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Principales causes professionnelles et
environnementales des cancers-
Approches cliniques et
épidémiologiques
Pairon JC
INSERM U955, Faculté de Médecine Paris Est - Créteil
Novembre 2013
Master Toxicologie
Spécialité: Toxicologie humaine, évaluation des risques,
vigilances
Module C13 : Toxicologie clinique
Fréquence des cancers en FranceCancer = problème de santé publique important
• Incidence: 355 000 cas/an en 2012 (données InCa 2013)
hommes = 200 000 soit 56%, femmes = 155 500 soit 44%
Âge au diagnostic: 64 ans chez les femmes, 67 ans chez les hommes en
2005 (données InCa 2009)
Mortalité: 1ere cause de décès chez l’homme en France (85 000 cas
estimés en 2012, 33% des décès sur 2004-2008), 2e cause chez la femme
(63 000 cas, 24% des décès) (InCa 2011, InCa 2013)
Age au décès (sur 2004-2008): 72 ans chez l’homme, 76 ans chez la
femme (InCa 2011)
• Évolution
Tous cancers confondus, l’incidence augmente alors que la mortalité
diminue (variable selon les cancers +++, donc raisonner cancer par
cancer+++; différences homme/femme)
• Survie: la survie relative à 5 ans (= survie « nette » si le cancer était la
seule cause de décès possible) varie selon le type de cancer (6 à 95%) et
le stade au moment du diagnostic (InCa 2011)
2
Part attribuable des cancers (PNSE, 2004)
Dans les pays industrialisés
7 à 20% des décès par cancer sont imputables à
des facteurs environnementaux non liés à des
comportements individuels
• activités professionnelles (4 à 8,5% selon
l ’InVS)
• contaminants environnementaux présents
dans l’alimentation (<1%)
• dans l’air, l’eau ou les sols (1 à 5%)
• facteurs géophysiques (2 à 4%)
– radiations ionisantes
– rayonnement UV
• produits industriels de consommation (1 à 2%)
Les causes du cancer en France en 2000(Académie Nationale de Médecine, Académie des
sciences, CIRC, FNCLC, 2007) Nombre de cas
Facteur de
risque
H (n) H (%) F (n) F (%) H+F (n) H+F (%)
Tabac
Alcool
Infections
Inactivité
physique
Obésité
UV
THS
Expo prof
Facteurs de
reproduction
Pollution
43 466
17 398
4206
780
2249
2380
4013
119
27%
10,8%
2,6%
0,5%
1,4%
1,5%
2,5%
0,07%
7095
5272
4871
5541
3899
3234
5828
314
2260
179
6,1%
4,5%
4,2%
4,7%
3,3%
2,8%
5%
0,3%
1,9%
0,15%
50 561
22 670
9 077
6 321
6 148
5 614
5 828
4 327
2 260
298
18,2%
8,1%
3,3%
2,3%
2,2%
2%
2,1%
1,6%
0,8%
0,1%
3
Les causes du cancer en France en 2000(Académie Nationale de Médecine, Académie des
sciences, CIRC, FNCLC, 2007) Nombre de décès
Facteur de
risque
H (n) H (%) F (n) F (%) H+F (n) H+F (%)
Tabac
Alcool
Infections
Expo prof
Obésité
Inactivité
physique
THS
UV
Facteurs de
reproduction
Pollution
28 934
8 188
2 867
3 183
995
427
-
548
-
107
33,4%
9,4%
3,3%
3,7%
1,1%
0,5%
-
0,6%
-
0,12%
5 449
1 692
2 511
256
1 321
1 812
1 239
499
606
165
9,6%
3%
4,4%
0,5%
2,3%
3,2%
2,2%
0,9%
1,1%
0,3%
34 383
9 880
5 378
3 439
2 316
2 239
1 239
1 047
606
272
23,9%
6,9%
3,7%
2,4%
1,6%
1,6%
0,9%
0,7%
0,4%
0,2%
4
Evaluation globale de la
cancérogénicité pour l’homme (CIRC) Indications de
cancérogénicité
chez l'homme
Indications de
cancérogénicité
chez l'animal
Autres données
Groupe 1 : cancérogène suffisantes - -
pour l'homme (limitées) (suffisantes) (mécanisme connu)
Groupe 2A : probablement limitées suffisantes -
cancérogène pour l'homme insuffisantes suffisantes mécanisme analogue chez
l'homme et l'animal
(limitée) - -
Groupe 2B : peut être limitées
limitées
limitées
insuffisantes
-
cancérogène pour insuffisantes suffisantes -
l'homme insuffisantes limitées existence de données
pertinentes
Groupe 3 : non insuffisantes insuffisantes -
classable par rapport insuffisantes limitées -
au pouvoir cancérogène
pour l'homme
insuffisantes suffisantes mécanisme chez l'animal
non pertinent chez l'homme
Groupe 4 : probablement absence absence -
non cancérogène pour
l'homme
insuffisantes absence existence de données
pertinentes
• Cancers professionnels : cancers résultant de l’exposition de travailleurs à une ou plusieurs nuisances du milieu de travail.
• Cancer = maladie en général multifactorielle (exemple: poumon, vessie, etc). Il est donc souvent difficile d’affirmer le lien à l’échelon individuel
• Approche collective: cancers « qui ne seraient pas survenus en l’absence des nuisances du milieu professionnel »
notion de fraction de risque attribuable
• Attention:
fréquence des personnes exposées ≠ fréquence des cancers professionnels, pour un site de cancer donné
5
Fraction attribuable aux facteurs professionnels
pour certains cancers
Fraction de risque attribuable FRA = PE (RR-1) / [PE (RR-1) + 1]
où PE = proportion d’exposés dans la population; RR= risque relatif
Site de cancer FRA (sexe masculin) n cas estimé 1999
Poumon 13-29% (amiante ++) 2433 à 5427
Mésothéliome pleural 85% 537 à 578
Vessie 8-14,2% 625-1110
Ethmoïde-sinus de la
face
24-41% 60-102
Leucémies 5-18,5% 112-413
Tous sites confondus: FRA de 4% à 8,5%
Estimation InvS: 11 000 à 23 000 cas /an en France (rapport InCA 2011)
(Adapté de Imbernon, InVS 2003)
Nombre et proportion de décès par cancer attribuables à
l’exposition professionnelle, par type de cancer en 2000 en
France
(Rapport CIRC, Académie Nationale de Médecine, Académie des
Sciences, FNCLC, 2007; Boffetta et al, J Occup Environ Med 2010;
52:399-406)
Cancer Hommes Femmes
FRA % Décès FRA % Décès
Poumon
Mésothéliome
Vessie
Leucémie
Larynx
Sinus nasal
Peau
Tous cancers
12,5 %
83,2 %
5,5 %
4,1 %
3,1 %
24,3 %
2,2%
4 %
2564
504
180
110
53
24
5
3440
6,5 %
38,4 %
0,6 %
0,4 %
0,3 %
6,5 %
0,1 %
0,6%
274
62
6
9
0
3
<1
354
Statistiques des maladies professionnelles reconnues (régime général de la
Sécurité sociale)
nombre de cancers reconnus et indemnisés : 1830 cas en 2009
6
Cancer broncho-pulmonaire
Estimations de la fraction attribuable à
l’activité professionnelle pour le CBP, chez les
hommes
(Boffetta et al, J Occup Environ Med 2010, 52:399-406)
0
5
10
15
20
25
30
35
40
Nordic EuropeW
F UK USA Varié Finland F USA
Dreyer 1997 Boffetta 2010 Doll 1981 Vineis Imbernon 2002
Driscoll, 2005 Rushton 2008 &Simonato, 1991 Steenland 2003
Nurminen et
Karjalainen 2001
Selon RR et prévalence
de l’exposition
Selon revue de la littérature
13%
10%12,5%
16,5%15%
1%
40%
29%
13%
29%
6,1%
17,3%
7
Causes professionnelles de CBP
Agent cancérogène certain (IARC groupe 1), avec excès de CBP
* Amiante +++
* Arsenic (et composés à base d’arsenic)
* Béryllium (et composés à base de béryllium)
* Bis(chloromethyl)ether et Chloromethyl methyl ether
* Cadmium (et composés à base de cadmium)
* Dérivés du chrome hexavalent
* Emissions de moteurs diesel
* Goudron de houille, brais de houille, suies, gazéification du
charbon, production de coke, fonderie de fer et d’acier
hydrocarbures aromatiques polycycliques
* Certains dérivés du nickel
* Plutonium-239, radon-222 et produits de filiation (mine de fer),
* Silice cristalline
* Profession de peintre
* Tabagisme passif* Industrie de production du caoutchouc
Causes professionnelles de CBP
Suspicion d’excès de CBP chez l’homme selon CIRC (2013)
• Cobalt associé au carbure de tungstène (industrie des
métaux durs)
• Brouillards acides forts
• Bitumes (toitures, asphaltage)
• Dérivés chlorés du toluène (benzal chloride, benzyl
chloride, benzotrichloride, benzoyl chloride)
• Utilisation professionnelle d’insecticides non arsenicaux
• Créosotes (dérivés de goudron de houille) ( rôle des
hydrocarbures aromatiques polycycliques ?)
