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 1 André-Michel Ramsay et la franc-maçonner ie  Qui connaît à notre époque Ramsay en dehors des milieux maçonniques et encore, beau- coup de francs-maçons ignorent tout de lui. Les dictionnaires le présentent comme un homme de lettres français du XVIII e  siècle ori- ginaire d'Ecosse, auteur de nombreux ouvrages, dont deux sont les plus souvent cités :  Les voyages de Cyrus et L'Histoire de l a vie de Fénelon. Dans les milieux maçonniques on men- tionne surtout son  Discours sur la Maçonnerie. Albert Chérel, universitaire, dans le livre qu'il lui a consacré, il y a plus de 60 ans, le présente ainsi : «Ramsay, personnage énigmati- que, médiocre au fond, mais actif et décidé, propagandiste à prétentions de penseur, qui a contribué plus que tout autre à faire naître et à répandre l'idée de la «tolérance de Fénelon». Aventurier religieux, André-Michel de Ramsay est un témoin des inquiétudes philosophi- ques de son temps» (in  André-Michel de Ramsay, Paris 1926). En contrepartie, Jean Palou, auteur maçonnique, historien de profession, fait cette remarque : «Nous le voyons surtout  beaucoup voyager. Il semble l'un de ces myst érieux passants à peine remarqués par l'histoire officielle, mais dont on peut apercevoir, par instant, l'importance et le rôle profond, dans des courants de pensée souterraine qui traversent les siècles et les peuples » (in  La Franc-  Maçonnerie , Ed. Payot, Paris 1964). Tout d'abord, situons Ramsay. Il est né à Ayr en Ecosse le 9 juin 1686, c'est un enfant d'une illustre et ancienne famille écossaise. On a relevé des Ramsay dans divers pays du continent. De bonne heure, il s'intéresse aux études, en particulier aux mathématiques. Son  père était calviniste et sa mère angli cane. Comme ses parents le destinaient à l'Eglise, il fit donc ses études de théologie à Glasgow, puis à Edimbourg. Un docteur anglican lui démon- tra dans sa vingtième année la fausseté de toutes les religions, si bien que Ramsay adhère au socinianisme (doctrine qui rejette la divinité du Christ) puis ensuite au tolérantisme. En 1708, il vint à Londres afin de continuer ses études, il y apprit le français et découvrit l'œu- vre de Fénelon. Après un séjour en Hollande, où il fit la connaissance de Poiret, correspon- dant et éditeur de Mme Guyon, il vint en 1709 à Cambrai auprès de Fénelon. L'archevêque lui fit faire la connaissance de son élève le Duc de Bourgogne. Il se convertit au catholi- cisme. En 1714, Ramsay quitte Cambrai pour Blois et vécut auprès de Mme Guyon, la pro- tagoniste du pur amour , inspiré du quiétisme. Il semble avoir empli auprès d'elle les fonc- tions de secrétaire. Il quitte en 1716 Blois pour Paris pour être le précepteur du fils du Comte de Sassenage. Il resta 7 ans chez celui-ci et il mit à profit ce séjour pour écrire une  partie importante de son œuvre. Chérel l'énumère ainsi : «  Discours sur la poésie épique,  placé en tête de Télémaque en 1717, ses préfaces pour divers autres ouvrages de Fénelon : Traité de l'existence de Dieu , lettres sur divers sujets de religion ,  Les Dialogues des Morts,  Les dialogues sur l'Eloquen ce qu'il édita en 1718, la rédaction et l'édition de son  Essay de  politique (1719) et surtout son Histoire de la vie de Fénelon (1723)». Ainsi Ramsay devint auprès de la postérité le représentant accrédité de Fénelon. Dans son Essay de politique, il exposa, d'après lui les principes que Fénelon avait développés dans son Télémaque.  «Points de vue Initiatiques» n° 79, 1990, pp. 27-39.

Prevost, Pierre - André-Michel Ramsay Et La Franc-maçonnerie

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    Andr-Michel Ramsay et la franc-maonnerie

    Qui connat notre poque Ramsay en dehors des milieux maonniques et encore, beau-coup de francs-maons ignorent tout de lui.

    Les dictionnaires le prsentent comme un homme de lettres franais du XVIIIe sicle ori-ginaire d'Ecosse, auteur de nombreux ouvrages, dont deux sont les plus souvent cits : Les voyages de Cyrus et L'Histoire de la vie de Fnelon. Dans les milieux maonniques on men-tionne surtout son Discours sur la Maonnerie. Albert Chrel, universitaire, dans le livre qu'il lui a consacr, il y a plus de 60 ans, le prsente ainsi : Ramsay, personnage nigmati-que, mdiocre au fond, mais actif et dcid, propagandiste prtentions de penseur, qui a contribu plus que tout autre faire natre et rpandre l'ide de la tolrance de Fnelon. Aventurier religieux, Andr-Michel de Ramsay est un tmoin des inquitudes philosophi-ques de son temps (in Andr-Michel de Ramsay, Paris 1926). En contrepartie, Jean Palou, auteur maonnique, historien de profession, fait cette remarque : Nous le voyons surtout beaucoup voyager. Il semble l'un de ces mystrieux passants peine remarqus par l'histoire officielle, mais dont on peut apercevoir, par instant, l'importance et le rle profond, dans des courants de pense souterraine qui traversent les sicles et les peuples (in La Franc-Maonnerie, Ed. Payot, Paris 1964).

