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Principes de la planification de l’éducation – 73

Principes de la planification de l’éducation – 73unesdoc.unesco.org/images/0012/001293/129356f.pdf · Pour une conception réaliste de la planification de l’éducation,

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  • Principes de la planification de lducation 73

  • Dans cette collection* :1. Quest-ce que la planification de lducation ? P.H. Coombs2. Les plans de dveloppement de lducation et la planification conomique et sociale, R. Poignant3. Planification de lducation et dveloppement des ressources humaines, F. Harbison4. Ladministrateur de lducation face la planification, C.E. Beeby5. Le contexte social de la planification de lducation, C.A. Anderson6. La planification de lenseignement : valuation des cots, J. Vaizey, J.D. Chesswas7. Les problmes de lenseignement en milieu rural, V.L. Griffiths8. Le rle du conseiller en planification de lenseignement, A. Curle9. Les aspects dmographiques de la planification de lenseignement, T.N. Chu10. Cots et dpenses en ducation, J. Hallak11. Lidentit professionnelle du planificateur de lducation, A. Curle12. Planification de lducation : les conditions de russite, G.C. Ruscoe13. Lanalyse cot-bnfice dans la planification de lducation, M. Woodhall14. Planification de lducation et chmage des jeunes, A. Callaway16. Planification de lducation pour une socit pluraliste, C. Hon-chan17. La planification des programmes denseignement primaire dans les pays en voie de dveloppement, H.W.R. Hawes18. Planification de laide lducation pour la deuxime dcennie du dveloppement, H.M. Phillips19. Les tudes ltranger et le dveloppement de lenseignement, W.D. Carter20. Pour une conception raliste de la planification de lducation, K.R. McKinnon21. La planification de lducation en relation avec le dveloppement rural, G.M. Coverdale22. La planification de lducation : options et dcisions, J.D. Montgomery23. La planification du programme scolaire, A. Lewy24. Les facteurs de cots dans la planification des systmes de technologies ducatives, D.T. Jamison25. Le planificateur et lducation permanente, P. Furter26. Lducation et lemploi : une tude critique, M. Carnoy27. Planification de loffre et de la demande denseignants, P. Williams28. Planification de lducation prscolaire dans les pays en dveloppement, A. Heron29. Moyens de communication de masse et ducation dans les pays faible revenu : rpercussions sur la planification,

    E.G. McAnany, J.K. Mayo30. La planification de lducation non formelle, D.R. Evans31. Education, formation et secteur traditionnel, J. Hallak, F. Caillods32. Enseignement suprieur et emploi : lexprience de lIIPE dans cinq pays en dveloppement, G. Psacharopoulos,

    B.C. Sanyal33. La planification de lducation comme processus social, T. Malan34. Enseignement suprieur et stratification sociale : une comparaison internationale, T. Husn35. Un cadre conceptuel pour le dveloppement de lducation permanente en URSS, A. Vladislavlev36. Education et austrit : quelles options pour le planificateur ? K.M. Lewin37. La planification de lducation en Asie, R. Roy-Singh38. Les projets dducation : prparation, financement et gestion, A. Magnen39. Accrotre lefficacit des enseignants, L. Anderson40. Llaboration des programmes scolaires lchelon central et lchelon des coles, A. Lewy41. Planification des ressources humaines : mthodes, expriences, pratiques, O. Bertrand42. Redfinition de lducation de base en Amrique latine : les enseignements de lEcole Nouvelle colombienne, E.

    Schiefelbein43. La gestion des systmes denseignement distance, G. Rumble44. Stratgies ducatives pour les petits Etats insulaires, D. Atchoarena45. Evaluation de la recherche en ducation fonde sur lexprimentation et sur les enqutes, R.M. Wolf46. Droit et planification de lducation, I. Birch47. Utilisation de lanalyse sectorielle de lducation et des ressources humaines, F. Kemmerer48. Analyse du cot de linsertion scolaire des populations marginalises, M.C. Tsang49. Un systme dinformation pour la gestion fond sur lefficience, W.W. McMahon50. Examens nationaux : conception, procdures et diffusion des rsultats, J.P. Keeves51. Le processus de planification et de formulation des politiques dducation : thorie et pratiques, W.D. Haddad, assist

    par T. Demsky52. la recherche dun enseignement adapt : lorientation vers le travail dans lducation, W. Hoppers53. Planifier pour linnovation en matire dducation, D.E. Inbar54. Analyse fonctionnelle de lorganisation des ministres dducation, R. Sack, M. Sadi55. Rduire les redoublements : problmes et stratgies, T. Eisemon56. Faire davantage participer les filles et les femmes lducation, N. P. Stromquist57. Installations et btiments ducatifs : ce que les planificateurs doivent savoir, J. Beynon58. La planification de programmes dalphabtisation des adultes centrs sur les lves, S.E. Malone, R.F. Arnove59. Former les enseignants travailler dans des tablissements et/ou des classes rputs difficiles, J.-L. Auduc60. Lvaluation de lenseignement suprieur, J.L. Rontopoulou61. lombre du systme ducatif. Le dveloppement des cours particuliers : consquences pour la planification de

    lducation, M. Bray62. Une gestion plus autonome des coles, I. Abu-Duhou63. Mondialisation et rforme de lducation : ce que les planificateurs doivent savoir, M. Carnoy64. La dcentralisation dans lducation : pourquoi, quand, quoi et comment? T. Welsh, N.F. McGinn65. Lducation prscolaire : besoins et possibilits, D. Weikart66. La planification de lducation dans le contexte du VIH/sida, M.J. Kelly67. Aspects lgaux de la planification et de ladministration de lducation, C. Durand-Prinborgne68. Amliorer lefficacit de lcole, J. Scheerens69. La recherche quantitative au service des politiques ducatives : le rle de lanalyse de la littrature,

    S.J.Hite70. La cyberformation dans lenseignement suprieur : dveloppement de stratgies nationales, T. Bates71. Lvaluation pour amliorer la qualit de lenseignement, T. Kellaghan, V. Greaney72. Les aspects dmographiques de la planification de lducation, T.N. Chu

    * Srie publie galement en anglais. Autres titres paratre.

  • Planifier lducation en situationdurgence et de reconstruction

    Margaret Sinclair

    Paris 2003UNESCO : Institut international de planification de lducation

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    LAgence sudoise daide au dveloppement international (Asdi) afourni une aide financire pour la publication de cette brochure..

    Publi en 2003 par lOrganisation des Nations Uniespour lducation, la science et la culture7, place de Fontenoy, 75007 Paris

    Maquette de couverture : Pierre FinotComposition : Linale ProductionImprim par Marco Grfico, S.L.

    ISBN 92-803-2225-7 UNESCO 2003

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    Principes de la planification de lducation

    Les ouvrages de cette collection sont destins principalement deux catgories de lecteurs : ceux qui occupent dj des fonctionsdans ladministration et la planification de lducation, dans les paysen dveloppement comme dans les pays industrialiss ; et dautres,moins spcialiss hauts fonctionnaires et hommes politiques, parexemple qui cherchent connatre de faon plus gnrale lemcanisme de la planification de lducation et les liens qui la rattachentau dveloppement national dans son ensemble. Ces ouvrages sont, dece fait, destines soit ltude individuelle, soit des cours de formation.

    Depuis le lancement de cette collection en 1967, les pratiques etles concepts de la planification de lducation ont subi dimportantschangements. Plusieurs des hypothses qui taient sous-jacentes auxtentatives antrieures de rationaliser le processus du dveloppementde lducation ont t critiques ou abandonnes. Toutefois, si laplanification centralise, rigide et obligatoire, sest manifestementrvle inadquate, toutes les formes de planification nont pas tabandonnes. La ncessit de rassembler des donnes, dvaluerlefficacit des programmes en vigueur, dentreprendre des tudessectorielles et thmatiques, dexplorer lavenir et de favoriser un largedbat sur ces bases savre au contraire plus vive que jamais pourorienter la prise de dcision et llaboration des politiques ducatives.Pour faire des choix de politique gnrale judicieux, il est capital dedresser un bilan prcis de la situation, de dterminer les objectifsviss, de coordonner les moyens propres les atteindre et de contrlerles rsultats obtenus. La planification est donc aussi un moyendorganiser lacquisition des connaissances : par la dfinition de plans,de cibles, dactions et de mesures correctives.

    La planification de lducation a pris une envergure nouvelle.Outre les formes institutionnelles de lducation, elle porte prsentsur toutes les autres prestations ducatives importantes, dispensesdes systmes ducatifs est complt, voire parfois remplac, par lesouci croissant damliorer la qualit du processus ducatif dans sonensemble et dvaluer les rsultats obtenus. Enfin, planificateurs et

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    Principes de la planification de lducation

    administrateurs sont de plus en plus conscients de limportance desstratgies de mise en uvre et du rle jou cet gard par les diversmcanismes de rgulation : choix des mthodes de financement,dexamen et de dlivrance des certificats et diplmes, ou dautresstructures de rgulation et dincitation. La dmarche des planificateursrpond une double proccupation : mieux comprendre la valeur et lerle de lducation par lobservation empirique des dimensionsparticulires qui sont les siennes, et contribuer dfinir des stratgiespropres amener le changement.

    Ces ouvrages ont pour objet de reflter lvolution et leschangements des politiques ducatives et de mesurer leurs effets surla planification de lducation ; de mettre en lumire les questions quise posent actuellement en la matire et de les analyser dans leur contextehistorique et social ; et de diffuser des mthodes de planificationpouvant sappliquer aussi bien aux pays en dveloppement quauxpays industrialiss.

    Pour les dcideurs et les planificateurs, lexprience dautrui estextrmement riche denseignements : les problmes auxquels dautressont confronts, les objectifs quils recherchent, les mthodes quilsexprimentent, les rsultats auxquels ils parviennent et les rsultatsinvolontaires quils obtiennent mritent dtre analyss.

