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UN TERROIR AU POTENTIEL OUBLIÉ, PAYS DE COCAGNE DE CLÉMENTINE ET GIAN-MARCO Cest la belle histoire du domaine LE COSTE DI GRADOLI, mieux nommé AZIENDA AGRICOLA LE COSTE SUL LAGO DI CLEMENTINE BOUVERON, quelque part dans le Lazio, à 1h30 de Rome, à la ontière entre la Toscane et lOmbrie, avec vue exceptionnelle sur le lac de Bolsena. Pour vous situer… Gradoli est une localité connue pour son huile, pour son vin liquoreux et qui jouit aussi de Son Palais Farnèse, non loin du fameux lac, vaste monde à lui tout seul, ce genre d’endroit où le long de certaines berges cou- vertes de gazon, l’on retrouve le dimanche et les jours fériés tout ce que l’Italie compte encore de vrai kitsch, familles au grand com- plet, dépliants, chaises longues, parasols colorés et cabines de plage comme il y a bien longtemps. Mais on s’éloigne… Le sujet n’est pas là. Notre histoire est celle d’un domaine viticole un peu plus en hauteur, et à travers celui-ci, celle d’un merveilleux jeune couple au destin exemplaire. Enfant de la ville, Gian-Marco An- tonuzi rêvait de devenir avocat. Après l’école, il a naturellement suivi son idéal enfantin en se lan- çant dans des études de droit, mais le charme a vite été rompu; ça s’appelle la désillusion de l’expé- rience. Gian-Marco raconte qu’il en a profité pour épouser la nature… Et le voilà au milieu des vignes! C’est pas beau, ça? Clémentine Bouveron, dont le nom vous lais- sera entendre qu’elle a ses ra- cines côté français, Lyon en l’oc- currence, a compris pour sa part assez tôt qu’elle «ferait du vin» pour elle-même, qu’elle aurait ses propres vignes; cela remonte à ses études de «viti-oeno» à 18 ans. Alors comment une Lyonnaise dé- barque dans le Lazio ou comment le Lazio vient à Lyon? Pour le savoir, vous l’aurez de- viné, il faut partir de la terre. Il s’agit ici de celle du grand- père et du père de Gian-Marco, une terre particulière aux abords de ce grand lac volcanique formé il y a peu (un million d’années); le «magma» y est basique, caracté- risé par un grand nombre de couches différentes, minéraux et fer. Jusque dans les années 70’, sur cette terre, tout allait bien; l’agriculture était paysanne, vignes, oliviers, arbres fruitiers, grains, troupeaux de moutons, mais depuis le «boom du vin» et l’arri- vée de la culture intensive promue par la Cantina Sociale Cooperativa Gradoli, tout s’est dégradé. Gian- Marco s’est donné pour mission de récupérer ce magnifique terroir «tout à fait unique et de qua- lité pour tous les produits de la terre». A mi-colline, entre 350 et 500 mètres d’altitude, les sols peu profonds, plus ou moins incli- nés, sont parfaitement adaptés à la culture de la vigne… Oui mais, Clémentine, elle arrive quand? En 2002, Clémentine et Gian-Marco se rencontrent lors de vendanges - on s’en serait douté - à l’ini- tiative de Bruno Schueller, vigne- ron en Alsace. Bruno et son père, Gérard, deviennent en quelque sorte les pères spirituels de nos futurs tourtereaux, qui se retrouvent deux ans plus tard… Nous sommes alors en 2004 et Gian-Marco a déjà «mis pied» à Gradoli, où il a commencé à nettoyer le terrain, celui des futures premières vignes, LE COSTE. Clémentine vient y jeter un œil pour faire une expérience de plan- tation et depuis, elle n’est jamais repartie, elle s’est plantée (dans le sol), osera-t-on dire. Alors ça, oui, c’est beau! Sur le terrain, les amoureux s’en- tendent à merveille malgré leurs contradictions propres, où tou- jours se mêlent théorie et pra- tique. Gian-Marco l’autodidacte, dont le palais, dit-il, a dû voir couler quelques hectolitres de vin en plus que celui de Clémentine, préfère le printemps. Il est pas- sionné par tout ce qui se passe sous le sol, «tout ce monde de micro- organismes»; un monde dont il af- firme que, si nous en respectons le travail et l’équilibre, il créera toujours une fertilité naturelle; on imaginerait presque Gian-Marco en blouse blanche, appliqué der- rière son microscope. Tandis que pour Clémentine la studieuse, qui aime l’automne, ce sont les plants qui représentent une vraie pas- sion, un truc bien concret, loin des livres et des amphis. Vous les verriez dans leurs vignes tous les deux, grand sourire, quand les feuilles sont vertes-vertes sur fond de ciel bleu-bleu, avec cette vue magique sur le lac, un bonheur communicatif qui donne un vin dont certains disent que c’est une «petite tuerie». Dans leurs désormais 6,5 hectares de vignes, notre joli couple a mêlé vignes jeunes et vignes anciennes, ré- sultat d’une sélection de varié- tés locales: Greghetto (ancienne variété originaire du Sangiovese), Aleatico, Procanico et Moscato… Mmmh, les arômes! Ici, on est loin de la monoculture, on mélange tout, vignes, oliviers, arbustes du maquis, châtaigniers sauvages, chênes, ormes et arbres fruitiers. Chacune des parcelles du domaine a au moins un cerisier, un pêcher, un figuier et un griottier, sans compter les innombrables variétés de prunes, les pommiers, poiriers, les mûres… Un pays de cocagne, comme nous dit Clémentine, de la biodynamie en plein, et cela donne au vin un goût tellement-comme-on- aime. Ici, au Caffè Al Dente, on craque pour l’étiquette des «Li- trozzo», le bianco avec nos pâtes tomates de tous les jours ou le rosso de toutes les heures avec une assiette de saucisses; Le Coste aussi, rouge, parce qu’il a le vrai goût du cru. On a envie de leur dire «BRAVO, Clémentine! BRAVO Gian-Marco!»… Ils l’ont réhabilité leur terroir et continuent à le faire vivre et à l’agrandir chaque jour dans le bon tourbillon de la vie, qui les voit à l’heure où nous écrivons, parents d’une petite fille, Camille, et à l’aube d’une nouvelle naissance sous la neige, dans le froid d’un hiver pas comme les autres. Une petite sœur, paraît-il. Même si, désormais, le travail prend de plus en plus les allures de celui de la gestion d’entre- prise (hé oui, c’est la rançon du succès), même si le contexte écono- mique du pays préoccupe Gian-Marco, la terre est là, toujours belle, toujours fertile… GAZZETT ´ AL DENTE GAZZETTA N°5 - CONCENTRÉ D’HUMEURS ITALIENNES PRIMAVERA 2012 L’isola Bisentina

Primavera 2012

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Page 1: Primavera 2012

UN TERROIR AU POTENTIEL OUBLIÉ, PAYS DE COCAGNE DE CLÉMENTINE ET GIAN-MARCOC!est la belle histoire du domaine LE COSTE DI GRADOLI, mieux nommé AZIENDA AGRICOLA LE COSTE SUL LAGO DI CLEMENTINE BOUVERON, quelque part dans le Lazio, à 1h30 de Rome, à la "ontière entre la Toscane et l!Ombrie, avec vue exceptionnelle sur le lac de Bolsena.

