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150 Notes de lecture m&me du debat. En effet, Major repond aux amis de Cotard qui trouvent leur jouissance univer- sitaire dans le triste jeu sans front&es de Freud bushin (sans les guillemets). Cela explique les beaux passages sur Anna 0. et sa soi-disant grossesse nerveuse. Major eut mille fois raison de prendre voix et plume contre la logique (( universitairo-bureaucratique )) derriere laquelle se cache un demon que la psychopathologic ne connait, malheureusement, que trop bien. Effective- ment, derriere le Freud bashing (t skinheadiste )) se cache la vieille chanson selon laquelle l’hysterie n’est que simulation ! Ne nous trompons pas, I’argument des adversaires profession- nels de la psychanalyse fait de celle-ci une sorte de variante de la folie a deux . . .(quelqu’un qui fait semblant de vivre et de souI%ir et quelqu’un qui fait semblant d’ecouter ! nos excuses au docteur Charles Lasegue). Micale poursuit son histoire culturelle de l’hysterie. On ne peut qu’approuver son idee centrale selon laquelle l’effet de structure domre lieu a des effets de representations. Kress-Rosen, elle aussi, defend l’intelligence clinique que l’hysterie enseigne malgre elle. Un retour a Helene Smith demontre la necessite de &crire la dialectique du maitre et de l’esclave a la lumiere de.. . l’hysterie. Soit dit en passant, le probleme est deja pose par Jeanne des Anges. Hell huth nofury like a woman’s wrath. Ne l’oublions pas ! Le professeur Is&l fut, lui aussi, un grand ami de l’hysterie, quelqu’un capable de lire l’experience d’autrui a travers les coordon- &es enseignees par Freud concemant l’(Edipe et la castration ; il est heureux que son enseigne- ment soit aujourd’hui disponible g&e a l’equipe de 1’Arcanes. M. Weinstein, qui anime le Temps du Non a Paris s’attache, elle aussi, aux moments cl& de l’histoire de la psychanalyse. Dans sa belle traduction du texte de Koesch, elle nous montre que les Amtricains ont accept6 la vision bleulerienne de la psychanalyse (c$ p. 27). Quel lien entre la falsification bleulerienne d’hier et les falsificateurs d’aujourd’hui ? Cette question douloureuse ne nous empikhera pas de recommander chaleureusement ces quatre grandes contributions a l’histoire inepuisable de ce qui s’appelle l’hysterie.. . et rien d’autre. D.F. Allen psychothhpie intensive. Traduction D. Faugeras, La maison jaune )) ; 1999.260 p. L’ouvrage, pant en 1950 aux Presses universitaires de Chicago, temoigne d’une vigueur de la pensee qui laisserait plus d’un psychotherapeute contemporain sur le carreau. Madame Fromm- Reichmann n’avait pas ((: froid aux yeux )), lorsqu’elle thtorisait sa pratique et exposait ses methodes. Loin des brumes de l’intuition, de l’empathie et de la fabrication de liens, l’auteur saisit le vif des concepts psychanalytiques en les faisant travailler dans le champ de la clinique psychiatrique. A sa lecture, on regrette qu’il n’ait pas ete au cmur des debats qui ont agite en France, voici quelques annees, le champ de la psychopathologic sur le theme de la ((: psychana- lyse hors les murs Y et on espere qu’il trouvera chez les cliniciens de tous les bords un accueil attentif. En effet, darts ces temps ou les carrieres hospitalitres sont rythmees par des impkatifs gestionnaires qui confondent traitement et vitesse de rotation des lits, competence clinique et longueur de la file active, on entend dans l’ouvrage de F. Fromm-Reichmann, le souvenir de ses etablissements hero’iques oti des inventeum ouvraient un authentique asile a ceux qui ont besoin de temps et d’une ecoute particuliere, davantage que du vademecum contemporain, allots and drugs. Sur le plan thborique, les propositions de l’auteur ont de quoi faire flamber le debat puisque celle-ci contestait la nature sexuelle de la vie psychique pour promouvoir l’importance