• Fabrication d’électrode de carbone
• Industrie de la verrerie d’art ( rôle de la silice, de
l’arsenic et de l’amiante ?)
• Imprimerie
• Fumées de soudure
• 2,3,7,8 TCDD
8
Cancer bronchopulmonaire et origine
professionnelle
Absence de « spécificité histologique »
(sauf CPC et BCME)
Absence de « spécificité clinique »
Absence de « spécificité pronostique »
Cancer bronchopulmonaire et amiante
Toutes les variétés d’amiante peuvent induire des CBP, avec un
risque variable selon le type d’exposition (textile > amiante-ciment
> mines)
Problème de la relation dose-effet et du seuil
Expertise Collective INSERM (1997): modèle linéaire, absence de
seuil; excès de risque de 1 % par f/ml x année
Secteurs « les plus à risque »
Amiante-textile OR : 2 à 10
Isolation thermique OR : 3 à 6
Fabrication d’amiante-ciment OR : 1,5 à 5,5
Fabrication de matériaux de friction OR : 1,5 à 3,5
Rapport InVS (2010) : 1508 à 2409 cas de CBP attribuables à une
exposition professionnelle à l’amiante en 2007 en France (1488 à
2359 hommes, 20 à 50 femmes), pour les tranches d’âge 25-75 ans
9
Principales sources d’exposition
professionnelle à l’amiante
- Industries d’extraction (Russie, Chine, Kazakstan, Canada, Brésil, etc)
- Fabrication et usinage de produits contenant de l’amiante (amiante-ciment +++)
- Amiante textile (garnitures de freins, cordons, tresses...)
- Isolation avec flocages à l’amiante (ou retrait)
- Construction et réparation navale
- Métallurgie (fer, acier, autres)
- Chaudronnerie et toutes interventions sur des systèmes de chauffage
- Industrie du verre
- Intervention sur des matériaux contenant de l’amiante : dans l’industrie de la construction (plombier-chauffagiste, électricien, soudeur...) ou dans d’autres industries
- ...
Hammond et al (1979), Isolateurs, USA
Amiante
- +
- 1 5,2 Tabac + 10,8 53,2
Interaction amiante - tabac
Cancer bronchopulmonaire et amiante
Rôle de la fibrose pulmonaire
Rôle des plaques pleurales?
- American Thoracic Society 2004 : association plaques pleurales – excès
de CBP (avis d’experts), sur la base d’études scandinaves avec RXT
- Association controversée +++ car problèmes méthodologiques
Modèle probablement entre additif et multiplicatif (Wraith & Mengersen, 2007)
- Majoration indiscutable du risque de CBP en cas d’asbestose
- Mais un CBP peut être observé dans les populations fortement
exposées à l’amiante en l’absence d’asbestose
10
CBP et exposition à l’amiante :
arguments d’imputabilité
Histoire professionnelle
exposition cumulée estimée (cf questionnaire de repérage), chronologie (latence).
Biométrologie
niveau de rétention pulmonaire Corps asbestosiques en MO
Exposition
LBA Poumon
Probable 1/ml 1000/g
Certaine 5/ml 5000/g
Fibrose pulmonaire : marqueur de forte exposition (RX, TDM,
histologie)
CBP, amiante et anomalies moléculaires
- TP53 : données contradictoires
- non ? adénocarcinome (Husgafvel-Pursiainen et al, 1999)
- oui ? CBP tous types histologiques (Wang et al, 1995)
- Ki-ras et adénocarcinome : oui ? (Vainio et al, 1993; Nelson et al, 1999)
- P16/CDKN2A : délétion chez les exposés (Kraunz et al, 2006, Andujar et al, 2009)
- CGH array :
- Davantage de gains dans la région 2p21-p16.3 du chromosome 2 chez les exposés (Nymark et al, 2006)
- Davantage de perte d’hétérozygotie dans la région 3p21 du chromosome 3 chez les exposés (Nymark et al, 2006, Marsit et al, 2004)
11
CBP et exposition à la silice cristalline
Classement de la silice cristalline dans le groupe 1 du CIRC en
1996
Excès de risque de CBP identifié dans plusieurs secteurs
d ’activité professionnelle exposant à la silice cristalline
Excès de risque plus important et reproductible dans les
groupes atteints de silicose (absence d ’excès dans la
pneumoconiose du mineur de charbon)
RR (CBP si silicose) : 1,3 à 7
Silice cristalline : pouvoir cancérogène respiratoire démontré
chez le rat
Tableau de maladie professionnelle dans le RGSS en 2003 en
France
(CBP associé à silicose). Pas de tableau pour le CBP associé à
une pneumoconiose du houilleur.
Etudes sur la relation silice - CBP
Relation dose-réponse silice – cancer bronchopulmonaire
(Steenland et al, Cancer Causes and Control 2001,12:773-784)
- 10 cohortes poolées (65 980 sujets: 44 160 mineurs, 21 820 non mineurs ; les mineurs de charbon ont été exclus)
- Il existe un lien entre exposition cumulée à la silice et cancer bronchopulmonaire (p=0,0001)
5 quintiles d’exposition cumulée : OR
< 0.4 mg/m3x année 1
0.4 - 2 1 [0.83-1.3]
2 – 5.4 1.3 [1.0-1.6]
5.4 – 12.8 1.5 [1.2-1.8]
>12.8 1.6 [1.3-2.1]
Une relation analogue a été observée pour le niveau moyen d’exposition.