Pour vous situer… Gradoli est une localité connue pour son huile, pour son vin liquoreux et qui jouit aussi de Son Palais Farnèse, non loin du fameux lac, vaste monde à lui tout seul, ce genre d’endroit où le long de certaines berges cou-vertes de gazon, l’on retrouve le dimanche et les jours fériés tout ce que l’Italie compte encore de vrai kitsch, familles au grand com-plet, dépliants, chaises longues, parasols colorés et cabines de plage comme il y a bien longtemps.

Mais on s’éloigne… Le sujet n’est pas là. Notre histoire est celle d’un domaine viticole un peu plus en hauteur, et à travers celui-ci, celle d’un merveilleux jeune couple au destin exemplaire.

Enfant de la ville, Gian-Marco An-tonuzi rêvait de devenir avocat. Après l’école, il a naturellement suivi son idéal enfantin en se lan-

çant dans des études de droit, mais le charme a vite été rompu!; ça s’appelle la désillusion de l’expé-rience. Gian-Marco raconte qu’il en a profité pour épouser la nature… Et le voilà au milieu des vignes!! C’est pas beau, ça!? Clémentine Bouveron, dont le nom vous lais-sera entendre qu’elle a ses ra-cines côté français, Lyon en l’oc-currence, a compris pour sa part assez tôt qu’elle «!ferait du vin!» pour elle-même, qu’elle aurait ses propres vignes!; cela remonte à ses études de «!viti-oeno!» à 18 ans.

Alors comment une Lyonnaise dé-barque dans le Lazio ou comment le Lazio vient à Lyon!?

Pour le savoir, vous l’aurez de-viné, il faut partir de la terre. Il s’agit ici de celle du grand-père et du père de Gian-Marco, une terre particulière aux abords de ce grand lac volcanique formé il

y a peu (un million d’années)!; le «!magma!» y est basique, caracté-risé par un grand nombre de couches différentes, minéraux et fer.

Jusque dans les années 70’, sur cette terre, tout allait bien!; l’agriculture était paysanne, vignes, oliviers, arbres fruitiers, grains, troupeaux de moutons, mais depuis le «!boom du vin!» et l’arri-vée de la culture intensive promue par la Cantina Sociale Cooperativa Gradoli, tout s’est dégradé. Gian-Marco s’est donné pour mission de récupérer ce magnifique terroir «!tout à fait unique et de qua-lité pour tous les produits de la terre!». A mi-colline, entre 350 et 500 mètres d’altitude, les sols peu profonds, plus ou moins incli-nés, sont parfaitement adaptés à la culture de la vigne…

Oui mais, Clémentine, elle arrive quand!?

En 2002, Clémentine et Gian-Marco se rencontrent lors de vendanges - on s’en serait douté - à l’ini-tiative de Bruno Schueller, vigne-ron en Alsace. Bruno et son père, Gérard, deviennent en quelque sorte les pères spirituels de nos futurs tourtereaux, qui se retrouvent deux ans plus tard… Nous sommes alors en 2004 et Gian-Marco a déjà «!mis pied!» à Gradoli, où il a commencé à nettoyer le terrain, celui des futures premières vignes, LE COSTE. Clémentine vient y jeter un œil pour faire une expérience de plan-tation et depuis, elle n’est jamais repartie, elle s’est plantée (dans le sol), osera-t-on dire. Alors ça, oui, c’est beau!!

Sur le terrain, les amoureux s’en-tendent à merveille malgré leurs contradictions propres, où tou-jours se mêlent théorie et pra-tique. Gian-Marco l’autodidacte, dont le palais, dit-il, a dû voir

couler quelques hectolitres de vin en plus que celui de Clémentine, préfère le printemps. Il est pas-sionné par tout ce qui se passe sous le sol, «!tout ce monde de micro-organismes!»!; un monde dont il af-firme que, si nous en respectons le travail et l’équilibre, il créera toujours une fertilité naturelle!; on imaginerait presque Gian-Marco en blouse blanche, appliqué der-rière son microscope. Tandis que pour Clémentine la studieuse, qui aime l’automne, ce sont les plants qui représentent une vraie pas-sion, un truc bien concret, loin des livres et des amphis.

Vous les verriez dans leurs vignes tous les deux, grand sourire, quand les feuilles sont vertes-vertes sur fond de ciel bleu-bleu, avec cette vue magique sur le lac, un bonheur communicatif qui donne un vin dont certains disent que c’est une «!petite tuerie!». Dans leurs désormais 6,5 hectares de vignes, notre joli couple a mêlé vignes jeunes et vignes anciennes, ré-sultat d’une sélection de varié-tés locales!: Greghetto (ancienne variété originaire du Sangiovese), Aleatico, Procanico et Moscato… Mmmh, les arômes! ! Ici, on est loin de la monoculture, on mélange tout, vignes, oliviers, arbustes du maquis, châtaigniers sauvages, chênes, ormes et arbres fruitiers. Chacune des parcelles du domaine a au moins un cerisier, un pêcher, un figuier et un griottier, sans compter les innombrables variétés de prunes, les pommiers, poiriers, les mûres… Un pays de cocagne, comme nous dit Clémentine, de la biodynamie en plein, et cela donne au vin un goût tellement-comme-on-aime. Ici, au Caffè Al Dente, on craque pour l’étiquette des «!Li-trozzo!», le bianco avec nos pâtes tomates de tous les jours ou le rosso de toutes les heures avec une assiette de saucisses!; Le Coste aussi, rouge, parce qu’il a le vrai goût du cru.