    Afin daider lInstitut bien identifier les proccupations actuellesdans les domaines de la planification et de llaboration des politiquesde lducation dans diverses parties du monde, un Comit de rdactiona t mis en place. Il comprend deux rdacteurs en chef et desrdacteurs associs, venus de diffrentes rgions, tous minentsspcialistes dans leurs domaines respectifs. Lors de la premire runionde ce nouveau Comit de rdaction en janvier 1990, ses membres ontdfini les sujets les plus importants traiter dans les numros ultrieurssous les rubriques suivantes :

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    Principes de la planification de lducation

    1.Lducation et le dveloppement.2.Lquit.3.La qualit de lducation.4.Structure, administration et gestion de lducation.5.Les programmes denseignement.6.Cot et financement de lducation.7.Techniques et approches de la planification.8.Systmes dinformation, suivi et valuation.

    Chaque rubrique est confie un ou deux rdacteurs.

    La collection correspond un plan densemble soigneusementtabli, mais aucune tentative na t faite pour liminer les divergences,voire les contradictions, entre les points de vue exposs par les auteurs.LInstitut, pour sa part, ne souhaite imposer aucune doctrine officielle.Sil reste entendu que les auteurs sont responsables des opinions quilsexpriment et qui ne sont pas ncessairement partages par lUNESCOet lIIPE elles nen sont pas moins dignes de faire lobjet dun vastedbat dides. Cette collection sest dailleurs fix comme objectif dereflter la diversit des expriences et des opinions en donnant desauteurs venus dhorizons et de disciplines trs varis la possibilitdexprimer leurs ides sur lvolution des aspects thoriques et pratiquesde la planification de lducation.

    Pour des populations victimes dune crise ou dune catastrophenaturelle, lducation est un lment vital de la reconstruction de leurcommunaut. Dans le monde daujourdhui, hlas, les conflits semultiplient et de plus en plus de pays ont besoin dune ducationdurgence pour leurs populations.

    Les pays confronts des situations durgence ont des problmesgraves rsoudre : pnurie alimentaire, pidmies, manque delogements pour hberger les populations ayant souffert de la crise oudplaces vers des lieux plus srs. Dans son ouvrage, MargaretSinclair invite avec insistance les organisations engages dans laide ces populations faire de laccs lducation une priorit de leurmission et accomplir ainsi lun de leurs objectifs, savoir redonneraux enfants un cadre de vie normal dans lequel ils pourront trouver dutravail et construire leur existence dans lespoir de jours meilleurs

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    Principes de la planification de lducation

    que ceux quils ont connus par le pass. Lducation qui leur estprodigue peut galement les aider lutter contre les prjugs et lestensions qui opposent des communauts, voire empcher larsurgence de tels conflits lavenir.

    Organismes et planificateurs de lducation trouveront dans cetouvrage un clairage particulirement utile de cette question et de sesdiffrents aspects, comme le financement, lintgration par le biais delducation, la scurit dans les coles, le traitement des traumatismes,les activits quotidiennes inclure dans les programmes scolaires,lenseignement distance, sans oublier dautres lments dordreducatif qui sont de nature attnuer les consquences de crises court et long terme.

    LIIPE exprime sa profonde gratitude Margaret Sinclair,spcialiste minente et mrite auprs du HCR et de lUNESCO,pour cette analyse claire et instructive.

    Gudmund HernesDirecteur, IIPE

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    Composition du Comit de rdaction

    Prsident : Gudmund HernesDirecteur, IIPE

    Rdacteurs en chef : Franoise CaillodsIIPE

    T. Neville Postlethwaite(Professeur mrite)Universit de HambourgAllemagne

    Rdacteurs associs : Jean-Claude EicherUniversit de BourgogneFrance

    Claudio de Moura CastroConsultant internationalBrsil

    Kenneth N. RossIIPEFrance

    Richard SackConsultant internationalFrance

    Rosa Maria TorresConsultante internationaleArgentine

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    Prface

    Camp de rfugis de Grabo, Grabo, Cte dIvoire

    Jai 17 ans. Entre 1991 et 1994, je me suis battu au ct desrebelles au Libria. Jai vcu des expriences effroyables. Jaiport des armes trs lourdes, jai enterr des amis, morts pendantles combats et, pire encore, jai assist lexcution de prisonniersennemis. Jai t forc dexcuter des ennemis. Aujourdhuiencore, je suis hant par ces souvenirs.

    Mes parents sont au Libria, mais jignore o exactement. Jesuis le quatrime dune famille de huit enfants. Je suis le seul aller lcole malgr la souffrance. Je dors l o je peux, je naipas de domicile fixe, mais jessaie malgr tout daller lcole.

    Des soldats qui mont connu au Libria cherchent me convaincredy revenir et de reprendre les armes. Je souffre, mais je neveux pas me battre.

    Othello Walker

    Conflits, instabilit politique, catastrophes naturelles menacentchaque anne la vie de millions de personnes, avec des consquencesparfois dramatiques : des populations traumatises qui ont perdu leurfamille, leur maison, leurs biens personnels, qui ne se sentent plus enscurit nulle part et vivent en dehors de toute norme sociale etdappartenance communautaire. Si lhygine et le logement constituentnaturellement la premire de leurs priorits, lducation nen est pasmoins essentielle ; elle est en effet un moyen daider les enfants et lesjeunes mener une existence normale et de les prparer entrer danslge adulte, dans lespoir quils vivront dans un monde plus pacifique.

    Les enfants victimes de la violence et dagressions ds leur plusjeune ge ont besoin dtre initis aux valeurs socitales de base, aurespect mutuel, au respect des autres populations et au rejet desprjugs afin quils soient capables de vivre dans une communauthtrogne et moins sujette aux tensions. Lducation prdispose ltre

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    Prface

    humain avoir de bonnes ractions et de bons rflexes face unesituation de crise, quil sagisse dune guerre ou dune catastrophenaturelle. Le dveloppement dun systme ducatif ou dun programmescolaire qui rponde le mieux possible aux besoins des populationstouches par des crises est tout aussi vital dans un tel contexte. Demme la vigilance simpose lgard du droit lducation, pourveiller ce quaucun groupe social nen soit exclu ou priv. Equit etdroits de lhomme sont ainsi des questions cruciales prendre encompte lors de la planification de lducation dans des pays quitraversent des situations durgence et de reconstruction.

    Plusieurs facteurs peuvent empcher des enfants de frquenterlcole, commencer par la langue denseignement, la scurit despersonnes en particulier des filles la qualit et les comptencesdes enseignants recruts en urgence. Comme cest le cas dans laplupart des pays en dveloppement, mais avec une acuit et unecomplexit plus grandes dans des contextes de crise et dereconstruction, les besoins de financement sont immenses. Lesorganisations gouvernementales ou non gouvernementales et lesbailleurs de fonds apportent souvent une aide considrable, mme sicertains pays sont privilgis par rapport dautres. Sans cettecontribution, les pays ou les rgions qui accueillent des enfants touchspar des situations de crise auraient normment de difficults garantir le minimum vital. Qui plus est, ils ny parviendraient quavecbeaucoup de retard, alors prcisment que cette action se doit dtreimmdiate et urgente. Se posent par ailleurs des problmes decoordination entre bailleurs de fonds, pour lesquels des comptencesbien prcises sont indispensables.

    Conscient de limportance de cette question, le Comit derdaction charg de la collection des Principes de la planification delducation de lIIPE a demand une spcialiste qualifie etexprimente, Margaret Sinclair en loccurrence, de rdiger unouvrage dans lequel elle dresserait un bilan de ltat actuel delducation en situation durgence et de reconstruction et proposeraitdes orientations pour la planification de lducation dans de tellescirconstances.

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    Prface

    Les besoins varient dun contexte lautre. Une situationdurgence requiert une action immdiate. linverse, un processusde reconstruction sinscrit dans le long terme. La dure de rajustementet de reconstruction est plus ou moins longue selon le cas. MargaretSinclair rsume avec une extrme clart le courant actuel de pensesur la planification et la gestion de lducation dans ces diversessituations. Sappuyant sur des donnes dexprience concrtescollectes dans plusieurs pays, elle aborde les problmes pratiqueslis lintroduction, loffre et la gestion dune ducation durgence.Elle expose grands traits les tapes qui marquent le passage dunesituation durgence au rtablissement dun systme ducatif fonctionnel,tout en tudiant le rle de lducation dans la prvention et la gestiondes conflits. Elle analyse le contenu et les processus ducatifs quipeuvent tre facteurs de justice sociale, de respect, dacceptation dela diversit et de rsolution de conflits, sans oublier ceux qui risquentdtre source involontaire de prjugs, de strotypes, de malentenduset de conflits. Elle dfend par ailleurs avec loquence lide dintgrerla dimension du dveloppement dans toute rflexion sur lducationen situation durgence et ce, ds la phase initiale.

    LUNESCO et lIIPE sont sollicits de plus en plus frquemmentpour apporter des rponses en matire dducation dans des contextesdurgence et de reconstruction. Le prsent ouvrage servira de base auprogramme qui sera labor par la section de lUNESCO charge, ausige de lOrganisation, de lappui aux pays en crise ou enreconstruction, ainsi que par lInstitut international de planification delducation (IIPE).

    Sa brillante carrire dans le domaine de la planification et de lagestion de lducation et les fonctions minentes quelle exerce ausein du HCR et de lUNESCO, o elle a mis en uvre des stratgieset des actions novatrices, font de Margaret Sinclair la personneincontestablement la mieux place pour crire un tel ouvrage. LeComit de rdaction lui en est extrmement reconnaissant.