    Tout d'abord, situons Ramsay. Il est n Ayr en Ecosse le 9 juin 1686, c'est un enfant d'une illustre et ancienne famille cossaise. On a relev des Ramsay dans divers pays du continent. De bonne heure, il s'intresse aux tudes, en particulier aux mathmatiques. Son pre tait calviniste et sa mre anglicane. Comme ses parents le destinaient l'Eglise, il fit donc ses tudes de thologie Glasgow, puis Edimbourg. Un docteur anglican lui dmon-tra dans sa vingtime anne la fausset de toutes les religions, si bien que Ramsay adhre au socinianisme (doctrine qui rejette la divinit du Christ) puis ensuite au tolrantisme. En 1708, il vint Londres afin de continuer ses tudes, il y apprit le franais et dcouvrit l'u-vre de Fnelon. Aprs un sjour en Hollande, o il fit la connaissance de Poiret, correspon-dant et diteur de Mme Guyon, il vint en 1709 Cambrai auprs de Fnelon. L'archevque lui fit faire la connaissance de son lve le Duc de Bourgogne. Il se convertit au catholi-cisme. En 1714, Ramsay quitte Cambrai pour Blois et vcut auprs de Mme Guyon, la pro-tagoniste du pur amour, inspir du quitisme. Il semble avoir empli auprs d'elle les fonc-tions de secrtaire. Il quitte en 1716 Blois pour Paris pour tre le prcepteur du fils du Comte de Sassenage. Il resta 7 ans chez celui-ci et il mit profit ce sjour pour crire une partie importante de son uvre. Chrel l'numre ainsi : Discours sur la posie pique, plac en tte de Tlmaque en 1717, ses prfaces pour divers autres ouvrages de Fnelon : Trait de l'existence de Dieu, lettres sur divers sujets de religion, Les Dialogues des Morts, Les dialogues sur l'Eloquence qu'il dita en 1718, la rdaction et l'dition de son Essay de politique (1719) et surtout son Histoire de la vie de Fnelon (1723). Ainsi Ramsay devint auprs de la postrit le reprsentant accrdit de Fnelon. Dans son Essay de politique, il exposa, d'aprs lui les principes que Fnelon avait dvelopps dans son Tlmaque.

    Points de vue Initiatiques n 79, 1990, pp. 27-39.

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    Il commena, de la sorte, sa double carrire d'crivain et de prcepteur chez les grands. Au cours de cette priode, en 1723, le Rgent le cra Chevalier de l'Ordre de Saint-Lazare de Jrusalem (1), avec une pension de 2000 Livres.

    Puis en 1724, Ramsay quitta Paris pour Rome afin d'occuper la fonction de prcepteur du Prince de Galles fils du prtendant Stuart. Mais il ne resta Rome que dix mois et rentra Paris. Protg du Cardinal de Fleury, le Duc de Sully lui offrit l'hospitalit. Il y resta de 1723 1728 ; au cours de ce sjour, Ramsay rdigea Les voyages de Cyrus, qu'il publia en 1727. Aprs la mort du Duc de Sully en 1728, Ramsay partit pour l'Angleterre o il ren-contra de nombreuses personnalits. Ainsi en mars 1729, il devenait membre de la Gen-tlemen Society qui d'aprs Gould est une association patronne par beaucoup d'archolo-gues et de francs-maons fameux et, en dcembre de la mme anne, il est lu membre de l'Acadmie Royale des Sciences. L'anne suivante il devenait docteur honoraire en droit ci-vil de l'Universit d'Oxford. Il quitta Londres pour Paris au dbut de l't 1730. Grce au Comte d'Evreux, il est charg de l'ducation du jeune Duc de Chteau-Thierry, de la puis-sante famille des Bouillon, puis la mort du jeune homme, il s'occupa du prince de Turenne. Cette famille le protgera et le pensionnera jusqu' sa mort. Il publia en 1735 la Vie de Tu-renne, dont les lments avaient t runis au pralable par l'Abb Raguenet. La mme an-ne, il se marie avec la fille du baron de Nairne, descendant d'une vieille famille d'Ecosse. Sa femme tait beaucoup plus jeune que lui. Ramsay n'avait plus que huit ans vivre. Le lundi 7 mai 1743, il dcda Saint-Germain en Laye. Son acte de dcs fut sign par Lord Eglentown, pair d'Ecosse et par Lord Derwentwater pair d'Angleterre, tous deux francs-maons.