On a envie de leur dire «!BRAVO, Clémentine!! BRAVO Gian-Marco!!!»… Ils l’ont réhabilité leur terroir et continuent à le faire vivre et à l’agrandir chaque jour dans le bon tourbillon de la vie, qui les voit à l’heure où nous écrivons, parents d’une petite fille, Camille, et à l’aube d’une nouvelle naissance sous la neige, dans le froid d’un hiver pas comme les autres. Une petite sœur, paraît-il.

Même si, désormais, le travail prend de plus en plus les allures de celui de la gestion d’entre-prise (hé oui, c’est la rançon du succès), même si le contexte écono-mique du pays préoccupe Gian-Marco, la terre est là, toujours belle, toujours fertile…

GAZZETT AL DENTEG A Z Z E T T A N ° 5 - C O N C E N T R É D ’ H U M E U R S I T A L I E N N E S P R I M A V E R A 2 0 1 2

L’isola Bisentina

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LE TEMPLE DES RÊVES OU LA FABULEUSE HISTOIRE DE CINECITTÀ Temple des rêves#pour l!un (Federico Fellini), Terre sacrée#pour l!autre (Martin Scorsese), Hollywood sur Tibre (Hollywood sul Tevere), mythique cité ou usine à rêves, les célèbres studios romains «#Cinecittà#» sont une mine d!or pour les cinéphiles.

Chez nous au Caffè Al Dente, on adore le cinéma. Impossible dès lors de faire une Gazzet-ta Spéciale Rome!sans évoquer la!«!città del cinema!»…

A l’origine, c’est l’Italie fasciste des années 30 en la personne de Luigi Freddi, chef de la Direzione gene-rale della Cinematografia, qui voulait concurrencer le modèle américain!; ça a duré le temps qu’on sait. Après la chute de Mussolini, la cité du cinéma se défait de son cos-tume d’arme de propagande pour débuter la carrière que l’on connaît mieux en s’enrichis-sant des grands noms du cinéma italien, parmi lesquels Ales-sandro Blasetti qui faisait partie des débuts mais dont

on retiendra qu’il a donné à Sophia Loren et Marcello Mas-troianni leur premier rôle, mais aussi et surtout Luchino Visconti, Roberto Rossellini, Vittorio de Sica… Et Federico Fellini, bien sûr!! Le règne Fellini commence. Le cinéaste s’y épanouit dans les dé-cors les plus délirants et nous donne à voir des chefs d’œuvre. Sa relation à Cine-città est en dehors du temps, en dehors de tout. Il y passe ses journées et y laisse son fantôme partout, c’est la clé de toute sa vie, son univers merveilleux, comme!il nous le confirmera plus tard, en 1987, avec Intervista.

En attendant, dans les an-nées 50, 60, les Etats-Unis

qu’on avait voulu rivaliser, viennent, aux côtés de Fel-lini, revitaliser les studios déclinants avec leurs péplums et autres films à grand spec-

tacle, dont nul n’a oublié Ben-Hur ou Cléopâtre.

Ces derniers temps, aux portes de Rome, le cinéma italien s’est endormi dans les bras de son usine à songes, même s’il reste les Nanni Moret-ti, Gabriele Muccino, Matteo Garrone. Les studios doivent

envisager leur reconversion et se tourner vers les séries télévisées, la Pub, le numé-rique. C’est comme ça. C’est le monde d’aujourd’hui. On va dire que c’est bien en quelque sorte de trouver des alterna-tives pour sauver les lieux. A l’heure actuelle, on y orga-nise même des fêtes d’entre-prise ou des incentives, come si dice… Gucci, Good Year, Toshiba, Renault, American Express, Swarovsky, Sony, ont tâté cette atmosphère magique à découvrir sur le site www.cinecittastudios.it

L’année passée, pour le plus grand bonheur du public, Cine-città a ouvert ses portes à tous les amateurs de tous âges à travers une géante exposi-tion «!Cinecittà si mostra!», où les visiteurs passaient des vestiaires de stars à la scénographie, au bruitage, au

montage, aux effets spéciaux, photos, salles de projection. Ils pénétraient aussi dans une rue de Broadway, construite pour le tournage de Gangs of New York de Martin Scorsese… Et, en fin de parcours, arri-vaient à bord d’une navette dans les 4 hectares de décor de la fameuse série télévi-sée ROME, la Rome impériale, du carton-pâte plus vrai que faux.

Cinecittà, un lieu de légendes comme il n’y en a qu’à Rome!!

LE SAVIEZ-VOUS ?La dolce vita de

Fellini, film sorti en 1960, a rendu

culte la Fontaine de Trevi grâce à

cette scène mythique où la sculpturale Anita Ekberg, star américaine arrivée

à Rome, se jette dans la fontaine, en robe de soirée, sous les yeux éblouis de

Marcello Mastroianni. Mais en réalité,

certains des plans de cette séquence ont

été tournés devant une réplique de la

fontaine à Cinecittà.

NOTRE TOP 3 DES CHOSES À SAVOIR :

1. Des données en chiffres

Cinecittà est à 9 km du centre de Rome et s’étend sur 40 hectares. Plus de

3000 films y ont été réalisés et 48 oscars

remportés!!2. De la terminologie Le terme «paparazzi» a été inventé dans

les studios de Cinecittà après le succès phénoménal

de La dolce vita de Fellini (1959), qui

obtient la palme d’Or à Cannes. Dans le

film, son personnage de photographe sans scrupule s’appelle Paparazzo, un nom

courant en Calabre. On dit que Fellini a trouvé ce nom dans

un guide touristique mentionnant un

hôtelier du nom de Coriolano Paparazzo…

3. De l’amour!Elizabeth Taylor a rencontré le grand amour de sa vie, Richard Burton,

pendant le tournage de Cléopâtre à

Cinecittà.

LES DESSOUS DE

«ROME» À CINECITTÀ

«ROME» est la première série télé anglo-américaine à avoir été tournée

en dehors d’un pays anglophone; elle l’a été à

Cinecittà, entre mars 2004 et mai 2005, dans de somptueux décors construits exclusivement pour

cette saga au budget astronomique. En

Italie, la volonté de provocation de

la série est passée entre les mains de la censure. Résultat : des dialogues gommés au doublage et des versions inédites tournées rien que

pour le public italien... Si chaste?