12
Revue et méta-analyse
(Pelucchi et al. Ann Oncol 2006, 17:1039-50)
Etudes postérieures à l’évaluation du IARC (1998-2005)
(28 études de cohortes, 15 études cas-témoins, 2 études de mortalité proportionnelle)
Cohortes : RR (CBP) = 1.34
RR (CBP chez les silicotiques) = 1.69 [1.32-2.16] (n=7)
RR (CBP chez les non silicotiques) =1.19 [0.97-1.57] (n=1)
Etudes cas-témoins: RR(CBP) = 1.41
RR (CBP chez les silicotiques) = 3.27 [1.32-8.RR (CBP chez non silicotiques)= 0.97 [0.68-1.38]
Etudes sur la relation silice-CBP
Revue et méta-analyse concernant l’association silicose-cancer bronchopulmonaire (Lacasse et al, SJWEH 2005, 31 : 450-458)
286 publications originales entre 1966 et mai 2004
31 remplissaient les critères d’inclusion
Etudes de cohortes (n=27)
. 23 305 malades
SMR (CBP) : 2.45 [IC95% : 1.63-3.66]
(test d’homogénéité p<0.0001)
. 4 cohortes avec information sur le tabagisme (n=2611)
SMR ajusté (CBP) : 1.60 [IC95% : 1.33-1.93]
(test d’homogénéité p=0.52)
. 10 études avec évaluation chez les non fumeurs
SMR (CBP) : 1.52 [IC95% : 1.02-2.26]
Sous estimation du risque réel de CBP
Etudes cas-témoins (n=4): OR (CBP) = 1.70 [IC95% : 1.15-2.53]
Etudes sur la relation silice-CBP
13
Meta-analyses (en résumé)
RR (CBP/ exposition à la silice) = 1.2 à 1.4 sans
ajustement sur le tabac
RR (CBP / silicotiques) = 2 à 2.5
1.6 après ajustement
sur le tabac
Etudes sur la relation silice-CBP
CBP et exposition à la silice:
recherche d’une pathologie
associée
Silice
Recherche d’un syndrome micronodulaire sur le TDM
Recherche de lésions histologiques de silicose (nodule fibrohyalin)
NB : silicose exigée pour la reconnaissance en maladie professionnelle dans le tableau 25 RGSS
14
CBP et hydrocarbures aromatiques
polycycliques (HAP)
Fabrication de gaz (distillation de la houille) (ancien)
Production de coke
Enrobage routier et étanchéité avec brai et goudron de
houille (ancien)
Production d’aluminium , procédé Söderberg (ancien)
Ramonage/suies
Fabrication d’électrodes de carbone ?
Données épidémiologiques
Méta-analyse (Armstrong et al, Environ Health Persp 2004,
112:970-978)
39 cohortes. RR (100 mg/m3 benzo(a)pyrène): 1,20 [1,11-1,29]
Risque variable selon les industries +++ (plus élevé dans industrie
de l’asphalte: 17,5 [4,21-72,78]; ramoneurs: 16,2 [1,64-160,7])
CBP et exposition aux émissions Diesel
Principales situations
Conducteurs de locomotives diesel et mécaniciens d’entretien
Conducteurs PL, autobus, taxi et mécaniciens
Conducteurs d’engins
CIRC groupe 2A jusqu’en 2012, puis groupe 1 du fait d’un lien certain et causal de CBP (évidence limitée pour la vessie)
A signaler 2 méta-analyses anciennes
Bhatia, Lopipero, Smith (Epidemiology. 1998, 9 : 84-91)
29 études publiées 23 études prises en compte , 21 avec RR >1
RR méta-analyse = 1.33 [1.24-1.44]
. Prise en compte du tabagisme
. Relation durée d’exposition-effet
Lipsett & Camplemen (Am J Public Health. 1999, 89 : 1009-1017)
47 études publiées 30 prises en compte
RR méta-analyse = 1,47 [1,29-1-67]
. Hétérogénéité
. Prise en compte du tabagisme
15
CBP et exposition aux émissions Diesel
Niveaux d’exposition aux émissions diesel (Pronk et al J
Expo Sci Environ Epidemiol 2009; 19:443-457) (classement proposé selon le niveau de carbone élémentaire atmosphérique. Mesures réalisées entre 1957 et 2007. NB: le rapport CE/HAP varie selon période d’exposition et source!)
Élevé : travaux avec équipements diesel lourds en souterrain (mines, tunnels…)
Intermédiaire (<50 mg/m3) : travaux dans espaces semi-clos (mécaniciens des ateliers de maintenance de bus, camions, locomotives, conducteurs chariots élévateurs, dockers)
Faible (<25 mg/m3): travaux en zone close séparée de la source d’émission (conducteurs de bus, camions, taxis, locomotives, mineurs en surface, gardiens de parkings, personnel d’aéroport au sol, etc)
CBP et exposition aux émissions Diesel
Plus de 50 études disponibles…
RR CBP souvent compris entre 1,2 et 1,5
Classement du CIRC en 2012 s’appuie notamment sur
les données de 3 grandes études de cohorte
rétrospectives (mineurs, chauffeurs, chemin de fer)
avec parfois étude cas-témoins dans la cohorte +
résultats d’une analyse poolée (Olsson et al, Am J Respir
Crit Care Med 2011, 183:941-948)
12 315 mineurs USA
54 973 employés des chemins de fer USA
31 135 employés de l’industrie des transports routiers
Analyse poolée: 11 études cas-témoins, 29 586 sujets.
Europe+ Canada. Utilisation d’une matrice emploi-exposition.
Relation dose-réponse avec IEC et durée, ajustement tabac
16
CBP et exposition professionnelle :
approche individuelle
Histoire professionnelle +++
repérage de situations d’exposition, évaluation de l’exposition cumulée estimée.
existence d’outils d’aide au clinicien, avec liste de métiers avec forte probabilité d’exposition (www.splf.org, rubrique «documents» puis «cancer bronchique»)
métrologie? attestation d’exposition ? (délivrée par l’employeur)
Biométrologie (amiante)
niveau de rétention pulmonaire « objectif »: quantification des corps asbestosiques dans le poumon (sujet opéré) ou le liquide de lavage bronchoalvéolaire (non indispensable si le sujet remplit les conditions administratives du tableau de maladie professionnelle+++).
Marqueurs radiologiques et histologiques
fibrose pulmonaire ou pleurale sur TDM?
fibrose pulmonaire histologique (asbestose?) ou silicose?
(type histologique de cancer?)
Epidémiologie moléculaire ?
pas en routine. Relève de la recherche (mutations «marqueurs» d’une exposition professionnelle antérieure)
www.splf.org
Rubrique « documents »
Puis « cancer bronchique »
18
France : nombre de cas de CBP reconnus
en maladie professionnelle dans le cadre
du régime général de la Sécurité Sociale)(source : statistiques CNAM, 2013)
535 511
762842
972 9681033
1140 11271215
1134 1174 1200
0
200
400
600
800
1000
1200
1400
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
n
France : distribution des agents
étiologiques des CBP reconnus dans le
cadre du Régime Général de la Sécurité
Sociale. Année 2012.
1143
6 15 12 1 11 1 4 1 1 0 50
200
400
600
800
1000
1200
1400
T30/T30bis T6 T10ter T16bis T20 bis/ter T25 T37ter T44bis T61bis T70ter T81 Alinéa 4
Amiante RX Chrome HAP Arsenic Silice Ni Mine Fe Cd C W-Co BCME
(inhalation)
(source : statistiques CNAM)
Total n = 1200
19
Dépistage du cancer
bronchopulmonaire?