    Voici rsume la vie publique, comme en quelque sorte de l'extrieur, du Chevalier An-dr-Michel de Ramsay.

    Maintenant, il faut parler de sa vie maonnique, plus dlicate connatre, mystrieuse mme, ce qui en fin de compte ne peut surprendre (2).

    Quel tait l'tat de la franc-maonnerie lorsque Ramsay est arriv Paris en 1717 ? La premire Loge parisienne fut fonde en 1725-1726, c'est la Loge Saint-Thomas. Certes, on parle des loges jacobites existantes cette poque Saint-Germain en Laye autour du Roi Stuart exil.

    Divers documents manant de la Grande Loge de France font tat de l'existence de telles loges. Dans un livret paru, probablement en 1960 (il ne porte aucune date), on peut lire ceci : En 1649, aprs la dcapitation de Charles 1er, sa veuve, Henriette de France, fille de Henri IV et de Marie de Mdicis, accepte de Louis XIV le royal refuge de Saint-Germain en Laye. Elle y est rejointe par de nombreux membres de la noblesse cossaise et irlandaise, beau-coup sont francs-maons acceptes.

    En 1661, Charles II, la veille de monter sur le trne d'Angleterre, forme Saint-Germain des rgiments sous les titres de Royal Irlandais et Royal Ecossais ... Ces rgiments suivent la fortune des Stuarts. Aprs la capitulation de Jacques II Limerick ... (ses troupes) retournrent a Saint-Germain o ils tiendront garnison jusqu' leur incorporation dans l'ar-me franaise le 27 fvrier 1698.

    (1) L'ordre de Saint-Lazare de Jrusalem est le plus ancien des ordres hospitaliers militaires, fon-d vers 1120 Jrusalem par les croiss pour assister les plerins et soigner les lpreux. L'ordre ne fut plus confr partir de 1788.

    (2) Dans cet expos seule la vie maonnique de Ramsay est tudie ; on n'voque pas son in-fluence dans le dveloppement de la franc-maonnerie, ni son rle (suppos) dans la constitution des Hauts-Grades.

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    Ces rgiments possdaient une loge maonnique constitue le 25 mars 1688. C'taient La Bonne Foi, au rgiment cossais de Dillon, et la Parfaite Egalit au rgiment de Walsh. Ces loges furent disperses aprs le trait d'Utrecht (1713).

    De nombreuses loges furent depuis cres en France, soit par les Stuartistes cossais ou irlandais exils, soit par mandement de la Grande Loge d'Angleterre.

    Un auteur maonnique, historien de profession, Jean Palou, dans son livre posthume : Les origines du Rite cossais ancien et accept, dit en 1972 par la Fondation Jean Palou, dit ceci, ds la premire ligne : Tous les historiens admettent maintenant que le Rite Ecossais est n en France. Ainsi s'effondre la lgende d'une Maonnerie amene dans notre pays par ces rgiments cossais qui, depuis le Moyen-Age, servaient le Roi de France. Rien ne de-meure de cette prtendue Loge fonde Saint-Germain en 1688. Certes, face aux affirmations de Jean Palou, on peut lui opposer les dires d'autres auteurs maonniques : Paul Naudon, Albert Lantoine, entre autres, soutenant que le rite cossais ti-rerait son origine de ces loges. Ce qui rend perplexe, c'est qu' cette poque, dbut du XVIIIe sicle, personne ne parlait de rite cossais ou d'origine cossaise. Les loges histori-quement connues n'ont laiss aucune trace, autant qu'on le sache, qu'elle soit historique ou lgendaire, d'une telle origine. Mais on ne doit pas se laisser garer. Revenons Ramsay. Le document maonnique o il est question de lui est dat de dcembre 1736, il est d'une main anglaise fort peu lettre ; la voici :

    Le Grand Matre et ses officiers (Lord Derwentwater) Le Pass Grand Matre (Lord Mac Leane) Monsieur le Chevalier Ramsay (Grand Orateur de l'Ordre) Le ceremony commence a 5 heurs du soir perciers (prcises) a supp 8

    Au verso figure l'adresse du destinataire : Monsieur Le Breton chez Mon. Thieri orfvre vieille cour du palais

    Paris Le Breton est le Vnrable de la Loge Saint-Thomas n2 du Louis d'argent, constitue

    par Londres le 3 avril 1732. Ce document est reproduit par Pierre Chevallier dans son livre : Les Ducs sous l'Acacia (p. 41). L'auteur ajoute : Malgr les tendances divergentes, les ma-ons parisiens se sentent fortement unis par les liens de la Fraternit. Cette convocation avait pour but de runir en une seule tenue les deux loges jacobites ou gallicanes pour en-tendre le 26 dcembre 1736 le discours du grand orateur qui tait Ramsay et le lendemain 27 dcembre nouvelle assemble pour lire le nouveau Grand Matre Lord Derwentwater succdant Mac-Leane. Le 27 dcembre est la fte de Saint-Jean l'Evangliste.