« Chaque langue $oit le monde d!une manière di%érente#»

— Federico Fellini

page 2 / GAZZETT’AL DENTE

Image 1 : Entrée de la Cinecittà © CINECITTA

Image 2 : Scène de Gangs of N.Y. de Martin Scorsese © CINECITTA

LE CINEMA DANS LE CINEMA ou Le Mépris à Cinecittà

«!Tu les trouves jolies mes fesses!? » (…) «!Je t’aime totalement, tendrement, tragiquement!»

Le Mépris de Jean-Luc Godard (1963), magistral sur le plan esthétique, a pour toile de fond dans la première partie, Cinecittà. «!Il y a Brigitte Bardot. Il y a Michel Piccoli…!», dit le générique parlé. Le pitch!: Paul Javal (Michel Piccoli), dont la sublime épouse s’appelle Camille (Brigitte Bardot), accepte de réécrire une adaptation du scénario de l’Odyssée d’Homère que le réalisateur Fritz Lang (qui joue son propre rôle) est en train de tourner à Cinecittà pour le producteur américain Jeremie Prokosch (Jack Palance). Godard lui-même joue le rôle de l’assistant-réalisateur.

Il y a un double regard!: l’un posé sur le cinéma, l’autre, sur la vie à travers l’œil du cinéma. Le drame se noue en un dixième de seconde au moment où Camille se sent contrainte de monter dans l’Alfa-Roméo

2600-Spider-rouge-décapotable de Prokosch qui tente de la séduire. La voiture ne contient que deux places. Paul dit à sa femme qu’il prendra un taxi!; elle ne comprend pas… «!Ce serait plus simple qu’il parte devant et qu’on prenne tous les deux un taxi!», dit Camille. «!Allez vas-y, allez!!!», lui répond Paul. Là, dans ce décor d’un Cinecittà aux allures dévastées, devant de vieux murs décrépits, couverts de vieilles affiches de cinéma, tout se joue, le regard perdu de Camille (pourquoi Paul me jette-t-il dans les bras de son producteur!?), le démarrage de l’Alfa, et Piccoli qui court après eux, trop tard, dans un décor de rues désertes, appelant «!Camille!!!… L’adresse, qu’est-ce que c’est!?!» Trop tard.

Camille est humiliée. En se pliant aux exigences de son producteur, Paul perd l’amour de sa femme, dont la douleur et la frustration se transforment en mépris.

Chaque plan respire ici le cinéma en plein. Le dernier mot du film est!«! Silenzio!!!», prononcé par Godard.

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ROMA-LAZIO DERBY,

C’EST NOËL !Ce n’est à l’évidence pas un jeu comme les

autres. Ce n’est pas simplement un événement de deux

heures qui se déroule le temps de la partie, c’est un phénomène qui

sort du rectangle du terrain, qui s’échappe

du stade pour s’imprégner dans la ville toute entière, dans ses pensées et

tranchées profondes, dans la haine,

l’amour, le style de vie des Romains.

Il y a une sorte de vénération, d’amour à l’excès de chaque camp pour sa couleur, son équipe, sa bannière,

sa localisation géographique dans la ville. Le derby est l’événement sacré de la ville de Rome, une atmosphère de fièvre

féérique, un peu comme quand c’est Noël…

IL CALCIO NEL CUORE DEI ROMANI, DERBY ET DUEL SUR LE TERRAIN … Mais aussi dans la rue, au marché, au travail, au café. A Rome, on ne rigole pas avec le foot, on respire foot dès son plus jeune âge. C!est une a%aire d!Etat, de Cité, si on peut dire.

Des scandales, le foot italien en a connus, des matchs truqués, des saluts nazis, des trucs pas très très jolis, ce dont une certaine presse se délecte, mais rien ne vient entamer le cœur des Romains, qui vibre aux couleurs de l’AS Roma pour les uns, du Lazio pour les autres!: AS Roma vs Lazio de Rome, voilà le vrai débat!!

Des derbies, on en joue dans toutes les villes, me direz-vous, mais c’est à Rome que la passion est la plus forte… Vous pouvez toujours ajouter qu’à Londres, on est supporter d’un club comme on appartient à une famille, insister à nous rabâchant les oreilles

avec la grande popularité des équipes anglaises, nous parler de l’habitude des Londoniens de regarder la rencontre

au pub, «!le pub est le prolongement du stade!», en rajouter encore en nous ramenant les Français, ceux-là mêmes pour qui le football et la politique sont aussi les deux grands sujets pré-férés au bureau et dans les dîners… Rien ne viendra entamer notre sentiment qu’à ROME, c’est encore plus fort!!

L’opposition entre les deux clubs ro-mains est là depuis des décennies et des décennies, dix fois dix décennies entre le rouge et le jaune des classes populaires et le blanc-bleu des fau-bourgs bourgeois, une opposition qui, au-delà du foot, est historique, poli-tique, économique et sociale.

Qu’est-ce qui donne alors cette touche si particulière qui fait de l’amour des Romains pour leur derby, un truc à part?

On a demandé à notre Federico Mazzoni national et voilà ce que ça donne!:

> Le derby, c’est - Mieux que le championnat- La première chose que l’on note au calendrier

- La quintessence du football- Une saison complète à lui tout seul- De l’agonie- De la souffrance- 90 minutes passées en apnée- Le bonheur du goal- Le spectacle dans les tribunes- 365 jours de taquineries avant- Aussi le jour d’après- Ce que te font subir les collègues et amis en cas de défaite

- La rage que tu provoques chez tes collègues et amis en cas de victoire

- Le nœud dans l’estomac pendant toute la semaine qui précède

- L’extase totale ou la totale dépression au coup de sifflet

Il derby é… il derby… e basta!!

L’ANECDOTE DE FEDERICOToute la folie du derby réside dans cette histoire «!vraie!», qui circule de tribune en tribune…

Peu avant le match, un gars voit un fauteuil libre en plein milieu de la tribune, tandis que son siège de gradin à lui se trouve derrière un pylône. Il s’approche de la place libre et demande au type d’à côté!:

-C’est libre!?

L’autre lui répond!:

- Eh bien, c’est le fauteuil auquel ma femme était abonnée, mais elle est morte.

- Ah bon, je suis désolé… Mais comment se fait-il que vous n’ayez pas cédé la place de votre femme à un de vos proches parents?

- Peut-être la prochaine fois… Mais au-jourd’hui, ils sont tous à son enter-rement!!

