migrants sont de nature économique, d’importants écarts de développement et de niveau de vie entre foyer émetteur et foyer récepteur. D’autres motivations jouent un rôle déterminant, par exemple les migrations forcées consécutives aux crises politiques (par exemple tout récemment entre le Soudan et le Tchad). Mais quelles qu’en soient les causes profondes, l’émigration fait intervenir un « imaginaire migratoire », véhiculé dans les pays émetteurs par « les chaînes de télévision occidentales, le bouche à oreille, les migrants de retour chez eux pour les vacances, qui font rêver à une société de consommation si proche, et pourtant si difficile d’accès ». Par ailleurs, du fait du durcissement des législations des pays d’accueil, les migrants originaires des PED sont parfois contraints à la clandestinité, mettant souvent leur vie en danger pour parvenir à leurs fins. Enfin, de plus en plus de migrants « s’inscrivent dans une stratégie de migrations pendulaires où l’on ne part plus définiti-vement mais pour de courtes durées ». Synthèse

Les hommes sont de plus en plus mobiles à la surface de la planète. Dans un espace mondial « globalisé », cela se tra-duit par des flux migratoires de plus en plus importants et complexes.

La majorité des flux migratoires sont orientés Sud-Nord, des PED (d’Asie du SE, d’Amérique centrale, d’Afrique du N, d’Amérique du Sud vers les PID (Amérique du Nord, Europe occidentale, Japon et Australie). Beaucoup de ces flux corres-pondent encore à d’anciens axes colonies-métropoles (Maghreb-France, Inde et Pakistan-Royaume uni…). Toutefois, avec l’évolution des politiques d’immigration dans les PID, la chute du bloc de l’Est et la diversification des situations des PED, les flux migratoires se sont diversifiés et complexifiés : de nouveaux foyers émetteurs sont apparus (Balkans, Europe cen-trale et orientale…) et de nouveaux flux se sont développés (Sud-Sud, Nord-Nord…).

Majoritairement originaires des PED et des anciens pays du bloc communiste d’Europe centrale et orientale, les mi-grants sont poussés vers les pays de l’UE ou les États-unis (ainsi que, dans une moindre mesure, vers le Japon ou l’Austra-lie) par l’aspiration à un niveau de vie supérieur, fondée sur des éléments objectifs (l’écart de développement), mais aussi sur des éléments moins rationnels (un « imaginaire migratoire », est à l’origine de ce qui relève souvent du mythe de l’Eldo-rado). Les migrants, qui sont davantage que par le passé adeptes des « migrations pendulaires », appartiennent toutefois moins souvent aux catégories sociales les plus défavorisées qu’aux classes moyennes scolarisées et urbanisées, capables de bénéficier de réseaux de solidarité dans les pays récepteurs et de mobiliser l’argent nécessaire au financement du voyage, surtout quand il s’agit d’émigration clandestine. En effet, les PID s’efforcent de faire obstacle aux mouvements migratoires et offrent aux candidats à l’immigration de moins en moins de possibilités légales d’accéder à l’Eldorado.

Les flux migratoires internationaux sont donc complexes et en mutation permanente. Épousant largement les contours de la carte mondiale des inégalités de développement, ils posent de graves problèmes qui ne peuvent être compris ni résolus séparément de la question de l’inégale répartition des richesses.

Géographie - Correction