    Franoise CaillodsCo-rdacteur en chef

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    Remerciements

    Outre des rencontres intervalles rguliers, la communaut desacteurs impliqus dans la question de lducation en situation durgencea procd des changes de correspondance par courrier lectroniquedepuis 1999 grce un mcanisme mis en place rcemment autour duRseau interinstitutionnel pour lducation en situation durgence(INEE). Les ides et exemples exposs dans cet ouvrage sont inspirsde ces divers changes, de mme que de tmoignages manant depersonnels de terrain, denseignants et dlves. Lauteur souhaiteremercier tout particulirement M. Chris Talbot pour son soutien, sesconseils et ses encouragements constants, ainsi que pour ses effortsen faveur de la cration dune base de donnes solides sur lducationen situation durgence, M. Asghar Husain pour sa perception desprocessus de reconstruction, Melle Nancy Drost, coordinatrice etfondatrice du rseau INEE, pour sa vision clairante du rseau,Melle Pamela Baxter pour sa coopration, son professionnalisme etsa conception dune approche systmatique de lducation la paix, la rsolution de conflits et aux comptences lies la vie quotidienne,ainsi que son mari pour sa patience et son soutien.

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    Table des matires

    Prface 11

    Prologue : du dsespoir lespoir 21

    I. Quentend-on par ducation en situation durgence ? 25

    II. Les diffrents aspects du problme 29

    III. Les questions les plus frquemment poses 33

    IV. Laccs lducation et des activits connexesen situation de crise et de reconstruction 39

    Le principe dun accs lducation et des activitsconnexes, et lducation pour tous 39Le principe dun accs rapide lducation et desactivits connexes, suivi de lamlioration de la qualit 46Le principe de linsertion 51Le principe de la protection 56

    V. Les ressources ducatives en situation de criseet de reconstruction 61

    Le principe dune participation des communauts 61Le principe dune valorisation des ressourceshumaines 64Le principe dune dotation en ressources rentableet approprie 70

    VI. La spcificit de lducation en situation de criseet de reconstruction 75

    Le principe dun soutien psychologique 75Le principe dune politique visant orienterles programmes scolaires vers des solutions long terme 84Le principe dun enrichissement des programmesscolaires avec des comptences essentielles une vie sereine et pacifique 88Le principe dun lien entre formation professionnelleet pratique sur le terrain 95

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    Table des matires

    VII. Coordination et renforcement des capacits 97Le principe dune coordination et dune cooprationinterinstitutions 97Le principe dun renforcement des capacits 99

    VIII. De la thorie la pratique : loptique des pouvoirs publics101Les pouvoirs publics face aux catastrophes naturelles 101Les pouvoirs publics face laccueil des rfugis 104Les pouvoirs publics face au retour des rfugischez eux 108Les pouvoirs publics face une situation de conflit,dinscurit et dinstabilit pisodique 113

    IX. Les pouvoirs publics face la reconstruction 119

    X. De la thorie la pratique : loptique des autres acteurs 133ONG 133Institutions des Nations Unies 137Bailleurs de fonds 140

    XI. Rflexions et conclusions 145

    Rfrences 157

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    Liste des abrviations

    ACDI Agence canadienne pour le dveloppement international(Canadian International Development Agency, CIDA)

    BIE Bureau international de lducation (International Bureauof Education, IBE)

    CARE Concern for American Relief Everywhere

    CEDAW Convention sur llimination de toutes les formes dediscrimination lgard des femmes (Convention on theElimination of all forms of Discrimination AgainstWomen)

    COMAL Comunidades Mayas Alfabetizadas

    CRC Convention relative aux droits de lenfant (Conventionon the Rights of the Child)

    DANIDA Danish International Development Assistance

    EMIS Systme dinformation pour la gestion de lducation(Educational Management Information System)

    EPT ducation pour tous (Education for All, EFA)

    FISE voir UNICEF

    GINIE Rseau mondial dinformations sur lducation (GlobalInformation Networks In Education)

    HCR Haut commissariat des Nations Unies pour les rfugis(United Nations High Commissioner for Refugees,UNHCR)

    IDP Personne dplace lintrieur de son pays (InternallyDisplaced Person)

    IFRC Fdration internationale des Socits de la Croix Rougeet du Croissant Rouge (International Federation of RedCross and Red Crescent Societies)

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  • Planifier lducation en situation durgence et de reconstruction

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    IIPE Institut international de planification de lducation(International Institute for Educational Planning, IIEP)

    INEE Rseau interinstitutionnel pour lducation en situationdurgence (Inter-Agency Network for Education inEmergencies)

    IRC International Rescue Committee

    ISCA International Save the Children Alliance

    OMS Organisation mondiale de la sant (World HealthOrganization, WHO)

    ONG Organisation non gouvernementale (Non-governmentalorganization, NGO)

    PEER Programme pour lducation dans les situations durgenceet de reconstruction (Programme of Education forEmergencies and Reconstruction) (UNESCO)

    PNUD Programme des Nations Unies pour le dveloppement(United Nations Development Programme, UNDP)

    SOLU Sudan Open Learning Unit

    SOMOLU Somali Open Learning Unit

    TEP Trousse de premire urgence de lenseignant (Teacher Emergency Package)

    UN Nations Unies (United Nations, UN)

    UNESCO Organisation des Nations Unies pour lducation, lascience et la culture (United Nations Educational,Scientific and Cultural Organization)

    UNICEF (ou FISE) Fonds des Nations Unies pour lenfance(United Nations Childrens Fund)

    UNOPS Bureau des Nations Unies pour les services dappui auxprojets (UN Office for Project Services)

    UNRWA Office des secours et des travaux des Nations Unies(United Nations Relief and Works Agency)

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    Liste des abrviations

    USAID Agence des tats-Unis pour le dveloppementinternational (United States Agency for InternationalDevelopment)

    VIH/sida Virus de limmunodficience humaine/syndromedimmunodficience acquise (Human ImmunodeficiencyVirus/Acquired Immunodeficiency Syndrome, HIV/AIDS)

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    Prologue : du dsespoir lespoir

    Les personnes victimes de conflits et de situations durgenceont connu la souffrance, voire mme lhorreur. Pourtant, dans lescamps, les villages et les villes o elles vivent dans le monde, nombredentre elles considrent lducation comme leur plus grand espoir,sinon le seul, de vivre un avenir meilleur. Lenseignement scolaireleur donne lesprance dune vie apte transcender la pauvret quinourrit la violence, laquelle son tour alimente la pauvret.Lducation leur permet de surmonter le dsespoir. Les tmoignagesci-dessous illustrent le sens et la valeur que reprsente lducationdans la vie de rfugis et dautres victimes de conflits et decatastrophes.

    Amput des deux mains

    Abdul Sankoh, 28 ans, est le directeur de lcole du camp et la victimedune effroyable tragdie. Lorsque les rebelles ont envahi et pratiquementconquis la ville de Freetown, au Sierra Leone, en janvier 1999, Abdul Sankoh sest rfugi dans la brousse. Captur quelques jours plus tard alors quilfouillait dans des cartons pour trouver des mangues, il a propos ses servicescomme porteur pour la nourriture, mais malheureusement lun des rebelles lareconnu, dnonc comme instituteur, puis accus dtre un tratre.

    Aprs que les gurilleros eurent incendi son village, laccusateur deSankoh sempara dune hache trouve dans la maison de sa victime avant de lacontraindre se coucher sur le sol pour lui trancher la main droite. Puis il lui acoup la main gauche avant de lui taillader le contour de la bouche et unmorceau doreille, alors quil gisait sans connaissance. Va voir le prsident(Kabbah) , lui ont cri les rebelles en se moquant, comme ils lont fait pourtant dautres victimes de la guerre. Il te rendra tes bras .

    Alors quil cherchait refuge, perdant son sang en abondance, Sankoh a tpris pour cible par les troupes amies et a manqu dtre tu. Il a fini parregagner Freetown pied avec sa femme et ses deux enfants. Cest l quil aparticip la cration dune cole, symbole despoir pour des centaines de jeunesqui vivent au centre daccueil pour amputs.

    Source : Wilkinson, (2000 : 7).

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    Planifier lducation en situation durgence et de reconstruction

    Lhistoire dun docteur afghan

    Lorsque la guerre a clat en Afghanistan, le docteur Ahmadzai navaitque quatre ans. Contrainte de fuir, sa famille sest rfugie dans les montagnesenneiges. Aprs trois jours derrance au cours desquels nombre dentre euxsont morts de froid, ils ont fini par atteindre un camp de rfugis prs de Peshawar,au Pakistan. Les enfants ont pu aller lcole des rfugis, une grande tente quia t remplace plus tard par un btiment en briques de boue. Par la suite,Ahmadzai a t admis lInstitut suprieur islamique de Peshawar et obtenuune bourse du HCR. Ces tudes ont t pour lui une lueur despoir et lui ontdonn la force de survivre son triste sort de rfugi et de lutter pour btir unavenir meilleur. Il a russi entrer dans la plus prestigieuse cole de mdecinedu pays. Le jour de la remise des diplmes a t un moment de joie intense pourles parents de Ahmadzai.

    Le HCR lui a par la suite offert un poste dinterne : il a pu y servir sacommunaut dans le cadre dun projet de lutte contre la malaria chez les rfugisafghans. Devant la forte rsistance de la population aux mdicaments classiques,le docteur Ahmadzai a dcid dtudier la mdecine prventive et obtenu uneplace lUniversit Aga Khan. Confront de grandes difficults financires,il a une nouvelle fois reu laide du HCR. Il souhaite mettre les comptencesainsi acquises au service de son pays.

    Source : Dr H. Ahmadzai, communication personnelle (2002).

    Les lves dune cole pour rfugis racontent

    Lorsque le cours dducation la paix a t introduit dans notre cole, en1998, nous avons t nombreux penser que la paix ntait pas une discipline enseigner, mais un tat dont la sauvegarde incombait au gouvernement. Quandle directeur nous a prsent notre nouveau professeur dducation la paix,nous navons donc marqu que peu dintrt pour cette nouvelle matire, maisnous avons nanmoins assist aux cours.