« Quoi de plus agréable que le derby#? Je veux dire, il n!y a rien de plus beau dans la vie#»

— Federico Mazzoni / Ca%è Al Dente

GAZZETT’AL DENTE / page 3

Image 1 : Dessin de Totti de l’A.S.Roma © Antmoose

Image 2 : Stade olympique de Rome

Image 3 : Supporter de l’A.S. Roma

Image 4 : Lazio-Parma (Novembre 2011) © S.S. LAZIO

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Logo AS Roma

Entrée du stade olympique

Derby S.S. Lazio et AS. Roma © Inthelostime

Logo SS Lazio

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Nos régions d’italiePRODOTTI & VINI LOCALI

Spécialité

Spaghetti alla carbonaraMystère autour d’un plat de pâtes pourtant si répandu, œufs, pancetta, fromage… A-t-il été apporté à Rome par les!«!carbonari!», charbon-niers originaires de Ombrie (lard = graisse du pauvre), par les G.I. lors de la Seconde Guerre mondiale (plat issu de leur ration!: œufs et bacon) ou doit-il son nom à un groupe politique radical dissident du 19èmesiècle (I Carbonari ou loge italienne située rue Carbonara)!? Vaste débat, mais ne retenez qu’une chose!: la car-bonara, c’est sans crème!!

Spécialité

Insalata di puntarelleServie sur la table de Noël à Rome, c’est une sorte de chicorée ro-maine, dont on consomme les pousses crues en salade (elles ressemblent à des pointes d’asperge) avec de l’ail pilé, des anchois, du vi-

naigre de vin. Vous ne la trouverez pas facilement sur les marchés chez nous, alors profitez d’un voyage à Rome pour en ramener en direct de Campo de’ Fiori !

Spécialité

Bucatini all’ AmatricianaL’origine géogra-phique de ce plat se situe au nord-est de Rome. Là, à la limite du Latium et des Abru-zzes, se trouve la petite ville d’Ama-trice. La prépara-tion était à la base le plat du berger, constitué de produits secs, salaison, fro-mage, pâtes. Tomate et piment sont venus se rajouter après, quand la recette a débarqué à Rome.

page 4 / GAZZETT’AL DENTE

Valle d’Aosta

Veneto

Toscana

Marche

Umbria

Lazio

Sardegna

Piemonte

Liguria

Emilia Romagna

Lombardia

Trentino Alto Adige

Friuli VeneziaGiulia

ROMA

Page 5: Primavera 2012

Spécialité

Castelli Romani DOCLa région de Rome est naturellement liée au vin blanc. Les Castelli Romani constituent une zone volcanique à 20 km au sud de Rome, à mi-chemin entre Rome et la mer. Cette région, dont les sols sont riches en potassium, jouissant de conditions climatiques favorables, produit des vins blancs réputés comme ces Castelli Romani DOC à déguster sur une piazza romaine à l’heure de l’aperitivo!!

Spécialité

Spaghetti « ajo e ojo »Simple, efficace. Ail, huile d’olive et piment. Ce plat rapide, savoureux et très peu onéreux, issu des quartiers pauvres de Rome, fait recette dans les quartiers chics auprès des Ro-

mains fêtards et noc-tambules, qui s’en délectent tard dans la nuit après une soirée arrosée. Mais, c’est aussi très bon le ma-tin, dit-on!!

Spécialité

Abbachio alla romanaC’est une viande très prisée. De l’agneau de lait destiné à l’abattoir. Pas un agneau comme les autres, un de ceux que l’on trouve princi-palement dans le Latium, à peine âgé d’un mois, de 4 à 6 kilos, qui n’est pas sevré, prisé pour la tendreté et la saveur délicate de sa viande. A Pâques, les Romains allument de grands feux dans la campagne et font cuire leur viande avec de l’huile d’olive, du vinaigre de vin et du romarin.

Spécialité

Saltimbocca alla romanaEn d’autres mots, «!saute en bouche!». C’est désormais une recette romaine très connue! : Tranche de veau très finement coupée sur laquelle on pose une ou deux

feuilles de sauge, puis une tranche de prosciutto crudo, re-tenues par une petite pique en bois, un rien de farine, vin blanc (ou Marsala) et huile d’olive.

Spécialité

Carciofi alla giudiaEn matière de cuisine judéo-romaine, les arti-chauts romains (bien ronds) sont un incontour-nable. On les fait frire, cul en l’air, dans de l’huile d’olive bien chaude, sel et poivre. C’est d’une simplicité absolue, mais c’est la main bienveillante de la Mamma qui fait tout le goût!!

GAZZETT’AL DENTE / page 5

Abruzzo

Molise

Campania

Puglia

Basilicata

Calabria

Sicilia

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L’histoire d’amour entre Rome et les scooters : un autre éclairage

A Rome, quand il ne vous reste plus que 5 minutes pour avoir une demi-heure de retard (on adore cette ex-pression!!), vous foncez sur votre scooter, pour aller vite, vous faufiler, escalader les montagnes de voitures, trouver une place où jeter votre engin et au passage, ne pas perdre une minute pour… dra-guer. Il y a un vrai truc entre Rome et le scooter, entre Rome et la Vespa, en particulier.!

Mais quand, fait rarissime, il neige sur Rome, alors c’est le chaos, à en paraître drôle aux «!Canadiens-que-nous-sommes!». Oui, face à la neige temporaire qui est tombée sur la ville éternelle en février, les autorités locales ont perdu leur sang-froid, mais ce qui inquiétait le plus les Romains, c’était leur scooter!; «!c’est dangereux, quand il y a de la neige!!!»

Cette anecdote nous a donné envie de vous faire lire ce passage fu-rieusement imagé du dernier livre de notre auteur préféré. Voici donc un extrait de «!La Fête du siècle!» de Niccolo Ammaniti, roman publié chez Robert Laffont, traduit de l’italien par Myriem Bouzaher, pages 94 et 95… Ici, pas de neige, mais des torrents de pluie :

Vendredi soir + blaireaux en go-guette + pluie = Centre-ville blo-qué toute la nuit.

Fabrizio détestait le vendredi soir. Des hordes de barbares, dé-boulant du Prenestino, de Mentana, de Cinecittà, des Castelli, de la ceinture du périphérique, se déver-saient dans le centre historique, le Trastevere et la Pyramide, en quête de pizzerias, pubs irlandais, restaurants mexicains et autres pa-ninothèques. Tous bien déterminés à se divertir.