Etude clé = l’étude NLST
(National Lung Screening Trial, USA)
Objectif: Evaluer si un dépistage par TDM faible dose
permet de diminuer la mortalité spécifique par CBP,
comparée à un dépistage par RX thorax,
chez des sujets à haut risque de CBP
The National Lung Screening Trial Research Team, N Eng J Med 2011
Méthodes
- Essai prospectif randomisé dans 33 Centres aux USA
- Dépistage annuel pendant 3 ans par TDM ou RXTinclusion d’août 2002 à avril 2004;
dépistages d’août 2002 à septembre 2007,
suivi jusqu’à décembre 2009
- Populations à haut risque de CBP: - Âge 55-74 ans
- Tabagisme > 30 paquets-années
- Ex-fumeurs avec arrêt< 15 ans
- Hypothèses de départ: - différence de mortalité spécifique par CBP de 20%,
- risque a 5%, puissance 90%
- compliance attendue 85% bras TDM / 80% bras RXT
- « contamination » 5% bras TDM / 10% bras RXT
- 25 000 sujets/bras
- TDM : protocole faible dose (dose estimée: 1,5 mSv/TDM)- TDM « positif » = nodule de 4 mm ou plus ou suspect de CBP
20
Résultats
Réalisation des examens (compliance)
Année TDM RXT Total
TO 26 713
98,5%
26 722
97,5%
53 435
98%
T1 26 282
94%
26 398
91,3%
52 680
92,6%
T2 25 935
92,9%
26 097
89,5%
52 032
91,2%
Plus de 90% de participation +++
Résultats
Fréquence des anomalies dépistées
The National Lung Screening Trial Research Team, N Eng J Med 2011
Dépistage TDM
n dépistages,
n anomalies (%)
RXT
n dépistages,
n anomalies (%)
1er 26 309
7 191 (27,3%)
26 035
2 387 (9,2%)
2e 24 715
6 901 (27,9%)
24 089
1 482 (6,2%)
3e 24 102
4 054 (16,8%)
23 346
1 174 (5%)
tous 75 136
18 149 (24,2%)
73 499
5 044 (6,9%)
21
Résultats
Nature des anomalies dépistées
The National Lung Screening Trial Research Team, N Eng J Med 2011
1er TDM 2e TDM 3e TDM 1er RXT 2e RXT 3e RXT
Total
positifs
7 191 6 901 4 054 2 387 1 482 1 174
Avec
CBP
(vrais
positifs)
270
4%
168
2%
211
5%
136
6%
65
4%
78
7%
Sans
CBP
(faux
positifs)
6 921
96%
6 733
98%
3 843
95%
2 251
94%
1 417
96%
1 096
93%
Au total, faux positifs : 96,4% dans le bras TDM, 94,5% dans le bras RXT
Résultats
The National Lung Screening Trial Research Team, N Eng J Med 2011
• Au total: 1 060 CBP détectés dans le bras TDM, 941 dans le bras RXT.
Rapport d’incidence CBP bras TDM / bras RXT: 1,13 [IC95%: 1,03-1,23]
• Davantage de CBP stade I dans le bras TDM que dans le bras RXT (50% vs
31%), et moins de CBP stade IV (22% vs 36%)
• Complications majeures après procédure diagnostique en cas de dépistage
positif
BrasTDM
CBP
Bras TDM non
CBP
Bras RXT
CBP
Bras RXT
Non CBP
75
11,6%
11
0,1%
24
8,6%
4
0,1%
22
Résultats
The National Lung Screening Trial Research Team, N Eng J Med 2011
Mortalité au 31-12-2009
Diminution de la mortalité spécifique par CBP
Diminution de la mortalité toutes causes
Bras Personnes
années
Décès
par
CBP
Mortalité CBP
/ 100 000 pers-
années
Réduction
mortalité
CBP [IC]
p
TDM 144 103 356 274 20%
[6,8%-26,7%]
0,004
RXT 143 368 443 309
Bras Personnes
années
Décès
tous
Mortalité toutes
causes
/100 000 pers-ans
Réduction
mortalité
[IC95%]
p
TDM 167 389,9 1 877 1 117,2 6,7%
[1,2%-13,6%]
0,02
RXT 166 328,2 2 000 1 200
Résultats
The National Lung Screening Trial Research Team, N Eng J Med 2011
23
Discussion
The National Lung Screening Trial Research Team, N Eng J Med 2011
Limites de l’étude
- Sujets volontaires pour un programme de dépistage
(effet « volontaire sain »)
- Essentiellement centres universitaires (f mortalité post-
opératoire inférieure à la f aux USA)
- Modalités diagnostiques (ex: pas d’utilisation de module
de détection automatisée des nodules)
- Durée du dépistage (3 campagnes…)
- Bras « témoin » avec RXT (car étude PLCO en cours)
- Surdiagnostic?
- Nombre de TDM faible dose nécessaire pour éviter 1
décès par CBP: 320
- Evaluation médico-économique ++
Conclusion sur dépistage TDM du CBP
Utilisation de TDM thoracique faible dose: permet le
dépistage de CBP à stade plus précoce (stade I ++),
davantage de sujets opérables
National Lung Screening Trial (2011): 1ere étude montrant
une diminution de la mortalité spécifique par CBP (de
l’ordre de 20%) grâce au dépistage par TDM faible dose,
dans des populations de fumeurs >30PA
Fort taux de faux positifs lors de ce dépistage
Résultats (en termes de bénéfice sanitaire) non
extrapolables à d’autres populations sans validation
préalable (tranches d’âge, facteurs de risque, etc).
Réflexion en cours de SFMT-SPLF-SFR sur des
recommandations concernant un éventuel dépistage du
CBP chez des populations exposées professionnellement à
des cancérogènes (programme demandé par la DGT,
accompagnement HAS et InCa prévu)
24
Mésothéliome
Mésothéliome pleural
Tumeur quasi spécifique d’une exposition antérieure à l’amiante
Aucun rôle du tabac
• Rôle des expositions professionnelles +++
• Rôle des expositions environnementales
• Rôle des expositions domestiques
- autres étiologies ?
. Érionite / zéolite (Turquie). Autres fibres?
Fibres céramiques réfractaires ? (pouvoir cancérogène
expérimental chez le hamster et le rat)
Laine de verre, laine de roche : pas d’excès identifié
. Radiations ionisantes : Thorotrast (Andersson, 1995) ;
radiothérapie thoracique (Cavazza, 1996; Travis, 2005; Tward,
2006) ; données expérimentales
. Virus ? SV 40, synergie avec amiante évoquée.
SV40 tumorigène chez le hamster
26
Incidence du mésothéliome
USA : Rôle de la réduction de l’utilisation des amphiboles ? (dès les années 1960) (Weill et al, Occup Environ Med 2004 ; 61: 438-441).
Pic en 2004? (Robinson, NEJM 2005)
Grande-Bretagne : pic attendu vers 2011-2015 (1950 à 2450 décès/an) (Hodgson et al, Br J Cancer 2005, 92 : 587-593)
Estimation inférieure à l’estimation de Peto et al en 1995 (2700 à 3300 décès/an vers 2020)
27
Mésothéliome aux USA
Price et Ware, Am J Epidemiol 2004
Mésothéliome aux USA (actualisation)
Price et Ware, Crit Rev Toxicol 2009
28
Mésothéliome aux USA (actualisation)
Price et Ware, Crit Rev Toxicol 2009
Mésothéliome et exposition
environnementale à l’amiante
Bourdes et al, Eur J Epidemiol 2000; 16:411-417
29
Mésothéliome: risque environnemental
industriel
Maule et al, Environ Health Persp 2007; 115: 1066-1071
Mésothéliome: risque environnemental
industriel
Maule et al, Environ Health Persp 2007; 115: 1066-1071
30
Mésothéliome: risque environnemental
industriel
Maule et al, Environ Health Persp 2007; 115: 1066-1071
Mésothéliome: risque environnemental
industriel
Kurumatani et Kumagai AJRCCM 2008
Relation dose-réponse avec effet mesurable jusqu’à 2200 m de l’usine.
Rôle des facteurs météorologiques
31
Programme National de Surveillance du Mésothéliome - PNSM
Coordination : Département Santé Travail de l’InVS
E Imbernon - D Luce - A Gilg Soit Ilg
Centre pilote
InVS-DST
A GilG Soit Ilg, St Maurice
Centre expositions
P Brochard,
Bordeaux
Centre anatomie
pathologique
F Galateau-Sallé, Caen
Centre clinique
P Astoul, Marseille
Centre médico-social
IIMTPIF
JC Pairon, Créteil
Objectifs
• Estimation de
l’incidence nationale
du mésothéliome
pleural
• Evaluation de
l’exposition
professionnelle
• Confirmation du
diagnostic
• Suivi des
procédures médico-
sociales (Maladie
professionnelle et
FIVA)
5 centres
20 départements + Lille en 2013
Centre Pilote
.
.
.
Centre Anatomie pathologique
Centre Clinique
Centre Expositions
Centre Médico - social
.