    Depuis, nous avons appris limportance de certaines valeurs et de certainscomportements. Nous avons appris quels taient les facteurs propices lapaix, lunit et lentente entre les peuples. Nous avons notamment dcouvertdes similitudes et des diffrences dans la faon de grer les motions, lempathieet la mdiation. Tout cela a chang notre comportement les uns envers lesautres.

    La mdiation entre pairs a galement jou un rle considrable dans notrecole : les conflits entre lves ont t moins nombreux. De plus, comme le

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    Prologue : du dsespoir lespoir

    mdiateur est charg de jouer le rle dintermdiaire dans la rsolution de nosdiffrends, il acquiert en la matire une exprience qui lui sera utile par la suite.

    Aujourdhui, les lves de la Central School reconnaissent lintrt etlimportance de cette approche pdagogique de la paix. Je recommande vivementque se gnralisent de telles initiatives dducation la paix dans la communaut,car la paix est la cl de la reconstruction de notre pays.

    Abdifatah Miyir Ahmedcole primaire centraleCamp de rfugis de HagaderaDadaab, Kenya

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    I. Quentend-on par ducation en situationdurgence ?

    Le Forum mondial sur lducation, qui sest tenu Dakar enavril 2000, a t loccasion dadopter un Cadre daction aux termesduquel les pays sont invits uvrer pour lducation pour tous etsengagent rpondre aux besoins de systmes ducatifs subissantle contrecoup de conflits, de catastrophes naturelles ou de situationsdinstabilit . Cette recommandation marque laboutissement duneSession sur la stratgie organise dans le cadre du Forum sur lethme duquer en situation durgence et de crise .

    La question de Lducation en situation durgence a t portesur le devant de la scne dans les annes 1990 en liaison avec leconcept des urgences humanitaires complexes . Plusieurs ouvragesont ainsi t consacrs aux programmes ducatifs instaurs dansdes contextes de crise en Bosnie, au Rwanda, en Somalie, au Soudan : Rapid educational response in complex emergencies (Aguilar etRetamal, 1998) ou Education as a humanitarian response ,(Retamal et Aedo-Richmond, 1998), par exemple. Ces situationsdurgence complexes peuvent durer plusieurs annes, voire plusieursdcennies. Elles peuvent avoir pour consquence le dplacement depersonnes, soit hors des frontires de leur pays, les condamnant alors

    Nous, gouvernements, organisations, organismes, groupes et associa-tions reprsents au Forum mondial sur lducation, nous nous engageons :

    (i) mobiliser une forte volont politique nationale et internationale en faveurde lducation pour tous, laborer des plans daction au niveau nationalet renforcer de faon significative les investissements dans lducationde base ;

    (v) rpondre aux besoins des systmes ducatifs subissant le contre-coup de conflits, de catastrophes naturelles ou de situationsdinstabilit et conduire les programmes dducation selon des mtho-des qui soient de nature promouvoir la comprhension mutuelle, la paixet la tolrance et prvenir la violence et les conflits .

    Source : Forum mondial sur lducation (2000a : 8).

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    la vie de rfugis, soit lintrieur de leur propre pays. Elles setraduisent dans certains pays par un tat permanent de conflit oudinscurit, auquel sajoute parfois leffondrement de ladministrationcentrale ou des administrations locales et elles aboutissent, dans lemeilleur des cas, un processus de remise en tat et de reconstructionpost-conflit qui permet au pays concern de retrouver la voie du progrsconomique et social. Ainsi, si lon prend le terme durgenceshumanitaires complexes au sens large, tous les programmes destins des rfugis, des dplacs ou des victimes de conflits et dautrescatastrophes sont considrer comme des programmes durgence .

    Cette acception du mot urgence est plus large que danslusage quotidien ou dans certaines institutions daide. Le bureau duHaut Commissariat des Nations Unies pour les rfugis (HCR),par exemple, possde des quipes durgence qui se rendent bref dlai sur les lieux dune crise afin dy crer de nouveaux bureauxou dapporter leur appui aux structures dj existantes. Ces quipesdurgence ne restent en place que pendant quelques semaines ouquelques mois en attendant que de nouveaux postes soient implantset prennent le relais pour grer ce que dautres appelleraient unesituation durgence durable. Lutilisation du terme urgence , quisouligne le caractre soudain dune crise, peut aussi poser la questionde savoir si la remise en tat et la reconstruction post-conflit, parfoistrs dlicates dans les premiers temps, relvent ou non dune ducation en situation durgence . La formulation employe Dakar contourne cette difficult en voquant la ncessit de rpondreaux besoins des systmes ducatifs subissant le contrecoup deconflits, de catastrophes naturelles ou de situations dinstabilit. Pardfinition, des mesures spciales (alias ducation durgence )simposent aussi longtemps que des populations subissent lecontrecoup de conflits, de catastrophes ou de situations dinstabilit.La phase initiale de reconstruction post-conflit en fait donc partiepuisquelle requiert linstauration de mesures spciales souvent dansdes conditions logistiques et dinscurit difficiles pour offrir unabri temporaire et des matriels pdagogiques aux enfants afin quilspuissent reprendre rapidement leur scolarit si les structures scolaires,rgionales ou nationales, de leur pays ont t presque entirementdtruites.

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    Quentend-on par ducation en situation durgence ?

    lUNESCO, on entend par urgence ducative une situation decrise qui est ne de conflits ou de catastrophes ayant dstabilis,dsorganis ou dtruit un systme ducatif et qui ncessite dengagerun processus intgr de soutien aux pays qui vivent une crise ou qui ensortent (UNESCO, 1999). Cette conception est en harmonie avec ladmarche de Dakar. LUNICEF emploie le terme urgence dans unsens encore plus large, o sont englobes les catastrophes naturelles(inondations et tremblements de terre), les crises dorigine humaine(guerres civiles et conflits arms), et les situations durgencesilencieuses (VIH/sida, pauvret extrme et enfants des rues) (Pigozzi,1999). Dans notre ouvrage, toutefois, nous ne traiterons pas des urgences silencieuses , hormis lorsquelles surviennent dans un contextequi rsulte dun conflit arm ou dune catastrophe naturelle.

    Nous examinerons tout dabord les diffrents aspects du problme.Selon les estimations, 1 % de la population mondiale a t dplac ou asubi les consquences de conflits ou de catastrophes pendant lesannes 1990 (Sinclair, 2001). Nous tenterons ensuite didentifier et dedcrire les principes qui caractrisent les meilleures pratiques dducationen rponse des situations de crise et de reconstruction. Nouspoursuivrons par une tude des meilleures pratiques que pourraient adopterles pouvoirs publics en rponse des contextes bien dfinis de crise et desortie de crise. Ce domaine de rflexion est encore relativement peuexploit. Aprs avoir abord divers aspects concernant le rle desorganisations non gouvernementales (ONG), des organismes desNations Unies et des bailleurs de fonds, nous conclurons en nousintressant la faon dont lducation peut contribuer prvenir lesconflits et les catastrophes et en analysant les perspectives dvolutionde lducation en situation durgence.

    Dfinition de Lducation pour des enfants perturbspar des situations durgence

    ducation qui protge le bien-tre, favorise les possibilits dappren-tissage et nourrit le dveloppement global (social, motionnel, cognitif,physique) denfants perturbs par des conflits et des catastrophes.

    Source : Groupe charg de lducation au sein de la Save the Children Alliance(2001).

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    II. Les diffrents aspects du problme

    Les situations durgence humanitaire complexes, qui ont marqules annes 1990, font dsormais partie de lordinaire quotidien etexpliquent le regain dintrt suscit par lducation en situationdurgence . Les conflits survenus en lan 2000 en Afghanistan, enBosnie-Herzgovine, au Burundi, en Irak, au Sierra Leone, en Somalieet au Soudan ont entran un afflux massif de rfugis (plus de400 000 personnes) dans dautres pays. Le Rwanda et le Kosovo ontgalement t responsables dun exode important de rfugis dansles annes 1990. Durant cette mme priode, 39 autres pays ont t lorigine de plus de 10 000 rfugis en moyenne par an. En 2001,on comptait, selon les estimations, 15 millions de rfugis dans lemonde, dont environ 7 millions de populations dites assistes par leHCR (HCR, 2002a) et 3,7 millions de rfugis palestiniens assistspar lOffice des secours et des travaux des Nations Unies(UNRWA) pour les rfugis de Palestine au Proche-Orient.

    Nombre de ces rfugis taient originaires des pays endveloppement du continent africain (3,3 millions) et asiatique(5,8 millions). En 2001, quelque 500 000 personnes ont quitt leurfoyer devenu trop dangereux et ont acquis le statut de rfugis primafacie (cest--dire un statut de rfugis accord titre collectif par lepays daccueil). Rpondre aux besoins ducatifs de ces rfugis ancessit des ressources tant de la part des pays htes que de la partde la communaut internationale. Laccueil de rfugis est lun desaspects abords dans cet ouvrage.

    La plupart des pays au cur de situations durgence humanitairecomplexe ont, eux aussi, connu des dplacements internes depopulations en masse. Mais il est plus difficile dobtenir des statistiquessur les populations dplaces lintrieur de leur pays. Lune desraisons tient au fait que laccs et lassistance de la communautinternationale aux personnes dplaces dans leur pays ont t plusfaibles. Si de nombreuses personnes dplaces lintrieur de leurpays (IDP) vivent dans des camps ou des lieux dhbergementsemblables ceux destins des rfugis, dautres vivent dans les

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    habitations des populations normales, ou proximit de celles-ci, etsont donc moins visibles et plus difficiles comptabiliser. Lescatastrophes dorigine naturelle ou humaine sont aussi la cause dedplacements lintrieur dun pays, une chelle rduite ou parfois lchelle plus vaste dun pays, comme les inondations du sicle qui ont frapp le Mozambique en lan 2000. Daprs les estimations,25 millions de personnes au moins avaient t dplaces dans le mondepar suite de conflits ou de violations des droits de lhomme en 2001(consulter le site www.idpproject.org). Parmi elles, on compte plusde 13 millions de personnes dplaces en Afrique, plus de quatremillions en Asie et plus de trois millions dans les pays dEurope delEst. Les camps et zones dhbergement de personnes dplaces lintrieur de leur pays sont un autre aspect important analys dansce livre.