L’écrivain, en pestant, s’engouf-fra lui aussi sur le quai du Tibre. Il n’arrivait pas à avancer. La Vespa ne passait pas entre les voi-tures. Il se hissa sur le trottoir, mais là aussi la progression était difficile. Il y avait des auto-mobiles garées de partout, aban-données sans ordre les unes sur les autres, comme les miniatures d’un gamin trop gâté. Il arriva, trempé jusqu’au slip, à une espèce de goulot d’étranglement qui abou-tissait dans un lac. Les voitures le traversaient en soulevant des vagues dignes d’un hors-bord. Il inspira profondément et s’élança. Il fit les vingt premiers mètres dans une explosion d’éclabous-sures. Les roues disparurent dans un liquide sombre et glacé. Main-tenant, il roulait plus mollement. Le niveau de l’eau dépassait le fond de la Vespa. Elle lui arrivait aux chevilles. Le moteur commença à crachouiller, à hoqueter. Comme une bête blessée, le scooter se traînait spasmodiquement, émettant un son désespéré. Fabrizio en selle implorait entre ses dents.

– Allez, putain, allez, putain, allez putain de merde… Tu vas y arriver!!

Mais la Vespa émit un râle et mou-rut à l’endroit le plus profond.

ROME FASHION Le MAXXI GRAND CAMPUS POUR LA CULTUREFondation italienne à $ocation de musée national, le MAXXI ouvert en 2010 dans le quartier de Flaminio, situé au Nord de Rome du côté de la Villa Borghese, est consacré à la création contemporaine.

Audacieux symbole de la modernité, conçu par la désormais incontour-nable Zaha Hadid, architecte anglo-irakienne, il participe au fait que Rome évolue et se transforme en quête d’un nouvel esthétisme. OUI, c’est symbolique dans une ville que l’on visite essentiellement pour ses trésors de l’Antiquité. OUI, ça fait partie des velléités de Rome pour renouer avec la mode et la tendance, pour s’octroyer une nouvelle dynamique tournée vers le futur. OUI, nous sommes d’avis que Rome se devait de s’offrir une architecture contemporaine.

Il y a comme un esprit Guggenheim dans ce bâtiment qui rassemble un

musée de l’architecture et un musée d’art contemporain, un auditorium, une bibliothèque, une médiathèque, une librairie, une cafétéria, un bar-restaurant et des espaces pour expos temporaires.

Admettons que l’on puisse pen-ser que c’est du «!tout à l’ego!» (Libération juin 2010) parce que l’espace privilégie l’architec-ture au détriment de l’accrochage, que!«!Zaha Hadid n’a pas construit un musée, (qu’) elle s’est édifié un temple!», il n’en demeure pas moins que ça vaut le détour!!

www.fondazionemaxxi.it

page 6 / GAZZETT’AL DENTE

L’ITALIE DES BRÈVES DE COMPTOIR.. et des adresses qu!on se re&le con&dentiellement

Vespa à Rome © Derek Baird

Les bons plans bouffe du Lazio de Gian-Marco et l’adresse de sa tante !Gian-Marco, vous vous en souvenez! ?… Aux côtés de Clémentine dans son domaine LE COSTE SUL LAGO (page 1)!? Eh bien, figu-rez-vous qu’il nous réserve des surprises du côté de son cahier de recettes et de son carnet d’adresses.

CÔTÉ RESTO, à Rome, plus rien n’intéresse Gian-Marco depuis ces dix dernières années. Il ne retrouve plus le goût de la bonne nour-riture typique. Les restaurants étoilés ne sont pas son truc et il lui manque ce ter-rain d’entente entre le chic de la matière première et une cui-sine faite avec sim-plicité à prix décents et avec de bons vins, s’il vous plaît!! Et bien, c’est simple, on va demander à Lakhdar et Michele d’aller lui ouvrir un restaurant comme il aime… Trêve de plaisanterie, étant

donné que Gian-Marco n’a pas ce qu’il veut à Rome, il reste près de chez lui et nous invite à bien manger à Gradoli à LA RIPETTA, où la cuisine est tou-jours tenue de main de maître par sa tante (79 ans), poisson du lac, poisson de mer, agneau, viande locale, vins du neveu, tout est bon et en été, la vue directe sur le lac de Bolsena, depuis la terrasse au pla-fond tendu de toiles désuètes, est impre-nable, comme on dit. Allez-y, c’est une expérience qui, pour certains, va au-delà de toutes attentes!!

La Ripetta, Via roma, 38, Gradoli Tel.!: 0761 456100

CÔTÉ CUISINE, Gian-Marco aime associer ses vins à des plats de terroir, à des pro-duits locaux. Avec son

«! Bianco! », il opte pour la «! pajata! », une préparation très traditionnelle à base d’intestins d’agneau de lait (oui, oui, vous avez bien lu!!), qui accompagne par exemple des rigatoni. Avec le «!Bianco del Paino! », il choisit la «!coratella con i carciofi!», encore un plat à base de diffé-rents abats d’agneau (poumon, cœur, foie, thymus), oignons, vin blanc, huile d’olive, accompagné de petits artichauts à la ro-maine ou à la juive. Enfin, pour jouir pleinement de son «!Rosso!», il craque pour «! l’agnello al bujone! », un agneau très simplement pré-paré avec de l’ail, de la sauge, du romarin, tomates, vin blanc , huile d’olive, sel et poivre… Je vote pour ce troisième choix!

Scooter sous la neige à Rome © MaledettaMent

Image 1 : Le Maxxi de nuit © Dalbera

Image 2 : Le Maxxi © Alfvan Beem

Image 3 : Intérieur du Maxxi © Alfvan Beem

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Page 7: Primavera 2012

PRÉSENTE UN VIN DE LA BOTTE AVEC ERIC BOSCHMAN Que vient faire le Piémont dans un numéro Spécial Rome ?... Demandez à Boschman!