    Fort de cette indication, divers auteurs avancent que Ramsay serait franc-maon depuis peu de temps ; ainsi Albert Lantoine crit : Quand Ramsay crit son discours, il vient de natre la lumire maonnique. Il a t initi en 1736 et c'est sinon la mme anne, au plus tard l'anne suivante qu'il jette sur le papier - sinon aux chos des temples - une idologie nombreuse... (cit par P. Chevallier p. 140, extrait de La Franc-Maonnerie Ecossaise en France, p. 48). Une telle affirmation peut paratre surprenante, car en tant que Grand Ora-teur, il devait tre initi depuis plusieurs annes.

    Certes, on sait que depuis 1726, il faisait partie de l'Entresol, sorte de club o des per-sonnalits se runissaient en fin d'aprs-midi pour discuter, pour assister des confrences.

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    Des Francs-Maons le frquentaient, tel Montesquieu. Celui-ci y a rencontr Ramsay, sur lequel il a port un jugement des plus rservs, gure fraternel. Suivant Chrel : d'Argen-son, dans son Journal, le cite au nombre des membres de cette fameuse confrence sur la politique, de ce caf d'honntes gens ... Et l'on peut se reprsenter Ramsay assistant aux assembles du club le samedi, de cinq huit heures du soir, lisant les gazettes, puis causant, puis coutant la lecture des uvres de ses confrres, ou lisant son Cyrus, et les corrections de sa nouvelle dition (Chrel, dj cit, p. 45/46). Son livre, Les voyages de Cyrus, parat en 1727 aussi bien Londres qu' Paris. C'est l'anne suivante que Ramsay accomplit son voyage en Angleterre, dont il ne reviendra qu'en 1730. Lors de ce sjour, il fut reu en visi-teur la Loge Horus de Londres. Certains pensent que Ramsay aurait pu tre initi dans cette loge, tout comme Montesquieu l'aurait t par le Duc de Richmond. Pierre Chevallier ne le pense pas, car cette loge regroupait des anglicans hanovriens. Et Ramsay tait catholi-que et par ses frquentations, jacobite. Pour Chevallier, il tait dj franc-maon, membre de la loge Saint-Thomas 1 de Lord Derwenwater. Celle-ci a t forme ds 1725-1726, il a pu en tre membre ds son retour de Rome, donc bien avant son voyage en Angleterre. Bien que les loges soient les unes jacobites groupant une majorit de catholiques et les autres de tendance hanovrienne, donc ayant une majorit d'anglicans et de rforms, le droit de visite tait respect.

    A cette poque, 1725-1727, Ramsay crivait Les Voyages de Cyrus, Chrel s'interroge pour savoir si certaines ides exposes dans ce livre ne seraient pas d'origine maonnique : Nous savons, crit-il, que ... Pythagore jouit auprs des francs-maons d'un certain pres-tige ; en outre Harpocrate (c'est le nom grec du dieu gyptien Horus) dieu du silence vnr comme tel par la Franc-Maonnerie ds 1730 (et Chrel en note signale une mdaille ma-onnique Florence, de 1730, portant au revers la statue d'Harpocrate) figure au livre VI des Voyages, o Pythagore, le diste fnelonien, est prostern devant sa statue ... La captivi-t et la dlivrance d'Amnophis, au livre III, ne seraient-elles pas allgoriques de l'initiation maonnique ? (p. 163). Chrel remarque que l'histoire de la Franc-Maonnerie dveloppe les deux lments essentiels de la thorie ramsayenne : usage de signes mystrieux mais pleins de sens pour les initis ; admission d'adeptes sans distinction de religion ; symbolisme et tolrantisme. Et Chrel ajoute ce commentaire : Il tait assez curieux de constater comment, et dans quelle mesure, le nom et l'autorit de Fnelon ont pu en cette affaire tre utiliss (p. 163-164).

    L'Histoire du Vicomte de Turenne est aussi imprgne de l'idal maonnique. L'ouvrage parut en 1735, prcd d'une Eptre ddicace au prince son lve ; Chrel y dcle aussi une inspiration maonnique dans des expressions comme la haute destine de l'homme dans les sicles venir, et que l'homme est un tre immortel fait pour l'infini et notre professeur s'interroge : Qu'est-ce que cet infini, qu'est-ce que ces sicles venir ? Ces ambitions pour l'humanit n'ont pas leur source dans le Tlmaque ni dans la doctrine du pur amour : leur commentaire, par contre, se trouve ml d'ailleurs des ides fnelonien-nes dans le discours pour la rception d'un Grand Matre (p. 181). Ces prsomptions se trouvent confirmes par le propre tmoignage de Ramsay son ami Genson, nous dit Pierre Chevallier, qui prcise : D'aprs la conversation rapporte par Genson, c'est peu avant 1730 que Ramsay fut initi et sans doute peut-on penser, dans une loge de rite gallican. Mais ces prsomptions deviennent des certitudes. Ainsi Ramsay crivait d'Angleterre le 25 Novembre 1729 au Marquis de Caumont Avignon au sujet de l'dition anglaise des Voya-ges de Cyrus : L'ouvrage est fort augment ... Plus d'action mon hros ... J'ai dvelopp plusieurs dogmes de l'antiquit et plusieurs points de la thologie et de la mythologie des