    Conflits, inscurit et instabilit sont les dfis majeurs poss lducation. Les ducateurs font souvent des efforts louables poursauvegarder lducation alors que svit la guerre, militaire ou civile. Illeur arrive de faire la classe en plein air, dans des maisons ou dessous-sols, ou encore dans des btiments en ruine. Cet aspect estgalement trait dans notre ouvrage.

    Lespoir est toujours prsent quand dbute la reconstruction aulendemain dun conflit ou dune catastrophe. Ces dernires annes,de nombreux pays ont t ou sont encore en reconstruction. Enlan 2000, on a recens 12 mouvements de retour en masse de rfugisdans leurs pays et quelque 800 000 rapatris au total. On peutsupposer quun nombre quivalent de personnes dplaces sontretournes dans leurs pays dorigine. Quant aux populations restessur place malgr un conflit ou une catastrophe, elles ont galementd travailler la reconstruction de leur communaut et de leur pays.Le scnario de reconstruction de systmes ducatifs aprs un conflitou une catastrophe est un dfi majeur pour les planificateurs et lesgestionnaires de lducation.

    Aucune crise ne ressemble une autre et il nexiste pas derponse miracle ce type de situation. La solution doit toujours treconue au niveau local et sappuyer sur une valuation participative

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    Les diffrents aspects du problme

    des besoins afin datteindre les meilleurs rsultats le plus rapidementpossible. On peut cependant dgager un certain nombre de principesgnraux susceptibles damliorer la qualit des actions mener enrponse de nombreuses situations durgence. On trouvera dans leschapitres suivants une analyse de quelques-uns de ces principes etde la faon dont ils ont t ou peuvent tre appliqus selon quil sagitde :

    lducation de rfugis ; lducation de personnes dplaces dans leur pays, y compris de

    personnes dplaces pour cause de catastrophes naturelles ; lducation dans des situations de conflit arm, dinscurit ou

    dinstabilit ; lducation en priode de reconstruction aprs un conflit ou une

    catastrophe.

    Auparavant, nous allons rpondre quelques questionsfrquemment poses.

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    III. Les questions les plus frquemment poses

    Daucuns doutent de la ncessit de lducation en situationdurgence ou de mesures spciales en de telles circonstances. Dautresvont mme jusqu laisser entendre que les programmes ducatifs ontun effet contre-productif. La rflexion ci-dessous portera sur cesquestions.

    Lducation est-elle ncessaire dans des situations de crise etde catastrophe ?

    Selon certains bailleurs de fonds, il suffit de prserver la vie et lasant physique des personnes en situation durgence : leurs yeux,lducation ne fait pas partie de laction humanitaire. Cette manirede voir tend nanmoins disparatre tant simpose aujourdhui leconstat que lducation peut tre un lment de rponse cessituations de crise et que labsence dducation a un effet dstabilisant lchelon local et peut constituer une menace potentielle pour lascurit rgionale et internationale. Qui plus est, restaurer laccs lducation est lune des priorits majeures des populations victimesde situations durgence elles-mmes, dans la mesure o elle leur donneespoir en lavenir. Aussi peut-on considrer lducation comme unfacteur propice la rsolution dune crise et comme le quatrimepilier de laction humanitaire (de pair avec laide alimentaire,lhbergement et les mesures dhygine : Midttun, 2000).

    Quelques-unes des raisons que lon peut invoquer en faveurdune ducation dans des situations de crise et de reconstructionsont :

    lducation aide rpondre aux besoins de dveloppementpsychosocial des populations victimes dune situation de crise ;

    lducation est un moyen de transmettre des messages de survieet de dvelopper des comptences utiles pour la rsolution deconflits et la construction de la paix ;

    lducation est ncessaire pour ouvrir la voie la reconstruction,ainsi quau progrs conomique et social ;

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    lducation peut offrir une protection contre les situations dan-gereuses ;

    lducation est un droit fondamental de lhomme, car elle contri-bue lpanouissement personnel et prpare tre un citoyenresponsable.

    Lducation de rfugis ou de dplacs risque-t-elle de lesdissuader de rentrer rapidement chez eux ?

    Non ! Lexprience montre que les populations dplaces sontimpatientes de rentrer chez elles ds lors que les conditions de scuritet de dignit dun tel retour sont assures. Les familles rcemmentdplaces ne sont pas tentes de diffrer leur retour pour continuer debnficier de structures ducatives durgence court terme. Ellesprfrent rentrer dans leur pays pour rcuprer leurs terres ou leursbiens ou accompagner dautres familles qui ont la possibilit de rentrer.

    Il est vrai que des mesures transitoires spciales sont parfoisncessaires pour les rfugis qui ont pass de nombreuses annesdans des coles denseignement primaire et secondaire installes dansles camps et qui, en cas de rapatriement, risquent davoir des difficults achever leurs tudes. Cependant, on ne peut refuser le droit lducation pendant une longue priode. De tels exemples ne sauraientjustifier de diffrer une ducation en situation durgence.

    La plupart des rfugis souhaitent tre rapatris

    En avril 1992, le Gouvernement marxiste de lAfghanistan a t mis enminorit. De nombreux rfugis afghans qui vivaient au Pakistan depuis unedizaine dannes ont aussitt commenc rentrer malgr les bonnes structuresscolaires et sanitaires auxquelles elles avaient accs dans les camps de rfugis.Prs dun million de rfugis sont rentrs en Afghanistan en lespace de quatremois, avant que les combats ny reprennent. Pour la majorit dentre eux, ilssont revenus dans des rgions rurales relativement sous-quipes, soit parcequils souffraient du mal du pays, soit parce quils voulaient rcuprer leursterres et leurs biens personnels ou ceux de leur communaut. Un retour enmasse semblable a eu lieu en 2002 aprs lviction des Talibans.

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    Les questions les plus frquemment poses

    Existe-t-il une spcificit propre lducation en situationdurgence ?

    Oui ! Par dfinition, la vie des communauts et leur systmeducatif ont t bouleverss. Les populations ont des besoinsparticuliers pour pouvoir sortir de la crise et btir un avenir meilleur.La spcificit de lducation en situation durgence peut tre abordesous langle des principes qui sont considrs comme importants dansun grand nombre, sinon dans la totalit des programmes ducatifs,mais qui, aux dires des praticiens, revtent une importance touteparticulire en temps de crise. Ces principes peuvent tre classsde diffrentes faons. Dans notre ouvrage, nous adopterons leclassement suivant : accs, ressources, activits et programmesscolaires, et coordination et renforcement des capacits.

    Ces principes peuvent tre prsents sous la forme de normes respecter ou d indicateurs de mesure de la russite dunprogramme. Selon que lon parlera de normes ou dindicateurs, onemploiera des verbes diffrents. Ainsi, sous langle du principe ,on dira : Lducation devrait tre un facteur dinsertion , tandisque, dans loptique dune norme ou dun indicateur , onsinterrogera sur leffet intgrateur de lducation dans le programmeconsidr de la manire suivante Lducation est facteurdinsertion ou Lducation est-elle facteur dinsertion ?

    Principes dune ducation en situation durgence

    Accs

    Le droit daccs lducation et des activits rcratives ou connexesdoit tre garanti, mme en situation de crise.

    Laccs rapide lducation et des activits rcratives ou connexesdevrait tre suivi dune amlioration constante de la qualit et de la cou-verture ducatives, notamment en ce qui concerne laccs tous les niveauxdducation et la reconnaissance des tudes.

    Les programmes ducatifs devraient favoriser la parit entre garons etfilles, de mme que laccs et linsertion de tous les groupes.

    Lducation devrait tre un outil de protection des enfants et de prventiondu danger.

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    Ressources

    Les programmes ducatifs devraient sappuyer sur une dmarche parti-cipative locale et mettre laccent sur le renforcement des capacits.

    Les programmes ducatifs devraient consacrer une large place la for-mation des enseignants et des ducateurs de jeunes et dadultes et prvoirdes mesures incitatives destines viter un renouvellement trop fr-quent du corps enseignant.

    Les programmes conus pour des situations de crise et de reconstructiondevraient proposer et dfinir au niveau local des normes de financementappropries, susceptibles de promouvoir leurs objectifs de dveloppementducatif et psychosocial.

    Activits/programmes scolaires

    Tous les enfants et les jeunes victimes dune situation de crise devraientavoir accs lducation et des activits rcratives et connexes sus-ceptibles de les aider rpondre leurs besoins psychosociaux court etmoyen terme.

    La politique applicable en matire de programmes scolaires devrait pro-mouvoir le dveloppement long terme des lves et de la socit et,sagissant de populations de rfugis, aller dans le sens dune solutiondurable, cest--dire de leur rapatriement.

    Les programmes ducatifs devraient tre enrichis et inculquer des com-ptences vitales dans le domaine de la sant, de la scurit et du respectde lenvironnement.

    Les programmes ducatifs devraient senrichir et inculquer des comp-tences vitales dans le domaine de la paix et de la rsolution de conflits, dela tolrance, des droits de lhomme et de la citoyennet.

    Les programmes de formation professionnelle devraient tre mens dansla perspective dexercer sur le terrain les comptences acquises.Coordination et renforcement des capacits

    Les pouvoirs publics et les institutions daide devraient promouvoir la coor-dination entre lensemble des instances et des partenaires.

    Les programmes daide extrieure devraient galement porter sur le ren-forcement des capacits visant promouvoir une gestion transparente,responsable et intgrative du systme par les acteurs locaux.