Mounbé 2005 Barbera Piemonte Demeter Stefano Belloti Cascina degli ulivi

Faut-il vraiment pré-senter le Piémont! ? Ses truffes blanches, ses vins à base de Nebbiolo qu’envient presque les bourgui-gnons du mont den-tier, ses moscatos et autres Barbera. Le Piémont c’est un peu un des paradis ter-restres, même si en hiver le climat n’a rien à nous envier. Quand il fait immonde, on se réfugie autour d’une table et on ouvre des flacons entre amis et fa-mille. Le produc-teur de cette cuvée se targue de ne pas «!faire!» mais bien de l’accompagner, à la manière d’un obstétricien. IL le fait naître, appa-raître, devenir, tout ce que vous voulez, mais il se soumet à la nature et a ses dyna-miques. Il est aussi l’heureux metteur au monde du Semplicemente Rosso que vous pouvez

trouver ici aussi. Une petite merveille soit dit en passant. Pour en revenir au pinard du jour!; sa robe est rubis foncé, marquant

sur les bords des traces d’évolution. Le nez est déjà un peu tertiaire, avec des notes de cuir, de tabac noir et de cacao. On trouve aussi du cèdre et un peu de santal

même. Sans oublier du cassis en confiture et quelques autres fruits rouges compotés tel du pruneau. Bref, c’est complexe, long, en finesse avec une belle acidité qui rigidi-fie l’ensemble et lui confère une longueur étonnante par rapport à ce qu’il annonce comme âge au nez. C’est un vin étonnant que je vous conseillerai de carafer au moins deux heures avant de le consommer pour en tirer le meilleur. Si vous êtes au restaurant, com-mencez par le com-mander avant de passer à l’apéri-tif, comme ça, il sera prêt pour le plat. Et si, pour manger vous vous attaquez à un truc genre pasta

al ragù, préparez vous au choc, le re-tour sur terre après ça risque d’être dûr, vous ne serez, a coup sûr plus jamais les mêmes. On expérimente pas le nirvana sans risque, même s’il est garanti sans produits chimiques.

Le carnet d’adresses d’un Colombien à RomeCamilo est un vrai romain#; en&n, pas tout à fait. En vrai, il est colombien, mais il a épousé une historienne de l!art, archi-cultivée, romaine et amoureuse des belles choses, et ça lui donne beaucoup de droits#! Camilo est &n cuisinier et adore les bons plans. Pour nous, pour $ous, il dresse la liste des endroits où il aime aller dîner, et ce n!est que du bon#!

- AI MARMI, le meil-leur, pas cher, tous univers confon-dus, cautionné par le Caffè Al Dente, la pizza d’après-foot! : symbole de la pizza romaine, souvent archibondé, aussi connu sous le nom de PANATTONI ou L’OBITORIO («!la morgue! », à cause de ses comptoirs en marbre). Dans Tras-tevere, près de la Piazza Sidney Son-nino. Au coude à coude, presque à l’écrasée, des ser-veurs acrobates, des étudiants, des hommes d’affaires, des supporters de foot, des touristes… La pizza et les as-siettes de fritures valent le détour!! Pour les roman-tiques, on peut aus-si y dîner à l’exté-rieur plus au calme tard dans la nuit…

(Viale Trastevere, 53, près de la Piazza Sid-ney Sonnino)

- ROSCIOLI, une «!bot-tega-ristorante! » pas si italienne que ça, un petit repère gastronomique comme on les chérit, et vous allez com-prendre pourquoi!: à l’extérieur, ce-la ressemble à une petite épicerie ; à l’intérieur, c’est plus qu’une simple épicerie, c’est aussi un restaurant très accueillant. Vous pouvez y man-ger d’excellents spaghetti alla car-bonara, mais aussi acheter et déguster un tartare français ou toute une série d’excellents jam-bons ibériques, dont le meilleur du monde autoproclamé…

(Via dei Giubbonari, 21, entre le Campo de’ Fiori et la Piazza Be-nedetto Cairoli)

- DA AUGUSTO, plus brut que ça, tu meurs!! Tags sur la façade, toilettes à la turque, mais «!best buy for food!», dit-on. C’est niché dans un coin oublié du Trastevere, ambiance copains de quartier, tables rustiques fa-çon pique-nique sur toile cirée, carafe de vin maison, ser-vice brusque mais efficace… Ne partez pas tout de suite, s’il vous plaît! ! Ici, c’est une his-toire de famille, c’est de la vraie cuisine romaine comme vous en avez eu un aperçu sur notre carte, pages 4 et 5… Le pied, c’est d’y être un jeudi, parce que le jeudi, c’est gnocchi!!

(Piazza de’ Renzi, 15, on vous laisse vous aventurer)

- GIGGETTO AL PORTICO d’OTTAVIA!; ce dont nous n’avons pas tous connaissance, c’est que ce célèbre Portique d’Octavie, bâti par l’Empe-reur Auguste pour sa sœur, aujourd’hui communément associé au ghetto juif de Rome, était jusqu’au siècle dernier, le lieu d’une forme particulière de criée aux poissons, connue sous le nom de «!cottio!», mêlant toute la ville, gens du peule et aristo-crates. L’histoire du restaurant re-monte à 1923, quand «! Gigetto! », sol-dat de retour de la guerre, acquiert un vieux bistrot aves sa femme Ines, qui excelle dans la pré-paration des arti-chauts à la juive, joyaux de la carte encore aujourd’hui, servis en plat.

(Via del Portico d’Ot-tavia, 21/a-22)

- AL POMPIERE, un clas-sique du ghetto juif qui porte bien son nom puisqu’en fran-çais, on dirait que le style y est assez «!pompier!»!; c’est au premier étage, ce n’est pas archi sexy comme ambiance, mais qu’est-ce que c’est bon!! On est dans le cuisine romaine en plein.

(Via Di S. Maria De’ Calderari, 38)

- TRATTORIA DA LUIGI, paix et tranquilli-té près d’une artère plus courue, le Cor-so Vittorio Emanuele II. Une carte plus italienne que stric-tement romaine. Une terrasse très agréable.

(Piazza Sforza Cesari-ni, 23 Centro Storico)

Plus chers…- OSTERIA DEL PESCE, on dirait une pois-sonnerie haut de gamme!; le poisson y est ultra-frais, présenté sur des manteaux de glace venus directement de la pêche du matin. Les préférences vont au carpaccio de loup de mer ou aux lan-goustines grillées. Bon, mais cher.

(Via di Montserrato, 32 près de la Piazza Farnese)

- DITIRAMBO! ; il y a en a qui, quand ils vont à Rome, ne jurent que par le Ditirambo. Le res-taurant demeure un bon classique de la cuisine de Latium et de Campanie. C’est à l’écart des chemins principaux. Pâtes, pains et gâteaux sont faits maison. La carte est régu-lièrement renouve-lée, mais les ton-narelli «! cacio e pepe!» sont toujours servis sur demande!!