Départements participant au PNSM Départements ne
par ticipant plus au PNSM
Age médian au diagnostic: 70 ans (femmes), 72 ans (hommes)
Programme National de Surveillance du
Mésothéliome, France
32
Estimation annuelle du nombre de cas incidents et du taux d’incidence du mésothéliome (pour 100 000), selon le scénario (1 et 2), en France,
chez les hommes et chez les femmes, années 1998-2009
Globalement, sur l’ensemble de la période 1998-2009, on n’observe pas de tendance évolutive particulière chez les hommes et le nombre moyen annuel de cas incidents de mésothéliome peut-être estimé entre 572 et 670. Le taux brut d’incidence est compris entre 1,96 et 2,30 pour 100 000. Chez les femmes, on note une augmentation du nombre annuel de mésothéliome sur l’ensemble de la période, passant de 130-200 en 1998 à 310-365 en 2009, le taux brut d’incidence passant respectivement de 0,43-0,66 pour 100 000 en 1998 à 0,97-1,15 pour 100 000 en 2009.
Exposition professionnelle à l ’amiante
(données du Programme National de
Surveillance du Mésothéliome, France)
0
10
20
30
40
50
60
70
NE 0-0,07 0,07-0,75 0,75-6,25 >6,25
1 2,55,7
15,3
39,3
Hommes Femmes
0
5
10
15
20
25
30
NE E+
1
10,6
Exposition cumulée
(f/ml x années)
Fraction de risque attribuable : Fraction de risque attribuable :
83 % [IC95% : 76%-89%] 40% [IC95% : 28%-51 %]
33
Exposition professionnelle à l ’amiante
(données du Programme National de
Surveillance du Mésothéliome, France)
Goldberg et al, Occup Environ Med 2006; 63:390-395
Exposition professionnelle à l ’amiante
(données du Programme National de
Surveillance du Mésothéliome, France)
Goldberg et al, Occup Environ Med 2006; 63:390-395
34
Mésothéliome en France. Tendances évolutives
Le Stang et al, Int J Cancer 2010; 126:232-238
Mésothéliome en France. Tendances évolutives
Le Stang et al, Int J Cancer 2010; 126:232-238
35
Mésothéliome en France. Tendances évolutives
Le Stang et al, Int J Cancer 2010; 126:232-238
France : nombre de cas de mésothéliomes et autres
tumeurs pleurales primitives reconnus en maladie
professionnelle dans le cadre des tableaux du régime
général de la Sécurité Sociale)
(source : statistiques CNAM, 2013)
36
Estimation des risques de mésothéliome « vie
entière » en fonction des professions (Grande
Bretagne)
(Rake et al, Br J Cancer 2009; 100:1175-1183)
Etude cas-témoins, avec interview téléphonique
622 mésothéliomes (512 hommes, 110 femmes), 1420 témoins
OR (10 ans d’exposition avant l’âge de 30 ans, chez les hommes):
50 [25,8-96,8] chez menuisiers charpentiers du bâtiment (lifetime risk LR: 1/17=5,9%)
17,1 [10,3-28,3] chez plombiers-électriciens-peintres (LR: 2%)
7 [3,2-8,5] chez autres ouvriers de la construction (LR: 0,8%)
15,3 [9-26,2] pour les autres professions « à haut risque »
5,2 [3,1-8,5] pour les autres industries avec expo potentielle
LR: 1/1000 chez hommes et femmes non exposés
LR= 2 [1,3-3,2] dans la famille de travailleurs exposés
Globalement: 14% des cas de sexe masculin = non exposés,
62% des cas féminins
Y-a-t-il une place pour le dépistage du mésothéliome ?
Avec quels outils ?
Paramètres à prendre en compte pour discuter l’indication d’un
dépistage
Fréquence de la maladie
Gravité
Existence d ’une phase préclinique
Sensibilité/spécificité de l’outil proposé, varient en sens
inverse, et dépendent du seuil de positivité retenu :
seuil bas : sensibilité, spécificité, donc faux positifs
seuil élevé : sensibilité, spécificité, donc faux négatifs
intervention efficace en aval de la détection (problème de
l ’intervalle latent)
coût
acceptabilité de la stratégie de confirmation de la maladie
37
Marqueurs biologiques
Faux positifs
Faux négatifs
Marqueur biologique
Valeur seuilNon Malades
(Absence de mésothéliome)
Malades
(Mésothéliome)
Courbes ROC
Mésothéline (SMRP)
Protéine de surface cellulaire
Fonction inconnue (adhésion cellule-cellule, interaction avec
CA125)
Expression physiologique par les cellules mésothéliales normales
Surexprimée avec niveau sanguin anormal dans plusieurs types de
cancers (Scholler et al, 1999)
Mésothéliome
Cancer de l’ovaire
Cancer du poumon
Cancer du sein
Modalités de relargage sanguin ? Plusieurs tests proposés (ELISA)
Attention: ce n’est pas un marqueur tissulaire spécifique du
mésothéliome
38
SMRP Robinson Lancet 2005; 366: 397–408
Simulation d’un dépistage en population
générale sur la base des données
d’exposition et de fréquence du
mésothéliome en France: mésothéline
Hypothèse: 6 millions de personnes exposées?
Test diagnostique
sensibilité 80 %
spécificité 95 %
Prévalence 0,01% = 600 cas de mésothéliome sont « attendus »/an :
480 dépistés
120 faux négatifs
299 970 faux positifs
VPP = 0,0016…
Il ne serait pas non plus pertinent de proposer la fibuline-3
en dépistage, même si ses performances (sensibilité,
spécificité) semblent meilleures que pour la mésothéline
39
Fibuline-3
Glycoprotéine codée par le gène de l’EGF (chromosome 2)
Peut être dosée dans le plasma ou dans le liquide pleural en
cas de pleurésie
Performances prometteuses …
pour le diagnostic étiologique de pleurésie?
pour le suivi thérapeutique du mésothéliome?
pour le pronostic?
… mais a priori pas en dépistage dans les populations
exposées à l’amiante!
Fibuline-3 Glycoprotéine codée par le gène de l’EGF (chromosome 2)
Performances prometteuses … pour les diagnostic
étiologique de pleurésie? Pour le suivi thérapeutique du
mésothéliome? Pour le pronostic?
(Pass et al, N Eng J Med 2012; 367: 1417- 1427)
40
Dépistage du mésothéliome en 2013 ?
Conférence d’experts de la SPLF (janvier 2006)
A partir des informations disponibles aujourd’hui, la performance des
marqueurs biologiques du mésothéliome pleural ne peut être considérée
comme suffisamment évaluée. De ce fait, il est recommandé à ce jour de ne
pas utiliser les marqueurs biologiques disponibles dans une perspective de
dépistage du mésothéliome pleural, y compris dans les populations
exposées, en dehors de protocoles de recherche spécifiques (A).
Important: depuis 2012, le mésothéliome est devenu une
maladie à déclaration obligatoire en France+++
Objectifs:
- Renforcer la surveillance épidémiologique des
mésothéliomes tous sites anatomiques dans toute la France
(pas seulement départements PNSM).
- Identifier les cas sans exposition professionnelle connue à
l’amiante. Trois populations ciblées pour enquête
d’exposition: femmes, < 50 ans, mésothéliomes hors plèvre
Utilisation de la mésothéline pour le dépistage
du mésothéliome?