Principes de psychothérapie intensive : Traduction D. Faugeras, Ramonville-Saint-Agne : Eres, coll. «La maison jauneå; 1999. 260 p

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150 Notes de lecture

m&me du debat. En effet, Major repond aux amis de Cotard qui trouvent leur jouissance univer- sitaire dans le triste jeu sans front&es de Freud bushin (sans les guillemets). Cela explique les beaux passages sur Anna 0. et sa soi-disant grossesse nerveuse. Major eut mille fois raison de prendre voix et plume contre la logique (( universitairo-bureaucratique )) derriere laquelle se cache un demon que la psychopathologic ne connait, malheureusement, que trop bien. Effective- ment, derriere le Freud bashing (t skinheadiste )) se cache la vieille chanson selon laquelle l’hysterie n’est que simulation ! Ne nous trompons pas, I’argument des adversaires profession- nels de la psychanalyse fait de celle-ci une sorte de variante de la folie a deux . . .(quelqu’un qui fait semblant de vivre et de souI%ir et quelqu’un qui fait semblant d’ecouter ! nos excuses au docteur Charles Lasegue).

Micale poursuit son histoire culturelle de l’hysterie. On ne peut qu’approuver son idee centrale selon laquelle l’effet de structure domre lieu a des effets de representations.

Kress-Rosen, elle aussi, defend l’intelligence clinique que l’hysterie enseigne malgre elle. Un retour a Helene Smith demontre la necessite de &crire la dialectique du maitre et de l’esclave a la lumiere de.. . l’hysterie. Soit dit en passant, le probleme est deja pose par Jeanne des Anges. Hell huth nofury like a woman’s wrath. Ne l’oublions pas ! Le professeur Is&l fut, lui aussi, un grand ami de l’hysterie, quelqu’un capable de lire l’experience d’autrui a travers les coordon- &es enseignees par Freud concemant l’(Edipe et la castration ; il est heureux que son enseigne- ment soit aujourd’hui disponible g&e a l’equipe de 1’Arcanes. M. Weinstein, qui anime le Temps du Non a Paris s’attache, elle aussi, aux moments cl& de l’histoire de la psychanalyse. Dans sa belle traduction du texte de Koesch, elle nous montre que les Amtricains ont accept6 la vision bleulerienne de la psychanalyse (c$ p. 27). Quel lien entre la falsification bleulerienne d’hier et les falsificateurs d’aujourd’hui ? Cette question douloureuse ne nous empikhera pas de recommander chaleureusement ces quatre grandes contributions a l’histoire inepuisable de ce qui s’appelle l’hysterie.. . et rien d’autre.

D.F. Allen

psychothhpie intensive. Traduction D. Faugeras, La maison jaune )) ; 1999.260 p.

L’ouvrage, pant en 1950 aux Presses universitaires de Chicago, temoigne d’une vigueur de la pensee qui laisserait plus d’un psychotherapeute contemporain sur le carreau. Madame Fromm- Reichmann n’avait pas ((: froid aux yeux )), lorsqu’elle thtorisait sa pratique et exposait ses methodes. Loin des brumes de l’intuition, de l’empathie et de la fabrication de liens, l’auteur saisit le vif des concepts psychanalytiques en les faisant travailler dans le champ de la clinique psychiatrique. A sa lecture, on regrette qu’il n’ait pas ete au cmur des debats qui ont agite en France, voici quelques annees, le champ de la psychopathologic sur le theme de la ((: psychana- lyse hors les murs Y et on espere qu’il trouvera chez les cliniciens de tous les bords un accueil attentif. En effet, darts ces temps ou les carrieres hospitalitres sont rythmees par des impkatifs gestionnaires qui confondent traitement et vitesse de rotation des lits, competence clinique et longueur de la file active, on entend dans l’ouvrage de F. Fromm-Reichmann, le souvenir de ses etablissements hero’iques oti des inventeum ouvraient un authentique asile a ceux qui ont besoin de temps et d’une ecoute particuliere, davantage que du vademecum contemporain, allots and drugs. Sur le plan thborique, les propositions de l’auteur ont de quoi faire flamber le debat puisque celle-ci contestait la nature sexuelle de la vie psychique pour promouvoir l’importance