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    Anciens qui ont rapport nos sacrs mystres ... Je confirme de plus en plus ce principe que toutes les traditions anciennes que le paganisme a dfigures et dgrades par ses fictions sont des rayons et des coulements de la religion primitive de No ... (P. Chevallier in La premire profanation du Temple Maonnique, ditions J. Vrin, p. 133). Et comme le souli-gne P. Chevallier c'est une rfrence directe son Discours, version d'Epernay. Toutefois, il est impossible, faute de source documentaire, de savoir quel a pu tre le droulement de sa carrire maonnique partir de son initiation jusqu' sa mort en 1743, sauf pour les annes 1736,1737. Pour ces deux annes l, on connat deux versions d'un discours compos par Ramsay.

    Voici ce qu'on lit sous la plume de Pierre Chevallier : C'est d'abord en 1736 que Ramsay crit son clbre discours dans sa premire version, c'est en mars 1737 que le discours est de nouveau crit par lui dans sa version dfinitive. C'est encore en mars 1737 qu'il adresse au Cardinal de Fleury les lettres du 20 et 22 mars 1737, la premire pour lui demander de lire le discours et de le corriger non seulement pour la matire, mais pour la diction ... ainsi que de ... soutenir la socit des free-masons dans les grandes vues qu'ils se proposent et la seconde en rponse une lettre sans doute du Cardinal ministre qui ne nous est pas par-venue. Dans cette lettre, Fleury manifestait sa dsapprobation et c'est pourquoi Ramsay de-mande dans sa rponse au cardinal s'il doit ... retourner ses assembles ... en assurant qu'il se conformera aux volonts du ministre (p. 144).

    Nous voici donc amens examiner le discours, ou plutt les deux versions du discours de Ramsay. La premire, c'est celle qui se trouve sous forme de manuscrit la Bibliothque municipale d'Epernay et que Ramsay aurait lu le 26 dcembre 1736 dans la Loge Saint-Thomas I la veille de l'lection de Lord Derwenwater comme Grand-Matre des loges jaco-bites existantes Paris.

    La premire version, celle d'Epernay, est plus courte. Elle commence par un dveloppe-ment sur l'origine lgendaire de la franc-maonnerie. Ramsay fait remonter l'origine de l'Or-dre tout au dbut de l'Ancien Testament, tout comme Anderson dans ses Constitutions. Si celui-ci dit, ds les premires lignes : Adam, notre premier anctre, cr l'image de Dieu, le Grand Architecte de l'Univers, dut avoir les sciences librales, particulirement la Go-mtrie, inscrites dans son cur, car depuis la chute mme nous trouvons ces principes ins-crits dans le cur de ses descendants. Ramsay, lui, crit : le got suprme de l'Ordre et de la symtrie et de la projection ne peut tre inspir que par le grand Gomtre architecte de l'Univers dont les ides ternelles sont les modelles du vray Beau. Et aprs une courte dis-sertation, l'un et l'autre arrivent No. Pour Anderson No et ses trois fils, Japhet, Sem et Cham, tous maons authentiques, amenrent avec eux, aprs le Dluge les traditions et les arts antdiluviens, et les communiqurent largement leur descendance de plus en plus nombreuse. Et pour Ramsay : No doit tre regard comme l'auteur et l'inventeur de l'ar-chitecture navale aussi bien que le grand matre de notre ordre. L'un et l'autre partaient d'un mythe fondateur connu des francs-maons et ni l'un ni l'autre n'en taient les inventeurs.