(Park et al, Am J Respir Crit Care Med 2008; 178:832-837)
Suivi sur 12 mois de sujets exposés à l’amiante ou à d’autres poussières en Australie (RXT, TDM) , avec SMRP évalué chez 538 sujets. Age: 66,9 ans, 98,3% hommes
24 = asbestose
113 = fibrose pleurale diffuse
13 = asbestose+FPD
20 = silicose, 1 = silicose+asbestose, 2 = silicose+FPD
142 = plaques pleurales
223 = E+ amiante sans pathologie
Seuil de SMRP « anormal »: 2,5 nM (m témoin + 3 SD). Si anormal, TEPscan réalisé
Résultats:
- niveau moyen de SMRP varie en fonction des groupes (p=0,002; niveau plus élevé dans les groupes asbestose, FPD, PP)
- SMRP élevé (>2,5 nM) chez 15 sujets (2,8%): 3 asbestoses, 3 FPD, 1 asbestose+FPD, 6 PP, 2 E+
Aucun mésothéliome identifié. 1 CBP, 3 adénopathies hilaires, 1 tumeur cardiaque, 10 autres: absence d’anomalie mise en évidence
Sur les 538 sujets: 6 décès sur la période (dont 1 CBP, 1 K pancréas, 1 asbestose)
Conclusion des auteurs: « our data to date indicate that SMRP is unlikely to prove useful for screening, and is less useful than in diagnosing malignant mesothelioma in symptomatic patients »
Perspective de suivi longitudinal (car suivi initial limité à 1 an)
41
Cancer de vessie
Etiologies des tumeurs de vessie
Vessie = organe cible majeur pour de nombreux
agents cancérogènes environnementaux
• Fumée de tabac : 40 à 50 %
– Relation dose-effet
– ↓Age de début, ↑durée, ↑tabagisme cumulé
– Effet cumulatif en cas d'association à d'autres
cancérogènes (Clavel & al,1989)
• Infections bactériennes urinaires chroniques
(Vessie neurologique, Sondages à demeure…)
– Production de nitrates par les bactéries, se
transformant en nitrites, puis en nitrosamines
• Bilharziose urinaire (Schistosoma
Haematobium) (Tomatis & al, 1990)
42
Etiologies des tumeurs de vessie
• Consommation chronique de certains
médicaments (Phénacétine, Cyclophosphamide,
Chlornaphazine…) (Clavel & al, 1991)
• Aristolochia Fangchi (herbe chinoise) utilisée comme
substance amaigrissante, composée d’acides
aristolochiques dérivés du nitrophènanthrène (Artl et al,
2002 ; Nortier et al, 2000)
• Prédispositions génétiques individuelles (CYP450,
NAT1 et NAT2, GST…)
Etiologies des tumeurs de vessie• Facteurs environnementaux :
– Arsenic dans l’eau de boisson
– « Néphropathie des Balkans » : Mycotoxine
(Ochratoxine) produite par des Aspergillus et
Penicillium, répandue dans les plantes et susceptible
de contaminer les aliments, surtout les céréales
• Facteurs alimentaires :
– Edulcorants artificiels (aspartam, saccharine,
cyclamates)? (déclassification du CIRC groupe 2B →
3) (CIRC 1999 ; Negri et La Vecchia, 2001)
– Café ? (Clavel et al, 1991).
43
Causes professionnelles de cancer de vessie
Agents cancérogènes certains (IARC groupe 1),
avec excès de cancer de vessie (IARC vol 1-108, 2013)
• Production d’aluminium (rôle des HAP)
• 4 aminobiphényl
• (Arsenic, composés inorganiques)
• Production d’auramine
• Benzidine
• Production de Magenta
• 2 naphtylamine
• Peintres
• Industrie de production du caoutchouc
• Ortho-toluidine
Causes professionnelles de cancer de vessie
Agents
avec excès de cancer de vessie suspecté chez l’homme
(d’après IARC vol 1-108, 2013)
• 4 chloro-ortho-toluidine
• Brais de houille
• Nettoyage à sec
• Emissions de moteur diesel
• Coiffeurs-barbiers
• Procédés d’imprimerie
• Suies
• Industrie textile
• Perchloréthylène
44
Surveillance médico-professionnelle des travailleurs exposés ou ayant été exposés à des agents cancérogènes chimiques : application aux cancérogènes pour la vessie
B. CLIN1,2, JC. PAIRON3,4, Groupe de Travail “RecoCancerProf”5
1 – Cancers et Préventions, INSERM U1086, Faculté de Médecine, CHU de Caen
2 – Service de santé au travail et pathologie professionnelle, CHU de Caen
3 – INSERM, Unité 955, Université Paris-Est Créteil
4 – Centre Hospitalier Intercommunal, Service de pneumologie et pathologie professionnelle, Créteil, France
5 – Y. Allory, J. Beaujard, D. Bessette, P. Brochard, M. Chataignier, J. Clavel, F. Conso, F. Faupin, JF. Gehanno, P. Gripon, M.Gross-Goupil, L. Guy, M. Héry, N. Houede, E. Imbernon, D. Luce, C. Paris, C. Pfister, F. Radvanyi, A. Ravaud, M. Rouprêt, M. Ruetsch et MP. Vigouroux
Avec le soutien financier de la Direction Générale du Travail (DGT)
Questions retenues
88
2. Concernant les cancers de la vessie :
1.1. Quelles sont les nuisances professionnelles et extra-professionnelles exclusivement ou plus fréquemment en cause ?
1.2. Dans l’identification de groupes à risque cancérogène, que sait-on de la relation dose-effet ? A-t-on identifié des seuils d’effet pour l’intensité moyenne de l’exposition, pour la valeur des pics d’exposition, pour la durée de l’exposition ou pour l’exposition cumulée ?
1.3. Quelle est l’histoire naturelle de ces tumeurs : délai de survenue après le début et la fin de l’exposition, premières manifestations, évolution ?
1.4. Quels sont les traitements de ces tumeurs ? En quoi sont-ils susceptibles de modifier l’évolution de la maladie et quel est le bénéfice attendu d’un diagnostic précoce ?
45
Questions retenues
89
3. Quels sont les outils du dépistage ciblé des tumeurs de vessie ? Pour chacun d’entre eux, préciser la sensibilité, la spécificité (si possible, les valeurs prédictives positive et négative), la disponibilité, l’acceptabilité, les effets indésirables et le coût
4. Quelles sont les catégories de travailleurs à cibler pour un programme de dépistage ciblé des tumeurs ? (Poste de travail, niveaux et durée d’exposition)
5. Quelles propositions de surveillance médicale (quels examens, à partir
de quand, à quel rythme) peut-on faire pour les sujets exposés ou ayant été exposés à des agents cancérogènes pour la vessie ?
6. Quels sont les outils permettant d’assurer une bonne traçabilité des expositions des travailleurs à des cancérogènes pour la vessie?
Concernant le cancer de la vessie, quelles sont les nuisances professionnelles et extra-professionnelles exclusivement ou
plus fréquemment en cause ?
90
Nuisances professionnelles le plus souvent en cause : aminesaromatiques et Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques (HAP)
Autres nuisances professionnelles évoquées : arsenic, nitrosamines,solvants chlorés et fluorures de perfluoro-octane-sulfonyl
Nuisances extra-professionnelles : fumée de tabac ++++, bilharzioseurinaire, infections urinaires chroniques bactériennes, étiologiesiatrogènes, radiothérapie du petit bassin, phytothérapie à base d’une «herbe chinoise » amaigrissante, l’aristolochia fangchi, l’arsenicconsommé dans l’eau de boisson, la « néphropathie endémique desBalkans » et les facteurs de susceptibilité génétique
46
91
• La cytologie urinaire (ou cytodiagnostic urinaire) dont le but est de détecterdes cellules tumorales provenant d’une tumeur de la vessie ou des voiesexcrétrices urinaires, desquamant dans les urines, est le test urinaire dont laspécificité (pour tous grades et stades de tumeurs confondus) est la meilleure(en moyenne supérieure à 90%), et celui dont la sensibilité est la meilleurepour les tumeurs de haut grade, qui nécessitent une prise en chargethérapeutique urgente, ce qui motive de le choisir en première intention(Accord d’experts).
Quelles propositions de surveillance médicale peut-on faire pour les sujets exposés ou ayant été exposés à des agents
cancérogènes pour la vessie ?
92
Quand ?
• Dans une population à risque de cancer de la vessie du fait d’une expositionprofessionnelle antérieure motivant un dépistage ciblé, il est recommandé demettre en place les examens de dépistage 20 ans après le début de l’expositionau cancérogène vésical (GRADE B).
Avec quel test ?