(Piazza della Cancel-leria, 75 près de Cam-po de’ Fiori)

« ROME », UN HOMMAGE AUX COMPOSITEURS DU CINEMA ITALIEN(Un album sorti le 16 mai 2011, essentiel, intemporel)

Pour fans d’Ennio Morricone et de BO des westerns spaghetti!!

Brian Burton, alias Danger Mouse, talent absolument génial, de-venu quasi incontour-nable, DJ, compositeur et producteur new-yor-kais, dont on connaît les fameuses produc-tions, collaborations et contributions, no-tamment pour Gorillaz, Gnarls Barkley , Bro-ken Bells, Beck, The Black Keys, The Good, The Bad & The Queen, l’album Dark Night of the Soul, et U2 bientôt…, a élaboré en compagnie de son ami basé à Rome, le compositeur italien Daniele Luppi, arran-geur et producteur de musiques de films, ce projet intitulé ROME,

ville d’inspiration et de concrétisa-tion après cinq ans de peaufinage. Avec les voix envoûtantes de Norah Jones et de Jack White des White Stripes, l’album a été enregistré dans les célèbres studios romains «!FORUM MUSIC VILLAGE! » co-fondés par Morricone.

Daniele Luppi ra-conte qu’il a grandi devant la télé ita-lienne à une époque où il n’y avait que deux chaînes qui dif-fusaient des westerns spaghetti en boucle. Luppi s’amusait à réécouter inlassable-ment la musique des films grâce à son en-registreur à cassette qu’il posait devant les haut-parleurs du

poste de télévision. Pour ROME, Il voulait absolument retrouver le mélange classique-pop de la grande époque de Morricone et ses fameux chœurs à 8 voix, ce qu’il a réussi à faire en réu-nissant les vieux de la vieille, dont cer-tains musiciens ont joué sur les BO ori-ginales de Il Etait une fois dans l’Ouest et Le Bon, la Brute et le Truand, et se sont retrouvés avec une émotion palpable.

Il y a de l’incons-cient collectif dans cet album, une patte magique, du fantasme pour qui en veut… Il paraît qu’il a même inspiré Chris Milk, le Visual Director, qui a l’idée d’en faire naître un long-métrage de fiction.

Comme la pièce jetée dans la fontaine de Trevi, écoutez ROME et revenez-y!!

GAZZETT’AL DENTE / page 7

L’intérieur de la bottega-ristorante!Roscioli © cibando.com

Al Pompiere © polishwineguide.com

Page 8: Primavera 2012

LE BOUQUIN DE TOUTES LES SAISONS… ILS SONT DEUX !

COOL ROME

City Guide teNeues 2011

Rome a découvert la modernité, vous l’aurez compris au fil de nos pages. Elle ne reste plus figée dans sa fontaine de Trevi, sa chapelle Sixtine ou son Colisée, elle se révèle une vraie ville de contrastes entre ancien et nouveau, l’ensemble cohabitant admirablement. Ce guide est d’abord beau. Il est rempli de super photos qui font ressortir le vrai esprit de la ville, les endroits ultra branchés ou les endroits des vrais Romains, hôtels, clubs, bars, lounges, mais aussi shops et restos, du genre de ces adresses qu’on se refile exclusivement sous le manteau, comme on aime. Ce n’est pas cher du tout et c’est en quatre langues anglais, allemand, français, espagnol. C’est le complément parfait de votre guide traditionnel.

L!ART CULINAIRE APICIUS

Editions Belles Lettres

La preuve qu’à Rome, l’ancien cohabite parfaitement avec le nouveau… Gavius Apicius était un ami de Tibère. Vous imaginez à quand ça remonte ! Il n’en était pas à une extravagance culinaire ni à une dépense près, l’ami Apicius!: talon de chameau ou langue de flamant pour dépenses somptuaires. Une sorte de Top Chef génial de l’époque… Eh bien, ce livre est un régal pour têtes pensantes, de la littérature culinaire grecque et latine, des témoignages, commentaires, et index de toutes sortes. C’est savant d’avoir ça chez vous.

PRIMAVERA !Dur hiver et Sentiment amer… Après ça, on n’a qu’une envie, crier!: VIVE LE PRINTEMPS!!

Il y a eu, cet hiver, jusqu’à trois mètres de neige dans le sud de l’Italie, un nombre de victimes du froid assez hallucinant, entre autres dans le Basilicate, dont nous avons parlé dans notre précédente Gazzetta. A Rome, ce fut le chaos intégral lors de ces journées de poudreuse, crises de nerf, armada de chasse-neige, surconsommation électrique pas vraiment à l’ordre du jour… Il merda!!

Plus tard, froid et rigueur toujours, Mario Monti et son gouvernement ont estimé irresponsable le dépôt d’une candidature de la capitale italienne pour l’organisation des JO 2020. La dernière fois, à Rome, c’était en 1960. C’eût été bien de réitérer 60 ans plus tard... Mais voilà, contexte économique oblige!: «Nous ne nous sentons pas capables de prendre un engagement financier qui pourrait obérer les finances italiennes pour des années. A un autre moment de notre Histoire, nous aurions pris le risque, mais pas maintenant», a déclaré le chef du gouvernement italien. C’est bien, il n’y a rien à dire même si l’on peut comprendre le sentiment d’amertume de certains…

Mais après l’hibernation, vient le printemps!!

ET NOUS REVIENDRONS… Par temps plus clément, avec les dernières trouvailles de Lakhdar et Michele à Vinitaly.

COLO-PHONDirection de la rédaction Antoinette Van Ham

Coordination Hélène Wallemacq

Photographie Wine, Food & Cinema

Production Caffè Al Dente

Design graphique Codefrisko

Illustrations Audrey Schayes

Rue du Doyenné 85, 87 1180 Bruxelles +32 (0)2 343 45 23 www.caffealdente.com

P L U S D ’ I N F O S A G E N D A S U R W W W . C A F F E A L D E N T E . C O M

CAFFÈ AL DENTE E ALTRE COSEPRIMAVERA 2012

Une pâte fraîche, une tomate… que demande le peuple!

NOTE

Image 1 : Couverture de Cool Rome - photo © WFC

Image 2 : Couverture de Apicius

Image 3 : Logo des jeux Olympiques de Rome en 1960

Image 4 : Mario Monti

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