    Anderson dveloppe longuement le mythe en se rfrant l'histoire sainte. Puis aprs di-verses vicissitudes passe du mythe une description qui se veut historique. La Franc-Maonnerie se rfugie en Angleterre o elle se dveloppe jusqu' la naissance de la maon-nerie moderne, marque par l'dition des Constitutions en 1723. Ramsay prsente les choses d'une manire diffrente. Aprs l'exposition mythologique, Ramsay affirme : ... No, Abraham, les patriarches, Moyse, Salomon, Cyrus avaient t les premiers grands Matres. Voil, Messieurs, nos anciennes traditions ; voici maintenant notre vritable histoire. Du temps des guerres saintes dans la Palestine, plusieurs princes, seigneurs et artistes entrrent

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    en socit, firent vu de rtablir les temples des chrtiens dans la terre sainte, s'engagrent par serment employer leur Science et leurs biens pour ramener l'architecture la primitive institution, rappelrent tous les signes anciens et les paroles mystrieuses de Salomon, pour se distinguer des Infidles et se reconnatre mutuellement... ds lors nos loges portrent le nom de loges de Saint-Jean dans tous les pays. Cette union se fit en imitation des Isralites lorsqu'ils rebtirent le second temple ; pendant que les uns maniaient la truelle et le compas, les autres les dfendaient avec l'pe et le bouclier (p. 148). Puis il relate la retraite des croiss sur l'Angleterre et il crit : Depuis ce temps, la Grande-Bretagne devint le sige de la Science arcane, la Conservatrice de nos dogmes et la dpositaire de tous nos secrets. Des Iles Britanniques L'antique science commence passer dans la France, la nation la plus spirituelle de l'Europe va devenir le centre de l'Ordre et rpandra sur nos statuts, les grces, la dlicatesse et le bon got, qualits essentielles dans un ordre dont la base est la Sagesse, la Force et la Beaut du gnie.

    C'est dans nos loges l'avenir que les franais verront sans voyager comme dans un ta-bleau raccourci les caractres de toutes les nations et c'est icy que les trangers appren-dront par exprience que la France est la vraye patrie de tous les peuples (p. 149) (d'aprs P. Chevallier in Les Ducs sous l'Acacia).

    A l'encontre d'Anderson pour qui la Franc-Maonnerie se dveloppe en Angleterre, Ram-say la fait passer de Grande-Bretagne en France qui va devenir le centre de l'Ordre. Mais il ne dit aucunement comment et par qui ce passage s'est effectu.

    La seconde version est plus longue et son contenu est diffrent. Elle devait tre lue fin mars 1737 devant une grande assemble de Francs-Maons mais on n'est pas certain que cette runion ait eu lieu, car, comme il a t dit prcdemment, Ramsay ayant soumis son texte au Cardinal ministre Fleury, celui-ci lui fit part de sa dsapprobation, si bien que ce discours n'aurait pas t prononc. En revanche, il a t publi tant du vivant de Ramsay qu'aprs sa mort avec quelques variantes. Marcy publie dans son Essai sur l'Origine de la Franc-Maonnerie, le texte tir de l'ouvrage De la Tierce : Histoire, obligations et statuts de la trs vnrable confraternit des Francs-Maons dit en 1742, du vivant de Ramsay. Le dbut, form de la lgende de la fondation de l'Ordre qui est inspir de l'Ancien Testament a disparu et est remplac par l'numration des grands lgislateurs de l'Antiquit. Et ce texte se prsente comme un expos doctrinal bien structur. D'abord, une affirmation de l'univer-salisme, rappelant Fnelon, ainsi : Le monde entier n'est qu'une grande Rpublique dont chaque Nation est une famille et chaque Particulier un Enfant... Nous voulons runir tous les Hommes d'un esprit clair, de murs douces et d'une humeur agrable, non seulement par l'amour des Beaux-Arts, mais encore plus par les grands principes de vertu, de science et de religion, o l'intrt de la confraternit devient celui du Genre humain. Et il donne l'exem-ple des croiss. Puis il prsente la seconde disposition qui est la saine Morale : Les Ordres religieux furent tablis, crit-il, pour rendre les hommes chrtiens parfaits ; les Ordres mili-taires pour inspirer l'amour de la vraie gloire, et l'Ordre des Francs-Maons pour former des Hommes ... de bons citoyens, de bons sujets, inviolables dans leur promesses, fidles adora-teurs du Dieu de l'Amiti, plus amateurs de la vertu que des rcompenses. Puis c'est tout un tableau de l'organisation et du fonctionnement de notre Ordre que Ramsay trace. Retenons ce passage :

    Nous avons des secrets, ce sont des signes figuratifs et des paroles sacres ... pour le communiquer la plus grande distance et pour reconnatre nos confrres ... C'taient des mots de guerre que les Croiss se donnaient les uns aux autres, pour se garantir des suppli-ces des Sarrasins, qui se glissaient souvent parmi eux, afin de les gorger. Ramsay rappelle

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    qu'aucun confrre n'a trahi nos secrets et affirme : Ce secret inviolable contribue puissam-ment lier les sujets et rendre la communication des bienfaits, facile et mutuelle entre nous.

    Autre qualit requise est le got des sciences utiles et des Arts libraux : Ainsi l'Ordre exige de chacun de nous de contribuer par sa protection, par sa libralit ou par son travail un vaste ouvrage ... pour fournir les matriaux d'un Dictionnaire Universel des Arts libraux et des sciences utiles, la Thologie et la Politique seules exceptes.