• La réalisation d’une cytologie urinaire chez les sujets exposés ou ayant étéexposés à des cancérogènes professionnels pour la vessie est recommandéepour les sujets inclus dans un programme de dépistage ciblé (Accord d’experts).
Avec quelle périodicité ?
• Une périodicité de 6 mois pour réaliser un test de dépistage ciblé du cancer dela vessie chez les sujets exposés ou ayant été exposés à des cancérogènesprofessionnels pour cet organe est recommandée (Accord d’experts)
47
20 ans
Dépistage
Temps
Début de
l’exposition 6 mois
94
Niveau de risque de groupe
professionnel
Groupe de travailleurs à risque TRES ELEVE
(RR ou OR ou SMR > 5)Ou professions avec
niveaux d’exposition élevés documentés
Groupe de travailleurs à risque
ELEVE(2< RR ou OR ou
SMR ≤5)
Groupe de travailleurs à risque
MODERE(1 <RR ou OR ou
SMR ≤2)
Durée d’exposition ≥ 1 an < 1 an ≥ 1 an < 1 anSurveillance RECOMMANDEE PROPOSEE NON RECOMMANDEE (en
l’état actuel des performances des tests disponibles)
Latence minimale après le début de
l’exposition
20 ans
Examens proposés en première
intention et tous les 6 mois
Cytologie urinaire
Quelles populations ?
48
Groupes de travailleurs à risque « très élevé »(RR ou OR ou SMR > 5)
95
Groupe professionnel Excès de risqueLes travailleurs de l’industrie du caoutchouc OUI (niveau de preuve 1)
TRES ELEVE- exposition au 4-aminobiphenyle OUI (niveau de preuve 1)
- exposition à la β-naphtylamine (ou 2-naphtylamine) et ses sels
OUI (niveau de preuve 1)
Les travailleurs en manufacture de colorants OUI (niveau de preuve 1)TRES ELEVE
- exposition à la benzidine OUI (niveau de preuve 1)
- exposition aux colorants dérivés de la benzidine
OUI (niveau de preuve 1)
- exposition à l’auramine OUI (niveau de preuve 1)- exposition à l’ortho-toluidine (o.toluidine) OUI (niveau de preuve 1)
- fabrication de magenta OUI (niveau de preuve 1)
Groupes de travailleurs à risque « élevé »(2< RR ou OR ou SMR ≤5)
96
Groupe professionnel Excès de risqueLes travailleurs de l’industrie textile, en teinture OUI (niveau de preuve 3 à 4)
ELEVE
Les travailleurs de l’industrie du cuir et du tannage OUI (niveau de preuve 3)
ELEVE
Les travailleurs en plasturgie, en cas d’exposition à la
4,4’-methylene bis(chloroaniline) (MBOCA)
OUI (niveau de preuve 1)
ELEVE
Les travailleurs en production de pesticides à base de 4-
chloro-ortho-toluidine
OUI (niveau de preuve 2)
ELEVE
Les travailleurs en production d’aluminium OUI (niveau de preuve 1)
ELEVE
49
Groupes de travailleurs à risque « modéré » (1 <RR ou OR ou SMR ≤2)
97
Groupe professionnel Excès de risque
Les travailleurs de l’industrie textile, en tissage OUI (niveau de preuve 2 à 3) MODERE
Les coiffeurs OUI (niveau de preuve 2) MODERE
Les travailleurs de l’industrie des matières plastiques
en général
OUI (niveau de preuve 3) MODERE
Les travailleurs en imprimerie OUI (niveau de preuve 3) MODERE
Les travailleurs en fonderies de fer et/ou d’acier OUI (niveau de preuve 2) MODERE
Les travailleurs exposés aux suies de combustion du
charbon
OUI (niveau de preuve 2) chez les ramoneurs
MODERE
Les travailleurs en production de gaz de charbon OUI (niveau de preuve 2) MODERE
Travaux d’étanchéité des toitures OUI (niveau de preuve 3) MODERE
Les travailleurs exposés aux fumées de gaz
d’échappement de moteurs diesel
OUI (niveau de preuve 1) MODERE
Les travailleurs des métaux et ajusteurs exposés aux
huiles de coupe et fluides de coupe
OUI (niveau de preuve 3) MODERE
Peintres OUI (niveau de preuve 1) MODERE
Construction de moyens de transport et réparation
automobile
OUI (niveau de preuve 3 MODERE
Les travailleurs du nettoyage à sec OUI (niveau de preuve 3) MODERE
Viticulteurs OUI (niveau de preuve 4) MODERE
Cancers naso-sinusiens et
du larynx
50
Cavité nasale
sinus
Cancers professionnels des VADS
Cancers naso-sinusiens et étiologies professionnelles
(adapté de IARC vol 1-108, 2013)
Agents cancérogènes certains, avec excès de tumeurs
naso-sinusiennes• Poussières de bois
Epidémiologie: estimation d’environ 500 000 travailleurs exposés au bois
(300 000 effectifs actifs, 200 000 retraités); 200 cas/an cancers de l’ethmoïde
Type histologique: adénocarcinome +++
Type de bois ? risque maximal dans l’industrie du meuble (bois durs et
exotiques), mais pas de démonstration de l’innocuité des bois tendres
Age moyen : 60 ans environ. 90 % ont 50 ans et plus
Relation dose-effet et durée d’exposition-effet (mais cancer possible pour des
durées courtes)
Latence (début exposition –> tumeur) : en moyenne 40 ans
Tumeur d’évolution lente a priori au début (mauvaise connaissance de l’histoire
naturelle)
• Certains composés du nickelRaffinage du nickel
• Fabrication d’alcool isopropylique
• Poussières de cuir
51
Cancers naso-sinusiens et étiologies professionnelles
(adapté de IARC vol 1-108, 2013)
Agents avec excès de tumeurs naso-sinusiennes
suspecté chez l’homme
• Dérivés de chrome VI
• Charpentiers menuisiers
• Formaldéhyde
• Industrie textile
Cancers du larynx(adapté de IARC vol 1-108, 2013)
Agents cancérogènes certains du milieu professionnel,
avec excès de cancers du larynx
• Brouillards d’acide fort inorganique (SO4H2)
• Amiante
Agents avec excès de cancer du larynx suspecté chez
l’homme
• Industrie de production du caoutchouc
52
Cancers du nasopharynx(adapté de IARC vol 1-108, 2013)
Agents cancérogènes certains du milieu professionnel,
avec excès de cancers du nasopharynx
• Formaldéhyde
• Poussières de bois
Leucémies et lymphomes
53
Hémopathies et étiologies professionnelles• Benzène (LAM ++, arguments pour LAL, LLC, MM, LNH)
Travailleurs du cuir et chaussure
Rotogravure
Industrie du caoutchouc
Chimie, pétrochimie
Peintres
Industrie automobile, mécaniciens, pompistes
Industrie des plastiques
• Radiations ionisantes (RX, Rgamma, Th232: Leucémies hors LLC. P32: LA)
Radiologues (médecins et radiographies industrielles: contrôle de soudures….)