Notes de lecture 151

de la haine (les tenants de la pulsion de mort ne lui en voudront pas) et puisqu’elle remettait en cause - contexte culturaliste de ses travaux oblige ? - l’universalite du complexe d’CEdipe. Mais ce qui est sans doute le point crucial de ce livre, c’est l’etude de son maniement du transfert darts le travail avec les schizophrenes, d’une liberte d’alhtre et de ton remarquable, et l’etude de ses effets. Comment ne pas s’interroger sur la transposition de cene demarche dans le champ de la n&rose ou l’articulation trauma-fantasme pourrait trouver un nouvel aliment.

Theorico-clinique ? Comment ne pas reprendre, 1 l’aune de la technique, la reflexion sur l’ethique du therapeute ? Les maitres revendiquds par F. Fromm-Reichmamr (Freud, Goldstein, Groddeck et Sullivan), ses pairs (les promoteurs de la psychotherapie institutionnelle) et ses h&tiers (en France Racamier) indiquent les coordomrees d’un trajet qui devrait, darts la seule acception valable de la formule, faire ecole.. .

La bibliographie et l’index contribuent a faire de cet ouvrage une reference et nous saluons la traduction qui donne (( a entendre la voix )) de F. Fromm-Reichmann. Reste une t%@rne : pour- quoi a-t-elle accolt l’dpithete (( intensive M a son modele psychotherapique ? l&t-ce pour prendre position vis-a-vis de la psychalytiquement correcte (< neutralit bienveillante )) ? Quoi qu’il en soit, on peut se demander si cette precision ne.fait pas de l’ombre a un dispositif qui met en evidence la necessaire activite psychique requise de tout therapeute, quelles que soient par ailleurs ses manifestations.

C. Navelet

Hachet P Le mensonge indispensable : du trauma social au mytbe. Preface de Gilbert Durand. Paris : Armand Colin, ~011. (( Renouveaux en psychanalyse n ; 1999.159 p.

Selon Freud, le mythe sert a figurer des d&s mdipiens plus ou mains refoules. Cette conception est vite apparue limitative. Le mythe ne saurait se rdwner a une sorte de r&e collectif (( visitant n l’inconscient des membres d’une communautt, ni a un infantilisme. Le lien qui conjoint le mythe (et son complement rituel longtemps (( pathologise 1) en (( obsessionnalit6 w) et l’intro- jection - c’est-a-dire l’tlaboration psychique des exp&iences sociales partagees par les indi- vidus - contribuent au tissage des liens sociaux.

Un premier chapitre ttudie les premieres approches psychanalytiques du mythe. Issus de l’orthodoxie freudienne, certains travaux (K. Abraham, 0. Rank, etc.) ont vu dans le mythe la f&uration passive et (( symbolique n du complexe d’O?dipe et de ses aleas. D’autres etudes (Silberer, Marcuse, M. Klein) ont vu darts le mythe la figuration de motions psychiques diverses, parmi lesquelles les principes de plaisir et de realit&

Un second chapitre examine les investigations qui ont contribue a fiayer la voie vers une conception psychanalytique du mythe comme consequence et partie prenante de l’elaboration des conflita psychiques. Ces etudes proviennent d’horizons theoriques divers. Certains auteurs mettent l’accent sur les conflits psychosexuels (Roheim, Bettelheim) ou plus largement intra- psychiques (Jung, Lacan, Legendre, Hiliman, Nathan, etc.) et d’autres, plus tares (N. Abraham, Torok), sur les conflits dus a des experiences &cues. L’auteur a choisi d’axer sa reflexion sur les liens fonctionnels existant entre ce demier type de conflit et le mythe.

Un troisieme chapitre esquisse une clinique du mythe : - la nature du X( mensonge >) mythique : si les faits mythifies sont deformes, c’est parce qu’il est impossible d’assimiler telles quelles, dam notre psychisme, nos experiences de vie les plus eprouvantes. C’est en cela que le mythe est indispensable. Le processus d’introjection passe