    Dans cette version, Ramsay fait remonter l'origine de notre Ordre au temps des croisades et que celui-ci s'unit intimement avec les Chevaliers de Saint-Jean de Jrusalem. Ds lors nos Loges, dit-il, portrent toutes le nom de Loges de Saint-Jean. Et il explique la diffusion de l'Ordre en Europe ds le Moyen-Age ainsi : Les Rois, les Princes, et les Seigneurs au re-tour de Palestine dans leurs Etats y fondrent diverses loges, du temps des dernires croisa-des, on voyait dj plusieurs Loges riges en Allemagne, en Italie, en Espagne, en France et de l en Ecosse, cause de l'troite alliance des Ecossais avec les Franais, Jacques, Lord Steward d'Ecosse tait Grand-Matre d'une loge tablie Kilwin dans l'ouest d'Ecosse en 1286 ... Ce seigneur reut Francs-Maons dans sa loge les Comtes de Gloucester et d'Ulster, l'un Anglais, l'autre Irlandais ... notre Ordre se conserva dans sa splendeur parmi les Ecos-sais, qui nos Rois (de France) confirent pendant plusieurs annes la garde de leurs per-sonnes sacres. Une telle affirmation peut expliquer la thse qui soutient que la Franc-Maonnerie en France tirerait son origine de ces militaires. Ensuite il explique que des Iles Britanniques l'Art Royal (nouvelle dnomination qu'il donne la Franc-Maonnerie) com-mence repasser dans la France sous le rgne du plus aimable des Rois, dont l'humanit anime toutes les vertus et sous le ministre d'un Mentor, qui a ralis tout ce qu'on avait imagin de fabuleux. Bel hommage Louis XV et Fleury mais qui porte sourire et voi-ci la conclusion : les Etrangers apprendront par exprience, que la France est la patrie de tous les peuples, patria gentis humana.

    Ramsay comptait beaucoup sur la porte de ce discours comme le prouve cet extrait d'une lettre date du 2 aot 1737 adresse par Ramsay Carte, qui, aprs avoir vcu plusieurs an-nes en France, avait regagn l'Angleterre : Vous avez sans doute entendu parler du bruit qu'ont fait nos Francs-Maons franais. J'tais l'Orateur et j'avais de grandes vues si le Car-dinal ne m'avait pas crit pour me l'interdire. J'avais envoy le discours que j'avais fait pour la rception, diffrentes poques, de huit Ducs et Pairs et de deux cents officiers du pre-mier rang et de la plus haute noblesse, Sa Grce le Duc d'Osmond. George Kelly l'a traduit et l'a envoy Mr. Bettenham pour tre imprim. Vous y verrez mes vues gnrales en ma-tire d'instruction, mais je vous dirai mes vues personnelles pour le bien de notre pays quand je vous rencontrerai. Si le Cardinal avait attendu un mois de plus, j'aurais eu le mrite de ha-ranguer le Roi de France, en qualit de chef de la fraternit et d'avoir initi Sa Majest nos mystres sacrs (P. Chevallier in Les Ducs sous l'Acacia p. 152/153). Comme le fait re-marquer Chevallier, sous le Cardinal de Fleury, Louis XV serait devenu le chef de la Franc-Maonnerie franaise et c'est Ramsay lui-mme qui l'aurait initi.

    On ne peut admettre le commentaire de Pierre Chevallier concernant la suite de cette af-faire, car pour lui : La lettre du 2 aot 1737 ..., c'est le testament maonnique de Ramsay. Il laisse l'Ordre comme hritage le clbre Discours, et il a presque failli lui donner un chef en la personne de Louis XV. En fait, rien ne permet de dire qu'il a abandonn la Franc-Maonnerie : et c'est le mme Pierre Chevallier, qui dans son livre La Premire Profanation de Temple Maonnique publi quelques annes aprs son prcdent ouvrage nous en ap-porte la preuve, en rvlant plusieurs lettres de Ramsay.

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    Dans une premire lettre date du 25 fvrier 1709, Ramsay, qui n'a pas encore 23 ans, son ami Robert Keith (cite p. 130/131), on peut lire parmi diverses expressions qui peuvent paratre nigmatiques, l'une qui mrite d'tre rvle, c'est celle-ci : avec toute la libert d'un philadelphien. Ramsay aurait-il t trs jeune initi l'une de ces sectes qui se rcla-maient de Jacob Boehme ?

    Il a effectivement exist en Angleterre une Socit des Philadelphes fonde en 1697, mais ds 1704, elle s'tait disperse. (Serge Hutin, Les disciples anglais de Jacob Boehme). Cependant les Boehmnistes taient assez nombreux et leur influence a perdur tout le long du XVIIIe sicle. La fermet de ses positions, Ramsay les affirme dans des lettres cri-tes un ami vivant Edimbourg, le Docteur Stevenson, lettres crites en 1742, moins d'un an avant sa mort, voici un extrait : Une fois de plus peu importe ce que prvoient nos sp-culations, si elles n'teignent pas en nous le divin sens de la beaut, de la justice et de l'or-dre ... Mais toutes les vrits ne sont pas publiables, bien qu'il faille tre tout fait stupide de ne pas voir que ma doctrine de la grce et de la rdemption universelle conduit jeter l'esprit dans une indiffrence sainte et sacre pour toutes sortes de spculations, mme les plus sublimes (lettre du 14 aot 1742).