    Source : Ces principes reprsentent la synthse personnelle dopinions exprimesdans le cadre de diverses runions et rapports de praticiens, et la propre exp-rience de lauteur.

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    Les questions les plus frquemment poses

    On pourrait fort bien noncer dautres principes, mais la listeprsente dans lencadr ci-dessus est une entre en matire utilepour illustrer les proccupations des responsables chargs de lducationen situation durgence. Comme on la mentionn prcdemment, cesprincipes ne sont, certains gards, gure diffrents des bonnespratiques applicables dans tout contexte ducatif. O se situe alors ladiffrence avec les situations durgence ? Quelle est la diffrence entrelducation en situation durgence et lducation dans des pays endveloppement confronts des problmes de financement ou autres ?

    Une premire diffrence est dordre procdural. Quand lacommunaut humanitaire internationale assume la responsabilit delducation, avec laide de fonds spcialement allous par les pouvoirspublics de divers pays ou par dautres bailleurs de fonds, il importe deveiller la bonne utilisation de ces fonds et une prise en compteraisonnable et rationnelle des besoins des bnficiaires. Les principesexposs ici rsument les conditions requises pour ce faire.

    La deuxime diffrence concerne les besoins des populationsvictimes de situations durgence. De violents conflits et catastrophesbranlent la socit et la reconstruction du capital physique et socialpose un norme dfi. Cest pourquoi ces populations ont plusspcialement besoin dune ducation de bonne qualit. En outre, lescommunauts nationales et internationale ont supporter les diverscots occasionns par un conflit. Il est essentiel que des populationsparticulirement vulnrables bnficient dune ducation qui leurpermette de jeter les bases dune paix future et non celles de larsurgence dun conflit. Si lducation ne peut elle seule tablir etmaintenir la paix, elle a un rle majeur jouer pour aider la stabiliser.Investir dans la refonte et dans lamlioration des programmesscolaires de pair avec une ducation la paix nest donc pas considrer comme un luxe pour des populations vivant dans un paysen conflit. De mme, investir dans lducation la protection delenvironnement et la prparation aux catastrophes naturelles nestpas non plus considrer comme un luxe pour des pays exposs auxrisques de catastrophes climatiques et gographiques.

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    Une troisime diffrence, particulirement digne dintrt pourdes planificateurs de lducation, concerne les contraintes de temps etde planification court terme quimposent les situations durgence.Ces contraintes viennent de lurgence de la situation elle-mme et desexigences des bailleurs de fonds internationaux, qui travaillent souventselon un cycle annuel de projets et qui, par consquent, ont du mal grer sur le long terme des activits ducatives en de tellescirconstances.

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    IV. Laccs lducation et des activits connexesen situation de crise et de reconstruction

    Les familles frappes par la guerre ou par une crise accordentune trs grande priorit la reprise de la scolarit par leurs enfants.Cette proccupation vient souvent en seconde position derrire lesvivres et leau, lhbergement et laccs aux soins. Dans ce chapitre,nous dgagerons quelques principes fondamentaux concernant laccs lducation, des activits rcratives et dautres activitsstructures . Pour ceux qui dfendent les droits de lenfant, les activits structures dsignent des activits organises quirunissent des enfants et des jeunes autour doccupations caractreintellectuel, ludique, artistique, culturel, social, etc. notamment ensituation de crise et de reconstruction.

    Le principe dun accs lducation et des activitsconnexes, et lducation pour tous :le droit daccs lducation et des activits rcratives etconnexes doit tre garanti, mme en situation de crise.

    Le droit lducation est inscrit dans la Dclaration universelledes droits de lhomme de 1948, aux termes de laquelle Toutepersonne a droit lducation (article 26). La Dclarationuniverselle des droits de lhomme fait figure de norme internationale,ainsi quil ressort, par exemple, de la Charte africaine des droits delhomme et des peuples de 1981, adopte par lOrganisation de lunitafricaine. Le droit lducation est repris dans un grand nombre deconventions relatives aux droits de lhomme, parmi lesquelles laConvention de lUNESCO concernant la lutte contre la discriminationdans le domaine de lenseignement (1960), le Pacte internationalrelatif aux droits conomiques, sociaux et culturels (1966) et laConvention sur llimination de toutes les formes de discrimination lgard des femmes (1979). Dans un pass plus rcent, le droit lducation a t raffirm dans la Convention relative aux droits delenfant (1989) qui, ce jour, a t ratifie par tous les pays, lexception des tats-Unis dAmrique (lesquels en respectent dans

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    une large mesure les dispositions) et de la Somalie (fautedadministration centrale habilite ratifier ladite Convention). CetteConvention fait obligation aux pays de la communaut internationalede se prter mutuellement assistance au titre de la sauvegarde desdroits de lenfant.

    Le droit lducation qui est spcifi dans ces textes est dautantplus important dans une situation durgence, car il y apporte une lueurdespoir. Si la Convention relative aux droits de lenfant sappliqueaux personnes ges de 18 ans au plus, il ne faut pas pour autant endduire que laccs lducation peut tre refus des personnesplus ges. De fait, dans dautres textes relatifs aux droits de lhomme,cette limite dge napparat pas. En ralit, il savre que de nombreuxjeunes dune vingtaine dannes touchs par des situations de crisefrquentent un tablissement denseignement primaire ou secondaire,parce quils ont t retards ou perturbs dans leur scolarit causede la guerre ou de linstabilit politique dans leur pays, parce que lestudes sont la seule activit constructive quils peuvent pratiquer dansdes camps pour rfugis ou pour dplacs, ou simplement parce quelenseignement suprieur, tel que vis dans la Convention, rpond auxbesoins fondamentaux des jeunes adultes.

    Tous les instruments des droits de lhomme susmentionnssoulignent le droit de tous lenseignement primaire obligatoire etsa gratuit dans les rgions o il est dispens et la ncessit douvrirlaccs aux tudes secondaires et une formation post-scolaire.

    Laccs lducation dans la Conventionrelative aux droits des enfants

    1. Les tats parties reconnaissent le droit de lenfant lducation, et enparticulier, en vue dassurer lexercice de ce droit progressivement et surla base de lgalit des chances :

    (a) ils rendent lenseignement primaire obligatoire et gratuit pour tous ;

    (b) ils encouragent lorganisation de diffrentes formes denseignementsecondaire, tant gnral que professionnel, les rendent ouvertes etaccessibles tout enfant, et prennent des mesures appropries, tel-les que linstauration de la gratuit de lenseignement et loffre duneaide financire en cas de besoin ;

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    Laccs lducation et des activits connexesen situation de crise et de reconstruction

    Dans certains pays, o la matire imposable est trop faible,lenseignement primaire lui-mme nest pas gratuit. En gnral, dansce cas, des mesures particulires sont prises en faveur des plusdmunis, comme lexemption des frais de scolarit et loctroi gratuitdes fournitures de base par exemple. Dans des situations de crise oune forte proportion de la population manque de ressources, lacommunaut internationale devrait tre incite subventionner laccsgratuit la scolarit. Celle-ci apporte dans de nombreux cas son soutien lducation des rfugis (mme si le montant du financement estsouvent insuffisant), mais, dans dautres rgions frappes par descrises, il arrive que ce soutien fasse dfaut.

    Outre les engagements noncs dans les textes relatifs aux droitsde lhomme, de nombreux pays dans le monde sont convenus dunobjectif commun, celui de lducation pour tous, Jomtien en 1990et Dakar en 2000. Lducation pour tous implique de promouvoirle dveloppement de la petite enfance et doffrir des services ducatifsappropris aux enfants, aux adolescents et aux adultes, notammentlaccs lenseignement secondaire et suprieur. Des objectifs ontt fixs lchelon international en vue datteindre lenseignementprimaire pour tous dici 2015 et la parit de scolarisation entregarons et filles dici 2005.

    Il y a lieu de souligner quaucune distinction claire entreenseignement primaire et enseignement secondaire nest faiteau plan international. Lenseignement primaire peut dsigner les cinq huit, voire mme les neuf premires annes dducation formelle.

    (c) ils assurent tous laccs lenseignement suprieur, en fonctiondes capacits de chacun, par tous les moyens appropris ;

    (d) Les tats parties favorisent et encouragent la coopration interna-tionale dans le domaine de lducation, en vue notamment decontribuer liminer lignorance et lanalphabtisme dans lemonde .

    Source : Article 28.

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    La distinction tient des raisons de convenance administrative et lecas varie dun pays lautre.

    La situation des rfugis

    La Convention de 1951 relative au Statut des rfugis comporteun article (article 22) spcialement consacr lducation desrfugis. Cette convention a t rdige en rfrence la situationdes rfugis de la guerre 1939-1945 et lvolution ultrieure duclimat politique en Europe de lEst. Elle prcise que les rfugis doiventtre autoriss bnficier de lenseignement obligatoire dispensaux ressortissants locaux. Elle exige des tats quils autorisent lesrfugis accder lenseignement non obligatoire dans des conditionsquivalentes celles gnralement appliques aux trangers. Lesprotocoles adopts en 1967 tendent le champ dapplication de laConvention de 1951 lensemble du monde.

    La Convention relative aux droits de lenfant spcifie quaucuntat na le droit de refuser laccs lducation un enfant ouadolescent vivant sur son territoire, quelle que soit la catgorie sociale laquelle il appartient. Aucun pays na donc le droit de refuser laccs lducation des jeunes rfugis ou demandeurs dasile. Dans lesannes 1990, il est arriv plusieurs reprises que des tats opposentleur veto lducation de populations de rfugis (des rfugis rwandaisau Zare oriental, 1994-1996, par exemple) ou linstallationdtablissements denseignement secondaire pour les rfugis, ou quedes rfugis ou des demandeurs dasile isols se voient refuser le droit lducation. Ces agissements sont contraires la Dclarationuniverselle des droits de lhomme et aux instruments des droits delhomme dfinis ultrieurement.