Utilisation de radioéléments (32P)
Industrie nucléaire
Surveillance dosimétrique obligatoire de ces travailleurs (DATR)
• Formaldéhyde (surtout LAM)
• 1,3-butadiène (surtout LM et LL, fabrication de caoutchouc de synthèse)
• Autres étiologies ou situations professionnelles suspectées/controversées: travailleurs agricoles (rôle de pesticides?), oxyde d’éthylène (LLC, LNH, myélome), styrène, trichloréthylène, polychlorophénols
Tumeurs cutanées
54
Cancers cutanés et étiologies professionnelles
• Hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP, dérivés de la houille ou du pétrole)
Travaux exposant à des suies de combustion (travaux de ramonage et entretien de chaudières ou cheminées)
Travaux avec contact cutané avec des goudrons de houille, huiles et brais de houille
Travaux avec contact cutané avec des huiles minérales peu ou non raffinées ou recyclées (notamment pour le travail des métaux), huiles moteurs usagées, résidus de craquage=raffinage du pétrole,huiles d’origine pétrolière (par exemple pour démoulage…), bitumes
• Arsenic
Métallurgie des métaux non ferreux
Pesticides arsenicaux
Travail du cuir
Travail en verrerie
Travaux en électronique
Cancers cutanés et étiologies professionnelles
• Radiations ionisantes (RX, Rγ)
Responsables de carcinome basocellulaire
• Ultraviolets (UVA, UVB)
Carcinome basocellulaire, carcinome épidermoïde, mélanome
Populations exposées: marins, travailleurs agricoles et du bâtiment, soudeurs à l’arc, polymérisation UV (en plasturgie, imprimerie), etc
Affections non reconnues en maladie professionnelle dans le cadre des tableaux dans le régime général de la Sécurité sociale
55
Exposition à des cancérogènes
certains dans l’environnement général
• fumée de tabac
• radiations ionisantes
– 1ère source d’exposition: diagnostic
– 2ème source: radon et produits de
désintégration (31 départements présentent
des niveaux moyens > 150 Bq/m3)
• benzène (exposition non documentée)
• métaux lourds et métalloïdes (Cd, Cr, Ni, As,...)
• amiante
• formaldéhyde
• ultraviolets
• émissions de moteurs diesel
• amiante
World Cancer Report,
IARC 2008
56
Expertise Collective INSERM, Cancer et environnement, 2008
Environnement général et cancer
- Souvent difficulté à établir des relations causales entre
exposition environnementale et cancer, à mesurer les
expositions environnementales et la prévalence de
l’exposition dans la population
- Nécessité de connaître la distribution des autres
facteurs de risque dans les populations étudiées
57
Environnement général et cancer
Estimations quantitatives
Rapport InCa, novembre 2011
World Cancer Report, IARC 2008
58
Risques liés aux rayonnements ionisants
Sources d’informations
– Hiroshima-Nagasaki
– Tchernobyl
Etudes épidémiologiques: données concernant l’exposition au radon
Irradiation naturelle moyenne: 0,75 mSv/an (variable +++ selon localisation géographique, altitude)
World Cancer
Report,
IARC 2008
59
World Cancer Report,
IARC 2008
CBP et exposition au radon• Radon : gaz radioactif d’origine naturelle (< désintégration uranium et
radium de la croûte terrestre)
Ubiquitaire, mais niveau d’exposition variable selon les régions (sous-
sols granitiques +++), et météorologie/ventilation
• Excès de CBP chez les mineurs d’uranium ( 15 études dans le
Monde).
• Problème des expositions dans les habitations.
Etudes cas-témoins mise en évidence d’une augmentation
significative du risque de CBP en fonction de l’exposition au radon
dans les habitations, et interaction tabac x radon (risque +++ chez les
fumeurs + ex fumeurs récents).
FRA CBP/radon domestique = 5 à 12 % en France.
• Importance de la lutte contre le tabagisme +++, en plus des mesures
techniques visant à diminuer les concentrations en radon dans les
locaux (ventilation +++), car une grande part du risque est concentrée
chez les fumeurs.
60
Chaîne de désintégration du radon à partir de l’uranium
D’après Baysson &Tirmarche, Arch Mal Prof Environ 2008, 69 : 58-66
Accumulation du radon dans une habitation
D’après Baysson &Tirmarche, Arch Mal Prof Environ 2008, 69 : 58-66
61
Cartes des activités volumiques du radon dans les habitations en France *
(bilan de 1982 à 2000)
Moyenne nationale dans l’habitat : 89 Bq/m3
D’après Baysson &Timarche, Arch Mal Prof Environ 2008, 69 : 58-66
CBP et exposition au radon (Baysson & Tirmarche, 2008)
• Etudes cas-témoins en France (486 cas, 984 témoins)
RR (CBP) = 1,04 IC 95 % : 0,99-1,11 à 1,07 1,00-1,14 pour uneaugmentation de l’exposition de 100 Bq/m3
donc augmentation de risque de CBP de 4 à 7 % pour un accroissement de 100Bq/m3
Données « cohérentes » avec les extrapolations des résultats des mineursd’uranium.
• Projet européen prise en compte de 13 études cas-témoins de 9 paysd’Europe (Allemagne, Autriche, Espagne, Finlande, France, Italie, RépubliqueTchèque, Royaume Uni, Suède)
7148 cas, 14208 témoins
RR CBP (ajusté sur étude, âge, région, tabac actif) = 1,08 1,03-1,16 pourune augmentation de 100 Bq/m3
Chez les non fumeurs, RR CBP = 1,11 1,00-1,28 pour une augmentation de100 Bq/m3 (étude Darby et al, BMJ 2005; Scand J Work Environ Health2006)
Résultats cohérents avec étude Nord Américaine (4081 cas, 5281 témoins.Excès de risque de CBP de 10 % IC : 0-26 % pour une augmentation de100 Bq/m3, après ajustement sur âge, sexe, étude, tabac, mobilitérésidentielle, nombre de mesures (Krewski et al. J Toxicol Environ Health,2006; 69:533-597)
62
Risques liés aux ondes électromagnétiques
- Téléphonie mobile:
classement dans le groupe 2B du CIRC en mai 2011
(gliomes, méningiomes? neurinome de l’acoustique?)
- Champs électromagnétiques d’extrêmement basse fréquence:
Classement dans le groupe 2B du CIRC en 2002
(lignes à très haute tension et leucémie infantile?)
Tabac
Nitrosamines
irritant + cancérogène
COhypoxie sang + muscle
Benzopyrènegoudron cancérogène
Nicotineaddictive
Poloniumradioactif (1/2 vie > 1000 ans)
Dioxines
cancérogène
Acroléine
irritant
CadmiumAccumulation + cancérogène
63
Risques du tabagisme actifCIRC (2004) - Preuves suffisantes d’excès de risque des
cancers suivants en cas de tabagisme actif (cigarettes) :
– Poumon
– Cavité buccale
– Naso-, oro et hypopharynx
– Cavité nasale, sinus
– Larynx
– Œsophage
– Estomac
– Pancréas
– Foie,
– Reins
– Voies urinaires
– Col de l’utérus
– Leucémie myéloïde
Risques du tabagisme actif
CIRC (2004) - Preuves suffisantes d’excès de risque des cancers suivants en cas de tabagisme actif (cigares et pipes) :
Cavité buccale
Oro et hypopharynx
Œsophage
Poumon
Estomac
Pancréas
Vessie
66
CBP et tabagisme passif
• IARC groupe 1
• Plusieurs méta-analyses
Origine de
l’exposition
Homme Femme
Conjoint 1.37 [1.02-1.83]
(11 études, 442 cas)
1.24 [1.14-1.34]
(46 études, 6257 cas)
Lieu de
travail
1.12 [0.80-1.56]
(6 études, 246 cas)
1.19 [1.09-1.30]
(19 études, 3588 cas)
Tableau adapté de IARC, 2004 (RR CBP chez NF exposés à des
sources spécifiées de tabagisme; IC95%)
Conclusion (1)
- Cancers professionnels et environnementaux:
pathologie fréquente
- Sites: poumon, plèvre, ORL, vessie, hémato, peau
- Nombreuses étiologies identifiées. Evaluation du
danger cancérogène = régulièrement mise à jour
(CIRC, UE)
67
Conclusion (2)
- Difficulté de la mise en évidence de l ’effet des
faibles expositions, qui peuvent concerner
d’importantes populations. Nécessité de
renforcement des moyens mis en œuvre
(épidémiologie, toxicologie), et de mise au point de
nouveaux outils.
- Cancers liés à l ’environnement au sens large
(professionnel et général) = priorité des Pouvoirs
publics (Plan Cancer 1, Plan Cancer 2, PNSE1 puis
2…).
- Prévention +++ (identification du danger, maîtrise
des expositions)