    Ramsay a voulu faire partager ses vues des personnages influents de son poque comme le prouve ce passage : j'ai l'intention d'envoyer une des premires copies de mes Dialogues notre souverain Dagro, Rome.

    C'est vraiment un homme intelligent, fin, jovial, agrable et libre penseur. J'en destine une autre pour Mhmet Effendi, ambassadeur de Turquie la cour de France, qui entend bien le franais et notre savoir europen. J'en projette aussi d'en envoyer dix ou douze co-pies aux disciples de mes amis dcds en Chine (p. 144). Le personnage qu'il dsigne sous le nom de Dagro est le pape et Chevallier donne le commentaire suivant : Les pith-tes par lesquelles il qualifie Dagro conviennent bien au pape Lambertini ; celle de libre-penseur n'est pas la moins remarquable et pourrait corroborer l'allgation suivant laquelle l'archevque de Bologne aurait eu des curiosits pour l'art royal (p. 145) Il s'agit du pape Benot XIV (3).

    Ramsay prcise ses positions, qui sont, doit-on le dire ! dans la ligne gnrale de la franc-maonnerie. Les voici : Vous trouverez dans ce second volume une clef vritable aux mys-tres de l'Antiquit, ainsi qu'une excellente introduction l'tude des sens mystiques de l'Ecriture et une conception philanthropique, point apologique des formes anciennes et mo-dernes de l'adoration dans les Eglises rformes et non rformes. Cette conception devrait entraner une rconciliation de tous les membres philosophiques de toutes les communions chrtiennes ainsi elle supprimerait toutes nos querelles, elle nous amnerait siffler et d-tester tous les clergs et toutes les dnominations (p. 145).

    Dans la prface de ses Dialogues, qui sont parus en anglais en 1751 donc aprs sa mort, Ramsay crit : Dans la premire partie de cet essai nous donnons seulement les principes

    (3) Le cardinal Lambertini fut lu pape en 1740 et prit le nom de Benot XIV. La constitution

    apostolique (bulle) Providas fut publie le 28 mai 1751. C'tait la seconde condamnation papale de la Franc-Maonnerie.

    Le cardinal Lambertini, archevque de Bologne a t accus d'tre Franc-Maon bien avant d'tre lu pape.

    Le Pre Ferrer-Benimelli, dans son livre publi en 1989 chez Dervy : les Archives secrtes du Vatican et de la Franc-Maonnerie, tudie cette question qui est plutt obscure. Divers lments poussent penser qu'il a effectivement t Franc-Maon et il aurait alors publi la bulle Providas pour, en quelque sorte, se ddouaner !

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    philosophiques de la religion naturelle que rvle, autant qu'ils sont dmontrables par la' raison ou peuvent tre prouvs compatibles avec elle, bien que non dcouvrables par elle. Dans la seconde partie, nous prouvons que les grands principes exposs sont conformes la tradition de toutes les nations tant sacres que profanes (p. 149).

    Dans ce dernier crit (The philosophical Principles ...), il dveloppe le thme de l'ancien-net du christianisme, sujet qu'il avait dj trait dans son Discours sur la Mythologie, qu'il avait insr en prface de son livre, Les Voyages de Cyrus.

    Cette dmonstration lui permet de se rfrer implicitement son Discours : Ainsi, nous avons montr que les vestiges des plus sublimes vrits se trouvent chez les sages de toutes les nations, de tous les temps et de toutes les religions, tant sacres que profanes et que ces vestiges sont une manation de la tradition antdiluvienne et noachique, plus ou moins voi-ls et dgnrs ... (p. 150), et plus loin, il crit : Si la vrit doit tre dcouverte, peu im-porte par qui .... Et Pierre Chevallier : Dans l'esprit de Ramsay, la religion universelle et la Franc-Maonnerie ne sont pas loin d'tre identiques. Au-del de toutes les orthodoxies et de tous les clergs, il s'est voulu rsolument cumnique, et c'est en cela que pour son temps il est novateur (p. 150), et : La Franc-Maonnerie fut dans son esprit destine r-aliser cette religion universelle dont il se voulait le zlateur (vindex) et le martyr. Cheval-lier se rfrant ainsi l'inscription que Ramsay a dsir voir sur sa tombe et au frontispice de son uvre :

    Universae religionis vindex et martyr dfenseur et martyr de la religion universelle.

    PIERRE PREVOST