    Les tats devraient au contraire veiller au respect des obligationsqui leur incombent au titre des droits de lhomme en vrifiant que lesprocdures dadmission dans les coles et les tablissementsdenseignement suprieur appliques dans leur pays ne font pas sans le vouloir obstacle linscription de rfugis, par exemple enrclamant la production de documents (extraits de naissance, cartesdidentit ou dossiers scolaires) que des rfugis peuvent ne plusavoir en leur possession (parce quils ont fui prcipitamment leur

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    ville ou leur village ou quils ont t dvaliss par des bandits aupassage de la frontire). Les organismes des Nations Unies et lesONG devraient attirer lattention des pouvoirs publics sur de tellessituations. Pour des raisons humanitaires, il est galement souhaitablede sassurer que les lves rfugis nont pas payer des frais descolarit plus levs que les lves nationaux (mme si les frais descolarit facturs aux trangers sont plus levs).

    Il semble lgitime de considrer que le droit lducation inclutle droit la reconnaissance officielle des tudes. Sagissant de rfugis,cela revient fondamentalement la reconnaissance, par le pays dasile,des tudes antrieures des rfugis qui souhaiteraient intgrer destablissements denseignement du dit pays ; il en va de mme de lareconnaissance, par le pays dasile et par le pays dorigine, des tudeseffectues dans des coles pour rfugis (voir ci-dessous.)

    Populations dplaces lintrieur de leur pays

    En vertu des conventions relatives aux droits de lhomme, lestats sont tenus dautoriser le plein accs lducation ceux deleurs ressortissants qui sont dplacs sur leur territoire. Dans uncontexte de guerre civile, cette obligation peut tre source decontroverses et de difficults, mais du moins les tats nont-ils pas ledroit dempcher des communauts dinstituer des coles ou desorganismes bnvoles pour les aider. Il arrive que des pays pratiquent,sans le vouloir, une politique discriminante. Le cas sest produit parexemple dans le Caucase o des lves dplacs nont pas reu demanuels parce que ces ouvrages taient toujours attribusnominalement aux circonscriptions que ces lves avaient quittes.

    Accs lenseignement suprieur

    lissue dune visite effectue par le Haut Commissariat des NationsUnies pour les rfugis en 1997, lUniversit Makerere en Ouganda a d-clar officiellement que les rfugis nauraient pas verser de frais de scolarituniversitaire plus levs que les ressortissants locaux.

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    Quant aux pays victimes dune catastrophe naturelle de grandeampleur, ils peuvent navoir pas assez de ressources pour pourvoiraux besoins des coles qui accueillent des lves dplacs. Il est essentielque, dans les appels laide extrieure en faveur de populationsdplaces dans leur pays, une grande priorit soit accorde auxressources ducatives.

    Graa Machel, dans son bilan sur lvolution de la situation depuisson rapport de 1996 (Machel, 1996) relatif limpact des conflitsarms sur des enfants, souligne une fois de plus que de nombreuxadolescents vivant dans des pays en proie des conflits nont pasmatris les techniques de base de la lecture, de lcriture et du calculet quils ont besoin de suivre des programmes dapprentissage acclrpour rattraper leur retard. Elle cite un programme de rattrapage misau point en Gorgie pour prparer les adolescents dplacs rintgrerdes classes de sixime, quatrime ou seconde (Machel, 2001).

    Accs des enfants dplacs lducation

    Les enfants dplacs ne rencontrent pas les mmes difficults que lesenfants rfugis. De par la poursuite des combats et les bouleversements cons-tants, les conditions de scolarit sont difficiles. En Azerbadjan, prs dunmillion dAzris ont d quitter la ville de Terter. Les wagons de chemin de ferabandonns qui sont utiliss pour hberger 4 000 personnes dplaces serventaussi de salles de classe. Malgr le manque de livres et de fournitures, lesenseignants et les lves frappent tous les jours la porte de ces wagons sanschauffage et sans vitres aux fentres. Bakou, la capitale, o des famillesdplaces occupent des hpitaux et dautres btiments publics abandonns,les coles qui accueillent des enfants dplacs nont ni lectricit, ni tableaunoir. Parfois, la classe a lieu dans des btiments en ruines .

    Mme lorsquil existe des coles publiques, les enfants dplacs nontpas toujours la possibilit de les frquenter faute de possder les documentsdidentification requis pour leur inscription. En Colombie, les familles chassesde leurs terres par des groupes paramilitaires ou des gurilleros sont forces decacher leur identit par crainte dtre prises pour cible. Leurs enfants nontdonc pas accs aux soins de sant ni aux services publics, notamment lcole.En 1997, le ministre sri lankais de lducation a autoris les enfants sansextrait de naissance frquenter lcole, mais il leur a interdit de se prsenteraux examens ou de participer aux activits sportives.

    Source : Machel (2001).

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    Conflit, inscurit et instabilit

    Dans des rgions en proie des conflits arms, linscurit et linstabilit, les pouvoirs publics ont invitablement du mal garantirle droit lducation. Il arrive que lenseignement soit maintenu quandles ducateurs sont suffisamment forms et motivs. Ainsi, Sarajevo,au dbut des annes 1990, la classe avait lieu dans des sous-sols. LaSave the Children Federation/USA a form des communauts enBosnie pour implanter des coles denseignement prscolaire pendantce conflit (Burde, 1999 ; Nuttall, 1999).

    Dimportants efforts ont t faits au niveau international pourpromouvoir la scolarit dans des situations de ce type, parmi lesquelsla fourniture de matriels pdagogiques et llaboration de mthodesde formation continue pour les enseignants en Somalie ; et pour aiderdes coles temporaires en Angola en leur proposant une version adaptedu Teacher Emergency Package , sorte de trousse de premireurgence de lenseignant, qui est dcrite ci-aprs. Un exemple marquantest celui du Soudan : mene sous lgide de lUNICEF en cooprationavec des ONG, lopration Lifeline Soudan a permis de fournir uneaide transfrontire lducation dans le sud du Soudan dchir par laguerre, notamment des matriels pdagogiques et des supports deformation pour les enseignants.

    Reconstruction

    Sagissant de la reconstruction dune rgion ou dun pays, uneffort est gnralement fait pour rtablir laccs lducation, en dpitdun manque frquent de moyens, notamment de moyens humains etmatriels pour planifier et coordonner ce processus de reconstruction.La discrimination lgard de certains groupes ou de certaines rgionspeut galement faire obstacle lducation. En 1997, des conflits ontclat dans plusieurs villages rwandais au sujet des niveaux de classe(nombre dannes de scolarit) accessibles des enfants rwandais quiavaient frquent des coles pour rfugis en Tanzanie par exemple.

    Les programmes daide ne doivent pas viser exclusivement larestauration de lducation de base (terme qui dsigne lenseignementprimaire et, souvent aussi, le premier cycle denseignement secondaire).

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    Le Pacte international relatif aux droits conomiques, sociauxet culturels (1966) spcifie que le dveloppement dun systmescolaire tous les niveaux sera activement poursuivi , dans lamesure o il conditionne le progrs conomique, social et culturel ;quant la Convention relative aux droits de lenfant, elle noncelobligation douvrir laccs tous les niveaux denseignement. Cetaspect est galement essentiel si lon souhaite encourager le retourde membres de la diaspora, qui considrent lenseignement secondaireet suprieur de leurs enfants comme un lment important.

    En conclusion, les ministres de lducation de pays qui sontfrapps par des crises ou qui accueillent des rfugis doivent treconscients des obligations qui leur incombent en vertu de la lgislationinternationale relative laccs lducation. Ils doivent aussi veiller ne pas empcher les Nations Unies et les organismes bnvoles decontribuer favoriser un tel accs lorsque les ministres manquentde ressources pour ce faire. Les organismes des Nations Unies, lesONG et les chercheurs doivent faire preuve de vigilance pour identifierles cas o laccs lducation est refus, mme involontairement,et attirer lattention des pouvoirs publics concerns. De mme, lespays bailleurs de fonds doivent tre conscients du devoir qui leurincombe en vertu de la Convention relative aux droits de lenfantde contribuer la ralisation de cet objectif, ainsi que de lengagementquils ont pris Dakar dapporter leur aide en la matire.

    Le principe dun accs rapide lducationet des activits connexes, suivi de lamliorationde la qualit :laccs rapide lducation et des activits rcratives ou connexesdevrait tre suivi dune amlioration constante de la qualit et de lacouverture ducatives, notamment en ce qui concerne laccs tousles niveaux denseignement et la reconnaissance des tudes.

    Les membres dorganisations humanitaires ont observ que lesactivits structures destines aux enfants et aux jeunes, telles queactivits ducatives, rcratives, communautaires et activitsdexpression, taient salutaires en ce quelles attnuaient lincidencedes symptmes dorigine traumatique et stimulaient laptitude naturelle

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    des jeunes ragir (HCR, 1997a). Les activits ducatives etconnexes peuvent en outre aider reprer ceux dentre eux quisouffrent dun stress post-traumatique grave et ncessitent une priseen charge spciale. Cette dimension psychosociale doit tre prise encompte au niveau de la rapidit de la rponse et des consquencesnfastes que peut avoir une intervention tardive. Des spcialistes delaction humanitaire ont constat que la reprise de la scolarit avaitun effet bnfique sur ltat psychologique des adultes et quelleallgeait le fardeau des mres, parfois traumatises ou perturbespar la difficult trouver des vivres, de leau et du bois pour nourrirleur famille. Lidal est donc de recrer rapidement un systmeducatif unifi et de mettre en place des dispositifs permettant dedmarrer une nouvelle anne scolaire en bonne et due forme oudachever une anne interrompue. Cet aspect est dune grandeimportance pour les familles et les jeunes.

    Les rfugis et les dplacs prennent souvent eux-mmeslinitiative de la scolarit, mme si la classe doit se drouler en pleinair ou si les fournitures et manuels scolaires font dfaut. Il est essentielque les organisations humanitaires fournissent une aide immdiate(matriels et bches en plastique pouvant servir dabri, par exemple).

    Besoins psychosociaux denfantset dadolescents touchs par la crise

    Les enfants et adolescents exposs des conflits ou des vnementstraumatisants peuvent souffrir de problmes, tels que :

    repli sur soi ; dgot du jeu, du rire ou incapacit exprimer ses motions ; tristesse et sentiment de culpabilit ; agressivit ; troubles du sommeil ; cauchemars et incontinence nocturne ; troubles psychosomatiques ; flash back ; manque de concentration lcole.

    Source : Macksoud (1993) ; Tefferi (1999).

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    Ce faisant, elles contribuent viter que, dans le cadre dedplacements post-conflits, lcole ne soit utilise pour endoctrinerles enfants et leur inculquer la haine et la soif de vengeance. En 1994par exemple, la communaut internationale na pas apport de soutienaux coles de rfugis au Zare et on peut penser que certainsenseignants ont ragi labsence de tableaux noirs et de supports delecture et dcriture pour leurs lves par une attitudedendoctrinement leur gard. Laide humanitaire en faveur delducation va ainsi de pair avec la possibilit et le devoir de veiller ce que lcole serve les intrts de la paix, et non ceux de la guerre.

    Parmi les moyens concrets dune rponse rapide, figurent ledploiement des enseignants et la ncessit de former desvolontaires, ainsi que la mise disposition dabris, de fournitures etde matriels pdagogiques. Pour ce qui est des fournitures scolaires,elles peuvent tre obtenues sur place ou importes, si besoin est.Lemploi de kits pdagogiques est trs controvers, car il nestpas sans inconvnient ( ce sujet, voir Sinclair, 2001 : 57-66). Il estparfois difficile de se procurer des matriels pdagogiques, comme leslivres scolaires, tant pour les rfugis que pour les dplacs dans despays o les structures ddition ont t dtruites ou les rseaux dedistribution dmantels.

    Le programme dducation mis en place en 1994 pour les rfugisrwandais Ngara, en Tanzanie, a dbut quelques semaines aprsleur arrive, du moins dans le camp de Lukole. La premire phase dece programme prvoyait dinstaurer des activits purementpdagogiques et rcratives. La deuxime phase portait sur ladistribution doutils pdagogiques ( Teacher Emergency Package ,sorte de trousse de premire urgence pour les enseignants) et sur lerecrutement et la formation denseignants pour tous les camps. Cetteopration interinstitutions de grande ampleur a conduit llaborationdun plan dintervention durgence en trois temps. La phase 1 couvraitlorganisation dactivits purement pdagogiques et rcratives auniveau local ; la phase 2 tait consacre la cration dun systmedenseignement dans toutes les localits et la phase 3 tait axe versla rinstauration des programmes scolaires, de la formation desenseignants et des examens (HCR, 1995 ; Aguilar et Retamal, 1998).Or, aucun scnario durgence ne ressemble un autre et aujourdhui,

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    on a plutt tendance privilgier la restauration immdiate de lascolarisation. En outre, on essaie de dmarrer, autant que possible,une nouvelle anne scolaire la date officielle afin de donner unsentiment de normalit bnfique sur le plan psychologique. Ceconcept dintervention en trois temps a depuis t abandonn.

    Rpondre rapidement lurgence est un idal qui nest pas toujoursatteint. Les obstacles peuvent tre dordre logistique : mauvais tatdes routes et capacit limite de fret arien par exemple. Parfois aussi,les gouvernements des pays daccueil, le HCR et les bailleurs de fondschoisissent de ne pas intervenir rapidement en faveur de la scolarisationdes enfants dplacs parce quils ne souhaitent pas donner esprerun retour spontan et immdiat. En gnral, toutefois, la prise encompte des besoins psychologiques des enfants et des adolescents,ainsi que de leurs droits en vertu de la Convention relative auxdroits de lenfant, prime et incite apporter une rponse rapide.Ces dernires annes, le Gouvernement norvgien a financ lenvoide coordinateurs chargs de lducation en situation durgence via leConseil norvgien pour les rfugis afin daider le HCR,lUNICEF et lUNESCO engager une aide rapide. Lun desexemples les plus marquants est celui des ducateurs du Conseilnorvgien pour les rfugis qui ont t dpchs en Macdoinedans le mois qui a suivi larrive de rfugis du Kosovo fin mars1999 et qui, de concert avec lUNICEF, ont particip la mise enplace dcoles pour rfugis dans les camps : cest ainsi que cescoles ont pu accueillir des enfants ds la mi-avril.

    Recommandations pour la fourniture de matrielspdagogiques au titre dune rponse rapide lurgence

    Dans quel dlai faut-il prvoir la mise disposition de matriels ?

    Lobjectif est de crer des activits structures pour des enfants et desadolescents et ce, sur la plupart des sites daccueil moins dun mois aprs leurdplacement et sur la totalit des sites moins de trois mois aprs leur dplacement.Un systme ducatif unifi doit tre mis en place pour leur permettre depoursuivre lanne scolaire interrompue ou de dmarrer une nouvelle annescolaire et ce, moins de six mois aprs le premier grand dplacement.

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    Dans un contexte de dplacement de populations, il faut parfoisdu temps pour crer des tablissements denseignement secondaireoprationnels, ne serait-ce que pour trouver des enseignants, seprocurer les livres scolaires, etc. Il est nanmoins essentiel dorganiserau plus tt lenseignement des disciplines de base et de le complterprogressivement jusqu la mise en place dun enseignement complet.Lavantage est double : on encourage les lves achever leurs tudesprimaires et on rpond galement aux aspirations des anciens lves

    Dans quels cas faut-il opter pour des matriels de provenance locale ?

    Si possible, il est prfrable de se procurer les matriels pdagogiquesdans le pays ou la rgion immdiatement concern. Cest le plus souventfaisable, notamment quand les approvisionnements sont assurs par desorganisations (ONG, par exemple). Ce systme offre plusieurs avantages,parmi lesquels le prix moins lev des matriels (en particulier au niveau descots de transport), une organisation logistique simplifie et des retombespositives sur lconomie locale.

    Dans quels cas faut-il opter pour des matriels de provenanceinternationale ?

    Si ncessaire, les matriels peuvent tre expdis par lentrept delUNICEF Copenhague ou par des centres rgionaux grs par les NationsUnies ou des ONG, comme le Programme de lUNESCO pour lducation ensituation durgence et de reconstruction (PEER), Nairobi. LUNICEF expdiefrquemment des produits durgence de Copenhague, car lesapprovisionnements manant de bureaux locaux de lUNICEF sont soumis des procdures dapprobation administrative parfois longues aboutir.LUNICEF peut envoyer des kits pdagogiques et rcratifs durgence dansun dlai dune semaine, mais cette solution est onreuse en raison des cots dufret arien et elle exige des moyens logistiques importants pour lacheminementdes colis larrive. Le transport par mer est moins coteux, mais il prendplusieurs semaines. Lenvoi de kits est une bonne formule si lacheminementrapide de matriels dorigine locale par des ONG efficaces nest pas envisageableet, en particulier, si la seule autre solution est de confier la responsabilit deces approvisionnements aux pouvoirs publics dun pays qui na pas les moyensdoprer rapidement ni dviter les risques de dtournement de ces ressources.

    Source : Recommandations de lquipe spciale sur les matriels dapprentissagedu Rseau interinstitutionnel pour lducation en situation durgence (2001).

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    du cycle secondaire et aux besoins futurs de la socit en main-duvre qualifie.

    Le principe de linsertion :les programmes ducatifs devraient favoriser la parit entre garonset filles, de mme que laccs et linsertion de tous les groupes.

    Lexpression accs lducation recouvre plusieurs sens :accs juridique, accs physique, accs une ducation efficace etadapte, par exemple. Si la majorit des enfants du monde nefrquentent pas lcole, cest sans doute parce que la pauvret leurinterdit daccder une ducation ; dautres obstacles peuventgalement empcher les enfants daller lcole, notamment lesdisparits entre les sexes ou un handicap. Les situations durgencerisquent de renforcer ces obstacles ou den crer dautres.

    Les instruments des droits de lhomme tablissent des normes enmatire dinsertion. Depuis la Dclaration universelle des droits delhomme de 1948 et le Pacte international relatif aux droitsconomiques, sociaux et culturels de 1966, laccent a t plac surlaccs des pauvres lducation avec un enseignement primairegratuit et des mesures favorisant laccs lenseignement secondaire.La Convention de lUNESCO concernant la lutte contre ladiscrimination dans le domaine de lenseignement (1960) interdittoute forme de discrimination fonde sur la race, le sexe, la langue, lareligion, les opinions, lorigine nationale ou sociale en ducation. LaConvention sur llimination de toutes les formes de discrimination lgard des femmes (1979) insiste sur lgalit entre garons et fillesen matire dducation.

    En situation durgence, il est particulirement essentiel que TOUSles enfants et les jeunes aient accs des activits organises,notamment pdagogiques, pour les aider surmonter les consquencespsychologiques de ce contexte de crise et pour faciliter leur rinsertiondans le tissu social. Il sagit de rechercher les moyens dinciter lesenfants issus de familles pauvres sinscrire lcole et russirleurs tudes. Les responsables de communauts, les associations defemmes et les groupes de jeunes peuvent contribuer laborer lespolitiques mener et accompagner leur mise en uvre. Dans les

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    familles pauvres, les enfants sont rarement soutenus dans leurs tudeset davantage incits sacrifier lcole pour entretenir leur famille, encontribuant si peu que ce soit au budget familial ou en se chargeant demenus travaux. Linstauration dun systme de tutorat denfant enfantou dautres formes daction, comme la fourniture systmatique devtements doccasion pour les enfants dmunis, la gratuit des matrielsscolaires, etc. est parfois ncessaire.

    Les s